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Journal de la Creuse libertaire n° 50 • novembre 2016-janvier 2017 • 12 e année • prix libre

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Journal de la Creuse libertaire n° 50 • novembre 2016-janvier 2017 • 12e année • prix libre

Solidarité avec les migrantsLa Jonchère-Saint-Maurice,

Avec Le Radeau actif

Mar(r)e du Maire!Une mésaventure du maire deBussière-Boffy, qui n’est pas trèscopain avec les droits fondamen-taux, non plus qu’avec le droit del’environnement.

CETTE HISTOIRE redémarre au printempslorsque le cantonnier tenter de vider sabenne dans une mare, ancien bien de sec-tion (appartenant aux habitants duhameau), récupérée par la commune en2007 sur arrêté préfectoral.Un bien commun soudain devenu bien

privé de la commune; deux mares à proxi-mité du hameau, un petit bois et un étang encontrebas avec un peu de terrain autour. En2007, les habitants du hameau n’ont rien vuvenir, mais en 2009 lorsqu’ils apprennentque le nouveau maire a fait voter une déli-bération pour vendre ce bien privé de lacommune au 1er adjoint, un courrier ausous-préfet a suffi pour stopper la vente.Bien sûr, ce gros malin de 1er adjoint avaitparticipé au vote et depuis rien ne semblaittrès clair ni très abouti dans le transfert decette propriété collective ancestrale au bienprivé de la commune.À diverses reprises, depuis, le cantonnier

était venu benner du remblai dans cesmares, suscitant à chaque fois une vague deprotestation du voisinage proche. Ce prin-

temps, sa manœuvre est repérée et immé-diatement, il y est fait obstruction. Le can-tonnier s’énerve sur le moment jusqu’àmenacer un habitant d’un coup de pelle,puis revient avec le maire qui appelle lesgendarmes ; ceux-ci constatent que le dépôtde remblais récemment effectué contientdes blocs de goudron, et se limitent à tem-poriser le conflit…Une première barricade de palettes est

érigée pour empêcher de nouveaux déchar-gements dans la mare, mais le cantonnier,passant à l’improviste, embarque toutes lespalettes dans sa benne. Une deuxième bar-ricade est aussitôt mise en place plus solidepour éviter un démontage rapide et parallè-lement les habitants sollicitent l’Onema (lapolice des milieux aquatiques), l’associa-tion Sources et rivières du Limousin et leGroupe mammalogique et herpétologiquelimousin (protection des batraciens etamphibiens). Un apéro « Info-solidarité »est organisé pour le samedi suivant.Bientôt la nouvelle tombe : des œufs de

rainette arboricole ont été observés sur lamare, or il s’agit d’une espèce protégée parune directive européenne : interdictionabsolue de détruire son habitat !Le maire aura beau amener la sous-pré-

fète sur les lieux, celle-ci informée par leshabitants d’un rapport en cours de rédac-tion par les organismes sollicités, souhaiteen avoir communication avant de prendreposition. Le maire est mal tombé ce jour-là,apostrophé par les habitants devant la sous-

préfète, il couine, peste et s’embrouille, leroi n’est pas son cousin et il repart bre-douille.Il adresse alors une convocation en mai-

rie à deux opposants notoires, soucieuxpeut-être de rétablir dans les formes unminimum d’information concernant sa ges-tion des milieux naturels (convention d’Aa-rhus) mais, à son grand dam, ce sont leurscompagnes qui se présentent au rendez-vous, ce sont elles les propriétaires et leurvenue décontenance l’édile patriarcal. Ellesobtiennent ce jour-là copie d’un échangeavec la DDT de 2014 (lors de l’élaborationdu Plan local d’urbanisme) où le maireobtient un accord circonstancié d’un res-ponsable pour reboucher des «marigots»,recevant les eaux usées des habitationsalentour! Or il ne s’agit pas d’eaux uséesmais bien de sources et d’eau de ruisselle-ment et la tromperie du maire apparaît làencore une fois, dans son désir de toute-puissance.Il ne recule devant rien.Après la mauvaise aventure des yourtes

qui a fait une si mauvaise publicité au vil-lage, le maire aujourd’hui en a «mare», onpourrait même croire que bientôt il touchele fond!Au-delà de cette escarmouche bien plai-

sante, la survivance et la préservation desbiens communs est une question passion-nante qui mérite la motivation d’action derésistance partout où cela est nécessaire.

DES HABITANTS

2 •

Bussière-Boffy : la mare

Le Café associatif est ouvert à ses adhérents tous les vendredis de 20 heures à 1 heure du matin. Adhésion à prix libre. e.mail [email protected] • programme en ligne sur http://leradeauactif.jimdo.comLe Radeau actif, 3, rue de la Mairie, 87340 La Jonchère-Saint-Maurice - Tél. 06 24 77 02 28 ou 06 21 24 90 37

47 HOMMES venant de la jungle de Calais sont arrivés le 28 octobre au centre devacances de la SNCF. Il s’agit d’un CAO (Centre d’accueil et d’orientation) géré parl’entreprise ADOMA. Deux travailleuses sociales les accompagnent du lundi au ven-dredi dans leurs démarches sociales et un gardien est présent la nuit et le week-end.La Banque alimentaire intervient pour leur fournir des aliments qu’ils cuisinent

ensuite ensemble dans les locaux qui sont équipés en matériels de cuisine. Le Secourspopulaire est présent au CAO tous les mercredis et vendredis (on peut y apporter desvêtements, ou les remettre au Radeau actif).Le principal soutien que le Radeau peut apporter aux réfugiés accueillis à Saint-Léger-la-Montagne, c’est l’apprentissage du français. Nous recueillons toutes les propositionsen ce sens : aptitudes (FLE, expérience, compétences en pédagogie, etc.), bonnesvolontés, disponibilités (idéalement en semaine) afin d'établir un planning qui seraitmis en place à partir du mois de novembre.

Mardi 1er novembre, soirée festive : buffet et feu extérieur… Les réfugiés ont pu rencontrer des habi-tants en toute convivialité et partager ce moment.

Divergences

Suite à la publication dans le n° 49 de Creuse-Citron d'un article intitulé « 11 novembre à Gentioux : un rendez-vous qu'il fautcontinuer à honorer », la Libre Pensée creusoise s'est sentie mise en cause et nous a fait parvenir le message suivant : Nous vousfaisons parvenir en pièce jointe un texte adopté lors de notre congrès national de Bourg-lès-Valence, fin août, concernant lerassemblement de Gentioux. Ce rassemblement vous a amenés à publier des articles dans lesquels nous étions cités d'une façon plusou moins amicale, ce qui ne permet pas à vos lecteurs, à notre avis, de se faire une juste opinion de la Libre Pensée. Nous pensonsque nous sommes en droit de les informer à travers votre publication en vous demandant de publier le texte joint.

Il se trouve que dans l'article en question seul le Clammg (Comité laïque des amis du monument aux morts de Gentioux) était mis encause. Si la LP se sent attaquée quand le Clammg l'est, c'est qu'il règne une certaine confusion, voire un certain lien de subordination de l'unà l'autre. Que le Clammg s'exprime s'il se sent agressé, nous ne publierons pas le texte du congrès de la LP qui n'a pas de raison d'être ici.

Nous ne ferons pas un long discours, mais nous affirmeronsquelques idées force qui nous tiennent à cœur.

L’État est en guerre à l’extérieur du pays, d’urgence et poli-cier, il est aussi en guerre à l’ intérieur.

Depuis toujours militaires et bétonneurs sont mariés : détruis-moi ce pays, je le reconstruirai ! Et aujourd'hui le petit cochonqui nous dirige est carrément devenu le VRP de cette ordure deDassault. Les socialistes au pouvoir, comme toujours, sont lesexécuteurs des basses œuvres des capitalistes. Ils sont en trainde réussir à transformer l'hypothétique état de droit en très réelétat d'urgence, l'exception en norme.

Jusque dans les établissements scolaires où on assiste à la miseen place, dans une optique sécuritaire et patriotique, de « cadetsde la sécurité civile ». Et pourquoi pas bientôt des milicesd’élèves vigilants pour faire la police dans l’école ? À la rentréescolaire, les enseignants devaient interdire aux parents de rentrerdans l'école et contrôler l'identité des enfants. Ce qu'ils doiventenseigner, maintenant, c'est la culture de la sécurité !

Tous, ici, condamnent avec force cette dérive militaro-policièreétatique. Certains s'adressent à l'État pour exiger la réhabilitationcollective des fusillés pour l'exemple. Nous pouvons le comprendreeu égard à notre soutien indéfectible à tous les déserteurs etinsoumis à la connerie militaire alors que l'État n'a de cesse de leurjeter la honte et l'opprobe. Rémi Fraisse, lui aussi a été fusillé pourl'exemple. Exigera-t-on aussi sa réhabilitation ?

Nous sommes ici devant un monument aux morts non officielpuisqu’il n’a jamais été inauguré car il ne se réfère ni à la patrie

ni à la France, et pourtant il faut que nous ayons la bénédictionde la flicaille qu’elle soit officielle ou autoproclamée pour pou-voir faire un pauvre discours.

Les discours c’est bien beau, et, une fois par an, c’est déjàbeaucoup. Il est vrai que nous n’avons guère d’autres moyenspour nous opposer aux guerres néo-coloniales que mène, encoreet toujours, l’État français.

Mais face à la guerre que poursuit ce même État contre toutesles oppositions intérieures à sa politique ultra-capitaliste et mor-tifère, là, nous pouvons et nous devons agir.

Qu’il s’agisse de Notre-Dame-des-Landes ou de tous lesautres grands projets nuisibles : autoroutes, lignes à grandevitesse, pseudo fermes-usines, parcs solaires ou éoliens, ouver-tures de mines, nous n’avons rien à demander à l’État non plus,mais nous devons nous opposer frontalement à lui.

Antimilitaristes nous sommes, mais zadistes également pourconstruire des alternatives concrètes qui abolissent les notionsde hiérarchie, d'autorité, de représentativité et de soumission àdes lois que nous ne reconnaissons pas.

C’est, aujourd’hui, la meilleure façon de mettre la crosse en l’air.

Ni Dieu, ni maître, ni État, ni patrie !

Autour du 11 novembre à Gentioux

Texte élaboré par Creuse-Citron et lu à cette occasion

Sur le même sujetvoici le courrier d'un lecteur

J'ai lu hier dans le dernier Creuse-Citronl’article sur le rendez-vous annuel du 11novembre à Gentioux.Effectivement je n’y suis pas allé l’an-

née dernière, suite aux événements qui sesont passés en 2014, et je continue a meposer la question de ma participation. Jesuis ressorti de cette édition du rassem-blement du 11 novembre avec le senti-ment d’avoir été dépossédé de ma libertéd’expression et que finalement c’étaitcomme si les organisateurs de l’événe-ment et les participants qui affichentnombre de drapeaux et banderoles s’ap-

proprient l’événement et ne laisse quepeu de place au citoyen Lambda qui, sin-cèrement, pense effectivement « ni Dieu,ni Maître et Maudite soit la Guerre ». Lesdrapeaux et banderoles me rappelle troples icônes d’État qui ne servent qu’aconcourir à des états de guerres poli-tiques, économiques, religieux, sportifs.Je trouve que l’image du monument au

morts, tel qu’il est, avec le rassemble-ment des personnes et à part le discoursofficiel, les phrases prononcées avec desvrais morceaux d’intelligence et de cœur,de paix humaine dedans, devraient suffireà imager cet événement et laisserait laplace à cette liberté d’expression auquelnous avons droit.

Je préfère les mots aux drapeaux.Du coup, ni drapeaux, ni invectives, ni

cris, ni sifflements hostiles et juste la« Libre Pensée » qui collabore avec « lesforces de l’ordre ».Donc, que je participe ou non, cet

événement est phagocyté par la LibrePensée pour moins de liberté d’expres-sion et c’est une violence qui s’oppose àmon envie de non violence.C’est, en quelque sorte, la loi du plus

fort qui s’exerce. Est-ce-que je peux paci-fiquement récupérer la liberté d’expres-sion simplement en continuant departiciper à cet événement tel quel ?Telle est la sincère question que je me

pose ! C.

Nous avons souvent chanté, dans noscolonnes, les louanges de MichelMoine, maire d’Aubusson et présidentde la communauté de communeCreuse-Grand-Sud, esprit éclairé etdésintéressé s’il en est. Pris, l’annéedernière, la main dans le pot de confi-ture en dilapidant 50 000 € sur le bud-get de la com-com, sans qu’elle soit aucourant, pour enchanter nos oreillesavec un concert de Patrick Sébastien.Le voici, ces temps-ci, plongé dans laconfiture jusqu’au cou pour avoircreusé un trou de plusieurs millionsd’euros dans le budget de la com-comsans hésiter à avoir recours à defausses délibérations.

L’AFFAIRE A ÉCLATÉ le 19 septembre,quand Michel Moine a démissionné de laprésidence de la com-com sous prétextede l’échec de sa fusion avec la Ciate et lacom-com de Bourganeuf-Royère. Assezclairvoyantes, ces deux com-com avaientsenti l’air de faillite qui planait sur Aubus-son et n’ont pas voulu en partager la dette.

Moine parti, il n’a pas fallu longtempspour que les détails de cette situationfinancière catastrophique soient mis augrand jour. Cela pose quand même ungrave problème de transparence et doncde démocratie locale. Apparemment,Moine tirait les ficelles tout seul, sansqu’aucune information ne circule, lesinstances de contrôle extérieures, la pré-fecture et la chambre régionale descomptes auraient effectué de timidesmises en garde sur cette dérive financièreque personne n’aurait vu arriver.

Si la Ciate et Bourganeuf-Royère étaientassez au courant pour ne pas se laisserpiéger, comment se fait-il qu’aucun élu

communautaire, et particulièrement lesvice-présidents, n’aient rien vu venir ?Certains avaient pourtant été gravementéchaudés, en 2014, lors de la fusion de lacom-com du plateau de Gentioux aveccelle de Felletin-Aubusson, en particulierpar une augmentation drastique des im-pôts locaux. Pour ne pas déclencher depolémiques stériles, nous plaiderons lanaïveté d’élus de petites communes auxprises avec l’obscurité bureaucratiqued’une nouvelle structure.

Vive la démocratie localeEt c’est bien là que le bât blesse, les com-com en milieu rural conjuguent deuxhandicaps majeurs : être le fruit del’ idéologie du toujours plus grand et êtredes structures non élues par la popula-tion. Nous n’engagerons pas ici un débatsur la démocratie directe versus la démo-cratie participative, nous resterons dansla logique du système représentatif telqu’il fonctionne et dont les contradictionssont déjà assez remarquables.

En effet, aucun élu communautaire netire sa légitimité d’un scrutin populaire.La population est cantonnée à l’électiondes conseils municipaux qui désignentensuite eux-mêmes, sans aucun contrôle,le ou les représentants de chaque com-mune au conseil communautaire.

Dans les petites communes rurales,rares sont les programmes électoraux quivont plus loin qu’une réfection de la salledes fêtes ou un agrandissement du cime-tière, et quels candidats ont mis en avantdes projets communautaires ? Aucun, etc’est logique puisque l’ instance de déci-sions, le conseil communautaire, ne serapas issu de l’élection en question maissera le fruit de tractations post-électo-rales. Et cela est doublement logiquepuisque la majorité des compétencescommunales ont été transférées à la com-

com avec les budgets correspondants. Enbref, la population élit des gens qui n’ontpratiquement plus de responsabilités àassumer ni de décisions à prendre.

Si on ajoute à cela que les dernièresélections départementales ont eu lieuavant que la loi définisse les compétencesattribuées aux conseillers départemen-taux, on voit que les électeurs ont aussiélu des gens sans savoir ce qu’ils pou-vaient faire !

L’autre handicap des com-com estd’être des rouages d’un système fondésur le toujours plus grand, toujours pluspuissant censé être dicté par la logique dela mondialisation des échanges. Plus unecom-com regroupe d’habitants, plus ellebénéficiera de dotations financièresimportantes lui permettant de mieux sedévelopper, paraît-il.

Mais écoutons le bilan que tire CatherineMoulin, maire de Faux-La-Montagne, de lacréation de Creuse-Grand-Sud : « Au boutde deux ans, on observe une baisse desdotations, plus de contraintes, moins deliberté d’action, plus de lourdeurs, le toutdans un contexte économique qui sedégrade… Cette croyance du toujoursplus gros, plus fort, plus compétitif, aunom des économies d’échelle, des enjeuxinternationaux, du global et du mondial,n’est qu’une vaste supercherie. L’enjeuderrière cette doctrine officielle, est bienévidemment d’une tout autre nature. Lebut est d’éloigner les habitants des lieuxde décision, de les empêcher de prendreen mains leur devenir, de rendre impos-sible tout débat qui permet de construireensemble, de s’ interroger sur les projetsque nous voulons voir éclore, d’exprimerles valeurs que nous souhaitons trans-mettre… » (cité dans IPNS, n° 55).

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Démo-cratie localeou

démo-crazy globale ?

Ici les habitantsDes habitants parlent aux habitants

Pour comprendre plus en détail tout ce pataquès sud-creusois, lisez cette feuille d’ infos. Un deuxpages très documenté dont une dizaine de numéros sont déjà sortis.

Elle a été lancée lors d'une réunion d’habitants du plateau, le 26 octobre, suite à la fête de laMontagne limousine à La Nouaille. Outre des textes et interviews y sont annoncées, ces réunionsdes habitants, en différents lieux, ainsi que les réunions du conseil communautaire, qui, rappe-lons-le, sont publiques.À demander par mail à icileshabitants@ilico. org et sur facedebouc.

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Heureusement, pendant ces deux ans, laville d’Aubusson a pu, aux frais de laprincesse com-com, inaugurer sa piscine,pardon son centre aqua-récréatif, qui estcertainement utilisé journellement par leshabitants de Faux (3/4 h à 1 h de routeselon les saisons).

Avec une telle déresponsabilisation desélus, qui s’étonnera que de grossesembrouilles financières voient le jour, etque les grosses communes tirent la cou-verture à elles ?

On rase gratisSuite à la démission du moine, il fallaitélire un nouveau président et un nouveaubureau, Ici les habitants (voir encadré)a adressé aux 48 élus communautaires, le4 octobre, un questionnaire pour connaîtreleurs intentions. À ce jour, moins de dixont répondu !

Le 5 octobre, de nouveaux président etbureau ont été élus, et maintenant la situa-tion est sous contrôle. Rien ne sera pluscomme avant et la plus grande trans-parence règnera : le PS a repris les chosesen mains : Jean-luc Dentslongues à la pré-sidence, Baudruche Pallier à l'économie etau tourisme et autres flèches brisées. Nouscomptons en particulier sur Mme Simo-neau, la maire de Gentioux, bien connuepar nos lecteurs suite aux multiplesmanœuvres de harcèlement qu’elle faitsubir aux néo-ruraux. C’est sûrement sonouverture d’esprit qui lui a valu d’êtreélue vice-présidente chargée de la démo-cratie participative ! Dans cet esprit ellevient d’ailleurs de proposer la fusion de sacommune avec celle de Royère sans endiscuter avec le conseil municipal ni vou-loir consulter ses administrés.

À nous la paroleEntre tragédie et vaudeville, le dernieréchelon local, où la démocratie pouvaitencore essayer de se nicher, éclate sousnos yeux. Il est temps de reprendre leschoses en mains, y compris pour les autrescom-com du département où, si aucunscandale n’a éclaté, les problèmes sont lesmêmes.

Une initiative, comme celle de cesréunions régulières d’habitants qui ontlieu dans le sud de la Creuse quipermettent d’affirmer un regard vigilantsur ce qui se passe au conseil communau-taire et qui ont donné lieu à la publicationde Ici les habitants, est un premier pasvers une réappropriation de la politiquelocale par les premiers concernés, leshabitants eux-mêmes.

PATRICK FAURE

L'idéologie du toujours plus grand quidoit, grâce à des prétendues économiesd'échelle, permettre d'être plus efficaceet donc plus rentable, c'est-à-dire moinscoûteux pour un service public, a, poursimple effet, la déshumanisation des rap-ports humains au profit de la bureaucra-tie et de la hiérarchie.

À la com-com Creuse-Grand-Sud, cesont 1 5 % des salariés qui sont en arrêtde maladie. Interrogée par Ici les habi-tants, une salariée s'exprime ainsi : « Àpartir de la création de Creuse GrandSud, j 'ai perdu le lien direct avec les élusque j 'avais autrefois dans mon anciennecommunauté de communes. Je n'ai plusqu'un interlocuteur unique qui centralisel'information. Je ne pouvais plus contac-

ter directement mes collègues, je n'étaisplus libre de prendre des initiativesauprès des élus et encore moins auprèsdes administrés. »

À la com-com des Quatre-provinces,dont le siège est à Gouzon, cela fait plu-sieurs mois que les salariés dénoncent unclimat de travail oppressant. La méde-cine du travail et le comité d'hygiène, desécurité et des conditions de travaildénoncent « des contradictions entre lesélus et la direction, pas de soutien de lahiérarchie, souffrance aiguë, surchargede travail, menaces sur l'emploi », etaussi « des pratiques intrusives de lahiérarchie, le non-respect du secretmédical et des frontières entre viepublique et vie privée ».

La communauté de communes CreuseGrand Sud (CGS) est née le 1 er janvier2014 suite à la loi de réforme des collec-tivités territoriales. Le nouvel espaceintercommunal regroupe : les anciennescommunauté de communes d'Aubusson-Felletin, créée en décembre 2000, et duPlateau de Gentioux créée en décembre1992, ainsi que les communes de Croze,Gioux et Saint-Sulpice-les Champs. Autotal la nouvelle Communauté de com-munes regroupe 13 197 habitants.

À la création d'une intercommunalité,les communes adhérentes doivent déci-

der quel domaines d'actions elles vont luitransférer. La loi prévoit des compétencesobligatoires : aménagement de l'espace etactions de développement économique.

À cela s'ajoutent neufs compétences fa-cultatives choisies par CGS : environne-ment et maîtrise de la demanded'énergie ; logement et cadre de vie ;voirie, équipements sportifs, action so-ciale d'intérêt communautaire ; assainis-sement non collectif (Spanc) ; soutienaux associations ; schémas d'itinérairesde randonnées ; mutualisation de l'in-génierie territoriale et de matériel.

La com-com en deux mots

Y'a bon travailler

6 •

Vers une convergence des luttes contreles projets nuisibles en Creuse

EN SEPTEMBRE DERNIER, au Fabuleuxdestin, a eu lieu une soirée débat, pro-posée par Creuse-Citron, intitulée « Ac-tualité des projets nuisibles en Creuse »,et présentée ainsi : « Mines, éoliennes,enfouissement de déchets radioactifs,notre bout du monde est une cible privi-légiée pour une politique de croissanceà courte vue et de pseudo-écologisme.L’État, inféodé à des entreprises rapa-ces, s'imagine peut-être que le petitnombre de ploucs que nous ne sommesse laissera faire. Les résistances encours à tous ces projets sont en train delui donner tort. » Pour la première foisen Creuse, se sont réunis des associa-tions et des collectifs s'opposant à diversprojets industriels jugés nuisibles.

Voici un bref résumé des différentesprésentations.

Anzème, lieu-dit Le VignaudUne ancienne mine d'uranium ferméedans les années 1970, et jusqu'ici sansprotection spéciale, a été rachetée parAreva qui compte y stocker 10 000 m3,soit environ 18 000 tonnes, de « stériles »miniers issus des travaux d'assainisse-ment des zones du département de laCreuse où les stériles miniers ont été uti-lisés hors des périmètres minièrs. Il nefaut pas se laisser tromper par le mot « sté-rile », il s'agit ici de « stériles de sélection »c'est-à-dire de minerais d'uranium sousforme de cailloux dont la teneur enuranium était trop faible, à un momentdonné, pour que son extraction soit ren-table, ce qui signifie bien que ces déchetssont radioactifs et donc dangereux. Au plusfort de l'exploitation des mines d'uraniumdans la région, ces déchets étaient donnésgratuitement aux entreprises de TP, nombrede cours d'écoles, de parkings, voire d'habi-tations ont été réalisés avec ! Lesconcentrer sur un site ne peut qu'aggraverles risques de pollution, particulièrementdes eaux.

Archignat (Allier)Un méga-projet d'exploitation de caillouxde granit destinés à la fabrication debéton.. . pour la construction du GrandParis. Une carrière à ciel ouvert de 25 ha et60 m de profondeur : poussières, camions,et tir de mines pour les riverains. 4,8 mil-lions de m3 devraient être extraits, soit500 000 tonnes par ans : un camion toutesles huit minutes sur des routes très étroites.

Un industriel suisse et l’État veulentimposer ce projet malgré 95 % d’avisdéfavorables exprimés par la populationlors de l’enquête publique ! Et en atten-dant la délivrance du permis d'exploita-tion, le préfet a déjà donné le permis deconstruire les bâtiments d'exploitation !Trois associations en lutte :- A.D.I.R (Association pour la défense des

intérêts des riverains concernés par le trans-port des granulats sur les routes D916 et D40).(Abel Courty, 04 70 28 65 39).- Association contre l'ouverture de la carrière

d'Archignat. (Marc Delcroix, 04 70 0636 17).- Les Toqués d'art, association culturelle

pour la promotion de l'art en pays d'Huriel,qui refuse l'exploitation de la carrière qui rui-nerait la création d'un village des Métiersd'Art (6, rue des Calauby, 03380 Huriel) .

FontanièresUn projet éolien est à l’étude sur les com-munes de Fontanières, Reterre, Saint-JulienLa-Genête, Évaux-Les-Bains. Six éoliennesqui devraient mesurer 180 m pour attraper lepeu de vent qui souffle et implantées àmoins d'un kilomètre des habitations alorsque les habitants ont déjà dans leur paysageles 6 éoliennes de Chambonchard (dont larentabilité reste à prouver). Un projet quis'est monté en catimini sans que les habitantssoient au courant.Association Combrailles attractives, Le buisson-net 23110 Évaux-les-Bains (05 55 65 56 68).

Saint-Hilaire-la-Plainelieu-dit Grand-Villard

Ici, cinq machines sur sept serontimplantées près du village du Grand-Villard (très proches de villages n’appar-tenant pas à la commune et qui n'aurontaucunes retombées financières), la tota-lité des habitants du Grand-Villard s'yoppose mais la majorité du conseil muni-cipal est pour. Le maire a essayé de sedédouaner en organisant fin août uneconsultation « citoyenne » sur le sujet :résultat sur moins de 200 habitants,78 pour et 48 contre.Est-ce démocratique qu'une telle propor-tion de la population se voie imposer surson territoire une implantation indus-trielle qu'elle ne veut pas ?Association Vents d'État 5, Grand-Villard 23150St-Hilaire-la-Plaine ([email protected]) .À son initiative, il est prévu, en décembre àGuéret, une réunion des associations creu-soises (une bonne douzaine) qui luttent contreles projets éoliens.

En ce qui concerne les éoliennes, le scé-nario est toujours le même : les élus et lespropriétaires des terrains d'implantationsont intéressés par la manne financièrequ'on leur fait miroiter. L'argent va à unecommune mais les nuisances sont partagéesavec les communes alentours. Rappelonsque la France est un des rares pays où onpeut implanter des éoliennes à 500 m deshabitations et que si cette distance était de1 km, dans une région à l'habitat dispersécomme ici, nous aurions beaucoup moinsde projets possibles.

Actuellement 25 éoliennes fonctionnent enCreuse et de 80 à 100 sont prévues à terme.

Sur les arguments contre les éoliennesindustrielles, on peut se référer aux n° 26 et 49de Creuse-Citron (accessible sur notre siteInternet).

VillerangesDepuis 2013, la population et les éluslocaux ont multiplié leur opposition mas-sive et publique à ce permis « d’explo-ration » minière qui vise à l’ouverture dela mine que l’entreprise Total s’était vuerefusée en 1997 par le gouvernement enplace, après neuf ans de recherchesabouties dans les années 1980. La Comi-nor vient d'obtenir le renouvellement deson permis de recherche d'or et mineraisconnexes. Creuse-Citron se fait l'écho,dans chacun de ses numéros, de la luttecontre ce projet qui veut transformer l'estde la Creuse en une vaste mine à cielouvert entraînant une pollution générali-sée de tout l'environnement. En octobre,Stop mines 23 a organisé une manifesta-tion à la Cité de l'or à St-Amand-Mont-rond, important pôle bijoutier français.Voir page suivante, la lettre ouvertepubliée suite à cette visite.

• 7

Lettre ouverte aux responsables de la Cité de l’or

Nous avons visité avec curiosité et plaisir la Cité de l’or quevous dirigez. Effectivement, c’est une visite pédagogique etludique et nul ne saurait nier la beauté des objets exposés.

Cependant, il nous semble qu’il manque un volet à la partie« pédagogique » pour que les visiteurs soient complètementinformés de la réalité de la recherche de l’or. Il faudrait pourcela parler des dégâts humains et environnementaux toujours etencore engendrés par les mines.

Sans remonter aux massacres de la conquête de l’empire Incapar Pizarro (dont vous ne dites mot) et pour ne parler que del’exploitation des gisements d’or aujourd’hui, les extractionsminières provoquent toujours la destruction de la plupart deshabitats, fermes et villages environnant les sites miniers, sansoublier la destruction de l’écosystème sur ou près des sites

Il faudrait, c’est instructif:

Rappeler que la recherche de l’or se fait, obligatoirement, endispersant dans la nature et les eaux, l’arsenic retenu dans les

sols. Cet arsenic, agent mortel (silicose) ne sera jamais éliminéet continuera sa route mortifère dans les eaux, les rivières, l’air.

Rappeler que l’extraction d'or se réalise avec du cyanure. Petitinconvénient : cette méthode présente de graves risques environne-mentaux liés à la toxicité aiguë des composés de cyanure impliqués,pour l’Homme, comme pour la plupart des autres espèces.

Rappeler que la gestion de la pollution au cyanure se faitgénéralement en répandant du chlore dans l’eau polluée afin dedétruire le cyanure. Cette “ gestion” contribue elle-même à unepollution secondaire.

Rappeler que les stériles miniers entraînent des séquelles quiperdurent : drainage acide minier, effondrements miniers quipeuvent survenir longtemps après la fermeture des mines etmodifier le cycle de l'eau et sa qualité ; relargages durables depolluants, les stériles sont en effet rarement stabilisés et ilscontinuent, durablement et gravement, à polluer l'environne-ment (en particulier les eaux de surface ou de nappes).

Rappeler que l’or a un autre prix que le cours de l’once : leprix de la vie humaine, animale, végétale.

Un élu local n'est pas toujours un élu low cost

Saint-Martial-le-Vieux

La ferme-usine, dite des mille veaux, quifonctionne déjà au ralenti, vise à pro-duire, à partir de broutards élevés àl'herbe jusque-là, de la viande de bœuf debas de gamme, et cela par un élevagehors-sol en stabulation pendant dix moisau lieu des trois ans nécessaires pour unengraissement au pâturage. Financé parune manne provenant du ministère de laDéfense en compensation de la baissed'activité du camp militaire de laCourtine, ce projet n'a commencé à êtrecontesté que lorsque le bâtiment étaitconstruit. Le collectif L-PEA (Lumièresur les pratiques d’élevage et d’abattage)a obtenu, fin juillet, du tribunal admi-nistratif de Limoges, la suspension del'exploitation du centre d'engraissementconsidérant que l'autorisation d'exploiterest "caduque", car le délai imparti detrois ans est dépassé. Si ce jugement n'estpas cassé par le Conseil d'État, toute la

procédure sera à recommencer. Maisnous n'en sommes pas encore là, le préfetautorisant pour le moment le fonctionne-ment du centre. Ajoutons que l'usine deméthanisation censée être construite à côtépour traiter les effluents (10 000 t de lisierpar an) est toujours au point mort. Pourplus de détails, voir Creuse-Citron n° 35.

Le point commun à tous ces projets estqu'ils sont imposés de façon autoritaire.Dans tous les cas les enquêtes d'utilitépublique ne servent à rien car, même sitous les avis sont négatifs, le commis-saire enquêteur valide le projet. Au finalc'est toujours le préfet qui décide. Leshabitants et les élus locaux n'ont aucunpouvoir de décision. Aucun bénéficelocal, mais une dégradation des condi-tions de vie : nous sommes dans un sché-ma typique de colonialisme intérieur.

Mais la mobilisation arrive, quelque-fois, à faire capoter un projet car les pro-moteurs n'aiment pas perdre du temps et

de l'argent quand une contestation tropforte les ralentit. Ils recherchent ce qu'ilsappellent, dans leur novlangue, un niveau« d'acceptabilité sociale » suffisant.

Un des enjeux et une des difficultésque nous devons affronter, c'est d'arriverà développer des alliances et de l'entraideentre des gens et des groupes de gens quipeuvent avoir des cultures politiques trèsdifférentes.

À cet égard, la soirée au Fabuleux a ététrès constructive et le débat a débouchésur des propositions concrètes :

- créer des liens réguliers entre les dif-férents collectifs ;

- annoncer et participer mutuellementaux actions des uns et des autres ;

- élaborer un tract collectif soulignantla convergence de ces différentes luttes.

Il ne reste plus qu'à souhaiter que cetteconvergence des luttes se construisevraiment concrètement.

PERSONNE n’a puéchapper aux nombreux reportages élo-

gieux sur ces écoles « dans le vent», parrainées par quelquespeoples et que nos hommes politiques en campagne s’empressent de visiter…Salut au drapeau, port de l’uniforme (une couleur pour les filles, une autre

pour les garçons…), retour aux fondamentaux (B.A.-ba, dictée, etc.), tout un pro-gramme: celui d’un réseau lié aux milieux traditionalistes et aux ultralibéraux qui

rêvent d’en finir avec le service public d’éducation.

Les banlieues, terres de croisade« Espérance Banlieues » : tel est le nom de cette fondation et de ses écoles. Une«marque» qui s’inspire du programme « Espoir banlieue», impulsé par le trèscatholique Xavier Darcos, alors ministre de l’Éducation de Nicolas Sarkozy, pourfaciliter l’implantation d’écoles privées dans les quartiers défavorisés. Si ce planministériel concernait les écoles sous contrat*, on perçoit bien la proximité –jusque dans l’intitulé – de ce programme avec l’offensive d’Espérance Ban-lieues qui milite, elle, pour l’ouverture d’écoles privées hors contrat*.

Un nouveau marchéLe choix de la « cible», les jeunes de banlieues et leurs familles, n’est évidem-ment pas anodin. Alors que les établissements privés hors contrat sont tradi-tionnellement le refuge des ultra-religieux (Fraternité Saint-Pie X*) ou biendes « boîtes à bac» pour les rejetons de la bourgeoisie, Espérance banlieuesveut s’ouvrir à un nouveau public, c’est-à-dire à un nouveau marché.

habile stratégie qui attire la sympathie de quelques personnalités média-tiques 1 et surtout la générosité des grands groupes français, avides de pla-cements et d’exonération fiscales 2.

Car l’argent tient une place centrale. La Fondation Espérance ban-lieues, tout comme les différentes officines qui gravitent autour (SOSéducation), s’inspire des réseaux lobbyistes états-uniens. L’objectif estde lever le maximum de fonds. Un véritable business qui a émergé enFrance au milieu des années quatre-vingt et dont le développementd’Internet a démultiplié l’impact et l’efficacité.

Espérance banlieues casse les prix !Ces collectes permettent l’ouverture d’école « discount», à 75 € eurospar mois (restauration et uniforme non compris) et des effectifs de 15élèves par classe. L’argument touche les milieux populaires. Maisc’est un habile tour de passe-passe : ces établissements low cost sontfinancés par des dons défiscalisés, de l’argent qui ne servira doncpas à réduire les effectifs dans le public…

Une entreprise idéologique et politiqueLe message est aussi politique : rééduquer les petits sauvageonsque l’école publique ne sait décidément pas «dresser» comme ilconvient. Mise au pas des élèves, amour de la patrie, sélection«au mérite» des candidats, ces écoles célèbrent l’ordre (sco-laire et social) établi. Chacun à sa place. La réponse sera«morale», disciplinaire et assurément pas « sociale».

Rêvant de créer 200 établissements, EB s’appuie sur l’acti-visme de la Fondation pour l’école*, reconnue d’utilitépublique sous Darcos. Dirigée par Anne Coffinier, égérie dela Manif pour tous et par ailleurs présidente d’« En -seignement et liberté», émanation du Club de l’horloge*,

cette structure s’est donné comme objectifle développement d’un vaste réseau d’éco -les privées hors contrat pour concurrenceret, de l’aveu même de ses promoteurs,détruire le service public.

Les écoles de la Manif pour tousQuant à la première école EB, elle a été fon-dée à Montfermeil. Et Éric Mestrallet nemanque jamais de saluer l’engagement dumaire de cette commune, Xavier Lemoine,sans s’attarder sur son parcours politique.Vice-président du Parti Chrétien-démocrate deChristine Boutin, il est un farouche partisan del’union de « toutes les droites », comme entémoi gne sa participation, au printemps dernier,à la table ronde organisée à Béziers : «Passerl’école de Mai 68 au Karcher, on commencequand ? » Le maire de cette ville, RobertMénard, ne cache d’ailleurs pas son désir d’im-planter lui aussi une école EB dans sa commune.

Ultra-libéraux et traditionalistes à l’assaut de l’école publique

Pour mener à bien son offensive et étendre soninfluence, ce réseau rêve d’instaurer en France leChèque éducation*. Longtemps inscrit dans le pro-gramme « éducatif » du FN, ce système est présentécomme le remède à tous les maux de l’école. En Suède, depuis sa mise en œuvre en 1992, nonseulement le niveau scolaire s’est effondré (28e rangsur 34 dans le classement PISA), mais, depuisjuin 2016, le premier « groupe» d’établissementsscolaires est entré en Bourse 3 ! Voilà probablementl’objectif que caressent nos « créateurs d’écoles ».

« La guerre au pauvre commence à l’école. »La vague réactionnaire qui submerge les débats surl’école a mis sous le feu des projecteurs les écoles EBqui ont vu défiler dans leurs locaux les candidats à laprimaire de droite 4. En sortant de l’une d’entre elles,Jean-François Copé déclarait, enthousiaste « Si je suisélu, j’instaurerai une cérémonie de salut au drapeau enchantant la Marseillaise et le rétablissement de l’uni-forme à l’école. » (11 septembre 2016)

Derrière la nostalgie d’un ordre scolaire ancien et lesopérations de com’, c’est le redressement autoritaire del’école – tout en baissant les coûts 5 ! – qui se profile.

Comme l’écrivait le philosophe Ruwen Ogien : « Laguerre au pauvre commence à l’école. »

GRÉGORy ChAMBAt,collectif Questions de classe(s), auteur de

L’École des réac-publicains, la pédagogie noire du FNet des néoconservateurs, Libertalia, 2016.

_____

Bibliographie :L’excellente enquête sur les nouveaux visages de l’ensei-

gnement privé d’E. Khaldi et M. Fitoussi, Main basse surl’école publique, 2008, et La République contre son école,Demosophie, 2011.

Écoles« Espérance banlieues » :

traditionalisme & ultra-libéralismeau programme

8 •

1. Le parrain de la Fondation est harry Roselmack auquel devrait succéderJamel Debbouze… Ces écoles bénéficient du soutien appuyé des Zèbresd’Alexandre Jardin, au point d’avoir eu les honneurs d’un article de l’hebdo Le 1 dans un dossier consacré à la lutte contre… l’extrême droite! (Le 1, n° 86,9 décembre 2015).

2. Le magazine Challenges du 7 juillet 2016 avait proposé deux pleines pagessur le sujet, nous révélant qu’«Aujourd’hui, une bonne partie du CAC 40 verseson obole à ce nouveau mouvement (Les écoles Espérance Banlieues, NDLR):Bouygues, Axa, Société générale, Fondation Bettencourt, Saint-Gobain,Vinci…»

3. Voir l’article «Suède, écoles cotées en Bourse», Monique Castro, Le Pro-grès social, n° 112, 27 septembre 2016.

4. Mais pas qu’eux! Ainsi Gérard Larcher, président du Sénat et deuxièmepersonnage de l’État a visité l’école EB de Mantes-la-Jolie en septembre 2016.

5. «Cette liberté a un coût. La scolarité d’un élève dans une école Espérancebanlieues coûte 3246 € par an et par élève en primaire, contre 5 440 € dans lepublic et 6 286 en Zone d’éducation prioritaire (ZEP). Les familles paient 750€. Le reste est financé par des entreprises : la fondation Bettencourt-Schueller,thales, Bouygues, Axa… », Challenges, 7 juillet 2016.

* Fraternité Saint-Pie X

Fondée en 1970 par MarcelLefebvre et ses disciples,

cette société de prêtres catho-liques traditionalistes entre-

tient des liens avec l’extrêmedroite (elle hébergea et proté-

gea Paul touvier).Sur ces écoles rattachées à la

Fraternité, lire Voyage aucœeur d’une France fascisteet catholique intégriste de

Rémy Langeux et Mat-thieu Maye, LeCherche Midi,

2013.

* Fondationpour l’école

Outre Espérance banlieues,vitrine médiatique du mouvement,cette fondation abrite des écoles

Montessori, Steiner mais surtout lesétablissements intégristes de laFraternité Saint-Pie X et une

proximité avérée avec des asso-ciations contrôlées parl’Opus Dei et le lobby

SOS éducation.

* Chèqueéducation

Le principe (imaginé parMilton Friedman dans les

années 1950) est de remettreaux familles un chèque corres-pondant au coût des études des

enfants, qui serait reversé à l’éta-blissement de son choix. Expéri-menté dans le Chili de Pinochet,

il est le pilier du programmeéducatif des droites extrêmes en

France. Sa mise en application équi-vaudrait à la parité de finan-cement entre le public et leprivé (revendication de la

Manif pour tous, maisaussi mesure prise

sous Vichy)…

* Privé sous contrat & privé hors contrat

Du fait du droit à la liberté d’enseigne-ment, trois réseaux coexistent en France.Les écoles publiques, gratuites, laïques et

respectant l’obligation de scolariser tous lesélèves ; les établissements d’enseignement sous

contrat avec l’État qui reçoivent des subven-tions et qui doivent, en contrepartie de la rému-

nération des personnels, suivre lesprogrammes ; et les écoles hors contrat (0,4 %des effectifs) qui ne reçoivent pas de subven-tions publiques. Elles embauchent qui elles

souhaitent, sans condition de diplôme etne sont pas tenues de suivre les pro-

grammes officiels. Le nombre deces écoles a augmenté de 26 %

entre 2011 et 2014.

Valeurs actuelles, 5 au 11 février 2015

* Club de l’Horloge

Fondé en 1974, ce club de réflexion, inspiré de la stra-

tégie de la Nouvelle Droite,défend un national-libéralisme

(il crée le concept de « préférencenationale») et l’union de toutes

les droites.Deux anciens secrétaires du

Club ont été nommés recteurspar Xavier Darcos

(Maurice Quénet à Paris et Michel Leroy

à Amiens).

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Appel de Beauchastel contre l’école numériqueUne journée dans l’école numérique

CES QUEStIONS ne se posent pas en 2084 mais aujourd’hui, dansnos écoles, collèges et lycées. D’ailleurs, le numérique a déjà uneemprise telle sur nos vies et celles de nos élèves, que parfois nousne nous les posons même plus. Et pourtant, si on nous avait dresséun tel tableau il y a quelques années nous l’aurions trouvé outran -cier. Mais les innovations apparaissent progressivement, ellessont déjà dans l’air du temps avant de s’imposer à nous et il n’ya apparemment pas de limite à ce que l’on peut accepter.

Accepter, nousnous y sommesmain tes fois rési-gnés, et nous som -mes bien cons cientsque l’informatisa-tion de l’enseigne-ment n’est que lepoint d’orgue de sondélitement. Nousavons déjà cherché àsuivre des program -mes incohérents, àc o m p r e n d r el’incom préhensiblejargon de l’Édu -

cation nationale, à simuler une prétendue évaluation par compé-tences, à ensei gner à des élèves de plus en plus décon centrésparce que de plus en plus connectés. Pourquoi ne pas aller plusloin?

Ainsi nous nous apprêtons à renseigner sur chaque élève desdonnées conservées à vie et bientôt consultables par un employeurgrâce au logiciel de notes et d’appréciations et le livret personnelde compétences numérisé. On nous encourage à scotcher nosélèves aux écrans durant les seuls moments où ils y échappentencore, et cela sous le prétexte de les éduquer aux médias. Et fina-lement, pourquoi ne pas renoncer à enseigner en feignant de croirequ’une connexion Internet suffit pour s’approprier un savoir réel?

Pour nous, ça suffit.

De la part de ceux qui nous enjoignent d’utiliser le numériquedans nos classes (hiérarchie administrative, ministère, inspecteurset formateurs, ainsi que toute la classe politique), nous n’entendonsque des justifications a posteriori de ce qui paraît aller de soi : unetransformation implacable de nos gestes quotidiens, de notre lan-gage, de notre rapport aux autres, de notre métier.

Ce bouleversement est pourtant décidé par d’autres, politiques etindustriels, qui défendent leurs intérêts politiques et économiques,et bénéficient de notre complicité passive.

10 •

Ma journée d’école commence, la sonnerie vient tout juste de retentir, je rentre dans ma salle de cours etdéjà je m’interroge: dois-je accueillir la classe ou me tourner vers mon écran pour effectuer l’appelélectronique? Dans un souci de «diversification de mes pratiques», dois-je capter le regard des élèves à l’aide del’écran de mon vidéoprojecteur, vérifier la mise en route de toutes leurs tablettes ou décider de me passerde tout appareillage numérique? Alors que la séance se termine, prendrons-nous le temps de noter le travail à effectuer à la maison oudois-je renvoyer chaque élève devant son écran pour consulter le cahier de textes numérique que je rem-plirai en fin de journée? C’est la pause du repas; à la cantine, que penser de ce flux d’élèves identifiés par leur main posée surun écran biométrique et du bip régulier de la machine signalant son aval à leur passage? Ces adolescents dans la cour scrutant sans cesse leur téléphone, ces surveillants et ces professeurs der-rière leur ordinateur, tout ce monde se disant parfois à peine bonjour, est-ce cela le progrès? En fin de journée, dans la salle des profs, dois-je, toujours face à mon écran, trier mes courriels admi-nistratifs et remplir le cahier de textes numérique, ou ai-je encore le temps d’échanger de vive voix avecmes collègues sur le déroulement de cette journée de classe?

Or nous savons bien que le numérique n’a rien à voir avec l’édu-cation. En effet, l’informatisation a pour but premier de gonfler lechiffre d’affaires des firmes qui produisent matériels et logiciels.Puis elle réduit la part humaine de chaque activité (pas seulementscolaire) pour la rendre plus conforme aux besoins de l’économieet de la gestion bureaucratique. tout cela pour doper la croissancepar les gains de productivité et les nouveaux marchés qu’elle offre.C’est bien parce qu’Internet ne peut pas améliorer l’ensei-

gnement, mais qu’il est conçu pour détourner l’attention, queles ingénieurs de la Silicon Valley en protègent les écoles deleurs enfants.

Nous savons aussi sur quelle gabegie démente des ressources ter-restres, y compris les plus rares, les plus coûteuses, les plus dange-reuses, repose la mensongère «dématérialisation». Il faut compteraussi avec la part croissante de consommation d’énergie consacréeà l’informatique.

Pourtant, nous laissons dire que le numérique est la solution àtous les problèmes de l’institution, qui vont du décrochage à l’inté-gration des élèves en situa tion de handicap en passant par les pro-blèmes de lecture. Et qu’en plus il serait «écologique» parce qu’ilpermettrait d’économiser du papier. Quelle vaste plaisanterie!

Pour notre part, ce que nous voulons, c’est être avec nos élèves,et non servir d’intermédiaires entre eux et les machines car, souscouvert d’innovation pédagogique pour répondre aux besoinsd’élèves devenus zappeurs, c’est bien ce qui nous guette.

Une telle dissociation entre lamachine stockant les données et l’êtrehumain assurant le flux de transmissionne peut être envisagée de façon positiveque par des esprits bêtement méca-nistes. Ils réduisent le savoir à de l’in-formation. Ils négligent l’importancede son incarnation chez un individu enimaginant une simple médiation exté-rieure. Ils oublient tout bonnement quela relation d’apprentissage est avanttout une relation humaine.

Par ailleurs, et quoi qu’on en dise,l’administration numérique (appel enligne, SMS aux parents, etc.) nerenouera pas les liens entre les enfants,leurs parents et l’école. Au contraire,elle aggrave déjà les problèmes qu’onagite pour l’imposer. L’absentéismedemeure, la défiance et le mensonge sebanalisent au sein de l’école et dans lesfamilles. On cherche à tout prix à éviterle conflit et on se fie plus aux ordina-teurs qu’aux êtres humains. Et pourmasquer ce désolant constat onmaquille l’isolement en l’appelant«autonomie»…

Ce que nous voulons également,c’est enseigner, et non exécuter desprocédures. L’enseignement numé-

rique n’est pas une «révolution pédagogique» mais la fin du métierd’enseignant. Les matières, c’est-à-dire les savoirs et savoir-fairequi les constituent, se trouvent morcelées en une liste de tâchesexécutables, puis regroupées artificiellement en aptitudes géné-rales. On appelle cela le socle de compétences. Dans ce cadre, uneleçon, un exercice, peuvent être réduits à un protocole creux, quipeut bien effectivement être «partagé» en ligne, puisqu’il ne néces-site ni connaissances précises ni réflexion pédagogique personnellepour être reproduit. Un cours construit de cette façon n’apprend pasà penser mais à se comporter de la façon attendue.

Nous pourrions nous réclamer de la liberté pédagogique etdemander à ne pas être contraints à l’utilisation de machines dansnos classes. Mais nous savons que c’est impossible, qu’à partir dumoment où une technique est introduite, la liberté de l’utiliser ounon devient illusoire car elle s’insère dans un système global quil’exige. Après un court moment, le choix encore possible cède lepas à l’obligation de fait.

C’est pour cela que nous refusons en bloc notre mise à jour pro-grammée. Nous n’utiliserons pas le cahier de texte numérique, niles multiples écrans dont on prétend nous équiper (tablettes,tableaux numériques ou même smartphones). Nous nous oppose-rons aux équipements générant d’importants champs électroma-gnétiques ainsi qu’à la concentration des données scolaires dansdes bases centralisées.

[Ici figurent les signatures]

Nous appelons tous les per-sonnels des établissements d’en-seignement déjà réticents à faireconnaître leurs raisons et àsigner cet appel. C’est seule-ment par de tels gestes d’affir-mation que nous pouvons brisernotre isolement pour construireune opposition conséquente.

Nous demandons à toute per-sonne qui ressent l’importancedes enjeux ici évoqués derelayer largement cet appel, denous faire connaître ses propresréflexions et initiatives.

Beauchastel,22 décembre 2015,

complété le 19 mars 2016

Pour nous contacter ou pour signer le texte, écrire à :

Appel de Beauchastel, 27 ter, rue des terras, 07800 Beauchastel.

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Sivens : faire barrage à la violence étatique !

« Réaffirmons la légitimité de toutes cesluttes contre l’aménagement du territoire,

y compris celle de Notre-Dame-des-Landes que la mascarade de référendum

n’invalide pas. Justice doit être rendue à la famille

de Rémi Fraisse.»

COLLECtIFtANt QU’IL y AURA DES BOUILLES

Petits aménagements entre amisVoici les principaux acteurs aux bords del’eau de cette région «gauche cassoulet»:

• CACG (Compagnie d’aménagementdes coteaux de Gascogne) : en 1959, l’Étatcrée la CACG pour «gérer l’eau et aména-ger le territoire». Sur fonds publics, elledéveloppe une offre de barrages-réservoirsfavorisant la culture du maïs, très gour-mand en eau et entraînant l’appauvrisse-ment des sols et la pollution des eaux parles pesticides. Son CA (Conseil d’adminis-tration) est composé d’élus des Conseilsgénéraux de la région, de représentants desChambres d’agriculture d’Aquitaine etMidi-Pyrénées (majoritairement FNSEA)et de représentants de grandes banques.

• Agence de l’eau Adour-Garonne: reçoitdes millions d’euros prélevés sur les fac-tures des abonnés, qu’elle distribue auxprojets qui vont dans le sens d’une poli-tique de croissance sans limite.

• Francis Daguzan (Divers gauche) : sur-nommé Monsieur Eau, président du CA dela CACG, vice-président (VP) du Conseilgénéral du Gers, siège au Comité de bassinAdour-Garonne, instance de l’Agence del’eau).

• André Cabot (PS) : CA de la CACG,VP du Conseil général du tarn chargé del’eau, VP de la Commission des interven-tions de l’Agence de l’eau.

• thierry Carcenac (PS) : député, prési-dent du Conseil général du tarn depuis1991. Principal promoteur du barrage deSivens, qui lui fera dire plus tard: «Sij’avais su que ce serait un tel bordel, je neme serais pas lancé dans un tel projet.»

• Xavier Beulin : président de la FNSEA,PDG de Sofiprotéol (agrobusiness, semen -ces, alimentation animale). Pro barrage, en2014 il menacera ceux qu’il appelle les«djihadistes verts»: «Je n’ai qu’à lever lepetit doigt pour mobiliser 3000 à 4000agri culteurs .»

Rappelons une recommandation euro-péenne: «Le conflit d’intérêts naît d’unesituation dans laquelle un agent public a unintérêt personnel de nature à influer surl’exercice impartial et objectif de ses fonc-tions officielles.»

La valse des décideursEn 2001, le Conseil général du tarndemande une étude à la CACG sur le«confortement de la ressource en eau sur lebassin du Tescou». Réalisée pour «aider»les agriculteurs, elle n’intéresse surtout queles plus gros, une vingtaine, cultivant enaval, dans le tarn-et-Garonne, du maïs-semence pour l’exportation. La CACG laréactualise en 2009, aggravant encore ledéficit en eau alors que les surfaces irri-guées ont largement diminué, et proposantun barrage avec une réserve d’eau de1,5 million de m3.

En 2011 et 2012, lesélus des communesconcernées adoptent leprojet.

Le Collectif pour lasauvegarde de la zonehumide du testet, ditCollectif testet, est alorsconstitué par cinq asso-ciations. Il va mener denombreuses démarchesauprès des instancesdéci sionnelles et intenterdiverses actions juridi -

ques pour faire échouer ce projet. La Com-mission en charge de l’enquête publique(cinq semaines en octobre 2012) émet unavis favorable, sans débat, avec une seuleréserve: consulter le CNPN (Conseil natio-nal de protection de la nature) pour lademande de dérogation relative à la des-truction des espèces protégées. En septem-bre 2013, la CNPN donnera un avis trèsdéfavorable, ce qui n’empêchera pasJosiane Chevalier, préfète du tarn, d’auto-riser un projet qu’elle qualifie de «projetenvironnemental exemplaire». De son côté,le Collectif testet publie un contre-rapportconcluant au rejet du projet et à l’appel àune contre-expertise, envoyé à tous les«décideurs»: aucun ne répondra.

En octobre, la DUP (Déclaration d’utilitépublique) et la DIG (Déclaration d’intérêtgénéral) sont adoptées par arrêtés préfecto-raux. Ils permettent d’obtenir un finance-ment de 50% par l’Agence de l’eau, 30%par des fonds européens et 20% par lesConseils généraux du tarn et du tarn-et-Garonne. La CACG est maître d’ouvrage etgestionnaire de la ressource en eau.

tout cela fera dire au Canard enchaînéen novembre 2014: «Les mêmes personnesont l’idée d’un projet, en étudient la faisa-bilité, le votent et en possèdent la maîtrised’ouvrage.»

Faut que ça bouille!13 octobre 2013: création du Collectif tantqu’il y aura des bouilles (tQB) – «bouille»dans le patois local signifiant « terre sansvaleur», expression utilisée par un élu localpour désigner la zone humide. Il se veutcomplémentaire du Collectif testet, avecpour objectifs : «Refus du barrage et de sonmonde, pour en construire un nouveau;reprise en mains du territoire par ceux quil’habitent ; occupation du site; action non-violente.» Il fonctionne avec des assem-blées générales hebdomadaires et desdécisions prises au consensus, et se défie detoute entente avec le «vieux monde finis-sant». Il occupe aussitôt La Métairie neuve,ferme rachetée par le Conseil général etlaissée à l’abandon.

Dès lors, la zone va être surveillée, occu-pée, réprimée violemment par les pandores

12 •

du PSIG (Peloton de surveillance et d’inter-vention de gendarmerie) de Gaillac etd’Albi, équivalent des «célèbres» BAC(Brigades anticriminalité) de la police.

23 janvier 2014: une vingtaine d’hom -mes en treillis et cagoulés saccagent LaMétairie neuve. Dès le lendemain un nou-veau camp, La Bouillonnante, est installé :maison en bois-paille, chapiteau, cantinecollective.

24 février : une centaine de gendarmesdétruisent le lieu, maltraitent les occupants,en mettent un en garde à vue pour «vio-lence sur agent». L’après-midi, un campe-ment est installé avec une cinquantaine derenforts, des chicanes et des barricades sontdressées : la ZAD du testet est née, despotagers, un four à pain vont être aménagés.

Le PS affrontant des élections munici-pales difficiles, le déboisement est reportéen septembre.

16 mai : 150 gendarmes saccagent les ins-tallations, mais le 22 août La Bouillonnanteest réoccupée malgré un arrêté municipal :«Tout attroupement et rassemblementdiurne et nocturne est interdit.» Des débats,vidéos, concerts sont suivis par des cen-taines de personnes. De leur côté, des mem-bres du Collectif testet entament une grèvede la faim « jusqu’à l’obtention d’un débatpublic contradictoire». Il va durer plus decinquante jours, face au mépris de «that-chercenac»!

Humains, arbres et terres tombent sous les coups de l’État

Lundi 1er septembre: 1 hélicoptère, 150gen darmes, grenades, tirs de flash-Ball,arres tations, gardes à vue, les arbres tom-bent, les engins défrichent, des opposants sedécouragent. Mais les soutiens extérieursarrivent : 1000 personnes sur la zonehumide le 6 septembre!

Lundi 8: les gendarmes sortent des busen hurlant « Dégagez ! », des opposantsenterrés jusqu’aux épaules sont piétinés,ceux perchés dans les arbres éjectés violem-ment.

Manuel Valls après avoir déclaré en2012 : « Il n’est pas question de laisser unkyste s’installer à Notre-Dame-des-Landes» et affirme «être prêt à mettre tousles moyens nécessaires pour appliquer ledroit». De son côté, la FNSEA mobilise :«Dimanche: battue anti-bobos à Sivens»,

une milice armée de barres de fer et de man -ches de pioches organise des rondes,agresse des zadistes, certains ne devant leursalut qu’à une fuite dans les bois. Il sembleque des éléments d’extrême droite se joi-gnent aux agresseurs, des insignes nazistatoués ayant été aperçus.

Dimanche 14: 800 personnes, puis le18 septembre l’équipe de Grosland et yan-nis youlountas, réalisateur de Ne vivonsplus comme des esclaves, sont présents.

Cependant les arbres tombent, la zonehumide est saccagée, les violences gendar-mesques sont quotidiennes: affaires person-nelles brûlées, vitres de voiture brisées,grenade offensive dans une caravane.

Samedi 25 octobre: grand rassemblementfestif de plusieurs milliers de personnesavec constructions, plantations, ateliers,débats, concerts. Un escadron de gen-darmes, bien que la préfecture se soit enga-gée à ne pas en envoyer, s’installe sur unebase, entourée d’un grillage de 1,80 m et dedouves remplies d’eau.

Dimanche 26 octobre 0h30: affronte-ments autour de la base, pierres et mottes deterre contre tirs de flash-ball, grenadeslacrymogènes, grenades offensives (plus de60 cette nuit !) ; un jeune s’écroule, les gen-darmes empêchent de le secourir et l’em-portent dix minutes plus tard.

9h15: «Vers 2 heures du matin, le corpsd’un homme a été découvert par les gen-darmes sur le site de Sivens», communiquéde la préfecture. Il s’agit de Rémi Fraisse,jeune botaniste de 21 ans.

« Aux mains de l’individu, la force s’ap-pelle crime. Aux mains de l’État, la forces’appelle droit», Max Stirner, L’Unique etsa propriété, 1844.

Recréer un monde vivable« Ce qui a tué Rémi, c’est la violence del’État. Un État gouverné par des hommesdont la boussole est arrêtée par la pro-chaine échéance électorale».

ARIÉ ALIMI, avocat des parents de Rémi.

Les mois qui suivent démontrent l’illéga-lité de ce projet :

27 octobre 2014, rapport défavorable dedeux experts du ministère de l’Environne-ment ; 26 novembre 2014, procédure d’in-fraction de la Commission européennecontre la France pour non-respect de Direc-tive sur l’eau (l’État était au courant dès le28 juillet 2014!) ; 24 décembre 2015: abro-gation par les préfets du tarn et du tarn-et-Garonne de la Déclaration d’intérêt générald’octobre 2013, ce qui annule la participa-tion de fonds publics ; 30 juin 2016, annula-tion par la justice de 3 arrêtés sur ledéboisement, la dérogation sur les espècesprotégées, la Déclaration d’utilité publique.

Un autre barrage, de capacité réduite demoitié, est récemment étudié.

Des paysans ayant participé à la luttecontre le barrage se sont réunis, enavril 2015, dans une ferme tarnaise :

« Des gens nous disent : on peut voter, onest des citoyens. À Sivens, il y en a pas malqui ont vu qu’on ne peut faire confiance àtous ces gens qui nous représentent, qu’ilfaut faire confiance à soi et à son voisin,reprendre les choses en mains, se réorgani-ser par nous-mêmes.»

MARIE,éleveuse de brebis.

« Il nous faut recréer un monde vivableen lieu et place du désert industriel quidétruit la moindre vallée pour tenter vaine-ment d’irriguer la stérilité qu’il engendre.»

BERtRAND, berger et charpentier.

ÉLAN NOIR

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Un livre : Sivens, un barrage contre la démocra-tie, Ben Lefetey

Une émission du 12 septembre 2016:http://trousnoirs-radio-libertaire.org/

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Bruits de Chiottes & autres Idées ReçuesLettre ouverte au Pape

François. trop familier et on n’a pas gardéles dictateurs ensemble ! Machin. Oui,Machin ça va. Machin, que les bases de tasecte soient construites sur des rumeurstoutes aussi invraisemblables les unes queles autres, soit. Que tu te fasses passer pourle porte-parole d’un dieu et à ce titre roi dumonde, c’est plus discutable et on enfermepour moins que ça. En revanche que tu col-portes la propagande d’extrémistes fas-cistes chers à ton cœur, au prix de racontertout et n’importe quoi sur un sujet qui ne teconcerne pas, là, je m’en mêle. tu asraconté, genre en aparté, dans ton avion depauvre à des journalistes, gâtés par tessoins, qu’un père de famille, catholique etfrançais de ta connaissance, s’affligeaitque son fils ait répondu, à la ques-tion crétine de, que veux-tu faire plus tard? Le gamin donc,a u r a i tr é p o n d uq u ’ i lvoulait« fairefille»,

consternation et putréfaction autour de latable dominicale. «Le père s’est alorsrendu compte que dans les livres des col-lèges, la “théorie du genre” continuaità être enseignée, alors que c’est contre leschoses naturelles.» [Sic] Déjà ta vision deschoses naturelles puisées dans ton obscu-rantisme chronique, passons. À propos dechoses naturelles, c’est bien naturellementque tu as soutenu la dictature made in USAen Argentine où là on ne s’est pas privéd’enlever des mères et des pères et de faireadopter leurs enfants par tes amis militairesassassins (pléonasme)? ta haine viscéraledu collectivisme athée excuse le pire. Salo-perie naturelle, elle? Après t’avoir large-ment fait de la réclame en diffusant tadiarrhée, les médias français, t’ont légère-ment torché le cul, arguant qu’on t’aurait

mal renseigné. tout d’abord quiest ce brillant père de famille qui

te confie ses petits soucis identi-taires sur le sexe de son petit ange tout

en mettant son trésor chez les laï-cards de la république? D’autrepart je refuse de croire qu’ont’aurait mal renseigné, tu as toutun tas de conseillers en commu-

nication qui sont fort bieninformés et tu es surtoutjésuite et à ce titre tu ne t’espas trompé, trop opportu-niste surtout. tel que je te

connais tu aurais aimé quela France, prétendue fillede l’église, sous-entenducatholique romaine, futcomme la Pologne où ta

secte est religion d’État.La France n’est la fille de

rien ni de personne. Ce quiest ahurissant c’est que tu uti-

lises les mêmes basses et cra-dingues méthodes que celles qui

sont devenues l’apanage de politi-cards fielleux en mal de populasse-

ries gluantes pour raviver les instinctsles plus vils. tu étais parfaitement rensei-gné puisque tu as pondu cette merde justeavant une manifestation nationaliste desparangons de vertus hypothétiquementfamiliales. À ce propos en pleine loi d’ex-ception et d’état de siège permanent c’estcurieux que cette connerie fut autorisée?

Elle aurait dû, comme d’autres manifesta-tions, certes moins consensuelles, êtreinterdite. Évoquer la théorie du genre est unmensonge. Il y a des scientifiques qui,depuis les années cinquante, cherchent àcomprendre par l’étude, ce qui définit legenre, masculin féminin (« études sur legenre», puisqu’il s’agit d’un vaste champinterdisciplinaire regroupant tous les pansdes sciences humaines et sociales – his-toire, sociologie, géographie, anthropolo-gie, économie, sciences politiques, etc.),j’ai trouvé ça dans le journal Le Monde ausujet de l’«étude» des genres et non la«théorie», ça fait moins complotiste d’uncoup, non? Autres études, ne serait-ce pascontre nature que de contraindre certainsmâles et certaines femelles à l’interdictionde l’acte de copulation et cela n’engendre-rait-il pas une forme de frustration para-noïde délirante consistant à voir le Mal, leVilain, le Sardanapale qui se planque chezceux qui pratiquent librement leur sexualitépar plaisir, et sans demander la permission?Dieu se serait-il planté en dotant leshumains d’outils qui sont bien fichus pourse faire du bien? Revenons à nos affairesde chercheurs. Des chercheurs cherchent,depuis Galilée ça n’est pas ta tasse de thémais on s’en fout et que veux-tu ils sontainsi faits. Il y a ceux qui croient ou ceuxqui pensent et cherchent à savoir, c’estnaturel que veux-tu. Je poursuis avec tathéorie des genres, il y a bien eu l’idée,pour les terminales, de se pencher sur cequ’sont l’étude des genres et ce qui définitla féminin et le masculin. Les élèves de ter-minales ont, en moyenne, 17 ans. C’est-à-dire qu’ils prennent leur douche tout seuls,s’enferment à clef quand ils vont aux cabi-nets, et ont probablement déjà expérimentéleur machin à jouer d’entre les jambes, brefils ont l’âge de partir à la guerre sans leursparents et d’y crever. Et ils n’auraient pas ledroit de tenter de comprendre ce qui définitleur sexe? Pardon pour sexe, je sais, le motte répugne mais le « ça » est déjà pris par lesfreudiens, alors tes amis, ceux qui colpor-tent des histoires juste obscurantistes, tu lescaresses dans le sens que tu veux, vieuxrépugnant, mais tu nous fous la paix. Ce nesont pas les sectaires religieux qui sont vic-times de blasphème ce sont les gens sensésqui sont victimes de ces théories téné-

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breuses. Et ce qui est encore plus minablec’est que tu n’as pas pu t’empêcher de don-ner l’exemple foireux du garçonde 10 ans qui veuille « fairefille», l’inverse, une fille voulant«faire garçon» c’est moins hor-rible ou quoi? Ou mieux, s’ilavait répondu «faire marchandd’armes, dictateur, général d’ar-mée ou banquier» enfin un trucbien couillu, là pas de soucis.Voyez ma chère, une éducationrigoureuse et contrôlée nous metà l’abri d’avoir engendré unetafiole! Le plus grave problèmede la planète, c’est connu, estqu’un garçon de 10 ans veuille«faire fille», c’est préoccupanten effet. Je rappelle que dans lemême avion – décidément lesvoyages aériens te filent desdiarrhées préoccupantes –, tuavais justifié la tuerie du 7 jan-vier 2015 par cette métaphoreniveau CP «si quelqu’un insultema mère je lui fous mon poingdans la gueule», c’est de l’ordredu naturel sûrement? Pour toi unpoing dans la gueule est en toutpoint comparable à une balledans la tronche? homme de paixje comprends pourquoi tu bénisles armes, les armées et lesguerres, mais dis-le que tu n’esque haineux, sois franc pour unefois homme de peu de foi enl’humain. Digne représentant decette espèce de secte dans lagrande secte, la compagnie de Jésus, d’oùjésuite, pour qui tous les moyens sont bonspour gagner le pouvoir total en aimant et ensoutenant les dictatures. tout sauf la libertéde penser, de jouir de sa vie. Ras le bol deparler de ça.

L’électeur s’éloigne? Offrons-lui du spectacle

Pourquoi voit-on autant de films, de sériestélé ou de livres qui étalent les turpitudesdu pouvoir ? Œuvres engagées pourdénoncer? Non! Leurs rôles sont de fasci-ner en offrant les arènes romaines, rendreattractives les dérives et les dépravations.Que ferait-on d’un honnête homme, ça

intéresse qui la vie ennuyeuse de celui quiest lisse et sans taches ? y a de l’enfance

là-dedans, aux gendarmes et aux voleurs,fallait obliger à faire gendarme tous vou-lions être voleurs. Inné? Qui sera le plusretors, le plus dépravé, avec impunitégarantie. Qui est le grand fauve qui vabouffer l’autre? Qu’importent les que-relles d’Ego, tous bossent pour les mêmesmauvaises raisons où l’ennemi d’au-jourd’hui sera le ministre de demain. Leshuées de la foule oui, ça fait jouir, donnela niaque, le mordant. tout plutôt que l’in-différence. On te livre en pâture les gladia-teurs, lève le pouce ou abaisse-le maisjoue le jeu ! Bientôt le vote se fera devantla télé avec le i-phone, en tout cas pour lesprimaires. Je suis certain que ça se cogitedéjà cette idée quelque part par là. Après ilfaut encore la grand-messe finale, le jeudes urnes le dimanche déculpabilise, lebulletin vengeur sorte de lettre anonyme.Dans le jeu des chaises musicales, certains

vont se retrouver gros jean comme devant,c’est provisoire, l’ennemi du jour sera le

meilleur ministre de demain. Ondésigne des traîtres. Spectacle.Ah la vache ! il lui a pas envoyédire, t’as vu, quand il l’a traitéde couilles-molles ? Spectacle.La télé avec de l’argent publicmontre cette récente fumisteriedes primaires calquées sur lemachin ricain. Ça s’écharpe. Çatire à boulets rouges… quedalle. Spectacle. Un livreconsistant de 600 pages deconfidences, du monarqueactuel, faites à des journalistes,est publié, oh putain il se tireune balle dans le pied, c’est surça? Un ex, recandidat pour laprochaine dont on étale en uneles combines financières seporte-t-il vraiment si mal ? Çame rappelle une histoire niçoise,une enquête sur les magouillesdu député-maire d’alors estpubliée, oh la vache ! ça craint.Dans une sorte de grand drug-store situé au cœur de la ruecentrale de Nice des piles et despiles du livre en question, ledéputé-maire s’en amusait et futréélu sans problème. Le nombred’électeurs est paraît-il décrois-sant et alors ? Ça n’a aucuneimportance du moment que leminimum joue le jeu du votegrâce au spectacle. Et quoi demieux que donner en spectacle

l’étendue des bassesses humaines, sorte deconcentré entre Racine, Corneille et Sha-kespeare juste en plus vulgaire et mépri-sant. Il est trop fort, il les a tous baisésl’autre soir, t’as vu ? Non je m’en fous,pire ça me dégoûte, ah bon tu t’intéressesà rien toi !À ce propos le baratin de comptabiliser lesvotes blancs fait partie du spectacle et deses croyances. Pourquoi ne pas compterceux qui sont restés au lit et ceux qui sontallés à la pêche? Le vote obligatoire, çachangerait quoi? Si je fous une recette decuisine dans l’enveloppe, je n’ai pasl’amende c’est tout, mais je n’ai rienexprimé sinon mon je-m’en-foutisme.

Pffff… Finalement en dénonçant je jouele jeu à propos d’un truc qui ne méritequ’indifférence et pourquoi est-ce-que jem’énerve de tout ça moi ?

GABAR

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CERtES, AUJOURD’hUI, les États africainssont devenus indépendants, mais les vic-times crient toujours sous une dominationsournoise et moins visible : celle des mul-tinationales, des banques et des institu-tions démocratiques qui main dans la mainentretiennent la tradition néocoloniale.

En démocratie, on pratique beaucoup ledouble langage, beaux discours sur lesdroits de l’homme, la coopération, et entapinois chantage et menaces pour mainte-nir la pression et continuer à s’assurer dejolies parts de marché. La recolonisationdu monde est plus que jamais d’actualité,les troupes de l’armée coloniale sont tou-jours installées sur les bases militairesfrançaises en Afrique, la domination etl’agression économique ont de beauxjours devant elles.

Un exemple dont on entend trop peuparler, les accords de partenariat écono-mique ou APE entre l’Union européenneet les États africains, enfin comme ilsdisent… « partenariat » pour l’Europemais « baisers de la mort» pour les ONGqui défendent les intérêts de l’Afrique.

De quoi s’agit-il ? D’un ultimatum fixéau 1er octobre 2016 pour une libéralisationdu commerce imposé au continent africainpar la Commission européenne.

À l’époque des indépendances, les paysafricains avaient obtenu de leurs anciens«maîtres » le droit de vendre leurs mar-chandises sans payer les droits de douanemais aussi de maintenir les taxes sur lesproduits importés pour protéger leur com-merce et leur industrie locale.

Mais l’Afrique est un marché potentielde 400 millions d’habitants avec uneclasse moyenne grandissante : miraculeuxdébouché pour les céréaliers et les produc-teurs de lait européens qui ne savent quefaire de leurs surplus.

Il faut donc que cessent ces relationscommerciales asymétriques et peu impor-tent les conséquences catastrophiquespour les pays concernés, l’Europe exige la

suppression de 3/4 des taxes sur ses pro-duits entrant en Afrique et, pour mieuxfaire avaler la potion amère, chante la par-tition bien connue : celle de l’ode au libre-échange « la libéralisation est unprocessus historique qu’il faut accom-pagner pour développer l’économie» !

Développer l’économie, oui, maislaquelle ? En tout cas pas celle des onzeÉtats les moins avancés de l’Afrique del’Ouest qui devraient commercer d’égal àégal avec les pays européens qui se sontenrichis sur leur dos pendant la périodecoloniale.

Les pays africains seraient les grandsperdants de ce marché de dupes : la sup-pression des taxes à l’importation ampute-rait le budget des États qui ont de grosbesoins en matière d’éducation et de santé.

L’ouverture des pays aux marchandiseseuropéennes entraînerait également laruine du commerce local. Ainsi au Sénégalles producteurs laitiers craignent de devoirfaire face à la concurrence du lait en pou-dre européen. L’arrivée de produits étran-gers sur les marchés africains risque demodifier les habitudes alimentaires ; audébut des années 2000, au Ghana, lesimportations de concentré de tomate ita-lien vendu moins cher que la tomate localeont ruiné la culture locale.

C’est également vrai pour les produits àbase de farine : «Le millet, le sorgho, lapatate douce, la banane plantain et lemanioc qui sont plus difficiles à préparerque le pain ou les pâtes, risquent d’êtreabandonnés, ce qui créerait énormémentde chômage dans les campagnes. »

Ces accords suscitent opposition etmanifestations dans les pays africains, laCommission européenne exerce donc uneforme de chantage, menaçant de suppri-mer une partie de l’aide au développementsi les accords ne sont pas ratifiés. MarieBazin de l’association Survie, associationqui a toujours dénoncé les filouteries de laFrançafrique, explique que ce point estrévélateur du fait que les APE ne sont pasdes accords d’égal à égal : «L’Europe

donne d’une main et prend de l’autre. Elles’inscrit dans une relation de subordina-tion».

L’actualité met de temps en tempsl’Afrique sur le devant de la scène, trèsbrièvement et sans nous donner de clépour comprendre. On entend souvent par-ler de « coopération », terme à « nettoyer »car il s’agit plutôt d’ingérence, comme auGabon.

Le clan Bongo, père et fils, est depuiscinquante ans un des piliers de la França-frique. Le régime en place est la garantiedes intérêts français : 120 entreprises fran-çaises, total Gabon et l’uranium du haut-Ogoué exploité par une filiale d’Arévajusqu’en 1999, fer, diamants et destructionde la forêt équatoriale de bois précieux :«y’a bon !»

« La Françafrique c’est comme un ice-berg, vous avez la face du dossier, la par-tie émergée de l’iceberg, la Francemeilleure amie de l’Afrique, patrie desdroits de l’homme, etc., et puis vous avez90% de la relation qui est immergée, l’en-semble des mécanismes de maintien de ladomination française en Afrique avec sesalliés africains » On lit cette citation deFrançois-Xavier Verschave sur le site del’association « Survie» qui dénonce toutesles formes d’intervention néocoloniale.

Allez, fermez vos radios mensongères,déchirez vos journaux à l’exception deCreuse-Citron et écoutez les petites voixdiscrètes mais lucides des associations quiveulent en finir avec les jeux pourris dumaître et des esclaves !

SAGNA_____

En cherchant, on trouve des associa-tions et ONG qui relaient le combat desAfricains et tentent de mobiliser contreces accords : Survie, Peuples solidaires,Agir contre le colonialisme aujourd’hui,liées ou non à des partis politiques.

À faire vomir les volcans !

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« Il y a des moments où ce qui se passe est à faire vomir les volcans… Pour ne parler que des colonies françaises, quelle clameur si les victimes pouvaient crier !»

LÉON BLOY EN 1909.

Ce dont ils rêventLes gouvernements doivent décider, parexemple, qu'il est trop risqué que descitoyens restent « hors ligne », détachésde l'écosystème technologique. Dans lefutur comme aujourd'hui, nous pouvonsêtre certains que des individus refuserontd'adopter et d'utiliser la technologie, etne voudront rien avoir à faire avec desprofils virtuels, des bases de données enligne ou des smartphones. Un gouverne-ment devra considérer qu'une personnequi n’adhérera pas du tout à ces techno-logies a quelque chose à cacher etcompte probablement enfreindre la loi, etce gouvernement devra établir une listede ces personnes cachées, comme mesureantiterroriste.Eric Schmidt, Pdg de Google, et Jared Cohen,directeur de Google Ideas, dans The new digi-tal Age Reshaping the future of people, na-tions and business, 201 3.

MaisLa réalité n'est pas si éloignée deces rêves. Pour l'instant, il n'estpas question d'imposer la pos-session de toutes ces machines.La contrainte est tout aussi effi-cace quand elle prend la formed'une obligation purement tech-nique : c'est un état de fait. Lesrelations avec les administra-tions, par exemple, présupposentde plus en plus d'utiliser lestechnologies numériques. Lacontrainte est encore plus forteau travail.

Et bien sûr, le déferlementd'Internet et consorts s'appuied'abord sur l'adhésion massivedes consommateurs.

À lire (publicité)Baudouin de Bodinat a publié en 2015une suite à son ouvrage essentiel La Viesur terre (Éditions de l'Encyclopédie desNuisances, 1 996-1999, cf. Creuse-Citronn° 22). Il s'agit de Au fond de la couchegazeuse, (Éditions Fario, Paris, 2015). Lesujet principal de l'enquête c'est désor-mais notre enfermement collectif dans lemonde des nouvelles technologies, c'estl'étouffement de la réalité par le mondevirtuel. L’auteur pose ces questions :comment le monde produit par le capita-lisme contemporain, technologiquementéquipé, nous transforme-t-il psychique-ment, moralement, et transforme-t-il

notre vie concrète ? Pourquoi cela advient-il et comment se fait-il que nous acceptionscollectivement de le subir ?

En 1999, on avait accusé Bodinat d'êtretrop pessimiste, aujourd'hui il faut constaterque sa prospective était en-deçà de la réalité.

Un conte à dormir deboutRécemment, lors d'une réunion deparents d'élèves à l'école de mon fils,quelqu'un suggérait que des documentsconcernant « la vie de l'école » soientdésormais mis en ligne et accessibles decette façon, plutôt que photocopiés etdistribués comme précédemment : « ceserait plus écologique » disait-il. J'ai dûlui répondre que non, que l'aura écolo-gique du numérique n'était pas justifiée,que c'était une vaste fumisterie et que lesétudes quantitatives à ce sujet se multi-plient. Le numérique est désormais l'une

des réalités les plus polluantes et les plusconsommatrices d'énergie. Son dévelop-pement exponentiel, avec le renouvelle-ment incessant des machines qui vontavec, en fait l'un des principaux res-ponsables de la destruction de la nature.

Pour un exposé argumenté sur cettequestion voir l'ouvrage de contre-exper-tise collectif La Face cachée du numé-rique (L'Échappée, 2013).

Toi, qui passe par cette porte,abandonne tout espoir

Alors que les pressions humaines surl'environnement ne cessent de s’aggraver,plus de la moitié du vivant, parmi lesvertébrés, a disparu ces quarante der-

nières années. Les écosystèmes n'ontjamais été autant en danger, estime uneétude du Fonds mondial pour la nature(WWF), publiée le 27 septembre 2016.

MaisIl n'y a pas que les animaux qui meurent :un petit ouvrage collectif, La Machine estton seigneur et ton maître (Agone, 2015),donne au lecteur un tableau terrifiant desconditions de vie et d'exploitation dessalariés de la firme taïwanaise Foxconn.Avec plus d'un million d'ouvriers amassésdans de gigantesques usines, pour l'es-sentiel en Chine continentale, nousreplongeons dans les pires heures de lasociété industrielle naissante en Europeau XIXe siècle (12 heures de travail parjour à répéter les quatre mêmes gestes surla chaîne de montage), aggravées par lestechniques d'isolement radical et de

destruction de l'individualité,inventées par le totalitarismedu XXe siècle, en l’occurrencemaoïste. Le tout saupoudré dequelques niaiseries, tout droitsorties de la Silicon Valley,avec une violence dans lecynisme qui n'a rien à envierau vieux nazisme, qui diffusaitdes valses viennoises dans lescamps d'extermination. Il n'estpas inutile de préciser ce queproduisent ces masses de mal-heureux. Foxconn est leprincipal sous-traitant des plusgrandes firmes d'équipementsnumériques domestiques :iPhone, PlayStation, tablettes,appareils photos et autressortent de ses usines. Ce n'estpas pour rien que tout cela est

de moins en moins cher. Le virtuel n'estpas virtuel pour tout le monde.

Écran totalLe collectif Écran total - Résister à lagestion et à l'informatisation de nos vies,s'est réuni fin octobre en région parisienne.La trentaine de participants a discuté, entreautres dossiers, des moyens de faireconnaître plus largement la critique qu'ilsportent et, notamment, des possibilités dediffusion des textes récemment produits :sa Plate-forme (voir Creuse-Citron n° 49),l'Appel de Beauchastel (page 10 de cejournal), une brochure de témoignages surle travail aujourd'hui (à paraître).

CÉDRIC

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À part ça tout va bienbrèves anti-industrielles

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ArnAud VAulerin est journaliste. il aséjourné plusieurs fois, au cours d’unepériode de deux ans, au Japon sur le sitede la centrale de Fukushima pour réaliserun état des lieux après les tremblements deterre et tsunami de mars 2011. le sitecomporte 6 réacteurs installés sur deuxcommunes éloignées de 15 km.

des préconisations sécuritaires avaientmis en avant la construction d’un mur de15 mètres de haut sur le littoral de la cen-trale pour amoindrir la violence d’unéven tuel tsunami, mais Tepco n’est jamaispassé à l’acte. le projet est resté dans sescartons.

Aujourd’hui, autour de la centrale, cesont 260000 m3 de déchets radioactifsstockés, 700 000 tonnes d’eau contaminée,qu’il faut également stocker depuis 2015.l’eau contaminée se déverse dans l’océan.le site s’agrandit en grignotant les alen-tours. C’est un immense chantier : «Ainsitubée par une ingénierie fourmillante etméticuleuse, la centrale donne l’impres-sion d’être sous perfusion et placée sousrespiration artificielle. »

un système de congélation du sous-soldes réacteurs sur 1,5 km est mis en œuvredans le but de créer une banquise souter-raine pour les refroidir, même si cela nerésout pas tous les problèmes comme lereconnaît Tepco. Tous les réacteurs sont enmauvais état et les rafistolages occasion-nent des fuites, des incidents.

À l’instar de sa centrale, Tepco est aussisous assistance : l’État lui a déjà prêté51 milliards d’euros pour la réalisation destravaux de décontamination et de déman-tèlement qui devraient s’achever en 2040.

Au fil de ses rencontres avec lesouvriers de la centrale, Arnaud Vaulerinmet au jour l’ingérence de l’entrepriseTepco d’un point de vue technique et envi-ronnemental avec la dominante de placerl’humain en dernier retranchement. lesexpositions aux radiations des travailleurssont incontrôlables. la dose maximaled’exposition depuis 2007 est de 20 milli-sieverts par an sur cinq ans, sachant queHiroshima et nagasaki ont démontré queles cancers croissent à compter de 100mil li sieverts. Au début, certains n’étaientmême pas informés des taux bien au-delàde la norme. les employés, pour des rai-sons financières, ne respectent pas forcé-ment le temps de repos obligatoire aprèsdes expositions répétées, ils falsifientleurs données. ils travaillent dans desconditions extrêmes sur des lieux forte-ment irradiés, maximum 3 heures de suiteet souvent la nuit. Certains sont morts decrise cardiaque dans des combinaisons oùla chaleur peut atteindre 45 °C.

les conférences de presse orchestréespar l’entreprise servent toujours le mêmerefrain : sécurité, maîtrise de la situationet, en écho, le Premier ministre japonaisShinzo Abe de renchérir «La situation estsous contrôle», en caressant les enjeuxdes jeux olympiques 2020 prévus àTokyo.

Mais le son de cloche des intervenantsn’est pas le même. en 2012, leur nom-bre était de 2 000, mais trois ans plustard il atteint 7000. Parfois, les ouvriersont peur de s’entretenir avec le journa-liste, dans un pays où le travail est uneseconde nature, il est très mal vu des’étendre sur ses conditions de travail.les échanges sont parfois très ténus. lesouvriers qui décident de parler le fontloin du regard des autres.

Certains sont venus travailler, kami-kazes et fiers de servir leur pays, jusqu’àla mort. d’autres sont là par dépit, sansaucune qualification, ce sont des SdF,des hommes ayant perdu leur travaildans les mines qui ont fermé. ils sontsous-payés et remplaçables à volonté,« jetables ». On les appelle aussi les« Gitans du nucléaire », destinés à

accomplir les emplois 3K soit kitanai(sales) kitsui (difficiles) et kiken (dange-reux). ils abreuvent les arcanes d’unesous-traitance avec à son sommet Tepco età la base des petites entités parfois crééesà la va-vite sans aucune compétence, voireparfois la mafia, qui se servent allègre-ment sur les primes des ouvriers. lesconditions de travail et de vie sont souventdéplorables.

d’autres étaient là avant le tsunami etrestent au chevet de la centrale pouressayer de réparer, ils se sentent responsa-bles de ce qui est arrivé. un ancien cadrede la centrale, éduqué par Tepco dans unlycée géré par Tepco, aujourd’hui fermé,enfant de Fukushima, a démissionné en2012 pour créer une association d’aideaux travailleurs pour leur faire parvenirdes habits, des couvertures, de la nourri-ture.

Yukiteru naka fut un des ingénieurs cléde la centrale, arrivé dans les années 1970avec la General electric qui a construit lesréacteurs à eau bouillante. il a créé lasociété Teco qui intervient en cas de pro-blème. Sceptique devant l’atome, il ditqu’il aurait fermé la centrale il y a vingtans s’il avait été seul, il a été témoin denombre de pannes et d’accidents dus à90% à des erreurs humaines.

Ceux qui ont voulu dénoncer les malfa-çons dans la construction de la centrale etdans la maintenance ne sont pas pris ausérieux, parfois virés.

la désolation, c’est par définition l’ac-tion de vider un lieu. dans le livre d’Ar-naud Vaulerin, la politique du Japon, aprèsces désastres humains et écologiques, necherche pas à changer de modèle, aucontraire, l’envie de redémarrer les cen-trales est son obsession. Genshimura, levillage du nucléaire, est là pour ça.

Areva et Mitsubishi Heavy industriesont fondé ATMeA en 2007. en 2017, ilsvont construire une centrale à Sinop dansle nord de la Turquie et peut-être ensuiteen Argentine, au Vietnam…

le slogan officiel des J.O. de Tokyo2020 est « découvrir demain ».

Qu’allons-nous découvrir demain ? J’aipeur que ce ne soit la simple continuitéd’aujourd’hui…

SYlVie______

Arnaud Vaulerin, La Désolation : Les Humainsjetables de Fukushima, Grasset 2016.

Les Gitans du nucléaire

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l’AuTeure, laurence Biberfeld, nous ahabitués à une écriture directe, percutante,incisive, avec un engagement féministe etanarchiste. nous retrouvons ici cette veinede La Femme du soldat inconnu dans sondernier ouvrage Le Plus Vieux Métier dumonde… qu’ils disent. et cela fait du biendans ce monde de pensée unique, politique-ment incorrect.

Comment « ils» peuvent dire « le plusvieux métier du monde»? «ils», ce sontdes hommes qui s’arrogent le droit de pos-séder le corps des femmes, d’en user etd’en abuser pour quelques piécettes.

«elles» et quelques « ils», ceux qui exè-crent la domination, pensent que le plusvieux métier serait certainement celui d’ac-coucheuse, ou bien de cueilleur et cueil-leuse sans doute… Pas celui de tarifer uneviolence sur autrui.

et quand bien même ce serait le plusvieux métier, en quoi faudrait-il le préser-ver? l’achat du corps d’autrui pour un lapsde temps plus ou moins long n’induit-il pasinexorablement esclavage sexuel, domina-tion, violence? Alors où est le métier?«Sucer des queues, écarter les jambes»,« Se faire trouer »,est-ce un métier ?non, c’est un travailau sens de tripalium,cet engin de torture!le système prostitu-tionnel est un avatardes sociétés esclava-gistes et promeutcontinuellement lasexualité de pouvoir.

Plus les sociétéssont inégalitaires,plus elles servent deterreau à la prostitu-tion.

les profits frisentles 1000 milliards de dol lars dans cettesociété mercantile de type colonial : pil-lages, marchandisation, viande à jouir, «glamourisation » de l’inégalité la plus sor-dide, mise à l’étal… «dans la chaîne ali-mentaire du pouvoir, la chair de la putain

fournit le ciment de la loyauté du serfenvers le seigneur», le saigneur!

et pourtant la prostitution n’est pas uninvariant. Si la réification de l’être humainlui impose de n’être qu’un objet, un jouet,un certain nombre d’auteurs et d’auteuresrapportent que des sociétés plus égalitairesexistent ou ont existé: chez les Celtes, lesVikings, les Étrusques, par exemple. Si«dans les sociétés patriarcales, le sexe n’estpas d’échange mais de pouvoir», c’est quec’est une construction culturelle qui fait duplaisir une prérogative exclusive des hom -mes. «le consumérisme compulsif, associéà la dévalorisation du corps, perçu noncomme le siège des émotions et des sensa-tions mais comme un capital échangeable,ouvre une autoroute au système prostitu-tionnel.»

laurence Biberfeld casse aussi l’idée queles choix faits par chacun relèvent de la vieprivée et de la liberté individuelle, et decette liberté de vendre ou d’acheter l’usagesexuel d’un corps. l’échange d’argent faitentrer la prostitution dans un domaine nonprivé, celui du commerce et du travail.

et, comme le soldat, la putain est obligéed’obéir. là réside non seule-ment la responsabilité du proxé-nète mais aussi celle du client.C’est lui et ses copains qui irontfaire mumuse dans les puticlubsdiscount de la Jonquera enopenbar ou dans les bordelsd’enfants thaïlandais. Pour lesprostitueurs, les putains ne sontpas des femmes! et la générali-sation de la prostitution et sabanalisation représentent tou-jours une régression de la situa-tion des femmes: pour toutesles femmes, il faut choisir entre«pas assez pures, pas assezputes».

« la prostitution consiste àéchanger du papier contre du vivant, dupouvoir d’achat contre de la chair muse-lée.»

Quant au chapitre sur le pointeur et laputain, je ne résiste pas à rappeler que pourles pointeurs, leur défoulement sur les

blogs montre que les putains ne sont quedes poupées gonflables vivantes, « soisbelle et tais-toi, laisse-moi jouir». Pour lespersonnes prostituées, les témoignages sonttrès violents : douleurs terribles, vomisse-ments, viols, s’abrutir de drogues, se disso-cier, et se barricader dans l’indifférencepour masquer dégoût, haine, mépris.«C’est comme une lobotomie.»l’auteure rappelle que les personnes prosti-tuées doivent pouvoir être reconnuescomme victimes contre ceux et celles quine veulent pas qu’elles soient victimisées.en effet, si la victime disparaît, le criminelaus si. Si la victimisation, c’est invaliderl’autre en lui supposant une incapacité dedéci sion ou de réflexion, c’est alors ledédou anement des agresseurs, responsa-bles et coupables dans le système prosti-tueur. dire de quelqu’un.e qu’il ou elle estvictime, c’est lui permettre de reconnaîtrequ’une ou des personnes ont abusé de sasituation de faiblesse sociale pour en tirerprofit : c’est l’autre qui est criminel et nonpas la victime attaquée, c’est libérer de lacharge de culpabilité.

et quant aux plus vieux patrons dumonde, il leur est utile d’utiliser les moralesde la soumission, celles des Églises, cellesdu mercantilisme, pour trouver des appuishypocrites, y compris celles de l’État, sousses différentes formes: municipalités, sei-gneurs, institutions ecclésiastiques, armées,mar chands de pornographie, colonia-lisme…

« les humains sur cette terre bougentplus souvent pour partir de l’enfer que pourarriver au paradis. Par conséquent, une luttecontre la prostitution ne peut pas fairel’économie d’une lutte directe contre lespratiques mondiales des grandes entre-prises, non plus que contre les politiquesd’accaparement des ressources des Étatsriches, dont nous sommes. il semble queparmi les putains les plus précaires, ontrouve nombre de nigérianes et de Came-rounaises, pays pétroliers où Boko Haramterrorise et massacre les populations dansl’arrière-pays pendant que les flics et l’ar-mée massés sur le littoral gardent les pipe-lines et les installations pétrolièresd’exxonMobil, elf-Totalfina et BritishPetroleum, pour ne citer qu’eux.

Ainsi finit ce tour d’horizon d’une aboli-tionniste convaincue.»

une lecture bien salutaire…

HÉlène HernAndez

« Le plus vieux métier du monde… qu’ils disent »

« Cet essai s’efforce de remettre les pendules à l’heure dans une perspective féministe et libertaire, résolument abolitionniste, en faisant le tour de la question historique, économique, philosophique et politique.»

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TOuT le MÉriTe du liVre d’Hélène Her-nandez, Celles de 14, est là : faire sortir del’ombre, le temps d’une lecture, les fémi-nistes du début du xxe siècle et évoquer lesort de toutes les autres, ouvrières à domi-cile ou paysannes, dont nos livres d’his-toire parlent si peu.

l’idée de cet ouvrage – exposer au grandjour l’histoire et la situation des femmes en1914 – est venue à l’auteure à l’occasiondu centenaire de la Grande Boucherie.leur quotidien, comme celui des hommes,a été bouleversé, elles ont souffert de pri-vations, de la perte d’un mari ou d’un frèremais se sont aussi engagées contre laguerre et pour défendre leurs droits.

l’auteure s’appuie sur les travaux desociologues et d’historiennes comme Mar-garet Maruani, Colette Avrane, ChristineBard, pour nous dessiner le portrait socialet politique de ces femmes en marche versleur émancipation.

« 1 heure, 2 heures, 3 heures. L’aubebalaie les visages… Les jambes fléchis-

sent. Le regard fixe, la bouche lourde, lecorps appesanti, mes compagnes s’agitentdans le demi-jour blême. C’est l’heure dela grande fatigue… il faut produire car lamachine commande et au dehors la misèreguette. Lorsque vient enfin l’heure de ladélivrance, ce sont des loques que l’usinejette à la rue. »

Hélène Hernandez choisit cette citationde Marcelle Capy pour évoquer le travaildes femmes au début du siècle et lesemplois qu’elles occupent. Marcelle Capyest une journaliste pacifiste et féministelibertaire, elle a travaillé anonymementdans une usine d’armement pour enquêtersur les conditions de travail des ouvrièresqui manipulent jusqu’à 2500 obus de 7 kilos par jour !

Avant 1914, le travail des femmes estsouvent invisible ; dans une France majori-tairement agricole, elles aident leurs marisaux champs. Beaucoup travaillent à domi-cile, sont employées de maison, placéesdès leur plus jeune âge, souvent dès 11 ans,dans les fermes. Couturières à domicile,elles travaillent 10 à 12 heures par jourpour un salaire de misère, moitié de celuides ouvriers, amenant certaines à s’habil-ler en hommes pour aller toucher leursalaire.

une loi en mars 1900 a limité la journéedes femmes en ateliers et fabriques à10 heures par jour, mais rien pour le travaildomestique ; ce flou trouve un échoaujour d’hui dans le secteur des services àla personne !

la guerre de 1914 est souvent citéecomme un moteur de mise au travail desfemmes, mais l’auteure montre que les sta-tistiques démentent cette affirmation : dèsla fin de la guerre la pénétration desfemmes dans l’activité professionnelles’effondre, retour à l’ordre et les femmes àla maison.

les lois de Jules Ferry ne permettent pasaux femmes de bénéficier des mêmesenseignements que les hommes, certainesvont braver les interdits et suivre les coursqui leur permettront de devenir médecins,avocates. en 1914, il y a huit femmes avo-cates, une centaine de femmes médecinsseulement.

« Mais chaque fois, ce sera un combat,chaque fois le métier acquis sera décrié,brocardé, persiflé, nié, voire interdit ettoujours méprisé, chaque fois, il ne serareconnu qu’à un salaire plus faible. »

« La femme est le prolétaire du prolé-taire même» disait Flora Tristan. la loi de1901 sur les associations va permettre à denombreuses associations féministes defaire entendre la voix des femmes qui lut-tent pour leurs droits et leur place dans lasociété.

À cette époque, la principale revendica-tion est le droit de vote pour les femmes.les pionnières en sont les Anglo-Saxonnesqui, bien souvent, n’isolent pas cetterevendication d’autres plus sociales etpolitiques comme la lutte contre l’escla-vage.

en 1848, des femmes se réunissent dansl’État de new York et revendiquent droitde vote, droit de propriété, droit d’obtenirle divorce et d’accéder aux mêmes profes-sions que les hommes. les femmes améri-caines voteront pour la première fois en1920, presque trente ans avant les Fran-çaises !

l’auteure cite les nombreuses associa-tions féministes existant en France àl’époque, certaines plus radicales qued’autres, animées par des femmes ins-truites, souvent autodidactes, journalistes,médecins, avocates.

une parmi beaucoup d’autres : la liguenationale pour le vote des femmes, crééeen juillet 1914, organise des réunions

Les oubliées de l’Histoire

Les femmes sont les oubliées de l’Histoire. Celles qui ont lutté leur vie durant,pour conquérir le droit de penser par elles-mêmes, de peindre, d’écrire ou dechoisir leur vie sans tutelle masculine s’effacent bien souvent de l’histoire…écrite par les hommes.

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publiques afin que les femmes écartées dela vie politique «puissent constituer unesorte de parlement féminin». les discus-sions sont animées par Madeleine Pelle-tier, première femme médecin psychiatre,néomalthusienne militante pour le droit àl’avortement et à la contraception. Made-leine Pelletier sera condamnée pour avoirpratiqué des avortements et pour propa-gande malthusienne.

en août 1914, la guerre est déclenchée,« la plupart des féministes vont mettre ensourdine leurs revendications. Elles espè-rent démontrer leur maturité patriotique etrecevoir en récompense les droits poli-tiques en soutenant l’Union sacrée».

les entreprises ferment et beaucoup defemmes se retrouvent au chômage ou dansles champs à tenir la charrue à la place deshommes avec à peine de quoi survivre.dans les zones occupées, des femmes etdes jeunes filles sont « raflées » par lesautorités allemandes pour servir dans lesbordels militaires.

À partir de 1915, les femmes quitterontdes emplois mal payés pour aller travaillerdouze à quatorze heures par jour dans lesusines d’armement, exposées à des pro-duits toxiques et dangereux sans aucunesécurité.

Certaines résistent envers et contre tout : «Les féministes radicales ainsi que le

mouvement néo-malhusien et les anar-chistes prônent la grève des ventres pourne faire ni chair à canons ni chair àpatrons et militent pour refuser la vio-lence. »

louise Saumoneau lance un appel àtoutes les femmes en mai 1915 :

« À bas la société capitaliste !À bas la guerre !À bas le chauvinisme menteur !En avant pour la paix !»elle distribue tracts et brochures ce qui

lui vaut sept semaines de prison.

d’autres femmes seront condamnées,radiées de l’enseignement pour propa-gande défaitiste et traînées en conseil deguerre : Marie Mayoux, lucie Colliard,Hélène Brion, «pour avoir émis, sur l’atti-tude à observer en cas de guerre par lepeuple, des idées qui sont la négationmême de l’idée de patrie».

les hommes sont au front, 39 % de lamain-d’œuvre est féminine, le coût de lavie a augmenté et les conditions de travailsont terribles pour ces femmes qui meurentsouvent d’épuisement. Alors, elles fontgrève : le 14 mai 1917, les midinettes (cou-turières qui prennent le repas de midi sur lepouce) déclenchent une grève de quatorzejours pour obtenir le paiement intégral dusamedi et une indemnité de vie chère.elles seront 10000 couturières grévistes etune loi sera votée instaurant la semaine decinq jours et demi.

Quand la guerre se termine, «alors cesont les femmes qui trinquent avec leretour du bâton. La guerre fortifie la pen-sée sociale traditionnelle d’avant 14 : lafemme est intrinsèquement faible, mère dela race ou alors prostituée, car le justerepos du guerrier l’exige. Les épouses infi-dèles sont mises au pilori : la sévérité destribunaux envers la femme adultère va de

pair avec leur indulgence pour le soldatconvaincu d’assassinat de son épouse cou-pable… On culpabilise les mères qui tra-vaillent, la maternité serait non seulementle devoir naturel ou l’épanouissementsuprême de la femme mais aussi le serviceactif à la patrie : l’impôt du sang !».

l’après-guerre remet les femmes à leurplace, à la pouponnière et à la cuisine !

en 1920, l’Assemblée nationale voteune loi interdisant l’avortement et lacontraception ; quant à la propagande mal-thusienne, elle est sévèrement condamnéeen dépit des protestations de la journalisteSéverine qui écrit que « le gouvernementn’a pas à se permettre d’allonger son nezdans les alcôves et à se mêler de ce qui s’ypasse».

et l’auteure conclut : «Non, la PremièreGuerre mondiale n’a pas libéré les femmesen les recrutant pour l’industrie, industried’armement de surcroît ! Mais elle peutapparaître autant comme un arrêt dans unmouvement pacifiste international, quecomme un moteur à bas régime pour s’af-franchir de la misère, de l’illettrisme, del’invisibilité afin de s’engager versl’émancipation économique, sociale etpolitique. »

un combat jamais achevé.SAGnA

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Hélène Hernandez, Celles de 14 : lasituation des femmes au temps de laGrande Boucherie, les Éditions liber-taires, 2015, 132 p., 11 €.

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des rendez-vousAu Fabuleux Destin

café-spectacle à la p'tite semaine6, rue Cerclier, quartier du Petit-Saint-Jean à Aubussondu jeudi au samedi de 19 à 22 heures, spectacle à 20 h 30

Novembre

vendredi 11 , 20h : Pierre-Paul Danzin, chansons.samedi 12, 20h : Sac à malice, scène ouverte.mercredi 16, 1 5h30 : Encore raté, ou les petites bévues duDiable, conte par Daniel Fatous. Pour tout public à partir de 6 ans.jeudi 17, 1 8h-21h : le bar est ouvert.vendredi 18, 20h : Une saison en enfer, concert-lecture par lacompagnie Voix-ci Voix-là, et Franz Avril au piano.samedi 19, 20h : Pang Pung, concert avec Vincent Couprie,Brice Kartmann et Jean Desaire.jeudi 24, 1 8h : Réunion mensuelle des bénévoles.vendredi 25, 20h : Debout dans l'exil ! 1939-1945, recons-titution de la CNT clandestine et maquis anarchiste dans leNord-Ouest Cantal. Michel di Nocera présente son livre.samedi 26 :1 9h : Vernissage de l'exposition Tissus de lumière de Marie-Henriette Trémolières.20h : De l'autre côté du miroir est… DADA. Performance poésiesonore dadaïste et musique expérimentale par Nadia Lena Blue.

Décembre

jeudi 1er, 20h : 10 jours pour signer 2016, soirée Amnesty interna-tional.vendredi 2, 20h : Le Club de Jazz, scène ouverte.samedi 3 :1 0h-1 3h et 14h30-17h30 : Atelier couture.20h : À Brühl-Martin, chansons et improvisations avec Alain Brühlet Julien Martin.jeudi 8, 1 8h-21h : Le bar est ouvert.vendredi 9, 20h : Ben, générateur de sons. Cinéma et impro-visations sonores.samedi 10, 20h : Héros ordinaires, chansons de contestation parSéverin Valière.jeudi 15, 20h : Réunion mensuelle des bénévoles.vendredi 16, 20h : Cours avec les loups ! Concert avec VirginieHentgen et Rémy Auchère.samedi 17, 20h : Quasi Quatuor, concert – bal avec Pierre Juillard(vielle à roue), Baptiste Lherbeil (vielle à roue, tome basse), RobinMairot (vielle à roue).

Les jeudis en novembre et décembre, le bar est ouvert de 18 à 21 heures : boissons, soupe, pain, fromage, prêt et vente delivres. . . Profitez-en pour visiter les expositions. Novembre : Dessins de presse et d'ailleurs de Manuel Gracia.Décembre : Tissus de lumière de Marie-Antoinette Trémolières.

Vendredi 18 novembre 20h30 : Héros ordinaires. Chansons de contestationpar Séverin ValièreEntre chansons existantes et compositions, le spectacle est un parcours dansle temps sur des arrangements musicaux où l'énergie est présente y comprissur des « airs mineurs ».

Vendredi 2, samedi 3 et dimanche 4 décembre de 14h à 19h : Marché del’Avent : miel, les délices de Marie, aquarelles, peintures, sculptures, bijoux,cartes, calligraphie, loterie…

Les mercredis 16 novembre, 30 novembre et 14 décembre : Atelierscréatifs : ces ateliers d’amateurs se veulent lieux de rencontres, d’échangesartistiques, en partant simplement de l’ idée que c’est en échangeant savoir-faire et idées que l’on progresse.Peindre, dessiner, pendant qu’un(e) musicien(ne), qu’un(e) lecteur (trice)font partager leur passion, sans avoir peur de s’exprimer librement.Découvrir de nouvelles techniques par l’ouverture à toutes les disciplinesartistiques. Si vous êtes intéressé contactez-nous !

Ateliers et Vie aux Coudercs6 Lascoux 23220 Jouillat

Mail  : [email protected]  : 05 55 51 22 39

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Où trouverCreuse-Citron ?

Aubusson  : Librairie La Licorne, 42, Grande-RueAu Fabuleux destin café-spectacle, rue CerclierÉpicerie bio Ethiquête, 96, Grande-RuePresse d'Aubusson, 31 , Grande-RueLibrairie d'occasion Au Petit Bonheur, 4, rue VaveixBourganeuf : Maison de la presseBoussac bourg : Ferme ChauveixBussière-Dunoise : Bar-coiffeur PignautChambon-sur-Voueize : BarAux deux pianosChampagnat / St-Domet : Étang de la NauteDun le Palestel : Librairie Feugère, 1 , rue des SabotsÉvaux-les-bains : Bar-tabac Le RallyeCinéma Alpha

Eymoutiers : Librairie Passe-TempsRessourcerie Le Monde allant versCafé des enfantsFelletin : Bar-tabac Le TroubadourRessourcerie Court-circuitGargilesse-Dampierre : Auberge de la ChaumeretteGuéret :Coop des champs, rue de LavilatteBar de la Poste, rue MartinetLibrairie Les Belles Images, rue É.-FranceLibrairie Au fil des pages, place du MarchéBar-tabac Le Bolly, 2, rue Maurice-Roll inatSolecobois, 1 4, av. FayolleLa-Jonchère-St-Maurice : Le Radeau actifLa Souterraine : Le Panier du coin

Limoges : Librairie Page et Plume, pl. de la MotteUndersounds, 6, rue de GorreEspace El Doggo, 22, rue de la LoiCIRA, rue de la RévolutionMontluçon : Librairie Le Talon d'Achille,8, pl. Notre-DameRoyère-de-Vassivière : Bar L’AtelierSt-Loup : Restaurant Le P'tit loupSt-Junien-les-Combes : Lieu associatifCommeune fleur sur la soupeSardent : Épicerie VivalSur le plateau et les marchés : Épicerie itinéranteLe Temps des cerises

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Le Piotaix 87300 Saint-Junien-les-CombesContact : facebook.com/commeunefleursurlasoupe ;

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Tous les vendredis soirs à partir de 19h.

Au propgramme de novembre et décembre :

11 novembre : projection de film.

18 novembre : scène ouverte.

25 novembre : et si on constituait une bibliothèque ?

2 décembre : discussion autour du pelou, monnaie locale.

9 décembre : concert lecture.

16 décembre : soirée recettes de soupe et cadeaux.

31 décembre : nouvel an à la CUF !

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