Notes du mont Royal

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UVRE’SIOMPLETÎËS

HOMÈRE,4D UCTION NOUVELLE.

-T 0 M E Il.

Il:

LIADE,iADUCTIONU v E L L. E,

ÉDIÉE AU ROI,

Notes Géographiques , H Monique:

tales , donfla Partie qui rapprocheapIu’e ancienne des noms modernes ,’

rige’e par M. MENTBLLB, Hi a-te de Monfeigneur le Comte d’Artois.’

a point un fuie: d’incidents trop chargé -,a! courroux d’AchiIle , avec art ménagé,

dit abondamment une Iliade entière -,:nt trop d’abondance appauvrit la matière.

B o I L z A v.I:--G I N, Colzjèiller au Grand-Confiik

0 M E S E C 0 N D.

à.A PARIS;

LV 1 s n n , Libraire , rue St. Jean-deiis , vis-à-vîs les Écoles de Médecine;

mgM. DCC. LXXXI V.Pl’robaa’m, Ü Plivile’ge du Rai.

756572-A.’ L

35à. me "mireras 5,9 «à

. j Ææâiili il; ’ kéfié?» u

j l 131 5mw; xknwx ,9L’ILIADE,

TRÀD UCTION NOUVELLE.

-:Ël’è& j. aCHANT SEPTIÈME.e Mü’C o M’BAT fingulier entre Ajax 6’ le -

divin Hec’îor.

AYANT ainfi parlé , le grand Heâor

fort des portes de la ville; Pâris, fan ,frère , efi: à les Côtés; une ardeur mar-

tiale vit dans leurs ames, ils brûlentl’un 8: l’autre du defir impatient de

combattre. ’ ’Tel qu’un vent favorable qui s’élève

fur la plaine liquide , foulage les mare-ors épuife’s par le travail des raines; tel

efi pour les Troyens l’arrivée de Pârish ô; d’Heébor , après lefquels ils [onguent

Tome Il A

2. L’ I L r A 1) a ,depuis long-trams. Mneflée tombe fous

les coups de Paris , Mnefiée , habitantd’Arna (a) , qui n’a d’autre arme qu’une

énorme mafl’ue,fils du Roi Areithous

Gade la belle Philomédufe; Heâot at-teiiit Etionnée au femme: de l’échine ,

au défaut du calque . le perce de [on ja-vela: , l’étend fur la poufiière 5 le javelot

I de Glaucus , fils d’Hipplochus , le chef

des Lyciens , pénètre, après un rude Icombat , dans l’épaule droite d’Iphinoüs ,

au moment auquel ce héros s’élance fut

Ion charpour hâter fa faire 5 il tombe,fa vie (exhale dans les airs. A la vue desGrecs qui pétillent dans ce carnage af-freux, Minerve le précipite de la cimede l’Olympe fur les champs Troyens.Du fourme: de la tout de Pergame , Apol-lon qui defire la viétoire des Troyens ,7voit la Déellè de la fagell’e voler au fe-

cours des enfans de la Grèce; il s’em-

ptelre de la prévenir. Le Dieu 8: la pDéclic le rencontrent près du chêneconfacré à Jupiter.

x

CHANT urubus. 5sa Fille du Dieu qui lance le tonnerre,

sa lui dit Apollon , fans doute de grandsn delÎeins te déterminent à defcendress de l’Olympe avec cette précipitation;

a: viens-tu fixer en faveur des Grecs lan viétoire jufqu’ici incertaine 5 car le

ss malheur des Troyens qui pétillentn dans ces affreux combats , ne touchea) pas ton cœur. Suis mes confeils , prends

ss un parti plus utile à tes projets. Suf-a. pendons aujourd’hui cescombats meur-

s: triers; bientôt ils le renouvelleront ,sa jufqu’au jour marqué par le Deflin

n pour la chûte d’lllium (12) 3 puifque

. o) vous avez conjuré, impitoyables lm:a! mortelles! la ruine de cette Cité paill-

a faute si. , .:sa O Apollon! quilances au loin tesa! flèches invincibles, lui répondit Mie

n nerve, la DéelTe aux yeux bleus; jess confcns àtes defirs. J e fuis defcenduess dans ce dell’ein du fommet de 1’0-

ss lympe aux campagnes de Troye; con-n fultons entre nous , fur les moyens

A a

a If I L 1 .4 D z 3a: de l’épater ces Guerriers acharnés au

sa combat .«.

:3) Enflammons le courage du vail-ss lant Heétor , répondit Apollon; qu’il

sa propofe un combat fingulier entre luisa ée l’un des chefs de l’armée des Grecs.

se Les valeureux enfans de la Grèce n’o-

v n feront le refiler; ils choifiront l’un. sa d’entr’eux pour mefurer fes forces

ss contre le divin Heétor n.

l Il dit ; la Déclic aux yeux bleus ;Minerve , applaudit. Hélénus , fils de

Priam, ne tarde pas a être infiruit dela volonté des Immortels; s’approchan

d’Heétor: ’ss Fils de Priam , ô Heélror! lui dit-il ,

a: toi dont les confeilségalent en fageffesa ceux du maître des Dieux, prête une

sa oreille attentive aux avis (alunites de.sa ton frère. Sépare les deux armées,

s» provoque a un combat fingulier celui. srdes enfans de la Grèce qui ofera me-

» furet les forces contre toi; car le joura de ton trépas n’elt point arrivé; ainfi

CHANT SEPTIÈME. saaa je l’appris de la bouche même des

aa Immortels u. ’ gIl dit; la grande ame d’Heétor efl

réjouie; il s’avance entre les deux ar-.mées , étend l’on javelot , contient les

Phalanges Troyennes; elles s’arrêtent.De fou côté,Agamemnon modère l’im-

patience des valeureux enfans de laGrèce. Sous la forme de deux vautours ,

’Minerve de le Dieu à l’arc d’argent , le

pofent fur un chêne confacré au Dieuqui porte l’Egide , pour être fpeétateurs

du combat. Les bandes nombreufes desGrecs 8c des Troyens s’agrouppent dans

la plaine; leurs boucliers , leurs cafques ,leurs javelots élevés , impriment la tet-

reur; femblables aux flots amoncelés parl’impétueux vent (l’oued, qui [e précipi-

tant avec rapidité noircit les ondes de Ila mer bruyante , dont l’afpeét imprime

l’horreur; telles les bandes ferrées des

Grecs à: des Troyens , couvrent laplaine de l’airain de leurs armures.Hector s’avance entre les deux armées z

A5

6 A L’ I L r A 1a t,aa Troyens , dit-il , 8c vous généreux

sa enfans de la Grèce , écoutez ce quesa me fuggère l’intrépide courage qui

sa vit au fond de mon ame. Le fils desa Saturne n’a point ratifié notre traité;

sa il n’a pas agréé nos fermeras. Irrité

sa contre les deux armées, il nous ac-sa cable de maux jufqu’â ce que voussa vous foyez rendus maîtres de la puif-

sa faute ville de Troye, ô enfants de lasa Grèce! ou que vous fuccombiez vain-

I sa cus , repoulÎéS , afiiégés jufque dans

- sa vos vailreaux. Il cil parmi vous des 1 ’sa hommes courageux; aucun n’ofe-t-ilsa mefurer les forces contre moi?’qu’il

sa paroiŒe. Telles feront les .loix dusa combat; que Jupiter foit garant desa leur exécution. Si ce Grec me percea: de Ton javelot, il s’emparent de mes

sa armes, les emp0rtera dans vos vaif-sa feaux; mais il abandonnera mon corpssa à mes concitoyens. Les Troyens ,

’ sa leurs chafles’e’poufes , le placeront fur

sa le bûcher. Si je donne la mort à ce

CHANT SEPTIÈME. .7sa Héros , fi Apollon m’accotde la’vic-

sa toire , enlevant Ion armure , je l’em-.n porterai dans la fainte Cité d’lllion;

a: je la fufpendrai aux voûtes du tem-aa ple d’Ap0110n, qui lance au loin fes .sa flèches invincibles; mais je laifl’erai

sa aux Grecs la dépouille mortelle desa ce Héros; les valeureux enfans desa la Grèce lui feront de fuperbes ob-aa sèques , lui élèveront un pompeux

sa monument fur les rives du valie Hé-sa lefpont; ceux qui dans les fiècles fu-

sa ruts fendront le feinde cette mera: avec des vailïeaux légers , diront: Ici

sa eji le tombeau d’un Héros qui ofiz au-

» [refais combattre le grand Heéior, ê

sa tomba flansfis coups ; tels feront leurssa difcours , 86 ma gloire s’étendra dans

sa les fiècles à venir a.

Il dit; tous gardent le filence , l’amepercée d’une douleur profonde , n’ofant

refufer ni accepter ce périlleux défi;Ménélas fe leve enfin; adrelÎe à l’ar-

mée ces reproches amers :- sA4

à: 1’ I z 1 A D a,sa Lâches , leur dit-il, femmes ti-

sa mides, qui vous bornez à de vainas nes menaces! quelle tache feroitsa imprimée fur la Nation des Grecs,sa s’il ne fe trouvoit. aucun guerriersa qui osât combattre Heéior! Amos

sa infenfibles à la gloire, demeurez ensa paix, ferrez les rangs , gardez dea: quitter la place que vous occupés.n Que la terre s’ent’rouvre fous vossa pas , que votre nom s’écoule comme

sa l’onde (c) l feul je m’armerai con.

sa tre Heétor; les Dieux habitans desa l’Olympe difpoferont de la viétoire sa.

Il dit, 8c revêt fa brillante armure.Heétor eût tranché le fil de tes jours,ô Ménélas! fi les Chefs de l’armée

des Grecs, fe levant avec précipita-tion, ne le fuirent oppofés a l’exécu-

tion de ce périlleux projet; car le filsde Priam l’emportait de beaucoupfut toi , 8c par fa légèreté de l’a force.

Ton frette, le Roi Agamemnon, (et:tète.

CHANT szirTIÈME. ,a Infenfe’! où t’emporte l’excès de

a» ta témérité ! contiens les mouvemens I

u impétueux de ton courage; n’entre-

» prends pas de combattre, avec desa: forces fi inégales , le vaillant Heâor,

a: fils de Priam , la- terreur de nosn guerriers. Achille lui-même , Achil-n le à qui tu n’oferois te comparer,a craindroit de le mefurer contre ce

l a: Héros. Contiens ton ardeur 5 rentreu dans les rangs, prends place parmia: tes compagnons; les enfans de laa: Grèce oppoferont à Hector un Ad-.» verfaire plus redoutable; quelqu’in-sa trépide qu’il fait , quoi qu’infariablc

a de combats , je inenfe qu’après. cettesa joûte terrible, [es genoux fléchiront,n s’il échappe au trépas a.

Il dit ;. Ménélas cède aux [ages con-

feils de (on frere; fes écuyers fe hâ-tent de détacher l’armure qui le cou-

ne; Neflor fe leve; adrelrant la par:sole aux. Grecs :

As

Je L’ILIADE,u O mes amis , leur dit-il , une dou-

sa leur profonde afflige la Patrie (d).n Combien gémiroit le magnanimeu Pelée,ce vieillard refpeéltable , fi cher

a aux,Thell’alieiis , autant par la fageITe

n de les confeils que parla force de fou.3! éloquence. Il m’interrogeoit dans fon

n palais , le plaifoit à m’entendre rap-

» peller à fou efprit l’illullre originen des Héros de la Grèce, lui faire l’é-

n numération de leur nombreufe poï-n térité. Avec quelle douleur il élè-

.9: veroit au ciel les mains affoiblies parn les ans 8c par les travaux; avec quel-n les vives infinnces il demanderoit auxu Immortels de féparer fou ame den fon corps , de le précipiter dans lesu (ombres demeures , s’il apprenoitsa qu’il n’efl aucun de ces Héros qui

n ne tremble au (cul nom d’Heétor!a) Plût à Jupiter , à Minerve, à Apol-

a! Ion , que mes membres enlient la vi-n gueur de la jeunelTe, que je faire tel

(sa

-;x

CHANT SEPTIÈME. unaa qu’autrefois quand les Piliens Com-

aa battirent les braves Arcadiens, fousu les rives du rapide Céladon , fous les

a: murs de Pheès ( e ) , près du Jar-aa danus. Eurythalion, égal aux Dieux ,

aa commandoit les troupes ennemies.aa Il portoit fur l’on épaule l’arme ter;

a: rible de Roi Areithous, du granda) Areithous , redouté de tous les mor-aa tels , à caufe de l’énorme maffuea, dont il étoit armé; car ce héros dé-

a daignoit a: les flèches 8c les longsaa javelots; il difperfoit avec fa mafl’ue

aa d’acier des Phalanges entières (f).aa Licurgue le tua , l’ayant furpris , dansa: un défilé étroit , où [on énorme. maf-

» fue d’acier ne put le fauver du tré-

aa pas; Licurgue le prévint , le perçasa de fon javelot , l’étendit fur la pouf-» fière , s’empara de l’arme terrible que I

a l’impitoyable Mars lui avoit don-aa née (g). Depuis ce tems il le fervoit,

’ aa dans les combats , de la maline d’Arei-

aa thons. Quand les ans l’eurent affoibli

A6

n L’ILIAD’E;a: dans fon palais, il légua cette armea: redoutée à Ion fidèle ferviteur Euri- V

u thalion. Armé de l’énorme maline ,

sa Eurirhalion défioit au combat les Hé-

n ros les plus intrépides. Ils gemmoientaa deVanr lui; la terreur s’emparoit de

u leurs amas; aucun n’ofoit accepter ce .n périlleux défi. Son orgueil irrita mon

n courage; quoique le plus jeune, j’o-aa l’ai le combattre , 8c Minerve men donna la viétoire. La force de ce Héros

sa égaloit fa taille gigantefque ;.je lea: perçai, je l’étendis furlapoufiièreUz).

aa Si mes forces étoient telles aujourd’hui

sa qu’elles furent alors , fi je revenois à

n cet heureux tems de ma jeunelre , lea: fier Heétor trouveroit en moi un ad-

. a: verfaire digne de lui. Et vous , Guett-a, riers les plus renommés de l’armée des

aa Grecs , vous tremblez au feul nOmaa d’He&or,& n’ofez affronter ce Héros a.

Senfibles aux reproches jdu vieuxNellor, neuf Héros le lèvent; le Roides hommes Agamemnon, le iraillant

CHANT saprlzèuz. a;Diomède fils de Tydée , les deux Ajax,

égaux en forces , égaux en courage ,ldomenée 56 l’Ecuyer d’ldomenée ,

Mérion égal à l’homicide Mars, Euri-

phile le fils d’Evémon , Thoas filsd’Andremon , 6c le divin UlyIÎe. Tous

briguent l’ honneur de combattre le grand

Heétor. Le vieux Nellor les arrête.

sa Tirez au fort , leur dit-il ; celui quesa le fort nous donnera fera notre ven-s gent. Comblé de gloire , Ion ameaa tréfaillera de joie , s’il échappe au tré- " i

sa pas dans ce périlleux combat u.

Il dit; chacun donne Ion ligne. UnHéros les recueille dans le calque du fils

d’Atrée Agamemnon. Les peuples le!

vant les mains à: les yeux au Ciel,gadrell’ent leurs vœux à Jupiter:

aa Père des Dieux 8c des hommes , ô

a. Jupiter! fais fortir de ce calque , ouaa le nom d’Ajax , ou le nom du fils de.

sa Tydée , ou le nom du Roi de la riche

aa Mycènes a. ’Tels étoient leurs vœux. Le vieux

u, L’ I L 1 .4 D a ,Nefior agite le’cafque , en tireun nom.C’étoir celui d’Ajax qu’ils avoient fou-

haité.- Un Héraur préfente le ligne à

tous les Chefs de l’armée , en commen-

çant par la droite; aucun ne reconnoît

fa marque; parvenu a celui qui a faitcette marque , qui a jetté lui-même fon

figue dans le calque , Ajax étend lamain; le Héraur lui remet le figue; ille reconnoît (i); [on ame trefl’aille

de joie; le rejettant loin de lui, il

s’écrie : ea: O mes amis! le fort m’a choifiaa pour combattre Heétor; mon ame citsa réjouie; j’ai confiance que je vain-

a» crai le divin Heétor; je me hâte de

a: me couvrir de mes armes, de me,aa préparer au combat. Admirez cepen-

aa dam en fecret vos vœux au fils deaa-Saturne , au panifiant Jupiter; que les

a: Troyens ne les entendent pas. Ouaa plutôt, invoquez les Dieux à hautea: voix; car je ne crains perfonne; per-sa forme ne l’emportera fur moi, ni par

CHANT szrnàuz. i,sa fa force ni par fon adreiÏe , accoutumé

sa dès l’enfance aux travaux qui illullrent

sa les Héros , formé dans l’art des com-

sa bats à Salamine ma patrie, qui m’asa vu naître , qui éleva mon enfance a.

Il dit; les Grecs levant les yeux 8cles mains au Ciel, adrelfenr leurs vœux

au fils de Saturne. isa Père des Dieux. 8c des hommes , ôssrïupiter! qui domines fur l’Ida , à qui

sa tous les êtres doivent un hommagesa religieux, accorde la viétoire à Ajax;

sa comble de gltire ce Héros ; ou fisa Heétor t’es cher, fi tu t’intérefl’es à fa

as gloire , laiffe au moins la viéioire in-sa certaine; partage entre ces deux Hérossa l’honneur de cette aérien mémora-

u blé a. lAinfi ils parloient. Cependant Ajaxrevêt l’airain étincelant : couvert de

toutes les armes il s’avance , femblable

au Dieu Mars quand il le montre dansles combats que Jupiter irrité, que laDifcorde avide de fang , fufcitent entre

16 L’ILIAD’E,les Nations; tel paroit le grand Ajax,le rempart des Grecs. Un doux fouriretempère fur Ion front l’ardeur martiale

qui l’enflamme ; il marche à grands pas ,

agitant dans fes mains un long javelot;la joie éclate dans les yeux des Grecs;les Troyens tremblent , leurs genouxfléchilfent ; l’intrépide coura’ge d’Heétor

el’t ébranlé; mais il n’el’t plus tems de

fuir , de le confondre dans la foule desTroyens; lui-même il a provoqué lecombat. A jax approche , couvert de fonbouclier femblable aune tout d’airain.Tycliius , habitant d’Hylé (k) , le plus

habile des Arrilles , forma ce vafie bou-I clier ,de fept cuirs de bœufs enlacés fi

étroitement que fa légèreté égale fa

force impénétrable; un airain folide cil

étendu par deiÏus. Couvert de ce bouclier .

qu’il porte fur fa poitrine , le fils deTélamon s’approche d’Heékor :

ss Hector , lui dit-il d’une voix me-ss traçante , tu éprouveras dans ce com- .sa bat, qu’il’eit dans l’armée des Grecs

CHANT urinaire. r7sa d’autres Héros que l’invincible Achillç

sa au cœur de lion.’lrrité contre Aga-

as memnon le paillent des peuples ,sa oifif dans les vailÎeaux , le fils desa Pélée refufe maintenant de prendresa part à cette guerre; d’autres Héros,

sa en grand nombre, [ont dignes de le .sa mefurer contre toi; lance le premiersa ton javelot ;’l’honneur t’en eftdû;

l» car c’efi toi qui as provoqué le coma

sa bat u.

: sa Divin Ajax, fils de Télamon ,sa Roi’d’un grand peuple, lui répondit

sa Heé’tor, n’efpère pas m’effrayer par

sa de vaines menaces , comme un enfant

sa ou une femme timide qui ignorentsa les travaux guerriers. Nourri dans lessa combats , formé dès mon enfance àsa tous les genres d’efcrime , je fais por-

sa ter mon bouclierâ droite 86 à gauche.sa A pied , Mars applaudit à mes exploits;

sa monté fur un char , je fonds fursa l’ennemi avec de rapides êourfiers. Je

n te controis, Ajax; c’efl: ouvertement s

18- 1311.1432,’s’s que je prétends t’attaquer; tu n’éprou-

ss veras de moi ni rufe ni furprife sa.Il dit; 8: retirant fou (brasken arrière,

il imprime à fon javelot un mouvement

rapide , le lance fur Ajax. La pointeaigiie pénètre l’airain 86 s’enfonce dans

fix cuirs du bouclier du fils de Télamon;mais fa force amortie s’arrête dansle fep-

tième. Ajax lance l’on javelot; il traverfe

le bouclier d’Heétor , perce fa cuirall’e ,

déchire fa tunique , effleure fon flanc ,contraint le fils de Priam à ployer pouréchapper tau trépas. Arrachant l’arme

meurtrière enfoncée dans- leurs bou-cliers, femblables à des lions affamésou â’d’invincibles fangliers , le javelot

tendu , les deux Héros fondent l’un’fur

l’autre; le fils de Priam fait effort pourpercer Ajax ; l’impénétrable bouclier

réfiPte , la pointe aigiie ePt émouffée par

l’airain qui le couvre; le javelot du filsde Télamonpénètre le bouclier d’Hec-.

tor , effleure fou épaule, un fang noircoule de fa plaie; mais cette légère

a” CHANT SEPTIÈME. 19bieffnre ne raæntit point l’ardeur dufils de Priam; il recule; faifiilanr d’unbras nerveux une pierre énorme , noire ,raboteufe , qu’il rencontre fur l’arène ,

il la lance fur Ajax , atteint le centre duvafie bouclier , l’airain frappé retentit

au loin. Ajax, de fon côté, faifit unroc énorme; lui imprimant un mouve-ment rapide pat les cercles que Ion brasluia fait décrire , il brife le bouclierdu fils de Priam, qui le [errant avecroideur, fait effort pour tenir ferme;fes genoux ébranlés ne peuvent foutenir

Je poids de fou corps; il tombe ren-verfé; Apollon s’approche , accroît fes

forces , l’aide à. fe relever. Les deuxGuerriers enlient combattu avec l’épée ,

fi deux Hérauts, meffagers des Rois 8c

de Jupiter , ne fuirent arrivés en cetinfiant , l’un envoyé par les Troyens ,l’antre par les braves enfans de la Grèce;

Thaltybius 8c Idée. Tous deux renom-més par leur fagefl’e , ils étendent leurs

’ fceptres entre les combattans. Porteur de

2.0 l’ILIADB,confeils de prudence ,ï’ Idée prend le

premier la parole. ,sa O mes chers enfans, leur dit-il!

sa terminez ce combat. Valeureux Guer-aa riers, chers l’un 6c l’antre au Dieu

as qui alfemble les nuées! tous font té-

sa moins de vos exploits; la nuit appro-aa che; refpeétez fes ombres sa.

:4: O Idée , répondit Ajax , le filssa de Télamon! adrelfe ce ’difcours à

sa Heétor. Il a le premier provoqué lessa Héros de la Grèce; qu’il donne l’ordre

A sa de la retraite; j’obéirai, fi le fils de

sa Priam confent que le combat foit

a: terminé W” - ’Le grand Heétor élevant la voix:

sa Ajax , dit-il, les Dieux te donnèrentsa la force , le courage 6c la fageife; jesa te reconnois pour le plus redoutablessldes enfans de la Grèce. Sufpendonsas cette lutte fanglante ; demain noussa recommencerons- , 8c combattronsas fans relâche jnfqn’à ce que le Deflin

sa nous fépare. accordant la vié’toire a ’

CHANT SEPTIÈME. 2.xsa l’un des deux. La nuit approche, ref-

aa peétons â fes ombres. Retourne aux

sa vailfeanx des Grecs ; porte la joie danssa l’aine des tiens. J e rentre dans la puif-

sa faute cité d’Illion , calmer les allar-

sa mes de mes concitoyens , des illultressa Troyennes , qui profiernées aux pieds

sa des Autels , admirent pour moi desa ferventes prières aux Immortels. Quesa des dons éclatans fignalent cependantsa notre eliime mutuelle; faifons dire auxsa Grecsôcanx Troyens: Ils combattirentsa: avec courage pourlapatric, &fife’parè-

sa fait refirmm les nœuds de la concordes.Il dit , 8c préfigure à Ajax fou épée

garnie de cloux d’argent, le fourreaubrillant qui la renferme , &Ie fuperbebaudrier qui la fondent. A jaxlui donne j

un magnifique baudrier de pourpre.Ainfi ils fe féparent. Ajax retourne àl’armée des Grecs, Heétor s’emprefl’e

de rejoindre les Troyens; la joie renaît

dans leurs ames , à la vue du fils dePriam forti fans blefl’ures de ce dange-a,

2.2. *L’ILIA-DE,reux combat; échappé au courroux , aux ’

invincibles mains du fils de Télamon,i ils le ramènent en triomphe dans Troye,

car ils défefpéroient de fa vie. Les vail-

lans enfans de la Grèce conduifent à. latente d’Agamemnon le grand Ajax qu’é-

norgueillit fa vié’toire. Le fils d’Atrée

immole au Dieu qui règne dans les airs,un bœuf mâle de cinq ans; ils l’écor-

chent , le préparent , le coupent en mor-

ceaux , percent avec des broches les por-tions de la viâime , les alfaifonnent ,les foutiennent fur le feu , tenant les

broches dans leurs mains. Ces prépa.tarifs achevés , ils prennent place fur,des trônes , 8c goûtent les douceurs dufefiin. Le fils d’Arrée le Roi des hom-

mes ,l Agamemnon , honore Ajax de la.partie la plus dillinguée de la viétime (l).

Quand le defir du boire 8c du mangerL fut appaifé , Nefior , dont l’éloquence

avoit ranimé le murage des Grecs , ouavrit ce fage confeil :

sa Fils d’Atrc’e, dit-il, 8c vous tous

CHANT SËPTJËME. z;a Héros qui commandez l’armée des

n Grecs! grand nombre des valeureuxn enfans de la Grèce ont péri dans cette

a: fanglanre journée , fous les coups dua: Dieu de la guerre. Les tondes du Sca-a mandre [ont teintes de leur fang; leursn amas généreufes font defcendues dans

n les [ombres demeures ale-Pluton. Filsa; d’Atrée , il convient de fufpendre le

a, carnage , de nous réunir au leverne de l’aurore , pour rranfporter , à l’aide

a: des bœufsôc des mules , les corps fan-» glans de nos compagnons , pour Placer» leurs dépouilles mortelles fur des bû-

» chers élevés près de vos vailfeaux ; que

a: leurs os , que leurs cendres , remifesa: aux mains de leurs enfans , foient canf-a, portés par euxdans leurs majfons,u quand nous retournerons dans notrep patrie; que des terres rapportées for-» ment un tertre , au lieu où les bûchez:in auront été drelrés, monument de la

a gloire de nos compagnons ; qu’une

u vafie muraille, que de hautes tousz

r4 i L’ I L 1 A n z ,n environnent ce lieu, rempart de nosa vailreaux 85 de notre camp; que dea: larges portes , .s’ouvrent 8: [e fer-n ment à l’aide des leviers folides , ar-

s: riflement ajufle’s , lainant un librea paH’agevà nos courfiers 8: à nos chars ;

u creufons au-dehors un large foiré ,w pour défendre nos chars 8: l’armée

a entière des Grecs, des infultes desn Troyens , s’ils tentent de nouvelles en-

» treprifes,pendanrcetteguerrecruellefl.Il dit 5 tous les Rois applaudilrent â-la

fagelre de [es confeils. De leur côté,

les Troyens tremblans , en tumulte ,s’alTemblent dans la haute cité d’lllion ,1

aux portes du palais de Priam ; le fageAmener leur parla ainfî:

n Troyens , tDardaniens , ôc vousa) nombreux alliés de Troye, écouteza ce que mon efprit me fuggère de vous:0 dire. Amenez ici l’Argienne Hélène;

a qu’elle foi: remife , elle 66 les rréfors

au qu’elle nous apporta, aux mains desa enfin: de la Grèce. Parjures à nos

p fermens à

CHANT SEPTIÈME. a;sa fermens , nous combattons contre laaa foi des traités; je ne penfe pas queaa le fuccès réponde à notre efpoir, fi

aa nous ne commençons par appaifer lesaa Immortels «.

Il dit, 8c reprend le trône qu’il aquitté. Le divin Pâris, l’épouxde la

belle Hélène , le lève :

aa Anténor , dit-il , tes confeils ne meaa plaifent pas; tes ’penfc’es font plus

aa fages; ou fi tu as parlé felon tonaa cœur, les Dieux ont égaré ta raifon.

aa Voici l’accord que je propofe , dansaa l ’afemblée des Troyens. J e ne livrerai

aa point mon époufe , je ne rendrai point

a Hélène, je le déclare ouvertement;

aa mais je confens de céder aux Grecsaa tous les tréfors que j’enlevai d’Argos

V» avec elle , 6c de leur payer, de mesaa propres palémons, un dédommage-

). ment convenable «.

trône qu’il a quitté. pConfierne’ du malheur des peuples

Tome Il. 4 I ’ B

Ainfi parla Pâris , 8c il reprend le r

y!

. . l .Wnrm- Wrràâ "A

sa

W

æ

16 L’ I L 1 4.1) a ,confiés à les foins , le Dardanien Priam

prenant la parole : ln Troyens , Dardaniens; 85 vousnos

aa fidèles alliés , écoutez, dit-il , ce que

aa mon efprit me fuggère; féparons-

aa nous maintenant ; que chacun re-aa tourne à fou polie , goûter les clou,-5a ceurs du feltin accoutumé; qu’une

aa garde exacte foit placée aux portes de

sa la ville , qu’aucun ne fe laifÎe fur-g

a: prendre par le femmeil. Demain , auaa lever de l’aurore , Idée ,ira aux vaif-

a, feaux des Grecs , porter aux deux filsa! d’Atrée , Agamemnon 8C Ménélas,

au des paroles de paix , les offres de Pâ-

aa ris , le premier auteur de cette longueaa querelle; il y joindra le prudent con:aa feil de fufpendre le carnage , pouraa dreKer des bûchers aiÎx corps desaa Guerriers qui ont fuccombc’ , fous les

aa coups del’ennemi,dans cettefanglante’

aa journée. Acquittés de ce trille devoir,

a. nous combattrons; la fortune déci-aa clera de la victoire 4*.

CHANT SEPTIÈME. :1Il dit; tous applaudilfenr. Difperfés

à leurs polies, ils le livrent aux dou-ceurs du feflin. Au lever de l’aurore,Idée marche aux vailÎeaux des Grecs.

Il trouve les enfans de la Grèce réunisPrès de la poupe du vailÎeau d’Agaç

memnon; Idée s’avance; debout au

I milieu de l’afremblée : .aa Fils d’Atrée , dit-il , 85 vous valeud ’

aa reux enfans de la Gièce , Priam 8: les

n autres Chefs 8: Confeils des Troyensaa me députent vers vous , porteur desa! paroles de paix, des offres de Pâris ,,

aa le premier auteur de cette longue que!n telle. Puifliez-vous les agréer! Pâris

q aa vous rendra ’tousles tréfors qu’il ap-

aa porta dans Troye , au retour de ce fatalaa voyage qu’il fit à Argos. Que ne pé-

aa rit-il avant que de l’entreprendrel Ilu y joindra, de [es propres biens , unaa dédommagement convenable; mais ilsa. refufe , quoique les Troyens l’y invi-.,

aa tent , de rendre Hélène a Ménélas;

aa [on premier époux. Les Troyens me

I B 2. ’

in? L’ILIADBÏa: chargent encore de vous propofer deaa fufpendre les combats , jufqu’a’ ce que

aa nous ayons placé fur le bûcher, lesaa corps des Héros tombés fous les coups

aa de l’ennemi , dans cette fanglante jour-

aa née 5 acquittés de ce trille devoir , nous

aa combattrons , la fortune décidera de

aa la viétoire «a .Il dit; tous gardent un profond fi-

lence; le vaillant Diomède’ prenant env

I fin la parole :as N’acceptons , dit-il , ni les tréfors

aa d’Hélène , ni Hélène elle-même. In-

aafenfés! qui ne voit que les Troyensaa touchent à leur heure dernière et!

Il dit; les Grecs admirant la fagefl’e86 la fermeté du vaillant fils de Tydée ,

lui. répondent par des acclamations; leRoi des hommes , Agamemnon , adref-faut la parole au Héraur:

aa Idée, lui dit-il, tu entends la ré-aa poufe des Grecs; mes penfées conf-n ’pirent avec les leurs. Je ne m’oppofe

à pas à la trêve que tu demandes , pour

CHANT SEPTIÈME. 19’

sa mettre fur le bûcher les corps: de tes

aa concitoyens; je ne leur envie pointaa les honneurs de la fépulture 3 c’efi un

aa devoir qu’en doit le hâter de remplir;

aa que Jupiter, l’époux de Junon , que le

aa Dieu qui lance au loin l’es foudres re-

aa doutables, [oit témoin de mes fer--aa mens , de la trêve que j’accorde aux

aa Troyens à. , .En prononçant ces mots , il lève (on

fceptre vers le ciel , attellant les Inn

mortels. I. Idée (a retire , retourne à la ville , où

les Troyens , 8c les Datdaniens all’em-

blés, attendent (on retour avecimpa-tience ; le Héraur s’avance au milieu

d’eux , porteur de la réponfe desGrecs. Aufli-tôt les Troyens fe hâtent de

remplir le trille devoir qui leur efi im-pol’é ; les uns trarifportent les morts; les

autres s’enfoncent dans la forêt: Lesmêmes foins occupent les Grecs ; lesuns s’empreII’ent de tranfporter aux vaif-

feaux les corps de leurs compagnons ,-B a

30’ -L’IL1arDz,ïles autres coupent le bois nécefl’aire aux

bûchers.

Le foleil s’élevant des profondeurs

du pacifique Océan (m), échauffe à peine

la terre de l’es premiers rayons ,pquand

les Grecs 86 les Troyens , épars fur lechamp de bataille , s’efforcent de dil’tin-

guet leurs morts; le fang, la pouffièrequi les couvrent les rendent mécon-qnoifl’ables ; verl’ant des larmes amères,

ils purifient dans l’onde du fleuve, lescorps qfanglans de leurs compagnons;ruais Priam interdit aux liens les fan-glots 8c les larmes. L’ame pénétrée d’une ’

douleur profonde , ils entafl’ent en filence

fur les bûchers, les dépouilles mor-telles des leurs , 8: rentrent rril’tementdans la ville. Non moins confiernés,les Grecs alfemblent fur des chars lescorps de leurs compagnons , élèvent desbûchers près des vaill’eaux. Quand le feu

a. confumé ces précieux telles, ils ren-trent» dans leur camp, l’ame pénétrée

d’une, douleur profonde. -Une foible

CHANT SEPTIÈME. 31lueur elt à peine répandue fur l’hotifon ,

la divine aurore ne darde point encorefes rayons fur la terre (n) , 8c déja lesGrecs affemblés au lieu où les bûchers

furent dreffés , érigent, avec des terres

rapportées , un monument aux mânesde leurs compagnons , l’entourent d’une

valte muraille, conflruifeut des tours ,rempart de leurs vaiffeaux 8c de leur

a camp. De larges portes s’ouvrent se fereferment , à l’aide de leviers folides , -

ajuftés avec art , pour lailfer un libreaccès , aux courfiers &Ï aux chars; unvalte folié, garanti par une forte palif-fade, efl creufé autour de cette muraille.

Ces pénibles travaux occupent lesfiers enfans de la Grèce; mais plon-geant , du fommet de la voûte éthérée ,

fur les plaines de Troye , les Dieux al’»

femblés dans le palais de Jupiter, enfont irrités. Le Dieu qui ébranle la terre

de fou Trident, Neptune , adtell’anr la

parole à tous les Immortels :’aa Père des Dieux’ôc des hommes , ô

B 4

’32 I.’ I L 1 A D E ,’

aa Jupiter, dit-il! lequel des mortelsaa épars fur la valte étendue de laaa terre , confultera par la fuite no’sa) Oracles , attendra’nos réponfes avant

aa de tenter de grandes entreprifes? N ’as-

aa tu pas vu les fiers .enfans de la Grèceaa élever une immeufe muraille autouraa de leurs vailfeaux, l’environne’r d’un

aa large foffé , 85 cependant le fang deaa faintes hécatombes n’a point coulé fur

aa nos Autels ; la gloire de ce monumentaa s’étendra’depuis les lieux ou le foleil ’

sa fe lève, jufqu’à ceux où il fe couche (o) ,

aa tandis que ces murs, qu’à la folde de

aa Laomédon, contraints par la difgraceaa 8c par l’infortune , nous élevâmes par

a: tant de travaux , Apollon 56 moi, fe-aa tout détruits fans qu’il en relie aucun

aa veftige a. ’ I x--- a O mon frère! toi qui ébranles la

aa terre , lui téponditle Dieu qui allemblesa les nuées , pouffant; un profond fou-aa pir , quelle parole tell l’ortie de ta bouc

aa che! Des Divinités d’un ordre inféa:

’CHANT anneau. ’33aa rieur , qui ne (égaleroient , ni en force .

aa ni en puiffance , pourroient concevoir

aa ces vaines allarmes; mais ta gloireaa s’étend depuis le lever jufqu’au cou-

aa cher du foleil. Prends patience , at-aa tends que les fiers enfans de la Grèce ,*

aa remontés fur leurs vaill’eaux , ayent

aa repris la route de leur patrie. ’Alorstuaa briferas cette muraille;tes ondes ébran-

aa leront fes fondemens , les entraîne-aa tout dans la plaine liquide. Couvreaa ce monument du fable de tes rives ,a: qu’il n’en telle aucune trace , qu’on

aa ne puill’e reconnaître le lieu où il. fut:

a! élevé fi. ITels étoient les confeils des Dieux:Cependant le foleil plonge. dans l’O-céan;1’ouvrage des Grecs elt achevé;

ils immolent des bœufs dans leurs ten- ,res ; car grand nombre de vaill’eauxchargés de vin font arrivés de Lemnos.Eunée , fils de Jafon , ce fils qu’Hypfi-

Pile eut de J afon le palteur des peuples,a envoyé ce,vin fecrettement à Aga-.

Br

’34 l’ILIADE,.memnon a: à Ménélas (p). Mille me-

fures font un don de ce Roi; le telleelt acheté par les Grecs, qui donnenten échange de l’airain , du fer , despeaux ,- des bœufs , des efclaves. Unrepas agréable fuccède pendant toute la

nuit aux travaux de cette pénible jour-née. Les Troyens , leurs nombreux al-liés, pallient cette même nuit dans lesafeltins ; mais leur joie el’t troublée par

les coups redoublés de la foudre , pré-

fage finiltre des maux que Jupiter leurprépare dans fes éternels confeils. La

terreur, s’empare.de leurs ames;’lapâleur en furleuts fronts. Verfant le vinde leurs coupes fur la terre , ils n’ofentles Vuider qu’ils n’ayent fait de fréquen-

tes libations au Dieu qui règne furles nuées; fe retirent enfin; le fommeilverfe l’es ,pavots’ffur leurs paupières,

relâche leurs membres fatigués.

. V a;et’CHANT HUITIÈME.’

CONSEIL des Dieux,- lcs Troycnr’ [ont vainqueurs , Hcôïor e]? comblé

) de gloire.

L’annoxr étendoit fur la terre fouvoile d’or 8c de pourpre. Le Dieu quife plaît à lancer le tonnerre, all’emble

les Immortels fur la cime la plus élevée

des. nombreux fommets de l’Olympe.’

Il parle; tous les. Dieux écoutent en:filence.

«sa Dieux 8: Déeffes , écoutez ce que”

aa mon efprit me fuggère , dit-il. Con-aa courez tous à l’exécution de mes

aa immuables décrets ; qu’àcun desaa Dieux , qu’aucune des Déelfes, n’ofe

a, enfreindre mes ordres fuprèmes. Ce-aa lui ou celle d’entre vous que je con-aa vaincrai d’avoir abandonné l’Olympe

n portant fecours ,â l’infçu des autres

B .6

gé’ L’ILIADE,aa Immortels , fait aux Troyens foitaa aux Grecs , ne remontera pas furn l’Qlympe fans de heureufes blelfutes.a. Envain fe flatteroit-il d’échaper à ma

aa vengeance; je le précipiterai dans les. aa ténèbres du Tartare (a) , gouffre d’une

n immenfe profondeur , que fermenta» des portes d’acier , roulantifur un

aa feuil d’airain , dont la profondeuraa au-dell’ous de l’empire des mortsaa égale l’efpace itnmeiife qui fépare la

n terre de la voûte azurée. Ainfi vous

au apprendrez combien ma puilfance en;.a fupérieure à la vôtre. Divinités ’re-

a belles , ofez affronter mon pou-. voir. Liez une chaîne d’or à mma: trône ; attachés à cette chaîne ,u Dieux 8: Déell’es , elfayez de préci-.

sa piter finla terre le Dieu règnea: dans les airs , dont les confeils fonta. éternels. Epuifés par de vains travaux,

aa vous reconnpîtrez l’inutilité de vos

’aa efforts; 8c moi, quand il me plaira ,

a je vous attireraitous, 8: avec vous

CHANT HUITIÈME. 31a» la reg: 8c la mer. J’attacherai cette-a: chaîne au fommet le plus’élevé de

aa l’Olympe; tous les êtres y demeure-

aa tout fufpendus , tant ma force fur-aa palle celle de tous les Dieux 8c deac tous les mortels (à) cc!

Il dit; les Dieux, effrayés de cetteterrible menace, gardent un profondfilence. La Déeffe aux yeux bleus , Mi-

nerve , prit enfin la parole.a Fils de Saturne, notre père, Sou-

» verain du Ciel 6c de la tette, noussa connoilfons ta force invincible; maisa: nous plaignons le malheur des ma-aa gnanimes enfans de la Grèce, quisa fuccombent Tous le poids de leurn cruelle deflinée. Soumis a tes ordres,sa nous nous abfliendrons de porter d’uti-

n les fecours aux combattans; permetssa cependant que nqts donnions auxaa Grecs de falutaires confeils , de peuraa qu’excitant ton courroux, tu ne les

.a précipites tous dans les fombres der,

a meures (c) sa.

3st l’ILIADz,Le Dieu qui affemble les nuës , fou."

rit à ce difcouts :l aa O Minerve , luiu dit-il ! fille chère a mon cœur ! prends

n confiance dans’mon amoura; tu faisau combien je fuis pour toi un pète ten-n dre; ne t’allarmes pas de menacesaa dontl’exécution eflloin de ma penfée a.

Il dit , 6c attelle à [on char fes cour-fiers agiles, aux pieds d’airain, dont lescrinières dorées flottent au gré des vents.

Couvert de fan armure d’or, le Dieuqui alfemble les nuées monte fur l’on

char, prend en main cette verge d’oravec laquelle il dirige fes immortelscourfiers ; ils obéilfent avec joie à la

’ main qui les guide, franchifl’ent l’ef-

pace immenfe qui féparèla terre de lavoûteazurée,s’abattentfurleGargare(d);

la cime la plus élevée du mOnt Ida ,tige

féconde de fourcelabondantes , la patriedes bêtes féroces. La un bois 8c desautels toujours fumans , font confacrésau maître des Dieux. Le père des Dieux

sa des hommes , arrête l’es courfiers fus

CHANT HUITIÈME. 39cette’montagne fainte , les détele , en-

veloppe fou char d’un nuage épais, pour

les dérober à la vue des mortels. Anisfur la cime la plus haute de l’Ida , desrayons de gloire l’environnent ; il porte

fes regards fut la ville de Troye 8c furles vailfeaux des Grecs.

Les valeureux enfans de la Grèce,"ayant rétabli par un repas précipitéleurs

forces abattues , vétillent leurs armures.Les Troyens s’arment dans leur ville’;

en plus petit nombre; une dure né-ceflité les y contraint; un intérêt puif-

fant foutient leur ardeur; ce font leurs -enfans, ce font leurs époufes qu’ilspdé-

fendent. Les portes d’Ilion s’ouvrent ,

l’infanterie , la cavalerie, les chars, l’ar-

mée entière fort de la ville avec unhorrible fracas; les deux armées s’a-

’vancent dans la plaine 3 leurs boucliers

les couvrent; de longs javelots font dansleurs mains ;l’airain brille fur leurs cuij

ralfes ; une ardeur martiale les enflam-me ;. les boucliers le heurtent; la joie

A

40 L’ÂLIADEj’bruiante des vainqueurs, lescris desmourans retentill’ent au loin , le fangruill’elle furla’ terre , les traits lancés

par les deux armées cachent le cielfous un nuage épais; depuis le leverde" l’aurore jufqu’â’ la douzième heure

une foule de guerriers des deux arméesfont précipités dans les fombres de-meures; mais le foleil étant parvenuà la moitié de fa courfe, le père desDieux 8C des hommes fufpend l’esbalances d’or fur la voute éthérée; fou- .

tenant de fa main puilfante le fléau quidirige l’éternelle balance , il place dans

fes ballins les lignes de la mort , ledeltin des Troyens , le defiin des va-

’leureux enfans de la Grèce; le jour

fatal des Grecs eft arrivé; leur dem-née le précipite fur la terre, celle desTroyens s’élève jufqu’â la voute im-

menfe du ciel ( e ); le tonnerre grondefur l’lda; l’éclair une; Jupiter lance

’ ’fesfoudtes fur l’armée des Grecs; later- -

reur s’empare de. tous les cœurs; une

.CHA-NI HUITIÈME. dupaleur livide s’etend fur’leurs fronts;

ni ldomenée , ni Agamemnon , ni lesdeux Ajax fidèles ferviteurs de Mars,

t n’ofent foutenir le choc des Troyens ( f) ;

le vieux Neflor , le bouclier des Grecs,demeure feul forcément fur le champde bataille;car une flèche lancée parl’adroit Pâris , l’époux de la belle Hé-

lène , a atteint l’un de les chevaux au

fommet de la tète,â la racine des crins;la pointe aigüe pénetre dans leicrâne,

ou la blell’ure cil mortelle ;fouffrantdes douleurs aigües , il fe cheffe, re-tombe , le roule , égare les courfiersavec lefquels’il ell attelé. Tandis que

le vieux Nellor, tirant fon épée, faiteffort pour couper les traits qui les lientà l’on char , Heétor , pourfuit l’ennemi

. Ô. .qui fuit devant lui, fend la foule;, les, agiles courfiers du fils’de Priam

s’énotgueillifl’ent du Héros qu’ils

portent. Le vieux Neflor eût péri en.ce lieu , li le vaillant Diomède ne

4s 1’ I L I A D a ,l’eût reconnu; il appelle Ulill’e, à grands

Cris. - a ,aa Divin fils de Laërte , indullrieuxa: Uliffe , où fuis-tu , lançant au ha-

a. fard quelques traits qui s’égarent ,’

n tandis que l’ennemi cit prêt à te per-

si cet P crains que frappé par derrière , tu

a ne tombes fous les coups des Troyens;aa arrête; unifions nos efforts pour fe-aa courir ce refpeétable vieillard, poura repoull’er l’homme cruel qui s’apprête

aa à lui donner la mort (g) a.Ainfi il parle; mais le divin, le pa-

tient Ulifl’e ne l’entend point; la fuite

précipitée l’emporte vers’le camp des

Grecs.,Seul au milieu d’une foule d’en.

nemiss, le fils de Tydée marche contreHeé’tor; s’approchant du fils de Nelée ,

ilal’appelle , lui parle ainf :

aa O vieillardlru fuccombes fous dea jeunes Héros, le poids des ans t’ac-

a» cable , tes nerfs font refroidis par lan vieillelfe , ton écuyer fans force , tes

CHANT HUITIÈME. 4;’ a» chevaux lourds a: tardifs ; monte

sa fur monchar , éprouve la légèreté

au des courfiers de Tros quand ils vo-’ aa lent dans la plaine , pourfuivant

a: l’ennemi ou l’évitant d’une courfe

aa rapide. Ce font ces mêmes coutfiersaa que je ravis à Enée, artifan de terreur;

a que nos écuyers prennent foin de tesaa chevaux 8c de ton char ; dirigeons lesaa rapides courliers fur les Troyens ,a: qu’Heétor connoill’e la force de mon

aa bras ,qu’il éprouve quels coups porte

n mon javelot «s. »Il dit; docile à» ce confeil, le. vieux .

Nellor , favant dans l’art de guider des

courfiers agiles , remet les rênes auxmains du vaillant Stelenus et d’Eury-medon leurs écuyers. Les deux Héros

montent fur le char du fils de Tydée;Nellor prend les guides en l’es mains,

anime avec le fouet les rapides courefiers ; déjà ils font près d’Heétor. Le fils

de Priam les voit , vole à leur rencon-tre ;-le fils de Tydée lance le premier

44 1’ I L I A n a;l’on javelot; il s’égare, perce l’écuyer

d’Heétor, Eniopée . fils du vaillant

Thebeus , qui manie les rênes descourliers d’Heétor; la pointe aigüe pé-

nètre dans l’a poitrine ; il tombe;les Courliers qu’il dirige reculent ef-frayés; l’on aine s’exale dans les airs;

La perte de ce fidèle écuyer pénètred’une vive douleur la grande ame d’Hec«

(or: contraint d’abandonner la dé-pouille l’anglante de l’on compagnon ,

il cherche dans la mêlée un hommedi ne de le remplacer , 8c ne tarde pasa le découvrir; le defcendant d’lphi-tus , le brave Archiptolemus s’offre à l’a .

Vue; Heâor lui ordonne de monter l’ur

l’on chat, remet les guides en les mains.

Le carnage eût recommencé avec plusde fureur , les Troyens enlient été ’de

nouveau trepoull’és’ dans leurs murs ,

comme de timides agneaux , fi le pèredes Dieux 86 des hommes n’eût pris

leur défenfe (Il Le tonnerre grondeavec un bruit affreux,la foudre éclate

-0-

CHANT HUITIÈME. 45sdans la main de Jupiter , 85 tombedevant les courliers de Diomède , unevapeur fulphureul’e , enflammée , les en-

veloppe, effrayés ils le drelI’ent 8c s’a-

battent l’ous le char , les guides échap-

pent des mains du vieux .Nellor , laterreur s’empare de l’on ame (i). Adref-

’ faut la parole au vaillant Diomède:

aa Fils de Tydée , lui dit-il , cédons,aa à l’impérieufe nécelIité , retournons

aa aux vaill’eaux; ne recourrois-tu pas

sa à ces traits le couroux du fils de Sa-aa turne? il donne aujourd’hui la vic-a toire à Heétor; il nous raccordera de-n main , li telle ell: fa volonté l’uprême.’

aa Quel mortelpourroit mettre obltacleà: à l’exécution de l’es éternels décrets ; ’

u car l’a force l’emporte fur celle de tous

p: les humains a! sz n Tu as parlé convenablement, ôsa vieillard l répondit le Vaillant Dio-aa mède; cependant cette fuite précipi-a! tée accable mon cœur d’une douleur

«profonde. Hector haranguant les.

46 L’IL’IADE,-v n Troyens dira :J’aî injpire’ la tuteur

n aufils de Tydée , il a fui devant moi 3a: tel l’era fon’ orgueil. Que plutôt la

aa terre s’entr’ouvrant fous mes pas,aa m’engloutill’e dans l’es profonds abî-

n mes si. v » Az n Sage 8: vaillant fils de Ty-aa déc , quelle parole eli l’ortie de ta3a bouche! reprit le vieux N el’tor. Hec-

aa tor s’elforceroit envain de donner at-

aa teinte à ra gloire; ni les Troyens ’,aa ni les Datdaniens ne le croiroient; ’sa les veuves de ces Héros , traînés par

sa toi dans la pouliière, dépol’etoient

a contre lui tr. IAyant ainli parlé, il détourne l’es

chevaux , le confond dans la foule desGrecs qui fuient abandonnant le champde bataille. Les Troyens guidés parHeé’tor les pourfuivent avec un hot-rible fracas, les accablent d’une grêle

de traits. - a .aa Fils de Tydée , s’écrie l’orgueilleux

niHeétor; les enfans de:Danaüs t’hoea

CHANZ’ -HU1r1àMz. unancroient par-deffus tous les autres; tu» occupois le premier trône dans lessa fefiins ,’la portion la plus diliinguc’e

s» étoit placée devantrpi , ra toupe étoit

n toujours pleine ; maintenant l’igno-

a) minie fera ton partage , car ta foi-n blaire égale celle d’une femme. Puis

a! enfant foible 8c timide (k) g n’efpère

a: Pas que je fouffre que tu efcaladesa nos remparts ,qiie tu emmènes dans res

a, vaiffeaux nos femmes captives; avanta) ce rems mon bras te précipitera dans

n les [ombres demeures n.Ainfi il Parle. Le fils de Tydée déli- -

bère fi détournant [es courfiers ilfondra fur lui. C’efi le vœu de l’on cœur;

mais les defiins [ont changés. Trois foisle vaillant Diomède le difpofe à rentrerdans la mêlée ; trois fois la foudre

grondant fur le mont Ida, promet laviétoire aux Troyens. Elevant la voix»airez haut pour être entendu des liens 3le grand Heâor s’écrie :

u Troyens ,’ Lyci’ens , Datdaniens;

’48 L’Iltzqrnz,sa montrez-vous des Guerriers coursan geux, foutenez la gloire de vos ex-» ploits. Les volontés du fils de Saturne

a, me font connues; il nous donne lau victoire. Jupiter nous comble d’une3: gloire immortelle 3 la douleur 86 la.u honte feront le partage des enfans dea: la Grèce. lnfenfe’s ! ils ont élevé préci- ’

la pitamment cette foible muraille , ces ’a! remparts impuifTans contre l’ardeur"a: qui m’enflamme! Efpèrent-ils que nos

b: courfiers auront-peine à franchir cesa folle qu’ils ont creufe’ à la, hâte! Par-

» venus à leurs vaiHÎeaux , fouvenons-

a» nous d’y mettre le feu; que la flamme

u les confume; que .prefifle’s par nos ja-

a, velots , accablés par nos traits , erransn dans l’épaule fumée de leurs vaill’eaux

a: embrâfe’s , ils tombent fans vie l’un

a) [fur l’autre a.

Adrefl’ant enfaîte la parole à les cour-

Iierss a! Xante , Podagre , Airon , géné-

srreux Lampus ,’ leur dit-il , payez-moi ,

p en ce jour , des foins que prit de vous

’ os la

CHANT au: 112w. un; au.u la fille du vaillant Hetipn , la tendren Andromaque; plus attentive à pour-» voir à vos befoins qu’à ceux même

nd’un époux fi cher à (on cœur, elle

u place elle-même devant vous le plusa: pur froment g les mains d’albâtre y

n mêlent un vin précieux dont voussa vous abreuvez (l ;’ hâtez-vous tde

a! poutfuivre les Grecs qui fuient devantn nous; que le bouclier d’or du fils.de -

n Nélée, ce bouclier dont la gloire cf:u * montéejufqu’aux Cieux, foit ma con- r

n quête ; arrachons à Diomède cetteu cuiralTe impénétrable , l’ouvrage de

sa Vulcain. J ’ai confiance que les Grecs ,l

a: nous voyants couverts de ces riches dé-

», pouilles, le hâteront de profiter des 0m:-

n bres-de la nuit , pour remonter fut lesn. vaîlreaux légers qui les ont apportés «à

-Il dit; Junon irritée de [on orgueil ,*s’élance du trône fur lequel elle efl:afiife.’ Ebranlant le valte Olympe , elle

girelle la paroleà Neptune : .a O Neptune , dentela. force (impaire-

T orne Il. C

sa .L’ILIADZ,ocelle de tous les Immortels! Dieusalpuilfant qui agites la terre jufque,2 dans les. plus profonds abîmes! lapruine» totale; des enfans de la Grèce,agui dans Hélice’ 8c dans .Aigues (m)

a ornent’tes temples des dons les plusalprécieux, ne touchera-t-elle pas ton -a cœur? Prends pitié de leurs maux,n donne leur la via-cire, Si les DivinitésN qui protègent les Grecs fr: réuniIfoient

» pour repouffer les Troyens , pour con-

».tenit. les fureurs de Jupiter, feul aua: [emmerde l’lda, le maître des Dieux

a gémiroit en vain de la fuite honteufea; des Troyens qu’il protège si.

:. . a! Téméraire . Déclic. , répondit

a. Neptune pouffant un profond foupir ,.sa. quelle parole cit fortieLde ra bouche!

. n. Je n’entreprendrai point de combattre

a le Dieu qui lance le tonnerre, dont La) la puilrance furpaffecelle de tous lesa: Immortels si.

Ainli ils parloient: Cependant les- hommes 8: les courfiets . fuyant dœ

CHANT H rumina. sonvant Hector, rèmplifl’ent l’efpace

fépare la tout du foiré. Emule de l’ho-

micide Mars, le fils de Priam , a quiJupiter accorde la viétoire , pourfuit lesGrecs effrayés , les repouffe jufque fousleurs remparts. De ce jour il eût livré’

leurs vaill’eaux aux flammes, fi profitant

du court intervalle pendant lequel Hecm-tor lailfe refpirer, fur le bord du foiré;fes troupes effeuillées de leur courfe» V Irapide , Junon n’eût infpiré à Agamemw

non le palieut des peuples , de ranimer ,par vfes paroles le courage des enfans dela Grèce. Parcourant les tentes a: lesvailfeaux des Grecs, le Roi des Roiss’arrête devant latente , deVant le vaifl’eau v l

d’Ulyffe , qui, femblable à une énorme

baleine", el’r placé au centre; ducampu’

’Elevant la voix allez haut pour être Ientendu des tentes d’Ajaxlfils de Téla-q

mon , 8: des tentes d’Achille; car cesHéros fe confiant dans’leuts’forc’es , ont ’r

mis à fec leurs vaiffeauxaux deux en”trémités : l ’

.Cz

5:. 1’ I L 1 4 D r;a! O honte , s’écrie le fils d’Atrée

u enfans de la Grèce qui vous énor-on gueifiilfez d’un éclat trompeur ,, que

».font devenus ces vaines paroles, parsa lefquelles, allis dans les fel’tins , cou-

a tonnant vos coupes dans l’ille deniLemnos , vous vous vantiez que les

a Troyens n’oferoient vous réfilter ,:,.qu’un feul d’entre vous fufliroit pour

a) repoulTer cent , deux cents ennemis?3l 85 maintenant le feul Hector vous metsa en faire, fe promet d’embrâfer vos

a vaiffeaux. O Jupiter ! jamais une telle âsa affliâtion n’accabla les Rois , images

a de ta puifl’ance; jamais tu n’imprimas

aune telle honte fur leur fronts! Sou,n’viens-toi des nombreufes viciâmes

n que nous immolâmes fur tes autels, il.n avant de monter fur nos vailTeaux,a, avant d’entreprendre ce fiége fa-»;meux; (12’). Exauce maintenant lesn vœux que je t’adrelfe; ne fouffre pas A

a, que la race des-Grecs foit anéantie;v Fermiers que ces relies. précieux de I

C’HÀNT HUIÏIÈME. g”;

l n l’armée des Grecs échappent au trés-

» Pas (a) Ct. i ’vIl dit; fes prières , fes larmes, émeu-

Vent le père des Dieux 8c des hommes.Il lui promet, par ce figue de’tête qui

ne trompe jamais , le falut de fon peu--ple. Jupiter ne foui-frira . pas que les .Grecs pétillent. Un aigle le plus jcer- rtain des augures , tenant dans fes ferresun faon , tendre fruit d’une timide bi-

che , vole , par fes ordres , au-delfus del’autel qui fume de la graille des viéti«

mes offertes au Dieu dont les oraclesrèglent tous les évènemens :I parvenu au

centre du facrifice , l’oifeau de Jupiter

lâche fa proie; elle tombe fur l’autel.

Convaincus que cet heureux préfageleur elt envoyé par Jupiter, les Grecs

fondent avec confiance fur fur lesTroyens , raniment un fanglant com;bat. Aucun ne monta plus prompte;ment fut [on char, ne franchit le foiréavec. plus de rapidité , ne marcha plusfièrement contre les Troyens , que le

G s.

Hi I’ILIADE,fils de Tydée. Déjail a percé un Guet-

rier magnanime) Agélas fils de Phra-Idémont. Détournant fes courfiers, Agé-

las fait effort pour échapper par la fuite;

le fils de Tydée lance [on javelot; lapointe aigüe s’enfonce entre les deux 4épaules , pénètre 8c fort par la poitrine;

’il tombe; le bruit de fes armes retentitau loin. Bientôt neuf intrépides Guer-riers fe réunifient au vaillant Diomède ,

les deux fils d’Atrée, Agamemnon 86

Ménélas, les deux Ajax, dont la forceel’t invincible , ldomenée 8: l’Ecuyer

d’Idomenée, Mérion l’Emule de Mars,

Euriphile, le fils d’Evémon; armé de

fon arc 8: de fon carquois, Teucer fecouvre du vafie bouclier d’Ajax , fils deTélamon. Caché fous le vaille contour

de cet immenfe bouclier, portant fesregards de tous côtés , il lance fes flèches

meurtrières fur la foule des ennemisqui l’environnent; les Troyens tombent

fous fes coups; aulIi-tôt, femblable àun enfant qui fe rapproche de fa mère ,

CHANT HUITIÈME. 45l’adroit Teucer: revient fe Couvrir del’éclatan’t bouclier d’Ajax. Sons fes traits

tombent enraifés Orfilo’que ,- ’Orémus ,

-Opheletès , .Daitor , Chromius , ledivin Lycophonte , AmopaOn, fils dePolymonis , de Ménalipe 3 la terre re-tentit de leur chûte. L’ame d’Agamem-

non efi réjouie à la vue des phalangesTroyennes que difperfent 8c détruifentles flèches invincible’sde l’adtoitTeucer :

aa Mon cher Teucer , lui dit-il , chefaa d’un grand peuple, tu partages aveca: Ajax l’honneur d’être ifl’u du fang de

aa Télamon. Continue de lancer tes flè-

aa ches homicides; fois le fauveur desa: enfans de la Grèce, la joie de» ton-aa pèrÎefTélamon p), qui éleva tonaa enfance , qui te traita à l’égal des fils

aa qu’il eut de fa légitime époufe; que

n tes- exploits foient la gloire de tonsa père abfent de ces fanglans combats.a. Écoute des promefl’es’qui auront leur

au exécution. Si le Dieu qui porte l’E-

C 4

55 L’ I L I A D z ,va gicle , fi Minerve qui me protègeaa m’accordent de détruire la haute cité

aa d’Ilion, de m’emparer des richelfesque

aa cette ville puilfante renferme dans fa.a. vaûe enceinte , tu obtiendras, aprèsa: moi, la portion la plus honorablea. dans le partage du butin , foit unaa trépied , ou deux chevaux 8c Un char

aa fuperbe , ou une belle captive qui- aa partagera fon lit avec toi n.

c: .a llluftre fils d’Attée , lui répondit

au Teucer , crois-tu que tes exhortations ,aa que tes promelfes foient nécelfairesaa pour foutenir mon ardeur? Je ne celï-aa ferai de frapper , tant que mes forcesa) peurront y fuflire ; je percerai lesaa Troyens jufqu’â ce que nous les ayons

sa contraints de fe renfermer dans leurssa murs. Déja la pointe aigiie de mesa flèches a étendu fur la pouliière huit j

aa Guerriers valeureux; mais cet ennemiaa cruel , l’auteur de tous nos maux, au échappé jufqu’ici à mes coups «.

CHANT HUITIÈME;Il dit, 8: impatient de percer Heéror,

il ajulie fon arc , dirige la flèche meur-trière; elle s’égare, frappe dans la poi« -

trine un autre fils de Priam , le jeuneGotgithion. Caflianire , dont la. beautéégaloit celle des Immortels, donna cefils à Priam dans la ville d’Æfyme. Tel

un fuperbe pavot. penche fa tête al-tière furchargée par l’humidité du prin-r

tems , 8c les fucs abondans qu’elle ren-

ferme; telle la tête du fils de Priam,ne pouvant foutenir le poids de fou caf-que , tombe appéfantie par le coup mor-

tel. vEnflammé du defir de percer Haï-rot.

Teucer décoche une autre flèche ; elles’égare encore; Apollon la détourne; la

flèche amère atteint dans la poitrine levaleureux Archéptolême,l’Ecuyer d’HeC-

rot qui anime les courfiers; il tombe;les agiles courfiers s’écartent. effrayés;

fa vie s’exhale dans les airs. La pertede ce fidèle Ecuyet porte , dans l’amed’Heé’tor , une douleur profonde, sa

. C x i

.58 L’ILIADE,ztoutefois contraint par la’néceflité , il

abandonne la dépouille fanglante d’Arà

chéptolême; voyant près de lui fon frère ”

Cébrion , il lui ordonne de monter fur

fon char, de prendre les guides dansfes mains : Cébrion obéit a fon frère.

Se précipitant de Ion char , impatientd’atteindre le fils de Télamon , qu’il

menace à grands cris , Heôtor faifitune pierre énorme, fe difpofe à acca-

bler Teucer fous le poids de ce rocimmenfe. Dans le même remis" l’adroit

Teucer fait choix de la plus aigiie del’es flèches; il la place fur le nerf; d’une

main il la foutient fur l’arc, retirantl’autre jufqu’à fou épaule , il tend le

nerf avec force. ’Heétor le prévient; la

pierre aigiie le frappe dans la clavicule, Ioù la blelfure efl plus dangereufe. Lenerf qu’il bande eli brifé , fon bras en- I

gourdi; il tombe fur les genoux; l’arcéchape de les. mains. Ajax ne l’aban-

donne pas en ce prell’ant danger; ille hâte de le couvrirde fou velte bon:

CHlANT HUITIÈME. g,cliet; défie fes chers compagnons , ’Mnellée fils d’Echius 85 le divin Alefior

l’enlèvent appéfanti par fa blelfure , pouf-

fant de profonds foupirs , ils le tranf-portent aux vaifl’eaux. Cependant leDieu qui règne fur l’Olympe ranime le

courage des Troyens ,’ les Grecs fontrepouffés jufqu’au foiré; Heé’t’or les com-

mande; furieux, portant de tous côtésde terribles regards , il précipite dans les

fombres demeures tous ceux qui ferencontrent fur fon paillage. Semblableà un limier qui fe confiant dans fa vi-gueur, dans fa légèreté , dans la forCe

de fes jarrets ,-attentif à tous. les mou-vemens de l’ennemi , pourfuit un ’fan-

glier ou un lion qu’il a lancé ; l’animal. ’

furieux déchire de rage 8c fes truffes a;fes flancs (g). Ainfi Heétor pourfuit les

enfans de la Grèce que la terreur pré-cipitedevant lui; grand nombre tom«bent fous fes coups. Garantis enfin parle foiré , par la.palilfade, levant lesmains au Ciel, ils s’efforcent de rapJ

I C 6

se l’ I L ’I A D 2 ,-peller le courage dans hautaines , lm:plorant le fecours de tous les Immor-tels. Heétor cherche un panage qu’il

puilfe franchir; portant de tous côtésdes regards aulii- terribles que ceux de:l’affreufe Gorgonne ou de l’homicide-

Mars , animant fes courfiers, il parcourtle revers du large foffé. En cet infiant’la Déeffe auxbras d’albâ’tre, J unon,vi-

Vement affligée du malheur des Grecs ,adrelfe la parole â’Minerveç

aa Fille du Dieu qui porte l’Egide ;

n lui dit-elle, ne prendrons-nous pointa pitié des Grecs qui pétillent» réduits

n aux plus cruelles extrémités? Une.sa armée entière tombe fous les coups.sa d’un feul homme; la fureur du filssa de Priam ef’t intolérable; ne punirons-

» nous pas fes forfaits accumulés ce?

I La Déeffe aux yeux bleus , Minerve ,î

lui répondit: aa Depuis long-tems la”aa mort eût mis un terme a la fureura» d’Heétor; depuisilong-tems il eût

u tombé dans fa terre natale, fous les

CHJNT HUITIÈME. trà coups des enfans de la Grèce; maissa mon père , l’inflexible Jupiter, le pto-

aa tége; injuPte a: cruel, il s’oppofe à

sa tous mes projets. Il ne fouvient plus ,

sa à ce Dieu irrité, combien de foissa j’ai fauvé fou fils du trépas , dans les

sa divers travaux qu’Euriflrée lui impofa.

sa Hercule invoquoit avec larmes le fe-sa cours des Immortels. Jupiter m’obli- i

sa gea de defcendre de l’Olympe pouras voler à fon aide. Si j’eulfe prévu l’in-

ss jure qu’il me fait aujourd’hui , quand

au Eurifiée envoya ce fils fi cher a fousa cœur dans le fombre Royaume desa Pluton ravir le monflre qui veilless’â la porte des Enfers ,’jamais Her-

sa’cule n’eût repaire les terribles cour-

sa tans du Stix. Séduit par. Thétis , qui

sa embralfant fes genoux", lui a adrelféas d’humbles prières , lui demandantsa de venger l’injure faire à Achille lesa delirué’teur des Cités, l’ingrat Jupiter

sa m’a maintenant en horreur. Il viendra

sa un tems auquel il me nommera fa fille

a. I." I L I A n a ,a! chérie , la Déefi’e aux yeux bleus....... .

sa ô Junonlrprépate ton charsa 8e: tes courfiers , j’entrerai dans le

sa palais du Dieu qui porte l’Egide , jesa vêtirai mon armure divine, je me pré-

as parerai au combat, nous éprouveronssa fi le fils de Priam, le fier Heélor, noussa rencontrant dans la mêlée , fera réjoui.

sa de notre vue; plus d’un Troyen tom-as bant fous nos coups, près des vaill’eaux

sa des Grecs , deviendra la proie des:sa chiens 85 des vautours «.-

Elle dit; la fille du vieux Saturne,Junon aux bras d’albâtre , le hâte d’at-V

teler à fon char fes immortels coutfiers.Contenue par une trelfe d’or , leur valle

crinière flotte négligemment fut leursépaules. La fille du Dieu qui porte l’E-

gide , Minerve , détachant le voile pré-

cieux qui la couvre , ouvrage de fesmains le lailfe flotter dans le palais defon père, vêtit la .céleflîe cuirafl’e du.

Dieu qui alfemble les nuées, armureimpénétrable qu’elle endolfe quand

CHANT HUITIÈME. ’63

elle marche aux combats , faifit cettelance péfante , terrible , armée d’un

airain étincelant , avec laquelle elle dé"-

truit, dans fa fureur, des armées entières ,

monte fur le char étincelant de la Reine

des Cieux. Junon anime , avec le fouet,les agiles courfiers; les portes du cé-lefle palais s’ouvrent d’elles-mêmes à

1’ approche des deux Déelfes ; les Heures ,

en font les gardiennes , les Heuresauxquelles cil confiéle foin d’ouvrir 8c

de fermer la nue qui dérobe à la vue des

mortels 8c la voûte du Ciel 85 le fommetde l’Olympe; les rapides courfiers s’é-

lancent fous l’aiguillon qui les preffe;Junon 8c Minerve fa difpofenr à par-courir , d’un vol léger , l’immenfe e13

pace qui fépare la terre de la voûteéthérée. De la cime la plus élevée de

l’Ida, le père des Dieux 8e des hommes ,

J upitet les voit; fou arne s’irrite de leurrévoltegadrefl’ant la: parole à la Mélia-

gère des-Dieux , Iris aux ailes d’ors

,t4 L’ I L 1 a p.2 3a Légère Iris, lui dit-il , hâte ton

n Vol rapide , contraints ces téméraires

a Divinités de retourner en arrière-tsa qu’elles n’entreprennenr pas de s’opa-

u pofer à mes volontés fuprêmes; un

a rel combat feroit trop dangereux. Telsa: font mes décrets qui auront leur exèd-» curion , fi elles réfil’tenr à mes volontés

on fuprêmes: J’ôterai la force à leurs

n courfiers; ils romberonrxfous les rouesa du char qu’ils portent; ce char fu-» perbe dont elles s’énorgueilliflènt , je

sa le l.briferai 3 je les précipiterai dua fommet de l’Olympe; dix années ne

» fuflironr pas pour guérir les blefÎures

a: que ma foudre leur aura faites ; ainfis Minerve , la DéelÎe aux yeux bleus ,

u apprendra combien il cil dangereuxa de s’oppofer aux volontéside * [on

sa père ; car je fuis moins irritéa: contre Junon, accoutumé depuis long-

» teins à la voir traverfer mes projets en

Il dit; d’un vol aufii rapide que la

CHANT HUITIÈME. "a,tempête ,- Iris s’élance , du .fomrnet de

l’Ida, fur le vante Olympe. Arrêtant les

deux Déeflès aux portes du palais deJupiter , la légère Iris remplit la million

dont le maître des Dieux l’a chargée.

aa, Où courez-vous avec cette rapidité,

».leur dit-elle? qui vous infpire une telleaa fureur PJupiter vous défend de fecourir

aa les Grecs; tels font les décrets du fils

a: de Saturne qui auront leur exécution ,aa fi vous réfiflez à [es volontés fuprêmes.

aa Il ôtera la force à vos courfiers; ils-,» tomberont fous les roues du char qu’ils

aa portent; Jupiter brifera ce char fu-aa perbe dont vous vous énorgueilliffez;

aa il vous précipitera du fommet dea: l’Olympe 5 dix années ne fufiiront pas

a: pour guérir les bleITures que fa fou-.-

aa cire vous aura faites. Afin que tua, faches , ô Minerve ! combien il cesa dangereux de s’oppofer aux volontés

aa de ton père; car Jupiter n’en: pas aufl’i

3a irrité contre Junon , accoutumé depuis

3) long-rem à la Voir traverfer [es prœ

66 L’ILIADE,aa jets; mais ton impudence m’étonne;

aa ô .Minerve! d’ofer lever ton javelot

aa impie contre Jupiter , le père desaa Dieux 85 des hommes (f) a. »

Ainfi parla la légère Iris , 85 elle dif-

parut. Adrefrant la parole à Minerve :aa Fille du Dieu qui lance le tonnerre ,v

aa lui dit Junon , que l’intérêt des vils

a» mortels ne nous engage pas dans un

aa périlleux combat contre le maîtreaa des Dieux 5 qu’ils périflënt , que

aa d’autres vivent 6c triomphent , felonaa que le defiin l’aura ordonné; que J u-

aa piter protége ou les Troyens ou lessa Grecs , fuivant fes immuables dé-aa crets en

Elle dit , a: détourne fes courfiers ilégers ; les Heures les détellent , lesrenferment dans les étables parfumées

du facté palais , emplilTent l’ange -& le

ratelier d’une célel’te pâture, approchent

le char , l’appuient contre les murs dubrillant palais de Jupiter. Le cœur percéd’unedouleurprofonde les deuxDéefÎes

CHANT HUITIÈME. 67prennent place fur leurs trônes , parmiles autres Divinités. Au fommet del’Ida , le père des Dieux 8: des hommes

Jupiter attelle fes courfiers , s’élance fur

fou char , marche vers l’Olympe , lademeure des Immortels. Neptune s’em-

prelÎe de dételer les courfiers de foufrère , de couvrir fon char d’un.voile de

lin, de l’appuyer fur fa bafe (t).- Jupitermonte fur fon trône d’or, levafte Olympe

tremble fous [es pas; les deux Dédiésaffligées , Minerve 8c Junon , fe tiennentà ’écart, n’ofant ni l’interroger ni lui

parler. Le Dieu qui alfemble les nuéesobferve leur morne filence , les appelle,leur parle ainfi :

aa O Minerve ! à. Junon, dit-il! quelpaa eft le fujetl de ce morne filence , deaa cette trifiellie amère qui cil peinte fursa vos fronts? Comment avez-vous borné Ê

aa fi-tôt le cours de vos exploits guerriers?

aa Vous conçutes le projet de détruire

aa la race des Troyens; car vous leursa gardez une. haine implacable. Ma

68 L’ I L 1 A D à;aa volonté ell: fiable , mon bras puilTant;

aa tous les Dieux tenteroient envainaa de s’oppofer à l’exécution de mes

aa éternels confeils. Vos genoux ontaa fléchi; la terreur a eu accès dansaa vos amas , avant que vous fadiezaa parvenues aux campagnes de Troye,aa que vous eufliez fignalé votre haineaa par d’incroyables prodiges. Écoutez

aa des menaces qui auroient eu leuraa exécution. Frappées de ma foudre ,

aa votre char ne vous eût pas reportéesn furl’Olympe, la demeure des Dieux cc.

Il dit; affilies auprès l’une de l’autre,

les deux Déellës , méditant la ruine des

Troyens , mordent leurs lèvres dans lafureur qui les anime. Minerve mur-mure en fecret; la colère cil peintedans les yeux; mais elle n’ofe éclater;

Junon ne peut contenirlfon indigna-

tion: .aa Inexorable fils de Saturne , dit-elle;sa quelle parole ell [ortie de ta bouche! la Nous commuions être. puiflânce a:

CHANT HUITIÈME. 2,.ba ton inflexibilité; mais nous fommesaa touchées d’une tendre pitié pour les

aa valeureux enfans de la Grèce , que leuraa cruelle depl’tinée précipite dans les fom-

aa bres demeures. Nous nous abflien-a! drons du combat, puifque tu l’exiges;

aa foudre au moins que nous donnions vaa aux Grecs de falutaires confeils , dansaa la crainte qu’excitant ton courroux ,sa leur race ne (oit annéantie; épargne,

aa ô Jupiter! les telles infortunés de L.aa ce peuple célèbre tu

..--. a) Implacable Junon , lui répondit

aa le Dieu qui allèmble les nuées; deaaa main au lever de l’aurore, ma puif.-aa lance le montrera avecplus d’éclat 3

aa tes yeux pourront voir la faulx de laaa mort moiflbnner les Héros de la Grèce,

aa difliper leur armée; car le grandsa» Heétor ne celfera de combattre , queaa le fils de Pelée , aujourd’hui retiré dans

aa les tentes , ne le réveille , en ce jouraa auquel les Grecs refferrés dans leur

a camp combattront fous la poupe de

7e .L’ILIÂDE,’a. leurs vaifl’eaux , quand Patrocle aura

aa fuccombé fous les coups du fils deaa Priam. Tel ell: l’ordre du Del’cin; je

aa méprife ton courroux; quand mêmeaa"’tu eH’ayerois de me fufciter des

a» ennemis aux’extrémités de la terre

sa 8c de la mer, en ces lieux habitésaa par Japhet 8c Saturne , qu’envi-aa tonne le profond Tartare,où la lu-aa mière du foleil ne pénètre jamais, qui

aa ne font jamais rafraîchis par la douceaa haleine des vents ; quand tu pénétre-

aa rois dans ces fombres demeures, pouraa’exciter contre moi une révolte impie ,

aa je mépriferois tes impuilfaiits ef-aa forts; car rien n’égale ton impudenceaa 85 ta témérité «.

Il dit; Junon ne lui répond pas.Cependant le flambeau du jour s’éteint adans l’Océan; les ténèbres s’étendent

fur la terre. Contraints de mettre unterme à leur fureur , les Troyens les en-;vi’l’agent avec douleur; les enfans de la

Grèce les attendent avec impatience;

CHANTE-trantran. 7xleurs cris redoublés faluent le char d’é- i

bène de la nuit qui fufpend le carnage.Heétor all’emble les Troyens fur lesbords du Scamandres, loin du champ de»

bataille, loin des vailfeaux des Grecs.Defcendus de leurs chars , tous l’écou-

tent en filence. Tenant dans fes mains.ce javelot de onze coudées , qu’un ianneau d’or environne, dont la pointe -aigiie répand au loin une effrayante lu-mière , appuyé, fur cette arme terrible,l’ami de Jupiter , le grand Heétot,

a parle ainli aux Troyens ’alÎemblés :

aa Troyens , Datdaniens , 6c vous nosaa fidèles alliés ,écoutez-moi. J ’efpérois

aa en ce jour rentrer dans llion , ayant.aa détruit l’armée des Grecs , 8c’ mis lem

aa feu à leursvvaill’eaux. Mais la nuit a

aa répandu fes ombres fur la terre; fes aaa ténèbres [ont le falut des Grecs re-aa poulfés jufqu’aux rives de la mer,aa jufques dans leurs vaiffeaux. Cédonsaa à la nuit; préparons le repas du fôir ;’

aa dételez vos courfiers , donnez -leur,

7?: ,L’Iru 41a a;aa près des chars , la pâture convenableiaa.Hâtez-vous d’aller a la ville, d’ame-

aa net des bœufs 8C des moutons , d’ache-

aa ter du vin , d’apporter de vos maifons

sa du pain de pur froment , d’allembler

aa le bois nécelraire pour allumer unaa grand nombre de feux. Je demeureaa en ces lieux ,attendant le lever de laa. divine Aurore. Eclairons cependant"les démarches des fiers enfans de laaa Grèce , dans la crainte qu’ils ne pro-

alitent de l’obfcuriré de la nuit pour.aa fuir fur leurs vaill’eaux légers. Qu’ils

aa- fayengmais percés de nos coups, qu’ils

aa aillent dans leur patrie. , penfer lesaa blelfures que nos flèches , que nos jave-

aa lots leur auront faites,que leur exemple ’

aaIVefl’raie quiconque ofera tenter, dans

ailes fiècles futurs , de porter la guerreaadans les champs Troyens , que desaaHérauts , Meilàgers de Jupiter, pé--

aaznètrent dans Ilion , qu’ils .ordonnent::

un)? Troyens d’allembler les jeunes ai0 hommes dont un léger duvet couvre.

aaà

h

Calas NT *vHOU.I T I à. M E. :75"

;aa à..peine.-le menton , de choifir des.aa vieillards refpeétables parleurs clie-a aa veux blancs pour les commander; que

:aa montantfurnos tours, ils fanent une091331418 . aimâtes, que les: femmes allu-’

.aa ment de agrandsfeux’dans leurs amai-

.aa fous & dans leurs palais , de peut que

.aa les Grecs ne profitent de l’abfence deA” l’armée , pour pénétrer’fecrettement

»aa dans notre .ville. Exécutez fidèlement,

-aa .ô Troyens! ce que je prefcris pour la..-aa sûreté commune; demain jedonnerai ’

.- aa mes ordres â’l’armée; daigne Jupiter

a aa 8c les autres Immortels , réalifer l’ef-

.aa poir que je cbnçois de purger nosau campagnes de cette nuée d’ennemis

,aa qui ont fendu ,vavec des vailfeaux.aa légers , le fein de la plaine liquide,.aa conduits par une deliinée funel’re,1:, dans le deH’ein de porter fur nos rives

. aa la guerre 8c legcarnage Veillons’aa encore cette nuit , empêchons que

,3) les Grecs ne nous furprennent. De-« sa, main, au lever de l’aurore , couvert

T 0m; Il ’ . , D

74 L’ILIA’DB,.aa de nos armures , nous renouvellerons-aa un fanglant combat feus la poupe deaa leurs vaiffeaux ; nous connoîrronsau alors fi le fils de Tydée’,rle vaillant’3’ Diomède , parviendraâ nous thalles,

-aa à nous repoull’et dans nos murs , ou

aa fi tombant lui-même fous les coupsaa de mon javelot, j’emporterai dansa: Troye les dépouilles fanglantes. Laa! journée de demain éprouvera [on in-aa trépide courage , s’il tient ferme con-

aa tre Heétor; mais j’ai cette confiance

aa qu’avant le lever du foleil , il tombera

aa fous les coups de mon javelot, 85aa grand nombre des liens avec lui.aa Puill’ai- je jouir de l’immortalité ,

-» puilfai - je , exempt de la vieillelfe ,.aa être honoré par un culte religieux,Je à l’égal de Minerve 85 d’Apollon,

sa comme il elt vrai que la journée deaa demain fera fatale aux enfans de laa; Grèce a l

Ainfi parla Heétor; les Troyens luirépondent par des acclamations réité-

canas T HUITIÈME.rées;leurs courfiers couvertsde lueur,font dételés , des courroies les attachent

aux roues des chars; ils fe hâtent d’a-

p mener de la ville, des bœufs 8c des1 moutons , d’acheter du vin , d’apporter

de leurs maifons des pains de pur fro-. ment, d’alfembler le bois nécelfaire aux

bûchers; la fumée de la graille desviétimes ell portée , par le faufile im-pétueux des vents , jufqu’âala voûte étoi-,

lée. Relferrés dans un défilé étroit, fous

les poupes des vailfeaux de l’ennemi,mais occupés de grands projets , lesTroyens font, pendant toute cette nuit,une garde exaé’te. Les feux qu’ils ont

allumés brillent dans la plaine. Telles ,

dans un tems ferein , rafraîchi par unair pur que les vents ne troublent point ,les étoiles qui , fur la voûte azurée ,forment le cortège brillant de la Reinedes Cieux , découvrent à la vue de l’ob-

fervateur , las fommets efcarpés desmontagnes , leurs chûtes rapides , leslacs , les forêts , 8: réjouillènt’ le

D2.

N-

’36, 1’11. La! D a,palleur qui veille’ à la garde de fes

troupeaux; tels paroill’ent les feux desTroyens fous les murs d’Ilion , dans

l l’efpace qui fépare les vailfeainr des ri-

ives du Xante. Mille brâfiers font allu-més; cinquante hommes veillent autour

’de chaque feu dont l’éclat réfléchit fur

’les corps des Guerriers. Attachés aux

roues des chars , les courfiers mangentlîorge 6c l’avoine; ils attendent quel’Aurore monte fur [on trône d’or.

71..

CHANT NEUVIÈME.11119434551102” a, Achille ,- inflexibilité,

du fils de Pe’le’ç.r .1”

AINSI les Trdyens font une gardeexaéte pendant la nuit; mais le trouble,

la fuite honteufe, la terreur .meur-l Itrière qui l’accompagne , font dansl’armée des Grecs; les Rois , les plus

valeureux enfans de la Grèce font conf.ternés; femblabl’es aux ondes de la mer ,

quand le vent- du’nord 8c le veut ducouchant (a), s’élevant fubitement des

montagnes de Thrace , bouleverfentfes profonds abîmes ; les flots fegonflent; une blanche écume s’étend-

fut la plaine liquide; ainfi font diviféesles penfées des Grecs. L’ame percéed’une douleur profonde , le fils d’Atrée

Agamemnon éveille fes Hérauts, leurordonne d’appeller chacun des Chefs r

78’» I’ILIADE,de l’armée a un Gonfeil fecret. Le Roi.

des Rois leur interdit les cris accoutu-V més; lui-mèmeil remplit auprès desU plus diflingués, ce pénible minillère;

lès enfans de la Grèceprennent placeen filen vidansle’Confeil; une mornetrillelfe eli répandue .fur leurs fronts.Vérfant des larmes aufli abondantesque les eaux noircies par la chûte rapided’un torrent qui le précipite du fom-met d’une roche cicarpée , Agamemnon

s’aflied fur fon trône, pondant un pro-

fond foupir , il adrelfe la parole auxGrecs alfemblés.

’3’0 mes amis! Chefs 8c Confeils de

aa l’armée des Grecs, dit-il! Jupiter nous

aa accable de maux; le père des Dieuxaa 8c des hommes nous a tendu un piégé

aa indigne de la majellé fuprême. Ceaa Dieu cruel me promit, par ce ligneaa de tète qui ne trompe jamais , un heu-

aa reux retour dans ma patrie ,v aprèsa5 avoir détruit la puifl’ante ville de

aa Priam , 8c maintenant, méditant une

CHANT NEU’VIÈME. 79;sa fraude indigne du maître des Dieux ,.

sa il m’oblige de retourner fans gloire

sa dans Argos , ayant perdu un grandn peuple. Ainfi le veut ce Dieu paillantsa qui, le plaît. à abaill’er les têtes fuper-

aa bes des plus grandes Cités; car nul ,sa ne peut lui réfiller. Obéilfez donc à:

sa mes ordres; fuyons ,e puifque la né-aa celIité nous y contraint; retournons sa: avec nos vailfeaux , dans notre patrie ;-aa il ne nous telle plus d’efpoir de noussa emparer de la puill’ante cité d’llion a.

Ainfi r parler le fils d’Atrée accablé

d’une douleur profonde; tous le taifent ;:un morne filence règne dans l’affem-o

blée. Le valeureux Diomède prit enfin

la parole :’ .sa Fils d’Atrée , dit-il , tu abufes , par

sa ces ordres infenfés , de l’autorité que

as nous t’avons donnée. O Roi! j’oferai le:

sa premier te réfiller dans le Confeil (à) ;.sa car lajullice l’exige; ne t’en irrite pas.-

aa Tu me’fis injure à la face de l’armée

n des Grecs, me nommant un homme

D4

’80 I.’ I L I A D E ,aa. fans force , incapable de foutenir les.sa travaux de la guerre (c); tous les Grecs ,

sa jeunes 8: vieux, en furent témoins;sa tous connoil’fent l’injuliice de tes re-s

sa proches. Le fils-de Saturne dont lessa confeils font éternels , fit deux parts

sa de fes dons; il te donna le fceptre 8c,aa les honneurs attachés à la royauté,

sa te refufa la force 8: le courage, fans.aa lchuels l’autorité cil impuillÏantesa Infenfé ! penfes-tuque les Grecs foientv

sa alfcz lâches pour fe foumettre à dea, tels ordres? Si la crainte te force desa retourner dans ta patrie , pars ; lessa chemins font ouverts , les nombreuxsa vailfeaux qui t’apportèrent de Mycènes

sa font mis à fec fur le rivage ; lance-les

a: à la mer; les valeureux enfans de lasa Grèceldemeureront jufqu’à ce quen nous nous [oyons rendus maîtres desa la puifl’aute ville de Priam; ou plutôt ,7

n qu’ils fuient, qu’ils reprennent avec

sa toi la route de leur patrie , Stélénus 8:

sa moi feuls , nous combattrons jufqu’à.

CHANT NEUVIÈME. 81,u ce que nous ayons trouvé le joura marqué par les Deflins pour la chiitesa d’llion ; .car nous ne fommes pas

- » arrivés ’ici fans l’ordre exprès des

I n Dieux (c) a.Il dit; tous les Grecs applaudilrent,

Par des acclamations redoublées , audifcours du valeureux fils de Tydée. Lefage Nefior fe lève; admirant la parole

à Diomède : .a: Fils de Tydée, dit-il , È force dea: ton bras , la fagëHe de tes çonfeils ,a) furpalrent celles de tous ceux de ton.a: âge; aucun des Grecs ne blâmera tona: difcours; aucun n’ofera le contredire.

a: Cependant tu n’as -pas atteint le buta: de nos délibérations ( Tu: ferois ,»

n par ta jeuneffè , le dernier de mes fils ,

n 8; toutefois ta fagefle éclate dans9a les confeils que tu donnes aux Rois,n aux Chefs de l’armée des Grecs. Je Ia: Parlerai à mon tout; je ne diflîmule-

a rai rien; car je fuis plushvieux quea: toi; aucun ne méprifera mes avis la:

D s

s

82. 1’ I ,L 1 A D r ,aa laraires; pas même le Roi Agamem-Vsi non. Celui-là eft injufle , 8: mériteaa d’être exclus dela fociéte’ des hommes ,

aa qui fe plaît dans les guerres , dans les

aa divifions intefiines. Cédons mainte-aa nant à la nuit; préparons le repas duaa foir; plaçons des fentinelles .8: desaa corps avancés fur le foiré, hors deav la muraille; faifons une garde exaéte;

aa tels font les devoirs des jeunes gens;aa donne , G Agamemnon ! les ordresaa convenables , car ’tu es le Roi dessa Rois , l’autorité 8c la puilrance font

aa remifes en tes mains. Invite les vieil-aa lards, les Chefs de la Nation , à unaa fefiin folemnel. C’en: toi que ces foins

aa regardent; ils font dignes de la ma-aa jeflé fuprême; tes celliers font rem-.

i aa plis d’un vin délicieux; chaque jour

aa nos vailTeaux traverfant la plaine li-aa quide , t’en apporteur des campagnes

aa de Thrace; tes tentes renferment lesaa provifions néceITaires pour traiter dl.

sa gnement res hôtes -,.tu domines fur

CHANT NEUVIÈ ME. 8;aa un grand peuple; réunis dans ta tente ,aa pour un fefiin folemnel , nous t’aide-

aa tons de nos confeils ; rus fuivras leaa meilleur; les Grecs en ont un prefï-aa faut befoiu; car les Troyens ont-allumé

aa de grands feux jufque fous la poupeaa de nos vailreaux. Quel œil ne feroitaa attendri à la vue de ce fpeélacle hor-

aa rible! Cette nuit décidera du falur ouaa de la ruine de l’armée des Grecs a.

Il dit; dociles à fes confeils , tousl’écoutent en (ileuce; les jeunes hommes

chargés de veiller à la garde du foiré 86:

de la muraille, couverts de leurs ar-mures -, s’empreKent de [e tendre à

leur pofie; les troupes que commandeTrafimède fils de Nefior le pafleur despeuples , celles qui marchent fous lesordres d’Afcalaphus 86 d’lalmenon , fils

de Mars , ceux que commandent Mé-rion , Aphatée 8c Déipurus, ceux que

guide. au combat le divin Licomèdefils de Créon; fept corps de . centhommes chacun, armés de longs jave-

D6

84 1’ I L 1 A 1) g ,lors , font placés dans l’efpace quifépare le foiré de la haute murailleyfept

Chefs renommés les commandent; ilsallument des feux, préparent le repasdu foir; le fils d’Atrée Agamemnon ,

Conduit dans fa tente les vieillards , lesChefs de l’armée, prépare un fuperbe

fel’cin ; ils portent leurs mains fur les

mets qui leur font offerts Quand lanourriture a réparé leurs forces abattues,

l

le vieux Nef’tor, dont le confeil a déjà. ’

paru le meilleur , ouvre le premier cetavis faimaire.

aa Illuflre fils d’Atre’e, Roi des hommes

a, Agamemnon , dit-il , je parlerai de toi,u je commencerai par toi; car ru règnesaa fur un grand peuple ; Jupiter te donnaaa le fieprre 6’ ranz ce qui appartient à

aa l’exercice de la juflice , afin que tuaa prennes confiil pour eux. C ’çjl à toi

n qu’il convient de parler le premier,aa d’écouter .enfixite , ê Je procurer aux

aa autres les moyens de [et dire ce que leura: efim’z leur jugère pour l’utilité com:

r

CHANT NEUVIËME. î;Sa marie , d’ordonner enfin; car à roijeul

a appartient l’empire (g) ; je dirai donc

aa ce qui me paroit le meilleur. Aucunaa n’a ouvert jufqu’ici un confeil plus

aa utile que celui que je te donnai dèsaa le commencement; c’el’t le même que

aa je te donne encore. Souviens-toi deaa ce jour auquel, contre notre avrs , pé-aa nétrant dans la tente d’Achille, dont

aa le courroux cit maintenant la fourceaa de tous nos maux , tu enlevas fa cap-aa rive Brifeïs. J’elrayai’ envain de te

aa détourner de ce fatal’tprojet; énor-

n gueilli de ta puill’ance; tu abufas de

aa ton pouvoir pour faire injure à uniaa Héros , le plus fort, le plus courageuxvides enfans de la Grèce , que les lm-aa mortels ont comblé de gloire ’, tu

aa ravis 85 pofsèdes la julle récomaaa penfe de les. travaux. Confultonsaa maintenant entre nous , commentau nous parviendrons à appaifer le fils9a de Pélée , par de douces paroles, par

au des dons dignes de lui u.

86’ l’ I L r a4 D a ,.--- aa O vieillard ! répondit le Roi des

aa hommes Agamemnon , c’el’t avec juil

aa tice que tu me reprends de la fauteaa que j’ai commife; elle cit grande; je

sa ne le diliimule point; un feul hommeaa que Jupiter chérit , elt plus fort quea: des Nations réunies (Il); le Dieu quia) afl’emble les nuées me punit 8c leaa venge, par la ruine de l’armée desaa Grecs. Soit que le vin eût troublé ma

aa raifon, ou que les Dieux m’euffenr;as frappé , ne prenant confeil que desaa mouvemens inconfidérés de monaa cœur, j’ai fait injure à un Héros. Je

a» l’appaiferai par des dons immenfes ;-

aa je veux vous en faire à tous l’énumé-

» ration. Sept trépieds dont le feu n’a

aa point approché (k) , dix talens d’or,

a: vingt vafes d’airain , douze courfiers

aa vigoureux 8: légers ,.fouvent couron- taa nés dans les combats du Cirque 5 unaa homme qui n’auroit, pour tous biens,

a; que les prix que mes courfiers m’onta: acquis, ne «pourroit pallier pour indi-

,1

CHANT errzèuz. 87.3! gent; ils fufliroient pour ’combler les

aa vœux d’un mortel; fept captives Lef-aa biennes d’une grande beauté, infiruic’

a: tes dans tous les arts de leur fexe,aa que je choifis moi-même dans le par-aa rage du butin , quand nous dûmes àaa fa valeur , la conquête de la pliilfante

aa ville de Lesbos; elles furpalfent enaa beauté toutes les autres mortelles; jeaa les donnerai à Achille , Be lui rendrai

aa la fille de Brisès , cette belle captiveaa que je lui ai enlevée; j’attefterai par

aa un ferment terrible, que jamais elleaa ne partagea mon lit , que jamais je neaa goûtai avec elle les douceurs d’un

aa commerce fecret. Je lui ferai mainte-aa nant ces riches préfens; (Se f1 les Dieux

aa nous accordent de dévafier la grande

a: ville de Priam , de nous emparer desaa tréfors que renferme cette immenfeaa cité , je veux qu’avant tout partageur!

aa butin , Achille charge lui-même unaa vaifl’ eau d’or ô: d’airain , qu’il choififfe

aa vingt femmes Troyennes , les plus

88’ L’IL.1An-E, .-aa belles, après l’Argienne Hélène. De

aa retour dans le fertile pays d’Argos , il

aa.fera mon gendre; le l’honorerai àaa l’égald’Orefie, mon fils unique , élevé

nâ Argos dans,l’abondance de tousn biens. Trois ’filles habitent mon fu-aa perbe palais , Chriforémis , Laodicea: 85 Iphianalfe (l ); qu’il choifilfe celle

-aa qui lui agréera le plus, qu’il l’emmène

aa dans le palais de Pélée fon père; je ’

aa nîexige aucuns des préfens aCCoutu-I

aa niés, (m); j’y joindrai une dot im-

aa menfe, telle que jamais père n’en

aa donna à fa fille , fept villes riches,aa nombreufes en habitms , Carda-aa myle (m , Enopée (a), Hira, fertileaa en pâturages (p) , la divine Phœres,aa Antée environnée de marais pro-,sa fonds, la fuperbe Æpea 8c Pédafon

sa dont le vignoble dt abondant,.toutesaa voilines de la mer, non loin de la

.aa fablonneufe Pilos; des hommes ri,-aa ches en moutons , riches en bœufs ,.aa habitent ces cités; ils l’honorerontp

CHANT NEUVIË’Me. 8’,

aaacomme un Dieu, lui feront de fu-aahperbes préfeus, payeront à fou fcep-

aa tre, un julle 8c immenfe tribut. Jeaa donnerai toutes ces chofes au fils deaa Pélée , s’il appaife fou fatal courroux;

aa- Qu’il cède à nos prières. Le Dieu des

aa, Enfers elt feul inexorable; les hum-aa bles vœux ne peuvent le fléchir; aufii

aa elÏ-il en horreur aux mortelsaa Qu’Achille fe (brunette à mon em-

aa pire; car je fuis plus âgé que lui, ma

aa race cil illuflre; je commande à tousaa les Rois (r) a.- z a: Fils d’Atrée , Roi des hommes;

sa Agamemnon ,v lui répondit le vieuxa’a Nellor, les dons que tu offres au.

aa divin Achille , font dignes de ceaa Héros. Choifilfons des Députés ilu

aa luftres, qu’ils fe hâtent d’aller à la.

aa tente du fils de Pélée; je les nom-.aa nierai, , qu’ils ne refufent pas cetteaa honorable million (f):Phénix ,l’ami

p de Jupiter, Ajax 56 le divin Ulylfe;

90’ L’ItiAnz,aa tels feront nos Députés; deux Héraur: ,’

aa Hodius 8c Eurybathe ,les accompagneaa ront. Apportez de l’eau , purifionsaa nos mains; applaudiffei , adrelfantaa vos vœux au fils de Saturne , lui de-aa mandant de prendre compai’lion des

aa maux que fouffrent ’lesenfans de la

aa Grèce si. .- ’ "Il dit, tous applaudill’ent; les Héraurs

verfenr de l’eau fur leurs’ mains , les

efclaves couronnent les coupes , lesdifiribuent à l’affemblée. Ayant fait des

libations aux Dieux 8c bu autant que lafoif les y convie , les Députés s’empref-

fent de fortir de la tente du fils d’Atrée."

Le vieux Nel’tor portant fes regards de”

tous côtés , leur donne d’utiles con-

feils , à Ulylfe par -deffus tous lesautres : Tente; , leur dit-il , tous mayensde fléchir l’irreproclzable fils de Pe’le’e.

Les Députés parcourent le rivage de

la mer bruyante , adrelfants leurs vœuxà Neptune dont les ondes environnent.

æ

CHANT szvrer. 91:la terre , lui demandant avec ardeur deporter la perfuafion dans la grande amedu defcendant d’Æacus. a

Ainfi les Députés parviennent auxvailfeaux des Thellaliens. Allis à l’entréer

de fa rente , Achille charme fon ennui»par les doux accens de l’harmonieufecytharre. Cette lyre précieufe fit partiedes dépouilles de la ville d’Hétion , dont

il s’empara (t) , ouvrage’de Dédale , le

manche en eli: d’argent , Achille en tiredes fous harmonieux , qu’il accompagne

. des doux accens de fa voix; il célèbre les

exploits des anciens Héros de la Grèce.

RIES devant lui, le feul Patrocle attenden filence’ que le defcendant d’Æacus

ait fini de chanter. En cet inflant lesChefs de l’armée des Grecs s’appro-

chent; le divin Ulyll’e cil: à leur tête.

Du plus loin qu’ils apperçoivent le filsde rPélée , ils s’arrêtent avec refpeâ.

Achille étonné s’élance du trône fur

lequel il cil: aflis , tenant l’harmonieufe

cytharre dans les Imams ; Patrocle ,

"92. L’ I L 1 A D z ,quitte le liège qu’il occupoit; étendant

la main , le filslde Pelée adrelre aux Dé-

putés ces douces Paroles : 1a, Héros que, malgré mon courroux g

a, je chéris 8c révère par-defrus tous les

a: enfans de la Grèce, foyez les bien-d» venus; fans doute une prellante né-» cellîté vous amène I".

Ayantainfi parlé , le fils de Pelée ina

troduit les Députés dans fa rente ,w les

fait afreoir furîdes trônes couverts detapis de pourpre; adreITa’nt la parole à.

Patrocle qu’il Voir près de lui z

a: Fils de Ménétius , lui dit-il , em-ulprelTe-toi d’apporter la plus vaI’te des

a» urnes que mon vaillëau renferme ,nn prépare un vin exquis (a) , dil’tribue

a: les coupes; car les hommes les plusa: chers à mon cœur [ont arrivés dans

a ma tente u.Il dit; Patrocle obéitâ fan cher com-

pagnon; Achille lui- même pore furun feu ardent , un vafe immenfe , def-

* tine à contenir les chairs des vidâmes;

CHANT NEUVIËME. :9,il y place le dos entier d’un mouton 85l d’une chèvre engraiffc’s , 8c le table d’un

porc brillant d’une gratifie ferme à:épaifl’e. Automédon tient le vafe; le

divin Achille fait les portions; les chairsétant coupées , ils les embrochent ;Ile

fils de Ménétius allume un grand feu.

Quand la flamme efi éteinte , Patrocle’ étend les charbons , élève les broches

de deirus leurs bafes, répand le fel ,’ préfent des Dieux , pore les chairs fur

* les charbons ardens,les retire , les place’ fur la table, apporte le pain dans de ri-

ches corbeilles .; Achille diflzribue leschairs , prend place vis-â-vis d’UlyH’e ,

appuyé contre la cloifon oppofée auI trône qu’occupe ce Héros , il ordonne

à fou compagnon Patrocle , d’offrir aux

Dieux les prémices. Le fils de Ménétius

’ détache des morceaux de toutes les par-

* des des jviétimes , les jette dans lefeu ; ils portent leurs mains fur lesmets qui leur (ont oflërrs. Quand le

’ ’defir du boite 86 du manger cil: fatisfait,

’94, L’ I L 1 A n E ,Ajax fait un figne à Phénix; le divinUlylle le remarque , couronne [a coupedu vin dont il l’emplit, la préfentant

au fils de Pélée : ,sa Achille, lui dit-il, je te fouhait

- à. le bonheur; Les fef’tins ne nous man-

,» quem ni dans la tente d’Agamemnon

a: fils d’Atrée , ni maintenant dans la

u tienne; nous avons en abondance toutesa les chofes qui contribuent aux délicesn de la vie 3 mais d’autres foins ne nous

sa permettent pas d’en goûter les dou-

a: ceurs. Defcendant du Dieu qui.lanceu le tonnerre , nous tremblons à la vuesa des maux prêts à fondre fur nos têtes.

a: Nos vailÎeaux (ont menacés;la flamme

vu cit prête à les confumer, fi tu ne

z

urevêts ra force pour nous défendre,

* A h’ll l L fi T lam c i e. es ers - royens, eurssa nombreux alliés , campés près de

a: la muraille que nous confiruisîmcs. a) dans le deffeinde protéger nos vail-; sa féaux , ont allumé de grands feux; ils,a ne s’arrêtetont pas qu’ils n’aient fran-

--- -fi-.-

CHANT-.NEUVIÈME. 7,5sa chi’ nos remparts, 85 pénétré dans

”. a nos navires 5 Jupiter fourient leursa courage par les augures favorables

» a: qu’il leur envoie; le tonnerre gronde

» la 8c éclate fur la droite de leur camp;

. n Hector lançant fur l’armée des Grecs

v sa de terribles regards , le confiant dans

n la protection du fils de Saturne , neQ! met. aucun terme à fa fureur , ne ref-sa peé’te’ ni les hommes ni les. Dieux; la

sa rage vit au fond de [on cœur; ila: attend avec impatience le lever den l’aurore, fe promet de couper avecu la hache les poupes de nos navires (x),sa d’y lancer des torches ardentes , de

sa porter le carnage dans notre camp ,n d’enfevelir les Grecs confumés par les

sa flammes , étouffés par la fumée , fous

sa les débris deleurs vaiflëaux embrâfés. .

13 Je tremble que les Dieux n’efi’eétuent .

a: fes menaces. Le Defiin nous a-tiil ré-» fervés pour périr aux champs Troyens,

V n loin de lafertile Argos! Réveille-toi de

V sa celongfommeil,ôAchille!viens,quoiv

’95 ’ L” I L ’1 mon,

sa que tard , au fecours de ta patrie,affli-sa gée! arrache les enfans de la Grècesa aux fureurs des Troyens; ces forfaits

. sa confommés, il ne nous reliera aucunesa relÎource; confidère , avant. l’évène-

n ment, comment tu écarteras la mortsa prête à ,détruire l’armée des Grecs;

’ a fouviens-toi des confeils que ton pète

v a Pélée te donna à ton départ de Phtie,

v sa en ce jour auquel il r’envoya com-sa battre aux champs Troyens, à la fuitesa d’Agamemnon (y) a O mon fils ! tesa difoit-il , Minerve 6’ Junon te donne-

ss ronrla viâoire,fi telle ejl leur volonte’;

i sa maisjbuviens-tqi de réprimer les mou-

sa vemens impétueux de ton cœur, dei n te concilier l’amour des hommes; évite

sa les diflëntions inreflines , lourera desa maux cxtrêmcsgjbis honoré de tous

w les Grecs, jeunes à vieux. Ainfi te* aa parloit-le vieux Pélée , 86 tu as oublié

- aa l’es confeils! mets un terme à ta ven-

-. sa geance. Agamemnon te fera de riches(tu préfens , s’il parvient à fléchir ton cour-

a: 1’0qu

Cru! N T NE U V1 in a. 97si roux. Je vais t’en faire l’énumération;

sa fept trépieds dont le feu n’a points encore approché , dix talens d’or ,ss-vingt vafes d’airain , douze chevaux

sa vigoureuxôc légers , f0uvent canton-

sa nés dans les combats du Cirque. Unsa homme qui n’auroit , pour tous biens,

sa que les prix que ces coutfiers lui ontsa acquis, ne pourroit pallier pour indi-aa gent ’; ils fufiiroient pour combler les

sa vœux d’un mortel; (cpt captives Lef-

sa biennes , d’une grande beauté, inf-

aa truites dans tous les arts*de leur fexe,sa qu’il choifit lui-même dans le partage

sa du burin , quand nous dûmes à taa) valeur, la conquêtede la puill’ante

sa ville de Lesbos. Ces femmes fur-, patient en beauté toutes les autresa mortelles. Il te’les donnera, 8: té.

a rendra la fille de Brisès, cette bellecaptive qu’il te ravit; il attellera , par

a: un ferment terrible , que jamais ellea ne partagea (on lit, que jamais il ne

sa goûta avec elle les douceurs d’un

Tome Il. Ep

v

se

a.v

v

98 L’ILIADE,sa commerce fecret. Agamemnon tesa fera maintenant ces riches préfens,sa 8c files Dieux nous accordent de noussa emparer de la grande cité de Priam,

I I) 85 des tréfors renfermés dans cettesa ville immenfe , avant tout partage dusa butin , tu chargeras toiemême un vaif-aa.feau d’or 8c d’airain, tu choifiras vingt

sa femmes entre les captives Troyennes ,sa les plus belles après l’Argienne Hé-

ra lène. De retour dans le riche 8: fer-arrile pays d’Argos , tu deviendras [onsa gendre ; il t’honorera à l’égal d’Ore [le ,

sa (on fils unique, élevé à Argos dans I

sa l’abondance de tous biens. Trois filles

sa habitent (on fuperbe palais, Chryfo-.aa rémis, Laodice 8c lpliianalfe; tu choi-

aa liras celle qui t’agréera le plus , tu.’aa l’emmèneras dans le palais de Pélée

sa ton père. Agamemnon n’exige au-sa cutis des préfens accoutumés. Il y

sa joindra une dote immenfe , telle que.aa jamais père n’en donna de femblable

v à fa fille , fept villes riches , nom-

l

C214 NI «Nevers [al-15.. 99

sa breufes en habitans,GardamyleÆno-3’

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pée , wHira fertile en pâturages, ladivine Phères , .Anthée environnée

de matais profonds, laluperbe citéd’Æpea 8c Péfalon dont le vignoble

cil; abondant , routes voifines dqmer, près de la fablonneufe Piles;des hommes riches en moutons , ri-ches en bœufs , habitent ces cirés ; ils

t’honoreront comme un Dieu, te fe-ront de fuperbes préfensp, payeront à

ton fceptre un julle 8c immenfe tribut;iIl te donnera toutes ces choies, ap-paifant ton courroux. Si ta haine cil:inflexible , fi tu méprifes le fils d’A-

trée 86 dédaignes fes dons , fois fen-

fible au malheur de tous les enfansde la Grèce , à la perte d’une armée

entière ; d les Grecs t’honor’eront

comme un Dieu; ils te .devront 8Cla vie 8c la gloire; tu verras tomberfous tes coups le grand Heâort, qui

sa ailiége maintenant nos .vaiil’eaux, dont ’

3, la rage ne peut être afÎouvie que par’ i E 2.

un ’L’Irzunz, .’n notre l’ang. Le fils de Priam fe vante-r

sa qu’entre les Guerriers que les vailfeaux

sa des Grecs ont’apporte’s fur ces rives ,

sa il n’en cit aucun qui puifl’e lui réfifier cc.

1 v A: sa Divin fils de La’c’rte , indulirieux »

’sa Ulyll’ e, lui répondit Achille, je m’ex- ’ ’

"aa’pliquerai avec franchife ; vous n’é-

sa branlerez pas la ferme réfolution quesanj’ai pril’e , qui aura fou exécution.

sa Cellez de me fatiguer par de vainessa inflances. Je liais à l’égal des portes

’"aa des Enfers , celui qui cache une chofè

sa dqusjbn cœur ê en dit une autre; jesa dirai donc le parti qui me femble lesa meilleur. Ni le fils d’Atrée Agamem-

’sa non , ni aucun autre des Grecs ne me

sa perfuadera de combattre fans relâche ,

sa contre des ennemis puill’ans , poursa n’être payé de mes travaux que par

I sa des injullices. Celui qui demeure ensa repos , 8: celui qui foutient le poidssa de la guerre , ont le même partage a;

In le lâche cil aufii honoré que l’homme

nvcourageux ; le lâche 8c l’intrépide

CHANT NEUVIÈME. uns» Guerrier font enfermés dans le même à

il u touibeau. Quel fruit ai-je retiré de. a: mes exploits? que me revient-il d’avoir

à» prodigué ma vie dans mm: de com-

in bars ?" Comme Poireau qui porte à les

tu petits dont un léger duvet couvre àai peine les tendres ailes , la nourriturea qu’il leur a préparée, tombe fous les

n ferres du vautour; ainfi , ayant pallién tant de duits , fans goûter les douceurs» .

a: du fommeil , tant de jours dans desa combats fanglans , contre des hommes

a» courageux , pour. la défenfe de vos

a époufes ,.ayant couru les mers fur desa vailfeaux légers , j’ai conquis douze

a villes dans les ifles Ponze fur le con-» tiuent voilin de la riche cité de Troye ,

si je me fuis emparé de tréfors immenfes:

3a dont j’ai comblé le fils d’Arre’e , tendit

p qu’oifif dans les vailreaux, le Roi des

,3 hommes Agamemnon recueilloit lea: fruit de me. travaux,sïen attribuoit.l» à lui à même la plus grande par: ,

u diflribuoit la plus petite aux Choral:E 3

le; LîILIAJJz;a, de l’armée , jufie récompenfe de leur

a) docilité (ï); tous gardent ce qui leur53 a été donné; le fils d’Atrée ravir à

n moi feul leprix de ma valeur, il enlèveà 8: retient mon époufe. Qu’il en jouillë.

a: Cependant quel eft le fujet de cetten guerre cruelle? quel motif arme lesa enfans de la Grèce contre les Troyens?

’ a, Pour venger quelle injure a-t-on af-.» femblé cette grande armée? Hélène V

a: ravieâMénélas n’en e11 elle pasl’objet?

aï Les fils d’Atrée font-ils les feuls qui

n chérifien: leurs époufes? tout homme

:rjul’ce 1&1 fenfé aime 8: honore celle

qu’il a choifie. Ainfi j’aimois Brifeïs ,’

a, quoique ma cflwrive; elle fut la ré;l» compenfe de mes travaux i; Agnmem- 7n non l’a arrachée de mes bras il m’a.

n trompé une fois, qu’il u’efpère plus

a me féduire; fes nifes me [ont con-»rnnesyil ne’me perfuaclera point. OnUlyllie! que le fils d’Arre’e délibère

a: avec toi 85 aveci les; autres Chefs dea! l’armée, futiles moyens d’écarter la:

CHANT NEUVIËME.103u flamme prête à confiumer vos vair-» feaux l Vous avez fait de grandesa: chofes fans moi; vous vous êtes fari-agùés à élever cette haute muraille, à

a, creuferhce large foiré , à le fortifier de.

a: palilÏades , 8c cependant vos travauxa: n’ont pu arrêter l’impétuofitc’ de l’ho-

a, micide Hector. Tant que je combattisa: avec les Grecs, le fils de Priam n’ofaa: ’engager dans un périlleux combat ,

a, «hors des murs de fa patrie; une feulesa fois ayant tenté de fortir de la portesa Scée , de s’avancer jufqu’au grand

p chêne , repoulÎé honteufement , il eutu peine à, échapper à l’impétuofité de ma

a: pOurfuite. J e ne combattrai plus con-» tre le divin Hector. Demain , au levern de l’aurore , vous pourrez, fi le clefir

si vous y’ convie, me voir , après deaérolemnels facrifices, lancer à la meta? mes vaifl’eaux légers; mes rameurs ,

a fendant avec rapidité la plaine liquide;n s’ouvriront un paillage au foin de l’Hé-

u lefpont; fi Neptune ni’accorcle une

E 4

104 L’ILIADE,aa heureufe navigation , laitroifième au-aa tore me verra aborder la fertile Pluie ,aa où m’attendent les richefres immen-

aa fes que j’y ai lailTées à mon départ

a: pour Troye; je reporterai dans maaa patrie l’or, l’airain, les belles capri-

1:: ves , l’acier poli qui m’échurent par

aa le fort dans le partage du butin;aa Le feul prix que j’avois obtenu au-» delTus des autres, dont le fils d’Atre’e

aa avoit payé mes exploits, il me l’a ravi

si 6c m’a fait injure. Portez-lui ma réa

aa ponfe; parlez ouvertement; que monaa exemple exciter une jufie indignationaa dans l’ame des Grecs, fi cet hommeaa injufle efl’aye de les tromper. Malgré

aa Ton impudence , il n’oferoit lever les

aa yeux fur moi. Qu’il ne fe flatte passa. que je l’aide, ni de mes confeils,ni deaa mon bras; il m’a ofieiifé , il tim’a’

aa trompé; fe bornant à jouir du fruitaa de fa perfidie, qu’il ne tente plus deaa tif en impofer par de vaines promenés;aa qu’il pétille, car Jupiter l’a rendu in-

CHANT neuvaine. rosaa feulé; l’es dons me font odieux; je le

aa méprife comme un vil efclave (à) ;aa me donnât-il dix fois , vingt foi-stau-aa tant qu’il m’offre maintenant ,’ me

adonnât-il tout ce que fa folle ambi-aa tion lui promet , tout ce que le com-aa merce apporte de richeITes dans Or-*aa chomènes (66) , ou dans Thèbes, la:aa capitale de l’Egypte , dont les mai-,3aa Ions font remplies d’immenfes tté-’

aa fors, dans Thèbes aux cent portes ,"aa par chacune defquelles fortent deuxaa cents Guerriers montés fur des charsaa attelés de courfiers- vigoureux (cc) ;aa. me donnât-il autant d’or que le ri-w

aa vage de la mer contient de grains de’

n fable, il ne fléchiroit pas mon cour-wp roux.- Qu’il porte la peine de l’injurelaa qu’il m’a faire. Le fils d’Atrée Agaa’

aa’ memnon , ofe me propofer l’hymen.a- de l’une de l’es filles! eût-elle tous les’

aa: charmes de Vénus , pût-elle le dif-r

aa puter à Minerve dans les arts de fou iaaifexe , je ne i’épouferois» pas (4d) 5*

a E S

:06 L’ILIADE,’aa qu’il choifilre un autre gendre entre-

aa les enfans de la Grèce , celui qui luiaa agréra le plus , dont la puilïance, dont

aa l’autorité fltteront Ion ambition. Si

aa les Dieux me confervent la vie , s’ils

aa permettent que je revienne dans masa patrie, l’élée mon père me choifira

aa une époufe. ll eli dans l’Elide , il cil:

aa dans Pthie, des filles de Rois pro-aa tefleurs des cités; lune d’elle fera ma.

aa compagne; uni par les nœudsld’hy-aa menée,â cette époufe chère à mon

aa coeur, je polÎéderai en prix les ri-aa- chelTes que le vieux Pélée m’a acquifes.

aa Ni les tréfors que la fuperbe ville deas Troye renfermoit dans [es murs , dansaa le teins de la paix , avant l’arrivée des

aa.enfans de la Grèce , ni tous, ceuxaa.que cache dans fa val’te enceinte lese temple de marbre confacré à Apollon

a; dans larpierteufe Pythp (ce) , ne apeu-’n vent Être mis en parallèle avec laa vie. Les pirates enlèvent les bœufs 80aa les moutons d’un*homme riche; on

CHANZZÏ NEUV’IÈMË. 107

a: acquiert des trépieds , de légers cour-

» fiers; mais aucun ne peut rappeller-a. l’ame humaine , quand elle a franchi

91a fatale barrière (fi)? La fille duaa vieux Nélc’e , ma mère, -The’tis aux

aa pieds d’argent , m’a dévoilé ma défii-

aa née : Deux routes, me dit-elle, tenicona’uz’rtlmt ’è ton heure dernière ; le

aa choix cf! en’ton pouvoir; l’une courte ,

a» mais couverte d’une gloire immortelle ,

sa fi tu demeures aux champs Troyen: ,-» combattant fous les murs de Troye ,aa fins ejpoir de rentrer dans tu terre nar-

r aa tale , bu beaucoup d’un, reprenant la.-

aa route de [a patrie. Fuyez vous-mêmes,

aa ô mes amis! retournez dans vos mai-aa fous; car tout efpoi-r de la conquête .aa d’lliori vous efl ravi; Jupiter a étendu

sa fou bras puillÎanr fur cette grandeaa cité; il a ranimé la confiance des,aa Troyens ,’a faufilé l’intrépidité dans

aa leurs ames. Retournez à l’allemblée.

aa. de la Nation, reportez m1 réponfe.aa aux Chefs de l’armée des Grecs, que»

108 L’ILIADE,sa les vieillards les aident de leurs con-’

aa feils; tel cil leur devoir; qu’ils cher-aa client dans leur efprit quelqu’autreaa moyen de fauver l’armée , d’écar-

aa ter la flamme prête à confumeraa ’leuts vaifl’eaux; celui-ci ne leur réutiira

aa point; ils ne parviendront pas à fléchir

aa mon courroux. Que cependant Phénixsa repofe dans ma tente , qu’il attende le

sa lever de l’aurore 5 demain il fendra avec -

aa moi la plaine liquide, pour reprendre ,sa s’il le veut, le chemin de notre com-

aa mune patrie , car je n’uferai pas dese contrainte pour l’emmener «Â

[A Il dit; tous gardent le filence , éton-nés de l’infieXibilité de fa réponfe; car

il leur.avoit parlé avec force. Verfant ides pleurs amères , vivement alarmépour les vailîeaux des Grecs,le vieuxPhénix prit enfin la parole : q

aa Illuflre fils de Pélée, lui dit-il, fi

aa ton inflexible courroux te porte à re-m tourner dans ta patrie,que tu refufesaa de repenti-et la flamme prête à con-

CHJNT NEUVIÈME. r09a fumer nos vaiffeaux , comment refle-a. rois-je feu! , fur cette terre étrangère ,aa abandonné de toi , ô mon cher fils! ’

aa Ton père Pélée te confia à moi, le

se jour auquel il t’envoya de Pluieaa avec Agamemnon , encore enfant ,

. .a non accoutume aux travaux guerriers ,aa ni formé dans l’art de convaincre lesaa hommes dans l’alÎembléede laNation,

aa vertus dont les mortels tirent leuru gloire. Pélée ton père m’envoya avec

sa toi pour t’infttuire dans l’art de la»

aa perfuafion , pour te donner l’exemple

aa dans les combats. Non , mon cher ’aa fils! je ne t’abandonnerai point, quandaa:un Dieu me promettroit qu’efi’açant

aales rides qui couvrent mon front, ilaime rendroit à ma première jeunelre,artel-que je fus autrefois lai-[que j’aban-

aa donnai le pays des Hellènes , la patrie

aa-des belles femmes , fuyant la colèrea) de mon père Amyntor fils d’Orme-.aa nidas , irrité contre moi à caufe d’une

aa-belle concubine , qu’il aimoit tendre.

no L’ I L 1 A D a ,arment , au mépris de ma mère fa légi-

aa rime époufe. Embraffant mes genoux,

aa ma mère me conjuroit de me faireaa aimer de cette femme, afin qu’elle.a prît le vieillard en horreur (gg);’je’

me rendis à les infiances’; je fus aimé.

Soupçonnant mes criminels amours ,aa mon père me maudit , invoqua contre

moi les cruelles Euménicles , leur deoaa mandantrqu’auCun enfant né de mon

a fang gneis’afsît fur fes genoux. Les

sa Dieux infernaux , Pluton (hlz) , laaa cruelle IProfetpme , exaucèrent lesa: vœux. Je pris en dégoût le palais deaa’ mon père , je conçus le criminel

aa.projet,den le percer de mon javelot;a; un. Dieu appaira mon courroux g of-v;n. frit timon efprit alarmé l’affreux tan

aa-bleau. des difcours des hommes , de.aa-l’ignominie dont je me couvrirois à

aa la face des mortels , le. nom: odieuxaa-de parricide qui me feroit donné par .aa les enfans de la Grèce (il) ; mes com- z

-aa-pagnpns ,les jeunes hommes de mon ;

v uV -v w

vLa

v

CHANT NE UVIËME. rifaa’ âge , s’efi’orçoient de me retenir dans

ai le palais de mon père; de fréquentes a

aa viétimes de bœufs , de moutonsaa’- fumoient fur les autels des Dieux , les

si foies de grand nombre de porcs en-aa’grailfés furent jettées dans les flammes

aa dequlcain; ils puifoient fans cellesi le vin du vieillard dans les urnes quine le contenoient. Se relevant alternati-xaa vement ,’ ils firent, pendant neuf nuits .

affine garde exaéte dans le palais deaa mon pète; pendant tout ce tems leiaa- feu ne s’éteignit point; il brûloit fous.

ale portique, il brûloit fous le vefii-aa bule; des brâfiers allumés éclairorent

aarlÎentrée (le la chambre où j’étois ren- a

aatfermé. Quand la dixième nuit eut"aacouvett l’horifon de les voiles par-aa fumés , je parvins à brifer les portes

aa:de ma prifon , je franchis avec rapi-.aa.-dité la valle enceinte du palais deunion. père; aucun de mes gardiens , -araucune des femmes efclaves ne m’ap- î

aperçurent» Ayant parcouru la une

tu L’JLJADE,’n Elide , j’arrivai dans la fertile contrée

n (le Phtie , nourrice de nombreuxa: troupeaux; le Roi Pelée m’accueillir,

a avec bonté; m’aima comme un père

a aime un fils unique, le fruit de faa» vieillelre , qu’il defline à être l’héri-

u tier de biens immenfes acquis par fesa: travaux 5 Pelée me combla de richel-

n fes, fournir un grand peuple à mesn ordres. J’habitois l’extrémité de la V

a: ThelÎalie , je régnois fur les Dolopes;

a je t’aimai; je te rendis tel que tu es .a: maintenant, ô Achille, égal aux Im- n

a: mortels! Dans ton enfance tu refufois .a» d’allifler aux fefüns facrés, de pren- .

n dre aucune nourriture dans le palais de .I a: Pelée ton père, que je ne t’euŒe placé

u fur mes gencuxîque je n’euITe Coupé

n tes morceaux , que je n’eulre approché

n sa la coupe de tes lèvres. Plufieurs fois tu

n fouillas 8c mon fein 8c mon manteaua: du vin que ta bouche répandoit, danse;

a» tes plus jeunes ans ; car tu fus difficile .a à élever. Je fourbis beaucoup à calife

CHANT NEUVIËME. n;sa de toi ; je travaillai beaucoup. Unn efpoir foute’noit mon courage : les

a» Dieux, me difois-je à moi-même ,a: n’ont pas permis que ’euflè de polie?

n n’te’; adoptons ce: enfant,- rendons-.1:

ufemblable aux Immortels; il féra unn jàur mon proteêkur; il écartera de moi

p! l’ennemi qui voudra raine. Appaifea: ton courroux , ô mon cher fils! ne fois

n pas inflexible. Les Dieux eux-mêmesmue le [Ont Pas; leur clémence ell la.a’fOurce de leur gloire 8c de leur puif-

si rance. Ils fe laillgnt fléchir Parles fa-»ltrifices, par les vœux, par les liba-ha: rions, par la graille des viâimes quen leur offreur les mortels. Quand l’or-

a gueil, quand les crimes des hommes lesa, irritent , les Prières les appaifent , lesa) Prières , filles de Jupiter; boiteufes ,a: ridées , leur regard elt louche, ellesa! marchent à pas lents à la fuite de l’in-

ujure (kil) , dont la’force el’t grande 8c

ale pied léger; l’Injure les devance den loin , attaque 8c blelÎe les mortels; les l

ru, L’ILNIJDE,s, Prières , filles de upiter, marchent àa: fa ruine, guérillënt les blelTures qu’elle

a: alliaires , recourent ceux qui les refpecë

a! tant , exaucent leurs vœux; mais ellesa: s’irritent vcontre l’homme inflexible

a: qui les méprife; remontant dans lea? palais du fils de Saturne leur père ,a: elles implorentfa vengeance; l’lnjure

avale , punit cet homme inexorable.a) O Achille! rends aux filles de Jupitern l’honneur qui leur eft dû l louventa) elles ont fléchi l’ame fuperbe des Hé-a

a: rom-Si perfévérantfdans [on injultice,’v le fils d’Atrc’e refufoit de la réparer;

la sfiline t’orFroit des-dons immenfes ,1Il a: s’il ne t’en promettoit de plus grands

azencore , je ne re propoferois pas d’ap- -

a paifer ton courroux , de fecourir lesa; Grecs, malgré les maux qui les acâa cablent. Mais Agamemnon te rend lan: captive qu’il t’a ravie 3 il te comble de

n biens , t’en promet davantage; il an choifi dans l’armée des Grecs , les

. u hommes les lus diflin ués,ceux uiP g .

CHANT NEUVIËME. n;sa te [ont les plus chers ,-pour leshdéputer

sa vers toi. Ne méprifes ni leurs démar-

sa ches ni leurs fupplications. Ton cour-» roux fut julie autrefois , il feroit cri-» minel aujourd’hui. Ainfi l’on nous

a: raconte qu’agirent les hommes lesa; plus célèbres de l’antiquité. Quand

a? un violent courroüx vivoit au fonda de leurs cœurs , ils le brilloient fléchir

sa par les dons; ils ne furent pas inacasa ceflibles aux humbles prières. Il mea: fouvient d’une ancienne hifioire; je

a; veux vous la raconter, ô mes amis!sa Les Curettes 8c les Etoiiens combat-». toient fous les murs de Calydon (Il);sa une guerre fanglante s’éroit élevée

a) entre ces deux peuples. Les Curetressa affic’geoientla fuperbecité de Calydon;

au les Etoliens la défendoient. Artémife

sa au trône d’or avoit fufcité ce terrible

a fléau , irritée contre les Eroliens de

si ce que leur Roi Oineus,après unea: abondante récolte ,Iayant immolé des»-hécat0mbes à toutes les autres Divia

r16 L’ILIA’DD,as nités , ne lui avoit pas offert les pré-

ss mices des fruits de la terre. Soit oubli,sa ou tout autre motif, l’infenfé Oineus

sa avoit négligé le culte de la fille duaa grand Jupiter. La challèreli’e Arté-

aa mire violemment courroucée , envoya

aa dans les champs fertiles des Etoliens ,sa un énorme fanglier aux dents d’ivoire;

sa il déracinoit les arbres couverts desa fleurs , préfages d’une abondante ré-

sa coite , dévafioit tous les jours lessa riches campagnes des Etoliens. Le filsa: d’Oineus, Méléagre , ayant ali’emblé ,

sa des cités voifines , un peuple desa ChalÎeurs 8c de chiens , .perçaace

sa moudre de Ion javelot. Une troupesa peu nombreufe n’eût fuffi pour arrêter

sa les ravages de cet énorme fanglier;sa grand nombre de bûchers confumè-

sa rent les corps fanglans des ChaiTeursasa, qu’il déchira de fa dent meurtrière.

sa L’implacable Déeli’e fema la difcorde

sa entre les vainqueurs. La hure , laa). peau, les dépouilles du moulue, exciæ

CHANT’VNEUF’IËME. H7

, sa ’tèrent une guerre fanglante entre les

l sa. Curettes 8: les-braves Etoliens. Tandissa que Méléagre , l’ami du Dieu Mars ,

sa combattit à la tète des valeureux Etc-

as liens , les Curettes , quoique plussa nombreux , furentrepoull’és ô: défaits;

V sa ils ne purent approcher des murs desa Calydon; mais le courroux qui égareas le (age même, eut accès dans l’ame

sa de Méléagre. Irrité contre fa mère

sa Anthée , ce Héros demeuroit auprès .

sa de (on époufe chérie, la belle Cléo-

aa pâtre fille de Mar’pilTe , qui fut fille

b’d’Evenie ce d’lda le plus courageux

- . sa des monels. Epris d’une violente paf-

. sa fion pour la belle Marpilre , Ida ofasa Combattre contre Apollon. Ce fut lesa fujet du furnom que les parents desa Cléopâtre lui dOnnèrent , Alcyon ,

7 sa parce que la mère de cette nouvellesa Alcyoize pleuroit la mort de fou époux,

sa quand elle fut ravie par le Dieu dontsa les flèches [ont invincibles. Telle étoitss l’épo’ufe que Méléagre oifif dans [on

:18 .L’ILIADE,’ sa palais, refufoit de quitter pour voler

sa au fecours des liens (mm); car il nour-aa tilloit dans fon cœur unyviolent cour-sa roux , des imprécations que fa mère,

sa irritée de lamort de fou frère, nesa cellbit d’admirer aux Dieux contresa lui. Fléchillant fans celle les genoux,sa profiernée contre la terre qu’elle em-

sa brairoit , des larmes abondantes inon-sa doient le fein de cette mère cour-sa roucée g elle ne celÎoit d’invoquer

sa Pluton 8c l’inexorable Proferpine ,as leur demandant,par des vœux alliclus,

aa la mort de ion fils. Une implacablesa Furie , qui voloit dans les ténèbres ,.sa l’entendit du fond de l’Erèbe. Cepen-

aa dant les ennemis [attaquent les tours"sa de la ville de Calydon; le bruit dessa coups redoublés , l’allégrelÎe des vain-

aa queuts , le trouble des aliiégés , les

as cris plaintifs des mourans , portentsa au loin la terreur. Les vieillards dé-» patent les Pontifes’des ’Dieux verssa Méléagre , lui ladrell’ent d’hmnbles

CHANT NE tu?) tu a. ni,tu fupplications ,I lui promettent desn dons magnifiques , un domaine dea: cinquante arpens à fou choix , moitié

a! en gigues , moitié en terres laboura-» bles , dans le fol le plus fertile depitoute la contrée près des murs den. l’agréable ville de Calydon. Montant

a: au femme: de la brillante demeurea: de [on fils, le vieux Oineus frappe:9. à coups:redoublés’aux portes des lieux

u- dans lefquels Méléagre le tient renfer-

.» me; embralle les genoux de ce fils ir-» rite’. ses frères L, ceux d’entre les com-

»v pagnons qu’ilchc’rir , qu’il honore pat-

» defrus tous les autres , fa mère elle»

p, même ,- efÎaycnr de le fléchir. Il (le-

a? meure inexorable ,33: ne fut perfuadé

a: qu’au moment auquel les Curetres,L ,a ayant efcaladç’ les murs, portant le

a: fer 8c le feu dans la haute cité dea: Calydon; firent brèche aux fmursà: du palais. Alors (on époufe, la bellea: Cléopâtre, verfam: des larmes amè-n» res; mit fous fes yeux l’affreux ta-

tao., L’ IL 1.4 ne;sa bleau des horrEurs que la prife d’une

se grande ville entraîne après elle , lea: meurtre des citoyens, la flamme quin confume une immenfe ciré , les en-» fans, leurs tendres mères-emmenésu captives. L’ame de Méléagte fut

a, ébranlée. Fléchi par les larmes de

n [on époufe, il fe lève , revêt (on.u éclatante armure , prend la défenfea: des Etoliens. Mais ces peuples ne luiu donnèrent pas les magnifiques préfensa qu’ils lui avoient defiinés; car il n’a.

n voit cédé qu’à la crainte de voir Ion

n palais enveloppé dans l’embrâfement

u univerfel. N’aies point de telles pen- Ia» fées, ô mon cher fils l qu’un Dieu

n ennemi ne r’infpire pas ces funefiessa confeils ; n’attendspas , pour nousa! fecourir, que la flamme embrâfe nossi vaillèaux; accepte les dons qui te fontn ofierts ; les Grecs t’honoreront comme

,, un Dieu. Si tu refufes maintenanta: de combattre pour nous dans cettea guerre allient-6 , tu n’obtiendras pas ,

a: dans

CHANTJVEUVIÈIM E. HI:u dans la faire , un femblable hon-4

se neur ct. ’ . Iz n Divin Phénix, que j’aime comme

sa un père tendre, répondit Achille, tant

a) d’honneurs me fontà charge; les ordres

sa de Jupiter qui règlent ma del’tinée,’

a: (ont la fource de ma’ gloire. Lui feul

a peut me retenir en ces lieux, tanr.quen je refpirerai , tant que mon a-me im-a: primera le mouvementâmesmembres:a Je te dirai antre chofe, graves-le dansn ton efprit. Celle d’ell’ayer de m’é-

sa mouvoir par tes larmes , par tes priè;u res , dans le deliein de complaire àa Agamemnon. Je t’aime, ô Phénix!a! l’ami d’Agamemnon me feroit odieux;

n Partages mon indignation contre celui3! qui m’a fait injure ! règnes avec moi;

p! reçois la moitié de mes États , témoi-

n gnage éclatant de ma. reconnoilrance. *u Que tes compagnons rendent ma ré-i» poule à ceux qui les ont envoyés 5 dea’ ’

a! meure ici ; que le repos de la nuita! délafie tes membres fatigués 3 demain

Tome Il. ’

lui

î magana mg,

- --’- "Aura «aï-w:

ne *I:’ I L 1 A D 1:,a! nous confulterons enfemble fur leà parti qu’il convient de prendre, ou

:3 de retourner dans ma patrie, ou de

n demeurer-en ces lieux u. lIl dit, 8; fait ligne à Patrocle de.

drelier un lit (lm). Le divin Ajax filsde Télamon prenant la parole :

a Divin fils de Laërte , induürieuxa! Ulyll’e, partons, dit-il; car nous ne.a) parviendrons pas à fléchir cet homme,sa Quelqu’infruétueufe qu’aie été notre

si dépuration , hâtons-nous de porter laa réponfe d’Achille aux Grecs qui n’ont

u pas rompu l’all’emblée, attendant notre

a retour. La grande ame d’Achille cita inexorable ; l’amitié nia point accès

g. dans fon cœur. Le cruel! nous n’avons

sa pu l’appaifer , nous’ l’es compagnons ,

.5 fesvamis, que les Grecs choifirenta: entre tous , qui l’honorons par-delÎus

a3 tous les autres. Le guerrier le plusn redoutable reçoit la rançon de la.n mort d’un frère, d’un fils; le meut-

n trier continue d’habiter fa ville natale ,

CHANT sznèus.’ la;a! ne redoutant plus une vengeance qu’il

aa a rachetée; le courroux de fou ennemiaa eli appaifé parle prix qu’il a reçu (on);

a. Mais les Dieux ont mis dans l’ame»

aa du fils de Pélée une haine implacable ,l

aa à caufe d’une captive qui lui futa! ravie; nous lui en offrons fept quia. furpalÎent en beauté toutes les autres;

aa nous y ajoutons des dons immenfess-V a Appaife ta colère, ô Achille! nous

aa t’en conjurons par les droits de l’hof-

se pitalité. Les hommes qui te [ont lesaa plus chers , qui t’honorent par-defl’us

aa tous les autres , habitent maintenant"la même tente que toi a.

r: aa Divin Ajax fils de Télamon;aa Roi d’un grand peuple , lui répondit

aa Achille, tu m’as parlé felon ton cœur;

a) mais mon aine s’irrite, parle fouvénir

aa de l’injure que m’a faire le fils d’A-

a) trée , me traitant comme un vil étran-

aa ger , dont on dédaigne le courroux;a» Retournez aux vailreaux, reportez man réponfe aux. enfans de la Grèce. Je

F z.

12.4. L’ILIAJSZ,aa m’abfiiendrai rie-prendre part à cette

a; guerre cruelle , jufqu’à ce que le filsaride Priam, l’homicide Heé’tor, ayant

aa réduit en cendres vos vailreaux, étendea; le carnage jufqu’aux miens , jufqu’aux

as tentes des Thell’aliens. J’ai cette con-

aa fiance qu’Heétor , quelqu’infariable

aa qu’il foit de combats, refpeé’tetaçôc

aa ma tente 85 mon vailïeau sa.

7 Il dit; tous tenants dans leurs mainsdes coupes à deux fonds, ofiient auxDieux de faintes libations 5 les Députés

reprennent la route du camp; Ulyfl’eel’c â leur tète. Cependant Patrocle or-

donne à l’es compagnons 85 aux femmes

efclaves , de drell’er un lit pour Phénix.

Elles obéill’ent,’drell’ent le lit dans la

tente d’Achille , étendent par-dell’us des

peaux 8c des tapis de pourpre, de la ouatte

molle du lin le plus pur; le vieillard’ attend fur ce lit le lever de la divine

Aurore; dans un réduit obfcur de fatente , Achille goûte les douceurs dufammeil; une belle captive,Diomédée,la

’ÊHANT .NEUVIÈME. 12;.

fille (le Phorbas , qu’ilamena de Lesbos ,

repofe à les côtés; en face du lit du filsde Pélée , s’élève le lit de Patrocle; la

belle Iphis eii près de lui , Iphis que lui

donna le divin Achille , quandil eutconquis la haute cité de Scyros , ou ré-

gnoit Enyeus ( ppLes Députés parviennent à la tente

d’Agamemnon; tous fe lèvent à leur

approche; tenant dans leurs mains descoupes d’or , ils les faluent , les interroa

gent fur le fuccès de leur députation.

Le Roi des hommes Agamemnon. ,adrellant premier. la parole au fils deLa’e’rrez’ L L . i n V ,, aa Divin Ulyi’fe , la gloire des Grecs ,1

n’lui dit-il, Achille confent-il a nousaa feconder, à éloigner la flamme prête

aa à confumer nos vailTeaux v? * ..z aa Illuitre fils d’Attée , Roi des

sa hommes Agamemnon , répondit leaa patient, le divin Ulyfl’e; Achille tee.a fufe de s’appaifer; nos malheurs feins.

.- F 3

un; L’ILIan,aa blent aEermirion implacable cour-ba roux ; il te hait 8c refufe tes dons :a. prends confit! avec les Grecs, nous a-» t-il dit, avifi aux moyens de fauvera les vaiflimux G l’armée des Grecs; au

a» lever de l’aurore , je fendrai la plaine

a! liquide, avec mes vaifleaux. Que le:a Grecs remontentfizr leurs navire: , qu ’il:

aa rezaumcnt dans leur patrie ; car il neaa vous rafle plus d’ejjaoir de vous empa-

n rer de la grande cite’ d’Ilion ; Jupiter

sa a étendujbn braspuzflànt pour la pro-

aa te’ger; il a ranimé la confiance dessa Troyens ,- ce Dieu jbuflle l’intre’pizlite’

n dans leur: amer. Tels font fes dif-n cours. Interroge ceux qui m’ont ac-’aa compagné , Ajax , les deux Hérauts;

a: prudents l’un 8c l’autre , ils te confir-

n meront la vérité de mon récit. Lea: vieux Phénix el’t relié dans la tentea d’Achille; le fils de l’élée l’exhorte à

a! reprendre avec lui, dès demain, laarcure de la ThelÎalie; tels font les

CHANT NE UVIËME.’12’7

a) confeils ; Phénix; les fuivra , s’il le

aa veut; Car Achille n’ufera pas de con-aa trainre pour l’emmenerïc. ’ V ’ ’

Il ’dit ;”étonnés de l’inflexibilité du

fils de Pélée, 8: de la fierté de fa ré- p

ponfe , tous fe tallent. Le vaillant Dio-mède interrompant enfin ce long file-ure:

aa Illulire fils d’Attée , Roi des hom-

aa mes Agamemnon, dit-il; plût auxaa Dieux qu’ofl’ranr des dons immenfes

’2’ à l’implacable fils de Pélée, le plus

aa fier des mortels , tu ’n’e’ull’es pas tenté

aa de fléchir [on courroux; tes italian-aa ces n’ont fend qu’à accroître l’on

s: orgueil. Qu’il parte en qu’il de"-

aa meure , que nous importe? il com-aa battra , quand fon courage s’irriteraaa de cette longue oifiveré (99) , quandaa un Dieu l’aura infpiré. Suivez tous

aa maintenant mes confeils. Ayant réta-

aa bli parla nourriture vos forces abattues,a» goûtez les douceurs du repos; car leaa fommeil accroît la force de l’homme;

a Quand l’Aurore aux doigts de rofe

. F p

J118 L’Irgnbz,a: fe montrera fut l’horifon , range 1’31?

sa mée en bataille, ô Agamemnon! que

n les hommes de pied, que les charsa! rangés par ordre, devant la poupe deau nos navires , leur fervent de rempart;’aa infpire à tous, 86 par tes paroles 86

sa par ton exemple, un intrépide cou-sa rage ; combats au milieu des Héros de

ai la Grèce n. . ’I Il dit , tous les Rois applaudifl’ent;au magnanime confeil du valeureuxfils de Tydée..Ayant fait des libationsaux Dieux, ils fe retirent dans leurs

tentes , pour goûter les douceurs du. fommeil.

ËMË

I a,

,gscggigghahm”fËAÆ:--.w

p CHANT DIpXIÈME.LE fils de Tydée tranche la tête à Rhefiu.’

UN doux. repos délaffe les membresfatigués de tous les Chefs de l’armée,

des Grecs; mais Agamemnon le palieurdes peuples , ne goûte point les douaceurs du fommeil; diverfes peniées agi-

tent l’on efprit, portent dans fon ameun trouble femblable à l’effroi dont lesmortels [ont faifis à la vue de l’éclair

avant-coureur de la foudre lancée parle bras de l’époux de la belle Junon ,préfage de la pluie , de la grêle , deo la

neige qui blanchit les campagnes (a),ou d’une guerre fanglanre , le plus ter-

rible des fléaux qui accablent la racehumaine. Ainfi gémit Agamemnon ; Ion

cœur pouffe de profonds foupirs , l’es,

genoux tremblent , fes efprits font troue.blés à la vue des feux épars dans la

F s

ne L’ILI-ADE,I laine, fous les murs’de Troye; une

Émile mêlée d’horreur s’empare de

l’es feus , entendant le bruit confus des

inflrumens guerriers qui retendirent àl’on oreille (à), à la .Vue des mouve-

mens rapides de cette multitude d’en-nemis répandus dans: la plaine. Portant

les regards fur les vaiifeaux , fur l’ar-mée des Grecs , il arrache les cheveux ,élève vers le Ciel fes mains fuppliantes ,

poulie de profonds foupirs. Après demûres délibérations , ce parti lui parut

le meilleur : EveiIIonr , fe dit-il à lui-même , le plus fige des enfum- de laGrèce. Peut-être le vieux chlorfils de’Ne’le’e, me donnera-r-il un fige confiil,

pour le jàIut de tous. Aufli-tôt il fe lève ,

revêt fa tunique , ceint les éclatansbrodequins ; une vafle peau de lion-couvre les épaules , à: defcend jufqu’â’

terre; fa main cit armée d’un péfantjavelot. La même frayeur s’eft emparée

de l’ame de Ménélas; le fommeil n’a

point fermé l’es paupières; le fort de

CHANT DIXIÈME. 13’:ces Héros qui ont traverfé pour lui laplaine liquide , qui l’ayant fuivi aux ,champs Troyens , fe font engagés danscette guerre difficile. pour venger faitinjure , l’agite 85 l’alarme. Une peaude léopard efi-fur fe’s épaules; fa tète

cit CouVette d’un caïque ti’ airain; dans

fa main brille uniddrd javela; il mariche vers la tente de Ion frère , qui règne

fur tous les Grecs , que le peuple honorecomme un Dieu. Agamemnou revêt fouéclatante armure , fous la poupe de l’on

vailfeau; la vue de: Ion frère porte lajoie dans i’am’e du Roi des Rois. Le

vaillant Ménélas prenant la parole :

aa Pour quel fujet , dit-il , te Couvresd:a tu de tes arrhes , ô mon frère! ars-ruas delfein d’éveiller quelqu’un de nos

aa compagnons, de l’envoyer épier les

aa projets des Troyens. J e crains qu’aucun

aa des enfans de la Grèce n’ofe le char-"

i aa ger de cette périlleufe million; celui-lâ-

aa feroit hardi , qui profitant des ombres77 de la nuit, tenteroit de pénétrer feul

a F 6 x

un I’ILJA DE,n dans l’armée ennemie , de découvrir

u les mouvemens n. - ,. z sa Divin Ménélas , lui répondit

ba le Rois des Rois Agamemnon; unu [age confeil nous cil néceli’aire. àu l’un 8c à l’autre , en ce preflÎ’ant.

a danger, nous avons befoin d’unu confeil qui foi: le falut des Grecs 65n de leurs vaiifeaux; la volonté deaa Jupiter cil: changée. Sans doute lesa: facrifices , les vœux d’Heétor ont

n fléchi [on courroux; car jamais on neau vit , jamais on n’ouit dite , qu’un

sa homme eût projetté en unjour autantn d’entreprifes difficiles , que le vaillant

a: Heétor, l’ami de Jupiter , en a exé-

aa curé feul en cette même journée,contte

n tous les enfans de la Grèce. Aucuneaa Déeli’e ne l’a porté dans l’on foin , il

a. n’ei’t le fils d’aucun des Immortels;

a. 8c cependant [es exploits , dans ce feulin jour , affligeront long-tenus les enfans,0 de la Grèce. Hâte-toi, ô mon frère ln. de voler aux tentes d’Ajax 8: d’ldo:

CHANT punirais. a5;B menée , de leur ordonner de fe très

sa fur nos remparts. Je marche à la tentea: du.divin N efior ; je l’éveillerai ; je

sa l’engagerai .de vifiter avec moi nossa fentinelles , deles aider de fes confeils ;,

h il les trouvera plus dociles à fes ordres;sa car Trafimède [on fils , 8e Mérion»,l’Ecuyer d’Idomenée , commandent

sa lesgardes avancées;c’el’tdans cesHéros

sa que nous avons mis notreconfiance «a

z: sa Enfeigne-moi, lui répondit lesa vaillant Ménélas, comment j’exécu-,

aa rotai ce que tu m’ordonnes. Ayant.sa porté tes ordres à A jax de à ldomenée ,’

sa attendrai-je ton arrivée fur nos rem-q

sa parts , ou reviendrai-je à toi c4? 3:.’ a: Demeure fur nos remparts , ré«.

v pondit Agamemnon ,de peut que nous tau cherchant l’un de l’autre , nous ne nous

a égarions, dans le grand nombre desa routes qui partagent le camp. Elève

. sa la voix , éveille toute l’armée , parle à;

sa chacun des exploits de les ancêtres,sa rappelle à leur efprit ce qu’ils doivent:3

Pan.

154 L’ILJADB,’à aux Héros dont ils defcendent; abailre

du: fierté devant: tous 3 livrons-nousn aux plus durs travaux; fouviens-roia que l’orgueil fur , dans tous les tems ,

a la fource des maux dont Jupiter acca-

n bla les Articles (c) n. lAyant aînfi donné fes ordres à Mé-

nélas , Agamemnon marche vers latente de Nefior , le parfirent des peuples.Couché fur le lin le plus fin , ce Héros.

repofe à l’entrée de fa tente 8c de fou

vailÎeau. Près de lui font fes armes ,fun bouclier , deux javelots , un cafquefurmonté d’un fuperbe panache , l’écla-

t’ant baudrier qu’il ceint quand il mar--

che au combat, à la tête des liens; carla péfante vîeilleflë n’a pu dompter fou

intrépide courage. Levant la tête, ap-puyé fur fou coude , il regarde le filsd’Atrc’e; mais fes yeux appéfantis parle

fommeil , ne le recoilnoifrexlt Point;élevant la voix z

sa Qui erre ainfi , dit-il , au milieu de:à. l’armée , près de nos milieux , peu-1

CHANT DIXIÈME. i3;5s dan: l’obfcurite’ dela nuit, quand tous

sa les autres mortels font plongés dansn le fommeil? Cherche-tu quelqu’una des gardes, quelqu’un de tes com-u pagnons? Parle; n’avance pas fans tea: faire connoître. Que me veuxotu et? r

z: n O Neflor, fils de Nélée , la gloire

n des Grecs ! reconnois l’infortuné Agate

s memnon , fils d’Atrée , que Jupiter

n accable de maux par-deIÎus tousle:a autres mortels 3 les maux me pour»a. fuivent fans relâche; il’s ne m’abano

a» donneront point, tant que je refpirerai;

sa tant que mes genoux conferveronr leur

a, flexibilité 8c leur teflon. Terre danssa le camp; le doux Iommeil ne peuta. fermer mes paupières; les foins de laa guerre , les maux que» je vois prêts à

a fondre fur les Grecs , ne ferrent pointn de ma penfc’eIJe tremble pour lesa! Grecs; je ne fais quel parti prendre;sa mon cœur treH’aille, mes genoux fléa

n churent; je cherche en toi, ô viellaa» lard! un fage confeil pour fixer mes

[38 I’ILIADE,.5: réfolutions incertaines. Si les mêmeda: penfées’t’occup’ent 8c troublent ton .

b: fommeil , emprefl’onsenous de vifiter

à: les fentinelles; je crains, que quelesa qu’un des gardes du camp , accablé par

sa le fomrneil , par les travaux decetteh pénible journée , ne le foit endormi,

a que les mouvemens des ennemis qui.b: alliégent nos vailreaux n’ayent échappé

b à fa vigilance , que profitant de la nuit ;

ou pour nous furprendre 5 les. Troyenssa ne nous livrent à toute l’horreur d’un

v combat ténébreux 4:. .z :9 Fils d’Atrée , Roi des hommes

h Agamemnon, lui répondit le fage filsa: de Nélée, Hector fe flatte du fol ef-

a poir que Jupiter exaucera toujours lesin vœux; mais’ les peines , les travaux ,’

sa les périls l’attendent , fi jamais le cœur

a d’Achille cil fenfible à nos maux, fi

ne nous parvenons à fléchir le terrible» courroux du fils de Pélée. Je te fui--

à: vrai volontiers; éveillons «les autres

n Chefs de l’armée, l’invincible fils de

.4-"

CHANT punira. r37in Tydée , UlylÎe ,, le léger Ajax filsaa d’Oïlée , le valeureux filslde Philéusm

sa Il conviendroit d’envoyer quelqu’un

aa à la tente d’Ajax fils de Télamon , 85

a: a celle du Roi ldomenée , dont lessa vaifÎeaux ont été mis à fec à l’extré-

aa mité du camp. Quelqu’amitie’ que

a. j’aie pour Ménélas , je ne vois pasaa fans indignation, qu’il dorme en paix ,’

aa te laurant les fatigues 85 les travaux;aa dût-il s’en ofl’enfer , je lui ferai, avec

aa’franchil’e , les reproches qu’il mérite;

u Dans l’état affreux auquel l’impérieufe

a: nécellîté nous réduit, exhorter , fup-

n plier tous les Chefs de l’armée , tel- l’an feroit le devoir de Ménélas «.

l :2 aa O vieillard , répondit le Roi des

a. Rois Agamemnon! en un autre tenun ces reproches furent fondés; molea) même je t’invitai à les faire à Mé-

a: nélas; car il le relâche louvent , 8c fuita: le travail, non par foiblelÎe , ni par dé-

? faut de prudence3mais jactant les yeux

138 I.’ 1 L I a D a ,a! fur moi, il attend que je lui donneaa l’exemple (d). Cependant aujourd’hui ,

n éveillé avant moi, je l’ai vu arriver

aa dans ma tente. J’ai prévenu tes defirs;

aa je l’ai envoyé avertir Ajax 8c ldome-

aa née. Marchons; nous les trouveronsaï aux portes du camp , entre les fend-» nelles; je leur ai ordonné de fe rendre

sa en ce lieu pour y tenir confeil et.z: aa Ne crains point , lui répondit le

au vieux Nellor ,. qu’aucun fe refufe au

aa travail, quand Ménélas ell: porteur

sa de tes ordres u. .Il dit , 8c revêt fa tunique , ceint l’es

. brodequins , attache, avec une agraphed’or, fou vafle manteau de pourpre ,qui , couvert de laines flottantes, fareploie fur les épaules , prend en main unlourd javelot, a l’extrémité duquel brille

l’airain étincelant, marche vers les ten-

tes des valeureux enfans de la Grèce.UlylÎe, égal aux Dieux par la fageff’e de

fes confeils , le [age Ulyll’e cit le premier

CHANT D1XIËME.’I39des Héros de la Grèce que leurs cris ontéveillé; il fort de fa tente, adrelI’ant la

parole aux deux Rois :a) Quelle prell’ante néceffité , leur dit»

sa il, vous contraint ’d’errer ainfi dans le

1) camp , feuls , par une nuit obfcure cc?à aa Divin fils de La’c’rte , indullrieux

sa UlyH’e , répondit le vieux Nellor, ne

sa t’irrites pas de notre imparience,effetaa de la douleur profonde dont nos amessa font pénétrées à la vue des maux qui

.aa menacent les enfans de la Grèce.a, Suis-nous au confeil; délibérons fur

sa le parti qui nous relie à prendre, ouaa de fuir ou de combattre onl Il dit; rentrant dans fa tente , le fage

UlyITe prendfonbouclierôc marche aveceux ; ils parviennent à la tente de Dl

mède. i l’ .Le fils de Tydée n’a point quitté l’on

’ éclatante armure; ils le trouvent couché

à l’entrée de fa tente , couvert de l’es ar-

mes , environné de les compagnons quidorment autour de lui , la tête appuyée

V14.0 filtrant;fur leurs boucliers. Leurs javelots réunisen faifceau , font près d’eux , le bois en

cil enfoncé dans la terre; l’airain qui les

furmonte brille comme la foudre deJupiter. Couché fur la peau d’un bœuf

fauvage , le fils de Tydée dort en paix (e) 5

un fuperbe tapis ell: fous fa. tète. Nefiors’approche; le pouffant du pied, il l’é-

veille , lui adreffè ces tendres repro-ches :

aa Eveille-toi, fils de Tydée, dit-il;aa il n’eli pas tems de dormir pendantaa la nuit entière. N’entends-tu pas les

aa cris des Troyens répandus dans lan plaine , dutour de la grande muraille?n ils afliégent nos vailfeaux; un court:aa efpace nous fépare n.a Il «lit; Diomède s’élance d’un faut

rapide z p- aa Infatiguable vieillard , dit-il 5 je.»

a: mais le repos ne fufpendit tes travaux.aa N’étoit-il , parmi les enfans de laa. Grèce , des jeunes hommes qu’on eût

p pu charger de parcourir le camp,

CHANT. bran-rua. in:à d’éveiller les Rois? mais ton ardeur;

aa ô vieillard , ne peut-être rallentie a l: aa Tu as parlé convenablement , ô

aa mon cher Diomède, répondit le vieux

aa Nefior! mes irréprochables enfans, deaa jeunes hommes choifis dans l’armée

sa des Grecs, en grand nombre , eufl’ent

aa pu être chargés du foin de parcourira» les tentes , d’éveiller les Rois; mais

se la nécefiité cil preH’ante; le glaive cil:

a fufpendu fur nos tètes (f) 5 cette nuita: décidera de la vie ou de la mort dessa enfans de la Grèce. Si tu prends corn-aa’pafiion de ma vieillell’e, plus jeune

n que moi, hâte-toi d’éveiller Ajax ô:

u le fils de Philéus’a.

i Il dit; Diomède couvrant fes épaulesd’une rval’te’ Peau de lion qui riflând

jufqu’à terre , prend l’on javelot, vole

aux tentes des deux Guerriers , leséveille , lès amène. a ’ ’

Parvenus aux gardes avancées , ilstrouvent les fentinelles éveillées; aucun:

r42. L’ILIADE,des Chefs ne dort; portant de tous côtés

leurs regards inquiets , tous font fousles armes ; femblables à des chiens quientendent les terribles tugilfemens d’un

lion quand , defcendu du fommet desmontagnes,ayanttraverfédevaliesforêts,il pénètre dans la bergerie confiée à leur

garde; le tumulte règne dans l’étable , le

bruit des hommes, les aboiemens des Ichiens s’y font entendre ; le fommeil ne

fermepointleurspaupières;telslesChefsdes corps avancés que les Grecs ontplacés en fentinelle , pendant cette nuitaffreufe , les yeux fixés fur la plaine , at-

tentifs a tous les mouvemens de l’en-

. nemi , recueillant le moindre bruit quiparvient à leurs oreilles , ne goûtentpoiæjles douceurs du fommeil. Cesfoins , cette vigilance , portent la joiedans l’ame du vieux Nelior; il les raf-

A futé par les difcours : aaa O mes chers ,enfans , leur dit-i1 l

sa continuez de faire une garde exaéte.

CHANT 1:12:11! ME. r4,aa Si le fommeil l’utprenoit quelqu’un,

aa d’entre vous , nous deviendrions la

aa rifée de l’ennemi tr. ’ .Il dit, 85 franchit le foiré; les Rois

qu’Agamemnon a appellé au ’confeil , ’

le frauchili’enr après lui; le fils de Nefior

8c Mérion lesfuivent; car les Rois lesappellèrent. Aflis fur le revers du foiré ,

dans un lieu découvert, à la vue duchamp de bataille, de ce champ , théâtredes exploits de l’homicide Heétor, cou-

vert des corps fanglans de leurs compa-gnons , qu’He&or abandonna forcément ,

quand la nuit étendit l’es voiles fur la

terre , les Chefs de l’armée des Grecs

délibèrent pour le falut commun. Levieux Nelior prenant le premier la parole:

aa O mes amis , dit-il! n’el’t-il aucun

aa de nous qui le confie allez en lui-aa même, pour pénétrer dans l’armée

as ennemie, le faifir de l’un des en?aa nemis qu’il rencontreroit éloigné

a: du camp des Troyens, recueillir au.

144 L’ILIADE,aa moins leurs difcours , découvrir s’ils

aa projettent de relier en ce lieu, loinaa de leur ville , al’fiégeant nos vaifi’eaux,

sa ou de rentrer dans Troye , pour fe dé-

aa rober à nos coups par une fuite pré-sa cipitée , ayant accablé l’armée des

aa Grecs. Ce Héros nous infiruifant, den ce qu’il auroit découvert , s’acquierre-

aa toit une gloire immortelle , 8c rece-aa vroit de nous une récompenfe digne

a: de ce fervice important; chacun desa ceux qui commandent un vaill’eau,

aa lui donneroit une brebis noire , 85aa l’agneau à la mamelle qui la, fuit; il

aa feroit diflingué entre tous, affilieroit

aa à tous nos feliins, à tous nos comsi feils’ oà

Il dit; tous gardent le filence. Levaillant Diomède prenant la parole z

aa Neflor , dit-il , tu propofes a l’unaa de nous de pénétrer dans l’armée des

sa Troyens ; cet exploit el’t digne de mon

a courage (g). Toutefois ma confianceaa feroit «

CHANT D 1x IËME. x4;ïa’feroit’plus grande , le l’accès moins

sa douteux , fi l’un des Héros de la Grèce

sa s’offrait pour m’accompagner (h).

aa Quand deux hommes marchent deaa concert à; une même entreprife , ilsau s’aident, dans le confeil 85 dans l’ac-

aa tien , lés avis d’un (cul font moins

aa sûrs u. ’ p.11 dit; tous s’emprefl’ent; les deux

Ajax , fervit’euts de Mars , Mérion , Tra-

fimède fils de Nelior , le vaillant Mé-nélas fils d’Atrée , fur-tout le patient

Ulyfi’e , dont la fagefi’e , dont le courage

éclatent dans les entreptifes les plus pé-

rilleufes; le fils de La’c’rte defire. avec

ardeur de percer la foule des Troyens ,de pénétrer dans leur camp. ’

aa Fils de Tydée, vaillant Diomèdeaa- fi cher à mon cœur , s’écrie le Roi

aa des hommes Agamemnon , entre tousaa ces Guerriers qu’enfiamme une ardeur

"régale , choifis celui qui te paroîtra le

aa plus digne de partager tes nobles tra-aa vaux ,e que ni la fupériorité du pou:

Tome II

un .,;L°:LL14D,a,I-»- a: voir ,pi le rang, ni aucune azure Con»:

aa fidérarionne te décident dans le choix

aa de ton compagnon n. .,11 parloit ainfi;.car il craignoit pour

tarifera Ménélas» - .. ’ 1 o . ,.

aa Puil’que tu m’ordonnes de choifir,

p répondit le vaillant Diomède , com-aa ment oublierois-je le divin UlyEe ,

5 n l’ami deMinerve, dont l’intrépidité ,

.9 dont la prudence. éclatent dans tous les

y travaux ; avec un tel compagnon , fou»

sa tenu par un confeil fi [age , je traver-aa ferois un brâfiet ardent ., sûr d’en

. a: fortir comblé de gloire n.V z Fils de Tydée, répondit Ulyll’e,

3a j’ai pour témoins 8: pour juges den mes exploits, l’armée entière des Grecs;

3a des paroleS ne peuvent ni accroître,En ni. flétrir ma gloire; mets fin à tesu louanges; marchons; la nuit s’a-

,aa vante , l’aurore approche ;. déja les

[En alites ont parcouru les deux tiers dehi: leur cours ( i); à peine nous relie-vil

- la quelques heures d’une précieufe obi:

w Cllrlté fr. - ,

CHANT nzxxàuz. 147Ainfi parla le fils deiLaërte. Les deux

Hérqs s’arment en diligence; le vaillant

Trafimède donne au fils de Tydée uneépée à deux tianchans , car la fienne efl’

raflée dans fa tente; le fils de Neltorarme le vaillant Diomède, d’un bou-clier 8; d’un cafque noir de cuir detaureau , fans ornemens , fans panache ,I ..,telsi que les portent les plus jeunes Guet:.riers. Mérion donne à Ullee un arc,

- un carquois,-une épée , un cafque de.cuir doublé d’un poil doux, qu’attaa

chent de nombreufes courroies; d’énor-

mes défenfes de fanglier dont ce cargue

ell: parfemé , impriment la terreur; Auvtolicus le. ravit à Amintor fils d’Or-menus , dans le pillage de la ville d’E-

lone , ayant brifé les portes du palaisd’Amintor; il en fit don , dans la Scan-die , à Amphidamas , de l’ifle deCy thère;

Amphidamas le donna à Molus, gagedes nœuds de l’hofpitalité qu’ils con-

;raéïoient; Molus en couvrit Mérionfou fils; maintenant il défend la fête

G 2.

au: L’ILIADE,d’UlylÎe. Couverts de ces armes effrayan-

tes , Diomède 84 Ullee fe féparent des

Rois , qui , allis fur le rempart, atten-dent leur retour. ’Les’ deux Héros s’a-

vancent vers l’armée des Troyens. Pour

accroître leur confiance, par un heureuxpréfage, Minerve ordonne à. un héron

de voler fur la droite du chemin qu’ilsparcourent (k) ; l’obfcurité de la nui:dérobe le mefiager de la DéelÎe à leur

vue; mais les cris , le bruit de fes aîles ,porte la joie dans l’ame d’UlylÎe, Adrelï

fant les vœux à Minerve :

n Invincible rejetton du Dieu qui portea: l’Egide , ô toi qui daignas, jufqu’à ce

- a: jour, m’allifier dans tous mes travaux;a: ton fecours pm’efi fur-tout nécelÎaire

a: en ce nioment! ô Minerve! nos pro-» jets te font connus; exauce mes vœux!

ra accorde-moi de revenir au camp desà: Grecs , ayant fignalé mon couragea. par quelque grand exploit , qui porten la confiernation dans l’ame des

n Troyens ce. l

r

CHANT. DIXIÈME. r4,Le vaillant Diomède admiroit , de fou

côté, les vœux à la DéelÎe. i

n Fille du Dieu qui porte l’Egide , ô

a) Minerve dit-il , écoute-moi; accorde-sa moi ton fecours , comme tu l’accordas,

à! dans Thèbes, au divin Tydée mona père , quand député par les fiers habi-

» tans de l’Achaïe, il quitta les rivesu de l’Æfépus, portant aux Cadméens

a des paroles de paix. Ils refufent lau paix qui leur en: offerte; Tydée fortn de Thèbes , fignalant fou courage para: des prodiges de valeur; car tu mat-a: chois à l’es côtés , ô puifTante Divinité !’

sa prête-moi la même affiflancc en cesa moment; couvre-moi de ton Egide; ,sa je t’immolerai une géniffe d’un au,

a) au front large , indomptée , qui n’aurau point. fléchi’ fous le joug; je te l’immo-

p lerai , & fes c0tnes feront dorées «a

Telles étoient leurs prières; Minerve

. les exauce. Soutenus par le bras paillantde la Déell’e qu’ils ont implorée , fem-

blables à deux lions , cachés fous le

G:

:50 L’ILJADz,voile obfcur-de la nuit, ils marchentdans le fang , dans le carnage , foulants .

j aux pieds les corps fanglans des Guet:-riers , les armes éparfes dansla plaine.

D’autre par; , dans l’armée ennemie ,4

Heé’tor ne fouflre pas que les braves-Troyens goûtent les douceurs du’l’om-:

meil; allieniblant les Chefs , les Confeilside la Nation , il leur propol’e cette eno’

treprife hardie : - ’sa Qui d’entre vous , dit-il , me pros

se mettra d’exécuter le delÎein que j’ai:

a conçu? la récompenfe fera ptopor-:a». donnée au danger; un chat , deux:a. courfiers, de haute encolure, à cri-ia nière flottante , les plus grands, les-» plus beaux , les plus légers de tousa ceux de l’armée des Grecs , unea gloire immortelle , feront la récom-Iw penfe du Héros qui, pénétrant dans:

n le camp des Grecs , épiera leurs pro-» jets. Veilleur-ils comme ci-devant àa la garde de leurs vailreaux , ou vain-» cus , accablés de fatigue a; de’l’om-za

f;

CHANT’D’IX’IÈME. r51

u meil , le préparent-ils à, une fuite hon’à’

a: teul’e? leurs l’ensinelles font-elles eni-

,, dormies cc?Il dit; tous gardent le filence. Il étoiË

dans l’armée des Troyens , un hommefans beauté 5’ mais fier defa- légèreté;

riche en or, riche en airain, le feu!mâle de fix enfans qu’eut l’on père; il

fe nommoit Dolon , fils d’Eumédée;

Cet homme s’avance ;-adrefl’ant la pari

role à Heé’tor 85 aux Troyens: In Heâor, leur dit-il, une. noble ara

in deur enflamme mon courage; je’péa

u nétrerai dans le camp des Grecs, j’éà

a pictai leurs confeiIs; mais prometsàà moi par ton fceptre , confirme ta pro:i: nielle par un ferment folemnel,prometsà de me donner le char &les courfiets9 qui portent maintenant le fils de Pélée:

a» Tu ne peux -choi(ir un meilleur et;p pion ; j’ai confiance que , parvenuà au camp des Grecs , pénétrant jufqu’à

» la tente d’Agamemnon , où fans doute

-’ n les Chefs de l’armée font alÎemblés ,-

G4

:52. I.’ I L 1 A D r ,a: j’épierai leurs defl’eins, je l’aurai s’ils

a: projettent de filir ou. de combattre tuIl dit; Heéror élevant l’on fceptre ,

i prononce le redoutable ferment.-’ a) Que le Dieu qui lance la foudre ,

-» Jupiter, l’époux de Junon, [oit té-

,» moin de mes promefl’es, dit-il; fin tu exécutes ce que tu projettes, aucun

u autre entre les Troyens ne fera pof-a: felI’eur des courliers d’Achille; monté

a: fur le chat de ce Héros, tu jouirasn d’une gloire immortelle «.

m Vain fermenta! inutiles promell’esl

Cependant elles enflamment le couragedu fils d’Eumédée. Se levant avec pré-

cipitation , il fufpend à [on épaule [on

carquois , fou arc reCOurbé, le couvrede la dépouille d’un loup blanc , ceint

fa tète d’un cafque qu’environne une

peau grofIière; armé du javelot,.il mar-che aux vailI’eaux , à l’armée des Grecs.

Infenfé! il ne prévoit pas le fort quil’attend ; jamais il ne reportera à Heétor

q-les confeils deSVHéros de la Grèèec’

CHANT nerxztuz. 15’;Abandonnant l’armée des Troyens, le V

téméraire Dolon parcoure, avec légè-

reté , la route qui conduit au camp ; ledivin Ulyll’e le voit s’avancer vers lui,

AdrelI’ant la parole à. Diomède:

’ a. Fils de Tydée, dit-il, j’apperçois

» un des Guerriers de l’armée ennemie

sa qui approche; j’ignore fi c’efi un ef-

3: pion que les Troyens envoient à notren camp , ou l’un des leurs qui s’emprell’e

u de dépouillerqles morts étendus furp le-champ de bataille; LailI’ons-le nous

a: devancer; nous .l’atteindrons , nousa, fondrons fur lui, nous nous en l’aili-a, tous; dût-il nous échapper , par la.sa légèreté de fa courfe; nous le pour-

sa fuivrons , le javelot tendu; il noussa fera facile de! l’empêcher de trouver

a) un afyle Tous les murs d’llion a.Ainfi il parla. Les deux Héros s’éloi-

gnent du chemin battu, le couchententre les motts;l’imprudent Dolon palI’e

avec rapidité , les devange de tout l’ef-pace que le laboureur laifl’e entre deux

G s

154K L’ [LIA DE,charrues attelées de mules vigoureufes’;

car la marche de ces animaux cil: plus»légère que le pas tardif des bœufs; ils,

retournent plus rapidement les guérets.qu’un premier labour a préparés; les:

deux Héros le relèvent , pourfuivent Vavec rapidité le léger Dolon qui fait»

devant eux (l). Au bruit de leurs pas ,’l’imprudent Dolon les prend pour des

Troyens porteurs des ordres d’Heétor vqui le rappellent au camp; Ulyl’l’e 86Diomède l’ont déj a a la portée du j avelor x

quand il reconnoît les ennemis ;il hâte.

fa flûte; les deux Héros précipitantleur courl’e rapide , font efi’ort pour I

l’atteindre. Tels deux levriers à ladent fculptée , s’élancent avec légèreté,

les yeux fixés fur un faon , ou un lièvre

qu’ils ont lancé;t-raverfant les plaines

«Sales vafles forêts, ils fuivent avec ar-deur la voie de l’animal qui fait devanteux , poufl’ant de longs gémilI’emens ;

tels le fils de Tydée , 8c Ulle’e le def-

rruéteur des cités ,s pourfuivent Dolon

Gruau DIXIÈME; Es;lui ferment le chemin qui Conduit à laville. Déja le léger Dolon atteint lesgardes avancées du camp , quand Mianerve y craignant que quelqu’autre desenfans de la Grèce ne puilI’e le glorifiert

- d’avoir porté le premier coup , infpireà Diomède ce l’alutaire confeil :’

. si Arrête, s’écrie le fils de Tydée,

sa tenant le javelot fufpendu fur la (étéa du léger Dolon; arrête ,- ou je te perce;

sa ta fuite ne te dérobera pas à. me.

a coups ce. . n VIl dit; lance fdn’javelot , le. manquaî defl’ein ; lapointe aigüe volant auhd’ell’us

de l’épaule de Dolon , s’enfonce dans la

serre; le Troyen immobile , tremble ,5 kbalbutie avec peine quelques paroles-entrecoupées; fou vifage efl: pâle 86livide ,. l’effroi glace fes feus , l’es"

dents claquent, il palpite; les deuxHéros fe précipitant fut lui ,- l’arrête-nu

d’un bras nerveux. Verfant des larmes

amères : i ’ - -à: Prenez-moi vivant , leur dit-il; je

G 6x

153 . l’ILIAJJE;n me raclietterai. Le palais de monp père renferme de l’airain , de l’or ,

a: de l’acier bien travaillé; mon père les

n partagera avec vous; il vous payerasaune immenl’e rançon , s’il apprend

u que je fuis vivant dans les vaifl’eaux

si des Grecs si.: :9 Prends confiance, lui répondit

a: l’indullrieux Ulyfl’e; que la crainte

a, de la mort ne te trouble pas; répondsg avec vérité à mes queflions. Quela motif t’engageoit à errer ainfi , loina, des tiens , pendant l’obfcurité de la

sa nuit , tandis que tous les autres mor-u tels goûtent les douceurs du fommeil?a Avais-tu defl’ein de dépouiller les’corps

a fanglans de ces Guerriersiétendu’s fur le

se champ de bataille? Heâtor t’a-t-ila envoyé dans notre camp épier nosa) confeils; as-tu formé de toi-même

a ce dangereux projet a? ’z la Heétorm’a féduit , lui répond

a Dolon faifi d’effroi; il m’a. engagé

a! dans cette périlleufe entreprife’ contre

r

CHANT DIXIËME. r51à: ma volonté; il me promit , avec fer-

ss ment , de me donner les courtiers , desa le char fuperbe du fils de Pélée, ilsa m’ordonna de profiter de l’obfcutiré

ss de la nuit , pour pénétrer, par la lé«

ss gèreté de ma courfe , dans le camsa des Grecs , épier leurs confeils , dé».

sa couvrir s’ils veillent avec le mêmess foin à l’a garde de leurs vailfeaux , ou

ss fi- vaincus par nos efforts , vous mé-

» direz une faire honteufe dans votrea: patrie , fi vos fentinelles fuccombentsi au fommeil 6c a la fatigue 4:.

-..- ss Certes , lui répondit Ulle’e ;

se avec un fourire amer, tu convoitoisss une riche proie , les courfiers de l’in-

ss Vincible defcendant d’Æacus , cess, courfiers indomptables aux mortels;ss le feul Achille fait les rendre dociles.s au frein; car fa force ell: plus qu’hu-sa maine; une Déell’e l’a conçu dans

ss (on fein. Parles- moi avec vérité,"sa où as-tu lailI’é Heélor le pafieur des

158 l” IL 1-1 n a,a peuples? ou font Tes armes ,4 forssa char , l’es courfiers? en quels lieur:sa ont été placées les fantinèlles? Indi«

as que-moi le quartier d’He’étor 8: des

a autres Troyens , infinis-moi de leursa projets; demeureront-ils ici , loi-n dea leur ville ,- alliégeantd nos vailfeaux ,.

a ou vainqueurs des Grecs ontpils déf-a fein de rentrer dans Troye.«?

..-.- ss- Je fatisferai avec vérité î tes

a quefiions ,7 lui répondit le fils d’Eu-

La médée, Heélot 8c tous les Chefs tien-

a nent maintenant confeil en ce lieul a écarté , loin du tumulte, près du:

a tombeau d’llus; les Troyens ont al.a lumé des feux; contraints par la né-a ceffité , ils s’excitent l’un l’autre à faire

. a une garde exaéte; on n’a point choifi

a d’autres fentinelles. Les illuftres alliés-

n’des Troyens dorment d’un prOfond

a femmeiI; leurs femmes ,. leurs euea fans l’ont loin du danger n.

a: a Quels quartiers occupent les

Canna matirai z. 1;,a alliés de Troye ,. reprit l’induûrieum

ss Ulyffe? font-ils confondus ou féparés

n des Troyens ct? -’: ss Je répondrai encore avec vérité

a à ta quefiion , reprit Dolon. Les quater

ss tiers des Cariens ,- des Péonlens , des

sa divins Pélafgiens , bordent le rivage

ss de la mer ; les Lyciens , les fierssa Myfiens, les Phrygiens favans dansa l’art de dompter les courfiers , lesss Méoniens dontle’ calque cil furmonté

sa de fuperbes panaches de crin de che;sa val, toutes ces Nations ont leurs quandv tiers près de Tymbré; mais cit-il rué-al

sa cefl’airè que j’entre dans ces détailè?’

ss Si vous (flûtez pénétrer dans l’armée

si des Troyens , ce groupe féparé des’w autïes , que vous apperceVez d’ici ,s

ss eût le quartier des "Fliraces arrivés:i a dans cette même journée au feeoursâ’ ss de ’ Troye. Rhéi’us, leur Roi g fils:

sa d’Eionée, occupe le centre; j’ai vw

a. [es courliers, d’une beauté, d’une taille:

1p vérité de mon récit a. I

r60 1’ I L I A a z ,sa prodigieufe, aufli blancs que la neige;sa aufli vîtes que les vents; l’on char efi:

sa couvert d’or 6c d’argent artiflement

sa travaillé; fes armes d’or font d’un

sa poids énorme , d’un éclat merveilleux

sa il arriva hier , couvert d’une armure ,s d’une telle beauté, qu’il ne convient ’

sa point aux mortels d’en porter de fem-

a blables , mais aux Dieux feuls.’sa J’ai ,fatisfait à tes queltions; appro-

ç sa chez-moi maintenant de vos vaiffeaux g

au attachez-moi , relI’errez-moi dans dessa liens étroits , jufqu’â ce que vous vous

sa [oyez affurés par vous-même de la

Jettant fur lui un regard farouche:sa Tombé entre nos mains , ô Dolon!sa lui répondit l’impétueux Dioniède ,

sa n’efpère pas de fait; fi nous te’ relâ-

sa chions , tu pourrois un, jour revenir»sa aux vaiffeaux des Grecs , combattresa contre nous , épier nos confeils;sa percé de nos coups, les enfans de

CHANT nzxzèur. Mri: la Grèce feront à l’abri des mauxa) que tu leur préparois n.

Il dit , 8c. au moment auquel, Dolonélèvant vers lui fes mains fuppiiantes,

ouvre la bouche,pour renouveller lesprières , le fils de Tydée s’élance, dé-

tache avec le glaiveles tendons qui lientlatête à l’échine , la fait voler fur la pouf-

fière; les deux Héros s’emparent au

cafque du Troyen couvert I d’un. cuir

épais , de la peau de loup qui couvrefes épaules , de fon arc recourbé , defou carquois , de fou javelot. Elevant enl’air ces dépouilles fanglantes , le divin

UlyKe les confacre à Minerve Chaire-

reffe- : . i , a. n Agrée cette offrande, ô DéelÏe;

a: dit-il! de toutes les Divinités quiA» habitent l’Olympe , c’efiâ toi que nous

a: nous fommes admirés la première;

. a: guide nos pas au quartier des Thra-wces; livre enlnos mains leurs fuperbesa courfiers cc.- Ayant ainfi parlé, il dépofe la de;

a

Q

16:. L’ILI-Anzfpouille du Troyen fur un myrte élevé. 5

trophée de fa viétoire, ploie les rasmeauxjerdoyans pour le reconnoître à;

Ion retour, malgré les ombres de lanuit; foulant aux pieds les corps 8c lesarmes des Guerriers ,1 faifanr jaillir fousleurs pas le fang qui ruilTelle dans laplaine , ils fe hâtent de parvenir auquartier des Thraces.

Ils dormoient accablés de fatigue;leurs belles armes étoient près d’eux , V

étendues fur la terre , rangées fur trois

lignes, dans un bel ordre g deux CourfiersdreHës- au même joug, font attachés»

près du char de chaque Guerrier. Rhé-

fus dort au milieu des liens; fes rapidescourfiers font près de lui , arrachés par

des courroies a la partie du liège la.plus voifine des rames. Ulyfïe voyant

les Thraces Iendormis,les montre au

Vaillant Diomède : »v Fils de Tydée , lui dit-il , voilà ce

u Guerrier, voilà ces courfiers que nousa a indiciué le léger Dolon , Cet efpion

Q

CHANT mxzèùz. 16;.a que nous avons précipité dans les

a: fombres demeures. Partageons entresi nous les travaux, détache les chevaux ;

3, je tuerai les hommes, ou .tue lesn hommes, je prendrai foin des che-’

n vaux a. aIl dit; Minerve fouille dans l’ame de

Diomède l’ardeur du carnager Il frappe

de toutes parts; on entend les profondsgémilÎemens des Guerriers que moif-

forme le glaive meurtrier; le fangwifi-elle fur la terre. Tel un lion ayantpénétré dans une étable mal gardée ,»

s’élance fur les chèvres , fur les mou-ir

tous , qu’il égorge; tel le fils de Tydée

s’élance fur les Thraces; douze font

précipités par lui dans les fombresdemeures. Saifilla’nt par le pied chacun

de ceux que le glaive de Diomède apercés , le prudent Ullee l’entraîne

hors de la route battue , ouvre unlibre pallage aux courliers de Rhéfus;dont la crinière flottante annonce là

la 1’ IAL’I A ne,légèreté 8:12 fouplefl’e; il craint que non

accoutumés aux combats ,- ces courfiersfuperbes ne s’efi’raient , foulant ces

cadavres épars. Le Roi des Thracestombe Î le treizième fous les coupsdu valeureux fils de Tydée;qu dort 85croit voir, dans un fouge, hélas tropvéritable! le defcendanr d’Oineus [uf-

pendu fur fa tête , qui le perce de fanl glaive (m). Cependant le patient Ulylre

détache les fuperbes conrfiers , unit lesguides , les fépare de la foule , les frap- ’ i

pant de la corne de [on arc; car il aoublié de prendrele fouet de Rhéfus

relié dans le char. Envain le filsde Laërte fait ligne à fou compagnonde lui apporterace fouet; l’impétueux

fils de Tydée, que tranfporte l’ardeur

du carnage, ne l’entend point; il dé-libère en lui-même s’il enlèvera, dedell’us le train , le char de Rhéfus , pour

s’emparer des belles armesdu Roi des,Thraces, ou s’il en précipitera un plus

O

’C’HANT szzèuz. a;grand nombre dans les (ombres de-.meures. Tandis que ces penfées roulentdans l’on efprir, Minerve approche :

i sa Magnanime fils de Tydée, lui dita: la Déelle, fouge à ton retour; hâte-

» toi de reprendre la route du campsa des Grecs; crains. que les Troyens.1 éveillés par quelque Divinité favo-

a) rable , t’accablant par leur nombre;n ne te contraignent à une fuite préci-

n pitée si.Ellendit; Diomède reconnoît la voix

de la Dédié; les deux Guerriers s’éè

lancent fur les légers courfiers; Ulyll’e

les anime avec la corne de l’on arc; ils

volent avec rapidité vers le camp desGrecs. Cependant Apollon à l’arc d’ar- t

gent , a vu Minerve qui marche àcôté du fils de Tydée; irrité contre cette

Déefre, il fe confond dans la fouledes Troyens, éveille le plus-[age desThraces , Hippocoon , le proche parentde Rhéfus (n). Les premiers rayons du

3’65 gL’ILIADB,foleil découvrent à ce Héros le vuidë

de l’efpaœ qu’occupoient les rapides V

courfiers du Roi des Thraçes; il voitles corps fanglans de fes compagnons.palpitans du récent carnage ; jettantun cri perçant , il appelle à hautevoix fan cher compagnon; les Troyenslui répondent par leurs cris lamenta-bics. A la vue de ces corps fanglants ,à la vue des deux Héros qu’ils décou-

vrent dans le lointain, volant avec rapi-dité vers les vaifl’ealuxldes Grecs, le tu-

m’ulte cil: dans l’armée ennemie; il:

courent aux armes.Ainfi les deux Héros parviennent au

lieu où font fufpendus les armes deDolon ; Ulyll’e arrête les courfiers; Dio-

mède ’s’élance avec rapidité: s’empare

de ces dépouilles fanglantes , les remetau fils de Laërte , qui anime , d’un coup

de fon arc , les légers courliers ; ils obéif-

lient à la main qui les guide , volent versles vailïeaux des Grecs. Le bruit deleur

CHANT szzèiuz. sa;çourfe rapide parvient aux oreilles duaïeux N efior; élevant la voix :

. sa Q mes amis, dit-il , Chefs 8c Con«

p feils de la nation des Grecs! cit-ce,-» une illu-fion; je ne crois pas me trom-g» par; j’ai un sûr prell’entiment ;. un

a, bruit de chevaux qui courent aveca, rapidité , a frappé mon oreille; le (age

a: Ulylfe , le vaillant Diomède ayantg» enlevé ces chevaux aux Troyens , les-u chall’entvils vers le camp des Grecs?

a» Une,terreur , peut-être hélas! trop fon-

sa déc , s’empare de mon efprit; je crains

a, que ces Héros , le plus ferme rempart ’

a: de la Grèce , ne foient pourfuivis pat

a: la foule des Troyens a. ,A peine a-t-il prononcé ce peu de pa-

.-roles , a: déja Diomède 85 Illyrie , par-venus au camp , s’élancent de dell’us les

courtiers; les Grecs les voyant, la joierenaît dans leurs ames , ils s’embrafl’ent,

fe félicitent. Le vieux Nefior adreil’ant

Je premier la parole aux deux Héros z w

L x

s68 -L’»IL 11-1) z,. V aa-Sage Ulylle , la gloire de la nationaa des Grecs , lui dit-il ; ayant pénétré l’un

sa 8c l’autre dans l’armée des Troyens ,

aa leur avez - vous ravi» ces courfiers ’,aa d’une blancheur aulIi. éclatante que les

aa rayons du foleil;un Dieu vous lesaa a-t-il donnés? Je me trouve fans celle

aa parmi les Troyens; quoique vieux,sa je ne demeure pas oifif dans nosaa vaill’eaux; je ne me. rappelle» point

a. d’avoir vu de tels courfiers dans leura» armée;fans doute quelque Divinité

aa vous a fait ce fuperbe préfent ;’aa car Jupiter 8c Minerve , la fille du Ia» Dieu qui afl’emble les nuées, vous

n chérifient’l’un 8: l’autre a. a .

z aa O Nefior, fils de Néléev, la.aa gloire des Grecs , répondit le fageaa Ulyll’e! un Dieu pourroit aifément

aa’ nous donner des courfiers meilleursa. que ceux-ci ; car la pui fiance des Dieux

- a furpafre celle de tous les mortels; maisu ces chevaux font arrivés de Thrace ,

u (13115

CHANT ’DIXIËME. 169v dans cette même journée; leur maître

aa 8x: douze de les compagnons, fontsa tombés fous les coups du vaillant Dio-

aa mède; un efpion , qu’Heélor 8c les

aa Troyens envoyoient pour épier lessa mouvemens de notre armée , s’eli

aa offert à notre vue; déja il touchoit.aa les remparts du camp; nous l’avonsaa précipité dans, les fombres demeures si.

Il dit , 8: triomphant , il fait franchiraux deux courliers le large folié; lesGrecs arrivent en foule , la joie cit dansleurs aines; ils emmènent les courfiersde Rhéfus dans le lieu ou ceux du filsdeTydée fe nourrilleritde pur froment,les attachent avec de forts cordages: Lesarmes enfanglantées du malheureuxDolon font filipendues , par UlyIÏe , ala poupe de fou vailÎeau, jufqu’à ce

qu’il les confacre à Minerve, par unfacrifice folemnel. Pour étancher lalueur qui découle de leurs jambes , deleurs cuiil’es, de leurs tètes , les deux

Héros (e plongent dans la mer. Ainfi

Tome Il. H

117c. L’ILIADE,purifiés par le le! de l’humide élément ,-

ils fe baignent dans une onde pure,verfent fur leurs corps une huile par-fumée, qui tend la foupleiÎe à leursmembres fatigués ; afiis à la table’du-

feffin , ils puifent , dans l’urne facrée ,

le Vin. à pleine coupe, font à Minerve,de fréquentes libations.

CHANT ONZIÈME.LES compagnons d’Hcêïor. défiant les

plus valeureux de l’armée des Grecs.

L’annexe ferroit du lit du vieuxTiton , portant la lumière aux Dieux8: aux hommes , quand Jupiter envoyal’affreufe Difcorde dans les vaiil’eaux

des Grecs. Agitant dans les mains lefymbole de la guerre (a) ,* cette détefia- tble furie s’arrête au centre de l’armée ,

fur le vailleau d’UlylÏe, d’où fa voix

terrible retentit jufqu’aux limites ducamp des Grecs , jufqu’aux tentesd’Ajax fils de Télamon , jufqu’aux ten-

tes d’Achille; car ces Héros le confiant

dans leurs forces de dans leur courage ,ont mis à fec leurs vailÎeaux , 65 drefl’é

leurs tentes aux deux extrémités de la’vafie enceinte du camp; de ce lieu éle-

vé , haull’ant la voix , elle répand am I

H a.

r71 L’ILIADE,loin fa fureur , infpire â tous un violentdefir de combattre; les travaux , les pé-

rils de la guerre ont des charmes àleurs yeux; ils les préfèrent au retourdans leur patrie ; le fils d’Atrée ordonne

’33. tous de s’armer; il revêt le premier

l’airain étincelant , couvre les jambesde l’es cuifÎes’ de fuperbes brodequins ,

qu’attachent des agraphes d’argent , en-

doll’e cette épaifl’e cuirafl’e que lui donna

Cyniras, pour gage des nœuds de l’hof-

piralit-é qu’ils contractoient. La Re-nomméeaayant porté jufque dans l’ifle

de Cypre (b) , la grande nouvelle que.les Grecs fe préparoient à fendre le fein

des mers , à marcher contre Troye ,effrayé de cette guerre afi’reufe,Cyniras

envoya au Roi des Rois , cette fuperbecuirall’e.- Dix lames d’acier rembruni ,

douze d’or , vingt d’étain , appliquées

l’une fur l’autre], partagent fa (mince; ’

trois dragons d’acier, aufli brillants ,Iavili variés,queles couleurs de l’arc d’lris ,

de cet arc merveilleux que le fils de Sanr

i

CHANT ONZIÈME. 173turne affermir fur la voûte éthérée, pour

infiruire les mortels de l’ordre du Def-tin, s’élèvent au-dell’ us de la contexture de

cette épaill’e cuirall’e, embrall’ent’le col

du Guerrier qui la porte. L’épée du Roi

des Rois , eft ful’pendue à l’on épaule;

. la poignée en cil d’or, la lame cil reni-

fermée dans un foureau d’argent par-femé de clouds d’or; un baudrier d’or

la f0 utient. Agamemnon prend en main(on vade de impénétrable bouclier ,Idont la folide épaill’eur eli formée de dix

cercles de cuivre enlacés, fur ’lel’quels

brillent vingt clouds d’étain; le centre

cil d’un noir acier; on y voit une Gor-gonne , à l’œil louche , couronnée de fer-

pens; la terreur 8: la fuite l’accompa-gnent; une courroie d’argent y cil atta-chée , fur laquelle brillent les replis tor-tueux d’un dragon bleu foncé , à trois

tètes, qui s’élèvent en forme de cercle,

du col de ce terrible animal. Le filsd’Atrée ceint [a tète d’un cafque à quatre

pans , furmonté d’un vaille panache de

H3

r74 L’IL’IJDE,crin de cheval, qui flotte au gré desvents; il agite dans fa main deux jave- rlots armés d’un airain étincelant, dontl’éclat s’élève jufqu’aux nues. Une voix

terrible le fait entendre; Minerve 8cJunon crient aux enfans de la Grèce derendre honneur au Roi de l’opulenteMycènes Chacun des Chefs or-donne à fou Ecuyer d’arrêter fes cour-

fiers fur le revers du folié. Couvertsd’épaill’es cuiralles , les gens de pied

font placés au premier rang, les charsles précèdent , les cavaliers fuivent à peu

de difiance , un bruit terrible devancele lever de l’aurore. Tel elt l’ordre de

bataille; mais le fils de Saturne ne tardepas à répandre une funefie confufiondans les rangs’( d ); une torée de fang,defcendue de la voûte éthérée,fouille les

boucliers , fouilleles éclatantes armures ,préliage funefiîe de la mort des valeu-

reux combattans , que le Dieu qui lancele tonnerre va précipiter dans les font-bres demeures. l

CHANT ONZIEME.175D’autre part , les Troyens fe rangent

en bataille fur une éminence; plufieutsChefsrenommés fontâleur tête ; Heétor ,

l’irréprochable Polydamas , Énée que le

peuple honore comme un Dieu , les -trois fils d’Anténor , Polybe , le divin

Agénor, 8c le jeune Acamas femblableaux Immortels. Entre ces Chefs célè-bres , Heétor porte de tous côtés fait

éclatant bouclier; tel, dans la voûteéthérée , un alite porteur de funeliespréfages , tantôt brille de tout fou éclat,* tantôt’caché fous la nue fe dérobe à la

vue des mortels; tel le fils de Priam ,tantôt le montre au premier rang , de

v-foudaiu fe confond dans la foule desfieiis,

donnant fes ordres à tous; l’airain étin-

»celant dont il eli couvert, brille commel’éclair fur la voûte azurée. Seinblables

à d’ardens moilfonrieiirs qui, armés de

leurs faulx tranchantes , parcourent leschamps couverts d’épis d’un homme

’ riche (e); les gerbes tombent en foulefous leurs coups; tels les Troyensjôc les

H a;

176 L’ILIADE,Grecs , la tête élevée , femblables à des

Ion s affamés , fondent l’un fur l’autre. I IP. Dans les deux armées , aucun ne mé-

dite une fuite, honteufe; la Difcordejouit d’avance du carnage qu’elle prévoir;

car cette Déeffe cit la feule Divinité qui ’

préfide à ce terrible combat. Toutesles autres, retirées fur les fommets duyalte Olympe , oilives dans leurs fuper-

’ bes palais , n’ofenr porter fecours , ni

aux Grecs ni aux Troyens , le plaignanthautement des févères décrets du fils de

Saturne , qui ayant formé le projet d’ac-

croître la gloire des Troyens , leur défend

de fe confondre dans la mêlée. Le père

des Dieux 86 des hommes méprife leurs

impuilfantes clameurs ; ailis fur l’Ontrône , â.l’écart des autres Divinités ,

rayonnant de gloire , il porte fes regardsfut la ville de Troye 84 fur les vaill’eaux

des Grecs, Ivoit l’airain briller fur les

armures des Guerriers , voit le triom-phe des vainqueurs , jouit du défefpoirdes vaincus. Depuis le lever de l’aurore

CHANT ONZIÈ’ME. injufqu’â ce que le foleil [oit parvenu au

milieu de fa carrière , les traits volent;les hommes tombent en foule dans lesdeux armées. l’heure à laquellele bucheron ayant abattu de grandschênes , au fommet des montagnes ,épuifé de fueur 8: de fatigues , prépare

le repas du matin , contraint par la né-cellité de fufpendre l’es travaux , pour

réparer, par la nourriture , les forcesabattues (f) , à cette heure , l’intré-

pide courage des Grecs qui s’animentl’un l’autre , rompt enfin les phalanges

Troyennes. Agamemnon , s’élançant le

premier hors des rangs, perce de l’onjavelot un homme pqill’ant , Biénore le

palteur des peuples, 8c fou Ecuyer Oïlée.

voyant tomber Bienoref, le vaillantOïlée abandonne l’es courfiers , s’élance

de dell’us fou char , marche contre leRoi des Rois; le fils d’Atrée, Agamem-

’ non vole à [a rencontre , le frappe dans

le front; le calque épais qui couvre fatête cil impuill’ant pour la garantir; l’os

’ H s

:78 L’ I L I A n a ,efi brife’, la moëlle répandue fouillela fui-face intérieure du cafque étincelant;

il tombe. Le fils d’Atrée abandonne les

corps .fanglnns de Êtes deux Guerriersétemlusfur le champ de bataille (g) ,s’empare de leurs armures, marchecontinzjlus 65 Antiphus, deux fils dePri-m , montés fur un même char ,l’un fruit de l’amour, l’autre né d’un

hymen légitime. Celui dont la naiffancç

cil plus obfcure , tient les guides dansfg; mains, l’illufite Antiphus déploie

fa vaièut dans le combat. Achille ren-contra autrefois ces demi frères’qui gar-

doient les troupeaux de leur père fur le

mont Ida; formant un folide cordagedes branches flexibles des arbres de laforêt, le fils de Pelée les enchaîna l’un-

18C l’autre , les rendit à Priam ,. dont il

reçut une riche rançon. Le. fils d’Atrée

Agamemnon, frappe Ilus (le fou ja-velot dans la poitrine , fous la mamellegauche; s’élançant avec le glaive, il

atteint AntiPhus ait-demis de l’oreille ,

CHANT ONZIÈME. :79le précipite de fou char , s’empare des

riches dépouilles des deux frères. Encet inflant le Roi des hommes Aga-memnon les reconnoît; car il les vitautrefois , quand Achille les amena aucamp , les ayant enchaînés fur le montIda; tel un lion forti de l’antre qu’il

habite, rencontre fait fou paillage detendres faons , s’en failit , les égorge

fous les yeux de leur mère qui les voitpalpiter fous la dent meurtrière du Roides animaux; elle cil: près d’eux 85 ne

peut les défendre ; la terreur s’empare

de les fens;elle fuit d’une courfe ra- lLpide , le cache dans la profondeur de laforêt , la lueur découle de tous lesmembres : ainli , aucun des Troyensn’ofe fecourir Ilus 8c Antiphus, qu’ils

voyent tomber fous les coups du filsd’Atrée; tous fuyent l’impétueufe ar-

deur des enfans de la Grèce. Nonloin ,le Roi des hommes Agamemnon,rencontre fur fon pallage, Pifandre seHippolocus , deux vaillants Guerriers ,

H 6

180 L’ILIADE,ifils du belliqueux Antimaque , de ce

. même Antimaque qui, gagné par l’or,

par les dons de Pâris , s’oppofa , dansl’allemblée des Troyens , au (age confeil

de rendre Hélène à Ménélas. Montés fur

un même char , ces deux frères, tiennent

l’un 8c l’autre les guides dans leurs

mains, dirigent enfemble leurs cour-fiers. A la vue d’Agamemnon , les rênes

leur échappent; troublés , ils font elïort

pour les reprendre (h); femblable à unlion, le fils d’Atre’e fond fur eux La

genoux fur leur char, ils lui adrellentces humbles prières: ’

a) Fils d’Atrée , rends-nous tes cap-

» tifs , reçois une riche rançon. Desa tréfors immenfes , de l’or, de l’airain ,

a: de l’acier poli, font renfermés dans

n le palais de notre père Antimaque; ila, les partagera avec roi , te payera unea: immenfe rançon , s’il apprend que les

a) fils font vivants dans le camp des

sa Grecs a. *Ainfi ils s’efforcent, par leurs larmes,

1

C34 NT ONZIËME. :8:par leurs prières , d’émouvoir la pitié du

Roi des Rois ; ils en reçoivent cette

terrible réponfe : i .n Fils de l’injulle Antimaque (i) ,

a; qui» ouvrit , dans l’allemblée des

sa Troyens , le perfide confeil 48 donnera) la mort à Ménélas 8: au divin Ullee ,

a: revêtus du [acté caractère de Députés

n des peuples de la Grèce , fans leurn permettre de reporter à leurs-frèresa: la réponfe des Troyens , vous fubirez

I sa la peine due au crime de votre père cr.

Il dit , 8: enfonce fou javelot dans lapoitrine de Pifandre , qu’iI précipite de

.fou char, le ,vifage collé mirs la pouf-fière. Hyppolocus s’élanceë’!’u char-fur

lequel il ell monté , les mal’ s tiennentembrafl’é le.char du fils (l’AttL 2;d’un pre-

mier coup , elles tombent fous le glaive.homicide; d’un (econd , Agamemnon

. fait voler cette tête ennemie telle roulecomme ’ une boule dans l’armée des

Troyens. Abandonnant les corps fan-glans de ces deux Guerriers , étendus fur

x82. L’ILIADB,le champ de bataille , le Roi des Rois:marche du côté où les phalanges-Troyennes lui paroill’ent plus fer--rées; les valeureux enfans de la Grèce

le fuivent, provoquent les Troyensau combat. Gens de pied contre gensde pied , chars icontre chars , les Grecsapourfuivent les Troyens qui fuient de.vant eux, en font un affreux carnage;

.Ia pouliière qui s’élève de dellous les

pas bruyans descourfiers , couvre les-deux armées d’un nuage épais; le: Roi

des hommes Agamemnon ,v comman-dant par tout, porte de routes parts descoups meurtriers; ainfi , quand ,les,fouilles impétueux des vents s’engouf-

frent dans les arbres touffus d’une forêtembrâfée , les troncs , les branches épair-ü

fes, détachées par l’impétuolité de la.

flamme 8: de la tempère , tombentavec fracas (k); tels , fous les coups du:

’ fils d’Atre’e , tombent les têtes des

Troyens qui fuient devant lui ; les che-vaux effrayés , fecouant leurs vailles Clin

CHANT ONZJÈME. 183nières , entraînent , avec un bruit hor-

-rible , les chars vuides de leurs con-duéleurs (l) ; ils les cherchent envahidans la mêlée; étendus fur la poulliète,

deliinés à être la proie des vautours,ils ne reverront plus leurs chaires épou-fes Pour dérober Heé’tor aux traitsdes enfans de la Grèce , à ces meurtres ,à ce fang , à ce carnage , Jupiter l’enve-

loppe d’un nuage. épais; Agamemnon

le cherche en vain fur l’arène , envain il ordonne aux Grecs de le pour-fuivre. Déja les Troyens , impatiens decachet leur honte fous leurs murs , attei-gnent le figuier fauvage, 8c l’antiquetombeau d’llus , qui s’élève au centre de

la plaine; Agamemnon les pourfuit avecde grands cris; les mains vicïrorieufesfont fouillées de fang 8c de pouffière.Parvenus à la porte Scée 8: au grandchêne , les Grecs s’arrêtent , s’atten-

dent pour le rallier; les Troyens fuientRiev’ant eux. Tel un lion pourfuivant ,d’une courfe rapide, un Vafie troupeau

x .

18.1. L’ILIADE,de bœufs , y porte l’épouvante 86 la.mort; le monl’tre s’élance fur le pre-ï

mier qui s’offre à fa vue , le failit parl’échine , broie les os fous les terribles

mâchoires , le repaît de-fon fang , dé-

chire les entrailles; tel Agamemnon,l’amant de tous côtés la terreur 84 la

mort, enfonce Ion invincible javelotdans le corps de tous les Troyens , queleur fuite rapide ne peut dérober àles coups; renverfés de leurs chars , ilstombent; aucun n’échappe au redou-l

table javelot. Déja les Grecs ledifpofent à efcalader les murs de.Troye. A cette vue , le père desDieux 8: des hommes, defcend dela voûte éthérée, s’aflied fût l’un des

.fommets de l’lda, d’où découlent des

fources abondantes; fa foudre cil dansles mains; il appelle Iris aux ailes d’or :

a: Vole , légère Iris , hâtes«toi dea: porter mes ordres à Hector. Tant qu’il

n verra Agamemnon le pilleur des peu-a: pies , combattre hors des rangs, dé:

CHANT .ONZIËME. 18;ss truire des bandes entières de Troyens ,ss qu’il s’abflzienne du combat, qu’il fe

’ss borne à ranimer le courage des liens,

ss à fouteuir leur ardeur ; mais lorfquesa le fils d’Atrée blell’é, fait par une

’ ss flèche ou par un javelot , remontera

sa fur fon char , en ce moment, je luiss accorde la viétoire , qu’il porte le car-

ss nage dans l’armée des Grecs , qu’il

ss reperdre les enfans de la Grèce juf-ss que dans leurs vailTeaux, qu’il ne celle .

sa de les ,pourfuivre, que lanuit nea) couvre la terre de fes’ombres facrées a.

Il dit; docile aux ordres du maîtredes Dieux, la légère Iris s’élance du

fommet de l’Ida , fur les jchampsTroyens. Debout fur l’on char , aumilieu des fiens , le fils de Priam , ledivin Heélor, porte de tous côtés l’es

I. regards inquiets; fes courtiers immo-biles, attendent l’es ordres; Iris l’a-

borde , lui parle ainf : ’ *a! Heétor, fils de Priam, dont le

ss confeils égalent en fagelÎe ceux du

186 L’ILIADE,ss maître des Dieux , je t’apporte les

u ordres du père des Dieux 8c desn hommes. Tant que tu verras le paf-» teur des peuples Agamemnon , com-» battre avec fureur hors des rangs.’dé-

ss truite desbandes entières de Troyens,in ablliens-toi du combat, borne-roi à.sa ranimer le courage des tiens , à fou-ss tenir leur ardeur; mais lorfque le filss. d’Atrée blell’é , foir par une flèche ou

u par un javelot , remontera fut fouau char, alors Jupiter te donne la vic-ss toire, porte le carnage dans l’armée

sa des Grecs, repoull’e les enfans de la

a Grèce jufque dans leurs vailfeaux , ne

n celle de les pourfuivre , quela nuitas ne couvre la terre de fes ombres fa-» crées «.

Ayant ainfi parlé , la légère Iris dif-

paroît. S’élançant de fou chat avec les

armes , agitant dans fes mains deux ja-velots, le grand Heélor court de rangen rang , anime les Troyens au combat,excite un affreux carnage. Ils le te.

CHAR: ONZIÈME. 187ploient , tiennent ferme , doublent lesrangs; les Grecs fortifient leurs pha-langes; le combat recommence avecfureur; Agamemnon fond le premierfur l’ennemi; il auroit honte de de-meurer confondu dans la foule.t Mules qui habitez les palais [actés Vde l’Olympe, diœs- moi lequel desTroyens ou de leurs illullres alliés , ofale premier provoquer au combat le Roi

des hommes Agamemnon? Iphidamas,le valeureux fils d’Anténor. Né dans la

fertile Thrace, nourrice de nombreuxtroupeaux , Cill’é , fou ayeul maternel,

le père de la belle Tliéano , l’éleva dans

l’on palais. Quand ce jeune Guerrier fut

en âge de fignaler fa valeur , dans lescombats, le rvoyant épris de l’amour

de la gloire, CilI’é le retint dans fon

palais, lui donna fa fille. A peine lesnœuds de l’hymen étoient formés ,

(que la Renommée, courière de la gloire

des Grecs , le força d’abandonner fa

jeune époufe , pour voler, avec douze

188 L’ILIADE,vailfeaux , au fecours de fa patrie. Par-î

venu à Percope (n) , il y lailTe les vaifeféaux, prend la route de terre, s’en-

ferme avec les Troyens dans Ilion. Tel’efi le Guerrier qui, le’premier, s’engage

dans un périlleux combat contre le filsd’Atrée Agamemnon. Les deux Héros

s’avancent l’un fur l’autre; le Roi des

Rois lance le premier fou javelot; ils’égare , tombe loin du Corps de fon

ennemi. Iphidamas”, le confiant dansfa force , imprime à fon javelot unmouvement rapide , frappe Agamem-non :l la ceinture , au défaut de la cui-rafl’e , 8c ne peut le percer; femblableà du plomb, la.pointe algue ell émouf-

fée, par la lame d’argent qui couvrel’impéhétrable baudrier du fils d’Atrée.

Tel qu’un lion avide de carnage , le filsd’Atrée faifit l’arme meurtrière , l’arra-

che , fond fur le Troyens, avec le glaive ,le plonge dans fou fein; il tombe , lesombres de la mort s’étendent fur l’es

yeux; infortuné! il s’endort dans l’é-

fi

CHANT ONzn’tMiz. x89ternelle nuit. (a), 86 n’a point encoregoûté les douceurs de l’hymen avec fa

jeune époufe , qu’il combla de préfens,

à quiil donna cent bœufs , lui promit mille

chèvres 8: mille moutons , partie deles immenfes stroupeaux ; Agamemnonle perce de l’on glaive , avant qu’il ait

pu acquitter fes promell’es ,s’empare de

les belles armes , les porte en triompheà l’armée des Grecs , monument de fa,viéloire. L’aîné,des enfans d’Anténor,

l’illullre Coon , voit tomber [on frère

Iphidamas; des larmes amères, fem-blables a un nuage épais, s’étendent

fur fes yeux; le. dérobant, par unemarche oblique , aux regards du filsd’Attée , il lance fou javeler; la pointe

aigiie s’enfonce dans le bras du fils.-d’Arrée, au-dell’us du coude; le Roi.

des hommes Agamemnon frémit derage 8c de douleur, 8c ne celfe decombattre ; s’élançant fur. Coon , au

moment auquel il étend fou bouclierfur le corps de [on frère , qu’il appelle à

h

h

190 L’ILIADE,grands cris les plus valeureux d’entreles Troyens ,86 fait effort pour entraî-ner ce corps fanglanr hors du champ debataille; en cet inflant , le fils d’Arrée

imprimant , par des fecoulTes réi-térées , un mouvement rapide à fou

- javelot , l’enfonce dans le corps du va-leureux fils d’Anténor; il tombe expi-

rant fur le corps fanglanr de Ion frère;Agamemnon fond fur lui , [épatefa tête du tronc qui la porte. Ainfi lesdeux fils d’Anténor , ayant rempli leur

deltinée , defcendent enfemble dans "les fombres demeures , fous les coupsdu Roi des hommes Agamemnon. Tantque le fang qui coule de fa blelTureconferve fa chaleur , infariable de com-bats, le fils d’Atrc’e vole (le rang enrang , dans l’armée des Troyens ,’ frap-

pant de tous côtés , perçant de 16:3 ja-

velot, perçant de [on épée , accablant

l’ennemi fous le poids des énormesrochers qu’il lance d’un bras nerveux.

Mais quand le fang refroidi a café.

CÉANT ONZIËME. 19:4de couler, que la plaie el’t delÎéchée ,

en proie aux plus vives ’doulcurs , fortame cil déchirée par les pointes aigües

de douleurs aufli cuifimtes que celle!que refl’ent une jeune beauté qui devient

mère pour la première fois , dont lesflancs font déchirés par les mains des

cruelles lllithies , filles de Junon, mi-nil’cres d’affreux tourmens; aulIi fortes;

aufli vives font les douleurs qu’éprouve

le fils d’Arrée. Remontant fur fon char,

il ordonne à fon Ecuyer de le reporte:aux vailTeaux des Grecs. Son ame cil:affaitée fous le poids de la douleur , 86

cependant il fait effort pour foutentle courage des liens.. l sa O mes amis , Chefs 8: Confeils de

u l’armée- des Grecs! dit-il , élevant

sa la voix , ne vous lafÎez pas de com-» battre; repoufrez la flamme prête à.

n confumer nos vaifeau; Jupiter nesa permet pas que je termine cette glo-a: rieufe, journée , par la défaire entière

a) de l’armée des Troyens a.

192. L’JLIADE;a Il dit; fon Ecuyer. hâte, avec lefouet; la marche de les courfiers; do-ciles à la main qui les guide , leur poi-trail el’t couvert d’une blanche écume ,

leur crinière flottante eli impregnée defueur 86 de poufiière; ils s’emprelTent

de porter le fils d’Atrée hors du champ

de bataille. Voyant Agamemnon aban-donner la mêlée , Heétor s’écrie :

a? Troyens , Lyciens , Datdaniens ,n montrez-vous des Héros, rappellezil.» votre indomptable valeur. Le plus-

- a: puifÎant des Héros de laIGrèce ahan;

a: donne le champ de bataille; le filsa de Saturne ., Jupiter , m’accorde la.a: victoire; que vos courfiers agiles por-e tent le défordre dans les phalangesin des defcendans de Danaüs (p ) 3 unes: gloire immortelle fera votre récom-

u peule a. ’Il dit , 86 fouine l’ardeur du combat

dans l’aine de tous fcs Guerriers.Comme un Chnlïeur lance une meutelégère 8c hardie courre unrlion ou un

énorme

CHANT o NZIÈME 19;énorme fanglier; tel le fils de Priam ,Heétor , occupé de vafies projets , fem-

blable à l’homicide Mars , marche à la

tête des liens contre l’armée des Grecs;

une nuée de Troyens , refpirant le car-nage , fondnfur la redoutable phalangedes enfansde la Grèce. Telle une vio-lente tempête agite les profondeurs de

’l’humide élément. Quels Héros tombè-

rent les premiers fous les coups du filsde Priam , à qui Jupiter accorde la vic«

taire î Alfacus , Antonusi, Opitès ,Dolopès , Critidès; Opheltius , Agelas ,Afymnès, Orus 81 le valeureux’ Hip-

panons; tels furent les Chefs de l’ar-mée des Grecs que. perça le vaillantHeétor , se avec eux une multitude in- ’

nombrable. Comme le vent d’ouell 8:le vent du midi réunis, agitant les nuées,

fondent avec rapidité fur les abîmes de

la plaine liquide , roulent fes flots , lacouvrent d’écume g ainfi Heétoragite les

grouppes nombreux des" enfans de laGrèce 5 les têtes tombent fous les coups ,4

Tome II. ’ I

194 filtrant,fa main verfe’ des flots de fang; horri-

ble fléau de la nation des Grecs , il leseût pourfuivis jufque dans leurs vaif-feaux , les perçant .de les traits vain.queurs , li Uly [le n’eût ranimé l’ardeur

du fils de Tydée , du vaillant Diomède.sa Fils deTydée, luiditlil, ne nous fou-

» vient-il plus de notre ancienne valeur,s) à la vue de ce carnage affreux des en-» fans de la Grèce? Réveille-toi , vail-n lant Diomède , marche à mes côtés!la quelle honte , fi’Heétor s’einparoir de

a: nos vailfeaux a.::. n Je ne fuirai point , répondit l’in-

» trépide fils de Tydée; je foutiendrai

a, avec roi les traits de l’ennemi; mais

sa quel fera le fuccès de nos efforts , fia: Jupiter nous refufe fou fecours ,’ s’il

a: donne la. viétoire aux Troyens n?

Il dit, 8: lance fou javelot, frappeThimbrée fous la mamelle gauche , lerenverfe de fonlchar; Ulylfe frappe ô:tue Molion , l’Ecuyer de Thimbrée.

’ Lamant ces Guerriers étendus fur le

i

r

t

f

CHANT QNZIÈME. :95champ de bataille , ils s’élancent fur les

Troyens, portent le trouble dans leursrangs. Semblables à deux fangliers quife retournent avec fureur fur les chiensqui les pourfuivent , tels Diomède 8:Ulylfe , rappellés au combat , portent lecarnage dans l’armée des Troyens ; les

,Grecs opprimés , fuyans devant Heélzor ,

Irefpirent enfin. Déja Ulyll’e 86 le fils

Ade Tydée fe font emparés du char des

deux fils de Mérops de Percote tombés

fous leurs coups. Mérops furpalfoit tous

les Devins dans la;connoilfance de l’a-

n venir. Il voulut retenir les enfans; illeur défendit de s’engager dans cette

guerre meurtrière : fourds aux prudensconfeils de ce pète afiligé, ils refusèrent

de lui obéir , car les Dellins avoient -.marqué leur trépas aux champs Troyens.

Le fils de Tydée les précipite l’un 8:

’ l’autre dans les (ombres demeures , 8c

s’empare de leurs armes. Ulylfe perce

Hipodainas 8c Hyperochusd Jupiterïpqrtant, du fomnwr de Vida , faire-

’ ’ l 1.

196 L’ILIADE,gards fur les deux armées , foutient avecégalité l’es-immortelles balances auvdeH’ us

du champ de bataille; les meurtres fecompenfenr: Le fils de Tydée frappede fon javelot, atteint à la cuiffe levaillant Agal’trophus fils de Péon, qui

cherchoit fon char pour hâter fa fuite. Ilne le trouve pas (q); (on Ecuyer le re-tient loin du champ de bataille; intré-pide , il combat à pied , hors des rangs,8c tombe fous le javelot ennemi. Hec-tor volant de rang en rang dans l’armée

des Troyens , le voit; il élève la voix ,appelle les liens à grands cris; les pha-langes Troyennesv marchent à fa faire.La fureur de Diomède s’accroît à cette

vue ; adrell’ant la parole à Ulylfe qu’il

apperçoit près de lui a

aa O Ulyffe, lui dit-il! ce fléau deaa l’armée des Grecs , le vaillant Hec-

n tor , s’avance vers nous; tenons fer-aa mes , prêts à nous fecourir , prêts à

u nous défendre si. ’Il dit ,18: balançant l’on javelot, il

----.....-..... ---

CHANT -ONZIÈME. 197le lance fur le fils de Priam, atteintle fommet de fon calque; l’airain jaillitrepoulfé par l’airain ; la pointe aigüe ne

peut percer la triple envelope de ce caf-que , préfent d’Apollon; reculant avec

précipitation , pour fe confondre dansla foule des Troyens qui l’environne,Heétor tombe fur fes genoux; troublé

il appuie fa main contre la terre pourfe foutenir , un nuage épais s’étend fur

fes yeux; le fils de Tydée s’emprellë

de chercher dans la poulfière , fOnjavelot qui, volant loin de lui, ell:demeuré enfevel’r; le fils de Priamreprend l’es feus , remonte fur (on char ,"

. fex dérobe dans la foule des Troyens,peul éviter la mort ,5 agitant fun armemeurtrière , lefils de Tydée le pourfuit;

les efforts font vains ," il ne peut l’at-teindre.

a; Lâche, s’écrie-t-il , ta fuite te dé-

aa robe au trépas (r); mais ton heuresa fatale approche; Apollon que tu in-» voques , quand tu’ marchesau com-1

la

198 I? I L 1 A D a ,sa bat, te fauve en ce moment; tremblesa une autre fois de t’olfrir à ma vue 5 ta

aa mort feroit certaine, fi quelque Di-aa vinité propice daignoit me prêter (on ’

sa recours. Je marche maintenant contreaa les tiens; malheur! à celui que j’at-’

u teindrai dans ma courfe rapide si.Il dit , 8c s’empare des dépouilles’du

fils de Péon. Cependant, caché derrièrela (lame d’llus , vénérable vieillard , l’un

des anciens Rois des Datdaniens , chéri

de la. Nation , Pâris bande fou arc furle fils de Tydée, le palleurades peuples ,.qu’il voit occupé à détacher l’éclatante

cuiraffe du vaillant Agafirophus , fortbouclier , fon cafque péfant. Le fils dePriam décoche une flèche meurtrière;

elle ne s’égare pas dans le Vague desairs; l’airaindont elle cit armée atteint

le pied de Diomède, de le cloue à laterre ; s’élançant de l’a’l’yle’ on il fe tient

en embufcade, fier de fa viétoire , Pâris

s’écrie : . ’aa Tu es blell’é; le trait que ma main

CHAN T o N z IÈM’E. 199a; a lancé ne s’elt point égaré; plût aux

aa Dieux que perçant tes entrailles , ilaa t’eût précipité’da’ns les demeures fou-

. aa teraines; les Troyens refpireroient,v délivrés d’un mouline devant lequel

n ils frémilfent , Comme de timidesaa chèvres à la vue d’un lion a.

: ,a Lâche Iéduâeur , vil archer,

aa qui ne fais manier que la corne desaa arcs (f), lui répondit l’intrépide Dio-

aa mède; couveggle plus nobles armes ,aa ofes te mefurër contre moi, tu con-aa noîtras l’impuilfance de ton arc 8: de

a: tes flèches. Tu te glorifies d’avoirn effleuré mon pied; que m’importea! cette foible bleH’ure, ferriblable à celle -

u d’une femme ou d’un enfantPL’arc

aa el’t l’arme traîtreffe d’un homme vil; I

aa les coups de mon javelot font plusaa sûrs; celui qu’il atteint tombe fous la

la faulx de la mort , fa veuve déchire fesaa joues , dans l’excès de fa douleur ,

a! fes enfans font orphelins, fon fangaa abreuve la terre, fou cadavre , .objet

’14.

zoo L’ILIJDE,aa’ d’horreur , livré aux oifeaux du ciel g

. sa pourrit fans fépulture (t) «s. ’

Il dit; cependant Ullee le couvre. de fou corps. Diomède derrière lui ,

arrache la flèche qui l’a percé, remonte

fur fou char , ordonne à fou Ecuyer dele reporter aux vailfeaux des Grecs çcar fou ame efi affail’fée fous le poids

de la douleur. En icet irritant , l’effrois’empare de tous les Grecs ;’aucun

n’ofe tenir ferme; le Ullee , pouf-fant de profopds foupi’rs , demeure fur

le champ de bataille.aa Que ferai-je, fe dit-il à lui-même?

aa fuirai-je honteufement , devant cette.aa multitude qui. m’accable ? Demeu-sa rerai-je feul,au rifque d’être enve-a: loppé? Le fils" de Saturne a famé laaa terreur dans l’aine des Grecs. Qu’ell-

aa il befoin de délibérer? Le lâche fuit ;

sa mais. rien n’ébranle la confiance de

aa l’homme courageux; il tient ferme ,

sa frappe ou fuccOmbe n.Tandis que ces penfées [e fuccèdent

x

’CHIA N’T O’N ziè ME. 2.01

àvec rapidité’dans fou efprit , les bandes

Troyennes , hérilfées de longs javelots ,

arrivent en foule, environnent le vail-lant Ulylfe ,le terrible fléau des Troyens.

Tels de jeunes dogues fe prelfent autourd’un énorme fanglier qui fort de fa.beauge, éguifant fes défenfes crochues;

l’horrible bruit de fes mâchoires retentit

au loin ; malgré la terreur que leurimprime la vue du monfire furieux , ilstiennent ferme ; tels les Troyens feprelfent autour-d’UlyHè, l’ami de Ju-

piter,qui s’élance fur eux;Ulylfeperce au-

delfous de l’épaule Déiopite; il tombe;

Thoon se Enome le fuivent. Cherfi-damas s’élance de l’on char pour fondre

fur le fils de Laërte; le javelor d’Ulyffe

Il’atteint fous le bouclier , s’enfonce

au-delfous du nombril , l’étend fur la

pouflière , embralfant la terre de l’esmains défaillantes; Ulylfe les laiffe ex-

, pirans , s’élance fur Charops fils d’Hip-

pafius , frère germain du généreux Socus ,

le perce de Ion javelot. L’intrépide 801

1 sm.- M-

ion L’ILIADE,eus égal aux Immortels, s’avance pour

venger [on frère.

aa Infatigable Ulylfe , illullre parsa tes travaux, célèbre en toutes les rufes

aa de guerre , dit-il, aujourd’hui tu teaa glorifieras d’avoir donné la mort aux

aa deux fils d’Hippafius, 8: ravi leursaa dépouilles , ou tu tomberas toi-même

a) fous les coups de mon javelot u.Il dit, 8c lance l’arme meurtrière ;

elle traverfe le bouclier d’Ulylfe, s’en-

fonce dans fa cuiralfe ,- efileuie fachair; mais Minerve en amortit l’ac-tivité, la Déelfe ne permet pas quela pointe aigiie pénètre jufqu’aux en-

trailles du Héros qu’elle protège. Le

fils de Laërte ne tarde pas à recon-noître que fa blelfure n’el’t point mor-

telle; il recule, adreflant la parole à

Socus : li aa Téméraire, lui dit-il , la faulx de

aa la mort ell fufpendue fut ta tête, tuaa as détourné. fur toi feul des coups qui

sa fe feroient égarés dans la foule des

CHANT ’ONZIÈME. 1.0;aa Troyens (Il), tu n’échapperas pas à

aa la mort qui t’attend; ton trépas ace

aa croîtra ma gloire; ton ame dei-cendraaa dans les [ombres demeures n. i

Il dit; 8c faifiŒant l’inllzmt auquelSocus fe retourne pour échappe’r à la I

mort , il le frappe entre lesdeux épaules ;A la pointe aigüe pénètre dans la poitrine ,

il tombe. avec fracas ;4Ulylfe triom-

phe. .aa Fils du fage , du vaillant Hippafius ,aa ô Socus , dit-il! tes efforts font vains ,aa mon arme t’a frappé, tu es parvenu

au aux bornes de la vie. Infouuné! ni l* .a ton père , ni ra refpeétable mère , ne

aa fermeront res paupières; les vautoursn étendront leurs ailes furnton corps

v aa pour te.déchirer; fi la. mort trancheaa le fil de mes jours , les enfansÏde. laa. Grèce: me feront d’honorables obsè-

av ques tu ï aIl dit, 85 retire le javelot de Socusenfoncé dans les chairs , fufpendu afou bouclier qu’il a. percé ; le fang

v I 6 ’

Ammvu - ......w-- -- A

2.04 . L’ILIADE,coule à gros bouillons de fa plaie; ilfoulfre des douleurs aigües. L’ardeur

des Troyens accroît à la vue du fang du

fils de Laërte qui jaillit de fa blelfure;ils s’animent l’un l’autre, fondent fur

- Ulyllè , l’accablent par leur nombre;l’intrépide fils de Laërte ell: forcé de

reculer , d’appeller à grands cris fesçompagnons (v);trois fois il élève la-voix avec force (x); trois fois l’ami duDieu Mars Ménélas , l’entend; adref-

fan: la parole a Ajax qu’il voit près de

lui z çaa Divin Ajax , fils ’de Télamon,

sa lui dit-il , la voix du malheureuxsa Ulylfe a frappé mon oreille; je jugen à fes cris, que feul contre une foulesa de Troyens , il ell: enfermé danssa un cercle étroit , réduit à un combat

sa trop inégal ; volons à fon aide ;sa fondons fur cette troupe d’ennemis;

sa feu! , malgré [on intrépide valeur,

sa accablé par le nombre , le fils desa Laërte ne pourroit réfiller au group-

CHANT ON’ZIËME. lofà: pe nombreux qui l’environne; fa mort.

sa feroit le fujet des éternels regrets des.9 enfans de la Grèce «.

A Il dit , 8c marche le premier. Ajaxl’émule de Mars le fuit; les deux Hé-

ros le font jour à travers les bandesTrojlennes qui v entourent le fils deLa’c’rre , qui le ferrent de toutes parts ,

femblables à des oloups carnafliers (y) -

. qui fondent du fommet des monta-gnes fur un cerf qu’une flèche lancée

par des chaIÏ’eurs a blefl’é. Tant que

le fangconfervant fa chaleur maintientle terrer: de les jarret-s , une fuite pré-cipitée le dérobe à la mort. Dompré

enfin par la douleur, les, loups le dé-vorent au centre d’une épaule forêt ,

fur le fommet des, montagnes. Le -defiin conduit en ce lieu un lion af- -famé; les loups fuient; le lion s’empare

de leur proie. Ainfi les Plus valeureux ,les Plus forts d’entre les Troyens envi- ’

tonnent le vaillant ,- le fige UlyH’e , qui-3’e’lance fur eux , qui les écarte de fou

206 Bled-Ann,javelot pour échapper au trépas. Ajax

s’approche , le couvre de fou bouclier

femblable à une tout 5 la terreurs’empare de leurs ames , les difperfe ,

les omet en fuite. Prenant le fils deLaërte par la main, Ménélas l’entraîne

hors de la mêlée , attendant que ’Vfon

Ecuyer lui amène les chevaux 8c Ionchar 5 l’émule du Dieu Mars , Ajax,

fond fur les Troyens , perce de Ionjavelot Doriclès , un des fils de Priam ,né d’un commerce illégitime 5 Pando-

cus , Lyfandre , Pyrafus ; Pylartès fontfrappés; tel un torrent débordé dont

les neiges , dont les pluies de l’hiver ontaccru la rapidité, plein d’un gravier fan-

geux , entraînant dans fon cours orageuxles’fapins 86 les chênes , (e précipite dans

lamer avec fureur; tel , dans cette plainefanglante,le vaillant Ajax pourfend hom-mes 8: chevaux , ’porte de toutes parts

le carnage 86 la mort.Les cris des mourants ne [ont point-

encore parvenus aux oreilles d’Heélzor ,3

o

CHANT ï o Mime ’zo7Qui’coinbat vers la gauche , fur les rives

du Scamandre. Là les têtes tombent enfoule , les cris font affreux , l’acharne-ment des Guerriers ne peut être comparé

qu’à un vafle incendie que rien ne peut]éteindre. Près du grand N eftor , près del’intrépide ldomenée , Heé’tor tantôt à

pied , tantôt fur [on char , détruit desphalanges entières , 85 cependant il n’eût

pu forcer les . Grecs d’abandonner le.champ de bataille , fi Pâris , l’époux de

la belle Hélène , lançant une flèche fur.

,Machaon , le pafleur des peuples, quicombattoit avec courage , n’eût réprimé

l’impétueufe ardeur de ce Héros i; armée

de trois pointes , la flèche aigüeïatteint’ le favanr Machaon , a l’épaule droite ,

répand l’alarme dans l’amie des valeu-

reux enfans de la Grèce; ils tremblentque l’utile M’achaon ne leur foit enlevé.

AdreH’ant la parole à Nel’tor z

a: Nellor , fils de Pélée , la gloire des

a: Grecs, lui dit le [age ldomenée», hâte-

» toi de remonter fur ton char, que

108 I’ILIJDE,et Machaon s’afl’eye à res côtés , anima

sa tes courfi’ers pour reporter aux vair-

» feaux des Grecs , ce Hérosqui ar-a: rache de nos plaies les flèches ho-» micides , qui «les couvre de fimples

a: falutaires , dont les fucs bienfaiea» fants appaifent les douleurs amères;a) la vie d’un tel homme eû plus pré-

» cieufe que celle d’un grand nome ’

à: bre (ï) n.

ll dit; le vieux Nellor monte fur l’onchat , fait alfeoir à fes côtés l’irréprocha-

’ble Machaon , fils d’Efculape. Nellor

anime fes Courfiers avec le fouet ; ilsvolent avec légèreté vers les vaiffeaux

des Grecs ;le defir du repos , l’abon-I dame pâture qui les attend , hâte leurcourre rapide. L’Ecuier d’Heôtor, Ce-

brion, aHis fur le char , à côté du fils

de Priam , voit les Troyens qui plientdevant Ajax; admirant la parole à foufrère :

n Heétor , lui dit-il , ici les Guerriersw fuient fous tes coups , tandis qu’à

CHANT ONZIÈME. au,a l’autre extrémité du champ de bataille,

a; Ajax , le fils de Télamon , fait un hor-

sa rible carnage d’hommesvôc de cheo

a: vaux , met en fuite les Troyens. Jen reconnois le fils de Télamon au largea bouclier qui couvre (es épaules. Diri-

sa geons nos courfiers fur ce Héros;a: hommes 85 chars , que toute l’armée

a: nous fuive ; car la faulx de la morta: moifl’onne les Héros , dans cette hor-

a: rible mêlée , les cris des vainqueurs ,

u le défefpoir des vaincus , retendirenta au loin , femblables à un incendie n.

Il dit , 85 prelÎe les courfiers à. la vafle

crinière; le fouet fifile ; ils s’élancent ,

portent avec rapidité le char léger àtravers les cadavres qu’ils foulent auxpieds , le timon , l’eflieu , les rouesfont fouillées du fang qu’ils- fontjaillir dans lem courfe rapide; impa-tient d’entrer dans la mêlée , de rom-

pre les bataillons ferrés des enfans dela Grèce , Heétor s’élance de fou char,

attaque les Grecs ,du javelot , du glaive ,

no L’ILIAIDE,’des lourdes pierres qu’il lance fureux d’un bras nerveux ; les rangs[ont confondus, les Grecs difperfés;86 cependant n’ofant mefurer fes for-ces contre celles de l’invincible Ajax ,

le fils de Priam évite le redoutable ja-velot du fils de Télamon; mais la.piter du haut de [on trône imprimela terreur dans l’ame d’Ajax. Il s’ar-

rête , le retourne épouvanté ; rejettant

. fur fes épaules (on valle bouclier , por-tant de tous côtés des regards inquiets ,

femblable à une bête féroce poutfuia

vie par des chalfeurs , tantôt il fuit ,i tantôtil fait face à l’ennemi, re-

pouffe les coups meurtriers; tels devigoureux limiers 85 d’intrépides paf-teurs repouffent de l’étable où fes bœufs

font renfermés. un lion affamé qui s’ap-

prête â les dévorer , pendant l’obfcurité

de la nuit; chiens 8: pafieurs veillentà la garde. du troupeau; l’ennemi s’a-

vance , mais fes efforts font vains; destorches enflammées , de formidables

-«--.-.----

CHANT ONZIÈME. inépieux maniés par des bras nerveux,effrayent le moudre , l’empêchent d’ap-

procher; il rugit pendant la nuit entière ,6c fuit triflement au lever de l’aurore;tel Ajax , le cœur percé d’une douleur

profonde, recule forcément repouffé par

lesTroyens; tremblant pourlesvailï’eaux

des Grecs, il s’éloigne à pas lents ; ainfi

un âne tardif fait effort pour réfiflzetà. une troupe d’enfans qui le chall’ent .

d’un champ couvert d’une abondante

moifl’on , dont il tond les tendres épis ,

malgré la nuée de bâtons qui fond fur

[on corps. De jeunes Pattes l’environ-

lnent , le frappent à coups redoublés;mais leurs membres n’ont point ac-quis la vigueur que l’âge feul peut don-

ner ( da ); ils ont peine à le mettre enfuite qu’il ne fe fait rall’aflié’de l’abon-

dame pâture. Tels les fiers Troyens8: leurs nombreux Alliés, armés de leurs

longs javelots , pourfuive’nt le grandAjax , fils de Télamon. Une nuée de

traits fond fur fou bouclier ; le confiant

au I’ILIAnz’,»dans fa force indomptable , l’intrépide

Ajax fe retourne , rompt des phalangesentières , échappe à tous les coups; l’es

mouvemens rapides contiennent lesTrOyens , les, écartent des vailfeauxdes Grecs ; environné des bandesnombreufes des Troyens 8c des Grecs,le feu! Ajax réfifle ’Vâ’l’ennemi 8:

l’effraie; les dards , les javelots nepeuvent l’atteindre; les uns s’arrêtent

dans fou vafie bouclier , les autresrepouffés s’égarent , s’enfoncent dans

la terre , tout l’efpace qui fépare le grand

Ajax de l’ennemi qui le pourfuit, encil hériffé. Le fils d’Evémont, le vaillant

Euripile, le voit accablé par les. traitsdes Troyens; il s’approche , lance fou

javelot , frappe Apifaon , le l fils dePhaufée, le pafleur des peuples; la pointe

aigüe pénètre dans le foie , au-deffous

de la poitrine; les genoux du Troyenfléchilfent; il tombe; Euripile s’élance ,’

enlève fes dépouilles. Le beau Pâris leVOÊt détacher l’armure d’Apifaon; il

CHANT ONZIÈME. 113’bande fou arc, décoche une flèche, leperce au haut de la cuifl’e; l’arme meur-

trière pénètre dans la hanche du Héros

8: s’y brife ; appéfanti par fa bleŒure ,"

contraint de fuir pour éviter la mort,Euripile recule , fe confond dans la foule

«des Grecs; élevant la voix il s’écrie:’ .

n O mes amis, Chefs à: Confeils dea) la nation des Grecs! ceffez de fuir,a! faites tête à l’ennemi, défendez le

sa grand Ajax accablé par les javelotsu des Troyens ; je tremble qu’il nea! fuccombe dans cette fanglante mêlée;

a tenez ferme , près du grand Ajax fils

n de Télamon si, 4Ainfi parle Euripile bleffé. Les Grecs

s’approchent I, environnent le grandiÀjax, le couvrent de’leurs boucliers,fprélèntent ’leui’s javelots aux Troyens.

kA la vue de fes compagnons qui s’em--ptefl’ent autour de lui, l’intrépide Ajax

s’arrête, fait face à-l’ennemi; le combat

ïfe’ ranime comme un; valiez incendie.

au. I.’ I L I A D E ,Cependant les chevaux écumans de

Nellor le portent hors du champ debataille, à: avec lui Machaon le paf--teur des peuples. Debout, a la poupe de(en vaifl’eau, Achille cil [p.eétateut des

travaux des Grecs , de leur fuite hon-teufe. Reconnoiffaiit Neflor , il appelle.[on compagnon Patrocle; la voix dufils de Pélée pénètre dans la tente du

valeureux fils de Ménétius; femblable

au Dieu Mars il accourt; ce fut le com-mencement de l’es malheurs.

v ,5 Pourquoi m’appelles-tu,ô Achille,

sa lui dit-il , quel befoin as-tu de moi u ?..---- n Divin fils de Ménétius ,. cher à

"mon cœur , lui répondit le fils. den Pélée , c’elt maintenant que je verrai

a: les enfans de la Grèce , profiernémsp à. mes pieds ,pimploret ma clémence;

a: car la néceflité lesqy contraint; lesa: maux qu’ils fouffrent [ont intolérables.

p OvPatrocle! marche à. la tente. ide,Q’Nellzor , l’ami de Jupiter , demande

,.----â----,

CHANT ONZIÈME. 11;p lui quel ell ce Héros bleffé qu’il ra-

» mène dans Ton char. Je n’ai pu le. a) voir en face , les courfiers légers l’ont

sa. emporté loin de moi; mais il relieur-

sa ble , par la ’taille , à Machaon , lein fils d’Efculape et.

. ’Il dit’; .docile aux ordres de fancher compagnon , Patrocle s’éloigne des

tentes 8c des vaiITeaux des Thelfaliens,parvient à la tente du fils de Nélée.

Nel’tor 8: Machaon arrivent en cetinfiant; Eurimédon l’Ecuyer du vieux

Nefior, détèle les courfiers; aflis aufrais fur le rivage de la mer , les deux.Héros ont étanché la fueur dont leurs

tuniques étoient imbibées; ils rentrent

dans la tente de Neflor , prennent placefur des trônes; la belle Hécamède mêle

du vin dans une urne. Le vieux Neltorobtint cette efclave dans le partage dubutin de Ténédos (65) , quand l’in- i

trépide fils de Pélée eut conquis cette

ifle voifine de Troye: Hécamède efl:

fille du magnanime Arfinous ; les

ne; ’ L’ IL 1 [a 15,Grecs la choifirent entre toutes les capirives , avant le partagé du butin , pOur ladonner à Neflor, récompenfant ainfi lafagell’e de l’es confeils , qui furpafl’e celle

de tous les autres enfans de la Grèce.Cette belle captive place devant lesdeux Guerriers une table polie que fou-

Ï tiennent’des pieds azurés; une corbeille

d’airain pleine d’oignons propres à ex-

citer la foif, d’un miel exquis, 56 dela farine du plus put froment, eft pofée,fur cette table , par les mains de la belleHécamède, près d’une coupe fuperbe

à double fiond , que le vieux Nel’tor ap-

porta de Piles. Cette coupe cil ornée declous d’or; quatre anfes fervent à la.porter , dont chacune foutient deux co- .lombes d’or qui femblent cueillir l’herbe

des prés fleuris; au-delfous font deuxautres colombes de même métal 8c de

même beauté. Pleine de vin , cette’coupe cit fi péfante , qu’un homme

d’une force commune la foulève avec

peine; le vieux Nefior la porte à fabouche ,

CH4NT ONZLIÎZME. 117bouche, de la vuide aifément ; Héca-mède , dont la beauté égale celle des

ÇImmortelles, emplit cette coupe d’un

-vin de Pramei(cc) , y. mêle du fromagede chèvre , qu’elle a tapé avec un inf-

itrument d’airain , & de la farine du pluspur froment; ayanî préparé ce délicieux

breuvage , elle invite les deux Hérosà fe défaltéret; ils étanchent, en bu-

vant, la foif qui les tourmente; un utileentretien occupe leur loifir. Patrocle,mortel égal aux Dieux, paroît en cet

inflant a la porte deila tepte du Roide Pilos; le vieux Nefior le lève dutrône fur lequel il efi anis , préfefite’ la

main au compagnon d’Achille , l’intro-

duit dans fa tente , l’invite à s’affeoir

fur un trône; le fils de Ménétius lerefufe: n O vieillard , fils de Jupiter , dit-a! il I, tu ne me perfuaderas pas de m’ar-

sa rêter dans ta tente; tu connois l’im-

» patience de celui qui m’envoie;u Achille dont je refipeé’te les ordres,

I» m’a chargé de te demander quel cil:

Tome II K

5.18 L’ILIÀDEJ’ Ii: ce Héros blelré que tuas ramené dans

à: ta tente; je le vois de mes-yeux , je3a reconnois Machaon ’le palleur desa peuples; je, me hâte de retourner fa-is tisfaire Achille; tu fais , ô vieillard!’32 combien ell terrible la colère du fils

3, de Pélée; avec quelle promptitude elle

n s’enflamme , même fans fujet (dd ) y.

: u Quel foudain intérêt pour nosa, blell’és , trouble le repos du fils desa Pélée, répondit le vieux Nel’tor? igno-

» re-t-il les maux qui accablent l’armée

n des Grecs? Les plus courageux fontsa hors de combat; le vaillant Diomèdea: cil blairé, l’intrépide Ulylfe 3c Aga-

» memnon font blelfés ; une flèchea, amère a atteint’Euripile à la caille;

a) une autre a percé ce Héros que j’ai

a: foulirait à la fureur des Troyens , lesa ramenant dans mon char. Cependant,sa infenfible aux malheurs de la Grèce ,à, l’infiéxible fils de Pélée attend en

’n’paix que la flamme confume nosn vaill’eaux, que ces telles infortunés

CHANI ONZIËMx. 2.19si l’aient réunis a la foule des morts.sa Plût aux Dieux que ma force fût tellea, qu’elle fut autrefois; puilfé-je revenir

sa aux brillantes années de ma jeunelTe ,

,ss paillent mesvmembres reprendre leur.ss ancienne vigueurlTel je fus quand uneÎss-guerre. fanglante s’éleva entre les

ss Eléens 85 les Piliens (ce) , qui puni-ss rent , d’une jufle repréfaille , l’enlè-

ss vement de leurs troupeaux; je préci-

ss pitai dans les (ombres demeures less vaillant lthyonée , fils d’Hippérochus ,

kss qui habitoit dans l’Llide , j’acquis

ss un riche butin; mon javelot perçasa Ithyonée qui combattoit hors dessa rangs ,défendant fes bœufs; il tomba

ss fous mes coups , les Pârres fau-.ss’vages qu’il cémmandoit prirent la

.ss fuite; un immenfe butin fut le prixn de notre viétoire , cinquante trou-Î.ss peaux de bœufs , cinquante de mou--ss tons , cinquante de porcs, cent cin-ss quante’ cavales à; crinière flottante ,

ss fuivies ld’ungrand nombre de pou.-

K 2.

ne ’L’Irzsrnzgvsa lains qui fuçoient le laitde leurs mères;

a: nous enlevâmes toutes ces richelfes ,sa nous les conduisîmes à Pilos , la villesa de N élée , à l’entrée de la nuit; l’ame

sa du vieux Nélée fut réjouie de mes

sa premiers exploits, voyant, au ’leversa de l’aurore , les riches dépouillessa dont je m’étois emparé , apprenant

sa que j’avois marché a la guerre, dès

as mes plus jeunes ans. Des Hérautssa publièrent que tous ceux à qui les

.aa Eléens avoient fait tort, eulfent à feas préfenter. Les hommes les plus puif-

as fans entre les Piliens réclamèrent lesa partage du butin; caries Eléens noussa avoient opprimés pendant long-tems;

sa les Piliens, moins nombreux , fouf-sa’ frirent de ce peuple de longues in-aa jufiices; l’invincible Hercule fut le

sa premier auteur de nos maux (j;sa les plus courageux tombèrent foussa fes coups. L’irréprochable ’Nélée eut

sa douze enfans; je reliai feu]; messa onze frères périrent. Enhardis par

CHANT ONZIÈME. ausa notre apparente foiblelfe , lesEléenssa nous infultèrent fouvent , nous firentsa de fréquentes injuflices. k Le vieuxaa Nélée s’adjugea à lui«mêtne, avant

sa tout partage du butin, trois centssa bœufs ,1 trois cens moutons avecsa léurs Pattes, julle indemnité d’une

sa grande dette qu’il réclamoit contre

sa l’Elide , quatre courfiers célèbres

sardans les combats du Cirque , que lesas Eléens lui avoient enlevés avec leurs

sa chars , quand ils fe difpofoient à dif-sa puter dans le Cirque , un trépied desa grand prix. Augée , Roi des Eléens.,

as s’empara des courfiers , renvoyaas leurs conduéteurs affligés ( gg). Irrité

sa des outrages qu’il avoit reçus de cette

sa Nation , le vieux Nélée retint une

sa immenfe rançon , abandonnant leas relie à fou peuple , pour le partager;as aucun ne put fe plaindre de n’avoir

sa pas obtenu la. réparation des pertessa qu’il avoit effuyées ;,nous, rendîmes à

sa tous la juliice qui leur étoit due;

. K 3

2.2.2. L’ILIJIDE,a, montant à la citadelle , nous offrîmes

n- aux Dielnr de pompeux facrifices. Lea: troifième jour les Eléens revinrenta, en force; une infanterie nombreufe ,sa des chars fuperbes , nous menaçoientsa d’une ruine prochaine; les deux Mo-a: lus (hit) , encore enfàns , peu accoutu-

» més aux travaux guerriers ,v comman-

» doiehtl’armée ennemie. Il efl: une ville

a) fituée fur un mont efcarpé, loin dea, l’Alphe’e , à l’extrémité du territoire de

» la fablenneufe Piles 5 on la nommesa Thryoè’lTe (i5) g les Eléens menaçoient

a» de dévafter cette grande cité. Déja ils

a déploient fur nos terres leur nom-» brenfe armée. Defcendant du fommeta: del’Olympe , pendant l’obfcurité de

a, la inuit , Minerve nous avertir den cette lentreprife», nous arraeha auxa douéeurs du fornmeil , infpira à tousa un violent defir de repouJTer l’ennemi.n N élée ne permit pas que je m’armafle

a) dans cette guerre ; il déroba mesu coutfiers à mes recherches; je n’étais

’CHANT.oN.21tME.n;a: pas , difoit-il ,- afiï accoutume’aux tra-

a: vaux guerriers, pour tenter une tellen entreprife. Minerve me guida. Sansn chevaux , fans char , je. me joignis àn nos hommes de cheval, 8c. acquisa, une gloire immortelle. Un fleuve lea) précipite dans la mer près d’Arne’e,

a: le Mynias (kit); les cavaliers Piliensa) parmi lefquels j’étais, attendirent en

n ce lieu que la divine Aurore le mon-a: trât fur l’horifon. Le lendemain les

a: bandes ferrées de notre infanterie,a, fe réunifient à nous ; couverts dea: nos armes», nous nous mettons en«a! marçhe. Le foleil étoit à peine par:

.aa vemrau milieu de fa carrière , quandsa nous atteignîmes les rives de Àl’Alç-

a: pliée (Il) 5 la nous dirimes de pour;1a, peux facrifices à Jupiter, dont la Puif-

A?) lance ell fans bornes , un tauteanàn l’Alphe’e, un taureau à Neptune , une

n génill’e (indomptée à Minerve. Par-

u tagés par bandes , nous goûtâmes les

.33 douceurs du feltin, «St reposâmes tout

K 4

214 L’ILIÀDE,a: armés fur les rives de l’Alphée. Ceà

a pendant les Eléens , impatiens den partager nos dépouilles , entourentsa Thryoëfre; une feule journée difiipa

a: leurs efpe’tances (mm). A peine, du

a: fommet de [on char doré, le foleilu dardoit fes rayons fur la terre ’,psa qu’ayant adrelfé nos vœux à Jupiter

a: 8: à Minerve , nous nous réunîmes

a: pour combattre avec courage; le pre-» mier de tous , je perçai ,de mon je:nVClOtI,Il,l1n des Chefs de l’arméesa ennemie, je m’emparai du char 8:

a: des courfiers du vaillant Million ,a» gendre d’AugéeÎ Million lépoufa la

sa fille aînée d’Augée , la blonde Aga-

» mède , qui connoiflbit toutes, lesa: plantes répandues fur la furface de laa: terre; M’approchant de ce Héros , je

9» le frappai de mon javelot; il tomba3: dans la poullîère; m’élançant fur fon

n char , je combattis hors des rangs ,a: entre nos plus vaillans guerriers. Lesa: Eléens voyant tomber le plus cé-

CHANT ONZIÈME. 2.2.;h lèbre de leurs Chefs , celui qui mar-a: choit à la tête de leurs chars , effrayés

2": prirent la fuite 5 je m’élance fur

a! eux avec la rapidité de la foudre ,a: j’enlève cinquante chars , deux Héros ,

a» précipités de chacun de ces chars ,

a mordent la poufiière fous les coupsa. de mon javelot; les fils d’Aé’tor, les

n deux Molions , n’eulrent poinr.échap-

a: pé à la mort, fi leur père , le puif-a: fan: Neptune, les couvrant d’un nuagea) épais , ne les eût dérobé à mon impé-

a: tuofité; en ce jour , Jupiter accorda aux

a) Piliens une grande viétoire.Recueillant

n lesboucliers , les armes éparfes fura le champ de bataille , nous pourfui-:2 vîmes les Eléens jufqu’aux portes de la

sa grande ville de Buprafium (nn) , jufqu’â.

a. la roche Oléniene &â la coline d’Alé-

a) fie ; la Minerve nous arrêtant, nous for-» ça de retourner fur nos pas; en ce lieu

a tomba fous mes coups. la dernièrea: victime de notre vengeance. Les en-si fans de la Grèce ramènent leurs cour-

K5

22.6 L’IL’IADE,a: fiers rapides , de Buprafium a Pilos;a: tous rendent de folemnelles aérions vn de grâces , à Jupiter le plus grand des

n Dieux , 8c à Neflor le plus grand desn mortels, Tel je fus dans mes jeunesa: ans entre les Héros de la Grèce; 36a) maintenant le courage d’Achille de-

a! meure oifif; il jouit foui de fou in»sa trépide valeur (ce); des pleurs amères

a: inonderont (on vifage , fi l’armée des.

a, Grecs elt détruite. O mon fils! fou-»viens-toi des confeils que te donnaa: Ménétius , le jour auquel; partant

u de Phtie , il r’envoya à la fuitea) d’Agamemnon. J’érois préfent, ainfi

a: que le divin Ulylfe ’, nous entendîmes

n les ordres que Pélée donna à Ion fils,

a; dans Ion palais. Parcourant la fertilen Achaïe pour raflèmbler les Héros de

a la Grèce , nous parvînmes au fuperben.palais de Pélée; le vaillant Ménétius

n y étoit , 85 toi , ô mon cher fils , lea! compagnon d’Achille ! Le vieux Pélée

n offroit, dans l’enceinte de feu palais,

C314»!!! ongziàiuz. 42.;a, un facrifiçe folemnel à Jupiter. Unea graille abondante brûloit .fur les au-» tels du Dieu qui lance le tonnerre;.2, Pélée menant. dans fes mains unen coupe- d’or ,.atrofoit de fréquentes

,2 libations les entrailles fumantes dessa viét’imes tu foulageois le fils de .Pélée

a: dans le, partage des animaux immolés,n Nous paroillons à l’entrée du valli-

àbule Achille s’élance,vers, nous; la.

a) joie dont fou arne cit remplie , éclatea, dans fesiyeux; il nous: prend. par lap main , nous place fur des trônes , nousp; offre les dons de l’hofpitalité, comme

a: la juflice l’exige. Ayant goûté les doue

noeurs du feftin, je pris la parole,;sa je le, demandai à: Pélée fou père , je

a), fis a ,Pélée de vives. infiances poursa qu’il l’envoyât avec nous. Le vieux

a: Pélée me l’accorda, tu t’offris pour

p marcher à fa fuite; Pélée 86 Ménéf

a: tiustvous donnèrent à l’un 6c à; l’autre

ilde falunaires confeils. Combattre fans39 celle entre les Héros de la Grèce,

- K 6

ne "il? I’i’I la). 3’,”

an le dif’cinguer parmi leS’Gueri-iers le!

a: plus intrépides , tels furent les ordresa. que le vieux Pélée donna à [on fils.a: Ménétius fils d’Aétor , te parla ainf’:

aa O de): cher fils .’ ta méfiance efiaa Moins iiîlujl’lre. Quoique plus. jeune j.

’aa’ Achille" l’emporte de beaucoup fin

au toi , par [à force invincible. Donne-aa lui de juges confiils , guide fis de:in" Marches’,-qu’il reçoive de toi des qui:

sa filutaifes.’Ainfi reparloit ce vieillard;

a, 8c tu as Oublié’fes ordres. Rapportes

aa en ce moment toutes ces; choies à.aa l’irréprochable fils de Pélée; qu’il-fe

aa laill’e perfuader. Qui fait, fi ,v avec

a: l’aide des Dieux, tue ne toucherasfaa pas fon’cmurvP’Les confeils d’un ami

’52 font précieux. Si quelqu’oracle’ l’ef-a

aa fraie , s’il a reçu des ordres de Ju-aa pirer , ou. de fa refpeét’able mère;

"aa qu’il t’envoie au combat g-que lesr »’-Thell’aliens marchent fous tes ordres;

aira ’Iparoît’ras aux: Grecs ’ comme i un

a» afire’bienfaifant 5V qu’Âch’illè te Ïïptère

CHANT o NZ IË-ME. 2.29à; fa divine armure :5 les Troyens fuirontaa à la vue de l’image du fils de Pélée;

aa les enfans de Mars , les valeureuxaa enfansde .la’ Grèce , opprimés main-

aa tenant , refpireront; une courte trêvesa aux maux qui nous accablent, fufiiraaa pour rappeller’le courage dans nosaa ames; des troupes fraîches repoull’e-

aa rontaifément , jufque dans leurs murs ,

a; des ennémisépuifés par les travaux;

aa tu fauveras nos vailreaux 6c nos rena-

sa.teS«.’ * - - v l -Il dit ,13: fes paroles excitent de vifs

regrets dans l’aine de Patrocle. Parcou-

tant le rivage , il fehâte de fe rappro-cher du defcendant d’Æacus. ’

v Parvenir devant la tente 8c le vailreau

, du divin Ulylfe, où les enfans de laGrèce ont coutume de s’alfembler ,font" placés les autels confacrés auxDieux , le généreux fils d’Evémont,

Euripilezblelfé s’offre à fa. vue 3 Eu-

ripile fe traîne avec peine; Lapointeaigüe qui pénètre fa cuide , l’acc’able de

130 Il? 11.1111) z,’vives douleurs; une fueur froide fiéecoule de tous les membrés; elle inondefes épaules; [a tête en ePt imbibées, un

fang noir fort en bouillonant de’fa plaie,

8: toutefois fa: confiance n’elt pointébranlée.’ Le généreux Patrocle en prit

compafiion g lui .adreffant ces doucesparoles , qu’interrompent fes fanglots ,

il s’écrie : , .aa O. Rois , Corifeils infortunés de

aa l’armée des Grecs! falloit-il qu’abane

aa donnant les lieux qui vous ont vua) naître , loin de votre terre natale, vos

sa corps fanglans devinifent la. proieaa des chiens 8c des vautours? Divinaa Euripile , parles -.- moi avec vérité;a: conçois-tu quelqu’efpoir que les Grecs

sa repouffent de leurs vaillèaux le vail-aa.lant ’Heétor; les enfans de la Grèce

sa font-ils tous deltinés à périr de la main.aa d’Heâor u?

’:: aaTout efpoir elt perdu , ô’ Pa-

!aa’ trocle , le rempart des Grecs ! lui réa-

:aa pondit Euripile, pouffant un profond

CHxNT onzïzîzMr. 2;:aa foupir; les enfans de la Grèce torn-aa beront fous les coups d’Heétor, auaa milieu de leurs vaifl’eaux embrâfés.

aa Les plus intrépides Guerriers ont reçu

aa de profondes bleffures; ils repofenc’aa dans leurs tentes, loin du champ desa bataille; la forCedc nos ennemis prend

aa un accroilfement rapide 5 mais fe-aa coure- moi, ô Patrocle !reporte-moiaa dans mon vaiffeau , arrache la flècheaa aiguë enfoncée dans ma’cuill’e’ , verfe

-aa fur ma bleH’ure-une’ onde pure , fonde

aa ma plaie, couvre-là de cesfimplesaa falutaires , qu’Achille , infiruit par

aa Chirop , le plus julte des Centaures,aa te fit connoître autrefois 5 car les deux

sa enfans d’Efculape, Podalire 8c Ma-1: chaon , ne peuvent m’être d’aucun

aa fecours. Blelfé lui-même , Machaon

aa a befoin d’un habile Médecin; Poa

ac dalire efi fur le ’champ de bataille ,

à: en but à la fureutdes Troyens.a2 Que faire? quel parti prendre en

aa de telles eXtrémités ? 0 mon cher

3.342. L’ILIADE,1: Euripile ! lui répondit le vaillant filsaa de Ménétius ;je m’empreffe de porter

aa à Achille la réponfe du [age N efior ,

aa 85 cependant je ne t’abandonnerai pas

a» en cet état de foufiiance et.

Il dit, 8c foulevant dans fes bras lepafieur des peuples , il le ferre contreIon fein , le reporte dans fa tente , l’é-

tend fur de valtes peaux Wde bœufs ,qu’un fidèle efclave , voyant arriver fou

maître blelTé , a étendu fur la terre. Le

fils de Ménétius arrache , avec fou épée,

la flèche aigüe enfoncée dans la ouille

.du fils d’Evémont, verfe fur fa plaie

une onde pure , broyant dans fes mainsune racine amère , il l’enfance dans lableflilre d’Euripile 3 elle appaife fesdouleurs , sèche fa plaie , étanche foufang.

È:

133

CHANT DOUZIÈME.15s Troyens flan: brèche. à la muraille

des Grecs.

Taux): s que , dans la tente d’Euri«pile blelÎé , le divin Patrocle lui pro-digue l’es foins officieux , les Grecs ,

les Troyens combattent dans la plaine;w car les Deflins ont décidé , que ni le

large foiré que les Grecs ont creufé,ni la haute muraille qu’ils ont élevée,

contre l’ordre des Immortels , avantd’avoir offert’aux Dieux de faintes héca-

tombes , ne pourront garantir leursvailfeaux , 36 leurs p0flëflions ( a) , niarrêter les efforts des Troyens. Ce mo-nument elt menacé d’une ruine pro-

chaine, 8: cependant il fubfilta tantqu’Heétor vécut , aufli longtems qu’A-

chille conferva fon inflexible courroux,tant que la ville du Roi Priam ne fut

:34 L’ILIAsz,pas renverfée; mais lorfque les plus

J valeureux d’entre les Troyens 8: grand i

nombre de Grecs eurent été pré-cipités dans les fombres demeures ,que les uns eurent péri, que les au-tres échappés au trépas , eurent détruit,

dans la’dixième année, la fuperbe cité

de Priam, qu’ils eurent remonté fur

leurs vailfeaux , pour retourner dansleur Patrie , Neptune 8c Apollon réfolu-rent la ruine de ce mur orgueilleux 3 tousles fleuves dont les fources cachées dansles fommets efcarpés de l’Ida , fe pré-

cipitent dans la mer, le Rhefus , l’Hepe

tapote , le Carefe, le Rhodius , le Gra-nique , l’Efépus , le divin Scamandre ,

8: le Simoïs , qui roulent dans leursflots les boucliers , les cafques , lescorps fanglants de tant de demi-dieux ,dont cette guerre cruelle a éteint la;race , gonflés.’par les torrens , fondi-

rent , par l’ordre des Immortels , fur.le folide rempart des Grecs 3 Appollonréunit leurs embouchures; leurs ceux

Û

CHANT DOUZIÈME. :3;rams rapides battirent , pendant neufjours , la haute muraille , la fubmergè-rent ; Neptunemarchant à la tête desFleuves , armé de fou trident, dératé

cina le vaille rempart des Grecs , lemit au niveau des flots de la mer; vles énormes pieux que les enfans de .la Grèce avoient enfoncés dans la terre,

ne purent le défendre; les roches ac-cumulées par d’immenfes travaux , fu-rent aplanies; rien ne s’éleva au-defl’us

des rives de l’Hélefpont; la haute mu-

raille fut détruite jufques dans fes fou-a

démens; Neptune couvrit les rives dela mer d’une énorme quantité. de fa-

bles ; les fleuves rentrèrent dans leur lit;leurs ondes limpides roulèrent commeauparavant. Neptune 8c Apollon de-voient un jour opérer ces prodiges; mais

alors les Troyens aliiégeoienr le -foliderempart des Grecs. Leurs cris le font en-tendre au loin; les énormes poutres destours qu’ils ont élevées , retendirent des

coups redoublés qui leur font portés;

136 L’ILIADE,accablés du terrible fléau dont Jupiter

punit leur orgueil, renfermés dans leursvailfeaux, les Grecs frémilrent au feu!nom d’Heé’tor, aufli rapide que la tem-

pète , artifan de terreur , femblable à unI fanglier ou à un lion qu’environne une. troupe de chafl’euts 8c une meute noms

breufe. Etroitement ferrés , femblablesides tours, les chaffeurs lui préfentent la

pointe aigiie de leurs longs épieux; lemonflre , à qui la terreur el’t inconnue ,

jettant de toutes parts des. regards enflam-més , fe retourne, difperfe les bandes at-troupées , fuccombe enfin viétime de fou

intrépide courage. Tel Heétor , courant

de rang en rang, exhorte les fiens à.efcalader le rempart des Grecs; l’es ’

courfiers vigoureux hennifl’ent fur le

bord du large foiré, dont la penteefcarpée n’offre de routes parts qu’un

précipice affreux; les hautes palifl’ades

qui le bordent l’aflurent contre les at-taques de l’ennemi; les chevaux atte-lés aux chars ne peuvent ni le defceng

CHANT DOUZIÈME. 2.37’dre ni le franchir; les gens de pied ha-

fardeiit en vain cette périlleufe tenta-tive. Adrefl’ant la parole au grand Hec-

tor , Polidamas lui parla ainfi.’ aa Heâor , 8c vous tous Chefs des

n Troyens 8c de leurs braves Alliés , il.aa feroit imprudent de forcer nos cour-.aa fiers , à franchir ce foiré. Ce panage»aa cit impraticable,défendu par une pa-

au liffadede pieux aigus. Au-delâ cit la.aa haute muraille des Grecs, que nousu tenterions en vain d’efcaladet , l’épa-

aa rée du foiré par un défilé étroit , où

a: nos courfiers , nos chars ne peuventaa nous être d’aucune uyilité. Si Jupi-

aa ter, dont la foudre effraye les mortels,aa a réfolu la ruine enfière de la na-

sa tion’des Grecs , fi ce Dieu a delfein

-aa de fecourir les Troyens , loin de leurav Patrie , les Grecs périront fans gloire.aa Plaife aux immortels qu’il foit ainfi!

a mais pour peu que le courage rentreen dans leurs ames , que fortis de leursaa vaifl’eaux où. ils le tiemient ren-

158 L’ILIADE,aa fermés , ils nous attaquent, enga--aa gés avec nos chars dans ce défilé

-aa étroit, je doute qu’il relie un feulaa d’entre nous, pour porter à la villeaa’la’nouvelle de notre défaite. Suivez

aa donc mes confeils: que nos Ecuyersaa retiennent nos courfiers fur le bordaa du foiré; defcendons de nos chars,aa ferrons les rangs, couverts de nos cui-aa raffes a: de nos vafles boucliers, hâ-

* a: tons-nous de fuivre Heélzor; fi l’heure

n fatale des enfans de la Grèce efl arrivée,

aavils ne foutiendront pas notre choc si.

Ainfi parla Polidamas, 8: ce fageconfeil plut à Heétor. Couvert de lesarmes il s’élance de fon char; lesTroyîns le fuivent ; tous abandon-nent leurs chars, tous ordonnent àleurs Ecuyers de retenir leurs cour-fiers fur le bord du fofl’é; partagés

en cinq bandes, fous des Chefs expé-rimentés, ils le forment en ordre de ba-

taille. -Heétor 8e l’irréprochable Polidamas

CHANT DOUZIÈME. 239commandent les plus nombreux , lesplus aguerris , ceux qu’enflamme undefir plus ardent de faire brèche à la haute

muraille , d’attaquer , de pourfuivreles Grecs jufques dans leurs vailÏeaux;Cébrion efl: avec eux ; car ’Heétor a

.chargé un Guerrier moins intrépide de

la garde de fou char.Pâris , Alchatousôc Agenor com-Ç

mandent la féconde bande.A la tète de la troifième font deux

’fils de Priam , Helmus 8: Deiphobus ,l’image des Dieux; Afius , fils d’Hir-

racus , les accompagne ; des courfiers ,couleur d’alzan brûlé , d’une taille éle-

Zvée; (le feu exhale de leurs vafles na-rines) ; apportèrent ce Héros d’Arilbé

fur les rives du Selleis (àLe fils d’Anchife , Enée , commande

la quatrième bande; les. deux fils d’An-

ténor , Archiloque 8c Acamas, favansdans l’art des combats , l’accompagnent.

Sarpedon efl: à la tète des braves Al-’liés de Troye. Il choifit lui-même pour

24° -L’IL14-D 25,.accompagner Glaucus de Afleropée.;les Etnules de Mars , les plus vaillants des

.Lydiens; mais le divin Sarpedon brillecomme un Afrre par-defl’us tous les

autres. - . ’Telles font les troupes aguerries 8Cnombreufes qui marchent contre les

i relies infortunés de l’armée des Grecs.

, leurs boucliers ferrés refl’emblent à un

mur d’airain; ils penfent que les en-fans de la Grèce n’oferont foutenirleur choc, qu’ils les verront fe préci-

..piter dans leurs vailfeaux , de tomber

fous leurs coups. fiTous les Troyens , tous. leurs bra-

ves Alliés ont fuivi le-fage confeil de gl’irréprochable Polidamas.Le feulAfius,

fils d’Hirtacus , le Chef de la jeunelfe ,refufe d’abandonner l’on char de l’on

Ecuyer ; il marche avec fes courfierscontre les vailfeaux desGrecs (c);

,infenfé ! ce char , ces courfiers dont ils’enorgueillit, ne le remèneront pasdans la vertueufe Ilion ; fon heure fa-

tale

CH A. à T 15-0 U 2 i i531 a. 2’41

tale efi arrivée ; il tombera fous lejavelot d’Idomenc’e, fils de Deucalion;

le voilede la mort s’étendra fur les

yeux. ’ * ’ I , ’Détournanr ïfur la gauche , Afius

s’élance dans la route par. laquelle les

refîtes de l’armée des Grechfuient avec

leurs courfiers sa leurs chars ; les pou--tres folides qui forment l’aIÎemblage

des portes de la haute muraille ne fontpas fermées 5 les lourds leviers ne fontpas iabaifl’és 3 les gardes du camp tien-

nent ces portes ouvertes pour donneraux fuyards un afyle dans les vailïeaux.Afius dirige les courfiers vers, ce côté,qu’il crôit d’un facile accès ; une troupe

nombreufe de Troyens le fuit avecde grands cris; flattés du vain efpoir de

voir les Grecs romber dans leurs vaif-feaux, ils ne ’penfenr pas que l’eu-

Inemi ofe foutenirleurlchoc. lufenfés!"la garde de ces portes en: confiée à deux

hommes d’une force peu. commune",valeureux defcendans des belliqueux

Tome Il. Lu

14’- L’I’PIADËPLapites; l’un , le vaillant .Polipetès,efl: le fils de Pytithoiis; l’autre Léon-rée, l’Emule de Mars, le defiruéteut de

la race humaine 5 ces deux gémisfe tiennent devant la porte élevée.Tels au fommet des montagnes, deuxchênes affermis fur leurs vafies 8: pro-fondes racines, cachant dans les nuesleurs têtes altières, affrontent la tem-père 8: le foufle impétueux des vents;

tels les deux gardes du Camp fe con-fiant dans la force plus qu’humainede

leurs invincibles mains , attendent fanscrainte le choc impétueux du grand.Afius. Elevant leurs boucliers , Jamênès ,

Orefie, Acamas, Tlioon, Onomaiis,valeureux combattans que commandeAlias, s’avancent vers la Porte avec degrands cris; les deux Lapites appellentà haute voix les enfans de la Grece ren-fermés dans la valle enceinte de leurcamp, (enflamment leur courage 3 àla vue des Troyens prêts à pénétrer

dans leur camp , les Grecs effrayés

CHANT DOUZIÈME. 2.43fuient.» avec de grands cris, les deuxgémis s’élancent hors des portes pour

repoulÎer l’ennemi , pour combattreavec courage. Tels deux énormes fan.-gliets foutiennent, dans unépais taillis ,lle choc des chalÎeurs 86 des chiens. qui.

fondent fut eux du fommet des mon-rages; les deux menthes déracinent les

chênes, fe font jour sa travers les ar-bres qu’ils repverfent, s’élancent d’une

coulrfe oblique fur les chiens , fur leschallèurs; le bruit de leurs horriblesmâchoires retentit auloin, jufqu’à ce que,

frappés du’coup mortel, tombant fous

le javela ennemi, leur .vie s’exaledans les airs. Ainfi raifonne, fous les

coups redoublés des Troyens, l’airain

luifant qui couvre la valte poitrine desgardiens des portes de la haute muraille;fe confiant dans’leurs forces , le confiant

dans la multitude qui les fondent de.delÎus les remparts, les deux Lapitestiennent ferme , combattent avec. vivgueur; du haut des tours, les Grecs Ian:

L a

v

.244- L’IL 14 D z,gant d’énormes rochers, défendent leurs

vies, leurs vailÏeaux 8c leurs tenres.Tels,

dans une violente tempête , les tourbil-lons impétueux des vents précipitent fur

la terre les neiges qui couvrent le fom-imet des montagnes; aufli nombreuxfont les traits 8c les pierres ques les

I Grecs fout pleuvoir fur les Troyens,nuai ferrés font les coups redoubléspar lefquels les Troyens font effort pours’ouvrir un primage; les caïques , les bou-

cliers retendirent de la chûte des rocs,«des coups de javelot. Alarmé de cetteréfiflance imprévue , l’intrépide fils

ld’Hyrracus, frappant fa ouille ,i pouffant

Ide longs gémiflemens , adrelTe à Ju-

piter ces reproches amers : i’ a, OJupiter, dit-il, ainfi tu fais con-

» cevoir aux mortels de faufTes efpé-

a: rances, 65 te plais les induire ensi erreur; je ne croyois pas que les en-» fans de la Grece puffent foutenir le3: ’choc impétueux de nos mains vidre-

sa rieufes; cependanr,-femblables à des

CHANT DOUZIÈME. r4;à: guêpes qui ayant placé leurs ruchesa: dans un défilé raboteux, défendant

n avec courage leurs timides drains,n s’élancent fur le laboureur qui rente

a! de s’emparer de leurs afyles. (d); ainfÎ

n ces deux hommes, quoique feuls ,.sa défendent ces portes avec intrépidité,

sa 8c n’en peuvent être féparés que par

la mort ou la captivité «.1

Il dit; mais Jupiter efr fourd à fesvœux ; car ce Dieu a réfolu d’accroître la

gloire d’Hector.

Quel mortel oferoit raconter les ex-’

ploits des Troyens 85 des Grecs quicombattent à toutes les ifÏues de la haute

muraille, une grêle de traits 8C de pier-

res , frappe à coups redoublés lesportes, les remparts; le feu jaillit detous côtés , par le choc des javelots 8; des

rocs (e), les Grecs confiernés font effort

pour repoufrer la flamme prête à cou-fumet leurs vaifreaux; les divinités pto-teétrices des enfans’ de la Grece, gé-

miflènr des ordres abfolus de Jupiter ,’

L a

3

146 L’ILIADE,qui ne leur permet pas de porter recoursà ceux qui leur [ont chers.x Cependant les deux Lapites foution-nent un fanglant combat; le fils de Pi-ritoüs, l’intrépide Polipètes atteint de

fou javelot le cafque d’airain de Da-mafils; il cit brifé; la pointe aigiie fend-le crane du Troyen , la moëlle qu’il ren-ferme efi répandue , la cavité intérieure

du cafque fouillée l’ardeur martialedu vaillant Damafus réprimée; Py-lone 86 Œménus ont le même fort;Léontée , fils d’Antimaque ,rejetton de

Mars, perce Hippomaque de fon ja-velot; la pointe aigüe fe fait jour à tra-

i vers le large baudrier qui couvre leTroyen; tirant fa redoutable épée , Léon-

tée s’élance fur Antiphate , le perce au

milieu des ennemis qui l’environnent;Antiphare tombe le front collé dans lapouffiere 3 Menon, Jamenus, Greffe,tombent l’un fur l’autre. Dans le tems

que les deux Lapites s’emparent des’ brillantes armures de ces héros , l’in-

CHANT DOUZIÈME. 2.47trépide jeunefïe qui marche fous lesordres d’Heâor 8c de Polidamas, fait ef-

fort pour rompre la muraille , pourporter le feu dans les vaifl’eaux. Leschefs délibèrent fur le bord du folié;

Un prodige fufpend leur ardeur. Unaigle volant fur la gauche , enlève unénorme ferpent; le reptile palpitant,fe débat , fe reploie, déchire 8: lefein 8c le col de l’oif’eau de Jupiter qui

le ferre de l’es ongles crochus ; contraint

par la douleur l’aigle [aille échapper [a

proie; elle tombe au milieu desTroyens;l’oifeau de Jupiter fuit jettant des crispetçans; les Troyens frémifi’ent à la vue

de l’énorme dragon, couvert de tacheslivides , qui tombe au milieu d’eux ’( f);

c’eft un préfageque le dieu qui porte l’E-

gide leur envoie. S’ approchant du vail-

lant Heâor , Polidamas lui parle ainfi :n Accoutumé à réfiûer à mes falu-

n taires confeils, ô Heôtor, n’efpereà» pas que , peut accroître ton autorité,

u ma lâche complaifance trahifl’e ma

L 4

148 I’ILJADE,u9 peiifée, ni dans l’all’emblée’ du peué

u pie, nida’nskle confeil-au milieu des

u chefs de la nationjg); je dirai donc,3

9,

i,2!

3’

3’

I,9’

sa

3’

9,

I,3’

3’

j,3)

5’

a,

ce qui me paroit le plus utile. N ’.al-,

Ions pas plus avant; n’entreprenonspas de combattre les Grecs dans. leursvaifl’eaux; fi cet aigle qui s’eft montré

à vnousâquand" nous nous efforcions de

franchir le large foiré ,eflztun angine

certain , je ne peule pas que le fuc-cès réponde à nos efpérances. L’oi-

feati de Jupiter tenant dans (es ferresun étier-mentiragon, qu’il avoit, pris

vivant, nous traçoit notre-monte" furla gauche; les entrailles ont été dé-

chirées ; forcé de lâcher fa proie

avant de parvenir à (on nid , il n’apu repaître les tendres aiglons. Telferarnotre fion, fi nous réufliff’ons,

par.d’incroyables travaux , à faire

brèche à la haute muraille. Si lesGrecs fuient maintenant devantnous,parvenusdans leurs vaiifl’eaux ,1 leretour dans Troie nous fera fermé;

33

sa

si

,5

n

CHANT DOUZIÈME. 249;précipités dans les fombres demeures

par les enfans de la Grece, qui dé--fendront leurs navires avec la fu-reur du défefpoit , nous verrousleur camp jonché des corps fan-glans d’un grand nombre des nô-

tres; ainfi expliqueroitice préfagetout devin inflruit dans la fcience des

a augures, 86 les peuples fuivroientfes

n confeils u. isa"

a:

i)

3’

sa

b3’

nsa

..-: n Polydamas , répondit le vaillantp Heélzor , jettant fur lui un regard fun-

rieux, ta harangue me déplaît ;:tu

pourrois nous donner de meilleursconf’eils ; fi tu penfes ce que tu dis ,les Dieux ont troublé ta rai (on. Quoidonc , je perdrois le fouvenir des pro-mefÎes que me fi: le Dieu qui lancele tonnerre! Jupiter lui-même mepromit la victoire , par ce ligne de favolonté fuprême qui ne trompeja-mais. Préférerai- je aux oracles dumaître des Dieux, leÏ’vol. incertain

des oifeaux , qui volent tantôtaf’u’r la

L s

2.50 filtrant,droite , vers les lieux où l’aurore lelève , que le foleil éclaire de l’es pre-

miers rayons , 8c tantôt fur la gauche,vers ceux où la nuit étend fes voiles,

qui parcourent , dans leur courfe in-certaine , le vague des airs. Je ne tienscompte de tels préfages. Obéifï’ons

aux ordres du grand Jupiter , qui rè-gne fur les Dieux 8c fur les hommes;la viétoire efi due à qui combat pourfa Patrie; c’efl: leplus fût des augures.

Si tu redoutes , ô Polidamas, les fu-reurs de la guerre, le fang, le car-nage , fi tu ne fais ni tenir fermecontre l’ennemi, ni combattre avecintrépidité, fi tu fuis dans le combat ,

ou que tu féduife la multitude par tes

pernicieux confeils , apprends le fort» qui t’atttend. Dufiions-nous tous pé-

rir dans les vaiflèatix des Grecs, n’ef-

père point un trépas fi glorieux (h) ;

frappé de mon javelot , une morthonteuf’e fera la peine de ta lâcheté

8c de ta révolte «t. U

.CHJNIT"DOU21ËME zrg’t

Il dit , 8c matche à la tête des Gens;

tous le (nivent avec de grands cris. Ce-?endant le Dieu qui fe plaît à lancer le

ramette excite une violente tempête; lesvents fe précipitent des fommets four-cilleux de l’Ida; d’immenfes tourbillons

de pouffière couvrent les vaiffeaux desGrecs; pour accroître la gloire d’Heâtor

86 des Troyens , Jupiter énerve le coud

rage des enfans de la Grece. Se confiansdans leurs forces , foutenus par ces fignesde la volonté du maître des Dieux; les

Troyens battent à coups redoublés la.haute muraille ,t en détruifent les cté-

néaux, en font crouler les tempàrts, ar-

tachent les Pieux enfoncés profondé-

ment dans la terre , foulèvent, avec dedurs leviers, les pefantes colonnes furlefquellcs les Grets affermirent leurstours; elles tombent; une jufie C0114fiance anime les Troyens. Avec nonmoins d’ardeur , les enfans de la. Grèce

couvrant leurs rempàrts de leurs valte!boucliers, accablent l’ennemi fous de!

L 6

25:, L’ILIADz,roches immenfes , fous les javelots;fous les torches ardentes qu’ils, précia

cipitent du haut des tours; courant çà-

8c: là au fommer de la haute muraille,les deuwajax enflamment le couragedes Grecs , par leurs difcours, par.leurs exemples, excitent l’ardeur desuns par des louanges, par de tendrescbnfeils, rappellent, par des reprochesamers , l’intrépidité dans l’ame de ceux

qui fléChilTent. . ,a O mes amis, en quelqu’ordre que

sa le fort vous ait placés , fait que vousa. vous foyez fignalés iulqu’ici par vos

a: exploits , fait que confondus. jufqu’â

n ce jour. dans la [foule , aucune ac-.a rien mémorable n’ait manifeflc’ votre

sa courage; car tous les hommes d’unea grande armée ne peuvent être égaux;

a: cependantdes travaux communs fonta impofc’s à tous en ce jour; qu’au-» cm: ne l’ignore, qu’aucun effrayé

a parles vaines menaces des Troyens ,’19 ne fait allez lâche pour fuir dans

CHANT DOUZIÈME. 2;;à; nos’ vaifl’eaux. Marchez en avants;

n, animez-vous l’un- l’autre; eIÎayons

a; (il le Dieu qui habite l’Olympe ,a, qui lance fa foudre fur les mortels ,a: nous donnera la force de repoulÏer

a: l’ennemi dans [a ville ct. .,» Ainfi les deux Ajax foutienuenr lecourage des Grecs. Avec autant d’abon-dance que les ,- neiges 8c la grêle fe pré;

cipitent, dans la faifon de l’hiver, quand

Jupiter effraie les mortels par les éclats

de fou tonnerre, 8c les verfe du haut desnues’ fur la terre -, tandis que les vents

dorment dans leurs antres profonds ,attendant que les fommets des mon-tagnes , que les promontoires , que leschamps fleuris, que les travaux des hom-

mes en foient couverts ,. que fonduespar les pluies envoyées par le Maître des

Dieux , elles feprécipitent d’un cours

orageux dans la plaine liquide , d’oùrelÎerrées par les ports ,I par les. ri:immun bordent l’humide élement , el-les s’étendent fur les campagnes qu’elles

2.54 1’ I I. 1 A D n , kinondent; telles les pierres lancées parles Grecs , heurtant les pierres lancéespar les Troyens, raifonnenr dans toutel’étendue de la haute muraille; 8c touo

refais , ni le’grand Heaor , niles Troyens

n’eufÎent pu rompre le folide rempart

des Grecs , firlJupiter , dont les décrets(ont immuables , n’eûtfufciré contr’eux

l’intrépide courage de foui-ils Sarpedon. 4

Tel qu’un lion s’élance fur un troupeau

de bœufs , tel le Roi de la vafie Lycies’élance fur les Grecs , portant devant

lui fou vafte bouclier , fur lequel brilleune lame épailïè d’airain étincelant;

l’habile Artil’te revêtit ,’de cette furface

brillante , les cuirs folides qui for-ment fa contexrure; deux rameaux d’orenlacés l’environnent. Agitanr deux ja-

velots dans [es mains, l’intrépide Sarpé-

don ’ s’élance fur les Grecs a, femblable

à un lion montagnard que la faim tour-

mente; furieux, impatient de fe rafra-lier de chairs fanglantes , l’a nourritureordinaire , il s’apprête à déverer de cri-V

CHANT Do amène. :53mides agneaux -, ni la’clôturedes parcs,

ni les pâtres armés de longs-épieux , ni

les chiens qui veillent à; la gardai dutroupeau , ne peuvent l’arrêter; il v faiteffort pour pénétrer dans l’étable ;bon-

dînant il fe faifit de [a proie , ou tom-be fous les longs épieux des pafieurs (à).

Avec autant d’ardeur , le divin Sarpédon

s’efforce de faire brèche à la haute mu-

raille des Grecs , de furmonter lesobfiacles qu’ils oppofent à fa fureur.Adtefl’ant la parole à Glaucus , fils

d’Hippolicus : Va, Glaucus , lui dit-il , pourquoi

a fommes nous honorés pardefl’us tous

a: les Lyciens P De quel droit , dans no-» tre Patrie , jouilrons-nous du premiern Trône? Pourquoi la portion la plusn difiinguée des victimes eft-elle pleu-a: cée devant nous dans les feftins pu- ’a blics ?Honorés à l’égal des Dieux ,

a: pourquoi nos coupes font-elles tou-a: jours remplies 3A quel titre les Lyaa siens nous ont-ils donné, fur les ri

256 L’ILIADE,a! ves du Xante, un domaine immenfe,av fertile en vins, fertile en bleds? qa: Nous devons donc combattre fans .a) celle hors des rangs (Æ) , affron-a) ter tous les périls de la guerre. Le:n Rois qui nous gouvernent, dira l’un

n des braves Lyciens, ne fin: pas in-» finfibles à la gloire ; ils boivent des

a vins exquis, prétures avec le miel;a? ilsfe nourriflent de troupeaux engraif-nfi’s par nos joins ,’ mais Ieurfbrce (fi

si invincible ,’ il: partagent avec nous les

a, dangers, ê combattent toujours horsa, des rangs; O mon ami! fi la fairea: des périls de la guerre nous préfet-» voit du trépas 8c des infirmités in-

» féparables de la vieillefÎe , tu ne

:5: me verrois pas combattre fansa) celle, tu ne me verrois pas t’en-». gager dans ces travaux meurtrierssa qui illufirent’les Héros; mais les

a! Parques environnent les humainssa; de . périls. fans nombre. Puifqu’aucun

49 ne pe ut ni éviter, ni retarder leur fa-

CHANT DOUZIÈME. 257i: tal cifeau ,: marchons rai-l’ennemi , que -

n mon vainqueur foit honoré. commeA» un Dieu , ou que Sarpc’don acquierre

a: une gloire immortelle a.Il dit : une égale ardeur enflamme

le vaillant Glaucus; ils s’avancent fuivis

.des bandes nombreufes des Lyciens 5 leLfils de Pétéus , Miiellée, les voit 8C fré-

mit. Déjà ils atteignent la tout confiée

à [a garde; la mort les précède ( I) ;.jetrant de tous côtés des, regards in-quiets , Mneflée cherche des yeux quel-qu’un des Héros de la Grèce , airez font

pour défendre les compagnons en ce pé-

ril extrême. Appercevanr a peu de dif-tance les deux Ajax, infatiables de com-bats , voyant Ieucer qui fort de fa tente,il veut les appeller; mais le bruit horri-ble des boucliers, des, caïques d’airain

qui fe heurtent , le fracas des rocs lan-cés par les Troyens contre toutes les pot?

tes qu’ils battent en même-tems , ne lui

i permet pas de [a faire entendre, adref-

258 I.’ I L I A D z;faut la parole au Héraut Thoon , ill’envoye vers les deux Ajax:

a, Pars a, lui dit-il , cours aux deuxu Ajax; tous deux fontici nécefl’aires;

a: car je prévois dans peu un grand car-» nage 3 les Chefs des Lyciens , sarpé-

w don , Glaucus , dont nous avons ci-de-a, vaut éprouvé. la force &la confiance,u s’avancent vers nous. Si l’un d’eux

n el’t aux prifes avec l’ennemi (m),a» que le valeureux fils deTélamon vien-

’nÏ ne feul ,accompagné de Teuter adroit

ad tirer de l’arc , de Teucer , dont lessa flèches [ont inévitables a.

Il dit : le Héraut obéit , parcourtavec rapidité la haute muraille des:Grecs ; s’approchant des deux Ajax,

il leur parle ainfi:n Fils de Telamon , fils d’Oilée ,

a Chefs des valeureux enfans de lala Grèce ! Muefiée le fils du divina» Pétéus me députe vers vous ; il avens

n invite l’un 8: l’autre à venir. partaç

CHANT DOUZIÈME. 159a? ger fes travaux; tous deux vous êtessa nécelfaires 5 car il prévoit dans peu

a un fanglant carnage; les Chefs desa: Lyciens, Sarpédon,Glaucus,dont nousse avons ci.deva.nt éprouvé la conf-» tance, s’avancent vers nous. Si l’un

au de vous efl aux prifes avec l’ennemi,

u que le valeureux fils de Télamona: vienne feul , accompagné de Teucer ,

se adroit à tirer de l’arc, de Tenter ,a: dont les flèches (on: inévitables a.

Il dit : le grand Ajax , fils de Téla»mon , adrefl’ant la parole à fou com-

gnon t.n Fils d’Oilée, lui dit-il , demeure

sa ici, près du brave Licomède; tiensu ferme, que ton exemple foutienneu le courage des Grecs; je cours re-n poulier l’ennemi de la tout que dé»

a fend le vaillant Mnefiée, «St-reviens

a: à toi (m bis) n.

Ainfi parle le fils de Télamon, 8:emmenant fon frère Teucer 85 Pan-dion qui porte l’arc de Tenter ,

:60 L’ILIADE,parcourant à grands pas l’enceinte inàtérieure de la muraille (n), ils paroifl’enr

comme des Dieux tutélaires , fur la toutque le vaillant Mneflée défend contre"les efi’orts des Lyciens , qui femblablesà la tempête, s’élancent fur les cré«

naux. L’attaque , la téfil’tance font

égales 5 les cris des afliégeants, les crisdes afiiégés retentifi’ent au loin. Détaù

chant du fommet du créneau une pierrelourde, raboteufe, qu’un homme dans la

force de l’âge , tels qu’ils font au-

jourd’hui , pourroit à peine fouleveravec l’es deux mains , le fils de Té-lamon élève ce roc immenfe , le pré--

cipire fur l’un des compagnons de Sarf

pédon, le magnanime Epiclès , pre-mière viétime de l’ardeur martiale qui

enflamme le grand Ajax; le calque duTroyen efl brifé , les os du crâne fra-

calTés; il tombe du fommet de latout , femblable à un plongeur , fon aines’exhale dans les airs. Teucer apper-çoit Glaucus , le vaillant fils d’Hippœ

CHANT DOUZIÈME. 2.61licus, dont le bras nud atteint déja lefommet de la muraille 5 il décoche uneflèche; la pointe aigüe perce le brasdu compagnon de Sarpédon , répri-me [on ardeur. S’élançant en arrière,

dans la crainte que les Grecs Îevoyant blefl’é n’infultent à fou mal-

heur , le Lycien Glaucus échappe fe-crètement. Sarpédon gémit de la re-

traite forcée de fou vaillant compa-gnon 5 mais fou aérivité n’eli point ra-

lentie5 étendant fou javelot , il frappeAlcmaon ,’ fils de Tlieltor , arracheavec force , l’arme meurtrière envgagée dans le corps de l’ennemi 5Alcmaon tombe aux pieds de [on vain-queur, (es armes d’airain retendirentau loin. S’élançanr de nouveau l’intré-

pide Sarpédon. faifit d’un bras nerveux

l’un des, crénaux de la muraille, ledétache, l’entraîne; fa chiite ouvre une

large brèche, allez; vade pour que plu;-fieurs hommes puifl’ent y monter. Ajax

&Teucet accourent 5 TeuËer décoche

2.6:. I.’ I L 1 4 n a,une flèche; elle perce le large bau;driet qui fondent ’l’immenfe bou-

clier fur la vafle poitrine du Roi deLyric; Jupiter écarte la faulx de la mortfufpendue fut la tète de Ion fils; car cen’el’t pas fur la brèche, ni devant les vaif-

[eaux des Grecs, que le Del’tin a mar-qué le terme de fes jours 5 Ajax lance(on javelot , atteint le bouclier de Sar-pédon; la Pointe aigüe pénètre; lqfils

de Jupiter efl ébranlé, fa fougue im-pétueufe cil réprimée; il recule, mais

il ne fait point; l’efpoir d’une gloire

immortelle ne l’abandonne Pas ; fe tecployant , il admire la parole à fes bra-

. ves compagnons :» O Lyciens , leur dit-il , qu’efi de-

» venu ce courage indomptable quia vous précipitoit dans les combats?se feu! j’ai abattu ce pan de la hautew muraille; malgré l’ardeur qui m’en--

tu flamme, j’aurais à vous frayera un [mirage jufqu’aux vŒæu desfn Grecs , fi vousne me fecondiez: ici!

CH4NT Douzième. 2.63a). gne: vos efforts aux miens , lesltra-a: vaux d’un grand nombre ont un fuc-a cès plus alluré a.

Il dit : fenfibles au reproche de leurRoi, les Lyciens s’emprell’ent autour de

Sarpe’don. D’autre partles Grecs renfor-

cent leur phalange , [e livrent à de durstravaux; ni les braves Lyciens ne peu-vent pénétrer dans l’enceinte défendue

par les Grecs , ni les valeureux enfansde la Grèce repoull’er les Lyciens de

leurs remparts. Tels les poflëlÏeursd’un terrain coutelle s’approchent, (e

ferrent , tenant leurs mefures dans leursmains, font effort pour reculer la lignequi les fépare z tels les Lyciens 8c lesGrecs , bouclier contre bouclier , cui-rafl’e contre cuirall’e , ’s’attaquent , fe

repouEent fur les crénaux de la hautemuraille; grand nombre tombent fousl’airain meurtrier : aucun ne fait , au-cun ne reçoit de blell’ure honteufe ,tous les coups traverfent les boucliers .percent la poitrine. des Héros de la Grès

164’L’IL’711D’B,”

ce de Troye (a) ;" les tours , les cré-lneaux font teints du fang des Grecs86 des Troyens; tels les bafiins 1’qupendus au joug. d’une balance , qu’une

femme laborieufe, équitable; qui vitdu travail de fes mains , fondent avecjuliefre, pour peler la laine deliinée àla fubfiilance de fa trille famille , s’é-

galifent par leurs mOuvemens alterna-tifs , pour fixer le prix que l’acheteur doit

délivrer; telle fut l’égalité des combats

refpeé’cifs des Grecs 8c des Lyciens ,

jufqu’au moment auquel Jupiter ac-corda la victoire au grand Heétor, filsde PriamgS’élançant le premier fut la

haute" muraille , ce Héros franchit lepremier les remparts 3 élevant la voix,

il crie aux Troyens:a La brèche efi faire, accourez , ma-

» gnanimes Troyens3portez la flammesi dans les vaill’eaux des Grecs à.

t dit: tous l’entendent , tous armésde longs javelots fondent fur le’rern-part des Grecs. s’élancent fur les

crénaux

CHANT DOUZIÈME. 1.65crénaux. Sailillant un roc énorme , qu’il.

apperçoit à l’extrémité de la porte ,

malle péfante 8c rabotenfe que deuxhommes du peuple les plus forts ,les plus vigoureux , tels qu’ils l’ont au-

jourd’hui , auroient peine à l’enlever ,

à l’aide d’un levier, pour la pofer (in:

un char (le fils de Saturne, dont lesconfeils font immuables , allège dansles mains d’Heélor cette malle palmite) ,

il l’élève , la manie avec la même fa-

cilité qu’un berger foutient d’une feule

main , fans être furclmrgé, l’épaule toi-

.fon d’un bélier; s’approchant des por-

tes élevées , fermées par un double le-

vier que fait mouvoir une feule clef;le fils de Priam mellite l’on coup, recule,

lance; le roc raboteux; il roule , brife lesgonds , brife les ais , fépare les poutresqui forment l’allemblage de ces portes

immenfes, le fraie un chemin à traversles deux venteaux qui mugilliint au loindécouvrent le grand Heëtor. Les traits"de [on (virage , la inajelié (le fou port ,’

Tome Il. M

:66 L’Irrznr;l’airain étincelant dont il eli couvert;

impriment la terreur ; deux javelots [ontdans les mains ; femblable à la nuit, ils’élance dans le camp des Grecs; l’es

yeux reflemblent à des lampes ardentes;nul mortel ne pourroit l’arrêter ( p); ap-

pellant à haute voix la multitude desTroyens , il leur ordonne de pénétrerdans l’enceinte des enfans de la Grèce ,

de franchir leurs remparts. Ils obéif-fent ; les uns montent fur le mut, lesautres s’emprefl’ent autour des portes

brifées 5p la terreur s’empare de l’amer

des Grecs; le tumulte eft dans leurcamp; ils fuient , cherchant un afyledans leurs vaiffeaux.

Fin du jacent! Volume.

D r l’lmprimerie de C L o- U s r r R ,rue de. Sorbonne.

" r-----.--.-ë.tè?qfx5’fi-V.Jë. . .

TABLEDES CHANTS

Contenus dans ce deuxième Volume.

à?

CHANT VIP. Combat fingulier entreAjax 6’ le divin Heâ’or , page r

CHANT Vlll’. Confeil des Dieux; lesTroyens font vainqueurs ,° Heèior efl

comblé de gloire , a;CHANT lX’. Ambqflîzde à Achille ;

inflexibilité du fils de Pe’le’e , 77

CHANT Xe. Lefils de T) déc tranche la

tête à Rhefizs, 12.9.CHANT Xl°. Les compagnons d’Hec70r

défont les plus valeureux de l’armée

des Grecs , i 7 rCHANT Xlle. L’as Troyens font bâchez!

la muraille des Grecs. 2. 55

En de la Table.

:vadldIItlllc

I I l

orme-tanne;ILIADE...

"CHANT SEPTIEME,

(a) ARNA , nom de trois villes , dontl’une étoit dans la Bortie , l’autre dans la

Thefl’alie,& la troifieme dans l’ltalie. . .

Il y a encore un bourg de ce nom dansPille d’Andro , qui en cil: le lieu principal.Diüionrzaire Encyclopédique, air le mot Anna.

Andro , ifle de Turquie , dans l’Archipel ;

ont l’une des Cyclades. . . . Elle cil àl’outil: de Smyrne , au fud de Negrcpont ,dont elle n’efi réparée que par un courtdétroit. On y compte trente à quarante vil-lages , dont le plus confide’rable efi’le bourg

d’Arna, ou réfide un Aga, un Cadi, unÉvêque grec 8c un Évêque catholique. . .

On voit près du bourg d’Àrnu, les ruinesde l’ancienne ville d’Analro , capitale de

Pille; ce fout de gros pans de murs à des

Cu. vu.

l 2 ’J’

y ----- fragments de colonnes 6c des pieds-d’cfiauxCH. V11. renverts’d’infcriptions, qui donnent lieu de

conjecturer que ce lieu fut un des plus confi-dc’rables de la Grece. Iliahjiir le me: 4min).

l,”(à) Le grec porte:

xi 1 Z c i ’ 3 I , I t’vio’n’rs’xfcop.nlu silène-u. ’

I’A .’I r A -r r . t .i Ïufqu’r’z ce qu’ils trouvent le terme fatal

1rl’Ilitm. .(c) Le grec porte;

A»? alaire fier nains; 5’de agi qu’ici grimât;

l ."’65"! 0:65: brun: aiment, aimai; tigras.

Puifli’qvvous tous devenir eau 6’ terre,

chacun de vous étant aflis ici, dans une lâcheÏ «zwanze,

(d) Le grec porte z

, 7. . ... . .Q mon , n peigne airâm- Azur?» 51:74! maint,

O mes amis, une grande douleur furvientà la terre des Grecs.

(z) Phées, ville de l’Elide, ( aujourd’hui

w-

[x a Tl I, partie du Belvédm) ,r àgl’embouchurede "en

l’Alphée , qu’Homere nomme. le Céladon. CH. VIL

(f) Le grec porte :Asile Agnïîro’vs il» ËwleCH Kogwn’rqr

AvÊgés nltharçerïzmlëqrol fi. 70min; ,Oilnx.’ Ëp’ ai régate-z [auxine-ra dugt’n pascal,” z

un); 0193451? Melun rua-x: (po’tàwyrœr.

Du terrible Artimon: , que le: hommes 6* ’lei-femme: nommoient, par un fiirnom, l’homme

à la mafia, parce qu’il ne combattoit ni avecl’arc , ni ’avec’ le javelot 5 mais qu’il rompoit

iles phalanger’avec fil inaflite de fier. il

(g) Paufanias racontantlcs longues guerresqui fubfiiietent entre les Arcadiens 8c lesPiliens , nomme , Are’tur , ce même Prince

l qu’Hoinere nomme Al’eitlrour. Licurgue fan

fils s’empara du trône par ce parricide.

(li) Madame Dacîer remarque, avec rai-

fon, que Ce combat de Neftor , dans fajeunefl’e, contre le géant Eurythalion, a

une grande retremblance avec le combat deDavid contre le géant Goliath- Il cil d’au-

tant plus vraifemblable qu’Homere eni-

’ A ij

l4] ,(à prurit: cette tradition des Égyptiens", qui latu; Vit. tenoient "des Juifs, que David cil: , fuivant

le calcul ordinaire,antérieur d’environ cent

ans à la guerre de Troye. Pope 6c M. deRochefort , qui comparent le défi d’Heé’tor

à celui de Goliath ,temarquent que la clef-cription de ce géant fit de fou armure , quife trouve au premier liv. des Rois , chap. r7,v. 4 8c fuîvans , femble avoir fervi de mondele à Homere.

(i) Ces lignes étoient un caillou , unmeneau de bois , tout ce qu’ils rencon-troient’fous leurs mains ; ils y traçoientleurs marques. Il n’en faut pas conclure ,dittMadame Damier , que les lettres fuirentalors inconnues aux Grecs ; Cadmus , quiles apporta dans la Grece , cil antérieur deplus de cent ans à la guerre de Troye.

(k) Hyle’ , ville de la Béotie. MadameDacîer obferve que quelques-uns corrigentHydé ,vville de Lydie, ce qui n’efl: nulle-

ment vraifemblable ; car les villes de Lydieescient alliées des Troyens.

N I s ](l) Les maniât le dos entier, de la vie- a.lime étoient , chez les Lacédémonîens, la CH, vm

portion des Rois. Hérodou. Iiv. 6.

(m) Le grec porte:Hélas; 543514253157» via! vprÊCuàtu ipéca ,

E2 émàufifiu’ruo fluâufifo’s imanat.

Voyez fur ces deux versila note, du Chah:dix-neuvieme de l’Odiflë’c.

(n) Le grec porte:Him- 1171:. 59 au à)»: , ’11: dû èpÇMu’zy HIE ,

Il n’était point encor: l’aurore ,- mais une

nuit claire. ’ e(o) Le greè perte z,

I 1’ ln .23! il? ru un: 3’54: on! r. Ërtæcmarut 51è.

Sa gloir: J’e’tcndra autant que l’aurore.

.01) Jafon revenant de la conquête dola toifon d’or avec fes Argonautes, s’ar-

rêta à Lemnos ; il y eut deux enfans,d’He’gyfippe , fille de Thoas , Roi deLemnos ; Eunée l’aîné régna dans Lemnos;

Aiij

Ë i [ 6 1r a C’ef’t à ce voyage qu’Homere fait allufionCu. V11. en cet endroit; car il n’ei’t antérieur à la.

guerre de T roye que d’environ quarante’

ans. Eunée envoie ce vin en fecret auxGrecs , de pour qu’il ne foi: intercepté par

les Troyens.

(q) j’ai cru développer par ses expref-fions , le zÂopav âme, la crjairzt’: livide qu’Ho-

imere fuppofe qui? ’ces coups de tonncrc’ *répandent dans l’ame des Troyens

r,Naïf

il Wà!

àa?

’[7]

CHANT HUITIEME.

(a) LE grec porte . CH. VIH.Ôy 4’ à! Ëyàvy àwévwï): 051 ËSËÂon-u voa’m

I I d NEÀSo’n’, à Tgàtœn égayent» n Amazone: ,

flânais É muât zëcpov ÊAeua-s’rm É’Àuyzrn’ydt.

H lu" 22.4.5» MM Ë; répragev ingénu.

.CeIui que je découvrirai aèmzdonnant lesportes de l’Olympe, à l’infini des autre: Dieux,

pour porter fémurs aux Troyens ou aux ergfans

de Danaüs , reviendra fur [Olympe couvertde hontcufe: Majors: , ou je lé précipiteraid’un: le T arion: te’nc’âreux. I ’

(L) Un tradufleur moderne, digne , ïbeaucoup de titres, de la réputation qu’ils’efl: acquife , a rendu ainfi ce morceau. .

a En douterez-vous encore; attachés à’ .la voûte célel’te la chaîne d’or qui em-.

braire le monde. Que tous les Dieux. 8ctoutes les Déefl’es unifient leurs fiions-3

jamais vous ne pourrez entraîner fur laterre 8c voue maître 8c votre Roi : moi,-

Air

83’838

x [3]sans: t fi j’étends le bras , j’enlcverai 8: la chaîne

CH. VIH. n 8c les Dieux, 8c la terre 8c les ondes ;a) j’attacherai la chaîne au femme: de l’O-

a lympe, 8c l’univers entier ne Tera plusau qu’un météore fufpendu devant moi ; tant

a: mon pouvoir furpalre le pouvoir desa) mortels 6c des Dieux n.

Sans- me livrer à l’examen de ce flyle 5trop éloigné de l’antique 8c noble (impli-

me d’Homere , ce tradufleur a fuivi en cetendroit l’opinion de Platon , qui expliquecette allégorie de l’aflion du foleil fur tous

les êtres. M. Pope enchérit fur cette idée.Il prétend que New ton n’a. fait que tellur-

citer le fyfléme de la gravitation, que Picthagore 6: Homere avoient reçu des Egypâtiens.

Je ne me livrerai pas à ces difcuflîonl ;j’ai

cru devoir traduire ce morceau d’autant pluslittéralement, qu’il n’en efi aucun, dans le:

deux poèmes d’Homere,qui prouve plus clai-

rement que ce peuple de divinités dont lepeu de la poéfie épique 8c de la mythologie

mpüt le ciel, laterre 8c les enfers, n’efl:sur: que les miniflres du Dieufuprême’,

[9]dont la forte E; la puiflance [ont jan: bornes , a,pour parler le langage de notre Poëte. ÇH.Vlllt

L’Olympe cil pris en cet endroit, pourcette voûte d’airain à laquelle les ancien!

croyoient tous les aîtres attachés.

(c) Le grec porte:Dr fait tain-n glana! Ëdumpt’nlo "ou;

De peur qu’il: ne périflènt tous par un tf4

de ton courroux. ’(d) Le Gagare , la cime la plus élevée du

. mont Ida , dans la Troade. Ce fommet pour. toit encore le même nom du tenus du géo-g

graphe Strabon.

(a) Nous verrons, dans le vingt-deuxiemoChant , Jupiter peler dans l’éternelle ba-lance ,11 defiinée d’Achille 8c celle d’HeCtor :

ainfi Daniel dit à Baltazar , qu’il a été pefe’

dans la 541mm du Seigneur , à trouvé tropléger. Appenfu: es in flattai à inventas aminus habenx. Daniel , ch. 5, v. a7.

A r

[le]a Jupiter ipfi dans œquato examine lances ,(in. V111. Sxflinet 6’ fata imponit diverfa duorum,

Q .em damne: labor qua vertu: pondere letum. -

a Jupiter foutient le fléau d’une équitable

a) balance , place dans fes baifins la defiinée

a; des deux héros , la pefc , pour con-x v a: naître lequel des deux ei’t condamné aux

a: travaux , lequel cit dévoué à la mort au.

v Enëide , chap. 11..Milton appliquant cette idée fllblime au

figue du Zodiaque nommé la Balance, l’a

rendue gigantefque 8c ridicule.et L’Eternel éleva les balances d’or , ces

a) mêmes balances qu’on voit encore entreau. le figne de la Vierge & celui du Scor-aa pion , ces balances ou furent pefe’s tpusau les mondes créés , 8C où il pefe aujour-n d’hui laedef’tine’e des empires a).

I (f) Ce morceau cit imité prefque littéra-lement du premier livre des Rois , chap. 8 ,v. 4. et Comme Samuel oÉroit l’holocaufle ,

a: les Philif’tins engagerent le combat contreau Ifraël ; la foudre envoyée par le Seigneur

un gronda fur la tête des Philifiins aVec un

[Il]a grand fracas ; ils furent effrayés &taîllés

n en pieces à la face d’lfrael u. Faüum efi Ça, V1113.

autem , ouin Samuel oflerret haulocauflum Phi-Iijliim iniere prœlium , à exterruit tu: 6’ cœfi

faut a facie Ifrael. ’(g) Le grec porte:Amanite Autpfla’tà; WoÀofsnlxuv. odore-23;

Il; 067:4: finit vine puma! and: de, iy 5541M; .Miel; ru 054w": peraogévp in Aigu enfler lMit [4.51.34ng 7ipon-o; nivela-opter d’un! ibère;

ce Divin fils de Laerte , induflrieux Ulyflè 5

oufuis-tu , tournant le dos comme un lâche,

lattant des traits qui réparent dans la foultltrains , dans ta fuite précipitée , que quel-

qu’un ne te perce de [on javelot par derriere ;

mais plutôt éloignons dtf vieillard cet homme

88888a) cruel.

(h) Le grec porte :E2 [à 59’ âgé 15m «il; tirait n 9:31 11;

Si le pere des Dieux 6’ des homme: ne l’eut

V remarqué.

(i) Le grec porte:il V]

fini

t u 1Liftant?) 7M";

Fuir, fille timide.

i (le) Le grec porte :TF7! 145p figeripun (cambriolai une)» mon";Dira]! 1’ nyrga’tmm me" in lapis itérai.

Elle vau: prépare , avant tous le: autre: 3un par froment , il vous mêle du vin , pour quevous buviez. autant que le dejir vous y convie.

(l) Hélce’ , ville de l’Achaïe , à douze

Gades du golphe de Corinthe, aujourd’huiruinée 8c fubmergée.

Sur Algues, voyez la note du cinquiemeChant de l’OdiEée.

(m) Le grec porte :2:5 mien, il r" in?» ôwegpeviay Fournil" -

15 4’ à"; Élite-m, au.) [tu faims aidas chemin; ;

06 pi! imitai (Papi 1’60]! mezzanine flaquât.

Nui tonnant?) reptÀ9I’pn bâclât gifler.

i Ô Jupiter notre pet: , ain t tu «tout: d’unetelle bleflitre , l’un des Rois puiflans, 8’ tu

lui enlever une grande gloire. Je me vante que

in,»

1 I; ]venant ici , je n’ai pafi devant aucun de tu :25autels , fixas y hâler les mufles 6’ la gram CE Yak

des bœufs. ’(n) Le grec porte:

Un? Il); sep En" 6:94va au; il; quiMad’ 5’10 Tgokmv ’2’: oléfine-5m Annule; ’

, eSauf)? que ceux-ci échappent au trépas , ne

permets pas que les Grecs faim: entie’rementdomptât par les Troyens.

(o) Tenter étoit fils de Télanïon a: d’île.

floue , l’œuf de Priam, emmenée captive par

Hercule , 8c donnée, par ce héros, à Té:-

A lumen. .(p) Le grec porte :ne 4’ 3re et; 7E mît" ne: :1793 È: Mono:

Âme-m enfin-legs , and! 16344:9?! rewolâàtzluxât ri yMrnË; en Elsa-3,1951 7’! Jeannin.

Madame Dacîer traduit: T et qu’un glui-f

mm chien de :1140? pouffait un lion ou un flint!

glier, E? le joint de fi près qu’il lui enfoncq A

en plufimr: endroits fi: dent meurtriers. I

[ I4 ]E: M. Bitaubé a: le traduâeur anonyme deCH. V111. I’Iliade, donnent le même feus à Ces vers.

Il ’m’a paru que le mot swaps!" fe de-

.vait rapporter au lion ou au fanglier, nonau chien, 8c que cette image de l’animalpourfuivi de fi près qu’il déchire, de rage ,

e 8c res ouilles 6c fes flancs , avoit beaucoup

» de force. -(q) Le grec porte:

’ e p a. A. .1 a A 1 l I049 ne»; FAuuwm; oz- au q» 111;: fluxer»).

Afin que la Déc-fie aux yeux bleus fiche ce

que de]? que de combattre contre fou pere.

(r) Le grec porte :2&3 en; 7’ aboula!) tu!" êîæse, Il. Ëflo’v on

fellah]: A13; grec: renflez" Écho; Infini.

Mais toi , chienne impudente , ofiras-tu Éle-

ver ton énorme javelot contre ton pere ?

(f) Jupiter efi l’ait qui f: brife contre lesOndes de la mer.

J’ai traduit littéralement ce vers z

figura èflCNFOÎfl "En, me): A?" arrimer.

l 15 1 eCar le char de Jupiter n’ef’c pas appuyé fur a

les murs brillans du palais des Dicux, CH. ancomme celui des autres Divinités;il repofefur la mer, comme fur fa bafe.

A (z) Le grec porte:Eyzopfll halles"; Ali r. «Sinon-ln 9504,91!

32min" "Sème retiras nagewupcpa’ws,

OÙ; une; (palazzo-I pesâmes?» En! mâle.

J’ai cette confiance, avec l’aide de Jupiter

8 des autres Dieux , de choyer d’ici ces chiens,

porteurs de lamer: , que les deflins ont amenés

dans leurs noirs vuiflèaux.

16

i :3CHANT NEUVIEME. .

m (a) LA Thrace efi au nord de la Grece 8cde l’Afie; mais elle forme un angle ; le mentdu nord fouille de l’exue’mité fupérieure ; le

vent dlouefi fouille des ifles de Lemnos ,Imbrum 8c Samothrace, à l’oppofite de la.

me: Égée , (la mer de l’Archipel ).

(la) Le grec porte:Audy)», , roi 26571 feuxn’rd’eal clavaient,

H 55;"; En)! 364i. inane? rio il? [à 1’! 750.4935;

Fils d’Aere’e, je combattrai d’alord la folie,

tomme il e]! permis , 6 Roi , dans le confie? dela nation; ne t’en irrites pas.

(c) Voyez dans le guatrî’eme Chant, lesreproches d’Agamemnom, auxquels ces par.

roles font relatives.

(d) Le grec porte :Stein-7,0 ,uiv ru 45m ramifia; artel enivraiMr 4’ tu 9333». 3, 115’410! if) plançon

.4.

l l7 l’ Il t’a dona! le fieptre, pour ltre honoré au; aeleflus de tous ,- mais il ne t’a pas donné la CHANI’ 1X3

force , dont la puiflance efl la plus grande.

(e) Le grec porte: lsi» yin) .91; tiAn’AUStypuÂ

Car nous flammes venus avec Dieu. Aînfi

dans Ifaïe, chap. 36, v. to, Rapfitces dità Ézéchias: Ne fuis-je pas monté fur cette

terre avec le Seigneur? Numquid fine Domino

afiendi in terrant ifiam ?

. (fi) Le grec porte :in)» 8’ réât: in" 545.9013

Littéralement: Mais tu n’as pas atteint IlLa: des paroles. Madame Dacîer traduit:

l Mais vous n’avez pas achevé d’expliquer ce

que vous aveï penfl. p ’

(g) Le grec porte:A l rio 4l liteau 5’, ne un ggteî;

Madame Dacîer traduit : Le bon avis;dis que vous l’aureî fiivi , deviendra le vôtrei

I l3 3a à vous fera. autant d’honneur qu’à celui quiçHANr IX’ l’aura donné. C’cfl paraphrafcr Homere 8c

l’affbiblir, non le traduire.

(A) Madame Dacîer remarque qu’Aga-

memnon ne prononce pas une feule fois dansi ce difcours le nom d’AChillc ;il ccdc à la

néceflîté 3 mais ce nom lui cfi’ odieux.

. . (î) J’ai rétabli , en ce: endroit , un versqu’on lifoit danà le texte du tcms d’Athenée,

comme. le remarque Madame Damier.

I H 3m» m0305 a [4’ ËCAumlmy 350i aurai.

a

n à e I a e e n o o o e a aSoit que le vin eût troublé ma raifort, ou

que les Dieux m’eufint frappe’.

Il m’a paru dans la nature , qu’Agamem.

mon avouant fa faute , s’efibrça de l’atté-

nuer en l’attribuant ou aux fumées du vin ,

ou aux Dieux eux-mêmes. à

(tu) Sous le nom de trépieds ou entendoitnon-feulement une bafe dlairain à trois pieds,fur laquelle on plaçoit des urnes ou Cu-

’yettes .; mais ces urnes mêmes, qui fol-voient

[ 19 ] ede fiéges ou de trônes, tels que les trépieds ----que Vulcain forgeoit pour le palais de CHANT 1X; rJupiter, lorfque Thétis arriva à Lemnos.Voyez le dix-huitieme Chant. On trouvela figure de ces anciens trépieds , dans lesmédailles. Il y en avoit defi beaux , (il bien

. travaillés, qu’ils fervoienr d’ornemens dans

les palais des Rois. On ne les approchoitpas du: ne ; leur urage le plus ordinaire étoit

de fervir, comme les urnes, à mêler le vin ,, ,avec l’eau dans lesîfeflins.

(l) Iphianaflè’, ou Ipltige’nîe. Le facrifice

de cettePrincelÏe, 8c fon enlévement dansla. Tauride, font donc des fables inventées "par les Poëtes pofiérieurs à Homère?

’Laodice cit, felon Madame Dacier , lal même qui fut nommée Eleèîre par les Poëres

tragiques , du mot grec Aleéîion ,fizns lit ,parce qu’elle ne fut mariée que très-tard.

(tu) Le pere dotoit fa fille, 8c Je maridevenoit tellement propriétaire de la dot,qu’il la rranfmettoît à fes cul-ans, dans fa.

fuccefiîon, même du vivant de la veuve ,comme on l’a vu dans le premier Chant de

l 1° l:55 l’OdîlTe’e. C’cfl; cette dot qu’Homre nom.

Cam: 1X. ici impelAm.rDe leur côté, ceux qui recherchoient une

fille en mariage, faifoient des préfens 8: à

la fille , 8c à fan peut , pour l’obtenir.C’était le pere de la fille qui régloit l’é-

tendue de ces préfens ; coutùme que lesGrecs avoient prife des Hébreux. Ainfi leferviteur chargé par Abraham de demanderRebecc: en mariage pour Ifaac , lui portedes Colliers 8c des braflëleu. Cm. chap. 1.4 ,v. n. Siclzcm, fils d’He’nor , demandant à

Jacob fa fille Dina , dit à Jacob 8c à resfrac; : Mmq un prix, ajour; aux préfins de nous , j: vous «(ennemi du: Ct qùe vau: medemanderez. Jugez: datent 6’ mitnéra paliu-

late ,° à libenter tribucm quad petîeritis. Gen.

chap. 34, v. 12.. Saül donnant à David fafille Michel, le difpanfe , comme Aga-memon , des préfcns accoutumés. Non ha-Le: chfiaonfizlia nue-[h Le Roi n’a pas [Se-[bi]:

dcpréfens de nous. Rois, 11v. 1". chap. 18 ,v. 2;.

(n) Cardamylt , ville du Pélëponefe , ( au-iourd’hui la More’e J. C’efi la. feule de ces

l Il l(cpt villes qui fait connue ; elle porte en: a.tore le même nom , fuivant M. Danville , cann- 1X;( Cardaniln ). Sur Pherès, voyez la note pre-mier: du troifieme Chant de l’Odifi’éc.

(a) Le grec porte:

V neÏIIW agi n figez-aïe; 35m 353-1070: àan’rrm’

C ’cfi pourquoi de tous les Dieux il a]! celui

que le: mortels [azimut le plus.Pluton n’avoir point d’autels dans la

GreCe, on ne chantoit point «l’hymne: , on

ne célébroit point de fêtes en fou honneur 3

c’efi ce qu’Efchyle exprime par ce vers:

0’; 4. a? 130143: 871:6 mangerai.

o............’iIl au point d’autels, on ne danfi point a:fin: honneur.

(p) Le grec porte:la) po: ÜFOWUITO 3’on pdflÂtÙIflea’f d’un

H4. ’o’mr 7515:7 rgwm’flpor décapa: Etna.

Qu’il m’obe’iflê, d’autant que je fitis plu: Roi

que lui, d’autantj: me fais glaire d’être plus

-. vieux. . n

”:.-:-.«. CHANr 1X.

E 1,( q) Le grecÙ-por: :

Bi a? i575 Æ; il! Ëyàw 2113444441, ai 0T: üIS’Êa-Ûflh

Je le: nommerai u’ils m’obe’i eut.

, .(r) leelze: , dans la Cilicic , partie de la.Tconde, la patrie d’Andromaque. Voyezla note du fixieme Chant. Selon M; Dan-ville ,1 il ne relie plus de vefliges ni deThebes , ni de Lymefl’b, les deux villesprincipales de ce canton.

(f) Le grec porte:Zaçirepov 4T: alpaga.

.Mileï un vin plus par ; car [boire le vin ,fans mélange d’eau , -Ét0ît regardé 601mm:

un "figue de débauche.

(t) Pour les fufpendre ami voûtes destemples en figue de vifloïre. Ces poupesétoient ornées des images de plufieurs Di-vînités,

(il) On Voir par ce difcours d’UiyfTe,4 Je par celui de Phénix, que la fable «PA-

çlülle déguifé en fille , dans le palais de

ç-i -.

TÎ 25]

Iicomede , efl pofiérieure à- Homard, ou :2:que ce Poète l’a fupprimée, comme peu CHANrmdigne de fan Héros.

(x) Le grec porte :àJL’ gram-9e [ÆÉIGI ragé muai 390701,"

Aeëa’mmç dm: 17:55;.» flamine-ra, and: 41,4cm!

Axa 4’ égales-w 498 fig» fianàeîîw.

Lui , demeurant dans fias vaüfeaux léger: ,

refait ce riche butin , en donne une petite par.lion aux duer de l’armée 6’ aux Rois.

(y) Le grec porte:n’a cf: par Ë: mage? cala-q.

Je le méprifi à l’égal d’un Carien.

La Carie, ( aujourdàhui Aidinclle), efiune provinCc de l’Afie mineure, dont lespeuples , guerriers par état, vendoient leursvies à ceux qui les prenoient à leur folde!commerce alors très-méprifé.

(ï) ’ orchomenu , ville de la Béctie , fur

le Séphife , dont les richeiTes étoient poirées

Î çn proverbe , aujourd’hui inconnue. p

*CHANT 1X.

l 24 l , ’(ne) Thebes , ou Diofpoli: , la villelde

Jupiter, capitale de l’Egypte , dont il nerelie plus de voltiges. Strabon raconte queles Rois de Thebes avoient étendu (on com-merce jufqu’à la Briâiane 8c aux Indesu On

y voyoit encore de fou tems quarante torn-beaux de Rois ornés de pompeux obélifques.

- Theles partageoit avec Memphis le titre decapitale de l’Egypte. C’ei’t du filante d’Ho-

mère fur cette feconde capitale ,qu’on con-

clut que fa fondation efl poftérieure àI l’époque de la vie de notre Poète. Voyez

I’introduâion de l’OdiEée.

o i a ( »(615) Le grec porte :13’"! 0T 3’ 7046? Ayape’pemoe Aqu’hu’,

0M: si mon)? Açgoâlrp même; Ëgt’ëol ,

En; 4’ Afiwm’g yàeuâmdi impqlëu.

Je n’épouferai pas la fille d’Agamemnon ,*

fils d’Am’e , le dilizutaot-elle en beauté Î: la

dorée V ému , Égala-t-elle Minerve aux yeux

bleus , dans les ouvrages de [enfin P

(cc) Pytlw , Delphes , ( aujourd’hui Cçflri ),

dans la Phocidc. Les ridules de fou templeétoient

in]étoient il immenfes, qu’elles tenterent l’avi- -----thé-des Phocéens , qui le pilleront , ce qui CHANT 1xdonna lieu à la guerre facrée.

Sur l’origine de ce nom de Pytlw , voyer1

la grande Hymne à»Apollon , ci-apres.

(fi) Le grec porte:v0I ami cep êpn’xlrermigzee 59097071,

- Quand elle a franchi la barriere des dents.

(gg) Le grec porte :11484:0: nçuyîmi

Courteline: promifiri.

Ce confeil cil le même que celui que leperfide Architophel donne à Abfa’lon , pour .le rendre odieux à David fon pore , 8c l’en-

traîner dans la révolte. Ingredere ad concu-

bines patrie rai que: dimiflt ad cuflodiendàmdamant, ut cun: audierit ornais Ifrael quadfedaveri: patrem tuum roloreruur tecum ma:me: eorum. Rois a , chap. x6, v. 2.x.

ce Fais-toi aimer des concubines de tonsa pere , agui il a commis la garde de fon .au palais , afin que tout Ifrael fichant quq

E

le: -m a ledit deton perelaéténfouillç’ par. roi 5CHANT 1X. p il fe forme un,parti puiflant’en sa. fa,

a) veur w.

’ (Mx ) Le grec porte z, ,Zsu’; fi ùraxâro’mrê

Et Jupiter fiauter’rain, v 7. a

Les Grecs, pOur faire; entendre que lamême Divinité règne dans le ciel,fur la.terre 8c dans les enfers , donnoient le nomde 2m aux trois freres , Jupiter , Neptune84 Pluton. Î A ’ l i

(ii) J’ai cru devoir rétablirici ,A ayee

Plutarque 8c Madame Dacicr , quarre versIqu’Aril’tarque .avoit retranchés ; car enmême - tems qu’ils refpirenr l’horreur du

çrime , ils fervent à prouver l’excès de fa.

reur auquel les imprécations d’Amyntoravoient ,porté Phénix. yoyez Plutarque ,

comment il faut lire les Poëtes 3 Lucien,dans fan focond livre de l’Hxfloire véritable,

feint une converfation entre lui 8c Homere;entr’autres chofes , dit-il, je lui demandai, fiious les vers qu’on avoit retranché: de fis802m3: n’étaient pas de lui .? Il m’afl’ura qu’il;

x

A»?!

a

[173Étaient tous de lui, ce qui me fit rire de l’im- apertinente 8’ froide critique de Zénodote 5’ CHANTÜÂ-

d’Ariflarque , qui les ont profirits.

M. le Beau, qui nous a donné une édi-tion fort correâe des deux Poëmes d’Ho-merc, s’appuyant fur l’autorité d’Eufiathe

8c d’Henry Étienne, a retranché ces quatreVers , fe contentant de les inférer , par formed’avertifl’cment, à la fuite de fa préface de

l’Iliade. ’(1.4:) Le Poëte perfonnîfie ici l’injure , la

difcorde gil en fait, comme au dix-neuviemeChant , la furie Athe’ ;. ce qui m’a défiât-i

miné , au dix-neuvieme Chant , à réunir ce

mot grec au mot français ; cette liçence nem’a pas paru séminaire ici..Voyez la» notedu dix-neuvieme Chant , difcours d’Aga.

mention,

. (Il) Calydon , ancienne ville d’Etolie , (unle fleuve Achéloüs, ( aujourd’hui Afpfo,

pomma ). LeseCurcte: habitoient l’ancienne

ville de Neurone , fur le fleuve Ewnus ,(- aujourd’hui. Fidari) , dans la même con;

U664 I .’ Aau

A]

I:CHANT 1X;

[ 13 1(mm) Le grec porte :

k T17 37: naupathie":

Huit: i: «minbar.

(un) Le grec porte:1-17, un; margea, Ëy’ Er’ 50”40 nîin (mais;

Qu’un «pénal fluxé); Aix".

Il dît , &,fan: parler,il fait figue à Pa;trocle de drefler un lit à Phénix.

(ou) Sur le rachat de l’homicide , voyezla note du quinzieme Chant de l’OdiEée.

(pp) Scyrqs, ( aujourd’hui Sclzyro) , l’un.des Cyclades j à l’efl: de l’Eubée , ( aujour-

dhhui Negrtpont) , célebre par le tombeaude Théfée , 8c par la fable des Poëtes potiè-

rieurs à Homere , qui racontent qu’Achîlle

y vécut déguife en fille , à la cour de Lico-A méde. Cette fable efl’. encore démentie ici

par Homere, qui fuppofe que cette ifle étoitdu nombre des alliés de Troye, puifqu’A-

chine en fait la conquête. En effet, elle futlongotems habitée par les Phéniciens 8c la

[ 29 1Carîens. Voyez la note du quinzîeme Chant :2! ,de l’OdifÎëe. CHANIIIX’.

(qq) Le grec porte:"’1’! ’1’ :9311 [umlaut Bru-071 165 [un

’ h I l a lGoya: m rus-nm; «vamp.

Il consuma quand flan courage fy portera.

Àà"Xeau? mesa; a)me

CHANT X.

CHANT DleJEMIE.(a) LE Poëte accumule dans cette compa-raifon , tous les phénomenes qui accompa-gnent la foudre , la pluie, la grêle , enété , la neige enhiver ; car, (malgré lacritique de Jacques Scaliger ) , il n’efi nul-lement contraire à l’ordre de la nature, qu’il

tonne 8c qu’il neige en même-tems ; c’efl:

une vérité que l’expérience confirme, qui

ne contredit point les loix de la phyfique sla neige renfermant beaucoup de parties ni-treufes , inflammables 8c de matiere élec-

trique. h(à) De ce que les trompettes ne parement

pas avoir été-connues des Grecs, ni desTroyens, du tems d’Homere, on ne doitpas conclure que ces peuples n’eullènt au-

cuns inflrumens de guerre ; mais ils n’enconnoifl’oient d’autres que les infirumens

champêtres ; c’efi ce qu’Homere exprime par

Ces mots : MM; ngllyfm 1’ infinie fan desflan: G des chalumeaux.

(c) Le grec porte:la! 1" .- FZÆ’E;L.4ÈÉ’MÀ1’:EO.S’UIMQPI

i t 9 x l - 7V p! -I48m: w «un: 711p 27075474231 (55;: au; «mu.

i r I v! ’ I aZen Ewl’yflvoflEMICH [il maçon-m (Sagan.

Littéralement : Ne t’tnor willis oint *

. g P rmais travaillons nous-mimes ; car c’efl ainfique Jupiter nous a impofe’, à notre Méfiance .

un pefizntfara’euu de maux. ’ h:

D)

3’)

a)D)

en

à)

x

0

cc (d) A la nuit qu’il fallut peller en pré-

fence des ennemis , comme un vigilantcapitaine , il (le Prince de Condé), re-pofa le dernier ; mais jamais il ne repolîtfi paifiblcmcnt. A la Veille d’un fi grand

jour , 8c dès la premierebataille, il efl:tranquille ; tantü fret-me dans (on na-turel 1 étau fait que le lendemain , à l’heure

marquée ,A il fallut réveiller d’un profond

finnmeil ce: autre’Alexandr: a). BoŒuetz,

Oraifon funebre du Prince de Condé.s

(e) Le grec porte :

a ) r n , 1 î a t l! . en .IAbtx qui 1- etrogoanr, m qui; aurid’zw-ccror agita".

’cxcitan’ on.

Mais regardant ver: moi , attendant .mon..- u

Bi!

*CHANT X;

a[’ 51 l"

(f) Le grec porte i.CHANT x’ Nil: fila 41;: vainemv in) Zueoü indu: IËxpeï: ,

Car le tranchant du rafin’r en maintenant ’ fit!

notre gorge. I * a Î Il I ’

(g) Le grec porte:Nie" , liiez-gérer tendis; 19; 00,43; âyn’up I

Arâgârdumnim divan «et?» ifyis 24’er

1,5». xithlor, mon cœur , mon fier courage, meprefl": de pénétrer dans l’armée ennemie des

Troyens. p(à) Ainfi , dans le livre des Juges ,. Gédéon

efi envoyé , par Dieu même,pour épier les

difcours des Madianites; à fi tu crains depénétrer full dans l’armée ennemie, porte le

texte facré , z: prends ton ferviteur Pharaau avec toi n; Si autan filas ireformidas;deficndat tecum. Phara puer tuus. Juges ,chap.

7 , v. le.

(i) a-Il paroit par ce pafi’age a: par plu-, à lieurs autres, ( dit Madame Dacier ) ,

[sa]in qu’Homere a connu que l’univers, t ou :2:n pour parler plus jufie, la terre), étoit de (guim- x.a: figure ronde; car il ne feroit pas polli-

ble que les alites fe couchalTent 8c fe le.vaflEnt , fi le foleil ne pafl’oit fous la terre

pour achever (on tour n. --- En apparence,mais dans la vérité , fi la terre ne tournoitfur fou axe en 1.4 heures.

83-8

(k) Ce préfage étoit doublementfavorable.’

1°. En ce que le Héron vole fur la droite." des deux héros. 2°. En ce que c’efl un oifcau

de proie qui chaire pendant la nuit.

(l) Le grec porte rAN lira 45h" été" in»! 7’ ira-lapa filant!

Hyto’wr s ( a; 74’s; n finît rgepepinpcl du"

EAnËpemI noie fluSelnr nui! léger-gay)

Tir filer i519 pzflirm.

a Telle étoit , (dît M. Bîtaubé )-, la

a) méthode de labourer chez les anciens.a: Ils donnoient la premiere façon avec lesn bœufs , 8: la feconde avec les mulets ,:3 qui, étant plus légers , vont plus vîtea» dans un champ qui a eu une premiore fat.

Bv

[34]a lçon»,-- Cette explication de" ces ver: dmCHANT X. ciles, efi en partie celle de Madame Dacîel

Cette favante traduârice ajoute la: Lorfqtun les anciens mettoient deux charues dalun un champ , ils mefuroient l’efpace qu’ell

au pouvoient parcourir en un jOur , 8c pl:a: çant les deux charues aux deux extn

mités de. cet ,efpace , ils labouroientfe raaprochant, en forte que l’efpa

calqu’on laiflbit entre deux étoit toujou

fixe ,moins grand pour deux charmes-atalées de bœufs , .que pour deux charuattoléeé de mules , parce que les bœfont plus lents, qu’ils peinent-clavant;dans un champ qui n’a pas été hencç

remué a).

Le cëIebre Académicicn qui a traduitvers les deux Poëmes d’Homerei, (M.Rochefort), n’adopte pas cette explicaticqui Je]! appuyée , dit-i1, d’aucune autori.

il préfère l’interprétation de Didyme,

i expliquoit cette. comparaifon de la diftance d’étendue du terrain labouré dans

nême tcms par les bœufs 8: par les muC’efi celle que j’ai fuivie , commme ç

’ naturelle.

H

8

388882

l 35 l il’: (m) Le grec porte z " Î auT)" rgtmtæézmv flfÂlUæd Sofia filmiez; CHANT X,’Aaâluau’nrru’ tu?» 734p 3m, KEQÆÂËQH iris-li l

Tl" ninT 05’191" wéî; il? fiwtï’ASn’ms.

Le lrtiîiemc auquel. Diomede ôta la vie ,’

fut Rhéfizs ; il palpite [aux le glaive du petitf1: d’Oine’uJ , filfjvendu jar fi: tête ; car il fut

pour lui , pendant cette nuit , un fange familial,

’ par le confiil Je Mincive. I I

(n) Sublime allégorie du folcîl , qui, dif- 4:fipant les ombres de la nuit, éveille le:« Troyens.

gl i (36]fi

CHANT ON 21EME-I

CHANT XI. (a) LE grec porte:

1 I a 1 v ’ .talma" "par peut 2mm www.

Tenant en [es main: le figne de la gaurau de: combats.

Ce fignal des combats étoit , dit Mania]

Dacier , une pique, un javelot, ou ucuir-aire ; car on.n’avoit point encore 1’

fage des drapeaux. Cet ufage cil très-mderme. Les aigles Romaines étoient lmalles folides qui fervoient ide bafe aimages des Dieux que les Romains plsoient dans les batailles. Entre les mainsla Difcorde , ce figue des combats pêtre Confidéré comme le funefie fiamb

dont les Poëtes poflérieurs à Homere.

armé cette Divinité.

(L) Cyprefl,( aujourd’hui Cfiypre), l’une

plus grandes ifles de la mer Méditéranrfur la côte dlAfie ; c’efl pourquoi Cynn’entre’point dans la ligue des peuple:

in]la Grece ; il demeure neutre , 8è fait -----cpréfent à Agamemnon de cette cuit-aire , en pansufigne des nœuds de l’hofpitalité qu’ils con- -traâent. Cette ifle cil fort riche en métaux,

ce qui donne lieu à cette variété, à cetteabondance qu’Homere répand fur la cuiraflà

du Roi des Rois, fait fiûion , foi: anciennetradition.

(c) Le grec porte :in) 4’ Ëyds’wnwt! Abrutis; a: M Hg,

Tquîint fianAîa rAvxgaÏa-m Maxime.

Le mot iydîa’wqwn exprime plutôt le bruit

des armes que les cris, ce qui détermineMadame Dacier a traduire z La Décflè Mi-nerve 6’ la Défie Junon, qui toutes deux fie"

sacrifient la Rbi de û:- rr’efie media", fait:

entendre autour de lui le bruit de leur; armaa ,à animent le: Grecs. Mais cette tournure ’ne m’a pas paru rendre ni la lettre , ni l’airlégorie fublime d’Homere.

(d) C’efl ainfi que j’ai cru devoir rendre

ces vers difliciles:,I Aria-al 9T: «revêtit; a?» "dm; Sapqxâæ’ne;

[4017 a 35743570: ire par) yin?” 5534 agi. I1

, . ï 33 J[a 053" cf: .4459. luis-man En" 702pr mrpcnSÊvæefzCH m1- x1, lame; il. ôÀt’yov parafas-or È! ifs uàæmàr

Il)": tanin: Kcth’dnr.

Voyez, fur la cavalerie de ce tems, laJ’emarque du Chant deuxieme. ,

Madame Dacier oblerve que cet ordrede bataille cil contraire à celui que Nefloravoit prefcrit dans le quatrieme Chant.La différente pofition des armées, cil la.caufe de cette dife’rence.Dans le quatriemeChant , il s’agit de rompre en rafe campagne

la Phalange Troyenne; les chars font pluspropres à cet ufage ; l’infanterie con-vient mieux pour foutenir le premier chocide l’ennemi, les chars , pour porter le dé-

Ïordre dans les rangsaSc pourfuivre lesfuyards.

(e) Le grec ajoute :H055! il ngtS’ïIrË.

’Dc froment ou d’orge.

(f) Long-tems avant la guerre de Troye.les Hébreux divifoient le jour 8: la nuit en

.34 heure: z les Livres faims en renferment "a

s

I393la preuve ; mais les Grecs ne connoîffoient a:encore ’d’autre divifion .du tems-, que celle aux: X1,

du lever , du coucher du foleil 8c des alites ,du milieu de leur courfe , ou des époques fixes

de la journée , comme l’heure à laquelle le

juge defcendoit de Ton tribunal; comme onle Voir dans le dixieme Chant de mime;dans Celui-ci, 8c dans le douzieme Chant

de l’OdiiTée. *(g) Le grec porte:

[à fait fait mina :453: 15mg Jobin Atynpipw!» ’

Sulfite-t ramification-a; , Eau-si WEPBQÏJŒE maïorat. i

Le Roi des hommes , Agamemnon , les [tu]?refilendiflîzn; par la blancheur de leur: poi-trines, lorfqu’il les tut dépouillé: de leur: tu-

niques. Madame Damier traduit: Les lamétous mais montrer, par la flancheur éblouif- ’

jante de leur: corps, que c’étaient de jeune)guerriers toujours Êourri: à l’ombre, jufilu’à

cette fatale journée.

(h) Le grec porte:Il; bi 515’an Livrets, in"; (il. in» miaulât; i520; :

Étant dans un même char, 6’ ils tenez-n!

cnjemblc leur: chevaux. - ’

æi401

Îi) Le gréé porte : l

CHANT x1, 81’ fin Antpn’txm daigna: vîc’t; Écrit;

Si vous êtes lefil: dufige , (du ôellîqueux )

’Aâuimaque : car on peut donner ces deuxfeus au mot Jugée"; ;mais’ cette épithetedt ici ou une ironie , ou l’une de ces épithetes

d’honneur que le grade détermine , commel’épîthete Apvpavo; Aryuouo , de l’irrc’procfiaôfel

Egzfle , donnée au meurtrier d’Agamemnon ,

dans le premier Chant de l’OdiHée. Voyez

la note y relative.

I (le) Je me finis eforcé d’approcher dans

"cette comparaifon , autant que notre languepeut le permettre , de la poéfie imitativede ces vers.h: d]: in trïîp flâner îv èèéày Entrent: (in;

nain!) ri u’Àvcpo’w 355mo: figez, a; JE r: Sénat

Ilpo’fitCu «5’17"01! îwuyo’psm rugi: âpfq.

(l) C’efi la. tradufiion littérale de ce:

mets z

Ku’v’ 375w quinto) b3: noAÉpm ytzpuiguç.

qui prouvent que l’art de. la. ferrure étoit

connu du tems de la guerre de Troyc.

[ en l. (m) Le grec porte:

715mm" mai: cphngu 3 bégum.

Beaizcoup plus chlris deslVaùtour: au; de,leur: Épaufu.

(n) Perrope’ g ou Parton ; (aujourdihui

CHANT XI.

Borgafe, felon M. Danville’),.ville de la 4Troade , fur le rivage de l’Hélefpont,innée, fuivant Strabon , entre Abidos 6gLampfaque.

(a) Le grec porte:ce à (à! 145.91 main 101.1410170 zébu» 31m; 0

. , a i l .. . .Amfi , tombant en ce heu, Il dormit d’un

firman d’airain. - e hm r h r

(p) Le nom de defiendan: de Danaür, ci!

relui que Virgile donne aux Grecs , pourles rendre. odieux par la perfidie de leurancêtre , fondateur du royaume d’Argos ,qui , feignant de fe réconcilier avec foufrere Egyptus , 8c lui donnant fes je fillesen mariage , pour fes go fils, exigea de [esfilles la promelIe d’airafiîner leurs époux la.

l 42.]premiere nuit de leutsmôces.Toutes fe rêneCHANT XIè dirent Coupables de ce crime , à l’exception

de la. feule Hypermenefire, qui fauva fonépoux Lineée », --8c lui procura ainfi leroyaume d’Argos, dans lequel il fuccédÂà Danaüs fon beau-pere. Ce nom qu’Ho-

mere donne ici aux Grecs, convient dansla bouche d’Heâor ; il: e’fi vrai que i’e’piè

mercutpâhzjmv’ , coûmgèux, qu’il y joint; femble

. en diminuer l’horreur-etc qui m’a- engagé

à l’aniblir , en traduifant , le: fiers defcenô.

dans de Danaüs.

(q) Le grec ajoute : , I ’ . 1924541270 a]; kiwi

1k.

9 (du grec porte:î au: v5: ËÇVYG Mur", néon I

7 (Chien , tu échappes maintenant à la mort.p.

p (f) Le grec porte:Ioâo’m noçai-à,» , zip: c’eyàcè , wugâevoæî’æ’æ: ,

Parnicîeux archer, brillant par le: corner;

Et [on ante en fut vivement touthc’h. et Ï

liftât

tradui

car ,

Troyt

niere

moien

ceux 4

appel

Le fparu

fuite

(t)

que

(1

En:

la

T .ng

les]limiteur de , Nymphes. Madame Daeier BEL-.5!traduit : Qui brille par Je: beaux-cheveux ; CHANT XI.car , dit Cette favanre traduârice,,lcsTroyens partageoient leurs cheveux de ma-niere qu’ils s’élevoient en pointe, 8: for-

moient comme des cornes ; c’elt pourquoiceux qui avoient de beaux cheveux étoientappellées mazarin , tapant! , camus , ichewlzle.

Le feus que j’ai! donné à ces mms,’-m”a

paru plus naturel 8c plus conformei’à lafuite du difcours de Diamede.’ ’ I - I: l

(t) Le grec porte:" " aima) il): flip) aède: il infime; ’ V L

* .;l 0 À Î .... .Et il y a plus d’oifeaux autour de [on corps

la? de femmes; *’ f’ïïflk’ 7’ l

(v) Le grec porte: *’ V a *H10! tuât fi. 3.1.8 Elsa-nard; if: Teâem [aigu-Sur;

Tu m’a: arrêté comme je combattois contre

le: Troyens.

I(x) Le grec porte -. y a» j,Tpiel [42! in": 31’101! in! mon; Ê ,44»; (Paz-c’en

a

[44]a: Trois fois il cria aufli haut que la tête d’un QtCHANT XI, homme le peut, [bannir 5 d’où nous avons ce

tirétl’expreflion proverbiale crier à me tête. ’ Paf:

’ V blâme(y) impuni 953, fignîfie littéralement de: pour"loups cuviers, mangeurs de chair: crue 5 fur me"quoi les commentateurs obfervent ici l’exac- remcitude d’Homere ; car, felon Arifiote, dit iufquMadame Dacier, les loups cerviers a: les Poëtnous font ennemis ; mais tous les animaux . Ph"carnaffiers le font,pour fe ravir une proie la"qu’ils convoitent; ce qui m’a déterminé à 0d,traduire, de: loup: cargafliers , exprefiion qui fimm’a paru avoir plus de noblelïe 5C de gram çà)

dans notre langue. ces(î) Le grec porte : - W z f°u

, ’ r ulin-43; qui!) hip. arobas! vinifias bien ,’ ê à:18’: féerique" J1) r. in» 934mm,» film! i n

. fortI . Le.Car un méritant vaut un grand nomôre rd’hommes, pour arracher le: flaire: 5’ verfer P ,ei

. . ’ Ï E[in les plaie: de doux médicament. :1

. . e(aa) Le grec porte: rfiltrai; w "réunirai, I - l

unQue M. Bîtaube’ traduit, ce: tige eflflaiile ; ----.sce qui ei’tl peut être plus littéral ; mais ne me CHANT me

paroît pas répondre à la force de cette fu- ’

blime comparaifon que M. Pérault a ofétourner en ridicule , reprochant à H04mere d’avoir comparé Ajax à un âne. Il

femble que ce ridicule-ait fait impreilionjufqu’ici fur tous les traduâeurs de ce grand

Poëte ; car ils emploient tous une péri-- phrafe pour exprimer le mot me, l’animal

lent 6’ parcfleux , mais patient Cf robujle.C’el’t ôter au pere de la poéfie épique , cette

fimplicité augufie qui le carafiérife. Pafcal

s’éleve , avec bien de la raifort, contreces périphrafes qui dégradent les images,

fi fous prétexte d’ennoblir les mots ;c’el’t ainfi

que dans la bénédiŒôfiÎë’Ià’cobA;’Moyfe

compare Iflizchar à un âne. Iflachar djinnsfortis «cabans in terminas. Genef. chap. 49.Le. fublime hifiorien de la nature, efi lepremier qui ait ofé venger l’ane de ce mé-pris. V oyez ’le rom. 6 de l’I-liflpire Naturelle

de M. de Bufon, pag. 13.

(sa) Ténédos 5 voyez le Chant. premieriL4

[46]a (cc) Prama, montagne de l’ifle d’Icare; l’ÛdîCHANT X1. (aujourd’hui Nicara) , dans cette portion mm

de la mer Ioniennevqui prit fon nom, felon mentila. fable , de la chiite d’Icare 3 elle cil au! W15

jourd’hui inhabitée. Païen

Î . q exerg- (dd) Le grecpo’rte : qu’ilmixa au sa.) hideur m’a-n’a": h [on ï

d’Hy

Il accufi promptement , même celui qui n’efi i qu’il

pas coupable. ’ i d’0:(ce) L’Elîde , ( aujourd’hui partie du Bcl- à.

vider), efi: fituée à l’ouefi: du Péloponefe , piqç

(aujourd’hui la Marée), dont elle faifoit Auëpartie. ’Elle étoit partagée entre les Epe’en: fils.

ou Ele’ens, ( car ces deux noms défignent le .

mêmcpeuple ), 8c les Piliens. v 0

* ou ,(fi) La caufe de cette guerre d’Hetculo lionecontre les Piliens , ei’t l’objet des difputes des

commentateurs. Quelques-uns prétendent que (l-ce héros ravagea le territoire de Pilos , pour la rfe venger de Nélée, qui avoit refufc’ de T6,l’expier du meurtre d’Iphitus , dont il du]cit parlé dans le Chant vingt-uniemc de

.i47il’OdilÏe’e ;inais ces expiations n’étoient pas. 2:2:

connues du tems d’Homere. ’ La peine du CHANT XI.meurtre étoit la vengeance privée, l’exil

ou le rachat de la-peine , en fatisfaifant lesparens du mort. Selorx d’autres, Herculeexerçoit cette vengeance fur Nëlée,parcequ’il ne l’avait pas reçu dans fa ville , à

fan retour de la conquête du bouclierd’Hyppolite ; felon d’autres, enfin , parcequ’il avoit refufé de fecourir les habitansd’Orchomenes contre les The’bains.

â.)-(gg)- Prèmie’te’brigine des Jeux Olym-

piques fundéspar Hercule , lorfqu’il eut tué

Augée , 8c remis le royaume à Philc’e fou

fils. *(M) Eurytlzus 85 thatus, filsd’AGorgou , felon d’autres, de Neptune. 8C de M01

liane, fille de Malus. ’ V

(ii) Tryoccfle; c’ef’t , dit Madame Dacier,’

la même ville qu’Homere appelle ailleursThryon, dans le royaume de Pélos , à unedemi journée de Pilos , fuivant Strabon.

aCHANT XI!

[ 48. i(lek) Mynias , ainfi nommée par les My-

niens , habitans d’Orchomenes , dans laBéotie.

(Il) L’Alplzée, (aujOurd’hui le Rapiie’a: ),

le principal fleuve de l’Elide, dont il a été

. [auvent parlé. -

(mm) Le grec porte :Mal: a?" flpOfl’e’ICMS’I 45:2»; p57» En Anne;

Maisle grand œuvre de Mars leur apparut."

(au) Buprafium , ville de l’Elidn ,’ fur les

confins du royaume de Piles. . -

(00) Le Qgrec porte:45149 Ayant)»;

pas 73’s lien-3s infirmer-ut." .

Mais Achille fin: feul aidé par 1a vertu.

CHAN’E

au(a)

PaM:

dei

1 .

ni

ce

tal.120

P0Tu

in

cl

[49]

LCHANT DOUZIÈME.

(a) LE grec porte :Je!) MU): embrèv-

Et leur riche butin.

(la) Arisbé , ville de la Troade, entrePercotee8c Aèdide. C’étoit une colonie de

Mytilene. Voyez des nous du Chantdeuxieme.

(c) Aînfi les chefs de chacune des bandesn’étoicnt fubordonnés , ni les uns aux autres,

ni à la difcipline générale.

1d) Moyfe, dans nos Livres faims , placecette comparaîfon dans la bouche de Dieumême: Ainfi l’Atmore’en qui habitoit les mon-

tagne: e]? fimi de [à terre,a marché contre’ vous, vous a pourfitivi comme les abeilles

pourfitivenz aux qui veulent s’emparer de [eues

ruches. Itaque egreflù: Amorrlzeu: qui habitaâat

in momifias à. obviant venins perfecucus ([3vos fieu; filent apex perfequi. Deutéronome ,

chap. un v. 44. ïC

CH. X11.

CH. X11.

I 5° ]I’ai préféré, en ce: endrbît, la traduc-

tion littérale du mot Sphéès, dont notre fran- .

çois guefiaes efl dérivé , à celui d’abeilles,

dont fe fervent Madame Dacier à la plu-, par: des autres ,traduûeurs , parce que ce

nom m’a faru trop doux pour la fituatîond’Afius , furieux de la réfifiance qu’il

(prouve.

(e) Le grec porte:

agrafiez! de fer 1131-03 953v 0.: 70217. 051053000.

né." 7:73 mg) rixes 5951m Sawiùàs flip

Méîm.

Il me feroit difficile de raconter toutes enchofes, comme un Dieu ,- car un feu divinepierreux , s’élevait , de tous «me, autour de la

muraille.

(f) La même image f: trouve dans leonzicme Chant de l’Enéide, v. 7;! 8c fuiv. ;mais dans le Poëte latin , ce nuefl qu’unecomparaifon ; dans le Poëte grec , c’ef’c un

préfage qui imprime la terreur dans l’ame

des Troyens;

Il

[ sI 3Uzque. velum alu raptum eum fulva draeonem a:Fert aquila , imflicuirque judas arque unguibus ÇH’ X11;

hœfit ,

Saucius atferpens finuofiz volumina verfizt,Arreéîifque barre: fguamis, à fibêlat 0re. -

Arduus afirgens filin baud minus urget aduncaLuéîantem rofiro, fimul œtlzera .veràerat dis.

(c Ainfi un aîgle qui a enlevé un énorme.

n dragon ,perce la nue , le ferlant dans lèsongles crochues; le ferpent blefTe’ agite

n les anneaux tortueux de fes finus im-rau menfes,fe reploie,fe redrefTe; fes écaillesa: font hErîffc’es; il fait entendre d’affreux

a) fifflcmens. Malgré fes vains efforts , l’aigle

a) le pretTe , le déchire de fou bec crochu ;a: l’air gémit fous les coups redoublés dea» fes aîlesL; il emporteïfai proie d’un vol

D u

a) rapide n).Enéiu’c , dz. n.

(g) Le grec porte :

lin-rap , in; [du «a; par ErmM’n-m àyapïnl

lia-SA): anÇopÉrç’ Ère) 964:: fin «Ut: au" ,

bien! and «4&5 éyepeuélucv , 1:7. En!) un; ,

ou", 115 i: mAÊfegv , a?» a?) apéro; pif" âz’an.

Cij

wrr fig IV-vr

[si]k Hefioi , tu me reprens, toujours dans mes ,

CH- X11. et harangues ,lorfque je donne defirges ennfeils;

a: car il ne me convient pas ; non, il ne me:o convient pas , lorfque le peuple efi afl’emblé,

a: de cacherla vérité, ni dans le confiil , ni à

a la guerre , ê d’accroître tavpuiflance a).

(h) Le grec porte : ** ’T5557! à Jumeau; TOIÂEFOV’JQL; Êzïarïret;

En; vip 13 llano: lys replxrttvaïpeâu vaine;Navet! in. Apyet’aw, ni 01’ a; flioçÇe’ç’ oiselier-Self

05 qui; ru mendiiez pensâmes , wifis pankas.Il 4:: à Jolie-rîtes «urgea; , 55 10’ albane

Hawaïenne; 254m" àroærpixlgm relègue,

A6143! âne! (sa; à») ramis à? 9ere)" élira-sis.

Pourquoi crains-tu la guerre 8’ le carnage 2

Quand nous ferions tous tue’s, dans les vaif-[eaux des Grecs ,tu n’as pas à craindre d’y

périr ; car ton cœur, efl lâche , tu ne jais com-

latere ,- mais fi tu t’alzfliens du combat, ou que

tu détournes un autre de la guerre, par tes dif-cours ,frappe’ de mon javelot , tu perdras la.vie à l’inflant.

(i) Je me filais, avec Madame Dacier, à

313W

prum

ou le

une Ilcontre

le Di

Sion

rugie

fuam

a v0

earu;

citun

filet

par

map01

bîn

ci

[531- --rapprocher les images qu’Homere a em- :52:prunté de nos Livres faims : Comme le lion. CH- mou leiIionceau , rugiflènt fier leur proie , malgré

une iroupe nombreufe de pajieurs qui marchentcontre lui ,- leur nombre ne l’efraie point ; ainfi

le Dieu des armées paroitrafier la montagne de

Sion pour combattre I’Egyptien. Quomodo fi

rugiat leo vel catulus leonis, fitper prœdam-fuam, 60 cun: occurrerit ai multitude pafioruma voce earum non formidabit à amultitudineeorum non pavebit ; fic defiendet dominus exer-cituum e]? prœliaôitur [laper- montem Sion 5’

filpel’ collent ejus. Ifaïe , chap. gr , v. 4..

(la) Dans les. rem: les plus reculés, le:peuples rectifieroient aux Dieux des do-mairies pris fur le public. Dans les ramspofiérîeurs , ils Miel: mêmemanier: les héros 8c les rois qui avoientbien mérité de la patricgc’efi la plus an-

cienne origine de ce que nous nommons leDomaine du Souverain.

(l) Le grec porte : . .To; 7è, 4a) wcàr 15-),on in» intuitif; mâture:-

Car dlja ils approchoient de la tour, appor-tant le malheur.

c -wfiv- ..

l sa la. (m) Le grec porte :CH. X11. Bi clé a?! la.) x63: rives age; "in: lippu.

Si un grand travail 6’ un comite: s’efl au];

élevé pour eux.

Aubin 37è miel site! . agi ûvri’w archipel!

AN": a): blaireau»: «une, brin si; 1-075 immuns.

Je vais la , m’appeler à ce carnage , à Il?

viens ici, quand je les aurai fecouru.

( n) Le grec porte:Tzigane bris lire; , enrayouimcifl’ in!" ;

Marchant en dedans du mur,ils’ arrivent à

ceux qui [ont vivement prefe’s.

(a) Le grec porte:Banal d’ên’eëevre remit xge’a "Mû pâmai,

filoit! 57-; 57243511 luetMgmz yufaaâee’q

Meepmpcinw , mm) cf: &dflilèf 02075905 unifie.-

Un plus grand nombre de combattansfbntbleflr’s par le dur airain, tant dans la poitrine

que dans le dos nud, en je retournant, un plus

grand nombre dans le bouclier. i

l 55 l

(p) Le grec porte: :5CH. XII.si» iir ne un 29min; inflexion: .

Nie-ç: 9m. , c o

Aucun , allant à fa rencontre, ne formeroit,

hors les Dieux.

De l’Imprimetie de VALADE , rue des Noyers.

I].