nathalie somers les eaux troubles de venise · les eaux troubles de venise 10 comme deborah… et...
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les eaux troubles de Venise
nathalie somers
Illustration de couverture : Ericka Lugo
Direction : Guillaume ArnaudDirection éditoriale : Sarah MalherbeÉdition : Raphaële Glaux, assistée d’Anne CastaingDirection artistique : Élisabeth HebertFabrication : Thierry Dubus, Nicolas LegollComposition et mise en page : Text’Oh !
© Fleurus, Paris, 2015Site : www.fleuruseditions.comISBN : 978-2-2151-3021-5Code MDS : 652 374
Tous droits réservés pour tous pays.« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »
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Du même auteur dans la collection Le Roman des filles :
Confidences, SMS et prince charmant !Amour, avalanches et trahisons !Amitié, Shakespeare et jalousie !
Grandes vacances, peines de cœur et irish love !Soupçons, scandales et embrasse-moi !
Fous rires, je t’aime et vive la vie !
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Pour Hélène, à qui l’aventure ne fait pas peur.
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Prologue
L’orage annoncé par la tour de contrôle de Boston s’était peu
à peu transformé en une véritable tempête. Seule aux commandes
de son Piper Saratoga, Louisiana Prince sentit l’inquiétude la
gagner. Fébrile, elle vérifia les cadrans et les lumières du tableau
de bord et tenta d’établir le contact radio avec l’aérodrome de
Martha’s vineyard. Seuls des grésillements lui répondirent. La
conviction d’avoir pris une mauvaise décision en choisissant de
décoller malgré une météo incertaine l’assaillit. Si elle avait
patienté jusqu’au lendemain, son instructeur l’aurait accompa-
gnée et elle ne serait pas en ce moment même en train de se
diriger vers une masse de nuages plus sombres que la nuit. Mais
ce délai aurait impliqué que Deborah l’attende une soirée de
plus. Or, elle lui avait promis : « Je serai là ce soir. »
Elle envisagea quelques secondes de faire demi-tour, mais le
vent violent l’en dissuada.
Soudain, l’habitacle fut plongé dans l’obscurité. Ses craintes
d’enfant ressurgirent. Petite, elle avait tellement peur du noir !
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Comme Deborah… Et comme Deborah, elle reprenait
confiance quand elle venait se pelotonner contre sa mère.
Elle tira le manche, les yeux rivés sur l’altimètre. Surtout, ne
pas perdre d’altitude.
Brusquement, une lueur foudroyante déchira l’horizon et une
détonation explosa à ses oreilles. Son cœur s’emballa. Il n’était
plus question d’un orage automnal inoffensif.
Il allait falloir affronter la colère des dieux.
Après ce coup de tonnerre, tout s’emballa. Le ciel se zébra
d’éclairs aveuglants et le vacarme devint assourdissant. La jeune
femme prit conscience de sa condition de mortelle, mais elle
n’en resta pas moins décidée à se battre. Contre les éléments
déchaînés. Contre la peur qui s’emparait d’elle.
L’image d’un Zeus terrifiant, lançant ses javelots de lumière,
lui traversa l’esprit alors qu’un nouvel éclair illuminait le ciel
noir. Une explosion secoua l’appareil et la jeune femme, éblouie,
ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, l’éclairage de l’habitacle
ne fonctionnait plus. Affolée, elle frappa le tableau de bord. Les
lumières revinrent… juste assez longtemps pour lui permettre
de constater que les aiguilles des cadrans étaient toutes bloquées
à zéro. Elle frappa de nouveau. Encore et encore.
Il lui fallut un certain temps pour admettre que c’était inutile.
Elle tira à nouveau le manche. L’appareil ne réagit pas.
Elle hurla son désespoir, mais il n’y avait personne pour l’en-
tendre.
Alors, un grand calme l’envahit.
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Prologue
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Comme le vrombissement du moteur augmentait jusqu’à lui
vriller les tympans, elle appuya la tête contre le dossier. La masse
de sa chevelure blonde remontée sur la nuque lui faisait un
coussin. Les souvenirs surgirent. Edgar aimait tant y passer les
doigts pour la faire retomber, mèche après mèche, en une
cascade d’or fin. « Tout l’or que je désire », lui soufflait-il à
l’oreille dans ces moments-là avant de l’embrasser.
D’une main, elle repoussa sa frange qui s’était collée contre
son front en sueur.
Étranges, les choses qui vous passent par la tête quand vous
vous apprêtez à mourir… Tout le monde disait que l’on voyait
sa vie défiler sous ses yeux. Ce n’était pas son cas. Elle, elle voyait
Edgar, son amour, si fort et si fragile. Et puis Deborah, sa petite
fille chérie qui l’attendait dans leur somptueuse maison de
vacances sur Martha’s Vineyard. Deborah qui était privée de sa
maman depuis dix jours parce que cette dernière avait dû assister
à des cérémonies officielles. Des cérémonies organisées dans le
but de sauver quelques vieilles pierres que son époux chérissait,
auxquelles il consacrait toute son énergie ou presque. De vieilles
pierres, héritage pour l’humanité.
Comme tout était compliqué ! La vie n’était jamais telle qu’on
le croyait lorsque l’on était jeune. Il fallait être guidé, soutenu,
entouré pour s’y retrouver. C’était son rôle de tenir la main de
Deborah sur cette route, certes tortueuse, mais qui recelait tant
de trésors. Pourtant sa petite chérie allait devoir continuer seule
son chemin. Dire qu’elle était si fragile !
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La jeune femme roula la tête de droite à gauche, comme pour
se rebeller contre l’inéluctable.
Non ! Deborah n’était pas fragile. Elle aussi était forte. Peut-
être même plus que son père. Edgar avait tant de mal à aimer. Il
n’avait jamais vraiment su comment s’y prendre avec sa fille. Il
l’avait toujours tenue à distance, comme s’il avait peur de confier
une partie de son cœur à un être si vulnérable. La jeune femme
en avait souffert mais l’expérience lui avait appris la patience. Si
elle-même avait réussi à fissurer la carapace de son époux, elle se
disait qu’avec du temps et son soutien, Deborah y parviendrait
à son tour.
Alors que son appareil en perdition était le jouet des vents
violents, la jeune femme songea qu’elle disposait encore de
quelques instants de vie. Des instants uniques, précieux. Ses
derniers instants. Elle ne devait pas les gaspiller. Leur donner
une signification. Pour Edgar, pour Deborah.
Oui bien sûr, mais comment ?
La radio grésilla à son oreille et, soudain, une pensée illumina
son esprit. Une grande paix l’envahit.
Elle savait.
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Vertige
La paroi rocheuse qui s’élevait devant Deborah était impres-
sionnante. Elle était au moins de niveau « classe 5 » sur l’échelle
YDS1 qui, si sa mémoire était bonne (et elle l’était à coup sûr !),
comptait… cinq classes.
Depuis le pied de la falaise, la jeune fille avait scruté chaque
faille, chaque prise, tandis que ses coéquipières s’escrimaient à
l’escalader aussi vite que possible. Quelques mètres plus loin,
l’équipe concurrente défiait une paroi tout aussi difficile.
La règle du jeu était simple : la course serait remportée par les
cinq filles qui seraient rassemblées les premières au sommet. La
seule contrainte : attendre que chaque relayeuse ait fini son
parcours et planté son petit drapeau sur la butte, avant de
s’élancer à son tour à l’assaut de la montagne.
1. Yosemite Decimal System : système de cotation de randonnée et d’escalade utilisé aux États-Unis.
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– Vas-y, Deborah ! hurla Maddy qui venait de planter son
fanion après une escalade laborieuse, l’honneur des Zheta Psi
Zheta dépend de toi !
« C’est ça ! pensa la jeune fille brune, surtout, ne me mets pas
la pression ! »
Cependant, elle ne prit pas le temps de s’apitoyer sur son sort.
Les minutes défilaient très vite, trop vite, et, sur le mur d’en
face, la dernière relayeuse de l’équipe des Gamma Mu défiait
déjà la pesanteur à une dizaine de mètres de hauteur.
Deborah n’avait pas attendu le signal de Maddy pour se
préparer. Elle avait bondi dès que le fanion de tissu bleu nuit
arborant les lettres ΖΨΖ s’était dressé au vent : l’honneur de sa
sororité était en jeu. Depuis trois ans en effet, les Zheta Psi
Zheta se faisaient battre à plate couture par les Gamma Mu lors
des épreuves d’escalade. Et celles-ci, lorsqu’on était élève d’une
pension en Suisse, revêtaient une grande importance. On ne
vivait pas entouré de montagnes vertigineuses sans penser qu’on
se forgerait le caractère en voulant en conquérir les sommets.
Conquérir les sommets… N’était-ce pas exactement le défi qui
attendait toutes les jeunes filles de très bonne famille faisant
leurs études à l’International Adler Institut ? Et quel meilleur
moyen que la pratique impitoyable de l’escalade pour leur
apprendre les règles féroces qui régiraient leur vie future ?
Un pas de côté, un instant d’inattention, une préparation
insuffisante, et c’était la chute.
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Et, si elle n’était pas mortelle, elle n’en restait pas moins
douloureuse.
Deborah accrocha le dispositif de sécurité à la boucle de son
baudrier, tira sur la corde pour vérifier qu’elle se tendait et se
lança à l’assaut de la paroi.
Les premières prises étaient évidentes. Les filles qui l’avaient
précédée n’avaient guère eu de mal à les trouver. La situation se
compliquait quand on atteignait dix mètres de hauteur. Le
rocher s’avançait alors au-dessus du vide pour former un dévers.
Deborah savait qu’il ne fallait pas se laisser impressionner. La
tête était aussi importante que les jambes. Surtout ne pas penser
qu’elle allait devoir se retrouver le dos parallèle au sol avec un
immense vide sous elle, ni aux tout petits mousquetons
qui devraient retenir le poids de son corps si elle glissait. Et,
surtout, ne pas penser aux lois de la physique. L’énergie poten-
tielle, l’énergie cinétique, la gravité… Tout ça n’existait plus.
Exit Newton et sa pomme ! Si elle devait lâcher prise, elle
s’envolerait !
Tout en se conditionnant avec ce genre de pensées, la jeune
fille tentait de repérer la moindre aspérité qui lui permettrait de
progresser. Les cris d’encouragement de ses coéquipières lui
parvenaient comme à travers le brouillard. Le sort des ΖΨΖ
dépendait d’elle… mais ses doigts crispés sur la roche commen-
çaient à devenir douloureux et elle sentait ses muscles se téta-
niser. Comme souvent lorsque la peur et l’inquiétude
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l’envahissaient, la chanson que lui fredonnait sa mère le soir
pour la rassurer lui revint en mémoire.
« Je sais si bien ce qui te semble lourd, qui te fait mal, te
trouble chaque jour… »
Ces paroles avaient le don de l’apaiser.
« … Je connais tes besoins, ta peur du lendemain. Mais aie
confiance, le soleil se lèvera demain. »
Deborah se détendit. Pas question d’échouer. Surtout
aujourd’hui ! Elle jeta un coup d’œil à sa concurrente. Elle aussi
était arrivée au surplomb placé sur son parcours. Et, tout comme
Deborah, elle était bloquée. Elle hurlait à ses coéquipières de lui
donner des conseils et Deborah devina que la course se jouait
maintenant.
Deborah tenta de s’accrocher à la roche, sans parvenir à
trouver une prise satisfaisante. Elle maudit silencieusement sa
petite taille qui l’empêchait d’atteindre l’extrémité du dévers. Il
allait falloir compenser avec ses cellules grises… et sa grande
souplesse, durement acquise au cours d’interminables entraîne-
ments de gymnastique.
Elle ferma les yeux, souffla doucement et s’isola du reste du
monde.
« … Aie confiance, le soleil se lèvera demain. »
Si on ne peut pas franchir l’obstacle, il faut le contourner.
La jeune fille tendit le bras sur le côté pour se décaler d’un
mètre vers la droite. Elle réitéra l’opération jusqu’à atteindre
l’extrémité de la paroi. De ce côté-là, le surplomb semblait plus
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abordable. Après quelques instants de tâtonnements, elle sentit
une faille dans la roche mais son espoir disparut aussi vite qu’il
était né : trop étroite, elle ne suffirait pas à lui assurer une bonne
prise… Deborah, du coin de l’œil, constata que son adversaire
avait trouvé une solution et commençait lentement à passer le
dévers… La jeune fille comprit que toute son astuce ne suffirait
pas. Il faudrait donc aussi faire preuve de courage. Elle jeta un
regard au vide qui s’étirait sous elle et son cœur s’emballa. Mais
elle n’avait pas le choix : un Prince ne rendait jamais les armes.
D’une main, elle testa à nouveau la corde qui l’assurait. La
tension était bonne. Elle plaça ses pieds contre la paroi, plia les
genoux en biais et poussa de toutes ses forces. Pendant quelques
centièmes de secondes, elle flotta dans l’air. Des cris lui parvin-
rent mais la douleur de ses doigts entrant en contact avec la
partie supérieure du surplomb rocheux détourna son attention.
Elle se retrouva suspendue dans le vide, les épaules douloureuses
d’avoir encaissé un tel choc et le ventre lourd de peur. Son corps
bien entraîné prit heureusement le relais. Profitant du mouve-
ment de balancier qu’il possédait encore à la suite du saut, il
opéra un rétablissement spectaculaire. Quelques secondes plus
tard, Deborah se tenait debout sur le toit de pierre, prête à
terminer son parcours.
Lorsqu’elle planta son fanion bleu dans le socle prévu à cet
effet, la clameur de la victoire s’éleva dans le camp des Zheta
Psi Zheta. Immédiatement, elle se retrouva serrée par cinq paires
de bras.
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– Trop forte, princesse ! la félicita Barbara, une grande fille
brune.
– T’es la meilleure, ma belle ! s’enthousiasma Maddy, une
petite rousse aux courbes généreuses.
– Quelle superbe façon de célébrer son anniversaire, ma chère
Deborah ! déclara Hortense avec son charmant accent français.
Tu as mouché les filles de Gamma Mu avec talent !
– Du grand art, s’enflamma Arianna, une flamboyante
Grecque aux yeux de braise. Grâce à toi, l’honneur des Zheta
Psi Zheta brille désormais au firmament des vainqueurs !
– Ce n’était rien, mesdemoiselles, assura Deborah en essayant
de se libérer, et si vous vouliez bien arrêter de me serrer si fort,
j’apprécierais énormément. Vous me décoiffez…
Mais ses coéquipières n’acceptèrent de s’écarter que lorsque
l’entraîneur responsable du groupe le leur ordonna.
– Vous êtes folle, Miss Prince ! s’emporta-t-il, on ne prend
jamais de tels risques en escalade ! C’est contraire à toutes les
règles de sécurité. Vous mériteriez d’être sanctionnée !
Mais ces menaces laissèrent Deborah de marbre. Elle avait
gagné. Les Zheta Psi Zheta avaient gagné. Et une Prince, une
fois de plus, avait honoré son nom. Voilà tout ce qui comptait.
Une seule chose l’ennuyait : avec toutes ces égratignures aux
mains, sa manucure était fichue.
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Edgar Prince consulta son smartphone pour la dixième fois en
trois minutes. Deborah était en retard. Cette attente était insup-
portable. À quoi bon confier sa fille à un pensionnat suisse si les
professeurs n’étaient pas capables eux-mêmes d’être ponctuels ?
Vraiment, on ne pouvait plus faire confiance à personne, tout
partait à vau-l’eau.
Debout près de l’immense baie vitrée du bureau de
Mme Wechter, la directrice de l’établissement, l’homme, âgé
d’une cinquantaine d’années, contemplait les sommets enneigés
qui dominaient la vallée. Non content de bénéficier d’un empla-
cement exceptionnel, l’International Adler Institut offrait de
plus aux demoiselles qui franchissaient ses portes la garantie
d’une éducation absolument parfaite. Au programme scolaire
classique s’ajoutaient l’enseignement de toutes les règles de
savoir-vivre indispensables pour évoluer dans la haute société,
ainsi que l’apprentissage de nombreuses langues étrangères (les
étudiantes se devant d’en maîtriser cinq) et, pour celles qui le
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désiraient, la pratique intensive de différents sports. En résumé,
les journées y étaient longues et les vacances brèves.
– M. Prince, je me répète, mais vous auriez dû nous prévenir
plus tôt.
Mme Wechter dégageait une autorité certaine. Malgré ses
cheveux blancs coiffés en un chignon sévère et ses sourcils
froncés qui creusaient quelques rides sur son front, elle avait
une allure jeune et dynamique.
Indifférent à la pointe de reproche contenue dans cette
remarque, Edgar Prince ne répondit pas.
– Cela va être un choc pour Deborah, insista Mme Wechter,
votre fille est chez nous depuis huit ans.
Sans se retourner, l’homme répliqua :
– Elle ne sera pas obligée de partir.
– Mais si elle part…
– Je paierai bien entendu les frais de scolarité de l’année
complète.
– Je ne parle pas de cela, coupa Mme Wechter avec impatience.
Je voudrais que vous compreniez qu’en reprenant Deborah cette
année, nous avons privé une autre jeune fille de la chance de
bénéficier de notre enseignement pour toute une année scolaire.
La liste d’attente pour pouvoir intégrer notre établissement est
très longue.
Le père de Deborah réprima un geste agacé. Il avait horreur de
devoir se justifier. Surtout à ce sujet. Son éducation le poussa
cependant à donner un semblant d’explication.
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– Cette décision n’a pu être prise qu’à la dernière minute.
La directrice eut une moue dubitative. C’était le jour anniver-
saire des 16 ans de sa pensionnaire. Elle était bien trop fine pour
imaginer que cela puisse être un hasard.
Pourtant, Edgar Prince ne mentait pas. Jusqu’à la dernière
minute il avait essayé de trouver des échappatoires. Jusqu’à la
dernière minute il avait espéré trouver une solution honorable.
Comprenant qu’elle n’obtiendrait guère plus de cet homme,
Mme Wechter se leva de son fauteuil en cuir et se dirigea vers
la sortie.
– Je vous prie de m’excuser, j’ai quelques questions à régler
avant son départ.
En réalité, la présence glaciale d’Edgar Prince lui pesait et elle
compatissait déjà avec Deborah. Car, même si elle ne le montrait
guère, la directrice éprouvait souvent de l’affection pour les
jeunes personnes confiées à sa garde. Surtout quand elles
passaient une grande partie de leurs vacances entre les murs de
l’Institut, comme cela avait été le cas pour Deborah.
À peine eut-elle fermé la porte derrière elle qu’Edgar Prince
laissa échapper un discret soupir de soulagement. À lui aussi ce
tête-à-tête avait pesé.
Il sortit à nouveau son smartphone de la poche de sa veste
italienne taillée sur mesure et contempla l’écran. Cette fois, ce
n’était plus l’heure qui l’intéressait. Il resta un instant immobile
puis, presque contre son gré, cliqua sur une icône. Un message
enregistré apparut. Il suffisait d’une légère pression de l’index
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pour qu’il soit lancé. Par réflexe, Edgar Prince vérifia rapide-
ment qu’il était bien seul. Rassuré, il revint poser son regard sur
l’écran tactile. Ce message, il le connaissait par cœur. Le redou-
tait autant qu’il l’aimait. En souffrait et s’en réjouissait. Tel un
toxicomane accro à sa drogue.
Tout bas, il murmura :
– Louisiana, pourquoi m’as-tu fait ça ?
Mais, depuis huit ans qu’il posait cette question, il savait très
bien qu’il n’obtiendrait pas de réponse. Il avait été fou d’écouter
ces dernières phrases !
Quand la police lui avait annoncé qu’ils avaient retrouvé la
boîte noire de l’avion, il avait tout d’abord refusé d’entendre ce
qui y avait été enregistré. Mais les agents avaient insisté,
expliquant qu’elle contenait un message personnel. Alors, il
avait cédé.
Comme il s’apprêtait à céder à nouveau.
À contrecœur, et pourtant déjà impatient d’entendre cette
voix tant aimée, il effleura l’écran.
– Je vous demande pardon ? Vous avez bien dit que mon père
m’attend dans votre bureau ?
Mme Wechter opina légèrement de la tête pour confirmer.
– Mais… je… il s’est passé quelque chose de grave ?
Ennuyée de voir l’effet perturbateur de cette visite sur son
élève, la directrice, qui avait décidé de l’accueillir à son retour
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de l’escalade, voulut la rassurer bien qu’elle n’ait aucune
information réelle.
– Tout va bien, mais le mieux serait que vous me suiviez
immédiatement afin d’en discuter avec lui.
La jeune fille écarta les bras et pencha la tête d’un air mortifié.
– Dans cette tenue ? Madame, je ne suis pas présentable !
– Vous êtes parfaite, Deborah, comme toujours. Vous êtes
d’ailleurs bien la seule de mes pensionnaires à rentrer d’une
sortie d’escalade en ayant une telle allure. Je pense que le motif
de la visite de votre père est assez important pour que votre
tenue vestimentaire passe pour une fois au second plan.
La jeune fille se tut. On ne répliquait pas à la directrice de
l’institut Adler.
– Oui, madame, murmura-t-elle.
Sous son apparence lisse, Deborah se débattait avec des senti-
ments violents. Elle était loin d’être d’accord. Ni sur le fait
qu’elle soit parfaite, ni sur le fait que la tenue qu’elle arborerait
devant son père soit sans importance. Au contraire, c’était un
point capital. Les rares moments qu’ils avaient partagés lui
avaient au moins appris ça !
Sans laisser transparaître le moindre signe de ce conflit inté-
rieur, elle emboîta le pas à Mme Wechter. Une nouvelle pensée
ne tarda pas à supplanter les précédentes : pourquoi son père
était-il venu la voir aujourd’hui ? Certes, c’était le jour de son
anniversaire, mais il avait brillé par son absence lors des sept
derniers, cela ne lui semblait donc pas constituer une raison
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suffisante. Une carte élégante, envoyée par une assistante zélée,
aurait très bien fait l’affaire. La jeune fille avait beau chercher,
aucune hypothèse ne lui semblait susceptible de justifier le
déplacement d’Edgar Prince.
C’est donc plongée dans la perplexité et l’appréhension que
Deborah franchit le seuil du bureau de la directrice.
Un regard de son père la détaillant des pieds à la tête suffit à
lui confirmer que ses craintes étaient fondées. Assurément, il
venait de juger sa tenue inconvenante. Il n’en dit cependant pas
mot.
– Voici votre fille, M. Prince, dit Mme Wechter en s’effaçant
pour laisser entrer sa pensionnaire. Je pense que le mieux est que
je vous laisse seuls.
Se tournant vers Deborah, elle précisa :
– Je serai au bureau de l’intendance. Lorsque vous aurez pris
votre décision, venez m’en informer.
Avant que la jeune fille, interloquée, n’ait pu lui poser la
moindre question, la directrice s’était esquivée dans le couloir
après avoir refermé la porte. Deborah n’eut donc d’autre choix
que de se tourner vers son père et d’attendre qu’il veuille bien
l’informer de ses projets. Ne sachant que dire, elle choisit la
facilité :
– Bonjour, père.
M. Prince, la main crispée sur son smartphone, fit un effort
visible pour sourire et déclara :
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– Bonjour, Deborah. Assieds-toi. Nous avons à parler.
Anxieuse, la jeune fille obéit sans se faire prier.
Son père resta debout et, après s’être éclairci la voix, reprit la
parole.
– J’imagine que tu dois te poser une multitude de questions.
De mon côté, le temps m’étant précieux, j’irai droit au but :
désires-tu quitter le pensionnat et me suivre au cours des
missions que je mène pour l’Unesco ?
Le ciel et toutes ses étoiles lui seraient tombés sur la tête,
Deborah n’aurait pas été plus abasourdie. Il lui fallut de longues
secondes et un regard de remontrance de son père pour se rendre
compte qu’elle était restée bouche bée.
– Vous… vous suivre ? balbutia-t-elle. Avec vous ?
– Oui, forcément, s’agaça M. Prince, si tu me suis, tu seras
avec moi.
Le teint clair de Deborah prit la couleur des pivoines en
plein été.
– Mais… et mes études ?
En s’entendant prononcer ces paroles, Deborah se traita
d’idiote. Elle débitait stupidité sur stupidité ! Qu’importaient
les études ? Pour une fois que son père lui manifestait une once
d’intérêt, ce n’était pas le moment de le décourager !
Indifférent au malaise de sa fille, M. Prince poursuivit.
– Si tu choisis de me suivre, tu feras tes études par correspon-
dance. Rien d’extraordinaire à cela. Quand on est un Prince, on
est capable d’étudier quel que soit le contexte… Mais que les
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choses soient claires : tu n’es absolument pas obligée de venir
avec moi. Tu es libre de rester à l’institut Adler et de poursuivre
ta scolarité avec tes professeurs. Si c’est ce que tu désires, je le
comprendrai et ne m’en offusquerai nullement.
Le cerveau de Deborah se remit soudain à fonctionner. Elle
aimait la pension qui l’avait vue grandir ces huit dernières
années. Le personnel y était exigeant mais bienveillant, l’ensei-
gnement stimulant et poussé. En plus, depuis qu’elle avait eu le
droit d’intégrer une sororité cette année, elle avait découvert le
plaisir de faire partie d’un groupe soudé et solidaire. Intégrer la
maison des Zheta Psi Zheta, c’était un peu s’offrir une famille.
À défaut de parents, elle avait désormais des sœurs, ce qui pour
une fille unique et orpheline de mère n’était déjà pas si mal.
Pourtant, elle ne considéra pas une seconde l’option de rester
dans ce cocon. Aussi incroyable que cela puisse paraître, son
père s’était déplacé pour lui offrir de l’emmener. Elle ne laisse-
rait pas passer cette chance. Car elle n’imaginait pas qu’elle se
représente un jour.
– Je viens ! trancha-t-elle en se redressant.
Edgar Prince la considéra de ses yeux bleu acier.
– Tu en es sûre ?
– J’en suis sûre. Bien que je doute que la pareille soit vraie de
votre côté, ajouta-t-elle sans pouvoir retenir une pointe de défi
dans la voix.
L’homme mince qui se tenait devant elle se raidit. Elle l’ob-
serva à son tour. Son père avait cette classe héréditaire que des
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générations d’enfants élevés à la baguette transmettaient natu-
rellement à leurs descendants. Ses tempes, désormais
grisonnantes, renforçaient encore la distinction qu’elle lui avait
toujours connue. Elle se demanda s’il était toujours aussi froid
quand il s’adressait aux gens. Ou bien ce traitement glacial lui
était-il réservé ?
Comme il n’avait pas réagi à sa remarque, Deborah demanda
simplement :
– Pourquoi ?
Cette fois, il la fixa droit dans les yeux et se décida à lui
répondre. Comme s’il s’agissait d’une évidence, il articula :
– Parce que tu as 16 ans.
« Et parce que ta mère me l’a demandé quelques secondes
avant de mourir », ajouta-t-il en pensée.
Comme il en voulait à sa femme tant adorée de lui avoir
imposé un tel destin ! Si elle avait su…
Il pivota soudain vers la baie vitrée et, alors que Deborah
contemplait son dos, il intima :
– Va faire tes bagages, nous prenons l’avion à Genève.
– L’avion ? Déjà ? Mais pour aller où ?
– En Italie. Ce soir, nous dormirons à Venise.
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Venise, j'adôôôre !
– Non, c’est pas vrai, il t’emmène à Venise ?
– Puisque je viens de te le dire, répondit Deborah avec calme,
en empilant méthodiquement le contenu de son armoire dans
l’une de ses cinq valises en cuir verni bleu roi, frappées des
initiales DB entrelacées. Son père lui ayant précisé de n’em-
porter que le strict nécessaire (une notion très floue pour une
pensionnaire de l’International Adler Institut) et que le reste des
bagages suivrait bientôt, Deborah se concentrait pour essayer de
ne rien oublier. Ce qui n’était pas aisé au vu de l’ambiance
survoltée qui régnait dans la chambre.
– J’y crois pas, soupira Maddy en s’étalant de tout son long
sur le lit de sa compagne de chambrée. Venise, j’adôôôre !
– Tu vas voir, ils ont des boutiques superbes ! lança Barbara.
On y était l’an passé, et ma mère et moi avons craqué pour
les robes à la Fortuny. En soie plissée dans des coloris uniques !
Des merveilles ma chérie, des pures merveilles, crois-moi !
– Venise, c’est une si belle ville ! dit rêveusement Arianna.
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Venise, j'adôôôre !
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– C’est surtout la ville des amoureux… soupira à nouveau
Maddy en roulant sur le ventre.
– Désolée de te contredire, ma chère, corrigea Hortense d’une
voix pincée. La ville des amoureux, c’est Paris, tout le monde
sait ça !
– Ah oui, Parissssss ! déclama Maddy en adoptant un épou-
vantable accent allemand, zehr shöne Parissss ! Le centre du
monde et de TOUT pour vous, die Franzosen !
– Je te prie de bien vouloir m’excuser, répliqua la jeune Fran-
çaise piquée au vif, ce n’est tout de même pas moi qui l’ai
inventé ! Va donc demander aux jeunes mariés japonais qui
viennent s’y faire prendre en photo ce qu’ils en pensent !
Maddy se rassit et étira de ses deux index le coin extérieur de
ses yeux pour ânonner avec un accent qui se voulait asiatique :
– Très zoli Paris, très romantiiiique ! Sayonara Tokyo !
Pendant que les trois autres filles se tordaient de rire, Hortense
ferma les yeux et inspira profondément.
– Tu sais que tu es insupportable quand tu t’y mets ?
Maddy afficha une mine penaude qui aurait attendri le
plus dur des cœurs. Un léger sourire passa sur les lèvres de la
Française qui s’écria :
– De toute façon, tu n’es absolument pas crédible en Tonki-
noise avec tes boucles rousses, tes yeux verts et tes joues…
Embarrassée, elle s’interrompit.
– Et mes joues rebondies ?
– Non ! Je ne voulais pas dire cela !
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– Menteuse ! Je suis sûre que c’est exactement ce que tu voulais
dire, rétorqua Maddy en riant. Je le sais rien qu’à ta façon de
froncer ton petit nez aristocratique ! Oui, je te comprends, ça ne
se dit pas ! Avec la dose de bonnes manières qu’on nous injecte
ici chaque jour, je comprends que tu sois coincée ! Mais faut
pas, tu sais, parce que moi, mes joues, je les trouve très bien !
– Je ne suis pas coincée ! s’offusqua Hortense.
Deborah fit une pause pour observer Maddy.
– Je crois que tu es vraiment un cas à part. On devrait t’ap-
peler le caméléon ! Tu est parfaite en présence des professeurs et
intenable dès qu’ils tournent le dos !
– Fastoche, répondit la jolie petite rousse, dans le premier cas,
je joue mon numéro, dans le second, je suis « moi » ! C’est
comme si tu faisais du théâtre… C’est drôle, tu sais, tu devrais
essayer au lieu de vouloir toujours tout contrôler !
Ce fut au tour de Deborah d’être offusquée. Maddy, avec son
franc-parler, semait souvent le trouble autour d’elle. Mais elle
était par ailleurs si attachante et si généreuse que l’on ne parve-
nait pas à lui en vouloir longtemps.
– Je ne cherche pas à tout contrôler, se défendit Deborah.
Je prévois au mieux et je fais de mon mieux, c’est très différent !
– Bien reçu, mon capitaine ! répondit Maddy en se mettant
au garde-à-vous.
Barbara finit par la bâillonner de la main en disant :
– Tu vas arrêter cinq minutes ? Deborah part ce soir ! Tu pour-
rais être gentille avec elle ! Alors, tu promets ?
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Venise, j'adôôôre !
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Maddy utilisa à nouveau son regard de chien battu pour
retrouver sa liberté de parole.
– Promis, je serai gentille ! déclara-t-elle dès qu’elle put à
nouveau parler.
Puis elle ajouta tout bas :
– Je ne comprends pas pourquoi on me demande de promettre
un truc pareil… Je suis toujours gentille, moi !
Le regard menaçant de Barbara, qui mesurait une tête de plus
qu’elle et qui, ce n’était pas négligeable, était ceinture noire de
judo, réussit l’exploit de la faire taire.
– Maddy a quand même raison : Venise, c’est la ville des
amoureux… déclara Arianna d’un air rêveur.
Deborah se saisit d’une valise de taille légèrement inférieure à
la précédente et l’ouvrit tout en disant :
– Ville des amoureux ou pas, ça n’a pas vraiment d’impor-
tance. Je vous rappelle que j’y vais avec mon père.
– Mais, une fois sur place, vous ne serez pas seuls ! insista la
jeune Grecque, là-bas tout est possible !
Maddy laissa échapper un petit rire.
– Arianna, on sait que tu rêves de ton Kostas chéri toutes les
nuits et que tu adorerais partir à Venise avec lui, mais tu sais
bien qu’il n’en va pas de même pour Deborah. Pour elle,
« amour » rime avec « détour ». Grand et large si possible,
taille XXL. Le détour, hein, pas l’amour ! Ce que je veux dire,
c’est qu’elle est prête à faire beaucoup de détours pour ne pas le
rencontrer et cette fois je parle de l’amour, of course !
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Le silence qui suivit son petit discours lui fit déclarer :
– Oups ! Je ne devais pas parler. Surtout pour dire ce genre de
trucs. Message capté cinq sur cinq ! Mea culpa ! Mea maxima
culpa ! Je me tais. Je suis une tombe. Une carpe sans langue
placée sous cloche acoustique. La prochaine…
– Un mot de plus… l’interrompit Barbara, sur un ton
menaçant.
Maddy croisa ses doigts sur sa bouche et battit des cils.
– Laisse, Barbara. Ça ne me dérange pas, intervint Deborah
tout en continuant de vider ses étagères. Elle ne dit que la vérité
après tout. En ce qui me concerne, l’amour ne présente aucun
intérêt. Les gens amoureux se comportent de manière illogique
et égoïste. Ils se croient seuls au monde et ne pensent qu’à un
individu parmi les milliards que compte la planète… Sauf toi,
bien sûr, Arianna. Tu es bien l’une des rares que je connaisse à
ne pas réagir ainsi !
– Merci pour nous, laissa tomber Hortense, nous aussi on est
amoureuses… Ou du moins on l’a été par moments !
Sans se laisser impressionner, Deborah poursuivit son explica-
tion :
– Vous avez été amoureuses, mais vous n’avez pas rencontré
l’amour avec un grand A. Celui qui vous fait perdre la tête
et vous pousse à faire le contraire de ce que vous feriez norma-
lement. Je parle de la version maladie grave, incurable et
ravageuse qui provoque des cataclysmes dans votre vie et celle
de ceux qui vous entourent.
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Achevé d’imprimer en août 2015 par L.E.G.O. en ItalieN° d’édition : 15189
Dépôt légal : septembre 2015
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Pour ses seize ans, Deborah reçoit un merveilleux cadeau d’anniversaire : son père, venu la chercher dans son pensionnat suisse, lui propose de l’emmener avec lui en Italie. La jeune fille accepte, espérant enfin passer du temps avec ce père qu’elle connaît si mal. Mais Deborah déchante vite car Edgar Prince, représentant de l’Unesco, ne se préoccupe que de Venise, qu’il espère sauver des eaux.
Blessée, désœuvrée, en quête de reconnaissance, Deborah surprend un jour une conversation au cours de laquelle un cambriolage immi-nent est évoqué.
Accompagnée de Kieran, le séduisant et mystérieux assistant de son père, Deborah décide de mener l’enquête et va bientôt comprendre qu’à Venise, les eaux sont vraiment très troubles…
Le nouveau roman de Nathalie Somers, l’auteur du best-seller Le Roman des filles !
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