LE NOUMÈNE ET SON APPLICATION A

L'ETUDE DU SPIRITISME

CHEV. LE CLÉMENT DE ST -MARCQ

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LE NOUMENE ET SON

L'ETUDE

APPLICATION A

DU SPIRITISME

« On en viendra sans doute un jour à démontrer que l'âme humaine vit, dès cette existence, en communauté étroite et indissoluble avec les natures immatérielles du monde des esprits; que ce monde agit sur le nôtre et lui communique des impressions profon­des dont l'homme n'a pas conscience aussi longtemps que tout va bien chez lui. »

KANT.

LES ÉDITIONS "LUMEN" 12. RUE CHAMP DU ROI. BRUXELLES

Du même auteur :

10 Dieu; 1 re partie : Dieu; 2e partie : l'Eucharistie; 3e par­tie : la Bible; 4e partie : l' Au-delà. Waltwilder. 1920.

2 0 Histoire générale des Religions; abrégé du cours professé à l'école rationaliste de Liége. Waltwilder, 1929.

3° La Clef Scientifique du Spiritisme, exposé populaire de la théorie nouménale. Editions « Lumen », Ch. E. Gau­din. Bruxelles, 1932.

4 0 Le Spiritisme et ses, adversaires, un plaidoyer scientifique en faveur du Spiritisme. Editions de l'Ecole Addéiste, Paris, 1938.

50 Traité de Spiritisme réformé. Editions Sincériste. Walt­wilder et « Lumen », Gaudin, Bruxelles. 1940.

6 0 La Bible et son architecture mentale. Editions «Lumen», Gaudin. Bruxelles, 1941.

Préface

Les sommets resplendissants de la pensée humaine reste­ront toujours l'espérance de l'immortalité, la béatitude des séjours célestes, le DieU parfait et tout-puissant sous l'empire duquel le bonheur paradisiaque déroule les spirales sans fin de ses joyeux cortèges et de ses farandoles passionnées.

M ais ces visions étincelantes sont entourées des nuages d'un doute qui les obscurcit quasi jusqu'à l'anéantissement pour la plupart de nos semblab,fes.

De braves gens dont c'est le métier et le gagne-pain - d'ailleurs fort honoré - donnent à l'envi des enseigne­ments catégoriques et détaillés, et comme ils. ne disposent d'aucun argument probant, ils se bornent à dire : il faut nous crorre.

La foule, à l'esprit paresseux, se laisse faire, mais celui qui veut se donner la peine de s'informer ne tarde pas à savoir que s·elon les latitudes et les époques, des thèses prétendument in,faillibles, mais contradictoires, sont ainsi offertes au monde depuis des temps immémoriaux.

La raison se débattait à la fin du XV II le siècle pour essayer d'échapper à l'emprise autoritaire de la Foi, lorsque Kant voulut consolider d'une manière définitive notre système mental. Ses premiers résultats semblèrent loin de répondre à ses intentions; au lieu de chasser le scepticisme, il en étendit le domaine jusqu'à l'existence de ce monde présent, matériel et apparemment réel dans. lequel nous vivons ici et sur lequel nous croyons pouvoir fonder nos certitudes les pl:us inébranlables.

Il nous prouve que cet Univers n'a que la valeur d'une apparence, n'existant telle quelle que pour les êtres pensants ayant le même mode d'intuition temporo-spatiale que nous.

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La vraie réalité est la « Chose en soi » qui existe par elle-même, indépendamment des facultés mentales de l'être qui la perçoit.

Cette « chose en soi », qu'on appelle aussi le Noumène, comporte non seulement ce qui sert de base à notre Univers apparent, mais elle est en même temps, notre âme immor-

• telle, tau-delà, Dieu Tout Puissant, c'est-à-dire toutes ces splendeurs dont nO'us doutions, mais dont, grâce à Kant, nous voyons l'existence devenir un indiscutable axiome.

Sans doute tel est l'aboutissement de la théorie nouménale, mais le trajet à parcourir est long et Kant fut loin de saisir immédiatement lui-même toute la ntiture de la « chose en soi ».

. Cherchant surtout ce que l'homme pouvait retirer de

l'usage sans limite de la Raison, il montra clairement qu'il était imprudent de se fier à un guide auss,i fallacieux, car dans le domaine des idées, transcendentales, il est aisé de démontrer d'une manière apparemment irréfutable quatre thèses et quatre antithèses disant absolument le contraire des premières.

Il en est ainsi pour le caractère limité ou infini du monde soit dans l'espace soit dans le temps - pour l'existence nécessaire ou impossible d'éléments simples - pour l'exis­tence d'une certaine liberté indépendante des lois de la nature ou pour l'obéissance exclusive de tous les phénomènes à ces lois - en,fin pour l'existence ou la non existence d'un être absolument nécessaire.

Kant a démontré ainsi l'infirmité de la raison et son impuissance totale lorsqu'elle Veut sortir du domaine empi­rique de l'expérience.

Parlant de la possibilité de connaître le Noumène ou la « chose en soi » Kant nodf . .ts a dit :

« Si par N ou~ne nous entendons une chose 1!172 tant » qu'elle n'est pas objet de notre intuition sensible, abstrac­» tion faite de notre manière de la percevoir, cette chose est » alors un noumène dans le sens négatif. Mais si n'OUs~ » entendons. par là un objet d'une intuition non sensible, » nous supposons alors Une espèce d'intuition particulière,

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» intellectuelle, mais qui n'est point la nôtre, dont même » nous ne pouvons entrevoir la possibilité et cette chos\! » serait alors un noumène dans le sens positif. »

Kant eut paurtant l'accasian d'effleurer cette intuition intellectuelle qui lui paraissait impossible par les expériences, de Swedenborg, auxquelles il attacha d'ailleurs une sérieuse attentian, sans parvenir à élargir ses vues personnelles.

Cette intuitian s'est affirmée depuis d'une façon plus frappante et plus répétée par la clairvoyance observée chez les sujets plangés dans le sommeil hypnotique; le spiritisme a multiplié ses, démanstratians expérimentales en s'appuyant sur les dires de Craokes, de Myets, de Wallace, de Zoellner et d'une faule d'autres savants qui 'Ont eu le caurage d'affir­mer ce qu'ils 'Ont VU et cantrôlé, bien que cela déplaise aux persannages qui tiennent les clefs du mensonge 'Officiel et de la crédulité des masses.

Ainsi nous na us sammes rapprochés de la « chose en soi» et naus étendans la main pour saisir le « Noumène pasitif ».

Cependant le spiritisme se débat et languit dans une intelligence in'suffisante de ce qu'il produit, de ce qu'il 'Obtient, de ce qu'il t'Ouche.

n naus met en rappart avec le Naumène; retournom­naus donc vers Kant paur mieux camprendre les réalités métapsychiques.

La clarté méthadique du génial professeur de Kœnigsberg illumine les ténèbres, des croyances primitives du spiritisme; les expériences sorties de ce damai ne aideront à leur tour la foule et lui permettront de s'assimiler les conceptions si profondes de Kant et d'e'n faire un usage q,ui deviendra simple et familier à taus.

Ainsi le plus grand effort que la Raisan humaine ait fait pour s'affranchir des limitatians de l'expérience viendra au secours de la plus audacieuse application de la méthade expérimentale à la solution des problèmes de l'immartalité, de tau-delà et de Dieu.

Le lecteur verra dans les pages qui suivent jusqu'où nous avons pu remplir ce programme.

L. C. de S. M.

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Intercalaire de pagination Ces pages assurent le nombre et la chronologie

de la pagination pour correspondre à la table des matières du livre imprimé d'origine.

CHAPITRE 1

L'Esprit de Vérité

L'esprit régnant encore de nos jours sur ce monde est l'esprit de mensonge qui a pour objet de favoriser la domination des lettrés sur les ignorants. Ce système a été porté à son plus haut degré d'éclat par l'Egypte où elle a créé un ordre stable, dont les contemporains envisageaient la durée comme éternelle.

Cependant le peuple juif portant en son cœur les germes de la civilisation future est sorti d'Egypte, comme nous le racontent ses livres sacrés.

La suprématie organisée des imposteurs y est représen­tée symboliquement sous la forme du serpent et dès les premières pages de l'Ancien Testament, nous y voyons annoncer que la postérité de la femme écrasera sous son talon la tête de ceux qui ont falsifié la morale et la religion.

Le Ghristianisme paraît avoir été dans l'intention de son créateur, une organisation transitoire favorisant le passage de l'Esprit de mensonge à l'Esprit de Vérité.

Les Evangiles, malgré le voile qu'ils jettent fréquemment sur les réalités effectives de l'histoire, nous en fournissent de nombreux témoignages.

Saint Jean, en son chapitre XIV, fait dire à Jésus : « Et je prierai mon Père qui vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous;

» Savoir l'Esprit de Vérité que le monde ne peut rece­voir parce qu'il ne le voit poin.t et ne le connaît point; mais vous le connaissez parce qu'il demeure avec vous et qu'il sera en vous. »

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L'Esprit de Vérité est ce que nous appelons de nos jours l'esprit scientifique, solidement établi sur une base expéri· mentale; le principe de son organisation et de sa crois­sance réside essentiellement dans r opposition au men­songe.

Sous un aspect imagé, r imposture est représentée dan.'!! ces récits sous la personnification du Diable, et c'est par conséquent le même attachement à la sincérité que nous voyons exposé par saint Luc au chapitre IV.

« Ensuite le Diable le mena sur une haute montagne et lui fit voir en un moment tous les royaumes du monde;

» Et le Diable lui dit : « Jete donnerai toute la puis­» sance de ces royaumes ef leur gloire, car elle m'a été » donnée, et je la donne à qui je veux.

» Si tu te prosternes devant moi, toutes ces choses » seront à toi. »

. Cette haute montagne représente évidemment la doc­trine secrète de toutes les religions; affirmer que cette doctrine constitue le mystère de Dieu, c'est se prosterner devant Satan.

Jésus donne r exemple de s'y refuser, de s'y opposer: « Mais Jésus lui répondit : Retire-toi de moi, Satan;

car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul. »

Il faut comprendre que selon Jésus, on ne sert Dieu que lorsqu'on respecte le vrai et qu'on pratique la sincérité.

La méthode qu'il applique consiste simplement dans la diffusion du secret des prêtres parmi la masse des illettrés.

L'effet obtenu est double : d'une part, développement spirituel des adeptes par leurs contacts fraternels et leurs rapports, encore élémentaires avec rau-delà; d'autre part, indignation populaire contre toutes les institutions et tous les pouvoirs basés sur le mensonge.

Cette double caractéristique des premiers chrétiens explique leur exaltation religieuse avec la rapide expansion de ces usages nouveaux, mais aussi les persécutions qu' or­ganisent contre eux, les autorités publiques voulant se maintenir à tout prix.

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Comment ces persécutions ont-elles cessé? Parce que le mouvèment gardant l'étiquette chrétienne

a lentement viré de bord sous la poussée des lettrés, des évêques qui cherchaient à en faire un nouvel instrument de domination traditionnelle.

L'égalité des fidèles est supprimée; comme dans les religions païennes, des prêtres se prétendent plus près de Dieu que la masse, et comme la nouvelle Eglise s'est réconciliée avec l'Empire Romain, le clergé revêt Je costume utilisé d~ns les temples de Jupiter et ils portent encore aujourd'hui, à l'autel, cet uniforme polythéiste.

La personnalité humaine est abaissée devant une idole : l'hostie consacrée.

Les intentions philanthropiques de Jésus ont ainsi été trahies et ceux qui prétendaient le représenter ont ramené le genre humain dans le sentier de Satan; mais la Provi­dence, la vision géniale des personnages les plus éclairés de l'au-delà, l'instinct profond de l'espèce humaine veil­laient et ne tardèrent pas à susciter l'effort correctif nécessaire en illuminant la pensée de Mahomet qui se borna à proclamer l'interdiction absolue d'exercer la pro­fession sacerdotale ou de rendre aucun culte à une idole quelconque.

L'honnêteté intellectuelle, qui est le fond de son élan religieux, attira à lui la confiance des masses; les lettrés engagés dans ce mouvement d'où la recherche des galons cléricaux était exclue, se trouvèrent acculés à cultiver les sciences positives; ils firent croître ainsi les deux colonnes sur lesquelles repose tout l'édifice de la civilisation indus­trielle contemporaine : les mathématiques et la chimie.

C'était là sans doute une forme matérielle et inférieure de r esprit de vérité, mais c'en était au moins le point de départ autorisant toutes les espérances pour les siècles suivants.

L'Europe catholique restait plongée dans les ténèbres et les universités que l'Islam avait ouvertes au sud de l'Espagne brillaient comme des centres de lumière écla­tante, attirant à elles tous ceux qui se sentaient poussés vers les satisfactions que donne des connaissances plus fer­mes et plus étendues.

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éHAPITRE II

Fonctionnement anormal de l'Esprit par rapport à l'espace

Il existe des circonstances exceptionnelles au cours des­quelles il semble que les barrières résultant de l'éloigne­ment entre deux personnes sont rompues et qu'ainsi l'une d'elles est mise subitement et d'une façon imprévue en rapport avec l'autre. Ces phénomènes sont non seulement rares, mais de courte durée et ils se produisent en général d'une façon spontanée à l'occasion d'un événement grave.

Dans ce cas l'esprit ne semble pas se servir des moyens d'information usuels qui résultent de sa sensibilité corpo­relle. Il utilise un procédé extraordinaire; il fonctionne ·d'une façon anormale.

On peut aussi noter des visions ou des inspirations dans lesquelles c'est le voile qui cache les temps futurs qui paraît se soulever un instant; nous ferons également rentrer ces prophéties sous la rubrique du fonctionnement anormal de r esprit.

Nous constaterons ainsi que l'esprit, dans son action normale, étant soumis à ses deux formes d'intuition sen­sible, peut cependant s'affranchir tantôt de r une, tantôt de l'autre. Ces faits ont un point commun, mais comme les relations entre la pensée et r espace, sont très différentes de celles qui unissent la pensée au temps, nous avons jugé utile de séparer l'étude des incidents du premier genre de celle des incidents de la seconde nature et de consacrer à chacun d'eux, un chapitre descriptif et analytique au cours du présent ouvrage.

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En cherchant à nous rendre compte de ce qui peut se passer lorsque une notion relative à ce qui se produit au loin parvient subitement à la connaissance d'une personne humaine, nous devons examiner si nous ne possédons pas quelque faculté, d'usage courant, qui soit moins esclave des limitations du temps et de l'espace.

C'est ainsi que notre attention est attirée sur notre imagi­nation qui peut nous représenter et nous représente sou­vent d'autres personnes qui nous sont chères, mais qui sont momentanément éloignées de nous; dans l'usagé ordinaire, dans le fonctionnement normal de l'esprit, l'ima­gination est incapable de nous donner aucun renseignement précis ou réel sur la situation dans laquelle se trouvent ces personnes ou sur ce qui peut leur arriver en bien ou en mal.

L'imagination, dans son état normal, ne peut donc pas expliquer les faits qui nous occupent, mais cette faculté ne peut-elle pas jouir de certaines propriétés particulières dans des circonstances spéciales?

Cette question ne résout pas le problème posé, mais elle nous met sur la voie qui nous mènera peut-être à Un éclair­cissement de cette énigme.

Le fait que nous pouvons rêver lorsque nous sommes endormis nous prouve que l'imagination reste active alors que toutes les autres formes d'activité de notre esprit sont suspendues. Cette observation met ainsi l'imagination dans une catégorie à part.

Or il se fait que précisément certains cas de fonction­nement anormal de l'esprit se produisent dans le rêve, ce qui accentue la vraisemblance de l'intervention du rôle de l'imagination dans la production de ces phénomènes.

Mais si nous remarquons que dans le sommeil magné­tique lucide, le fonctionnement anormal de l'esprit devient la règle et se produit d'une façon presque permanente, qu'en outre c'est précisément la faculté de l'imagination qui semble mise en œuvre cette fois, non dans un but de création, mais dans un but d'information qui est par­faitement atteint et rempli, nous voyons se préciser cette notion que c'est bien l'imagination qui doit nous fournir l'explication du fonctionnement anormal de l'esprit.

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Le sommeil relâché ~vidéminent ies reiations qui unIs­sent l'esprit au corps; quand les sens du corps sont endor­mis, l'imagination reste active et fournit à r esprit des renseignements réels ou inventés. Nous sommes donc en droit de supposer que lorsque l'esprit est définitivement séparé du corps, qu'il a perdu toute possibilité d'être averti de cette manière de ce qui se passe autour de lui, l'imagi­nation lui reste et remplaçant les sens perdus, instruit l'esprit de tout ce qu'il désire connaître. L'imagination n'est pas autre chose alors que la liberté, que r esprit pos­sède de diriger sa pensée où il veut avec le pouvoir supplémentaire de saisir le réel tel qu'il est, rien qu'en y pensant.

Si nous admettons que r esprit n'est soumis aux deux formes d'intuition du temps et de r espace que lorsqu'il est uni à un corps, nous comprendrons que ce que nous appelons le fonctionnement anormal de r esprit n'est con­stitué que par les circonstances exceptionnelles où l'esprit d'une personne vivante fonctionne comme s'il était détaché de son corps, et en conséquence affranchi des restrictions de r espace et du temps.

On remarquera d'ailleurs dans les exemples que nous donnerons ci-après que le fonctionnement anormal de l'esprit se rattache presque toujours à une rupture des rela­tions habituelles entre le corps et r esprit.

Nous tenons à faire voir au lecteur la logique naturelle qui consolide les suppositions que nous avons été amenés à faire.

Retraçons d'abord le tableau du fonctionnement normal de r esprit, qui comporte r exercice d'un sens externe par lequel nous prenons conscience d'un monde extérieur et d'un sens interne par lequel nous saisissons nos propres impressions.

Il est clair que nous ne pouvons connaître le monde extérieur que par les impressions visuelles, auditives, etc ... que nous en ressentons, c'est-à-dire que le sens externe est basé sur le sens interne qui paraît donc prépondérant.

Remarquons que dans le sommeil, le sens interne reste

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CHAPITRE III

Fonctionnement anormal de l'Esprit par rapport au temps

Le lecteur est habitué par les considérations exposées au chapitre précédent à se servir de la notion du fonctionne­ment anormal de l'esprit et à y voir un soulèvement momentané du voile que l'ordre spirituel du monde jette sur le noumène.

Mais ce voile est double, il est constitué par l'espace d'une part et par le temps de l'autre.

Notre esprit est posé d'une façon entièrement différente devant chacune de nos deux formes d'intuition.

La totalité illimitée de l'espace est toujours présente pour nous, tandis que pour le temps seul le moment pré­sent est avec nous; l'infini du passé est derrière nous, tout le surplus de l'avenir est devant nous, se précipitant constamment sur nous pour se transformer en présent et immédiatement après en passé.

En revanche dans le même lieu où nous sommes, il n'y a exactement qu'une seule personne, tandis que dans le même temps présent, il y a la totalité de tous les êtres pensants de l'Univers.

Si nous ne nous plaisons pas dans le lieu où nous nous trouvons il nous est loisible de nous déplacer dans une certaine mesure dans l'espace; mais si le temps où nous nous trouvons ne nous convient pas, nous ne pouvons cependant pas le quitter et nous devons le subir tel qu'il est et tel qu'il se modifie sans cesse.

Nous avons vu, au chapitre précédent, que le fonction­nement anormal de l'esprit par rapport à r espace, corres-

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pondait au fonctionnement normal de l'esprit désinr.:arné. Celui que nous étudions maintenant à quoi correspond-il?

Il y a pour r être humain des mouvements libres -domaine de la volonté consciente - et des mouvement>; nécessaires - domaine de la force vitale.

Or l'action de la force vitale envisage d'une façon permanente des buts simples et immuables que le temps ne modifie pas; en conséquence ses manifestations peuvent être indépendantes du temps, et considérées comme en dehors du temps; la vie est éternelle et ses objectifs sont immuables; on conçoit quO elle peut servir de point d'appui à l'esprit quand celui-ci échappe aux obligations ordinaires du temps.

Il paraît donc vraisemblable que le fonctionnement anormal de l'esprit par rapport au temps nous met en face du fonctionnement normal de l'intelligence vitale, et nous rappelle ainsi la dualité des formes de l'esprit : l'esprit conscient soumis à r ordre du phénomène et J'intel­ligence vitale participant à l'immutabilité du Noumène, et comme ces deux formes d'intelligence doivent certainement collaborer et par conséquent entrer en relation l'une avec l'autre, le mouvement anormal par lequel notre esprit découvre le temps caché contribue à nous rappeler que nous devons adapter nos buts à la Vie Eternelle, ou pour utiliser une forme de langage qui n' est pas sans danger d'erreur, nous préoccuper des intentions divines.

Ainsi le fonctionnement anormal de l'esprit, par rapport à l'espace, nous montre comment vit l'esprit désincarné, nous en rapproche, nous aide à le comprendre et à tra­vailler d'accord avec lui, tandis que le fonctionnement anormal de l'esprit par rapport au temps, nous fait voir de quelle façon fonctionne l'intelligence vitale et nous apprend également à nous associer volontairement à cet élément qui, à part la liberté qu'il a créée pour nous et qu'il nous laisse, domine l'Univers.

Le fonctionnement anormal de l'esprit, par rapport au temps, ne peut s'exercer que par la découverte du futur; dans le présent, tout se ramène à triompher des obstacles qu'interpose l'espace; dans le passé, il ne peut être question

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que de mémoire; il est vrai que la mémoire peut être extra­ordinaire, comme dans les manifestations de la· psycho­métrie, le réveil des souvenirs d'incarnations précédentes ou la mémoire naturelle des défunts, mais même alors elle n'ébranle pas les bases de l'ordre spirituel, comme le fait l'annonce anormale de ce qui arrivera dans un temps futur,

La première difficulté que l'on rencontre dans cette direction se trouve dans la conciliation de la Jiberté avec le déterminisme de l'avenir.

Si nous nous plaçons au point de vue nouménal. tout l'avenir infini est déterminé et se réalise progressivement comme il doit être, au fur et à mesure que le présent passe d'un temps à un autre,

Il semble bien que nous soyons ainsi en présence d'un fatalisme absolu, analogue à celui que l'on reproche aux musulmans, et qui ne laisse pas la moindre place, à la liberté, - or, notre liberté est le but même de l'ordre spirituel où nous sommes placés,

L'idée que l'avenir est entièrement prédéterminé, gêne la notion que nous avons de notre liberté, mais ce n'est pas une raison suffisante pour nier qu'il en soit ainsi.

La direction de notre volonté est bien l'objet essentiel de notre esprit; pour apprendre à se diriger lui-même, notre esprit doit se baser sur ce qu'il sait normalement, sur son passé; si on le renseigne au hasard sur l'avenir on lui rend en général. un mauvais service, en troublant l'ordre naturel de ses décisions; cependant il peut y avoir excep­tion, et dans plusieurs des exemples que nous montrerons ci-après, le lecteur verra que le bénéficiaire de l'avertis­sement extraordinaire, reçu de cette façon, a généralement eu sujet de s'en féliciter,

Nous devons conserver le souci de déterminer notre avenir dans la mesure où nous le pouvons, le fatalisme qui suppose que notre avenir reste fixé, quelles que soient les décisions que nous puissions prendre, est une erreur évi­dente et dangereuse. Notre volonté est efficace dans la sphère de son possible. Autre chose est de nous demander si elle n'est pas, sans que nous nous en doutions, prédé­terminée. Ainsi notre ahoix est libre quand il se produit

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CHAPITRE IV

La Force Vitale

L'objet essentiel de toute religion est r étude des rap­ports qui unissent ou qui doivent unir l'homme à Dieu; mais r existence et la nature de Dieu restent pour r esprit humain un objet de doute et d'ignorance qui rendent peu efficaces les usages et les' institutions fondés par les cultes.

Nous pensons faire un pas considérable dans la voie du progrès en expliquant ici clairement les rapprochements nombreux et précis que r on peut faire entre Dieu et la force vitale.

Comme nous r avons dit précédemment, l'Univers que nous connaissons nous offre deux formes entièrement dif­férentes de l'intelligence : d'abord celle que nous possé­dons et que nous exerçons nous-mêmes et que nous appe­lons r esprit conscient et ensuite l'intelligence qui se mani­feste dans la production, le développement et la conserva­tion des êtres animés et à laquelle nous donnons le nom d'intelligence vitale.

Au point de vue du Noumène que nous devons mettre ici en première ligne, l'esprit conscient seul est astreint aux restrictions de l'espace et du temps, tandis que l'intelli­gence vitale paraît en contact direct avec le Noumène.

L'esprit conscient est toujours obligé de se déterminer lui-même; il ne possède jamais que des connaissances limi­tées et insuffisantes, en sorte qu'il est toujours obsédé par le sentiment de son ignorance; il y fait face en se confor­mant aux habitudes, aux usages, aux traditions et il s'efforce de créer une science qui puisse le guider dans les ohoix auxquels il est astreint.

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La force vitale poursuit son œuvre d'une façon immuable qui se manifeste d'une manière éclatante par la permanence des formes de chaque espèce; son infaillibilité apparaît par la perfection des organes qui s'affirme jusque dans les plus minimes détails et qui ne fait défaut que par l'intervention de causes extérieures.

La vie ne s'interroge pas. Elle ne doute pas. Elle sait où elle va et rien ne l'arrête.

Si on étudie l'activité des êtres vivants, on reconnaît qu'une partie plus o~, moins grande paraît dirigée par une intelligence libre et consciente et que le surplus semble obéir directement à la force vitale; c'est ce qu'on appelle l'instinct.

Dans cette partie de leur existence, ils font preuve de la même constance et de la même certitude que les forces organiques elles-mêmes; telles sont, par exemple, les constructions artificielles de certains animaux, comme les cabanes des castors, les nids des oiseaux, les toiles des araignées, telles apparaissent encore les déplacements sai­sonniers des oiseaux migrateurs; chacun sait que la date fixée par les hirondelles pour leur départ vers des régions plus chaudes varie chaque année et qu'on la considère à juste titre comme un présage annonçant rapproche plus ou moins tardive des rigueurs de l'hiver.

L'instinct, manifestation directe de l'intelligence vitale, montre donc ainsi une omniscience qui dépasse les possi­bilités de l'esprit conscient.

Chez l'animal, la pensée obéit à la force vitale, mais elle ne se rend pas compte de l'existence de cette dernière.

Chez l'homme, un nouveau problème se présente : l'esprit conscient peut essayer divers procédés pour entrer en rapport avec la force vitale et en obtenir de sérieux avantages.

L'abbé de Faria classe en cinq catégories, les modes divers sous lesquels l'esprit de l'homme peut se manifester; il distingue : l'état de veille, l'état de rêve, le somnambu­lisme lucide, la catalepsie ou l'évanouissement et enfin r état désincarné.

Dans chacun de ces états se manifeste une faculté de

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perception plus ou moins dégagée de la normale, et plus ou moins apte à reproduire l'omniscience des forces vitales. Cette libération va en croissant depuis r état de veille jusqu'à la cessation de la vie corporelle en suivant l'ordre que nous venons d'exposer; mais pour que nous puissions faire usage de cette forme extraordinaire du savoir il faut naturellement que notre esprit conscient puisse conserver le rapport avec l'esprit se trouvant dans rune des quatre formes suivantes : pour le rêve la liaison s'opère par le souvenir au réveil, pour le somnambulisme lucide, par la parole du suj et endormi, pour la catalepsie ou l'évanouisse­ment, il n'existe pas de relation pratiquable et pour la mort, nous avons les procédés encore bien imparfaits du spiri­tisme.

Le fruit de ces rapprochements est d'abord une certaine connaissance de ]' avenir que nous apportent les rêves, les révélations des somnambules, et les communications des médiums; un second résultat est à tenir en note également, mais seulement pour le troisième de oes états, le magné­tisme qui contribue efficacement à la guérison des maladies.

Or, les deux résultats utiles de ces efforts pour entrer ainsi indirectement en rapport avec l'intelligence vitale, sont précisément ceux qu'apportaient également les pytho­nisses et les autres sujets des temples païens.

Cette similitude permet de poser la question suivante : n'est-ce pas par des procédés analogues que les premiers théologiens, organisateurs du paganisme, ont établi leurs usages et leurs institutions? N'est-ce pas la force vitale qu'ils ont appelée Dieu?

N'ont-ils pas découvert un moyen secret d'entrer en rapport avec la force vitale? N'ont-ils pas voulu garder le monopole de ce rapport? Ces procédés ne mettent-ils pas en jeu un certain exercice des facultés sexuelles? N'est-ce pas pour cela qu'ils ont interdit à la foule l'usage des pra­tiques sexuelles stériles, et qu'ils en ont conservé le mono­pole pour eux-mêmes, sous le nom de « Mystères reli­gieux »?

Mais en outre les mêmes méthodes ne leur permettaient­elles pas d'entrer plus aisément en relation avec les défunts, de connaître et d'expérimenter la survie? N'étaient-ils pas

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CHAPITRE V

L'Imagination

L'exercice de nos sens est lié au milieu dans lequel nous vivons; au lieu et au moment où nous nous trouvons, tandis que notre imagination peut s'écarter de cet endroit et de cet instant et s'attacher à une autre situation ou même à toutes les particularités de l'espace ou de la durée. Elle est ainsi affranchie de l'Espace-Temps et susceptible, par conséquent, de rejoindre l'Intelligence vitale dans le Noumène.

C'est une faculté de l'esprit conscient en liaison avec l'immutabilité et l'omniscience de la force vitale; c'est un pont, par conséquent, entre les deux formes d'intelligence qui existent dans notre Univers; de là, le rôle particulier et essentiel qu'elle occupe dans l'étude de la question nouménale.

Nous disions dans les pages qui précèdent que l'intelli­gence vitale est ce dont on a parlé confusément à la foule en employant les mots « Dieu » ou Créateur; il est de fait que c'est l'imagination qui est la faculté créatrice dont nous disposons et qui représente donc Dieu dans notre activité consciente.

Les images qui se forment en nous quand nous rêvons sont perçues par notre imagination, alors que l'esprit con­scient dort, par conséquent la faculté dont nous parlons doit appartenir aussi à notre esprit inconscient. Certaines de ces images se fixent dans notre mémoire, tandis que d'autres disparaissent sans laisser de trace. Ce sont proba­blement celles qui sont le plus proche des tendances de r esprit conscient qui se retrouvent ainsi au réveil.

Telles sont les raisons qui donnent aux songes leur

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portée èt leur valeur sentimentale parce quI ils marquent les connexions existant entre les deux faces de notre être spirituel.

Le fait que nous pouvons suivre dans notre sommeil la trame compliquée d'un rêve montre que l'inconscient jouit aussi d'une mémoire propre; nous ne devons pas nous en étonner car la mémoire étant indépendante du temp::l appartient aussi au noumène.

L'imagination est aussi le pont qui relie l'esprit conscient au sentiment profond. Ce sont les affections les plus puis­santes qui se manifestent spontanément à notre conscience par des images qui les évoquent; il est naturel qu'une per­sonne animée par un amour ardent ait sans cesse devant elle l'image de celle qu'il aime; pour celui qui est pénétré d'un enthousiasme vivace pour une cause abstraite, celle­ci se rappellera souvent à lui sous l'aspect d'une image symbolique, d'un drapeau, d'un emblème. C'est ainsi que les peuples qui ont cru pouvoir fixer leurs aspirations en les concentrant sur un aspect particulier de l'Univers ont été portés à se représenter cette adoration sous la forme d'une idole; cette pensée peut servir d'excuse et de justi­cation aux aspects primitifs des religions.

C'est encore r imagination qui rattache l'esprit conscient à l'âme immortelle; nous avons dit que c'est celle-ci qui se révèle à nous dans nos rêves, qui constitue notre incon­scient et qui trouve sa manifestation la plus vivante dans nos affections profondes et nous avons montré combien ces diverses manifestations de notre être étaie~t unies à notre imagination; de là le rôle capital que joue cette faculté de notre esprit dans tout ce qui contribue à démon­trer l'immortalité; c'est par elle que doit nous être révélée la véritable nature de notre âme.

Pour compléter ce tableau des fonctions que remplit dans notre existence cette grande puissance de représenta­tion il nous faut encore montrer comment elle s'agence avec notre destin. La volonté libre ne peut choisir qu'entre les possibilités que l'imagination lui offre; elle accorde la préférence à l'alternative qui donne le mieux satisfaction à notre sentiment profond qui est constant et peu soumis à

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variation; c; est par son orientation que se trouvent aÎnsi à la fois déterminé notre libre arbitre et notre destinée.

D'après Voltaire, c'est l'imagination qui détermine la volonté. Sans doute notre liberté ne peut s'exercer que grâce à cette faculté, qui n'est pas liée aux données immé­diates et locales des sens et qui peut seule nous représenter des réalités avec lesquelles nous ne sommes pas en contact. C'est incontestablement elle qui, pour le moins, met devant notre pensée les diverses façons dont nous pouvons agir, mais qui choisit? Nous savons bien que c'est nous-mêmes, que c'est l'élément essentiel et sans doute global de notre être, et non point telle ou telle de ses subdivisions sur les­quelles nous pourrions chercher à nous décharger de notre responsabilité.

Il se peut que les tendances de l'âme éveille l'imagina­tion, la poussent dans un sens déterminé et lui fassent voir d'une façon plus claire ou plus tentante une des alterna­tives en question.

D'où viennent ces tendances? Elles ne peuvent surgir que de la force vitale qui anime r inconscient; mais cette force se présente sous un aspect double : la force vitale individuelle qui est plus proche de l'esprit conscient et qui engendre r égoïsme et la force vitale de r espèce, qui s'apparente au système nerveux -inconscient, au sens uni,­versel qui r éclaire et aux Sentiments généreux qu'il inspire.

C'est ainsi que la volonté', se trouve placée entre le bien et le mal et qu'elle a à réaliser un perpétuel équilibre qui est l'objet même de sa liberté.

Il ne faut pas tomber dans un égoïsme absolu qui con­sidérerait comme négligeables les grands intérêts généraux de l'humanité; mais il ne faut pas non plus oublier ce que l'on se doit à soi-même en ne pensant qu'aux seconds.

Certains moralistes se taillent un succès facile en exagé­rant leurs conseils de générosité; mais celui qui prêche d'exemple - et c'est la seule bonne manière de prêcher -sait qu'il faut, dans cette matière, observer des mesures de prudence et d'adaptation au milieu et à l'époque, pour ne pas provoquer d'incidents fâcheux et plutôt nuisibles, dont on subit soi-même le contre-coup.

Le côté individuel des attractions est évidemment plus

159

CHAPITRE vi

Le Rapport nouménal

Le 27 août 1 911, nous recevions, par l'écriture médiuIIl­nique, un message ainsi conçu :

« Je ne vois pas les choses dans l'espace. Je ne me sens pas exister non plus dans le temps. rai un autre sens complexe, indivisible qui m'apparaît comme la réalité véritable, cachée aux vivants.

» Nous n'entrons pas matériellement en contact, car ce qui est matériel est dans l'espace. Nous sommes seulement en rapport, ce qui est tout différent.

» Je crois que les vivants possèdent aussi ce sens com­plexe, seulement ils n'en font pas usage. »

La théorie nouménale paraît éclairer cet exposé spirituel qui nous offre une autre conception de l'être humain, con­ception en usage chez les défunts et correspondant mieux à leur nature ou à leur état, tout en étant susceptible d'être pratiquée également par les vivants, bien qu'ils ne le fas­sent point encore.

Un des éléments essentiels de cette déclaration apparaît dans la mise en valeur du mot « rapport» sur lequel nous croyons devoir nous étendre.

Il est évident que c'est par ses rapports avec ses sem­blables que l'être humain a notion de lui-même et que cette notion résulte de la synthèse et de la diversité de ces rapports.

Le rapport entre deux personnes peut avoir pour objet principal le corps, l'esprit ou le noumène.

Les relations les plus profondes et les plus intimes rap­prochent les corps, tandis que celles qui sont fondées sur une similitude intellectuelle restent banales et superficielles.

193

-- -Cependant à première vue on n' aurait pas hésité à dire

que l'importance du rapport devait aller en croissant s'il passait du corps, à r esprit et de l'esprit au Noumène.

Mais qu'est-ce qu'un rapport nouménal entre deux per­sonnes?

Nous ne pouvons pas aborder le problème avant d'avoir défini plus complètement ce que c'est qu'une personne et si elle est présente dans son corps, dans son esprit ou seU­lement dans son essence nouménale.

La question que nous soulevons a rarement tenté la curiosité humaine; on a considéré r existence d'une per­sonne comme une réalité fournie intégralement par l'expé­rience; il semble qu'on n'ait pas cru qu'il y ait là matière à réflexion.

Mais le point de vue nouménal nous permet de penser beaucoup plus profondément qu'on n'a coutume de le faire, et de découvrir ainsi que des sièges sur lesquels r esprit humain se repose depuis des millénaires ne sont en réalité que des charpentes fragiles et mal agenc6es.

Nous avons souligné antérieurement le principe d'une importance primordiale qui pose r existence de deux formes de l'Intelligence dans notre Univers, d'un -côté, r esprit conscient qui est individuel, ignorant et faillible, de l'autre, l'intelligence vitale, qui est universelle, infaillible, omni­sciente.

Le second représepte la certitude infaillible et immuable de la nature, tandis que r autre trahit la faiblesse de l'indi­vidu; rappelons-nous, toutefois, que cette faiblesse est la condition nécessaire de sa liberté.

Pour être libre, l'individu doit être limité; mais ce qui est limité est juxtap,->sé à ce qui le limite.

L'individu nous apparaît situé dans l'espace, et dès lors il revêt un caractère matériel; ce qui est illimité domine l'espace et apparaît sous la forme spirituelle.

Pour que l'individuel puisse entrer en rapport avec le nouménal il a fallu créer r ordre espace-temps où r indivi­duel est représenté par la matière et le noumène par l'esprit ou la pensée.

La pensée est donc un rapport entre l'être limité, indi­v~duel, libre et l'intelligence universelle, vitale nouménale;

194

dans ce rapport l'individu est représent~ par son èorps et l'intelligence universelle par son esprit.

Ce qui est profondément réel, ce n'est ni le corps, ni l'esprit, mais le rapport qui rattache le second au premier.

En d'autres termes une personne n'est réellement ni SOn corps, ni son esprit, mais elle est le rapport entre les deux.

Ceci heurte un peu les habitudes de pensée et notam­ment la conscience d'être telle qu'elle existe sous la formé d'usage courant.

La réalité absolue doit être indépendante de l'espace et du temps; notre corps n'a apparemment qu'une existence temporaire; mais sa forme-type est indestructible ;c' est dans le sens de Platon une idée qui apparaît plus ou moins nette, plus ou moins complète et parachevée, plus ou moins usée ou abîmée dans le corps matériel, mais qui n'en subsiste pas moins éternellement dans notre mémoire. Est-elle réellement éternelle et immuable? ou bien, au cours des réincarnations successives, est-elle modifiée par l'influence des générateurs? Cette dernière supposition paraît très vraisemblable, mais elle n'empêche pas la possibilité de la permanence d'un caractère personnel, propre, absolu, dans la figure que revêt le corps.

Notre esprit, en tant que capacité de pensée, est limité par les instruments qu'il emploie pour condenser sa pensée et lui donner une forme - pour le vulgaire, c'est le langage qui remplit cette fonction, tandis que l'artiste peut recourir à des procédés graphiques, plastiques ou mélodiques. Mais on distinguera toujours facilement la possession des moyens d' expression pour y opposer l'usage qui en est fait et qui marque réellement le génie de l'individu.

Nous voici donc maintenant en face de deux réalités éternelles : r une, la forme-type du corps et l'autre, le caractère propre de r esprit. Ce sont là certainement deux aspects de la personne; mais aucun des deux n'est la per­sonne elle-même. Celle-ci doit se définir par le rapport entre la figure et le caractère.

N'être qu'un rapport? une simple liaison, une connexion entre deux réalités, cependant fondamentales? C' est une conclusion qu'on a quelque peine à admettre et dont nous

195

CHAPITRE VII

Révision du Spiritisme

La notion de la survie est essentielle. Il convient qu'elle soit enfin établie sur une base solide, indestructible, débar­rassée de toute croyance imposée et de toute discipline sacerdotale.

Le monde aspire de toute son âme à cette épuration de l'atmosphère religieuse qui mettra fin pour toujours aux querelles des sectes et aux guerres que se livrent les uns aux autres les adhérents des divers cultes.

La science doit se substituer à la Foi. Elle le sait, elle le sent, mais jusqu'à présent, elle a

échoué dans cette mission sainte. C'est que la science elle-même était faible et chancelante

dès qu'elle quittait le terrain de la chimie ou des mathé­mathiques. Son horizon était limité et ses procédés de recherche impuissants. Un formidable instrument de pro­grès lui faisait défaut, la connaissance du Noumène. Avec lui, l'homme et l'Univers changent d'aspect. Ce qui parais­sait merveilleux et surnaturel devient simple, clair et logique.

Nous voulons montrer ici cette métamorphose. Voici comment nous nous y prendrons. Nous tracerons d'abord le tableau des quatre problèmes

majeurs tels qu'ils se présentent à l'intelligence humaine, avant la magnifique pécouverte de Kant.

Nous résumerons ensuite les traits principaux de cette nouvelle compréhension de la réalité et nous montrerons comment change chacune de ces quatre questions princi­pales, grâce à ce pas en avant, sur la route du véritable saVOir,

231

Ces quatre points que l'homme cherche à éclaircir avant tout, sont les suivants :

Que suis-je?

Pourquoi ai-j e un esprit et un corps?

Que sont mes semblables, qu'est-ce que je leur dois, qu'est-ce qu'ils me doivent?

Suis-je immortel et puis-je entrer en rapport avec les défunts?

Descartes disait: Je pense donc je suis.

Ne suis-je donc rien d'autre que ma pensée?

Que devient mon être quand ma pensée s'égare et qu'elle ne représente que le néant de l'erreur?

L'homme a cru dur comme fer, à l'existence indépen­dante de l'Espace et du Temps, d'un espace stable à trois dimensions et d'un temps fugitif, insaisissable et où cepen­dant toute existence repose.

L'homme s'est cru, existant dans l'espace. Cependant si l'absolu de son être est sa pensée, il est

clair, si l'on réfléchit, que la pensée n'est pas dans l'espace, mais seulement dans le temps.

A première vue, on en doute; on se dit : ce que la durée renferme c' est le mouvement et non la pensée; mais le mouvement ne peut s' accomplir que dans l'espace, et il a besoin des deux aspects primitifs de l'absolu pour se réali­ser; seule la pensée n'a besoin que du temps pour se mani­fester.

Nous imaginons notre pensée comme étant dans notre corps, beaucoup diront même dans notre cerveau alors qu'elle est simplement en relation intime avec notre être corporel; mais ce rapport est susceptible de détente; nous pouvons être distrait, notre pensée peut ~e fixer sur un objet éloigné, elle peut même s'anéantir dans le sommeil. Demandez donc à Descartes ce que nous sommes quand nous dormons.

Nous nous apparaissons donc à nous-même comme double : nous avons un esprit et nous avons un corps. Pourquoi cette duplicité de notre être? Elle répond eVI­demment à l'apparence double de l'Univers, qui se pré-

232

sente à nous dans }' espace et dans le temps et qui nous oblige à admettre deux substances différentes; une sub­stance matérielle qui représente à la fois la divisibilité infi­nie et }' inertie apparente, comportant}' obéissance absoluè aux lois immuables de la nature; en regard de la matière, se situe la substance spirituelle caractérisée par l'indivisibi­lité de la personne et la spontanéité hésitante résultant d'une ignorance. partielle mais incurable.

QUfj1s rapports voyons-nous immédiatement entre ,}' es­prit et le corps? le corps est d'abord par ses sens une source de renseignements; l'impression ressentie semble transmise par le réseau nerveux jusqu'au cerveau et de là elle pa~se à l'esprit. Comment? Ceci n'a jamais été élucidé et reste un mystère complet.

L'esprit, renseigné par ses sensations, décide un acte. Il agit par le même moyen mystérieux sur le cerveau; du cerveau le réseau nerveux transmet r ordre donné aux mus­cles intéressés qui se contractent et le mouvement voulu s'accomplit.

Comment les informations et les commandements cir­culent-ils dans le système nerveux? On suppose r existence d'un fluide spécial, qui participerait à la nature des deux substances et qui précisément pour cette raison, apparaît à la fois comme nécessaire et comme impossible.

0' autre part, comment la volonté se forme-t-elle dans l'esprit? N'existe-t-il pas de nombreuses circonstances où la décision se produit en dehors des limites de r esprit conscient? Certains psychologues ne prétendent-ils pas que c'est le cas le plus fréquent? A quoi sert r esprit alors, si ce n'est pas lui qui dirige le corps?

Mais, d'autre part, si c'est la pensée qui est }' essence même de mon être, il m'apparaît nettement que je ne puis' réfléchir d'une façon claire et précise qu'en faisant usage du langage intérieur. Or la parole est un instrument qui a pour objet de faciliter nos rapports avec nos semblables. L'étude de notre pensée et de ses modes d'action, pose donc nécessairement l'examen des relations qui nous unis· sent à nos prochains.

Notre pensée n'est pas normalement en rapport direct

233

Table des Matières

Préface . . Pages

5

Chapitre 1. L'Esprit de Vérité

Chapitre II. Fonctionnement anormal de l'esprit par rapport à l'espace .

Chapitre lU. Fonctionnement anormal de l'esprit par rapport au temps

Chapitre IV. La force vitale

Chapitre V. L'imagination

. Chapitre VI. Le rapport nouménal

Chapitre VII. Revision du Spiritisme .

~Ê SCARABÉE

9

49

85

121

157

193

231

Cé:~~;} de ~echerches ct d'AppHco.tion des Sciences Hermétiques

LDCAl: 11, R. d'Assaut

Dea PreNe, de Henri Kump.

R.,,~ KeyenveJd. 81~85

Ixelles~ Bruxell es

~

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Traité de spiritisme réformé, position religieuse du du spiritisme, étude des médiumnités, guide de .l'expérimentateur (312 pages) . Fr. 20.00

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