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Ressources pour l’élaboration des politiques
Module EASYPol 115 RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable (modèle IFPRI adapté pour le Burkina Faso)
Du Ministère de l’agriculture del’hydraulique et des ressources halieutiques, Secretariat général, Direction générale des prévisions et des statistiques agricoles, direction des statistiques agricoles, Cellule d’anticipation de politiques
Unité - Progrès – Justice Burkina Faso Septembre 2007 ,
Appui financier de la Norvège et du Danemark
Appui technique : Cellule d’analyse des politiques/DSA/DGPSA/MAHRH
Service d'appui à l'assistance aux politiques de la FAO
À propos d’EASYPol Adresse de la page d’accueil d’EASYPol : www.fao.org/easypol EASYPol est une banque de ressources multilingues portant sur l'élaboration des politiques dans les domaines de l'agriculture, du développement rural et de la sécurité alimentaire. Issues des travaux théoriques et pratiques d'experts de la FAO, ces ressources téléchargeables librement sont composées d'études sur les résultats des politiques, d'outils méthodologiques et de matériels de renforcement des capacités en matière d'élaboration des politiques. Le site est géré par le Service d'appui à l'assistance aux politiques de la FAO.
Les termes employés et la présentation du contenu de ce document d’information ne représentent en aucune manière l’opinion de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture quant au statut juridique d'un pays, d’un territoire, d’une ville ou d’une région quelconque ou de ses autorités ou quant à la délimitation de ses frontières ou limites.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
Préface Le rapport de formation de l’équipe technique du MEGC est articulé en deux parties.
La première partie est un support de formation pour le renforcement des capacités dans
l’analyse des politiques avec les modèles d’équilibre générale.
La seconde, présente les modifications apportées dans le modèle IFPRI et les paramètres
libres qui ont été collectés pour renseigner le modèle.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
Première partie
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
MODELISATION EN EQUILBRE GENERAL CALCULABLE : Introduction au modèle ifpri
Document technique pour les cadres des ministères chargés du
développement rural DT2007:01
Mai 2007
Direction générale des prévisions et des statistiques agricoles du Burkina Faso Cellule d’Anticipation de Politiques
Volet modélisation en EGC
Résumé : La Cellule d’Anticipation de Politiques est une unité d’analyse de politiques
logée dans le département de l’agriculture du Burkina Faso. L’unité de coordination de
la cellule est le projet FNOP piloté par la DGPSA. L’objectif du projet est de faciliter le
dialogue des acteurs du développement rural par le biais d’un renforcement des
capacités d’analyse de politiques de développement rural. Le projet doit développer une
série de base de données format Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) pour l’analyse
en équilibre général calculable (MEGC). Ce papier est le premier document technique
du projet. C’est une note introductive à la modélisation en EGC. Il est destiné aux
cadres des ministères chargés du développement rural mais de manière générale aux
étudiants et enseignants des universités du pays.
Mots clés : projet, politique de développement rural, matrice de comptabilité sociale, modèle
d’équilibre général calculable.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
1
I.1. APERCU GENERAL1
1. Un modèle. Un modèle est une représentation simplifiée de la réalité d’un phénomène ou
d’un système. Le modèle décrit le comportement du phénomène ou du système. Cette
représentation s’opère à travers l’usage des outils mathématiques tels que les fonctions.
Dans le domaine de l’économie, les économistes préoccupés par la nécessité d’apporter des
réponses aux problèmes économiques, se sont investis dans la compréhension du
fonctionnement du système économique. L’objectif est d’élaborer des outils à même de
faciliter la résolution d’un ensemble de problèmes économiques auxquels sont confrontés les
sociétés humaines. C’est à ce niveau que réside l’intérêt de l’utilisation des modèles
économiques pour aider à la formulation de politiques économiques saines et adéquates
capables de générer des bénéfices larges pour la société.
2. Les Modèles d’équilibre et leur intérêt. Parmi les modèles d’équilibre élaborés par les
économistes, on a les modèles d’équilibre partiel (MEP) et les modèles d’équilibre général
calculable (MEGC).
2.1. Les modèles d’équilibre partiel (MEP). Les MEP s’intéressent au marché d’un seul
bien ou secteur indépendamment du reste de l’économie. Ils partent de l’hypothèse que tout
ce qui se passe sur ce marché n’affecte pas les autres biens. Cette hypothèse simplificatrice
n’est valable que dans une exploitation agricole puisque tout ce qui se passe en amont dans
une exploitation, comme les prix des intrants et des facteurs et à l’aval comme les prix des
biens produits, est fixé de façon exogène. La plus part des modélisateurs ont développés des
modèles d’équilibre partiel basés sur la programmation linéaire pour déterminer l’assolement
des exploitations. Ils consistent à maximiser une fonction de production sous des contraintes
technico-économiques données. Cette manière de modéliser ne permet d’atteindre un seul
objectif économique qui est la maximation d’une fonction de production. Pour répondre aux
besoins des exploitants qui cherchent à atteindre plusieurs objectifs à la fois, les modélisateurs
se sont orientés vers des modèles plus complexes tels que les modèles multicritères. Bien 1 Ce passage s’appuie fortement sur les papiers du département d’Economie et de Sociologie Rurales de l’Institut National de la Recherche Agronomique de France et du document de base de l’IFPRI sur le modèle standard.
2 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
qu’apprécier au niveau des exploitations agricoles, l’utilisation des modèles d’équilibre
partiel pour modéliser une économie toute entière pose des problèmes car ils ne tiennent pas
compte des interactions entre les marchés (marché de travail, de biens). C’est ainsi
qu’actuellement les modélisateurs se portent sur les Modèles d’Equilibre Générale Calculable
(MEGC). Ces dernières prennent en compte les multiples et importantes interdépendances
existantes entre les marchés.
2.2. Les modèles d’équilibre général calculable (MEGC). Les MEGC constituent un cadre
cohérent et complètement bouclé où prix et quantités sont déterminés de façon endogène.
Leur caractère calculable provient non seulement du fait que ce sont des modèles chiffrés,
s’appuyant sur des données réelles des économies qu’ils modélisent, mais également de leur
utilisation de fonctions ayant les "bonnes" propriétés mathématiques (continuité, dérivabilité.)
et suffisamment simples pour faciliter le calcul. En ce sens, ils représentent des cas
particuliers du cadre théorique général, mais leur possible résolution numérique fournit une
analyse quantitative de l’impact de certaines politiques économiques. Ils s’opposent ainsi aux
modèles théoriques d’équilibre général qui ne sont pas résolus numériquement ; l’enjeu de ces
derniers consiste à trouver les conditions de l’établissement d’un équilibre pour déterminer
qualitativement le sens d’évolution de celui-ci en fonction de la modification d’une variable
particulière.
Formellement, d’un point de vue opérationnelle, les MEGC constituent un prolongement sous
forme de généralisation des modèles d’Input/Output de Leontief (voir par exemple Miller et
Blair (1985) pour une présentation très complète). En effet, d’une part ils modélisent plus
complètement l’économie en ne se limitant pas aux échanges interindustriels mais en
intégrant explicitement les marchés des facteurs et la demande finale ; d’autre part, ils
utilisent des fonctions non-linéaires qui permettent d’introduire des possibilités de
substitution; enfin, et surtout, ils permettent un ajustement de l’équilibre des marchés par les
prix, effet que les modèles d’Input/Output ne sont pas capables de capturer.
Dotés de cette singularité, les MEGC sont utilisés pour simuler de politiques économiques.
La simulation consiste tout simplement à introduire dans le système économique modélisé,
des politiques contrefactuelles pour évaluer leurs effets probables sur l’économie dans son
ensemble. On peut simuler par exemple, l’incidence d’une réduction ou d’une baisse des prix
d’intervention dans le secteur des céréales à la fois sur la production de ce secteur, sur celle
des autres secteurs de l’économie, sur la distribution des facteurs de production et des
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
3
revenus, sur la pauvreté etc… Des politiques d’accompagnement peuvent également être
simulés pour évaluer l’option la plus efficace à même d’atténuer certains effets négatifs non
souhaités. Le MEGC est donc un outil d’analyse quantitative de politiques de développement
rural et de sécurité alimentaire.
Vu l’utilité d’un tel outil, on est droit de se poser la question de savoir à quand les
économistes se sont intéressés à le développer et à l’appliquer. Il s’agit de visiter un temps
soit peu l’histoire de la modélisation en EGC.
3. Historique de ces modèles. Selon Bergman (1990), la tradition de modélisation en EGC
remonte à trois origines distinctes, chacune étant associée à la contribution d’un auteur
particulier. Mais c’est véritablement l’économiste norvégien Leif Johansen (1960) qui a
développé le premier modèle d’équilibre général calculable appelé modèle multisectoriel de
croissance économique (MSG model). Cet auteur a développé ce modèle comme outil de
prévision économique de long terme et d’évaluation de politiques économiques. Le modèle
MSG a eu une influence significative dans le développement des modèles EGC appliqués
dans les pays en développement (voir Adelman et Robinson, 1982).
4. La base empirique des MEGC. Comme tout modèle, le MEGC a besoin d’être alimenté
en données pour le faire ‘tourner’. La base empirique du modèle est une matrice de
comptabilité sociale (MCS).
I.2. LA MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE (MCS)
5. Définitions : (i) un cadre cohérent de représentation d’une économie dans son ensemble ;
(ii) Techniquement, il s’agit d’une matrice carrée répertoriant un ensemble de comptes relatifs
aux secteurs d’activités, aux facteurs de production qui sont échangeable dans l’économie, à
l’accumulation dans l’économie, aux institutions domestiques (ménages, entreprises, Etat) et
non domestiques (reste du monde). Des principes sont à la base de sa construction, de sa
lecture et de sa compréhension.
6. Principes : (i) chaque cellule enregistre le paiement du compte en colonne au compte en
ligne de la matrice, (ii) chaque compte se présente donc sous la forme d’une ligne qui
enregistre les revenus ou recettes et d’une colonne qui enregistre les dépenses ou les
paiements et enfin (iii) le total de la ligne d’un compte doit être égal au total de la colonne du
4 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
compte. Il se dégage de ce principe que la MCS est un cade conceptuel global d’organisation
des données statistiques. En outre, elle constitue une base pour les objectifs de modélisation
en EGC.
7. La MCS comme cadre conceptuel global incorporant des relations structurelles.
Comme cadre d’organisation des données économiques, la MCS est une description détaillée
et compréhensible du système socioéconomique durant une période donnée généralement
l’année (Décaluwé et al., 1999). Dans son contenu, elle fournit un cadre de classification et
d’organisation des données utile pour l’analyste et le décideur sous forme de comptes
(Décaluwé et al.). Le tableau I.1 représente la structure type d’une MCS. Ce tableau donne
une photographie de l’ensemble des transactions ayant eu lieu entre les différents comptes du
système économique durant une période l’année. En plus de servir de cadre conceptuel global
d’organisation des données, la MCS sert de base empirique à la modélisation en EGC. Ce lien
entre la MCS et le MEGC provient du fait que la MCS incorpore en réalité et de manière
explicite un ensemble de relations structurelles diverses entre un certain nombre de variables
de l’économie. La figure 1 illustre les liens entre les différentes variables du système
économique déduites des liens de transaction compilés dans la MCS. Cette figure reproduit en
détail, toutes les transformations incorporées dans la MCS. Par exemple, la transformation
allant de la structure de la production (compte activités) à la structure des facteurs (compte
facteurs de production) permet de transformer la valeur ajoutée créée par les activités de
production en revenus factoriels pour les facteurs ayant pris part au processus de production.
Cette transformation de la figure est notée 1.5. Cette notation signifie la transformation allant
du compte 5 au compte 1. Une flèche indique le sens de la transformation de la valeur ajoutée
en revenus factoriels à partir du compte 5 pour le compte 1. Une version simplifiée de ses
liens de transformation de l’économie est fournie par le graphique 2.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
5
Gouvernement (3)
Reste du Monde (6) Institutions (2)
Capital (4)
Facteurs (1)
Activités de production (5)
Epargne du gouvernement
Epargne des ménages et profits non distribués
Consommation domestique des ménages
5.2
4.3
4.2
5.4
4.6
6.4
Investissement
Ep. ext.
Importation debiens capitaux
6.5
5.6
Exportations
Importations intermédiaires
6.3
2.6
6.2
Transferts
Importations
2.1
Revenus des ménages
1.5Valeurs ajoutées
5.3
3.5
Taxes indirectes
Consommation gouvernementale
Servicesdette
2.3
3.2
Transf.& subv.
Taxes directes & d'entreprises
5.5
2.2
Transferts
Inputs intermédiaires
Construit avec le logiciel AMC DESIGNOR
Source : Thorbecke, 1988.
Figure 1. Diagramme de circulation des transactions d'une MCS
6 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
Activités de production (T55)
INSTITUTIONS (T22) FACTEURS (T11)
Distribution de revenus par les groupes socio-économiques
T21
Consommations des groupessocio-économiques
T52
Distribution de laValeur ajoutée
T15
Figure 2. Relations simplifiées entre les principaux comptes de la M CS (Activ ités productives, Facteurs e t Institutions)
Source : Thorbecke (1992).
Construit avec le logiciel AM C*DESIGNOR
Tableau I.1 : Structure d’une matrice de comptabilité sociale
Activités Biens et services Facteurs Institutions Epargne-
Invest. RDM Total
Activités Productions Production
Biens et services C.I Cons. finale Investis-sement Exportations Demande
totale
Facteurs VA VA
Institutions TVA Salaires profits Transferts impôts Revenus
Epargne-Invest EpargneRDM Importations Importations
Total Productions Offre totale Revenus des facteurs Dépenses Invest. total Recettes en
devises Source : Thorbecke, 1992
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
7
Les figures 1 et 2 qui reproduisent l’ensemble de ces transformations ou relations entre
variables de l’économie apparaissant dans la MCS du tableau I.1, peuvent être interprétées
plus largement comme représentant des flux (dans le temps) qui doivent être en retour
expliqués à l’aide ou par le biais des relations structurelles ou comportementales (Décaluwé
et al.). L’établissement de telles relations structurelles ou comportementales fournit ce que
l’on appelle un modèle. Dépendant de la nature des hypothèses adoptées par l’analyste, on
peut relever les modèles de multiplicateurs comptables de la MCS et les modèles d’EGC. Le
premier est tout simplement déduit d’un ensemble d’équations linéaires liant deux types de
comptes ou variables : (i) des comptes ou variables endogènes c’est à dire expliqués à
l’intérieur du système et (ii) des comptes ou variables exogènes c’est à dire expliqués à
l’extérieur du système. Le second est un ensemble d’équations simultanées qui sont linéaires
ou non linéaires reliant des variables endogènes et exogènes du système économique.
D’autres documents exposent clairement les différentes étapes de construction, de
manipulation de la MCS et de son utilisation pour des objectifs d’analyse de politiques
économiques. L’objectif du document est de présenter de manière simple et compréhensible
le MEGC à un type de public large constitué des cadres des ministères chargés des questions
de développement rural et animés d’une ferme volonté de s’approprier de ces outils méso-
macro d’analyse de politiques. L’objectif principal est de fournir une introduction à la
modélisation en EGC au public cible par le biais d’exemples. La stratégie consiste à partir du
simple au complexe pour permettre une prise en main graduelle de l’outil.
I.3. MODELISATION EN EQUILIBRE GENERALE CALCULABLE2
8. Synoptique. L’objectif est de faciliter la compréhension de la construction des modèles
d’EGC par le biais d’un langage simple. Avant d’aborder cette tâche, il est utile de souligner
les règles et conditions à observer dans ce genre d’exercice de modélisation.
9. Règles et conditions relatives à la modélisation : (i) Une des premières conditions est de
disposer d’une MCS d’une année quelconque sur l’économie que l’on souhaite modéliser
(Pourquoi ? Tout simplement, parce que la MCS fournit une solution de base et consistante
théoriquement pour la détermination des paramètres structurels du modèle à construire) ; (ii)
Dans le contexte des pays en développement, le modèle élaboré doit être structurel (autrement
2 Cette présentation s’inspire fortement de la présentation de Taylor (1983), chapitre 3. L’exemple est adapté à sa présentation pour montrer les étapes de dérivation des différentes équations du modèle d’EGC 2-2-2.
8 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
dit, les mécanismes des marchés doivent être explicitement introduits dans le modèle pour
l’écarter du modèle néoclassique walrassien) ; (iii) Opérer un choix relatif aux mécanismes
d’ajustement sur les marchés. Ces mécanismes sont soient basés sur les prix ou sur les
quantités. Le choix entre les deux types d’ajustement dépendra des contraintes auxquelles le
secteur est confronté. Un des modèles largement appliqué dans les pays en développement est
le modèle dit standard d’IFPRI. L’objectif du projet FNOP est d’adapter l’outil dans le
contexte du Burkina.
10. Le modèle d’EGC de l’IFPRI. C’est un modèle standard qui s’inspire de la tradition de
modélisation structuraliste néoclassique de Dervis et al. (1982).
11. Aspects pertinents pour les pays en développement du modèle IFPRI : (i)
l’autoconsommation est prise en compte ; (ii) traitement explicite des coûts de transaction des
biens qui entrent dans la sphère marchande ; (iii) séparation entre activités et biens permettant
la prise en compte des activités qui produisent plusieurs biens ; (iv) une flexibilité en terme de
la structure du modèle est donnée au modélisateur de choisir entre différentes alternatives de
fermetures macroéconomiques et du marché des facteurs. C’est un modèle standard qui peut
s’adapter aux différents contextes de modélisation.
12. Les extensions possibles : (i) traitements alternatifs des technologies de production ; (ii)
traitements détaillés des outils de politiques ; (iii) modifications fondamentales pour rendre le
modèle dynamique ou un modèle multi pays.
13. Démarche adoptée. Il est plus efficace d’introduire la modélisation en EGC par le biais
d’exemples. C’est la démarche adoptée par l’équipe de la cellule d’anticipation de politiques.
La stratégie consiste à partir du simple au plus complexe. Pour cela, les exemples d’exercices
relatifs au modèle EGC de l’IFPRI servent de matériaux à cette introduction à la modélisation
en EGC. Ce papier constitue la première série de documents de modélisation en EGC. Ce
document illustre donc la construction d’un MEGC simple à deux secteurs, deux facteurs de
production et deux ménages (souvent noté MEGC2-2-2).
I.4. Formalisation d’un MEGC
Cette section expose les généralités relatives à un MEGC complet avant de présenter un
MEGC simplifié.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
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14. Généralités.
Calibration des paramètres du modèle
Collecte des élasticitéset paramètres libres Réplication de la
situation initiale
Calcul de l'équilibrecontrefactuel
Evaluation de politiques sur la base de l'analyse de statique
comparative entre la situation de référence et la situation
contrefactuelle
Elaboration d'une MCS d'une année de référence de l'économie du pays étudié
Construction du MEGCCollecte des données sur
l'économie concernée
Problématique (s) et théorie stipulées de l'étude
Fin de l'étude
Figure 3. Processus de modélisation d'un MEGCSource : Adapté de Shoven et Whalley (1992)
avec le logiciel AMC*DESIGNOR
15. Processus de modélisation. Le processus de construction et d’application d’un MEGC
suit un certain nombre d’étapes auxquelles le modélisateur est astreint. Selon Décaluwé et al.
(2001), ce processus se décline en neuf étapes : (i) Identification de la problématique, (ii)
collecte des données statistiques sur le pays, (iii) construction d’une MCS, (iv) choix des
formes fonctionnelles relatives aux fonctions de production et d’utilité du modèle à construire,
10 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
(v) Calibration des paramètres du modèle, (vi) Reproduction de la situation initiale à l’aide du
modèle, (vii) Formulation des scénarios de politiques, (viii) Résolution du modèle à l’aide des
scénarios de politiques c’est à dire simulation de politiques, (ix) Interprétation des résultats.
Tel que présenté, ce processus semble être linéaire. En réalité, c’est un processus non linéaire
qui suppose des interactions entre les différentes étapes. La démarche de Shoven et Whalley
(1992) permet de visualiser ce processus à travers une figure (voir figure 3 plus haut) qui met
en exergue les liens entre les différentes étapes.
16. Base théorique du modèle. Selon Petersen (1997), toute introduction au MEGC doit
d’abord situer ce modèle dans la famille des modèles économiques. Trois familles de modèles
macroéconomiques peuvent être distingués dans la littérature : (i) les modèles
macroéconomiques traditionnels, (ii) les modèles autorégressifs appelés VAR et (iii) les
modèles d’équilibre général appelés MEG. Ces différents modèles se différencient par rapport
à leur contenu en théorie économique et en théorie statistique. Petersen s’est inspiré de
Withley (1994) pour généraliser les liens entre les trois modèles sous la forme de la figure
suivante :
Figure 4. Famille des modèles économiques et place des MEG
Modèles macroéconométriques traditionnels Modèles EGC
Modèles VAR
Théorie économique
100%0%
100% 0%
Théorie statisitque
Source : tiré de Peterson (1997)
A travers ce graphique, l’on s’aperçoit que les MEG ont un contenu très élevé en théorie
économique et très peu en théorie statistique. En d’autres termes, la construction de ces
modèles a pour point de départ une théorie économique qui sera testée à l’aide de données
statistiques.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
11
17. Théorie néoclassique : équilibre partiel. C’est Debreu qui a formalisé le premier la
théorie d’équilibre général en économie. L’équilibre en économie est une situation où les
forces du marché (la demande et l’offre) se neutralisent. Puisque c’est la demande et l’offre
qui déterminent le prix et la quantité échangée sur le marché, la détermination de ce prix et de
cette quantité suppose la rencontre entre l’offre et la demande. L’offre est l’expression ou la
volonté (désir) des producteurs d’offrir un bien à un niveau donné de prix et la demande est
l’expression ou la volonté (désir) des consommateurs d’acheter un bien à un prix donné. Le
marché en économie est la rencontre de l’offre et de la demande. Cette rencontre peut se
produire en un lieu physique tel que le marché de pomme de terre à Tikaré. En économie, le
marché n’est pas nécessairement un lieu physique (exemple du marché des changes qui se
déroule souvent avec le téléphone ou à la banque centrale. Sur ce lieu (physique ou non)
appelé marché, les participants (offreurs et demandeurs) procèdent à des discussions pour
trouver un compromis sur le niveau de prix à fixer pour réaliser les transactions physiques sur
les biens. Lorsqu’ils trouvent un point ou un niveau qui satisfait l’ensemble des participants
au marché d’un bien donné, ils procèdent aux échanges physiques. Le niveau de prix qui
satisfait simultanément les consommateurs et les offreurs est l’équilibre du marché. Illustrons
nos propos à travers un exemple d’équilibre partiel c’est à dire l’équilibre sur un seul marché.
Considérons pour cela le marché de pomme de terre à Tikaré. Le module d’économie générale
constitue la base à l’analyse des marchés. On distingue plusieurs types de marchés : (i)
concurrentiel, et (ii) non concurrentiel. Sur les marchés concurrentiels, un acteur unique du
marché ne peut influer sur le prix du marché car sa taille est très petite par rapport à la taille
du marché. Sur ces marchés, les consommateurs auront tendance à baisser le volume de leurs
achats si le prix augmente et à demander plus si le prix baisse. On dit que la demande est liée
au prix négativement. Pour les offreurs, un prix élevé est très incitatif pour accroître les
quantités offertes et un prix faible est non incitatif. Dans ce cas, les quantités offertes
diminuent. On dit que l’offre est liée au prix positivement.
12 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
Figure 5. Courbe de demande et d’offre sur un marché concurrentiel
On peut formaliser la demande et l’offre par des équations de droite. Ainsi, soient (D) la
demande et (O) l’offre. On a :
QD PQO P
α βγ λ
= += +
À l’équilibre, les forces du marché se neutralisent et la demande est égale à l’offre. Ce qui
veut dire q’un prix d’équilibre se détermine de telle manière que la demande et l’offre soient
compatibles. Le prix et la quantité d’équilibre sont déterminés comme suit :
( ) ( ) d'où
1 .
et 1 * * .
QD QOPE PE PE
QE
α β γ λ γ α β λ
γ α γ αα β γ λβ λ β λ
=
+ = + ⇒ = − −
− −= + = + − −
Les outils économiques de demande et d’offre sont les instruments classiques d’analyse des
problèmes économiques. À l’aide de ces outils, on peut prédire ce qui se produira sur le
marché si un phénomène tel qu’un taux insuffisant de remplissage des barrages servant à faire
la pomme de terre se produisait. Cette analyse se déroule selon les étapes suivantes : (i)
identifier le phénomène et déterminer le côté du marché qui sera affecté. Est-ce les
consommateurs qui sont affectés par le problème ; est-ce les producteurs ? Ou est-ce les deux
côtés du marché qui sont touchés, (ii) Déterminer la direction de l’effet. Dire si l’impact est
négatif ou positif sur le côté du marché qui a été identifié, (iii) Déterminer cet impact par le
P
Q
PE1
QE1
D
O
E1
O’
E2 PE2
QE2
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
13
biais des ajustements qui se produisent sur le marché et enfin (iv) Procéder à une analyse de
statique comparative pour évaluer l’équilibre final. On a vu plus haut que la demande et
l’offre réagissaient aux variations du prix. En général, tout facteur ou variable autre que le
prix et non représenté sur le graphique ci-dessus déplacera soit la courbe de demande, soit
celle de l’offre ou les deux à la fois. Par contre, toute modification du prix entraînera un
mouvement le long de l’une des deux courbes. Dans notre exemple plus haut, le côté du
marché qui sera affecté est le côté de l’offre mais le problème n’affecte pas les
consommateurs car leur désir de consommer la pomme de terre n’est pas affecté. L’effet sur
l’offre est négatif. Ce qui entraîne le déplacement de la courbe d’offre vers la gauche ( )'O . Le
prix et la quantité d’équilibre sont alors ( )2 et 2 .PE QE Comparativement à la situation
initiale, le prix d’équilibre 2 1 et 2 1.PE PE QE QE> < Une telle analyse qui se focalise sur un
seul marché de l’économie sans considéré l’ensemble des marchés est appelé analyse en
équilibre partiel. Or les effets d’un phénomène se propagent dans le système économique
compte tenu des liens de transactions existant dans l’économie et compilés dans une MCS
sous forme de transaction en volume ou en valeur. Dans notre exemple, le phénomène peut
conduire à une réallocation des ressources dans les autres secteurs de l’économie. Les
producteurs (le facteur travail) n’ayant plus assez d’eau pour la production peuvent se
déployer dans d’autres opportunités de l’économie locale de Tikaré si elles existent ou opter
pour l’émigration. Les consommateurs ne trouvant plus de pomme de terre à moindre prix
dans l’économie locale peuvent substituer la pomme de terre de Tikaré par celle d’une autre
localité proche tant que les prix restent dans des proportions moindres que les prix de Tikaré.
Ils peuvent également à la longue, substituer la pomme de terre par un autre bien proche telle
que la tubercule de patate douce. Si les consommateurs se ravitaillent dans une autre localité
rurale, on peut considérer qu’ils font de l’importation dans le contexte de la communalisation
intégrale actuelle du pays. C’est dire que l’économie de Tikaré a des liens de transactions
avec l’économie d’une autre commune rurale. Ces développements montrent que l’analyse en
équilibre partiel est très limitée du point de vue du planificateur ou du décideur public de
Tikaré lorsqu’il s’agit d’apprécier ou d’évaluer les politiques publiques locales sur l’économie
de la commune rurale de Tikaré. En supposant par hypothèse que l’économie de Tikaré est
composée de trois biens (la pomme de terre, la patate douce et un agrégat de bien dit
céréales), l’analyse en équilibre partiel ignore ce qui se passe sur les marchés de patate douce
et de l’agrégat de bien céréales par suite de la réduction de l’offre consécutive au manque
d’eau nécessaire à la production du bien pomme de terre. Dans un contexte de pauvreté
14 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
généralisée, le maire de Tikaré peut souhaiter mettre en place de politiques publiques locales
en vue de réduire la pauvreté. Comme on vient de le voir plus haut, tout facteur qui affecte le
marché d’un bien dans une économie conduit à une redistribution des ressources de
l’économie entre les différents secteurs et agents économiques. Qui sont les pauvres ? Quelles
sont leurs sources de revenus (autrement dit dans quels secteurs sont-ils occupés ?), qui
détient les facteurs de production de l’économie sont des questions essentielles au cœur de
l’analyse de pauvreté et de l’inégalité. Toute intervention dans l’économie qui entraînera une
redistribution de ces ressources de l’économie peut aggraver ou améliorer la situation d’un
groupe ou de l’ensemble des pans de l’économie. L’analyse en équilibre partiel est
inappropriée pour analyser les effets directs et indirects attendus d’un choc ou d’une
intervention publique sur l’économie dans son ensemble. C’est essentiellement cette
insuffisance de l’analyse en équilibre partielle qui a conduit les auteurs à développer le
modèle d’EGC capable de saisir ces effets directs et indirects de tout choc ou intervention de
politiques dans l’économie. L’apport de l’analyse en équilibre général est de permettre de
prendre en compte l’ensemble des répercutions sur le tissu économique d’une politique
donnée. Elle est plus appropriée pour analyser les questions de pauvreté et d’inégalité dans un
contexte de pauvreté généralisée.
18. Théorie néoclassique : analyse en équilibre général. Illustrons l’analyse en équilibre
général à travers un exemple. Nous supposons l’économie locale de Kaya. En outre, on
suppose qu’il existe deux marchés seulement dans l’économie locale de Kaya3
3 L’hypothèse est très restrictive mais cette une hypothèse de travail.
: (i) le marché
de peau brute d’animaux abattus et (ii) le marché de sacs à main pour documents utilisant la
peau comme matière première. Le maire désirant soutenir le budget local de la région de Kaya
impose une taxe à l’abattage d’animaux vivants très élevé entièrement supportée par les
producteurs de peaux d’animaux abattus. Analysons en équilibre général les effets de cette
taxe sur l’économie de Kaya. Les outils classiques de courbe de demande et d’offre
permettent de mener l’analyse. La démarche d’analyse est la suivante : (i) On suppose que
l’économie locale de Kaya est en équilibre. On représente cette situation à l’aide des concepts
de courbe d’offre et de demande.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
15
Figure 6. Equilibre initiale
On peut formaliser les fonctions de demande et d’offre des deux biens de l’économie locale.
On commence par conceptualiser l’ensemble des biens de l’économie. Désignons par ‘‘I’’
l’ensemble des biens de l’économie. { }peau brute ; sacs à mainI = . Un élément particulier de
cet ensemble ‘‘I’’ se dénote par ‘‘i’’. On a ‘‘i’’= peau brute ou sacs à main. On a alors :
( ) ( ) ( ) ( )( ) ( ) ( ) ( )
D i a i b i P iQ i i i P iα β
= +
= +
Le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre sur le marché ‘‘i’’ s’obtiennent par l’égalité
entre ( ) ( ) et D i Q i . Cet équilibre est déterminé de manière à rendre compatible l’offre et la
demande sur les deux marchés.
(ii) effet de la taxe sur les quantités et prix d’équilibre. On impose maintenant sur le marché
de peaux d’animaux abattus la taxe sur les producteurs. On parle d’une intervention de
politique économique dans l’économie. Comme, il s’agit des autorités locales qui ont pris la
mesure, on parle de politique induite dans le système économique. Par contre, tout facteur qui
n’est pas sous le contrôle des décideurs est appelé un choc exogène. Le fait d’imposer une
taxe à un certain taux est appelé scénario de politique.
Marché de peau brute
PEP
QEP
EP
O
D
Marché de sacs à main
QES
PES
D
ES
Situation d’équilibre simultanée sur les deux marchés : En équilibre, PEP est le prix d’équilibre et QEP la quantité d’équilibre sur le marché de peau d’animaux abattus. De même, PES est le prix d’équilibre et QES la quantité d’équilibre sur le marché de sacs à main.
O
O’
16 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
Figure 7. Déplacement des courbes d’offre sur les deux marchés
La taxe a pour effet d’augmenter le prix et de diminuer la quantité d’équilibre sur les deux
marchés. Elle renchérit le coût du bien peau d’animaux abattus sur le marché de ce bien. La
peau d’animaux abattus étant un facteur de production ou un intrant dans la fabrication de
sacs à main, les producteurs de ce dernier bien, font désormais face à un prix élevé du bien
peaux d’animaux abattus. La hausse du prix du bien peaux d’animaux abattus déplace la
courbe d’offre vers la gauche sur le marché de sacs à main. En termes d’analyse en statique
comparative, le prix d’équilibre augmente et la quantité d’équilibre diminue sur les deux
marchés simultanément. L’analyse partielle aurait révélé seulement l’effet direct sur le marché
de peaux d’animaux abattus et non l’effet indirect sur le marché de sacs à main.
Formellement, l’imposition de la taxe sur les producteurs de peaux d’animaux abattus se
traduit par une différence entre le prix reçu par le producteur et le prix au consommateur sur
ce marché. Le prix reçu est égal au prix au consommateur moins la taxe versée à la
collectivité soit :
.PPP PPC t PPC PPP t= − ⇒ = +
Avec PPP = prix au producteur de peaux d’animaux abattus et PPC = prix au consommateur
et t = la taxe. On peut introduire ces modifications dans les équations relatives au marché de
peaux d’animaux abattus pour prendre en compte l’intervention des pouvoirs publics sur les
marchés. On peut après l’introduction de la taxe envisager que par suite de l’imposition de la
taxe, les autorités locales souhaitent réduire le niveau de la taxe de moitié. Quels seront les
Marché de peau brute
PEP
QEP
EP
O
D
Marché de sacs à main
QES
PES
D
ES
O’
O
QEP’
PEP’ PES’
QES’
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
17
effets sur l’économie de Kaya (c’est à dire sur les deux marchés) ? L’analyste va tenter de
construire un modèle d’équilibre général de Kaya comprenant deux secteurs de production,
deux types de biens, un ménage représentatif des ménages de Kaya. En construisant ce
modèle, il s’appuie sur un ensemble d’hypothèses qui vont faciliter le processus de
modélisation.
19. Les variables du modèle. Les variables qui doivent être déterminées par suite de la
résolution du modèle sont appelées les variables endogènes et celles qui sont déjà fixées dans
le modèle sont appelées les variables exogènes. La variable taxe (t) est une variable de
politique sur laquelle on peut moduler le niveau pour rechercher un certain objectif sur les
variables non contrôlables ou variables d’intérêt. Cette variable (t) est la variable exogène.
Les variables prix et quantités sont déterminés dans le modèle. Ce sont les variables
endogènes de l’exemple pris plus haut.
20. Concepts importants à la modélisation4
4 Cette section s’appuie fortement sur les présentations de Markusen (2002) et de Giling et McCarl (200 ?).
. Selon Jame R. Markusen (2002), les modèles
d’équilibre général sont des modèles qui possèdent quatre caractéristiques : (i) ils incorporent
des agents économiques multiples qui sont en interactions, (ii) le comportement d’un agent
individuel est basé sur l’optimisation d’une fonction objectif, (iii) la plupart des agents
économiques interagissent sur les marchés avec les prix servant de médiation et (iv)
l’équilibre se produit lorsque les variables endogènes s’ajustent de telle manière que les
agents économiques maximisent leur fonction objectif sous les contraintes auxquelles ils sont
confrontés. Les marchés (prix) sont flexibles pour égaliser l’offre et la demande sur chaque
marché. Dans la modélisation d’un modèle d’équilibre général calculable, il s’agit de
formaliser un ensemble de marchés de biens et de facteurs. Les entreprises et les
consommateurs sont principalement les agents économiques du modèle. Les producteurs ou
les firmes maximisent leur profit sous la contrainte technologique de production et les
consommateurs maximisent leur utilité sous la contrainte budgétaire. Profit et utilité sont les
objectifs à maximisés par les agents économiques. Selon Markusen, ces comportements
d’optimisation conduisent à la dérivation des fonctions d’excès de demande sur l’offre. Il
s’agit alors de rechercher un équilibre qui annule l’excès sur l’offre. L’équilibre consiste en
un ensemble de prix tels que les excès de demande soient nuls. En d’autres termes, l’équilibre
rend compatible la demande et l’offre. Cet équilibre général théorique est sans intérêt pour la
18 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
résolution des problèmes économiques concrets. La modélisation en équilibre général
calculable est une réponse à cette insuffisance de l’équilibre général théorique. Elle va d’une
part inclure à côté des agents économiques classiques, d’autres agents tels que l’Etat, le reste
du monde dans le modèle et d’autre part, transposer les hypothèses sur l’économie et les
conditions d’équilibre en un problème de formulation mathématique. Pour Markusen, il existe
deux manières de spécifier un problème mathématique : (i) la première consiste à modéliser
l’économie comme un problème d’optimisation ou de programmation. L’équilibre dans ce
contexte est une solution à un problème de programmation linéaire ou non linéaire où une
fonction objectif est maximisé ou minimisé sous un ensemble de contraintes. Cette approche
pose un problème dans le contexte de la modélisation en EGC lorsque le problème devient
complexe. En effet, en représentant l’équilibre comme la solution à un problème
d’optimisation, il devient difficile de dire quelle est la fonction objective à maximiser dans un
problème d’équilibre général calculable qui intègre plusieurs ménages (dotés de préférences
différentes) et plusieurs pays (dotés de facteurs différents). Dans ces conditions, on peut
aboutir à une solution à un tel problème où le niveau des dépenses n’est pas égal au niveau de
revenu du ménage. Ce qui est inconsistant dans le cadre d’un MEGC. ; (ii) la deuxième
approche consiste à représenter le problème suivant une théorie formelle simplement. Il s’agit
de convertir le problème en un système d’équations et de le résoudre. Dans cette démarche, le
comportement d’optimisation individuel et les décisions des agents économiques
(consommateurs, producteurs,…) sont simplement incorporés dans des fonctions qui
décrivent leurs choix en réponse aux valeurs prises par un ensemble de variables auxquelles
ils font face. Ainsi, le comportement d’optimisation individuel est utilisé pour dériver les
fonctions de demande et d’offre qui décrivent comment les consommateurs et les producteurs
réagissent face aux variations des prix, des taxes et d’autres variables de l’économie
(Markusen). La formalisation consiste donc à incorporer le comportement individuel et
l’optimisation dans un système d’équations simultanées de taille n à n inconnus. On dit qu’on
a un système carré. Cette condition permet de résoudre le système et de trouver une solution
unique consistante au problème. Une solution numérique est obtenue par des techniques de
calcul qui permettent de fournir les valeurs actuelles des variables endogènes (inconnues du
modèle) pour des valeurs connues des variables et des paramètres exogènes du modèle5
. La
formulation applique généralement la deuxième approche.
5 L’exemple permettra de voir clairement quelles sont les variables endogènes et exogènes.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
19
21. Les relations structurelles de la MCS. On a vu ci dessus que la MCS incorporait des
relations structurelles de l’économie. Ces relations sont des relations de production,
consommation et d’échanges internationaux. Ces relations se présentent dans la figure 8 ci
dessous.
Figure 8. Relations de production, de consommation et d’échanges internationaux dans
un MEGC.
Consommation
Gouvernement
Investissement
Consommation inte rmédiaire
Ménage
Domestique
Import
Substi tution imparfaiteFonction Argminton
Exportation
Balance commerciale
Fonction CET
Production Facteurs e t inputs inte rmédiaires
Fonction de type CD; CES etc...
La figure 8 décrit les différentes relations de production, de consommation et d’échanges
internationaux d’une économie ouverte. Le MEGC n’est qu’une traduction de ces relations
sous forme d’un système d’équations linéaires et non linéaires. Les fonctions6
6 Un autre document du projet sera conçu pour exposer en détail ces différentes fonctions et leurs avantages et inconvénients à modéliser un MEGC.
qui peuvent
être utilisées pour modéliser le côté de la production et de la consommation de l’économie
sont variées : (i) la fonction linéaire ; (ii) la fonction Léontief ; (iii) Le Cobb-Douglas (CD) ;
(iv) la fonction CES etc…. Le CD et le CES sont les plus couramment utilisées. Leur
application ne se limite pas à modéliser seulement le côté de la production et de la
consommation. Comme le montre la figure 8, une économie ouverte échanges des biens et
services avec l’étranger qu’il faut modéliser dans le MEGC d’un pays ouvert. Les fonctions
20 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
CD et CES sont également utilisées pour modélisées ces relations d’échanges. La section
suivante présente un MECG simple appelé MEGC 2*2*2*2.
I.5. Formalisation d’un MEGC à deux secteurs
L’exemple s’appuie sur un MEGC simple à deux secteurs, deux biens, deux facteurs de
production et deux ménages. Il est dit simple car il n’introduit pas à cette étape de
construction, d’une part les entreprises et le gouvernement et d’autre part l’accumulation du
capital et le reste du monde. La MCS utilisée comme base empirique exclut ces différents
comptes. L’objectif de ce document technique est d’introduire à la modélisation à l’aide de cet
exemple. D’autres documents techniques présenteront les aspects les complexes et la
résolution du modèle dans un logiciel approprié (GAMS).
I.5.1. Activités, production, marchés des facteurs et des biens dans un MEGC simple
22. La MCS de base. Le processus de modélisation s’appuie sur l’exemple de l’exercice 1
dans le manuel de l’IFPRI. La matrice de comptabilité sociale utilisée se compose de huit
comptes en colonne et huit comptes en ligne. Les différents comptes sont : (i) un secteur de
production agricole (AGR-A) et un secteur non agricole (NAGR-A) ; (ii) un bien agricole
(AGR-C) et un bien non agricole (NAGR-A) ; (iii) le facteur travail (LAB) et le facteur
capital (KAP) et enfin (iv) le ménage rural (R-HHD) et le ménage urbain (U-HHD). On
suppose dans cette version de la MCS que la consommation intermédiaire des entreprises est
nulle et que l’autoconsommation des ménages est nulle. Chaque activité produit un seul type
de bien. Cette version de la MCS se présente comme suit :
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
21
MCS pour l'exercice1
AGR-A NAGR-A AGR-C NAGR-C LAB CAP U-HHD R-HHD Total
AGR-A 125 125
NAGR-A 150 150
AGR-C 50 75 125
NAGR-C 100 50 150
LAB 62 55 117
CAP 63 95 158
U-HHD 60 90 150
R-HHD 57 68 125
Total 125 150 125 150 117 158 150 125 Cette MCS est présentée sous une forme de matrice de données micro consistantes. Ces
données satisfont à la condition d’équilibre concurrentiel et du budget. Les colonnes de la
matrice représentent les comptes qui effectuent les dépenses ou les paiements au profit des
comptes en ligne tandis que ces derniers représentent les comptes qui vendent ou perçoivent
des revenus.
Le compte AGR-A en colonne est le secteur de production agricole qui produit le bien AGR-
C demandé par les ménages U-HHD et R-HHD d’un montant de 50 et 75 respectivement. La
vente du bien AGR-C dégage donc une recette totale de 125 pour le compte bien en ligne
AGR-C. Ce revenu est ventilé par un compte bien en colonne AGR-C comme dépense au
profit du compte en ligne du secteur agricole AGR-A comme revenu de l’activité agricole
d’un montant également de 125. La production du secteur utilise le travail et le capital. Les
montants consacrés à l’achat de ces deux facteurs par le secteur productif agricole AGR-A en
colonne sont respectivement de 62 et 63 au profit des comptes LAB et CAP en ligne comme
revenus factoriels. Ces revenus factoriels sont ventilés comme dépenses par les comptes LAB
et CAP en colonne au profit des comptes en ligne U-HHD et R-HHD comme revenus. En
effet, ce sont les ménages qui sont détenteurs des facteurs de production et les revenus
factoriels leur échoient. On peut finalement dire que les données de la MCS sont en valeur
(les prix multipliés par les quantités). Le modélisateur est libre de les interpréter soit comme
des prix soit comme des quantités (Markusen). La démarche courante est de considérer que
les prix sont normalisés à l’unité. Ainsi, les données de la MCS sont alors considérées comme
des quantités par unité d’activités. Cette unité d’activité est également normalisée à l’unité
pour faciliter les interprétations. Ainsi, on dira qu’une unité d’activité AGR-A produit 125
unités du bien AGR-C. On constate :
• que toute la production sert au paiement des facteurs de production. La valeur de la
22 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
production est égale au coût des facteurs utilisé dans le processus de production. Le profit est
donc nul. Ce qui est une condition d’équilibre concurrentiel vérifiée par la MCS. Le même
raisonnement tient pour le secteur productif non agricole NAGR-A en colonne.
• Que le revenu total de chaque ménage est égal au montant des revenus factoriels
engrangés. Ce qui signifie que le revenu total d’un ménage est issu de la vente des facteurs de
production possédés. C’est ce revenu qui sert à financer la demande finale en biens AGR-C
et NAGR-C des ménages. On constate que la valeur de la demande finale en biens d’un
ménage est égale à son revenu c’est à dire la vente des facteurs possédés. La condition
d’équilibre du budget est donc vérifiée. Aucun consommateur sur un plan macroéconomique
ne dépense plus que ces revenus.
• Que la production (l’offre) est égale à la demande finale (demande). Ceci constitue une
contrainte sur le marché des biens AGR-C et NAGR-C.
• En supposant que l’offre totale disponible de travail dans l’économie est le total du
compte ligne LAB, on constate que la somme des demandes en facteur travail de chaque
secteur est égale à l’offre disponible (62+55=117). Il en est de même pour le capital CAP.
Cette égalité est la contrainte sur le marché du travail et du capital.
Tous les éléments sont réunis maintenant pour permettre de développer le modèle d’équilibre
général simple. Il est développé en écrivant toutes les fonctions ou équations décrivant le
comportement des producteurs et des consommateurs ainsi que des contraintes sur les
marchés.
I.5.2. Structure de base du modèle simple 2*2*2*2 sans consommations intermédiaires
Cette section décrit le modèle en trois blocs : (i) le bloc production et biens, (ii) le bloc
institutions et (iii) le bloc des contraintes.
23. Bloc production et biens. Dans le modèle de base sans consommations intermédiaires, la
production est modélisée comme une fonction de type CD liant l’output à deux types de
facteurs identifiés dans la MCS. Les producteurs maximisent le profit sous la contrainte
technologique de production. En notant par a l’indice de chaque secteur et en indexant
l’output de chaque secteur sur cet indice, aQA , on peut exprimer la production de chaque
activité aQA comme une fonction CD :
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
23
; faa a fa
f F
QA ad QF a Aα
∈
= ∈∏ (1)
Avec A désignant l’activité et F le facteur de production. Q est la quantité du produit ou du
facteur.
Les conditions de maximisation du profit et l’équation de demande des facteurs sont dérivés à
partir des théorèmes. Les équations de demande de facteurs sont données par :
( ) ; ,f fa a a faWF PA QA QF f F a Aα= ∈ ∈ (2)
Avec fWF le prix du facteur f et aPA le prix de l’activité donné par :
; a ac cc C
PA P a Aθ∈
= ∈∑ (3)
Avec cP le prix de marché du bien .c Le niveau du produit c noté cQ est égal à :
; c ac ca A
Q QA c Cθ∈
= ∈∑ (4)
Ces quatre équations bouclent la formalisation du côté de la production.
24. Bloc institution. Dans ce bloc, on retrouve uniquement les deux types de ménages car la
MCS ne retient qu’une seule institution dans le modèle. Il s’agit de modéliser la demande
finale de ces ménages. La demande finale est une fonction du revenu. Ce qui amène
également à modéliser la formation du revenu dans le modèle. On sait d’après la MCS que le
revenu du ménage est issu de la vente des facteurs de production qu’il détient. Ces derniers
tirent leur revenu de leur participation au processus de production. Ils reçoivent comme
revenu les coûts supportés par les activités pour les avoir employés. On désigné par hfYF , le
revenu du facteur f versé au ménage h , on a l’équation de formation du revenu factoriel :
. . ; ,hf hf f faa A
YF shry WF QF h H f F∈
= ∈ ∈∑ (5)
Le revenu d’un ménage est la somme des revenus factoriels qu’il détient. En notant par hYH
le revenu du ménage h , on a l’équation suivante :
; h hff F
YH YF h H∈
= ∈∑ (6)
Chaque ménage utilise son revenu et le consacre entièrement à la demande finale en biens
AGR-C et NAGR-C. Le ménage consacrera donc une part de son revenu à l’achat du bien .c
La demande du bien c par le ménage h notée chQH est formalisée comme suit :
( ). ; ,ch ch h cQH YH P c C h Hβ= ∈ ∈ (7)
24 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
Cette demande est dérivée à partir d’un programme de maximisation d’une fonction d’utilité
par le ménage sous la contrainte de leur budget. L’expression de la fonction d’utilité est de
type CD. Les différents biens sont demandés par les ménages aux prix qui équilibrent l’offre
et la demande. Les trois équations constituent les équations du bloc institutions.
25. Bloc système des contraintes. Dans la MCS présentée plus haut, nous avions vérifié un
certain nombre de conditions. En particulier, la MCS vérifie que l’équilibre sur les marchés
des facteurs et des biens est respecté. Nous devons décrire ces conditions d’équilibre sous
forme de contraintes dans le modèle. On doit donc exprimer l’équilibre sur le marché des
facteurs f et sur le marché des biens .c
Equilibre sur le marché des facteurs : Sur ces marchés, les facteurs sont supposés mobiles
entre les secteurs et disponibles en offre fixe .fqfs Le taux de salaire varie pour équilibrer la
demande à l’offre.
; fa ff F
QF qfs f F∈
= ∈∑ (8)
Equilibre sur le marché des biens :
; c chh H
Q QH c C∈
= ∈∑ (9)
Le modèle vérifie la loi de Walras. En d’autres termes, les conditions d’équilibre sur le
marché des biens sont fonctionnellement dépendantes. Une équation peut être éliminée du
modèle. Le modèle proposé élimine l’équation d’équilibre sur le marché du bien NAGR-C.
Le modèle est en outre homogène de degré zéro en prix. Cela a une implication importante
dans la modélisation et la compréhension de comment fonctionne un MEGC. Les équations
de prix dans le MEGC sont la plupart du temps des dérivés des équations de quantités qui sont
linéairement homogènes. Ainsi, les MECG sont des modèles qui sont homogènes de degré
zéro dans les prix. Ce qui veut dire qu’un doublement des prix du système n’a aucun impact
sur les quantités. Pour assurer qu’une solution unique existe, une équation de normalisation de
prix a été introduite dans le système de contrainte. Le modèle de base a retenu l’indice de prix
à la consommation CPI comme numéraire servant à la normalisation. Comme cet indice est
fixé, il est noté .cpi
Equation de normalisation :
.c cc C
cwts P cpi∈
=∑ (10)
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
25
Ces trois équations forment les équations du système de contraintes que le modèle doit
vérifié. Il est bon d’indiquer que les agents économiques individuels ne prennent pas en
compte ces différentes contraintes dans les programmes d’optimisation.
Statistique du modèle :
SYMBOLES NOMBRE
Equations du modèle 10
Variables endogènes du modèle 10
Variables exogènes du modèle 02
Paramètres du modèle 06
Le nombre d’équations endogènes est égal au nombre de variables endogènes. Le modèle est
consistant dans sa formulation. Une solution unique peut être obtenue. Les variables
endogènes sont exprimées en caractère majuscule. Les paramètres et les variables exogènes
sont eux exprimés en miniscule. Les variables exogènes du modèle sont : (i) l’offre de
facteur qui est fixée dans l’économie fqfs . Elle est déterminée hors du système des
équations car son niveau est fixé par des facteurs exogènes au modèle tels que le taux de
natalité, la migration, la qualité des facteurs etc… et (ii) l’indice des prix déterminé de
manière exogène au modèle et noté cpi .
25. Présentation du modèle standard IFPRI. La présentation du modèle regroupe les
différentes équations en quatre blocs : (i) Le bloc des prix, (ii) le bloc de production et de
commerce extérieur, (iii) le bloc des institutions et (iv) le bloc systèmes des contraintes. Dans
ce qui suit, nous examinons brièvement ces différents blocs sans présenter les équations7
:
• Le bloc production et commerce international. Dans ce premier bloc, la production
est réalisée par des producteurs (activités) qui sont supposés maximisés leurs profits sous la
contrainte de la technologie en considérant les prix comme des données. Autrement, ils
agissent exactement dans l’hypothèse de libre concurrence. La technologie de production du
modèle est représentée par un ensemble de fonctions emboîtées de type CES-Leontief. Le
profit est donc maximisé sous la contrainte de cette technologie dont la structure est la
suivante :
7 Voir Lofgren et al., (2003) pour une description détaillée des différents blocs du modèle sous forme.
26 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
Au premier niveau de cette structure emboîtée, la technologie est spécifiée comme une
fonction de type CES (une alternative serait de la spécifier suivant une fonction de type
Leontief). Cette spécification est préférable à la spécification de Leontief si l’analyste pense
que des évidences empiriques supportent l’hypothèse que pour les secteurs considérés, les
techniques utilisées permettent la substitution entre la valeur ajoutée et les inputs
intermédiaires. Au second niveau, la valeur ajoutée est modélisée comme une fonction CES
des facteurs primaires de production alors que l’agrégat inputs intermédiaires est une fonction
Leontief des inputs intermédiaires désagrégés.
Les différents biens produits par les différentes activités sont agrégés en des agrégats de biens
suivant une fonction d’agrégation de type CES. Ces agrégats de biens produits localement
font l’objet d’échange sur le marché ou de l’autoconsommation. Ces agrégats de biens
marchands sont destinés soit à l’exportation soit à la vente sur les marchés domestiques. Une
fonction de transformation de type CET de ces biens est utilisée pour représenter la capacité
des producteurs domestiques à transformer leurs productions en exportation. Les biens non
exportés et vendus sur les marchés domestiques sont combinés aux biens importés pour
constituer des biens composites demandés par la demande domestique (ménages,
gouvernement, demande d’investissement et la demande de biens intermédiaires). Une
fonction de type CES est supposée représenter la capacité de substitution locale des biens
importés aux biens domestiques vendus sur les marchés locaux. La structure d’allocation des
biens est présentée dans la figure suivante :
• Le bloc des prix. Ce bloc comprend un ensemble d’équations qui formalisent les liens
entre les différents prix du modèle. Au niveau de ce bloc prix, un système de prix décrivant
l’origine et la destination des biens est spécifié. Les prix supposés déterminés à l’intérieur du
système sont une fonction d’autres prix et de variables non prix. Ces équations de prix sont
supposées représenter le fonctionnement du système des prix de l’économie. Elles décrivent
les équations portants sur le prix à l’importation et à l’exportation, les prix des biens
domestiques échangés sur le marché domestique (le prix au producteur et le prix au
consommateur). En présence des coûts de transaction, ces deux prix sont différents. Des
facteurs de distorsion de prix sont introduits dans cette partie du modèle pour prendre en
compte les éléments de rigidités qui existent dans l’économie. Deux équations définissent
l’indice de prix au consommateur et au producteur. L’indice des prix au consommateur est
fixé de manière exogène et utilisé comme numéraire pour satisfaire à la condition
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
27
d’homogénéité de degré zéro dans les prix. En plus de ces équations, le modèle décrit les
équations relatives aux différents revenus et coûts des différentes activités du modèle. Compte
tenu de l’hypothèse de petit pays, le prix international des biens est supposé fixe et donné. Au
total, dix équations formes ce bloc.
• Le bloc des institutions. Le bloc des institutions domestiques (ménages, entreprises et
gouvernement) formalise la formation des revenus, des dépenses de consommation de chaque
institution, la demande d’investissement et les transferts entre institutions. Du côté ménages,
les taxes payés et les transferts aux autres institutions domestiques sont définis comme des
parts fixes du revenu des ménages tandis que la part de l’épargne dans leur revenu est flexible.
Le traitement des taxes et de l’épargne est intimement lié aux règles de fermetures
macroéconomiques (équilibre du gouvernement et de l’investissement et de l’épargne). Le
revenu restant est dépensé sur les biens de consommation. Les ménages maximisent leur
fonction d’utilité de type Klein-Rubin connue aussi sous le nom de Stone-Geary (Vargas et
al., 200 ?). Les fonctions de demande suivent donc le système de demande de type LES. Ce
système permet la prise en compte de la consommation de subsistance et respecte les
différentes restrictions imposées par la théorie économique. Le gouvernement collecte des
taxes et reçoit des transferts d’autres institutions. Toutes les taxes sont exprimées comme des
taux de taxe ad valorem fixes. La consommation gouvernementale est fixée en terme réel
(quantité) tandis que les transferts sont indexés à l’indice de prix à la consommation.
• Le bloc du système des contraintes. La convergence du modèle (l’existence d’une
solution unique) requiert qu’un ensemble de contraintes soient imposées. Celles-ci sont
nécessaires au regard du fait que les programmes d’optimisation des agents économiques sont
différents. Pour obtenir l’équilibre simultané sur l’ensemble des marchés, il faut assurer une
cohérence entre ces différents programmes d’optimisations. Pour assurer cette cohérence, et
donc l’équilibre de l’ensemble des marchés, le système doit respecter un ensemble de règles
macroéconomiques (Piet, 2005).
Le bloc des contraintes impose l’égalité entre la demande et l’offre des facteurs, entre la
demande et l’offre des biens, l’équilibre gouvernemental impose l’égalité entre les revenus
courants et la somme des dépenses et épargnes courantes et l’équilibre du compte courant
extérieur exprimé en monnaie étrangère impose l’égalité entre les dépenses et les revenus en
monnaie étrangère du gouvernement. Pour respecter ces contraintes, des fermetures
28 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
macroéconomiques sont imposées à chaque équilibre. Les fermetures néoclassiques sont
adoptées dans ce travail8
: (i) Marché du travail. Les mécanismes pour équilibrer l’offre et la
demande peuvent être choisis en se basant sur le fonctionnement de l’économie du Burkina.
Mais comme indiqué plus haut, l’optique néoclassique est privilégiée. La fermeture
néoclassique suppose le plein emploi. Par conséquent, la quantité offerte de chaque facteur est
fixée à un niveau observé de plein emploi. C’est donc le taux de salaire de l’économie qui
varie pour équilibrer la demande et l’offre. Ce taux de salaire est égal au taux de salaire de
l’économie plus un facteur de distorsion spécifique au secteur (taux de salaire spécifique). Ce
taux de salaire spécifique est fixe ; (ii) Marché des biens. Les variables d’ajustement sont les
quantités d’offre d’importation pour le côté importation et les prix de demande et d’offre
domestiques pour les biens échangés sur les marchés domestiques ; (iii) Le reste du monde.
Comme les termes d’échange sont déterminants dans les transactions, on suppose que le taux
de change réel varie pour équilibrer le compte extérieur. Le taux de change réel sert donc de
variable d’ajustement. Ainsi, toutes les variables sont fixes sauf les importations et les
exportations. L’épargne étrangère est exogène et fixe dans cette situation et le déficit extérieur
est fixe ; (iv) Le compte gouvernement. Nous supposons que les taux de taux sont fixes pour
les institutions domestiques non gouvernementales. Par conséquent, la variable d’ajustement
est l’épargne gouvernementale ; (v) L’équilibre du compte Epargne-Investissement. Dans
le modèle de base, il est supposé que la propension marginale à épargner de l’institution
domestique non gouvernementale s’ajuste d’un taux uniforme. Ce qui fait que
l’investissement est déterminé par l’épargne totale disponible dans l’économie. En général,
les fermetures où l’investissement est expliqué par l’épargne supposent que les chocs sur
l’absorption totale sont transmis totalement aux ménages tandis que dans le cas où l’épargne
est expliquée par l’investissement les chocs sont transmis du côté de l’investissement.
Conclusion. Ce premier document technique de l’unité d’analyse de politiques a jeté les
bases d’une modélisation en EGC. D’autres documents seront consacrés à développement du
modèle simple de ce papier et à son application dans le logiciel GAMS. L’effort sera
poursuivi pour mettre à la disposition des cadres des ministères des outils techniques qu’ils
pourront appliquer facilement dans le cadre de l’analyse des politiques du pays. Le lecteur est
8 Pour un traitement complet des différents types de fermetures, voir Lofgren et al, (2003) et Décaluwé et al. , (2001).
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
29
invité à faire parvenir auprès de l’unité de coordination, les questions, suggestions utiles pour
le développement des outils techniques.
Références bibliographiques
Adelman et Robinson (1979), «Income Distribution Policy: A Computable General Equilibrium Model of South Korea», in Adelman, I, The selected essays of Irma Adelman. Vol. 1. Dynamics and Income Distribution. Economists of the 20th Century Series. Aldershot, U.K., pp.256-89. Décaluwé B. J.-C. Dumont and L. Savard (1999). “How to measure poverty and inequality in general equilibrium framework”, CREFA Working Paper, Université Laval, 1999, No 99-20, Québec. Décaluwé B., A. Martens and L. Savard (2001). La politique économique du développement et les modèles d’équilibre général calculable, Presses de l’Université de Montréal, Montreal, Canada. Dervis K, J. de Melo and S. Robinson (1982). General Equilibrium Models for Development Policy, Cambridge University Press, London, U.K. Gillig Dhazn et Bruce A. McCarl (2002). ‘‘Notes on Formulating and Solving Computable General Equilibrium Models within GAMS’’, Draft http://debreu.colorado.edu/mainpage/mpsge.htm
INRA (1998). L’analyse des politiques agricoles en équilibre général : L’exemple du modèle d’équilibre général de l’agriculture et de l’agro-alimentaire français (MEGAAF). INERA, N0.4 Novembre 1998. Lofgren, H., R. L. Harris, S. Robinson, M. Thomas, and M. El-Said (2001). “A Standard computable general equilibrium (CGE) model in GAMS’’, International Food Policy Research Institute: Trade and Macroeconomics Division Discussion Paper N0.75, May, Washington, D.C.
Lofgren, H., R. L. Harris, S. Robinson, M. Thomas, and M. El-Said (2003). “Exercices in
general equilibrium modeling using GAMS’’, International Food Policy Research Institute:
Microcomputers in policy research 4a, IFPRI ; Washington DC.
Markusen James R. (2002). Lecture note: ‘‘General-Equilibrium Modeling using GAMS and MPS/GE: Some Basics’’ Boulder
PROVIDE (2003). “The PROVIDE Project Standard Computable General Equilibrium
Model.” PROVIDE Technical Paper, TP2003:3, September 2003
30 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
PROVIDE (2003) ‘‘Functional forms used in CGE models Modelling production and
commodity flows’’ Bacground paper series, Background paper 2003:5
http://www.wcape.agric.za/provide/documents/BP2003_5%20Functional%20forms.pdf.
Annexe. Les paramètres et les variables du modèle simple 2*2*2*2. Paramètres du modèle ada paramètre d’efficience de la fonction de production pour l’activité ; a
cpi indice de prix au consommateur (CPI) ;
cwtsc poids du bien dans l’indice CPI ; c
shryhf part du revenu du ménage dans le revenu du facteur hf ;
qfsf offre du facteur f ;
αfa part du facteur f dans la valeur ajoutée de l’activité ; a
βch part dans les dépenses de consommation du ménage du bien ; hc
θac rendement de l’output c par unité d’activité . a
Variables du modèle
Pc Prix de marché du bien ; c
PAα prix de l’activité a ;
Qc niveau de l’output du bien c ;
QAa niveau de l’activité a ;
QFfa demande de facteur f par l’activité a ;
QHch consommation du bien par le ménage ; ch
YFhf revenu du ménage h relatif au facteur f ;
WFf prix du facteur f ;
YHh revenu du ménage h.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
31
Deuxième partie :
Rapport technique de l’équipe MEGC
32 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
Ce document constitue le rapport relatif à la collecte de données sur les différents paramètres
libres du modèle standard de l’IFPRI et la présentation des types de problèmes rencontrés
avec les solutions pour faire tourner le modèle standard de l’IFPRI. Les autres paramètres ne
sont pas inclus car ils sont directement déterminés à partir des programmes de calcul sous
GAMS et des données de la MCS 2000. La structure du rapport comprend deux parties : les
élasticités libres et les modifications dans le modèle IFPRI.
Les élasticités libres collectées dans le cadre de l’application du modèle standard de l’IFPRI
au contexte du Burkina sont de trois types : (i) les élasticités du commerce extérieur ; (ii) les
élasticités de production, et, (iii) les élasticités de consommation. En l’absence d’estimations
disponibles de ces paramètres pour le Burkina, l’équipe les a empruntés aux travaux effectués
sur le Burkina et dans d’autres pays en développement. Pour le choix des valeurs des
paramètres, l’équipe s’est beaucoup focalisée sur les travaux effectués sur le Burkina.
II.1. Les élasticités libres
II.1.1. Les élasticités du commerce extérieur
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
33
L’approche de modélisation en EGC considère deux types d’élasticités du commerce
extérieur : (i) l’élasticité de substitution entre les importations et la production domestique
dans la demande domestique (demande locale) et (ii) l’élasticité de transformation entre les
exportations et l’offre domestique.
La première élasticité (de substitution) traduit la prise en compte dans les MEGC de
l’hypothèse d’Argminton de substitution imparfaite entre les biens de qualités différentes et
d’origines géographiques différentes. L’élasticité de transformation rend compte de la
capacité des producteurs locaux à transformer leurs productions en exportations. Cette
élasticité peut donc être modulée suivant la politique gouvernementale en matière de soutien
ou de promotion à l’exportation.
Pour le choix de la valeur de l’élasticité de substitution d’Argminton, l’équipe a considéré
deux valeurs extrêmes. La valeur extrême inférieure provient de l’étude de Colange et Plane
(1996) sur la Côte d’Ivoire en présence de chocs extrêmes. Ils ont utilisé la valeur de 0.5 dans
leurs travaux. La valeur extrême supérieure provient de de Janvry et al., (1995) et des travaux
de l’IFPRI sur le Zimbabwe qui donnent une valeur de 3. Le choix de la valeur pour le présent
travail a considéré uniquement la distance moyenne entre les deux bornes, c'est-à-dire la
valeur de (0.5+3)/2=1.75. Pour le choix de l’élasticité de transformation CET, on a retenu la
valeur moyenne de l’élasticité CET utilisée par Nabil et al., (2002) dans les travaux sur les
pays en développement. La valeur retenue pour cette élasticité est donc de (1.5 / 2) = 0.75.
Cette valeur se justifie par le fait que l’économie du Burkina comporte des rigidités si bien
que la capacité des producteurs locaux à transformer leurs productions en exportations est
beaucoup plus faible. Nous avions considéré par hypothèse que ces rigidités affectaient de la
même manière tous les producteurs des différents secteurs. Aussi, une valeur uniforme a été
retenue pour tous les secteurs. C’est la même démarche qui a été adoptée pour la valeur de
l’élasticité de substitution. Les travaux du MIMAP sur le Burkina ont adopté la même
démarche.
II.1.2. Les élasticités de production
Dans la tradition de modélisation en EGC, la technologie utilisée est de type emboîtée à
plusieurs niveaux. Dans le modèle standard, la technologie est emboîtée à deux niveaux : (i)
un niveau inférieur qui détermine la valeur ajoutée et modélisé à travers la technologie CES et
(ii) un niveau supérieur qui détermine la production et modélisé comme une technologie de
type CES également. Avec ces deux niveaux, il faut rechercher la valeur de trois élasticités
différentes : (i) l’élasticité de substitution entre facteurs primaires ; (ii) l’élasticité de
34 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
substitution entre facteurs primaires composites et inputs intermédiaires composites et enfin
(iii) l’élasticité d’agrégation des différents produits issus des activités de production. La
première élasticité provient du niveau inférieur de la technologie et les deux autres sont issues
du niveau supérieur de la technologie.
Au niveau inférieur, nous adoptons l’hypothèse de la plupart des études en EGC, que les
facteurs primaires utilisés dans le processus de production sont substituables. Mais cette
substitution est constante. Cela donne lieu à des élasticités de substitution constante entre
facteurs primaires dans la détermination de la valeur ajoutée. Cette valeur a été empruntée aux
travaux du MIMAP sur le Burkina (voir ZERBO et al., 2002). Nous faisons l’hypothèse que
cette valeur est uniforme comme exactement dans les travaux du MIMAP (voir ZERBO et al.,
2002).
Au niveau supérieur, nous adoptons l’hypothèse que la substitution existe entre les facteurs
primaires composites et les inputs intermédiaires composites. C’est l’hypothèse adoptée
également dans les travaux de l’IFPRI. Mais, ZERBO et al., (2002) ont considéré la
technologie Leontief. Dans notre présent travail, c’est la technologie CES qui combine les
facteurs primaires composites et les inputs intermédiaires composites pour déterminer la
production. Cela conduit à une élasticité de substitution constante entre ces deux types
d’agrégats. Les travaux de l’IFPRI suggèrent que cette démarche est la plus satisfaisante dans
les situations où cette substitution est possible. En général, la technologie Leontief est
restrictive, si bien que nous préférons suivrent la démarche des travaux de l’IFPRI. La valeur
de cette élasticité notée dans le modèle PRODELAS2 (A) est la valeur utilisée par les travaux
de l’IFPRI sur le Zimbabwé diminuée d’un quart de point. Ainsi, on a la valeur 0.4. Ce choix
s’explique par la rigidité de l’économie.
Une dernière élasticité de production est l’élasticité d’agrégation des produits. La
détermination de sa valeur suit la même logique que celle du paramètre PRODELAS2(A). La
valeur retenue est (ELASAC(C) =3. Cette valeur se justifie également par l’existence des
rigidités dans l’économie du pays.
II.1.3. Les élasticités de consommation
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
35
Cette section fournit l’information sur deux élasticités ; (i) l’élasticité-revenu de la demande
privée des différentes catégories de ménages considérées dans le modèle et (ii) l’élasticité de
l’utilité marginale du revenu par rapport au revenu (le paramètre de FRISCH).
Ces élasticités sont variées suivant le type de fonction d’utilité retenu pour modéliser la
demande privée des ménages. On peut utiliser C-D, Stone-Geary (système de dépenses
linéaires : LES) ou AIDS (système presque idéal de dépenses). Le C-D est restrictif. Le LES
permet de prendre en compte la consommation de subsistance. Le modèle AIDS améliore les
deux approches mais est très gourmand en nombre de paramètres libres nécessaires pour
calibrer le modèle. Dans la revue de littérature sur le Burkina, aucun travail n’a été trouvé
utilisant le LES. Or c’est ce modèle qui est beaucoup utilisé dans les travaux de modélisation
en EGC. Seul le modèle AIDS a été appliqué dans des travaux de ménages mais non dans le
cadre des MEGC. Aussi, pour rester dans la tradition des études en EGC déjà réalisées au
Burkina, les élasticités issues du modèle LES ont été retenues. Cela est conforme aux
spécifications de la demande des ménages dans le modèle standard.
Ces élasticités sont fournies pour les différentes catégories de produits. Les valeurs retenues
sont celles utilisées dans les travaux du MIMAP (voir ZERBO et al., 2002).
Description des paramètres
1. Les paramètres de transformation des élasticités (agrégation, Argminton et
transformation).
• rhoac : L’exposant de la fonction d’agrégation du bien domestique
• rhoq : L’exposant de la fonction d’Argminton
• rhot : L’exposant de la fonction CET
2. Les paramètres de part des fonctions Argminton et CET
• deltaq : paramètre de part pour la fonction Argminton
• deltat : paramètre de part pour la CET
3. Les paramètres de déplacement des fonctions (agrégation, Argminton et CET).
• alphaac : Le paramètre de déplacement de la fonction agrégation
• alphaq : Le paramètre de déplacement de fonction Argminton
• alphat: Le paramètre de déplacement de la fonction CET
36 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
II.2. Les modifications dans le modèle
II.2.1. Etat des lieux
L’adaptation du Modèle d’Equilibre Générale Calculable (MEGC) de type IFPRI à
l’économie burkinabè s’est fait sur trois niveaux. La première se situe au niveau de la Matrice
de Comptabilité Sociale (MCS). Elle a consisté à adapter plus ou moins le format de la
matrice nationale à celle d’IFPRI. La seconde intervention a lieu au niveau du modèle
Mod101. Il a fallu supprimer certaines conditions pour lesquelles le modèle ne tournait pas.
La dernière et troisième intervention s’est effectuée au niveau du fichier simulation Sim101.
A ce niveau, les clôtures macro-économiques sont choisies de telles sortes qu’elles reflètent la
structure de l’économie nationale
II.2.2. Adaptation du format de la MCS
La matrice qui a servi de base empirique au modèle d’équilibre général calculable du Burkina
Faso, est une matrice de 2000. Pour des besoins de modélisation, la matrice initiale de
l’équipe MCS a été modifiée. Les apports de l’équipe MEGC à ce niveau sont les suivants :
• La matrice initiale est agrégée au niveau des comptes activités de production à 11
comptes. Cette agrégation a pour but de mettre en valeur des secteurs jugés importants pour
l’économie mais aussi parce que l’économie burkinabè est constituée de petits secteurs. Pour
avoir des résultats intéressant sur le plan de la modélisation, il fallait procéder à des
regroupements.
• Les subventions initialement en colonne sont ramenées en ligne. Nous sommes partis de
l’hypothèse que les secteurs d’activité payent nettes des impôts à l’Etat. Cet ajustement était
nécessaire puisque le modèle en calculant le PIB d’une part par les valeurs ajoutées et
d’autres part par l’absorption, aboutissait à des résultats différents. La différence entre les
résultats des deux méthodes correspondait à la valeur des subventions
• La désagrégation plus détaillée du compte de l’Etat. L’absence des différentes taxes dans
• la matrice initiale aboutissait à un résultat selon laquelle on se trouvait dans une économie
où il n’ y avait pas de perception fiscale. Pour remédier à cela, nous avions ajouté à la matrice
cinq types de taxes (voire le tableau II.3 ci-dessous) en utilisant le Tableau des Opérations
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
37
Financières de l’Etat (TOFE)9
Après les modifications effectuées, la structure de MCS est retenue est présentée dans les
trois tableaux ci-dessous.
de 2000 et le Tableau des Ressources-Emplois agricole de
2000. Ce dernier a servi de clé de répartition pour ventiler les valeurs agrégées du TOFE.
Dans cette désagrégation du compte de l’Etat suivant le TOFE, on observe des différences
entre les valeurs actuelles et celles de la matrice initiale. Dans le souci de se conformer aux
données nationales, les valeurs du TOFE sont retenues pour ajuster la matrice. Les définitions
relatives aux différentes taxes sont inscrites dans le tableau II.3.
Tableau II.4 : Branches d’activités et les biens et services
AAGEX Agriculture de rente CAGEX Produits de l'agriculture de rente
AAMAR Agriculture maraîchage CAMAR Produits maraîchers
AAGFO Agriculture vivrière CAGFO Produits de l'agriculture vivrière
AAGOT Autres agriculture CAGOT Produits des autres agricultureABOV Elevage des bovins CBOV BovinsACATF Autres élevage CCATF Produits des autres types d'élevageAMINE Mines CMINE MinesAABAT Abatage CABAT Produits de l'abatageANAFO Industries agro-alimentaire CNAFO Produits des industries agro-alimentaireANAOI Autes industries non alimentaire CNAOI Produits des autres inductries non alimentaireANASE Services CNASE Services
Branches d'activités Biens et Services
Tableau II.5 : Facteurs de production
LABAGR Travail agricoleLABNAGR Travail non-agricole
MOF Main d-oeuvre familialeCAPSH capital agricole
CAPLSC capital non-agricole
Facteurs de production
Tableau II.6 : Les institutions et le compte accumulation
9 Le TOFE utilisée est élaboré par le SP/PPF du ministère des finances et du budget
38 Module EASYPol 115 Ressources complémentaires
HLSLOWMénages ruraux pauvres ENTR Entreprises YTAX
Taxes directes sur les revenus des ménages ROW
Reste du monde S-I
épargne-investissement
HLSUPPMénages ruraux non-pauvres ATAX
Taxes indirectes sur les revenus des activités
HURBLOWMénages urbains pauvres TAR
TVA et autres taxes sur les produits
HURBUPPMénages urbains non-pauvres ITAX Taxes sur les importations
ETAX Taxes sur les exportations
GOVCompte courant du gouvernement
AccumulationEntreprises Etat
InstitutionsReste du mondeMénages
II. 2.3. Adaptation du modèle Mod101
Deux types de problèmes ont été rencontrés à ce niveau. D’une part des problèmes de
calibrations de paramètres et d’autre part des problèmes liés au solver.
Le premier type de problèmes est résolu par la suppression de certaines conditions que la
matrice ne satisfait pas dans le fichier diagnostic. Cette suppression n’affecte en aucun cas les
résultats des simulations. Elle est nécessaire pour faire tourner le modèle. Il s’agit ici des
erreurs de calibrage de certains paramètres que le modèle calcul. Ces erreurs se matérialisent
le plus souvent par des divisions par zéro.
En ce qui concerne le type de problèmes liés au solver, le modèle donne le choix entre deux
types de solver, le MCP (problème à complémentarité mixte) et le NLP (programmation non
linéaire). La différence entre ces deux solver vient du faite que le MCP résout des
problématiques où il n’ y a pas de fonction objective contrairement au NLP qui part de
l’hypothèse qu’il y a une fonction objective qu’il faut maximiser sous des contraintes
données. Par défaut c’est le MCP qui est utilisé par le modèle. Le problème auquel nous nous
sommes confrontés est qu’en exécutait le modèle, on se rendait compte que le statut de la
compilation était incomplet. Ceci ne permettait pas d’avoir tous les résultats. Cette erreur
était due au faite que le MCP soit défini par défaut sur PATH, solver pour lequel la version du
gams utilisée n’a pas de licence. C’est ainsi que nous avions définis le MCP sur un autre type.
Le choix a été pour MILES.
II.2.4. Adaptation du modèle Sim101
Le modèle présente trois types de clôtures macroéconomiques. Les clôtures, encore appelés
fermetures sont des conditions d’équilibre macroéconomique que le constructeur du MEGC
se fixe. Ceci se réalise en tenant compte de la structure de l’économie locale.
Rapport technique du modèle d'équilibre général calculable
39
La première fermeture est appelée numéraire. Le numéraire est un prix étalon par rapport
auquel tous les autres prix sont exprimés. Ce choix n’est pas fortuit et peut affecter les
résultats. Il convient alors de garder à l’esprit que les variations des prix constatés après les
simulations sont en termes de numéraires. Dans notre modèle, le numéraire est défini à partir
à partir de l’Indice de Prix à la Consommation (CPI), et l’Indice de Prix à la Production
(DPI). Pour nos simulations, nous adoptons la fermeture selon laquelle, les prix du système
sont définis à partir à l’indice de prix. Ce dernier a fait l’objet de calcul dans les structures
statistiques nationales telle que l’Institut Nationale de Statistique et de Démographie.
La deuxième fermeture est celle de l’Epargne-Investissement. A ce niveau, la fermeture dite
de type néo-classique est choisie. Elle stipule que l’investissement total égalise l’épargne. Ce
choix peut être revu puisqu’en se référant aux politiques actuelles nationales, L’Etat a
tendance à maintenir son épargne budgétaire. On pouvait procéder dans le modèle par fixer
l’investissement de l’Etat mais ceci demande une investigation dans le modèle puisque la
condition d’équilibre de l’investissement et de l’épargne prendra une autre forme.
La troisième fermeture est le bouclage du reste du monde. Cette fermeture détermine l’égalité
entre les ressources (somme des importations et des transferts) et les emplois (somme des
exportations et des transferts). Deux variables sont généralement utilisées. Il s’agit du taux
d’échange et la capacité de financement (l’épargne). Le choix ici a été pour le bouclage avec
le taux de change. Comme le franc CFA est fixe par rapport à l’euro et l’euro est flexible par
rapport au dollar, la fermeture selon laquelle le taux de change est flexible et l’épargne fixe
est adoptée.
La dernière fermeture est celle de l’équilibre du gouvernement. On rappel qu’en dehors des
lois naturelles du marché, l’Etat à travers les niveaux de taux de la TVA et de subvention,
intervient dans la séquence de formation de prix. Le modèle offre trois types de fermeture.
Vu le contexte économique qui est celle de l’Union Economiques et Monétaires Ouest
Africaines (UEMOA), dans lequel l’économie nationale s’inscrit, la fermeture selon laquelle
l’épargne est flexible et le taux des taxes fixes est adoptée.