nouvelles 76-77 : inquiétants barrages

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  • 8/7/2019 Nouvelles 76-77 : Inquitants barrages

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    Survivalles nouvelles

    76-77

    Inquitants barrages

    www.survivalfrance.org

    Octobre 2010

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    Si les peuples indignes subissent de plein fouet l'impact des barrages hydrolec-triques sur leurs vies et leurs territoires, ils nen retirent rarement les bnfices. Pourmarquer la Journe des peuples indignes des Nations-Unies,Survival International arendu public,le 9 aot dernier,un rappor t accablant sur les impacts dvastateurs de

    cett nergie dite verte sur les peuples indignes qui connat actuellement un nouveauboom.Nous en livrons ici la version franaise.

    C'est la fin du XXe sicle que les financements et lintrt pour les barrages com-mencrent se tarire, au fur et mesure que se forgea la conscience des impactsngatifs de ces projets souvent mal prpars et mal excuts.

    Une dcennie s'est coule depuis que la Commission mondiale des barrages recon-naissant que les projets de barrages gants 'avaient t source de pauvret et desouffrance pour des millions [de personnes]' a labor des normes et directives trsprcises pour les futurs barrages, stipulant que les projets qui affectaient directementles peuples indignes devaient obtenir leur consentement libre, pralable et inform.

    Mais aujourdhui, une vague d'enthousiasme resurgit pour ces grands barrages,nour-rie par un lobby international trs actif qui prsente son industrie comme une pana-ce contre le changement climatique.Les leons apprises au sicle dernier sontignores et les peuples indignes du monde entier sont de nouveau laisss pourcompte, leurs droits bafous et leurs terres dtruites.

    Les Nouvelles de Survival n76-77, octobre 2010

    Prix de ce numro : 6 abonnement : 15

    Directeur de la publication : J.-P.Razon

    Rdaction : S. Baillon, D. Dauzier, J.-P. Razon

    Imprimerie : Corlet, Cond-sur-Noireau

    ISSN : 1154-1210 CP : 1009G89188

    Dpt lgal : 4e trimestre 2010

    Survival International (France)

    Association reconnue dutilit publique

    Photo couverture : Homme karo devant lOmo,

    Ethiopie Eric Lafforgue

    Merci Jacqueline Main, Yal Raffner et au jour-

    nal Le Monde

    Ce numro spcial est la traduction de Serious

    Damage.Tribal peoples and large damsun rap-

    port de Survival International 2010.Il peut tre

    tlcharg en format pdf (en anglais et en fran-

    ais) ladresse suivante :www.survivalfrance.org/actu/6326

    Survival International France18 rue Ernest et Henri Rousselle

    Paris 75013

    T (33) 1 42 41 47 62

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    Royaume-Uni6 Charterhouse Buildings

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    San Francisco

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    T (1) 415-503-1254

    [email protected]

    au sommaire

    Dossier : Peuples indignes et barrages gants

    Echos des campagnes

    Le retour des barrages gants

    Les barrages gants, un problme?

    Pourquoi les peuples indignes sont-ils les plus

    touchs?

    Energie verte?

    Droit et illgalit

    Les barrages qui menacent

    Jo Woodman David contre Goliath

    Franoise Hritier Anne Chapman

    Davi Kopenawa La chute du ciel

    Livres et revues

    Survival aide les peuples indignes

    dfendre leur vie, protger leurs terres

    et dterminer leur propre avenir

    Survivalles nouvelles

    Peuples indignes et barrages gants

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    NOUS NE SOMMES PAS CONTRE LEBARRAGE. NOUS SOMMES CONTRE LADSINTGRATION DE NOTRECOMMUNAUT. Un ancien d'un village thai,Mun River

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    agir durgence pour empcher de nouvellesdestructions de forts.

    PROUUn oloduc menace les Indiens isolsSurvival a alert mi octobre les Nations-Unies sur le risque que reprsente pour lesIndiens isols l'exploitation ptrolire gran-de chelle au nord de l'Amazonie pruvien-ne. La compagnie franco-britannique Perencoattend actuellement le feu vert du ministrepruvien de l'Energie pour construire unoloduc de 207 km qui affectera la fort sur500 mtres de part et d'autre.Peu aprs sonretour au Prou,aprs onze mois dexil poli-tique,Alberto Pizango,leader de lorganisa-tion indigne AIDESEP, a port de lourdes

    accusations contre Perenco qui nie lexisten-ce des Indiens isols dans cette rgion.

    CHILIGrve de la faim des MapuchePlusieurs prisonniers mapuche sont en grvede la faim depuis bientt trois mois. Certainsd'entre eux ont cess de manifester aprsavoir trouv un accord avec le gouverne-ment.14 grvistes poursuivent cependantleur mouvement en attente de relles garan-ties et de preuves concrtes de la suppres-sion par ltat chilien de lapplication de la loiantiterroriste leur encontre, de la suppres-sion du double jugement civil et militaire, dudroit un procs juste et quitable sansrecours des tmoins cachs,et de la dmili-tarisation des communauts en conflit terri-torial.

    MALAISIELes Penan bloquent les routesPlus de 150 Penan ont bloqu les routes auSarawak, dans la partie malaisienne deBorno, dbut septembre, pour protestercontre la destruction de leur fort par lescompagnies dexploitation forestire etcontre linertie du gouvernement malaisienincapable de protger leurs terres.Les mani-festants marquaient ainsi lanniversaire desprcdents barrages routiers rigs lannedernire qui avaient gel lindustrie forestiredans la rgion.Survival a exhort le gouver-nement malaisien respecter les droits desPenan et des autres tribus du Sarawak.Elle agalement appel au printemps lUnion euro-penne ne pas signer daccord dexploita-tion forestire tant que le gouvernement neprendra pas en compte les droits des Penan.Le gouvernement norvgien a d'ailleurs exclurcemment le gant forestier malaisienSamling de son fonds de pension,pour desraisons dthique.La compagnie Samling

    exploite les toutes dernires forts desPenan.Fin juillet, le rapport accablant publipar une coalition dorganisations de droits delhomme malaisiennes dnonait les violencessexuelles perptres par les bcherons surles femmes et les jeunes filles penan.

    INDELes Jarawa menacs par le tourismeLa survie de la tribu jarawa des Iles Andamanest menace par des safaris humains organi-ss par des voyagistes locaux.Survival ademand en juin huit agences de voyage decesser dorganiser des circuits touristiques quimettent en danger les membres de cettetribu en raison de leur faible systme immu-nitaire. Cinq compagnies ont renonc orga-niser des visites chez les Jarawa, mais les troisautres continuent de promouvoir des circuits.En dpit de la dcision,en 2002,de la Coursuprme indienne qui avait ordonn la fer-meture de la route qui traverse leur territoi-re, celle-ci reste ouverte malgr lesrecommandations de lUnesco et la cam-pagne denvergure que mne Survival.

    Victoire spectaculaire dune tribu surun gant minierLes Dongria Kondh ont remport une cla-tante victoire face au gant minier britan-nique Vedanta Resources.Fin aot, leministre indien de l'Environnement a refusde lui accorder une licence pour exploiter labauxite que recle la montagne sacre de latribu. Le gouvernement indien avait reu plusde 10 000 lettres de protestation manantdes sympathisants de Survival. La situationdsespre de la tribu a mme t porte lattention de James Cameron,le ralisateurdAvatar, et les Dongria sont dsormaisconnus comme la relle tribu dAvatar.(Voirpage 16)

    MONDE

    Le Top 5 de la honteSurvival International a marqu le jour deChristophe Colomb ou de la conqute delAmrique (12 octobre) en dsignant dansson palmars de la honteles cinq multinatio-nales les moins respectueuses des droits despeuples indignes et de lenvironnement quisont : GDF-Suez pour la construction du barragede Jirau en Amazonie brsilienne qui menaceles Indiens isols; Perenco, compagnie franaise,po ur sonprojet d'exploitation ptrolire sur le territoi-re d'Indiens isols au nord du Prou; Samling,compagnie malaisienne,pour ladestruction des forts des chasseurs-cueilleurs penan au Sarawak, dans la partie

    malaisienne de lle de Borno; Wilderness Safaris, tour oprateur sud-afri-cain. pour l'implantation d'un lodge touris-tique de luxe au cur du territoire desBushmen qui sont violemment rprims parle gouvernement botswanais; Yaguarete Pora, compagnie brsilienne, quidtruit les forts du Chaco paraguayen ovivent les Indiens isols ayoreo.

    chos des campagnesBOTSWANASurvival appelle au boycott du tourismeA loccasion de la Journe mondiale du tou-risme,le 27 septembre,Survival a appel lestouristes boycotter le Botswana tant que legouvernement naura pas mis fin sa violentecampagne de perscution lencontre desBushmen du Kalahari.Depuis plus de huit ans,les Bushmen sont privs deau sur leurspropres terres et certains doivent parcourirprs de 400 km pour sapprovisionner. Dansle mme temps,le gouvernement fait la pro-motion du tourisme de luxe dans la rserveet est sur le point de dlivrer une compa-gnie minire la licence dexploitation dungisement de diamants situ au cur dunecommunaut bushman.Les Bushmen ont

    intent un nouveau procs au gouvernement.

    ETHIOPIEUne banque se retire dun projethydrolectriqueLa Banque europenne dinvestissements(BEI) a annonc dbut aot quelle ne finan-cerait pas Gibe III,le plus grand barragedAfrique qui soulve une vague de protesta-tions internationales en raison de ses impactsdvastateurs sur au moins huit peuples indi-gnes dEthiopie.

    KENYAViolente agression des OgiekEn avril dernier,des hommes de main accom-pagns de policiers ont envahi le village dungroupe de chasseurs-cueilleurs ogiek,dans lafort de Mau,et ont incendi et dtruit leursmaisons coups de trononneuse.Les Ogieksont persuads que cette agression a t pla-nifie par les puissants propritaires terriensde la rgion qui convoitent leurs terres pouragrandir leurs cultures cralires.

    BRSILAppel aux candidats la prsidenceA la suite dune importante manifestation quia runi plus de 600 Indiens dans lEtat duMato Grosso do Sul pour protester contre laspoliation de leurs terres et lassassinat deleurs leaders. les organisations indiennes ontadress une lettre tous les candidats llection prsidentielle les exhortant,au caso ils seraient lus, leur restituer officielle-ment les territoires dont ils ont t spolispour faire place des projets industriels etagropastoraux.

    Manifestation contre les chercheursdor illgauxLes Indiens yanomami et yekuana ont organi-s une manifestation dbut avril dans lEtat

    du Roraima,au nord du Brsil,pour dnoncerlinvasion de leur territoire par les orpailleursclandestins et exiger lintervention des autori-ts.Survival International a, au mmemoment,inter pell le Rapporteur spcial desNations-Unies sur les peuples indignes luidemandant dintercder auprs du gouverne-ment brsilien pour quil prenne des mesuresdurgence visant expulser les orpailleurs duterritoire yanomami.

    Restitution dchantillons sanguinsFin mai,ci nq centres de recherche nord-am-ricains qui conservent des chantillons desang yanomami depuis plusieurs dcenniesont accept de rpondre la demande dugouvernement brsilien de les restituer auxIndiens.Davi Kopenawa, chamane et porte-parole yanomami a dclar :Je suis trs heu-reux que les Blancs aient maintenant comprislimportance que revt le sang dans notreculture.

    Rpression des GuaraniPlusieurs Indiens guarani ont t retenus pri-sonniers par des hommes de main arms lasolde des propritaires terriens qui ont assi-g leur communaut en septembre. Survivala crit aux autorits brsiliennes appelant une action policire immdiate pour dman-teler le sige de la communaut. Un rapportde Survival International soumis au printempsaux Nations-Unies dnonait le haut niveaude violence exerce lencontre desGuarani. Les leaders indignes qui mnent laroccupation de leurs terres ancestrales sontsystmatiquement perscuts.

    Agrocarburants en territoire guaraniLa compagnie Shell a sign un accord de 12milliards de dollars avec le gant brsilienCosan pour produire des agrocarburants partir de canne sucre.Mai s une partie desplantations est cultive sur un territoire

    appartenant aux Indiens guarani.Survival acrit Shell dnonant les activits de Cosanqui enfreint clairement la Dclaration desprincipes gnraux commerciauxde Shell.

    Barrages destructeurs sur la MadeiraDans une dclaration signe lors duRassemblement des quatre rivires,unemanifestation contre les barrages sur lesrivires Madeira,Tapajos,Teles Pires et Xinguqui a eu lieu fin septembre,les Indiens ontdnonc :Nous condamnons la privatisationde nos ressources naturelles qui napportequinscurit et nuit lensemble des peuples,des cultures et des savoirs qui nous entou-rent depuis des milliers dannes,ainsi qunos forts,nos rivires et notre socio-biodi-

    versit. Deux mga-barrages San Antnioet Jirau , en cours de construction sur larivire Madeira, mettent en danger la vie daumoins quatre groupes dIndiens isols, dontles Mujica Nava et les Jacareuba/Katawixi,quivivent et chassent dans la rgion affecte parles barrages. Cest la compagnie franaiseGDF Suez,dtenue en partie par le gouver-nement franais,qui est charge de laconstruction du barrage de Jirau.

    Un rituel de pche inscrit aupatrimoine culturel nationalLeykwa, un important rituel de pche prati-qu par les Indiens enawene nawe,officielle-ment reconnu dbut juin par le ministrebrsilien de la Culture comme patrimoineculturel et historique national,risque de dis-paratre. Plus de 70 barrages hydrolec-triques prvus sur la rivire Juruena,enamont de leur territoire, vont polluer leurrivire et ses affluents et dtruire leur stockde poissons,l eur unique source de protinespuisquils ne consomment pas de viande.LesEnawene Nawe qui nont pas t consultssur ce projet ont organis dbut juillet uneimportante manifestation sur le site deconstruction de lun de ces barrages.

    Des Indiens nomades mergent de lafortUne centaine dIndiens aw ont dcid desortir de leur isolement pour manifesterdurant trois jours, dbut aot,contre linva-sion de leurs terres.Pour la plupart dentreeux,cta it la premire fois quils quittaientleur fort. Les Aw sont lun des deuxgroupes de chasseurs-cueilleurs nomadesrestants au Brsil.Pl us de 60 dentre euxnont aucun contact avec le monde extrieuret sont gravement menacs par les exploi-tants forestiers illgaux. Bien que les terresaw aient t lgalement reconnues, lesIndiens sont la cible des bcherons qui per-

    cent des routes au bulldozer dans les fortset des colons qui chassent le gibier dont ilsdpendent,les exposant la maladie et laviolence.

    PARAGUAYAu secours des Indiens isolsLes Ayoreo ont lanc fin septembre un appeldsespr lopinion publique au nom desmembres isols de leur famille vivant dansune fort convoite par la compagnie brsi-lienne d'levage Yaguarete Por qui a acquisune partie de cette rgion. Les Ayoreo lut-tent depuis 1993 pour obtenir la reconnais-sance de leurs terres ancestrales. SurvivalInternational a crit au dpartement para-guayen des affaires indignes,lexhortant

    Lettre ouverte auprsident du Botswana

    30 laurats du Right LivelihoodAward, connu comme le Prix Nobel

    alternatif,et la Fondation Right

    Livelihood ont sign, dbut sep-

    tembre,une lettre ouverte adresseau prsident Khama du Botswana

    lexhortant rtablir le droit fonda-

    mental des Bushmen,galement lau-rats du mme prix,en 2005,

    daccder librement leau.

    Nous, soussigns, laurats du PrixNobel alternatif, sommes trs proccu-ps par la situation de nos amis et co-lau-rats, les Bushmen de la Rserve duKalahari central.Sans accs leau, undroit humain fondamental,ils doivent lut-ter pour maintenir leur mode de vie surleurs terres ancestrales.

    Tout ce que les Bushmen veulent, cestde pouvoir utiliser un puits dont ils seservaient avant dtre illgalement expul-ss de leurs terres.Le leur refuser estinexcusable.

    Nous vous exhortons rendre auxBushmen leur accs leau sur leurspropres terres et travailler avec eux llaboration dun avenir viable pour tous.Roy Sesana la dit :Nous ne sommes pasici pour nous-mmes.Nous sommestous ici pour les uns et les autres et pour

    les enfants de nos petits-enfants.IBRAHIMABOULEISH (EGYPTE),MARCOSARAN (MEXIQUE),ANDRS BIR (HONGRIE),CARMEL BUDIARDJO (ROYAUME-UNI), TONY CLARKE (CANADA), ERIK DAMMANN(NORVGE),H ANS-PETERDUERR (ALLEMAGNE),S AMUELEPSTEIN (ETATS-UNIS),ANWARFAZAL (MALAISIE),FESTIVALINTERNACIONAL DE POESADE MEDELLN (COLOMBIE),JOHAN GALTUNG (NORVGE),WESJACKSON (ETATS-UNIS),KATARINA KRUHONJA (CROATIE),I DA KUKLINA (RUSSIE),MANFRED MAX-NEEF (CHILI),PAT MOONEY (CANADA),ALICE TEPPERMARLIN (ETATS-UNIS),MOVEMENTFORTHESURVIVAL OFTHE OGONI PEOPLE (NIGERIA), NICANORPERLAS (PHILIPPINES),RAL MONTENEGRO(ARGENTINE),JUAN PABLO ORREGO (CHILI),KERALA SASTRA SAHITYAPARISHAD (INDE),RIGHT LIVELIHOOD AWARD FOUNDATION(SUDE),MYCLE SCHNEIDER (FRANCE),SUCIWATI,WIFEOFLATE MUNIR(INDONESIA), HANNUMAPPA SUDARSHAN,VGKK (INDE ),V ESNA TERSELIC (CROATIE),T RIDENTPLOUGHSHARES(ROYAUME-UNI),JOHN F.CHARLEWOODTURNER (ROYAUME-UNI),J UDIT VSRHELYI, AUNOMDEDUNA KR(HONGRIE),ALLAYAROSHINSKAYA (RUSSIE).

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    L

    a construction des bar-rages a connu son apo-ge dans les annes 1970,alors qu' cette poque,

    selon la Commissionmondiale des barrages,des ouvragesgants taient construits au rythme d'unmillier par an.

    Ce boom se ralentit considrablement la fin des annes 1980 et durant ladcennie suivante,principalement en rai-son des proccupations grandissantes quise faisaient jour l'gard des impacts nga-

    tifs de ces grands ouvrages.

    La Commission mondiale des barrages(WCD) cre par la Banque mondiale etl'Union internationale pour la conservationde la nature (IUCN) pour enquter surles effets des barrages,vit le jour en 1998.

    Le rapport de la Commission, publien l'an 2000, concluait que les grands bar-rages avaient eu des effets dvastateurs sur

    les vies,les moyens d'existence, les cultures

    et la spiritualit des peuples indignes et

    tribaux'. La Commission recommandaitque 'dans les cas o de tels projets avaient

    des consquences sur les populations indi-

    gnes et tribales, le processus ne pouvait

    tre lanc qu'avec leur consentement pra-

    lable, l ibre et inform'. Nanmoins les

    recommandations n'allaient pas jusqu'reconnatre aux peuples indignes le droitd'imposer leur veto aux projets de bar-rages gants prvus sur leur terre.

    La Chine est maintenant devenue elleseule le plus gros bailleur de fonds desbarrages, remplaant ainsi la Banque mon-diale.

    La Corporation du dveloppement duprojet des Trois Gorges en Chine, qui aconstruit le barrage controvers du mmenom, dplaant plus d'un million de per-sonnes vivant autour du fleuve Yangtze,at retenue pour construire un barragesur les terres de la tribu penan, auSarawak.

    La plus grosse banque nationale chi-noise, la Banque industrielle et commer-ciale de Chine, envisage de financer leprojet Gibe III en Ethiopie,qui sera le plusimportant barrage d'Afrique et dtruirales moyens d'existence d'au moins huit

    tribus.En 2003, la Banque mondiale aban-

    donna la politique de prudence qu'elleavait applique dans les annes 1990 encessant de financer des projets hydro-lectriques, et se lana dans des investis-sements de projets hauts risques ethauts rendements (tels que les barragesgants) s'engageant mme augmenterces financements en 2009.

    Selon les propres chiffres de la Banquemondiale,son portefeuille de projetshydrolectriques s'lve actuellement 11 milliards de dollars,ce qui reprsenteune augmentation de plus de 50% depuis

    Le retour desbarrages gants

    7

    1997.La Banque africaine de dveloppe-ment s'est galement engage aug-menter ses investissements en 2007.

    D'autres gouvernements prtendentne plus avoir besoin d'emprunter degrosses sommes aux banques internatio-nales de prt. Le Brsil a fait savoir qu'ilconstruira le barrage controvers de Belo

    Monte en le finanant principalementauprs de la banque nationale brsiliennede dveloppement (BNDES) ainsi qu'au-prs du secteur public.Le gouvernementchinois a financ la majorit des barragesconstruits en Chine, ce qui reprsentepratiquement la moiti du montant total.

    L'association internationale de l'hydro-lectricit (IHA) cre sous l'gide del'Unesco,est la plus grande organisation delobbying pour l'industrie des barrages.L'IHA,se prpare laborer ses propres'critres d'valuation' :le Protocole pourle dveloppement et la gestion durablesdes amnagements hydrolectriques (cr

    en coopration avec WWF et NatureConservancy).

    Ce Protocole ne fixe aucune normeminimale pour la construction de bar-rages.En revanche, il attribue une note,de un cinq, certains aspects des projetsproposs.Ainsi, une mauvaise note pour la

    'qualit du processus de gestion de la pla-nification vis--vis des problmes,risqueset opportunits lis aux peuples indignes,pourra tre compense par une bonnenote sur la transparence et le ct concur-rentiel des processus d'appels d'offresdans la passation des contrats'.

    Le barrage de Tucurui, dans lEtat de Carajas est lun des plus grands metteurs de gaz effet de serre du Brsil Peter Frey/Survival

    Mme si on nous offrait desmillions de dollars,cet

    argent ne pourrait jamais

    garantir notre survie.On

    peut imprimer des billets

    volont,mais la terre,elle,

    ne peut tre fabrique.Un leader indigne protestant contre le barrage

    de Bakum,Sarawak

    Barrages gantsLes dfinitions d'un 'barrage gant' varient,

    mais cette expression correspond gnrale-ment un ouvrage de plus de 15 mtres de

    hauteur ou qui a une capacit de retenuedpassant les trois millions de mtres cubes.Tout grand barrage doit tre spcifiquement

    conu pour rpondre au contexte golo-gique d'une zone donne.Sa construction

    peut prendre des dizaines d'annes (parfoisplus s'il y a une importante opposition localevis--vis du projet) rendant tout le processus

    extrmement coteux et imprvisible.

    Guyana

    Les Akawaio et les Arekuna - barrage du haut Mazaruni

    Le ministre de l'Energie du Guyana convoqua en 1973 cinq chefs de la tribu akawaio pourleur annoncer que leurs communauts allaient tre englouties sous les eaux d'un barragehydrolectrique sur le fleuve Mazaruni et qu'ils n'avaient pas d'autre choix que d'accepter.

    L'un des leaders refusa, mais les quatre autres signrent un accord au nom de leurscommunauts.Lorsque les Akawaio apprirent ce qui s'tait pass,il s furent scandaliss eten un mois tous ces accords,sauf un, furent annuls.

    Le barrage sur le Mazaruni fut abandonn suite une campagne internationale d'en-vergure mene par les Akawaio et Survival.

    Aujourd'hui,le gouvernement du Guyana est sur le point d'approuver un nouveau pro- jet de barrage sur la partie suprieure du Mazaruni, trs semblable celui des annes1970.Si le barrage est construit, des milliers d'Indiens,y compris les Akawaio et les Arekuna,perdront leurs moyens d'existence et leurs terres, devenant ainsi des rfugis dans leurpropre pays.

    Chantier de construction dun barragesur le rio Juruena, au Brsil. Survival

    Nous navons pas besoin de votre lectricit. Elle ne nous

    donnera pas de la nourriture... Nous avons besoin de nos forts

    pour y chasser et collecter.Nous ne voulons pas de votre barrage.

    Une femme kayap sadressant un fonctionnaire,Altamira,Brsil,1989

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    Trop d'eau, pas assez d'eau

    La construction de la rete-nue d'un barrage implique

    l'inondation dun immen-se territoire, submergeantrcoltes,forts, habitat et

    forant le dplacement de communautsentires.

    De nombreux peuples indignes ontd quitter leur terre envahie par la retenuedu barrage de Bakum, au Sarawak, quirecouvre une surface peu prs quiva-lente celle de Singapour.

    En Inde, la retenue du barrage de SardarSarovar sur la Narmada entrana l'vic-

    tion de milliers de familles dont beaucouptaient indignes.En dpit des strictesrecommandations de la Banque mondia-le qui avait en partie financ le bar rage

    selon lesquelles toute personne dpla-ce devait tre relocalise sur des terrescomparables, les gouvernements locauxchoisirent de ddommager financirementun grand nombre de personnes ou leuroffrirent des terres infertiles et inutilisables.

    Le rsultat fut le dnuement et la dpen-dance.

    En 1985, Survival dposa une plainteauprs de l'Organisation internationaledu travail (OIT) propos de SardarSarovar.L' OIT appuya la rclamation etenjoignit au gouvernement indien de rvi-ser son programme de relocalisation afinde se conformer la Convention 107 del'OIT sur les droits des peuples indignes(prcdant la Convention 169) que l'Indeavait ratifie. Le gouvernement refusa deprendre en compte les proccupationsde Survival et depuis lors la vie des

    peuples indignes affects par le barragede Sardar Sarovar est devenue un enfer.

    La cration de ces retenues entranegalement la rduction de l'coulement

    des eaux en aval du barrage, modifiantainsi les rgimes d'inondation des rivires.A certaines saisons,des modificationsprofondes de leur cours peuvent menacerla scurit alimentaire des communautsqui vivent en aval.

    Pour augmenter au maximum la pro-duction d'lectricit, il n'est pas rare deconstruire une srie de barrages sur uneseule rivire. Ces barrages multiples peu-

    vent accrotre les problmes,mais on neprocde pas toujours des valuationsd'impacts cumulatifs avant le dbut de laconstruction. (Les barrages Gibe enEthiopie et du Juruena au Brsil en sontdeux exemples actuels.)

    Barrages et maladiesLa retenue des barrages est un parfait

    terrain de reproduction pour les vecteursde maladies, tels que les moustiques por-

    teurs de paludisme et les mollusques por-teurs de bilharziose.Les cas de paludismedans les zones de barrage sont systma-

    tiquement plus nombreux aprs le rem-plissage de la retenue. L'afflux importantd'ouvriers de contruction et d'oprationdes barrages a de graves rpercussionssur les peuples indignes,car ces per-sonnes sont porteuses de maladies quipeuvent leur tre compltement incon-nues et les d cimer.

    PoissonsEn modifiant le cours d'une rivire, onmodifie galement les comportementsdes poissons qui y vivent et qui repr-sentent la plus importante source de pro-

    tines pour un grand nombre de peuplesindignes.De nos jours,la plupart des bar-rages modernes sont quips 'd'chelles poissons' qui leur permettent de remon-

    ter le courant.Cependant cet quipementn'est pas toujours obligatoire et il arrivesouvent qu'il ne soit pas install ou qu'ilsoit mal conu.

    Plus de 70 petits barrages hydrolec-

    triques sont actuellement en constructionsur le cours suprieur de la rivire Juruena,dans l'Etat amazonien du Mato Grosso auBrsil. La tribu des Enawene Nawe,peunombreuse, leur oppose une rsistancefarouche. En 2009 et 2010,durant leur

    saison annuelle de pche, les EnaweneNawe n'ont pu capturer aucun poisson -un vritable dsastre pour une tribu qui neconsomme pas de viande.De ce fait, ilsn'ont pu organiser leur plus importantecrmonie -ykwa - au cours de laquelleil est procd un change rituel de pois-sons avec les esprits.Les autorits brsi-liennes ont d leur faire parvenir une aidealimentaire d'urgence sous forme de pois-

    sons d'levage.Aux Etats-Unis,deux barrages construits

    en 1913 et 1927 sur le territoire de latribu elwha klallam eurent des effets dsas-treux sur les saumons de la rivire, quitiennent une place importante,non seu-lement dans la cosmogonie des ElwhaKlallam mais aussi dans leur nourriturequotidienne. la fin du XXe sicle, lesautorits acceptrent de reconnatre lesdommages causs par ces barrages et un

    trs ambitieux programme de dmant-lement a t programm pour 2012.

    Les retenues de barrages affectent pro-fondment l'environnement des commu-nauts qui vivent en amont. Bien que les

    promoteurs de barrages rptent rgu-lirement que les retenues constituent unenvironnement extrmement bien adap-

    t l'levage du poisson,le matriel nces-saire pour le capturer (compar celuiqui est utilis dans une rivire troite maisaux eaux rapides) peut ncessiter unemise de fonds qui va bien au del desmoyens des peuples indignes, accroissantainsi la possibilit que leurs ressourcesnaturelles se retrouvent entre les mainsd'trangers entreprenants plutt que danscelles de ceux qui les ont protgesdurant des gnrations.

    Les barrages gants :un problme?

    Le gouvernement thiopien est en trainde construire le barrage Gibe III sur le fleu-ve Omo.Il sera le plus grand ouvrage hydro-lectrique d'Afrique.Il fait partie d'une sriede cinq barrages dont deux, Gibe I et II,ontdj t construits.

    Les tribus de la valle infrieure de l'Omodpendent troitement du fleuve pour assu-rer leur survie dans un environnementextrmement hostile.Au cours de la crueannuelle,le dpt de limons fertiles le longde ses rives permet aux tribus indignesriveraines de produire des cultures vivriresvitales.Certaines tribus y font patre leurbtail,car, durant une grande partie de l'an-ne, il y a peu d'herbe ailleurs. Les chas-

    seurs-cueilleurs kwegu pchent aussi dans lefleuve.

    Les constructeurs du barrage disent qu'ilsvont librer l'eau pour crer une 'zoned'inondation artificielle', mais ceci ne peutprtendre remplacer une crue naturelle etdposer suffisamment de riches limons pourpermettre aux tribus de survivre jusqu' laprochaine crue. Et mme si cela tait pos-sible, la vie des tribus de la valle de l'Omoresterait entre les mains des exploitants dubarrage, eux-mmes soumis de fortespressions afin de maximiser la rentabilit del'ouvrage en rduisant ou en arrtant tota-lement la crue artificielle, particulirementdurant les priodes de scheresse.

    La construction du barrage Gibe III admarr en 2006,avant mme son appro-bation par l'agence thiopienne de l'envi-ronnement.La majorit des tribus vivant enaval n'ont pas t consultes,n'ont pas accs des conseils indpendants et peuvent dif-ficilement imaginer comment le barrageaffectera leur vie. Le gouvernement thio-pien a dmantel plusieurs associations com-munautaires rgionales en 2009,rendantpratiquement impossible pour les tribus departager l'information ou discuter du bar-rage.

    Le gouvernement thiopien prvoit d'uti-liser les eaux de retenue de Gibe III pourirriguer de vastes tendues de terres tri-

    bales dans la valle infrieure de l'Omo des-tines tre loues des investisseurstrangers pour des cultures commerciales,y compris des agrocarburants.Les tribusn'ont pas t consultes sur cette mainmi-se de leurs terres, qui est en violation fla-grante de la Constitution thiopienne et dela Dclaration des Nations-Unies sur lesdroits des peuples indignes,que l'Ethiopiea signe.

    Le barrage Gibe III et la confiscation inh-rente des terres, risquent d'affecter si gra-vement la scurit alimentaire des tribusriveraines largement auto-suffisantes qu'ellesdevront, pour survivre, devenir tributairesde l'aide alimentaire.

    Ethiopie

    Les tribus de la valle de lOmo - barrage Gibe III

    Un membre de la tribu karo et sa femme devant la rivire Omo,leur unique salut dans les terres arides dEthiopie Eric Lafforgue

    Un enfant enawene nawe montre un poisson quia t boucan au bord de la rivire Survival

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    Les impacts ngatifs desbarrages hydrolectriquesgants peuvent tre pro-fonds et irrversibles etce sont le plus souvent les

    peuples indignes qui en sont les plussvrement affects.La rupture des lienssociaux et culturels entre un peuple et sa

    terre peut trs rapidement mener la dis-solution mme du groupe.

    En Inde, d'aprs les propres statistiquesgouvernementales, 40% au moins des per-sonnes dplaces dans le cadre de projetsde dveloppement (dont les barragesgants) sont des peuples indignes, bienqu'ils ne reprsentent qu' peine 8% de lapopulation du pays.Aux Philippines, pra-

    tiquement tous les grands barrages sontconstruits ou planifis sur les terres depeuples indignes qui pourtant ne repr-sentent que 10 % de la population totale.

    Peuples invisibles,territoires non reconnus

    Dans de nombreux pays du monde,lesdonnes prcises sur les peuples indignesn'existent tout simplement pas, rendantdifficile la tche des p lanificateurs chargsd'effectuer une valuation satisfaisante del'impact d'un futur barrage. Le problmeest encore aggrav par la tendance end-mique des constructeurs de barrages

    franchement sous-estimer le nombre depersonnes qui seront affectes par leurprojet.Plus de 60% des dplacements depopulations approuvs par la Banquemondiale sont lis des projets de barrageet une tude de la Banque sur les projetsqu'elle a mens durant ces dix derniresannes montre que le nombre de per-sonnes rellement dplaces est de 47%plus lev que les estimations initiales.

    Les promoteurs et les constructeursde grands barrages ont de tout temps tincapables de percevoir le savoir-faire despeuples indignes vis--vis de leur envi-

    ronnement et combien ils en dpendentpour tout.Des terres considres commenon cultives par les autorits peuventtre enregistres comme sous-utilisesou, dans le cas de populations nomades,non occupes.(C'est le cas d'une grandepartie des pturages des tribus de la val-le de l'Omo,en Ethiopie, ou du barragede Bafing au Mali o les terres en jachredes villageois, indispensables leur syst-

    me agricole, n'ont pas t reconnues.)Si les territoires indignes, y compris

    les territoires de chasse et de cueillette, nesont pas dlimits et reconnus ds les pre-mires tapes d'un projet de barrage, lesauteurs du projet n'auront aucune idede l'tendue de leur destruction.

    Des ddommagements pour la pertede terre ou des moyens de subsistancesont souvent prvus mais ils sont unique-

    ment verss ceux qui possdent un titrelgal de proprit sur la terre en ques-

    tion.La plupart des peuples indignes n'yont pas droit, car de nombreux gouver-nements refusent de reconnatre leursdroits collectifs de proprit sur leur

    terres.Sur 300 familles du village tribal de

    Manibeli,inond par le barrage de SardarSarovar, seules 45 se sont vu offrir desddommagements et des forfaits de relo-calisation pour leurs pertes.

    Les autres familles qui n'avaient pas detitres de proprit,et qui pourtant avaient

    vcu dans cet endroit depuis des gnra-tions,n'y eurent pas droit.

    Lorsque des peuples indignesreoivent des ddommagements,ils sontsouvent fixs arbitrairement par des fonc-

    tionnaires trangers leur situation.Comme nombre de leaders indignesl'ont rpt,a ucun ddommagement nepourra compenser la perte de la terre.

    Pas de voix,pas deconsultation

    Bien que la plupart des promoteurs debarrages prtendent consulter les popu-lations affectes, ce processus est rare-ment adapt la situation des peuplesindignes.Les obstacles principaux,y com-pris la barrire linguistique ou bien la nonreconnaissance des besoins et des valeursspcifiques d'un groupe indigne ont ten-dance entraner une dmarche symbo-lique plutt qu'un vritable dialogue.

    Les consultations peuvent galementcommencer alors que le projet est djlanc et que de considrables finance-ments ont dj t engags dans le bar-rage. La construction du barrage Gibe IIItait dj en cours lorsque les p remirespopulations concernes par ce projet enont eu connaissance (voir l'encadr surles peuples de la valle de l'Omo, p. 8) etles Penan ont simplement t avertis qu'ils

    devraient se dplacer pour laisser placeau barrage de Murum (voir lencadr surles Penan, p.13).

    Les experts appliquent gnralementun schma inappropri dans lequel lesleaders sont supposs parler au nom de

    toute leur communaut (voir lencadrsur les Akawaio et les Arekuna,p. 7). Desmesures inadquates de consultation sontla porte ouverte la corruption, donnantla possibilit de soudoiement quelquesindividus-cls peu scrupuleux de dter-miner lavenir de communauts entires.

    Au Bangladesh, environ 100 000 Jumma

    ont perdu leur habitat et plus de la moitide leur meilleure terre cultivable dans largion des Chittagong Hill Tracts, causedu barrage hydrolectrique de Kaptai,financ par l'agence des Etats-Unis pour ledveloppement international (USAID).Dpourvus de terres et de maisons,40 000 Jumma ont t forcs de s'instal-ler en Inde,de l'autre ct de la frontire.

    Une fois le barrage termin,le gouverne-ment fit venir des centaines de milliers deBengalis sans terre et leur distribua lesmeilleures terres restantes.Ces nouveauxcolons, disposant darmes, sont appuyspar l'arme qui fait assaut de violencescontre les Jumma.La plupart des membresde la tribu qui ont t expulss par le bar-rage de Kaptai vivent encore en Inde,et ne

    sont reconnus par aucun des deux Etats.Ceux qui taient rests ou qui sont reve-nus sur leurs terres sont de nouveaumenacs par un second barrage pourlequel, selon certaines sources , leBangladesh a demand l'assistance desEtats-Unis.Aucune tentative n'a t faitepour informer ou consulter le peuple

    jumma sur ce projet.

    Les liens culturels la terreet leau

    Les liens troits qui unissent les peuplesindignes leur terre influencent la struc-

    ture et la cohsion de leurs socits, habi-tes par les esprits de leurs anctres. Pourla plupart d'entre eux,la terre leur appor-

    te tous les aspects physiques et spirituelsde la vie.

    Les peuples indignes qui sont dpos-sds de leur terre (que ce soit par expul-sion ou par sa destruction mme),

    succombent trs souvent l'alcoolismeet la dpression.La perte de leur terre,de leur mode de vie et de leurs moyensde subsistance,poussent certains d'entreeux au suicide devant la dsintgrationde leur socit.Le taux de suicide despeuples indignes dpossds de leur

    terre est frquemment plus lev que lamoyenne nationale.Au Canada, le tauxde suicide des Indiens est dix fois pluslev que celui du reste de la population(pour plus d'information ce sujet,lire lerapport : Le progrs peut tuer i n LesNouvelles de Survival, n66, janvier 2008).

    Pourquoi les peuples indignessont-ils les plus touchs?

    Les Enawene Nawe clbrant leykwa, leur rituel annuel li aux poissons quils pchent dans les affluents de la rivire Juruena Survival

    Le 'Programme de croissance acclre'(PAC) du gouvernement brsilien vise fairede l'Amazonie une source d'nergie majeu-re pour le pays et la rgion.Une partie de ceprogramme comprend la construction desbarrages Jirau et San Antonio sur la rivireMadeira, l'un des plus importants affluentsde l'Amazone. Le PAC ouvrira des finsindustrielles 4300 km de voies navigablespermettant le transport rapide du bois,dusoja et des minerais vers les ports del'Atlantique et du Pacifique.

    Plusieurs groupes d'Indiens isols vivent

    prs des sites retenus pour les barrages. Legouvernement n'a ni cartographi ni ratifileurs territoires.

    Les routes menant aux barrages vont faci-liter l'arrive massive d'trangers (et de leursmaladies) qui ouvriront d'autres routes travers les forts de ces tribus isoles pourcoloniser la rgion.L'accs de ces zonesforestires deviendra d'autant plus facilepour les braconniers qui dtruisent les res-sources vitales de ces Indiens isols.

    Le dpartement des affaires indignesbrsilien a runi des preuves attestant que lebruit de la construction des ouvrages a obli-g ces tribus isoles fuir loin de leurs terressitues proximit du chantier, pour s'en-

    foncer dans un territoire o des mineursoprent illgalement et o la malaria et l'h-patite sont trs rpandues.Ces tribus iso-les sont extrmement vulnrables auxmaladies dont sont porteurs les trangerset contre lesquelles ils ne sont,le plus sou-vent,pas immuniss.Les contacts peuventtre mortels; dans le pass, des groupesentiers ont ainsi t dcims.

    L'eau stagnante de ces retenues est unparfait lieu de reproduction pour les larvesde moustiques porteurs de malaria, ce quipeut entraner de vritables pidmies.

    D'autres groupes indiens ayant descontacts plus rguliers avec le monde ext-rieur seront galement affects par les bar-rages de la rivire Madeira. Ils n'ont pas tcorrectement consults sur ces ouvragesavant que ne commencent les travaux,alorsmme que le Brsil a ratifi la Convention169 de l'OIT qui garantit le droit des peuplesindignes tre dment consults sur detels projets.

    Domingos Parintintin,de la tribu desParintintin qui sera affecte par ces barrages,a dclar : 'Nous esprons que ce projet serastopp,car ce sont nos enfants qui vont en

    souffrir.Il n'y aura plus assez de poissons

    pcher,plus assez de gibier chasser'.

    Vous nous demandez si nous

    possdons la terre et vous vous

    moquez de nous en demandant

    'O est votre titre de proprit?'

    Quelle arrogance de prtendre

    possder la terre! Comment pou-

    vez-vous possder ce qui vous

    survivra?

    Macliing Dulag,leader indigne philippinassassin, le 24 avril 1980,pour avoir men la

    rsistance contre le barrage de Chico.

    Brsil

    Indiens isols - barrages Jirau et San Antonio

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    Parmi les populations lesplus marginalises et sous-reprsentes du monde,les peuples indignes sontceux qui ont le moins la

    possibilit de protester lorsque des projetsse passent mal ou que leurs droits sontignors et bafous.

    Les gouvernements de nombreux pays,y compris ceux de la majorit des paysafricains, ne considrent pas les peuplesindignes ou tribaux comme distincts.Sanscette reconnaissance et en corollaire, sansprotection juridique,il est plus facile pourles compagnies internationales deconstruction de barrages de contournerleurs droits et d'oprer sur leur terre en

    toute impunit.Mme dans les pays dont les lois pro-

    tgent les peuples indignes,comme c'estle cas dans plusieurs Etats d'Amrique du

    Sud, leurs droits sont souvent bafous(voir lencadr sur les peuples isols, p.11).

    Le corpus d'instruments internationauxgarantissant les droits de ces peuples par-del les lgislations nationales se renforce.Cependant la plupart des pays refusentencore de ratifier le seul texte internatio-nal consacr aux peuples indignes : laConvention 169 de l'OIT.

    Sous la pression constante des peuplesindignes et des organisations nongouvernementales, dont Survival,de nom-breuses institutions financires impor-

    tantes, telles que la Banque mondiale et

    la Banque africaine de dveloppement,

    ont labor leurs propres directives pourtraiter des questions relatives aux peuplesindignes. Il existe aussi des directives inter-nationales pour les compagnies prives,et le rapporteur spcial des Nations-Uniessur le monde des affaires et les droits del'homme a bien spcifi que le devoir de

    toute compagnie de respecter les droitsdes peuples indignes,existe indpen-damment du devoir qu'a tout gouverne-ment de garantir ces droits.

    L'laboration de normes et de direc- tives n'est qu'une partie du processus,garantir leur respect en est une autre.

    Nous ne pouvons plusarpenter nos forts la

    recherche de gibier Depuisdes annes,les lois et les

    politiques gouvernementalesont toujours prsent la

    Cordillera comme une zonede ressources pour les

    industries extractives,lesbarrages hydrolectriques etautres projets nergtiques.

    Nous nous opposons cesprogrammes et ces

    politiques,car c'est notreexistence mme qu'elles

    menacent.Alliance des peuples de la Cordillera,

    Philippines

    Les Enawene Nawe rigent leurs propres barrages pour capturer les poissons lorsque les eaux des rivires sont hautes Survival

    Droit et illgalit

    Recommandations

    Tout projet de barrage hydrolectriquesur les terres de peuples indignes devraittre suspendu tant quil naura pas obtenuleur consentement libre,pralable etinform.

    Aucun nouveau projet de barragehydrolectrique ne devrait tre entreprissil affecte les territoires de peuplesindignes moins,et jusqu' ce, que leursdroits collectifs de proprit foncire aientt reconnus,qu'ils aient dment tconsults de faon indpendante et qu'ilsaient librement donn leur consentement.

    Dans le cas des tribus isoles ou noncontactes,o la consultation n'est paspossible,il ne devrait pas y avoir de projetde construction de barrages hydrolec-triques sur leur territoire.

    Lorsque les projets hydrolectriquessont conus pour fournir l'nergie l'in-

    dustrie et aux projets agricoles grandechelle, les peuples indignes concernsdevraient tre pleinement consults etdevraient pouvoir donner leurconsentement libre,pralable et informau programme d'industrialisation avantque le projet de barrage hydrolectriquene soit approuv.

    Les compagnies et les investisseursfinanciers ne devraient s'impliquer dans unprojet de barrage hydrolectrique que s'ilssont convaincus que ce projet bnficiedu consensus pralable et unanime despeuples indignes sur qui il aura une inci-dence et que leurs droits fonciers aientt reconnus.

    Les barrages qui menacent

    Brsil

    Brsil

    Brsil

    Canada

    Ethiopie

    Guyana

    Malaisie

    Prou

    EnaweneNawe,

    Nambiquara,Erikbatsa,

    Pareci,Myky,Arara,Cinta

    Larga

    Com

    plexeshydrolec-

    triqu

    esdesriosJuruena

    etAripuan

    BarragedurioMadeira

    dontJirauetSan

    Ant

    nio

    Belo

    Monte

    BasChurchill

    GilgelGibeIII

    HautMazaruni

    Murumetautres

    Pakitzapangoetautres

    Epuisementdustockdepoissons,

    dgradationdelenvironnement,

    pollutiondeleau

    Banquenationalebrsilienne

    dedveloppement(BNDES),

    GroupeMaggi(Brsil)

    Banquenationalebrsilienne

    dedveloppement(BNDES),

    BanqueBanif(Portugal)viale

    Fondsdinvestissem

    entnerg-

    tiqueamazonien(FIP)

    Banquenationalebrsilienne

    dedveloppement(BNDES),

    (environ80%),Fondsde

    pensiondelEtat,in

    vestisseurs

    privs

    Gouvernementcanadien

    MaggiEnergia,Juruena

    Participaesetautres

    GDF-Suez(France),Voith

    Hydro(Allemagne),

    Odebrecht(Brsil),Andritz

    (Autriche)

    NorteEnergia(Brsil),

    consortiumde9compa-

    gniesdontChesfet

    QueirozGalvo

    NewfoundlandLabrador

    Hydro(Canada)

    CompagnieDongfang

    (Chine)SaliniCostruttori

    (Italie),HarscoCorporation

    (Etats-Unis)

    Sourcesnonconfirmes,bail-

    leurspotentiels:go

    uverne-

    mentitalien,Banquenationale

    chinoiseICBC,Banquemon-

    diale

    ProbablementElectrobrs

    (Brsil),AndradeGutierrez

    (Brsil),Rusal(Russie)

    Gouvernementmalaisien

    Pressentie:Banque

    nationale

    brsiliennededve

    loppement

    (BNDES)

    Dpossessionterritoriale,mala-

    dies,dsintgrationculturelle

    Dplacementsdepopulationpour

    faireplacelaretenuedubarrage,

    privationdeterres

    Dplacementsdepopulation,

    privationdeterres

    Privationdeterresetdescurit

    alimentaire

    Privationdeterresetdescurit

    alimentaire,maladies,dgradation

    delenvironnement

    Privationdeterres,maladies

    Lesngociationsontaboutila

    signatureparlesleadersinnudun

    accordenfaveurduprojet

    Churchillconditionqueleurs

    droitsdechasseetdeproprit

    territorialesoientrespects.Cet

    accorddoitprochainementtre

    votpartouslesmembresdela

    communaut

    CompagniedesTrois

    Gorges(Chine)Sarawak

    Energy(Malaisie)

    Eletrobrs(Brsil),

    Odebrecht(Brsil),

    PakitzapangoEnergiaSAC

    (Prou)

    Nonconfirm

    Indiensisols,Karitiana,

    Karipuna,Uru-eu-Wau-

    Wau,Katawixi

    Kayap,Arara,Juruna,

    Arawet,Xikrin,Asurini,

    Parakan,Indiensisols

    Innu

    Hamar,Dassenach,Karo,

    Kwegu,Mursi,Nyangatom,

    Bodi,Turkana

    Akawaio,Arekuna

    Penan

    Ashaninka

    PAYS

    PEUPLESAFFECTS

    BARRAGES

    PRINCIPALESMENACES

    FINANCEM

    ENT

    MATRESDUVRE

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    Les 8000 Dongria Kondh,une des tribus les plusvulnrables d'Inde, sontparvenus carter lamenace que reprsen-

    taient les intrts commerciaux du gou-vernement de lEtat dOdisha et deVedanta Resources, une des compagniesles plus puissantes sur la scne interna-

    tionale. Ils ont ainsi illustr le nom qu'ilsse donnent - Jharnia - protecteurs desabondantes rivires qui s'coulent sur leur

    terre vallonne.

    Quand j'ai rencontr la tribu pour lapremire fois,l'histoire tait bien diff-rente. Le projet d'une vaste mine cielouvert menaait de dtruire les forts,debriser les cours d'eau et d'annoncer la findes Dongria Kondh en tant que peupledistinct. Cela semblait inluctable. Les per-sonnes les plus proches des Dongria, qui

    habitent aux alentours et les soutiennentdepuis des annes, nous avaient confiqu'elles-mmes n'osaient pas esprer quela construction de la mine puisse relle-ment tre suspendue.

    Mais les Dongria taient dtermins.Un homme m'avait dit : Si vous tes lpour aider,c'est bien. Faites savoir qu'il faut

    nous aider, nous les Dongria Kondh, parce

    que nous ne pouvons pas quitter notre

    Niyamgiri! Transmettre la parole des peuples indi-

    gnes, depuis leurs terres jusqu'au restedu monde, fait partie des missions de

    Survival International.C'est pourquoi j'aipromis qu'une fois de retour en Europe,nous raconterions l'histoire des Dongria

    tous ceux qui nous couteraient.

    Une lutte mconnueLorsque Survival a lanc cette cam-

    pagne, la compagnie Vedanta Resourcestait pratiquement inconnue en Europe,en dehors des cercles financiers. LesDongria Kondh taient galement large-ment mconnus. Nos premires tenta-

    tives pour porter leur message semblaient

    voues l'chec. Pour la plupart des inves-tisseurs de l'entreprise Vedanta le risquefinancier semblait faible et la tragdiehumaine lointaine.Ou pire, sans impor-

    tance.Les risques encourus par les Dongria

    taient si graves que nous dcidions dedposer une plainte officielle au gouver-nement britannique selon les principesdirecteurs de l'OCDE l'intention desentreprises multinationales.Anil Agarwal, lemilliardaire indien propritaire de Vedanta,avait cot son entreprise de portage sala-rial la bourse de Londres dans le but deprofiter des opportunits financires qui luitaient ainsi offertes,mais il semblait refu-ser de se soumettre aux rgles qui allaientavec.

    Vedanta, pour sa part, rejeta la dcisiondu gouvernement britannique et luiconseilla vivement d'abandonner la ques-

    tion.Tout au long des dmarches qui se

    sont tendues sur une anne entire,Vedanta refusa systmatiquement de ren-contrer les reprsentants de Survival etdu gouvernement britannique.

    Cependant, certains actionnaires deVedanta prenaient beaucoup plus ausrieux la dcision du gouvernement bri-

    tannique.Aprs avoir rencontr plusieursfois Survival, visit la raffinerie de Vedantaet dialogu avec les Dongria,l'Eglised'Angleterre a vendu la totalit de sesparts dans Vedanta. D'autres firent demme, et dsormais plus de 100 millionsde dollars de parts de Vedanta ont tvendues par des actionnaires du monde

    entier pour protester contre le non res-pect des droits de l'homme et le mprisdes questions environnementales.

    Plus rcemment,Aviva Investments, unedes compagnies d'assurances les plusimportantes au monde,s'indigna de l'at-

    titude de Vedanta et vota le remplace-ment d'un des directeurs de l'entreprise.Aviva dclare avoir agi ainsi en ractionau mpris affich par Vedanta envers ladcision du gouvernement britanniquedicte par la plainte de Survival.

    Etat de sigePendant ce temps l,les Dongria Kondh

    taient en tat de sige. Une arme devoyous encerclait les collines de Niyamgiri,interdisant toute personne d'entrer en

    contact avec les Dongria. Ils espraientainsi empcher que le message desDongria soit entendu par ceux qui avaientle pouvoir de mettre un terme laconstruction de la mine.

    Lors de ma dernire visite auprs desDongria pour informer la tribu de l'tatd'avancement de notre travail, des gangsde jeunes hommes violents nous barraientla route chaque point d'accs.Un grou-pe en particulier, arm et agressif,jeta despierres sous notre vhicule et rpanditdes troncs d'arbres sur la route, nousmenaant et nous ordonnant de quitter lesecteur.

    Lorsque nous tions enfin parvenus nous frayer un chemin malgr l'tat desige, nous avons retrouv les Dongriaplus dtermins que jamais.Un ancien medit : Vedanta veut prendre notre bauxitemais nous ne les laisserons pas l'extraire de

    notre Niyam Dongar. Nous sommes tous

    ensemble, vous et moi.C'est ainsi que noussommes forts. Mais si l'un de nous tombe,

    nous tomberons tous. Vous avez la parole.

    Vous pouvez transmettre notre message au

    monde,nous ne pouvons pas accomplir cela

    sans votre aide .

    Porter la paroleA travers le filmMine : histoire d'une

    montagne sacre, une co-production deSurvival et des Dongria Kondh, plus de650 000 personnes ont entendu leur mes-sage. L'actrice d'origine indienne JoannaLumley a prt sa voix la narration dufilm.

    Survival a propos ses sympathisantsde rdiger des lettres de soutien auxDongria, et pas moins de 10 000 per-sonnes ont rpondu cet appel. La pti-

    tion d'Amnesty International pour mettreun terme la mine a reu plus de 30 000signatures.Selon une source du ministrede l'Environnement, Jairam Ramesh auraitreu un dluge de lettres proposdes Dongria Kondh.

    A Westminster, les membres duParlement britannique se sont mobiliss etont pos des questions au sujet desDongria Kondh, et le haut commissairebritannique aux affaires indiennes s'estentretenu avec Vedanta pour lui fairepart de ses proccupations .

    AvatarA travers le magazine emblmatique

    Variety, Survival a lanc au cours de l'anneun appel public au soutien de JamesCameron, ralisateur du film hollywoo-dien succsAvatar. Des centaines depersonnes voyaient une analogie entre lemonde rel illustr par la lutte des Dongriaet la fiction de Cameron,comprenant peuttre pour la premire fois ce qui tait en

    jeu sur la terre de Niyamgiri.Les mdias du monde entier se sont

    tourns vers les Dongria Kondh,devenusdes figures d'exemple pour les peuplesqui luttent contre l'apptit insatiable desmultinationales.Le rle de Survival est defavoriser la prise de conscience du fait queces conflits, dpeints avec beaucoup deralisme dans le filmAvatar, se droulentgalement dans la ralit,de nos jours etsur notre plante.

    De plus en plus desympathisantsIl y a quelques temps,lacteur Michael

    Palin, avait rendu visite aux Dongria Kondhde sa propre initiative. Le conflit oppo-sant les Dongria Vedanta devenant unsujet d'actualit, il souhaita les soutenir.Lorsque nous lui avons annonc la victoi-re des Dongria,il fut ravi de cette gran-de victoire pour les petits peuples .

    Joanna Lumley, qui a soutenu lesDongria ds l'instant o nous lui avonsdemand de participer au filmMine, aexprim sa profonde satisfaction au regardde la dcision du ministre Jairam Ramesh.

    Le respect qu'il a montr envers la loi,tempr par de la compassion pour ceux

    qui considrent leur environnement comme

    sacr,rjouira les curs de tous ceux qui se

    sentent concerns par la dtresse des com-

    munauts vulnrables de par le monde. nous a-t-elle confi.

    Survival a men sa campagne pourrendre publique la situation proccupan-

    te des Dongria dans six langues diffrenteset auprs d'une myriade de pays.Grce la comparaison tablie entre les Dongriaet le filmAvataret avec l'aide de sympa-

    thisants clbres,les mots DongriaKondh ont t entendus de l'Australie l'Autriche, et de l'Afrique du Sud l'Amrique du Sud.

    Une victoire pour lespeuples indignes

    Il ne s'agit pas seulement de la victoiredes Dongria.C'est une victoire pour tousles peuples autochtones dont les droitssont spolis et anantis par les rouagesd'un modle de progrs dans lequelquelques actionnaires lointains s'enrichis-sent aux dpens de peuples locaux vul-nrables et au dtriment des terresancestrales dont ces peuples prennentsoin depuis des sicles.

    C'est une victoire pour l'Inde. Lespressions exerces par Vedanta sur le gou-vernement - et en par ticulier sur le gou-vernement dOdisha - ont t dmontreset condamnes.Mais l'Inde a choisi defaire passer les droits et le bien-tre deses citoyens avant les intrts des grandesmultinationales : les Dongria avant Vedanta,David avant Goliath.

    Et dans l'idal, il devrait bien entendu

    toujours en tre ainsi.Mais les chances derussite sont souvent cruellement dfa-vorables aux peuples indignes, qui seretrouvent engags dans des conflits apriori sans fin et sans victoire possible.A

    travers laction de Survival j'ai pu consta-ter ces luttes,mais j'ai aussi pu voir Davidrenverser Goliath.L'histoire des Dongrianous montre que ces victoires sont enralit possibles.

    Au tlphone,un Dongria ma confi :Je suis tellement heureux qu'il n'existe pasde mots pour exprimer la joie que je res-

    sens.Tous les Dongria se rjouissent.

    David contre Goliath

    Jo Woodman, charge decampagne au sige de Survival,

    revient sur la stupfiante victoireremporte en aot dernier

    par les Dongria Kondh, sur ungant minier.

    Les Dongria Kondh ont rig des barrages surles routes pour manifester contre le projet

    minier de Vedanta. Survival

    Jo Woodman

  • 8/7/2019 Nouvelles 76-77 : Inquitants barrages

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    1918

    Anne Chapman Un chamane New York

    Anne Chapman,ethno-logue amricaniste, estmorte,samedi 12 juin,l'ge de 88 ans.Elle taitrentre d'Argentine dix

    jours avant son dcs pour subir une inter-

    vention chirurgicale l'hpital de Massy-Palaiseau.Elle n'y a pas survcu.

    Anne Chapman est ne,en 1922, deparents cultivs et a vcu une ou deuxannes de son enfance en France.Elle yest revenue avec la nationalit franaise,aprs avoir pous, en 1960,un collgueamricaniste avec qui elle vivra quelquesannes.Elle n'avait plus de famille proche,sa sur et son frre tant aims tantmorts sans enfants quelques annes avantelle. Elle vivait pour son mtier, pour sesides, pour ses amis. Dmocrate au sensamricain du terme, athe, farouche dfen-seur de la lacit et des liberts rpubli-

    caines au sens franais du terme,elle mili-tait pour la dfense des droits des peuplesautochtones.

    Anne Chapman a fait ses tudes lEcole nationale danthropologie deMexico, puis luniversit Columbia New York, et a soutenu,en 1981, un doc-

    torat sur travaux luniversit Paris-V.Ses travaux ethnologiques lont mene

    au Honduras partir de 1955 et en Terrede Feu partir de 1964, dans le cadre dela Mission archologique franaise au Chili

    austral, sous la direction dAnnette Laming-Emperaire. Elle est clbre pour avoirenregistr tout le savoir et les chants rituelsque connaissait la dernire Indienne onade Terre de Feu, Lola Kiepja, qui connutla vie avant les violences prdatrices occi-dentales. Lola figure en jeune femme surles photographies rapportes, au dbutdu XXe sicle, par le missionnaire alle-mand Martin Gusinde.

    Aprs la mort de Lola, en 1966,AnneChapman a consacr des annes trans-crire, traduire et analyser ces documentsavec laide des trois ou quatre femmesmtisses qui navaient pas connu la viedavant la colonisation mais connaissaientencore la langue, et qui ont maintenantdisparu elles aussi.

    Elle fit carrire en France au CNRS,rat-tache successivement au laboratoire dan-thropologie sociale sous la direction deClaude Lvi-Strauss,qui estimait grande-

    ment son travail, puis au dpartementdethnologie de Paris X-Nanterre. Elvefidle,ds 1957, de Karl Polyani, elle eut leplaisir,ces dernires annes,de participer des runions savantes qui redcouvraientluvre de ce grand penseur en cono-mie.

    Obstination et engagementSon dernier ouvrage, en anglais,qui lui

    prit dix ans de sa vie, vient de paratre.European Encounters with the Yamana

    People of Cape Horn, Before and After

    Darwin (Cambridge University Press) estconsacr aux voyages maritimes depuis

    lAngleterre vers la Terre de Feu, et parti-culirement aux mmorables voyages quefit Darwin et aux comptes rendus quil enlaissa.Elle est aussi lauteur de films docu-mentaires rputs sur lhistoire desSelknam (Ona) et des Yahghan. Aunombre de ses autres livres : Drama andPower in a Hunting Society(1982); Quand leSoleil voulait tuer la Lune (Mtaili, 1982).

    Anne Chapman tait trs reconnue etadmire dans les pays dAmrique latine,principalement en Argentine,o elle pas-

    sait six mois de lanne sur la fin de sa vie.En France,elle se tenait un peu lcart, enraison dune langue et dusages quelle nematrisait pas totalement.

    Elle lanait parfois des propositionsfortes et originales qui ne trouvaient pasforcment dcho,comme ce projet pourlinauguration du Muse du quai Branlydune exposition dimmenses photogra-phies de Gusinde sur le rituel initiatique duhain, reprsentant des hommes nus etpeints de Terre de Feu, exposition quiaurait t accompagne dun ballet quel-le avait imagin.

    Elle a vcu, travaill et publi entre troislangues et plusieurs pays.Elle tait sanscesse et jusquau bout en transhumance.Chez les Jicaques de la Montaa de la Florau Honduras,son premier terrain,ell e avaitrencontr une population marque parses rites de mort,endogame et entrete-nant par cette endogamie une surdit

    congnitale.Chez les Indiens de Terre deFeu (Ona,Yahghan,Ala kaluf), elle avait tou-ch du doigt les effets mortels, au senspropre,du colonialisme,et na eu de cessede vouloir rendre compte de leur culture,disparue avec eux.Elle aimai t par-dessus

    tout le travail de terrain et les ides poli-tiques.Pour lun comme pour les autres,elle tait obstine, intransigeante, sanscompromissions.Cest cette image-l quenous garderons delle, et celle de sonincroyable nergie vitale et de sa beaut.

    *Professeu r honoraire au Collge de France.

    Anne Chapman,disparue le 12juin dernier lge de 88 ans,tait membre fondatrice deSurvival International (France).

    Nous publions ici lhommage quelui a rendu Franoise Hritierdans Le Monde du 30 juin 2010.

    Franoise Hritier* Davi Kopenawa

    Anne Chapman devant le portrait de Lola. DR

    Je savais maintenant combien de telsvoyages sont dangereux pour les cha-mans.Pourtant, aprs quelques lunes, la fin de la saison sche,des Blancs amismont de nouveau appel trs loin de la

    fort.Tous les miens taient en train de mourir de malaria et,l onous vivons,la plupar t des Blancs demeuraient sourds mes plaintes.Cest pourquoi jai encore une fois accept de quitter ma maisonpour aller parler aux grands hommes dune autre ville,bien plus grande que toutes celles que javais connuesjusqu prsent. Ses habitants la nomment New York.Jevoulais obtenir leur appui pour quils convainquent legouvernement de notre terre du Brsil dempcherlesgarimpeiros [chercheurs dor] de saccager notrefort et danantir tous ses habitants. Lorsque je suisarriv New York, jai t surpris car cette ville res-semble un groupe de montagnes de pierre o lesBlancs vivent empils les uns au-dessus des autres! Etpuis, leur pied, des multitudes de gens se dplaaienttrs vite, dans tous les sens, aussi nombreux que desfourmis! Alors je me suis dit que ces Blancs avaient d difier leurs

    maisons comme des pics rocheux aprs avoir dfrich toutes leursforts et stre mis, pour la premire fois, fabriquer des marchan-dises en trs grande quantit. Ils ont sans doute pens : Noussommes nombreux,nous savons guerroyer avec vaillance et nousavons beaucoup de machines! Construisons des maisons gantespour les emplir de marchandises que tous les autres peuples convoi-teront!

    Pourtant, si au centre de cette ville les maisons sont hautes etbelles, sur ses bords, elles sont en ruine. Les gens qui vivent dansces endroits nont pas de nourriture et leurs vtements sont sales etdchirs.Quand je me suis promen parmi eux, ils mont regard avecdes yeux tristes.Cela ma fait peine. Ces Blancs qui ont cr les mar-chandises pensent quils sont ingnieux et valeureux. Pourtant, ilssont avares et ne prennent aucun soin de ceux qui,parmi eux, sontdpourvus de tout. Comment peuvent-ils penser tre de grands

    hommes et se trouver aussi intelligents? Ils ne veulent rien savoirde ces gens misrables qui font pourtant partie des leurs. Ils lesrejettent et les laissent souffrir seuls.Ils ne les regardent mme paset se contentent,de loin, de leur attribuer le nom de pauvres. Ilsleur enlvent mme leurs mauvaises maisons effondres.Ils les obli-gent rester dehors, sous la pluie, avec leurs enfants. Ils doivent sedire : Ils habitent notre terre, mais ce sont dautres gens.Quilsvivent loin de nous, en ramassant leur nourriture par terre,commedes chiens! Quant nous, nous ferons crotre nos biens et nosarmes,tout seuls! Cela ma effray de voir une chose pareille! [...]

    Dans cette ville, ce nest pas vraiment la hauteur des immeublesqui ma le plus effray.Ce sont dautres choses, qui se sont rv-

    les durant mes rves.Ainsi, une nuit,jai vu le ciel sincendier sous lachaleur de la fume des usines.Les tonnerres,les tres des clairs etles spectres des humains taient pris dans des flammes immenses.Puis, la vote cleste commena seffondrer avec fracas sur laterre. Cela,oui, ctait vraiment terrifiant! L o vivent les Blancs,leciel est bas et ils cuisent sans relche de grandes quantits de mine-rais et de ptrole. Les fumes de leurs fabriques ne cessent jamais deslever vers sa poitrine.Cela le rend sec et poudreux, aussi inflam-mable que de lessence.Racorni par la chaleur,il devient fragile et se

    dchire en lambeaux comme un vieux vtement.Toutcela inquite beaucoup les xapiri [esprits].Dans monrve, ils tentaient de gurir ce ciel malade en faisanttourner la clef de la pluie pour repousser la fureur dubrasier qui le dvorait. Ils criaient avec exaltation, endversant des torrents deau sur les flammes: Si vousdtruisez le ciel,vous mourrez tous avec lui! Mais lesBlancs restaient sourds leurs appels. Et moi, je naiparl de ce rve personne car jtais loin de ma mai-son et des miens. Cest ainsi.Si les esprits ne continuentpas inonder le ciel,il finira par se consumer entire-ment. [...]

    Une autre fois New York, jai t surpris durant la nuit par les cra-

    quements et les grondements sourds du ciel qui sest mis bougerlourdement au-dessus de la ville. Alors,je me suis rveill en sursautet je me suis lev. Je suis rest immobile, debout,en me retenant decrier de terreur.De nouveau,je me suis dit : Hou! Cest une autreterre, je ne dois pas me laisser emporter par la peur,sinon les Blancsvont croire que jai perdu lesprit! Jai essay peu peu de reprendremon calme. Puis le bruit du ciel a cess mais jai commenc entendre la voix de son image que les chamans nomment Hutukari.Elle me disait :Ma! Ce nest rien! Jai fait cela pour prouver ta vigi-lance! Il marrive den faire autant pour que les Blancs mentendent,mais cest en vain! Seuls les habitants de la fort gardent les oreillesouvertes car ils savent devenir esprits avec laykoana [poudre hal-lucinogne].Celles des Blancs demeurent closes.Jai beau tenter deles effrayer pour les prvenir, ils demeurent aussi sourds que destroncs darbres! Plon,2010

    Davi Kopenawa, chamane et porte paroledes Indiens yanomami du Brsil, et Bruce

    Albert, co-fondateur de la section franaisede Survival, publient La chute du ciel. Paroles

    dun chaman yanomami collection TerreHumaine (Plon,820 p. 28 ). Dans le rcitqui suit, extrait du chapitre Dans la ville,

    Davi livre ses impressions sur New York o ilse rend en 1988 pour recevoir le Global 500

    Award des Nation-Unies pour sa contribu-tion la dfense de lenvironnement.

  • 8/7/2019 Nouvelles 76-77 : Inquitants barrages

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    La chute du ciel. Paroles dunchaman yanomami de DaviKopenawa et Bruce Albert, Plon, coll.Terre Humaine, 2010, 828p., 28 .Ce livre a t crit partir desparoles de Davi Kopenawa, chamane

    et leader des Indiens yanomami duBrsil, recueillies dans sa langue parBruce Albert, ethnologue, auquel lelie une amiti de plus de trente ans.Davi Kopenawa retrace sa vocationde chaman depuis lenfance et rvleune mtaphysique sculaire base surlusage de puissants hallucinognes. Ilrelate, travers son histoire person-nelle souvent dramatique, lavancedvastatrice des Blancs dans la fortet ses voyages ltranger pour

    dfendre son peuple. Ce tmoignageexceptionnel est la fois le rcitdune vie hors du commun, unvibrant manifeste chamanique et uncri dalarme face la crise cologiquemondiale vue depuis le cur delAmazonie. (Extrait de la 4e de cou-verture)

    Les Yanomami du BrsilGographie dun territoireamrindien, de Franois-Michel LeTourneau, Ed. Belin, Coll.

    Mappemonde, 512 p., 32 .Cet ouvrage, qui parat en mme

    temps que le livre de Davi Kopenawaet Bruce Albert dcrit la configura-

    tion spatiale actuelle des Indiensyanomami, un peuple qui se dfinitaujourdhui de manire autonome

    tant par rapport aux civilisations quilentourent que par rapport sonpass.

    Aprs Lvi-Strauss. Pour une

    anthropologie taille humainede Alban Bensa,Textuel, Coll.Conversations pour demain, 2010,128 p. 12 Dans cet entretien avec BertrandRichard,Alban Bensa, administrateurde Survival International (France),constate que la puissance intellectuel-le et lautorit acadmique de ClaudeLvi-Strauss ont occult une autreanthropologie, davantage applique comprendre la ralit des comporte-ments humains, leurs stratgies, leursfragilits, leur tnacit, leur rage aussi.Il y prne le retour une anthropo-logie taille humaine, soucieuse de

    comprendre lautre et non de lti-queter.

    Amnesty International -Rapport 2010, EFAI, 2010, 403 p. Lasituation des droits humains dans le

    monde.

    Indigenous Affairs 3-4/09, IWGIA,Copenhague.Pastoralisme.

    Recherches Amrindiennes auQubec, vol XXXIX, n1-2, 2009,Montral, Qubec, 34$ canadiens.Droits et identits en mouvement.

    Overcoming Indigenous disad-vantage Key Indicators 2009.

    Sterring Committee for the Reviewof Government Service Provision,Productivitu Commission, Canberra,Australie. Rapport officiel sur la situa-

    tion des Aborignes.

    Update, n 91, mai-juin 2010, Docip,Genve. Mcanisme dexperts desNations-Unies sur les droits depeuples autochtones, 2e session.

    Courrier de la plante n 92, jan-mars 2010, 10. Sortie de crise.

    Loption verte.

    Unis contre le racisme : dignitet justice pour tous, Confrencedexamen de Durban. Documentfinal, Haut-Commissariat aux droitsde lhomme, Nations Unies, Genveet New York, 2010.

    Campos. Revista deAntropologia Social, N9/2, 2008,Universidade do Paran, Brsil. A lire,

    linterview de Terence Turner, anthro-pologue nord-amricain :Uneanthropologie engage.

    El Chaco sin bosques : laPampa o el desierto del futuro,

    Jorge H. Morello & Andrea F.Rodriguez, eds., Orientacin GrficaEditores, Buenos Aires, 402 p., 2009.Dans cet ouvrage collectif qui traitede la transformation de lusage dessols due la modernisation desstructures de production dans leChaco paraguayen, sont runis lesanalyses dauteurs de disciplines diff-rentes.