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LE MONDE DES LIVRES a Spécial premiers romans : les 60 plumes de la rentrée 0 23 LIVRES des 1 des bbbbbbbbbbbbbbbbbbb ENQUÊTE Quelles politiques mènent les éditeurs en faveur de la création littéraire ? page II JEAN-HUBERT GAILLIOT page IV RICHARD KEARNEY page IX PERPENDICULAIRE Avec Christophe Duchatelet et Nicolas Bourriaud page V L u rr nmr L’éternel automne du roman Découvrez avec nous 60 des premiers romans de la rentrée, ces nouvelles plumes qui révèlent tendances et modes littéraires. Trois thèmes insistants s’en dégagent : la famille, le sexe et la banlieue EPremiers romans b CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16356 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI VENDREDI 29 AOÛT 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. International ............. 2 France .......................... 6 Société ......................... 8 Régions ........................ 10 Horizons....................... 11 Entreprises ................. 13 Finances/marchés ..... 14 Aujourd’hui ................ 17 Communication ........ 18 Jeux, Météorologie .. 19 Carnet .......................... 20 Culture ......................... 21 Abonnements ............ 21 Radio-Télévision....... 23 Un demandeur d’asile a été renvoyé en Algérie par erreur À L’HEURE où Lionel Jospin défend « une nouvelle conception du droit d’asile », la préfec- ture des Alpes-Maritimes a renvoyé, lundi 25 août, vers l’Algérie un demandeur d’asile, violant ainsi la loi qui protège cette catégorie très particulière d’étrangers. L’homme, qui fai- sait état de menaces en cas de retour dans son pays d’origine, a été embarqué sur un bateau à destination d’Alger, alors même qu’il attendait une réponse de l’Office de protection des réfu- giés et apatrides (Ofpra). La Cimade a dénoncé les faits au ministère de l’intérieur. Elle ré- clame le retour en France du jeune Algérien, « en espérant que rien d’irréversible ne lui soit arrivé entre-temps ». L’histoire de Ramdane Amroussi ressemble à des dizaines d’autres. Le 18 août, cet Algérien de trente ans est interpellé par les policiers lors d’un contrôle de police. Il assure avoir alors déclaré qu’il est venu en France pour deman- der l’asile politique. Dès le lendemain, toute- fois, le préfet des Alpes-Maritimes prend un arrêté de reconduite à la frontière et le place en rétention. Au centre de rétention, il est ac- cueilli par un responsable de la Cimade, asso- ciation qui assure l’encadrement des per- sonnes retenues, et raconte sa situation : un père mort dans des conditions troublantes, un frère et des cousins dans l’armée, et les me- naces qui se multiplient. Il y a quelques mois, sa mère l’a supplié de partir. Il souhaitait ga- gner la France, mais impossible d’obtenir un visa. A prix d’or, il a acheté un visa Schengen pour l’Allemagne, y a traîné quelque temps, puis a gagné Nice. Enfin, le 18 août, il a été in- terpellé avec, sur son passeport, un visa dépas- sé depuis près d’un mois. Le 21 août, sa demande d’asile est finale- ment enregistrée par la préfecture et trans- mise à l’Ofpra selon la procédure prioritaire. Ce dispositif, réservé aux demandes fraudu- leuses ou « destinées à faire échec à une mesure d’éloignement », prévoit que l’office se pro- nonce en quelques jours. La procédure est écrite et l’intéressé n’est pas entendu. Dans la grande majorité des cas, la demande d’asile est refusée. Toutefois, tant que la réponse n’est pas intervenue, l’étranger est protégé contre la reconduite. Une évidence s’agissant d’une per- sonne invoquant des risques de persécution en cas de retour dans son pays d’origine. Le préfet des Alpes-Maritimes, Philippe Marland, plaide « coupable ». « Une faute grave a été commise, reconnaît-il. Je l’assume. Un fonctionnaire partait en vacances, un autre en revenait. L’information selon laquelle M. Am- roussi avait fait appel n’a pas été transmise. C’est regrettable. » Dans une circulaire du 24 juin, le ministre de l’intérieur recomman- dait, dès lors qu’un Algérien s’estimerait me- nacé en cas de retour dans son pays, de trans- mettre le dossier à la direction des libertés publiques, « préalablement à toute décision ». L’Ofpra, qui achève la traduction du témoi- gnage déposé en arabe par M. Amroussi, de- vrait rendre sa décision d’ici quelques jours. « Si elle est favorable, il va de soi que nous sommes prêts à faire revenir l’intéressé », sou- ligne le préfet. L’Ofpra, qui juge cet incident « très grave », pourrait également, tout en re- fusant d’accorder l’asile politique au titre de la convention de Genève, souligner que M. Am- roussi court des risques sérieux dans son pays. Il serait alors invité à déposer une demande d’asile territorial... auprès de la préfecture des Alpes-Maritimes. Nathaniel Herzberg POINT DE VUE Europe : le commencement d’une aventure par Jean-Paul Fitoussi P OURQUOI fait-on si- lence sur les poli- tiques que l’on mettra en œuvre pour tenir les promesses de l’unification mo- nétaire, une fois qu’elle sera réali- sée ? C’est que les règles de conduite, d’ores et déjà adoptées pour l’après-euro, interdisent de fait d’utiliser les instruments de la politique économique pour combattre le chômage. Elles sont fondées sur les postulats sui- vants : – Le chômage n’est pas un pro- blème macroéconomique, mais structurel. Il ne peut donc être combattu par une politique d’ex- pansion, mais, selon l’inspiration doctrinale des gouvernements, par une politique structurelle de transition vers une économie de marché de plus en plus libre ou par une politique de partage du travail. Les deux stratégies peuvent et doivent être combi- nées. – L’inflation, en revanche, est un problème purement macro- économique. Mais il suffit, pour s’en débarrasser, sans coûts pour l’économie, de conduire une poli- tique crédible de stabilité des prix. Ce qui implique au minimum que l’Etat soit délivré de la tenta- tion de financer monétairement les dépenses publiques et donc que la recherche de l’équilibre budgéaire devienne prioritaire. – Mais un tel programme ne peut être mis en œuvre que si, d’une façon ou d’une autre, l’économie sort du champ du po- litique. Un ministère des finances est certes un mal nécessaire, mais l’idéal est que l’on parvienne à se dispenser d’un ministère de l’économie (d’un gouvernement économique). En d’autres termes, les gouvernements doivent être débarrassés de la responsabilité de la politique macroécono- mique. Cela leur évitera de suc- comber à la tentation de s’en ser- vir pour résoudre le problème du chômage. A la lumière de ces pos- tulats, on comprend que le pro- gramme européen va dans la bonne direction. Lire la suite page 12 Jean-Paul Fitoussi, est économiste et enseigne, notam- ment, à l’Institut d’études poli- tiques de Paris. Justice clémente pour les femmes a LES FEMMES ne repré- sentent que 10 % des condamnés et 4 % des détenus. Ce phénomène s’explique en partie par la plus grande mansuétude de la justice à leur encontre : l’étude récente d’une démographe dé- montre que la police place moins souvent en garde à vue les femmes que les hommes et que les juges d’instruction ont moins souvent recours, à leur égard, à la détention provisoire. A infraction égale, elles se voient infliger des peines moins lourdes, sauf dans les affaires de violences à enfants. Selon Michelle Perrot, historienne et spécialiste des prisons, la délinquance fémi- nine existe bel et bien mais elle est plus « secrète ». Souvent, elle reste circonscrite à la sphère familiale. Lire page 8 Le pari réussi du PSG LES FOOTBALLEURS du Paris- Saint-Germain devaient réussir l’impossible exploit de marquer quatre buts à l’équipe de Bucarest afin de se qualifier pour la Ligue des champions. Ils en ont marqué cinq ! Emmenés par leur capitaine brésilien Rai, auteur de trois buts, les joueurs parisiens ont offert aux spectateurs du Parc des Princes une soirée d’ivresse, effaçant ainsi l’erreur grossière de leur encadre- ment, qui avait aligné un joueur suspendu lors du match aller. Lire page 17 RAI a RETOUR SUR IMAGES L’inconnu de Tiananmen IL A SURGI de nulle part pour un face à face terrible avec une co- lonne de chars. Et il est retourné à l’anonymat de la foule. Qu’est-il devenu, depuis ce 5 juin 1989 à Pé- kin ? On ne sait rien de lui, pas même son nom. Mais sa silhouette fragile et obstinée incarne désor- mais la résistance aux mains nues. Lire page 11 « Jeudi noir » sur les places financières d’Asie du Sud-Est LES MESURES de soutien annon- cées la semaine dernière par les au- torités monétaires internationales en faveur de la Thaïlande n’ont pas mis fin à la crise financière en Asie du Sud-Est. Les places boursières de la région ont connu un jeudi noir, avec des situations de krach dans plusieurs pays. A Manille, l’indice de référence s’inscrivait en repli de 9,3 %. La Bourse de Kuala Lumpur cédait plus de 8 %. Les places de Singapour et de Hongkong, réputées plus solides, n’étaient pas épargnées : elles per- daient respectivement 3,28 % et 4,3 %. Le repli des marchés d’actions s’accompagnait d’une nouvelle chute des devises. La roupie indoné- sienne abandonnait 4,3 % face au dollar. Lire page 13 STUART FRANKLIN/MAGNUM a Deux journaux rénovés sur France 2 Albert du Roy, nouveau directeur de la rédaction de France 2, annonce au Monde une réforme des journaux de 13 heures et 20 heures. p. 18 a L’enseignement inégalitaire Selon une étude de l’Insee, l’école est toujours incapable de réduire les inégalités sociales. p. 9 et notre éditorial p. 12 a Dominique Voynet en porte-à-faux Les Verts réclament l’abrogation des lois Pasqua et Debré et le passage aux 35 heures sans délai, mettant la ministre de l’environnement en posi- tion délicate. p. 6 a Les propos de Lady Di L’entretien accordé au Monde (daté 27 août) par Lady Diana cause un vif émoi en Grande-Bretagne. Après le démenti du cabinet de la princesse, Le Monde maintient qu’elle a bien tenu les propos rapportés. p. 24 a Les 35 heures Martine Aubry a démenti, mercredi, connaître la note émanant de son ministère et proposant l’instauration des 35 heures au 1 er juillet 2000. Le Monde confirme l’existence de cette note. p. 24 a Grenoble : 1 000 emplois-jeunes Mise en œuvre du plan emplois-jeunes dans la préfecture de l’Isère. p. 10 LE PRÉSIDENT de la Répu- blique, recevant, mercredi 27 août, à l’Elysée tous les am- bassadeurs, les a appelés à pro- mouvoir une image de la France qui rompe avec toute idée de re- pli. Il a évoqué notamment les grandes lignes d’une modernisa- tion de la politique africaine et l’assouplissement qu’il souhaite pour la politique des visas, en di- rection notamment des étu- diants et chercheurs étrangers. Dans l’entretien qu’il nous a acordé, le ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, sou- ligne la convergence de vues entre le gouvernement et le chef de l’Etat, qui s’est dégagée en politique étrangère depuis l’arri- vée de Lionel Jospin à Matignon. Le premier ministre, qui doit s’exprimer vendredi devant le corps diplomatique, rendait vi- site, jeudi 28 août à Bonn, au chancelier Helmut Kohl. Cette rencontre a pour but de relancer la coopération franco-alle- mande, quelque peu malmenée par les calendriers politiques in- ternes des deux pays, et par les dissensions apparues lors du sommet d’Amsterdam à propos de la mise en place de la future Union économique et moné- taire. Cette entrevue se déroule à la veille d’un calendrier européen particulièrement chargé : Som- met franco-allemand en sep- tembre, Conseil européen à l’au- tomne, Conseil de Luxembourg en décembre et élaboration, au printemps prochain, de la liste des pays participant au lance- ment de la monnaie unique. Le chancelier allemand doit pour sa part affronter une ren- trée politique particulièrement agitée, et a été contraint de dé- mentir catégoriquement tout re- maniement de son cabinet. Lire pages 2 et 3 La rentrée diplomatique du gouvernement b M. Jospin et M. Kohl tentent de relancer le dialogue franco-allemand lors de leur rencontre, jeudi, à Bonn b Dans un entretien au « Monde », M. Védrine souligne les convergences de vues avec le président de la République b M. Chirac demande aux ambassadeurs de combattre l’idée d’un « repli » de la France

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Page 1: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

LeMonde Job: WMQ2908--0001-0 WAS LMQ2908-1 Op.: XX Rev.: 28-08-97 T.: 11:25 S.: 111,06-Cmp.:28,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0454 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Spécialpremiers romans :les 60 plumesde la rentrée

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des

b b b b b b b b b b b b b b b b b b b

VENDREDI 29 AOÛT 1997

ENQUÊTEQuelles politiquesmènent les éditeursen faveur dela création littéraire ? page II

JEAN-HUBERT GAILLIOTpage IV

RICHARD KEARNEYpage IX

PERPENDICULAIREAvec ChristopheDuchatelet etNicolas Bourriaudpage V

L u rr n m r

L’éternelautomnedu roman

Découvrez avec nous60 des premiersromans de la rentrée,ces nouvelles plumesqui révèlent tendanceset modes littéraires.Trois thèmes insistantss’en dégagent :la famille, le sexeet la banlieue

E crire un roman de-mande (aussi) du métier ; lequel nes’acquiert qu’en faisant des ro-mans. Queneau, après Boileau,rappelait cette dure loi de l’art litté-raire : « C’est en écrivant qu’on de-vient écriveron. » L’auteur d’un pre-mier roman est rarement unécriveron ; on serait même déçu etvaguement soupçonneux qu’il lesoit déjà et qu’il débute dans la viedes lettres tout paré des ficelles etdes savoir-faire qui sont la marquedes routiers et des chevronnés. Unpremier roman qui ne fait pas res-sentir les douceurs et les impa-tiences de l’attente est aussi tristequ’un adolescent vieux.

L’art du dialogue, par exemple :savoir faire parler ensemble deuxou trois personnages du livre, riende plus techniquement difficile.C’est peut-être pour ça, davantageque par narcissisme, que les ro-manciers débutants se rabattentsouvent à ne parler que d’eux-mêmes. Mais il y a des solutionsplus élégantes et plus romanesquesque le monologue. Nadine Laportea choisi, comme le titre de son livre– Cent vues de Shanghai – en té-moigne, d’écrire comme on peint.Le héros de Raymond Bozier estmuet et communique avec lesautres par l’intermédiaire de petitsmots qu’il griffonne sur un bloc-notes. Voilà le problème des dia-logues évacué et leur roman sou-mis à des contraintes formellesdont il leur reste à tirer le meilleur.Ce qu’ils font.

Nadine Laporte, nous dit la qua-trième de couverture de son ro-man, a vécu en Chine de 1987 à1993. Elle a donc assisté à ce mo-ment d’espoir et de désespoir qu’aété la révolte des étudiants de 1989et son implacable répression. Elle aentendu le bruit du couvercle quise refermait, le bruit monstrueuxdu silence rétabli. C’est ce silenceassourdissant, celui qui pèse sur unmilliard de femmes et d’hommes,

qu’elle a su condenser au cœur deson livre. Nous sommes donc auxantipodes du roman-reportage etde la poussière de l’événementiel ;aux antipodes aussi du romand’aventures exotiques ou hé-

roïques, comme la Chine en a tantsuscité. Les Cent vues de Shanghaïne doivent rien aux images d’Epi-nal, mais beaucoup aux rouleauxpeints et lentement calligraphiéssur lesquels les artistes cherchent à

capter, en même temps que la fu-gacité de l’instant, sa part d’éterni-té, sa poésie.

Un personnage donne une unitéà cette succession de tableaux. Il senomme Wang. C’est un enfantlorsque commence le roman en1980 et que sa tante, la vieille Liu,exige aux lendemains de la Révolu-

Jusqu’à ce que la rébellion dejuin 89 lui donne, un instant, l’illu-sion que la vie n’a désormais plus àse dissimuler.

Nadine Laporte s’est appliquée àfaire entrer dans le mouvement desa prose, dans la couleur de sonstyle, ces jeux poussés à l’extrêmede la réalité et de l’apparence, de la

des quelques terres qui l’entourent.Tant bien que mal, le garçon, qu’unaccident a rendu muet, s’accrocheà ce lieu fantôme, dans le seulcompagnonnage des volailles etdes cochons qu’il élève. Pour meu-bler sa solitude, peupler son désert,il écrit tout ce qu’il voit et qu’il luiest interdit de dire. Jusqu’à ce quedébarquent dans son ermitage ets’y installent les quatre membresd’une famille plutôt atroce : ungros homme, sa femme, sa fille,aussi belle que bête, et son frère,qui a tôt fait de coucher avec sanièce et de lui faire un enfant. Toutcela se terminera très mal comme ilse doit.

Il n’y a pas de nouveauté sansune part de paradoxe, et il est cer-tainement paradoxal de choisir,pour son premier roman, de redon-ner vie au drame paysan et à ses in-grédients les plus traditionnels : in-ceste et porcheries, secrets defamille et querelles de voisinage,innocence bafouée et perversitétriomphante. Depuis Faulkner, quia su élever ces histoires de fermiersà la hauteur de la tragédie shakes-pearienne, depuis Giono, dignedescendant d’Homère, il ne parais-sait plus y avoir de place dans la lit-térature rurale que pour une fictionpasséiste et démagogue aux vaguesrelents vichystes. Rien de tel pour-tant chez Bozier.

Avec des phrases limpides et desmots simples, il va à l’essentiel, à

l’art, au social : la solitude et le si-lence sont indispensables et vi-taux ; la solitude et le silence sontinsupportables et mortels. Leurprésence rend fou, mais aussi leurabsence. Il n’y a pas de bon sau-vage, mais pas davantage de boncivilisé. L’enfer, c’est les autres,mais soi-même, c’est aussi l’enfer.Lieu-dit renouvelle de manière ro-manesque l’antique et sans douteinutile débat entre la nature et la

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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16356 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIVENDREDI 29 AOÛT 1997

25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ;Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

Un demÀ L’HEURE où Lionel Jospin dé

POINT DE VUE

Europe : le commOURQUOI fait-on si-

a RETOUR SUR IMAGES

L’inconnude Tiananmen

IL A SURGI de nulle part pour

« Jeudi noir »sur les placesfinancières d’Asiedu Sud-Est

LES MESURES de soutien annon-

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LE PRÉSIDENT de la Répu- la coopérat ion franco-al le-

La rentrée diplomatique du gouvernementb M. Jospin et M. Kohl tentent de relancer le dialogue franco-allemand lors de leur rencontre, jeudi, à Bonn

b Dans un entretien au « Monde », M. Védrine souligne les convergences de vues avec le présidentde la République b M. Chirac demande aux ambassadeurs de combattre l’idée d’un « repli » de la France

bl ique, recevant , mercredi27 août, à l’Elysée tous les am-bassadeurs, les a appelés à pro-mouvoir une image de la Francequi rompe avec toute idée de re-pli. Il a évoqué notamment lesgrandes lignes d’une modernisa-tion de la politique africaine etl’assouplissement qu’il souhaitepour la politique des visas, en di-rect ion notamment des étu-diants et chercheurs étrangers.

Dans l’entretien qu’il nous aacordé, le ministre des affairesétrangères, Hubert Védrine, sou-ligne la convergence de vuesentre le gouvernement et le chefde l’Etat, qui s’est dégagée enpolitique étrangère depuis l’arri-vée de Lionel Jospin à Matignon.

Le premier ministre, qui doits’exprimer vendredi devant lecorps diplomatique, rendait vi-site, jeudi 28 août à Bonn, auchancelier Helmut Kohl. Cetterencontre a pour but de relancer

andeur d’asile a été renvoyé en Algérie parfend « une sonnes retenues, et raconte sa situation : un Marland, pl

encement d’une aventure par Jeafait d’utiliser les instruments de la pansion, mais, selon l’inspiration

mande, quelque peu malmenéepar les calendriers politiques in-ternes des deux pays, et par lesdissensions apparues lors dusommet d’Amsterdam à proposde la mise en place de la futureUnion économique et moné-taire.

Cette entrevue se déroule à laveille d’un calendrier européenparticulièrement chargé : Som-met franco-allemand en sep-tembre, Conseil européen à l’au-tomne, Conseil de Luxembourgen décembre et élaboration, auprintemps prochain, de la listedes pays participant au lance-ment de la monnaie unique.

Le chancelier allemand doitpour sa part affronter une ren-trée politique particulièrementagitée, et a été contraint de dé-mentir catégoriquement tout re-maniement de son cabinet.

Lire pages 2 et 3

erreuraide « coupable ». « Une faute

n-Paul Fitoussi– L’inflation, en revanche, est

cées la semaine dernière par les au-torités monétaires internationalesen faveur de la Thaïlande n’ont pasmis fin à la crise financière en Asiedu Sud-Est. Les places boursières dela région ont connu un jeudi noir,avec des situations de krach dansplusieurs pays.

A Manille, l’indice de références’inscrivait en repli de 9,3 %. LaBourse de Kuala Lumpur cédait plusde 8 %. Les places de Singapour etde Hongkong, réputées plus solides,n’étaient pas épargnées : elles per-daient respectivement 3,28 % et4,3 %. Le repli des marchés d’actionss’accompagnait d’une nouvellechute des devises. La roupie indoné-sienne abandonnait 4,3 % face audollar.

Lire page 13

un face à face terrible avec une co-lonne de chars. Et il est retourné àl’anonymat de la foule. Qu’est-ildevenu, depuis ce 5 juin 1989 à Pé-kin ? On ne sait rien de lui, pasmême son nom. Mais sa silhouettefragile et obstinée incarne désor-mais la résistance aux mains nues.

Lire page 11

Justice clémentepour les femmes

LES FEMMES ne repré-

nouvelle conception du droit d’asile », la préfec-ture des Alpes-Maritimes a renvoyé, lundi25 août, vers l’Algérie un demandeur d’asile,violant ainsi la loi qui protège cette catégorietrès particulière d’étrangers. L’homme, qui fai-sait état de menaces en cas de retour dans sonpays d’origine, a été embarqué sur un bateau àdestination d’Alger, alors même qu’il attendaitune réponse de l’Office de protection des réfu-giés et apatrides (Ofpra). La Cimade a dénoncéles faits au ministère de l’intérieur. Elle ré-clame le retour en France du jeune Algérien,« en espérant que rien d’irréversible ne lui soitarrivé entre-temps ».

L’histoire de Ramdane Amroussi ressembleà des dizaines d’autres. Le 18 août, cet Algériende trente ans est interpellé par les policiers lorsd’un contrôle de police. Il assure avoir alorsdéclaré qu’il est venu en France pour deman-der l’asile politique. Dès le lendemain, toute-fois, le préfet des Alpes-Maritimes prend unarrêté de reconduite à la frontière et le placeen rétention. Au centre de rétention, il est ac-cueilli par un responsable de la Cimade, asso-ciation qui assure l’encadrement des per-

père mort dans des conditions troublantes, unfrère et des cousins dans l’armée, et les me-naces qui se multiplient. Il y a quelques mois,sa mère l’a supplié de partir. Il souhaitait ga-gner la France, mais impossible d’obtenir unvisa. A prix d’or, il a acheté un visa Schengenpour l’Allemagne, y a traîné quelque temps,puis a gagné Nice. Enfin, le 18 août, il a été in-terpellé avec, sur son passeport, un visa dépas-sé depuis près d’un mois.

Le 21 août, sa demande d’asile est finale-ment enregistrée par la préfecture et trans-mise à l’Ofpra selon la procédure prioritaire.Ce dispositif, réservé aux demandes fraudu-leuses ou « destinées à faire échec à une mesured’éloignement », prévoit que l’office se pro-nonce en quelques jours. La procédure estécrite et l’intéressé n’est pas entendu. Dans lagrande majorité des cas, la demande d’asile estrefusée. Toutefois, tant que la réponse n’estpas intervenue, l’étranger est protégé contre lareconduite. Une évidence s’agissant d’une per-sonne invoquant des risques de persécution encas de retour dans son pays d’origine.

Le préfet des Alpes-Maritimes, Philippe

grave a été commise, reconnaît-il. Je l’assume.Un fonctionnaire partait en vacances, un autreen revenait. L’information selon laquelle M. Am-roussi avait fait appel n’a pas été transmise.C’est regrettable. » Dans une circulaire du24 juin, le ministre de l’intérieur recomman-dait, dès lors qu’un Algérien s’estimerait me-nacé en cas de retour dans son pays, de trans-mettre le dossier à la direction des libertéspubliques, « préalablement à toute décision ».

L’Ofpra, qui achève la traduction du témoi-gnage déposé en arabe par M. Amroussi, de-vrait rendre sa décision d’ici quelques jours.« Si elle est favorable, il va de soi que noussommes prêts à faire revenir l’intéressé », sou-ligne le préfet. L’Ofpra, qui juge cet incident« très grave », pourrait également, tout en re-fusant d’accorder l’asile politique au titre de laconvention de Genève, souligner que M. Am-roussi court des risques sérieux dans son pays.Il serait alors invité à déposer une demanded’asile territorial... auprès de la préfecture desAlpes-Maritimes.

Nathaniel Herzberg

a sentent que 10 % descondamnés et 4 % des détenus. Cephénomène s’explique en partiepar la plus grande mansuétude dela justice à leur encontre : l’étuderécente d’une démographe dé-montre que la police place moinssouvent en garde à vue les femmesque les hommes et que les jugesd’instruction ont moins souventrecours, à leur égard, à la détentionprovisoire. A infraction égale, ellesse voient infliger des peines moinslourdes, sauf dans les affaires deviolences à enfants. Selon MichellePerrot, historienne et spécialistedes prisons, la délinquance fémi-nine existe bel et bien mais elle estplus « secrète ». Souvent, elle restecirconscrite à la sphère familiale.

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Le pari réussidu PSG

P lence sur les poli-tiques que l’on mettraen œuvre pour tenir

les promesses de l’unification mo-nétaire, une fois qu’elle sera réali-sée ? C’est que les règles deconduite, d’ores et déjà adoptéespour l’après-euro, interdisent de

politique économique pourcombattre le chômage. Elles sontfondées sur les postulats sui-vants :

– Le chômage n’est pas un pro-blème macroéconomique, maisstructurel. Il ne peut donc êtrecombattu par une politique d’ex-

doctrinale des gouvernements,par une politique structurelle detransition vers une économie demarché de plus en plus libre oupar une politique de partage dutravail. Les deux stratégiespeuvent et doivent être combi-nées.

un problème purement macro-économique. Mais il suffit, pours’en débarrasser, sans coûts pourl’économie, de conduire une poli-tique crédible de stabilité desprix. Ce qui implique au minimumque l’Etat soit délivré de la tenta-tion de financer monétairementles dépenses publiques et doncque la recherche de l’équilibrebudgéaire devienne prioritaire.

– Mais un tel programme nepeut être mis en œuvre que si,d’une façon ou d’une autre,l’économie sort du champ du po-litique. Un ministère des financesest certes un mal nécessaire, maisl’idéal est que l’on parvienne à sedispenser d’un ministère del’économie (d’un gouvernementéconomique). En d’autres termes,les gouvernements doivent êtredébarrassés de la responsabilitéde la politique macroécono-mique. Cela leur évitera de suc-comber à la tentation de s’en ser-vir pour résoudre le problème duchômage. A la lumière de ces pos-tulats, on comprend que le pro-gramme européen va dans labonne direction.

Lire la suite page 12

Jean-Paul Fitoussi, estéconomiste et enseigne, notam-ment, à l’Institut d’études poli-tiques de Paris.

International ............. 2France .......................... 6Société ......................... 8Régions ........................ 10Horizons....................... 11Entreprises ................. 13Finances/marchés..... 14

Aujourd’hui ................ 17Communication ........ 18Jeux, Météorologie .. 19Carnet .......................... 20Culture ......................... 21Abonnements ............ 21Radio-Télévision....... 23

LES FOOTBALLEURS du Paris-Saint-Germain devaient réussirl’impossible exploit de marquerquatre buts à l’équipe de Bucarestafin de se qualifier pour la Liguedes champions. Ils en ont marquécinq ! Emmenés par leur capitainebrésilien Rai, auteur de trois buts,les joueurs parisiens ont offert auxspectateurs du Parc des Princesune soirée d’ivresse, effaçant ainsil’erreur grossière de leur encadre-ment, qui avait aligné un joueursuspendu lors du match aller.

Lire page 17

RAI

a Deux journauxrénovés sur France 2Albert du Roy, nouveau directeur de larédaction de France 2, annonce auMonde une réforme des journaux de13 heures et 20 heures. p. 18

a L’enseignementinégalitaireSelon une étude de l’Insee, l’école esttoujours incapable de réduire lesinégalités sociales. p. 9

et notre éditorial p. 12

a Dominique Voyneten porte-à-fauxLes Verts réclament l’abrogation deslois Pasqua et Debré et le passage aux35 heures sans délai, mettant laministre de l’environnement en posi-tion délicate. p. 6

a Les proposde Lady DiL’entretien accordé au Monde (daté27 août) par Lady Diana cause un vifémoi en Grande-Bretagne. Après ledémenti du cabinet de la princesse,Le Monde maintient qu’elle a bientenu les propos rapportés. p. 24

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,

a Les 35 heuresMartine Aubry a démenti, mercredi,connaître la note émanant de sonministère et proposant l’instaurationdes 35 heures au 1er juillet 2000.Le Monde confirme l’existence de cettenote. p. 24

a Grenoble : 1 000emplois-jeunesMise en œuvre du plan emplois-jeunesdans la préfecture de l’Isère. p. 10

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997

Un ministre des finances affaibliLe ministre des finances allemand, qui s’expose aujourd’hui à une

sèche remise en place de la part de son propre chancelier, paraît, del’avis général, fortement affaibli. Theo Waigel se sera-t-il consoléd’entendre le chancelier Kohl dire aux journalistes, mercredi 27 aoûtà Berlin, que « Theo Waigel est un des hommes politiques allemands lesplus respectés dans le monde » ? Helmut Kohl ajoutait (on ne sait ja-mais quelle part d’ironie le chancelier met dans ce type de propos) :« écoutez ce qu’a déclaré le ministre français des finances à propos delui », faisant allusion à une interview donnée la veille à la radio pu-blique allemande par Dominique Strauss-Kahn, dans laquelle cedernier affirmait souhaiter que Theo Waigel reste en place jusqu’àl’introduction de la monnaie unique...

Bonn aura le plus grand mal à respecter les critères de MaastrichtBERLIN

CorrespondanceLa croissance allemande devrait être cette

année inférieure aux prévisions initialementavancées par le gouvernement. Déjà, l’insti-tut d’analyse munichois de la conjoncture,Ifo, a revu à la baisse début août les prévi-sions gouvernementales : 2,25 % au lieu des2,5 % escomptés par Bonn. Ce sont les expor-tations dopées par le cours du dollar quitirent la demande pour moitié : sur les sixpremiers mois de l’année, l’excédentcommercial allemand atteint ainsi 58 mil-liards de deutschemarks (1 deutschemarkvaut environ 3,35 francs) : pour la premièrefois depuis la réunification de 1990, la Répu-blique fédérale pourrait dépasser cette année100 milliards de deutschemarks d’excédents.

La vigueur de l’Allemagne à l’exportationinquiète pourtant paradoxalement plusieurs

observateurs, qui mettent en avant le risquede dépendance : une inversion de la tendancesur le marché des changes risquerait de préci-piter nombre d’entreprises vers la faillite. Lessyndicats et l’Institut berlinois de conjonc-ture, le DIW, proche de l’opposition, insistentavant tout sur la nécessité d’une relance de lademande intérieure.

Car celle-ci demeure le point faible del’économie : pour la cinquième année consé-cutive, selon Ifo, les ventes de commerce dedétail sont en régression (moins 3 % entermes réels depuis le début de l’année). « Lesnégociations tarifaires sont depuis quatre àcinq années très raisonnables », souligne-t-ondu côté du DIW. Mais c’est surtout le niveauélevé du chômage qui freine la demande : leministère de l’économie a ainsi dû réviser cemois-ci à la baisse ses prévisions pour l’em-ploi en 1997 : le pays devrait compter 4,3 mil-

lions de demandeurs d’emploi en moyenneannuelle, soit beaucoup plus que les4,185 millions qui avaient servi de base, à lafin de l’année dernière, aux calculs pour lebudget 1997.

Dans ce contexte, Bonn aura le plus grandmal à respecter cette année les critères défi-nis à Maastricht. Officiellement, le gouverne-ment s’en tient à ses prévisions initiales :« Nous limiterons le déficit public à 3 % du PIB,soit 110 milliards de deutschemarks de déficit »,a réaffirmé, en début de semaine, JürgenStark, secrétaire d’Etat aux finances, en ré-ponse à une polémique alimentée par la Bun-desbank qui estime, de son côté, que les ren-trées fiscales seront inférieures de10 milliards de deutschemarks aux estima-tions du ministère des finances à la mi-mai.Bonn avait déjà à cette époque prévu desrentrées d’impôts inférieures de 18 milliards

de deutschemarks par rapport aux prévisionsde 1996.

Les récents dérapages monétaires et lerisque inflationniste dénoncé par les milieuxbancaires tombent au plus mauvais momentpour le gouvernement Kohl. Déjà en juillet,l’indice des prix avait connu une hausse de1,9 % par rapport à juillet 1996 et, selon toutevraisemblance, il devrait connaître une nou-velle hausse de 2 % en août. L’augmentationdes prix à l’importation, due à l’envolée dudollar, est largement responsable de cette in-flation importée. Il n’en faudrait pas davan-tage pour faire réagir la Bundesbank. Déjà labanque allemande spécule, pour les semainesà venir, sur une légère augmentation du tauxRepo, inchangé à 3 % depuis un an. Une pers-pective qui inquiète nombre d’entreprises.

Nathalie Wendt

Le chancelier allemand affronte une rentrée politique agitée

ANALYSEA un an des élections,le climat à Bonn estcelui de l’impasse,voire de la confusion

LE MOIS D’AOÛT a toujours été,dans le calendrier bonnois, marquépar diverses déclarations toni-truantes de politiciens en mal decouverture médiatique, propos le

plus souvent oubliés sitôt que pro-noncés. Ce phénomène classique amême un nom, puisqu’il s’agit duclassique Sommertheater, ou« théâtre de l’été ». Mais cette an-née l’exercice a déclenché un chahutinhabituel. Une agitation tellementforte qu’il n’en faudrait guère pluspour secouer sérieusement le navirede la coalition au pouvoir.

Le point de départ date du 3 août :ce jour-là, dans une interview à latélévision bavaroise, le ministre desfinances Theo Waigel déclare sansambages qu’il ne veut plus de sonposte après 1998, et qu’il envisageéventuellement d’occuper un autreministère (sans doute les affairesétrangères, d’après une interpréta-tion courante de ses propos). A l’oc-casion du même entretien, puis ànouveau une semaine plus tard dansle Spiegel, Theo Waigel invite publi-quement le chancelier Kohl à procé-der à un remaniement ministérielafin de mieux respecter le poids dela CSU bavaroise, dont il est le pré-sident. L’occasion d’un tel remanie-ment est offerte par la suppressionprévue à la fin de l’année – en raisonde la privatisation de Deutsche Tele-kom – du ministère des postes et té-lécommunications actuellement oc-cupé par un membre de la CSU,Wolfgang Bötsch.

Ce faisant, Theo Waigel a provo-qué – sans apparemment s’y at-tendre – une tempête politique de

première importance, aux consé-quences néfastes pour l’image del’équipe gouvernementale du chan-celier Kohl. Ce dernier, rentré lundi25 août de ses vacances en Autriche,a dû intervenir à plusieurs reprisespour réaffirmer sa prééminence ex-clusive en matière de choix des mi-nistres et, du coup, démentir catégo-riquement l’hypothèse d’unremaniement : « Il n’y aura pas deremaniement ministériel, point fi-nal », a-t-il répété mercredi 27 aoûtà Berlin, en marge d’une réunionavec les dirigeants du patronat alle-mand.

« QUERELLES BAVAROISES »Visiblement très agacé d’être en-

traîné dans un débat public sur lesqualités et les défauts de tel ou tel deses ministres, le chancelier, qui s’estdit « puissamment contrarié » partoute cette affaire, cherche à mettrede l’ordre dans ses rangs. Plusieurssources indiquent que le scénario duremaniement était bien envisagé parle chancelier dans le but de relancerla dynamique gouvernementale.Mais, après les propos intempestifsde Theo Waigel, unanimement qua-lifiés de « grave faux pas » par lapresse allemande, le sujet est enter-ré au moins jusqu’à la fin de l’année.

C’est la première fois depuis long-temps que les querelles internes à lacoalition de Bonn n’opposent pas laCDU aux libéraux du FDP, mais auxconservateurs bavarois de la CSU.Ces derniers, qui craignent deperdre du terrain lors des électionsrégionales de septembre 1998,mènent une agitation grandissantecontre Bonn et Bruxelles (Le Mondedu 5 août). Or c’est pour assurer salégitimité auprès de ses troupes ba-varoises que Theo Waigel a tenté le« coup » du remaniement. A l’ori-gine, l’idée venait de son rival Ed-mund Stoiber, ministre-président deBavière, qui entend montrer, lorsd’un prochain congrès de la CSU en

novembre, qu’il est le véritable chefdu parti. Autrement dit, « les que-relles bavaroises débordent de plus enplus fort à Bonn », comme leconstate en soupirant un haut fonc-tionnaire bonnois.

A un peu plus d’un an des élec-tions générales de la fin sep-tembre 1998, cette nouvelle« panne » du dispositif gouverne-mental allemand n’est pas de bonaugure. Elle intervient alors que l’undes projets-clés de l’actuelle législa-ture, la réforme fiscale, est enterréejusqu’à nouvel ordre : le Bundestagvient de constater lors d’une sessionextraordinaire l’échec des négocia-tions menées depuis de longs moissur le sujet par le gouvernementavec l’opposition sociale-démocrate

(Le Monde du 5 août). « Rienn’avance plus », titrait cette semainela « une » de l’hebdomadaireDer Spiegel : il ne fait aucun douteque le climat qui domine en ce mo-ment à Bonn est celui de l’impasse,voire de la confusion.

Il est encore trop tôt pour prévoirla portée des événements actuels entermes électoraux. Même si le SPDet les Verts dépassent assez large-ment dans les sondages la coalitionCDU/CSU et FDP au pouvoir, ceux-ci n’ont pas, pour l’instant, de véri-

table importance à l’échelle natio-nale. « On commencera à prendre ausérieux les sondages à partir de maiprochain », souligne-t-on dans lesplus hautes allées du pouvoir àBonn, en rappelant : « L’écart de po-pularité entre le gouvernement et l’op-position était encore plus importanten 1993, à un an des élections de 1994.C’était l’époque où on considérait queRudolf Scharping, alors président duSPD, deviendrait très certainement leprochain chancelier », or le scrutinfut finalement remporté de justessepar le chancelier Kohl. Il est doncbien naturel que le SPD se frotte lesmains à l’occasion de cette ren-trée 1997. Mais rien n’est encorejoué.

Ce qui est sûr, c’est que, après le

désastreux souvenir laissé par la ten-tative (manquée) de réévaluationdes réserves d’or de la Bundesbank,à la fin du printemps, et la sèche re-mise en place de la part de sonpropre chancelier, l’autorité du mi-nistre des finances allemand ne sortpas grandie par les événements encours (lire ci-dessus). Or l’opinionpublique allemande a besoin d’unhomme fort pour accepter l’aban-don du deutschemark d’ici à 1999. Ily a donc ici un problème politiqueimportant. Le risque est que se ren-

force l’idée – déjà assez répandue enAllemagne – que le chancelier Kohlest désormais le seul vrai maître àbord qui, s’il continue à se battrepour la monnaie unique, le fait à lamanière d’un prophète peu à peuabandonné par ses troupes. Lechancelier aura donc appris avecsoulagement, lundi 25 août, que59 professeurs d’économie alle-mands viennent de publier une dé-claration en dix points « contre lescepticisme vis-à-vis de l’euro » etcontre l’interprétation fondamenta-liste des critères. Ce document servi-ra sûrement pendant la campagneélectorale, l’an prochain.

LUEURS D’ESPOIRMais pour regagner la confiance

des électeurs le gouvernement alle-mand va avant tout devoir s’effor-cer, désormais, de montrer qu’il estcapable de relancer la croissance enbouclant – au moins en partie – leprogramme de réformes qu’il s’estfixé en début de législature. Sur laréforme fiscale, quelques lueursd’espoir se profilent à l’horizon. For-cé de discuter avec le SPD sur cedossier éminemment important, legouvernement pourrait rencontrermoins de difficultés auprès de ses di-rigeants qu’avant l’été lorsque, à lami-septembre, sera à nouveauconvoquée la commission de conci-liation entre les deux chambres(Bundestag et Bundesrat). C’est dumoins l’avis de Hans-Dieter Holtz-mann, économiste à la DeutscheBank, qui pense que « le SPD ne peutpas se permettre de tout faireéchouer ». Une « petite réforme fis-cale » pourrait voir le jour, sansgrands effets sur l’économie en rai-son d’un volume d’allégements tropmince (bien en-deçà des 30 milliardsde marks initialement annoncés),mais dont l’effet psychologique nedevrait pas être négligé.

Lucas Delattre

BONNde notre envoyé spécial

La première visite que Lionel Jos-pin effectuait, jeudi 28 août à Bonn,près de trois mois après la victoire dessocialistes aux élections législatives,avait pour ambition de remettre surles rails une coopération franco-alle-mande malmenée par les calendrierspolitiques internes des deux pays. Unan avant les prochaines législatives al-lemandes, le chancelier Kohl affronteune rentrée difficile (lire ci-dessous)qui ne lui permet pas de prendre desrisques en matière européenne.

Le bon comportement de la coha-bitation en France, la réaffirmationpar Paris de son intention de tenir lesengagements du traité de Maastrichtsur la monnaie unique ont largementatténué les craintes suscitées à Bonnaprès le retour de la gauche. Mais onsent bien que la nouvelle dimensiondu débat introduit par les socialistesfrançais sur les implications de la fu-ture Union monétaire prend enporte-à-faux un gouvernement alle-mand encore occupé de faire accep-ter à son opinion publique l’abandon

du deutschemark. Bien que le pré-sident Chirac se soit aussitôt portégarant du maintien des engagementsde la France, la victoire des socialistesaux élections législatives a bouleverséle calendrier franco-allemand.

GRIPPAGELe sommet d’Amsterdam, qui de-

vait tenter de trouver un accord mini-mum sur l’organisation de la futureEurope politique avant les négocia-tions d’élargissement avec les paysd’Europe de l’Est, a été dominé par lavolonté de la nouvelle majorité fran-çaise d’obtenir que les problèmes so-ciaux soient d’avantage pris encompte dans la préparation de la fu-ture Union économique et moné-taire. Les mécanismes bien rodés dela coopération entre Paris et Bonnont évité un affrontement ouvert.Mais le grippage du moteur franco-allemand, qui a paralysé le reste destravaux, a laissé le chantier de l’Eu-rope politique plus ouvert que ja-mais.

Il convient aujourd’hui, le calme re-venu, de reprendre la réflexion à tête

plus reposée sur les objectifs que l’onentend poursuivre.

Dans la philosophie, ces objectifsne sont peut être pas aussi éloignésqu’il le paraît. Helmut Kohl, qui avaitmilité lors de la conclusion du traitéde Maastricht pour que l’Union mo-nétaire aille de pair avec un renforce-ment de l’Union politique, et LionelJospin, qui souhaite que cette mêmeUnion monétaire s’accompagned’une véritable coordination des poli-tiques économiques et sociales, ontau moins en commun la vision d’uneEurope en marche, qui a besoin de sestructurer pour assumer de manièredémocratique une véritable ambitionpolitique. Malgré leurs différences desensibilité, Helmut Kohl et Lionel Jos-pin, assure-t-on dans leurs entou-rages respectifs, se respectent. Lorsdu sommet franco-allemand de Poi-tiers, en juin dernier – alors que la de-mande française de renégocier lepacte de stabilité monétaire exigé parles Allemands pour garantir une dis-cipline budgétaire au sein de la futurezone euro avait fait monter la tension– l’entretien entre les deux respon-

sables se serait bien passé. La ren-contre de Bonn devait servir à préci-ser les intentions de chacun enprévision d’un calendrier européenparticulièrement chargé. Dans quel-ques mois à peine, au début du prin-temps prochain, devra être arrêtée laliste des pays qui participeront au lan-cement de la monnaie unique au1er janvier 1999. D’ici là, Paris espèrebien que le sommet extraordinairesur l’emploi convoqué par le Conseileuropéen pour l’automne, puis leConseil de Luxembourg, en dé-cembre, permettront de mieux confi-gurer l’organisation interne du futurpôle économique et monétaireconstitué par les pays qui participe-ront à l’euro.

Les socialistes ont conscience queleurs exigences se heurtent à degrandes réticences. Mais on fait valoirà Paris qu’il a fallu plus d’un an aussiaux Allemands pour obtenir leurpacte de stabilité budgétaire. Ce pôle,souligne-t-on, doit avoir « un disposi-tif opérationnel et précis ». On estimeque, si les Allemands veulent être lo-giques avec eux-mêmes et faire de

l’élargissement leur priorité, il faudrabien qu’ils conviennent que celui-cine pourra avoir lieu que s’il y a, aupréalable, un renforcement substan-tiel de la capacité des Européens à secoordonner.

ÉVITER LES MALENTENDUSLionel Jospin tenait à rassurer le

chancelier Kohl sur le fait qu’il nes’agissait pas pour lui de demanderde nouveaux financements commu-nautaires et un accroissement des dé-penses de l’Union. Conscients qu’ilsse heurteraient à un mur, les socia-listes ont renoncé à leur souhait denouveaux grands travaux européens.Aux prises avec leurs propres diffi-cultés pour équilibrer leurs financespubliques, les Allemands, dans cettepériode électorale, ont indiqué qu’ilsprofiteraient des négociations à venirsur les ressources de l’Union aprèsl’an 2000 pour demander à leurs par-tenaires un rééquilibrage de leurcontribution au budget. Ils sont ac-tuellement – et de loin – les plus groscontributeurs net.

Cette première visite à Bonn de

Lionel Jospin, destinée surtout à pré-ciser les intentions pour éviter les ma-lentendus et voir comment relancerle moteur franco-allemand, devaitrester quasi-confidentielle. Le pre-mier ministre français, accompagnéde deux proches collaborateurs, avaitainsi renoncé à toute conférence depresse. Le résultat des entretiens semesurera donc lors du prochain som-met franco-allemand, qui se tiendraen septembre prochain à Weimaravec le président Chirac.

L’ordre du jour de ce sommet, quidevait à l’origine être à connotationsurtout culturelle, a été modifié pourtenir compte des impératifs del’heure. S’il est toujours question d’ydécider de la création d’une universi-té commune franco-allemande, ilpermettra de passer en revue tous lesgrands domaines de discussion ac-tuels entre Bonn et Paris, que ce soitl’organisation de l’Union, les ques-tions de coopération en matière mili-taire et aéronautique, ou la défenseeuropéenne.

Henri de Bresson

M. Moscovici prôneune politiqueeuropéenne« plus incisive »

« ADOPTER une attitude plus inci-sive », « faire mouvement », « toutstatu quo signifie régression »... De-vant les ambassadeurs de Franceréunis jeudi 27 août à l’Elysée, le mi-nistre délégué chargé des Affaireseuropéennes, Pierre Moscovici, a ap-pelé à la mobilisation face aux« échéances majeures qui jalonnentles prochains mois ». Le calendrier estchargé : Conseil européen extraordi-naire sur l’emploi, signature et pro-cédure de ratification du traitéd’Amsterdam, engagement du pro-cessus d’élargissement, sélection despays participant à la monnaieunique, réforme des politiquescommunes et révisions des poli-tiques financières. La France etl’Union européenne se trouvent au« début d’une période cruciale », a-t-il estimé avant d’appeler à surmon-ter « le bilan en demi-teinte » dusommet d’Amsterdam. Selon lui, « ilfaut aujourd’hui puiser notre énergie,dans ce sentiment d’inachèvement (...)pour considérer Amsterdam commeun point de départ ».

Oubliées les réticences des socia-listes français sur le respect des cri-tères de convergence, M. Moscovicia réaffirmé que l’objectif français est« la participation au premier train dela monnaie unique dans les délais etaux conditions de stabilité écono-miques prévues par le traité (deMaastricht) ».

RÉTICENCESMais si « l’euro a vocation à cou-

ronner » le marché unique, M. Mos-covici veut écarter le risque de « setromper d’objectif ». « Nous serons at-tentifs à éviter que des mesures tirantprétexte de l’achèvement du marchéunique ne visent en fait qu’à dérègle-menter tel ou tel secteur, à porter at-teinte à tel ou tel service public », a-t-illancé, marquant une nouvelle fois sadifférence avec les discours enten-dus outre-Manche.

« L’assise politique et sociale de lamonnaie européenne doit (...) être as-surée », a-t-il ainsi rappelé. Il s’agitnotamment, outre la création d’unebanque centrale européenne « ga-rante de la stabilité monétaire » et« d’une stratégie coordonnée des poli-tique nationale de l’emploi », d’imagi-ner « un pôle de coordination écono-mique ». Après bien des réticences,le principe de cette sorte de « gou-vernement économique » destiné àcoordonner les politiques écono-miques des pays qui participeront àl’euro a été accepté par l’Allemagne,mais le projet reste à affiner.

EUROPE Lionel Jospin et HelmutKohl devaient avoir un entretiende deux heures, jeudi 28 août àBonn, afin de relancer une coopé-ration franco-allemande malmenée

par les calendriers politiques inter-nes des deux pays. b LA SITUA-TION économique allemande in-quiète les observateurs en raisond’une croissance inférieure aux

prévisions et de la difficulté pourBonn de respecter les critères défi-nis à Maastricht. b LE CHANCELIERdoit faire d’autre part face à unerentrée politique particulièrement

agitée. Helmut Kohl a été contraintde démentir énergiquement toutremaniement de son cabinet. b LARÉUNION à Paris des ambassadeursde France fournit l’occasion au pré-

sident de la République, au pre-mier ministre et au ministre des af-faires étrangères notamment, des’exprimer sur la politique exté-rieure de la France.

M. Jospin et M. Kohl tentent de relancer le « moteur » franco-allemandLors de leur rencontre, jeudi 28 août à Bonn, les deux dirigeants devaient essayer d’aplanir leurs divergences sur la mise en place

de la future Union économique et monétaire, et notamment celles nées de la demande française d’une meilleure prise en compte des problèmes sociaux

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 / 3

HUBERT VÉDRINE

Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères

« Il n’y a pas un seul sujet sur lequel il ait été difficilede faire converger les vues du président et du gouvernement »

« Y a-t-il un inconfort à êtreministre des affaires étrangèresen période de cohabitation ?Cette situation laisse-t-elle augouvernement une marge d’ini-tiative en politique étrangère ?

– En moins de trois mois, nousavons déjà participé à toute lagamme des sommets et donc traitébeaucoup de sujets : il ne s’en estpas trouvé un seul sur lequel il aitété difficile de faire converger lesvues du président de la Répu-blique et du gouvernement. C’estvrai sur le fond comme dans lesméthodes de travail. Si nous ren-controns un problème un jour,nous le traiterons ! Quant aux ca-pacités d’initiative de la France, jepeux vous rassurer : elles restentles mêmes qu’avant, on l’a vu àAmsterdam et on le verra chaquefois que ce sera nécessaire. Je mesuis mis au travail avec mes homo-logues Klaus Kinkel, Robin Cook,Madeleine Albright, et avec biend’autres. Je me rends dans quel-ques jours à Moscou pour prépa-rer les prochains voyages en Rus-sie du président et du premierministre. Le secrétaire d’Etat à lacoopération et moi-même ac-compagnerons, en novembre, leprésident de la République ausommet de la francophonie à Ha-noï. Comme vous le voyez, leschoses tournent.

– Trouvez-vous la position dela France dans les relations in-ternationales changée depuisque vous avez quitté les affairesen 1995 ?

– C’est le cas de l’Union euro-péenne, plus lourde à quinze qu’àdouze, ce qui nous impose d’inno-ver. Mais la coupure essentielle,c’est celle des années 1989-1991,pendant lesquelles nous sommespassés du monde bipolaire aumonde global. Pour y défendre nosintérêts et nos valeurs, il nous fautune diplomatie très dynamique– toujours plus dynamique ! –,mobile, à la fois très réactive et in-ventive, qui trouve des alliés etvoie loin. Je prends un exempleconcret : la France est membrepermanent du Conseil de sécuritéde l’ONU. Celui-ci va devoir s’élar-gir, pour être représentatif dumonde global. Notre influencepourrait s’en trouver relativisée sinous nous contentions de nous re-poser sur nos lauriers et notre« rang ». Nous devons imaginerune formule qui assure notre in-fluence de demain.

– La France a donné le senti-ment, ces derniers temps, d’êtremoins présente ou en perte d’in-fluence sur plusieurs terrains ex-térieurs, comme l’Afrique ou laBosnie. Comment l’expliquez-vous ?

– Prenons l’Afrique pourcommencer. La globalisation faitque les diverses influencess’exercent partout dans le monde,y compris sur ce continent. Le jeus’ouvre. Ainsi, la France acquiertau sud et à l’est de l’Afrique despossibilités nouvelles. Voyez saposition en Afrique du Sud, autre-fois inexistante. Ce n’est pas parceque l’influence américaine s’exerceen Afrique comme partout ailleursque l’influence française est en re-pli. Notre politique doit se conce-voir à l’échelle du continent. Je merendrai ainsi en octobre en Côted’Ivoire, en Afrique du Sud et enEthiopie.

» L’adaptation aux nouvellesréalités de la politique africaineportera sur tous les volets. Ainsi le

président de la République avaitdécidé, et ce gouvernement en estd’accord, de resserrer le dispositifmilitaire en Afrique. Il s’agit de ti-rer les conséquences en Afrique dece qu’on fait en France : passerd’un dispositif lourd, largementstatique, à des forces moins nom-breuses, plus mobiles. Ce n’est pasun repli. La France maintiendra enAfrique une présence militaire sta-bilisante et utile : actions de for-mation, soutien logistique à desforces africaines d’interposition.Cette évolution était souhaitée de-puis longtemps ; il serait paradoxalque, quand elle se produit enfin,elle soit mal interprétée. C’est unemodernisation de notre présence.

– Cela coïncide, d’une part,avec un échec au Zaïre qui n’estpas passé inaperçu et, d’autre

part, avec la volonté affichée dene plus se mêler de certainsconflits, comme au Congo. C’estcette accumulation qui amène àconclure que la France est en re-cul en Afrique...

– Echec au Zaïre ? Pour qui ? LaFrance n’a jamais fait la pluie et lebeau temps dans ce pays. Ce quis’y est passé n’est un échec ni unevictoire pour personne. La suite lemontrera. Quant au Congo-Braz-zaville, nous soutenons tous les ef-forts de médiation sans nous ingé-rer. Qui s’en plaindra ?

– La France ne s’est-elle pasmise, dans la région, dans la si-tuation de ne plus pouvoir êtreentendue par personne ? Pasmême, par exemple, sur la ques-tion des réfugiés dans l’ex-Zaïre ?

– Il y a eu au Zaïre une dyna-mique qui a dépassé tout lemonde, y compris ses acteurs etses parrains, dans la façon dontLaurent-Désiré Kabila est arrivé aupouvoir comme dans le sortqu’ont connu les réfugiés hutusdans l’Est. Voyons plutôt ce quipeut être fait à présent.

– Le fait que les Américainsentraînaient l’armée rwandaisequi aidait M. Kabila et massa-crait des réfugiés est maintenantavéré...

– Ne raisonnons que sur desfaits établis par des enquêtes in-contestables qu’il faut mener. Etne dressons pas de réquisitoiresbâclés, pas plus à l’encontre desAméricains que d’autres...

» Plus largement, ce serait ungrave contresens que de prétendrefaire, à partir des événements tra-giques des dernières années danscette région de l’Afrique desgrands lacs, le bilan global de lapolitique française en Afrique de-puis quarante ans. Cette politiquedoit évoluer parce que le mondebouge, que les Africains changent ;parce qu’une partie de cecontinent ne relève plus seulementde la politique d’aide au dévelop-pement mais d’une bonne inser-tion dans l’économie mondiale ;

parce qu’aussi il y a en Afrique desacteurs politiques et diploma-tiques de premier plan qui n’exis-taient pas avant, et avec lesquelsnous coopérons.

– Les intérêts économiques dela France ne sont-ils pas liés aumaintien d’une politique plustraditionnelle de soutien à tel outel dirigeant ? La modernisationdont vous parlez ne risque-t-ellepas d’avoir un coût économiqueélevé ?

– Je ne le crois pas, au contraire,si c’est une évolution rationnelle,contrôlée, expliquée. Le premierministre veut une nouvelle poli-tique africaine. Le président de laRépublique également : il l’a reditmercredi aux ambassadeurs. C’estvrai sur le plan militaire, écono-mique, culturel, humain, sur celuides visas. Les nouvelles généra-tions africaines l’attendent.

– M. Jospin, pendant la cam-pagne électorale, avait critiquéle soutien de la France au ré-gime algérien. Souhaitez-vousun changement de politique ?

– On ne peut pas parler de l’Al-gérie sans parler du Maghreb.Nous considérons, nous Français– et c’est notre spécificité par rap-port à d’autres Européens – quenos voisins du Sud sont aussi im-portants que nos voisins de l’Est.C’est la raison pour laquelle je mesuis déjà rendu à Alger, Rabat, Tu-nis. Depuis les déclarations aux-quelles vous faites allusion, il y aeu un élément nouveau en Algé-rie : une Assemblée multipartite.

– Elle est issue d’élections nondémocratiques...

– En tout cas, ce multipartismeparlementaire, qui n’avait jamaisexisté depuis 1962, est une réalitévivante. Je note ce fait, commeaussi les quelques libérations depersonnalités intervenues. Detoute façon, il appartient aux Algé-riens de trouver entre eux les solu-tions à leurs problèmes. C’est ceque pensent aussi les autres Euro-péens, comme les Marocains oules Tunisiens, tous soucieux de voirl’Algérie sortir de cette situation.

– En Tunisie, avez-vous parlédes droits de l’homme ?

– Naturellement. Les Tunisiensque j’ai rencontrés reconnaissentles progrès à accomplir, mais sou-lignent la réalité du risque inté-griste. Mais surtout, comme lesMarocains, ils attendent de laFrance qu’elle inspire une poli-tique de l’Union européenne quiconforte, comme c’est son intérêt,l’évolution politique et écono-mique du Maghreb. Je m’emploie-rai à consolider nos relations avecces trois pays proches, qui sont desalliés naturels et des amis. Tout ce-la dans le cadre général de notrepolitique méditerranéenne.

– Au Proche-Orient, l’Europeest-elle impuissante ?

– Tout le monde semble l’être,malheureusement. Dennis Rossn’a pas obtenu beaucoup plus queM. Moratinos. Il n’y a pas lieu dese concurrencer. Mais tous ceuxqui sont convaincus que seule laremise sur les rails du processus depaix – aujourd’hui en très granddanger – peut arrêter l’engrenageactuel et assurer à terme une sé-curité stable, doivent réunir leursforces. Pour ma part, j’ai l’inten-tion de m’engager dans cettetâche, que ce soit à Paris, à l’As-semblée générale des Nationsunies, ou sur place.

– L’Europe est-elle en panne ? – Première chose : l’euro. Il se

fera à la date prévue, dans lesconditions prévues par le traité.Cela produira en Europe un choc,y compris dans des domaines nonmonétaires, et obligera à donnerune vraie consistance à la coordi-nation des politiques économiquesdont le gouvernement a fait réad-mettre la nécessité à Amsterdam.Ce sera une première forme de re-lance de l’Europe. D’autre part, laposition du président de la Répu-blique et du gouvernement fran-çais est claire : les résultats d’Ams-terdam sont insuffisants ; nousn’avons pas bâti l’Europe pendantquarante ans pour accepter qu’ellese dissolve dans un vaste magma,au détriment de ses membres ac-tuels et futurs. Le prochain élargis-sement doit être précédé par unevraie réforme institutionnelle.

– Les Allemands, sur ce sujet,ne sont-ils pas moins allantsqu’en d’autres temps ?

– C’est vrai que l’Allemagnepense d’abord spontanément àl’élargissement et que le chancelierKohl concentre aujourd’hui sesforces, à juste titre, sur ce qui estprioritaire, c’est-à-dire l’euro. Maisje suis confiant : la France et l’Alle-magne sauront déterminer uneposition commune sur l’élargisse-ment, les institutions, l’agenda2000, comme à chaque grande oc-casion. La rencontre Kohl-Jospinaujourd’hui à Bonn est à cet égardune étape très importante.

– M. Jospin a pourtant tardé àrendre la traditionnelle visite auchancelier Kohl...

– Les contacts du nouveau gou-vernement avec Bonn ont été in-tenses dès le début. Le chancelieret le premier ministre se sont vustout de suite, à Poitiers, puis àAmsterdam où, sans casser les en-gagements monétaires, le gouver-nement a obtenu une déclarationcomplémentaire sur la croissanceet l’emploi. De nombreux mi-nistres français et allemands ontcommencé à travailler ensemble.Le chancelier et le premier mi-nistre ont recherché une premièredate possible après les vacances etavant septembre. Cela a été le28 août. »

Propos recueillis parClaire Tréan

Le calendrier diplomatiquede l’automne

La réunion des ambassadeursde France pendant trois jours àParis leur donnera l’occasiond’échanges sur plusieurs thèmes,qui vont de l’euro à la coupe dumonde de football de 1998, enpassant par la politique étran-gère des Etats-Unis. Elle est aussil’occasion pour plusieursmembres du nouveau gouverne-ment, dont le premier ministrelui-même, de s’exprimer pour lapremière fois sur la politiqueétrangère. Le calendrier diploma-tique français est ensuite essen-tiellement européen jusqu’à lafin de l’année, hormi la visite enMauritanie du président de la Ré-publique la semaine prochaine etle sommet de la Francophonie àHanoï en novembre. Des som-mets bilatéraux sont prévus dansles mois qui viennent avec l’Alle-magne, la Grande-Bretagne, l’Ita-lie, l’Espagne. Le sommet euro-péen sur l’emploi est prévu pournovembre, avant le conseil euro-péen régulier du mois de dé-cembre.

M. Chirac veut restaurerl’image de la France

Devant les ambassadeurs, le chef de l’Etat a souhaitéque l’Hexagone apparaisse à l’étranger comme« le contraire d’un pays replié sur lui-même »

LE PRÉSIDENT de la Répu-blique s’est adressé, mercredi27 août, à l’Elysée, à tous les am-bassadeurs de France réunis à Pa-ris pour leur conférence annuelle.Cette réunion, qui avait été ins-taurée par Alain Juppé lorsqu’ilétait ministre des affaires étran-gères, revêt cette année un intérêtparticulier puisqu’elle donne auxnouveaux acteurs de l’action ex-térieure de la France au sein dugouvernement Jospin l’occasionde s’exprimer. Le premier mi-nistre doit ainsi prononcer ven-dredi, devant les ambassadeurs,sont premier discours de poli-tique étrangère. Le ministre Hu-bert Védrine et le ministre délé-gué aux affaires européennes,Pierre Moscovici, sont intervenusjeudi matin, à l’ouverture des tra-vaux qui se poursuivront jusqu’àsamedi.

Avant de rappeler les grandesorientations de la politique qu’il« entend conduire jusqu’à la fin de[son] mandat », Jacques Chirac ainsisté sur ce qu’il attend de ceuxqui animent « le deuxième réseaudiplomatique et consulaire dumonde, le premier dans le domaineculturel », et contribuent à fa-çonner l’image de la France àl’étranger. Cette image, selon leprésident de la République, doitêtre celle « d’un pays généreux,ouvert au dialogue, respectueux del’identité de chacune des nations.Bref le contraire d’un pays arro-gant ou replié sur lui-même ».

POINT FAIBLEDans cette optique il leur de-

mande notamment « de rendrecompte avec lucidité et sans farddes critiques qui s’expriment àl’égard de notre pays », mais aussi,sur le plan économique, de « cor-riger l’image que projettent volon-tiers certains medias étrangers :celle d’une France qui aurait dumal à s’adapter aux contraintes dela mondialisation ».

La participation à la formationdes élites étrangères est l’un desaspects du rayonnement de l’ou-verture de la France, a soulignéM. Chirac, en évoquant le pointfaible du dispositif français dansce domaine : « un réseau sanséquivalent » de lycées françaisdans le monde, mais qui netrouve pas suffisamement de pro-longements au niveau universi-taire. « Je souhaite, a-t-il dit,qu’une réflexion soit lancée sur lacréation en France de structuressouples capables d’organiser,moyennant rétribution, l’accueild’étudiants étrangers dans nosécoles et nos universités ». C’estdans cette optique aussi, a rappe-lé le président de la République,qu’il a demandé il y a plusieursmois la mise en place d’une poli-tique plus souple de visas pour lesétudiants, les chercheurs étran-gers qui désirent se former enFrance. Cet assouplissement estl’une des mesures préconisées parle sociologue Patrick Weill dansson rapport, remis récemment au

gouvernement, sur la politique del’immigration et des visas.

Le président de la République aencore évoqué la question des vi-sas à propos de la politique afri-caine de la France. « Nous devonséviter de donner à nos amis afri-cains le sentiment que nous leurfermons nos portes », a-t-il décla-ré ; « à ma demande, de nouvellesdispositions ont été prises en ma-tière de visas. La responsabilité deleur application attentive vous in-combe ». Contre l’idée d’un reculde l’influence française sur cecontinent, il a réaffirmé que « laFrance est et restera le premierpartenaire de l’Afrique sub-saha-rienne », tout en annonçant une« adaptation » de ses accords dedéfense avec les pays ducontinent africain. Le présidentde la République s’est d’autrepart déclaré favorable à ce que leParlement débatte de la politiquefrançaise en Afrique, a laquelle, a-t-il rappelé, il a fixé « deux règles »visant à promouvoir un « vraipartenariat » : « s’interdire touteingérence, de quelque nature

qu’elle soit, politique, militaire ouautre » et encourager les Etatsafricains « à renforcer l’état dedroit et la bonne gouvernance ».

Enfin le président de la Répu-blique a rappelé aux ambassa-deurs, qui s’apprêtaient jeudi àplancher sur l’euro, en compagniede Dominique Strauss-Kahn, lesgrands axes de sa politique euro-péenne : détermination sur le ca-lendrier de la monnaie unique, in-transigeance sur la réforme desinstitutions européenne, opiniâ-treté sur l’émergence d’une iden-tité européenne de défense.

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4 / LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 I N T E R N A T I O N A L

COMMENTAIRE

SILENCE COUPABLE Comme si le sang appelait le

sang, les massacres les plus bar-bares se succèdent à quelques di-zaines de kilomètres de la capitale.Chaque nuit, dans la Mitidja – laplaine qui s’étend au sud d’Alger –ou sur les montagnes qui l’en-serrent, des innocents sont assassi-nés dans des conditions atroces pardes assaillants surgis on ne saitd’où. Leurs crimes accomplis, ils re-partent, emmenant avec eux, versdes destinations inconnues, desfemmes que l’on ne reverra jamais.

A quelle logique obéissent detels actes ? Quels calculs secretscachent ces folies sanguinaires ?Fermement tenue en main par lerégime militaire, la presse voitdans les massacres l’ultime sursautd’islamistes – de « terroristes », se-lon la terminologie officielle – ac-culés à la défaite. La thèse a le mé-

rite de la simplicité, mais commentexpliquer l’impunité dontsemblent bénéficier les agres-seurs ? Cherche-t-on par la terreurà pousser à l’exode des paysans dé-munis pour demain s’accaparerleur terres ? Certaines tueries n’ontpas eu lieu dans des régions fertilesde l’Algérois mais dans des zonesmontagneuses difficiles d’accès.Faut-il alors privilégier la thèse desrèglements de comptes sinistres,d’une vendetta à grande échelleentre islamistes, ou supposés tels,et, de l’autre bord, miliciens arméspar le régime ? Les témoignagesmanquent qui permettraientd’étayer l’hypothèse.

Une troisième explication cir-cule. Les massacres de civils, toutcomme les derniers attentats dansla capitale, viseraient à faire capo-ter les tractations en cours entrel’ancien Front islamique du salut(FIS) et le pouvoir. Des contacts se-crets entre des hommes deconfiance du président Zeroual et

des responsables de l’Armée isla-mique du salut (AIS), le bras armédu FIS, auraient abouti à une trêvedes opérations dans l’est et dansl’ouest de l’Algérie, à la libérationd’Abassi Madani, le chef historiquedu FIS, et, demain, à une réintégra-tion du Front dans la vie politique.De ce processus, certains clans dupouvoir n’en voudraient à aucunprix.

L’opposition réclame en vain laconstitution d’une commissiond’enquête indépendante pour le-ver le voile sur les massacres. A l’in-terpellation des partis politiques, àl’inquiétude de l’opinion publique,le pouvoir oppose le discours du« terrorisme résiduel ». Dans unpays où les forces de sécurité ontacquis, en cinq ans de lutte armée,un « savoir-faire » indéniable, l’ex-plication est un peu courte. Elle au-torise les spéculations les plusfolles.

Jean-Pierre Tuquoi

Shimon Pérès, le négociateur clandestinEn Israël, l’homme des accords secrets avec la France a été, à

l’époque, Shimon Pérès, qui avait été chargé par son gouvernementde chercher des armes à l’étranger et qui avait, en France, ses petiteset ses grandes entrées au cabinet du ministre des armées, MauriceBourgès-Maunoury. C’est lui qui, en octobre 1956, eut, au nom du gé-néral Moshe Dayan, alors chef d’état-major des armées israé-liennes, des entretiens secrets à Sèvres pour mettre au point l’opé-ration évoquée par la Revue historique des armées.

Du côté français, outre le ministre des armées, étaient dans laconfidence plusieurs responsables militaires, parmi lesquels le gé-néral Paul Ely, chef d’état-major général des armées ; le général Ed-mond Jouhaud, alors major général de l’armée de l’air ; le généralMaurice Perdrizet, en mission auprès de Moshe Dayan ; le généralPaul Vaujour, et le général Nelzir Allard, qui devait commander unescadron israélien.

Des archives sur l’aide secrète de la France aux Israéliens en 1956,lors de la crise de Suez, ont été détruites sur ordre

QUELQUE quarante ans après,le Service historique de l’armée del’air (SHAA) admet qu’il n’existepas de traces écrites de l’aide quedes aviateurs français ont été invi-tés, par le gouvernement de GuyMollet, à fournir à Israël lors de lacampagne militaire de Suez me-née, en 1956, par la France et laGrande-Bretagne contre le régimedu général Gamal Abdel Nasser enEgypte. Des ordres stricts, relatentceux des principaux acteurs appe-lés à témoigner oralement par lasuite, ont été donnés de détruireles documents et ils ont été exé-cutés au nom du « secret » del’opération. Il a fallu substituer destémoignages oraux à ces archivesdisparues, vient de révéler la Revuehistorique des armées (RHA).

La crise, déclenchée par la natio-nalisation du canal de Suez aprèsle refus des Occidentaux de finan-cer le projet du barrage d’Assouan,a été l’occasion, pour la France, devenir en aide à l’armée israéliennedans des conditions de totale clan-destinité. En marge du plan fran-co-anglais « Mousquetaire », quivisait à abattre le régime égyptien,les Français ont joué la carte d’Is-raël. A l’insu de Londres, ils ontconçu une action préventive où lesIsraéliens useraient de moyens cé-dés par la France.

Des témoignages oraux recueil-lis après coup, entre 1978 et 1991,par les spécialistes du SHAA, quiles publient dans la Revue histo-rique des armées, il ressort plu-

sieurs indications inédites.D’abord, l’état-major de l’arméede l’air avait été convié par le mi-nistre des armées, Maurice Bour-gès-Maunoury, du gouvernementMollet, de ne pas informer le se-crétaire d’Etat à l’air, Henri Lafo-rest. Ensuite, dans le plus grand se-cret, des Israéliens ont étéentraînés sur la base de Mont-de-Marsan (Landes) à piloter desavions de combat Mystère-IV del’armée de l’air française.

DOUBLE JEU AMÉRICAIN ?Enfin, des pilotes français ont

convoyé vers des bases en Israëld’autres Mystère-IV et des F-84 F,prêtés par les Américains à laFrance, moyennant leur transfor-mation en Italie ou à Chypre où,dans la nuit, l’étoile de David était

peinte sur ces avions. Certains deces pilotes ont contribué, sans ar-borer de marque de nationalité, nide grade, mais avec des cartesd’identité en hébreu, à « couvrir »l’aviation israélienne sur l’Egypte.

A propos du secret qui a entourél’opération, plusieurs des témoinsrapportent aujourd’hui qu’ils n’ontgardé aucune trace écrite et,même, qu’on leur a demandé dedétruire toutes les archives corres-pondant à cette affaire. C’est le casdu lieutenant Nicolas Kayanakis,qui était chargé du contrôle surl’aérodrome de Brindisi, en Italie,ou du général Paul Vaujour, qui ajoué, dit-il, « les corsaires » enayant pris le commandement desF-84 F de Saint-Dizier (Haute-Marne) expédiés en Israël.

Mais là ne s’arrêtent pas les ré-

vélations de la Revue historique desarmées. Il y a tout lieu de croire, eneffet, que les Américains ont étéinformés du dispositif franco-is-raélien et que, du moins au départ,ils ne s’y sont pas opposés. Plu-sieurs preuves en apportent la dé-monstration. D’abord, les Etats-Unis ont « mystérieusement » four-ni à temps – quand on les leur aréclamés – les rechanges et leséquipements nécessaires à la miseen œuvre des F-84 F. Ensuite, unofficier de liaison américain àl’OTAN a avoué à ses interlo-cuteurs français en partance qu’iln’ignorait rien du but de leur mis-sion. Enfin, comme le relate le gé-néral Raymond Brohon, comman-dant les forces françaisesd’intervention dans l’opération deSuez, le quartier général améri-cain, à Naples, suivait, au profit duPentagone, les mouvements de ba-teaux et d’avions en Méditerranéeet il a organisé des reconnais-sances sur l’Egypte pour apprécierla situation.

Double jeu américain ? Nuln’ignore en effet que les Etats-Unis, avec l’Union soviétique, ont,à l’époque, exercé des pressionssur la France et le Royaume-Unipour qu’ils cessent d’attaquerl’Egypte. Ce à quoi ces deux paysse sont résolus, de mauvais gré, enrembarquant leurs troupes sansavoir réussi à atteindre tous les ob-jectifs qu’ils s’étaient fixés.

Jacques Isnard

Israël a levé le « bouclage interne »de la ville de Bethléem

L’enfermement des habitants aura duré près d’un moisIsraël a levé, mercredi 27 août, le « bouclage interne »de Bethléem, qui enfermait les habitants dans la citédont l’accès était également interdit. Mais les Palesti-

niens de Cisjordanie et de Gaza ne peuvent toujourspas se rendre en Israël, ce qui réduit cent mille d’entreeux au chômage.

TEL AVIVde notre correspondant

Les habitants de Bethléempeuvent, depuis mercredi 27 août,sortir de leur ville et les Palesti-niens de Cisjordanie y entrer.Pour des raisons de sécurité, lescitoyens israéliens ne peuventtoujours pas s’y rendre. Lesgroupes de pèlerins chrétiens ontpu reprendre leurs visites sur leslieux de la Nativité, sans avoir àinsister pendant des heures auxbarrages de l’armée israélienne,Tsahal, pour obtenir le droit depasser, comme l’ont fait certainsau cours des dernières semaines.Le bouclage général des terri-toires palestiniens reste toutefoisen vigueur.

Le « bouclage interne » de Beth-léem aura duré près d’un mois. Defait, les mots « siège » ou « blo-cus » sont plus appropriés pourdésigner cette sanction extrême,qui a continué de frapper cetteville, alors que la même « mesurepunitive » avait été levée pour lesautres villes de Cisjordanie, dansla semaine qui avait suivi son en-trée en vigueur, le 30 juillet, aprèsle double attentat du marché deMahané Yehouda, à Jérusalem.Tsahal n’a fourni aucune explica-tion sur les raisons du maintien dece « bouclage interne », pas da-vantage que sur les raisons de salevée mercredi.

Environ un mois avant l’atten-tat de Mahané Yehouda, la policepalestinienne avait découvert àBeit Sahour, une bourgade situéeprès de Bethléem – et frappée elleaussi par le « bouclage interne » –une petite fabrique de bombes re-levant du Mouvement de la résis-tance islamique, Hamas. Aprèsl’attentat, les services de sécuritéisraéliens ont affirmé que, selonleurs informations, deux chargesexplosives prêtes à l ’emploi« manquaient » dans ce labora-toire.

Lors des réunions israélo-pales-

tiniennes sur la coopération enmatière de sécurité, relancées parDennis Ross, le coordonnateuraméricain du processus de paix,Israël a insisté pour que soientcomparés les explosifs utilisés àMahané Yehouda et ceux trouvésà Beit Sahour. Selon une sourcemilitaire israélienne, citée par lequotidien Haaretz, le blocus deBethléem avait pour objectifd’éviter qu’un attentat ne soit or-ganisé à partir de cette ville.

Le maintien de ce « bouclage in-terne » a fait graduellement mon-ter la tension dans la ville. Aucours des deux dernières se-maines, des accrochages ont op-posé les soldats postés au Tom-beau de Rachel, à l’entrée de laville, aux habitants qui manifes-taient pour réclamer la levée decette sanction. Le 23 août, une di-zaine de Palestiniens ont ainsi étéblessés à cet endroit par des ballesen caoutchouc ou ont été vic-tomes des gaz lacrymogènes.

« SANS VALEUR »Ce samedi-là, jour de la rentrée

des classes dans les territoires pa-lestiniens, les écoliers des villagesenvironnants n’ont pu rejoindreleurs classes à Bethléem, ni lesinstituteurs se rendre dans ces vil-lages. Mardi, alors que Tsahal ten-tait de disperser une manifesta-tion, une grenade lacrymogène aatterri dans la cour d’une écolepour filles. Des dizaines d’éco-lières palestiniennes terroriséesont dû être soignées après avoirinhalé des gaz lacrymogènes.

Avant de lever le blocus, les mi-litaires israéliens ont arrêté dansla région de Bethléem quinze per-sonnes soupçonnées d’activités« hostiles » et d’appartenance auFront populaire de libération de laPalestine (FPLP).

A Séoul où il se trouvait mer-credi dans le cadre d’une tournéeen Asie, le premier ministre israé-lien, Benyamin Nétanyahou, a

réaffirmé qu’il avait « de bonnesraisons de penser que l’Autorité pa-lestinienne encourage la révolte po-pulaire pour créer une atmosphèrede violence ». « Nous constatonsqu’ils [les Palestiniens] ne font pasce qui est nécessaire pourcombattre le terrorisme et nous ob-servons des actes de violence quiaffectent le climat politique », aajouté M. Nétanyahou, pour quile moment n’est pas encore venude lever le bouclage des terri-toires.

De fait, si les Palestinienspeuvent circuler d’un endroit àl’autre en Cisjordanie, il leur esttoujours interdit de se rendre à Jé-rusalem-Est et en Israël. Cette in-terdiction, imposée aussitôt aprèsl’attentat du 30 juillet, demeuretoujours en vigueur. De plus, Is-raël n’a restitué aux Palestiniensque 12 millions de dollars (70 mil-lions de francs) sur un total de45 millions (261 millions defrancs) qu’il lui doit au titre desdroits de douanes et des taxes.Les autorités palestiniennes de-mandent que leur soient aussiversés des intérêts sur les sommesbloquées.

Rompant avec ses déclarationsstrictement conformes à la lignedu premier ministre, le chef de ladiplomatie israélienne, David Lé-vy, a estimé, mercredi, que ni laviolence ni la « punition conti-nuelle » ne feraient avancer leprocessus de paix. Il s’est déclaré« tout à fait en faveur » d’une le-vée progressive du bouclage etconvaincu que les sanctions « nepeuvent vraiment pas être une al-ternative à une discussion honnête,courageuse et ouverte ».

Les Etats-Unis se sont félicité,mercredi, de la levée du « bou-clage interne » de Bethléem, quele porte-parole du départementd’Etat, James Rubin a qualifié de« pas dans la bonne direction ».« Nous avons compris les besoinsd’Israël par le passé pour ce quiconcerne les menaces en matièrede sécurité, mais nous sommes aus-si préoccupés par les conséquencesdu blocus sur la vie quotidienne dupeuple palestinien », a ajoutéM. Rubin. Yasser Abed Rabbo, leministre palestinien de l’informa-tion, a en revanche jugé que la dé-cision israélienne demeurerait« sans valeur » aussi longtempsque toutes les autres sanctions is-raéliennes n’auraient pas été le-vées. – (Intérim.)

L’opposition algérienne appelleà une manifestation contre la violence

Plus de deux cents civils ont été tués dans des massacres depuis dimanche.Le Front des forces socialistes, qui va contacter les autres formations,

compte organiser une marche contre la « sauvagerie »CINQ ENFANTS ont été égorgés

dans la nuit de mardi 26 août aumercredi 27 près de Cherchell(ouest du pays), tandis que seizevillageois étaient assassinés à Mas-cara, Tiaret et Saïda (Sud-Ouest)et douze autres enlevés, entre lun-di et mardi, près de Tiaret (Sud-Ouest), a indiqué, jeudi, la pressed’Alger.

L’un des principaux partis d’op-position, le Front des forces socia-listes (FFS), a appelé, mercredi27 août, à une manifestationcontre la violence le 11 septembreà Alger. « Il faut interpeller le pou-voir et également les groupes arméspour qu’ils déposent les armes », adéclaré le nouveau premier secré-taire du FFS, Ahmed Djedaï, lorsd’une conférence de presse à Al-ger. M. Djedaï a estimé que,« au-jourd’hui, condamner ne suffitplus » : « Il faut qu’il y ait unconsensus large autour de la re-cherche de la paix [...]. Devanttoutes ces tueries, devant cette sau-vagerie, devant [...] ce deuil organi-sé, devant ces femmes enlevées, cesenfants tués, des dizaines de fa-milles endeuillées, on n’a pas ledroit de se taire. »

M. Djedaï a précisé que son par-ti allait contacter les autres forma-tions politiques ainsi que les asso-ciations pour qu’elles participent àla marche. Celles que le FFS avait

tenté d’organiser ces derniersmois, sur des mots d’ordre simi-laires, n’avaient pu avoir lieu,faute d’un feu vert des pouvoirspublics.

A l’appel de l’Union générale destravailleurs algériens (UGTA), laplus importante centrale syndi-cale, proche du pouvoir, des ma-nifestations contre « le terro-risme » avaient été organisées le20 août. Boycottées par l’opposi-tion, elles avaient réuni des di-zaines de milliers d’Algériens, maisquelques centaines seulement àAlger.

TÉMOIGNAGESDepuis cette marche et le dis-

cours, le 19 août, du président Lia-mine Zéroual affirmant que « leterrorisme vit ses dernières heures »,la violence a nettement augmenté.Plus de deux cents personnes ontété tuées dans des massacres devillageois et un attentat à labombe à Alger, selon des bilanspartiels établis par la presse.

Revenant sur la tuerie de Beni-Ali, un hameau de montagne situéà moins d’une dizaine de kilo-mètres de la ville-garnison de Bli-da, et ses soixante-quatre morts,dont une trentaine de femmes, endébut de semaine, quelques jour-naux ont raconté la « nuit d’en-fer ». « Le groupe est venu de la

montagne en criant comme deschacals. Il ont coupé l’électricité etpuis ont coupé la tête des gens et lesont posées devant les portes », ontexpliqué des survivants au journalEl Khabar.

A Beni-Ali, les tueurs ont liquidéles hommes avant de « choisir » lesfemmes. « Ils ont rassemblé tous lesvillageois devant les arrêts des bus.C’est lorsque nous les avons entendudire : « Prenez les plus belles filleset tuez tous les autres », que nousavons compris que c’étaient des ter-roristes », selon le témoignaged’une femme.

Selon Le Matin, un nouveaumouvement connu sous le nom de« El Ghadiboun ala Allah » (Les ré-voltés contre Dieu) a émergé desrangs du Groupe islamique armé(GIA). Ses membres « se font cou-per l’index de la main droite, aveclequel les musulmans font la profes-sion de foi, et les cils et les sourcils ».« Ils en veulent à Dieu, qui les aabandonnés en ne les aidant pas àprendre le pouvoir », explique lejournal algérois d’expression fran-çaise. Selon certaines sources algé-riennes, ce mouvement est apparudans les montagnes de Zbarbar etde Blida. Ils auraient pour cible lesfemmes, particulièrement cellesqui sont enceintes, pour les empê-cher de donner vie à de nouveauxmusulmans. – (AFP, Reuter.)

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 / 5

La Corée du Nord se retiredes négociations sur les missilesPYONGJANG. La Corée du nord s’est retirée, mercredi 27 août, des né-gociations avec les Etats-Unis sur la question de l’exportation de sesmissiles. Pyongjang entendait ainsi répondre à la décision américained’accorder l’asile politique à deux défecteurs nord-coréens. « Etantdonné la position prise par les Etats-Unis, nous trouvons qu’il n’y a pas lieude reprendre les discussions sur les missiles, comme cela était prévu », adéclaré Li Gun, numéro deux de la représentation nord-coréenne àl’ONU. Malgré les défections de l’ambassadeur de Corée du nord enEgypte et de son frère, diplomate à Paris, les Américains pensaient en-core, mardi soir, que les négociations débuteraient bien jeudi et quedes signaux « positifs » avaient été envoyés par les Nord-coréens quantà leur participation aux négociations. – (Reuter.)

L’Iran suggère une rencontre directeavec l’Union européenneTÉHÉRAN. La télévision d’Etat iranienne a suggéré, mercredi 27 août,« une rencontre directe entre Téhéran et l’Union européenne » pour nor-maliser leurs relations, mises à mal en avril après un jugement d’un tri-bunal berlinois impliquant l’Iran dans l’assassinat d’opposants. Cetterencontre servirait, selon la télévision, à « donner suite au processus denormalisation des relations » entre les deux parties. Le chancelier alle-mand Helmut Kohl a estimé mercredi qu’il fallait tenir compte de l’arri-vée au pouvoir en Iran d’un président modéré, Mohamad Khatami,pour repenser les relations avec ce pays. « Un changement est très nette-ment en cours » en Iran « et nous devons le prendre en compte », a-t-ilsouligné lors d’une conférence de presse à Berlin. Le ministre allemanddes affaires étrangères, Klaus Kinkel, avait déjà affirmé au quotidienNeue Ruhr Zeitung que les pays de l’Union européenne voulaient re-nouer les relations avec l’Iran. – (AFP.)

EUROPEa RUSSIE : le ministre russe des affaires étrangères Evgueni Pri-makov a condamné, mercredi 27 août, les manœuvres entamées lundipar l’OTAN en Mer noire, au large de la Crimée et dans la régiond’Odessa (Ukraine). La Russie maintient « une position négative » àl’égard de cette opération auxquelle elle a refusé de se joindre, a affir-mé M. Primakov. Des troupes américaines, ukrainiennes, turques etbulgares participent aux manœuvres, effectuées dans le cadre du pro-gramme Partenariat pour la paix. – (AFP.)a RUSSIE/CHINE : la Chine a conclu un contrat d’achat de matérielmilitaire russe d’un montant de 100 millions de dollars (environ 600millions de francs), à l’occasion de la visite à Moscou, mercredi27 août, du vice-président du Conseil militaire central chinois, Liu Hua-qing, reçu par le premier ministre russe, Viktor Tchernomyrdine. Lecontrat porte notamment sur la livraison de pièces détachées russespour l’aviation chinoise. – (AP, AFP.)a POLOGNE : le nombre de suicides a considérablement augmen-té dans les régions polonaises ravagées par les inondations en juillet, aaffirmé le responsable de l’aide psychologique aux victimes, cité par lequotidien Gazeta Wyborcza. Depuis le début de la catastrophe, 50 per-sonnes se sont données la mort, indique le professeur Janusk Cazpins-ki. 54 autres personnes sont mortes noyées en Pologne lors des inonda-tions. – (AFP, Reuter.)

PROCHE-ORIENTa KOWEÏT : l’ambassade des Etats-Unis a indiqué, mercredi 27 août,avoir adressé des consignes de sécurité à ses ressortissants au Koweït– 8 000 civils et 1 500 militaires –, après avoir « eu connaissance d’un ap-pel téléphonique anonyme faisant état d’une attaque possible contre unsite américain le 28 août ». En raison de ces mêmes menaces, l’ambas-sade de Grande-Bretagne a donné des consignes similaires à ses ressor-tissants. les quelque 40 000 résidents américains en Arabie saouditeavaient été invités à se montrer « ultra-vigilants ». – (AFP.)

MAGHREBa TUNISIE : le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) alancé, mercredi 27 août, un appel à la liberté de la presse. Dans unelettre adressée au président Zine El-Abidine Ben Ali, l’association dedéfense des journalistes basée à New York l’invite à « reconnaître pu-bliquement [sa] préoccupation à propos du climat de crainte et d’auto-censure qui envahit les médias en Tunisie ». Dans une lettre au secrétaired’Etat Madeleine Albright, le CPJ invite par ailleurs les responsablesaméricains à appeler les dirigeants tunisiens à « revenir sur l’érosion dela liberté de la presse en Tunisie, de façon publique mais aussi en privé auxplus hauts niveaux gouvernementaux ». – (AFP.)

AMÉRIQUESa ÉTATS-UNIS : le Pentagone a effectué plus de 2 300 expérimen-tations de radiation sur des humains depuis 1944 dans le cadre de re-cherches scientifiques suscitées par la Guerre froide, selon un rapportdu gouvernement officiel américain publié le 27 août. Le rapport est lerésultat d’une vaste enquête menée en 1993 après la révélation que despatients hospitalisés, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, avaientété injectés avec du plutonium, souvent sans qu’ils le sachent. – (AFP.)

AFRIQUEa CONGO-BRAZAVILLE : le gouvernement du président Lissoubaappelle la France à se « ressaisir » et à se déterminer clairement dans lacrise. Des proches de M. Lissouba ont récemment, sur un ton rageur,critiqué la France, qu’ils accusent de soutenir M. Sassou Nguesso. –(AFP.)a RWANDA : l’ONU a condamné le massacre récent de 148 Congolaisréfugiés au Rwanda, dont la plupart étaient d’origine ethnique tutsie,et a estimé que les responsables devaient être présentés devant la jus-tice. Des gangs hutus sont présumés responsables de leur mort. – (Reu-ter.)a AFRIQUE DU SUD : Pik Botha, ancien ministre des affaires étran-gères, a accepté de diriger provisoirement le Parti national après l’an-nonce par Frederic De Klerk de son retrait de la vie politique, et avantl’élection d’un nouveau chef de parti le 9 septembre. – (Reuter.)a NIGERIA : cent personnes sont mortes noyées, lundi 25 août, aularge de Port-Harcourt à la suite d’une collision entre deux bateaux sur-chargés de passagers, a annoncé mercredi la presse nigériane. – (AFP.)

Un ancien ministre de Bill Clintoninculpé pour corruption WASHINGTON. L’ancien secrétaire à l’agriculture de l’administrationClinton, Michael Espy, a été inculpé, mercredi 27 août, par unechambre de mise en accusation pour avoir illégalement reçu divers ca-deaux (billets d’avion, tickets pour des matches, argent liquide) d’unmontant de 35 000 dollars de la part d’entreprises travaillant avec legouvernement fédéral. L’ancien ministre, qui avait démissionné de sonposte en 1994, à la suite du déclenchement de l’enquête, devra ré-pondre de 39 chefs d’accusation, parmi lesquels celui d’avoir menti auxenquêteurs et ordonné à un employé de falsifier des documents pourcamoufler ses agissements. Il risque la prison à vie s’il est condamné surtous les chefs d’accusation. – (AFP.)

L’annonce d’une fuite radioactive éclaboussel’industrie nucléaire japonaise

Le premier ministre Hashimoto dénonce le laxisme des responsablesLes révélations de la presse japonaise sur l’exis-tence d’une fuite radioactive vieille d’au moinstreize ans dans une usine de retraitement de dé-

chets nucléaires, a provoqué la colère du pre-mier ministre Hashimoto. Ce dernier, qui a jugé« incroyable » l’attitude des responsables de

l’industrie nucléaire japonaise, s’est élevé contrele laxisme d’autorités qui n’ont rien fait pourcolmater ces fuites détectées dès 1984.

« C’EST tout simplement in-croyable ! » La réaction du premierministre Ryutaro Hashimoto, aulendemain de l’annonce dans lesmédias japonais d’une fuite radio-active dans une usine de retraite-ment, a été à la mesure de l’indigna-tion que soulève dans l’archipel cenouveau scandale impliquant l’in-dustrie nucléaire nippone. Cettefuite aurait en effet continué durantune quinzaine d’années, au vu et ausu des responsables de l’usine deTokaïmura, située à 115 km au nord-est de la capitale. Sans qu’aucunemesure ne soit prise. « Il est impen-sable que [les dirigeants de l’usine]n’aient rien fait alors qu’ils avaientreçu un avertissement de l’Agencepour la science et la technologie en1982 », a martelé le chef du gouver-nement japonais.

Ce sont des infiltrations d’eaux depluie dans des silos de stockage quiont provoqué la corrosion de fûtscontenant des déchets de combus-tibles nucléaires, y compris d’ura-nium. Rouillés, plusieurs de ces fûtsse sont mis à fuir sans que Donen,l’opérateur public chargé de l’indus-

trie nucléaire civile, ne réagisse.L’Agence gouvernementale dessciences et techniques, qui exerce latutelle administrative sur l’opéra-teur, a reconnu que les fuites de ma-tières radioactives ont eu lieu pen-dant plus de quinze ans.

Un porte-parole de Donen a ad-mis le fait que des mesures avaientpermis dès 1984 de détecter lesfuites, deux ans après qu’une ins-pection eut révélé les infiltrationsd’eau dans le local. L’Agence dessciences et techniques a envoyé surles lieux une mission d’enquêtepour établir les responsabilités et lesmenaces éventuelles sur l’environ-nement.

Selon Donen, ces fuites ne pré-sentent aucun danger, ni pour lespopulations locales ni pour l’envi-ronnement. Un porte-parole a ex-pliqué que des prélèvements effec-tués cette année sur un site procheavaient révélé « une radioactivité lé-gèrement supérieure au niveau nor-mal ».

Malgré les fuites, l’opérateur n’aprocédé à aucun travaux dans ce lo-cal vieux de trente ans jusqu’en

1992, « les fuites paraissant contenuesà l’intérieur des puits de stockage », aajouté le porte-parole. Le quotidienAsahi Shimbun affirme cependantque des mesures ont révélé l’exis-tence de niveaux de radioactivité de10 à 10 000 fois supérieurs au seuilmaximum toléré. Quelque 2 000 ba-rils sont entreposés à Tokaïmuradepuis 1967, selon la presse.

EXCUSES PUBLIQUESCe scandale s’ajoute à une série

d’incidents sérieux qui ont secouél’industrie nucléaire japonaise cesdernières années, Donen faisant àchaque fois figure de principal ac-cusé en raison de négligences avé-rées et de plusieurs tentatives dedissimulation des faits. ToshiyukiKondo, le président de Donen, aprésenté mercredi ses excuses pu-bliques. « Je suis désolé d’avoir susci-té l’inquiétude des populations lo-cales », a-t-il dit, ajoutant : « Je doisreconnaître que les critiques sont jus-tifiées ».

L’usine de Tokaïmura est une pe-tite unité de retraitement decombustible irradié d’une capacité

de 140 tonnes par an à plein rende-ment. Construite par la France, ellea été mise en service en septembre1977. Une seconde usine de retraite-ment est en construction sur le sitede Rokkasho-Mura, où sont entre-posés actuellement les déchets issusdes combustibles irradiés japonaisretraités à la Hague (Manche) etrenvoyés périodiquement depuis laFrance par bateau. Le dernier scan-dale en date au Japon avait été uneexplosion suivie d’un incendie enmars dans cette même usine de To-kaïmura. 37 employés ont été expo-sés à des radiations de faible inten-sité lors de cet incident tenu pourêtre le plus grave de l’industrie nu-cléaire nippone. En décembre 1995,une importante fuite de sodiums’était produite dans le circuit de re-froidissement du surgénérateur ex-périmental Monju situé à Tsuruga,au bord de la mer du Japon. Donenavait alors essayé de dissimulerl’étendue des dégâts. Ce réacteur àneutrons rapides, la pièce centralede l’ambitieux programme japonaisde surgénérateurs, est depuis resté àl’arrêt. – (AFP, Reuter.)

« Royalistes » et « gouvernementaux » cambodgienss’affrontent à la frontière thaïlandaise

CHONG CHOM (Thaïlande)de notre envoyé spécial

A la veille du retour du roi Noro-dom Sihanouk au Cambodge, lescombats se sont intensifiés autour duvillage d’O’Smach, le long de la fron-tière thaïlandaise, entre les forces duprince Ranariddh, l’ancien chef dugouvernement cambodgien, et cellesde son adversaire, le premier ministreHun Sen. Au cours d’un violentéchange d’artillerie, mercredi 27 aoûtaprès-midi, un obus est tombé sur leposte thaïlandais de Chong Chom,tuant un sous-officier et blessantdeux autres soldats. Les canons de laTask Force Suranaree, l’unité thaïlan-daise d’élite chargée de protéger cettepartie de la frontière, ont immédiate-ment répliqué avec des tirs de contre-batterie. Le général Chisarak Prom-mopakorn, responsable des unités decette zone frontière, a estimé qu’il nepensait pas que ce tir ait constitué unacte délibéré contre la Thaïlande.« Mais si l’un de nos hommes est tué,

nous devons faire quelque chose », a-t-il expliqué.

En dépit des appels au cessez-le-feu de Norodom Ranariddh, à l’occa-sion du retour du roi, les troupesd’Hun Sen semblent décidées à en fi-nir avec les derniers bastions du Fun-cinpec, le parti des royalistes fidèlesau prince. Mais, depuis lundi, les sol-dats de l’armée gouvernementale, quiont essayé de s’emparer de la posi-tion d’O’Smach – située au sommetd’une colline adossée à la Thaïlandeet dont les contrebas sont solidementminés – ont subi de lourdes pertes.De part et d’autre de la piste en laté-rite menant à Samronf et à Siemreap,où le roi Norodom Sihanouk doits’installer à son retour de Pékin, le gé-néral Nhiek Bun Chhay a déployéplusieurs centaines de ses hommes,qui tirent sur les collines avoisinantes,où sont installés les soldats de HunSen, estimés à trois mille hommes.

Malgré l’aide discrète mais visibled’unités khmères rouges venues de-

puis leur base d’Anlong Ven, il est peuprobable que la résistance du Funcin-pec puisse tenir longtemps O’Smach.Les observateurs militaires s’at-tendent à une retraite à l’est, vers labase de Tatum, d’où les actions deguérilla sont encore possibles. Enoutre, la presse thaïlandaise faisaitétat, mercredi, de la présence à Bang-kok de Serei Kosal, l’ancien gouver-neur adjoint de la province de Bat-tambang et autre dirigeant de la luttearmée contre le gouvernementd’Hun Sen. Selon une source offi-cielle, Serei Kosal et sa famille se-raient « en transit vers un pays d’Eu-rope ».

Moins favorisés, les habitants deszones autrefois contrôlées par le Fun-cinpec se sont réfugiés, depuis le19 août, en Thaïlande. La Croix-Rouge thaïlandaise, aidée par l’ar-mée, a organisé un camp provisoiredans le district de Kap Choeng, àmoins de 10 kilomètres de la fron-tière, afin de fournir un abri tempo-

raire à plus de vingt mille personnes.A Surin, la capitale provinciale, situéeà une quarantaine de kilomètres de lafrontière, les responsables en exil duFuncinpec, installés dans les deuxconfortables hôtels de la ville, fontleurs valises pour Bangkok, non sansrendre hommage à la valeur symbo-lique des combats qui se déroulent àO’Smach. Avant de partir, l’ancienministre des finances, Sam Rainsy, apublié un dernier communiqué et dé-claré tout de go à un groupe de jour-nalistes français : « C’est un peucomme Verdun... »

Quelle que soit la valeur de la mé-taphore, les très jeunes soldatskhmers, coiffés de casques lourdstrop grands pour eux, aperçus mer-credi à travers les barrages de barbe-lés de la ligne de démarcation, nesont pas sans évoquer ces enfants-soldats du régime de Lon Nol, autresacteurs, vingt-cinq ans plus tôt, del’interminable guerre civile cambod-gienne. – (Intérim.)

Page 6: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

LeMonde Job: WMQ2908--0006-0 WAS LMQ2908-6 Op.: XX Rev.: 28-08-97 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:28,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0459 Lcp: 196 CMYK

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F R A N C ELE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997

« Une nouvellelégislationse substituera... »

L’abrogation des lois Pasqua-Debré, qui figurait comme l’unedes priorités du programme desVerts aux élections législativesde 1997, avait déjà disparu dutexte d’orientation établi par lesdirigeants du PS et des Verts etsigné en marge de l’accord élec-toral conclu le mercredi 22 jan-vier. Ce dernier stipulait simple-ment qu’« une nouvellelégislation se substituera aux loisPasqua en réinstaurant notam-ment le droit de vivre en famille,le droit d’asile, le droit du sol » (LeMonde du 24 janvier).

En revanche, la déclarationcommune signée par les diri-geants du PS et du PCF le29 avril à la Mutualité prenaitl’engagement d’abroger l’an-cienne législation. Le 15 mai,Lionel Jospin, lors d’un meetingà Paris, avait repris à soncompte, pour la première fois, leterme d’« abrogation » à lagrande satisfaction des Verts.

Les réactions embarrassées de la gauche plurielle PRINCIPAL ARTISAN de l’accord PS-Verts lors des

dernières élections législatives, Yves Cochet a affirméau Monde, mercredi 27 août, qu’« en l’état » il ne vo-terait pas le projet de loi préparé par Jean-Pierre Che-vènement. « J’espère qu’il sera modifié par le gouver-nement lui-même avant de passer devant l’Assembléenationale. Les députés Verts proposeront des amende-ments suffisants pour que dans le texte figure l’abroga-tion des lois Pasqua-Debré », a indiqué le député duVal-d’Oise.

Interrogé sur l’écart d’appréciation entre les Vertset Dominique Voynet, M. Cochet a déclaré : « Nousallons renforcer, par des réunions hebdomadaires auplus haut niveau, les relations entre le parti, le groupeparlementaire et « notre » ministre. Mais il nous paraîtnormal que le parti réclame plus et plus vite que le mi-nistre, que les propositions des parlementaires soientplus vives et plus animées. C’est le rôle de cette majoritéplurielle. »

De son côté, Jean-Pierre Brard, député (app. PC) deSeine-Saint-Denis, a estimé que « le Parti communisteva adopter un profil bas » sur cette question. « J’auraispréféré que le gouvernement abroge les lois Pasqua-De-

bré, mais il faut reconnaître que le projet fait bougerbeaucoup de dispositions. Globalement, ce texte n’estpas mauvais », a affirmé au Monde M. Brard. Le mairede Montreuil juge favorablement les mesures propo-sées pour le regroupement familial, la lutte contre lapolygamie, le droit d’asile pour les étrangers en dan-ger. « Les immigrés attendent du concret. Ils semoquent du débat sur le mot abrogation », estimeM. Brard.

Son collègue de Vénissieux, André Gerin, qui avaitété le porte-parole du groupe communiste lors de ladiscussion sur la loi Debré à l’Assemblée nationale,souhaite, en revanche, l’abrogation des lois Pasqua-Debré et « une refonte complète de la législation surl’immigration ». « La problématique a changé depuis laLibération. Il faut revenir sur l’ordonnance de 1945,mais dans le même sens progressiste, dans le respect dela tradition universaliste de la France et dans le soucid’une intégration républicaine des travailleurs immi-grés et de leurs enfants », a déclaré au Monde le dépu-té du Rhône.

Ariane Chemin et Jean-Louis Saux

CALAISde notre envoyée spéciale

Certaines années passent plusvite que d’autres. Réunis à Calais,du 26 au 31 août, pour leurs tradi-tionnelles journées d’été, les Vertsse souviennent en riant que, l’anpassé, à Sanguinet, dans lesLandes, Dominique Voynet rece-vait Lionel Jospin et Robert Huepour leur dessiner, au tableau noir,les contours d’une « grande coali-tion » de gauche et rêver de dépu-tés Verts... en mars 1998. A Calais,un an plus tard, on croise six dépu-tés Verts à la cafétaria, des conseil-lers de la nouvelle ministre del’aménagement du territoire et del’environnement, équipés de por-tables.

A Calais, on est venu nombreux :

huit cents inscrits, contre cinqcents l’an passé, et mille personnesattendues pour la fin de la semaine.Après quasiment trois mois de pré-sence au gouvernement d’un mou-vement qui n’a jamais connu pa-reille expérience, les questions sontnombreuses. Ça marche, commentles Verts ? Ça « ferme sa gueule »ou ça démissionne ? Ça reste troisans au gouvernement avant de sefaire lâcher par son parti, commeles communistes en 1981 ? Çacontinue à exister ou ça s’éclipse,comme le Mouvement des citoyensdepuis que M. Chevènement estdevenu ministre de l’intérieur ? Çagrossit après les 3,6 % de voix gla-nées aux élections législatives ?

Les Verts tâtonnent. Ils exigent« l’abrogation » des lois Pasqua etDebré sur l’immigration, contraire-ment à la décision du gouverne-ment, ce qui obligé Mme Voynet à sedésolidariser de son mouvement,en déclarant, mercredi 27 août :« On ne fait pas de la politique seu-lement avec des mots et des sym-boles, mais avec des propositionsréelles ». Ils demandent qu’une loicadre sur le passage aux 35 heuressoit « débattue au plus vite et appli-quée avant le 1er janvier 1999 pourl’ensemble des salariés, secteur pu-blic inclus ».

« VIGILANCE »A Calais, les écologistes de

gauche tentent de théoriser, pourla première fois et en pleine action,leurs relations au sein de la nou-velle majorité plurielle. Tâche diffi-cile pour une rentrée « sensible »,comme dit Guy Hascoët, le nou-veau député du Nord, en évoquantles débuts d’une polémique enga-gée au mois d’août par la ministrede l’aménagements du territoire etde l’environnement et les militantsécologistes, après un silence jugétrop long, alors que de nombreusesvilles s’entêtaient à flirter avec despics inhabituels de pollution.

A l’écho rencontré dès le 26 aoûtpar un communiqué du parti aver-tissant que l’adoption d’une loi surla base du rapport Weil et de

l’avant-projet Chevènement « ou-vrirait une grande crise de confianceau sein de la majorité plurielle » (LeMonde du 28 août), les Verts ontcompris qu’ils étaient sous les feuxde la rampe.

Couacs ? Maladresses ? A Calais,les Verts ont pesé leurs mots.« Beaucoup voulaient signer un car-ton rouge, et le texte du communiquéest le fruit d’un compromis », ex-pliquent même ses rédacteurs. Dèsleur premier conseil national, aprèsles élections législatives, les Vertsavaient en effet souhaité témoi-gner de leur « vigilance ». Ilsavaient ainsi fortement critiqué lacomposition jugée trop « socia-liste » du cabinet de la nouvelle mi-nistre et adoptaient de nombreusesmotions de contrôle de l’activitégouvernementale, souhaitant parexemple que le soutien des Vertssoit « réexaminé tous les six mois »(Le Monde du 7 juin). « On est donclà au moins jusqu’à la fin dé-cembre », sourit, à Calais, Alain Li-pietz, l’un des porte-parole desVerts.

Pour les militants écologistes, lebilan des trois mois d’activité gou-vernementale de Mme Voynet resteen effet d’abord très largement po-sitif. Démantèlement de Superphé-nix, abandon du canal Rhin-Rhône : deux mesures specta-culaires qui ont satisfait, dans unelarge mesure, les militants Verts.« En outre, Dominique a su se faireaimer des adhérents. L’allégeance àson nom dépasse celle d’un simplecourant », juge encore M. Lipietz.

« ÉQUILIBRE DIFFICILE »En revanche, la rentrée s’avère

plus difficile. Le gouvernement doiten effet affronter une « zone de tur-bulences » : projets de loi, choixbudgétaire et européen... Si Domi-nique Voynet a choisi d’exprimer,samedi, cette « urgence » d’un pas-sage immédiat aux 35 heures,d’autres, au sein du parti, saurontlui rappeler des dossiers plus sen-sibles. Philippe Boursier, le porte-parle qui s’était opposé à l’allianceavec le PS avant les législatives,souhaite ainsi faire adopter par le

conseil national, ce week-end, uneopposition de principe à la privati-sation de France Télécom.

« Nous cherchons notre parole àtrois pattes », résume M. Hascoët.Mercredi soir, la tendance majori-taire des Verts (les amis de Domi-nique Voynet) s’est réunie pourfixer, dans un texte, un mode d’em-ploi pour chacun des trois « pôles »des Verts : groupe parlementaire,parti, gouvernement. Dans ce tex-te, Jean-Luc Bennahmias, le secré-taire national du mouvement, YvesCochet, le député, ou encore DenisBaupin, le conseiller de la ministre,s’inquiètent de certaines dérivessocialistes. « Au Parlement, le PSfait prévaloir son propre programmesur l’accord Verts-PS », écrivent-ils,jugeant que le « contrat se réinter-prète de jour en jour ». Pour le gou-vernement, ils rappellent que la« victoire n’autorise pas à régenter lasociété par décrets ».

« Nous devons nous garder de lavieille tactique communiste – mettre[le PS] au pied du mur, le pousser àl’erreur, dénoncer ses trahisons, ré-

cupérer les mécontents. Ça n’a pasmarché avec le PC, ça ne marcherapas avec nous », expliquent encoreles majoritaires dans ce texte inti-tulé « Une nouvelle étape pour lesVerts ». Toute la journée de mercre-di, les amis de Dominique Voynetont tenté, chacun à leur manière,d’éviter que la rapide déclarationde cette dernière sur l’avant-projetde loi Chevènement ne la place enporte-à-faux avec ses collègues dela majorité plurielle, mais aussi desmilitants Verts qui s’étaient trouvéstrès nombreux en 1996 pour mani-fester aux côtés des sans-papiers.« Dominique n’a pas encore trouvéce difficile équilibre entre ce qu’ellepeut dire comme Verte et ce qu’ellepeut dire comme ministre », confiaitun des dirigeants écologiste. Same-di 30 août, alors que le conseil na-tional des Verts doit « suspendre »,comme prévu, les activités deporte-parole de Dominique Voy-net, cette dernière s’essaiera à cetexercice délicat.

Ar. Ch.

M. Chevènement va consulter les associations

JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENTrencontrera, en fin de semaine pro-chaine, les organisations de soutienaux droits des étrangers. Selon leministère de l’intérieur, une demi-douzaine d’associations, « les plusanciennes et les plus présentes sur leterrain », seront reçues par le mi-nistre, son directeur de cabinet,Jean-Pierre Duport, et le conseillertechnique chargé de l’immigration,Patrick Quinqueton, étant chargésd’accueillir les autres.

Ces rencontres devraient se dé-rouler « après les derniers arbitragesgouvernementaux », précise-t-on auministère. L’objectif principal duministre de l’intérieur sera donc dedéfendre « la position du gouverne-ment », en expliquant « le sens de ceprojet ». Un « souci pédagogique »qui « ne ferme pas la porte à quel-ques évolutions », précise-t-on, PlaceBeauvau. « Nous souhaitons qu’au-delà du mot « abrogation », les asso-ciations nous indiquent les pointstechniques qui, dans le projet, leurparaissent les plus sensibles, ajoute-t-on. Ces observations pourront avoirleur traduction lors du débat parle-mentaire. »

DÉBAT « INEPTE »Autant dire que M. Chevènement

n’entend remettre en cause ni laphilosophie ni l’équilibre de sonprojet. A ceux qui, depuis une se-maine, lui reprochent d’avoir re-noncé à l’abrogation des lois Pas-qua, il a répondu, mercredi 27 août,qu’il jugeait ce débat « inepte ».« Derrière cette querelle de mots secache une surenchère permanente vi-sant à la suppression de tout contrôleà l’entrée du territoire national », a-t-il affirmé. « Ce n’est pas une thèse ré-publicaine, ce n’est pas la thèse dugouvernement », a-t-il ajouté.

Le débat promet donc d’être hou-leux, d’autant que la liste des asso-ciations dénonçant le projet gou-vernemental s’allonge. La sectionfrançaise d’Amnesty International« regrette que certaines avancées si-gnificatives envisagées par le projetsocialiste ou le rapport de PatrickWeil n’aient pas été reprises ».France terre d’asile dénonce « le ca-ractère particulièrement indigent »de l’avant-projet de loi. Enfin, inter-rogé par L’Humanité, le président dela Ligue des droits de l’homme,Me Henri Leclerc, estime quel’avant-projet « ne touche pas auxtrès grandes aggravations faites parMM. Pasqua et Debré », et en ap-pelle aux parlementaires : « Je nepeux pas arriver à croire [qu’ils] serenieront. »

Nathaniel Herzberg

Les Verts confrontés à l’exercice de la participation gouvernementaleEn exigeant l’abrogation des lois Pasqua et Debré sur l’immigration et le passage aux 35 heures sans délai, le mouvement écologiste met

en porte-à-faux Dominique Voynet. Le premier ministre assure qu’il respecte ses engagements et veut maintenir le dialogue avec la gauche associative

Les dirigeants socialistes se défendent de ne pas respecter leurs engagements

LIONEL jOSPIN avait réagi dèsmardi 26 août, à la sortie du bu-reau national du PS. François Hol-lande, premier secrétaire délégué,est revenu à la charge mercredi. Al’Hôtel Matignon comme rue deSolferino, chacun en est convain-cu : la polémique engagée depuisquelques jours sur l’avant-projetde loi sur l’immigration est unemauvaise querelle. En reprochantau gouvernement d’avoir renoncéà « abroger » les lois Pasqua et De-bré, les associations de défense desdroits des étrangers, voire telle outelle composante de la majorité,joueraient sur les mots.

Mais chacun reste vigilant pouréviter que ce débat ne dérape.François Hollande l’a donc réaffir-mé : « Il n’y a pas et il n’y aura pastromperie sur les engagements élec-toraux. ». Le texte préparé parJean-Pierre Chevènement est « toutà fait conforme », a-t-il assuré, à cesengagements : rétablissement dudroit du sol, du droit à une vie fa-miliale normale pour les immigréset d’un droit d’asile conforme à latradition républicaine, et suppres-sion de bon nombre de tracasseriesadministratives qui ne sont ni res-pectueuses des droits de la per-sonne, ni efficaces.

Il y a donc bien, aux yeux du pre-mier secrétaire délégué, un « pro-blème de mots ». « Ce qui compte,c’est le contenu des dispositions. Or,il est clair que celles-ci conduisent àl’abrogation de toutes les disposi-tions de l’ordonnance de 1945 sur ledroit des étrangers qui sontcontraires aux principes de la Répu-blique et aux droits des personnes. »« Le premier ministre est en conti-nuité avec ce qu’il a affirmé et dé-

fendu depuis des années », assure-t-on également avec vigueur du côtéde Matignon. Au-delà des proposde campagne – durant laquelle Lio-nel Jospin avait, une fois, employépubliquement le mot « abroga-tion » – l’on estime que la base desengagements socialistes en la ma-tière est le texte adopté par les mi-litants puis par la convention na-tionale de juin 1996.Conformément à ce programme,ajoute-t-on, le projet de loi encours de préparation « va bienabroger les dispositions apportéespar les lois Pasqua et Debré » qui nesont pas respectueuses du droitdes personnes.

« MARGES DE MANŒUVRE »Reste le débat de fond sur lequel

les dirigeants socialistes n’en-tendent pas dévier de la voie tracéedepuis deux ans. « C’est là, effecti-vement, qu’il peut y avoir un écart »avec l’analyse et les revendicationsdes associations de défense desétrangers, admet François Hol-lande. Mais il ajoute que la posi-tion du PS est constante : à ceuxqui réclamaient la suppression detoute barrière à l’entrée des étran-gers en France, « nous avons tou-jours répondu que, parallèlement àla tradition d’accueil, nous enten-dions assurer l’effectivité de la loi ré-publicaine à l’égard des étrangers ensituation irrégulière. Ce n’est pas unenouveauté et il n’est pas possible dechanger de logique ».

Pour autant, chacun se dit atten-tif aux réactions des associations etsoucieux de continuer à dialogueravec elles. Quant aux critiques quisont venues de tel ou tel compo-sante de la majorité, les dirigeants

socialistes veulent faire la part deschoses, tout en rappelant chacun àses responsabilités. A la mise engarde des Verts, mardi, l’on opposevolontiers la solidarité sans failleaffichée, mercredi, par leur diri-geante et membre du gouverne-ment, Dominique Voynet. Demême, l’on ne semble guèrecraindre de faille sérieuse, sur ceterrain, avec les communistes. En-fin, en dépit de la réaction très ra-pide du Mouvement des jeunes so-cialistes – qui, comme le rappelleson président, Régis Juanico, a tou-jours plaidé en faveur de l’« abro-gation » des lois Pasqua-Debrépour « bien marquer une vraie rup-ture avec la politique précé-dente » –, on n’imagine pas que cesujet puisse perturber les débats del’université d’été du PS, quicommence à La Rochelle, vendredi29 août.

Mais l’on est jamais tropprudent. Ainsi, à Matignon commerue de Solferino, on souligne que ledébat ne fait que commencer. Nonseulement, il reste des points endiscussion au sein même du gou-vernement qui doit à nouveau endébattre la semaine prochaine.Mais toute la procédure de consul-tation ultérieure, puis la discussionparlementaire, laissent « desmarges de manœuvre », assureFrançois Hollande, dès lors quel’équilibre de la démarche est pré-servé. Personne ne doute, enfin,que Lionel Jospin saisira l’occasionde son discours devant les socia-listes à La Rochelle, dimanche,pour désamorcer – ou tenter de lefaire – cette polémique.

Gérard Courtois

MAJORITÉ Réunis, à Calais dumardi 26 au dimanche 31 août pourleurs journées d’été, les Verts ont ma-nifesté leur volonté de continuer àfaire entendre leur différence au sein

de la gauche. Yves Cochet, député duVal-d’Oise, a expliqué au Monde qu’ilne voterait pas « en l’état » le projetde loi sur l’entrée et le séjour desétrangers en France, préparé par le

ministre de l’intérieur. DominiqueVoynet doit, samedi, s’exprimer de-vant ses amis. b JEAN-PIERRE CHEVÈ-NEMENT a jugé « inepte » le débaten cours sur l’abrogation des lois de

ses prédécesseurs. Il a annoncé qu’ilrencontrerait les associations de sou-tien aux immigrés après les ultimesarbitrages interministériels sur sonprojet. b FRANÇOIS HOLLANDE, pre-

mier secrétaire délégué du PS, s’em-ploie à désamorcer cette polémiqueen assurant que le texte gouverne-mental est conforme aux engage-ments socialistes.

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F R A N C E LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 / 7

La mairie de Vitrollesaccuse le commissariatde police de « laxisme »

La municipalité FN a lancé une pétitionMARSEILLE

de notre correspondant régional« Et si le commissariat poursuivait

les délinquants ? » a titré, dans sondernier numéro, La Lettre du mairede Vitrolles, supplément au journalde la municipalité Front national.L’article relatait l’incident qui, le16 août, avait vu un habitant de laville tirer sur des jeunes gens (LeMonde du 19 août). Le journal de lamairie de Catherine Mégret pré-tendait que la raison majeure du« pourrissement de la situation »était « que le commissariat de policede Vitrolles ne bouge pas », assuraitque « pour des dégradations contreles biens municipaux, vols, effrac-tions, et jusqu’à de multiples agres-sions contre des élus en exercice (...),des dizaines de plaintes sont restéeslettre morte ». Une pétition « contrele laxisme du commissariat de policenationale » figurait à la fin de cetarticle.

Le préfet de région, Jean-PaulProust, a répondu, lundi 25 août,par un communiqué. Il rappelaitd’abord que « les fonctionnaires de

la police nationale sont intervenusdans les délais les plus brefs » le soirde l’accrochage. Il ajoutait que« depuis 1994, la délinquance devoie publique sur la circonscriptionde Vitrolles est en diminutionconstante (...), preuve de l’activité dela police nationale et de la présencedes fonctionnaires sur le terrain ».

Un syndicat de policiers prochede la droite, Alliance, a lui aussi ré-pondu à la municipalité de Vi-trolles. Il « considère cette dé-marche comme une tentative dedéstabilisation de la police nationaleà des fins exclusivement politiques[dont] l’objectif est clair : asseoirl’autorité de sa police municipalequi serait ainsi la garde prétoriennede la municipalité ». La mairie aprécisé, mercredi 27 août, qu’ellene mettait pas « en cause le profes-sionnalisme et la volonté de travaildes hommes et des femmes ducommissariat », mais le commis-saire de police, ajoutant : « Les po-liciers sont nos amis. »

Michel Samson

Le commerce extérieur a dégagéun nouvel excédent record en juin LE SOLDE de la balancecommerciale a enregistré,en juin, un nouveau record :après avoir dégagé un excédentde 16,267 milliards de francs enmai, le commerce extérieur a étéexcédentaire de 18,784 milliardsen juin en données corrigées desvariations saisonnières et desjours ouvrables, selon les don-nées publiées, jeudi 28 août, parla direction des douanes. Les ex-portations ont progressé pouratteindre 137,195 milliards defrancs (contre 135,832 milliardsen mai), alors que les importa-tions fléchissaient à 118,411 mil-liards (119,565 milliards en mai).Sur les six premiers mois de l’an-née, le solde cumulé s’établit à80,576 milliards, contre37,521 milliards sur la mêmepériode de 1996.

M. Strauss-Kahn juge possibleun déficit de 2,9 % du PIB en 1998LE MINISTRE de l’économie et des finances, Dominique Strauss-Kahn, confirme que la croissance pourrait atteindre 3 % en 1998, dansun entretien accordé au Nouvel Observateur (daté 28 août). Interrogépar la radio publique allemande, mercredi 27 août, il s’est déclaré trèsoptimiste sur la réduction des déficits publics, les rentrées fiscalesplus importantes que prévu en 1998 et une progression des dépensesde l’Etat contenue au niveau de l’inflation prévue (1,5 %, peut-être unpeu moins) permettant, selon lui, de respecter le critère de 3 % duPIB. « Je pense qu’à la fin de l’année, nous nous situerons dans ce cadre,a-t-il précisé. Peut-être atteindrons-nous même les 2,9 %. »

DÉPÊCHESa SONDAGE : le premier ministre voit sa cote de confiance enre-gistrer une hausse de quatre points en un mois, selon un sondage réa-lisé par CSA, les 18 et 19 août, auprès d’un échantillon national de1 004 personnes, pour La Vie et France-Info. Lionel Jospin recueille49 % d’opinions positives, contre 36 % d’opinions négatives (en baissede 2 points). Le président de la République enregistre une hausse desa cote de confiance de 1 point, à 44 %, contre 43 % d’opinions néga-tives.a DÉCENTRALISATION : Antoine Rufenacht, président (RPR) duconseil régional de Haute-Normandie, a qualifié d’« extrêmementregrettable », mercredi 27 août, la décision annoncée par le premierministre de ne pas modifier le mode de scrutin des élections régio-nales. « En prônant le renforcement de la décentralisation, notammentau niveau de l’emploi, et en ne créant pas les conditions de ce renforce-ment, le Parti socialiste pratique le double langage », a-t-il indiqué.a IMMIGRATION : Claude Goasguen, secrétaire général de l’UDF,estime, dans un entretien publié jeudi 28 août par Le Parisien, que« Lionel Jospin a choisi la voie du bon sens en essayant de sortir l’immi-gration d’un débat empoisonné ». « Je ne peux que saluer la décision dugouvernement de ne pas abroger les lois Pasqua-Debré », précise-t-il.a SATISFECIT : Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT, a dé-claré au Nouvel Observateur (daté 28 août) que « sur la plupart des ac-tions engagées, le gouvernement a eu à la fois une bonne pratique et unebonne méthode ». « Il a fait preuve d’honnêteté intellectuelle et de res-ponsabilité », a-t-elle ajouté, citant l’Europe, les entreprises publiqueset l’assurance-maladie.a TOULON : Jean-Marie Le Chevallier, maire (FN) de Toulon, a in-terdit, mercredi 27 août, le rassemblement du collectif Mémoire vi-vante, composé de 31 organisations, qui souhaitait commémorer, jeu-di, le 53e anniversaire de la libération de Toulon en marge descérémonies officielles, ces dernières n’étant pas, selon lui, représenta-tives des valeurs de la Résistance et de la Libération. Le collectif a dé-cidé, en accord avec le préfet du Var, Hubert Fournier, de maintenir lerassemblement, tout en le décalant d’une centaine de mètres, pour« éviter toute provocation ». En 1996, leur initiative avait été interditepar le préfet, Jean-Charles Marchiani.

Le FN attend « avec gourmandise » le scrutinrégional pour battre la droite et la gauche

Le parti d’extrême droite veut supprimer les subventions aux associations luttant contre le sida

19971996J A S O N D J F M A M J

15,616,6

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

Excédents en milliards de francs (CVS)

Source : Douanes

18,8

9,610,510,7

7,86,3

11,4

6,5

10,9

8,4

Le mouvement de Jean-Marie Le Pen a mis àl’ordre du jour de son université d’été, qui setient à Orange, la préparation des élections ré-

gionales de mars 1998. Il veut prouver que « na-tionalisme » et « régionalisme » sont conci-liables. Il est persuadé qu’elles se traduiront par

la défaite de la gauche et de la droite et qu’il au-ra donc à gérer des régions. Il prévoit la disloca-tion du RPR et de l’UDF.

ORANGEde notre envoyée spéciale

Qu’y a-t-il de commun entre unGeorges-Paul Wagner, avocat,membre du bureau politique duFront national, nostalgique des« provinces monarchiques » dotéesde pouvoirs étendus, un BrunoGollnisch, secrétaire général duparti d’extrême droite, qui, évo-quant les nombreux échelons del’organisation territoriale, cite leJapon, « où il n’y a pas de régionsmais seulement des départe-ments » ? Rien, sinon la convictionqu’aujourd’hui le combat des na-tionalistes passe par un « enraci-nement » lié au régionalisme cultu-rel.

Le thème de la treizième univer-sité d’été du Front national, orga-nisée du lundi 25 au vendredi29 août à Orange, est sans ambi-guïté : « Pour la France, le combatrégional. » Les orateurs qui se sontsuccédé depuis lundi à la tribunese sont appliqués à montrer – ci-tant fréquemment Maurras, Bar-rès, Mistral – que nationalisme et

régionalisme n’étaient pas in-compatibles. Le chrétien traditio-naliste Bernard Antony, respon-sable de l’organisation del’université, a même émis le sou-hait qu’« aux prochaines électionsle Front national apparaisse commele grand mouvement régionaliste etnationaliste ». Deux députés euro-péens, Yvan Blot et Jean-ClaudeMartinez, avaient, eux, pour mis-sion d’introduire des distinguosavec les « séparatistes » partisansde l’« Europe des régions », qui« œuvrent contre les nations » etdoivent donc être combattus.

« DOUBLE COUP DE BALAI »Ce n’est que mercredi matin que

les « universitaires » ont abordéen séance plénière, avec le secré-taire national chargé des élus,Jean-Yves Le Gallou, le sujet pro-prement dit des élections régio-nales. Des élections que le Frontnational attendrait, selon lui,« avec gourmandise », car il prévoitque « mars 1998 va être l’occasiond’un double coup de balai : sur le

RPR et l’UDF, qui gèrent vingt desvingt-deux régions, et sur le PS et lesVerts, qui gèrent les autres ». LeFront national se propose, biensûr, de précipiter leur défaite en« frappant fort contre la gauche, quigère les affaires gouvernementales,et la droite, qui dirige les régions ».

Comme le délégué général Bru-no Mégret, Jean-Yves Le Gallou estconvaincu que, « dans le mondepolitique tripolaire, avec d’un côtéle bloc de gauche PS-PC-Verts, del’autre le bloc national, avec lesélecteurs de gauche qui viendronts’agréger au Front national, et aumilieu le magma centriste RPR-UDF, dans ce monde, le pôle natio-nal, le FN, peut arriver en tête ».« Nous devons nous préparer à gé-rer des régions et proposer un nou-vel horizon », a-t-il expliqué enprécisant que ce nouvel horizon« ne se bornera pas aux compé-tences définies par les lois de décen-tralisation ». Le mouvement d’ex-trême droite entend en effetenfourcher ses thèmes favoris surla sécurité, l’emploi, la fiscalité et

la moralité. Parmi ses proposi-tions, le renvoi des délinquants deslycées, la création d’une police ré-gionale des transports ou l’arrêtdes subventions aux associationsluttant contre le sida, car « les pra-tiques sexuelles peu orthodoxes nejustifient pas un financement pu-blic ».

Abordant en final la questionsensible des rapports avec les par-tis de la droite républicaine, Jean-Yves Le Gallou a renvoyé la balledans l’autre camp : « Le problèmedes alliances, ce n’est pas tellementle nôtre ; c’est beaucoup plus celuidu RPR et de l’UDF. En 1998, nullepart l’une des trois forces n’obtien-dra la majorité à elle toute seule.Ceux qui sont en position centriste– et dans ce coup-là, c’est le RPR etl’UDF – auront à se décider : soits’allier avec la gauche contre le FN,soit s’allier avec le FN contre les so-cialo-communistes. » « A ce jeu, leRPR et l’UDF vont achever de se dis-loquer », a-t-il rêvé tout haut.

Christiane Chombeau

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S O C I É T ÉLE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997

Michelle Perrot, professeur, auteur de l’« Histoire des femmes en Occident » et spécialiste des prisons

« Il y a une culture virile de la violence, alors que la délinquance féminine est plus secrète »

Au centre de détention de Rennes, les « face-à-face terribles avec soi-même »RENNES

de notre envoyée spécialeDerrière les hauts murs d’en-

ceinte du centre de détention deRennes (Ille-et-Vilaine), deux cent

vingt-cinq femmes de tous âgesvivent à l’écart de la société. Venuesdes quatre coins de France, elles fi-nissent ici de purger les trèslongues peines auxquelles elles ontété condamnées, le plus souventpour meurtre ou assassinat, traficde stupéfiants, complicité de violsou d’agressions sexuelles. Dixd’entre elles ont été condamnées àla perpétuité. Toutes sont profon-dément marquées par la gravité deleur infraction et tentent de gérer,tant bien que mal, les longues an-

nées d’enfermement qui leurrestent à vivre.

« Jamais je n’ai vraiment penséque ce que j’ai pu commettre meconduirait un jour à la prison. » In-carcérée depuis bientôt six ans,Anaïs a longtemps tourné et re-tourné les motifs de sa condamna-tion, ce moment où, pour elle,« tout a basculé ». Condamnée àdix-huit ans de réclusion criminellepour une affaire passionnelle, cettepetite femme douce a appris à subir« ces face-à-face terribles avec soi-même », quand défilent les imagesdes heures sombres où elle croyaitperdre la raison. A cinquante-sixans, elle n’a plus de haine. Peu luiimporte dorénavant la garde à vuehumiliante où elle s’est sentie avi-lie, l’instruction qui n’en finissaitplus, l’avocat général de la courd’assises qui l’a décrite comme le« cerveau » d’une machination quila dépassait. Le temps a fait sonœuvre : de son passé, il ne restequasiment rien.

Aujourd’hui, Anaïs, que ses co-

détenues appellent « mamie », veutcroire que son interminable déten-tion peut redonner sens à sa vie.Impliquée dans toutes les activitésdu centre pénitentiaire, elle fait fi-gure de détenue modèle. Paisible etdétachée, elle ne semble pas souf-frir de la promiscuité de la déten-tion, dans un univers pourtant ex-clusivement féminin, ambigu etconflictuel. « J’essaie de ne pas pen-ser au passé des filles, explique-t-elle. Elles ne sont pas toutes pourries,loin de là. Et si beaucoup ont le verbehaut, c’est qu’elle veulent se protéger.Ce n’est qu’une carapace qu’elles seforgent de peur de souffrir. »

Andrée, elle, a choisi. Sa carapacesera le rire, comme antidote à la va-cuité de sa vie. Condamnée à vingtans de détention, cette femme forteau rire puissant étonne par sagrande vitalité. Andrée a quarante-neuf ans aujourd’hui et elle a déjàpassé douze ans derrière les bar-reaux. « Avant d’arriver à Rennes,j’avais déjà fait plusieurs maisonsd’arrêt, se souvient-elle. Mais

quand je suis entrée dans ma cellule,ici, j’ai eu un choc. J’ai eu très peurde toutes ces années à passer. Alors jeme suis promis que j’en sortirai libre.Cela m’a donné une force. » « Je nesuis pas en prison, poursuit-elle. J’ysuis physiquement, mais ma tête n’yest pas, elle ne doit pas y être. Ici,seules celles qui sont résistantespeuvent tenir le choc, arriver à nepas être avalées. »

« NE RIEN ATTENDRE DES AUTRES »Parce que la prison est un lieu

« où on est en danger tous les jours »,Andrée s’est taillé une « stature mo-rale », une autorité que le poids desans n’a fait qu’accentuer. Mais lasolitude lui pèse. La confiance estdifficile à accorder, l’amitié réelletrop rare. « Pour ne pas être déçue, ilne faut rien attendre des autres, ré-sume-t-elle. Sans compter quebeaucoup de femmes sont dans dessituations psychologiques trèslourdes. Pour elles, rien n’est adapté,ni les locaux ni le personnel, et en-core moins le fait de vivre avec

d’autres détenues. » Andrée avoueavoir, en tant que mère, beaucoupde difficultés à côtoyer les femmescondamnées pour violences à en-fants ou infanticide. « Je m’astreinsà ne pas les juger, mais c’est dur àgérer », lâche-t-elle simplement.

Toutes n’ont pas ce détachement.Condamnée à sept ans de déten-tion alors qu’elle était encore mi-neure, Isabelle a « très peur de laviolence potentielle » des autresfemmes. Jeune, trop jeune assuré-ment pour vivre aux côtés degrandes criminelles, Isabelle a dé-veloppé une peur panique de« celles qui ont dérapé et quisemblent à tout moment pouvoir re-commencer ». Elle, l’ancienne petitecaïd des cités, vit très mal ce mé-lange des genres. « Au début de mapeine, j’étais à Fleury [à la maisond’arrêt des femmes dans l’Es-sonne]. Là-bas, il y avait surtout desjeunes comme moi, condamnéespour des vols, des trafics de stup. Jen’avais pas peur, c’était mon propremilieu, je pouvais encore jouer à la

rebelle. Ici, il y a des homicides, deshistoires terribles. Quand je suis arri-vée, j’ai eu l’impression d’entrer enpsychiatrie. Certaines sont là depuistellement longtemps qu’elles ont prisla couleur des murs. Pour moi, ellessont devenues du granit, despierres. »

En silence, elle roule une ciga-rette. « Il faut dire ce qui se passe ici,reprend-elle. Enfermer simplementces femmes n’est pas une solution. Ilfaudrait différentes structures pourles personnes condamnées, des prisesen charge différentes ». Elle qui sor-tira dans quelques mois s’inquiètedu sort « des détenues actuelles etfutures ». « Aujourd’hui, je suis entrain de m’en sortir, mais tout lemonde n’a pas fait ce chemin-là,analyse-t-elle. Il y aura de plus enplus de jeunes qui seront incarcéréscomme moi, j’en suis persuadée. Ilfaut absolument qu’on trouve des ré-ponses adaptées pour ne pas les lais-ser sombrer dans l’oubli. »

C. P.

REPORTAGEAnaïs, Andrée,et Isabelle tententde donner un sensà leur enfermement

PRISONS Bien que majoritairesdans la population, les femmesrestent sous-représentées dans lesstatistiques pénales : elles ne consti-tuent que 11 % des personnes

condamnées en 1992 et seulement4 % de la population carcérale.Mises en cause pour des délits liés àla sphère privée, elles bénéficientd’un traitement judiciaire plus favo-

rable que les hommes. b SELONL’HISTORIENNE MICHELLE PERROT,la délinquance des femmes, canton-née à la sphère privée, est plus se-crète et inégalement poursuivie.

« Actuellement, les pouvoirs publicscombattent des formes de délin-quance qui ne sont pas celles desfemmes, comme le vol de voituresou le trafic de stupéfiants. » b AU

CENTRE DE DÉTENTION de Rennes,trois femmes condamnées à delongues peines racontent leur soli-tude et leur difficulté à vivre en-semble.

La justice est plus clémente envers les femmes qu’envers les hommesLes détenues ne représentent que 4 % de la population carcérale. Commettant moins de crimes et délits que la population masculine,

elles bénéficient en outre d’un traitement judiciaire plus favorable, sauf lorsqu’elles ont commis des violences sur leurs enfantsLA DÉLINQUANCE et la crimi-

nalité feraient-elles partie des der-niers bastions de l’inégalité dessexes ? Bien qu’en France lesfemmes soient plus nombreusesque les hommes – 51 % de la popu-lation au recensement de 1990 –,elles sont encore largement mino-ritaires dans les statistiques poli-cières et judiciaires. Une inégalitéqui joue, en fait, en faveur desfemmes.

Dans une étude intituléeFemmes, délinquances et contrôlepénal, France-Line Mary, socio-logue et démographe, montre ainsique la place des femmes dans lesystème de répression pénal restemarginale. En 1993, elles ne repré-sentaient que 14 % des personnesmises en cause par la police et lagendarmerie, 13 % des inculpésdont l’instruction s’est close en1992, 11 % des condamnés de lamême année, 5 % des personnesécrouées en 1994 et seulement 4 %de la population carcérale au1er juillet 1996. « La sous-représenta-tion quantitative des femmes encontact avec les principales institu-tions de répression et de contrôle pé-nal est un phénomène séculaire et,semble-t-il, universel », écritMme Mary.

Ces chiffres moyens cachent,toutefois, de grandes disparités.

Isolant des spécificités fémininesen matière de délinquance, France-Line Mary constate qu’il existe uneplus grande proportion de femmesmises en cause pour les infractionsrelevant de l’économie domestique– délits sur les chèques – ou pourles infractions contre les biens– vols et recels. Les femmes sontaussi très présentes, en tant quemères, dans le domaine des at-teintes à la famille et à l’enfant encas de violences, de mauvais traite-ments, d’abandon, voire d’infanti-cide. A l’inverse, elles sont sous-re-présentées dans les secteurs quiconstituent les cibles prioritairesdes politiques de sécurité pu-blique : infractions à la législationsur les stupéfiants, atteintes àl’ordre public, destructions et dé-gradations, atteintes aux per-sonnes ou aux mœurs.

« DIFFÉRENCIATION »France-Line Mary constate éga-

lement que la justice se montreplus clémente envers les femmes,et ce, quelle que soit la gravité desinfractions. Cette mansuétude desmagistrats se traduit, lors de l’ins-truction, par un moindre recours àla détention provisoire : 78 % desfemmes inculpées en 1992 sont res-tées en liberté, contre 55 % deshommes. La même année, les

juges ont incarcéré 57 % desfemmes inculpées pour crimecontre 72 % des hommes et 20 %des femmes inculpées pour délitcontre 43 % des hommes. « C’estdonc bien le bénéfice du droit à la li-berté qui distingue les deux sexes etjoue en faveur des femmes, conclutMme Mary. Cette situation ne doitrien à la répartition des populations

selon la qualification de l’infractionprincipale. » La même logique estprésente lors du procès, dans lesstatistiques qui concernent lescondamnations. En 1992, toutes in-fractions confondues, 19,1 % descondamnés hommes se sont vu in-fliger une peine de prison fermecontre seulement 8,2 % desfemmes. Les femmes bénéficient,

en outre, plus souvent de peinesavec sursis. « A l’évidence, le sous-emprisonnement ferme des femmesne semble pas devoir s’expliquer au-trement que par des mécanismes dedifférenciation liés au sexe des justi-ciables », souligne France-Line Ma-ry.

ATTITUDES DE REJETCette clémence se retrouve dans

les statistiques qui concernent laprison. A ce stade, les infractionspunies d’emprisonnement fermesont globalement les mêmes pourles hommes comme pour lesfemmes : elles concernent des ho-micides volontaires, des infractionsà la législation des stupéfiants ou àla police des étrangers, des viols oudes atteintes aux mœurs. Tous dé-lits et crimes confondus, la duréemoyenne de détention des femmesest toujours plus courte que celledes hommes : en 1994, elle s’élevaità 5,6 mois pour les femmes contre7,2 mois pour les hommes.

Le seul domaine dans lequel lajustice se montre particulièrementsévère à l’égard les femmes est ce-lui des atteintes à la personne et àla famille. C’est la seule infractionpour laquelle la durée moyenne dedétention des femmes est supé-rieure à celle des hommes :3,9 mois contre 2,6. Tout se passe

comme si, pour la société, ces at-teintes qui touchent essentielle-ment les enfants étaient moinsbien tolérées quand elles ont étécommises par une femme que parun homme.

« Toutes les études qualitativesportant sur les femmes détenuessoulignent qu’au sein de l’universcarcéral les femmes qui ont porté at-teinte à leur enfant sont celles àl’égard desquelles se manifestent leplus souvent des attitudes de rejet,ce aussi bien de la part des autresdétenues que des différents person-nels pénitentiaires », renchérit ladémographe.

Apparemment, les « mauvaisesmères » sont les seules à ne pas bé-néficier de la mansuétude accor-dée aux femmes dans le systèmepénal. Mme Mary rapproche ce phé-nomène de la réprobation encou-rue, dans les prisons masculines,par les agresseurs sexuels.

Cécile Prieur

. Femmes, délinquances etcontrôle pénal, analyse sociodémo-graphique des statistiques adminis-tratives françaises, France-Line Ma-ry, coll. « Etudes et donnéespénales », no 75, Centre de re-cherche sociologique sur le droit etles institutions pénales, 1996.

HOMICIDES VOLONTAIRES

VIOLS

CRIMES

DÉLITSVOLS, RECELS

ESCROQUERIES

CIRCULATION ROUTIÈRE

CHÈQUES

ATTEINTES À LA FAMILLE

ATTEINTES AUX MŒURS

INFRACT. SUR LES STUPÉFIANTS

COUPS,VIOLENCES VOLONTAIRES

hommes = 506; femmes = 87

h = 129 108; f = 19 135

h = 876; f = 16

h = 13 885; f = 3 436

h = 115 187 f = 5 893

h = 2 521; f = 1 274

h = 23 152; f = 2 041

h = 8 376; f = 1 124

h = 6 392; f = 283

h = 19 775; f = 2 076

hommes femmes

Sour

ce :

Justi

ce,C

asie

r Jud

iciai

re

Une "minorité" dans les statistiques judiciaires

CONDAMNÉS EN 1992 SELON LA NATURE DE L'INFRACTION

« Les femmes ont-elles toujours étémoins concernées que les hommes parla délinquance et les peines privativesde liberté ?

– Oui, la différence des sexes dans la dé-linquance, la pénalité et les modes de pu-nition est un phénomène ancien. Loin des’atténuer, il perdure. On peut mêmeconsidérer que depuis deux siècles l’écarts’est accru. Au dix-huitième siècle, lesfemmes étaient proportionnellement plusnombreuses qu’aujourd’hui devant les tri-bunaux. Vers 1820, une personne sur troisimpliquée dans un fait délictueux était unefemme et un tiers des prisonniers étaientde sexe féminin.

» A l’époque, beaucoup de femmesétaient poursuivies pour émeute de subsis-tance en période de pénurie et délit fores-tier. Or, les émeutes de subsistance ont dis-paru avec un meilleur approvisionnement.Quant aux délits forestiers, ils ont été dé-pénalisés en 1832, car on considérait que leramassage de fagots ne troublait pasl’ordre public. Ces deux exemplesmontrent que la délinquance est un fait so-cial construit. L’illégalisme féminin semblemoins gêner l’ordre public que son corres-pondant masculin. De nos jours et de lamême façon, la dépénalisation deschèques sans provision, intervenue en1991, a fait chuter les taux de délinquanceféminine.

– Comment expliquer cette sous-re-présentation des femmes ?

– Moins présentes dans l’espace public,les femmes y sont aussi moins violentes.Non par nature, mais en raison du modede construction des identités sociales. Audix-neuvième siècle, la notion de féminitése construit autour des idées de douceur,de résignation, de sobriété. Les femmessont cantonnées à la sphère privée, tandisque la virilité implique la défense de l’hon-neur, la glorification de la force physique,voire celle de l’excès. Il y a une culture vi-rile de la violence, dont les femmes fontd’ailleurs souvent les frais, notamment enmatière de sexualité. On observe égale-ment une construction de l’idéal type dujeune garçon qui passe par une certaineviolence. Aujourd’hui encore, les bandesdes jeunes de banlieue sont masculines, etles filles qui s’y hasardent sont fortementblâmées par leur entourage et leur famille.

» La délinquance féminine, cachée ausein de la famille, est plus secrète et iné-galement poursuivie. Il y a cependant unesphère de la délinquance féminine quiconcerne ce domaine privé. Pendant long-temps, l’avortement fut toléré, avant defaire l’objet d’une répression renforcée.Très réprouvée socialement, la maltrai-tance des enfants est sévèrement punie et,dans les prisons, la « mauvaise mère » estl’équivalent du délinquant sexuel, le« pointeur » mis en quarantaine chez leshommes. Il y a une autre forme de délit fé-minin : le délit dit « astucieux », le faux enécriture par exemple. Plus de ruse et moins

de violence directe. La délinquance pro-longe et traduit les modes de vie et les ma-nières de faire.

» Actuellement, les pouvoirs publicscombattent des formes de délinquance quine sont pas celles des femmes, comme levol de voitures ou le trafic de stupéfiants,qui remplit aujourd’hui les prisons.

« Les pouvoirs publicscombattent des formesde délinquancequi ne sont pascelles des femmes »

– Les femmes semblent bénéficierd’une certaine indulgence de la ma-chine judiciaire. Cela a-t-il toujours étéle cas ?

– Ce n’est pas nouveau. Entre d’abord enjeu la considération, matérielle et symbo-lique, pour la mère. Incarcérer une mèrede famille, c’est prendre le risque d’ac-croître le désordre de la rue. Exécuter unefemme, c’est se priver d’une mère poten-tielle.

» S’y ajoute, notamment au dix-neu-vième siècle, avec le nouveau code pénal,l’idée que la femme n’est pas punissable.

Pour Michelet, elle est juste pitoyable.Pour les mêmes raisons qui font d’elle descitoyennes mineures, elles ne sont pas res-ponsables, elles sont plutôt folles. Le volde « grands magasins », nouveau délit fé-minin au dix-neuvième siècle, est traitécomme une forme d’hystérie qu’il fautéventuellement soigner. Les femmes sontbonnes pour l’asile plus que pour la prison,qui s’organise comme une « maison deshommes ».

» Cette indulgence, qui a des effets bé-néfiques, a donc des racines ambiguës. Ilen reste encore quelque chose chez lesmagistrats d’aujourd’hui, comme s’ilsconsidéraient que les femmes ne sont tou-jours pas responsables. Ce qui expliquesans doute pourquoi, dans la Russie destsars comme dans l’Allemagne des an-nées 70, il y eut une revendication fémi-niste de la violence, pour rompre avec lesstéréotypes de la douceur et de l’exclusionpublique des femmes.

– Le fait que les femmes conquièrentles mêmes droits que les hommes nedevrait-il pas aboutir à une égalité dansla délinquance et les punitions ?

– On peut en faire l’hypothèse, avec tou-tefois deux réserves. D’une part, l’égalitédes droits et des rôles demeure largementthéorique. D’autre part, il y a une inertiede la délinquance, qui, liée à la grandepauvreté, retarde sur l’évolution desmœurs. Enfin, on peut espérer – sans tropy croire – que le modèle féminin d’un

moindre recours à la violence gagne duterrain. D’une autre manière, c’était unpeu l’espoir de celles qui se sont battuespour la parité en politique.

– Les prisons pour femmes vous pa-raissent-elles différentes de celles deshommes ?

– Les prisons ont été faites pour lesfemmes. Avant la Révolution française, leshommes étaient envoyés aux galères, alorsque les femmes, les vieillards et les enfantsétaient condamnés à la prison. Lorsqu’onsupprime les autres formes de punition, laprison devient la punition de tous. Au dix-neuvième siècle, la séparation des sexesdevient le principe d’organisation fonda-mental, avec deux modèles disciplinaires :l’armée pour les hommes, la religion pourles femmes. A partir de 1830, les femmessont surveillées par des religieuses, dansun monde de travail, de prière et, surtout,de silence, qu’Edmond de Goncourt, dansson roman La Fille Elisa, dénonçait commeantinomique de la nature des femmes.

» Dans le monde mixte d’aujourd’hui,l’univers carcéral demeure un îlot de non-mixité, dont les enquêtes récentes sou-lignent la spécificité : moindre violence,mais aussi plus grande pauvreté et isole-ment social et familial. Minorité, lesfemmes incarcérées sont aussi particuliè-rement abandonnées. »

Propos recueillis parMichèle Aulagnon

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S O C I É T É LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 / 9

Michel Mouillot est maintenuen détentionLA DEMANDE DE MISE EN LIBERTÉ sous contrôle judiciaire del’ancien maire (PR) de Cannes, Michel Mouillot, écroué depuis le19 juillet 1996, a été rejetée, mercredi 27 août, par la chambre d’ac-cusation de la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Le procureur géné-ral avait requis, pour la première fois, la libération de l’ancien éluincarcéré pour des faits de corruption découverts dans le cours del’affaire des casinos cannois. L’avocat de M. Mouillot, Me FrançoisSaint-Pierre, a annoncé leur décision de se pourvoir en cassation etde déposer une huitième demande de mise en liberté pour sonclient, toujours hospitalisé en détention à Nice à la suite d’unegrève de la faim. – (Corresp.)

Xavier Emmanuelli présiderale Haut Comité pour le logementdes personnes défavoriséesL’ANCIEN SECRÉTAIRE D’ÉTAT à l’action humanitaire d’urgencedu gouvernement Juppé, président du SAMU social de Paris, XavierEmmanuelli, doit être nommé président du Haut Comité pour le lo-gement des personnes défavorisées par Jacques Chirac. Il prendraofficiellement ses fonctions mardi 2 septembre, à l’occasion de laremise du rapport annuel du Haut Comité au président de la Répu-blique. M. Emmanuelli remplacera Louis Besson, nommé secrétaired’Etat au logement dans le gouvernement de Lionel Jospin. M. Bes-son présidait le Haut Comité depuis sa création, en décembre 1992.

DÉPÊCHESa JUSTICE : le SRPJ de Versailles chargé, depuis juillet, de l’en-quête sur l’existence d’emplois fictifs au sein du conseil généralde l’Essonne a reçu, début août, des éléments d’une lettre provi-soire de la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France. Ce do-cument dénonce l’« absence » d’une dizaine de personnes – dontXavière Tiberi – au cabinet du président du conseil général, XavierDugoin (RPR), où elles étaient officiellement employées. Cettetransmission renforce les soupçons pesant sur Mme Tiberi et surl’entourage familial et politique de M. Dugoin.a POLLUTION : 82 % des personnes interrogées par l’IFOP, pourun sondage réalisé les 21 et 22 août et publié le 28 août dans L’Evé-nement du jeudi, se sentent menacées par la mauvaise qualité del’air. 29 % des sondés souhaitent que « la priorité absolue [soit don-née] aux transports en commun », 25 % demandent le développe-ment du ferroutage. L’interdiction des voitures dans le centre desvilles arrive en troisième position.a SANTÉ : après la polémique sur la présence d’une substancecancérogène dans certaines tétines pour enfants (Le Monde daté24-25 août), le département de cancérologie de l’enfant de l’institutGustave-Roussy a déclaré que « rien ne permet à l’heure actuelle desuggérer que les nitrosamines, présentes en quantité infinitésimaledans les tétines, constituent un risque pour les bébés ». Selon l’insti-tut, des études épidémiologiques ont permis de « suspecter forte-ment le rôle des nitrosamines dans le développement de certains can-cers chez l’adulte », mais d’autres facteurs cancérogènes seraientimpliqués.

Claude Allègre veut revoir le système des boursesDans un entretien au magazine L’Expansion daté du 28 août, le mi-

nistre de l’éducation nationale, Claude Allègre, veut « permettre aux« mille fleurs » de s’épanouir » à l’école. Annonçant une rénovationdes zones d’éducation prioritaire (ZEP), le renforcement de l’ap-prentissage, la création de « zones franches » péri-universitairespour développer l’innovation, la « responsabilisation » des chefsd’établissement, le ministre note par ailleurs que « notre système debourse est efficace pour les familles moyennement pauvres, mais paspour les familles très pauvres, qui ne peuvent consacrer aucune res-source à des études longues ».

M. Allègre envisage ainsi pour la rentrée 1998 un système de priseen charge totale par l’Etat des études des jeunes défavorisés, « s’ilsobtiennent la mention assez bien au bac et s’ils s’engagent à devenirmagistrats. De même pour les études de médecine et pour Sciences-Po ».

L’école ne parvient pas à corrigerles inégalités sociales et culturelles

Une étude de l’Insee montre que l’origine sociale détermine les parcours scolaire et professionnelDans une étude publiée par l’Insee le 28 août,deux chercheurs soulignent à nouveau l’incapacitédu système scolaire à corriger les inégalités so-

ciales et culturelles. « Le développement du sys-tème éducatif génère des mécanismes qui per-mettent aux inégalités de se maintenir »,

notent-ils. La complexité du système scolaire favo-rise, selon eux, les familles qui en ont une bonneconnaissance. (Lire aussi notre éditorial page 12.)

L’ÉCOLE DE MASSE ne rendpas plus fluide une société et lesfamilles ne sont pas toutes égalesdevant les études et le travail.Cette double affirmation, mettantà mal l’idéal méritocratique de laRépublique, a déjà été démontréepar la sociologie française ouétrangère. Elle vient de trouverune nouvelle illustration dans lestravaux que publient, jeudi28 août, deux chercheurs de l’In-see, Dominique Goux et Eric Mau-rin.

Les deux articles, intitulés Desti-nées sociales : le rôle de l’école et dumilieu d’origine et Démocratisationde l’école et persistance des inégali-tés, ne limitent pas le débat surl’égalité des chances au lien entreorigine sociale et cursus scolaire.C’est leur grand intérêt. Ilsmontrent que la concurrence pourles différentes positions sociales« se joue certes en premier lieu surles bancs de l’école et de l’université,mais elle continue de se jouer toutau long de la carrière ». Consé-quence logique : deux personnesdisposant du même diplôme n’ontpas forcément la même destinéesociale, chacune restant rivée aumilieu social de son enfance.

Allant plus loin, DominiqueGoux et Eric Maurin tendent àconclure, à travers l’exemple de di-verses catégories sociales, que lediplôme aurait un rôle de moinsen moins primordial au fur et àmesure que l’on avance dans lacarrière, l’importance relative del’origine sociale allant croissant.

Depuis plus d’un quart de siècle,la probabilité que le fils d’ouvrierdevienne ouvrier et que l’enfant denon-salarié perpétue ce statut esttoujours quatre fois plus forte quela probabilité inverse (un fils de

commerçant devenant ouvrier).L’avantage du fils de commerçantou de patron par rapport au filsd’ouvrier se manifeste assez vitedans la carrière et a tendance às’accentuer au fil de celle-ci. Cetteinégalité se vérifie, même si elle estmoins forte, entre les enfants decadre, catégorie sociale plus ré-cente, et les enfants de non-cadre :ces enfants ont deux à trois foisplus de chances de reproduire lasituation de leurs parents qued’échanger leurs situations rela-

tives. « Tout se passe comme sichaque milieu social dotait ses des-cendants de ressources n’ayant devaleur que dans la mesure où l’onreste dans son milieu d’origine etimposait aux descendants desautres milieux un coût d’entrée,d’où résulterait [...] une tendanceau statu quo social », écrivent lesauteurs. Leur conclusion n’estguère encourageante : non seule-ment les inégalités de destinéessociales entre deux enfants seforgent à l’école, mais « elles se

construisent également tout au longde la vie professionnelle ».

Pourtant, en trente ans, le sys-tème éducatif s’est ouvert à desmilieux qui en avaient été long-temps exclus. Au début des an-nées 70, les trois quarts des actifsissus de milieux d’ouvriers oud’employés n’avaient pas dépasséle certificat d’études. Aujourd’hui,un sur cinq a son baccalauréat.

Mais, si le niveau général monte,il s’est opéré une sorte de « trans-lation vers le haut des inégalités »,

comme le notait Marie Duru-Bel-lat dans une étude sur l’évolutiondes inégalités sociales dans le sys-tème éducatif français (séminaireDEP-IREDU, mai 1996) (Le Mondedu 6 mai). Une conclusion que re-joignent peu ou prou MM. Gouxet Maurin en écrivant que la « hié-rarchie scolaire respecte la hiérar-chie des origines sociales à peinemoins souvent aujourd’hui qu’il y avingt ans ». Autrement dit, l’en-semble des rapports des chancesélémentaires « est resté constant au

cours du temps ». Suivant nombrede sociologues, les deux cher-cheurs de l’Insee trouvent une ex-plication de nature à la fois socio-économique et culturelle à cetterelative immobilité sociale. Cepen-dant, les facteurs de nature cultu-relle ont tendance à prendre unpoids prépondérant. « Les inégali-tés dont les jeunes font aujourd’huil’expérience en début de vie activereflètent ainsi d’abord les inégalitésdes niveaux scolaires de leurs pa-rents », soulignent-ils. Comme celaa été maintes fois démontré, le« délit d’initié » du système sco-laire continue de produire ses ef-fets : aux classes sociales qui pos-sèdent le savoir et la capacité dedébrouiller le maquis scolaire vonttoujours les bonnes filières, lesbons établissements, les bonnesclasses, les bons profs.

« Le recul des inégalités d’origineéconomique et le renforcement desinégalités d’origine culturelle sontapparus au cours des dernières dé-cennies, avec l’essor du systèmeéducatif, la multiplication des fi-lières et l’importance croissanted’une bonne maîtrise des processusd’orientation », concluentMM. Goux et Maurin. Au risquede la caricature, l’argent fait demoins en moins la différence et laculture de plus en plus. Plus en-core que le défi de l’école demasse, au bout duquel la sociétéfrançaise semble être arrivée, celuide la qualité et de la transparencesemble difficile.

Béatrice Gurrey

. Mobilité sociale : la part de l’hé-rédité et de la formation, Econo-mie et Statistique no 306, Insee,1997.

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Le maire de Perpignan face à la continuité de l’EtatMaire (UDF-FD) de Perpignan (Pyrénées-Orientales), Jean-Paul Al-

duy se désole : « A gauche, comme à droite, on refuse le principe de l’ex-périmentation décentralisée et de la mise en responsabilité ! » Sous legouvernement Juppé, l’élu centriste avait, en vain, tenté d’intéresserMatignon au projet qu’il ambitionnait pour sa ville – avec l’aide fi-nancière de l’Etat – et qui aurait pu servir d’exemple : réduire pro-gressivement l’horaire du personnel communal de trente-neuf àtrente-deux heures payées trente-sept et créer ainsi 10 % d’emploisnouveaux (Le Monde du 13 février 1996).

Aujourd’hui, M. Alduy, qui partage sur le plan Aubry les interroga-tions d’autres maires, tente d’intéresser Matignon à un projet inspi-ré de la même logique : puisque le gouvernement veut réformer laloi Robien, pourquoi ne pas étendre le futur dispositif aux collectivi-tés locales, par le biais d’un « contrat d’objectif » » qui lierait réduc-tion du temps de travail et création d’emplois ? M. Alduy soutientque chacun de ces nouveaux emplois coûterait moins cher qu’un« emploi Aubry ». Il regrette de trouver, dans la nouvelle équipe deMatignon, des oreilles aussi peu attentives que dans l’ancienne.

GRENOBLEde notre correspondant régional« Nous ne fabriquerons pas des

bataillons de jeunes sous perfusiond’argent public », prévient Bernard

Pecqueur, conseiller municipal so-cialiste, qui préside l’une desquatre grandes commissions misesen place par la ville de Grenobleen 1995, chargée du développe-ment économique et de l’emploi.Aussitôt après la présentation, le20 août, par la ministre du travail,Martine Aubry, du dispositif « em-ploi des jeunes » (Le Monde du21 août), le maire de Grenoble aannoncé qu’il était prêt à soutenir

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R É G I O N SLE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997

REPORTAGEDes « correspondantsde nuit » ont faitleur apparition dansplusieurs quartiers

la création de mille emplois-jeunesdans l’agglomération au cours descinq prochaines années, dans lessecteurs publics et privés.

« Nous figurons parmi les villesqui ont le plus de possibilités pourdévelopper les emplois jeunes, es-time Michel Destot, député del’Isère et maire PS. Ici l’imaginationa toujours été au pouvoir, même si,faute de moyens financiers suffi-sants, l’innovation sociale a marquéle pas ces dernières années. »L’existence, dans l’agglomérationgrenobloise, d’un tissu associatiftrès dense et d’un secteur parapu-blic plus développé que dansd’autres cités, ainsi que la présencede plusieurs « associations inter-médiaires » – celles-ci mettent dupersonnel à la disposition des par-ticuliers ou des asssociations – etd’une quinzaine d’« entreprisesd’insertion » constituent a prioriun terrain particulièrement favo-rable à l’émergence de nouveaux

emplois. Grenoble a ainsi donnél’exemple, il y a quelques années,en lançant dans les quartiers de laVilleuneuve, de Tesseire et de Mis-tral, des régies de quartiers.

Ces associations placées sous lecontrôle des habitants emploientchacune une cinquantaine de per-sonnes, en majorité des jeunes demoins de vingt-cinq ans, pour desmissions à durée déterminée quidépassent rarement plus d’un an.La ville et les sociétés de HLMcommandent chaque année auxrégies de quartiers un certainnombre de travaux de nettoyagedes immeubles et de réfection desappartements dégradés. Elles leurconfient également des missionsde nature plus sociale.

DES MÉTIERS À RÉINVENTERAinsi, depuis un an, des « cor-

respondants de nuit » ont fait leurapparition dans plusieurs quar-tiers. Par équipes de deux, ils cir-culent dans les galeries et les cour-sives des immeubles HLM et dansles parkings.

Leur mission est de rassurer lapopulation mais aussi de repérerd’éventuels « dysfonctionne-ments », qu’ils signaleront à la po-lice, s’ils le jugent utile. « Les cor-respondants de nuit sont desfacteurs de calme », dit jolimentFrançoise Laurent, adjointe aumaire de Grenoble chargée de l’in-sertion sociale, de la formationprofessionnelle et de l’emploi.

Les régies de quartiers mais aus-si d’autres associations devraientservir de structure d’accueil pourles emplois-jeunes que la ville deGrenoble souhaite encourager.« Le plan Aubry est un coup de

pouce indispensable pour accélérerle processus de révélation de nou-veaux emplois. Les régies, les MJC,les associations, sont les mieux àmême pour évaluer les besoins deshabitants des quartiers. Des gise-ments d’emplois existent, il fautidentifier ceux qui sont susceptiblesd’être pérennisés », souligneM. Pecqueur.

Pour cet élu, la fonction deconcierge fait partie des métiers à« réinventer ». « Elle ne se réduitpas au périmètre d’une loge, dit-il.Un gardien d’immeuble concourt àla sécurité, à l’information des habi-tants. Mais il peut aussi participer,par exemple, à des actions de rat-trapage scolaire pour des enfants endifficulté. En peu de temps, nouspouvons créer des dizaines d’em-plois de ce type avec des personnes

disposant d’une vraie qualifica-tion. » Le secteur de la santé pour-rait également devenir à Grenobleun important pourvoyeur d’em-plois. L’assistance à domicile decertains malades et des personnesâgées permettrait de créer plu-sieurs centaines de postesd’« auxiliaires de vie ». L’animationdes quartiers, mais aussi le traite-

ment de l’environnement et mêmele tourisme pourraient, eux aussi,contribuer à la création d’emploisnouveaux au travers d’associations

Si la ville de Grenoble souhaiteparticiper activement à la mise enplace du plan emplois-jeunes, ellene veut pas accroître ses propreseffectifs, qui s’élèvent à deux milleneuf cents personnes. Confrontéeà de sérieuses difficultés finan-cières, la ville ne recrutera directe-

ment que quelques dizaines dejeunes. Les syndicats contestentcette attitude. Ils estiment qued’énormes besoins demeurent in-satisfaits au sein même des ser-vices municipaux, notammentdans les secteurs de l’animation,du soutien scolaire et des cantines.« Il existe aujourd’hui de vrais be-soins qu’il faut satisfaire. MartineAubry parle d’emplois nouveauxsusceptibles de s’exprimer, d’être ré-vélés. Mais la priorité n’est-elle pasde créer d’abord des emplois dansles secteurs où la demande est évi-dente et urgente ? », explique l’undes responsables CGT de la ville,Bruno Royer.

« Le plan du gouvernement seraitun échec si les villes étaient lesseules à s’engager dans le processusde création d’emplois. Nous retom-berions inexorablement dans les er-rements du passé. Il n’y aura pas defuite en avant. Pour la première fois,on innove sur le type d’emplois àcréer et on les pérennise grâce à desmesures audacieuses », juge MichelDestot. Il approuve le financementpar l’Etat, à hauteur de 80 % pen-dant cinq ans, des emplois-jeunes,mais il précise aussitôt : « Lesmaires des grandes villes se battrontpour que ces aides de l’Etat nesoient pas dégressives. Sur ce point,le dispositif reste encore très flou.D’autre part, certains emplois, no-tamment dans le domaine de la sé-curité ou de la santé, devront pou-voir être accessibles à des personnesâgées de plus de vingt-cinq ans. Aumoins sur ce point, le plan du mi-nistre du travail devra être un peuplus souple. »

Claude Francillon

SOCIAL Après l’adoption par leconseil des ministres du 20 août duplan Aubry pour la création d’em-plois-jeunes, Michel Destot, maire(PS) de Grenoble (Isère) depuis 1995, a

annoncé qu’il était prêt à créer milleemplois dans sa ville. b GRÂCE À UNTISSU ASSOCIATIF IMPORTANT, Gre-noble a déjà créé des emplois commeles « correspondants de nuit » ana-

logues à ceux qui existent parexemple à Rennes. b POUR LES ÉLUSLOCAUX, notamment pour les maires,l’emploi est un casse-tête : ils ne sontpas officiellement compétents dans

ce domaine, mais ils ne peuvent pass’en désintéresser. b L’ASSOCIATIONDES MAIRES DE FRANCE (AMF) vientde publier ses propres propositionssur l’emploi, dans un rapport intitulé

« Initiatives locales pour l’emploi ».L’AMF affirme qu’il faut « inverser lalogique » de la politique de l’emploiet préconise « une nouvelle politiqueterritoriale et partenariale ».

Comment la ville de Grenoble va créer mille emplois-jeunesMichel Destot, premier magistrat de la préfecture de l’Isère, est prêt à innover pour assurer la réussite du plan Aubry, qu’il faut, selon lui, assouplir.

De son côté, l’Association des maires de France demande que l’Etat laisse la place à l’« expérimentation » des élus locaux

Le chômage, un douloureux casse-tête pour les élusPOUR la plupart des maires,

l’emploi est un douloureux casse-tête. Douloureux, parce qu’ils sontaux premières loges, dans leurspermanences où ils voient défiler

la détresse sociale, pour apprécierles ravages du chômage. Casse-tête, parce que, plus que jamais, ilssont contraints de se saisir du pro-blème, sans être armés pour l’af-fronter : les lois de décentralisa-tion sont claires, l’emploi ne relèvepas des élus locaux. Les maires sesont donc emparés, de facto, pous-sés par la nécessité, d’une compé-tence que, de jure, ils ne dé-tiennent pas.

Cette situation boiteuse se tra-duit dans l’activité quotidienne dechaque maire, souvent, par ail-leurs, le « premier employeur » desa commune. Ainsi, s’il facilitel’implantation ou l’extensiond’une entreprise du cru sur la zoneindustrielle de sa commune, il peuts’exposer à une mise en examenpour délit de favoritisme...

D’une façon générale, les mairesse disent écartelés entre des exi-gences contraires. Cela fait long-temps que les plus dynamiquesd’entre eux pestent contre un Etatqui entend les mobiliser sans pourautant leur octroyer le « droit àl’expérimentation » (lire ci-dessus).

Le pire, de leur point de vue, futpeut-être atteint sous le gouverne-ment précédent, lorsque le pre-mier ministre Alain Juppé les tan-çait sévèrement en les enjoignantde participer à l’effort général derigueur, tout en leur demandantavec autant d’insistance, de ré-pondre à son « appel à la mobilisa-tion générale » pour l’emploi. Acette époque, tel élu, hésitantentre l’ironie et la consternation,brandissait une circulaire du préfetde son département, qui signalaitaux maires que les réductionsd’emplois dans les arsenaux ren-

daient disponibles à l’embauchedes personnels d’excellente quali-té... Tout cela explique que lesmaires soient quelque peu mé-fiants, sans pour autant pouvoir sedérober, lorsque l’Etat veut les pla-cer en première ligne sur le frontde l’emploi, comme c’est encore lecas avec le plan Aubry.

La première réaction, face à ceplan, de Jean-Paul Delevoye(RPR), président de la puissanteAssociation des maires de France(AMF), a donc été prudente : le sé-nateur du Pas-de-Calais et mairede Bapaume a indiqué que lesmaires « s’engageront d’autant plusque l’Etat saura créer dans ses rela-tions – notamment financières –avec les communes un climat deconfiance ». Mais, déjà, M. Dele-voye a ajouté que les mairies pour-raient, dans le domaine de l’éduca-tion, être tentées de se désengagercompte tenu de la prise en chargepar l’Etat de 100 % du financementdes emplois-jeunes (Le Monde des20 et 28 août).

L’AMF doit maintenant élaborerune position définitive sur l’en-semble du plan, compte tenu desinterrogations exprimées, à titreindividuel, par de nombreuxmaires. M. Delevoye exprimeracette position devant la commis-sion des affaires sociales de l’As-semblée nationale, qui doit l’audi-tionner le 3 septembre.

« INVERSER LA LOGIQUE »Au-delà des questions précises

posées par les élus, la philosophiegénérale de l’AMF est déjàconnue. En effet, coïncidence ducalendrier, au moment même où leconseil des ministres adoptait leplan Aubry, l’AMF publiait sespropres propositions, dans un rap-port intitulé Initiatives locales pourl’emploi. Dans la préface, M. Dele-voye souligne que « chacun admetaujourd’hui que le problème del’emploi se réglera par une mobili-sation des acteurs locaux, en lais-sant les initiatives locales se multi-plier et se généraliser ».

Ce rapport est le fruit d’un tra-vail entamé sous l’ancienne majo-rité, au moment de la discussionparlementaire du projet de loi sur

la cohésion sociale, interrompuepar la dissolution de l’Assembléenationale. Sous la houlette d’An-dré Santini (UDF-FD), député desHauts-de-Seine et maire d’Issy-les-Moulineaux, et de Michel De-lebarre (PS), député du Nord etmaire de Dunkerque, quatre-vingts maires présentent une sé-lection d’initiatives locales « parti-culièrement remarquables », assor-tie de « revendications etrecommandations », selon lestermes de l’AMF.

Le rapport affirme d’embléequ’il est impératif d’« inverser la lo-gique » de la politique de l’emploiet qu’il faut cesser de « s’épuiser àfaire appliquer sur le terrain des dis-positifs nationaux uniformes ». Letexte préconise « des orientationsallant dans le sens d’une simplifica-tion, de la souplesse et de l’efficacitéqui ne peuvent être atteintes qu’àtravers une nouvelle politique terri-toriale et partenariale ». Cette nou-velle politique devrait être menéeen « mutualisant les concours fi-nanciers, individualisant les ré-

ponses, et surtout laissant place àl’expérimentation ».

Parmi les nombreuses proposi-tions d’un rapport qui regrette quela politique de l’emploi « reste es-sentiellement fondée sur la notiond’assistance », figurent l’« activa-tion des dépenses passives » (d’in-demnisation du chômage) aussibien que la « mise en place de ser-vices et d’activités socialementutiles ». Quant aux dispositifs exis-tants, l’AMF souligne l’« urgencede lever les obstacles administra-tifs » à leur mise en œuvre.

Ce rapport souffre, évidemment,de sa concomitance avec l’adop-tion du plan Aubry : dans l’état ac-tuel des choses, le gouvernementne juge pas qu’il y ait matière àmodifier ce plan pour intégrer deséléments du travail de l’AMF. Ilrestera la possibilité, pour lesmaires également parlementaires,de traduire certaines de ces propo-sitions en amendements à l’As-semblée nationale ou au Sénat.

Jean-Louis Andreani

ANALYSELes maires sontcontraints de se saisirdu problème, sans êtrearmés pour l’affronter

Page 11: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

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LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 / 11

H O R I Z O N SREPORTAGE

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RETOUR SUR IMAGES

L’inconnude

Tiananmen

LE jeune homme a sur-gi de la foule on nesait trop comment. Ila traversé en courantl’immense avenueChang’An et il s’estmis au garde-à-vous,droit comme un « i »,devant la colonne de

chars qui roulaient vers la place Tia-nanmen. A moins de 2 mètres delui, le premier tank, donc, s’immobi-lisa. Et entre le petit homme et l’en-gin meurtrier, ce fut, durant delongues secondes, un incroyableface-à-face. Derrière, une vingtainede blindés attendaient, probable-ment surpris, ignorants de l’obs-tacle. Le premier char, soudain, es-quissa un mouvement, et le petithomme réagit promptement enétendant ses bras, dessinant unebarrière symbolique autant que dé-risoire. De chacune de ses mainspendait un paquet : à gauche, peut-être un sac d’école ; à droite, sansdoute une chemise blanche. Le chardécida de contourner l’obstacle enmanœuvrant à droite. Maisl’homme fit quelques pas chassés etse retrouva à nouveau devant le ca-non du blindé. Celui-ci se pointavers la gauche. Mais le Chinois butésuivit le même mouvement et la co-lonne resta paralysée. Un petithomme sans arme tenait tête auxcanons. Les dignitaires chinois de-vaient s’étrangler de rage.

Mais il fit mieux que cela. Avecune audace effarante, il escalada lachenille et monta sur le char. Là, il sepencha vers l’ouverture donnant ac-cès au poste de pilotage pour parlerquelques secondes avec le conduc-teur. Puis il sauta sur le bitume, d’unmouvement si léger qu’on l’eût ditinsouciant. Là, il n’eut guère letemps de réfléchir : deux personnesen civil se précipitèrent vers lui, lesaisirent par le bras et le poussèrenten courant de l’autre côté de l’ave-nue. Et le Chinois disparut de lascène comme il y était entré.

S’appelait-il Wang Weilin, filsd’ouvrier, âgé de dix-neuf ans,comme le suggèrent les fichesd’Amnesty International ? Etait-ilouvrier, étudiant, simple passant ?A-t-il été arrêté, emprisonné,condamné à des travaux forcés ? Oubien exécuté d’emblée, comme l’as-surent de vilaines rumeurs ? Les au-torités chinoises ont toujours affir-mé ne pas le connaître. Maiscomment expliquer que le chef del’Etat chinois ait cru pouvoir affir-mer à une journaliste de la télévi-sion américaine qu’il était bien envie ?

Organisations humanitaires, sino-logues, dissidents... Personne n’a punous renseigner sur le jeune toreroqui exposa son corps fluet aux che-nilles des tanks et dont l’image fas-cina le monde. Pas la moindre pistesérieuse, des rumeurs contradic-toires ; un espoir, une fois, entouréd’un secret magistral et rapidementdéçu. L’homme demeure introu-vable qui restera à jamais une sortede Soldat inconnu des événementsdu printemps 1989, à Pékin.

Fallait-il pour autant renoncer àl’image ? Se rabattre sur une autrephoto montrant la foule des étu-diants, terrassés par la fatigue et lachaleur sur une place encombrée detentes, de couvertures, de tracts, dedétritus ? Choisir la photo de ladéesse de la démocratie, cette sta-tue de plâtre improbable, érigée surla place par les élèves des Beaux-Arts ? Ou bien celle des trois princi-paux leaders armés d’un méga-phone ? Aucune n’avait la force depetit homme devant le char. Prague,Budapest, Séoul avaient déjà mon-tré des images de jeunes gens of-frant leur poitrine aux canons deblindés.

A UCUNE n’avait paru mieuxcondenser un événementque celle prise à Pékin. Alors

j’ai voulu retrouver Chaï Ling, lajeune fille à socquettes blanchesqui, durant la révolution inachevée,avait porté le titre ronflant de« commandante en chef de la placeTiananmen », et que la presse, mé-dusée par son allant, sa résolutionet ses discours, avait plus simple-ment surnommée « la Pasionaria deTiananmen ». Que lisait-elle danscette image que nous ne sachionssaisir ? Et que ressentait-elle ?Avions-nous tort, en Occident, d’enfaire l’image-symbole du mouve-ment de Tiananmen ?

C’est dans un hôtel de Boston, unsoir de juin, que la rencontre eutlieu. La jeune femme, dont le visagefigure toujours en tête de la liste des« ennemis du peuple » recherchéspar le gouvernement chinois, étaitméconnaissable. Elle portait unerobe d’été très courte, un minisac en

bandoulière, des sandales à talons,les cheveux souples et longs. Elleriait, enjouée comme une Améri-caine, débordant de superlatifs etpratiquant l’humour comme ultimepolitesse. Elle connaissait de Bostonles endroits agréables, parlait avecpassion des cours de managementqu’elle suivait à Harvard, des défisintellectuels que se lançaient lesétudiants, de sa soif de perfection etde sa volonté de maîtriser les méca-nismes de l’industrie capitaliste. Ellesemblait intégrée, parlant anglaisavec les intonations de la Côte estaméricaine, et confiante dans l’ave-nir. On était loin de Tiananmen...

Quelque chose cependant metroublait qui m’empêchait de super-poser sur son visage fin et rieur laphoto bien connue de la « Pasiona-ria » haranguant les étudiants dePékin, micro en main. Etaient-ce sesmanières ? Son sourire ? Son regardpeut-être... Oui, pour mieux se ca-cher lors de sa cavale de dix mois àtravers la Chine, elle avoua avoir ac-cepté une délicate opération despaupières. Une nouvelle Chaï Lingétait née. Mais sous la parure re-nouvelée, le cœur demeurait intact.La photo du Chinois devant le charle mit à nu en un instant.

« Aucune image n’a capturé avecautant d’acuité l’esprit de notre mou-vement. Tiananmen, c’était exacte-ment cela. » Elle parlait en unsouffle, elle était dans l’image. Elleoubliait Boston, Harvard, la busi-nesswoman dont une société degestion a déjà repéré les talents,l’étudiante acharnée, soucieuse deson classement. Elle était sur laplace, où de violents cauchemarsl’emportent si souvent ; elle redeve-nait Chai Ling, leader inflexible,exaltée, « extrémiste » du mouve-ment de Tiananmen.

Ce n’est qu’environ deux se-maines après le massacre qu’avecstupéfaction, dans une cachette defortune, elle avait aperçu à la télé-vision l’image du petit homme. La

propagande battait son plein et legouvernement passait et repassaitl’image comme preuve de l’extrêmemansuétude de ses chars. « J’étaisfascinée, bouleversée. Commentdire ? Connectée à la photo, totale-ment en phase ; et scotchée à l’écran.Qu’importe le nom derrière la sil-houette. Qu’importent son âge, sonsexe. Elle nous représente tous, avecnos mains nues et notre sincérité,notre résolution et notre pacifisme.Des centaines de Chinois, je le jure,ont marché face aux chars, sans ca-

méras témoins, sans appareils photo.La plupart ont été broyés. »

Tout Tiananmen, dit-elle, tientdans cette image-là. Et elle n’aurade cesse que de la décortiquer.Comme si c’était sa propre sil-houette qui se postait face au char.Oh ! oui, elle aurait pu alors bravercanons et mitraillettes ! Elle dévo-rait la vie mais était prête à toutpour prouver au gouvernement lapureté et la détermination du mou-vement. Y compris à mourir.N’avait-elle pas gagné sa légitimitéde leader en proposant, dès les pre-mières heures, de s’immoler par lefeu ?

« L’histoire de la Chine et ducommunisme est entièrement placéesous le signe de la violence. Le pouvoirvient de la poudre. Il ne se maintientque par la menace et la terreur.Guerre civile, guerre des classes,guerre contre les “ennemis de l’Etat”.La propagande officielle n’est qu’uneincitation à la haine, la calomnie, ladénonciation. C’est une culture enChine, un mode de vie. Eh bien,comme le jeune homme de l’image, lagénération Tiananmen se rebiffe :trop c’est trop. On ne marche plus.Brisons le cycle infernal de la vio-lence. Arrêtons l’engrenage. Et pourune fois dans ce pays, parlons de paix,d’amour, de respect. Discutonscomme des frères. Créons ensembleun monde meilleur. »

Les noms de Gandhi et de MartinLuther King furent maintes foismentionnés sur les campus. MaisChaï Ling dément toute référencesystématique. « Vient un jour oùl’option de non-violence s’impose na-turellement. Où l’on décide d’inverserle mouvement. De raisonner diffé-remment, et de ne pas sombrer dansle piège des armes de l’adversaire.Savez-vous que le gouvernementavait fait déposer des munitions et desmitraillettes à deux pas de la placeafin de tenter les plus désespérés desétudiants et d’avoir une raison de ré-primer ? Chaque fois, nous les avons

fait renvoyer à la police ou à l’armée.Comme le jeune homme, c’est lesmains nues que nous réclamions ledialogue. »

Dialoguer. Au fond, c’était là toutce que réclamaient les étudiants.Etablir une relation avec un pouvoirsclérosé, barricadé, trop distant. Luiparler sans entrave, sans écran,comme l’espérèrent en vain, dès lespremiers jours du mouvement, lestrois jeunes gens qui s’agenouil-lèrent sur les plus hautes marchesdu Palais du peuple pour présenterau gouvernement – comme on lefaisait à l’empereur – leur premièrepétition. « Regardez bien l’image. Jela trouve admirable. L’homme seulest issu de la foule. Le char, lui, vienttout droit de la Cité interdite, là oùniche le pouvoir. Ils se croisent surl’avenue de la Longue-Paix. Cela nes’invente pas. Tout, ici, est symbole. Etle jeune homme, en un geste somp-tueux, va tenter d’établir la communi-cation. Il pense que derrière la ma-chine, la structure et la poudre, il y aun être humain, un cœur qui bat, uncerveau qui raisonne. Ce sont euxqu’il veut atteindre, c’est avec un êtrede chair et de sang qu’il veut parlerde paix. Comme il a tout compris ! »

Mais le jeune intrépide n’est-il passuicidaire ? Que peut-il, face auxchars qui, depuis deux jours, ont dé-jà provoqué un incroyable car-nage ? N’a-t-il plus rien à perdrequ’il joue ainsi sa vie ? Qu’a-t-il à ygagner, franchement, et que peut-ilprouver ?... La jeune femmes’exalte, elle ne le perd pas des yeux.« C’est l’esprit Tiananmen, necomprenez-vous pas ? N’appelez pas

suicide ce qui est sacrifice et offrandede sa vie. C’est là la grandeur de songeste. Comme les autres manifestants,l’homme a atteint un point de non-retour. Ses convictions, désormais,éclipsent la valeur de sa vie. “Prenez-la, dit-il, si vous ne me suivez pas. Jene suis pas armé, je suis un hommecomme vous, je souhaite la paix, la li-berté, et le respect. Cela vaut bien majeune vie.” »

Elle fait parler le jeune hommecomme si c’était son double. Elle litdans la photo comme si elle y plon-geait. Elle retrouve le langage, lesaccents, le romantisme peut-être dela Pasionaria. Et son sens du tra-

gique. « Cela vous semble excessif,hein ? Une manifestation dans lesrues de Paris n’a pas ce type d’enjeu !Mais Paris et Pékin ne sont pas sur lamême planète. Ce que vous appelezmanifestation n’est chez vous qu’unemarche pacifique et joyeuse. J’en aivu avec des danses et de la musique !En Chine c’est un engagement crucialqui exclut le coup de tête et, d’emblée,vous expose au risque suprême. C’estpour cela que les observateurs occi-dentaux ont été si surpris de voir cer-tains manifestants partir de chez euxen écrivant leur testament. Le retourest toujours incertain. L’idée de lamort est dans tous les esprits.L’homme devant le char le sait qui,pour l’amour de son peuple, est prêt àoffrir sa vie. »

N E parlez pas de folie, de fa-natisme ou d’extrémisme,supplie-t-elle à mi-voix. Les

grilles d’analyse occidentales nepeuvent être qu’impuissantes àcomprendre l’idéal des étudiants deTiananmen. Que pourriez-vous sa-voir d’un Etat policier qui isole lesgens, les enserre dans une bulle deterreur, les surveille, les suspecte,leur fait douter de tout, y comprisde leurs proches ? « Il m’a fallu veniren Amérique pour comprendre le titredu roman de Kundera, L’Insoute-nable Légèreté de l’être. Eh bien, sa-chez que ce qui pousse le jeuneChinois à défier la colonne de tanks,c’est “l’insoutenable lourdeur del’être”. Suis-je claire ? »

Elle était angoissée de n’être paslimpide, elle savait d’expérience êtresouvent incomprise, et même fortcritiquée pour avoir, jusqu’à l’aubedu massacre, ce 4 juin 1989, incitéses amis à ne point renoncer, ne pascéder d’un pouce devant le gouver-nement, ne pas plier bagage malgréle bruit des chars. Elle ne se justifiaitpas. Elle ne regrettait pas. Tout justeavouait-elle repasser dans sa tête lefil des événements ; encore, encore,encore. « Pour analyser, disait-elle,les différentes parties du puzzle. »Pour repérer l’erreur. Pour se dé-fendre aussi. Et ne pas oublier laphilosophie d’un mouvement quine se conçoit qu’en Chine et, dit-elle, échappa totalement à l’Oc-cident.

Elle reviendra en Chine. Elle ne vitque pour cela. Et comme WinstonChurchill, qu’elle admire entre touset « qui, toute sa vie, se prépara à sa-voir gagner la guerre », elle mûrit,étudie, se construit, engrange mé-thodiquement expériences etconnaissances, pour contribuer, lemoment venu, à « bâtir la démocra-tie chinoise ». Elle se sent seule,souvent. Beaucoup d’amis sontmorts, d’autres, comme Wang Dan,sont toujours en prison... Mais elleveut croire que le jeune homme auchar est en vie quelque part. C’estpour elle un dopant.

Annick Cojean

Wang Dang, Wuer Kaixiet Chai Ling, les trois chefsde file du mouvementétudiant, le 27 mai 1989, unesemaine avant l’affrontementavec les chars.

5 JUIN 1989Chai Ling« Aucune image n’a capturéavec autant d’acuité l’esprit de notre mouvement.Tiananmen, c’étaitexactement cela.Qu’importe le nom derrièrela silhouette. Qu’importeson âge, son sexe. Cette photonous représente tous,avec nos mains nues et notre sincérité, notrerésolution et notre pacifisme. »

Juin 1997 - Boston

PROCHAIN ARTICLEMikhaïl Gorbatchev,

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la défaite de l’Histoire

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12 / LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 H O R I Z O N S - A N A L Y S E S E T D É B A T S

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

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ÉDITORIAL

Mesures de restriction à LondresÀ PARTIR du 1er octobre, la plu-

part des voitures anglaises de tou-risme resteront au garage, et lesBritanniques devront provisoire-ment renoncer à tout voyage deplaisir sur le continent. Tel est l’as-pect le plus saillant du plan de res-trictions annoncé hier soir par legouvernement.

En contrepartie de ces mesures,qui frappent avant tout les privilé-giés, la diminution de la ration deviande apparaît plus modestequ’on ne s’y attendait. Tous les hô-tels et restaurants de luxe et de se-conde catégorie se voient privés de15 % de leur ravitaillement, les can-tines d’entreprise et les restaurantsordinaires continuant à recevoir lamême quantité de vivres qu’aupa-ravant.

Il est clair que le gouvernementconsidère ces mesures comme lecomplément de l’effort accru qu’ildemande aux ouvriers anglais. Il

veut résoudre la crise par un rende-ment plus élevé et par uneconsommation plus réduite (parti-culièrement la consommation su-perflue).

Les mesures économiques prisespar le gouvernement sur les impor-tations se montent à 228 millionsde livres pour un déficit total de labalance commerciale de 600 mil-lions. A ce chiffre il faut ajouterl’économie qui sera réalisée par laréduction des effectifs britanniquesà l’étranger et la suspension de latotalité ou d’une partie des paie-ments faits par l’Angleterre pourravitailler sa zone en Allemagne.Quant au solde du déficit, l’Angle-terre compte le combler en partiepar l’accroissement des exporta-tions.

La presse britannique de ce ma-tin, dans son ensemble, juge trèsinsuffisant le plan gouvernemental.

(29 août 1947.)

Le fantôme de la Maison rondepar Patrice Bertin

C’est vrai, messieurs Levaï et Jouffa junior :l’honneur de la radio existe ; il passe par le patriotisme d’entreprise

C omme l’acteur MelGibson dans le filmComplots, les person-nels de Radio France

en général, et de France Inter enparticulier, vont finir para-noïaques. Un jour, ils apprennentpar « radio-couloirs », c’est-à-dire la rumeur, qu’un « complotrocardo-chiraquien » viserait leurPDG Michel Boyon et qu’unputsch aurait été fomenté dans latorpeur estivale contre le direc-teur de la rédaction d’Inter, Jean-Luc Hess. Le lendemain, ils lisentdans les colonnes du Monde – etsous la plume de leur ancien pa-tron Yvan Levaï – que « l’avenirde la première radio généraliste deservice public serait menacé ».

Enfin, ils entendent en directsur l’antenne l’animateur Fran-çois Jouffa, fils de l’éminent avo-cat Yves Jouffa, traiter le journa-l iste Fabrice Le Quintrec de« sympathisant notoire du Frontnational » au seul prétexte qu’iln’est pas de gauche.

Bref, en trois temps trois mou-vements on aura compris troischoses : c’est le b... à France Inter,Yvan Levaï est candidat commecalife à la place du calife et la ra-dio de service public est un re-paire d’extrême droite !

A croire qu’un fantôme malfai-sant rôde dans les couloirs de laMaison de la radio, propageantde l’intérieur les germes d’unconflit préfabriqué et diffusant àl’extérieur les affres de la désin-formation.

Vieille fille et, pour tout dire,

un peu rosière, Radio France n’ajamais bien su se défendre face àde telles campagnes de dénigre-ment qui, par le plus grand deshasards, surgissent quasi auto-matiquement au lendemaind’une alternance politique. C’estqu’il y a chez elle un péché origi-nel et original : elle a statut d’en-treprise publique. Radio d’Etat,elle est forcément suspecte derouler pour le pouvoir, fût-ce unpouvoir à deux têtes.

Ce procès-là est sans appel.Que l’on oppose candidement la« mission » de service public aumercantilisme des radios privées

n’y change rien : nos censeursbien-pensants collent des éti-quettes sur nos journalistes avecla même délectation que les pa-trons de supermarchés agrafentdes codes-barre sur leurs pro-duits cellophanés.

Quant à nos PDG, ils se suc-cèdent à la « va-comme-je-te-pousse ». Dans la ligne de miredès leur nomination, ils sont dés-tabilisés en quelques mois et trèssouvent flingués avant d’avoircompris le mode d’emploi. Seulssurvivent les très mous ou les trèsdurs avec un incontestable bonuspour ceux qui connaissaient déjà

l’univers impitoyable des médias.Pourtant, il nous reste de nom-

breuses et belles raisons d’espé-rer, à la condition de respecter lestrois piliers du service public :créativité, qualité et pluralité.

La créativité est notre marquede fabrique. France Info, pre-mière radio d’information conti-nue ? C’est nous. « Le téléphonesonne », première plage d’inter-activité auditeurs-invités-journa-listes ? Encore nous. La mosaïquedes radios locales, premières ra-dios de proximité ? Toujoursnous. Etc. Tout cela est-il ringard,pervers, politiquement incor-

rect ? Dieu merci, les auditeursjugent.

La qualité est, bien sûr, notreobsession. Dans un monde mé-diatique qui navigue entre troisécueils : le soi-disant, le mieux-disant et le trop-disant, RadioFrance tente, avec la spécificitéde chacune de ses chaînes, de nepas céder au sensationnel, de re-placer les événements dans leurcontexte et de les rendre signi-fiants. La qualité des personnelsest au diapason : nous disposonssans aucun doute des meilleurstechniciens, qui font de leur mai-son le plus bel outil médiatique

de l’Hexagone malgré des sa-laires de misère. Enfin, la plurali-té est notre fierté. Toutes les opi-nions s’expriment sur l’antennede France Inter. Nos journalistesviennent de tous les horizons etde toutes les sensibilités. A l’in-verse des radios robotisées, rienici ne marche à la trique.

Les différents journaux sont lefruit d’une élaboration collectiveen salle de conférence. Tout y esttoléré, sauf les tabous et sauf laviolation d’antenne à des finspartisanes. Quant au style maison, il n’y en a pas et c’est étudié pour : France Inter croit aumétissage des styles et non à l’uniformisation du tempo.

Telle est la vérité. Nous avonstoutes les défenses immunitairespour surmonter les blessures descampagnes de dénigrement.France Inter est comme une mi-cro-société, une sorte de petiteFrance : on s’y querelle parfois,on y travaille beaucoup et on s’yplaît bien parce qu’on y exerceson métier en liberté. Tant pispour les sectaires ou les has beenqui ne détestent rien tant quecette liberté-là.

C’est vrai, messieurs Levaï etJouffa junior : l’honneur de la radio existe ; il passe par le pa-triotisme d’entreprise ; et c’est luiqui nous débarrassera du fantôme de la Maison ronde.

Patrice Bertin est rédacteuren chef, chef des informations deFrance Inter.

RECTIFICATIFSRETOUR SUR IMAGES

La photographie illustrant le re-portage d’Annick Cojean sur leKosovo (Le Monde du 28 août) aété réalisée par Georges Mérillonde l’agence Gamma et non del’agence Sygma.

JEAN-PIERRE BRARDA la suite de notre article sur la

polémique provoquée par la visiteprivée du pape sur la tombe duprofesseur Jérôme Lejeune (LeMonde du 22 août), Jean-PierreBrard, maire de Montreuil et dé-puté de Seine-Saint-Denis, nousprie de préciser qu’il n’est plusmembre du PC mais seulementapparenté au groupe communistede l’Assemblée nationale.

La monnaie unique offre aujourd’huide grandes opportunités, pour peuque les gouvernements d’Europe,retrouvant une rationalité collective,décident de revenir à leur responsabilitéen matière de régulation globale

Europe : lecommencementd’une aventureSuite de la première page

Le système européen debanques centrales constituera trèsprobablement l’autorité moné-taire la plus indépendante dumonde et le pacte de stabilité l’unedes limitations les plus contrai-gnantes au pouvoir des gouverne-ments de financer leurs dépensespar l’emprunt.

Tout se passe comme si le pro-gramme européen n’avait pour lo-gique que celle d’une forte dé-fiance vis-à-vis de la démocratie.En caricaturant à peine, le raison-nement est le suivant : « Chacunsait que la démocratie conduit à ladémagogie, ce qui rend les Etats dé-pensiers et donc très vulnérables àla tentation de battre monnaie pourfinancer leurs excès. Les gouverne-ments sont élus par le peuple, et lapression du peuple s’exerce toujoursdans une même direction : plus dedépenses et toujours moins d’im-pôts. C’est même pire que cela, carle peuple est prompt à critiquer lesfastes inutiles de l’Etat qui l’obligentà lever trop d’impôts, mais il est toutaussi prompt à se révolter si l’Etatréduit ses dépenses, ou n’accordepas les subventions nécessaires. Cesexigences contradictoires nepeuvent être réconciliées que parl’inflation. Autant libérer les gouver-nements de ces pressions. » Sansinstance centrale de coordinationet de décision, les gouvernementsdes pays européens seront alorscomme des collectivités localesjouissant des seules libertés quepermet la gestion comptable.

Le programme européen pour-rait trouver, il est vrai, une autrelégitimation, plus positive, maisqui, au fond, revient au même : lechoix d’un modèle libéral de socié-

té. L’effondrement du Mur de Ber-lin a institué le modèle américainen référence universelle. Les Etats-Unis ne montrent-ils pas l’exempledes performances que peut ac-complir une économie libérale ?

Le propre d’une idéologie est detranscender les faits, de ne jamaisêtre vulnérable aux contradictionsde la réalité. Le libéralisme commela mondialisation sont des idéolo-gies d’inspiration américaine, maisà usage externe seulement.L’exemple des Etats-Unis montresurtout que la société américainene tolère pas le chômage. Qu’encomplète opposition avec l’Eu-rope, les gouvernements améri-cains utilisent massivement tousles instruments de la politiqueéconomique (budgétaire, moné-taire et de change), chaque foisque l’essoufflement de la crois-sance fait remonter le chômage.

Plus généralement, il n’existepas dans l’histoire de situation dechômage de masse qui ait été ré-solue sans le moyen d’une poli-tique expansionniste. Les gouver-nements américains n’ont jamaisrenoncé à leur responsabilité enmatière de régulation macro-économique. Or, c’est cette renon-ciation qu’entérinent les règles deconduite de la politique écono-mique dans l’espace de la monnaieunique : pacte de stabilité (et decroissance) ; indépendance de laBanque centrale européenne ; ab-sence de gouvernement écono-mique. Ce n’est pas tant l’indépen-dance de la Banque centrale quipose problème, mais le fait qu’ellene soit responsable devant aucuneinstance centrale de régulation,aucun Parlement doté de véri-tables pouvoirs de contrôle.

Il faut donc se rendre à l’évi-dence : l’Europe à venir, si elle de-vait s’en tenir à ces règles, n’offrepas vraiment de clefs pour ré-soudre le problème du chômage,pas vraiment d’avenir pour l’em-ploi. Certes, les gouvernementseuropéens « locaux » ne manque-ront pas d’imagination pour ten-ter, par la réforme structurelle, depanser les maux de la société. L’in-terventionnisme structurel sesubstituera alors à l’intervention-nisme macroéconomique. Avecquel résultat ? L’exemple des quin-ze dernières années, où l’imagina-tion fut fertile en matière de traite-ment social du chômage, devraitau moins engendrer le doute.

Faut-il imposer à une société desréformes non voulues, pour éviterd’avoir à baisser transitoirementles taux d’intérêt, ou à augmentertout aussi transitoirement le défi-cit budgétaire, alors que seulel’adhésion aux réformes est ga-rante de leurs succès ? Faut-il bou-leverser le code du travail pourque le taux d’inflation atteigne unniveau encore plus bas que celuique nous connaissons au-jourd’hui ? A-t-on oublié que c’estle chômage de masse qui, dans le

passé, a conduit à l’abandon desthèses purement libérales et établila responsabilité du politique enmatière de régulation économiqueglobale ?

Or, la monnaie unique offre au-jourd’hui de grandes opportunités,pour peu que les gouvernementsd’Europe, retrouvant une rationa-lité collective, décident de revenirà leur responsabilité en matière derégulation globale. De l’analysequi précède (Le Monde du28 août), on peut conclure que cen’est pas l’insuffisance des profitsqui bride l’investissement, mais àla fois l’absence de débouchés etles incertitudes de la politiqueéconomique future. Que ce n’estpas la saturation des besoins quibride la consommation, mais lastagnation du revenu des ménageset la baisse de la part de salairesdans le revenu national. Que cen’est pas la contrainte extérieure,ou la crainte de l’inflation, qui in-hibe la politique économique,mais une interprétation politiquedogmatique des critères de Maas-tricht et la crainte tout aussi poli-tique pour un pays d’être exclu dela monnaie unique.

Jamais, depuis la SecondeGuerre mondiale, les conditionsn’ont donc été aussi idéales pourdes politiques résolument expan-sionnistes : bonne profitabilité desentreprises, absence durable detensions inflationnistes, excédentsextérieurs record, très grande mo-dération salariale (c’est un euphé-misme), forte compétitivité, chô-mage de masse et capacitésexcédentaires de production. Si detelles conditions ne sont pas misesà profit aujourd’hui, il faudra bienen conclure que l’Europe, de fait etmalgré les discours, se désinté-resse du chômage.

L’Europe se construit sous leleadership franco-allemand. Si cedernier confère du prestige, il im-pose aussi des devoirs. C’est doncà ces deux pays qu’il convient demontrer la voie. Les modalitésd’une politique expansionnistedoivent être adaptées aux cir-constances. Celles d’aujourd’huisont telles que, d’une part, uneaugmentation de la dépense pu-blique apparaît peu judicieuse etque, d’autre part, l’on ne peutcompter sur une augmentationspontanée des salaires dans le sec-teur privé.

Le chômage de masse impose saloi d’airain, tant il fragilise la posi-tion des salariés dans les négocia-tions sociales. Pourquoi dès lors nepas baisser les cotisations socialespayées par les salariés – une sortede choc fiscalo-social ? On feraitd’une pierre deux coups : les sa-laires nets augmenteraient immé-diatement et l’augmentation desdébouchés des entreprises quis’ensuivrait redonnerait vigueur àl’investissement.

En fait, on accomplirait plus : enannonçant que, désormais, lesgouvernements se préoccupent dela régulation globale, on en finiraitavec la conception « météorolo-gique » de la politique économiquequi inhibe l’investissement : s’il faitbeau, la communication gouverne-mentale s’en réjouira ; s’il faitmauvais, il faudra bien augmenterles impôts ou baisser les dépenses,norme de déficit budgétaire oblige.Il faut des garanties à celui qui in-vestit, car il se projette dans le longterme. L’une de ces garanties estque l’Etat fasse le nécessaire pourempêcher les récessions de s’ins-taller trop longtemps. Aujourd’hui,la conception de la politique

économique est de court terme.Les variations climatiques sontdonc accentuées par l’action pu-blique, accroissant leur coût pourles populations et aggravant l’in-certitude de l’investissement.

Une telle proposition – oud’autres auxquelles on pourraitsonger et qui iraient dans la mêmedirection – ne peut évidemmentêtre mise en œuvre que si Françaiset Allemand s’entendent sur uneautre interprétation des critères deMaastricht ou, s’il est trop tard, dupacte de stabilité. L’important estque le déficit budgétaire soitcontenu à moyen terme. Et la meil-leure façon de le faire aujourd’huiest de parier sur la croissance, plu-tôt que d’en retarder l’avènementpar de nouvelles restrictions. Veut-on construire l’Europe ou, sousprétexte de vertu financière, veut-on défaire les solidarités politiqueset sociales qui s’étaient installéesentre nos pays depuis la SecondeGuerre mondiale ? L’Europe sansle Sud n’est pas l’Europe. L’Europesans croissance et sans l’inventionpermanente d’un modèle de socié-té, n’est pas digne des Européens.

Jean-Paul Fitoussi

La bataille de l’écoleL ’étude de deux cher-

cheurs, DominiqueGoux et Eric Maurin,que publie l’Insee sur

l’incapacité de l’école à réduireles inégalités ou, à tout le moins,à organiser une mobilité sociale,est à la fois encourageante etconsternante. Elle met une nou-velle fois mis en évidence quel’héritage socio-économique etculturel détermine pour une largepart le parcours scolaire, puis lacarrière professionnelle. Filsd’ouvrier : ouvrier ou chômeur ;enfant de cadre : cadre ou patron.Le cliché correspond à la réalité.« La hiérarchie scolaire respecte lahiérarchie des origines sociales »,constatent les deux chercheurs.

« L’égalité des chances, celan’existe plus », assénait il y a quel-ques semaines le ministre del’éducation, Claude Allègre. Dansun entretien au magazine L’Ex-pansion du 28 août, il va plus loin :« Il fut un temps où le très bonélève d’une famille modeste étaitpris en charge pour toutes sesétudes. C’était, si vous voulez, lemodèle Pompidou, l’élitisme répu-blicain. Mais ça n’existe plus pourles très pauvres. » Cet idéal répu-blicain, fondement de l’école deJules Ferry, ne ferait donc ques’éloigner un peu plus.

Or, la tendance n’est pas exac-tement celle-ci, comme le montrel’étude de l’Insee, sauf à penserqu’il revient à l’école de changerla société, quand elle ne fait quereproduire, en l’adaptant, un sys-tème social dont les fondationsne sont pas dans les salles declasse.

Au-delà de ce constat généralalarmant, les deux chercheurs del’Insee laissent entrevoir de pe-

tites raisons d’optimisme. Ils dé-cèlent dans l’évolution du sys-tème éducatif dans son ensembledes signes encourageants. La dé-mocratisation de l’école, engagéeil y a quinze ans avec l’arrivée enmasse des jeunes au lycée et àl’université, a été réussie, n’en dé-plaise à ceux qui crient à l’effon-drement du niveau scolaire et àl’implosion de l’institution. « L’ou-verture du système scolaire acontribué à une hausse considé-rable mais générale du niveau deformation », écrivent MM. Gouxet Maurin. Ce pari n’était pas ga-gné d’avance. Ailleurs (Etats-Uniset Grande-Bretagne), on observeque les systèmes éducatifs sonten pleine crise.

Reste à faire exister une égalitédes chances autrement que parincantations. L’étude de l’Inseemontre où peut se situer cettenouvelle bataille de l’école, ensoulignant que les inégalités seperpétuent souvent par la mé-connaissance de l’institution sco-laire dans les familles les plus dé-favorisées, voire par leur solideméfiance à son égard.

Comment circuler dans le dé-dale des filières de formation, uti-liser au mieux les formations,« optimiser » un cursus scolaire ?Tout reste à faire en matièred’orientation – mot usé jusqu’à lacorde – et de transparence. Ainsiqu’en matière de discriminationpositive envers les établissementsles plus défavorisés. « Il faudraitaffecter dans les banlieues difficilesles enseignants les plus expérimen-tés », note par exemple Claude Al-lègre, comme tous ses prédeces-seurs depuis dix ans. Il serait bonque, cette fois, le ministre fasse cequ’il dit.

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997

Les investisseurs s’inquiètent de la morosité économique au JaponALORS qu’en Europe et aux

Etats-Unis l’heure est à la haussedes taux d’intérêt, les rendementsne cessent de baisser au Japon. Ce-lui de l’emprunt d’Etat de réfé-rence, d’une durée de huit ans, esttombé mercredi 27 août sous labarre des 2 %, à 1,99 %. En compa-raison, les taux des obligations demême échéance se situent à 6,30 %à New York et à 5,30 % à Paris. Unerémunération aussi faible que celleofferte par les titres nippons estsans précédent dans l’histoire fi-nancière mondiale des cinquantedernières années.

Elle s’explique par une situationmonétaire exceptionnelle – le tauxd’escompte de la Banque du Japonest fixé à 0,5 % depuis près de deuxans – et surtout par l’inquiétudecroissante des opérateurs à l’égardde la solidité de la reprise écono-mique au Japon. Ces craintes ontété nourries, mercredi, par les dé-clarations au Financial Times d’Ei-suke Sakakibara, vice-ministre desfinances qui se dit « plus inquiet ausujet de l’économie qu’il y a deux

mois ». Tout en se déclarant per-suadé que l’activité rebondirabientôt, il a noté que l’économieavait été plus durement touchéequ’il ne l’avait prévu par la hausse,fin avril de la TVA, portée de 3 % à5 % et décidée par le gouverne-ment afin de réduire les déficits pu-blics. Le gouverneur de la Banquedu Japon, Yasuo Matsushita, a luiaussi relevé mercredi l’impact né-gatif « persistant » du relèvementdes taxes sur la consommation desménages.

ÉPARGNE STÉRILELes dernières statistiques pu-

bliées au Japon ont reflété la moro-sité économique actuelle. L’indica-teur avancé de la conjoncture,censé préfigurer l’évolution de l’ac-tivité dans les six mois à venir, s’estétabli à 35 points en juin, contre50 points en mai. Pour l’heure, legouvernement nippon maintientses perspectives de croissance pourl’exercice 1997-1998 : la hausse duproduit intérieur brut s’établirait à1,9 %, après 3 % l’année dernière.

Ce ralentissement semble ex-clure un resserrement prochain dela politique monétaire japonaise,au grand dam des ménages nip-pons, lassés de posséder uneépargne totalement stérile. La dé-tente des rendements au Japons’accompagne d’un repli parallèlede la Bourse de Tokyo, les investis-seurs nippons préférant se réfugiersur le compartiment des obliga-tions, même si ces dernières sontdépourvues de rémunération, plu-tôt que de s’exposer à des moins-values en capital en achetant desactions. De toutes les grandesplaces boursières internationales,Tokyo est la seule à afficher unebaisse depuis le début de l’année(– 4,58 % contre + 20 % à New Yorket + 38 % à Francfort). Le bas ni-veau des taux constitue en re-vanche plutôt une bonne nouvellepour les autres marchés financiers.Les investisseurs japonais sont in-cités à placer leurs capitaux en de-hors de l’archipel pour bénéficierde rendements, sur les actions etles obligations, nettement supé-

rieurs. En 1996, ils ont acquis100 milliards de dollars d’obliga-tions américaines, et le rythme seserait accéléré en 1997, à 160 mil-liards de dollars. Cet appétitcontribue à la stabilité des taux auxEtats-Unis.

Ces sorties de capitaux du Japonexercent en revanche une pressionà la baisse sur le yen (118,90 yenspour un dollar mercredi), un mou-

vement de change qui désavantageles exportations des entreprisesaméricaines. En juin, le déficitcommercial des Etats-Unis avec leJapon s’est établi à 4,05 milliardsde dollars, soit une hausse de 22 %sur un an. La Maison Blanche nepeut se permettre, à l’égard des in-dustriels américains, un renforce-ment supplémentaire du dollar vis-à-vis du yen.

M. Tietmeyer se veut rassurantLe président de la Bundesbank, Hans Tietmeyer, s’est attaché, mercre-

di 27 août, à rassurer les marchés financiers, qui craignent que l’évolu-tion récente de l’inflation en Allemagne ne conduise la banque centraleà relever ses taux d’intérêt. « On doit faire attention à une dramatisationde l’évolution des prix en Allemagne », a-t-il déclaré. Certes, il reconnaît« s’en préoccuper très sérieusement », à la vue de l’indice des prix à l’im-portation (4,2 % sur un an en juillet)et de la « hausse sensible » des prix àla consommation (2 % en août). Mais « La progression de ces indices est enpartie due à des effets uniques », a expliqué M. Tietmeyer. La baisse dumark face au dollar ne conduira pas non plus automatiquement à unehausse des taux allemands. En outre, le recul récent du billet vert enéloigne le risque. Le niveau actuel de 1,80 DM étant, aux yeux de M. Tiet-meyer, « plus satisfaisant » que les 1,90 DM il y a dix jours.

Volkswagen proposeles 35 heures en BelgiqueLA DIRECTION ET LES SYNDICATS de l’usine belge de Volkswagendevraient, selon un porte-parole de l’usine, conclure mardi 2 sep-tembre un accord sur la réduction de la durée du travail. Dans cetteusine de la banlieue bruxelloise, qui emploie 5 800 salariés dont5 200 ouvriers, les équipes de jour passeraient de 36 heures à 35 heuressans perte de salaire, mais en renonçant à une augmentation prévue.En revanche, les salariés de l’équipe de nuit, qui sont tous volontaires,passeraient de 36 heures à 32 heures avec une perte de salaire de 10 %.

DÉPÊCHESa SANOFI : le groupe pharmaceutique français a obtenu, jeudi28 août, de la Commission européenne, l’autorisation de mise sur lemarché européen de l’irbésartan, sa nouvelle molécule de traitementde l’hypertension artérielle qui sera commercialisée dès septembresous les appellations commerciales d’Approvel et de Karvea.a VOLVO : le groupe français Renault a cédé la totalité de la partici-pation (environ 3 %) qu’il détenait dans le capital de Volvo, selon uncommuniqué publié mercredi 27 août. Cette opération lui a permis dedégager une plus-value de 1 milliard de francs.a DÉFAILLANCES D’ENTREPRISES : le nombre des défaillancesd’entreprises en France a baissé de 6,7 % en mars par rapport à février,avec 4 066 jugements prononcés par les tribunaux contre 4 359 le moisprécédent, selon l’INSEE. Cette baisse concerne tous les secteurs, saufles transports (+ 2,4 %) et le bâtiment-génie civil (+ 0,6 %).a BIC : la Cour suprême de l’Etat de New York a suspendu en appell’offre de reprise de la société Sheaffer par ses dirigeants. La décisiondu juge, qui conteste la validité juridique de la contre-offre du manage-ment, remet en selle le groupe français Bic qui avait annoncé, le 31 juil-let, le rachat de l’américain (Le Monde du 27 août).

LOIN D’AVOIR mis fin, commecertains experts l’espéraient, à lacrise monétaire en Asie du Sud-est,les mesures de soutien financier dé-cidées par les autorités monétairesinternationales en faveur de laThaïlande et de plusieurs autrespays de la région ont au contraireeu pour effet de renforcer les tur-bulences et d’accroître les mouve-ments spéculatifs.

Les places financières d’Asie duSud-est connaissaient, jeudi28 août, un nouvel accès de fièvre.A la mi-journée, les Bourses desPhilippines et de Kuala Lumpur seretrouvaient en situation de krach.L’indice de référence, à Manille,s’inscrivait en repli de 9,3 %, soitson plus important recul depuishuit ans. La Bourse de Kuala Lum-pur cédait 8,17 %, en dépit des me-sures de restriction des transactionsprises par les autorités de tutelle.Les autres marchés boursiers de lazone étaient affectés par contagion.Djakarta abandonnait 3,82 %, Sin-

gapour 3,28 % et Hongkong 4,3 %.Le recul des marchés boursiers s’ac-compagnait d’un repli des devises.Le ringgit malaisien cédait 1,2 %face au dollar et la roupie indoné-sienne, 4,3 %. Le repli de la roupies’est accéléré après que la banquecentrale d’Indonésie eut choisi d’as-souplir sa politique monétaire afinde ne pas pénaliser plus longtempsla croissance économique. Le tauxde l’argent au jour le jour sur lemarché interbancaire est revenu, àDjakarta, de 83 %, mardi, à 26 %jeudi.

« C’est l’effet boule de neige, notaitAnthony Chuah, opérateur à laHongkong & Shanghai BankingCorp. à Singapour, la chute des de-vises entraîne celle des actions et in-versement. » Les investisseurs inter-nationaux, anticipant une baissesupplémentaire des monnaies et re-doutant une perte de change,vendent les actions qu’ils dé-tiennent, ce qui provoque une nou-velle chute de la devise. Ils re-

doutent aussi que les plans derigueur et d’accompagnement desdévaluations ne provoquent un ra-lentissement brutal de la croissanceéconomique. Enfin, la fragilité dusystème bancaire et financier setrouve accrue par la baisse des de-vises nationales, les dettes des éta-blissements de crédit locaux étantmajoritairement libellées en dollars.

La crise monétaire en Asie acommencé en Thaïlande, au moisde mai, avec des attaques spécula-tives contre le baht lancées par plu-sieurs grands fonds d’investisse-ment internationaux, dont celui del’américain George Soros. Ces at-taques sanctionnaient les difficultésfinancières de Bangkok, liées, pourpartie, à une grave crise de l’immo-

bilier. Au début des années 90, cesecteur avait bénéficié d’investisse-ments massifs, dans un contexte deconditions monétaires favorables(des taux d’intérêt bas) et d’affluxde capitaux étrangers, rapidementtransformés en dépôts bancaires.

Cette abondance de liquidités aconduit à la formation d’une bulleimmobilière et à un excès de l’offresur la demande. « Près de 800 000logements ont été offers à Bangkok en1996. Près de 400 000 sont restés va-cants », rappellent les économistesde la Caisse des dépôts et consigna-tions (CDC). Lorsque cette bulle afini par éclater, de nombreux pro-moteurs immobiliers ont alors étéacculés à la faillite, ce qui placé lesétablissements financiers qui leuravaient prêté des fonds dans une si-tuation très délicate. Il s’est ensuiviune chute des titres financiers et dela Bourse (– 35 % en 1996).

Cette crise financière a été aggra-vée par le ralentissement de l’activi-té économique (hausse du PIB de

6,7 % en 1996, contre 8,7 % en 1995et une moyenne de près de 9 % de1990 à 1995), lié à des performancesmédiocres en matière d’exporta-tions. « Le retournement du marchéde l’électronique en est la cause, maisaussi, de façon plus structurelle, laperte de compétitivité de la Thaï-lande, notamment dans les secteurs àhaute intensité de main-d’œuvre et àfaible valeur ajoutée, comme le tex-tile et la confection », précise-t-on àla CDC. La hausse du dollar obser-vée à la fin de l’année 1996 et aucours des premiers mois de 1997 afini de déséquilibrer le système. Lebaht était en effet indexé à un pa-nier de devises, où la part du billetvert représentait 80 %.

En raison de l’importance deséchanges commerciaux entre lespays de la région, le décrochage dubaht thaïlandais, début juillet, avaitrendu quasi inévitable un ajuste-ment des devises voisines. Lacontagion a été aussi facilitée par lefait que la Malaisie, l’Indonésie oules Philippines connaissaient desdéséquilibres économiques dumême type que Bangkok. Les res-ponsables du Fonds monétaire in-ternational (FMI) espéraient, toute-fois, que les mesures d’ajustementprises rapidement par les gouverne-ments des Etats de la zone allaientpermettre d’endiguer la crise. Lesévénements de jeudi, sur lesBourses de Manille et de KualaLumpur, démontrent que cet opti-misme n’était pas justifié.

Pierre-Antoine Delhommais(avec l’agence Bloomberg)

Les AGF font l’objet de rumeurs d’OPA outre-RhinLA COMPAGNIE d’assurances

AGF a fait l’objet, mercredi 27 août,d’une nouvelle vague d’achats à laBourse de Paris, le titre terminant laséance sur un gain de 4,4 %, à225,50 francs, après avoir connu unpic de 10 % peu avant la clôture.

Depuis quelques semaines, lacompagnie fait l’objet, en Alle-magne, de nombreuses rumeursd’OPA, attribuées à la DeutscheBank. Déjà, mi-août, le quotidienDie Welt avait affirmé que la pre-mière banque allemande était inté-

ressée par l’assureur. Une informa-tion qualifiée de « purespéculation » par la banque. Mercre-di 27 août, c’était au tour de l’heb-domadaire Der Spiegel de reprendrece thème. Le magazine précise que,grâce à cette opération, la banquerécupérait la participation de 33 %que détiennent aujourd’hui les AGFdans l’assureur allemand AMB.

Opéable, la compagnie de la ruede Richelieu l’est sans doute,comme toute société privée qui n’apas de tour de table verrouillé.Outre le personnel, quatre action-naires détiennent environ 5 % cha-cun, les autres participations ne dé-passant pas 1 %. On voit cependantmal l’intérêt stratégique d’une telleopération pour la Deutsche Bank,malgré les déclarations du présidentdu directoire du groupe allemand,Rolf Breuer, qui avait indiqué,fin juillet, son intention de se déve-lopper en France. Pour autant, il estclair que la première banque alle-mande ne veut pas être absente dujeu de restructurations que connaîtactuellement le secteur financier al-lemand.

Les rumeurs récurrentes sur lesAGF interviennent alors que cegroupe est en compétition avec lenuméro un allemand Allianz pour lerachat d’une autre compagnie fran-çaise, le groupe public GAN. Pourses détracteurs, la principale fai-blesse de cette candidature est sonmanque d’assise financière face auxgigantesques fonds propres d’Al-lianz. Apparaître comme une proiepour un raider ne peut que renfor-cer cette image de fragilité.

Babette Stern

FINANCE Les Bourses asiatiquesont connu de très fortes chutes, jeu-di 28 août, en particulier aux Philip-pines et en Malaisie. L’indice de ré-férence, à Manille, s’inscrivait en

repli de 9,3 %, soit son plus impor-tant recul depuis huit ans. La Boursede Kuala Lumpur cédait plus de 8 %,en dépit des mesures de restrictiondes transactions prises par les auto-

rités de tutelle. b LES AUTRESPLACES étaient affectées par conta-gion : Djakarta abandonnait 3,82 %,Singapour 3,28 % et Hongkong4,3 %. b LE RECUL des marchés

boursiers s’accompagnait d’un replides devises. Le ringgit malaisien cé-dait 1,2 % face au dollar et la roupieindonésienne 4,3 %. b LES ME-SURES adoptées par le Fonds moné-

taire international la semaine pas-sée pour soutenir la Thaïlande, paysoù a éclaté la crise en mai, n’ont paspermis de rétablir la confiance desinvestisseurs.

« Jeudi noir » sur les places boursières d’Asie du Sud-Est Les Bourses de Manille et de Kuala Lumpur ont perdu respectivement 9,28 % et 8 % jeudi 28 août. Les autres places de la région reculaient

fortement. La crise a été enclenchée en mai en Thaïlande. Les mesures d’aide du FMI ne parviennent pas à rétablir la confiance des investisseurs

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14 / LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 F I N A N C E S E T M A R C H É S

Tokyo frémità nouveau

LA BOURSE de Tokyo a clô-turé en légère hausse de 0,1 %jeudi, l’attrait pour les titres dehaute technologie ayant relancéun courant d’achats, estimentles courtiers. L’indice Nikkei agagné 9,51 points pour terminerla séance à 18 451,45.

La veille, Wall Street avait finisur une petite hausse, la ten-dance s’inversant dans l’après-midi grâce à une stabilisationdu marché obligataire, soutenupar une petite reprise du dollar.Des achats informatisés et labonne performance des valeurspétrol ières, sur des com-mentaires favorables d’ana-lystes, ont également contribuéau redressement de la boursenew-yorkaise.

L’ indice Dow Jones desvaleurs vedettes a gagné

5,11 points (+ 0,07 %), à 7 787,33.L’activité a repris quelque peu,avec environ 495 millions d’ac-tions échangées.

Les analystes tablent sur unepoursuite de la tendance irrégu-lière des marchés à la fin de lasemaine, avant le long week-end de la Fête du travail célé-brée lundi 1er septembre auxEtats-Unis.

Promodès, valeur du jourL’ACTION du groupe de distribu-

tion a gagné mercredi 27 août 4 %, à2 257 francs, dans un volume de51 000 titres. Le groupe fait depuisplusieurs mois l’objet de rumeursde rapprochement avec Casino. Parailleurs, selon les opérateurs, Pro-modès s’intéresserait au groupebelge GIB. GIB est présente dans ladistribution, la restauration rapide(Quick) et le bricolage (magasinsOBI), deux activités qui seraient re-vendues en cas de rachat de GIB. Lasociété de Bourse Cheuvreux de Vi-

rieu, qui a révisé à la hausse ses pré-visions de résultats pour Promodèsen 1997 et 1998, conseillait l’achatdu titre dès l’ouverture du marché.

Rebondà Paris

LA BOURSE de Paris a ouverten hausse, jeudi 28 août. Aprèsquelques minutes d’échanges, l’in-dice CAC 40 des valeurs vedettesgagnait 0,72 %, à 2 892,42 points.Les actions françaises étaient sou-tenues par le rebond du dollar.

La veille, le redressement du bil-let vert en cours de séance avaitpermis à la Bourse de Paris demettre fin au mouvement debaisse enregistré durant quatreséances.

En baisse de 0,76 % à l’ouver-ture, l’indice CAC 40 avait atteintau plus haut niveau de la journée2 899,47 points avant de finir à2 871,70 points, en progression de0,09 %.

Le marché avait été calme avecun chiffre d’affaires de 5,1 mil-liards de francs sur le marché à rè-glement mensuel.

Les opérateurs s’attendent à unegrande volatilité des cours pourles prochaines semaines en Franceavec l’examen du projet de budget1998, la publication des résultatssemestriels des entreprises et la

rentrée sociale. Profitant desbonnes perspectives de croissanceéconomique et de reprise de laconsommation, les titres de lagrande distribution avaient été re-

cherchés : Promodès avait gagné4 % après une note favorable de lasociété Cheuvreux de Virieu sur cegroupe. Carrefour avait pris 2,54 %dans un marché actif.

Progression du dollarLE DOLLAR s’inscrivait en hausse, jeudi 28 août,

lors des premières transactions entre banques sur lesplaces financières européennes. Il s’échangeait à1,8176 mark et 6,12 francs.

Le billet vert était soutenu par les déclarations, laveille, du président de la Bundesbank, qui ont éloignéla perspective d’un resserrement rapide de la poli-tique monétaire en Allemagne. « On doit faire atten-

tion à une dramatisation de l’évolution des prix en Alle-magne », a déclaré M. Tietmeyer lors d’une rencontreavec des journalistes à Francfort. La récente haussedes prix en Allemagne tout comme le cours du dollarpar rapport au mark ne doivent pas entraîner de pa-nique, selon M. Tietmeyer. Le franc gagnait du ter-rain, jeudi matin, face à la monnaie allemande. Il co-tait 3,3665 francs pour un deutschemark.

Légère hausse du MatifLE MARCHÉ obligataire français a ouvert en lé-

gère hausse, jeudi 28 août, soutenu par les déclara-tions apaisantes tenues la veille par le président de laBundesbank Hans Tietmeyer.

Après quelques minutes de transactions, le contratnotionnel du Matif, qui mesure la performance desemprunts d’Etat, gagnait 4 centièmes, à 129,54points.

Le taux de l’obligation assimilable du Trésor (OAT)à dix ans s’inscrivait à 5,61 %, soit 0,09 % au-dessousdu rendement du titre allemand de même échéance.

La veille, les obligations américaines avaient ter-miné la séance en légère baisse, dans un marchécalme, les opérateurs attendant la publication desstatistiques de croissance au deuxième trimestre. Letaux de l’emprunt à 30 ans s’était inscrit à 6,64 %.

b LA BOURSE DE TOKYO a clôturéen légère hausse de 0,1 % jeudi28 août. L’indice Nikkei a gagné9,51 points pour terminer la séanceà 18 451,45.

b WALL STREET a fini en hausse, latendance s’inversant dans l’après-midi grâce à une stabilisation dumarché obligataire. Le Dow Jones agagné 0,07 %, à 7 787,33.

b LE DOLLAR progresse face aufranc à 6,1137 francs contre6,0970 francs la veille, mais baisseface au yen, à 118,55 yens contre118,85 yens la veille.

b LE DEUTCHEMARK s’effritait trèslégèrement face au franc jeudi28 août en matinée, à 3,3651 francscontre 3,3689 francs mercredi 27août en soirée.

b L’OR a ouvert en légère baissejeudi 28 août sur le marché deHongkong à 325,30-325,60 dollarsl’once, contre 325,40-325,80 mer-credi à la clôture.

LES PLACES BOURSIERESCAC 40

qCloture

CAC 40

q1 mois

CAC 40

p1 an

MIDCAC

q1 mois

NEW YORK

qDOW JONES

LONDRES

qFT 100

MILAN

nMIB 30

FRANCFORT

pDAX 30

LES TAUX LES MONNAIESPARIS

pJour le jour

PARIS

qOAT 10 ans

NEW YORK

qJour le jour

NEW YORK

qBonds 10 ans

FRANCFORT

nJour le jour

FRANCFORT

qBunds 10 ans

US / F

q6,0565

US / DM

p1,8046

US / ¥

p118,8700

DM/F

q3,3694

£ / F

q9,7965

LES TAUX DE REFERENCETaux Taux Taux Indice

TAUX 27/08 jour le jour 10 ans 30 ans des prixFrance 3,13 5,60 6,32 1,70Allemagne 3,05 5,69 6,39 1,80Grande-Bretagne 7,13 7,07 NC 2,80Italie 6,88 6,69 7,31 2,60Japon 0,47 2,23 NC 0,50Etats-Unis 5,53 6,37 6,65 3,30

LE MARCHE MONETAIRE (taux de base bancaire 6,30 %)Achat Vente Achat Vente27/08 27/08 26/08 26/08

Jour le jour .... .... .... ....Jour le jour 3,1875 .... .... ....1 mois 3,19 3,31 3,22 3,323 mois 3,28 3,40 3,33 3,436 mois 3,40 3,53 3,43 3,53PIBOR FRANCSPibor Francs 1 mois 3,3438 .... 3,3398 ....Pibor Francs 1 mois 3,3398 .... 3,3398 ....Pibor Francs 3 mois 3,4375 .... 3,4375 ....Pibor Francs 3 mois 3,4258 .... 3,4375 ....Pibor Francs 6 mois 3,5586 .... 3,5586 ....PIBOR ECUPibor Ecu 3 mois 4,3854 .... 4,3750 ....Pibor Ecu 3 mois 4,3750 .... 4,3750 ....Pibor Ecu 6 mois 4,4818 .... 4,4583 ....

MARCHE DES CHANGES A PARISDEVISES cours BDF 27/08 % 26/08 Achat VenteAllemagne (100 dm) 336,9400 .... 326 350Allemagne (100 dm) 336,8400 – 0,03 .... ....Ecu 6,6175 – 0,08 .... ....Ecu 6,6135 – 0,06 .... ....Etats-Unis (1 usd) 6,0565 – 1,48 5,8000 6,4000Etats-Unis (1 usd) 6,0900 + 0,55 .... ....Belgique (100 F) 16,3140 – 0,04 15,7700 16,8700Belgique (100 F) 16,3205 .... .... ....Pays-Bas (100 fl) 299 – 0,06 .... ....Pays-Bas (100 fl) 299,1800 – 0,02 .... ....Italie (1000 lir.) 3,4510 – 0,12 3,2100 3,7100Italie (1000 lir.) 3,4485 – 0,07 .... ....Danemark (100 krd) 88,4600 + 0,01 83 93Danemark (100 krd) 88,4400 – 0,02 .... ....Irlande (1 iep) 8,9940 – 0,03 8,5800 9,4200Irlande (1 iep) 9,0110 + 0,19 .... ....Gde-Bretagne (1 L) 9,7975 + 0,01 9,3300 10,1800Gde-Bretagne (1 L) 9,7965 – 0,65 .... ....Grece (100 drach.) 2,1395 – 0,23 1,9200 2,4200

MARCHE INTERBANCAIRE DES DEVISESDEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 moisDollar Etats-Unis 6,0750 6,0730 6,1220 6,1200Yen (100) 5,1008 5,0969 5,1693 5,1633Deutschemark 3,3695 3,3690 3,3681 3,3676Franc Suisse 4,0777 4,0737 4,0922 4,0887Lire ital. (1000) 3,4488 3,4467 3,4571 3,4540Livre sterling 9,7656 9,7563 9,8693 9,8599Peseta (100) 3,9841 3,9820 3,9849 3,9828Franc Belge (100) 16,331 16,308 16,317 16,294

NEW YORKLes valeurs du Dow-Jones

27/08 26/08Alcoa 83,93 85,75Allied Signal 84,06 84,62American Express 80,06 79,81AT & T 40,12 40Boeing Co 55,31 54,43Caterpillar Inc. 60 58,62Chevron Corp. 80 78,25Coca-Cola Co 58,56 59,06Disney Corp. 78,50 77,50Du Pont Nemours&Co 64,31 65,18Eastman Kodak Co 67,31 65,56Exxon Corp. 63,25 61,87Gen. Motors Corp.H 64,18 65,06Gen. Electric Co 62,75 63,43Goodyear T & Rubbe 62,68 62,93Hewlett-Packard 62,43 62,43IBM 103,87 103,31Intl Paper 53,50 54,43J.P. Morgan Co 110,31 110,37Johnson & Johnson 58 57,18Mc Donalds Corp. 48,06 48,43Merck & Co.Inc. 92,87 91,62Minnesota Mng.&Mfg 91,56 91,75Philip Moris 45,31 45,50Procter & Gamble C 136,25 137,18Sears Roebuck & Co 56,37 57,43Travelers 64,25 64,87Union Carb. 52,87 52,87Utd Technol 78,75 78,43Wal-Mart Stores 35,93 36,06

LONDRESSelection de valeurs du FT 100

27/08 26/08Allied Lyons 4,60 4,62Barclays Bank 14,14 14,01B.A.T. industries 5,27 5,30British Aerospace 14,48 14,36British Airways 6,56 6,45British Petroleum 8,75 8,67British Telecom 4,04 4,14B.T.R. 2,10 2,11Cadbury Schweppes 5,87 5,79Eurotunnel 0,69 0,71Forte .... ....Glaxo Wellcome 12,40 12,23Granada Group Plc 8,27 8,22Grand Metropolitan 5,77 5,81Guinness 5,66 5,68Hanson Plc 0,87 0,87Great lc 6,45 6,39H.S.B.C. 20,35 20,26Imperial Chemical 10,18 10,08Legal & Gen. Grp 4,50 4,51Lloyds TSB 7,38 7,18Marks and Spencer 5,91 5,76National Westminst 7,99 7,90Peninsular Orienta 6,52 6,43Reuters 6,45 6,26Saatchi and Saatch 1,18 1,17Shell Transport 4,23 4,25Tate and Lyle 4,18 4,18Univeler Ltd 17,80 17,96Zeneca 19,56 19,39

FRANCFORTLes valeurs du DAX 30

27/08 26/08Allianz Holding N 407 402Basf AG 63,60 63,10Bayer AG 67,95 67,30Bay hyp&Wechselbk 67,45 66,55Bayer Vereinsbank 95 95BMW 1302 1281,50Commerzbank 64,60 65,60Daimler-Benz AG 134,80 134,40Degussa 92 94Deutsche Bank AG 109,35 108,80Deutsche Telekom 38 38,40Dresdner BK AG FR 73,30 72,10Henkel VZ 94,70 95Hoechst AG 71,60 69,15Karstadt AG 648 653Linde AG 1220 1212DT. Lufthansa AG 36,90 36,80Man AG 512 516,50Mannesmann AG 865,50 840,50Metro 91,20 91,50Muench Rue N 558 532Preussag AG 520 512Rwe 81 79Sap VZ 418,20 424Schering AG 181,50 180,60Siemens AG 114 112,95Thyssen 427 417,50Veba AG 98 98,10Viag 772 773Volkswagen VZ 974 972

1885,95

Indice SBF 250 sur 3 mois2003,43

1946,97

1890,52

1834,06

1777,61

1721,15f30 mai 11 juil. 27 aoutg

1890,13

Indice second marche sur 3 mois1947,59

1913,94

1880,30

1846,65

1813,01

1779,36f30 mai 11 juil. 27 aoutg

1612,07

Indice MidCac sur 1 mois1655,69

1646,96

1638,24

1629,51

1620,79

1612,07f28 juil. 11 aout 27 aoutg

7734,61

New York. Dow Jones sur 3 mois8259,31

8011,90

7764,49

7517,07

7269,66f30 mai 11 juil. 27 aoutg

4906,10

Londres. FT100 sur 3 mois5086,80

4954,38

4821,95

4689,53

4557,10f30 mai 11 juil. 27 aoutg

3995,66

Francfort. Dax 30 sur 3 mois4438,93

4216,16

3993,39

3770,61

3547,84f30 mai 11 juil. 27 aoutg

PRINCIPAUX ECARTSAU REGLEMENT MENSUEL

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 28/08 27/08 31/12Casino Guich.ADP 239 + 3,68 + 25,78Coflexip 515 + 3,24 + 87,27Atos (ex.Axime) CA 649 + 3,17 + 8,16Legrand 1148 + 3,05 + 29,86Thomson-CSF 159,50 + 3,03 – 5,22Promodes 2319 + 2,74 + 58,29Salomon (Ly) 427 + 2,47 – 4,04Colas 800 + 2,43 + 6,66Sanofi 611 + 2,34 + 18,41Sodexho Alliance 2810 + 2,29 – 2,76

BAISSES, 10 h 15BIC 456,80 – 3,83 + 17,42Olipar 77,25 – 3,07 – 6,59Interbail 154 – 1,91 – 32,12Sat 1550 – 1,89 + 0,32Saupiquet (Ns) 625 – 1,88 – 14,38Europe 1 1375 – 1,78 + 25Sagem SA 2901 – 1,62 – 7,31Selectibanque 66 – 1,49 – 9,58DMC (Dollfus Mi) 113 – 1,31 – 10,17AGF-Ass.Gen.France 222,60 – 1,28 + 32,89

PRINCIPAUX ECARTSAU SECOND MARCHE

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 28/08 27/08 31/12Cofidur CB 179,90 + 4,65 + 43,92Chaine et Trame # 182 + 4 + 29,90CEGEDIM # 675 + 3,68 + 40,62Dauphin OTA 425 + 2,90 + 31,98Jet Multimedia 765 + 2,68 + 20,47

BAISSES, 10 h 15Manutan 441 – 4,13 – 16,79ADA 438 – 2,66 + 6,82Bricorama # 227,80 – 2,64 + 4,68Lectra Syst.(B) # 26,35 – 2,40 + 72,22Vilmorin et Cie # 451 – 2,38 + 6,11

2257Promodes sur 1 mois2623

2525,40

2427,80

2330,20

2232,60

2135f25 juil. 11 aout 27 aoutg

2869,26

Indice CAC 40 sur un an3075,67

2854,66

2633,65

2412,63

2191,62

1970,61f29 aout 25 fev. 27 aoutg

129,58

Notionnel 10 % premiere echeance, 1 an

132,68

130,74

128,81

126,87

124,94

123f27 aout 3 mars 27 aoutg

LES MATIERES PREMIERESINDICES

28/08 27/08Dow-Jones comptant 147,09 ....Dow-Jones a terme 149,16 149,99CRB 237,69 239,31

METAUX (Londres) dollars/tonneCuivre comptant 2207,50 2194Cuivre a 3 mois 2186 2186,50Aluminium comptant 1763 1694Aluminium a 3 mois 1670 1657,50Plomb comptant 611,25 632,25Plomb a 3 mois 644,50 651Etain comptant 5422,50 5411Etain a 3 mois 5475 5465Zinc comptant 1687,50 1699Zinc a 3 mois 1494,50 1512,50Nickel comptant 6547,50 6467,50Nickel a 3 mois 6625 6625

METAUX (New-York) $/onceArgent a terme 465,40 464Platine a terme .... ....Palladium 190,10 186,95GRAINES, DENREES (Chicago) $/boisseauBle (Chicago) 364 371,25Maıs (Chicago) 263,75 268,50Grain. soja (Chicago) 662,25 670Tourt. soja (Chicago) 244 246,90GRAINES, DENREES (Londres) £/tonneP. de terre (Londres) 62 62Orge (Londres) 79,40 80,25SOFTS $/tonneCacao (New-York) 1653 1656Cafe (Londres) 1512 1530Sucre blanc (Paris) 326,50 327,10OLEAGINEUX, AGRUMES cents/tonneCoton (New-York) 72,25 73Jus d’orange (New-York) 67,40 67,55

L’ORcours 27/08 cours 26/08

Or fin (k. barre) 63600 63100Or fin (k. barre) 63100 63100Or fin (en lingot) 64200 63600Or fin (en lingot) 63600 63950Once d’Or Londres 324 ....Once d’Or Londres 325,50 324,75Piece francaise(20f) 365 366Piece francaise(20f) 370 365Piece suisse (20f) 363 364

LE PETROLEEn dollars cours 28/08 cours 27/08Brent (Londres) 18,20 18,57WTI (New York) 19,29 19,38Light Sweet Crude 19,25 19,70

INDICES MONDIAUXCours au Cours au Var.

27/08 26/08 en %Paris CAC 40 2871,70 2869,26 + 0,08New-York/DJ indus. 7734,61 7782,22 – 0,62Tokyo/Nikkeı 18441,90 18815 – 2,02Londres/FT100 4906,10 4886,30 + 0,40Francfort/Dax 30 3995,66 3959,33 + 0,91Frankfort/Commer. 1330,49 1334,80 – 0,32Bruxelles/Bel 20 2860,42 2861,40 – 0,03Bruxelles/General 2341,02 2341,82 – 0,03Milan/MIB 30 1161 1161 ....Amsterdam/Ge. Cbs 617,50 617,60 – 0,02Madrid/Ibex 35 581 580,11 + 0,15Stockholm/Affarsal 2477,60 2477,60 ....Londres FT30 3137,80 3123,50 + 0,46Hong Kong/Hang S. 15534 15547,20 – 0,08Singapour/Strait t 1915,96 1925,20 – 0,48

CAC 40/5 joursMAX2957,23

2913

2869,26MIN

J V L M M

VALEURS LES PLUS ACTIVES28/08 Titres Capitalisation

SEANCE, 10 h 15 echanges en FElf Aquitaine 44681 31759455Sanofi 50720 31004849Casino Guichard 99674 29661029,10Total 36077 21662590BIC 36548 16713282,10Michelin 47077 16615057,90AGF-Ass.Gen.France 58207 13030987,10L’Oreal 5520 12416141Peugeot 17120 12010913Carrefour 3053 12009863

INDICES SBF 120-250, MIDCACET SECOND MARCHE

27/08 26/08 Var. %Ind. gen. SBF 120 1968,28 1986,61 – 0,92Ind. gen. SBF 120 1969,10 1968,28 + 0,04Ind. gen. SBF 250 1885,95 1904,04 – 0,95Ind. gen. SBF 250 1887,38 1885,95 + 0,08

Valeurs indus. 2190,79 2192,90 – 0,10Valeurs indus. 2192,90 2213,43 – 0,931 - Energie 2647,81 2653,64 – 0,221 - Energie 2653,64 2666,29 – 0,472 - Produits de base 2150,93 2152,53 – 0,072 - Produits de base 2152,53 2138,03 + 0,683 - Construction 1844,95 1866,66 – 1,163 - Construction 1853,28 1844,95 + 0,45Services 2041,37 2065,71 – 1,18Services 2056,02 2041,37 + 0,728 - Distribution 3982,74 4025,55 – 1,06Societes financieres 1371,39 1374,33 – 0,21Societes financieres 1374,33 1384,65 – 0,7510 - Immobilier 765,87 766,62 – 0,1010 - Immobilier 763,86 765,87 – 0,26

MATIF

Echeances27/08 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixNOTIONNEL 10 %Sept. 97 103322 129,58 129,74 129,28 129,42Dec. 97 6371 98,56 98,70 98,30 98,40Mars 98 2 97,80 97,80 97,80 97,80

PIBOR 3 MOISSept. 97 12004 96,51 96,53 96,48 96,49Dec. 97 21709 96,31 96,34 96,26 96,28Mars 98 9488 96,19 96,23 96,13 96,17Juin 98 5299 96,04 96,08 95,98 96,04ECU LONG TERMESept. 97 261 96,60 96,74 96,34 96,54Dec. 97 .... .... .... .... ....

Echeances27/08 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prix

CONTRATS A TERME SUR INDICE CAC 40

Echeances27/08 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixAout 97 35526 2861 2912 2834 2890Sept. 97 17063 2868 2920 2847 2902

MARCHE OBLIGATAIREDE PARIS

Taux Taux indiceTAUX DE RENDEMENT au 27/08 au 26/08 (base 100 fin 96)Fonds d’Etat 3 a 5 ans 4,22 4,21 98,50Fonds d’Etat 5 a 7 ans 5 4,96 100,09Fonds d’Etat 7 a 10 ans 5,47 5,42 101,48Fonds d’Etat 10 a 15 ans 5,81 5,77 101,20Fonds d’Etat 20 a 30 ans 6,39 6,35 102,67Obligations francaises 5,76 5,73 101,02Fonds d’Etat a TME – 1,95 – 1,96 98,28Fonds d’Etat a TRE – 2,18 – 2,15 98,86Obligat. franc. a TME – 2,20 – 2,03 99,14Obligat. franc. a TRE + 0,07 + 0,07 100,14

TAUX D’INTERET DES EURODEVISESDEVISES 1 mois 3 mois 6 moisEurofranc 3,29 3,35 3,51Eurodollar 5,56 5,66 5,79Eurolivre 7,12 7,25 7,37Eurodeutschemark 3,17 3,28 3,40

PARITES DU DOLLAR 28/08 27/08 Var. %FRANCFORT : USD/DM 1,8046 1,7976 + 0,39TOKYO : USD/Yens 118,8700 118,1500 + 0,61

Page 15: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

LeMonde Job: WMQ2908--0015-0 WAS LMQ2908-15 Op.: XX Rev.: 28-08-97 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:28,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0468 Lcp: 196 CMYK

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 / 15

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997

F INANCES ET MARCHES LE MONDE / VENDREDI 29 AOUT 1997 / 15

VALEURS Cours Derniers %Compen-

FRANCAISES preced. cours + –sation

(1)

B.N.P. (T.P) ................... 965 965 .... 984Cr.Lyonnais(T.P.) .......... 950 .... .... 925Renault (T.P.) ................ 1835 1838 + 0,16 1780Rhone Poulenc(T.P) ...... 2250 .... .... 2268Saint Gobain(T.P.)......... 1292 .... .... 1291Thomson S.A (T.P) ........ 985 .... .... 975Accor............................. 935 935 .... 970AGF-Ass.Gen.France ..... 225,50 222,60 – 1,28 220Air Liquide .................... 938 942 + 0,42 920Alcatel Alsthom ............. 772 772 .... 800Atos (ex.Axime) CA........ 629 649 + 3,17 620Axa................................ 395,40 396,40 + 0,25 410Bail Investis................... 738 732 – 0,81 750Bancaire (Cie) ............... 721 723 + 0,27 710Bazar Hot. Ville ............. 548 554 + 1,09 565Bertrand Faure.............. 316 316 .... 330BIC................................ 475 456,80 – 3,83 490BIS ................................ 510 .... .... 500B.N.P. ........................... 276,30 275,10 – 0,43 285Bollore Techno.............. 781 776 – 0,64 770Bongrain....................... 2141 2131 – 0,46 2150Bouygues ...................... 495 505 + 2,02 500Bouygues Offs. .............. 237,40 239 + 0,67 250Bull#.............................. 62,45 62,50 + 0,08 61Canal + ......................... 998 1001 + 0,30 1020Cap Gemini................... 390 390 .... 380Carbone Lorraine.......... 1510 1500 – 0,66 1540Carrefour ...................... 3878 3922 + 1,13 3900Casino Guichard............ 292,50 299 + 2,22 285Casino Guich.ADP......... 230,50 239 + 3,68 235Castorama Dub.(Li)....... 717 719 + 0,27 710C.C.F. ............................ 306,90 306,20 – 0,22 315Cegid (Ly)...................... 593 598 + 0,84 610Cerus Europ.Reun......... 34,60 34,60 .... 34Cetelem......................... 629 643 + 2,22 670CGIP ............................. 1730 1715 – 0,86 1740Chargeurs ..................... 350 353 + 0,85 345Christian Dalloz............. 2400 2400 .... 2460Christian Dior ............... 923 935 + 1,30 940Ciments Francais........... 231 232 + 0,43 220Cipe France Ly #............ 643 637 – 0,93 675Clarins........................... 725 732 + 0,96 740Club Mediterranee........ 500 500 .... 495Coflexip......................... 498,80 515 + 3,24 495Colas ............................. 781 800 + 2,43 780Comptoir Entrep. .......... 10,25 10,30 + 0,48 10,50Comptoirs Mod............. 2770 2745 – 0,90 2890CPR............................... 469,50 470 + 0,10 460

Cred.Fon.France ............ 63,50 63,80 + 0,47 62Credit Lyonnais CI ......... 335 339 + 1,19 350Cred.Nat.Natexis ........... 369,80 369,90 + 0,02 375CS Signaux(CSEE).......... 204,80 203 – 0,87 210Damart .......................... 4495 4488 – 0,15 4750Danone.......................... 920 931 + 1,19 920Dassault-Aviation........... 1350 1345 – 0,37 1280Dassault Electro ............. 540 540 .... 535Dassault Systemes.......... 392 396 + 1,02 390De Dietrich .................... 252 252 .... 250Degremont .................... 414 .... .... 420Deveaux(Ly)#................. 720 720 .... 720Dev.R.N-P.Cal Li # ......... 44,30 44 – 0,67 45Dexia France.................. 544 551 + 1,28 560DMC (Dollfus Mi) .......... 114,50 113 – 1,31 117Dynaction ...................... 145,50 146,80 + 0,89 141Eaux (Gle des) ................ 699 707 + 1,14 700Eiffage ........................... 321 320 – 0,31 330Elf Aquitaine .................. 703 709 + 0,85 715Eramet ........................... 293,60 297,80 + 1,43 290Eridania Beghin ............. 816 825 + 1,10 825Essilor Intl ...................... 1533 1541 + 0,52 1540Essilor Intl.ADP.............. 1410 .... .... 1470Esso ............................... 530 537 + 1,32 540Eurafrance ..................... 2340 2340 .... 2440Euro Disney ................... 8,70 8,70 .... 8,50Europe 1 ........................ 1400 1375 – 1,78 1370Eurotunnel..................... 7 6,95 – 0,71 7Fimalac SA ..................... 502 504 + 0,39 515Finextel .......................... 106 .... .... 106Fives-Lille....................... 425 425 .... 420Fromageries Bel............. 4100 4125 + 0,60 4130Galeries Lafayette .......... 2266 2295 + 1,27 2440GAN............................... 139,50 141 + 1,07 138Gascogne (B) ................. 540 540 .... 555Gaumont #..................... 438,50 .... .... 440Gaz et Eaux .................... 2610 2600 – 0,38 2610Geophysique.................. 744 735 – 1,20 730G.F.C.............................. 501 502 + 0,19 505Groupe Andre S.A. ......... 560 557 – 0,53 565Gr.Zannier (Ly) # ........... 151 151 .... 153GTM-Entrepose............. 335,50 335,50 .... 325Guilbert ......................... 802 809 + 0,87 805Guyenne Gascogne........ 2048 2045 – 0,14 2090Hachette Fili.Med. ......... 1245 1250 + 0,40 1350Havas............................. 370 371,50 + 0,40 380Havas Advertising .......... 677 686 + 1,32 705Imetal ............................ 842 860 + 2,13 855Immeubl.France............. 331 330 – 0,30 335Infogrames Enter. .......... 771 776 + 0,64 800Ingenico......................... 148 149 + 0,67 141Interbail ......................... 157 154 – 1,91 149Intertechnique ............... 1400 1383 – 1,21 1400Jean Lefebvre ................. 301,40 .... .... 300Klepierre ........................ 760 762 + 0,26 770Labinal........................... 1545 1536 – 0,58 1580Lafarge .......................... 404 404,50 + 0,12 410Lagardere ...................... 166,70 166,10 – 0,35 169Lapeyre.......................... 371 377 + 1,61 375Lebon............................. 219 219 .... 220Legrand ......................... 1114 1148 + 3,05 1120Legrand ADP ................. 756 756 .... 765Legris indust. ................. 229,30 230,60 + 0,56 240Locindus ........................ 758 769 + 1,45 765

L’Oreal........................... 2220 2244 + 1,08 2290LVMH Moet Hen. .......... 1382 1393 + 0,79 1440Marine Wendel .............. 617 628 + 1,78 635Metaleurop.................... 91,65 91,40 – 0,27 93Metrologie Inter. ........... 16,95 16,80 – 0,88 15,50Michelin ........................ 350 354,50 + 1,28 355Moulinex #..................... 143 143 .... 143Nord-Est........................ 118 119,50 + 1,27 118Nordon (Ny) .................. 385 .... .... 370NRJ # ............................. 865 865 .... 880Olipar ............................ 79,70 77,25 – 3,07 76Paribas........................... 432 434,70 + 0,62 440Pathe ............................. 1162 1160 – 0,17 1140Pechiney........................ 262 264,50 + 0,95 265Pernod-Ricard ............... 296,50 300 + 1,18 295Peugeot ......................... 691 706 + 2,17 685Pinault-Print.Red........... 2640 2645 + 0,18 2750Plastic-Omn.(Ly)............ 466 470 + 0,85 480Primagaz ....................... 516 515 – 0,19 510Promodes ...................... 2257 2319 + 2,74 2200Publicis # ....................... 568 562 – 1,05 600Remy Cointreau............. 119,50 120 + 0,41 120Renault .......................... 165 165 .... 165Rexel.............................. 1710 1725 + 0,87 1720Rhone Poulenc A............ 233,40 232,60 – 0,34 245Rochette (La) ................. 27,40 27,70 + 1,09 27Rue Imperiale(Ly) .......... 5590 5590 .... 5670Sade (Ny)....................... 189 .... .... 190Sagem SA....................... 2949 2901 – 1,62 2910Saint-Gobain ................. 856 867 + 1,28 865Salomon (Ly) ................. 416,70 427 + 2,47 440Salvepar (Ny) ................. 470 .... .... 470Sanofi ............................ 597 611 + 2,34 590Sat ................................. 1580 1550 – 1,89 1580Saupiquet (Ns)............... 637 625 – 1,88 630Schneider SA.................. 321,50 324,80 + 1,02 330SCOR............................. 251 253 + 0,79 250S.E.B. ............................. 960 965 + 0,52 985Sefimeg CA.................... 400 400 .... 400SEITA............................. 176 176 .... 172Selectibanque ................ 67 66 – 1,49 63SFIM.............................. 910 911 + 0,10 910SGE................................ 136,50 136,50 .... 133Sidel............................... 445,20 448,50 + 0,74 445Silic CA .......................... 809 810 + 0,12 815Simco ............................ 459,50 459 – 0,10 470S.I.T.A............................ 1153 1160 + 0,60 1170Skis Rossignol ................ 115 117 + 1,73 116Societe Generale............ 778 774 – 0,51 780Sodexho Alliance............ 2747 2810 + 2,29 2840Sommer-Allibert ............ 210,90 210,90 .... 215Sophia ........................... 221,10 224 + 1,31 230Spir Communic. # .......... 469 470,50 + 0,31 475Strafor Facom................ 409 412 + 0,73 410Suez Lyon.des Eaux........ 639 643 + 0,62 660Synthelabo..................... 714 714 .... 740Technip ......................... 749 741 – 1,06 760Thomson-CSF................ 154,80 159,50 + 3,03 149Total .............................. 596 598 + 0,33 615UFB Locabail ................. 590 595 + 0,84 560UIF ................................ 411 417 + 1,45 410UIS ................................ 202 202 .... 200Unibail porteur .............. 580 580 .... 580Union Assur.Fdal ........... 630 631 + 0,15 620

Usinor ........................... 111 110,60 – 0,36 113Valeo ............................. 368,50 374 + 1,49 365Vallourec........................ 363 361 – 0,55 370Via Banque .................... 159 159 .... 163Worms & Cie ................. 335,90 338 + 0,62 335Zodiac ex.dt divid .......... 1390 1390 .... 1430Elf Gabon....................... 1401 1390 – 0,78 1400....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

VALEURS Cours Derniers %Compen-

ETRANGERES preced. cours + –sation

(1)

ABN Amro Hol.#............ 128,90 129,50 + 0,46 131Adecco S.A..................... 2209 2210 + 0,04 2290Adidas AG # ................... 746 751 + 0,67 780American Express .......... 485 488,10 + 0,63 505Anglo American # .......... 317,50 317,90 + 0,12 325Amgold # ....................... 338,90 333 – 1,74 340Arjo Wiggins App........... 17,50 18,50 + 5,71 18,50A.T.T. # .......................... 240,80 244,60 + 1,57 245Banco Santander #......... 170,60 170 – 0,35 172Barrick Gold #................ 141,10 141 – 0,07 142B.A.S.F. # ....................... 213 .... .... 220Bayer # .......................... 228,10 228 – 0,04 240Cordiant PLC................. 11,55 11,50 – 0,43 11,50Crown Cork ord.# .......... 307,80 .... .... 320Crown Cork PF CV# ....... 290 .... .... 290Daimler Benz #.............. 461,30 463 + 0,36 475De Beers # ..................... 193,90 195,70 + 0,92 200Deutsche Bank #............ 366,60 370 + 0,92 390Dresdner Bank .............. 246 248 + 0,81 260Driefontein # ................. 45,40 45,20 – 0,44 46Du Pont Nemours #....... 393,40 391,10 – 0,58 410Eastman Kodak # ........... 402,30 411,10 + 2,18 415East Rand #.................... 1,40 1,40 .... 1,35Echo Bay Mines # .......... 31,75 32 + 0,78 31Electrolux #.................... 440 441 + 0,22 460Ericsson # ...................... 261,30 265 + 1,41 270Ford Motor # ................. 267 267 .... 265Freegold # ..................... 33,35 33,80 + 1,34 32Gencor act.regr.............. 14,10 14,50 + 2,83 13,50General Elect. #.............. 384 383 – 0,26 410General Motors #........... 395 394,70 – 0,07 385Gle Belgique # ............... 548 .... .... 555Grd Metropolitan .......... 56,30 57 + 1,24 57Guinness Plc # ............... 54,50 55,05 + 1 56Hanson PLC reg............. 29,60 29,60 .... 30Harmony Gold # ............ 29,80 30 + 0,67 30Hitachi #........................ 59,60 59,25 – 0,58 64Hoechst # ...................... 240 243,20 + 1,33 240

I.B.M # .......................... 626 635 + 1,43 650I.C.I #............................. 101,80 101,80 .... 101Ito Yokado # .................. 340,60 338,40 – 0,64 360Kingfisher plc #.............. 72 73 + 1,38 72Matsushita #.................. 111,70 114,60 + 2,59 118Mc Donald’s # ............... 295 295 .... 305Merck and Co # ............. 565 570 + 0,88 580Mitsubishi Corp.#.......... 62,50 62,40 – 0,16 65Mobil Corporat.#........... 446 456,50 + 2,35 455Morgan J.P. # ................ 667 671 + 0,59 695Nestle SA Nom. # .......... 7370 7370 .... 7600Nipp. MeatPacker #....... 75,40 76,20 + 1,06 75Nokia A ......................... 482 485 + 0,62 515Norsk Hydro #............... 319,80 322,50 + 0,84 325Petrofina # .................... 2163 2185 + 1,01 2280Philip Morris #............... 270,30 276,60 + 2,33 270Philips N.V #.................. 450 450 .... 470Placer Dome Inc # ......... 103,80 103 – 0,77 108Procter Gamble # .......... 830 .... .... 860Quilvest ......................... 352 .... .... 355Randfontein #................ 10,80 10,90 + 0,92 11Rhone Poul.Rorer # ....... 587 589 + 0,34 595Rio Tinto PLC # ............. 98 97,95 – 0,05 100Royal Dutch #................ 315,40 320,70 + 1,68 325Sega Enterprises............ 180 .... .... 181Saint-Helena #............... 26,50 26,55 + 0,18 26Schlumberger # ............. 461,40 474 + 2,73 460SGS Thomson Micro. .... 572 576 + 0,69 590Shell Transport # ........... 41,05 41,80 + 1,82 42Siemens #...................... 384,10 383 – 0,28 400Sony Corp. #.................. 552 560 + 1,44 585Sumitomo Bank #.......... 90 91,65 + 1,83 99T.D.K # .......................... 472,60 494,80 + 4,69 510Telefonica #................... 159,90 159,90 .... 160Toshiba #....................... 36,50 35,55 – 2,60 38Unilever #...................... 1295 1296 + 0,07 1350United Technol. # .......... 479,90 480,20 + 0,06 495Vaal Reefs # ................... 324,80 319 – 1,78 315Volkswagen A.G # .......... 4482 4482 .... 4540Volvo (act.B) # ............... 161,20 160,90 – 0,18 168Western Deep #............. 153 153 .... 152Yamanouchi #................ 147,90 150 + 1,41 154Zambia Copper ............. 17,10 17 – 0,58 16,50....................................................................................................................................................................................................................................

CAC 40

PARIS

REGLEMENTMENSUELJEUDI 28 AOUTLiquidation : 23 septembre + 0,64%Taux de report : 3,50 CAC 40 :Cours releves a 10 h 15 2890,20

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache.

DERNIERE COLONNE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12Mardi date mercredi : montant du couponMercredi date jeudi : paiement dernier couponJeudi date vendredi : compensationVendredi date samedi : nominal

OBLIGATIONS % %du nom. du coupon

Nat.Bq. 9% 91-02............ .... 7,447CEPME 9% 89-99 CA#..... 109,05 0,345 y

CEPME 9% 92-06 TSR .... .... 1,751CFD 9,7% 90-03 CB ........ 122,05 5,554CFD 8,6% 92-05 CB ........ 119,41 4,807CFF 10% 88-98 CA# ........ 106,38 8,630CFF 9% 88-97 CA# .......... 100,35 8,236 x

CFF 10,25%90-01CB# ..... 117,15 4,802 dCLF 8,9% 88-00 CA#........ .... 2,365 y

CLF 9%88-93/98 CA#....... 102,13 5,252 dCNA 9% 4/92-07.............. 123,25 2,984CRH 8,6% 92/94-03......... 117,20 1,532 dCRH 8,5% 10/87-88# ....... 106,46 4,215 y

EDF 8,6% 88-89 CA# ....... 109,90 4,689EDF 8,6% 92-04 #............ .... 3,440Finansder 9%91-06# ....... 123,55 6,904Finansd.8,6%92-02#........ 115 5,136 x

Floral9,75% 90-99# ......... 110,05 1,068

OAT 88-98 TME CA# ...... .... 2,969OAT 9/85-98 TRA............ .... 5,207OAT 9,50%88-98 CA#...... 104,58 1,796 x

OAT TMB 87/99 CA#....... 99,94 1,995 y

OAT 8,125% 89-99 #........ 106,85 2,226 x

OAT 8,50%90/00 CA# ...... 110,25 3,679OAT 85/00 TRA CA#........ .... 6,343 oOAT 10%5/85-00 CA#...... 114,40 2,685 y

OAT 89-01 TME CA# ...... .... 2,969OAT 8,5% 87-02 CA#....... 116,68 6,544OAT 8,50% 89-19 #.......... .... 7,266 x

OAT.8,50%92-23 CA#...... 127,83 3,027SNCF 8,8% 87-94CA ....... 106,08 5,111Suez Lyon.Eaux 90.......... .... ......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

ACTIONS Cours DerniersFRANCAISES preced. cours

Arbel .............................. d 77 77Baccarat (Ny) ................. d 641 641Bains C.Monaco............. 660 652Bque Transatlantl........... d 194,50 194,50B.N.P.Intercont.............. d 806 806Bidermann Intl............... d 110 110B T P (la cie)................... d 7,60 7,60Centenaire Blanzy.......... d 440 440Champex (Ny)................ d 24,20 24,20CIC Un.Euro.CIP ............ 414 410C.I.T.R.A.M. (B) .............. d 2051 2051Concorde-Ass Risq ......... d 1280 1280Continental Ass.Ly.......... d 559 559Darblay .......................... d 550 550Didot Bottin................... d 775 775Eaux Bassin Vichy........... d 3750 3750Ecia ................................ 988 988Ent.Mag. Paris................ d 1450 1450Fichet Bauche ................ d 73,40 73,40Fidei............................... 35,70 36Finalens ......................... d 326,50 326,50F.I.P.P. ........................... d 329 329Fonciere (Cie) ................ d 586 586Fonc. Lyonnaise #........... 725 724Foncina # ....................... d 465 465

Francarep....................... d 282 282France S.A...................... d 1250 1250From. Paul-Renard......... d 2050 2050Gevelot........................... d 1350 1350G.T.I (Transport) ............ d 190 190Immobail........................ 142 142Immobanque.................. 606 610Locamion (Ly) ................ d 463 463Lucia .............................. d 60,20 60,20Monoprix ....................... d 243,30 243,30Metal Deploye................ d 400 400Mors .............................. d 7,75 7,75Navigation (Nle) ............ d 102 102Optorg ........................... d 326,50 326,50Paluel-Marmont............. d 290 290Exa.Clairefont(Ny) ......... d 930 930Parfinance...................... d 282,20 282,20Paris Orleans.................. d 270 270Promodes (CI)................ d 1920 1920PSB Industries Ly ........... 440,50 440,50Rougier # ....................... d 357,10 357,10Saga ............................... d 86 86S.I.P.H............................ d 301 301Sofragi ........................... d 5050 5050Taittinger....................... 2950 2910Tour Eiffel ...................... d 250,10 250,10Vicat............................... 545 545Caves Roquefort............. d 1990 1990

Elyo................................ 321 320Finaxa ............................ d 338,50 338,50Gaillard (M).................... d 1600 1600Givaudan-Lavirotte ........ d 1291 1291Grd Bazar Lyon(Ly) ........ d 150 150Gd Moul.Strasbourg....... d 1981 1981Hotel Lutetia.................. d 300 300Hotels Deauville............. d 555 555Immeubl.Lyon(Ly)#........ d 545 545L.Bouillet (Ly)................. d 306 306Lloyd Continental........... d 8300 8300Lordex (Ny).................... d 18 18Mag.Lyo.Gerl.(Ly)# ........ d 170 170Matussiere Forest........... d 59 59Moncey Financiere......... d 3175 3175M.R.M. (Ly).................... d 430 430Part-Dieu(Fin)(Ly) ......... d 110 110Pechiney Intl .................. 123 123Poliet ............................. d 485,10 485,10Sabeton (Ly)................... d 840 840Samse (Ly) ..................... d 873 873Sechilienne (Ly).............. d 1142 1142Sucr.Pithiviers................ d 3380 3380Tanneries Fce (Ny)......... d 247,90 247,90Teleflex L. Dupont.......... d 112 112Union Gle Nord(Li) ........ d 220 220..............................................................................

ACTIONS Cours DerniersETRANGERES preced. cours

Bayer.Vereins Bank ........ 285 285Commerzbank AG.......... 224 224Fiat Ord.......................... 20 20Gevaert .......................... 515 515Gold Fields South........... 143,50 143,50Kubota Corp................... 24 24Montedison act.ep. ........ 9,60 9,60Olympus Optical............. 46,80 46,80Robeco........................... 579 578Rodamco N.V. ................ 189,90 189,90Rolinco........................... 581 577Sema Group Plc ............. 142,80 142,80Solvay SA........................ b 350 350.......................................

COMPTANTUne selection Cours releves a 10 h 15JEUDI 28 AOUT

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; a coupon detache ; b droit detache ;o = offert ; d = demande ; x offre reduite ;y demande reduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Acial (Ns) #..................... d 50,05 50,05AFE #.............................. 482 490Aigle # ............................ 300 300Albert S.A (Ns)................ d 175 175Altran Techno. # ............. 1870 1869Arkopharma# ................. 300 305,70Montaignes P.Gest......... d 2906 2906Assystem # ..................... 320 318Bque Picardie (Li)........... d 719 719Bque Tarneaud(B)#........ d 350,90 350,90Bque Vernes ................... d 169 169Beneteau # ..................... d 880 880B I M P........................... d 99 99Boiron (Ly) # .................. 342 342Boisset (Ly) #.................. d 699 699But S.A. .......................... d 295 295

Cardif SA........................ d 751 751C.E.E #............................ d 130 130CFPI # ............................ d 380 380Change Bourse (M) ........ d 224 224CNIM CA#...................... 229 229Codetour........................ d 343 343Comp.Euro.Tele-CET ..... 428 429Conflandey # .................. d 319 319C.A. Hte Normandie....... 315 315C.A. Paris IDF................. 789 789C.A.Ille & Vilaine............. 329,50 323,90C.A.Loire Atl.Ns # ........... 292 292C.A.Morbihan (Ns) ......... 325 325C.A.Pas de Calais ............ d 525 525C.A.du Nord (Li) ............ 540 540C.A. Oise CCI.................. d 315,80 315,80C.A. Somme CCI............. d 319 319C.A.Toulouse (B) ............ d 420 420Devanlay........................ d 600 600Devernois (Ly)................ d 580 580Ducros Serv.Rapide........ d 76 76Emin-Leydier (Ly)#......... 409 405Europ.Extinc.(Ly)#.......... 399,70 399Expand s.a...................... d 515 515Factorem........................ d 695 695Faiveley # ....................... 219 219Finacor........................... d 69 69Fininfo ........................... d 720 720

Fructivie......................... 664 665Gautier France # ............ 243,90 245Gel 2000 ......................... d 45 45GFI Industries #.............. 950 960Girodet (Ly) #................. d 34,50 31,20GLM S.A......................... d 267,60 267,60Grandoptic.Photo #........ 972 978Gpe Guillin # Ly.............. 218,50 216Kindy #........................... 185 181,20Guerbet.......................... 237 237Hermes internat.1# ........ 535 540Hurel Dubois.................. d 715 715ICBT Groupe # ............... 225 226I.C.C. .............................. d 130,60 130,60ICOM Informatique ....... d 480 480Idianova ......................... d 74 74Int. Computer #.............. d 89 89IPBM ............................. d 67,50 67,50M6-Metropole TV .......... 602 610Manitou # ...................... d 760 760Manutan ........................ 460 441Marie Brizard # .............. 677 676Maxi-Livres/Profr# ......... 45 45Mecelec (Ly)................... d 60 60MGI Coutier # ................ 307 307Monneret Jouet Ly# ....... d 151 151Naf-Naf #....................... 70,10 70,10Norbert Dentres.#.......... 855 855

NSC Groupe Ny ............. d 830 830Onet # ............................ 1002 1017Paul Predault #............... 169 166P.C.W. ............................ d 19 19Petit Boy #...................... d 97 97Phyto-Lierac #................ 403,20 403Pochet............................ d 818 818Poujoulat Ets (Ns) .......... d 240 240Radiall # ......................... 751 750Robertet # ...................... 1300 1305Rouleau-Guichard.......... d 340 340Securidev #..................... 113 112,50Smoby (Ly)# ................... 631 631Sofco (Ly) ....................... d 29,40 29,40Sofibus........................... d 388,50 388,50Sogeparc (Fin)................ 355 355Sopra #........................... 608 614Steph.Kelian # ................ d 77,10 84,95Sylea .............................. 530 525Teisseire-France............. d 175 175TF1................................. 494 494Thermador Hol. #........... 297 297Trouvay Cauvin # ........... 109,50 112Unilog ............................ 820 820Union Fin.France ........... 625 620Viel et Cie # .................... 123,90 124Vilmorin et Cie #............. 462 451Virbac............................. 560 551

SECONDMARCHEUne selection Cours releves a 10 h 15JEUDI 28 AOUT

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; d cours precedent ; a couponde tach e ; b dro i t d e tach e ; o = of fe rt ;d = demande ; x offre reduite ; y demandereduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Emission RachatFrais incl. net

AGIPI

Agipi Ambition (Axa) ...... 144,94 138,04Agipi Actions (Axa) ......... 120,18 114,46

BANQUES POPULAIRES

Valorg............................. 2444,06 2407,94

3615 BNP

Natio Court Terme......... 14260 14260Natio Epargne................ 2223,99 2201,97Natio Ep. Capital C/D ..... 17126,18 16956,61Natio Ep. Croissance ...... 3257,81 3193,93Natio Ep. Patrimoine ..... 142,88 140,08Natio Epargne Retraite .. 161,32 158,16Natio Epargne Tresor..... 11283,22 11260,70Natio Euro Valeurs ......... 1073,83 1052,77Natio Euro Oblig. ........... 1020,28 1010,18Natio Euro Opport. ........ 1110,46 1088,69Natio Inter ..................... 2216,49 2173,03Natio Opportunites ........ 199,48 195,57Natio Revenus................ 1110,07 1099,08Natio Securite ................ 11484,30 11484,30Natio Valeurs ................. 1379,79 1352,74

BRED BANQUE POPULAIRE

Moneden ....................... 92783,34 92783,34Oblig. ttes cate. .............. 271,03 267,02

Livret Bourse Inv. D ....... d 855,34 830,43Nord Sud Develop. C...... d 2648,82 2643,53Nord Sud Develop. D ..... d 2502,85 2497,85

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDCPatrimoine Retraite C .... 313,28 307,14Patrimoine Retraite D.... 303,81 297,85Sicav Associations C ....... d 2430,51 2430,51

Fonsicav C...................... 19736,27 19736,27Mutual. depots Sicav C... 19375,30 19355,94

Ecur. Act. Futur D PEA ... 283,67 278,11Ecur. Capitalisation C..... 253,05 253,05Ecur. Expansion C .......... 83214,09 83214,09Ecur. Geovaleurs C ......... 3660,96 3589,18Ecur. Investis. D PEA ...... 228,09 223,62Ecur. Monepremiere ...... 11376,38 11376,38Ecur. Monetaire C .......... 13084,40 13084,40Ecur. Monetaire D.......... 12461,22 12461,22Ecur. Tresorerie C .......... 321,28 321,28Ecur. Tresorerie D.......... 308,81 308,81Ecur. Trimestriel D......... 1998,95 1998,95Eparcourt-Sicav D .......... 192,83 192,83Geoptim C...................... 12757,18 12568,65Geoptim D ..................... 11717,98 11544,81Horizon C....................... 2292,78 2247,82

Prevoyance Ecur. D ........ 105,25 105,25Sensipremiere C............. 13162,32 13129,50

Fonds communs de placementsEcur. Capipremiere C ..... 12072,49 12048,39Ecur. Securipremiere C .. 12019,47 12007,46

CNCA

Amplia............................ D 120172,56 120172,56Atout Amerique.............. 198,35 193,51Atout Asie....................... 115,85 113,02Atout Futur C ................. 814,61 794,74Atout Futur D................. 766,85 748,15Coexis ............................ 1959 1926,25Dieze.............................. 2182,99 2146,50Elicash............................ D 953869,75 953869,75Epargne-Unie................. 214,94 209,70Eurodyn ......................... 2689,89 2624,28Indicia............................ d 1770,43 1726,93Mone.JC......................... D 11998,04 11998,04Mone.JD ........................ D 11616,62 11616,62Oblifutur C ..................... 548,24 539,08Oblifutur D..................... 525,33 516,55Oraction......................... 1820,72 1776,31Revenu-Vert................... 1204,87 1184,73Sevea ............................. d 118,39 115,50Synthesis........................ 18191,62 17869,96Uni Association .............. D 121,20 121,20Uni Foncier .................... 1423,98 1389,25Uni France ..................... 873,14 851,84Uni Garantie C ............... 1898,25 1866,52Uni Garantie D............... 1451,86 1427,59Uni Regions ................... 1789,98 1746,32Univar C......................... D 310,88 310,88Univar D ........................ D 297,93 297,93Univers Actions .............. 255,31 249,08Univers-Obligations ....... 250,28 246,10

CIC BANQUES

Francic ........................... 746,77 725,02Francic Pierre................. 139,53 135,47Francic Regions.............. 1982,64 1924,89

CIC PARIS

Associc ........................... 1124,01 1124,01Cicamonde..................... 1621,38 1574,16Converticic..................... 412,35 406,26Ecocic............................. 1778,88 1727,07Mensuelcic ..................... 10180,46 10079,66Oblicic Mondial.............. 4021,67 3962,24Oblicic Regions .............. 1173,31 1155,97Rentacic ......................... 164,90 162,46

Eurco Solidarite.............. 1389,05 1375,30Lion 20000 C................... 17228,40 17228,40Lion 20000 D .................. 16526,64 16526,64Lion Associations C ........ 11099,09 11099,09Lion Associations D........ 11099,09 11099,09Lion Court Terme C ....... 26526,30 26526,30Lion Court Terme D....... 24052,38 24052,38Lion Plus C ..................... 1575,17 1544,28Lion Plus D..................... 1502,56 1473,10Lion Tresor..................... 2453,78 2429,49Oblilion .......................... 2166,90 2145,45Sicav 5000 ...................... 742,83 728,26Slivafrance ..................... 1249,69 1225,19Slivam ............................ 596,68 584,98Slivarente....................... 245,71 240,89Slivinter.......................... 823,44 807,29Trilion ............................ 5209,92 5143,06

Avenir Alizes................... 2356,68 2310,47CM Option Dynamique.. 133,70 131,89CM Option Equilibre ...... 262,51 259,59Cred.Mut.Mid.Act.Fr...... 163,43 159,06Cred.Mut.Ep.Cour.T....... 923,98 923,98Cred.Mut.Ep.Ind. C ........ 143,77 139,92Cred.Mut.Ep.J ................ 23031,45 23031,45Cred.Mut.Ep.Monde ...... 1721,85 1675,77Cred.Mut.Ep.Oblig. ........ 1881,31 1844,42Cred.Mut.Ep.Quatre....... 1107,90 1086,18

Fonds communs de placementsCM Option Moderation . 101,89 100,88

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEAsie 2000 ........................ 939,68 899,22Saint-Honore Capital ..... 19974,13 19392,36St-Honore March. Emer. 990,81 948,14St-Honore Pacifique....... 802,22 767,67

LEGAL & GENERAL BANK

Securitaux...................... 1838,98 1838,98Strategie Actions............ 1172,16 1127,08Strategie Rendement ..... 1987,56 1925

Amplitude Amerique ...... 120,99 118,04Amplitude Europe C....... 164,15 160,15Amplitude Europe D....... 161,41 157,47Amplitude Monde C....... 1089,13 1062,57Amplitude Monde D....... 1039,04 1013,70Amplitude Pacifique....... 114,62 111,82Elanciel D PEA................ 183,65 179,17Emergence Poste D PEA 153,28 149,54Geobilys C...................... 660,27 650,51Geobilys D ..................... 624,70 615,47

Kaleıs Dynamisme.......... 1111,74 1089,94Kaleıs Equilibre .............. 1075,86 1054,76Kaleıs Serenite ............... 1042,97 1032,64Latitude C ...................... 149,07 149,07Latitude D...................... 135,81 135,81Oblitys D ........................ 622,20 613Plenitude D PEA............. 208,28 203,20Poste Gestion C.............. 14926,13 14926,13Revenus Trimestr. D ...... 5222,78 5171,07Solstice D ....................... 2367,94 2362,03

SOCIETE GENERALEASSET MANAGEMENT

Actimonetaire C ............. 38147,72 38147,72Actimonetaire D............. 31062,73 31062,73Cadence 1 D................... 1073,50 1062,87Cadence 2 D................... 1063,20 1052,67Cadence 3 D................... 1063,88 1053,35Capimonetaire C ............ 412,18 411,77Capimonetaire D............ 371,91 371,54Sogeoblig C/D ................ 9299,86 9207,78Interoblig C.................... 7551,06 7476,30Interselection France D.. 734,43 720,03S.G. France opport. C ..... 2068,02 2027,47S.G. France opport. D..... 1974,18 1935,47Sogenfrance C................ 1894,75 1857,60Sogenfrance D ............... 1731,90 1697,94Sogepargne D ................ 314,50 311,39Soginter C ...................... 2617,72 2566,39

Fonds communs de placementsFavor D .......................... d 1598,55 1537,07Sogeliance D .................. d 1695,24 1678,46Sogenfrance Tempo D ... d 215 210,78..............................................................................

SICAV et FCPUne selectionCours de cloture le 27 aout

SYMBOLESD cours du jour ; d cours precedent.

Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du jeudi 28 aout 1997 - 10 h 43’ 22’’ Montage 3B2 Diamond 4

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Eridania-Beghin CI......... d 745 745Credit Gen.Ind. .............. d 8,50 8,50Generale Occidentale..... d 178 178Mumm........................... d 998 998Ste lecteurs du Monde.... d 150 150Via Credit (Banque)........ d 25,30 25,30

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Appligene Oncor ............ d 51 51Belvedere ....................... d 810 810BVRP.............................. d 189,90 189,90Coil ................................ d 229,50 229,50Electronique D2 ............. d 900 900FDM Pharma n. ............. d 211 211Genset............................ d 354 354Guyanor action B ........... d 14,25 14,25High Co.......................... d 164 164Infonie ........................... d 94 94Joliez-Regol.................... d 73,90 73,90Mille Amis ...................... d 60 60Naturex.......................... d 79 79Olitec ............................. d 1249 1249Picogiga ......................... d 205 205Proxidis.......................... d 19 19R21 Sante....................... d 421 421Stelax ............................. d 7,75 7,75

HORS-COTEUne selection. Cours releves a 10 h 15

JEUDI 28 AOUT

NOUVEAU MARCHEUne selection. Cours releves a 10 h 15

JEUDI 28 AOUT

Page 16: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

LeMonde Job: WMQ2908--0016-0 WAS LMQ2908-16 Op.: XX Rev.: 27-08-97 T.: 16:03 S.: 111,06-Cmp.:28,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0469 Lcp: 196 CMYK

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aux œuvres et forment les citoyens d’aujourd’hui etde demain. Chaque mois, Le Monde de l’éduca-tion a rendez-vous avec celui de la culture et dela formation.

Rencontre-débat Le Monde de l’éducation - la FNAC, le jeudi 11 septembre à 17 h 30 à la FNAC Montparnasse et le vendredi 19 septembre à 17 h 30 à la FNAC de Nantes sur le thème : « Télévision et éducation »

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Avec Dominique Wolton, Laure Adler, Anne Brunswic, Hervé Brusini, Marc Dupuis, Marc Ferro, Jean-Luc Godard, Francis James, Yves-Marie Labé, Aline Pailler, Alain Salles, Claude Santelli, Bernard Stiegler, Serge Tisseron, Nicolas Truong, Isabelle Veyrat-Masson...

« L’éducation, c’est l’utopie de demain »Jacques Delors

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TÉLÉVISIONTÉLÉVISIONMENSUEL NO 251 SEPTEMBRE 1997

Dominique Wolton, rédacteur en chef invitéLaure Adler, Jérôme Clément, Marc Ferro, Jean-Luc Godard, Hervé Hamon,

Aline Pailler, Claude Santelli, Bernard Stiegler, Serge Tisseron...

b Entretien exclusifavec Jacques Delors

b CultureArt et essai,les cinémasrebellesRencontreavec MarinKarmitz

b Débatles femmess’entêtent

b Métiericonographe

b Chroniquesde Michel Serreset de Jean-Michel Gaillard

Page 17: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

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A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997

FOOTBALL Les joueurs du ParisSaint-Germain ont réusssi, mercredi27 août, à rattraper la gaffecommise par leurs dirigeants lors dumatch aller, en obtenant leur qualifi-

cation pour la Ligue des championsaux dépens des Roumains du SteauaBucarest. b UNE MI-TEMPS a suffiaux Parisiens pour remonter le han-dicap de trois buts imposé par

l’Union européenne de football (UE-FA) après le match aller, puisqu’ilsmenaient 4 buts à 0 après quarante-cinq minutes de jeu. Ils se sont fi-nalement imposés 5-0 sans avoir vé-

ritablement été mis en danger. b LECAPITAINE brésilien Rai s’est montrétrès efficace en inscrivant trois butset en mobilisant ses équipiers. Les43 000 spectateurs présents au Parc

des Princes pour cette soirée de fêten’ont pas ménagé leur soutien. Dessupporteurs ont prolongé leur sortieen manifestant leur joie sur lesChamps-Elysées.

Barcelone et Newcastle qualifiés dans la douleurLe FC Barcelone (Espagne) a peiné pour se débarrasser du club letton

Stonko Riga dans le tour préliminaire de la Ligue des champions. Diffi-ciles vainqueurs au match aller (3-2), les Catalans se sont imposés (1-0) àRiga grâce à un but de l’ancien Monégasque Sonny Anderson. Newcastle(Angleterre) a dû attendre la dernière minute de la prolongation face auCroatia Zagreb pour obtenir son billet pour la Ligue des champions. Ré-duits à dix depuis la fin de la première mi-temps, les Croates avaient re-fait leur retard du match aller à la fin du temps réglementaire (2-1). Te-mure Ketsbaïa a finalement incrit le but de la qualification pourNewcastle. La principale surprise du tour préliminaire est venue de Mos-cou, où le Spartak n’a pas réussi à se défaire des Slovaques du FC Kosice.Battus (2-1) au match aller, les champions de Russie n’ont pu inscrire lemoindre but sur leur pelouse. Les Glasgow Rangers (Ecosse) figurentégalement parmi les victimes du tour préliminaire après leur match nul(1-1) face aux Suédois de Göteborg. Les autres qualifiés sont Rosenborg(Norvège), Besiktas et Galatasaray d’Istanbul (Turquie), Olympiakos duPirée (Grèce), Sparta Prague (République tchèque), Dynamo Kiev(Ukraine), Feyenoord Rotterdam (Pays-Bas), Bayer Leverkusen (Alle-magne), Sporting du Portugal et Liers (Belgique). Le tirage au sort desgroupes de la Ligue a lieu vendredi 29 août, et les premiers matchs sontprévus le 17 septembre.

La joiedes supporteurs

Plusieurs centaines de suppor-teurs du Paris-Saint-Germain sesont retrouvés sur les Champs-Elysées, dans la nuit du mercredi27 août, pour fêter la qualifica-tion de leur équipe en Ligue desChampions. Klaxons, cris de joieet chansons triomphales : le bon-heur des fans parisiens était à lahauteur de leur accablementaprès l’annonce de la gaffe desdirigeants du PSG lors du machaller de Bucarest. La foule enliesse a célébré l’événementcomme s’il s’agissait d’une vic-toire en Coupe d’Europe. Les CRSont dû intervenir pour rétablir lacirculation. Auparavant, les43 000 spectateurs du Parc desPrinces avaient réservé unelongue ovation à leurs héros d’unsoir.

Sandrine Testud surclasse Iva MajoliSandrine Testud a battu, mercredi, la Croate Iva Majoli, tête de sé-

rie no 4, au deuxième tour de l’US Open (6-4, 2-6, 6-1). La Françaiseavait déjà battu la championne de Roland-Garros, le 22 août, en de-mi-finale du tournoi d’Atlanta, avant de perdre en finale contrel’Américaine Lindsay Davenport. Mary Pierce s’est qualifiée pour letroisième tour sur forfait de son adversaire, l’Italienne Silvia Farina,alors que la Française menait 6-2, 3-0. La Sud-Africaine AmandaCoetzer a éliminé Alexia Dechaume-Balleret (6-1, 6-1) et l’ItalienneFlora Perfetti a battu Sarah Pitkowski (6-4, 6-3).

Chez les messieurs, Cédric Pioline a dominé au premier tour leNéerlandais Peter Wessels (6-4, 6-2, 6-2) et Lionel Roux a difficile-ment battu l’Autrichien Gilbert Schaller (4-6, 0-6, 6-3, 6-2, 6-1). Jé-rôme Golmard a abandonné alors qu’il était mené 7-6, 6-2, 1-0 parl’Australien Mark Philippoussis.

aLOTO : résultats des tirages n69 du mercredi 27 août. Premiertirage : 6, 9, 15, 28, 43, 46 ; complé-mentaire : 27. Pas de gagnant pour6 bons numéros ; 5 numéros, plusle complémentaire : 73 605 F ;5 numéros : 5 675 F ; 4 numéros :126 F ; 3 numéros : 14 F.Second tirage : 8, 13, 31, 34, 37,41 ; complémentaire : 29. Rapportpour 6 numéros : 15 091 590 F ;5 numéros plus le complémen-taire : 73 605 F ; 5 numéros :5 955 F ; 4 numéros : 149 F ; 3 nu-méros : 16 F.

Frédéric Magnéchampion dumonde de keirin

LORS des championnats du mondede cyclisme sur piste, Frédéric Magné agagné, mercredi 27 août, à Perth (Aus-tralie), la première médaille d’or ducamp français dans le keirin, épreuvede sprint long, d’origine japonaise, quiest disputée en peloton. Le Touran-geau a dominé l’Italien RobertoChiappa et l’Allemand Jens Fiedler.Frédéric Magné (28 ans) compte dé-sormais deux médailles d’or et deux debronze en keirin, et quatre d’or en tan-dem. Dans le kilomètre, Arnaud Tour-nant est quatrième de l’épreuve rem-portée par l’Australien Shane Kelly.

Les joueurs du Paris-Saint-Germain ont accompli leur mission impossibleDans un Parc des Princes transformé en stade brésilien, les coéquipiers de Rai ont réussi à remonter le handicap de trois buts infligé par l’UEFA.

Ils ont battu le club roumain du Steaua Bucarest (5-0), et se sont qualifiés pour la suite de la Ligue des ChampionsC’EST UNE FÊTE, gigantesque,

qui va se terminer tard dans la nuitmoite de Paris. Une fête qui resteradans la mémoire collective des ama-teurs de football et d’émotions

fortes. Plus de43 000 invités,installés dansles tribunesd’un Parc desPrinces trans-formé, l’espaced’une soiréeexceptionnelle,

en bateau ivre. Après le succès desJMJ à Paris, voici venu le temps de laJPJ, la Journée parisienne de la joie.Avec en vedette une équipe, ou plu-tôt un groupe, soudé dans l’adversi-té, qui va réussir une mission quebeaucoup estimaient impossible.

Ce qui, il y a quelques semaines,ne devait constituer qu’un amuse-gueule européen pour le Paris-Saint-Germain devenait soudain lematch de l’année. Les raisons sontconnues : une énorme erreur admi-nistrative commise par un dirigeantparisien, un joueur officiellementsuspendu présent sur la pelouse deBucarest, une punition logique del’UEFA, un match aller perdu sur ta-pis vert 3-0, et voilà comment unesimple rencontre de tour prélimi-naire programmé au mois d’aoûtdevient un évènement majeur.

Pour se qualifier et rejoindre lesvrais « grands » d’Europe dans laplus prestigieuse des trois Coupeseuropéennes, cet ambitieux PSG sedevait de l’emporter 4-0 face au

Steaua. Mission impossible ? La for-midable campagne de « teasing »orchestrée par les médias à l’ap-proche de ce match retour peut êtreconsidéré comme une merveille dugenre. « Peuple de Paris, debout !Dans l’adversité, seul contre tous,joueurs roumains et instance interna-tionale, lève-toi et marque ! » Relayésur les ondes, les écrans et à lon-gueur de colonnes, ce message a étébien reçu par un public parisien quiadore ces ambiances de corrida oùtout peut basculer.

Dans la jeune histoire du club pa-risien, quelques matches de cham-pionnat et de Coupes d’Europe sontdéjà entrés dans la mémoire collec-tive depuis le milieu des années 70.Le choc du 18 mars 1993 face auReal Madrid restait, jusqu’à ce27 août 1997, le souvenir le plus poi-gnant. Une sorte de fusion entre unpublic difficile et une équipe ambi-tieuse. Battus (3-1) à Madrid, les Pa-risiens, entraînés à l’époque par lePortugais Artur Jorge, l’avaient em-porté (4-1) au Parc des Princes, de-vant 46 000 spectateurs ivres debonheur.

Face au Steaua, la tâche semblaitencore plus délicate. La joie collec-tive n’en a été que plus forte. Pen-dant tout le match, phénomène ra-rissime à Paris, le public a poussé,vibré, communié avec son équipe.Et peu importe que les visiteursd’un soir aient eu l’air de pathé-tiques fantômes vêtus de rouge. Peuimporte que ces joueurs du Steauaaient oublié les fondamentaux du

football de haut niveau, qu’ils aientperdu tous leurs duels, qu’ils n’aientpas su ce que tacler ou se replacerveulent dire.

En l’espace d’une mi-temps, cePSG déchaîné qui alignait cinqjoueurs à vocation offensive (le duoMaurice-Simone en pointe soutenupar le trio Gava-Leonardo-Rai) avaitréglé la note, sans laisser de pour-boire. Quatre buts inscrits, aucunencaissé, un tourbillon d’attaques,une agressivité conquérante, bref,une première période spectaculaireà souhait.

Emmenés par un Rai époustou-

flant, les Parisiens ont écrit sur lapelouse un scénario parfait. Un pe-nalty sifflé pour une faute commisesur Florian Maurice et transformépar Rai dès la 2e minute constituaitune mise en bouche idéale suivied’une spécialité brésilienne savou-reuse, à savoir un corner de Leonar-do ponctué d’une tête victorieusede Rai. Quelques antipasti italiensensuite avec un superbe but signéMarco Simone à la suite d’un tirtendu en pivot, et enfin les frian-dises avec un contre parfaitementconclu par Florian Maurice : 4-0après quarante-deux minutes de

jeu, les jeux sont faits, rien ne vaplus...

Pour être juste, il faut rappelerque ce score inespéré acquis en sipeu de temps a été rendu possiblepar deux exploits signés ChristopheRevault. Pour son baptême euro-péen au Parc, le jeune gardien nou-veau venu au PSG jouait gros. Ens’interposant avec grande classe surun tir de Damian Militaru, puis surun autre de Iosif Rotariu, le gardienvêtu de noir a sauvé son équipe. Etsurtout gagné la confiance d’un pu-blic qui n’a pas oublié tout ce queson prédécesseur Bernard Lamaavait apporté en matière de calme,de sûreté et de présence pendant delongues années dans le but parisien.

En deuxième période, face à desRoumains toujours aussi timorés,les Parisiens allaient inscrire un cin-quième et dernier but, copieconforme du deuxième avec uncentre de Leonardo et une tête deRai. A ce moment précis, il flottaitcomme un air brésilien dans les tri-bunes en délire. « Je n’ai jamaisconnu le Parc comme ça. Ce soir,c’était le plus beau stade dumonde ! » déclarait Ricardo, qui ena pourtant vu d’autres en Seleçao,après cette rencontre appelée à ren-trer dans l’histoire. « Le penalty siffléen tout début de match ne nous a paslibéré puisque mes joueurs étaient li-bérés dès leur entrée sur le terrain !Un tel état d’esprit vaut toutes lesstratégies... »

Pendant que les « Merci Paris,merci Paris ! » dévalaient encore des

tribunes, Michel Denisot savouraitcette soirée particulière : « Ce quinous arrive est une réussite collective,et le public y a pris sa part. La fautede Bucarest n’est pas oubliée, mais jeconstate surtout que l’erreur indivi-duelle commise n’a pas empêché lamarche en avant du club. Depuis ledébut de la saison, j’affirme que lePSG possède un très bel effectif... »Un effectif à la hauteur de ses ambi-tions, qui sont grandes.

La Ligue des champions, cettecompétition aussi lucrative queprestigieuse, débute le 17 septembreavec un système de poules réunis-sant le gratin du football européen.Le Paris Saint-Germain, vainqueurde la Coupe des coupes en 1995 etfinaliste de cette même compétitionun an plus tard, en fait logiquementpartie. Remporter la plus belle destrois coupes d’Europe est, depuisdes semaines, l’objectif avoué de cePSG sérieusement renforcé à l’inter-saison.

Mais le triomphe obtenu face unefantomatique formation roumainedans un contexte particulier ne doitpas faire oublier les lacunes et lesmoments de faiblesse dont fontparfois preuve les joueurs de Ricar-do. En attendant, le public parisiena vécu une soirée inoubliable ets’apprête à participer à cette Liguedes champions dans un Parc desPrinces qui risque de résonner desairs de samba, pour le plus grandbonheur de Ricardo.

Alain Constant

A l’US Open de tennis, Tim Henman élimine Thomas MusterNEW YORK

de notre envoyée spécialeLe central de Flushing Meadows

est le cratère de leur fièvre. ThomasMuster est la lave, il vomit sa puis-

sance, éructeses passions.Tim Henmanest le feu, ilsouffle son ar-deur, sa fouguecrépite. C’estdu tennis, dubeau jeu, de ces

matches qui fascinent et pincent lesnerfs à chaque coup de raquette. Lefameux hasard qui traîne toujourslors des tirages au sort a désigné unpremier tour entre l’Autrichien Tho-mas Muster, tête de série no 5 et leBritannique Tim Henman,21e joueur mondial et héros deWimbledon puisque quart-finalistelocal depuis deux ans.

Henman est un fleurettiste à lavolée élégante. Muster est une destêtes de lard des courts. Sa robustepropension à servir un jeu jusqu’au-boutiste, quitte à s’effondrer sur leterrain, force le respect, mais aussiparfois l’agacement de ses adver-saires. Le choc est paradoxal. A NewYork, Thomas Muster est considérécomme un monstre, mais, curieuse-ment, New York ne l’aime pas.

Copains depuis peu, les deuxhommes se rencontrent en compé-

tition pour la première fois. Il n’y apas de scène d’observation. Timtient sa mise en jeu et dompte la ré-sistance de Muster en happant sesballes lourdes après leur rebond.Muster galope, Tim s’enhardit. Laballe n’est jamais donnée pourmorte. Elle est cueillie au bout d’uneamortie pour être giflée, puis redon-née en soufflet. Le smash n’est passuffisant. Il faut en claquer un autreen cassant le poignet pour trouverl’angle improbable.

TOUS APPLAUDISLe premier set est enlevé par

Henman en vingt minutes. Le publicgronde et attend la bagarre. Il n’y enaura que dans le jeu, âpre mais ja-

mais brutal. Les joueurs s’applau-dissent, discutent même, après unbeau point. Le juge de chaise n’estpas oublié, pris à témoin après unpassing-shot tiré en bout de coursecomme cette amortie caressée lelong du filet. En s’entraînant en-semble, Tim et Thomas se sonttrouvés un sens de l’humour assezproche, tendance pince-sans-rire.

Aujourd’hui, tous deux se sont ré-galés. Tim est resté flegmatique,Thomas s’est amusé. Heureuxcomme un enfant, il a tonné de rire.Après un point acharné, les deuxhommes rivés à la volée, Muster aété repoussé par un lob au fin fonddu court, puis Henman l’a fait cava-ler vers l’avant. Muster a perdu le

point, mais il a poursuivi sa courseaux trousses d’Henman qui est allése réfugier derrière un muret.

Mercredi, le public a découvert unautre Muster et s’est pris à son jeu.Cela lui a mis du baume au cœur.Lui, le anti-héros, il s’est senti aiméet il a joué encore plus fort, croisantles coups de son poignet de gau-cher. Il a pris le troisième set et TimHenman a coiffé sa mèche brune. Ilne s’est pas départi de son calme ets’est rué à la volée trop souventpour voir lui échapper le match (6-3,7-6 [7-3], 4-6, 6-4).

Au deuxième tour, le Britanniquerencontrera, vendredi 29 août, unautre apôtre du service-volée, leSud-Africain Wayne Ferreira. Unepartie en miroir qui l’effraie plusque la rencontre avec Thomas Mus-ter. Demi-dieu adulé par les midi-nettes anglaises, Tim Henman n’estpourtant plus un novice des tour-nois du Grand Chelem : il en a dis-puté dix. A vingt-deux ans, il vient àl’US Open pour la troisième fois.C’est ici qu’il a pris la plus grande le-çon de tennis de sa vie, il y a un an.Il s’était taillé un chemin jusqu’auxhuitièmes de finale où il avait ren-contré Stefan Edberg. Au futur re-traité, au plus défenseur de l’art envoie de disparition du tennis de l’of-fensive, il avait pris un set.

« Cette rencontre a été primordialedans sa carrière, explique David Fel-

gate, l’entraîneur d’Henman. Il s’estrendu compte qu’il était en droit d’al-ler vers le filet tout le temps à condi-tion qu’il en ait la capacité. » TimHenman s’est tissé un jeu d’attaqueplus varié. Son service, par exemple,était parfaitement sculpté, mais sonprofil était d’une affligeante banali-té. Du lancer à la frappe, il en a re-dessiné les contours. Il sait viser surle ventre de l’adversaire, lever laballe, la claquer, la retenir, la frôler.Son jeu de jambes est plus alerte, àforce de plier les genoux il les a ren-dus plus agiles. Sa panoplie de vo-lées s’est étoffée. Mercredi, aussi, ila pu rendre sans rougir des coupsdu fond du court.

Bénédicte Mathieu

Un capitaine-courage surnommé RaiCET HOMME est un exemple. De volonté,

de courage, d’intelligence. Il n’a pourtantplus rien à prouver depuis longtemps. Maisà le voir ainsi se démener sur la pelouse duParc des Princes, entraînant de la voix et dugeste ses coéquipiers à l’assaut du camproumain, on le prendrait volontiers pour unnouvel arrivant désireux de se faire uneplace au soleil.

Souza Vieira de Oliveira, dit Rai, est ungéant du football. Il a été capitaine de la Se-leçao, l’équipe nationale du Brésil. Meneurde jeu du Sao Paolo Futebol Clube qui fut,au début des années 90, le meilleur club dumonde (deux fois vainqueur de la coupe In-tercontinentale contre le champion d’Eu-rope).

Rai s’est forgé un palmarès en or avant dedébarquer à Paris, il y a quatre ans déjà. De-puis, le Brésilien fait le bonheur du ParisSaint-Germain, en compagnie de plusieurscompatriotes : Ricardo et Valdo autrefois ;Edmilson et Leonardo aujourd’hui.

Le Brésil est d’ailleurs à l’honneur en cettesoirée de folie, dans un Parc des Princes de-venu une petite réplique moderne du Mara-cana, le stade géant et légendaire de Rio deJaneiro. Parce que Rai, capitaine-courage,livre l’un des plus grands matches de sasomptueuse carrière.

BUTEUR D’EXCEPTIONUn penalty, deux coups de tête victorieux,

le voilà transformé en buteur d’exception,qualité qui s’ajoute à celles de meneur dejeu lucide, et même de guerrier impression-nant.

Le Brésil à l’honneur parce que Nascimen-to de Araujo, dit Leonardo, titulaire indis-cutable d’une seleçao qui fait rêver les foulesdu monde entier, a revêtu son habit de lu-mière à l’occasion de ce qui pourrait êtreson dernier match sous le maillot du PSG.Arrivé du Japon à Paris, et déjà en passed’être transféré au Milan AC après une seulesaison, Leonardo veut remercier une der-

nière fois un public sous le charme qui n’ar-rête pas de scander « Leo à Paris ! ». Absentlors du match-aller à Bucarest, Leonardo ap-porte, sur la pelouse du Parc, sa phénomé-nale vision du jeu, offrant avec délectationbuts et occasions à ses coéquipiers.

Après le triomphe, les deux Brésiliens, hé-ros d’une soirée particulière, sauront trou-ver les mots justes pour libérer leurs émo-tions. « Je n’ai connu que de bons momentsdans ce club. Et cette saison, le PSG offrebeaucoup de possibilités offensives, ce qui per-met de développer un jeu qui me donne duplaisir... », assure Leonardo.

Rai, de son côté, en appelle au Tout-Puis-sant : « Dieu a joué un rôle dans ce match. Iln’y a que Dieu qui puisse nous faire ressentirde telles émotions. Ce groupe est très fort men-talement. Comme je suis un ancien du PSG,que je connais bien le club, je me sens à l’aisepour faire passer des messages, et le groupe esttrès réceptif. En tout cas, c’est dans ce genred’ambiance que l’on se sent vraiment privilé-

gié de faire ce métier. Ce soir, nos supporteursont été un peu brésiliens ! »

ÉLÉMENT STABILISATEURDe sa voix douce, Rai a parlé de son bon-

heur, de sa fierté de voir un club, qu’il a ap-pris à aimer, se qualifier dans des conditionsexceptionnelles. Dans quelques mois, il ren-trera au Brésil. Définitivement. En atten-dant, le PSG a la chance de pouvoir comptersur un tel personnage. Durant les périodesde crise qu’a connues le club parisien depuisquelques années, Rai a toujours été un élé-ment stabilisateur, un homme dont l’auraintellectuelle constitue un repère précieuxpour ses coéquipiers.

Les autres joueurs l’écoutent, le suivent etsurtout croient en ses qualités. « Le club n’ajamais été aussi soudé qu’actuellement, notele Brésilien. Cette qualification, je la dédieaussi à Patrice Loko. Il nous manque. »

Al. C.

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18 / LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 I A U J O U R D ’ H U I

Grilles de rentrée : France 2 met l’accent sur la fiction, France 3 sur les magazinesEN DÉVOILANT séparément, mercre-

di 27 et jeudi 28 août, les nouveaux pro-grammes de France 2 et de France 3, Xa-vier Gouyou Beauchamps, président deFrance Télévision, a voulu souligner « lapersonnalité propre » de chacune des deuxchaînes dans leur mission commune deservice public. Rappelant que « la télévi-sion publique s’adresse à tout le public et àtous les publics, et non pas à telle ou tellecible publicitaire », M. Gouyou Beau-champs a souhaité répondre au ministrede la culture et de la communication, Ca-therine Trautmann, qui avait appelé, mar-di, « l’audiovisuel public » à « marquer sadifférence » avec les chaînes commerciales(Le Monde du 28 août).

« La télévision publique ne recherche pasl’audience à tout prix, a-t-il affirmé. Elle nesouhaite pas, en cela, s’éloigner de ce quel’on attend d’elle. » C’est la « défense desvaleurs liées à notre tradition démocratiqueque l’on retrouve dans tous les aspects denotre programmation, y compris les fic-tions », soulignant que, « dans tous lesgrands pays d’Europe, il existe une télévision

publique forte » et qu’il faut « cultiver cecaractère identitaire de l’Europe ».

En 1997-1998, France 2 n’innove pas quedans le domaine de l’information (lire ci-dessus). La fiction occupera cinq soiréespar semaine à 20 h 50, dont trois réservéesà la production française. Le Grand Batreretracera la vie d’une famille en Camargue,et Entre terre et mer ancrera son intrigue, àpartir de novembre, chez les marins bre-tons. Une nouvelle série policière, « PJ »,sera diffusée trois vendredis de suite endeux parties de cinquante-deux minutes.Soixante-douze épisodes de « Friends »,série produite par la Warner, seront égale-ment diffusés en semaine à 18 h 15.

DRUCKER « USÉ »En matière de divertissements, c’est le

dédoublement de l’émission de Jean-LucDelarue qui fait l’événement. Michel Druc-ker – « usé » par un « Studio Gabriel » enperte de vitesse – lui succède chaque di-manche de 19 heures à 20 heures avec« Drucker & Co » et « Stars & Co ». Jean-Luc Delarue anime, lui, « C’est l’heure » et

« C’est toujours l’heure » – magazine axésur le service de proximité et l’actualitéculturelle – à 19 heures du lundi au vendre-di.

France 3, elle, a décidé de « rénover » sesmagazines, d’installer un débat politiqueen première partie de soirée, et de renfor-cer son identité régionale. Le magazined’information « La marche du siècle », en-core objet de négociations entre Jean-Ma-rie Cavada, son créateur-animateur, etM. Gouyou Beauchamps, devrait être dif-fusé un mercredi sur deux à 20 h 50. « Unaccord de principe » a été trouvé, mais ladiffusion de « La marche » reste condi-tionnée à la « mise sur pied d’une nouvelleémission » qu’animerait M. Cavada et dontles termes n’ont pas encore été finalisés.Patrick de Carolis, ex- M 6 et nouveau di-recteur des magazines et des documen-taires de France 3, animera à partir de dé-cembre un magazine de grandsreportages.

La rentrée sur France 3, c’est aussi le re-tour de Christine Ockrent en prime time.Elle concoctera, avec la rédaction de la

chaîne, la nouvelle émission politiquemensuelle diffusée à 20 h 50. Considérécomme « un pari risqué », ce débat « ins-crira nos interrogations et quelques-unes denos certitudes dans un contexte européen »,a expliqué la journaliste.

REDEVANCE « ANTICIPÉE »La chaîne « optimisera » son vivier

constitué de quatre-vingt-trois antennesen régions, grâce à un nouveau réseau nu-mérique. Des émissions nationales y se-ront réalisées et des sujets régionaux se-ront diffusés nationalement. « Faut pasrêver », de Sylvain Augier, fera sa rentréeen Haute-Savoie, et une « Une des Unesrégionales » clôturera le « 12/13 » national.Enfin, le développement des éditions lo-cales et régionales pourrait « redémarreravant la fin de l’année », grâce, selon leprésident de France Télévision, à « l’anti-cipation » budgétaire de la hausse de 5 %de la redevance audiovisuelle annoncée,mardi, par Mme Trautmann.

Florence Amalou

La télévision« plus forte que la réalité »du cinéasteJean-Luc Godard

LE TEMPS d’un entretien ac-cordé au Monde de l’éducation, lecinéaste Jean-Luc Godard s’ima-gine patron de chaîne et proposeplusieurs solutions radicalespour sortir de cette télévision« qui ne pose pas les questions évi-dentes ».

Constatant que celle-ci estfaite par des hommes et par desfemmes, Godard s’étonne de nejamais voir leur corps : « Je mesouviens d’avoir vu une fois Chris-tine Ockrent en Israël. On la voyaitdebout. Et se révélait le fait qu’elleavait des jambes, qu’elle étaitfaite de chair et de sang. Je voyaisquelqu’un d’autre, un être hu-main, une femme en l ’oc-currence. »

Une fois ce corps restauré dansson intégralité à l’écran, le réali-sateur suggère, dans le cas où ilserait ministre de l’information,de mettre chaque grande chaînede télévision sous la tutelle d’ungrand ministère : « France 2, parexemple, serait celle de la justice,celle de la guerre serait TF 1, etainsi de suite. La télévision leurservirait à répandre et à produireles idées qui leur semblent justes etbonnes. Ce serait un véritable mi-nistère au sens religieux du terme.

» Quand il y aurait une affaireconcernant les finances, commecelle où Bernard Tapie est mis encause, ce serait à FR 3 (...) de dif-fuser le sujet. (...) Puisque ce sonteux, les ministères, qui dirigent laFrance, il me semblerait logiquede voir à la télévision dans quelle“direction” nous allons. La justice,par exemple, di f fuserai t , à14 heures, tous les flagrants délits,régulièrement, automatiquement,dans quantité de tribunaux diffé-rents. »

Godard propose également demodifier le contenu des chaînesde sport où l ’on verrait dessports connus comme le tennis– « pas seulement les grands mat-ches, mais aussi les petits, ou leséliminatoires comme celles de Ro-land-Garros » –, et d’autresmoins connus, comme le canoëou le volley-ball féminin.

I l créerait également unechaîne du travail où l’on pourraitsuivre un ouvrier pendant uneheure, et une autre consacrée àla santé où l’on assisterait à uneopération, « puis on verrait lemalade rejoindre sa chambre etrecevoir un repas qu’il ne peut pasmanger. D’abord, parce qu’il estmauvais , ensui te , parce que,même s’il était bon, il ne pourraitpas l’avaler puisqu’on vient de luiôter l’estomac noué. Et puis onverrait que la brave Martiniquaisequi l’aide à manger ne gagne que6 000 francs par mois. »

« MARÉCHAL-ME-VOILÀ »S’il coordonnait une chaîne

consacrée à la politique, Godardverrait bien les ministres porterle costume de l’emploi. « Chaquesoir, le ministre interviendraitpour nous donner des nouvelles etfaire sa note de synthèse », ex-plique-t-i l . El isabeth Guigouporterait un habit à mi-cheminentre la robe noire de l’avocat etl’hermine du procureur, et Jean-Pierre Chevènement serait habil-lé en « maréchal-me-voilà ».

« Je décris une réalité imagi-naire mais qui est, je crois, plusforte que la réalité, ajoute le ci-néaste. Ce n’est pas du cirque,loin de là. »

Le conseil des ministres seraitaussi filmé intégralement, avecplusieurs caméras, sous tous lesangles, de manière à ce que l’onvoie si « c’est passionnant, en-nuyeux ou ridicule, et comment lesgrandes décisions se prennent ».

« Cela rendrait peut-être les mi-nistres enfin responsables, conclutJean-Luc Godard, et le citoyen-spectateur un peu plus exigeant.Robert Musil ne pourrait plus direque nous ne sommes pas capablesde nous libérer nous-mêmes, etque nous nommons cela une dé-mocratie. »

. Le Monde de l’éducation, de laculture et de la formation, sep-tembre 1997, 28 francs (« La télé-vision », rédacteur en chef invité :Dominique Wolton).

Le PDG de Radio-France se prépare à une rentrée délicateL’avenir du Mouv’ sera un test pour l’autorité de Michel Boyon

MICHEL BOYON, PDG de Ra-dio-France, saisira-t-il l’occasionde la présentation de la grille derentrée de France-Inter, vendredi29 août, pour affirmer son autori-té et ses ambitions pour son en-treprise ? Après un printemps etun été au cours desquels se sontsuccédés la naissance agitée duMouv’ (la radio pour les jeunes duservice public), les grognementsdans les couloirs et quelqueséclats sur l’antenne, le PDG n’apas intérêt à faire un faux pas.

Avant son départ en vacances,M. Boyon s’était fait houspillerpar le Conseil supérieur de l’au-diovisuel (CSA). Le 24 juillet, enrecevant les responsables de lastation, Hervé Bourges, présidentde l’organisme de régulation

s’était interrogé sur les « pas declerc, annonces mal maîtrisées ouune crise plus profonde de concep-tion de l’antenne généraliste deFrance Inter, dont le lent recul entermes d’audience est sans doutesymptomatique ». Et il avait ajou-té : « A quoi doit-on aujourd’huique le sentiment de confiance quis’était instauré [entre vous et le per-sonnel] se dégrade ? ». Aupara-vant, le CSA avait tout de mêmedonné quitus à M. Boyon pour sagestion financière de l’entreprise,qui a réalisé un bénéfice de900 000 francs en 1996. D’ailleurs,les collaborateurs de Radio-France en ont profité puisqu’ilsont tous reçu en juillet3 500 francs au titre de l’intéresse-ment. Mais cela n’a semble-t-ilpas suffi à désamorcer les cri-tiques. « Dès qu’on introduit deséléments de changement, cela estperturbant. En outre, dans cettemaison qui est transparente, lesgens ne sont pas enrégimentés. Il y atoujours un bouillonnement, et lescollaborateurs ont l’habitude dedire ce qu’ils pensent », analyseMichel Boyon, qui se dit « impa-vide » face à cette situation.

Un des endroits sensibles de laMaison ronde est le secteur del’information. Quelques muta-tions mal gérées ont déclenchéune mini-fronde contre le direc-teur de la rédaction, Jean-Luc

Hees. Une voix faite pour le microet un regard gris-vert dont il joueadmirablement, cet ancien corres-pondant à l’étranger a accusé lecoup. A l’occasion d’un séminaire,qu’il veut organiser en septembre,il souhaite « ramener de la raison »dans ses troupes et les remobiliserautour d’une grille où l’informa-tion étrangère devrait être valori-sée et le traitement de l’actualitééconomique et sociale prendre unton nouveau. Du côté des pro-grammes, l’autorité du directeurJacques Santamaria a été fragili-sée par les colères publiques, no-tamment de Laurent Ruquier etGérard Miller, lors de l’élabora-tion de la grille de rentrée.

FRANCE-CULTURE APAISÉEA France-Culture, en revanche,

l’ébullition provoquée au prin-temps par la nomination de Pa-trice Gélinet comme directeursemble être retombée. La prépara-tion de la nouvelle grille, qui seradévoilée en octobre se fait dans leplus grand secret, mais elle nesemble pas déclencher de grandesrévoltes. Sauf de la part de quel-ques septuagénaires, qui en sontécartés pour raison d’âge.

Pour Michel Boyon, le passagele plus difficile reste le Mouv’, der-nier-né du service public. Auxtermes de l’accord passé en juinentre lui et Catherine Trautmann,

ministre de la culture et de lacommunication, la jeune radio de-vrait faire l’objet d’un premierexamen de sa croissance dans ladeuxième quinzaine de sep-tembre. « Il s’agira de voir si lecontenu convient à une radio deservice public et si les thèmes abor-dés correspondent à l’attente desjeunes », prévoit M. Boyon.

D’ici là, la station va peaufinerses programmes. Dans l’ancienstudio 109 de la Maison ronde,transformé en radio du troisièmemillénaire, une cinquantaine dejeunes collaborateurs sont instal-lés derrière des écrans où appa-raissent Internet, le DAB et le RDSpendant que des lignes multico-lores indiquent qu’un disque ouun message sont diffusés à l’an-tenne. Mais l’ambiance n’y est pastoujours sereine. « Nous avonscommencé trop tôt et il était difficilede maîtriser un nouveau matériel,d’élaborer un nouveau contenu toutcela dans une grille qui n’était pasfixe et avec un personnel censé êtrepolyvalent », commente un partici-pant.

Durant l’été, Olivier Nanteau, ledirecteur du Mouv’, qui a l’air fati-gué de ceux qui ont été privés devacances, s’est efforcé de recadrerses programmes et de disciplinerses troupes. Son objectif est demettre « des archipels de contenudans un grand océan de musique ».

En septembre, l’antenne devraitêtre rythmée par des rendez-voustoutes les deux heures trente et letraitement de quelques grandsthèmes comme le corps, l’emploiou l’alimentation permettront dedonner au Mouv’ l’apparence d’unprogramme.

En réalité, cette radio pour lesjeunes embarrasse tout le monde.A l’intérieur de Radio-France, sesdétracteurs savent bien qu’il seraitdélicat d’arrêter cette expérience.A l’extérieur, notamment au Partisocialiste, certains, qui rêvent d’endécoudre avec M. Boyon, prônentl’arrêt du Mouv’en posant lamême question qu’Ivan Levaï, an-cien directeur de l’information deRadio-France dans Le Monde :« Faut-il aujourd’hui encore inven-ter des radios pour les jeunes, pourles vieux, pour les Auvergnats, lesménagères, les gays ? ».

Plus prosaïquement, l’avenir duMouv’, et peut-être celui de Mi-chel Boyon se jouera sur le budgetet les fréquences. En effet, il fau-dra bien trouver la quarantaine demillions de francs nécessaires aufonctionnement de cette stationet les fréquences qui permettentde la sortir de son ghetto des dix-sept villes moyennes dont seulsactuellement les habitantspeuvent l’écouter.

F. Ch.

Albert du Roy, directeur général adjoint

« Les journaux de France 2 seront très différents de leurs concurrents »Le nouveau responsable de la rédaction explique au « Monde » comment il va rénover le traitement de l’information

Sous la houlette d’Albert du Roy, les journauxtélévisés de France 2 devront s’adresser « àtous les publics », mieux hiérarchiser les sujetsprésentés à l’antenne, utiliser le spectaclecomme « un moyen et non une fin » et ouvrir

davantage le cercle des experts invités à té-moigner. Le « 13 heures » devrait comporterdavantage d’aspects magazine et pratique,tandis que le « 20 heures » sera décliné en troisséquences : « actualité, éclairage, décou-

verte ». Patrick Chêne continuera à présenter lepremier, tandis qu’Albert du Roy se réserve lechoix des deux présentateurs du second, entreBéatrice Schönberg, Daniel Bilalian et BrunoMasure. En ce qui concerne les grilles de ren-

trée, France 2 devrait favoriser la fiction, aveccinq soirées par semaine. Michel Drucker ani-mera désormais son émission le dimanche, tan-dis que Jean-Luc Delarue sera à l’antennechaque jour de la semaine.

EN DONNANT à Albert du Royle titre de directeur général ad-joint chargé de la rédaction surFrance 2, le président de FranceTélévision, Xavier Gouyou Beau-champs, a marqué l’importancequ’il entend accorder à l’informa-tion sur la chaîne publique. Nom-mé le 2 juillet, Albert du Roy, cin-quante-neuf ans, qui anotamment collaboré à Europe 1et à L’Express avant de diriger lesrédactions d’Antenne 2, de L’Ex-pansion et de L’Evénement du jeu-di, a passé son été à réfléchir àune rénovation du traitement del’information sur France 2. Il en aprésenté les grandes lignes lorsd’une réunion des trois centsjournalistes de la rédaction quis’est tenue mercredi 27 août, enfin de journée.

« Quelle doit être, selon vous,la spécificité de l’informationsur une chaîne du service pu-blic ?

– Au-delà des principes de baseque sont l’indépendance à l’égarddes pouvoirs et le respect du plu-ralisme des idées, je dirais quenous ne sommes pas là pour direaux gens ce qu’ils doivent penser,mais pour leur dire ce qu’i lsdoivent savoir pour penser pareux-mêmes. A part cela, j’ai définicinq lignes de force. D’abord,France 2 s’adresse à tous les pu-blics, l’élite, le peuple, la ville, la

campagne, les jeunes et les vieux ;aux « Mimiles » aussi bien qu’aux« crânes d’œufs » comme on ledit dans cette rédaction.

» Deuxièmement, les journauxet les magazines ne doivent passeulement répondre aux attentesdes publics mais aussi à leurs be-soins. Je veux prouver que la lo-gique de l’information et la lo-gique de l’audience ne sont pasincompatibles. Ce que je résumeen disant : l’audience pour l’au-dience, quel intérêt ? La qualitésans l’audience, quel gâchis ! Ilfaut savoir rendre attractif ce quiest austère et proche ce qui estlointain.

» Troisièmement, il faut une sé-lection rigoureuse des sujets etles hiérarchiser avec pertinence.Quatrièmement, la place du spec-taculaire est essentielle, à condi-tion d’être considéré comme unmoyen de faire connaître une in-formation mais en aucun cascomme une fin. Enfin, nous de-vons élargir le cercle de ceux quiparlent et ne pas nous contenterd’interroger les décideurs et lesexperts. Il ne s’agit pas pour au-tant de multiplier les micros-trot-toirs, mais d’inviter les gens quiont l’expérience d’une situationou d’un problème.

– Comment cette réformes’appliquera-t-elle dans le dé-roulement des journaux ?

– Je me suis essentiellement at-taché à la réforme de ceux de13 heures et de 20 heures. Il s’agi-ra de deux journaux qui seronttrès différents entre eux et ausside ceux de la concurrence. Pourcelui de la mi-journée, les mots-clés sont actualité, convivialité etutilité. Les dix premières minutesseront consacrées à un tourcomplet de l’actualité de la nuit etde la matinée. Ensuite, une sé-quence de vingt-cinq minutes,plutôt magazine, abordera lesquestions qui intéressent lesgens : l’argent, la santé, les loisirs,l’éducation, la consommation.Ces sujets – deux ou trois parjournal – se termineront par des

conseils pratiques et des adresses.Il s’agit de faire une informationde proximité qui se distingue dugenre exotisme provincial de TF 1et de celle de France 3 qui est es-sentiellement géographique.

– Et le « 20 heures » ? – Il se décomposera en trois

parties consacrées à l’actualité,l’éclairage et la découverte. Aprèsles quinze premières minutes quidoivent correspondre à un jour-nal complet et factuel, une sé-quence de douze minutes sera ré-servée à notre apport original àl’actualité du jour. Deux ou troissujets traités sous forme de re-portages, de portraits, de rétro-spectives historiques, etc., de-vront nous permettred’approfondir sous un angle quenous avons choisi les points fortsde l’information du jour. Le jeudi,cette partie sera réservée à l’in-terview d’une personnalité qui estau cœur de l’actualité. Elle seraréalisée par Arlette Chabot. Lejournal s’achèvera sur une sé-quence consacrée à un éclairagesur l’avenir, la culture ou lessciences, par exemple.

– Avez-vous choisi les présen-tateurs ?

– Le « 13 heures » sera présentépar Patrick Chêne. En revanche,rien n’est décidé pour le« 20 heures ». Je veux déjà savoirce que Daniel Bilalian, Bruno Ma-

sure et Béatrice Schönbergpensent du journal que je veuxfaire et s’ils sont disposés à le pré-senter. Ensuite, je déciderai.

– Quand les téléspectateursverront-ils sur l’écran les effetsde votre réforme ?

– Maintenant que les orienta-tions sont définies, il va falloir or-ganiser la rédaction, dont GérardLeclerc va prendre la direction àmes côtés. J’ai dressé un organi-gramme dans lequel il va falloirmettre des noms en plus de ceuxdes dix-huit personnes que j’aidéjà désignées aux fonctions-clés.Nous devrions être opérationnelsà partir de début octobre.

– Que prévoyez-vous pour lesmagazines ?

– « Polémiques », « Envoyéspécial », « Thé ou café » nechangent pas. Ce qui va être mo-difié, ce sont les émissions du lun-di en deuxième partie de soirée.Une fois par mois, Arlette Chabotet Alain Duhamel présenterontune émission qui sera un face-à-face entre deux personnalités po-litiques. Les autres lundis abrite-ront une émission forumconduite par Paul Amar. Mais lerenouvellement des magazinessera le chantier de l’année pro-chaine. »

Propos recueillis parFrançoise Chirot

ALBERT DU ROY

Page 19: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

LeMonde Job: WMQ2908--0019-0 WAS LMQ2908-19 Op.: XX Rev.: 28-08-97 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:28,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0472 Lcp: 196 CMYK

A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 / 19

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 97186

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

HORIZONTALEMENT

I . M o u v e m e n t r o u t i e r e npériode de vacances. – II. Crée unmouvement routier à la fin desvacances. Libère quand on lelâche. – III. Respectueuses deshoraires. Choix. – IV. Condamnépar la morale. A de gros intérêtsdans les affaires. – V. Officier à lacour du sultan. Couvrir le sol. –VI. Exprimez avec véhémence.Bernard et Bertrand au cinéma. –VII. Importe et rapporte. Dansles règles. – VIII. Classe leshuiles. A une bonne pointe devitesse. – IX. Personnel. Céda

pour un certain temps. Fit le pre-mier pas. – X. Leur comporte-ment et leurs manières sortentde l’ordinaire.

VERTICALEMENT1. Partisan du feu pour le feu. –

2 . E t ro i tement l imi tés à l aFrance. – 3. Championne decourse à pied, elle ne fut battueque par Hippomène. – 4. Tra-vaille en profondeur. Négation.La bande à Léo. – 5. Joindre lesdeux bouts. Son vrai nom, c’estRê. – 6. Grandes mesures dutemps. Mettez bas à l’envers. – 7.Point. S’alimenta à la source. – 8.

Lettres de parjure. Un petitplus. Sur les vagues. – 9. Equi-per du matériel nécessaire. – 10.Absence totale de croyance. –11. Se termine quand on secouche. Point pour le lever. – 12.Prendras avec force.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97185

HORIZONTALEMENTI. Reconversion. – II. Exacer-

bée. La. – III. Chic. Pet. PMU. –IV. Radis. Rodait. – V. Eu. Pol-lues. – VI. Artin. Urbain. – VII.Test. Résidai. – VIII. Is. Arès.Nèpe. – IX. Aléa. Nanar. – X.Noue. Causals.

VERTICALEMENT1. Récréation. – 2. Exhaures. –

3. Caïd. Ts. Au. – 4. Occipitale. –5. Ne. Son. Ré. – 6. VRP. Réac. –7. Eberlués. – 8. Retours. Nu. –9. Se. Débinas. – 10. Pasadena. –11. Olmi. Iapal (lapai). – 12. Nau-toniers.

g SOS Jeux de mots :3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION no 29 En collaboration avec

Situation le 28 août à 0 heure TU Prévisions pour 30 août à 0 heure TU

Une mainpour rendrela justice

L’ABBAYE ROYALE de Saint-Denis conservait jusqu’à la Révo-lution les instruments du sacre– les regalia – utilisés à la cathé-drale de Reims. Parmi eux se trou-vaient les éperons, l’épée diteJoyeuse, le sceptre et la main dejustice.

En ce jour solennel et grandiose,le futur roi était conduit jusqu’à lacathédrale, où il prêtait serment etrecevait les « insignes de chevale-rie » ; puis l’archevêque lui faisaitl’onction avec l’huile sainte, le roirevêtait les vêtements du sacre – lemanteau semé de fleurs de lis – etrecevait les instruments. Alors,l’archevêque déposait sur sa têtela couronne royale.

Comme les couronnes médié-vales, la main de justice a été dé-truite pendant la Révolution. Pourqui fut-elle fabriquée après la Ré-volution ?

b Charles Xb Napoléon Ier

b Napoléon IIIRéponse dans Le Monde du

5 septembre

Solution du jeu no 28 (Le Monde du 22 août)Louis François Bertin, dit Bertin l’Aîné (1766-1841), a été le fondateur et ledirecteur du Journal des débats.

CalendrierANTIQUITÉSb Saint-Tropez (Var), sur le port,jusqu’au dimanche 7 septembre.De 10 à 13 heures et de 17 à22 heures, soixante-deuxexposants. Entrée : 35 francs.b Parly 2 (Yvelines), Centrecommercial, jusqu’au samedi6 septembre, de 11 à 22 heures dumardi au vendredi ; le lundi de 11à 20 heures, le samedi de 10 à20 heures et le dimanche de 11 à19 heures, quatre-vingtsexposants. Entrée libre.

b Coulans-sur-Gée (Sarthe),Château, du vendredi 29 audimanche 31 août, de 9 à19 heures, vingt-cinq exposants.Entrée : 10 francs.b Mauriac (Cantal), halle dessports, avenue duCommandant-Gabon, samedi 30et dimanche 31 août, de 9 à19 h 30, quarante exposants.Entrée : 15 francs.b La Chapelle-d’Angillon (Cher),salle des fêtes et esplanade,samedi 30 et dimanche 31 août, de9 à 19 heures, soixante-dixexposants. Entrée libre.

BROCANTESb PARIS, Village Saint-Paul(4e arrondissement), samedi 30et dimanche 31 août, déballage.b Roscoff (Finistère),salle polyvalente, samedi 30et dimanche 31 août,quarante exposants.b CHAMPVERT (Nièvre),samedi 30 et dimanche 31 août,cent exposants.b BEAUBEC-LA-ROSIÈRE(Seine-Maritime),le Bagageot, samedi 30et dimanche 31 août,quatre cents exposants.

La famille des faïences d’AptVENTES

MOINS CONNUES que lesfaïences de Moustiers ou de Mar-seille, les créations des manufac-tures de la région d’Apt, dans leLubéron, ont connu auXVIIIe siècle une grande renom-mée qui ne se limitait pas à la Pro-vence. Artistiques et non popu-laires, leur âge d’or se situe de lafin du XVIIIe siècle – vers 1770 – audébut du XIXe.

La poterie fait partie des res-sources économiques tradition-nelles du pays d’Apt, mais les pre-mières pièces de grande qualitésortent d’un four construit en 1728à Castellet, à douze kilomètresd’Apt. César Moulin, fils d’unfaïencier d’Apt, fait venir à Castel-let des ouvriers italiens. Utilisantles terres ocres d’Apt et de Rous-sillon, c’est lui qui met au pointcette superbe couleur jaune paille,parfois légèrement orangée, carac-téristique de cette production.

STYLE ROCAILLESoupières, légumiers, jardi-

nières, fontaines, vaisselle fine ontpour modèle des pièces d’orfèvre-rie. Alors qu’un édit de Louis XVprescrit l’envoi au Trésor des ob-jets en or et en argent, les barons

de Brancas, les ducs de Villard etles seigneurs de cette région fontsurmouler leur argenterie pour engarder les modèles.

Les faïenciers d’Apt suivent ceuxde Castellet dans cette voie, et cespièces, d’une finesse exception-nelle, reproduisent les plus beauxmodèles d’orfèvrerie d’inspirationLouis XIV ou Louis XV. Ce qui ex-plique que les grands centres voi-sins, Moustiers et Marseille, onttrès peu influencé la productionaptoise.

Vernissés ou émaillés, les mo-

dèles originaux subissent peu àpeu des modifications qui les rap-prochent des silhouettes desfaïences classiques. Des statues,des bénitiers, des groupesviennent compléter le répertoire,dont l’ornementation adopte en-suite le style rocaille. Les couleursévoluent aussi, et au jaune orangésuccède un émail jaspé où le noiralterne avec des teintes jaunesplus ou moins claires.

Après la coupure de la Révolu-tion apparaît la production destyle Directoire, d’une parfaite so-

briété de lignes, toujours dans lesmêmes tons de jaune, qui se per-pétue sous l’Empire. Cette périodevoit la naissance d’un nouvel effet,un marbré à prédominance de noirpailleté de jaune et de brun, appe-lé « nougatine » ou « brocatelle ».Les formes très pures sont inspi-rées de l’antique.

ESSOR QUASI INDUSTRIELViennent ensuite des séries de

personnages fantaisie, chasseurs,bergers, figurines dans le goût naïfdes santons provençaux, et des

bustes d’hommes célèbres. A par-tir de la seconde moitié duXIXe siècle, les faïences d’Aptprennent un essor quasi industrielqui inflige une dégénérescence auxformes et à la couleur jaune. Cesmodèles rustiques et utilitairessont courants dans le Lubéron.

Sur le marché, les faïences d’Aptà la nougatine ont la préférence dupublic. On trouve des assiettes àpartir de 4 000 francs, des pichetset leurs bassins autour de25 000 francs, des écuelles à bouil-lon couvertes à 10 000 ou12 000 francs. Les modèles ditsd’orfèvrerie de couleur jaune sontun peu moins chers : 6 000 à7 000 francs pour un pichet et sonbassin, 10 000 à 15 000 francs lespièces de forme Empire ou Direc-toire (soupières, vases, etc.), 1 000à 1 500 francs les tasses et leurssoucoupes.

La statuaire fin XVIIIe-début XIXe

se négocie entre 5 000 et15 000 francs selon l’originalité dusujet et les dimensions. Lesfaïences fabriquées entre 1850 et lafin du siècle se vendent entre 1 000et 1 500 francs.

Catherine Bedel

DÉPÊCHESa Histoires tissées. Le Palais despapes d’Avignon expose la « ten-ture de la vie de saint Etienne »réalisée à Bruxelles vers 1500. Ils’agit de douze tapisseries enlaine et soie i l lustrant sur45 mètres de long la légende dupremier martyr chrétien. Cetteœuvre est présentée avec dessculptures, vitraux et enlumi-nures du Moyen Âge.. Jusqu’au 28 septembre, de 9 à20 heures. Jusqu’à 21 heures lesvendredis et samedis.a Antiquaires à Monaco. Unnouveau Salon d’antiquairess’installe à l’Espace Fontvieille ;soixante exposants proposent dumobilier italien en marqueterieet bois doré, des tableaux et desbronzes Renaissance et des ob-jets d’art. Sont également pré-sentés une centaine de tableauxde l ’école vietnamienne duXXe siècle.. Espace Fontvieille, du 29 aoûtau 7 septembre, de 15 à 21 heures,entrée 60 francs.a Art maya dans le Finistère.L’abbaye romane de Daoulasabrite, jusqu’au 7 septembre,300 pièces provenant du sitemaya de Copan, prêtées par di-vers musées du Honduras : sta-tues, stèles, objets sacrificiels,récipients d’albâtre, bijoux dejade (Le Monde daté du 20-21 juillet).

RM

N/W

ILLI

Main de justicedes rois de France.

Ivoire, or,pierres précieuses ;hauteur : 39,2 cm.

Paris,Musée du Louvre

LE CARNETDU VOYAGEUR

a ANTILLES. La compagnieAOM propose des tarifs promo-tionnels du 1er septembre au18 octobre sur les vols vers lesAntilles (Guadeloupe et Marti-nique) : de Paris, à partir de2 290 F, l’aller-retour. Le nombrede places est limité mais il n’y apas de contraintes de réserva-tion. Du 9 septembre au 31 dé-cembre, la compagnie accepte, àbord de ses vols Paris-Cayenne,sans surcoût un excédent de ba-gages de 10 kg. Réservations au0803-00-12-34.a AFRIQUE DU SUD. Région ex-ceptionnelle pour la variété de safaune et de sa flore, le parc natio-nal du Drakensberg souhaite êtreinscrit sur la liste du patrimoinemondial établie par l’UNESCO,où ne figure aucun site sud-afri-cain. Le parc abrite 550 cavernesornées de 30 000 peintures attri-buées au peuple San, qui vivaitde la chasse et de la cueillette.

Pluies à l’ouest, accalmie ailleursLE FLUX d’ouest perturbé reste

d’actualité pour vendredi. Éclaircieset averses prévaudront sur la plu-part des régions. Une nouvellezone pluvieuse arrivera par l’ouestl’après-midi. Les régions méditerra-néennes retrouveront le soleil, maisau prix d’un vent violent.

Bretagne, Pays-de-Loire,Basse-Normandie. – La matinéese passera sous un ciel variable,avec quelques ondées résiduelles. Ala mi-journée, le ciel se couvrira enBretagne et l’après-midi se passerasous la pluie et un vent de sud-ouest, atteignant 80 km/h en ra-fales. Les pluies gagneront laBasse-Normandie et les Pays-de-Loire en soirée. Il ne fera guère plusde 20 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Après la grisaille mati-nale présente des Flandres aux Ar-dennes un temps changeant semettra en place, avec alternanced’éclaircies et d’averses. En soirée,le ciel se couvrira de la Haute-Nor-mandie à l’Ile-de-France et au

Centre. Il fera de 19 à 21 degrés.Champagne, Lorraine, Alsace,

Bourgogne, Franche-Comté. – Depetites pluies s’attarderont en ma-tinée près des frontières. Ensuite, lesoleil percera le rideau nuageux,mais jamais durablement, et desaverses se produiront encore. Il fe-ra de 18 à 21 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Le bassin Aqui-tain connaîtra encore un ciel char-gé en matinée. Le ciel offrira en-suite quelques périodesensoleillées. Il fera de 20 à 23 de-grés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – Nuages et ondées traîne-ront une bonne partie de la journéedans les Alpes. Ailleurs, un cocktaild’éclaircies et d’averses se mettraen place. Il fera de 19 à 21 degrés.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur,Corse. – Le soleil sera de retourmais il faudra s’abriter du vent. Lesrafales atteindront 80 à 100 km/hdu golfe du Lion au Var, 120 km/hen Corse. Il fera de 24 à 27 degrés.

10o 20o0o

40 o

50 o

Belfast

Belgrade SofiaToulouse

Barcelone

Dublin

Londres

Paris

Lyon

Nantes

Bruxelles

Amsterdam

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PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON MARSEILLE

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR. NOUMEA

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI ISTANBUL

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LE CAIRE MARRAKECH NAIROBI PRETORIA RABAT TUNIS ASIE-OCÉANIE BANGKOK BOMBAY DJAKARTA DUBAI HANOI HONGKONG JERUSALEM NEW DEHLI PEKIN SEOUL SINGAPOUR SYDNEY TOKYO

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Page 20: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

LeMonde Job: WMQ2908--0020-0 WAS LMQ2908-20 Op.: XX Rev.: 28-08-97 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:28,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0473 Lcp: 196 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 C A R N E T

a Mgr JEAN DELEDICQUE,évêque auxiliaire de Lille et pré-sident de la commission des mi-grations de la conférence épisco-pale de France, est mort, lundi25 août à Lille, des suites d’unelongue maladie. Né le 2 mars 1925à Billy-Montigny (Pas-de-Calais),Mgr Deledicque avait été ordonnéprêtre en 1952 et nommé évêqueauxiliaire de Mgr Jean Vilnet à Lilleen 1987.

François LachenalUn passeur de textes et un ami des peintres

L’ÉDITEUR suisse François La-chenal, fondateur des Editionsdes Trois Collines avec Jean Des-coullayes, né en 1918 à Genève,s’est éteint vendredi 22 août à sondomicile genevois.

Bien que son action clandestinesous la domination nazie ait étéhéroïque en son genre, FrançoisLachenal était assez élégammentdiscret pour en parler peu. Atta-ché à la légation suisse à Vichy àpartir de 1942, puis à Berlin, il afait passer de l’autre côté de lafrontière, à la barbe des autoritésnazies qu’il fréquentait quoti-diennement, les manuscrits depoètes et d’écrivains résistants, etnon des moindres ! Au cours desannées de guerre, ce tout jeunehomme a édité en Suisse et diffu-sé ailleurs Paul Eluard, Aragon,Jean Paulhan, Vercors, Pierre Em-manuel, Pierre Seghers, entreautres. Après guerre, il continue-ra son travail de passeur en édi-tant notamment, toujours aux

Trois Collines, des l ivres deSartre, de Grothuysen, de Benda,de Tzara, et de grands volumesd’art, tel l’ensemble des dessinsde Paul Klee. En outre, c’est luiqui, avec une petite équipe, ani-ma et diffusa de 1940 à 1945 la re-vue Traits, qui fut inquiétée par lapolice d’une Suisse qui avait tropvite tablé sur la victoire hitlé-rienne.

TÉMOIN PRIVILÉGIÉAmi des peintres, en particulier

de Picasso, membre du Collège depataphysique, François Lachenalfut aussi un artisan efficace durapprochement franco-allemanddans le domaine de l’art et desidées. Directeur culturel des éta-blissements Boehringer, il animaen Allemagne, de 1959 à 1988, lesJournées internationales d’Ingel-heim, festival esthétique centréchaque année sur un pays dif-férent.

En 1995, l’institut Mémoires de

l’édition contemporaine avaitconsacré à son œuvre éditorialeun volume d’hommage, et leCentre culturel suisse une exposi-tion. Les nombreux articles rédi-gés par François Lachenal au fildes décennies, mais aussi sonétonnant journal de guerre, de-meuré inédit, font de lui à la foisun acteur et un témoin privilégiésd’un temps de tourments.

Roger-Pol Droit

EDUCATIONNATIONALE

Maryse Quéré a été nomméerecteur de l’académie de Caen lorsdu conseil des ministres du27 août, en remplacement de Philippe Lucas, décédé le 12 août(Le Monde du 15 août).

[Née le 24 janvier 1944 à Longwy-Bas(Meurthe-et-Moselle), docteur en mathéma-tiques et en sciences (spécialité informa-tique), Maryse Quéré a accompli l’essentielde sa carrière universitaire à Nancy. Maîtrede conférences, puis professeur d’informa-tique à l’Institut universitaire de technologie(IUT) de Nancy depuis 1969, elle est respon-sable d’un centre de formation à l’informa-tique de l’académie de Nancy-Metz de 1981 à1985. Elle crée et dirige jusqu’en 1988 leCentre lorrain d’enseignement par ordina-teur, puis l’un des nouveaux Centres d’initia-tion à l’enseignement supérieur (CIES) entre1989 et 1991. Après un bref passage commedirecteur de l’information et de la communi-cation au ministère de l’éducation nationale,Maryse Quéré devient, en 1993, conseiller duministère en nouvelles technologies.]

NOMINATIONS

MOUVEMENTPRÉFECTORAL

Sur proposition du ministre del’intérieur, Jean-Pierre Chevène-ment, le conseil des ministres dumercredi 27 août a procédé aumouvement préfectoral suivant :Bernard Boubé, trésorier-payeurgénéral du Tarn-et-Garonne, estnommé secrétaire général de lapréfecture d’Ile-de-France, enremplacement de Bernard Hagels-teen, nommé préfet du Maine-et-Loire, par le conseil des ministresdu 23 juillet. Philippe Parant, di-recteur de la surveillance du terri-toire, est nommé préfet horscadre, et Jean-Jacques Pascal, di-recteur des Journaux officiels, leremplace à la DST (Le Monde du28 août). Jean Sarton du Jonchay,sous-préfet de Nogent-sur-Marne(Val-de-Marne), âgé de soixante-quatre ans, René Millancourt,sous-préfet de Saint-Quentin(Aisne), âgé de soixante-trois ans,et Héric Guérin du Grandlaunay,

sous-préfet de Saint-Nazaire(Loire-Atlantique), âgé de soixanteans, sont nommés préfets horscadre, chargés d’une mission deservice public relevant du gouver-nement. Sur proposition du pre-mier ministre, Jean-Paul Bolufer,directeur du cabinet du préfet del’Ile-de-France, est nommé direc-teur des Journaux officiels, enremplacement de Jean-JacquesPascal, qui devient directeur de laDST. Paul Roncière, hautcommissaire de la République enPolynésie française, est nommé se-crétaire général de la mer, en rem-placement de Didier Quentin, quia été élu député (RPR) de Cha-rente-Maritime.

[Né le 11 juin 1946 à Paris, Bernard Boubéintègre le corps préfectoral à sa sortie del’ENA, en mai 1974. Il est chargé de mission,puis directeur du cabinet du directeur descollectivités locales, jusqu’en juillet 1977. De-venu sous-préfet, il est, successivement, se-crétaire général de la préfecture de la Réu-nion de juillet 1977 à décembre 1980,

sous-préfet d’Albertville (Savoie) jusqu’enjuin 1982, secrétaire de la préfecture de laManche jusqu’en octobre 1984, chargé demission auprès du préfet du Bas-Rhin jus-qu’en janvier 1985, secrétaire général pourles affaires régionales d’Alsace jusqu’en jan-vier 1988 et sous-préfet de Pointe-à-Pitre(Guadeloupe) jusqu’en avril 1990. Il est alorsnommé préfet du Cantal, poste qu’il occupejusqu’en octobre 1992, date à laquelle il de-vient préfet de la Corrèze. Il est placé horscadre en mai 1993 et nommé directeur desstages à l’ENA. Il occupe cette fonction jus-qu’en mai 1996, date à laquelle il est nommétrésorier-payeur général du Tarn-et-Ga-ronne.]

[Né le 25 mars 1943 à Limoges (Haute-Vienne), Jean-Jacques Pascal est devenu ad-ministrateur civil au ministère de l’intérieur àsa sortie de l’ENA, en mai 1969. Il a été direc-teur du cabinet du préfet de la Lozère de juil-let 1969 à juillet 1972, secrétaire général de lapréfecture du Territoire de Belfort jusqu’enavril 1974, chargé de mission auprès du pré-fet des Alpes-Maritimes jusqu’en novembre1979, sous-préfet d’Arles jusqu’en octobre1981, puis de Béthune jusqu’en mai 1984. A

cette date, il devient directeur du personnelde la police nationale. Il est nommé préfet duGers en mai 1986, directeur des affaireséconomiques et de la formation profession-nelle à la préfecture de la région Ile-de-France en novembre 1987, et préfet de laManche en août 1988. De juin 1990 à février1992, il est directeur central des renseigne-ments généraux. Nommé préfet du Val-d’Oise en février 1992, il devient directeur desJournaux officiels en juillet 1995.]

[Né le 5 novembre 1946 à Alger, Jean-PaulBolufer est affecté au secrétariat général dugouvernement à sa sortie de l’ENA, en mai1974. Il entre au cabinet du maire de Paris,Jacques Chirac, en juin 1978. Il en est chef ad-joint jusqu’en juillet 1979, directeur adjointjusqu’en octobre 1984, et chargé de missionjusqu’en 1985, année qu’il passe à l’Institutdes hautes études de défense nationale. Enavril 1986, il est nommé directeur du cabinetdu secrétaire d’Etat chargé de la francopho-nie, Luchette Michaux-Chevry. En octobre1988, il est à nouveau chargé de mission au-près du maire de Paris, Jacques Chirac. Enaoût 1989, il devient directeur du cabinet duprésident du conseil régional de Midi-Pyré-

nées, Marc Censi (UDF-PR), et directeur gé-néral des services. Il avait été nommé direc-teur du cabinet du préfet de la régionIle-de-France, Joël Thoraval, le 17 avril 1996.]

[Né le 6 septembre 1942 à Blois (Loir-et-Cher), Paul Roncière est affecté au ministèredes départements et territoires d’outre-mer àsa sortie de l’ENA, en mai 1968. D’abord chefde la circonscription des Tuamotu-Gambier(Polynésie française) de décembre 1969 à mai1973, il devient adjoint au sous-directeur desaffaires économiques, financières et du planjusqu’en août 1974. Il est sous-préfet deMauriac (Cantal) jusqu’en septembre 1975,secrétaire général de la préfecture de Haute-Corse jusqu’en novembre 1977, sous-préfetd’Avallon (Yonne) jusqu’en avril 1979, direc-teur du cabinet du préfet de la région Nord-Pas-de-Calais jusqu’en octobre 1981, sous-préfet d’Arles (Bouches-du-Rhône) jusqu’enfévrier 1985, secrétaire général de la préfec-ture de la Martinique jusqu’en septembre1987 et sous-préfet de Brest (Finistère) jus-qu’en décembre 1992. Il est nommé préfet dela Haute-Saône en décembre 1992, puishaut commissaire de la République en Poly-nésie française en juillet 1994.]

DISPARITIONS

Clodomiro AlmeydaUn compagnon de Salvador Allende

ANCIEN vice-président chilien,Clodomiro Almeyda est mort d’uncancer, lundi 25 août, à Santiago-du-Chili.

Né dans la capitale chilienne le11 février 1923, Clodomiro Almey-da a été une figure majeure de lagauche latino-américaine pendantplus de trois décennies. Avocatdevenu professeur de philoso-phie, essayiste, parlementaire, mi-nistre et dirigeant d’un courantqui cherchait la voie d’un « mar-xisme latino-américain », Clodo-miro Almeyda a participé, aux cô-tés de son camarade SalvadorAllende, au renforcement du Partisocialiste chilien qui, après delongues années d’opposition,réussit enfin, en septembre 1970, àinstaller l’un des siens à la tête del’Etat. On sait ce qu’il advint, millejours plus tard, de « la voiechilienne au socialisme » à la défi-nition de laquelle, ministre des af-faires étrangères du gouverne-ment de l’Unité populaire, puis

ministre de la défense, ministre del’intérieur, et vice-président, Clo-domiro Almeyda avait si large-ment contribué.

Incarcéré après le coup d’Etatmilitaire de septembre 1973 dansl’île de Dawson, dans l’extrêmeSud chilien, Clodomiro Almeydaquitta le pays après sa libération.Il passa de longues années en Ré-publique démocratique allemande(RDA) et au Mexique avant de re-venir au Chili, en 1987, malgré l’in-terdiction de séjour qui pesait en-core sur lui. Aussitôt arrêté, il fut ànouveau déporté. Propulsé entre-temps à la tête de l’une des frac-tions d’un Parti socialiste éclatépar la défaite de 1973, il contribua,en alliance avec le Parti commu-niste, à la création du Mouvementdémocratique populaire (MDP),puis du Parti de la gauche socia-liste (PAIS), prenant le contre-pied de ses camarades renovadosqui avaient décidé de faire allianceavec la démocratie-chrétienne

pour accélérer la fin du régime mi-litaire. Cela ne l’empêcha pas departiciper, en décembre 1989, à laréunification du Parti socialistechilien, qui s’apprêtait à participerau premier gouvernement démo-cratique de l’après-Pinochet. Pa-tricio Aylwin, un ancien compa-gnon de la faculté de droit devenuprésident de la République, luiconfia l’ambassade chilienne deMoscou, alors que s’y faisaientsentir les premières conséquencesde la chute du mur de Berlin. C’està cette époque que, juste retourdes choses, il y donna refuge àErich Honecker, numéro un déchud’une RDA disparue, soudain pri-vé de ses protecteurs soviétiquesemportés à leur tour.

Rentré définitivement au Chilien 1993, Clodomiro Almeyda yavait repris son activité universi-taire. Il dirigeait l’école de sociolo-gie de l’Université du Chili.

Eduardo Olivares

AU CARNET DU « MONDE »

Anniversaires de naissance

– Chamonix, 1937.Concarneau, 1997.Aymeric, Gwénolé et Charlotte Prié,Romain et Alexis Ruiz,Cannelle et Perrine Delmas,

souhaitent à leur merveilleux

Papilyun joyeux anniversaire.

Mariages

– M. et Mme Jovan ZEC,M. et Mme Yves CHEVALIER,

sont heureux de faire part du mariage deleurs fille et fils,

Marguerite et Benoît,

célébré le 30 août 1997 en la cathédrale deTours.

Décès

– Mme Henriette Bensimon,son épouse,

Claude et Gilbert Bensimon,ses enfants,

Lynn Myers, Christine Payan,ses belles-filles,

David, Maïa, Daniel, William,ses petits-enfants,ont l’immense douleur de faire part dudécès, le 25 août 1997, dans sa quatre-vingt-quatrième année, de

Joseph BENSIMON.

Conformément à ses volontés,il n’y aura ni cérémonie,

ni fleurs ni couronnes.

Cet avis tient lieu de faire-part.

– Jean-Louis, Robert et Thierry Chissinforment leurs amis et collègues du dé-cès de leur mère,

Paule CHISS,

survenu le 24 août 1997, à Paris.

– Le président Pierre Tchernia,Et les membres de la commission de la

Société des auteurs et compositeurs dra-matiques,font part de leur tristesse après la dispari-tion de leur ami et sociétaire

Robert PINGET.Ils adressent à ses proches et à ses amis

l’expression de leurs sentiments affec-tueux.

SACD,11bis, rue Ballu,75449 Paris Cedex 09.

(Le Monde du 27 août.)

– Mme Elisabeth Crespi,son épouse,

Jonathan et Léa,ses enfants,

M. et Mme Carlo Crespi,ses parents,

Emmanuele Crespi,Alexandro et Assunta Crespi,Madeleine et Keith Struthers,Cynthia et Arnaud de Belloy,Maurice Crespi,

ses frères, sœurs, beaux-frères, belles-sœurs, neveux, nièces,

Et toute sa famille,ont la douleur de faire part du décès de

M. Roberto Nils CRESPI,

survenu le 25 août 1997, dans sa quarante-huitième année.

La crémation religieuse aura lieu lelundi 1er septembre, à 11 heures, enl’église Saint-Germain-des-Prés, Paris-6e.

La cérémonie aura lieu dans la plusstricte intimité familiale.

44, chemin des Hauts-Graviers,91370 Verrières-le-Buisson.

– M. et Mme Jean et Yolande Czernichowet leurs enfants,

M. et Mme Paul et Joëlle Czernichowet leurs enfants,

M. et Mme Emile et Martine Papiernik,leurs enfants et petits-enfants

M. et Mme Louis et Viviane Lerner,leurs enfants et petits-enfants

M. et Mme Henri et José Cimerman,leurs enfants et petits-enfants

Mme Germaine Lobel,ses enfants et petits-enfants,

Mme Jeanine Czernichow,ses enfants et sa petite-fille,ont la profonde tristesse de faire part de lamort de leur mère, sœur et belle-sœur,

M me Emma SolangeCZERNICHOW,

née MANDEL,

le 17 août 1997, à l’âge de quatre-vingt-six ans.

Elle a été inhumée le 21 août, au cime-tière du Montparnasse.

– Reiko, Ruth Kirby,Jean-Sébastien, Marc-Antoine, Fran-

çois, Claire, Paul, Joseph, BibianeYoshiko,ses enfants,ont le regret de faire part du décès de

André Thomas KIRBY« Daddy »,

le 23 août 1997, dans sa soixante-dix-septième année, à Paris-14e.

L’inhumation aura lieu lundi 1er sep-tembre, à 10 h 30, au cimetière du Mont-parnasse (entrée boulevard Edgar-Quinet).

224, avenue du Maine,75014 Paris.

– Mme Jean Douard,née Cécile Effroy,son épouse,

M. et Mme Georges Stephanoffet leurs enfants,

M. et Mme Guy Phéliponet leurs enfants,

M. et Mme Patrick Juillard,et leurs enfants,

Mme Catherine Douard,et ses enfants,

M. et Mme Philippe Douard,et leurs enfants,ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants,ont la douleur de faire part du décès de

M. Jean DOUARD,administrateur civil,

officier de la Légion d’honneur,croix de guerre 1939-1945,

commandeur de l’ordre nationaldu Mérite,

survenu le 26 août 1997, dans sa quatre-vingt-dixième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 29 août, à 14 h 30, en l’égliseSaint-Jean-Baptiste de Châtellerault(Vienne).

Cet avis tient lieu de faire-part.

8, place du Général-Beuret,75015 Paris.

– Arlette Furet-Alphaize,son épouse,

Juliette et François Berges,Pierre-Jean Furet,Adrienne et Gilles Furet-Langlois,

ses enfants,Nicolas, Marguerite, Valentin et

Angèle,ses petits-enfants,

Marcel et Denise Furet,son frère et sa belle-sœur,

Noële Furet-Richet,ont le chagrin de faire part du décès de

Jean FURET

survenu à Paris, le mardi 26 août 1997.

L’inhumation aura lieu le vendredi29 août, à 15 heures, au cimetière du Père-Lachaise.

Cet avis tient lieu de faire-part.

19, rue de la Pierre-Levée,75011 Paris.

– Le directeur de l’Ecole nationaled’arts de Cergy-Pontoise,

Les enseignants,Le personnel administratif et technique,Les étudiants,

ont la profonde tristesse de faire part dudécès, survenu le 26 août 1997, de

M. Joël MOULIN,artiste, professeur.

– Pierre Gibert SJ,Anne-Marie Gibert,Jean-Marie et Doris Gibert,

leurs enfants et petits-enfants,Geneviève Gibert,Bernadette et Dominique Lamirand,

et leurs enfants,Marie-Françoise et Christian Raffin,

et leurs enfants,Les familles Gibert et Roure,

font part, dans la peine et l’espérance, durappel à dieu de

M me Marie-Antoinette GIBERT,née ROURE,

leur mère, grand-mère, arrière-grand-mère et parente,

décédée le 26 août 1997, dans sa quatre-vingt-dixième année.

Les obsèques auront lieu en l’égliseSaint-Genès de Thiers, le vendredi29 août, à 14 h 30, suivies de l’inhumationau cimetière des Limandons.

19, rue Conchette,63300 Thiers.

– Catherine Janicot-Lachenal,Daniel Janicot et Thomas,Elisabeth et Alfred Werner,

leurs enfants et petits-enfants,à Genève,

Ariane et Bernard Garbade,leurs enfants et petits-enfants,à Zurich,

Jacoba Vauthier,à Genève,

Christiane et Jean-Pierre Doll,et leur fille,à Buchillon,

François Vauthier,ses enfants,et Alexandra Woog, à Trélex,

Annick et Patrick Janicot,et leurs enfants,

Ainsi que Margarita, Javier et PalomaRojas,à Genève,

Ainsi que les familles parentes, alliéeset amies,ont le grand chagrin de faire part du décèsde

François Paul LACHENAL,

leur très cher père, beau-père, grand-père,frère, parent et ami, enlevé à leur tendreaffection le vendredi 22 août 1997, à l’âgede soixante-dix-huit ans.

L’inhumation a eu lieu dans l’intimité,le 26 août, à Genève.

6, rue Casimir-Périer,75007 Paris.

(Lire ci-dessus.)

– Mme Georges Huchard,Denise et Christian Remond,Paul-Henri et Odile Huchard,Irène et Dominique Clauzel,Jean et Viviane Huchard,Marie-Thérèse et Alain Sottas,Pierre Huchard et Catherine de Butler,Colette Huchard et Jean-Jacques

Mathy,Ainsi que leurs enfants et petits-

enfants,font part du rappel à Dieu de

Georges HUCHARD,ingénieur des arts et métiers (CL25),

survenu le 16 août 1997, dans sa quatre-vingt-douzième année.

2, rue de l’Ancienne-Mairie,38320 Poisat.

– Mme Renée Sebille,Mme Georgette Sebille,

ses cousines,M. Marcel Tardieu,

ses enfants et petits-enfants,Mme Elisabeth Sebille

et ses enfants,M. et Mme Jacques de Zerbi,

leurs enfants et petits-enfants,M. et Mme Willibald Kargl,

leurs enfants et petits-enfants,Ses cousins, petits-cousins et arrière-

petits-cousins,M. Jacques Bence,

son filleul,Mme Jacques Bence,

et leurs enfants,Les familles Bence, Carrive, Debergue,

Equilbey, Farges, Kichilov et Klein-knecht,

ont la profonde tristesse de faire part dudécès de

M me Elisabeth LEBEAU,née SEBILLE,

conservateur en chef honoraireà la Bibliothèque nationale

chevalier de la Légion d’honneur,chevalier des Palmes académiques,

survenu le 26 août 1997, dans sa quatre-vingt-dix-septième année, munie dessacrements de l’Eglise.

La cérémonie religieuse sera célébréele lundi 1er septembre, à 11 heures, enl’église Saint-Sulpice, Paris-6e, suivie,selon ses volontés, de l’incinération aucimetière du Père-Lachaise, dans l’intimi-té familiale et amicale.

Cet avis tient lieu de faire-part.

91, rue de Rennes,75006 Paris.

Remerciements

– Mme Louise Brugnon-Leclere,son épouse,

Ses enfants et petits-enfants,Sa famille,Le conseil municipal de Saint-Michel,

remercient les proches et les amis pourleur aide et leurs témoignages d’affectionenvers

M. Maurice BRUGNON,député honoraire de l’Aisne,

maire honoraire de Saint-Michel,officier de la Légion d’honneur,

décédé à l’âge de quatre-vingt-huit ans,à Saint-Michel, le 21 août 1997.

Anniversaires de décès

– Il y a dix ans disparaissaient

Paul, Eliane et Julien.

Ayez une pensée pour eux...

De la part de Caroline, Alice et Fran-çois.

– Le 12 août 1994,

Gilbert SUDRES

nous a quittés.

« Was it not Fatewhose name is also Sorrow. »

Blaye-les Mines (Tarn).

Communications diverses

– Responsable d’une maison de re-traite, savez-vous que vous pouvez encorevous inscrire à

UN DIMANCHE SAVOUREUX,

organisé par le mouvement La Flam-boyance, qui se déroulera partout enFrance

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Page 21: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

LeMonde Job: WMQ2908--0021-0 WAS LMQ2908-21 Op.: XX Rev.: 28-08-97 T.: 08:11 S.: 111,06-Cmp.:28,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0474 Lcp: 196 CMYK

C U LT U R ELE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997

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C U LT U R ELE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997

FESTIVAL Du 10 au 30 août, laville d’Edimbourg accueille le Festivalinternational, consacré depuis cin-quante ans à la musique, à la danseet au théâtre. A côté de la program-

mation officielle, six festivals ontlieu : le Fringe – le « off » de la ma-nifestation principale –, le MilitaryTattoo, festival de musique militaire,un festival de cinéma, un de jazz et

de blues, et un du livre. b PENDANTcette période, la capitale écossaiseest menacée d’implosion : plus de sixcent mille spectateurs se pressentdans les rues, les salles, les pubs.

L’ambiance y est gaie, familiale et in-ternationale. b LE DIRECTEUR duFestival, Brian Mac Master, a invité leFrançais Stéphane Braunschweig.Pour la première fois, le metteur en

scène a monté un Shakespeare enanglais, Mesure pour mesure. Cetévénement témoigne d’un renou-veau artistique et d’un réel désird’ouverture sur l’Europe.

Edimbourg, la ville aux six cent mille spectateursLe Festival international célèbre ses cinquante ans dans une ambiance unique en Europe.

Le public, gai, familial et international, y trouve de tout : opéra, théâtre, danse, concerts, musique militaire, café-théâtre... Le pire et le meilleur

Stéphane Braunschweig, dans la lignée de VitezA Edimbourg, Stéphane Braunschweig, âgé de trente-trois ans, a signé

sa première mise en scène en anglais, Mesure pour mesure, de Shakes-peare. Un spectacle qu’on verra à Nanterre en novembre, dans le cadredu Festival d’automne. Cet ancien élève de l’Ecole normale supérieure, etd’Antoine Vitez, s’était imposé en 1988 avec Les Hommes de neige – unetrilogie réunissant Büchner, Brecht et Horvath. Fin lecteur, brillant, ilprocède en magicien de la machinerie théâtrale pour mettre à jour So-phocle, Tchekhov, ou monter, à l’opéra, Beethoven ou Janacek.

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SPECTACLES

Le canular comme un art à AurillacCette manifestation consacrée au théâtre de rue s’est achevée le 23 août

AURILLACde notre envoyé spécial

A Aurillac, les marchands de para-pluies ont fait grise mine. Pour lapremière fois depuis longtemps, ilsn’ont pas profité de l’aubaine an-nuelle : celle qui voit se conjuguer lemauvais temps et le triplement de lapopulation citadine. La foule,proche de cent mille personnes surquatre jours, était bien au rendez-vous, mais le soleil a pour ainsi direbrillé en permanence pendant leFestival international de théâtre derue dont la 12e édition s’est achevéesamedi 23 août.

Ce fut une vraie fête, pour les Au-rillacois et pour les autres venusparfois de très loin, pour les fa-milles, les routards et les profession-nels. Il faut dire que la municipalitéet le festival, échaudés par quelquesfrictions lors des années précé-dentes, n’avaient rien laissé au ha-sard. Tout était organisé pour queles différentes populations soientaccueillies dans les moins mauvaisesconditions. Chacun chez soi la nuitet tous ensemble pendant la journéeet la soirée. Et, hormis quelques

contrôles policiers parfois mal vé-cus, notamment à l’entrée de la ville,la manifestation s’est déroulée dansl’euphorie, rassemblant en pleincœur de la cité, là où se donnaient laplupart des spectacles, un immensepublic bigarré, disparate mais bonenfant.

En plein air ou sous chapiteau, surle bitume, la terre ou l’herbe, poséesou déambulant, presque en intimitédevant une poignée de spectateurs,devant ou au milieu de la foule,quelque trois cents compagnies offi-cielles et de passage, comme on ditici pour éviter la classique distinc-tion « in » et « off », ont offert uneimage plutôt réjouissante du théâtreet des arts de la rue. Et, contraire-ment à Chalon-sur-Saône, les meil-leures surprises, à une exceptionprès, ne sont pas venues d’ailleursmais de l’Hexagone. Ces spectacles,très différents dans leur forme etdans leur tonalité, possèdent pour-tant en commun un certain nombrede qualités : cohérence du proposavec un parti pris mené à son terme,professionnalisme, inventivité.

Dans le genre poétique et mer-veilleux, la compagnie allemandeTon und Kirschen est apparuepresque sans concurrence, au moinsdans le « in ». Dirigée par deux an-ciens du Footsbarn, Margarete Bie-reye et David Johnston, la troupe aproposé un charmant Pyrame etThisbé, où les comédiens, trois boutsde ficelle, quelques mâts et voiles defortune dans les mains, fabriquentavec élégance du rêve et du rire,dans la lignée des meilleures misesen scène du Songe d’une nuit d’été,de Shakespeare, dont le spectacles’inspire à l’évidence. De même,présenté en « off », le Triptyque de lacompagnie Rasposo, s’inspirant de

l’univers de Jérôme Bosch, offrait untrès joli spectacle, tout de grâce ha-billé. Une synthèse réussie du cirqueet du théâtre que d’autres, commela troupe danoise Acid Cirq, privéecette fois de la complicité de JosephNadj, n’ont fait qu’esquisser.

Deux comédiens,dont l’unse promenaitde toits en façadeset de gouttièresen balconssans jamaistoucher le sol

A l’opposé de cet univers, Taxi,proposé par le trio de compagniesinfernales Générik Vapeur, Turbu-lence et Agence tartare, emmenaitle public dans une déambulationfolle derrière une dizaine de vieillesMercedes, depuis la mise à sacd’une agence de l’ANPE jusqu’à unélevage de chèvres, terme d’unvoyage surprise qu’ont seuls décou-vert les curieux les plus indifférentsà l’état de leurs vêtements. Spec-tacle totalement déglingué, très di-rectement en prise sur la rue et enconflit avec elle, qui aurait pu êtreencore plus fou si des problèmesd’espace et de circulation avaientété réglés.

Dans le même esprit de jeu avecla rue, mais cette fois sans gêneparticulière, la compagnie Les Pié-

tons a fait merveille avec seulementdeux comédiens dont l’un, (dés)obéissant aux ordres de l’autre, sepromenait de toits en façades et degouttières en balcons sans jamaistoucher le sol. Un spectacle enforme de prouesse sportive.

Autre genre représenté avec suc-cès à Aurillac : le canular. Lacompagnie 26 000 Couverts a in-venté une île appelée Poddémie et,pour faire croire à son existence,elle a installé dans la cour du palaisde justice des stands où le publicpouvait découvrir les traces de laculture poddème et même voirquelques représentants de cette po-pulation inconnue. Une opération,disait-on, réalisée grâce à uneagence spécialisée dans les anima-tions de centres commerciaux. Cré-dules et incrédules se sont affron-tés, les seconds ayant le plus grandmal à convaincre les premiers qui,de bonne foi, se sont très vite offus-qués des mauvais traitements infli-gés à ces bizarres invités du bout dumonde.

A des degrés divers, les autrescompagnies officielles ont été moinsconvaincantes, même si parfois desimages fortes sont nées dans l’es-pace de la nuit. Ici un excès deconfiance dans la technique, le spec-taculaire ou l’insolite, là le pièged’un quotidien par trop banal. Faut-il en rendre responsable l’insuffi-sance des moyens ? Peut-être. Entout cas, pour tenter de résoudrecollectivement les problèmes, vientde se créer ici La Fédération, une as-sociation qui vise à regrouper lesprofessionnels français des arts de larue. La bataille éthique et financièreest pour bientôt.

Jean-Louis Mingalon

EDIMBOURGde notre envoyée spéciale

Des cracheurs de feu, des en-fants qui dansent le rap, des distri-buteurs de tracts, des groupes demusique – du classique à la flûtedes Andes catégorie Los Craignos,en passant par des percussion-nistes post-babas tendance pla-nant-végétariens –, une mariéetout droit sortie de Breaking theWaves, de Lars von Trier, des ma-quilleurs, un jeune homme qui crie« I need love », un joueur de corne-muse qui – allez savoir pourquoi –s’est posté au carrefour le plusbruyant et joue comme s’il étaitseul sur la lande d’Ecosse... Ontrouve tout, sur High Street, la rueoù bat le cœur du Festival inter-national d’Edimbourg. Une rue enpente, avec, en haut, le château, eten bas, très loin, une tache bleuequi attire le regard : la mer duNord.

Evidemment, le ciel est souventgris, parfois des parapluiess’ouvrent : ceux des touristes quine se lassent pas de s’agglutiner lelong des quelques centaines demètres les plus chauds de la rue,un œil sur les attractions, l’autresur les magasins de souvenirs (pe-luche de Nessy, le gentil monstrevert du Loch Ness, pour 5 livres,environ 50 francs, pulls en cash-mere de 10 à 100 livres, whiskycomme s’il en pleuvait). L’am-biance est gaie, familiale, interna-tionale. Et la foule, innombrable.

Pour ses cinquante ans, le Festi-val d’Edimbourg bat son record defréquentation : 250 000 specta-teurs pour la partie officielle, plusde 600 000 pour le Fringe – le« off ». Par comparaison, le Festi-val « in » d’Avignon a rassemblé107 000 spectateurs en juillet.

Et ce n’est pas tout. Du 10 au30 août, la capitale de l’Ecosse ac-cueille également un festival de ci-néma, un de blues et jazz, un dulivre, et le fameux Military Tattoo,qui réunit des musiques militairesvenues du monde entier. Ce sont

donc des publics très divers qui secôtoient dans la ville, menacéed’implosion (elle compte 450 000habitants en temps normal). Lestaxis anglais tournent à plein ré-gime, les hôtels et les bed andbreakfast sont pris d’assaut, lespubs regorgent de monde. Dans lanuit, après 1 heure, on voit dansles rues des fêtards un peu ha-gards, de vieilles dames à la per-manente blanche impeccable et àla démarche incertaine.

Pourtant, dans la journée, toutsemble calme dès qu’on quitte lecentre. La ville est étendue, lessalles de spectacle se cachentsouvent derrière des façades dis-crètes. Comme à Avignon, tout en-droit vide peut faire l’affaire. Han-gars, galeries marchandes, cafés,écoles, églises abritent le Fringe,qui cet été atteint un pic : 1 278spectacles ! Du théâtre, bien sûr,mais aussi de la musique, de ladanse, des revues, et surtout desone-man-shows.

Par centaines, ils s’affichent surdes murs entiers, dans une dé-bauche de photographies criardes,ringardes, mais efficaces. Ce sontsurtout les one-man-shows qui at-tirent les foules (de 9 heures à1 heure) où de nombreux ache-teurs se mêlent aux spectateurs.Au Fringe Office, on explique auvisiteur étranger que le « off »d’Edimbourg est de plus en plusun marché, où les télévisionsviennent chercher les Mister Beande demain, un des comiques lesplus populaires en Grande-Bre-tagne.

Le Fringe est né en 1947, commele Festival. Cette année-là, huittroupes de théâtre qui n’étaientpas invitées par les officiels ont dé-cidé de venir à Edimbourg et dejouer en marge (fringe), espérantobtenir la reconnaissance du pu-blic et de la presse. Cinquante ansplus tard, la Fringe Society repré-sente une énorme organisation.Elle gère les salles, la billetterie,l’accueil des troupes, la publicité.

Tous ceux qui veulent se produiredans des salles de la ville doiventpasser par elle – ce qui n’est pasune mauvaise manière de maîtri-ser l’anarchie. En revanche, la

Fringe Society reste fidèle à unerègle intangible : pas de contrôlesur les spectacles. Le bureau, situédans High Street, ne désemplit pasde toute la journée. Les festivaliers

y trouvent un précieux calendrierquotidien, le Daily Diary, qui per-met de se repérer dans la jungledes propositions.

Le Festival officiel, lui, loge sonadministration sur le même trot-toir, au premier étage feutré d’unhôtel de la chaîne Holiday Inn.C’est là que l’on rencontre BrianMac Master, directeur depuis sixans et héritier d’une longue tradi-tion. Il lui revient de maintenirl’esprit d’Edimbourg, qui reposesur deux axes : offrir un grandnombre de représentations dansune période courte, et proposerdes billets à des prix peu élevés(les places d’opéra les plus chèressont à moins de 500 francs).

Il y a deux axes :offrirun grand nombrede représentationsdans une périodecourte,et proposerdes billetsà des prix peu élevés

Dans le programme se côtoientdes productions lyriques – Arianeà Naxos, de Richard Strauss, Pla-tée, de Rameau, Macbeth, de Ver-di –, de la danse – Twyla Tharp,Régine Chopinot, Jiry Kylian, leSan Francisco Ballet –, de nom-breux concerts, et du théâtre, avecdeux spectacles phares – La Ceri-saie, de Tchekhov, dirigée par Pe-ter Stein, et Measure for measure,de Shakespeare, mis en scène parle Français Stéphane Braunsch-weig.

Tout cela représente cent cin-

quante représentations, pour unbudget de 6 millions de livres (en-viron 60 millions de francs) – cequi est peu. Sur cette somme,l’Etat donne 600 000 livres et laville d’Edimbourg 1,2 million delivres. Le reste provient de spon-sors, supporteurs, donateurs. « Dupoint de vue financier, c’est un festi-val risqué, explique Brian MacMaster Il faut jongler, convaincreles artistes de venir pour peud’argent, trouver de nouvellessources de revenus. » Pour ses cin-quante ans, le Festival a lancé unegamme d’alcools – bière(14,50 francs), scotch whisky(douze ans d’âge, 5 centilitres,30 francs), vin rouge et blanc(cuvée Régis, 40 francs). On lestrouve dans les locaux de la billet-terie du Festival.

Ces difficultés n’entament pasl’énergie de Brian Mac Master.L’homme est décidé à redonnerune véritable envergure interna-tionale au Festival, dont l’auras’était quelque peu ternie. « Jevoudrais, dit-il, que de grands met-teurs en scène européens montentdes pièces de Shakespeare en an-glais. J’ai demandé à plusieurs, Sté-phane Braunschweig été le premierà répondre oui. »

Le jeune Français a choisi Me-sure pour mesure, qu’il a montée àsa manière, précise, aiguë, intelli-gente. La pièce a été donnée dix-neuf fois dans un théâtre de sixcents places, devant des sallescombles et conquises. La critique,elle, s’est divisée. Alors que lapresse internationale et écossaiseont apprécié, la presse anglaises’est montrée très négative. Pour-quoi ? « C’est une vieille histoire,dit-on à Edimbourg. Une histoireentre l’Ecosse et l’Angleterre. »

Brigitte Salino

. Edinburgh International Festi-val, jusqu’au 30 août. Informa-tions, 3, Princess Street, Edin-burgh. Tél. : 00-44-131-557-9655.

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UN POLAR À LIRE AVEC Vendredi 29 daté samedi 30 août

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Autopsied’un petit singe

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La difficile aventure d’un film colombienLa rareté des productions nationales oblige à des montages compliqués

BOGOTAde notre correspondante

« Faire un film en Colombie, c’estcomme vouloir réinventer le cinémadepuis le début... Il n’y a pas de labo-ratoire, ni de bonne caméra, ni demachine à couper les négatifs, nimême de salle de montage », ra-conte Nicolas Buenaventura,conteur de profession et coréalisa-teur avec Manuel José Alvarez dudernier long métrage colombien in-titulé La Deuda (la dette) ou Lamort insolite et non moins surpre-nante résurrection et seconde mortde Ali Ibrahim Maria de los Altos Po-zos y Resuello, dit El Turco (le Turc).

Le film, une coproduction fran-çaise, sorti sur les écrans colom-biens le 15 août, devrait arriver pro-chainement en France. Et commechaque fois qu’un film national sorten Colombie – parce qu’ils sontrares, entre zéro et six par an – c’estdans tout le pays un événement. Lapremière semaine, pas moins decinquante mille spectateurs se sontdéplacés pour voir La Deuda, soitpresque autant que pour le succèscommercial américain Men inblack...

Pour réaliser le film, Nicolas Bue-naventura et Manuel José Alvarezont dû aller chercher les caméras et

enregistrer la musique – magistrale,écrite par l’Argentin Luis Bacalov,vainqueur de l’Oscar de la meilleuremusique 1995 pour le film italien Ilpostino – en Italie ; les équipementsde lumière viennent des Etats-Unis ; la post-production a été faitedans des studios en France. 35 % dufilm a été tourné en prises uniquesgrâce à des acteurs très profession-nels, le budget total n’a pas dépassé1 million de dollars (environ 6 mil-lions de francs) et le tout a été réali-sé en moins de six mois.

UN CONTE EN TROIS PARTIESLe scénario, écrit par Nicolas

Buenaventura, âgé de trente-cinqans, de double nationalité françaiseet colombienne, avait remportéplusieurs prix culturels. La presseen Colombie a généralement dé-noncé le côté « Garcia Marquez »du film.

Cette critique, très colombienne– car le Prix Nobel de littérature estdans son pays natal la référenceobligée – est dans le reste dumonde plutôt un véritablecompliment. « C’est aussi un hom-mage à un des plus grands écrivainsdu monde », affirme Nicolas Bue-naventura, qui ajoute : « Dans mafamille il y a par exemple vingt-sept

Nicolas Buenaventura et ce n’est pasun roman de Garcia Marquez, c’estle milieu où je suis né ».

L’histoire est découpée commeun conte très colombien, en troisparties : l’agonie et la mort, la peuret la culpabilité, le châtiment et lepardon. Tout se passe au Paradis,un village traditionnel aux rues pa-vées, bordées de grandes maisonsblanches et coloniales. Un hommeagonise sur la place principale. Leshabitants, certains avec remord,d’autres avec de la peur et le restesans aucune pitié, le laissent mou-rir, sans l’aider.

L’homme est prêteur sur gages ettout le village est en gage chez lui.On l’appelle El Turco (le Turc), car ilest étranger, et on l’enterre dansune tombe improvisée au bout ducimetière. Tous croient que sa mortest un soulagement. Le maire, quiest aussi le commissaire et dont lafortune est forcément en gage, faitpasser le décret dit « de l’oubli »,par lequel chacun pourra récupérerses biens et oublier ses dettes. Maisbientôt, la culpabilité vient rôder, lecadavre d’El Turco disparaîtra et levillage aura du mal à retrouver satranquillité.

Anne Proenza

Genesis en route versla troisième génération

A Berlin, le groupe a présenté son nouvel albumet son nouveau chanteur Ray Wilson.

Il succède à Peter Gabriel et à Phil CollinsBERLIN

de notre envoyée spécialePour le lancement mondial, le

26 août, de son nouvel album, Cal-ling All Stations, le groupe Genesisavait choisi Berlin, ville symbole dela réconciliation démocratiqueentre les peuples. Et comme danscet appel désespéré lancé en onzetitres par l’homme moderne perdudans l’immensité des réseaux etdes stimuli, il s’agit de communi-quer quand même, les dinosauresdu rock anglais avaient convié lesmédias du monde entier à décou-vrir Calling All Stations dans la tourde télévision de Berlin, cette grosseboule en acier inoxydable perchéesur une colonne de béton, qui futinaugurée en 1969 et signait alorsla réussite de l’ingénierie socialiste.Il s’en dégage un parfum de défitechnologique un peu rétro, qui nepouvait déplaire à un groupe pré-curseur sur scène avec l’utilisationd’éclairages révolutionnaires (leVari-Lite dès 1981) ou de la hautedéfinition en vidéo (les écransgéants Jumbotrons dix ans plustard, etc.), et auteur d’un conceptmusical globalisant.

La tour de télévision fut un sym-bole. Du Télécafé, restaurant pa-noramique pivotant sur lui-mêmeà 207 mètres de hauteur, ceux del’Est pouvaient contempler Berlindans son intégrité, et, occasionnel-lement, rêver aux lumières del’Ouest. Le mur est tombé, Christoa emballé le Reichstag avant sarestauration, en cours, et les tou-ristes continuent de grimper dansles « ascenseurs-express, 6 mètrespar seconde », comme l’explique labrochure officielle, intitulée LaTour de télévision de Berlin, une ex-périence bien élevée. Un qualificatifopportun pour les très smarts ettrès british, Mike Rutherford (gui-tare) et Tony Banks (claviers), lesquadragénaires du Surrey, survi-vants du groupe initial, désormais

flanqué d’un jeune chanteur RayWilson à la place de Phil Collins,parti en avril 1996.

Du haut de ses 100 millions d’al-bums vendus − l’équivalent de lapopulation du Japon, souligne lemagazine anglais Q − depuis FromGenesis to Revelation (1969) jusqu’àWe Can’t Dance (1992), Genesispeut se permettre de contempler lemonde et de naviguer à sa guisedans les stratégies de marketingdiscographique.

MINI-CONCERT ACOUSTIQUEVirgin, leur maison de disques

pour le monde, à l’exception desEtats-Unis où le groupe porte labannière d’Atlantic Records, filialede Warner Bros., peut pavoiser :rien qu’en Allemagne, troisièmemarché discographique mondial,les préventes atteignaient, àl’avant-veille de la sortie de l’al-bum, 300 000 exemplaires. Environtrois cents représentants desgrands médias mondiaux, avec unfort contingent venu d’Europe del’Est, avaient fait le voyage jusqu’àBerlin pour écouter un mini-concert acoustique (et flemmard)du nouveau Genesis et visionner leclip de Congo, premier extrait deCalling All Stations expédié sur lesondes de la planète Terre, sorte devoyage initiatique dans uneAfrique mythique, où se croisentL’Aventurier de l’Arche perdue etHighlander.

Fortement structurée, l’équipeGenesis a, depuis trente ans, ledon de la survie inscrit dans sacarte génétique. Le style − del’éther théâtralisé de la premièreépoque à la variété carrée destemps derniers − a subi des muta-tions biologiquement prévisibles.Peter Gabriel, qui en fut le chan-teur et l’inspirateur jusqu’à son dé-part en 1975 après l’énorme succèsde The Lamb Lies down on Broad-way, portait sûrement en lui le mo-nolithisme quelque peu ennuyeuxde We Can’t Dance (1992). Phil Col-lins, le batteur qui prit sa place auchant, showman éblouissant, dansla précision lyrique et dépouilléede A Trick of the Trail (1975) intro-duisait les platitudes un peufroides de And Then There WereThree (1978). Genesis a résisté.« Pete [Gabriel], rappelle Mike Ru-therford, était celui qui disait quepersonne dans Genesis n’était indis-pensable, et je pense qu’il avait rai-son. »

Le cadre musical n’a jamais écla-té, mais a subi des déformationsdrastiques. Avec le départ de Col-lins, qui finissait par brouillerl’image « Genesis », les deux gen-tlemen compositeurs restant ontdû recruter.

Ils ont trouvé Ray Wilson, vingt-huit ans, chanteur au timbre légé-rement lyrique et éraillé, typiquedu « son » Genesis. Wilson a unaplomb, un culot monstres. Poursa première apparition publique, àBerlin, accompagné par Banks, Ru-therford et Nir Zickyahu, un bat-teur débauché dans le groupe an-glais Hidden Persuaders, il a donnéune version courte et dépouillée deSupper’s Ready, long délire acidede vingt-six minutes mené en 1972par un Peter Gabriel plus épiqueque jamais. Il faut oser.

Véronique Mortaigne

. Calling All Stations, 1 CD 7243-8–44607-2. Sortie mondiale le29 août.

L’un des films les plus affolants de Woody AllenDECONSTRUCTING HARRY.Film américain de Woody Allen,avec Woody Allen, Caroline Aa-ron, Richard Benjamin, Elisa-beth Shue. 1 h. 36.

VENISEde notre envoyé spécial

Dans le dernier plan du film,Harry (Woody Allen) s’installe de-vant sa machine à écrire et tape, enmême temps qu’il énonce d’un airinspiré ses quelques notes d’un fu-tur roman : « Rifkin menait uneexistence fragmentaire et décousueet en était arrivé à cette conclusion :tout le monde connaît la vérité etpasse sa vie à la déformer. Seule sonécriture était sereine, cette écriturequi de bien des façons lui avait sauvéla vie. » Si l’on ignore quel romanpourrait procéder de cette ultimemise en abîme, on sait en revanchequ’elle clôt l’un des films les pluséchevelés et les plus affolants deWoody Allen, feu d’artifice de faux-semblants autobiographiques, decoq-à-l’âne narratifs, d’explosionsdialoguées et de mélancolies deplus en plus avouées.

C’est dire que toute tentatived’en restituer la substance tient dela gageure. Le personnage central,Harry, est écrivain de son état.Tout familier de l’œuvre alléniennele reconnaîtra sans peine : il s’agitd’un petit juif new-yorkais, souffre-teux, narcissique, lâche, concu-piscent et prodigieusement bavard.Ce type assez peu reluisant vit évi-demment séparé de sa femme, quilui interdit de voir leur fils de peurqu’il ne le déprave, et est en trainde perdre une ravissante blondequi lui annonce qu’elle le quitte

pour se marier avec un de ses meil-leurs amis. Invité par ailleurs parson ancienne université qui veut luirendre hommage, Harry ne trouverien de mieux à faire que de s’yrendre en compagnie d’une prosti-tuée noire avec laquelle il vient depasser la nuit, de son fils, qu’il akidnappé à la sortie de l’école, etd’un ami qui cultive si bien son hy-pocondrie qu’il finit par en avoirune attaque.

Harry s’inspire délibérément desa lamentable existence pour écrirede la littérature fort appréciée dupublic et de la critique, nettementmoins de ses proches, qui s’y re-trouvent à livre ouvert. Et c’est ain-si que, du point de vue de l’archi-tecture du film, tout se compliquepuisque les scènes autobiogra-phiques de ses livres sont incarnéesà l’écran par d’autres personnages.

Un feu d’artifice de faux-semblantsautobiographiques,de coq-à-l’ânenarratifs

L’univers de Harry s’éclaire et sedéroule ainsi à la fois de la visionqu’il en donne dans ses livres, vi-sion évidemment maladive, déli-rante, riche de tous les fantasmesgrotesques dont la nature a géné-reusement couvert ce déluge neu-rasthénique. Passent ainsi une psy-chanalyste juive qui se jette à latête de ses patients, puis redé-

couvre la foi, un jeune homme quisuccombe si intensément à uneprostituée chinoise que la mortfrappe à sa porte, un acteur (RobinWilliams) victime d’une mauvaisemise au point et qui ne parvientpas à se sortir du flou, sans parlerdes abîmes conjugaux que recèle levieux et paisible Max Pinchus, aliasle propre père du héros.

Pour ne rien simplifier, certainsde ces personnages, dont le proprealter ego de Harry, entreprennentde philosopher avec leur auteur, cedernier apparaissant pour sa parten personne dans une vision kitschde l’Enfer tiré de ses écritures. Etvoilà comment Harry construit enmême temps qu’il se déconstruitdans le plus infernal des puzzleshalléniens. Jetées dans le film avec

un titre impérial de la conventiondramatique, ces scènes sont tou-jours convoquées par le biais dulangage, un dialogue, un simplemot les faisant surgir comme parmagie. Cette façon de passer d’unregistre à l’autre sans crier gare etde mettre le réalisme du cinéma àl’épreuve des puissances du lan-gage est un des éléments ré-currents du rituel de ce cinéaste.Mais voici longtemps qu’il nel’avait aussi radicalement employé,livrant clé en main la recette de soncinéma, dans un grand fourbid’éclats de rire auxquels contri-buent des dialogues étincelants,mais où flotte, aussi, un inquiétantrictus.

Jacques Mandelbaum

Le 54e Festival de Venise rend un hommage confus à Michelangelo Antonioni et à Gérard Depardieu

La Mostra rate sa cérémonie d’ouvertureLa 54e Mostra s’est ouverte dans la confusionpar une cérémonie inaugurale qui était censéerendre hommage à Michelangelo Antonioni, Gé-

rard Depardieu et Alida Valli. Le Festival cinéma-tographique, lui, a débuté sous un meilleur jouravec « Deconstructing Harry », le dernier Woody

Allen, qui ne faiblit pas. L’histoire drolatique,mélancolique et grinçante d’un écrivain dontl’œuvre autobiographique prend vie sur l’écran.

VENISEde notre envoyé spécial

« Regardez autour de vous, vousconstaterez que je ne suis pas là », ditla tête géante de Woody Allen sur

l’écran du Pa-lais du cinéma.Il a bien fait dene pas venirassister à cettesoirée d’ouver-ture du 54e Fes-tival de Venise,où se projetait

son nouveau film, DeconstructingHarry. Non seulement parce que letournage de son opus suivant est detoute manière une plus utile oc-cupation mais parce que la confu-sion et la désinvolture mêlées quirègnent sur cette soirée inauguraledu 27 août, quelque part entre fou-toir, dont on peut sourire, et puregoujaterie, auraient sans doute misfort mal à l’aise le grand cinéphilehypocondriaque new-yorkais. Porté

sur l’irrévérence, il aurait à la ri-gueur pu apprécier le traitement er-ratique infligé aux officiels – dontCatherine Trautmann, venue scellerl’alliance franco-italienne pour larelance du cinéma européen avecson homologue Walter Veltroni. Ilest douteux qu’il ait apprécié la ma-nière cavalière dont ont été traitésles premiers primés de cette Mos-tra, à commencer par MichelangeloAntonioni, à qui on fit faire un petittour sur scène pour lui donner unLion d’or, en remplacement de celuireçu en 1964 pour Le Désert rougemais qui lui avait été volé, commetoutes ses récompenses (Le Festivalde Cannes a déjà procédé à lamême opération avec sa Palmed’or).

Le vieux cinéaste adresse alors àla foule, qui l’applaudit, debout,mais très formellement, un sourireaussi large que crispé, où on jureraitvoir passer un éclair de rage pure.Attributaire d’un Lion d’or à la car-

rière, Gérard Depardieu, tout svel-tesse et sourire, fait de son mieuxpour avoir l’air content d’être là ettrouver importante la récompenseque lui remet Mario Monicelli. Lecinéaste dirigea le comédien, il y après de vingt ans, dans le très ou-bliable Rosy la bourrasque que toutle monde semble d’ailleurs avoiroublié, à commencer par sa vedette.Alida Valli, elle, a coupé au pluscourt. Elle avait auparavant fait sa-voir à la presse italienne qu’elleconsidérait que l’hommage arrivaitavec une bonne trentaine d’annéesde retard.

ÉVÉNEMENT SANS SURPRISEMais qui a besoin de ces cérémo-

nies, dont le rythme et le ton sontréglés par les exigences du petitécran, qui fait l’insigne honneur dediffuser les palinodies de la sociétédu grand, réduites à une célébrationde sous-préfecture ? Et qui a enviede regarder à la télé ces événements

sans grâce et sans surprise qui dé-bouchent sur les discours venusd’un apparatchik et d’un ministère ?Encore les mauvaises manièresfaites aux hommes et femmes de ci-néma sont-elles moindres que cellesfaites à leurs films, évoqués par desextraits (du Désert rouge, de Senso,de La Femme d’à côté) projetés enimages vidéo infectes, dans unesalle où on ne se donne pas la peinede faire le noir. Felice Laudadio, lenouveau patron de la Mostra, n’apas caché qu’il envisageait de nom-breuses réformes pour les éditions àvenir ; il peut inscrire les cérémoniesd’ouverture sur la liste. Peut-êtreque, finalement, Woody Allen au-rait pu venir : il aurait trouvé à cettesoirée inaugurale l’inspiration pourune de ses scènes de cérémonies of-ficielles dont il sait comme per-sonne faire un événement terrible-ment comique.

Jean-Michel Frodon

Page 23: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

LeMonde Job: WMQ2908--0023-0 WAS LMQ2908-23 Op.: XX Rev.: 28-08-97 T.: 08:11 S.: 111,06-Cmp.:28,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0476 Lcp: 196 CMYK

R A D I O - T É L É V I S I O N LE MONDE / VENDREDI 29 AOÛT 1997 / 23

Radio

LES CODES

DU CSA

4 Accordparentalsouhaitable.

5 Accordparentalindispensableou interditaux moinsde 12 ans.

6 Publicadulteou interditaux moinsde 16 ans.

JEUDI 28 AOÛT

TF 120.44

INTERVILLES 97Divertissement présentépar Jean-Pierre Foucault,Thierry Roland,Nathalie Simon,Olivier Chiabodo.Nîmes rencontre Béziers(156 min). 478550374

23.20

2000 AVENUEDE L’OCÉANTéléfilm [2/2] de Joel Schumacher,avec Lisa Hartman, Drew Barrymore(120 min). 1024119La propriétaire de la villa du2000 Malibu Road estincarcérée pour meurtre. Lesergent chargé de l’affaire, etqui ne croit pas à sa culpabilité,porte ses soupçons sur les troiscolocataires de la suspecte...1.20 et 3.05, 4.10

Histoires naturelles.2.15 et 2.55, 4.00, 4.40 TF 1 nuit. 2.30Cas de divorce. Série. Cremer contreCremer (25 min).

France 220.50

DES TRAINS PASCOMME LES AUTRESDocumentaire. [8/9] Brésil (95 min). 391502222.30 Expression directe.22.40 Vue sur la mer.

(70 min). 158457723.50 Journal, Météo.0.10 Rallye. Paris-Moscou.

0.20

TOUTE LA NUITPOUR FAIRE COURT Courts métrages (205 min). 581677323.45 24 heures d’infos. 4.00 Ile auxours. 4.15Vue sur la mer (80 min).

France 320.50

E STAVISKY... a aFilm d’Alain Resnais, avec Jean-Paul Belmondo, Charles Boyer (1974, 120 min). 546577Un film rêvé sur la légende d’unescroc hors du commun.23.00 Journal, Météo.

23.25

COMMENT ÇA VA ?Magazine présenté par Jean Lanzi. Prostate, un combat d’hommes ;Un vaccin contre le mélanome ;Comment ça marche ? Les veines ;Massa (50 min). 12303120.15 Les Grands rendez-vous

du siècle.L’histoire du mandat[2/2] (55 min). 7502875

1.10 Espace francophone.Magazine présenté par Dominique Galletet Mona Makki.Cinéastes africains(30 min). 5004436

Arte20.40

SOIRÉE THÉMATIQUE :E LA MAFIASoirée proposée par Jean-Michel Meuriceet Fabrizio Calvi.20.50 et 0.40 Dernières nouvelles de la Mafia.

Documentaire (35 min). 7018645Affaiblie par la lutte menée contre elle pardes juges et des policiers intègres etcourageux, la Mafia, qui a bénéficiépendant plus de quarante ans d’unepresque totale impunité, a entamé unerestructuration qui l’amène à changer à lafois de méthode et d’objectifs.

21.25 Familles macabres.Documentaire (115 min). 5026225Une « famille » qui apparaît sous son vraijour : cruauté et barbarie.

23.20 Entretien avec Giulio Andreotti.Documentaire (10 min). 2205732

23.30 La Parade des saigneurs.Documentaire (70 min). 5421954Le maxi-procès de Palerme, qui avaitdébuté le 10 février 1986, a aussi étéqualifié de « Nuremberg de la Mafia ».

1.20 Une maison au bord de la mer.Documentaire (rediff., 35 min). 31507566

1.55 Tasmaniac. Documentaire d’AndreasRogenhagen (rediff., 45 min). 4154726

M 620.45

LES BRANCHÉSÀ SAINT-TROPEZFilm de Max Pecas,avec Olivia Dutron(1983, 100 min). 629138En vacances à Saint-Trop’, deuxjeunes couples perdent leurargent.

22.25

LES CONTESDE LA CRYPTESérie 5 (100 min). 1492770La perle noire.Des meurtres sont commis pourde bien singuliers motifs(avec Whoopi Goldberg).La peinture au sang.Tête d’affiche.

0.05 La Maison de tousles cauchemars. Série 4.

2.00 CharlElie Couture en concert.3.05 Turbo (rediff.). 3.30 Jazz 6 (re-diff.). 4.30 Culture pub (rediff.). 4.45Movida opus 2. Documentaire(50 min). 5.35 Coulisses. Dee DeeBridgewater (rediff.). 6.00 Mister Biz,best of (rediff., 25 min).

Canal +20.35

I LOVE YOU,I LOVEYOU NOT aFilm de Billy Hopkins,avec Jeanne Moreau (1996, 85 min). 39304122.00 Flash d’information.22.05 La vie comme elle est...

Court métrage.

22.25

MONEY TRAIN aFilm de Joseph Ruben,avec Wesley Snipes,Woody Harrelson(1995, v.o., 104 min). 1533393Deux agents de la sécurité fontéquipe pour réduire ladélinquance dans le métro deNew York. L’un est bluffeur etamateur de poker. Pour réglerune dette de jeu, il décide, lanuit de Noël, de s’emparer del’argent que transporte le« Money train ».

0.10 Tennis. En direct.4e jour de l’US Open(362 min). 17506320

France-Culture20.50 Du Jazz pour tout

bagage.21.10 Communauté des

Radios publiques delangue française.

22.10 Les Chemins de la connaissance.

22.40 Nocturne. [4/5].

0.05 Du jour au lendemain (rediff.).0.50 Coda. 1.00 Les Nuits deFrance-Culture. (rediff).

France-Musique20.00 Concert.

Prom’s. Donné en direct, parl’Orchestre du Gewandhaus deLeipzig, dir. Neville Marriner :Œuvres de Wagner ; R.Schumann, Mendelssohn.

22.30 Concert. Aux temps deGoya. Donné par la CompaniaLirica Madrid Goyesco etl’Orchestre de chambreGoyesco, dir. GermanTorrellas, basse : Œuvres deDe Laserna.

0.00 Comment l’entendez-vous ?2.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Thomas Mann et la musique.

22.30 Les Soirées... (suite). 0.00 LesNuits de Radio-Classique.

TV 520.00 La Maison de jade

Film de Nadine Trintignant(1988, 95 min). 91272409

21.35 Rose.Court métraged’Alain Berliner.

22.00 Journal (France 2).22.30 La Suisse et la guerre :

Neutre ou pleutre ?

Planète20.35 E Loin du Vietnam.22.30 Sur la terre

des pharaons. [3/3].23.20 Femmes du No Future.0.15 Des hommes dans

la tourmente. [16/32].MacCarthy versus Welch.

Voyage20.30 Suivez le guide.22.30 Planète aventure.

Trou de fer.23.00 Chez Marcel. Magazine.

Invitée : Michelle Valandina.

Histoire21.00 Histoire, le film :

La Croiséedes destins a aFilm de George Cukor(1955, 120 min). 504557041

23.00 La Légende du Paris-Roubaix.Documentaire.

0.00 Encyclopédies :Europe, notre histoire.[1/3]. 1945-1955, une paix decharbon-acier (300 min).

Paris Première21.00 L’Impossible

Monsieur Bébé a a aFilm de Howard Hawks(1938, N., v.o., 100 min).

2706668322.40 Les Documents du JTS.

Les maîtres du regard : Bela Lugosi.

23.10 Friedrich Guldajoue Mozart.Concert enregistré en 1986(70 min). 14131041

FranceSupervision20.45 Waterzooï.22.05 London Brass.

D’Olivier Mille.23.00 Requiem de Mozart.

Concert enregistré au pied desrochers des Méteores, enGrèce (55 min). 32409041

Ciné Cinéfil20.30 Premier bal a a

Film de Christian-Jaque(1941, N., 100 min). 9762751

22.10 La Carioca aFilm de Thornton Freeland(1933, N., v.o., 90 min).

9200751

Ciné Cinémas20.30 Les Racines du ciel a

Film de John Huston (1958, 125 min). 39976374

22.35 J’embrasse pas a aFilm d’André Téchiné (1991, 115 min). 73917374

Disney Channel20.35 Les Envahisseurs.21.30 Darby O’Gill

et les farfadets aFilm de Robert Stevenson(1959, 90 min). 167867

23.00 Au cœur du temps.23.45 Sylvie et compagnie.

Noces d’argent.0.10 Thierry la Fronde.

Feuilleton (25 min).

Eurosport12.00 et 18.00, 22.30 Cyclisme.

En direct. Championnatdu monde sur piste à Perth (150 min). 5449577

17.00 et 18.30, 19.30, 23.00Jeux mondiaux 1997.Korfball.

20.30 Football En direct. Coupe des Coupes.Match retour :Shelbourne-Kilmarnock(120 min). 307490

Muzzik19.50 L’Art du chant.

Les ténors, basses, barytons.21.00 Le Concert

des trois ténors.Enregistré au Dodger Stadiumà Los Angeles en 1994(115 min). 509112645

22.55 Jazz Voices.Concert enregistré au Festivalde jazz de Montreux en 1995(60 min). 506388645

23.55 Musiques espagnoles.Concert enregistré à Puteaux(40 min). 508390577

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World BusinessToday. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00 World View.1.30 Moneyline. 2.15 American Edi-tion.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.45, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09, 22.39,23.09 Europa. 19.50, 20.50, 21.50,22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15No Com-ment. 23.45 Style. 0.45 Ecologia.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42 Talk culturel.

Festival20.30 Les Durs à cuire a

Film de Jack Pinoteau(1964, N., 85 min). 46975596

21.55 Les Rois du rireau cinéma.D’André Halimi.

23.05 Gorille mon ami.

Série Club20.45 University Hospital.

Secrets.21.35 Madame et ses flics.

Ultra-léger meurtre.22.30 Alfred Hitchcock

présente.L’homme qui en savaittrop peu.

Téva20.55 Le Club

de la chance a aFilm de Wayne Wang(1993, 95 min). 505012022

23.00 Clair de lune.Tu t’en sortiras, David.

Canal Jimmy20.00 Le Meilleur du pire. 20.30 Leningrad Cowboys

Go to America aFilm d’Aki Kaurismäki(1989, v.o., 80 min). 86493393

21.50 Chronique de la route.21.55 Drugstore Cowboy a a

Film de Gus Van Sant(1989, v.o., 95 min). 72726799

23.30 Souvenir.A bout portant :Michel Polnareff.

0.25 Une fille à scandales.Un acteur plein de ressources.

VENDREDI 29 AOÛT

TF 115.35 Côte Ouest. 16.30 21, Jump Street. Série.

Le chemin des écoliers.17.25 Extrême limite. Série.

Patronne d’un jour. 17.55 Les Années fac. Série.

Prise d’otages.18.25 Ali Baba. Jeu.19.00 Mokshû Patamû. Jeu.19.50 et 20.40 Météo.20.00 Journal, Trafic infos.

20.45

1, 2, 3, SÉRIES20.45 Walker, Texas Ranger.

4 La cible.21.35 Les Dessous

de Palm Beach. 4Thérapie de groupe.

22.35 La Villedu grand secret. 4La jolie crémière.

23.25

DE PLUS EN PLUSMagazine présentépar Carole Rousseau.Invité : Michel Leeb.La plus grande collection de voitures ;La plus petite voiture ; Le plus jeunechef d’orchestre ; Le vin le plus cher ;Ceux qui rient le plus ; Le plus grandQI ; La famille qui a adopté le plusd’enfants ; La plus petite école ; Levillage le plus asiatique ; Le chien leplus rapide ; Les messesles plus animées(85 min). 71860970.50 et 1.55, 2.55, 4.00, 4.40

TF 1 nuit.1.00 et 2.00, 3.05, 4.10

Histoires naturelles. 4.55 Musique (15 min).

France 215.20 Assédicquement vôtre.

Téléfilm de M. Frydland.(110 min). 9577981

17.10 Matt Houston. Série. 18.05 Les Années collège.

Série. Gentils mensonges.18.40 et 4.15 Les Z’amours.19.20 Qui est qui ? Jeu.19.55 Au nom du sport.20.00 Journal, A cheval !,

Météo, Point route.

20.55

LES ARNAQUEUSESTéléfilm de Thierry Binisti,avec Tania Da Costa, Elise Tielrooy(95 min). 3819894Deux arnaqueuses sur le pointd’être emprisonnées sontcontraintes de mettre leurs« talents » au service de lapolice.

22.40

LA RAGE AU CŒURTéléfilm 4 de Robin Davis, avecChristine Boisson, Clémentine Célarié(95 min). 3992271Une veuve dirige une petiteimprimerie familiale endifficulté. Un soir, elle se renden urgence au chevet de sa filleviolentée dans le RER. Elleoublie d’éteindre les rotatives...

0.15 Journal, Météo.0.30 Rallye. Paris-Moscou.0.45 Tatort. Un sale boulot

(105 min). 39578182.35 Les Sentiers de la favelle.Docu-mentaire. 3.20 Les Gens du fleuve.Documentaire. 5.20 7e continent.Documentaire. [5/5]. 5.50 Baby Folies.(20 min).

La Cinquième18.30 Le Monde des animaux. Prédateursinsolites : l’arme fatale de l’oiseau secrétaire.

Arte19.00 Tracks. Magazine. Planète Prague. 19.30 7 1/2. Magazine. Un monde parfait : Voyage au

cœur des Témoins de Jehovah.20.00 Brut. Magazine. Best of (25 min). 1825220.25 Documenta. Reportage.20.30 8 1/2 Journal.

20.45

E JENNY MARX,LA FEMME DU DIABLETéléfilm de Michel Wyn,avec Marie-Christine Barrault, Carlo Brandt(95 min). 566441Au grand dam de sa famille, Jenny vonWestphalen, aristocrate prussienne, épouse, le 28juin 1843, un jeune philosophe aux idéesréformistes : Karl Marx.

22.20

GRAND FORMAT :BERNAUERSTRASSEDocumentaire de Hans Dieter Grabe.Des Berlinois au pied du mur (75 min). 6533829Lorsque le 13 août 1961 les autoritésest-allemandes décident de boucler la frontièreavec Berlin-Ouest, les habitants de laBernauerstraße rivalisent d’imagination pourprendre la fuite.Films d’amateurs et témoignages.23.35 Eating

ou le dernier secret des femmes a aFilm de Henry Jaglom, avec Nelly Alard(1990, v.o., 105 min). 3592610

1.20 Le Dessous des cartes. Magazine.1.30 La Vie en fleurs. Documentaire de Kolin

Schult (rediff., 80 min). 9174194

M 618.00 Highlander. Série.19.00 Raven. Série.19.54 Six minutes

d’information.20.00 et 3.45

Mister Biz, best of.20.30 La Météo des plages.20.35 Capital 6. Magazine.

Education nationale :premier employeurde France.

20.45

FX EFFETS SPÉCIAUX, LA SÉRIESérie (105 min). 485349Prototypes explosifs.Une invention de Rollie allèchedes trafiquants d’armes.Le signe des gémeaux.Le scénario d’un film présented’étranges similitudes avec desmeurtres non élucidés.

22.30

LE CAMÉLÉONRéunion de famille [2/2].Série (60 min). 43558Jarod va de révélation enrévélation...23.30 J’ai épousé un tueur.

Téléfilm 4de John Madden,avec Annabelle Apsion(115 min). 8277813

2.25 Fréquenstar. Magazine. Invité :Etienne Daho (rediff.). 4.10 Jazz 6 (re-diff.). 5.05 Culture pub (rediff.). 5.20Turbo (rediff.). 5.45 Fan de, best of(rediff., 25 min).

Canal +16.55 Tennis.

Résumé du 4e jour de l’US Open.

17.40 Le Dessin animé.E En clair jusqu’à 20.3018.30 Les Muppets.19.05 Les Conquérants

du feu. Série.19.50 Flash d’information.19.57 Le Zapping.20.00 10 années formidables.

20.15

FOOTBALL Monaco - Metz.En direct. 5e journéedu Championnat de Francede D1. 20.30 Coup d’envoi.A la mi-temps, le journaldu Foot (120 min). 8496222.30 Les K.O. de Canal +.22.50 Flash d’information.

23.00

BRAVEHEART a aFilm de Mel Gibson,avec Mel Gibson, Patrick McGoohan(1995, 169 min). 32249726En 1280, Edward Ier, roid’Angleterre, a pris le trôned’Ecosse et gouverne d’unepoigne de fer. Un paysan dontla famille a été exterminée danssa jeunesse et dont la femmevient d’être assassinée prend latête de la révolte. Cette fresquehistorique à gros budget.

1.50 Tennis. En direct de Flushing Meadow : 5e jour de l’US Open(309 min).

France-Culture20.50 Du Jazz

pour tout bagage.L’ouïe [5/5].

21.10 Communautédes Radios publiques de langue française.Les inventeurs du futur [5/5].

22.10 Les Chemins de la connaissance.

22.40 Nocturne. [5/5].

0.05 Du jour au lendemain. (rediff.).0.50 Coda. 1.00 Les Nuits deFrance-Culture (rediff).

France-Musique20.00 Festival

de Montreux-Vevey.Concert donné en direct, parl’Orchestre baroque deFribourg, dir. Gottfried vonder Goltz : Œuvres de Mozart :Symphonie no 10 ; Concertopour piano et orchestre no 23,Andreas Staier, piano ; Bellami fiamma : Resta, o cara,scène dramatique K 528 ; Ah,lo providi Ah, t’invola agl’ochimiei, scène dramatiqued’Andromède K 272 ;Symphonie no 40 ;L’Enlèvement au sérail : air deConstance.

23.00 Concert.Donné le 5 juin, au studio 106de Radio-France. Œuvres dePiazzola.

0.00 Comment l’entendez-vous ?(rediff.). 2.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Riccardo Muti, chefd’orchestre. Symphonie no 4,de Schubert ; Rhapsodie surun thème de Paganini, deRachmaninov ; Le Poème del’extase, de Scriabine ; Ivan leTerrible, extraits, de Prokofiev.

22.30 Les Soirées... (suite). 0.00 LesNuits de Radio-Classique.

TV 520.00 Jeux sans frontières

(France 2 du 18/8/97).21.45 Grand tourisme.

Magazine.22.00 Journal (France 2).22.30 Vue sur la mer

(France 2 du 21/8/97).23.40 Viva. Magazine.

Planète20.35 E Calle San Luis Potosi

no 181.21.35 Un été

aux îles Malouines.22.25 Les Pistes du Far West.

[2/2]. La terrede tous les espoirs.

23.20 Portrait robot.[4/6]. L’OCRTEH.

23.50 E Loin du Vietnam(115 min).

Histoire20.00 Encyclopédies :

Europe, notre histoire.[1/3]. 1945-1955, une paixde charbon-acier.

21.00 De l’actualitéà l’histoire.Animé par Marc Ferro etJean-Pierre Langellier,éditorialiste au Monde.La SNCF est-elle encoreun service public ?Quelle terre pour Israël ?

22.00 Il était une foisle monde : Pour tout l’ordu Transvaal.Téléfilm de Claude Boissol[2/6] (60 min). 506542320

Paris Première21.00 Tel est Serrault.

De Jean-Luc Prévost etJean-Louis Remilleux.

22.00 Le JTS des festivals.Magazine.

22.30 La Bohème.Opéra de Giacomo Puccini.Enregistré à l’Opérade Sydney (120 min). 8121558

FranceSupervision19.00 Les Francofolies 1997 :

Medeiros, Personne,Mengo, Chedid.Concert (90 min). 39377639

20.30 Performancesd’acteurs 1996.

21.40 Festival Chopin : Valses.Concert enregistréà l’Orangerie du parc de Bagatelle, à Paris(60 min). 83348349

22.40 Tantque le monde sera.De Suha Arin.[5/6]. Et il dicta aux eaux.[6/6]. De ce monde disparutSinan, un des maîtresde l’architecture.

Ciné Cinéfil20.30 Au diable la célébrité a

Film de Stefano Vanzina Stenoet Mario Monicelli (1949, N.,v.o., 95 min). 9663436

22.05 Nid d’espions aFilm de Richard Wallace (1943, N., v.o., 95 min).

73827707

Ciné Cinémas21.00 Les Evadés a a

Film de Frank Darabont(1995, 140 min). 84830897

23.20 Police Academy 7 :Mission à MoscouFilm d’Alan Metter(1993, v.o., 85 min). 65184271

0.45 Les Démons du maïs,les moissons de l’enferFilm de David F. Price(1992, 90 min). 47810276

Festival20.30 Le Joyau

de la couronne.Téléfilm de Jim O’Brien [5/5].(105 min). 10159691

22.15 L’hommequi revient de loin.Téléfilm de Michel Wyn [6/6]. (70 min). 86730558

Série Club19.50 Monsieur Ed.

Ed the Beneficiary.20.15 Les Arpents verts.

The Computer Age.20.45 Two. L’évasion.21.35 et 1.30

Madame et ses flics.La robe qui tue.

22.30 Alfred Hitchcockprésente.La vie devant soi.

23.00 University Hospital.Secrets.

23.45 Le Saint.Tentative de meurtre (50 min).

Canal Jimmy20.00 The Muppet Show.

Invitée : Deborah Harry.20.25 Star Trek.

Nous, le peuple.21.15 Destination séries.21.50 Game On.

Barbe à papaet sucre d’orge (v.o.).

22.20 Dream On.La nurse (v.o.).

22.50 Seinfeld.Le dîner (v.o.).

23.15 Top bab. Magazine.23.55 La Semaine sur Jimmy.0.05 New York Police Blues.

Retour aux sources (v.o.).0.50 Spin City.

Un maire à Miami (v.o.).1.15 Sinatra (60 min).

Disney Channel20.10 Parole de chien.20.35 Juste pour rire.21.10 Profession critique.21.35 Sinbad.22.05 Les Cent vies de Black

Jack Savage. Les rivaux.22.50 L’Arbre et les Fourmis.23.45 Sylvie et compagnie.

Téva20.30 et 22.30 Téva interview.

Invitée : Sophie Coignard.20.55 Nos meilleures années.

Si la photo est bonne.Bien dans sa tête.

23.00 Clair de lune.23.50 Téva spectacle (90 min).

Eurosport12.00 et 17.30, 22.00 Cyclisme.

En direct. Championnatdu monde sur piste à Perth(Australie) (60 min). 980962

13.00 et 19.00 Motocyclisme.En direct. Championnatdu monde de vitesse.Grand Prixde la République tchèque.Essais des 125 cc à Brno(60 min). 99961014.00 Essais des 500 cc(75 min). 623245515.15 Essais des 250 cc(75 min). 3202184

20.00 et 21.00, 0.30 Jeux mondiaux 1997. Haltérophilie dames,body-building.

Voyage20.35 Suivez le guide.22.30 Planète aventure.

Shumula.23.00 Chez Marcel. Magazine.

Invitée : Rachel Kaplan.

Muzzik20.00 Brendel

joue Beethoven.Concert (60 min). 500004271

21.00 Magma. Concert enregistréà l’auditorium des Halles,à Paris en décembre 1996(75 min). 501625184

22.15 The Zawinul Syndicate.Concert enregistré en 1997(120 min). 507880962

France 316.55 40o. Invités : Julien Lepers,

Laurent Boyer, Le groupeNaccache.

18.20 Questions pour un champion. Jeu.

18.50 Météo des plages.18.55 Le 19-20

de l’information.20.02 Météo.20.05 Fa si la chanter. Jeu.20.30 Tout le sport.

20.50

THALASSAMagazine. Irréductibles Cunas (65 min). 206455Au large de l’isthme de Panama,la tribu des Cunas résiste aux« bienfaits » de la civilisation.Foncièrement indépendants, ilspréservent farouchement leurtraditionet leur autonomie.

21.55

FAUT PAS RÊVERMagazine présenté par Sylvain Augier.Laos : Les bûcherons d’eau douce ;France : Les bergers d’abeilles ;Grande-Bretagne : L’île aux motards(50 min). 545850422.55 Journal, Météo.23.10 Le Festival

de Montreux. Panique au music-hall.

0.10 Je suis resté vivant.Documentaire d’Emmanuel Audrain (50 min). 3303653

1.00 Capitaine Furillo. Série. Ça n’est jamais fini avant lemot de la fin (50 min).

Radio

Les films sur les chaîneseuropéennesRTBF 121.35 Voulez-vous un bébé Nobel ? Film de Robert Pouret(1980, 90 min). Avec Jean-Pierre Marielle, Darry Cowl,Daniel Prévost.

RTL 922.40 Claude et Greta. Film de Max Pecas (1969, 90 min).Avec Astrid Frank. Erotique.0.40 Du Guesclin. Film de Bernard de Latour (1948, N.,90 min). Avec Fernand Gravey. Aventures.2.10 La Flic chez les poulets. Film de Luciano Martino (1975,90 min). Avec Edwige Fenech. Comédie policière.

TSR23.35 Les Yeux de la terreur. Film de Rodney McDonald(1995, 95 min). Avec Paula Barbieri, Jeff Trachta, KimberlyKelly. Suspense.

Les programmes complets de radio,

de télévision et une sélection

du câble et du satellite sont publiés

chaque semaine dans notre supplément

daté dimanche-lundi.

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde

Télévision-Radio-Multimédia ».

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Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World BusinessToday. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00 World View.1.30 Moneyline. 2.15 American Edi-tion.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.45, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09, 22.39,23.09 Europa. 19.50, 20.50, 21.50,22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 No Com-ment. 23.45 Artissimo. 0.45 Visa. 1.45Art Collection.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42 Talk culturel. 0.15Le Débat.

Page 24: o 7,50 F VENDREDI 29 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE ...€¦ · bler sa solitude, peupler son désert, il écrit tout ce qu’il voit et qu’il lui est interdit de dire. Jusqu’à

LeMonde Job: WMQ2908--0024-0 WAS LMQ2908-24 Op.: XX Rev.: 28-08-97 T.: 11:24 S.: 111,06-Cmp.:28,11, Base : LMQPAG 33Fap:99 No:0477 Lcp: 196 CMYK

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VENDREDI 29 AOÛT 1997

Tirage du Monde daté jeudi 28 août : 470 801 exemplaires 1 3

Lady Di a enfreint la règle de neutralitéobservée par la famille royale britannique

L’entretien accordé au « Monde » est largement commenté à LondresLONDRES

de notre correspondant« Beaucoup de bruit pour rien », à

l’instar du titre de la célèbre piècede Shakespeare, ou dangereux pré-cédent constitutionnel, commel’affirme l’opposition conserva-trice ? Les apparences, l’émoi causéen Grande-Bretagne par l’entretienaccordé au Monde par la princessede Galles (Le Monde du 28 août),vont plutôt en faveur de la pre-mière version, mais la réalité estsans doute plus proche de la se-conde.

« Je ne me souviens pas d’une telleposition partisane en faveur d’uneformation politique ou hostile à uneautre exprimée par une personnalitéroyale, depuis le soutien du princerégent, futur Georges III, en faveurdes conservateurs au XVIIIe siècle .Heureusement qu’il s’agit de Diana.Depuis son divorce il y a un an, ellen’est plus – techniquement –membre de la famille royale. Si ellefait la “une” des journaux, elle n’estpas prise au sérieux sur le plan poli-tique, ce qui n’est pas le cas duprince Charles » : comme l’indiqueDavid Starckey, spécialiste de laroyauté britannique à la LondonSchool of Economics, le retentisse-ment médiatique des critiques deDiana contre le précédent gouver-nement conservateur et son sou-tien à l’actuel premier ministre tra-vailliste, Tony Blair, sont inéditesen tout cas, et sans équivalent.

Ni le célèbre cri du cœur duprince de Galles, futur EdouardVIII, au début des années 30 en fa-veur des chômeurs du pays deGalles, (« Il faut faire quelquechose »), ni même l’incroyableconfession télévisée du princeCharles en 1994 n’ont été de mêmenature. Rien n’illustre mieux laportée de « l’affaire » que la satis-faction ouvertement exprimée dusecrétaire au Foreign Office, RobinCook : « Je n’ai jamais critiqué quel-qu’un pour avoir été franc à proposdes agissements de l’équipe ministé-rielle précédente. »

Les propos iconoclastes de laprincesse de Galles tranchent avecl’attitude de stricte neutralité ob-servée par la reine Elizabeth II toutau long d’un règne de quarante-cinq ans, non sans histoires. Lasouveraine, qui n’a jamais accordéd’interview de sa vie, aconstamment veillé à ne pas s’in-gérer dans la vie politique britan-nique. Fidèle à la devise de Bage-hot, éminent économiste du

XIXe siècle, elle s’est cantonnée àformuler des avertissements ou àexprimer des encouragements enprivé aux politiciens reçus en au-dience, conformément aux usages.Tout au plus a-t-elle exigé du pre-mier ministre, parfois, un « supplé-ment d’information », une indica-tion qui lui permet de faireconnaître discrètement sa désap-probation. Tel fut le cas lors de l’in-vasion par les Etats-Unis en 1983,sans consultation préalable avecLondres, de l’île de la Grenade,membre du Commonwealth, dontelle est le chef d’Etat attitré, ou del’utilisation par l’aviation améri-caine de bases britanniques pourbombarder la Libye en 1986.

COUP DE TÊTELa seule « inquiétude » exprimée

par la souveraine date de 1986, àpropos des risques d’éclatement duCommonwealth, conséquence durefus répété de Margaret Thatcherd’approuver des sanctions contrel’Afrique du Sud, ou au sujet destensions sociales créées par lalongue grève des mineurs. Le palaisde Buckingham avait immédiate-ment démenti cette fuite dont l’au-teur, le chef du service de presse,Michael Shea, avait été contraint àla démission. L’unique possibilitépour la reine de s’exprimer à titrepersonnel est le traditionnel dis-cours de Noël, qu’elle rédige elle-même et dont elle choisit le thème,au demeurant dépourvu de toutepolémique. Quant à son directeurde la communication, aujourd’huiun ex-diplomate australien, il a re-pris à son compte la citation deBenjamin Disraeli : « Ne jamais seplaindre, jamais s’expliquer » (« Ne-ver complain, never explain »).

La reine s’entretient rarementavec les correspondants royauxdûment accrédités, même lors deses tournées à l’étranger, quand,un verre à la main, elle échangequelques mots avec quelques privi-légiés qui ne peuvent lui poser au-cune question. Sa seule réunionavec les patrons de journaux datedes années quatre-vingt, quandelle les avait conviés à BuckinghamPalace pour leur demander de lais-ser sa bru d’alors en paix.

Certes, les autres membres de lafamille royale n’ont pas hésité àfaire connaître leur opinion sur dessujets politiquement sensibles.Mais les critiques du duc d’Edim-bourg contre le gâchis de la poli-tique agricole commune ou celles

de la princesse Anne sur le manquede moyens du budget de la coopé-ration n’ont jamais porté que surces deux sujets. Des positions enflèche du prince Charles (architec-ture, pauvreté, écologie...), n’a ja-mais transpiré la moindre positionouvertement partisane.

Pour beaucoup, la sortie de Dia-na au Monde, loin d’être une gaffeou un coup de tête, est un gestedélibéré, destiné à embarrasser sonancien époux, un an après la pro-clamation du divorce. Sa petitephrase sur l’attitude contrastée dugouvernement et la nouvelle oppo-sition sur les mines antipersonnelbraque les projecteurs sur les rap-ports étroits entre le prince Charleset la gauche. Ainsi, le secrétaired’Etat sans portefeuille Peter Man-delson a publiquement revendiquéle soutien du prince de Galles auxprogrammes gouvernementaux delutte contre la drogue ou de remiseau travail des jeunes chômeurs.

Marc Roche

Succès confirmé pour la loi Robien Neuf mois après son entrée en application, le succès de la loi de

Robien ne se dément pas. Cette loi prévoit des allégements decharge pour les entreprises qui réduisent le temps de travail de 10 %ou de 15 %, soit de manière « offensive », pour embaucher, soit demanière « défensive », pour limiter les suppressions d’emplois.

Durant le seul mois de juillet, 152 conventions ont été signées– 920 depuis la mi-octobre, – selon les chiffres publiés mercredi27 août par le ministère de l’emploi et de la solidarité. Sur cenombre, le ministère recense 622 accords « offensifs », concernant45 399 salariés, et 298 accords « défensifs », en concernant 57 350.Les accords défensifs, nettement moins nombreux, émanent de plusgrandes entreprises que les accords offensifs, ce qui explique que lenombre de salariés qu’ils concernent soit plus élevé.

Baisse significativede la pauvreté en AsieLA PAUVRETÉ a baissé plus rapidement en Asie que partout dans lemonde grâce à la persistance d’un fort taux de croissance, relève unrapport publié par la Banque mondiale. La pauvreté aurait largementdiminué en Chine, en Corée du Sud, à Singapour et à Taïwan. « Ce dé-clin de la pauvreté est probablement sans précédent dans l’histoire del’humanité », a affirmé l’un des auteurs du rapport. Celui-ci remarquecependant qu’un milliard d’Asiatiques, de la Mongolie à l’Inde, conti-nuent de vivre avec moins d’un dollar par jour. – (AP.)

DÉPÊCHESa POLLUTION : deux plages de Cannes-La Bocca (Alpes-Mari-times) ont été de nouveau interdites à la baignade, mercredi27 août. La pollution bactérienne de la mer trouve son origine dans ladéfaillance d’une station d’épuration. Ces plages, à l’ouest de Canneset à la limite de Mandelieu, avaient déjà été fermées le 22 août, aprèsune pollution du même type provoquée par des rejets consécutifs àde violents orages.a JEUNESSE : un couple d’adolescents âgés de seize ans a donnénaissance à une fille pesant 3,560 kilogrammes, mercredi 27 août àToul (Meurthe-et-Moselle). Agé de trente-deux ans, le grand-père dela petite Malaury s’est vanté d’être « le plus jeune papy de France ».Les parents, Peggy et Kevin, sont lycéens.

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDECours releves le jeudi 28 aout, a 10 h 15 (Paris)

FERMETUREDES PLACES ASIATIQUESTokyo Nikkei 18451,45 + 0,05 – 4,70Honk Kong index 14876,10 – 4,23 + 10,59

OUVERTUREDES PLACES EUROPEENNES

Cours au Var. en % Var. en %28/08 27/08 fin 96

Paris CAC 40 2890,20 + 0,64 + 24,81Londres FT 100 4921,70 + 0,30 + 19,50Zurich .... .... ....Milan MIB 30 21325 + 0,19 + 35,85Francfort Dax 30 .... .... ....Bruxelles 14184 + 0,11 + 34,18Suisse SBS .... .... ....Madrid Ibex 35 6622,39 + 0,66 + 28,47Amsterdam CBS .... .... ....

18451,45

Tokyo. Nikkei sur 3 mois20681,10

20121,31

19561,52

19001,73

18441,94f30 mai 15 juil. 28 aoutg

Nicole Notat juge irréalistesles « 35 heures payées 39 »

Désaccord avec M. Strauss-Kahn sur l’annualisation du temps de travailLE PROJET de loi-cadre sur les

35 heures – principal sujet de laconférence nationale sur l’emploi,les salaires et la réduction dutemps de travail, prévue dans unmois entre le gouvernement et lespartenaires sociaux – échauffe lesesprits. Visiblement irritée par lesinformations publiées parLe Monde du 27 août, faisant étatd’une note émanant de son minis-tère, et qui propose d’instaurer les35 heures au 1er juillet 2000, Mar-tine Aubry les a démenties : « Cettenote, je ne la connais pas », a-t-elleaffirmé, mercredi, à l’issue duconseil des ministres.

La ministre de l’emploi et de lasolidarité a en revanche confirméqu’elle allait recevoir syndicats etpatronat. Un document de travaildoit être remis, dans dix à quinzejours, au premier ministre.

Interviewés tous les deux dansLe Nouvel Observateur du 28 août,Dominique Strauss-Kahn et NicoleNotat développent deux ap-proches opposées de la réduction

de la durée du travail. Le ministrede l’économie et des finances af-firme que le gouvernement « n’apas de projet concernant l’annuali-sation du temps de travail ». S’op-posant à tout accroissement suplé-mentaire de la flexibilité du travail,M. Strauss-Kahn estime qu’uneloi-cadre « ne peut ni ne doit régen-ter l’ensemble des modalités de pas-sage aux 35 heures ». « La loi d’ap-plication ne devrait intervenirqu’après aboutissement de laconcertation » avec les partenairessociaux, explique-t-il.

De son côté, la secrétaire géné-rale de la CFDT indique que sacentrale est favorable à l’annuali-sation du temps de travail,« quand elle permet la créationd’emploi et la réduction de la pré-carité ». La dirigeante syndicalejuge irréalistes « les 35 heurespayées 39 ». La vision de la CFDT« consiste à associer la réduction dutemps de travail à une modernisa-tion de l’organisation du travail.C’est la seule qui permette de nou-

velles embauches », expliqueMme Notat. De même, en confir-mant son soutien à loi Robien, elleexplique que la CFDT ne refusepas une diminution des salaires,liée à la réduction du temps de tra-vail : « Pour la CFDT, la participa-tion des salariés n’est ni exclue niautomatique. Quarante-six pourcent des accords Robien se sontconclus avec le maintien du salaire,42 % avec une baisse de certainesrémunérations, et 6 % avec un gel. »

Les Verts ont réclamé, mercredi27 août, l’entrée en vigueur, avantle 1er janvier 1999, de la réduction à35 heures hebdomadaires de ladurée du travail. « Tout retard dansl’application des 35 heures a pourconséquence environ 200 000 chô-meurs de plus par semestre », affir-ment-ils. L’ancien ministre socia-liste Marie-Noëlle Lienemann a deson côté jugé, mercredi : « La loisur les 35 heures sans perte de sa-laire est une urgence absolue pourl’emploi » et « L’échéance ne sau-rait être reportée à l’an 2000. »

Les trois quarts des emplois-jeunesseraient d’initiative locale

JEAN LE GARREC (Nord), ani-mateur du groupe de travail desdéputés socialistes sur l’emploi desjeunes, et Jean-Claude Boulard(Sarthe), rapporteur du projet deloi de Martine Aubry, ont indiqué,mercredi 27 août, qu’ils avaient ob-tenu du gouvernement que les dé-crets d’application du texte, qui de-vrait être discuté à partir du 15 oudu 16 septembre à l’Assemblée na-tionale, seraient prêts « en mêmetemps » que le texte lui-même,sous réserve d’adaptation, afind’« aller vite ».

Le vote définitif du projet de loidestiné à créer 350 000 emplois, fi-nancés à 80 % par l’Etat, pourrait,selon les députés socialistes, inter-venir dès la mi-octobre et les pre-miers contrats être conclus à la finde ce même mois.

M. Boulard a indiqué qu’il dépo-sera un amendement pour que les« trois quarts » des nouveaux em-plois « proviennent d’initiatives lo-cales », collectivités ou associa-tions, et que les administrations del’Etat n’en bénéficient que pour unquart. Le succès du projet dépend

de « la dynamique de mobilisationdes acteurs locaux », a expliqué ledéputé, aussi faut-il éviter que leprojet ne prenne un aspect « tropétatique ». MM. Le Garrec et Bou-lard ont ainsi regretté l’annoncepar le ministère de l’éducation na-tionale de la création de 75 000 em-plois-jeunes d’ici à la fin de 1998(Le Monde du 28 août).

TEMPS PLEIN GARANTIM. Boulard déposera, entre

autres, un amendement garantis-sant que tout emploi-jeune sera untemps plein, quitte à créer des for-mules de « temps partagé », cofi-nancé par un « groupement d’em-ployeurs ». Estimant que lelégislateur ne doit pas rester silen-cieux sur l’autre volet du plan-em-ploi, concernant le secteur privé,« même si cet aspect relève de la dis-cussion entre les partenaires so-ciaux », M. Boulard a annoncé unamendement créant un dispositifdestiné à permettre aux jeunes decréer eux-mêmes leur entreprise.

Fabien Roland-Lévy

LA RÈGLE DU JEUQUAND son crédit est mis en

cause, un journal doit des explica-tions à ses lecteurs.

L’édition du Monde du 27 aoûta reçu, dans la journée de mercre-di, deux démentis officiels, d’ori-gine et de nature différentes.« Cette note, je ne la connaispas », a déclaré Martine Aubry àl’issue du conseil des ministres. Laministre de l’emploi et de la soli-darité entendait ainsi démentirl’existence d’une note des servicesde son ministère, préconisant no-tamment l’instauration des35 heures hebdomadaires de tra-vail le 1er juillet 2000, dont nousavions révélé la teneur. « La prin-cesse n’a pas formulé de telles cri-tiques », a fait savoir le cabinetde Lady Diana. La princesse deGalles entendait ainsi démentirune phrase de son entretien avecAnnick Cojean, lors du huitièmeépisode de notre série « Retoursur images », dans laquelle ellejugeait « tellement désespérant »l’ancien premier ministre britan-nique, John Major.

Dans les deux cas, nous mainte-nons nos informations et démen-tons les démentis.

Lors de l’entretien qu’elle ac-corda, le 13 juin, durant uneheure, à notre collaboratrice, La-dy Diana a bel et bien prononcécette phrase : « The former onewas so hopeless » (« Son prédé-cesseur [de Tony Blair] était telle-ment désespérant. ») Lauréate del’Association des femmes journa-listes (1993), de la FondationMumm (1995) et du prix Albert-Londres (1996), Annick Cojean est

une journaliste professionnellereconnue et confirmée qui, deplus, parle couramment anglais.

Une note technique sur la réali-sation de la semaine des35 heures a bel et bien été élabo-rée, à la demande du cabinet deMme Aubry, par trois services duministère de l’emploi : la direc-tion de l’animation de la re-cherche, des études et des statis-tiques ; la direction des relationsdu travail ; la délégation à l’em-ploi. Elle fut achevée en fin de se-maine dernière et transmise àl’attention du ministre. Commenous le précisions, cette contribu-tion, destinée à nourrir sa ré-flexion, n’engage pas Mme Aubry,qui est en train d’arrêter sa posi-tion sur ce dossier.

Qu’une même édition duMonde contrarie une ministre dela République française et uneprincesse de la monarchie britan-nique pourrait faire sourire. Nouspréférons nous en étonner. Enl’espèce, nous n’avons fait qu’as-sumer le rôle normal de la pressedans une démocratie vivante :faire parler longuement LadyDiana de ses convictions et de sescombats publics, et non pas de savie privée ; suivre pas à pas l’éla-boration d’une décision politiqueessentielle pour la vie quoti-dienne de nos concitoyens.

On le sait, l’information, libreet responsable, ne fait pas bonménage avec la communication,contrôlée et maîtrisée par lespouvoirs. Nos lecteurs compren-dront aisément que nous sommesau service de la première, et nonde la seconde.

E. P.