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(suite page 2) La médecine est-elle en train de couver la prochaine grippe espagnole mondiale ? ������������������������������������������ 1 Éditorial : Démence et utopie ���������������������������������������� 2 Déjouer le piège des alternatives au sucre ������������������ 10 Votre peau est une barrière contre le cancer ��������������� 16 La bruyère, alliée de votre santé urinaire ������������������������ 20 Le biologiste qui eut raison vingt ans trop tôt (deuxième partie)������������������������������������������������������������ 23 Lunettes de soleil : fausse protection et vrai danger�������� 27 I nstallé en Suède depuis plu- sieurs années, un homme retourne effectuer un séjour dans son pays natal, l’Inde, en no- vembre 2007 1 � Mais son voyage ne se déroule pas exactement comme il l’espérait : il développe un douloureux abcès glutéal – un amas de pus s’est formé au niveau de la fesse – et doit être pris en charge à l’hôpital de Ludhiana, une ville située dans le Nord-Ouest du pays, où il est admis le 5 dé- cembre� L’abcès est drainé, puis le patient est transféré vers la ca- pitale du pays, New Delhi, où il subit une nouvelle intervention� Il regagne finalement le sol suédois le 8 janvier et, dès le lendemain, une bactérie pathogène est iden- tifiée dans ses urines : Klebsiella 1. Dongeun Yong et al. Characterizaon of a New Metallo-β-Lactamase Gene, blaNDM-1, and a Novel Erythromycin Esterase Gene Carried on a Unique Genec Structure in Klebsiella pneumoniae Sequence Type 14 from India. Anmicrob Agents Chemother. 2009 Dec; 53(12): 5046–5054. pneumoniae� Parmi ses multiples méfaits, ce microbe peut en effet causer des infections urinaires� Mais les médecins vont rapide- ment comprendre qu’ils n’ont pas affaire à une souche classique de la bactérie : elle est dotée d’une nouvelle arme, une enzyme qui lui permet de détruire les antibiotiques de la classe des carbapénèmes, la New Delhi métallo-bêta- lactamase (NMD-1), identifiée pour la première fois chez un patient� Et ceci n’a rien d’anecdotique : ces antibiotiques sont un peu ceux de la dernière chance, que les méde- cins utilisent lorsque tous les autres traitements ont été tenus en échec� Passée maîtresse dans l’art de résis- ter aux traitements antibiotiques, Klebsiella pneumoniae est de plus en plus difficile à combattre. UNE BACTÉRIE AUX DEUX VISAGES C ette bactérie a été décrite pour la première fois en 1882 par le microbiologiste d’origine La médecine est-elle en train de couver la prochaine grippe espagnole mondiale ? Elle acquiert sans cesse de nouvelles capacités pour survivre aux traitements antibiotiques censés l’éradiquer et gagne en dangerosité : la bactérie tueuse Klebsiella pourrait bien devenir l’ennemi public n° 1� ALERTE KLEBSIELLA - BACILLE DE FRIEDLÄNDER La bactérie Klebsiella a muté pour résister aux traitements antibiotiques 1 µm Acc� V Spot Magn Det WD Exp 30�0 kV 3�0 23089x SE 7�2 3 LE JOURNAL D’INFORMATION DES SOLUTIONS ALTERNATIVES DE SANTÉ AOÛT 2018 N°143

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Page 1: N°143 ALERTE KLEBSIELLA - BACILLE DE FRIEDLÄNDER · un douloureux abcès glutéal – un amas de pus s’est formé au niveau de la fesse – et doit être pris en charge à l’hôpital

(suite page 2)

La médecine est-elle en train de couver la prochaine grippe espagnole mondiale ? ������������������������������������������ 1Éditorial : Démence et utopie ���������������������������������������� 2Déjouer le piège des alternatives au sucre ������������������ 10Votre peau est une barrière contre le cancer ��������������� 16

La bruyère, alliée de votre santé urinaire ������������������������ 20Le biologiste qui eut raison vingt ans trop tôt (deuxième partie) ������������������������������������������������������������ 23Lunettes de soleil : fausse protection et vrai danger �������� 27

I nstallé en Suède depuis plu-sieurs années, un homme

retourne effectuer un séjour dans son pays natal, l’Inde, en no-vembre 20071� Mais son voyage ne se déroule pas exactement comme il l’espérait : il développe un douloureux abcès glutéal – un amas de pus s’est formé au niveau de la fesse – et doit être pris en charge à l’hôpital de Ludhiana, une ville située dans le Nord-Ouest du pays, où il est admis le 5 dé-cembre� L’abcès est drainé, puis le patient est transféré vers la ca-pitale du pays, New Delhi, où il subit une nouvelle intervention� Il regagne finalement le sol suédois le 8 janvier et, dès le lendemain, une bactérie pathogène est iden-tifiée dans ses urines : Klebsiella

1. DongeunYongetal.CharacterizationofaNewMetallo-β-LactamaseGene,blaNDM-1,andaNovelErythromycinEsteraseGeneCarriedon aUniqueGeneticStructureinKlebsiellapneumoniaeSequenceType14fromIndia.AntimicrobAgentsChemother.2009Dec;53(12):5046–5054.

pneumoniae� Parmi ses multiples méfaits, ce microbe peut en effet causer des infections urinaires� Mais les médecins vont rapide-ment comprendre qu’ils n’ont pas affaire à une souche classique de la bactérie : elle est dotée d’une nouvelle arme, une enzyme qui lui

permet de détruire les antibiotiques de la classe des carbapénèmes, la New Delhi métallo-bêta- lactamase (NMD-1), identifiée pour la première fois chez un patient� Et ceci n’a rien d’anecdotique : ces antibiotiques sont un peu ceux de la dernière chance, que les méde-cins utilisent lorsque tous les autres traitements ont été tenus en échec� Passée maîtresse dans l’art de résis-ter aux traitements antibiotiques, Klebsiella pneumoniae est de plus en plus difficile à combattre.

UNE BACTÉRIE AUX DEUX VISAGES

C ette bactérie a été décrite pour la première fois en 1882

par le microbiologiste d’origine

La médecine est-elle en train de couver la prochaine grippe espagnole mondiale ?Elle acquiert sans cesse de nouvelles capacités pour survivre aux traitements antibiotiques censés l’éradiquer et gagne en dangerosité : la bactérie tueuse Klebsiella pourrait bien devenir l’ennemi public n° 1�

ALERTE KLEBSIELLA - BACILLE DE FRIEDLÄNDER

La bactérie Klebsiella a muté pour résister aux traitements antibiotiques

1 µm

Acc� V Spot Magn Det WD Exp30�0 kV 3�0 23089x SE 7�2 3

AOÛT 2018 • N°143LE JOURNAL D’INFORMATION DES SOLUTIONS ALTERNATIVES DE SANTÉ AOÛT 2018 N°143

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allemande Carl Friedländer, à la suite de prélèvements réalisés sur des poumons de personnes dé-cédées de pneumonie� En forme de bâtonnet (il s’agit donc d’un bacille), entourée d’une capsule protectrice, Klebsiella pneumo-niae est cependant la plupart du temps inoffensive : elle fait par-tie des espèces bactériennes qui peuplent naturellement notre or-ganisme, aussi bien au niveau du système respiratoire que du système digestif (c’est ainsi une entérobactérie, enteron signifiant « intestin » en grec ancien)� Elle est très courante dans la nature, présente dans le sol et dans les eaux� Mais elle peut devenir très dangereuse chez les personnes affaiblies et fait partie de ces mi-crobes redoutés par les personnels hospitaliers : on lui attribue la responsabilité de 10 % des infec-tions nosocomiales, qui peuvent prendre la forme d’infections bronchopulmonaires, d’infections urinaires ou de septicémie� Le taux de mortalité associé à une infec-tion par Klebsiella pneumoniae est très élevé : les souches résistantes aux carbapénèmes sont fatales dans un cas sur deux en Europe2�

MULTIRÉSISTANTE AUX ANTIBIOTIQUES

L es seuls outils thérapeu-tiques disponibles pour

tenter d’enrayer une infection par cette bactérie sont les anti-biotiques� Inutile cependant de compter sur les membres de la classe des pénicillines, comme l’amoxicilline ou la ticarcilline : la bactérie y est naturellement ré-sistante� Comprenez par là qu’elle possède l’arsenal nécessaire pour neutraliser ces médicaments, niché au cœur de son unique chromo-some (là où l’homme possède 46

2. LiangfeiXuetal.Systematicreviewandmeta-analysisofmortalityofpatientsinfectedwithcarbapenem-resistantKlebsiellapneu-monia.AnnClinMicrobiolAntimicrob.2017;16:18

3. CarbonneAetal.Controlofamulti-hospitaloutbreakofKPC-producingKlebsiellapneumoniaetype2 inFrance,SeptembertoOctober2009.EuroSurveill.2010Dec2;15(48).pii:19734

chromosomes, les bactéries n’en possèdent en effet qu’un seul !)� Mais la famille des antibiotiques est grande et, si ces antibiotiques-ci en particulier sont inefficaces, il en reste bien d’autres� Les cépha-losporines, par exemple, dont plusieurs générations ont été suc-cessivement mises sur le marché� Mais c’est sans compter les formi-dables capacités d’adaptation du récalcitrant microbe ! Depuis les années 1980, certaines souches de Klebsiella ont mis au point un système de défense hautement ef-ficace contre ces molécules : elles produisent des bêta-lactamases dites à spectre élargi, capables de les protéger contre ces molécules, même les plus récentes, comme la ceftazidime et la céfotaxime� Ces bactéries restaient néanmoins sensibles aux carbapénèmes et la survenue de résistance à cet anti-biotique, comme identifiée chez le patient suédois d’origine indienne, est une très mauvaise nouvelle�

Ce nouveau type de résistance a été identifié pour la première fois en 1996 aux USA, chez Klebsiella, justement ; elle n’était pas conférée par la New Delhi métallo-bêta- lactamase, identifiée bien plus tard, mais par une autre enzyme� Il existe en effet tout un panel de composés bactériens capables de détruire ces antibiotiques� Depuis, les souches résistantes aux carbapénèmes sont réguliè-rement mises en cause dans des cas d’infections sporadiques ou d’épidémies qui frappent des hô-pitaux� Et la France n’en est pas épargnée� En 20033, treize patients ont contracté le microbe dans deux établissements des Hôpitaux de Paris� La source de contamination provenait d’un patient rapatrié d’un hôpital grec, la Grèce étant l’un des pays où les formes ré-sistantes de la bactérie sont très

éditorialDémence et utopieUn village entier, du bis-trot au salon de coiffure, est en train de sortir de terre dans le département des Landes� La première pierre a été posée en juin dernier� Maisonnées, res-

taurant, théâtre, médiathèque, supérette : tout est construit en même temps� Sur le papier, ce petit village promet d’être charmant� Idyllique, même, avec son ambiance rurale, ses promenades, ses ponts au-dessus d’un étang pittoresque, sa mini-ferme, son potager� Idyllique, bucolique… utopique ? Les futurs villageois auront tous un point commun : ce seront des personnes atteintes d’Alzheimer� 120 patients intégreront à partir de fin 2019, sur dossier, ce « village Alzheimer », où ils seront accompagnés par autant de personnels soignants et aidants – dépourvus de blouse blanche� Proscrits également, les médicaments� Avec son « ar-chitecture bienveillante » (disent les porteurs du projet), ses cinq hectares de nature et ses quatre quartiers distincts, cette sorte d’Ehpad en plein air entend offrir « une vie comme à la maison » à ses résidents� Le village, construit dans la banlieue de Dax, est fortement inspiré de Hogeweyk, un centre créé à quelques kilomètres d’Amsterdam, et qui accueille depuis 2007 des malades d’Alzheimer� Une expérience jugée réussie, le sentiment de bien-être et la longévité des patients s’étant améliorés� Mais qui a pu susciter un malaise : l’aspect factice du village, la surveillance permanente de ses pensionnaires, aimablement reconduits dans leurs quartiers dès qu’ils s’approchent trop près de la sortie, ont conduit plusieurs obser-vateurs à comparer le village de Hogewey à celui du Truman Show, ce film dans lequel Jim Carrey passe sans le savoir sa vie dans un décor, entouré d’acteurs et de figurants… Le quotidien du « village Alzheimer » est axé sur la convivialité et l’activité en plein air, en groupe� C’est une alternative crédible au suivi hyper-médicalisé des maladies neuro-dégé-nératives qui est aujourd’hui en force dans notre pays, avec ses résultats pour le moins douteux : la ministre de la santé Agnès Buzyn s’est prononcée sur le déremboursement de quatre médicaments anti-Alzheimer jugés inefficaces. Je ne peux donc que saluer cette « initiative qui va dans le bon sens », comme le veut la formule de politesse politique… Mais l’urgence sanitaire que constituent aujourd’hui les maladies neurodégénératives ne peuvent trouver pour seule riposte la création de villages utopiques� Cette utopie est sans doute nécessaire, mais elle n’est pas suffisante : elle ne réparera pas les dégâts causés par une société incapable de remettre en question ses habitudes de consommation mortifères� Sans quoi nous serons condamnés à créer des villages de carte postale pour y rassembler les victimes de notre mode de vie�

Rodolphe Bacquet

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À LA UNE

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répandues4� Ce malade avait béné-ficié d’une endoscopie, un examen destiné à explorer la partie haute de son tube digestif grâce à un appareil souple doté d’une caméra� Malgré le respect des mesures d’hygiène, sept patients ont par la suite été contaminés par l’endoscope, les cinq autres ayant contracté la bac-térie lors de contacts directs avec l’une des personnes infectées� Si aucun décès n’a été imputable à la bactérie, elle a été responsable d’infection généralisée (bactérié-mie), d’infection des poumons ou de la vésicule biliaire� Grâce aux mesures mises en place par les soi-gnants, l’épidémie a été maîtrisée en quelques mois�

OBLIGATION DE SE TOURNER VERS DES ANTIBIOTIQUES MAL ADAPTÉS

D ans ce type de situations, les équipes recourent générale-

ment à la colistine pour traiter les infections résistantes aux cépha-losporines et aux carbapénèmes5� La souche de Klebsiella identifiée chez le patient suédois d’origine indienne y était d’ailleurs heureu-sement sensible� Cet antibiotique est largement utilisé en médecine vétérinaire, peu chez l’homme, en raison de son caractère toxique pour les reins� La colistine s’avère cependant un outil précieux lorsque les autres traitements sont inefficaces. Elle agit au niveau de la membrane de la bactérie, dont elle abîme la structure : cette perte d’étanchéité est en général fatale au microbe� Elle peut également être utilisée en complément d’autres antibiotiques qui ne fonctionne-raient pas sans elle, en leur offrant l’accès à l’intérieur de la bactérie, pour une action en synergie� Mais il faut le reconnaître, dans la guerre

4. GiakoupiPetal.KPC-2-producingKlebsiellapneumoniaeinfectionsinGreekhospitalsaremainlyduetoahyperepidemicclone.EuroSurveill.2009May28;14(21).pii:192185. Temkin,E.etal.Carbapenem-resistantEnterobacteriaceae:biology,epidemiology,andmanagement.Ann.N.Y.Acad.Sci.1323,22–42(2014)6. LiuYYetal.Emergenceofplasmid-mediatedcolistinresistancemechanismMCR-1inanimalsandhumanbeingsinChina:amicrobiologicalandmolecularbiologicalstudy.LancetInfectDis.2016;16(2):161-87. ReadAF,WoodsRJ.Antibioticresistancemanagement.EvolMedPublicHealth.2014;2014(1):147

entre les bactéries et l’homme, les premières sont victorieuses à ce jour ; fin 2015, une équipe chinoise identifiait pour la première fois des entérobactéries résistantes à la colistine6, dans de la viande de porc et de poulet, mais également dans des prélèvements effectués chez l’homme� Lorsque cette dé-couverte a été publiée, des équipes du monde entier ont cherché la pré-sence du gène responsable de cette résistance, appelé MCR, dans leurs collections bactériennes� Elle s’est avérée positive dans de nombreux pays, dont la France�

COMMENT LES BACTÉRIES ACQUIÈRENT-ELLES DES RÉSISTANCES ?

L e même scénario semble donc se répéter indéfiniment : dès

qu’un nouvel antibiotique est mis sur le marché et utilisé, certaines bactéries acquièrent la capacité d’y résister� L’usage moderne de ces médicaments est relativement récent : le premier d’entre eux, la pénicilline, a été découvert en 1928 par le bactériologiste britannique Alexander Fleming� On détenait enfin une arme efficace pour com-battre les infections bactériennes, qui a largement été utilisée dès les années 1940 et qui a notamment sauvé de nombreux combattants lors de la Seconde Guerre mon-diale� Mais dès les années 1950, des bactéries étaient déjà deve-nues résistantes à ce composé� Les décennies qui suivent voient alors une véritable course aux ar-mements dans les deux clans : les hommes développent de nouvelles molécules et, après quelque temps d’usage, certaines bactéries com-mencent à y devenir insensibles�

Comment font-elles ? Elles peuvent acquérir cette résistance par plu-

sieurs mécanismes� Les bactéries sont des organismes capables de se multiplier très rapidement� Elles se reproduisent de la façon la plus simple qu’il soit : elles se coupent en deux� Une bactérie donne ainsi naissance à deux bactéries, qui, chacune, donnent naissance à deux autres et ainsi de suite� Et ce, rapi-dement, en quelques dizaines de minutes, lorsque les conditions sont favorables� Au cours de cette repro-duction, qui implique la copie du chromosome de la bactérie, de pe-tites erreurs peuvent se produire : on parle de mutations� Sur le nombre de bactéries générées, des caracté-ristiques nouvelles vont apparaître et il arrive que l’une d’elles confère la résistance à un antibiotique7� Imaginons alors que ces microbes soient exposés à un traitement par cet antibiotique : toutes les bactéries non mutantes vont être éliminées, tandis que les bactéries mutantes vont persister� La relève est assurée ! Dans la plupart des cas, cependant, l’acquisition de résistance se produit par un autre phénomène, lié à une surprenante coutume observée chez les bactéries : du matériel génétique peut être transféré d’un individu à l’autre, entre membres de la même espèce ou d’espèces différentes ! Les gènes d’une bactérie ne sont pas seulement concentrés sur son chromosome : elle possède égale-ment des petits fragments d’ADN circulaires, appelés plasmides� Quand deux bactéries se lient l’une à l’autre, ces plasmides peuvent ainsi voyager et se transmettre dans la communauté bactérienne : les gènes qui assurent la capacité à échapper aux antibiotiques sont souvent portés par ces petites struc-tures� Ces transferts de gènes entre bactéries sont un formidable outil pour se diversifier et expliquent en partie l’incroyable capacité d’adap-tation de ces microbes, ainsi que la rapidité avec laquelle les résistances

août 2018 • n°143À LA UNE

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aux antibiotiques se disséminent à travers les différentes espèces bacté-riennes� Rappelez-vous l’histoire de ce patient suédois, infecté par une Klebsiella productrice de l’enzyme nommée New Delhi métallo- bêta-lactamase : les analyses avaient montré la présence d’une autre bactérie dans son organisme, ap-partenant à l’espèce Escherichia coli. Elle portait elle aussi le gène nécessaire à la fabrication de l’en-zyme, laissant à penser que de tels échanges avaient pu se produire entre les deux résidentes de ce patient�

LES SOUCHES VIRULENTES DE KLEBSIELLA

P arallèlement à l’acquisition de résistances aux antibio-

tiques par certaines souches de Klebsiella pneumoniae, d’autres souches de cette même espèce bactérienne ont évolué dans une autre direction, gagnant en virulence, c’est-à-dire en dangero-sité8� Dans les années 1980-1990, des hôpitaux des pays du bassin du Pacifique (Japon, Vietnam, Corée, Taïwan) reportent des cas inha-bituels d’infection provoqués par cette bactérie et des observations similaires sont par la suite décrites aux quatre coins du monde�

Tout d’abord, le profil des per-sonnes contaminées : il ne s’agit pas, comme classiquement, de per-sonnes malades et affaiblies, mais de jeunes gens en bonne santé, qui développent des symptômes singuliers, comme un abcès du foie en l’absence de maladie hépatique, une endophthalmite (infection de l’œil) ou une méningite� Les souches incriminées avaient de plus une tendance inhabituelle pour ce type d’infection : une propension à se propager dans l’organisme pour coloniser d’autres parties du corps,

8. Shon,ASetal.Hypervirulent(hypermucoviscous)Klebsiella pneumoniae:anewanddangerousbreed.Virulence.2013;4:107–1189. GuDetal.AfataloutbreakofST11carbapenem-resistanthypervirulentKlebsiellapneumoniaeinaChinesehospital:amolecularepidemiologicalstudy.LancetInfectDis.2018Jan;18(1):37-46

habituellement réservée aux bac-téries, comme les staphylocoques dorés ou les streptocoques� Lorsque les scientifiques ont cultivé ces bactéries en laboratoire, ils ont constaté une autre caractéristique inédite chez Klebsiella� Les colo-nies présentaient une consistance particulièrement visqueuse, qui se remarque lorsque l’on plonge un instrument dans ces amas, avant de le retirer doucement : un long filament s’étire. Ces bactéries sont ainsi de véritables pots de colle, qui peuvent adhérer très facilement à toutes les surfaces et bien sûr aux dispositifs médicaux�

En plus de cette consistance parti-culière, ces souches très virulentes sont particulièrement efficaces pour prélever dans leur environ-nement le fer indispensable à leur croissance� Les gènes qui le leur permettent et qui donnent nais-sance à la consistance visqueuse sont portés par un plasmide, dont la présence permet de différencier les souches très virulentes des souches classiques de la bactérie�

NAISSANCE D’UNE SUPERBACTÉRIE MONSTRUEUSE

U n scénario catastrophe se pro-file : d’un côté, des souches

virulentes, de l’autre, des souches hyper-résistantes au traitement… Que se passerait-il si ces deux ca-ractéristiques se combinaient ? Eh bien, cela s’est produit il y a quelques mois, à hôpital de l’uni-versité du Zhejiang, à Hangzhou, en Chine9�

Cinq patients, admis entre les mois de février et avril 2016 à la suite de traumatismes multiples, ont subi une intervention chirurgicale, puis ont été placés sous ventilation mécanique� On présume que c’est à ce moment qu’ils ont contracté Klebsiella ; ils ont développé une

pneumonie particulièrement sévère et l’ensemble des traitements mis en œuvre pour tenter d’enrayer l’infection ont échoué� Tous sont décédés à la suite de la défaillance de leurs organes internes ou d’une septicémie� Le microbe pathogène incriminé dans cette épidémie est bien connu : il s’agit du type le plus courant de Klebsiella résistante aux carbapénèmes et rencontrée en Asie, nommée ST11�

Bien que courante, cette Klebsiella s’est montrée particulièrement agressive chez ces malades et les tests menés par les scientifiques ont confirmé sa forte virulence. 80 % des bactéries survivaient après une heure d’incubation au sein de glo-bules blancs humains et tuaient 100 % des larves de papillons en 24 heures ! L’aspect des colonies, visqueux, ne laissait que peu de doutes sur la présence d’un plas-mide de virulence acquis par ST11, levé par les analyses génétiques� Pour savoir si cet événement est isolé, une recherche minutieuse a été menée sur des échantillons col-lectés dans 25 provinces de Chine en 2015 ; elle a révélé la présence de ce type de bactérie, à la fois hautement résistante et virulente, dans 3 % d’entre eux� Une menace particulièrement sérieuse pour la santé publique�

Colonie de Klebsiella pneumoniae

août 2018 • n°143À LA UNE

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UNE SITUATION PRÉOCCUPANTE À L’ÉCHELLE MONDIALE

C ar l’antibiorésistance tue aujourd’hui et pourrait

tuer encore plus demain, avec le développement de ce type de superbactéries� On l’estime ac-tuellement responsable de 12 500 décès par an en France, 50 000 en Europe et 700 000 dans le monde� Un économiste britannique, Jim O’Neill, avait alarmé la commu-nauté dans un rapport publié en 201610� Il annonçait un chiffre ef-frayant : 10 millions de morts dans le monde en 2050, soit plus que le cancer, si la situation n’est pas sérieusement prise en charge� Car si Klebsiella pneumoniae repré-sente une menace, elle est loin d’être la seule bactérie entrée en résistance� En février 2017, l’Or-ganisation Mondiale de la Santé publiait une liste de douze espèces ou familles de bactéries pour les-quelles il est urgent de développer de nouveaux traitements� Aux côtés des entérobactéries comme Klebsiella figurent Acinetobacter baumannii et Pseudomonas aeru-ginosa, dans la liste de priorité jugée critique ; Staphylococcus

10. JimO’Neil.TacklingDrug-ResistantInfectionsGlobally:finalreportandrecommendations.May19,201611. Globalincreaseandgeographicconvergenceinantibioticconsumptionbetween2000and2015.ProcNatlAcadSciUSA.2018Apr10;115(15):E3463-E347012. SmieszekTetal.PotentialforreducinginappropriateantibioticprescribinginEnglishprimarycare.JAntimicrobChemother.2018Feb1;73(suppl_2):ii36-ii4313. Maltezou,H.C.etal.Evaluationofarapidantigendetectiontestinthediagnosisofstreptococcalpharyngitisinchildrenanditsimpactonantibioticprescription.JAntimicrobChemother.2008Dec;62(6):1407-12

aureus, Salmonellae, ou Neisseria gonorrhoeae sont quelques-unes des bactéries figurant sur la liste de priorité élevée, tandis que Streptococcus pneumoniae et Haemophilus influenzae et sont classées dans la liste des priorités moyennes�

80 ANS D’ABUS ET DE MAUVAIS USAGES DES ANTIBIOTIQUES

M ais comment en est-on ar-rivés là ? Plusieurs facteurs

se sont cumulés pour expliquer l’avènement de l’antibiorésistance� Et, parmi ceux-ci, l’abus des an-tibiotiques ; la première sonnette d’alarme a pourtant été tirée très tôt : dès 1945, Alexander Fleming, dans une interview accordée au New York Times, mettait en garde contre un usage mal adapté de la pénicilline, redoutant qu’il ne conduise à l’apparition de souches mutantes capables d’y résister� Ces craintes étaient parfaitement fon-dées, comme l’ont rapidement montré les faits� Les chiffres sont suf-fisamment éloquents pour évoquer l’overdose d’antibiotiques à travers le monde� Entre 2000 et 2015, leur consommation au niveau mondial a progressé de 65 %11, passant de 21,1 milliards de doses chaque jour à 34,8 milliards, selon les données issues de 76 pays, une hausse qui concerne principalement les pays à revenus faibles ou moyens� Si, sur la même période, la consommation en France a diminué de 11,4 %, notre pays reste un mauvais élève : elle est plus élevée de 50 % par rapport à la moyenne des 35 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), at teignant l ’avant- dernière position du classement� Sur l’énorme volume d’antibio-

tiques administrés, une proportion non négligeable est utilisée à mauvais escient� Les campagnes d’information ont sensibilisé les usagers au fait que les antibiotiques ne peuvent rien en cas d’infection virale, car ils ne sont efficaces que contre les bactéries� Mais l’attitude des patients n’est pas la seule res-ponsable de la mauvaise utilisation de ces médicaments : les médecins généralistes les prescriraient de manière inappropriée�

Une étude britannique12 a ainsi analysé 3,7 millions d’ordon-nances rédigées par des médecins en Angleterre entre 2013 et 2015 et constaté que 23 % d’entre elles n’étaient pas conformes aux recom-mandations, les antibiotiques étant prescrits dans des situations où ils sont peu, voire pas efficaces. Les prescriptions inadaptées concer-naient principalement des affections comme les maux de gorge, la toux ou la sinusite� Concernant les maux de gorge, précisément, une mino-rité d’entre eux est causée par une bactérie, le streptocoque A, mais le recours aux antibiotiques est très courant� L’accès à un simple test ra-pide permet pourtant de déterminer si la bactérie est bien impliquée� Les pédiatres qui y ont accès prescrivent ainsi des antibiotiques dans 28 % des cas, contre 72 % des cas pour leurs confrères qui ne l’utilisent pas13 ! Le mauvais usage des antibio-tiques est également lié à certaines visions inappropriées ; pendant des décennies, un message a été répété en boucle : un traitement antibio-tique doit être suivi jusqu’à son terme� Dans une analyse publiée en 2017 dans le British Medical Journal, des experts démontraient l’absurdité de cette consigne, qui encourage les traitements longs, situation favo-rable à l’émergence des résistances bactériennes� Ils conseillent ainsi de cesser le traitement dès la disparition

Alexander Fleming, inventeur de la pénicilline... et prophète des dangereuses mutations provoquées par une mauvaise utilisation de son invention

août 2018 • n°143À LA UNE

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des principaux symptômes14� Et bien souvent, les traitements courts sont tout aussi efficaces que les traite-ments longs15�

À côté de cet usage des antibio-tiques en santé humaine, un autre secteur en est très gourmand : l’agri-culture� Les animaux d’élevage, même en bonne santé, en reçoivent de fortes quantités pour prévenir le développement de maladies et même, dans certains pays comme les États-Unis, pour stimuler leur croissance ! Des chercheurs ont d’ailleurs identifié la présence de staphylocoques dorés résistants à différents antibiotiques dans le nez des personnes travaillant dans des fermes industrielles du pays, où les animaux sont confinés dans des lo-caux et où l’usage des antibiotiques est intense� Étrangement, les fermes bio en étaient préservées16… Les antibiotiques administrés aux ani-maux et aux hommes sont en partie relâchés dans l’environnement par l’intermédiaire des déjections où, même faiblement dosés, ils ont un impact sur les bactéries qui s’y trouvent� Des chercheurs sué-dois ont très récemment montré au cours de tests en laboratoire que de très faibles doses provoquent des mutations chez les bactéries, qui développent alors de fortes résis-tances aux antibiotiques17�

SE PRÉPARER À L’ÈRE POST-ANTIBIOTIQUES

L ’impasse thérapeutique dans laquelle les médecins se

trouvent face à certaines bactéries est également liée au fait que peu de nouvelles molécules ont été développées au cours des dernières décennies� En effet, les antibio-tiques sont assez peu rentables pour les laboratoires pharmaceutiques,

14. LlewelynMJetal.Theantibioticcoursehashaditsday.BMJ.2017Jul26;358:j341815. BartlettJGetal.Sevenwaystopreservethemiracleofantibiotics.ClinInfectDis.2013;56:1445–5016. RinskyJLLivestock-associatedmethicillinandmultidrugresistantStaphylococcusaureusispresentamongindustrial,notantibiotic-freelivestockoperationworkersinNorthCarolina.PLoSOne.2013Jul2;8(7):e6764117. Wistrand-YuenEetal.Evolutionofhigh-levelresistanceduringlow-levelantibioticexposure.NatCommun.2018Apr23;9(1):159918. DerekMLinetal.Phagetherapy:Analternativetoantibioticsintheageofmulti-drugresistance.WorldJGastrointestPharmacolTher.2017Aug6;8(3):162–17319. KrishnamoorthyRetal.Antimicrobialactivityofnanoemulsionondrug-resistantbacterialpathogens.MicrobPathog.2018Apr21;120:85-96

qui concentrent leurs efforts de recherche sur d’autres domaines plus porteurs, comme le cancer ou les maladies chroniques� Il est également nécessaire de changer de regard sur la manière de gérer ces pathogènes : l’éradication to-tale s’avère assez inopérante et des chercheurs imaginent d’autres approches où, plutôt que de tenter de tuer les bactéries, on atténuerait leur virulence, en les empêchant par exemple de pro-duire les toxines dangereuses ou de prélever dans leur environne-ment les nutriments nécessaires à leur multiplication effrénée… Ce qui reviendrait à transformer les loups en doux agneaux� Une autre piste prometteuse est explorée : il existe des virus qui s’attaquent spécifiquement aux bactéries, les bactériophages� Avant le dévelop-pement des antibiotiques, cette méthode était utilisée pour com-battre les infections bactériennes, puis est rapidement tombée aux oubliettes� Les bactéries multiré-sistantes les propulsent à nouveau sur le devant de la scène18� Une autre arme est à l’étude : les huiles essentielles, dont l’activité antimi-crobienne bien connue peut être optimisée lorsqu’on les prépare

sous la forme de nanoémulsions, c’est-à-dire de très fines goutte-lettes (dont le diamètre mesure quelques nanomètres – pour comparaison, un cheveu mesure entre 10 000 à 50 000 nm !) dis-persées dans un milieu liquide� Sous cette forme, les huiles es-sentielles peuvent plus facilement s’immiscer au sein de la cellule bactérienne et ainsi détruire le pa-thogène� Des chercheurs ont étudié les propriétés antibactériennes des nanoémulsions d’huile essentielle de Cleome viscosa, une plante tropicale rencontrée en Afrique, Asie et Amérique ; ils ont constaté son efficacité au cours de tests en laboratoire contre une souche de Staphylococcus aureus résistante à la méthicilline, Streptococcus pyogenes et des souches d’Escheri-chia coli, Klebsiella pneumoniae et Pseudomonas aeruginosa19�

Développer un nouvel arsenal thé-rapeutique contre les bactéries multirésistantes aux antibiotiques est le défi majeur que doit au-jourd’hui relever la médecine et il y a urgence, pour ne pas replonger dans une époque où la moindre infection banale pouvait prendre une tournure dramatique�

Cleome viscosa

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EN PRATIQUE

Puis-je agir à mon échelle pour limiter l’apparition des résistances aux antibiotiques ?

I l est indispensable de réduire le recours aux antibiotiques

afin de limiter le développement de la résistance chez les bactéries� Si certaines mesures doivent être prises au niveau collectif, chacun d’entre nous peut agir au quotidien pour y contribuer !

Il convient tout d’abord de garder à l’esprit que ces médicaments ne sont pas efficaces contre toutes les maladies : ils ne sont utiles qu’en cas d’infection d’origine bacté-rienne� Ils ne peuvent rien contre les virus : ainsi, nul besoin d’y recourir pour des affections telles que la grippe, la bronchite aiguë, la bronchiolite ou les rhinopha-ryngites� L’automédication est à proscrire pour les antibiotiques : un traitement précédent non ter-miné ne doit pas être proposé à d’autres membres de la famille ou suite à une rechute, même si les symptômes semblent les mêmes� Un nouvel épisode infectieux peut d’ailleurs être provoqué par des bactéries qui ont résisté au premier

20. AzadehManayietal.Echinaceapurpurea:Pharmacology,phytochemistryandanalysismethods.PharmacognRev.2015Jan-Jun;9(17):63–72

traitement ; il faudra alors se tourner vers un autre antibiotique� Seul un professionnel de santé est à même de trouver le traitement adapté�

Un autre moyen de réduire sa consommation d’antibiotiques est de ne pas hésiter à dialoguer avec son médecin et de gentiment in-sister pour qu’il effectue le test de diagnostic rapide en cas de maux de gorge� Il s’agit du seul moyen fiable pour déterminer s’ils sont liés à une angine bactérienne ou virale et ainsi de déterminer si les antibiotiques sont vraiment indis-pensables� L’Assurance Maladie les met gratuitement à disposition des généralistes, des pédiatres et des ORL, mais ils sont encore trop peu demandés� Nous avons un rôle à jouer : sentir ses patients sensi-bilisés à la question peut aider le praticien à franchir le pas�

Il est également parfois nécessaire de faire la sourde oreille à cer-taines consignes qui manquent de pertinence, comme évoqué dans l’article : certains experts consi-dèrent que le fait d’arrêter son traitement antibiotique quand les symptômes ont disparu, même avant la fin de la durée indiquée sur l’ordonnance, contribuerait à lutter contre l’émergence des résis-tances bactériennes� En revanche, on respecte les doses indiquées :

les diminuer arbitrairement favorise le phénomène� Ces conseils ne sont pas seulement applicables aux membres de la famille, ils sont éga-lement valables pour nos animaux domestiques, eux aussi grands consommateurs d’antibiotiques�

Pour limiter la contamination de l’environnement par les antibio-tiques, qui contribue également à l’émergence des résistances, il est indispensable de respecter les procédures de recyclage des mé-dicaments : le reste de la bouteille d’antibiotiques ne doit jamais être vidé dans les toilettes ou le lava-bo, mais rapportée en pharmacie� Enfin, il est possible aussi, par nos choix de consommation, de privilégier les aliments qui n’ont pas, ou seulement peu, nécessité l’usage d’antibiotiques : acheter de la viande certifiée biologique contribue à encourager une agri-culture qui contrôle étroitement leur usage� En effet, ils ne peuvent pas être administrés de manière préventive et le nombre de traite-ments autorisés en cas de maladies est strictement limité�

Les plantes médicinales pour faire face aux bactéries pathogènes

U n autre moyen de limiter l’usage des antibiotiques

classiques est de se tourner vers les solutions offertes par la phytothé-rapie� Certaines plantes peuvent tout d’abord nous aider à nous prémunir des infections, en sti-mulant le système immunitaire� L’échinacée (Echinacea purpurea), par exemple, capable de réduire le risque d’infection du système respiratoire et ses complications, les plaies et les infections pelviennes20� Le ginseng possède également des vertus immunostimulantes ; il est en outre capable d’empêcher les Echinacea purpurea

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À LA UNE

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bactéries d’adhérer aux cellules de l’organisme, les empêchant ainsi de coloniser l’organisme� Cette fonction est assurée par des polysaccha-rides – des molécules constituées d’un enchaînement de sucres –, qui s’opposent à l’adhésion de bacté-ries de différentes espèces, dont le staphylocoque doré21� L’astragale (Astragalus membranaceus), la rho-diole (Rhodiola rosea), l’eupatoire perfoliée (Eupatorium perfoliatum), le goji (Lycium barbarum), l’aronie à fruits noirs (Aronia melanocarpa) ou le géranium du Cap (Pelargonium sidoides) font également partie des plantes réputées comme im-munostimulantes� Une autre piste semble prometteuse : l’administra-tion d’AHCC, un supplément issu de champignons comme le shiitaké, est également capable de booster l’immunité et, notamment, l’activité des redoutables cellules tueuses naturelles, qui éliminent les cellules infectées� Lors d’une étude chez l’animal, il a montré sa capacité à réduire la mortalité de souris infec-tées par Klebsiella pneumoniae22�

Lorsque les moyens préventifs n’ont pas suffi à se préserver d’une infection bactérienne, il est né-cessaire de se tourner vers des plantes aux propriétés bactéricides (capables d’éliminer les bactéries) ou bactériostatiques (qui les em-pêchent de se multiplier)� Pour cela, les huiles essentielles, qui concentrent les principes actifs végétaux, sont idéales� Bon nombre d’entre elles possèdent des vertus antibactériennes, connues depuis l’Antiquité� Elles ont largement contribué à limiter la propagation de redoutables fléaux des temps passés, comme la peste ou le cholé-ra� Contrairement aux antibiotiques constitués d’une unique molécule, les huiles essentielles sont un mé-lange de très nombreux composés

21. LeeJH,ShimJSetal.InhibitionofpathogenadhesiontohostcellsbypolysaccharidesfromPanaxginseng.BiosciBiotechnolBiochem.2009;73:209–212.122. AvilesHetal.ActivehexosecorrelatedcompoundenhancesresistancetoKlebsiellapneumoniaeinfectioninmiceinthehindlimb-unloadingmodelofspaceflightconditions.JApplPhysiol.2003Aug;95(2):491-6.23. GavanjiSetal.Antimicrobialandcytotoxicevaluationofsomeherbalessentialoilsincomparisonwithcommonantibioticsinbioassaycondition.IntegrMedRes.2014Sep;3(3):142-152.doi:10.1016/j.

imr.2014.07.001.Epub2014Jul2124. Aumeeruddy-ElalfiZ.,Gurib-FakimA.,MahomoodallyF.Antimicrobial,antibioticpotentiatingactivityandphytochemicalprofileofessentialoilsfromexoticandendemicmedicinalplantsofMauritius.Ind.

CropsProd.2015;71:197–204.doi:10.1016/j.indcrop.2015.03.05825. TriptiMaliketal2011.PotentiationofAntimicrobialActivityofCiprofloxacinbyPelargoniumgraveolensEssentialOilagainstSelectedUropathogens.Phytother.Res.25.Issue8pages1225–122826. HempelSetal.Probioticsforthepreventionandtreatmentofantibiotic-associateddiarrhea.Asystematicreviewandmeta-analysis.JAMA2012;307:1959-69

actifs : les bactéries ne peuvent donc pas s’y adapter et développer de résistance comme elles le font contre les médicaments classiques� Les plus efficaces sont les phénols (thymol, carvacrol, eugénol), les aldéhydes (cinnamaldéhyde) et les alcools (linalool)� Ils altèrent les lipides qui composent la membrane des bactéries, qui ne peut dès lors plus retenir ces composants in-ternes� De nombreuses équipes de recherche se sont attelées à démon-trer les propriétés antibactériennes des huiles essentielles au cours de tests en laboratoire�

Par exemple, les huiles essen-tielles d’Artemisia kermanensis, de Lavandula officinalis et de Zataria multiflora ont montré leur capacité à inhiber la crois-s a n c e d e S t a p hy l o c o c c u s aureus, Pseudomonas aerugino-sa et Klebsiella pneumoniae23. L’huile essentielle du Cannelier de Ceylan (Cinnamomum zey-lanicum /verum) est capable de venir à bout de Klebsiella pneu-moniae, Acinetobacter, Proteus vulgaris, Enterococcus faeca-lis, Staphylococcus aureus et Staphylococcus epidermidis24. Les effets antibactériens des huiles es-sentielles d’arbre à thé (Melaleuca alternifolia), d’origan (Origanum vulgare), de romarin (Rosmarinus officinalis), de thym (Thymus vul-garis), de menthe (Mentha piperita) sont également en mesure de com-battre les bactéries pathogènes� Les scientifiques s’intéressent éga-lement aux synergies qui existent entre les huiles essentielles et les antibiotiques : en effet, ces produits naturels augmentent l’efficacité des traitements classiques (voir tableau)�

Autre exemple, l’huile essentielle de Géranium rosat25 (Pelargonium

graveolens) augmente l’efficacité de la ciprofloxacine pour lutter contre des bactéries qui infectent le système urinaire (Klebsiella pneumoniae, Proteus mirabilis et Staphylococcus aureus). Une ap-proche intéressante pour diminuer la consommation d’antibiotiques !

Antibiotiques ? Pensez aux probiotiques !

L ors d’un traitement par an-tibiotiques, le microbiote,

cette communauté de microbes protecteurs qui vit dans notre intes-tin, est mis à mal : les médicaments ne font pas la différence entre les bactéries pathogènes et les alliées, qu’ils détruisent en partie� Des troubles digestifs, notamment des diarrhées, surviennent alors� Ce phénomène est très courant : il affecte environ une personne sur trois� Pour réduire ce risque, il est conseillé de recourir aux probio-tiques, des organismes vivants de nature bactérienne (notamment des Bifidobacterium, Lactobacillus et Streptococcus) et fongiques (comme la levure Saccharomyces boulardii). Ils exercent une action bénéfique en comblant les espaces devenus vacants, empêchant de nouvelles bactéries pathogènes de coloniser les lieux ; une présence qui, de plus, stimule le système immunitaire� Une analyse de la littérature, regroupant les données obtenues chez plus de 11 000 pa-tients, a ainsi montré que la prise de compléments de probiotiques réduit de 40 % le risque de surve-nue des diarrhées associées à la prise d’antibiotiques26�

Clostridium difficile est l’une des bactéries pathogènes qui peut pro-fiter de la destruction de la flore

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À LA UNE

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intestinale pour infecter l’orga-nisme ; ce redoutable microbe, responsable de diarrhées, peut entraîner l’apparition d’une forme grave de colite et l’apparition d’un mégacôlon toxique, une compli-

27. GoldenbergJZetal.ProbiotiquesdanslapréventiondeladiarrhéeàClostridiumdifficilechezl’adulteetl’enfant

cation potentiellement mortelle� Là encore, l’usage des probiotiques a montré son intérêt dans la pré-vention de cette infection : une seconde revue de la littérature27 a mis en évidence une réduction du

risque de contracter la bactérie de 60 % avec ce type de supplémen-tation� L’usage des probiotiques est considéré comme sûr ; il est toutefois déconseillé aux personnes immunodéprimées.

ASSOCIATION SYNERGIQUE HUILE ESSENTIELLE/ ANTIBIOTIQUE

HUILE ESSENTIELLE ANTIBIOTIQUE BACTÉRIE MALADIES

Candeia Eremanthus erythropappus

Ampicilline Staphylococcus aureus

Maladies de peau (impétigo, furoncle), septicémie, ostéomyélite, endocardite aiguë, infections pulmonaires, génitales et urinaires� Intoxication alimentaire, syndrome du choc toxique

Origan Origanum vulgarae

Fluoroquinolones, doxycycline, lincomycine, maquindox Escherichia coli Diarrhées, infections urinaires, rénales, de la prostate

Géranium bourbon Pelargonium graveolens

Norfloxacine

Staphylococcus aureus

Maladies de peau (impétigo, furoncle), septicémie, ostéomyélite, endocardite aiguë, infections pulmonaires, génitales et urinaires� Intoxication alimentaire, syndrome du choc toxique

Bacillus cereus Intoxications alimentaires

Lantana Lantana montevidensis

Aminoglycosides Escherichia coli Diarrhées, infections urinaires, rénales, de la prostate

Romarin officinal Rosmarinus officinalis

Ciprofloxacine Klebsiella pneumoniae Infections urinaires, pulmonaires, du foie, septicémie

Eucalyptus Eucalyptus radiata

Chlorhexidine digluconate Staphylococcus epidermidis Infections cutanées, nasales, urinaires

Zataria multiflora Vancomycine Staphylococcus aureus

Maladies de peau (impétigo, furoncle), septicémie, ostéomyélite, endocardite aiguë, infections pulmonaires, génitales et urinaires� Intoxication alimentaire, syndrome du choc toxique

Bois de rose Aniba rosaeodora ou Géranium rosat Pelargonium graveolens

Gentamicine

Bacillus cereus Intoxications alimentaires

Staphylococcus aureus

Maladies de peau (impétigo, furoncle), septicémie, ostéomyélite, endocardite aiguë, infections pulmonaires, génitales et urinaires� Intoxication alimentaire, syndrome du choc toxique

Acinetobacter baumannii Infections pulmonaires, urinaires, cutanées

Serratia marcescens Infections pulmonaires, urinaires

Yersinia enterocilitica Gastro-entérite, arthrite

Escherichia coli Diarrhées, infections urinaires, rénales, de la prostate

Citronnier Citrus limon ou Cannelle Cinnamomum zeylanicum

Amikacine Acinetobacter spp Infections pulmonaires, urinaires, cutanées

Coriandre Coriandrum sativum

Chloramphenicol, ciprofloxacine, gentamicine,

tétracycline

Acinetobacter baumannii Infections pulmonaires, urinaires, cutanées

Céline Sivault

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À LA UNE

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L a dose annuelle de consom-mation par habitant est de

35 kg de sucre de canne ou de betterave� C’est énorme comparé au chiffre de 2 kg dans les années 1820… Dans l’idéal, il ne faudrait pas dépasser les 8 kg par an, soit environ 20 grammes par jour (4 ou 5 sucres de table)� Même si tous les sucres ne se valent pas – un sucre bio complet sera toujours meilleur qu’un sucre blanc –, les supposés « bons sucres » ou « substituts na-turels » restent… des sucres� La véritable clé de la chasse au sucre réside avant tout dans la désaccou-tumance à ce goût addictif�

GUIDE PRATIQUE DES ALTERNATIVES EN RAYONS

D e l’index glycémique le plus élevé au plus faible :

En rouge, les substituts à éviter, pires que le sucre de canne raffiné.

En bleu, les alternatives équiva-lentes au sucre blanc, mais avec un intérêt nutritionnel supérieur�

En vert, les bonnes alternatives, à consommer avec modération malgré tout�

Le sirop de rizIndex glycémique de 95, presque autant que le glucose pur� Composé principalement de maltotriose

(trois molécules de glucose), c’est un mauvais choix pour rem-placer le sucre� C’est un additif largement répandu dans l’agroali-mentaire� Une alternative pourtant initialement recommandée sur la base d’un index glycémique de 25, malheureusement erroné (des chercheurs de l’université de Sydney ont démenti ce chiffre)� Sucre très rapide, comme d’autres sirops de céréales : sirop de maïs (additif alimentaire diabétogène, IG 115) ou sirop de blé (IG 100), tous à éviter� Intérêt nutritionnel par ailleurs nul�

Rapadura (sucre complet) Issue de la canne à sucre, son index glycémique est de 70� C’est donc du saccharose� Son avantage est de présenter une bonne composition

en minéraux et vitamines et d’être moins calorique� C’est un produit non raffiné : il se rapproche donc d’une alimentation naturelle� Le meilleur compromis pour le sucre de canne, mais à consommer avec modération�

Le mielIl ne s’agit pas d’un saccharose, mais d’un complexe de glucose et de fructose� Moins calorique que le sucre tout en présentant un pouvoir sucrant 1,3 fois supérieur, le miel est un bon choix� Non seulement c’est un aliment non raffiné, mais il possède aussi un certain nombre de propriétés thérapeutiques, grâce à ses minéraux, ses vitamines, ses acides aminés essentiels et ses enzymes� Son index glycémique est également acceptable� Celui

Déjouer le piège des alternatives au sucre Diabète, hypertension, caries, obésité, candidose, trouble du comportement… Nous payons très cher notre surconsommation de sucre : notre organisme n’est pas adapté à ces doses excessives et notre pancréas est surmené ! Que penser alors de l’essor des substituts naturels au sucre ? Permettent-ils une sortie saine de l’addiction au sucre ? Au fur et à mesure que la recherche s’intéresse à ces produits, la déception est souvent au rendez-vous�

Le sucre et les index glycémiquesQu’il soit de canne ou de bette-rave, blanc ou roux, le sucre est un saccharose qui possède un index glycémique de 70 (élevé, car su-périeur à 50). Le saccharose est composé d’une molécule de glucose et d’une molécule de fructose.

Rappelons que le glucose joue un rôle important dans le métabo-lisme cellulaire. Il est naturellement présent dans les fruits et légumes, graines et céréales, sous forme de glucides, simples ou complexes. Une alimentation 100 % naturelle

et équilibrée suffit largement à couvrir nos besoins.

En Europe, le glucose sert de référence à la notion d’index gly-cémique (100), la capacité d’un aliment à faire grimper le taux de glucose dans le sang. On sait que des sucres complexes (amidon, par exemple) peuvent aussi avoir un index glycémique (IG) élevé, car vite dégradés en glucose. Cette notion d’index glycémique est un bon fil conducteur pour présenter les al-ternatives au sucre.

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DÉCRYPTAGE

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d’acacia varie de 32 à 53 selon la provenance, celui de châtaignier reste dans la fourchette basse, tan-dis que les autres se situent autour de 55 à 60, parfois 80 pour le miel toutes fleurs. Il est possible de dif-férencier visuellement un miel à IG modéré à partir de la cristallisation (plus il est riche en glucose, plus il devient solide)� Un miel qui reste liquide a un taux de fructose élevé

et donc un IG plus bas� Certains médecins conseillent le miel pour les diabétiques�

Sirop d’agaveC’est une alternative en vogue, mais qui ne tient pas ses promesses� Suivant les modes de fabrication (pas toujours indiqués sur l’éti-quette), l’index glycémique peut varier de 55 à 90� Sa faiblesse en

minéraux et sa teneur élevée en fructose ne plaident pas en sa fa-veur� Par ailleurs, il inhiberait aussi la sensation de satiété et donne-rait envie de manger davantage� À éviter ou à consommer avec modération�

Sirop d’érableSon index glycémique est dans la moyenne acceptable : 55� Il est par ailleurs riche en minéraux� C’est un produit peu raffiné, issu de la ré-colte de l’eau d’érable, puis de son évaporation partielle� Beaucoup moins calorique que le sucre, il n’a cependant pas autant d’avantages que le miel� À consommer avec modération�

Sucre de cocoC’est la nouvelle alternative à la mode, mais il pose à peu près les mêmes problèmes que le sucre de canne� Principalement constitué de saccharose, son avantage réside dans la présence de vitamines et de minéraux et d’un processus d’obtention qui reste naturel� Mais il est quasiment aussi calorique que le sucre, même si son index glycémique reste un peu moins élevé, 54 selon les chercheurs de l’université de Sydney et non 30/35

Attention aux miels de premier prix ou sans traçabilité Ils font parfois l’objet d’ajout (illé-gal) de sucre. Au rayon de la ruche, la fraude est bien plus répandue que l’on ne le croit. D’après une série de tests menés par l’Union européenne en 2015, 32 % des miels analysés présentaient alors une non-conformité1 !

Il existe un label bio pour le miel, très contraignant pour les apicul-teurs, qui permet de s’assurer que la zone de butinage est essentiellement en culture biologique ou en zone sauvage. « Essentiellement », c’est-à-dire au moins 50 % de la zone. Cela paraît peu, mais sans cette déroga-tion, il est fort probable que nous

n’aurions plus de miel bio du tout… En France, 93 % des surfaces agri-coles sont traitées chimiquement. Pour les apiculteurs bio, l’obtention et la conservation d’un tel label re-lève donc bien souvent du parcours du combattant ! Côté consomma-teur, il est judicieux de regarder la provenance du pot de miel. Certaines montagnes sauvages ou régions d’agriculture biologique très déve-loppée (Drôme, Ariège, Pyrénées orientales, etc.) permettent de pro-duire un miel bio de haute qualité ; en revanche, un miel bio de la Beauce ne sera sans doute pas aussi « pur »… Mais l’acheter peut représenter un acte de « consomm’action » louable.

Cela permet de se prémunir contre certaines pratiques d’élevage d’abeilles, interdites et scrupu-leusement contrôlées dans le cadre de ce label. Les ruchers bio sont ainsi construits avec des matériaux non traités, les répulsifs chimiques de synthèse sont interdits, de même que la destruction des abeilles dans les rayons au moment de la récolte. Les traitements autorisés pour lut-ter contre le varroa, le principal parasite de l’abeille, sont quant à eux strictement limités. Donc, mal-gré l’incertitude de la provenance de tout le nectar qui le compose, un miel bio reste une garantie de qualité.

1. Source:reporterre.net/Le-faux-miel-envahit-les-rayons-des-supermarches

Tous les miels ne se valent pas : le miel d’acacia est un des meilleurs avec un IG bas et un pouvoir sucrant élevé

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selon les premiers chiffres avancés aux Philippines� À consommer avec modération�

Le fructoseConsidéré dans un premier temps comme un excellent substitut au sucre, et encore aujourd’hui re-commandé aux diabétiques par certains médecins pour son index glycémique faible (20), le fructose est loin d’être la panacée� Produit raffiné issu du sucre des fruits, cette poudre blanche a la fâcheuse pro-priété d’élever le taux de graisse dans le sang� Une consommation régulière de fructose conduit à la prise de poids et au syndrome de résistance à l’in-suline� Sa charge calorique est aussi élevée que le sucre� À éviter donc�

Le sirop de YaconIssu de la « poire de terre », tuber-cule sucré péruvien, on obtient ce liquide par pressage et évapo-ration� Il ressemble à la mélasse� Composé en bonne partie de fructo- oligosacharides (FOS), un type de fibres prébiotiques (bonnes pour la flore intestinale), son index gly-cémique est bas et son pouvoir calorifique modéré. Il est aussi riche en divers nutriments et reconnu pour améliorer l’assimilation du calcium et stimuler la synthèse des vitamines B� Sa consommation semble bénéfique pour les personnes en surpoids� Son inconvénient ? Le prix�

Sucre de bouleau ou xylitolLe xylitol est un sucre d’alcool (polyol) raffiné par hydrogénation (pas très naturel, donc) qui pos-sède le même pouvoir sucrant que le saccharose ; il est couramment utilisé comme alternative au sucre dans les pays nordiques� C’est un produit intéressant pour son très faible index glycémique, mais cela reste un sucre dont la charge calo-rique est tout de même importante (autant que le sirop d’érable)� Point positif : il prévient la formation de la carie dentaire� Point négatif : il peut

provoquer des troubles digestifs et peut-être même des allergies�

Des précautions s’imposent, car la sécurité de ce produit n’est pas bien établie� Mieux vaut donc ne pas en abuser (50 grammes par jour maximum) ou l’éviter en attendant que la recherche ait répondu aux doutes qu’il soulève (pas de couleur dans notre décryptage, faute de données suffisantes).

DU CÔTÉ DES ÉDULCORANTS

L e mot « édulcorant » s’em-ploie le plus souvent pour

désigner des produits qui donnent une saveur sucrée sans apporter de calories�

La steviaCette plante d’Amérique du Sud est l’une des meilleures alternatives au sucre, plus particulièrement aux édulcorants artificiels comme l’aspartame� Son goût sucré lui vient de ses stéviosides, dont on peut extraire une poudre blanche au pouvoir 300 fois plus sucrant�

Depuis longtemps, les Japonais ont recours à la stevia sous une forme raffinée dans les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées (y compris le Coca-Cola)� Mais on peut la trouver sous la forme naturelle de poudre de feuilles séchées ; elle contient alors

des minéraux, des vitamines, des protéines� La stevia possède un effet satiétogène identique à une bois-son sucrée, mais sans calorie� Seul son arrière-goût laisse vraiment à désirer ! C’est un bon édulcorant, notamment pour les diabétiques, car elle a aussi la propriété de faire baisser le glucose sanguin, contrai-rement à l’aspartame� Elle est aussi très stable à la chaleur pour toutes les formes de cuissons habituelles ou au four (180 °C)�

Si l’on devait trouver un défaut à la stevia, ce serait peut-être d’entrete-nir notre penchant pour la saveur sucrée� Attention, de nombreux produits mettent en avant « l’ar-gument stevia » et introduisent des sucres ajoutés� Il est impératif d’éplucher les étiquettes !

Aspartame, sucralose, acésulfame-K et autres édulcorants de synthèseC’est sans doute le pire des choix pour éviter le sucre� Non seulement le risque d’obésité et de syndrome métabolique est aussi important, mais ces produits sont également suspectés d’être neurotoxiques ou cancérigènes (la recherche n’est pas d’accord, mais les études indé-pendantes ont tendance à pointer les effets délétères de ces édulco-rants)� Comparés à la stevia, ils ne présentent aucun avantage nutritionnel�

Le sirop de yacon est extrait d’une tubercule originaire d’Amérique latine

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DÉCRYPTAGE

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TABLEAU RÉCAPITULATIF DES SUCRES, EN FONCTION DE L’INDEX GLYCÉMIQUE2

Sucre IGPouvoir

calorique (kcal/100 g)

Degré de raffinage

(0>4)

Principaux composants

sucrantIntérêt nutritionnel Conseils

Glucose 100 400 3 Glucose AucunOn le trouve sous forme de sirop de glucose, dans les ingrédients des produits industriels� À éviter !

Sirop de riz 95 316 2Maltotriose (trois

molécules de glucose)

Très peu de minéraux À éviter absolument

Sucre blanc 70 387 3 Saccharose Aucun À éviter

Sucre roux 70 387 2 Saccharose Minéraux et vitamines À consommer avec modération

Rapadura (sucre complet)

70 316 1 Saccharose Minéraux, vitaminesLe meilleur compromis pour le sucre de canne

Miel 55 en moyenne 300 0

Fructose et glucose

Minéraux, vitamines, enzymes et tous les acides aminés libres

Aliment complet et bénéfique, si usage modéré

Sirop d’agave 55/90 300 1 à 2 Fructose Très peu de minérauxÀ éviter ou à consommer avec modération

Sirop d’érable 55 260 1

50 à 75 % de saccharose, le reste étant du glucose et du fructose

Riche en minérauxStimule l’insuline, fait grossir� À consommer avec modération

Sucre de coco 54 Environ 350 1 SaccharoseVitamines et minéraux,

notamment des polyphénols

À consommer avec modération

Fructose 20 368 3 Fructose Aucun

Résistance à l’insuline, prise de poids, syndrome métabolique, diabète de type 2, maladies cardio-vasculaires� À éviter

Sirop de Yacon

?

Sans doute faible

200

en fonction des variétés

1

FOS (10-50 %), saccharose (10-20 %), fructose

et glucose

Riche en divers nutriments

Intéressant, mais cher� Manque de données

Sucre de bouleau ou xylitol

7 240 3 XylitolPrévient la carie

dentaireÀ consommer avec modération� Manque de données

Stevia 0 0 0 à 2 StéviosidesMinéraux, vitamines, acides aminés, entre

autres

Bon édulcorant� Attention aux produits qui contiennent des additifs

Aspartame 0 0 4 AucunBénéfices non prouvés pour le diabète� À éviter

Sucralose 0 0 4 AucunSouvent accompagnée de lactose, dextose, maltodexine� À éviter

0 = non raffiné –1 = peu raffiné – 2 = moyennement raffiné – 3 = très raffiné – 4 = chimique

Pryska Ducoeurjoly

2. Sources:Le Figaro Santé (janvier-février2018,hors-série«Lavéritésurlesucre»),Le Bon Choix au supermarché(Éditionslanutrition.fr),www.santenatureinnovation.com,wikipedia.fr(pourlesiropdeyacon)

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août 2018 • n°143DÉCRYPTAGE

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Lien inattendu entre les antibiotiques et les calculs rénauxEn détruisant les bonnes bactéries de notre organisme, ils favoriseraient la formation de ces concrétions dans l’appareil urinaire

L es traitements antibiotiques auraient-ils leur part de responsabilité dans l’augmentation de 70 % des

cas de calculs rénaux observée aux États-Unis au cours des trois dernières décennies ? Une étude2 vient en effet d’établir pour la première fois un lien entre ces médi-caments et la survenue de ce trouble néphrologique. L’équipe à l’origine de cette découverte a exploité les données électroniques de plus de 13 millions de patients, adultes et enfants, qui ont consulté un médecin généra-liste entre 1994 et 2015. Ils ont comparé les prescriptions d’antibiotiques adressées à près de 26 000 personnes ayant développé des calculs rénaux à celles de 260 000 personnes épargnées par ce problème. Ils ont mis en évidence un risque accru de calculs rénaux en cas de prise d’antibiotiques appartenant à 5 classes : les sulfo-namides, les céphalosporines, les fluoroquinolones, la nitrofurantoïne et les pénicillines à large spectre d’ac-tion. Les enfants et adolescents y sont particulièrement exposés et, si le risque est le plus élevé pour les expo-sitions récentes, il perdure plusieurs années après le traitement. Des méfaits qui s’expliquent probablement par les perturbations de la communauté des microbes favorables à notre santé qui peuplent le système digestif et urinaire. L’objectif des chercheurs est désormais de mieux comprendre les relations entre ce microbiome et la formation des calculs rénaux.

2. Tasian G.E. et al. Oral Antibiotic Exposure and Kidney Stone Disease. J Am Soc Nephrol. 2018Jun;29(6):1731-1740

Un surpoids est associé à un risque accru de développer certaines maladies Le mythe selon lequel on peut être en surpoids ou obèse et en bonne santé vole en éclats

C ertaines personnes présentant un excès de poids semblent bien se porter, leur santé métabolique est au beau fixe, elles ne souffrent pas de diabète de type 2, d’hypertension artérielle ou d’hypercholestérolémie. Sont-

elles pour autant préservées des maladies cardiovasculaires ? Pour répondre à cette question, des chercheurs3 allemands ont suivi un groupe de 90 257 femmes pendant 30 ans, entre 1980 et 2010. Au cours de cette période, 6 306 d’entre elles ont développé une maladie cardiovasculaire, 3 304 ont été frappées par une crise cardiaque, tandis que 3 080 ont été victimes d’AVC. En analysant les données, les scientifiques ont constaté qu’il existe bien un risque accru d’AVC pour les femmes obèses, même en l’absence de troubles du métabolisme, de l’ordre de 39 % par rapport aux femmes de poids normal. Maintenir une bonne santé métabolique sur le long terme est un défi qui n’est pas toujours facile à relever : 84 % des femmes obèses et 68 % des femmes de poids normal n’y parviennent pas et changent de statut au fil du temps. Pour y parvenir, pas de recette miracle : une alimentation équilibrée et de l’exercice physique en sont les garants, pour éviter la survenue d’une maladie grave.

3. Eckel,Nathalieetal.TransitionFromMetabolicHealthytoUnhealthyPhenotypesandAssociationWithCardiovascularDiseaseRiskAcrossBMICategoriesin90,257Women(theNurses’HealthStudy):30YearFollow-UpFromaProspectiveCohortStudy.TheLancetDiabetes&Endocrinology,30May2018

Les œufs provoquent-ils la diarrhée ?Pas question de se passer de leurs vertus nutritionnelles, mais quelques précautions sont à prendre !

R iches en nutriments, faciles à préparer et bon marché, les œufs ne manquent pas

d’atouts ! Mais prudence, toutefois : ils peuvent transmettre des bactéries Campylobacter, responsables d’intoxications alimentaires se traduisant par des maux d’estomac, de la fièvre et des diarrhées. L’Institut fédéral al-lemand d’évaluation des risques1 a ainsi fait le point sur les mesures à adopter pour éviter la contamination. Il faut tout d’abord savoir que le pathogène se trouve dans l’intestin des volailles : il est ainsi transmis à l’homme lors de la consommation de viande insuffisam-ment cuite, ou par les œufs, lorsque la coquille est souillée par des fientes. Ainsi, des règles d’hygiène scrupuleuses doivent être suivies à la maison : il est conseillé de stocker les œufs séparément des autres denrées alimentaires (à température ambiante et sans lavage pré-alable !), de se laver les mains après les avoir manipulés et de nettoyer les ustensiles de cuisine entrés en contact avec ceux-ci. Pour les recettes à base d’œufs crus, les plus propres doivent être choisis. Elles sont cependant à évi-ter pour les personnes fragiles : les personnes âgées et les jeunes enfants pourront profiter de leurs bienfaits après une étape de cuisson, à laquelle ces microbes ne survivent pas !

1. BfROpinionNo011/2018of11May2018.HygieneforChickenEggs.ProtectionFromCampylobacter.DOI10.17590/20180511-093846-0

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NEWS août 2018 • n°143

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Des nuits trop courtes : une vie trop courte ?Chez les moins de 65 ans, le taux de mortalité des per-sonnes qui dorment moins de 5 heures par nuit est plus élevé de 65 % par rapport aux bons dormeurs, qui cu-mulent 6 à 7 heures de sommeil� Ce résultat a été obtenu en suivant sur une période de 13 ans un échantillon de la population suédoise de plus de 43 880 personnes� Et, contrairement à ce qui est généralement admis, la grasse matinée dominicale permettrait de compenser les méfaits de ce manque de sommeil : le taux de mortalité des petits dormeurs en semaine, mais qui se rattrapent le week-end, ne diffère pas de celui des bons dormeurs réguliers5�

5. ÅkerstedtT.etal.SleepDurationandMortality.Doesweekendsleepmatter?J.SleepRes.2018May22:e12712

L’insomnie : le point aveugle de la rémission d’un AVCÊtre victime d’un accident cérébral vasculaire laisse sou-vent des séquelles à long terme et, parmi celles-ci, des troubles du sommeil� Grâce à des enregistrements du sommeil, des chercheurs spécialisés en psychologie et neurologie ont en effet constaté que les patients mettent plus de temps à s’endormir et ont un repos de moins bonne qualité, comparativement aux personnes en bonne santé – avec des conséquences directes sur leur récupération, aussi bien physique que mentale� Aider les malades à retrouver un bon sommeil devrait ainsi faire partie inté-grante de la prise en charge thérapeutique après un AVC6�

6. Sterr A. et al. Post-stroke Insomnia in Community-Dwelling Patients With Chronic Motor Stroke:PhysiologicalEvidenceandImplicationsforStrokeCare.SciRep.2018May30;8(1):8409

Les régimes hyperprotéinés augmentent le risque cardiaqueEssoufflement et fatigue au moindre effort sont les signes d’alerte de l’insuffisance cardiaque, une situation dans laquelle le cœur ne parvient plus à assurer correctement son rôle de pompe pour nourrir les organes� Une alimen-tation riche en protéines semble augmenter légèrement le risque de développer cet état pathologique, selon les conclusions d’une étude finlandaise ayant suivi 2 441 hommes âgés de 42 à 60 ans pendant 22 ans� Les hommes ont été classés en 4 groupes selon leurs apports : ceux ayant les plus importants avaient un risque d’insuffisance cardiaque accru de 33 % par rapport à ceux présentant les plus faibles niveaux de consommation� Les seules sources de protéines n’ayant pas d’impact négatif sur le cœur sont le poisson et les œufs7�

7. Heli E.K. Virtanen et al. Intake of Different Dietary Proteins and Risk of Heart Failure in Men.Circulation:HeartFailure,2018;11(6):e004531

Ne sous-estimez pas les risques du dérèglement de votre horloge biologique !S’ils altèrent notre santé physique, ils pourraient également affecter notre équilibre psychique

A lternance veille/sommeil, production d’hormones, comportements alimen-

taires… Nos fonctions biologiques et nos comportements fluctuent au gré de la jour-née, contrôlés par notre horloge biologique interne. Des dérèglements de cette machine-rie favorisent la survenue de nombreuses pathologies, des maladies cardiovasculaires aux troubles du métabolisme, en passant par le cancer… Et pourraient également mettre à mal notre santé mentale, d’après les ré-sultats d’une étude4 de grande envergure conduite par des chercheurs britanniques et suédois. Ils se sont penchés sur les rythmes de vie d’un très large échantillon de popu-lation, rassemblant 91 105 personnes âgées de 37 à 73 ans.

Pour disposer de données fiables, les par-ticipants ont été équipés d’un dispositif, l’accéléromètre, qui permet d’enregistrer l’activité physique de jour comme de nuit, sur une période de 7 jours. À partir de ces enregistrements, il est possible de calcu-ler un indice, appelé amplitude relative ; si celle-ci est élevée, cela signifie que les périodes d’activité se concentrent sur la journée, et que la nuit est dédiée au repos, le schéma idéal. Une faible amplitude rela-tive traduit au contraire un rythme de vie déréglé. En rapprochant ces résultats, des réponses apportées par les participants à des questionnaires évaluant divers aspects de leur santé mentale, il est apparu que les personnes aux rythmes de vie irréguliers sont plus susceptibles d’être affectées par un trouble psychiatrique (dépression, bi-polarité), souffrent d’une humeur instable, d’un sentiment de solitude et présentent un temps de réaction plus élevé. Cette étude sug-gère ainsi que l’équilibre mental passe aussi par le respect de notre horloge biologique.

4. LyallL.M.etal.AssociationofDisruptedCircadianRhythmicityWithMoodDisor-ders, SubjectiveWellbeing, andCognitive Function: a Cross-Sectional Studyof91 105ParticipantsFromtheUKBiobank.LancetPsychiatry.2018May15

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INFOS SUR LA SANTÉ NATURELLE août 2018 • n°143

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L es investigations menées sur le microbiote intestinal

(également appelé « flore intesti-nale ») se sont accélérées depuis quelques décennies et ont permis de prendre conscience de son im-portance capitale pour la santé� Il est aujourd’hui le mieux connu des microbiotes et, sur cette lancée, les scientifiques ont aussi commencé à explorer l’autre grand microbiote, celui de la peau, et à étudier le rôle de la communauté de micro-orga-nismes qu’il abrite pour le maintien d’une peau saine�

Les recherches en sont encore à leurs balbutiements, mais de dé-couverte en découverte, il est devenu évident que les bactéries à la surface de la peau ont les mêmes fonctions protectrices que celles des intestins et que l’état de la peau dépend en grande partie de l’équilibre de son microbiote� Les scientifiques fondent beaucoup d’espoir sur son potentiel et, depuis peu, les chercheurs du département de dermatologie de l’université de Californie à San Diego sont convaincus que le microbiote cuta-né représentera bientôt la prochaine arme anticancer�

En ef fe t , i l s ont découver t qu’une bactérie très commune, Staphylococcus epidermidis, produisait une enzyme capable de combattre les cellules cancé-

1. TeruakiNakatsuji,TiffanyH.Chen,AnnaM.Butcher,LynnieL.Trzoss,Sang-JipNam,KarinaT.Shirakawa,WeiZhou,JuliaOh,MichaelOtto,WilliamFenical,RichardL.GalloAcommensalstrainofStaphylococcusepidermidisprotectsagainstskinneoplasia,ScienceAdvances,4(2)eaao4502,28/02/2018.doi:10.1126/sciadv.aao4502

2. ElizabethA.Grice-Theskinmicrobiome:potentialfornoveldiagnosticandtherapeuticapproachestocutaneousdisease-SeminCutanMedSurg.2014Jun;33(2):98–1033. AlexanderJ.Probst,AnnaK.Auerbach,andChristineMoissl-Eichinger-ArchaeaonHumanSkin-PLoSOne.2013;8(6):e65388

reuses de la peau, notamment le mélanome, le cancer le plus agressif� Quand cette souche doit se défendre pour protéger son territoire d’une invasion par des germes pathogènes, elle synthé-tise un composé chimique appelé 6-HAP, qui inhibe l’ADN des cel-lules cancéreuses, stoppant net leur croissance et leur réplication1� Mais si Staphylococcus epidermi-dis est majoritaire parmi toutes les espèces qui colonisent la peau, seulement 20 % des personnes posséderaient la variante spéci-fique anticancer. Toutefois, il est certainement possible d’agir sur le microbiote cutané ; c’est un champ d’investigation qui passionne les chercheurs et ouvre d’immenses espoirs, car il ne fait pas de doute que le microbiote cutané deviendra bientôt la source de traitements révolutionnaires pour agir sur les maladies de peau�

LE PETIT PEUPLE DE LA PEAU

Q uelques minutes après la naissance, l’invasion de l’or-

ganisme par une ribambelle de micro-organismes invisibles à l’œil nu commence� Bactéries, virus, champignons et archées (des orga-nismes unicellulaires proches des bactéries) vont se nicher dans les différentes cavités du corps� Comme

la peau représente la première in-terface vis-à-vis de l’environnement extérieur, tout un petit peuple va résider dans les anfractuosités de l’épiderme, à la surface des folli-cules pileux et dans les conduits des glandes sébacées� Détail logique, dans les premières heures de vie, le microbiote d’un enfant né par les voies naturelles sera très dépendant des Lactobacillus du microbiote vaginal de la mère, tandis que celui d’un enfant né par césarienne sera proche de celui de la peau de la maman2� Au départ, la population microbienne est peu diversifiée, mais graduellement, elle va pros-pérer et se développer en fonction des personnes en contact avec l’enfant, des pratiques d’hygiène, des produits employés, du type de vêtement en contact avec la peau, et plus largement de l’exposition à l’environnement, à la nature, aux animaux, etc�3

En outre, la composition de la mi-croflore est loin d’être identique sur toute la surface de la peau ; elle fluctue énormément selon la région du corps� Ce qui se comprend, car les communautés microbiennes doivent évoluer dans des condi-tions aussi différentes que celles d’une forêt vierge au niveau des zones humides comme les aisselles, du Sahara dans une zone aussi sèche que celle des avant-bras, ou encore du bocage normand

Votre peau est une barrière contre le cancer La tendance est de bien nettoyer sa peau et de la garder rigoureusement propre� Pourtant, à l’instar des intestins, savez-vous que chacun de ses centimètres carrés abrite un microbiote formé d’une multitude de micro-organismes dont les fonctions sont capitales pour son apparence et sa santé ? Il est grand temps de le découvrir et d’apprendre à le cultiver�

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L’ENQUÊTE DU MOIS

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dans une zone plus grasse, comme celle du visage� Selon les zones, les micro-organismes se chiffrent entre la centaine et le million par cm2� Certains sont installés à vie – on parle d’une flore résidente ou commensale relativement stable –, tandis que d’autres composent la flore transitoire, qui varie considé-rablement en effectifs et en genres pour s’adapter, en fonction de l’ac-tivité et de l’environnement4�

Chacun transporte ainsi sur lui une communauté microbienne tout à fait unique, ce qui a poussé certains à proposer d’utiliser le microbiote cutané comme outil d’identifica-tion médico-légal, puisqu’il suffit de prélever un peu des résidus dé-posés sur la souris d’un ordinateur ou sur les touches d’un téléphone pour identifier avec certitude leur propriétaire5�

QUE FONT TOUTES CES BACTÉRIES ?

L ’état de la peau dépend en grande partie de la qualité

de la barrière qui la protège et le microbiote cutané apparaît de plus en plus comme étant l’élé-ment majeur� En première ligne de défense, il forme un bouclier naturel capable de repousser les germes pathogènes, contre lesquels il exerce plusieurs modes d’action�

D’abord, comme il occupe le terrain, il assure une certaine pro-tection en laissant peu de place à l’implantation des germes patho-gènes� Il dévore aussi les molécules et les composés excrétés par la peau elle-même et d’autres secrétés par les micro-organismes, ce qui affame les indésirables, réduisant le risque de les laisser proliférer�

4. GriceEA,KongHH,RenaudG,YoungAC,BouffardGG,BlakesleyRW,etal.Adiversityprofileofthehumanskinmicrobiota.GenomeRes2008;18:1043–505. Hampton-MarcellJT,LopezJV,GilbertJA.Thehumanmicrobiome:anemergingtoolinforensics.MicrobialBiotechnology.2017;10(2):228-230.doi:10.1111/1751-7915.126996. Chen,Y.E.&Tsao,H.Theskinmicrobiome:Currentperspectivesandfuturechallenges.JournaloftheAmericanAcademyofDermatology69,143–155.e3(2013)7. Fitz-GibbonS,TomidaS,ChiuB-H,etal.Propionibacteriumacnesstrainpopulationsinthehumanskinmicrobiomeassociatedwithacne.TheJournalofinvestigativedermatology.2013;133(9):2152-2160.

doi:10.1038/jid.2013.218. StanisławJarmuda,NiamhO’Reilly,RyszardŻaba,OliwiaJakubowicz,AndrzejSzkaradkiewicz,KevinKavanagh-PotentialroleofDemodexmitesandbacteriaintheinductionofrosacea01November2012,

JournalofMedicalMicrobiology61:15041510,doi:10.1099/jmm.0.048090-09. HeidiH.Kong,JuliaOh,ClayDeming,SeanConlan,ElizabethA.Grice,MelonyA.Beatson,EffieNomicos,EricC.Polley,HirshD.Komarow,,PatrickR.Murray,MariaL.Turner,andJuliaA.SegreTemporalshifts

intheskinmicrobiomeassociatedwithdiseaseflaresandtreatmentinchildrenwithatopicdermatitis-GenomeRes.2012May;22(5):850–859.doi:10.1101/gr.131029.11110. AlexanderStatnikov,AlexanderV.Alekseyenko,ZhiguoLi,MikaelHenaff,GuillermoI.Perez-Perez,MartinJ.Blaser&ConstantinF.Aliferis-MicrobiomicSignaturesofPsoriasis:FeasibilityandMethodology

Comparison-ScientificReportsvolume3,Articlenumber:2620(2013)doi:10.1038/srep02620

En outre, les bactéries modifient le pH, pour le rendre défavorable aux pathogènes� À ce rôle de barrière physique s’ajoute un second plus agressif, car certaines souches vont produire des métabolites toxiques et des bactériocines, des facteurs capables d’inhiber la croissance des germes indésirables6�

Mais si les micro-organismes du microbiote sont majoritairement présents en surface sur l’épiderme, certains résident en profondeur dans le derme, là où ils sont en connexion constante et étroite avec les cellules immunitaires de la peau afin de maintenir un équilibre stable� Il est maintenant certain que le microbiote cutané contri-bue au fonctionnement normal du système immunitaire, les bactéries résidentes pouvant directement ac-tiver les réponses immunitaires, en recrutant des agents antimicrobiens et des cellules inflammatoires pour répondre aux agressions de la peau�

Et comme pour son homologue intestinal, il n’est pas surprenant de constater que lorsque des facteurs extérieurs altèrent la composi-tion du microbiote cutané, cela

conduit à une réponse immuni-taire défectueuse, ou qu’à l’inverse, des perturbations de l’immunité peuvent provoquer des poussées inflammatoires qui dégradent le mi-crobiote cutané� Explications avec l’eczéma, une maladie chronique très fréquente�

QU’ARRIVE-T-IL QUAND LE MICROBIOTE DE LA PEAU EST DÉSÉQUILIBRÉ ?

D es déséquilibres du micro-biote cutané ont été associés

aux maladies de peau, acné7, rosa-cée8, eczéma9 et psoriasis10, dont ils viennent aggraver ou déclencher les poussées inflammatoires. Mais que signifient ces associations ? Peut-on trouver un soulagement simplement en restaurant une bonne diversité du microbiote ?

C’est ce qu’une équipe de cher-cheurs californiens a testé pour soigner des personnes sévèrement atteintes d’eczéma (ou dermatite atopique)� Dans l’eczéma, l’ap-

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le microbiote cutané• L a p e a u d ’ u n a d u l t e h é -

berge 1 000 mil l iards de bactéries, appartenant à 300 genres, dont majoritairement Corynebacterium, Propioni-bacterium et Staphylococcus, sans compter différentes es-pèces de champignons du type Malessezia et de parasites du type Demodex ;

• Le microbiote du cuir chevelu n’est pas le même que celui du

visage, du dos, des aisselles ou des parties génitales ;

• En fonction de l’activité des glandes sudoripares et séba-cées, le microbiote évolue entre la naissance, la puberté et la vieillesse ;

• Le mode de vie, l’environnement, l’hygiène et l’alimentation, comme l’âge et le sexe, influent sur la com-position du microbiote cutané.

en bref

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L’ENQUÊTE DU MOIS

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pauvrissement de la diversité bactérienne permet à un certain Staphylococcus Aureus de s’im-planter et de générer des poussées11�

Les chercheurs ont donc prélevé sur la peau des malades les bactéries bénéfiques capables de contrô-ler le staphylocoque doré� Ils les ont cultivées en laboratoire avant de les incorporer dans une crème hydratante� Chaque patient a reçu sa crème personnalisée avec ses propres bactéries�

Le résultat a été spectaculaire pour certains patients, dont les lésions sur les bras ont disparu en seule-ment 24 heures, grâce à une seule application ; pour les autres, l’amé-lioration a été très nette12� Cibler directement les bactéries nuisibles et restaurer un microbiote cutané sain semble être un traitement très prometteur�13

11. PowersCE,McShaneDB,GilliganPH,BurkhartCN,MorrellDS.Microbiomeandpediatricatopicdermatitis.JDermatol.2015Dec;42(12):1137-42.doi:10.1111/1346-8138.13072.Epub2015Sep2112. TeruakiNakatsuji,TiffanyH.Chen,SaisindhuNarala,KimberlyA.Chun,AimeeM.Two,TongYun,FaizaShafiq,PaulF.Kotol,AminaBouslimani,AlexeyV.Melnik,HaythemLatif,Ji-NuKim,AlexandreLockhart,

KeliArtis,GloriaDavid,PatriciaTaylor,JoanneStreib,PieterC.Dorrestein,AlexGrier,StevenR.Gill,KarstenZengler,TissaR.Hata,DonaldY.M.LeungandRichardL.Gallo-AntimicrobialsfromhumanskincommensalbacteriaprotectagainstStaphylococcusaureusandaredeficientinatopicdermatitis-cienceTranslationalMedicine22Feb2017:Vol.9,Issue378,eaah4680-DOI:10.1126/scitranslmed.aah4680

13. AgnolettiAF,DEColE,ParodiA,SchiavettiI,SavarinoV,ReboraA,PaolinoS,CozzaniE,DragoF.Etiopathogenesisofrosacea:aprospectivestudywithathree-yearfollow-up.GItalDermatolVenereol.2017Oct;152(5):418-423.doi:10.23736/S0392-0488.16.05315-3.Epub2016Feb18

14. MatthewT.Walker,JeremyE.Green,RyanP.Ferrie,AshleyM.Queener,MarkH.Kaplan,JoanM.Cook-Mills,Mechanismforinitiationoffoodallergy:Dependenceonskinbarriermutationsandenvironmentalallergencostimulation-JournalofAllergyandClinicalImmunology,Volume141,Issue5,1711-1725.e9

ÉVITEZ LES LINGETTES NETTOYANTES

M ais les relations entre micro-biote cutané et immunité

sont bien plus étroites qu’il n’y pa-raît� Au moins 35 % des enfants qui ont un eczéma souffrent également d’allergie alimentaire, car l’eczéma survient sur un terrain atopique, c’est-à-dire prédisposé à manifes-ter les allergies� Or, l’implication du microbiote de la peau dans le déclenchement des manifestations allergiques autres que cutanées commence à se dessiner, grâce aux résultats surprenants d’une étude suggérant que l’utilisation de lingettes nettoyantes serait un des facteurs à l’origine des allergies alimentaires, bien avant que l’ec-zéma ne se manifeste14� En effet, les lingettes laissent des résidus de savon sur la peau des bébés,

ce qui perturbe dramatiquement leur fragile écosystème cutané et devient un facteur affolant le sys-tème immunitaire, favorisant du même coup le déclenchement des allergies�

Plusieurs marques de lingettes avaient déjà été pointées du doigt du fait de leur teneur en composés douteux ; ici, c’est un détergent couramment retrouvé dans les pro-duits cosmétiques, le sodium lauryl sulfate (SLS), qui est sur la sellette� Conclusion : préférez un gant, de l’eau et du savon pour nettoyer bébé et lui éviter un facteur de risque allergique�

COMMENT FAIRE POUR CULTIVER UN BON MICROBIOTE CUTANÉ ?

E n tout état de cause, un microbiote cutané bien équi-

libré joue un rôle fondamental, prévenant et traitant les affections dermatologiques chroniques, mais aussi favorisant la guérison des plaies et des brûlures et permettant tout simplement d’améliorer et de préserver la jeunesse de la peau� Il est donc crucial de comprendre comment le choyer, car dans notre société hyperhygiéniste, de trop nombreuses habitudes le fragi-lisent et réduisent la diversité des bactéries�

Êtes-vous propre comme un sou neuf ?À chaque fois que, sous la douche, vous attrapez un savon en gel ou un shampooing, vous vous apprê-tez à perturber votre microbiote� Cela provoque une véritable tem-pête pour tout le petit peuple de la peau, à la fois à cause de l’action mécanique, mais aussi à cause des

L’axe peau/intestinAu-delà des anomalies du micro-biote cutané, la recherche a déjà révélé que des changements dans le microbiote intestinal pouvaient créer un état inflammatoire et dé-clencher ou favoriser un certain nombre de maladies dermatolo-giques. Face à toute inflammation de la peau, il est souvent nécessaire de penser aussi bien déséqui-libre local cutané que microbiote intestinal.Concernant le psoriasis, par exemple, son origine est encore mal connue, mais les scientifiques penchent en faveur du rôle d’une perturbation initiale du système immunitaire (en lien avec des modifications du microbiote in-testinal) dans l’apparition de la maladie. Des lignées de globules blancs du système immunitaire s’activent et déclenchent l’inflam-mation, laquelle vient se répercuter sur la peau, avec une desquamation

et des rougeurs caractéristiques du psoriasis. Autre exemple : la rosacée. Une étude a montré que les personnes atteintes de rosacée présentaient souvent des troubles du tractus intestinal, en particu-lier une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle, appelée SIBO, et parfois une infection à Helicobacter pylori. Le traitement de ces déséquilibres du microbiote intestinal permet d’améliorer considérablement l’aspect de la peau ou même d’apporter une ré-mission complète13. Restaurer un bon microbiote intestinal et corri-ger les déséquilibres doivent donc généralement se combiner. En vue de la restauration du microbiote cutané, il est recommandé de man-ger régulièrement des aliments riches en fibres prébiotiques et des aliments fermentés riches en probiotiques.

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L’ENQUÊTE DU MOIS

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produits d’hygiène� Il faut ensuite tout de même entre quatre et sept jours pour que le microbiote s’en remette et retrouve son homéosta-sie� Pendant ce temps-là, la peau est fragilisée, s’assèche et le risque d’infection et d’allergie devient plus important�

Prendre une douche tous les jours en se savonnant dans les moindres recoins n’est certainement pas une bonne idée si vous désirez préser-ver votre microbiote� Vous pouvez parfaitement vous contenter de nettoyer les aisselles et les parties génitales� Le reste du corps n’a pas besoin d’être lavé tous les jours : vous laissez ainsi à votre microbiote le temps de retrouver son homéos-tasie� Se laver moins souvent est en particulier recommandé si vous avez la peau sèche ou enflammée par un eczéma ou un psoriasis� Même l’eau, avec son pH de 7, peut devenir irritante pour les peaux fragilisées� Bannissez l’eau trop chaude, qui affaiblit l’épiderme : une température tiède entre 30 et 35° est suffisante.

Choisissez vos produits d’hygiène avec soin, car la plupart comprennent les pires ennemis du microbiote, les conservateurs et les antiseptiques tueurs de bactéries, ainsi qu’un pH trop basique, alors qu’il est essentiel que la peau conserve son manteau acide protecteur, le meilleur gardien du microbiote, autour de 4,7 à 5,5� Sans parler des parfums ou d’autres composés chimiques et antibacté-riens, comme le triclosan� Évitez les gels douche trop détergents, trop alcalins et formulés avec des com-posés agressifs ; préférez le savon à froid surgras ou les produits lavants sans conservateur, sans colorant et sans parfum� Fuyez les gels antibac-tériens : ils tuent aussi les bonnes bactéries�

15. www.slow-cosmetique.com16. StaudingerT,PipalA,RedlB.Molecularanalysisoftheprevalentmicrobiotaofhumanmaleandfemaleforeheadskincomparedtoforearm

skinandtheinfluenceofmake-up.JApplMicrobiol.2011Jun;110(6):1381-9.doi:10.1111/j.1365-2672.2011.04991.x.Epub2011Mar1717. https://www.huffingtonpost.co.uk/2015/08/26/out-of-date-make-up-health-scare_n_8042736.html?guccounter=118. ChrisCallewaert,SamVanNevel,Frederiek-MaartenKerckhof,MichaelS.GranitsiotisandNicoBoon-BacterialExchangeinHousehold

WashingMachines-Front.Microbiol.,08December2015|https://doi.org/10.3389/fmicb.2015.0138119. SingD,SingCF.ImpactofDirectSoilExposuresfromAirborneDustandGeophagyonHumanHealth.InternationalJournalofEnvironmentalResearchandPublicHealth.2010;7(3):1205-1223.doi:10.3390/

ijerph703120520. MariaAllhorn,SabineArve,HolgerBrüggemann&RolfLood-AnovelenzymewithantioxidantcapacityproducedbytheubiquitousskincolonizerPropionibacteriumacnes-ScientificReportsvolume6,

Articlenumber:36412(2016)doi:10.1038/srep36412

Prudence avec le maquillageLes rituels de beauté ont aussi leur importance pour préserver le micro-biote : pas de masque, de gommage ou de désinfectant à outrance� Ceci dit, les industriels de la cosmétique s’intéressent de près aux recherches sur le microbiote et proposent déjà des lignes de produits qui incor-porent des probiotiques ou des actifs symbiotiques dans leurs for-mules et qui sont censés rajeunir votre visage de façon spectaculaire� Fort bien, mais restez circonspect malgré tout et privilégiez les cos-métiques naturels, garantis sans ingrédients polémiques, certifiés bio ou, mieux, portant la mention « Slow cosmétique »15�

Prudence également avec le ma-quillage, car il a été démontré qu’il perturbe l’écosystème de la peau16�

Nos conseils pour le visage :

• Commencez le matin par un simple rinçage avec une lotion sans alcool et non agressive, comme un hydrolat de rose ou une eau thermale� Vous préser-verez le microbiote qui s’est régénéré durant la nuit�

• Le soir, nettoyez les impure-tés sans produit agressif, par exemple avec une huile végétale comportant de bons acides gras et/ou un hydrolat�

• Débarrassez-vous des produits trop vieux. Avec le temps, ils fi-nissent par laisser se développer d’autres bactéries, potentielle-ment pathogènes17�

L’habit ne fait pas le moineFait intéressant, les chercheurs ont comparé la croissance des bactéries dans les vêtements synthétiques par opposition aux vêtements naturels� Ils ont découvert que les matières synthétiques abritent des bacté-

ries différentes, qui ne sont pas en équilibre avec l’écosystème de la peau humaine, tandis que les com-munautés microbiennes présentes dans les fibres naturelles reflètent les communautés microbiennes de la peau� Ils ont aussi constaté que les machines à laver peuvent propager les diverses communautés microbiennes parmi les membres d’une famille18� À noter que la plupart des séchoirs ne sont pas assez chauds pour tuer les microbes et qu’ils peuvent même en favori-ser la croissance, si les vêtements restent humides� Le séchage à l’air des vêtements au soleil est bien plus intéressant si vous cherchez à désinfecter les vêtements�

Ville ou campagne ?La peau est évidemment en pre-mière ligne face à la pollution atmosphérique et une étude co-réenne a montré que plus la ville où l’on habite est grande et urbanisée, moins le microbiote est de bonne qualité19�20

Annie Casamayou

Une action jeunessePropionibacterium acnes est une bactérie très commune qui a été mise en cause dans l’acné, mais qui est présente aussi bien chez les personnes saines que chez celles atteintes de maladies de peau. Des chercheurs suédois ont remarqué qu’elle secrétait une protéine, la RoxP, aux proprié-tés antioxydantes comparables à des antioxydants puissants comme la vitamine C20. En pra-tique, elle protège les cellules contre le stress oxydatif, dont le rayonnement solaire. D’autres études sont programmées pour comprendre son action et éva-luer son intérêt comme principe actif dans les crèmes solaires, mais aussi pour agir contre le psoriasis et l’eczéma.

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L’ENQUÊTE DU MOIS

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L es infections urinaires sont majoritairement d’origine

bactérienne et Escherichia coli est en cause dans 90 % des cas� D’autres bactéries peuvent néanmoins être présentes, comme Staphylocoques saprophyticus, Enterococcus faeca-lis, Proteus vulgaris, Proteus mirabilis ou encore Klebsiella� La cystite est l’inflammation de la vessie qui en découle� Elle s’assortit d’un cortège de symptômes désagréables : pe-santeur dans le bas-ventre, mictions fréquentes, urine chaude et trouble, sensations de picotement, déman-geaison et brûlure�

Ces bactéries sont principalement contenues dans l’intestin et la proxi-mité anatomique des zones anale et urogénitale facilite la contami-nation� Les facteurs susceptibles d’augmenter leur survenue sont bien connus :

• hydratation insuffisante ;

• mauvais essuyage de l’arrière vers l’avant ;

• port de vêtements serrés, de sous-vêtements qui ne sont pas en coton ;

• excès d’hygiène intime qui al-tère la flore vaginale ;

• ne pas uriner après les rapports sexuels ;

• les contracepti fs de type diaphragme ;

• la deuxième partie de la gros-sesse, avec la compression de la vessie par un utérus de plus en plus envahissant ;

• et enfin la ménopause, avec la baisse hormonale qui perturbe la lubrification et donc la pro-tection de la muqueuse�

C’est en effet sur cette muqueuse que vont s’accrocher les bactéries sur la vessie et le long du tractus uri-naire. Il faut se figurer ces bactéries comme dotées de crochets à ven-touses qui adhèrent et s’agrippent fermement aux parois, les rendant difficiles à déloger par le jet uri-naire et causant cette inflammation douloureuse�

Bien que cette pathologie touche majoritairement les femmes, les hommes ne sont pas épargnés, surtout passée la cinquantaine� En effet, la prostate, auparavant de la taille d’une châtaigne, a tendance à grossir� L’urètre se retrouve com-primé et n’expulse plus aussi bien l’urine, laissant un volume résiduel dans la vessie propice au dévelop-

pement microbien� La cystite peut évoluer en prostatite�

La cystite se diagnostique assez vite par soi-même et se vérifie auprès de son généraliste par un ques-tionnaire des signes cliniques, une validation par bandelettes urinaires ou en laboratoire, avec un ECBU (examen cytobactériologique des urines)� Un antibiogramme peut être préconisé en cas de fièvre ou de récidive (plus de 4 épisodes/an)�

La fièvre est un facteur de gravité, puisque normalement, une cystite simple n’en génère pas� Les bac-téries peuvent remonter l’uretère, le conduit qui relie la vessie aux reins, et entraîner une infection plus grave : la pyélonéphrite� D’où l’importance de traiter rapidement une infection urinaire�

Il existe aussi des cystites qui ne sont pas bactériennes� Elles peuvent être consécutives à des traitements anti-cancer (chimiothérapies, rayons X)� La cystite interstitielle est une forme chronique de cystite liée à des fac-teurs peu expliqués, probablement psychologiques ou génétiques, qui se traite différemment�

Nom latin : Calluna vulgarisFamille : EricacéesNoms communs : Brande, bucane, callunePartie utilisée : fleurs séchées

Principes actifs majeurs : tanins, arbutoside, érico-line, flavonoïdes, anthocyanosidesForme d’usage : tisane, gélule, extrait hydroalcooliquePropriétés majeures : diurétique, antiseptique uri-naire, protectrice des UVB sur la peau

La bruyère, alliée de votre santé urinaireDésagréable surprise ou calvaire récidivant, les infections urinaires surviennent plus fréquemment l’été, lorsque l’hydratation est plus difficile. Face aux antibiothérapies, il existe des alternatives naturelles, souvent tout aussi efficaces et rapides. Beaucoup connaissent à juste titre la canneberge� Pourtant, en première intention, ce sera la bruyère qui vous sera proposée en herboristerie�

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LA RUBRIQUE PHYTO

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PRISE EN CHARGE TYPE D’UNE CYSTITE EN HERBORISTERIE

L a cystite est une affection relativement courante en

boutique et j’en soigne toute l’an-née� Pour une cystite simple et non récurrente, la plante privilégiée est la bruyère� C’est une plante antiseptique, anti-inflammatoire et diurétique�

Pour des raisons évidentes, vue l’utilité de boire en pareil cas, c’est la tisane qui sera préconisée� La bruyère a cet avantage d’être une jolie fleur rose très « girly » qui ravit les yeux et n’indispose pas les papilles par son goût� Elle fonc-tionne déjà très bien seule, mais traditionnellement, elle est associée à deux autres plantes : les feuilles de Busserole et de Buchu� Ce sont les « 3 B-U », moyen mnémotech-nique que j’avais trouvé utile lors de mes apprentissages� À savoir que 3 ou tout autre nombre impair est un chiffre clé en phytothéra-pie, l’asymétrie invitant à restaurer l’équilibre dans l’organisme�

La tisane pourra suffire, mais pour les personnes souhaitant un ré-sultat assuré, j’ajoute volontiers d’autres agents anti-infectieux, tels

1. BosnJBasicMedSci.2014Nov15;14(4):234-8.doi:10.17305/bjbms.2014.4.40.In vitroactivityofheather[Callunavulgaris(L.)Hull]extractsonselectedurinarytractpathogens.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25428676

2. VirusRes.2015Feb16;198:9-14.doi:10.1016/j.virusres.2014.12.022.Epub2014Dec27.Supercriticalfluidextractionofheather(Callunavulgaris)andevaluationofanti-hepatitisCvirusactivityoftheex-tracts.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25550074

3. Eicosanoids.1992;5(1):45-51.ACallunavulgarisextract5-lipoxygenaseinhibitorshowspotentantiproliferativeeffectsonhumanleukemiaHL-60cells.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14190804. JMedFood.2011Jul-Aug;14(7-8):761-6.doi:10.1089/jmf.2010.0142.Epub2011Apr6.PhotoprotectiveeffectsoftwonaturalproductsonultravioletB-inducedoxidativestressandapoptosisinSKH-1mouse

skin.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/214700435. IntJMolSci.2016Sep9;17(9).pii:E1521.doi:10.3390/ijms17091521.PolyphenolsandSunburn.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27618035

que la propolis, l’extrait de pépin de pamplemousse (l’EPP, dont je vous parlerai dans notre prochain numé-ro), l’argent colloïdal, ou encore la bien connue canneberge� Ces pro-duits se présentent sous des formes variées (gouttes, gélules, liquide), ce qui me permet de m’adapter aux préférences de chacun�

À ces propositions, j’irai toujours de mes conseils alimentaires, en recommandant de bien boire de l’eau et d’éviter les produits sucrés et transformés� En cuisine, j’indique de parsemer d’origan les plats, de mettre des clous de girofle dans les eaux de cuisson et de la cannelle dans les desserts, eu égard à leurs propriétés antimicrobiennes�

Dans le cas d’une cystite récal-citrante ou lorsqu’elles sont récidivantes, j’opte alors pour un traitement multiple :

• La tisane, bien évidemment, à raison d’un litre par jour, que je peux renforcer en y ajoutant 2 cuillères à soupe d’hydrolat de thym linalol ou 90 gouttes d’extrait hydroalcoolique de Busserole ;

• Au réveil et en soirée, une cuil-lère à soupe d’argent colloïdal ou bien 30 gouttes d’EPP dans un verre d’eau ;

• Au coucher, un probiotique dédié à la flore intime.

Éventuellement, je propose l’EPP en usage vaginal : 6 gouttes dans une cuillère à soupe d’huile d’oli-ve, on imbibe ensuite un tampon hygiénique de cette préparation et on la laisse 4 heures, 2 fois/jour sur la durée des symptômes� Dans les cas de cystite récalcitrante, on peut y additionner 1 goutte d’huile essentielle d’arbre à thé, antibacté-rienne, antifongique et bien tolérée sur les muqueuses�

Enfin, un massage sur le bas-ventre avec des huiles essentielles d’arbre à thé, thym linalol et cannelle de Ceylan dans de l’huile végétale de nigelle ou millepertuis�

CE QU’EN DIT LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

L a bruyère a fait l’objet d’études scientifiques qui

s’attachent à démontrer son effica-cité dans quatre indications : son effet antibactérien sur le tractus urinaire1, son activité antivirale dans l’hépatite C2, son rôle antipro-lifératif dans les leucémies3 et son effet protecteur des UVB contre les cancers de la peau4-5�

Fleurs de bruyère séchées

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Les études sur les humains sont peu nombreuses, souvent in vitro�

Une étude6 a montré que la forte teneur en acide phénolique de la bruyère et son activité antioxydante diminuaient la prolifération bacté-rienne des 3 germes les plus courants, Escherichia coli, Enterococcus fae-calis et Proteus vulgaris�

Dans cette même étude étaient testés trois extraits différents : c’est l’extrait aqueux qui s’est montré su-périeur en efficacité, d’où l’intérêt de la tisane�

Bien que la validation scientifique paraisse mineure sur l’efficacité de la bruyère chez les humains, j’ai obtenu des retours satisfaisants de la part de nombreux clients la concernant�

Les témoignages de personnes sor-ties de la spirale « cystite/mycose/cystite etc� » sont la preuve empi-rique de son action�

6. ActaPolPharm.2013Nov-Dec;70(6):1021-6.Phenoliccontent,antibacterialandantioxidantactivitiesofEricaherbaceaL.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/243833257. MinervaGinecol.2017Aug;69(4):336-341.doi:10.23736/S0026-4784.17.04074-6.[Evaluationoftheeffectsofanaturaldietarysupplementwithcranberry,Noxamicina®andD-mannoseinrecurrenturinary

infectionsinperimenopausalwomen].https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/286086668. JClinGastroenterol.2014Nov-Dec;48Suppl1:S96-101.doi:10.1097/MCG.0000000000000224.Effectivenessofanassociationofacranberrydryextract,D-mannose,andthetwomicroorganismsLactobacil-

lusplantarumLP01andLactobacillusparacaseiLPC09inwomenaffectedbycystitis:apilotstudy.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25291140

Comment l’utiliser ?En infusion : 1 cuillère à café de fleurs dans 25 cl d’eau bouillante, infuser 10 minutes, filtrer et boire chaud ou froid�

En prévention des récidives : boire 1 tasse/jour chaque week-end ou 1 semaine/mois�

En curatif : 4 cuillères à café par litre/jour pendant la durée des symptômes�

Des préparations synergiques existent, comme la formule « Confort urinaire femme » de l’Herboristerie du Palais Royal, à base de bruyère, Busserole, lamier blanc, pariétaire et chardon béni� Dans ce cas, ce sera 4 cuillères à soupe par litre/jour�

En extrait hydroalcoolique : 4 cuil-lères à café dans une bouteille d’eau d’1,5 l�

Les gélules sont à utiliser en dé-pannage ; dans ce cas, prendre

2 gélules dosées à 220 mg, matin, midi et soir, soit 6 par jour pendant la durée des symptômes� Je leur préfère les gélules de canneberge, notamment le « Canneberge com-plexe » d’Essence Pure, bien dosé en proanthocyanidines, D-mannose, qui associe 8 probiotiques, des pré-biotiques et de la vitamine C : 1 par jour en prévention et 2 en curatif� Le D-mannose est un sucre naturel-lement présent dans la canneberge, faisant l’objet d’études7-8 montrant son intérêt dans la lutte contre les cystites répétées�

Précautions d’emploi En raison de l’arbutoside qu’elle contient, qui est toxique pour la rétine, il est conseillé de faire des cures de bruyère de 20 jours/mois maximum� Chez la femme enceinte, on peut en donner à court terme et lui associer la canneberge et l’EPP, qui sont d’usage sécuritaire�

Caroline Gayet

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LA RUBRIQUE PHYTO

AGENDA

Foire Bio

VILLENEUVE SUR LOT

Date : le 5 août 2018

Droits d’entrée : gratuitLieu : Parc St Cyr, 47300 Villeneuve sur LotRenseignements : http://www�agrobio47�fr/foire-bioCe grand marché rassemble de très nom-breux producteurs bio, des artisans locaux et des associations environnementales du Lot et Garonne� Animations, ateliers et dé-gustations gratuites sont proposés toute la journée� Vous aurez la possibilité de vous restaurer sur place le midi et le soir avec des produits locaux�

Salon du bien-être, de la bio, des énergies renouvelables et de l’Écologie

MARMANDE - Date : du 31 août au 2 septembre 2018

Droit d’entrée : 1 euroLieu : Parc des Expos, 47200 MarmandeRenseignements : https://www�eterritoire�fr/detail/manifestations-aquitaine/ salon-du-bien-etre-bio-%26-energie-renouvelable/ 1631999613/nouvelle-aquitaine,lot-et-garonne, marmande(47200) De nombreux exposants présentent leurs produits dans le do-maine de l’alimentation, de la santé, du bien-être, du jardinage, de l’habitat, du prêt-à-porter et du transport� Des conférences sur les panneaux solaires seront proposées� Un concert sera organisé à 18h le vendredi et le samedi�

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A utre exemple de l’obstruc-tion que rencontra Beljanski,

cette fois pour des raisons mercan-tiles : « En 1977, à la demande de l’Institut Mérieux, j’ai testé compa-rativement l’effet immunostimulant des RLB et de l’Imuthiol� Alors que les premiers manifestaient une grande efficacité qui n’a fait que se confirmer avec le temps, l’Imuthiol n’avait pratiquement pas d’effet� Je transmis à l’Institut Mérieux les conclusions qu’imposaient les ré-sultats : les RLB sont très efficaces, mais l’Imuthiol est un produit sans avenir� C’est pourtant l’Imuthiol que Mérieux lança, dans un vaste programme d’essais cliniques chez les immunodéprimés� La presse fit grand tapage pour ce produit. Malades et médecins, confiants, l’ont utilisé� Sans effet� Il aura fallu douze-treize ans pour en arriver à conclure que l’Imuthiol était ef-fectivement sans avenir et le retirer des milieux hospitaliers� Que de malades détournés sciemment du produit efficace ! L’Institut Pasteur-Mérieux a cependant préféré diffuser un produit qu’il savait dès le début sans avenir : bonne opéra-tion commerciale qui aurait, selon la presse spécialisée, fait monter les actions (+ 20 %)� »

Parmi les produits anticancéreux que le chercheur réalisa, il faut signaler un des plus remarquables, qu’il décrit en ces termes : « L’un des anticancéreux (PB100) possède

un avantage important, car il tra-verse la barrière hémato-méningée� C’est dire qu’il est extrêmement précieux pour traiter les cancers en général et les cancers ou mé-tastases cérébrales en particulier, les lymphomes du cerveau, et ceci en synergie de préférence avec la radiothérapie (ou la chimiothé-rapie)� Celles-ci pourraient alors être utilisées à des doses moindres, c’est-à-dire diminuées de 50 % ou plus, tout en observant une effi-cacité thérapeutique augmentée et une forte diminution des effets secondaires provoqués par la ra-diothérapie ou la chimiothérapie� » Aussi, ce qui est particulièrement absurde dans l’ostracisme dont Beljanski fut victime, c’est que ce-lui-ci ne condamnait nullement les méthodes classiques, leur apportant au contraire les moyens d’une plus grande efficacité. On reste éberlué devant des refus aussi aberrants ; à croire que les cancérologues pa-tentés préféraient demeurer dans la situation d’impuissance où ils sont toujours plutôt que de devoir le plus léger merci à un non-médecin�

Dans un premier temps donc, Beljanski se croit libre d’agir et son épouse nous contera plus tard : « Les années 1988-1993 ont été pour Mirko Beljanski des années de recherche fondamentale et de vérification des mécanismes d’ac-tion du bon effet des produits� Leur intérêt est majeur pour les malades

atteints de cancer et ceux atteints du sida� Sans action secondaire indésirable, ils pénètrent les cel-lules malades, se logent au niveau des nucléoles et du noyau de ces cellules, qu’ils détruisent sans atta-quer ni même pénétrer les cellules saines� (…) Il y eut quelques expé-riences hospitalières très positives, mais immédiatement barrées par le système médico-hospitalier, avec rétorsions pour ceux qui avaient eu ces initiatives� De ce fait, l’uti-lisation des produits Beljanski s’est essentiellement répandue auprès des médecins libéraux, permettant d’avoir un nombre encore plus important d’observations, un recul considérable et d’affiner sans cesse les conditions d’utilisation ou d’ap-plication de ces produits� (…) Le succès des produits Beljanski prit une importance de plus en plus grande, par le simple message de satisfaction des médecins et des malades� La demande n’a cessé d’augmenter� »

LE TRAITEMENT QUI SAUVA UNE FIN DE MANDAT PRÉSIDENTIEL

E n 1994, le président François Mitterrand, malade, comme

chacun le sait maintenant, d’un cancer de la prostate mal soigné par ses médecins, eut, par le hasard

Le biologiste qui eut raison vingt ans trop tôt (deuxième partie)Résumé de la première partie : arrivé en France à l’âge de 22 ans, le Yougoslave Mirko Beljanski entame une brillante carrière de chercheur en biologie moléculaire� Mais ses découvertes sur la déstabilisation de l’ADN en tant que source de maladies telles que le cancer se heurte au dogme défendu à l’époque en France� Il décide donc de mener ses recherches en toute indépendance et crée son propre laboratoire, le Cerbiol�

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LA CHRONIQUE DE PIERRE LANCE

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de certaines relations, connais-sance des produits Beljanski� Sur le conseil d’un médecin, il accepta de les prendre, alors qu’il allait si mal qu’il n’envisageait pas de pouvoir finir son mandat. La presse avait publié une photo où l’aspect cada-vérique de son visage avait allumé toutes les convoitises : on ne parlait déjà plus que de sa succession ; les candidats ne manquaient pas� Mais, à la stupéfaction générale, François Mitterrand alla de mieux en mieux� En quelques semaines, il reprit des forces, son œil redevint incisif et moqueur�

Une polémique s’instaura im-médiatement entre ses médecins officiels, qui avaient laissé se dé-grader l’état de santé du président malade, et le médecin traitant, par lequel arrivait le scandale de son amélioration� Jalousies et rivalités allèrent bon train� La querelle fut si vive, si injuste, que contraire-ment à son habitude, le président Mitterrand fit paraître dans le jour-nal Paris Match (6 avril 1995) un court hommage appuyé au méde-cin et à ses prescriptions : « Après m’avoir recommandé la radiothéra-pie, (ce docteur) me donne depuis lors des prescriptions médicales que j’observe chaque jour et qui jouent un rôle décisif dans mon rétablissement� »

Les indiscrétions du Dr Gubler ré-vélèrent qu’il s’agissait des produits Beljanski� Le Point (18 novembre 1995, n° 1209) publiait de son côté un encadré savoureux : « Affolement au cabinet de Simone Veil : le traitement du président allait faire de la publicité pour des produits illicites� » Néanmoins, le fait demeurait que Mitterrand avait eu recours aux produits Beljanski et que la nouvelle s’en était ré-pandue� Du coup, le dragon jugea prudent de rentrer provisoirement ses griffes, n’étant pas tout à fait sûr de l’inertie de Mitterrand s’il se mettait à dévorer tout cru Beljanski, comme il en avait bien l’intention�

Mais François Mitterrand mourut le 8 janvier 1996, à l’approche de ses 80 ans� Dès ce moment, le sort de Beljanski était scellé� Il ne restait plus qu’à préparer soigneusement l’hallali� Il aurait lieu quelques mois plus tard�

Le fait demeurait que Mitterrand avait eu

recours aux produits Beljanski et que la nouvelle s’en était

répandue. Du coup, le dragon jugea

prudent de rentrer provisoirement

ses griffes, n’étant pas tout à fait sûr

de l’inertie de Mitterrand s’il se

mettait à dévorer tout cru Beljanski, comme

il en avait bien l’intention.

UNE VICTOIRE JUDICIAIRE !

À Saint-Prim, dans l’Isère, où s’est installé le Cerbiol,

Beljanski a donc mis au point des produits dépourvus de toxicité, dont l’efficacité est établie dans des cas graves de cancer et de sida, et en fournit à de nombreux médecins et malades� Grâce à la classique accusation d’ « exercice illégal de la médecine » (ou de la pharma-cie), on peut traîner en justice tout scientifique qui n’aurait pas pris la précaution de se faire assister de pharmaciens préparateurs ou de médecins traitants prescrivant ses remèdes� Et même dans ce cas, on peut essayer de le déstabiliser par des procès successifs, en essayant d’y ajouter une accusation d’es-croquerie� On ne s’en est pas privé contre Mirko Beljanski�

Heureusement, il arrive parfois que la justice soit juste� Et Monique Beljanski nous relate ainsi la bonne surprise qui fut la sienne devant le tribunal de Saint-Étienne : « Le 10 mars 1994 vint le jour du procès� Je n’avais jamais assisté à une telle audience� À ma grande surprise, le procureur se lança dans un long plaidoyer d’où il ressortait que l’État aurait dû soutenir les recherches de Mirko Beljanski, que ce dernier ne s’était jamais livré personnellement à la fabrication des produits et que, somme toute, on ne pouvait lui reprocher d’avoir agi pour sauver des vies humaines ! Pour un peu, j’aurais cru à l’indépendance de la justice ! Aucune peine pénale ne fut prononcée à l’encontre de Mirko Beljanski, qui fut seulement condamné à payer un franc de dommages et intérêts au plaignant, l’Ordre des médecins, qui s’était constitué partie civile� La presse de province se fit écho de ce juge-ment, qu’elle présenta comme une victoire pour le chercheur� »

Mais après le non-lieu de Saint-Étienne, l’affaire est aussitôt

François Mitterrand aurait-il pu aller au bout de son second septennat sans Mirko Beljanski ?

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LA CHRONIQUE DE PIERRE LANCE

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relancée, cette fois par une plainte du Conseil de l’Ordre des phar-maciens� En outre, une accusation officielle peut en cacher une autre, officieuse, susceptible de conduire la gendarmerie à des enquêtes mus-clées� C’est ce qui va se produire et c’est une véritable opération militaire qui va être montée contre Beljanski et ses assistants� Ici, mon lecteur aura certainement quelque peine à me croire, tant il paraît si-dérant que de tels abus puissent se perpétrer dans notre pays, qui pré-tend donner à toute la planète des leçons de démocratie et de respect de la personne humaine�

Le 9 octobre 1996, à 6h du matin, le petit village de Saint-Prim, siège du Cerbiol, est cerné par d’impres-sionnantes forces de police� Toutes les issues du village sont bloquées par des barrages équipés de herses et les commandos du GIGN armés et cagoulés se préparent à interve-nir� Les villageois ébahis supposent qu’un gang de dangereux truands ou un groupe de terroristes sangui-naires s’est dissimulé quelque part entre leurs maisons� Ils apprendront un peu plus tard avec stupéfac-tion qu’il s’agissait seulement de saisir toutes les « preuves » des activités prétendues « illégales » de Mirko Beljanski, c’est-à-dire tous ses dossiers, tous les produits confectionnés, sans oublier les sacs d’écorces de plantes servant à leur préparation� En même temps que se déroulait cette opération démen-tielle, de nombreuses perquisitions avaient lieu en divers points du pays chez des patients ou des cor-respondants du SCIERIES� On alla jusqu’à confisquer sur sa table de nuit les gélules de Gérard Welche, indispensables à son traitement, ce qui était une violation caractérisée de ses droits fondamentaux�

Cette inqualifiable agression d’État connut un « point d’orgue », qui mit le comble à l’ignominie� Mirko Beljanski, alors âgé de 73 ans, dut faire le voyage Lyon-Paris menottes

aux poignets, comme un dange-reux criminel� Cependant, Beljanski reçut le réconfort d’un scientifique loyal et courageux qui, indigné par l’odieux et injuste traitement que l’on avait fait subir au chercheur, intervint pour prendre sa défense� Était-ce un Français ? Ne rêvons pas ! Ce fut un Suisse, le docteur ès sciences Maurice Stroun, pri-vat-docent de l’université de Genève (en août 1990, ce chercheur et son collègue Philippe Anker avaient fait la Une de la presse interna-tionale avec leurs travaux publiés dans la revue américaine Nature Medicine)� C’est dire si le Dr Stroun avait compétence pour parler des travaux de Beljanski�

Est-il besoin de dire que ces agressions morales et physiques, commises « au nom de la loi » sur la personne d’un septuagénaire innocent, ne pouvaient qu’avoir sur sa santé de graves répercus-sions� Deux mois après l’invasion du GIGN, Mirko Beljanski était presque mourant� Les persécutions subies et le désarroi psychique dé-clenché par un stress massif avaient considérablement amoindri ses défenses immunitaires, au point de provoquer une leucémie myéloïde aiguë de stade 3� Il ne disposait plus que de 5 % de globules blancs normaux, 2,4 millions de globules rouges et 15 000 plaquettes, avec une prolifération de 95 % de blastes (cellules leucémiques)�

Pourtant, la force de caractère de cet homme exceptionnel lui permit de reprendre le dessus, avec l’aide morale de sa famille, de ses patients et amis et, bien sûr, l’application de son propre traitement, joint à une chimiothérapie� Très fatigué encore en février 1997, il allait beaucoup mieux en mars et retrouvait toute sa forme en avril pour reprendre ses travaux dès le mois de juin� Ses proches purent alors espérer qu’il allait surmonter l’épreuve et conti-nuer de tenir tête à l’adversité� Mais le courage et la volonté, fussent-ils

éminents, peuvent-ils suffire quand la lucidité vous oblige à constater que votre ennemi est un monstre aux tentacules multiples, résolu à vous détruire ?

Rendu théoriquement à la liberté, mais interdit de parole, de publica-tion et de déplacement à l’étranger, alors qu’il y entretenait aupara-vant des contacts avec d’autres scientifiques pour de nouvelles recherches, toujours en butte au harcèlement fiscal et administratif, consterné de la perte de sa petite équipe de chercheurs mise au chô-mage forcé, il était en outre pillé par des opportunistes sans scrupule réalisant des contrefaçons de ses produits et les diffusant à partir des pays européens voisins de la France� C’était plus que n’en pou-vait supporter un honnête homme ayant passé toute son existence à travailler pour que la médecine soit enfin capable de lutter ef-ficacement contre les maladies dégénératives qui sont le fléau des temps modernes�

LE TRISTE DÉCÈS D’UN DE NOS PLUS GRANDS CHERCHEURS MÉCONNUS

M irko Beljanski mourut le 28 octobre 1998 et Gérard

Weidlich, son patient devenu son ami et président du CIRIS, décrivit ainsi sa fin, au cours de l’éloge funèbre qu’il prononça le 30 oc-tobre : « C’est l’accumulation de tous ces stress nuisibles qui l’ont conduit à une troisième rechute fatale� Alors, il a décidé d’arrêter tout traitement, de refuser tout soin et même de s’alimenter, signant ainsi un rapide décès, car la qualité était toute sa vie� N’ayant plus les moyens ni la force de poursuivre ses recherches, indigné d’être privé de parole et de liberté par un pouvoir cynique et méprisant les faits, cette

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vie-là ne l’intéressait plus� Le choix de son départ est l’exact reflet de son amour pour une vie pleine et entière (…) »

Au procès de Créteil, les prévenus devaient répondre des accusations suivantes : exercice illégal de la pharmacie, absence d’autorisation d’un établissement de fabrication de médicaments, absence d’au-torisation de mise sur le marché, publicité ou propagande en faveur de médicaments non autorisés, tromperie sur la nature de la mar-chandise vendue, etc� La présidente du tribunal déclara avoir étudié le dossier avec soin� Or, celui-ci était composé de 28 tomes et 8 annexes !

C’est le 23 mai 2001 que tombait la sentence du tribunal de Créteil : 18 mois de prison et 200 000 F d’amende pour Monique Beljanski� Condamnation identique pour le Dr Nawroki (médecin et brillant chercheur), malgré les nombreux témoignages de malades sur ses résultats extraordinaires� 12 mois de prison avec sursis et 10 000 F d’amende pour Gérard Weidlich� « Si nous avons perdu une ba-taille, nous n’avons pas perdu la guerre ! », écrivait aussitôt ce dernier� Et de fait, leur combat continuait sur trois fronts : devant la Cour européenne des droits de l’homme pour lenteur excessive de procédure, puis en interjetant appel du jugement de Créteil et, finalement, pour obtenir le report de date de ce procès en appel�

Ce combat pour qu’une vraie justice soit rendue allait enfin remporter quelques succès : le 7 février 2002, la première section de la Cour eu-ropéenne des droits de l’homme siégeant à Strasbourg rendait son arrêt dans l’affaire « Beljanski contre France »� Les juges dé-cidaient la condamnation de la France pour « lenteur excessive de la procédure »� Dans sa décision prise à l’unanimité, la Cour précise que « compte tenu de son âge et

de son état de santé, ainsi que de l’enjeu très important du procès qui aurait dû lui permettre de faire reconnaître la valeur scientifique de ses travaux, le juge d’instruction aurait dû faire diligence afin de lui permettre de se défendre� »

Je rappelle avec tristesse que le « pays des droits de l’homme » (sic) est actuellement le champion d’Europe pour les condamnations infligées par la Cour européenne. Le moins que l’on puisse dire est que notre démocratie connaît quelques malaises� C’est le 27 sep-tembre 2002 que les juges de la cour d’appel de Paris ont prononcé leur jugement, l’arrêt de 75 pages étant parvenu aux intéressés à la mi-octobre� Il constitue pour l’es-sentiel un désaveu du verdict du tribunal de Créteil� L’accusation la plus grave concernait évidemment la « tromperie » sur les produits concernés� Or, la présidente de la cour d’appel a précisé en préam-bule que toute notion de tromperie était exclue, et cela pour tous les prévenus�

En outre, peu de temps aupara-vant, des chercheurs anglo-saxons avaient redécouvert les « ARN transformants » de Mirko Beljanski, dont ils ignoraient évidemment les travaux� Le journal Le Monde inte-ractif, diffusé sur Internet (12 août 2002), titre : « Des chercheurs an-glo-saxons ont réussi à “désactiver” des gènes ! » Et quelques journaux français s’extasient sur les « décou-vertes » étrangères, car ils ignorent tout de ce qui s’est fait en France au-paravant� Le Monde, 13 août 2002 : « Une découverte génétique qui ré-volutionne la science » ; Libération, même date : « Génétique : la petite molécule qui monte » ; Midi libre, même date : « Le mécanisme qui éteint les gènes pathogènes » ; La Nouvelle République du Centre-Ouest : « La révolution génétique de l’ARN », etc�

« Nul n’est prophète en son pays… Surtout si ce pays est la France ! », avais-je écrit un jour� C’est ainsi que les découvertes capitales de Mirko Beljanski avaient été su-perbement ignorées de la presse française (ou plus exactement ou-bliées, puisque Paris Match, entre autres, lui avait consacré 8 pages douze années plus tôt), qui saluait à grands sons de trompe des « re-découvertes » étrangères� Car si je dénonce la responsabilité écrasante des mandarins de la science ou de la politique dans le retard de nos progrès, je n’oublie pas celle des journalistes, qui au lieu d’enquêter là où il faudrait, attendent la bouche ouverte que « l’événement » leur tombe dans le bec� D’aucuns sont habiles à le leur offrir tout mâché�

Pour conclure, je rappelle qu’en 2008, Luc Montagnier, spécialiste du sida et prix Nobel de physio-logie ou médecine, dans son livre Les Combats de la vie, manifesta son estime pour Mirko Beljanski, mentionna les gros tracas juridiques que celui-ci avait subis en France et confirma l’action thérapeutique du Pao pereira, qu’il attribue à un pouvoir immunostimulant et antioxydant, mis en lumière par Beljanski� Rien ne pourra réparer le tort qui a été fait à Mirko Beljanski par les gangsters de la médecine retranchés dans les casemates d’un État aveugle et tentaculaire� Mais au moins, ses produits sont diffusés au-jourd’hui dans le monde entier par la société « Natural Source », créée par sa femme et sa fille (e-mail : info@natural-source�com)� Tous les malades peuvent en bénéficier, du moins s’ils en sont informés, ce à quoi je m’emploie ici même�

Pierre Lance

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L ’héliophobie (la crainte du soleil, ndlr) généralisée,

celle-là même qui a poussé des générations d’Australiens à se ba-digeonner de crème solaire au moindre rayon de soleil depuis quarante ans, provoquant le retour de l’ostéomalacie (le rachitisme de l’adulte), ne porte malheureu-sement pas que sur la peau� Nos yeux aussi en sont les victimes� Préconisées quasi unanimement par la presse et le corps médical, transformées en accessoires de mode, les lunettes solaires pour-raient pourtant compter parmi les plus problématiques de toutes de nos protections… Pour nos yeux, tout d’abord�

Pour le comprendre, il convient de faire un petit détour du côté d’un phénomène qui préoccupe depuis plusieurs années les scientifiques : l’épidémie de myopie qui sévit dans le monde entier� Aujourd’hui, 47 % des adolescents sont atteints de ce dysfonctionnement oculaire au cours duquel l’œil, au lieu de de-meurer quasiment sphérique, prend une forme allongée, provoquant une image floue. En Asie, 80 à 90 % des étudiants sont devenus myopes à la fin de leur cursus universitaire. Pendant des années, les chercheurs se sont perdus en conjectures quant aux raisons de cette épidémie, évoquant soit une programmation génétique, soit l’alimentation� Or, récemment, une nouvelle hypo-

thèse sérieuse a été testée : celle du déficit de lumière naturelle.

Pour la vérifier, une équipe d’oph-talmologistes taïwanais a formé deux groupes d’enfants âgés de 7 à 11 ans� Les premiers ont suivi une scolarité normale, sans instruction particulière� Les seconds ont vu leur temps d’activités de plein air augmenté� Un an plus tard, les en-fants ayant bénéficié d’un surplus d’exposition à la lumière naturelle avaient développé de manière si-gnificative moins de myopie que les autres, confirmant que la crois-sance de l’œil était régulée par les rayons du soleil�

Privé des bienfaits du soleil par le port de lunettes

L e rapport avec les lunettes de soleil ? Celles-ci sont en

verre, tout comme les vitres des salles de classe qui constituent le berceau de l’épidémie mondiale de myopie� Certes, l’équivalence entre des fenêtres et des verres de lunettes ne saute pas forcément aux yeux… Pour se rendre à l’évidence, rien de tel qu’une expérience directe� C’est ce que vécut dans les années 1950 le futur Dr John Ott, créateur pour Walt Disney de célèbres films mettant en scène la croissance des plantes en accéléré� En 1927, John Ott était un adolescent à la santé fragile, portant

des lunettes et souvent malade� Au cours de ses nombreuses absences de l’école, il se prit de passion pour l’image et se mit à photographier des plantes heure par heure afin de réaliser des films séquentiels retra-çant l’évolution de leur floraison. Pour réaliser ses prises de vues, il se construisit une serre de verre� Or, sous cet abri, les plantes voyaient leur croissance altérée�

C’est alors qu’il remarqua qu’elles poussaient beaucoup mieux sous serres plastique� La différence ? Le verre filtrait les UV, le plas-tique, non� Puis, il mit au point des lampes « plein spectre », dont le rayonnement lumineux repro-duisait fidèlement les longueurs d’onde du soleil� En intérieur, seules de telles lampes permettaient une croissance harmonieuse des végé-taux� Pressentant que la lumière influençait aussi la santé animale, il mena plusieurs études dans des élevages, où il installa les lumières plein spectre qu’il avait mises au point� Des volailles aux lapins en passant par les souris et les rats de laboratoire, tous gagnèrent en santé, en qualité de comportement, en fertilité ou en longévité� Fort de ces expériences, John Ott décida alors de se soigner lui-même en quittant pour quelques semaines la grisaille de Chicago où il vi-vait au profit du soleil de Floride. À l’époque, il commençait à se dégarnir, attrapait souvent froid

Lunettes de soleil : fausse protection et vrai dangerChaque été, la presse, quasi unanime, ressasse le même refrain : tout individu responsable doit se tartiner de crème solaire et protéger ses fragiles rétines contre l’ennemi mortel qu’est le soleil et soumettre ses enfants au même régime� Après avoir tordu le cou au mythe de la crème solaire, il nous restait à remettre en question un autre dogme bien ancré : celui selon lequel nos yeux eux aussi ont besoin d’être abrités derrière des lunettes noires�

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et souffrait de fatigue chronique, d’infections respiratoires et d’une arthrite de la hanche qui l’obligeait à marcher à l’aide d’une canne� Après trois semaines de vacances à la plage, il revient à Chicago sans avoir remarqué d’amélioration�

Or, au cours de son séjour, il avait toujours porté des lunettes de soleil ou de vision� Et un jour de beau temps, il cassa ses lunettes habi-tuelles et, pendant plusieurs jours, dut sortir en plein soleil sans verre correcteur� Rapidement, il remar-qua une régression de son arthrite et une amélioration de sa mobilité articulaire� Son état s’améliorant rapidement, John Ott en déduisit que jusqu’alors, il s’était privé des bienfaits du soleil par le port de lunettes� Il retourna donc en Floride une semaine, évita de conduire, s’exposa au soleil ou demeura le plus de temps possible à l’ombre d’un arbre, sans lunettes� Son état continua de s’améliorer, jusqu’à la guérison totale. Installé définiti-vement en Floride, il retrouva une chevelure abondante, qu’il garda jusqu’à la fin de son existence et ne porta plus de corrections, sauf pour lire de très petits caractères jusqu’à son décès, à l’âge de 90 ans…

Consigne anticancer : passer le plus de temps possible dehors sans lunettes de vue ni lunettes de soleil

L ’histoire est belle, mais on pourra objecter qu’un seul

témoignage ne constitue pas une preuve� Cependant, John Ott ne se limita pas à sa propre expé-rience� Désormais convaincu de l’intérêt d’exposer ses yeux à une lumière non filtrée, il entreprit de nombreuses recherches et participa à plusieurs études scientifiques� Parmi elles, l’une des plus remar-quables concerne des malades du cancer� En 1959, un médecin du Bellevue Medical Center de New York demanda à John Ott de se joindre à lui pour étudier les effets de la lumière sur plusieurs patients� Le but était que quinze patients dont le cancer avait été diagnostiqué puissent organiser leur autothérapie solaire� Pendant les mois d’été, ils reçurent comme consigne de passer le plus de temps possible dehors sans porter de lu-nettes de vue ni de lunettes de soleil� Ils devaient également éviter autant que possible les éclairages artificiels et les écrans de télévi-sion. À la fin de l’été, le médecin responsable observa que quatorze patients sur quinze ne présentaient pas d’extension de leur cancer et que plusieurs d’entre eux avaient eu une amélioration� Le quinzième, pas convaincu, avait continué de porter ses lunettes… John Ott et le médecin en charge de l’étude ju-gèrent qu’il y avait là suffisamment d’éléments pour justifier d’entre-prendre d’autres investigations� Les résultats, ainsi qu’un second projet de recherche, furent présentés aux autorités médicales, qui ne don-nèrent pas suite�

Cependant, un autre médecin sol-licita John Ott pour un protocole d’expérimentation sur une lignée de souris (les C3H) connues pour

développer rapidement des tu-meurs cancéreuses spontanées� Exposées à la lumière du jour, les souris développèrent des tumeurs en moyenne trois mois plus tard que celles soumises à un éclai-rage artificiel rose. Cette étude fut malheureusement refusée pour publication dans les revues scienti-fiques. Entre 1973 et 1975, John Ott eut également l’occasion de mener une vaste étude comparant les ef-fets des néons classiques et ceux d’un éclairage plein spectre sur les élèves scolarisés� Le résultat fut sans appel : la concentration et les résultats scolaires des élèves étaient significativement améliorés s’ils bénéficiaient d’un éclairage proche de la lumière complète du soleil tandis que le taux d’absentéisme chutait� Même les comportements et les capacités d’apprentissage des enfants hyperactifs s’amélioraient� John Ott fut gratifié de plusieurs titres de docteur honoraire pour ses expériences, mais celles-ci n’eurent pas de conséquence en termes de politique de santé publique…

Un tel refus de l’establishment scientifique d’acter les décou-vertes de John Ott était d’autant plus étonnant qu’avant la Seconde Guerre mondiale, il était admis par le corps médical que la lumière du soleil était indispensable à la santé, notamment celle des enfants� Les parents étaient instruits de l’im-portance de l’exercice en plein air, tandis que les enfants hospitalisés étaient exposés au soleil en terrasse, dans leurs lits… Mais cela, c’était avant l’arrivée des médicaments� Côté vision, les bienfaits d’une ex-position à la lumière naturelle et au plein soleil, sans filtration, étaient également connus� Ils avaient en effet été relevés au début du XXe siècle par le célèbre ophtalmolo-giste William Bates, créateur de la non moins célèbre méthode de gymnastique oculaire� « Pour le Dr Bates, le port de lunettes dites de soleil était à éviter pour une

Prendre soin de ses yeux par la lumière intense En pleine lumière solaire, le « sunning », également appe-lé l’ensoleillement ou bain de lumière du Dr Bates, consiste à exposer les yeux au soleil à travers les paupières fermées et détendues, tout en tournant len-tement la tête alternativement de droite et de gauche, comme si elle était suspendue à un fil. Outre la stimulation de l’œil par les rayons lumineux, cette pra-tique permet d’en entretenir la mobilité et est bien connue des pratiquants de la gymnastique oculaire comme favorisant une vision parfaite.

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raison évidente, indique Eva Lothar, formatrice de la méthode� En effet, la vision centrale (vision fovéale, au centre de la macula), requiert la meilleure lumière possible pour produire l’acuité visuelle�

Si l’intensité lumineuse est réduite par des verres colorés, a fortiori s’ils sont très foncés, elle devient insuffisante pour stimuler la vision centrale, ce qui diminue la qualité de la vision� » C’est ainsi que, loin d’inciter ses patients à se protéger de la lumière intense, le Dr Bates leur suggérait, entre autres, de s’adonner au « sunning » ou bain de lumière (cf� encadré « Prendre soin de ses yeux par la lumière intense »)�

Exposer le visage à une lumière intense, une méthode éprouvée contre les dépressions hivernales

À la suite de ces illustres savants isolés, d’autres recherches

ont confirmé l’importance de la lumière naturelle non filtrée sur la qualité de la vision et sur la santé� On sait aujourd’hui par exemple que le cycle de la mélatonine – l’hormone du sommeil – est régulé par la lu-mière naturelle� Cette hormone est produite par la glande pinéale ainsi que par la rétine� La glande pinéale, localisée au centre du cerveau, à hauteur des oreilles, est connectée directement à la rétine� Elle reçoit en permanence l’information de la lumière ou de l’obscurité et la transmet sous forme de messages biochimiques qui régulent en per-manence nos rythmes corporels� Si nous exposons nos yeux à une lumière intense le matin, la glande pinéale cesse de produire la méla-tonine au bout d’une demi-heure environ� Le réveil est complet et nous sommes alertes� Mais il faut, pour que la lumière soit efficace, que les longueurs d’onde soient

situées entre 460 et 550 nm, ce qui correspond aux lumières bleues et vertes� Les UV également semblent produire cet effet� Or, l’éclairage intérieur à lui seul, pauvre en UV et insuffisamment intense, ne peut pas supprimer la sécrétion de mé-latonine. Les lumières artificielles n’émettent normalement que 100 à 250 lux. En éclairage artificiel, nous avons du mal à sortir de notre tor-peur et nous manquons d’énergie� Seuls les 2 500 lux minimum d’un ciel très nuageux sont capables de le faire� L’exposition du visage à une lumière intense est d’ailleurs une méthode éprouvée pour com-battre les dépressions hivernales qui touchent 10 % de la population, provoquant manque d’énergie, besoin de sommeil excessif, appétit insatiable, envie de sucre, prise de poids et manque de libido� Par éclairage artificiel, les meilleurs résultats sont obtenus le matin, en exposant le visage à une intensité lumineuse de 2 500 lux pendant 1 heure ou de 10 000 lux pendant 15 minutes� Mais l’exposition di-recte au soleil sans protection, en apportant 20 000 lux dès le matin et 100 000 lux ou plus lors d’un après-midi ensoleillé, est encore plus efficace.

Contredisant ces données, des études menées au tournant des années 1990 avancent pourtant que les agressions extérieures telles que l’exposition excessive aux UV du soleil provoquent des lésions du cristallin et augmentent le risque de cataracte� Une étude publiée en 2011 suggère également un lien entre une exposition solaire prolon-gée et la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge)� Par ailleurs, un avis de l’OMS indique que 20 % de ces pathologies seraient évi-tables en protégeant mieux nos yeux des UV�

Et si l’habituation était la meilleure des protections ? C’était l’avis du Dr Francis Lefebure, fondateur du phosphénisme, une pratique ini-

tiatique qui consiste notamment à multiplier les courtes séances d’éblouissement en lumière plein spectre intense (cf� encadré « Prendre soin de ses yeux par la lumière intense »)� Pratiquant l’éblouissement, lui-même, jusqu’à la fin de sa vie, à 72 ans, en 1988, n’eut jamais besoin de verres correcteurs, pas plus que Daniel Stiennon, son successeur, qui af-fiche une vision parfaite à un âge où la plupart doivent corriger leur presbytie� Sollicités pour ce dossier, les diffuseurs actuels de l’œuvre de Francis Lefebure affirment qu’il ne se passe pas un mois sans que des personnes leur signalent une amélioration de leur vision à la suite d’une pratique régulière� Pour Daniel Stiennon, les risques liés aux éblouissements sont nuls et les bénéfices réels dès lors que ces derniers sont brefs et que l’œil a le temps de récupérer…

Chapeau, casquette ou visière plutôt que verre fumé

S i vous avez cédé à la mode des lunettes solaires, il n’est

probablement pas trop tard pour vous sevrer afin de faire bénéficier plus souvent vos yeux et votre corps de la lumière naturelle� Aujourd’hui encore, les formateurs de la mé-thode Bates conseillent de porter un chapeau, une casquette ou une visière plutôt que des verres fumés� « À moins que l’on ne se trouve soudain dans des circonstances in-habituelles et auxquelles on n’a pas eu le temps de s’accoutumer : sports d’hiver, navigation en haute mer, conduite face au soleil couchant », indique Eva Lothar� Dans tous les cas, la progressivité est bienvenue� Pour commencer, si vous portez des lunettes de vue, prenez l’habitude de les retirer chaque fois qu’elles ne sont pas indispensables, surtout en extérieur� Ensuite, pour ce qui est des verres solaires, retenez-vous simple-

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ment de les dégainer au moindre rayon de soleil et fiez-vous à votre meilleur indicateur : le confort de vos yeux� Si à l’extérieur, vous êtes ébloui ou que les yeux vous piquent, commencez par cligner des paupières activement� Le cil-lement permanent, identifié par le Dr William Bates comme l’un des critères de la vision parfaite, est aussi connu pour améliorer grandement l’adaptation de l’œil à la lumière� Si cela reste inconfortable, adoptez le chapeau ou la casquette à visière� Et seulement si cela ne suffit toujours pas à vous donner du confort, alors, remettez vos lunettes de soleil, tout en veillant à les retirer dès que la lumière le permettra� Pour la plupart d’entre nous, le sevrage se fait rapi-dement et la nécessité des lunettes solaires disparaît� Pour un œil nor-mal et hors pathologies spécifiques comme la dégénérescence macu-laire, le glaucome ou une opération chirurgicale de moins de six mois, les seules vraies indications des lunettes de soleil sont le soleil sur la neige, les glaciers ou sur la mer� Et encore, même dans ces situations extrêmes, vos sensations seront un meilleur guide que la peur du soleil�

Au cours de ses stages de yoga du froid en altitude l’hiver, le yogi de l’extrême Maurice Daubard, 88 ans et non porteur de lunettes, propose aux participants de laisser de côté toutes leurs protections pendant les randonnées en maillot de bain dans la neige, y compris les lunettes de soleil quand il fait beau, tout en restant dans une zone de confort� La plupart laissent leurs lunettes sans difficulté. En cinquante ans de stage, aucun ne s’est jamais plaint de troubles oculaires liés à l’excès de lumière� Au contraire ! Certains notent même une amélioration de leur confort visuel et de la qualité de leur vision�

Ma peau rougissait moins vite et je pigmentais plus rapidement au soleil

P our ma part, bien avant d’être informé des découvertes de

John Ott et de William Bates, j’avais lu, sous la plume de la conféren-cière France Guillain, le conseil de ne pas porter de lunettes de soleil� Elle affirmait que la rétine, lorsque la lumière n’était pas filtrée, trans-mettait l’information lumineuse réelle au cerveau, lequel la relayait à la peau, ce qui lui permettait de s’adapter en temps réel� À l’inverse, les verres fumés, en distordant le message lumineux, privent la peau d’une information essentielle et fa-vorisent les coups de soleil� Curieux de vérifier ces allégations, j’ai fait l’expérience de lâcher mes lunettes, ai réalisé que je les portais plus pour le look que par nécessité, puis ai rapidement constaté que ma peau rougissait moins vite et se

pigmentait plus rapidement au so-leil. C’était flagrant. J’ai alors cessé d’utiliser des crèmes protectrices�

Depuis, chaque été m’a apporté la confirmation que mon corps n’avait besoin d’aucune protec-tion, à condition de l’habituer en douceur��� En 2010, j’ai passé un été sous le soleil ardent de Corse, le plus souvent en maillot de bain, sans lunettes ni crème� Bilan : pas une rougeur et très peu de fatigue liée à la chaleur� Je ne suis pas le seul� Un confrère journaliste à la pigmentation de type celtique a vécu la même expérience, nu sur un voilier sous le soleil intense des Caraïbes, après une acclimatation de quelques jours� Il a utilisé deux clés : ne pas se protéger artificiel-lement et ne pas aller au-delà de ses capacités…

Emmanuel Duquoc

Les lunettes à fentes : une tradition à relancer ?Dolpo, une région reculée du Népal dans la chaîne de l’Himalaya : une colonne de caravaniers chemine à 5 000 mètres d’altitude. À dos de yack, ils transportent des sacs de sel en direction de la vallée. Le temps est clair et le soleil éblouissant sur la neige. Avant d’entamer leur marche, ils ont pris la précaution de protéger les yeux des enfants à l’aide de bandeaux en poils de yack. Les adultes, eux, se passent de ces protections. La scène, fidèle au mode de vie des caravaniers du Dolpo, est l’un des moments forts d’un très beau film du photographe Éric Valu : Himalaya, l’Enfance d’un chef, une fiction jouée par d’authentiques habitants des hauts plateaux. Au passage, on notera que

les poils de yack, s’ils diminuent l’intensité du rayonnement auquel est exposée la rétine, ne modifient pas l’équilibre des différentes lon-gueurs d’onde de la lumière solaire. Même constat avec les lunettes de protection solaires traditionnelle-ment utilisées par les Inuits – un morceau d’os taillé et fendu à la hauteur de l’iris – quand le soleil illumine la banquise, provoquant une lumière intense et riche en lumière bleue, particulièrement agressive pour la rétine. Côté mode, seul le célèbre couturier Courrèges a osé lancer un modèle de lunettes à fentes, peut-être inspirées de ces protections millénaires. Et si on relançait la mode ?

Sources:WuP.C.,HuangH.M.,YuH.J.,FangP.C.,ChenC.T.EpidemiologyofMyopia.AsiaPacJ.Ophthalmol(Phila).2016Nov/Dec;5(6):386-393–DengL.,PangY.TheRoleofOutdoorActivityinMyopiaPrevention.EyeSci.2015Dec;30(4):137-9–IsaacsD,WoodN.Let’sNotBeShort-Sighted:IncreasedOutdoorActivityReducesMyopia.J.PaediatrChildHealth.2016Oct;52(10):969.doi:10.1111/jpc.13358–GuoY.,LiuL.J.,TangP.,LvY.Y.,FengY.,XuL.,JonasJ.B.OutdoorActivityandMyopiaProgressionin4-YearFollow-UpofChinesePrimarySchoolChildren:TheBeijingChildrenEyeStudy.PLoSOne.2017Apr27;12(4):e0175921.doi:10.1371/journal.pone.0175921.eCollection2017–CruickshanksK.J.,KleinR.UltravioletLightExposureandLensOpacities:theBeaverDamEyeStudy.AmericanJournalofEpidemiology,1992;82:1658-1662–TaylorH.R.,WestS.K.,RosenthalF.S.,MunozB.,NewlandH.S.,AbbeyH.,etal.EffectofUltravioletRadiationonCataractFormation.NEnglJMed1988;319:1429-1433–WestS.K.,DuncanD.D.,MunozB.,RubinG.S.,FriedLP,BandeenrocheK,etal.SunlightExposureandRiskofLensOpacitiesinaPopulation-BasedStudy:TheSalisbury–ChalamK.V.,KhetpalV.,RusoviciR.etal.AReview:RoleofUltravioletRadiationinAge-RelatedMacularDegeneration,Eye&ContactLens2011;37(4):225-232–JohnOtt,HealthandLight,ArielPress,Alpharetta,USA

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LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC

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LIVRES

Pour ne plus se sentir seule face à la maladieEn 2013, l’auteure est diagnostiquée d’un cancer du sein� À partir de son expérience, elle a écrit ce livre destiné non seulement aux femmes victimes de cette maladie mais aussi à leur entourage� De l’annonce de la maladie à l’après-traite-ment, elle partage ses conseils à chaque étape du cancer, tant sur le plan émotionnel et affectif que physique et alimentaire, pour se sentir mieux� Comment masquer les taches sur la peau ? Quelles associations contacter ? Comment en parler à ses proches ? Une vie sexuelle est-elle possible ? Écrit avec simplicité, très joliment illustré, ce livre plein d’empathie et d’humanité est à recommander à toutes celles qui se sentent démunies, mal informées et seules�

Comment vivre son cancer au quotidienPrix : 16 euros

Auteur : Caroline Paufichet-BurnoufÉditeur : Éditions de La MartinièreISBN : 978-2-7324-8425-9

Le scandale AlzheimerLes médicaments contre Alzheimer ne servent à rien� Pire, ils sont dangereux� C’est le constat sans appel du Pr Olivier Saint-Jean (Directeur du service de gériatrie de l’hôpital européen Georges-Pompidou et membre de la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé) et d’Éric Favereau (journaliste santé à Libération)� Dans ce livre, ils reviennent sur l’histoire de la maladie d’Alzheimer, de sa découverte à sa surmédiatisation, et décrivent comment l’industrie du médicament a profité de l’inquiétude des patients et des pouvoirs publics pour engranger des milliards d’euros depuis 20 ans�

Alzheimer, le grand leurre Prix : 17 eurosAuteur : Pr Olivier Saint-Jean & Éric Favereau Éditeur : Michalon ÉditeurISBN : 978-2-84186-871-1

Le foie gras, cette maladie mal connueNASH : Non Alcoholic Steatosis Hepatitis (stéato-hépatite non alcoolique)� Derrière cet acronyme et cette traduc-tion mystérieuse se cache un phénomène très simple aux conséquences dramatiques : notre foie devient gras à cause d’une mauvaise alimentation (trop sucrée et trop grasse) et de la sédentarité� Cette maladie, car c’en est une, est lente, insidieuse, et peut à terme provoquer une cirrhose ou un cancer� Même des non-buveurs sont potentiellement concernés ! Ce livre, très complet et facile à lire, revient sur le rôle essentiel du foie, organe trop peu connu, sur les différents stades de la maladie et comment l’éviter, en guérir lorsqu’il n’est pas trop tard, ou vivre avec lorsque ça l’est�

NASH : la maladie de la malbouffePrix : 19,90 eurosAuteur : Dr Dominique Lannes avec Catherine SiguretÉditeur : FlammarionISBN : 978-2-0814-2167-7

Trousse de secours naturelleDe « crise pendant l’accouchement » à « zona », en passant par « conjonctivite », « hémorroïdes » ou « saignement de nez », Anne Portier passe en revue près de 70 maux du quotidien ou de la vie� Le plus de cet ouvrage : il ne nous propose pas un seul et unique type de solution par problème (huiles essentielles ou phytothérapie ou oligothérapie), mais, pour chaque entrée, plusieurs options s’offrent à vous� À vous de choisir ou d’en mélanger plusieurs� Le tout est assorti de quelques conseils et explications physiologiques pour vous aider à comprendre ce qui se passe dans le corps� Une excellente trousse de secours pour les vacances !

Soins d’urgence au quotidienPrix : 21,90 euros

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TÉMOIGNAGE DE LECTEURS

J’ai refusé l’ablation de la vessieEn juin 2015 mon urologue m’a diagnostiqué une tumeur cancéreuse de la vessie, de type psT2 n0m0 (n0 = absence d’atteinte de ganglions et m0 = absence de métastases), infiltrante.

le cyanure contenu dans ces amandes détruisait les cellules cancéreuses et uniquement celles-ci.N’ayant aucun appui médical à ma disposition, j’ai créé ma propre posologie : 10 amandes au petit déjeuner et 10 autres le soir au dîner, pulvérisées à l’aide d’un moulin à café électrique au moment de les consommer, mélangées à du yaourt de brebis ou de chèvre pour atténuer l’amertume.J’accompagnais ce traitement de vitamine C Liposomale et faisais, chaque mois, une cure d’une semaine de Desmo-dium pour régénérer le foie. Au niveau alimentation j’ai supprimé sucre et viande rouge et compensé par fruits et légumes. Au niveau activité physique j’ai fait 30 min. de marche quotidienne, ou bien, 60 min. de vélo.Enfin j’ai pris un soutien psychologique auprès d’un psy-chiatre avec lequel je pouvais dialoguer.Tout cela mis en œuvre avec les renseignements que j’ai pu extraire des forums sur internet. J’ai appris également l’existence d’une clinique privée allemande, proche de Strasbourg, qui traitait avec de la B17.Pour cette thérapie non autorisée en France, on peut s’approvisionner auprès d’un laboratoire très sérieux situé dans l’Héraut.J’ai commencé le traitement le 15 novembre 2015.Une échographie de septembre 2016 concluait en l’ab-sence de tumeur et faisait le constat d’une paroi vésicale d’épaisseur uniforme. Un scanner de contrôle de février 2017 confirmait les résultats de l’échographie, enfin un dernier scanner de janvier 2018 donnait le même résultat.Un médecin spécialisé m’a déclaré « ce que vous faites est très intéressant, vous faites une chimio naturelle ». Aujourd’hui je n’ai plus aucun symptôme, je n’ai eu aucun effet secondaire, je méconnais à 81 ans les fuites urinaires, les ennuis de vessie hyperactive, et maîtrise l’HBP de ma prostate (mais ceci est une autre histoire).Je voyage beaucoup et vis normalement.À noter que j’ai appliqué mon traitement sans manquer un seul jour avec obstination et rigueur, et que depuis ma guérison je fais, environ chaque mois, une cure d’une se-maine d’amandes d’abricots et de vitamine C afin d’écarter tout risque de récidive.

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Proposition de traitement : chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie.La chirurgie consistait en l’ablation de la vessie et rempla-cement par une poche plastique externe raccordée aux uretères par tubes.Alors âgé de 77 ans, j’ai refusé en bloc cette mutilation handicapante et les traitements proposés.J’ai fait alors des recherches sur le NET et sélectionné 3 thé-rapies alternatives : Beljanski, Breuss et « Vitamine B17 ».J’ai commencé Beljanski, mais cette thérapie n’avait de résultats connus que sur les patients ayant subi chimio et radiothérapie. Abandon au bout de 15 jours. J’ai entrepris ensuite la cure de Breuss (jeûne de 42 jours) pendant 12 jours au cours desquels j’ai perdu 6kg et que je n’ai pu poursuivre.Enfin j’ai pratiqué un traitement avec la « vitamine B17 ». Ce traitement consiste en l’absorption d’amandes amères d’abricots. Il est ici question d’abricots particuliers prove-nant des contreforts de l’Himalaya et d’une communauté, les Hunzas, qui méconnait le cancer. Ces gens-là, outre les abricots (qui représentent leur richesse) consomment les amandes contenues dans les noyaux de ces fruits. Deux biologistes, Messieurs KREBS père et fils, ont observé que

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ALTERNATIFbien•êtreRevue mensuelle - Numéro 143 - Août 2018Directeur de la publication : Vincent LaarmanRédacteur en chef : Rodolphe BacquetÉditrice : Anne PrunetMise en page : Isabelle PilletSanté Nature Innovation - SNI Éditions SAAdresse : Am Bach 3, 6072 Sachseln – SuisseRegistre journalier N° 4835 du 16 octobre 2013CH-217.3.553.876-1 – Capital : 100.000 CHFAbonnement annuel : 54 euros en France métropolitaineAbonnements : pour toute question concernant votre abonnement, contactez le service client : par téléphone au +33 (0)1 58 83 50 73 par mail à http://www.santenatureinnovation.com/contact/ par courrier à SNI Éditions - CS 70074 -59963 Croix Cedex - FRANCEISSN 2504-4869 - CPPAP 0121 N 08427