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# 11 L’ ISR WAY BY SYCOMORE ASSET MANAGEMENT SYCOMORE-AM.COM LA TECH

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SYCOMORE-AM.COMLA TECH

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PoUr UnE UTiLisATion rEsPonsABLE ET dUrABLE dEs TECHnoLogiEsBertille KNUCKEY | Gérante et Responsable de la recherche ESG

01L’ÉDITO | P.3

02 LA TRIBUNE | P.4

L’isr BY sYComorE05 LA LIBERTÉ DANS L’ENGAGEMENT | P.49

| P.8

04 LES TWEETS ISR | P.47

good in TECH / TECH For goodSabrina RitoSSA FERNANDEz | Analyste, spécialiste ESG

oFFRiR UN ENViRoNNEMENt DiGitAL PoSitiF PoUR toUS - Geert PAEMENDirectrice du Développement Durable & des indicateurs de Performance Extra-Financiers de telefónica | P.19

AU CARREFoUR DU BiG DAtA Et DES DRoitS DE L’HoMME - Sabrina RAUChercheuse senior au sein du projet Human Rights, Big Data & technology de l’université d’Essex | P.25

iNCARNER UN NUMERiQUE DE CoNFiANCE - Jean-Noël DE GALzAiNPrésident de WALLiX Group | P.31

LA CoNtRiBUtioN ENViRoNNEMENtALE DE LA tECH - Anne-Claire ABADiE | Gérante, spécialiste environnement | P.37

ACCoMPAGNER LA NoUVELLE GENERAtioN D’ENtREPRENEURS RESPoNSABLES DE LA tECH - Alice ALBizzAti & Elina BERREBiAssociées fondatrices de GAiA Capital Partners | P.42

Liberté, santé, environnement : LEs Trois LimiTEs dE LA HigH-TECHET si j’invEsTissAis dAns LA Low-TECH ?Jean-Guillaume PÉLADAN | Directeur de la Stratégie Environnement

03 À LA DÉCOUVERTE DE L’ISR

06 SYCOMORE ASSET MANAGEMENT | P.60

07 LES PLUS | P.62

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Nous avons tous une idée de ce qu'estla « tech ». D'ailleurs, Google référence plus dedeux milliards d'occurrences du terme. Mais de lavoiture autonome aux applications dans nos smart-phones, en passant par le reciblage publicitaire enligne ou encore les antennes relais et les data cen-ters, la réalité de ce secteur est protéiforme.Chaque technologie est soumise à diverses forcesen fonction des territoires dans lesquels elle est uti-lisée, du public auquel elle s'adresse, voire dessources d'énergie qui l’alimentent.

Cette ISR Way s'adresse en premier lieu aux inves-tisseurs. Comment différencier les technologiesresponsables et durables des autres ? Dans lespages suivantes, vous découvrirez les pistes de ré-flexion qui nous ont fait avancer dans notre ana-lyse, ainsi que les auteurs et ressources faisantautorité en matière de technologie responsable.

Qu’il s’agisse de gouvernance, de culture d'entre-prise, d'algorithmes, de robotisation, de surveil-lance généralisée, de manipulation d'opinion, de

cybersécurité, de protection de la vie privée ou deliberté d'expression, ces questions sont centralesaux enjeux que soulève le monde de la « tech ».

Les témoignages de Geert Paemen chez Telefónica,de Jean-Noël de Galzain, Président de Wallix et deSabrina Rau, chercheuse au sein de l’université d’Es-sex illustrent, d’une part, la manière dont certainesentreprises se saisissent concrètement de ces sujetset révèlent, d’autre part, le chemin qu’il reste à par-courir pour assurer la protection et le respect desdroits humains à l’heure du numérique.

Mais comment repérer les entreprises qui offrent deréelles opportunités, créatrices de valeur durable ?A travers plusieurs exemples, nous vous livrons notreanalyse de la contribution environnementale et so-ciétale de différents modèles économiques ayantune forte composante technologique. Economie dupartage, éducation, santé, circularité : les entreprisesinnovantes qui, dès leur plus jeune âge, mettent latechnologie au service d'un développement durablene manquent pas mais encore faut-il pouvoir les iden-tifier. C’est la mission de Gaia Capital Partners, nouvellesociété de gestion de l’écosystème de Sycomore AM,dédiée à l'accompagnement de la nouvelle généra-tion d'entrepreneurs responsables dans le domainede la technologie et de l'innovation en Europe.

Excellente lecture à tous, en espérant que vous serezaussi fascinés que nous par ces sujets éminemmentpolitiques, économiques, financiers, sociaux et envi-ronnementaux !

PoUr UnEUTiLisATion

rEsPonsABLEET dUrABLE dEsTECHnoLogiEs

Bertille KNUCKEY | Gérante et Responsable de la recherche ESG

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Bertille KNUCKEY

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LiBErTé, sAnTé, EnvironnEmEnT :LEs Trois LimiTEs dE LA HigH-TECHET si j’invEsTissAis dAns LA Low-TECH ?

La « tech » fait rêver, elle incarne bien lesmiracles technologiques qui bercent notre imagi-naire depuis notre enfance. Est-ce nouveau ? « Pasdu tout » nous rappelle Philippe Bihouix1, auteurde « L’Âge des low tech » : nous sommes abreuvésde mythes technicistes et de contes de fées tech-nologiques depuis le XVIIe siècle jusqu’à atteindredepuis le XXe siècle des promesses inouïes d’abon-dance et de vie amplifiée et rallongée par des nuéesde techno-servants.

Où en sommes-nous aujourd’hui au siècle d’IronMan, où historiquement les pouvoirs de l’hommen’ont jamais été aussi proches de ceux d’un Dieu2 ?

“Jean-Guillaume PÉLADAN | Directeur de la Stratégie Environnement

1 Philippe Bihouix est l’auteur de « L’Âge des low tech – vers une civilisation techniquement soutenable » (Seuil, 2014) et de « Le bonheur était pour demain » (Seuil, 2019). il décrit en détail les limites de lapensée techniciste actuelle et les illusions des promesses technologiques. il propose de réfléchir à de nouvelles formes d’innovations. 2 Cf. la conclusion de « Sapiens, une brève histoire de l’humanité » (Albin Michel 2014) de Yuval Noah Harari.

couverture du magazine SocialterSpécial low-tech, 15 mai 2019

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La tEChNOLOGiE ESt UN OUtiL

Côté bon sens, rien n’a changé. Un outil n’est ni bon, ni mauvais, tout dépend de ce que nous en faisons et de commentnous l’utilisons. Nous savons que chaque outil technologique peut nous apporter le meilleur comme le pire. Unemasse dans la main droite de Michel-Ange et un poinçon dans sa main gauche lui ont permis de sculpter le David.Les mêmes outils dans les mains d’un tueur psychopathe donneront un autre résultat. La science nucléaire mène aussibien à l’électricité nucléaire décarbo-née qu’aux déchets nucléaires et à labombe atomique. Internet sert bienplus à télécharger des contenus por-nographiques qu’éducatifs.

Ce qui est nouveau est que nousdisposons désormais de plus derecul pour évaluer les effets desusages de la haute technologie. De ce côté, de nouveaux problèmes sont clairement apparus : addiction, « info-bésité », pollution numérique, pouvoir de nuisance des écrans sur l’état physique et psychologique, empreinteenvironnementale des technologies de l’information… il y a donc un sacré revers de la médaille.

nouS SavonS que chaque outil technologiquepeut nouS apporter le meilleur comme le pire.

L’ISR Way - La tech | 5

L’iLLUSiON dE La dématéRiaLiSatiON

L’empreinte carbone d’un e-mail varie de 0,3 g équi-valent CO2 pour un spam à 50 g équivalent CO2 pourun e-mail avec une pièce jointe, avec une moyenneà 4 g équivalent CO2

3. Est-ce beaucoup ? En fait, oui,car l’ensemble des services numériques consommaitdéjà 10% de l’électricité mondiale en 20144 et émetaujourd’hui plus de gaz à effet de serre que le trans-port aérien. La fabrication d’un ordinateur de 2 kg né-cessite 800 kg de matières premières et émet 124 kgd’équivalent CO2 sur les 169 kg émis sur l’ensemblede son cycle de vie5. L’ensemble des émissions degaz à effet de serre générées par le numérique sontpour 25 % dues aux centres de données, pour 28 %dues aux réseaux (infrastructures avec 45 millions de

serveurs, 800 millions de type routeurs, box...) et 47 %dues aux terminaux (9 milliards d’appareils, d’aprèsl’ADEME5). Et ceux qui espèrent que l’éco-participa-tion de 5 centimes d’euro qu’ils paient sur le prix deleur smartphone permet de le recycler intégralementsans dumping social ou environnemental, risquentd’être amèrement déçus en suivant les containerspleins de déchets électroniques qui partent enAfrique et en Asie… Bref, les solutions high-tech ap-portent leur lot de pollutions toujours plus « high »(jusque sur les orbites terrestres où 3 000 épaves desatellites forment la plus « high-tech » des déchargeshumaines) et augmentent notre dépendance à l’éner-gie, aux métaux et aux terres rares.

3 D’après « How bad are Bananas: the Carbon Footprintof Everything », Berners-Lee, 2010.4 Rapport de l’Agence internationale de l’Energie, « Moredata, less energy », 2014.5 Guide pratique, la face cachée du numérique, ADEME,édition novembre 2018.Source : lesnanaszerodechet.com

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LE PRéJUGé dE L’UtiLité

Mais revenons aux spams ou pourriels6, dommagecollatéral de l’ère numérique. Je ne sais pas pour vous,mais, de mon côté, je suis toujours plus inondé despams. Et malgré de nombreuses désinscriptions, pasmoyen d’arrêter le flux en collant une étiquette « stop-pub » sur la boîte-aux-lettres ! Me voici condamné àsubir cette pollution numérique et psychologiquecroissante en attendant que mes demandes de dés-inscription soient respectées et que le principe du pol-lueur payeur soit appliqué. Mais la high-tech n’est passeule en cause ici, il s’agit plutôt d’abus commercialboosté par la technologie.

Je prends donc un autre exemple : la voiture auto-nome devrait générer pour son fonctionnement desdizaines voire des centaines de Megaoctets de don-nées par seconde. Cela ferait 4 000 Go (1 Gigaoctet= 1 milliard d’octets) par jour7 ! L’ordre de grandeurfait frémir ! Et quid du poids et de la recyclabilité dece bijou bourré d’électronique et de capteurs… Celaest-il soutenable, donc souhaitable et in fine utile ?

L’avenir nous le dira. Enfin, grâce à la mondialisationdes systèmes d’information, les populations les pluspauvres ont accès aux images de la vie des ultra-richesentourés d’objets high-tech dernier cri : vecteur d’in-clusion ou d’exclusion ?

EChaNGE PaRt dE CERvEaU CONtRE SERviCESGRatUitS POLLUaNtS

Ce n’était qu’un clic, juste un petit clic, ce jour où j’aiaccepté aveuglément les 15 pages de conditiond’utilisation en anglais de cette application. Un petitclic aussi, quand j’ai préféré recevoir des publicitéssur mon smartphone plutôt de prendre la version

payante. Puis j’ai recommencé en-core et encore... Jean Tirole, prixNobel d’économie, nous avait pour-tant mis en garde : « on entend sou-vent dire que les plateformesdevraient payer pour les donnéesque nous leur fournissons. En pra-tique cependant, certaines le fonteffectivement, non sous la formed’un transfert financier mais sous laforme de services non-tarifés »8. Lesmodèles économiques de Face-book et autres GaFam9 sont baséssur les recettes publicitaires et no-tamment sur la publicité ciblée,personnalisée grâce aux donnéespersonnelles auxquelles nous leurdonnons accès. Sans vraiment le

vouloir, nous avons marchandisé notre « temps decerveau disponible », comme Patrick Le Lay, PDG deTF1, l’expliquait déjà en 2004. C’est le pacte softien10,version réelle et contemporaine du fantasmé pactefaustien du XVIe siècle. Finalement, nous acceptonsà la fois d’être manipulés et de polluer davantagepour payer moins cher : combien de temps ce pa-radigme tiendra ?

6 Un pourriel ou polluriel est une communication électronique non sollicitée. Les spams constituent la version la plus courante et représentent de 50% à 90% des messages échangés (selon les sources, par exemple56% en mars 2019 selon www.statista.com).7 Source : intel France et cela ferait pour 1 million de véhicules autonomes l’équivalent des échanges de données entre trois milliards de personnes connectées par leurs smartphones ou leurs tablettes.8 Dans l’« Economie du bien commun », PUF, 2016.9 Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.10 Comme software et comme Faust, selon l’expression de Gaspard Koenig, dans rapport « Mes data sont à moi », 2018.

« on entend Souvent dire que leS plateformeSdevraient payer pour leS donnéeS que nouS

leur fourniSSonS. en pratique cependant, certaineS le font effectivement, non SouS

la forme d’un tranSfert financier maiSSouS la forme de ServiceS non-tariféS »

Jean tirole,prix nobeL d’économie

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L’ISR Way - La tech | 7

QU’ESt-CE QUE La « LOw-tECh » ?

En réaction à cette gabegie, à l’obsolescence program-mée et à la pollution silencieuse de la high-tech, la «low-tech » est une notion assez récente qui rassemblel’ensemble des solutions techniques éco-conçues, peuconsommatrices de ressources et d’énergie, répara-bles et/ou recyclables11. Mini-ordinateur réparable auxplans disponibles en open-source, voiture légère low-tech increvable, slow food, slow cities, solutions localestestées par le Low-Tech Lab… Les exemples pullulentet beaucoup sont boostés par la démocratisation destechnologies de la communication, comme le partageentre voisins, les locations d’outils, la revente d’objetsd’occasion, le co-voiturage (avec Blablacar, et mêmeUber s’y est mis), les vélos partagés, les échanges delogements... En fait, nous sommes déjà entourés de so-lutions low-tech. Plus inclusives, plus résilientes, ellesrépondent aux défis de la transition écologique et so-lidaire et sont par construction plus alignées avec lesObjectifs de développement durable de l’ONU. Enbref, elles ont le vent en poupe dans les pays dévelop-pés et en développement et ce vent n’est pas prêt des’essouffler.

QUE FaiRE aUJOURd’hUi ?

Nous avons mis des décennies à réaliser les dangerspour notre santé et pour les écosystèmes du déve-loppement de l’industrie agroalimentaire, de l’agri-culture dite conventionnelle et de l’élevage industriel.Dans le monde entier, les industries agroalimentairesont réussi à faire augmenter le flux de nourriture in-géré par habitant, à grand renfort de publicités, desucres ajoutés et de « junk food » et in fine ils ontréussi à repousser les limites de nos estomacs et dugaspillage alimentaire. Résultats : il y a plus de per-sonnes en surpoids et d’obèses dans le monde quede personnes sous ou malnutries, et moins de la moi-tié des aliments produits est finalement ingérée.

La high-tech nous propose notamment de repousserles limites de notre cerveau et de notre existence àcoup d’assistance numérique et de réalité augmen-tée, en attendant la Réul, Réalité Ultime, imaginée parAlain Damasio dans sa dernière dystopie12. Beau pro-gramme, si nous gardons le contrôle de ce cerveauaugmenté et de ces capacités de super-héros, si nousn’y perdons pas notre santé mentale et si nousn’alourdissons pas l’addition pour les écosystèmes.Trois « si » (là encore c’est beaucoup), qui résumentles trois principales limites de la high-tech : la liberté,la santé et la planète. Goethe écrivait que « le géniec’est de durer », gardons donc à l’esprit ces trois li-mites avant d’investir dans la technologie, car beau-coup de solutions high-tech ne dureront pas. Et s’il ya bien un domaine où l’analyse des interactions avecles parties prenantes externes à l’entreprise — leclient, la société civile, la chaîne d’approvisionne-ment, les employés et l’environnement13 — est riched’enseignements, c’est bien celui-là.

En conclusion, avec la tech et le big data, il y a àboire et à manger… et à régurgiter aussi. L’investis-sement responsable y prend une dimension nou-velle, plus que jamais utile et au service d’uneperformance pérenne.

11 Voir notamment le hors-série de Socialter « L’Avenir sera Low-tech », Mai 2019.12 Dans « Les Furtifs » (La Volte, 2019), grâce à des lentilles et des oreillettes connectées, permet de voir une réalité personnalisée selon les désirs du client, offre réservée aux citoyens Premium.13 Parties prenantes analysées dans notre modèle SPiCE, cf. notre politique d’intégration ESG sur www.sycomore-am.com.

Source : oNU - 17 objectifs de Développement Durable

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La technologie que nous utilisons aujourd’hui a de quoidonner le vertige : il y a seulement quelques années, elleaurait été assimilable à de la science-fiction. La tech sedéveloppe à un rythme tellement effréné qu’il est difficilepour tout le monde – des autorités réglementaires auxutilisateurs – de rester au fait de ses dernières évolutions.

Au cœur de cette révolution, les algorithmes exploitentles données quasi-illimitées qui foisonnent autour denous grâce à la puissance informatique et à l’intelligenceartificielle (ia) et offrent des possibilités infinies pour l’en-semble des activités ou des interactions humaines.

S’approprier l’IA pour créer un meilleur avenir est unetâche à laquelle s’attellent de nombreux innovateurs à tra-vers le monde, qu’ils s’intéressent à l’identification de nou-velles méthodes de diagnostics pour les patients ou àl’amélioration de l’efficacité énergétique. Grâce à la tech-nologie, les limites existantes entre les individus et leursdésirs sont sans cesse repoussées : faire un achat, êtreentendus ou tout simplement communiquer. Certains re-groupent ces innovations technologiques « positives »sous le terme « tech for good ».

Malheureusement, il n’y a pas que du positif. Bien sou-vent, les nouvelles technologies — à l’instar des médi-caments — présentent des effets secondaires. Maiscontrairement à la plupart des médicaments, ces effetssecondaires ne sont pas toujours clairement exposéset sont détectés trop tard, si ce n’est pas du tout.

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Sabrina RitoSSA FERNANDEz | Analyste, spécialiste ESG

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Alors que le statut de citoyen numérique est devenuincontournable pour la plupart d’entre nous, il estimportant de prendre en compte l’importance durespect des droits de l’homme dans l’univers digital.

Si tous les secteurs d’activité sontbouleversés par la technologie etque les entreprises se mobilisentpour capitaliser sur la puissance desdonnées et des algorithmes, les in-vestisseurs se doivent d’être vigi-lants sur les conditions de cetteadaptation. En tant qu’investisseursresponsables, nous estimons quecelle-ci ne doit pas se faire au détri-ment des usagers, des salariés ou de la société. As-surer la confidentialité et la sécurité des donnéesdes utilisateurs, développer l’automatisation d’unemanière responsable et inclusive, faciliter un accèséquitable à l’information sont autant d’enjeux asso-ciés au développement technologique.

Ces problématiques impactent les parties prenantesdes entreprises, mais également leur pérennité fi-nancière : les amendes liées au RGPD1 pour non-res-pect de la confidentialité et de la sécurité desdonnées peuvent représenter jusqu’à 4% du chiffred’affaires total d’une société ; le coût moyen de la cy-bercriminalité aujourd’hui s’élève à 13 millions de

dollars par entreprise et progresse encore2; l’incapa-cité d’une entreprise à prendre en compte lesrisques liés aux droits de l’homme peut faire coulerdes projets de développement commercial entiers(à l’image du projet Dragonfly3 de Google en Chine).

C’est pourquoi, pour nous investisseurs, il est impor-tant de bien appréhender les considérations liéesaux droits numériques lorsque nous finançons uneentreprise technologique, ou toute autre société quiutilise des données et des algorithmes.

Analyser l’impact de la technologie sur les diffé-rentes parties prenantes d’une entreprise peut ap-paraître comme complexe, mais il existe aujourd’huide nombreuses ressources sur lesquelles s’appuyer.

1 RGPD : Règlement Général sur la Protection des Données, voir page 152 Source : Etude réalisée par Accenture en 2019 sur le coût de la cybercriminalité. Lien : https://www.accenture.com/us-en/insights/security/cost-cybercrime-study3 Dragonfly est le nom d’un projet de Google visant à créer un moteur de recherche censuré adapté spécifiquement au marché chinois.

le coÛt du cybercrime augmenteSource : ACCENtURE - Étude du coût du cybercrime 2019

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ceS problématiqueS impactentleS partieS prenanteS deS entrepriSeS, maiS également leur pérennité financière

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dROitS NUméRiQUES :

QUELS OUtiLS Et RESSOURCES POUR LES iNvES-tiSSEURS ?

CORPORATE ACCOUNTABILITY INDEX DE RANKINGDIGITAL RIGHTS

En termes de classements et de ressources accessi-bles au grand public, le Corporate accountabilityindex est l’un des plus pointus. Cet indice est publiétous les ans par Ranking Digital Rights (RDR), unthink-tank travaillant avec un panel de chercheurs in-dépendants issus du monde universitaire, d’ONG etdu secteur privé.

L’indice RDR est un outil de normalisation permettantd’évaluer 24 des principales entreprises de la techno-logie de l’information et de la communication (TIC) auvu des engagements, politiques et pratiques qu’ellesdivulguent et qui impactent la liberté d’expression et laconfidentialité des données en ligne de leurs utilisa-teurs, partout dans le monde.4 L’indice note les entre-prises sur une échelle de 0 à 100 ; le score le plus élevé– de 62 sur 100 – attribué à Microsoft est révélateurquant au travail qu’il reste à accomplir, bien que cer-taines entreprises fassent des progrès à un rythme sou-tenu. a ce titre, telefónica incarne bien cette avancée :l’opérateur de télécommunications espagnol s’est hisséà la tête de son secteur dans le classement de cetteannée. Geert Paemen, directrice du développementdurable et des indicateurs de performance extra-finan-ciers de telefónica, revient sur le chemin parcouru parson entreprise en page 19 de cette lettre.

INVESTOR ALLIANCE ON HUMAN RIGHTS

Face à la complexité des problématiques soulevées,la collaboration entre les différentes parties pre-nantes est essentielle. Là-dessus, nous observonsque le secteur privé coopère de plus en plus avec lesONG et le monde universitaire. Citons par exemplele programme d’engagement lancé récemment parl’Investor Alliance on Human Rights (IAHR), alliance àlaquelle participe Sycomore AM. L’IAHR a été crééepar l’ICCR5 afin de proposer une plateforme d’actioncollective facilitant la mobilisation des investisseurssur des sujets liés aux droits de l’homme et au droitdu travail. Cette alliance se focalise actuellement surles droits numériques et a consulté des experts issusde la société civile pour renforcer ses connaissanceset son efficacité. Entre autres, le projet Human Rights,Big Data and Technology (HRBDT) piloté par l’Univer-sité d’Essex (Angleterre) a commencé à collaboreravec l’IAHR ; ses travaux sont présentés par SabrinaRau, Chercheuse Senior au sein du projet hRBdt,dans l’interview qui lui est consacrée en page 25.

ORGANISATIONS INTERNATIONALES

Le secteur public a également intensifié ses efforts etla Commission Européenne a publié un rapport enjuin 2019 formulant des recommandations en matièrede politiques et d’investissement destinées à assurerune IA de confiance6. En partant du principe que l’IAn’est pas une fin en soi, mais un outil pour optimiser lebien-être et la liberté des humains, le rapport préco-nise que l’Europe soutienne l’utilisation de l’IA à desfins de développement durable, en ligne avec

l’ia n’eSt paS une fin en Soi, maiS unoutil pour optimiSer le bien-être

et la liberté deS humainS

4 Source : Ranking Digital Rights. Lien : https://rankingdigitalrights.org/about/5 interfaith Centre on Corporate Responsibility: https://www.iccr.org/our-issues/human-rights/investor-alliance-human-rights6 Source : Commission Européenne. Lien : https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/news/policy-and-investment-recommendations-trustworthy-artificial-intelligence

Source : Ranking Digital Rights

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l’Agenda 2030 des Nations Unies (ONU) et en mesureson impact sociétal. Le rapport s’adresse directementaux investisseurs et les encourage à créer une coalitiond’investisseurs responsables en matière d’IA. La Commission Européenne n’est pas seule à aller dansce sens : à l’occasion de la conférence RightsCon (voirparagraphe suivant), l’ONU a lancé le B-tech Projectvisant à améliorer la qualité de la mise en œuvre desPrincipes directeurs des Nations Unies relatifs aux en-treprises et aux droits de l'homme dans l’univers de latechnologie7. L’OCdE a également lancé ses propresprincipes en mai 2019, afin de promouvoir une IA à lafois innovante, fiable, respectueuse des droits del’homme et de la démocratie8.

RIGHTSCON

La coopération en matière de respect des droits del’homme dans le domaine numérique n’est jamaisaussi renforcée qu’« off-line », lors de la conférence an-nuelle RightsCon. Depuis sa création en 2011, Rights-Con réunit des intervenants du monde entier afind’échanger sur les droits de l’homme à l’ère digitale.Ce rassemblement de quelques experts à ses débutsest devenu en moins de 10 ans un rendez-vous incon-tournable, réunissant près de 3000 participants en2019, y compris des représentants des géants de la

tech, du monde universitaire, d’ONG et de gouverne-ments. Le programme de l’édition 2019 s’est intéresséà 17 axes allant de la surveillance et la cybersécurité àl’impact de la technologie sur les Objectifs de Déve-loppement Durable (ODD)9. La participation de Syco-more am à RightsCon nous a permis de mesurer lataille de la communauté œuvrant pour assurer le res-pect des droits numériques et d’apprécier les effortsaccomplis par les entreprises de tech présentes, et no-tamment Facebook, Microsoft ou encore Google, touten relevant les principaux griefs tenus à leur encontredepuis les quatre coins du monde.

En effet, certaines décisions prises dans la Siliconvalley peuvent avoir des conséquences vitales dansdes zones très reculées, où les habitants ne peuventexprimer leurs réclamations qu’à des robots, dans lemeilleur des cas. Ce constat a été mis en évidencegrâce à la présence de représentants de communau-tés issues des cinq continents, ce qui a permis de ré-veiller les consciences sur l’urgence de remédier àces écueils.

EN PRATIQUE, QUELS SONt LES FaCtEURS à PRivi-LéGiER PaR LES iNvEStiSSEURS daNS LEUR aNa-LYSE dES RiSQUES Et dES OPPORtUNitéS Et daNSLa PROmOtiON dES mEiLLEURES PRatiQUES ?

7 Source : Haut-Commissariat de l’oNU sur les Droits de l’Homme. https://www.ohchr.org/EN/issues/Business/Pages/B-techProject.aspx8 Source : oCDE, « Principes de l’oCDE sur l’iA ». 9 Programme de la conférence RightsCon 2019 : https://www.rightscon.org/program/

pluS de 850 propoSitionS pour l'avenir deS droitS de l'hommeSource : RightsCon - Juin 2019 (850+ proposals shaping the future of human rights)

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GOUvERNaNCE Et CULtURE

Une bonne gouvernance et un suivi régulier sont es-sentiels pour que les entreprises puissent évaluer lesrisques encourus par leurs utilisateurs et limiter leséventuels dégâts. Un engagement clair, associé à unesurveillance renforcée, une évaluation des risques, uneimplication des parties prenantes et l’existence de mé-canismes de recours sont fondamentaux. Même les en-treprises dont les pratiques sont solides dans certainsdomaines, par exemple dans la confidentialité ou la sé-curité des données, peuvent être vulnérables sur d’au-tres types de risques pouvant impacter leursutilisateurs, si un suivi approprié et continu n’est pas as-suré. Google et Apple ont récemment été confrontésà l’un de ces cas de figure en Arabie Saoudite, où uneapplication gouvernementale, autorisant les hommesà interdire aux femmes sous leur tutelle de quitter lepays, a été téléchargée 4,2 millions de fois. Cette ap-plication, gérée par le Ministère de l’Intérieur de l’Ara-bie Saoudite, était disponible depuis le Google PlayStore et l’App Store. Elle a fait l’objet d’un examen in-ternational pour violation potentielle des droits del’homme et Apple et Google ont ainsi défrayé la chro-nique ; de nombreux activistes, personnalités poli-tiques et investisseurs ont en effet demandé aux géants

de la tech d’être plus attentifs à l’avenir quant à l’impactdes applications qu’ils proposent10. Celle-ci, par exem-ple, aurait dû faire l’objet d’une due-diligence rigou-reuse en matière de droits humains.

Par ailleurs, la collaboration entre parties prenantes estparticulièrement constructive car elle permet aux en-treprises de se doter d’une vision plus transversale à lafois de leurs risques mais aussi des solutions à disposi-tion pour atténuer ces derniers, et donc de s’inscriredans un cadre propice à une émulation positive. A titred’illustration, citons la Global Network initiative, dé-crite par Geert Paemen, directrice du développementdurable et des indicateurs de Performance Extra-Fi-nanciers de telefónica, en page 21.

In fine, tous les moyens mis en place par les entreprisesdevraient viser à développer une culture pérenne axéesur le respect proactif de la confidentialité, de la sécu-rité et des droits de l’homme au sens large. En effet, ledéploiement de processus de sécurité et de sûreté né-cessaires est beaucoup plus efficace et souhaitableque la rectification d’erreurs provoquées par des com-portements non-professionnels et dangereux. Face-book l’a d’ailleurs appris à ses dépens : son approcheréactive face aux problèmes de confidentialité desdonnées qui impactent la société depuis 2007 n’a faitqu’entraîner une série incessante de scandales etd’amendes, qui a atteint son apogée avec le dossierCambridge Analytica, qui s’est soldé par une amendede 5 milliards $ infligée par la Federal Trade Commis-sion aux Etats-Unis.

10 Source : the Washington Post. https://www.washingtonpost.com/technology/2019/02/12/human-rights-groups-call-apple-google-review-saudi-app-that-can-restrict-womens-travel/?noredirect=on&utm_term=.1279188ac3b8

Les bonnes pratiQUesdans La tecHoU good in tech

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OPaCité dES aLGORithmES

Les algorithmes sont partout. Alimentés par des quan-tités infinies de données, ils sont derrière les nouvellesque nous recevons, les publicités que nous visualisons,les informations qui nous sont accessibles et même lespersonnes avec lesquelles nous interagissons. Cesconfigurations complexes sont de plus en plus vouéesà prendre des décisions à la place des êtres humains,dans une quête d’efficacité sans limite. Malheureuse-ment, en tentant de reproduire le comportement etl’intelligence des êtres humains, les algorithmes héri-tent également de leurs biais ; régulièrement, il appa-raît que l’intelligence artificielle (ia) et les systèmesde « machine learning » apprennent en utilisant desdonnées biaisées11. Les GAFAs12, mais pas seulement,ont fait l’objet de fortes critiques en raison de l’utilisa-tion d’algorithmes excessivement biaisés, en matièrede reconnaissance faciale, de recommandations pourdes annonces immobilières, etc.

Il est crucial de prendreconscience des consé-quences négatives poten-tielles engendrées parune prise de décision au-tomatisée, car celle-ci im-pacte des domaines deplus en plus sensibles —comme le recrutement, lebien-être social et mêmele monde militaire : lerisque est d’automatisernon seulement les déci-sions, mais également lesinégalités. Les clivages so-ciaux préexistants pour-raient se voir encoredécuplés si tout – de la re-cherche d’un emploi à la

demande d’allocations chômage – dépend de l’ac-cès et de la maîtrise des plateformes numériques,comme le précise Virginia Eubanks dans son livre, «Automating Inequality »13.

Pour limiter ce paramètre, il est important de systéma-tiquement mener une évaluation d’impact sur lesdroits de l’homme, de l’étape de conceptualisation àcelle de la conception effective d’un algorithme,comme l’explique Sabrina Rau, Chercheuse Senior ausein du projet hRBdt en page 29.

Par ailleurs, lors de la conception d’un algorithme, cedernier doit être explicable, autrement dit il doit faireappel à des techniques fiables et facilement compré-hensibles par les êtres humains14, afin de proposer dessystèmes d’ia responsables dénués de zone d’ombre.La notion de responsabilité se doit d’être une préoc-cupation majeure des entreprises qui aspirent àconquérir la confiance de leurs utilisateurs à l’ère de

11 Source : “Artificial intelligence in Society”, oCDE, 2019. 12 Google, Apple, Facebook et Amazon.13 “Automating inequality: How High-tech tools Profile, Police and Punish the Poor” St Martin’s Press, Virginia Eubanks, 2018.14 Source : “Explainable Ai-Driving Business Value through greater understanding”, PwC, 2018.

Source : iBM® Watson™

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l’automatisation. Et pour cause, 67% des dirigeantsd’entreprise estiment que l’ia et l’automatisation au-ront un impact négatif sur la confiance de leurs partiesprenantes dans leur secteur au cours des cinq pro-chaines années15. La confiance des parties prenantesn’est pas l’unique enjeu puisqu’il a été établi que lesbiais liés à l’origine socio-culturelle ou au genre impac-tent les algorithmes de filtrage de candidats lors de re-crutements et de demandes de prêts, (entre autres), laconception d’un algorithme doit être aussi transpa-rente que possible, afin qu’il soit facile de détecter etde corriger ces biais et ainsi protéger les populationsles plus vulnérables de toute discrimination.

Certaines entreprises comme telefónica (cf. page 24),publient d’ailleurs leurs propres principes sur l’utilisa-tion responsable de l’intelligence artificielle, dontcelle des algorithmes.

ia Et EmPLOi

Si le sujet est loin de faire l’unanimité, l’automatisationgrâce aux algorithmes devrait fortement secouer lemarché du travail tel que nous le connaissons au-jourd’hui, en créant de nouveaux paradigmes –comme cela a déjà été le cas avec la « Gig Economy» qui a entraîné des licenciements massifs dans qua-siment tous les secteurs. Selon une étude de Bain &Company réalisée en 2018, l’automatisation pourraitéliminer entre 20% et 25% des emplois actuels d’ici2030, impactant en priorité les salaires moyens à fai-bles16. Face au vieillissement de la population, àl’adoption des nouvelles technologies d’automatisa-tion et à la hausse des inégalités, de nouveauxrisques et de nouvelles opportunités se dégagentpour les entreprises sur le long terme. Celles-ci doi-vent donc être conscientes de ces grandes ten-dances et limiter les externalités négatives qu’ellesgénèrent, dans une démarche responsable, maiségalement pour garantir la stabilité des sociétés sur

lesquelles se fonde leur prospérité. D’où la nécessitéd’investir sensiblement dans la formation continueet la montée en compétences de leurs collabora-teurs. L’innovation est également clé, car les modèleséconomiques futurs vont, de plus en plus, devoir pla-cer l’humain au cœur de leur stratégie afin de resterviables et inclusifs sur le long terme.

Michèle Debonneuil, économiste française, rêve deces modèles économiques « humano-centriques » oùles travailleurs ne seraient pas « externalisés » maisbien organisés et protégés au sein d’une entrepriseou d’une alliance. En 2016, elle a même commencéà travailler sur un projet avec le Crédit Mutuel, Allianzet Fnac-Darty visant à développer une solution pourles personnes âgées et se servant de produitsconnectés pour proposer des systèmes de surveil-lance ou d’assistance permettant de faciliter leur quo-tidien. Selon elle, ce type de modèles pourrait créer4 millions de nouveaux emplois protégés, rien qu’enFrance. Nous n’en sommes qu’aux prémices, mais lesenjeux pour l’emploi – au cœur de notre société –étant sans précédent, les entreprises doivent être en-couragées à faire preuve d’une créativité inédite…

15 Source : 20ème Sondage Annuel des Dirigeants d’Entreprise, PwC, 201716 Source : Bain & Company. https://www.bain.com/insights/labor-2030-the-collision-of-demographics-automation-and-inequality/

Source : Metamorworks - Crédits : Getty images/iStockphot

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CONFidENtiaLité dES dONNéES

La vie privée est un droit fondamental. Le droit inter-national relatif aux droits de l’homme apporte uncadre universel contre lequel toute interférence vis-à-vis des droits à la vie privée des individus doit êtremesurée17. Néanmoins, les violations de la vie privéen’ont jamais été aussi rentables. Comme l’a révélé lescandale Cambridge Analytica impliquant Facebook,les nombreuses plateformes au travers desquellesnous participons à la vie de la société menacent notredroit à la vie privée. L’enjeu prend de l’ampleur au furet à mesure que la puissance de cette intrusion col-lective devient elle-même de plus en plus évidente :au pire, les données peuvent être détournées et servirà manipuler des élections, à inciter à la perpétrationde génocides, à radicaliser certains internautes, dansl’idée que les estimations d’algorithmes génèrent da-vantage de « likes ». Ces exemples sont principale-ment relatifs à l’usage des réseaux sociaux, maisd’autres activités peuvent également être affectées :en juillet 2019, l’Autorité néerlandaise de Protectiondes Données a fait part de ses inquiétudes sur lesdonnées non-financières collectées par les banquesdu pays, allant de transactions pour des paiements

versés à des hôpitaux, à des pharmacies, à des casi-nos, à des sex clubs (etc.), et d’après lesquelles ils peu-vent déduire des informations sensibles18.

Les entreprises doivent comprendre l’importancedu respect de la vie privée comme un droit fonda-mental, au-delà du simple respect du RGPd, adop-ter de bonnes pratiques, comme notamment le «privacy by design » (évaluation des dispositions vi-sant à garantir la confidentialité des données dès lelancement d’un nouveau produit), minimiser la col-lecte de données en se limitant à celles strictementnécessaires à leur activité et permettre aux utilisa-teurs de contrôler au maximum les informationsqu’ils partagent. La transparence est également clé.Par exemple, les entreprises doivent être explicitessur le type d’informations qu’elles collectent, la rai-son de cette collecte, la durée de rétention et sur unpotentiel partage avec des tiers. Ces mesures ontpour objectif de solliciter un consentement valableet éclairé de la part de l’utilisateur. Comme l’ex-plique, Sabrina Rau Chercheuse Senior au sein duprojet hRBdt, dans son interview en page 28, la no-tion de consentement n’est pas toujours si simple.

17 Source : Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme. https://www.ohchr.org/en/issues/digitalage/pages/digitalageindex.aspx18 Source : Quartz. https://qz.com/1662833/dutch-data-regulator-criticizes-banks-use-of-payment-data-for-ads/

QU’ESt-CE QUE LE RèGLEmENt GéNéRaL SUR La PROtECtiON dES dONNéES (RGPd) ?

Le RGPD est une série de réformes réglementaires développées par l’Union Européenne afin d’aider les consommateursà mieux contrôler l’utilisation de leurs données, tout en offrant plus de transparence à travers l’ensemble du processus decollecte et de traitement des informations. Le RGPD est entré en vigueur le 25 mai 2018 et toute violation peut coûter jusqu’à4% du chiffre d’affaires total d’une entreprise. Les principales exigences imposées aux entreprises sont les suivantes :

• Obtention du consentement : les conditions du consentement doivent être claires• Notification des violations aux clients dans un délai maximum de 72 heures• Octroi de droits aux utilisateurs sur leurs données : droit d’accès, droit à l’oubli, droit à la portabilité • Pratique du « privacy by design »• Nomination d’un Data Protection Officer (DPO)

Le RGPD s’applique à toute entité établie dans l’Espace Economique Européen (EEE) ou qui exploite les informations per-sonnelles de sujets au sein de l’EEE quel que soit son pays d’origine. Le RGPD est par ailleurs devenu une référence régle-mentaire dans ce domaine et inspire des législateurs à travers le monde à suivre son exemple, de l’Etat de Californie au Brésil.

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SéCURité

Les efforts les plus significatifs en vue de protéger lavie privée des utilisateurs sont rendus caduques si lessystèmes de sécurité sont inefficaces, comme cela aété le cas en 2017 lorsque des pirates informatiquesont dérobé les informations personnelles de 147,7millions d’américains auprès du fournisseur de don-nées de crédit Equifax. Cette violation a coûté aumoins 650 millions $ à la société19 et est devenue uncas particulièrement emblématique – les données vo-lées comprenaient les noms des clients, leur numérode sécurité sociale, leur date de naissance et leuradresse – d’autant que beaucoup de personnesconcernées ne s’étaient même jamais inscrites à ceservice de « credit score ». Cependant, l’ampleur de lamenace va bien au-delà des violations massives ponc-tuelles : chaque seconde, 12 personnes en ligne sonttouchées par la cybercriminalité et 63 sites web sontpiratés toutes les minutes20. Plus les entreprises sur-fent la nouvelle vague de la digitalisation, de l’Internetdes Objets et de l’externalisation des services, plus ildevient primordial de garantir une gestion robuste dela cybersécurité. Les enjeux sont de taille pour l’en-semble de la société : selon l’Agence européenne dela sécurité aérienne (AESA), les systèmes d’aviation ontété soumis à 1000 attaques par mois en moyenne,compromettant la confidentialité des données desclients mais également la sécurité des vols.

Les cyber-attaques menacent également les sys-tèmes d’alimentation électriques, sur lesquels quasi-ment toutes les fonctions de notre société sonttributaires, de la gestion de la circulation sur lesroutes à la santé : 50% des dirigeants d’entreprisesde services aux collectivités estiment que leurs payspourraient subir des coupures de courant en raisonde cyber-attaques dans les cinq années à venir21.Une étude réalisée par Atlantic Council et le GroupeZurich Insurance estime que les cyberattaques seules

pourraient coûter jusqu’à 90 trillions $ d’ici à 2030.S’il est quasiment impossible d’éliminer tous lesrisques liés à la cybersécurité, nous recommandonsaux entreprises de construire une cyber-résistance enréduisant et en transférant leurs risques. Ceci passepar la mise en place d’une structure organisationnellesolide et de moyens suffisants en termes de techno-logie, mais aussi de gestion des risques, ce qui n’estsouvent pas le cas : en 2018, la cybersécurité a repré-senté en moyenne 7% du budget informatique desentreprises, alors que les études estiment que lemontant idéal se situe plutôt entre 10% et 14%22. Lacyber assurance est également un outil puissant, carelle permet à une entreprise de transférer une partiede ses risques et l’incite à suivre sa performance enmatière de cybersécurité afin de réduire le coût deses primes d’assurance. Mais surtout, toutes ces me-sures sont inefficaces si elles ne sont pas associées àune culture de la sensibilisation à travers la formationdes équipes, comme l’explique Jean-Noël de Gal-zain, Président de la société de cybersécurité waLLiXen page 31. L’exemple de WALLIX révèle que la cy-bersécurité constitue une véritable opportunité, dansun marché qui devrait croître d’au moins 10% par anen 2021 et au-delà23.

19 Source : New York times. https://www.nytimes.com/2019/07/22/business/equifax-settlement.html20 Source : Société Générale Cross Asset Research/ESG21 Source : “outsmarting grid security threats”, Accenture, 201722 Source : Gartner, iBM, Cisco, Deloitte23 Source : Grand View Research. https://www.grandviewresearch.com/industry-analysis/cyber-security-market

Crédits : AH37 Hacker, Christian Backgrounds (63518993)

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LiBERté d’EXPRESSiONEt iNFLUENCE

Globalement, quelques plateformes Internet et des éco-systèmes mobiles sont devenus des gardiens puissantsvis-à-vis des discours publics et de l’accès aux informa-tions. Cependant, il leur manque souvent les outils desurveillance et d’évaluation des risques qui leur permet-traient d’identifier et de limiter la manière dont certainsacteurs peu scrupuleux utilisent leurs plateformes pourinciter à la violence ou pour manipuler l’opinion pu-blique. aujourd’hui, aux Etats-Unis, 31% de la popula-tion est exposée à des nouvelles totalement fictives aumoins une fois par semaine24. Un groupe de plus enplus important de chercheurs et d’universitaires a dé-montré comment ces problèmes sont amplifiés par laconception des produits et/ou des modèles écono-miques des entreprises. Aujourd’hui, l’expression en

ligne et l’accès à l’information de milliards de personnessont contrôlés par une poignée de sociétés qui profi-tent de l’engagement accru des utilisateurs sur leursplateformes. Cet engagement est alimenté par la quan-tité de contenus qu’ils hébergent et la précision de leursrecommandations de contenus sur la base des intérêtsavérés des internautes. Dans de nombreux cas, ces re-commandations séparent involontairement les utilisa-teurs dans des bulles filtrées ou dans des compar-timents idéologiques, où les points de vue divergentssont écartés, sans pour autant toujours proposer descontenus validés ou fiables. Ceci fragilise l’importancede la liberté d’expression comme droit humain fonda-mental, sur lequel repose, au final, la défense de tousles autres droits visant à lutter contre les abus de pou-voir politique et économique. Indirectement, il s’agitégalement d’un challenge pour l’intégrité et le respectde la diversité culturelle.

24 Source : Forbes. https://www.forbes.com/sites/niallmccarthy/2018/06/14/where-exposure-to-fake-news-is-highest-infographic/#3b6ee65d4a4d

cartographie de l’écoSyStèmedu piStage etdu profilage commercialSource : G.A.F.A.M. - Framablog

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Depuis que le public a compris l’ampleur et l’impactde cette problématique, de nombreuses mesuresont été prises par les grandes plateformes en ligne,notamment à travers des investissements massifs etplusieurs opérations de « ménage ». A lui tout seul,Facebook a effacé 3 milliards de faux comptes en2018 et en 201925. Malheureusement, le problèmeest encore loin d’être résolu : il reste profondémentancré dans les modèles économiques et les struc-tures incitatives de « l’économie de la surveillance», centrée sur l’attention et l’engagement des utili-sateurs.

Si les plateformes Internet luttent pour limiter lescontenus abusifs tout en cherchant à assurer la libertéd’expression, cette dernière devient un réel sujet d’in-quiétude dans les pays soumis à un contrôle gouver-nemental des médias et une très forte censure,comme notamment en Chine : les entreprises detechnologie chinoises – à l’instar du moteur de re-cherche Baidu et du réseau so-cial Tencent – bloquent lespublications et les pages fai-sant référence à Tian’anmenafin de respecter le règlementautoritaire appliqué à Internetdans l’Empire du Milieu, por-tant atteinte à des droits consi-dérés comme fondamentauxdans d’autres pays26.

Lors de l’examen d’entreprisesintervenant dans des régimesautoritaires, Sycomore AM cherche à comprendrel’ampleur de leurs contraintes vis-à-vis de la législa-tion locale, tout en s’assurant qu’elles font tout enleur pouvoir pour protéger les utilisateurs et leursdroits fondamentaux. Nous souhaitons que les en-

treprises soient aussi transparentes que possible surles données livrées au gouvernement et sur la cen-sure. Dans ces pays, nous privilégions également lessociétés qui minimisent les demandes d’identifica-tion des utilisateurs portant sur leur identité hors-ligne. Il est également important d’évaluer le levierdont disposent ces entreprises pour défendre « l’es-pace partagé »27, ou du moins leur capacité à proté-ger les droits fondamentaux de leurs utilisateurslorsque ces derniers sont menacés. Tinder s’est ré-cemment démarqué positivement dans ce domaineavec l’annonce d’une nouvelle fonctionnalité visantà protéger les utilisateurs LGBT+28 voyageant dansdes pays où ils pourraient être à risque. Cette fonc-tionnalité, appelée « Traveller Alert », a été conçuepour prévenir les membres de communauté LGBT+lorsqu’ils utilisent l’application de rencontres dansprès de 70 pays à travers le monde, où il existe en-core des lois discriminatoires à leur encontre.

25 Source : Facebook.26 Source : Human Rights Watch. https://www.hrw.org/report/2019/05/01/chinas-algorithms-repression/reverse-engineering-xinjiang-police-mass-surveillance27 L’espace partagé (ou Shared space) est un terme inventé par Bennet Freeman pour décrire la dépendance des acteurs de la société civile et des entreprises sur les mêmes cadres législatifs et réglementaires qui défi-nissent un espace partagé au sein duquel elles peuvent opérer, et qui est fondé sur des libertés civiques fondamentales, comme la liberté d’expression, d’association, d’information et de rassemblement.https://www.business-humanrights.org/sites/default/files/documents/Shared%20Space%20Under%20Pressure%20-%20Business%20Support%20for%20Civic%20Freedoms%20and%20Human%20Rights%20De-fenders_0.pdf28 LGBt+ : acronyme en anglais pour “Lesbian, Gay, Bisexual, and transgender” et + pour tous les autres.

malheureuSement, le problème eSt encore loind’être réSolu : il reSte profondément ancrédanS leS modèleS économiqueS et leS StructureSincitativeS de « l’économie de la Surveillance »,centrée Sur l’attention et l’engagementdeS utiliSateurS.

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intervieWoFFrir Un

EnvironnEmEnTdigiTALPosiTiF

PoUr ToUs

Geert PaemenDirectrice du Développement Durable

& des indicateurs de PerformanceExtra-Financiers de telefónica

Geert Paemen est Directrice du Développement Durable & des Indicateurs de PerformanceExtra-Financiers de Telefónica depuis 2015. Elle dirige aujourd’hui le Plan « Responsabilitéd’Entreprise » de la société, notamment sur ses principes commerciaux et sur la Confiance

Numérique (qui inclut les sujets de Confidentialité, de Sécurité, de Liberté d’Expression, d’Utilisation Ethiquede l’IA et d’Utilisation Responsable de la Technologie). Geert est avocate aux barreaux de Bruxelles et deMadrid et possède un MBA de l’Université de Chicago.

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Tous les ans, nous essayons d’améliorer l’informationque nous publions dans notre Rapport de Transpa-rence ainsi que la mise en œuvre des principes dela Global Network initiative (GNi) sur l’ensemble denotre périmètre d’activité.

Le Comité de direction a pris un rôle de plus en plusprépondérant dans la gestion des problématiquesde Responsabilité d’Entreprise au sein du Groupe.La gouvernance autour des droits de l’homme engénéral et notre stratégie de Protection de la Vie Pri-vée et de la Confidentialité, en particulier, assurentla prise en compte de ces enjeux dans toutes les dé-cisions importantes, lorsqu’il s’agit de nouveauxproduits & services, de nouvelles infrastructures in-formatiques ou du développement de logiciels.

Tous ces éléments ont eu un impact positif sur nosrelations avec nos clients et nos investisseurs : unetransparence accrue génère de la confiance et favo-rise les relations de long terme, tout en contribuantà renforcer nos procédures de gestion interne, degouvernance et de reporting.

CETTE ANNéE, TELEFóNICA S’EST HISSéE à LA PRE-MIèRE PLACE DU CLASSEMENT CORPORATE AC-COUNTABILITy INDEX, L’INDICE DE RéFéRENCEPERMETTANT D’éVALUER LES ENTREPRISES DUSECTEUR DE LA TECHNOLOGIE DE L’INFORMATIONET DE LA COMMUNICATION (TIC) EN MATIèRE DERESPECT DES DROITS NUMéRIQUES. QUELLES ME-SURES MISES EN œUVRE PAR TELEFóNICA VOUSONT PERMIS D’OBTENIR CE RéSULTAT ?

Cela fait plusieurs années que la Protection de la ViePrivée et la Confidentialité des Informations sont dessujets stratégiques clés pour Telefónica. Nous noussommes positionnés sur la transparence et lecontrôle des informations par les usagers bien avantl’entrée en vigueur du RGPd. En 2016, notre Prési-dent a publiquement défendu l’idée selon laquelleles clients doivent maîtriser les informations quenous détenons à leur sujet.1 Nous avons ainsi mis enplace une Politique de Confidentialité globale au ni-veau du Groupe, qui définit les normes de transpa-rence et de confidentialité sur l’ensemble de nosmarchés.

De plus, tous les quatre ans, nous effectuons desEvaluations d’impact sur les droits de l’hommeexhaustives. Ces études nous ont permis d’identifierdes enjeux critiques, comme la confidentialité, la sé-curité, le déploiement des réseaux ou l’usage res-ponsable de la technologie, et de gérer leursimpacts (en termes de risques et d’opportunités).Notre évaluation d’impact la plus récente, réaliséeen 2017, a mis en évidence le recours à l’intelligenceartificielle comme un facteur pouvant potentielle-ment impacter les droits de nos utilisateurs et clients; par conséquent et après consultation des partiesprenantes, à la fois internes et externes, nous avonsconçu et validé les Principes de telefónica sur l’ia etmettons actuellement en œuvre ces derniers au seinde nos processus.

1 https://www.expansion.com/economia-digital/companias/2016/09/05/57cd5d66ca4741d2668b462a.html

engagement du clientSource : telefónica, rapport consolidé 2018

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mené avec les organisations de défense des droitshumains.

La Global telco Security alliance est une alliancecréée par telefónica en 2018 aux côtés d’Etisalat,Singtel et Softbank. L’inclusion d’AT&T en 2019 ren-force la capacité de l’alliance à partager les informa-tions clés ainsi que les meilleures pratiques dansl’intérêt des clients du monde entier, en s’appuyantsur l’expertise de plus de 6 000 experts de la sécuritéet sur un réseau de plus de 25 Centres Opération-nels en la matière. Ensemble, les membres de l’al-liance couvrent désormais plus de 1,2 milliard declients dans plus de 60 pays à travers l’Asie-Paci-fique, l’Europe, le Moyen-Orient et l’Amérique.Grâce à nos ressources et nos domaines d’expertisesrespectifs, nous pouvons aider les entreprises à seprotéger contre les risques croissants de cybersécu-rité dans un environnement de plus en plus com-plexe en matière de sécurité informatique.

La collaboration dans le domaine de la cybersécuritéest aujourd’hui essentielle face à des menaces quideviennent plus sophistiquées. Elle nous a permisde mieux répondre aux attentes des clients de notreunité de cybersécurité ElevenPaths2. Cette unité acontribué aux revenus de Telefónica à hauteur de433 M€ en 2018 et affiche une croissance de +41,7%depuis le début de l’année.

TELEFóNICA PARTICIPE à PLUSIEURS INITIATIVESCOLLABORATIVES, NOTAMMENT LA GLOBAL NET-WORk INITIATIVE ET LA GLOBAL TELCO SECURITyALLIANCE : POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE DAVAN-TAGE ? COMMENT CONTRIBUENT-ELLES à FAIREAVANCER TELEFóNICA DANS SON APPROCHE ENMATIèRE DE DROITS NUMéRIQUES ?

La Global Network initiative est une alliance de so-ciétés de télécommunication et d’Internet, d’organi-sations de défense des droits de l’homme,d’investisseurs et d’établissements d’enseignementsupérieur qui promeut une série de principes visantà protéger et à faire avancer la liberté d’expressionet le respect de la vie privée dans le secteur des TIC.Toutes les entreprises participant à l’initiative se sontengagées à respecter les principes et sont auditéesrégulièrement sur leur niveau de conformité.

Cette initiative nous permet de dialoguer avec lesorganisations de défense des droits de l’homme etle monde universitaire, ainsi qu’avec nos pairs, pouridentifier nos forces et faiblesses. Ces échangesnous aident également à tirer les enseignements denos expériences respectives sur la meilleure façonde défendre et de promouvoir les droits numériquescompte tenu des environnements réglementaires etpolitiques dans lesquels nous évoluons. Nous appré-cions tout particulièrement le dialogue constructif

2 Pour plus d’informations sur Eleven Paths : https://www.elevenpaths.com/wp-content/uploads/2019/03/at&t-joins-global-cybersecurity-alliance-formed-by-etisalat-singtel-softbank-and-telefonica.pdf

eleven pathSSource : telefónica

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Niveau 2 : assistance d’experts

Au sein de notre Equipe « Innovation Responsable »,les questions sont traitées par des professionnelsspécialisés dans les sujets de l’éthique en IA, desdroits de l’homme, de l’accessibilité, de l’environne-ment, de la confidentialité et de la sécurité. Ces ex-perts sont intégrés aux départements « Chief DataOfficer », Ethique & Développement Durable, ouConformité et Sécurité et sont en mesure d’apporterdes conseils avisés concernant les différents impactsque soulèvent ces enjeux en pratique en termes deproduits et de services proposés.

Niveau 3 : Gouvernance des problématiques complexes

Les problématiques considérées comme complexessont remontées à la Direction de la Responsabilitéd’Entreprise. C’est le cas lorsque le dilemme éthiquene peut pas être résolu par l’Equipe « Innovation Res-ponsable », ou lorsque la décision aura un impact si-gnificatif sur l’entreprise et/ou sur sa réputation.

SELON VOUS, QUEL RôLE PEUT JOUER LE SEC-TEUR DES TéLéCOMS POUR ASSURER LA SéCU-RITé ET L’INCLUSION DANS L’ESPACE NUMéRIQUE? COMMENT SE DéMARQUE TELEFóNICA DANSLE SECTEUR DES TIC ?

Pour Telefónica, il est très clair que la confiance est es-sentielle dans un monde en constante évolution. Pourassurer l’excellence de leur performance sur le longterme, les entreprises se doivent d’agir de manière res-ponsable et d’entretenir la confiance à travers l’ensem-ble de leur organisation et de leur chaîne de valeur.

Par son positionnement stratégique, telefónica seplace au cœur de la révolution numérique. Nous in-vestissons beaucoup dans les pays où nous tra-vaillons afin de promouvoir et d’encourager uneéconomie « digital first », dans l’objectif d’améliorerle bien-être au sein de ces sociétés.

QUELLE EST VOTRE PRIORITé AUJOURD’HUI ENMATIèRE DE DROITS NUMéRIQUES ?

Premièrement, nous souhaitons renforcer davan-tage la transparence et l’accessibilité des informa-tions pour nos clients et utilisateurs. Malgré unehausse sensible d’informations disponibles, lesclients sont encore nombreux à rester passifs dansla gestion de leurs données personnelles. Nouscherchons des solutions permettant au client deprendre plus facilement le contrôle de sa vie numé-rique, en développant les outils qui rendent la ges-tion de l’information à la fois plus simple et plusaccessible.

Notre deuxième priorité est de renforcer la mise enœuvre de nos principes IA au sein de la société à tra-vers une approche « Ethics by design ».

Afin de nous assurer du respect de ces principes ausein de l’ensemble du Groupe, nous avons élaboréun processus à trois niveaux :

Niveau 1 : Formation & auto-évaluation

Nous avons mis en place une formation sur la res-ponsabilité d’entreprise et l’utilisation éthique de l’IApour tous les responsables de produits ou de projetsconcernés par les produits, services ou applicationsinternes ayant recours à l’intelligence artificielle.Cette formation en ligne couvre nos principes, lesraisons qui expliquent ces principes, les lignes direc-trices quant à leur application pratique et les outilsnécessaires à leur mise en œuvre.

Un questionnaire permet aux responsables de pro-duits ou de projets d’autoévaluer le produit, le ser-vice ou l’application interne, et de faire remonterleurs éventuels doutes ou questions à des expertssur ces différentes problématiques de responsabi-lité, d’éthique ou de droits humains au sein de la so-ciété.

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connectivité à l’ensemble de notre périmètre afin depermettre à tous de profiter de la révolution digitale.

C’est la raison pour laquelle nous nous efforçons d’al-ler au-delà des zones traditionnelles et les plus peu-plées de chaque pays, afin d’accéder aux régionsrurales et plus reculées. Notre initiative « internet paratodos » (Internet pour tous) est un exemple particuliè-rement représentatif des efforts fournis par Telefónicadans ce domaine. Ce projet est une solution innovantede déploiement de réseaux ADSL de bout-en-bout, vi-sant à relier les personnes qui ne sont pas encoreconnectées. L’amérique latine compte encore 100millions de personnes sans couverture internet etsans accès à des services digitaux.3

Nous nous attaquons également au thème de l’inclu-sion financière. Environ la moitié de nos accès (147,1millions) sont en prépayé et nous développons desfonctions et des capacités qui aident les personnesen difficultés à bénéficier de services de connexion àdes prix abordables, comme par exemple l’« AbonoSocial » de Telefónica Espagne, qui cible les popula-tions défavorisées.

Enfin, compte tenu de la nature de notre activité, denotre position stratégique dans le développement dela révolution numérique et de notre rôle dans les payset les communautés dans lesquelles nous intervenons,nous cherchons à générer de la confiance en nous ap-puyant principalement sur les éléments suivants : allerau-delà des attentes des clients, assurer un manage-ment responsable tout au long de la chaîne de valeur,et garantir l’alignement des intérêts et des besoins denos actionnaires. Surtout, en tant qu’acteur du secteurdes télécommunications, nous devons veiller à offrir unenvironnement digital positif pour tous et à promouvoirles droits numériques et le progrès technologique. Eneffet, une responsabilité importante nous incombe entant que fournisseur d’infrastructure de base. Il nous fautnous assurer que les utilisateurs puissent communiqueret accéder aux informations de manière sécurisée.

Nos réseaux sont pour l’économie digitale ce que lesystème respiratoire est pour nos corps. Ils sont né-cessaires au fonctionnement de tous les services nu-mériques et permettent, plus que jamais, à despersonnes de communiquer, apprendre, jouer etvivre. telefónica s’engage à faciliter la vie des utili-sateurs grâce à cette connectivité.

Note objectif est de créer de la valeur grâce à nos ré-seaux et notre infrastructure, principalement à traversdeux champs d’action :

• En élargissant notre base de clientèle pour inclure leplus grand nombre de personnes – ce que nous ap-pelons notre « base de clients inclusive » ;

• En développant et en commercialisant une gammede produits et de services axés « développement du-rable » qui aident nos clients à générer un impact so-cial et environnemental positif.

En ce qui concerne le premier champ d’action, notreobjectif est de devenir le premier ou le deuxième opé-rateur de réseaux sur les marchés dans lesquels nousintervenons ; à ce titre, nous investissons 8 milliards €tous les ans pour développer les meilleurs réseaux.Nous offrons un taux de couverture LTE (Long-TermEvolution) de 76% sur l’ensemble de notre périmètred’activité et 82,7 millions d’installations clients reliéesà la fibre. Nos activités dans les marchés émergentsreprésentent un tiers de nos revenus. Telefónica bé-néficie d’un historique éprouvé, avec une empreintediversifiée, qui comprend certains des principaux mar-chés mondiaux (Espagne, Allemagne, Royaume-Uni),et d’autres qui ne figurent pas encore dans le premierquartile du Human Development Index – comme leBrésil, le Mexique, le Pérou ou l’Equateur, entre autres.Nous sommes pleinement conscients de la nécessitéde la connectivité dans ces pays pour leur assurer unavenir plus prospère et plus numérique et contribuerà réduire les écarts avec la plupart des marchés indus-trialisés. Par ailleurs, nous élargissons notre réseau de

3 https://www.telefonica.com/en/web/responsible-business/telco-accessible/digital-inclusion

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besoins de l’ensemble de nos clients. Par ailleurs,nous assurerons le respect de toutes les normes desûreté définies en amont, afin de garantir la sécuritéde nos clients.

De plus en plus des produits et services utilisés parles clients au quotidien intègreront de l’ia. La néces-sité d’inspirer de la confiance et de garantir la séré-nité des clients vis-à-vis de la technologie nous aincité à adopter nos Principes sur l’intelligence arti-ficielle en 2018. Nous sommes conscients que l’IAsuscite des inquiétudes, notamment sur la prise dedécision autonome par les machines et sur la pertede contrôle des individus sur leurs vies. Telefónicaestime que la technologie d’ia doit être équitable,transparente, lisible, centrée sur l’humain et intégrerles notions de confidentialité et de sécurité dès laconceptualisation.

QUELLES SONT VOS PRIORITéS POUR LES ANNéESà VENIR ? AVEZ-VOUS DéJà éVALUé L’IMPACT DUDéPLOIEMENT DE LA 5G SUR VOS CLIENTS ET SURLES COMMUNAUTéS AU SEIN DESQUELLES VOUSINTERVENEZ ?

Les deux principales opportunités qui s’offrent à nousdans les années à venir sont liées au déploiement dela 5G et à l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Notre approche en matière de réseaux et de com-munications repose sur une bonne connaissance denos actifs et de nos sites, de leurs caractéristiqueset de leur importance pour notre activité, afin queles réseaux soient correctement planifiés et exploi-tés, tout en veillant au respect des exigences de sé-curité en vigueur, et ce afin de minimiser le risquede non-disponibilité, d’accès non-autorisés ou dedestruction de ces derniers.

En tant qu’opérateur télécom, il est essentiel queTelefónica renforce les contrôles pour assurer la sé-curité de ses propres réseaux et infrastructures fixeset mobiles, ainsi que de ses plateformes de servicesannexes (par exemple, vidéo, Internet des Objets).A ce titre, nos processus de sécurité sont mis enœuvre de manière intégrale afin de gérer lesrisques associés aux attaques et à l’exploitationdes vulnérabilités au sein des réseaux et des pro-tocoles. Cette démarche implique une activité im-portante en interne ainsi qu’avec les principauxpartenaires technologiques et les organisations in-ternationales (par exemple, l’alliance GSM) afin deréduire les impacts potentiels — par exemple, le tra-vail réalisé sur la 4G/LTE, SS7 et BGP ou sur d’autrestechnologies habilitantes essentielles. L’arrivée dela 5G représente une nouvelle évolution pour notreécosystème. Elle sera essentielle pour alimenterune nouvelle vague de transformations, fondée surla digitalisation et sur le développement de nou-velles capacités réseaux. Le réseau sera disponiblepartout, immédiatement et en cohérence avec les Source : Adobe Stock

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intervieWAU CArrEFoUr

dU Big dATAET dEs droiTs

dE L’HommE

Sabrina Rau occupe le poste de Chercheuse Senior au sein du projet Human Rights,Big Data and Technology (HRBDT) basé à l’Université d’Essex. Le travail de recherchede Sabrina s’articule autour du rôle du consentement en ligne ainsi que de l’impactdes chaînes d’approvisionnement de données sur la responsabilité de différents ac-teurs, dans le cadre du droit international. Elle examine, par ailleurs, la mise en œuvredes Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits del’homme à l’heure du numérique.

Sabrina est titulaire d’un Bachelor of Arts de l’Université de Toronto en Sciences Politiqueset en Etudes Environnementales et d’un Master de Droit (LLM) de l’Université d’Essex,concentré sur les droits de l’homme internationaux et le droit humanitaire. Auparavant,elle a travaillé au sein du Service de la Justice et des Peines de l’ONU à New york et auCentre International des Droits de l’Homme et de Lutte anti-drogue de Colchester.

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Sabrina RaUChercheuse Senior au sein du projet Human Rights,

Big Data and technology (HRBDt)Université d’Essex

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velles technologies et de leurs impacts de façon ap-profondie dans de multiples domaines, notammentcelui des droits de l’homme. Ces derniers sont ra-rement cités dans l’univers des technologies de l’in-formation et de la communication (TIC) et lorsquedes directives sont mises en oeuvre, elles mettentle plus souvent l’accent sur la dimension éthique.Or, si les considérations éthiques semblent perti-nentes dans ce contexte, celles-ci ne sont ni univer-selles ni communément admises, ce qui peut doncêtre problématique.

Nous nous appuyons sur les droits de l’homme carces derniers relèvent de principes de droit interna-tional ; ils sont universels, inaliénables, indivisibleset interdépendants. La cadre qui régit les droits del’homme permet d’établir des consignes claires vis-à-vis des Etats, des entreprises, des investisseurs, dela société civile ou d’autres acteurs, afin d’éviter oude limiter les atteintes aux droits humains, telles quela violation du droit à la vie privée, aux libertés d’ex-pression ou d’association. Certes, les droits mention-nés sont bien connus, il n’empêche que la tech-nologie et l’utilisation des données constituent desmenaces potentielles pour l’intégralité des droitsde l’homme2.

COMMENçONS PAR L’ORIGINE DU PROJET « HUMANRIGHTS, BIG DATA AND TECHNOLOGy » (HRBDT) :POURQUOI éTUDIER L’IMPACT DE LA TECHNOLO-GIE ET DU BIG DATA SUR LES DROITS DE L’HOMMED’UN POINT DE VUE ACADéMIQUE ?

Basé à l’Université d’Essex (Angleterre), le projethuman Rights, Big data and technology (hRBdt)1,s’étale sur 5 ans et implique plus de 30 chercheursissus de disciplines variées. Le projet a été lancé en2015 grâce à un financement de 5 millions £ octroyépar le Conseil de Recherche Economique et Socialet d’une participation de 1 million £ venant de l’Uni-versité d’Essex. Nous visons à cartographier et ana-lyser les risques et les opportunités liés à l’utilisationdu Big data et des technologies associées, à traversle prisme des droits de l’homme, d’étudier commentles concepts et les approches fondamentales en lamatière doivent être actualisés et adaptés pour ré-pondre aux nouvelles réalités de l’ère digitale, de re-commander de bonnes pratiques, et de proposerdes réponses réglementaires ou des voies de re-cours, toujours sous l’angle des droits de l’homme.

Un point de vue académique est important car il per-met de mener une étude et une analyse des nou-

1 Droits de l’Homme, Big Data et technologie.

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Nous nous appuyons fortement sur les Principes di-recteurs de l'ONU relatifs aux entreprises et auxdroits de l'homme3 pour analyser et enrichir les pra-tiques actuelles des entreprises et les approches ré-glementaires en place. Ces Principes sont structurésautour de trois piliers qu’il est important de transpo-ser au sein du secteur des TIC :

1. L’obligation de l’Etat de protéger les droits del’homme

2. La responsabilité des entreprises de respecterles droits de l’homme

3. L’accès à des voies de recours

A mon sens, dans notre ère numérique, une formi-dable opportunité s’offre aux entreprises de se po-sitionner à la pointe de l’innovation pour proposerdes produits et des services accessibles, qui offrentaux individus la possibilité de profiter des avancéesscientifiques et des innovations, tout en garantissantl’application des droits de l’homme. Ceci n’est pos-sible que si les entreprises utilisent et appliquent lesPrincipes directeurs de l'ONU relatifs aux entrepriseset aux droits de l'homme, en évaluant les risques liésaux droits humains, en effectuant des due-diligenceset en palliant de manière efficace les incidences né-gatives identifiées.

au carrefour entre le Big data, les droits humains etle monde des affaires, des lacunes face à la régle-mentation, une absence de conformité avec les Prin-cipes directeurs de l’ONU ou un manque detransparence peuvent s’avérer déterminants : eneffet, cela peut démultiplier les risques d’atteinteaux droits de l’homme.

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QUELS SONT VOS DOMAINES DE RECHERCHE AC-TUELS ? AVEZ-VOUS IDENTIFIé LES PRINCIPAUXRISQUES ET OPPORTUNITéS POUR LES ENTRE-PRISES, AU CARREFOUR ENTRE LE BIG DATA ET LESDROITS HUMAINS ?

Le projet s’intéresse à de multiples problématiquesqui ont été réparties selon quatre axes de travail :

1. droits, Réglementation et voies de Recours

2. Surveillance et droits de l’homme

3. Santé et droits de l’homme

4. avancée des droits de l’homme et Réponseshumanitaires

Au sein de chacun de ces axes de recherche, noustravaillons sur plusieurs thèmes précis. Par exemple,l’axe « Droits, Réglementation et Voies de Recours »s’intéresse tout particulièrement à la responsabilitéinhérente aux algorithmes, à la modération descontenus, à la mésinformation / désinformation et auconsentement en ligne.

Source : Projet Human Rights, Big Data and technology (HRBDt)

2 Rapport HRBDt UDHR : https://48ba3m4eh2bf2sksp43rq8kk-wpengine.netdna-ssl.com/wp-content/uploads/2018/12/UDHR70_Ai.pdf3 https://www.ohchr.org/Documents/issues/Business/intro_Guiding PrinciplesBusinessHR.pdf

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RGPD précise que le consentement doit être libre,éclairé, spécifique et sans ambiguïté, la rechercheprouve qu’en réalité, il existe un écart importantentre le consentement en ligne tel qu’il est pratiquéet le but préalablement recherché.

La compréhension exhaustive des risques associésà certaines pratiques d’exploitation des donnéesconstitue un véritable poids qui repose de façon ex-cessive sur l’individu. Cela implique d’être un utilisa-teur extrêmement patient, technophile, qui agittoujours dans son intérêt et jamais par facilité. Celaest-il même possible ?

L’épuisement face aux infinies demandes de consen-tement est devenu une réalité. Si les informationsdevraient, en effet, être présentées sous une formeaccessible et facile à comprendre, elles sont souventtruffées de jargon juridique et de tournures dephrase qui induisent en erreur et qui poussent lesutilisateurs à donner leur accord sans aller plus loin.Le recours à des formats et à des formules trom-peuses, connu sous le nom de « dark patterns », sertégalement à manipuler les utilisateurs. Face à cespratiques et au rapport de force déséquilibré entrel’individu et l’entreprise, nous ne pouvons pas consi-dérer que le consentement soit libre ou éclairé.

L’UN DES SUJETS LES PLUS DéBATTUS APRèS LESCANDALE DE CAMBRIDGE ANALyTICA A éTé LAQUESTION DU « CONSENTEMENT EN LIGNE ». ES-TIMEZ-VOUS QUE CELUI-CI EST ADAPTé POURCONTRôLER LA COLLECTE, LE STOCkAGE ET LETRAITEMENT DES DONNéES PERSONNELLES ? LEFAIT DE COCHER UNE CASE SANS LA LIRE, OUSANS LA COMPRENDRE, SIGNIFIE-T-IL QUE NOUSCONSENTONS à L’UTILISATION DE NOS DONNéESPAR UN TIERS ? POURQUOI LA NOTION DE CON-SENTEMENT EST-ELLE SI IMPORTANTE ?

Si vous cliquez sur « d’accord », « oui », « Ok » (ouleurs variantes) en réponse aux différentes de-mandes d’installation de cookies, de conditionsd’utilisation, de personnalisation ou de publicité,cela signifie que vous donnez votre accord aux de-mandes de traitement de données.

Selon le Règlement Général sur la Protection desdonnées (RGPd) mis en place par l’UE qui est entréen vigueur en mai 2018, le consentement constituel’une des six bases juridiques dans le traitement desdonnées. Le RGPD s’appuie fermement sur la notionde consentement. Aussi, nous avons tous observéune inflation des demandes de consentement enligne, allant des cookies, aux conditions de services,en passant par la personnalisation et la publicité. Etpour cause, le consentement est facile à obtenir enligne : un simple clic suffit. S’il ne représente pas undroit de l’homme en soi, le consentement alimentesouvent les politiques et les mécanismes à traverslesquels les droits humains se matérialisent. C’est eneffet à travers le consentement que la dignité, l’au-tonomie et l’auto-détermination peuvent être res-pectées et ces dernières sous-tendent certains droitsde l’homme, en permettant de prendre des déci-sions relatives à nos vies et à nos sociétés. Nous pou-vons nous accorder sur l’idée que le consentementjoue un rôle important dans notre société actuelle.

Cependant, la manière d’aborder le consentementen ligne est loin d’être idéale pour l’instant. Si le

dark patternS : comment l’eXperience utiliSateur (« uX ») vouS manipuleSource : Bright Vessel

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fonction des points de vigilance identifiés, à effec-tuer un suivi et à communiquer sur la manière dontles impacts sont ensuite gérés, conformément auxrecommandations formulées dans les Principes di-recteurs de l’ONU.

S’il est important que les particuliers disposent d’uneculture numérique leur permettant de comprendrel’impact de certains processus sur leurs droits, lesprincipaux risques liés à l’usage des algorithmes età l’automatisation sont liés au développement et audéploiement de ces processus au sein des entre-prises et des organes d’Etat, sans que suffisammentde due-diligences et de surveillance en matière dedroits de l’homme soient exigées. Si de telles due-diligences étaient réalisées correctement et en toutetransparence, elles permettraient à la fois de sensi-biliser les individus à ces enjeux, de les aider à ren-forcer leur culture numérique, mais aussi d’offrir à lasociété civile, aux défenseurs des droits de l’hommeet aux chercheurs universitaires la possibilitéd’orienter les pratiques en place.

De plus, les demandes de consentement ne sont sou-vent pas spécifiques, ce qui laisse les utilisateurs peuinformés sur la manière dont leurs données sont col-lectées, traitées, partagées et stockées ainsi que sur lesrisques potentiels liés à ces pratiques.

S’il ne s’agit ici que de quelques-uns des problèmes as-sociés au consentement en ligne, il est clair que cesmécanismes douteux nécessitent une vigilance accrueafin de s’assurer que le consentement reste effectif etqu’il ne soit pas une simple façade pour permettre auxentreprises de poursuivre leur exploitation des don-nées sans davantage d’engagement. C’est pour celaque nos équipes, au sein du projet HRBDT, travaillentsur des directives en matière de consentement enligne, à travers une approche axée sur les droits del’homme. Pour en savoir plus, vous pouvez consulternotre document de recherche sur ce sujet4.

DE PLUS EN PLUS DE PROCESSUS, DANS LA SPHèREPUBLIQUE COMME PRIVéE, DEVIENNENT AUTOMA-TISéS GRÂCE à DES ALGORITHMES. QUELS SONTLES RISQUES ENGENDRéS PAR CETTE AUTOMATI-SATION CROISSANTE ? UNE CULTURE NUMéRIQUEET UNE MEILLEURE INCLUSION POURRAIENT-ELLESATTéNUER CERTAINS DE CES RISQUES ?

Les algorithmes sont en effet deplus en plus répandus et sont des-tinés à maints usages, commecelui de l’automatisation. Entrel’étape de conceptualisation àcelle de conception effective del’algorithme, il est nécessaire d’ef-fectuer une évaluation d’impactsur les droits de l’homme ainsiqu’une due diligence pour élimi-ner ou atténuer les risques qui ysont associés. Ce travail consiste àanalyser les impacts actuels et po-tentiels en matière de droits del’homme, à les intégrer et à agir en

4 https://48ba3m4eh2bf2sksp43rq8kk-wpengine.netdna-ssl.com/wp-content/uploads/2019/06/19.06.09-Background-Paper-on-Consent-online.pdf

cadre du droit international Sur leS droitS de l’hommeen matière de reSponSabilité algorithmique Source : Projet Human Rights, Big Data and technology (HRBDt)

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Le projet hRBdt participe activement aux grandesconférences internationales, qui sont l’occasion pournous de présenter notre recherche et de travailler encollaboration avec nos partenaires. Nous animons éga-lement des groupes de travail et des réunions d’expertsafin de rassembler les principales parties prenantes au-tour de sujets spécifiques, nous leur proposons ainsiune plateforme d’échange d’idées. Il est à noter quenous ne cherchons pas à trouver le plus petit dénomi-nateur commun lors de ces assemblées, mais plutôt àapprendre des expériences de chacun, à identifierd’éventuelles lacunes et à créer des ponts pour surmon-ter les différences et bâtir des solutions innovantes.

Dans le cadre de ce projet, nous œuvrons égale-ment de manière bilatérale avec différents acteurs etproposons notre expertise sur des questions et desthèmes précis, pour que celle-ci s’intègre ensuite autravail mené par nos partenaires. Nous sommes tou-jours ouverts au dialogue et à de nouvelles collabo-rations potentielles.

L’UNE DES PIERRES ANGULAIRES DE VOTRE TRAVAILCONSISTE à ENGAGER UN DIALOGUE AVEC LESPARTIES PRENANTES, NOTAMMENT LES ENTRE-PRISES, LES INVESTISSEURS, LES ONG, LES INSTITU-TIONS INTERNATIONALES ET LES ETATS. COMMENTINITIEZ-VOUS LE DIALOGUE ? POURQUOI PENSEZ-VOUS QUE LA COLLABORATION EST ESSENTIELLEDANS CE DOMAINE ?

Nous considérons en effet qu’il est fondamental denouer des dialogues avec divers groupes de partiesprenantes et de les faire travailler ensemble pourprogresser dans ce domaine. En raison de la com-plexité des nouvelles technologies et du traitementdes données, réunir des spécialistes dans différentsdomaines est idéal afin d’identifier ensemble dessolutions pratiques et de partager sur ces domainesd’expertise. Il est en effet important de comprendrenon seulement la complexité, mais également les in-térêts et les motivations des différents acteurs afinde bien collaborer ensemble.

Source : Panel sur les risques et les enjeux liés aux droits humains à l’ère digitale, conférence de Genève 2018 @HRBDtNews.

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Un nUmériQUE dE ConFiAnCE

Jean-noël de GalzainPDG de WALLiX

Jean-Noël dE GaLzaiN, Président de WALLIX Group, leader européen de la cybersécuritédes accès. La société est cotée sur Euronext/Alternext depuis juin 2015 (ALLIX). Impliquédans l'écosystème de l'innovation et de l'investissement, il est également vice-président

du Pôle de compétitivité Systematic, Président du Groupement HEXATRUST qui regroupe les championsFrenchTech de la cybersécurité, Secrétaire national du réseau thématique #Security #Privacy de la FrenchTech,Trésorier & Administrateur du Fonds Revital Emploi et membre du Conseil d'Ecole de Telecom ParisTech. Il estdiplômé en mathématiques et en économie.

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WALLIX a été créé en 2003. De là, deux momentsforts ont véritablement marqué le développementde l’entreprise : tout d’abord, en 2009, le passaged’une société de services informatiques à un pur édi-teur de logiciels. Cet événement s’est avéré structu-rant car il coïncide avec le lancement de notresolution phare, le Bastion, qui soutient la croissancede WALLIX encore aujourd’hui. Puis l’entrée enbourse à l’été 2015 a été un véritable tournant dansla vie de l’entreprise : une opération réalisée dansl’optique de con-server une autonomie stratégiquemais aussi de garantir une pérennité dans le déve-loppement de la société.

La bourse s’est imposée à nous pour la facilité d’ac-cès aux capitaux qu’elle procure – et dont nousavions besoin pour accélérer notre croissance à l’in-ternational – mais aussi pour le contact direct au mar-ché, à nos clients et à nos utilisateurs finaux européensque celle-ci engendre mécaniquement. Aujourd’hui,nos utilisateurs peuvent bénéficier des solutions WAL-LIX pour protéger l’accès à leurs données et à leurssystèmes sensibles.

En parallèle, ils ont la possibilité, à travers l’actionWALLIX, d’investir dans un spécialiste européen deslogiciels de cybersécurité.

POURRIEZ-VOUS REVENIR SUR LA GENèSE DEWALLIX ? QUELLE éTAIT VOTRE VISION à SA CRéA-TION, NOTAMMENT EN TERMES DE CONTRIBU-TION SOCIéTALE ?

L’identité de waLLiX repose sur la sécurité d’une partet la promotion d’un internet libre et collaboratif d’au-tre part, qui protège les individus et la connaissance.

Avant de lancer cette société, j’en avais créé uneautre, dans le domaine du logiciel libre, revendue en2003. Les logiciels libres sont fondés sur un systèmede développement collaboratif rendu possible parInternet. Ils permettent, grâce à la contribution duplus grand nombre, de redonner de l’agilité et de lavitesse au développement informatique. dans unmonde numérique aujourd’hui très largement do-miné par les Etats-Unis et la Chine, l'Europe a be-soin de retrouver des marges de manœuvre. Lecréneau du logiciel libre m’est apparu comme unevéritable opportunité pour nous, européens, de ré-duire notre dépendance aux licences de logicielsd’acteurs américains notamment.

L’ambition de WALLIX est de contribuer au dévelop-pement numérique en faisant en sorte que l’Europene renonce pas à son autonomie stratégique et cul-turelle sur le long terme.

Crédits : Cyber Security - WallpaperBro

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Face ce constat, waLLiX pense qu’il existe une troi-sième voie : celle d’un numérique de confiance, du-rable, rendu possible par des outils de protection desdonnées tels que la cybersécurité dont nous avons lapropriété, qui permettent de préserver la liberté fon-damentale de l’individu.

dans ce sillage, nous souhaitons incarner l’émer-gence d’un nouveau standard, que nous qualifionsde digital « privacy by design ». Et nous ne sommespas seuls : cette approche est partagée par un largeécosystème européen d’entreprises de toutes tailles

(start-up, scale-up, mastodontes, etc.). Nous aspironsà créer ensemble une industrie mondiale dont la pro-position de valeur respecte les libertés individuelles età devenir des concurrents mondiaux.

En ce qui concerne WALLIX, nous travaillons avec nosclients en nous positionnant comme leur partenaire stra-tégique avec l’objectif de les aider à concevoir leur sys-tème d’une manière extrêmement innovante, sansjamais perdre de vue la notion de « privacy by design »(chacun est maître de ses données). Cela représenteun fort vecteur de création de valeur, qui va continuerde croître parallèlement à cette prise de consciencecollective. Si elle est une nécessité aujourd’hui, elleconstitue également une belle opportunité de crois-sance, notamment à l’heure où s’invente une industrie4.0 — animée par l’Internet des Objets, l’intelligenceartificielle, … — qui impliquera de nombreux chantiersopérationnels. En même temps, la nécessité pour lenumérique de (re)gagner la confiance des utilisateursn’a jamais été aussi forte.

LES VALEURS DE WALLIX SONT « COMPéTENCE,PASSION, HUMANISME ». QUE SIGNIFIE L'HUMA-NISME POUR UN ACTEUR DE LA CyBERSéCURITé ETPOURQUOI CE CHOIX ? COMMENT CELA SE TRA-DUIT-IL DANS VOS PRODUITS ?

Il existe deux chantiers fondamentaux aujourd’huipour l'espèce humaine : l'écologie et la préservationde l’autonomie et des libertés individuelles dans unenvironnement numérique (données, IA …). Sur cesecond chantier, la cybersécurité est devenue un in-contournable. L'arme du droit ne suffit pas ; les ou-tils techniques sont uneabsolue nécessité pour ap-porter certaines garantiesdans le monde numérique dedemain.

Si nous considérons le pointde vue d’Eric Schmidt, ancienPDG de Google, deux visionsdu numérique s’affrontent actuellement et leurs réa-lités économiques nous concernent tous, sans ex-ception. D’un côté, un Internet chinois, privatif,permettant une hyper-surveillance des citoyens parl'Etat et, d’un autre côté, un Internet dominé par lesacteurs américains… Ou plus précisément, par lesGAFAM1 – soit des entreprises qui, en contrepartiede la gratuité de leurs services, nous façonnent uneidentité numérique qui remplace peu à peu notreidentité réelle, notre libre-arbitre se réduisant pro-gressivement selon les choix que nous opérons aufil de notre navigation.

1 Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft

gafam

l'arme du droit ne Suffit paS ; leS outilS techniqueSSont une abSolue néceSSité pour apporter certaineS

garantieS danS le monde numérique de demain.

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manque plusieurs centaines de milliers de per-sonnes formées rien qu’en France et près de 2,5 mil-lions dans le monde. Il y a d’ailleurs énormément deplace pour les femmes, encore en minorité dans lesecteur.

QUELLE EST VOTRE VISION DE L'éVOLUTION DE LAMATURITé DES ENTREPRISES SUR LES ENJEUX DECyBERSéCURITé ET PLUS PRéCISéMENT SUR LESQUESTIONS DE PAM (PRIVILEGED ACCESS MANA-GEMENT) ? LE RGPD A-T-IL ACCéLéRé LE MOUVE-MENT ?

Oui, le RGPD a un effet direct sur toutes les entre-prises, quels que soient leur taille ou leur domained’activité, ainsi que sur l’ensemble des individus,puisqu’elle soulève la question de la protection desdonnées personnelles. Là-dessus, toutes les entre-prises ont donc dû provisionner des budgets afin,non seulement, de sensibiliser leur écosystème (em-ployés, usagers, ...), mais aussi de s’équiper de sys-tèmes de cybersécurité et d’hébergement dedonnées efficaces ainsi que de couvertures assuran-tielles spécifiques. La mise en œuvre de ces projetsest encore loin d’être terminée et aura un impact fi-nancier sur toutes les entreprises, sans que celles-cine l’aient nécessairement anticipé, en particulier lesplus petites. Un gros travail reste à faire notammentauprès des gouvernements en ce qui concerne lamobilisation des moyens financiers nécessaires àcette transformation.

L’enjeu est crucial, d’autant que le RGPD s’est déjàétendu de l’Europe au Japon et à la Californie, où unprojet de loi est à l’étude, et que nous nous dirigeonsde plus en plus vers un RGPD à l’échelle mondiale.Dans ce contexte, de nouvelles perspectives de crois-sance s’ouvrent pour WALLIX, en particulier dans saconquête de marchés étrangers. Au-delà de WALLIX,il y a là une occasion d’initier un standard mondialdans lequel l’ensemble des organisations serait im-pliqué pour déployer un numérique plus durable etplus respectueux des libertés individuelles.

LORSQUE L’ON PARLE DE CyBERSéCURITé, ONPENSE SOUVENT EN PREMIER LIEU à DES LOGI-CIELS ET DES éQUIPEMENTS. POURTANT, LESFAILLES SONT LE PLUS SOUVENT LIéES à DESCOMPORTEMENTS HUMAINS. COMMENT AGIR ENLA MATIèRE ?

Au travers de mon activité au sein de WALLIX, maisaussi d’Hexatrust – un groupement d’entreprises que j’aifondé fédérant une soixantaine de pépites de la cyber-sécurité et du cloud de confiance – je constate, en per-manence, qu’un énorme travail nous incombe en cequi concerne la formation de nos utilisateurs, des diri-geants (directeurs des achats, directeurs informatiques,comités exécutifs, etc.) mais aussi la sensibilisation dugrand public, dans les écoles par exemple, tant les su-jets que nous adressons sont nouveaux. La formationest donc effectivement au cœur de notre stratégie etdépasse le cadre de notre activité commerciale. Nousavons d’ailleurs reçu, en 2017, le trophée Sécurité duCercle de l’Entreprise et de l'Intérêt Général pour notrecontribution au bien commun à travers nos initiativespour un monde numérique plus sûr.

Lors des prochaines universités d’été d’Hexatrust,nous présenterons de nouveaux cycles de formationautour des métiers de la cybersécurité, qui incluentdes dons de logiciels aux écoles et aux universitéspour informer sur ces métiers. En effet, nous avonsbesoin d’attirer les talents : au sein de cette filière, il

2 Prix décerné par Klesia en partenariat avec le Journal du Dimanche et BFM Business.

trophée SécuritéSource : BFM Business

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Il est important de comprendre que la cybersécuriténe vient pas entraver le développement du numé-rique. Elle lui permet simplement d’être employé auprofit de l’utilisateur.

Prenons l’exemple d’un système facilitant la circula-tion des données dans un environnement de santé(au sein d’un groupement hospitalier ou de l’assu-rance maladie). Sans « Privileged Access Manage-ment », les données circulent en clair : tous lesutilisateurs disposant d’un accès au réseau représen-tent une menace pour le système et pour les don-nées des patients. Un utilisateur mal intentionnépourrait faire fuiter ces données, les revendre à desorganisations qui les exploiteraient pour leur propreprofit. waLLiX propose une approche d'anonymisa-tion des données — en les chiffrant massivement —qui les rend inexploitables de l'extérieur. Il en va demême dans le cadre du développement du véhiculeconnecté : tandis que la conduite sera confiée à desordinateurs générant des données, si celles-ci nesont pas protégées, il sera non seulement possiblede géolocaliser n’importe qui à n’importe quel mo-ment, mais également de contrôler des flottes de vé-hicules. Dans ces deux cas de figure, la sécurité desdonnées constitue un enjeu vital pour les individus.

En conclusion, la cybersécurité doit permettre àl’utilisateur de garder le contrôle. Elle vise à conser-ver la technologie au rang d’outil et à éviter qu’ellene devienne maître de nos décisions.

WALLIX A LANCé EN 2019 SON PREMIER SySTèMED'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (IA) POUR PRéVENIRET DéTECTER LES COMPORTEMENTS à RISQUECHEZ SES CLIENTS : QU'EST-CE-CE-QUE CELACHANGE ? CELA A-T-IL GéNéRé DE NOUVELLES Ré-FLEXIONS EN MATIèRE D’éTHIQUE ?

Je pense qu’il ne sert à rien de vouloir aller contre leprogrès : nous nous dirigeons vers un monde numé-rique, dans lequel chacun aura une identité numé-rique dès la naissance. L’ensemble de nos usagesvitaux seront gérés par des outils numériques (santé,éducation, vote, assurance, etc.). Face à cette réalité,il convient d’être pragmatique : si waLLiX souhaiteincarner un numérique de confiance, nous devonsnous doter des mêmes outils que ceux des géantsdu secteur, ce qui inclut nécessairement l’IA, afin decertifier à nos utilisateurs qu’ils sont toujours lesmaîtres de leurs propres données. En pratique, lessystèmes de certification et d’audit de nos solutionspar des organismes tiers indépendants apportentune réelle garantie en la matière.

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le comité de direction de walliXSource : WALLiX

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La CONtRiBUtiON SOCiétaLE

La technologie est souvent accusée de favoriser l’iso-lement social, la déconnexion et la corruption, entreautres maux. L’Université de Stanford a cherché àdonner un fondement scientifique à cette présomp-tion ; en 2012, elle a mené une étude pour compren-dre les effets de la technologie sur le bonheur et ledéveloppement personnel29. Cette étude, qui a étécautionnée par des pairs, a conclu que les personnes« qui consacrent beaucoup de temps à l’utilisation desupports multimédias seraient, selon la descriptionqu’elles font d’elles-mêmes, moins heureuses et

confortables socialement que leurs pairs, qui disentconsacrer moins de temps aux écrans ». Mais la technologie peut également être utilisée àtrès bon escient ; elle peut mettre en relation, parta-ger des informations, voire même sauver des vies.Les diagnostics réalisés grâce à la technologie d’au-jourd’hui sur quasiment toutes les pathologies n’ontjamais été aussi fiables et instantanés. L’IA a prouvéson caractère indispensable dans l’analyse des inter-ventions en cas d’incidents majeurs et en fournissantdes données en temps réel lors de catastrophes na-turelles. L’information n’a jamais été aussi accessible.

Compte tenu de ces messages contradictoires, com-ment juger si au final une technologie donnée est po-sitive ou négative pour le bonheur et le bien-être desindividus ? Et pour la société dans son ensemble ? Al’image de bien d’autres outils, la technologie en elle-même est rarement le problème. Seule, la technolo-gie est un outil puissant capable, potentiellement, derenforcer la productivité, de contribuer à la santé, àl’éducation et au bien-être de la population, mais elledoit être utilisée et développée intelligemment.

29 Source : Stanford University. https://ed.stanford.edu/in-the-media/does-technology-affect-happiness

Les modÈLeseconomiQUes dUrabLesoU tech for good

Source : CALL FoR CoDE.

the Call for Code Global initiative callson you to create practical, effective,and high-quality applications based onone or more iBM Cloud services (forexample, web, mobile, data, analytics,Ai, iot, or weather) to build a solutionthat can have an immediate and lastingimpact on humanitarian issues.

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Pour répondre à cette question de manière pragma-tique en tant qu’investisseurs, au sein de Sycomoream, nous développons actuellement un cadre per-mettant de calculer la contribution sociétale nettedes produits et des services proposés par les entre-prises de la technologie de l’information et de lacommunication (tiC), en nous basant principale-ment sur leur contribution aux Objectifs de Dévelop-pement Durable (ODD). A titre d’exemple, pour lesecteur de télécoms, nous évaluons le niveau d’in-vestissement dans les infrastructures, notammentdans les zones isolées et sous-développées, ainsique les efforts mis en œuvre pour proposer un accèsabordable à Internet. En effet, ce facteur est déter-minant pour répondre à l’Odd 9, cible 9.c : accroîtrenettement l’accès aux technologies de l’informationet de la communication et faire en sorte que tous leshabitants des pays les moins avancés aient accès àInternet à un coût abordable d’ici à 2020. Pour uneentreprise de services logiciels, la contribution so-ciétale serait principalement liée au secteur d’activitéet à la fonction concernée – éducation, santé, mobi-lité ou publicité. En effet, une société comme Criteo,

dont les services visent à maximiser l’impact de pu-blicités ciblées, n’aura quasiment aucune contribu-tion positive sociétale directe – car la publicité cibléesur Internet ne contribue aucunement aux ODD touten participant à la pollution digitale. Mais indirecte-ment, nous devons également prendre en compteque les services de publicité proposés par Criteosont essentiels pour les éditeurs et les journaux enligne et leur permettent de continuer à proposer descontenus gratuitement, contribuant à un accès libreet universel à l’information.

La tech, au sens large, n’a pas de fonction a priori, il s’agit d’un moyen, d’unoutil au service d’un usage final. Dès lors, mesurer la contribution environ-nementale nette de la tech passe par celle de son usage final. C’est ce quepermet la NEC grâce a une approche « chaîne de valeur » et multi-enjeux(climat, eau, biodiversité, ressources/déchets et qualité de l’air).

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La CONtRiBUtiON ENviRONNEmENtaLE dE La tEChAnne-Claire ABADiE | Gérante, spécialiste environnement

UN OUTIL AU SERVICE DES INVESTISSEURS

La NEC, Net Environmental Contribution, est une mesure du degré d’alignement d’un produit ou d’un serviceavec la transition écologique. Elle s’échelonne de -100% à +100% avec les repères suivants : le point 0% représentel’impact environnemental moyen des solutions actuellement utilisées pour remplir une fonction donnée (se nourrir,se déplacer, s’habiller), le point +100% représente les meilleures solutions pour l’environnement pour remplir cesfonctions à fort impact et le point -100%, les pires.

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dE L’USaGE FiNaL…

Prenons deux exemples pour illustrer notre propos : les services de covoiturage de BlaBlaCar et de réservationde voyages d’Amadeus.

Toutes deux sont au service de la mobilité : la méthodologie de la NEC a permis de définir, sur la base des donnéesdisponibles sur les impacts environnementaux tout au long du cycle de vie, des valeurs par défaut par moyen detransport, présentées ici1 :

BlaBlaCar, qui est un service de mise en relation de personnes pour des trajets en voiture, se voit donc répercuterune « NEC usage final » de -6% alors qu’Amadeus, dont la majeure partie des services est destinée aux compagniesaériennes, est impacté par la « NEC usage final » des avions à -60% sur 97% de son chiffre d’affaires.

1 La méthodologie NEC est disponible bientôt sur www.nec-initiative.org, d’ici là, n’hésitez pas à contacter [email protected] pour tout renseignement.

nec | mobilitéSource : Calculs i Care & Consult 2017, NEC 1.0 secteur transport, basés sur iEA, Eur. Env. Agency, iUC, iCCt, ADEME, transportenvironment.org, etc.

> principauX impactS danSla phaSe d’utiliSation

> 2 principauX enJeuX : climat et qualité de l’air

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… à La vaLEUR aJOUtéE ENviRONNEmENtaLE dE La tEChNOLOGiE.

Pour autant, ces plateformes peuvent, dans une certaine mesure, améliorer ou dégrader l’empreinte environnementale del’usage final. C’est ce que l’on appelle la « NEC incrémentale ». Ainsi, si le fait d’avoir recours à la plateforme Amadeus peutoffrir un intérêt environnemental via l’optimisation des mouvements au sol ou du niveau de carburant grâce aux donnéescollectées, son utilisation ne réduit qu’à la marge l’impact environnemental des déplacements en avion dans une approcheACV2. Aussi l’incrément environnemental de la plateforme n’est-t-il pas significatif au regard de son usage final.

A l’inverse, le recours à la plateforme BlaBlaCar impacte l’empreinte environnementale des déplacements en voitureselon deux facteurs principaux :

(+) En mettant en relation passagers et conducteurs, le taux d’occupation des voitures est si-gnificativement augmenté (en moyenne deux personnes supplémentaires par voiture), ce quiréduit considérablement l’impact environnemental par km.passager ;

(-) La possibilité de mutualiser les coûts des trajets incite également certaines personnes à effectuerplus de trajets en voiture ou moins de trajets avec des moyens de transport moins polluants commele train, il s’agit de l’effet rebond.

Aussi est-il possible d’ajuster la NEC du transport en voiture par ses effets incrémentaux rendus possible par la plate-forme BlaBlaCar, dont l’impact environnemental net est considérablement réduit par la mutualisation des trajets.

Prenons maintenant un exemple dont l’usage final est difficile à déterminer : Alphabet, maison mère de Google.

dES tEChNOLOGiES aU SERviCE dE L’éCONOmiE

Google offre une palette de services (emails, moteur de recherche, référencement, stockage, …) dont la colonne ver-tébrale est l’organisation, l’accès et la diffusion d’informations. Le modèle économique de Google est quant à lui plutôtsimple, la quasi-intégralité de ses revenus provient de la plateforme publicitaire. Ici, l’affectation à une ou plusieurschaînes de valeur est pour autant presque impossible : Google est un outil utilisé par une multitude d’industries et d’organisations (dont les impacts environnementaux sont hétérogènes), et ce, à différentes fins (qui pourraient justifier

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2 ACV = Analyse de Cycle de Vie

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d’une NEC incrémentale positive ou négative). L’usage final étant indifférencié, il en résulte une « NEC d’usage final »égale à 0%, point aveugle de l’impact environnemental moyen de l’ensemble des activités économiques.

data, ENERGiE Et CLimat

Pour autant, le modèle de Google n’est pas dépourvu d’impacts environnementaux. La plateforme publicitaire et les servicesfournis impliquent une utilisation intense d’exa-octets de données, dont le stockage, le traitement et la circulation nécessitentune consommation d’énergie conséquente. Aussi, pour évaluer l’impact environnemental de Google, faut-il s’intéresser à l’im-pact environnemental des sous-jacents du stockage, de la circulation et du « computing » de ces données. La méthodologieNEC s’attache à évaluer les principaux postes d’impacts sur la chaîne de valeur, sur les principaux enjeux environnementaux :on se concentre donc, pour Google, sur l’énergie consommée par les data centers3 et ses conséquences sur le climat.

• Deux premiers leviers vont ainsi jouer sur la performance climat des data centers : leur efficacité énergétique etla nature de l’énergie qu’ils consomment. Et là, Google affiche des performances bien au-delà de la moyenne entermes d’efficacité énergétique (avec un PUE4 de 1.11 contre une moyenne mondiale entre 1.7 et 1.8) et en ap-provisionnement en énergies renouvelables (100% des besoins des data centers sont couverts par des contratsde rachats d’énergie renouvelable), justifiant d’une NEC incrémentale positive de +13% ;

• Néanmoins, avec l’équivalent de 14 millions de livres diffusés chaque seconde sur le web et 12 milliards d’emailsenvoyés chaque heure dans le monde, émerge l’enjeu de la « pollution digitale », flux de données superflues quirequiert tout autant d’énergie et impacte tout autant le climat que les données les plus utiles à la connaissance, lasanté, la productivité, etc. Ceci se traduit, pour Google, par une NEC incrémentale négative de -14%.

En résulte ainsi une NEC très légèrement négative (0% +13% - 14%) pour Alphabet de -1%.

Bien évidemment, compte tenu de l’ampleur du sujet « environnement et digitalisation », le modèle s’attache ici àcapturer les impacts principaux. Il n’a ni la prétention d’être précis ni celle d’être exhaustif, mais bien celle d’êtreévolutif, modulable et fournit un bon ordre de grandeur du risque de transition.

SEUL ON va PLUS vitE, ENSEmBLE ON va PLUS LOiN ...

La méthodologie NEC a vocation à être enrichie et affinée, dans un contexte de croissance vertigineuse de la donnéedigitalisée comme outil économique et social, d’où la constitution de la NEC initiative, plateforme collaborative auservice des investisseurs et des entreprises afin d’évaluer l’impact environnemental des différentes activités économiques.Vous retrouverez facilement l’adresse sur Google5 ... ou Ecosia.

3 Dans une moindre mesure, les ressources (via les équipements, infrastructures et appareils électroniques) seraient également à considérer : pour cela, se reporter au travaux de la NEC initiative (www.nec-initiative.org) 4 Power Usage Effectiveness : ratio entre l’énergie totale utilisée par un centre de données (data center) et l’énergie fournie aux serveurs du centre.5 www.nec-initiative.org

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ChaiRE « GOOd iN tECh »

Pour que la technologie puisse créer du « bon », elle doitdonc être développée intelligemment, ce qui suscite en-core de très nombreuses questions sur ses impacts.

Pour aller plus loin dans notre analyse, nous avonsdécidé d’adhérer à un programme de recherchefrançais consacré à la technologie responsable : laChaire « Good in Tech » lancée par Sciences Po, l’InstitutMines-Telecom Business School, l’Institut Polytechniquede Paris et l’Institut Louis Bachelier30. Son programmese focalisera sur 4 axes de recherche :

1. innovation numérique responsable : quelles mesures ?

2. Comment développer des technologies respon-sables « by design » ?

3. Réinventer les futurs : quelle société pour demaindans un monde numérique ?

4. Gouvernance de l’innovation et des technologiesresponsables

Gaia CaPitaL PaRtNERS

Plus que jamais, il est aujourd’hui nécessaire de dé-velopper une vision à 360 degrés des grandes avan-cées technologiques, afin de suivre les risques maiségalement de saisir les opportunités sous-jacentes.Malheureusement, les bonnes questions arriventparfois trop tard. Plus les entreprises développerontune culture de l’éthique et de la responsabilité enamont, moins nous verrons les dérapages dange-reux déjà observés aujourd’hui. Ce cycle vertueuxpeut être encouragé par une nouvelle générationd’investisseurs qui s’intéressent aux entreprises dèsleur stade précoce, sensibles à une croissance desentreprises en portefeuille réalisée de manière res-ponsable et éthique : Gaia Capital Partners en estl’exemple par excellence.

30 https://www.goodintech.org/index.html?anchor=aproposL’ISR Way - La tech | 41

coLLaboration etaccompaGnementdes entreprisesde demain

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intervieWACComPAgnEr

LA noUvELLEgénérATion

d’EnTrEPrEnEUrsrEsPonsABLEs

dE LA TECH

Elina BERREBi co-dirige l’équipe de Gaia Capital Partners en qualitéd’Associée-Fondatrice. Avant de créer Gaia, Elina a travaillé en tantqu’investisseur au sein d’Eurazeo Growth, où elle a accompagné plu-sieurs leaders du secteur de la technologie, à l’instar de Farfetch, Peo-pleDoc ou younited Credit. Avec son expérience passée au sein deBpifrance, Elina a participé au total au financement et au suivi de plusde 10 entreprises de croissance. Elina est membre du Conseil d’Ad-ministration de TechnoFounders, un « Startup studio » spécialisé dansla deep tech, et de Degrenne, société française d’arts de la table.

Diplômée de l’Ecole Polytechnique de Paris, Elina a également étudiéà Columbia University à New york.

alice aLBizzati co-dirige l’équipe de Gaia Capital Partners en qualitéd’Associée-Fondatrice. Avant de créer Gaia, Alice a exercé en tant qu’in-vestisseur au sein de Verlinvest à New york, société d’investissementspécialisée dans le secteur de la consommation, où elle a accompagnédes entreprises de croissance comme Vita Coco, Frichti et Sir kensing-ton’s. Auparavant, elle a participé au financement et au suivi de plus de10 entreprises au sein de LBO France et Bpifrance.

Diplômée de l’Ecole Polytechnique de Paris, Alice a également étudiéà l’Université Bocconi de Milan et l’Université McGill à Montréal.

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QUELLE EST LA GENèSE, LA PHILOSOPHIE ET LEPOSITIONNEMENT DE VOTRE SOCIéTé DE GES-TION GAIA CAPITAL PARTNERS ? COMMENT SE Dé-MARQUE-T-ELLE DANS SON ENVIRONNEMENTCONCURRENTIEL ?

Gaia Capital Partners est une nouvelle société degestion, lancée dans l’écosystème de Sycomore AM,qui est dédiée à l’accompagnement de la nouvellegénération d’entrepreneurs responsables dans ledomaine de la technologie et de l’innovation en Eu-rope. Si, historiquement, l’Europe a pris du retard enmatière d’innovation par rapport aux Etats-Unis, ellea connu de belles avancées ces dernières années.De plus en plus de sociétés ayant récemmentémergé en Europe connaissent aujourd’hui une fortecroissance, facilitée par la technologie, la transfor-mation digitale et les nouveaux usages ; elles sonten passe de devenir les leaders de demain. Naturel-lement, ces entreprises ont de forts besoins en capi-taux. Pour autant, elles sont très attentives lorsqu’elleschoisissent leurs investisseurs car elles requièrentavant tout un véritable accompagnement dans leurtrajectoire de croissance, au-delà d’un financementpur et simple.

Gaia est un investisseur à l’image de cette nouvellegénération d’entrepreneurs. L’originalité de notrefonds repose sur son approche entrepreneuriale, sadémarche d’investisseur responsable et ses ambi-tions internationales.

Par ailleurs, la construction de son portefeuille estunique : si le cœur se compose de sociétés dont lescapitaux sont privés, le fonds investit, de façon op-portuniste, dans des entreprises cotées en bourse.A ce titre, il bénéficie de l’analyse menée par Syco-more AM et d’un horizon de temps plus long qui dé-coule de la nature du fonds, de type private equity.Ce positionnement génère de fortes synergies entrenos deux entités : il permet un accompagnementdes entreprises avec l’apport de capitaux bien sûr,mais également une connaissance fine des marchés

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cotés où elles trouveront leurs grands clients, leursprincipaux partenaires d’affaires, potentiellementleurs futurs acquéreurs stratégiques, voire, pour cer-taines d’entre elles, leur prochaine destination de fi-nancement.

C’est donc une chance pour nous de travailler avecun partenaire engagé tel que Sycomore AM, qui dis-pose d’une réputation d’investisseur actif, responsa-ble, aux convictions fortes. C’est cet ADN quicaractérise également Gaia.

Enfin, notre attention se porte sur les entreprisesdans le domaine des technologies digitales car ellesrecèlent une multitude d’opportunités de croissance.En effet, sur les dix dernières années, la tech a repré-senté une part importante de la création de valeursur les marchés aux Etats-Unis1 et en Asie. Il y a fortà parier que ce potentiel de création de valeur vadésormais se propager sur les marchés européens,non cotés et cotés, et devenir la composante ma-jeure de l’économie réelle de demain. Dès lors quenous avons dressé ce constat, nous devons nous in-terroger sur la responsabilité des entreprises inno-vantes vis-à-vis des grands enjeux sociétaux etenvironnementaux, qui eux aussi, bouleversent lagestion des entreprises telle que nous l’imaginonstraditionnellement.

COMMENT S’INTèGRE VOTRE APPROCHE RES-PONSABLE DANS VOTRE STRATéGIE D’INVESTIS-SEMENT ? QUEL EST VOTRE REGARD SUR LARESPONSABILITé DU SECTEUR DE LA TECHNO-LOGIE ?

Force est de constater que les modèles écono-miques de nombreuses entreprises du secteur techse concentrent sur des sujets éminemment vertueux :l’économie circulaire, la santé et le bien-être, la per-formance énergétique ou encore l’accès à la techno-logie, etc. Dans ce contexte, notre ambition estd’accompagner les entreprises dotées de modèleséconomiques pérennes d’un point de vue financier,

1 Amazon, Apple, Facebook, Google, Microsoft et Netflix représentent 37% de la création de valeur du S&P 500 sur les cinq dernières années. Source : zerohedge, 18 avril 2019 : https://www.zerohedge.com/news/2019-04-18/five-companies-represent-35-all-sp-500s-value-creation-over-last-5-years

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l’origine socio-culturelle ont pu être mises en évi-dence. De fortes disparités peuvent ainsi apparaîtresi des engagements sérieux ne sont pas pris dès ledébut par les entreprises concernées. Ces sujets nedoivent pas rester uniquement dans le périmètred’action des développeurs mais être portés au ni-veau de la gouvernance globale de l’entreprise.

La prise en compte des enjeux extra-financiers dansl’industrie de la tech est d’autant plus importante denos jours que les risques les plus significatifs qui pè-sent sur les grands succès du secteur, à l’instar desGaFam2 et des BatX3, sont des risques extra-finan-ciers (protection des données, gouvernance, pra-tiques internes, etc.). Il est donc indispensable dedévelopper une approche très poussée dans ce do-maine qui permette, à la fois, de mesurer et de mini-miser le risque, ainsi que de créer de la valeur dansles meilleures conditions possibles. D’ailleurs, ledegré de responsabilité des entreprises n’est pasdécorrélé de leur ambition économique. Aucontraire, c’est justement parce que ces sociétés ontde grandes ambitions qu’elles se doivent d’être res-ponsables.

mais également d’un point de vue plus global. Cessociétés à contribution positive vis-à-vis des grandsenjeux environnementaux et sociétaux disposerontd’un puissant levier de création de valeur les pro-chaines années. Nous ciblons donc prioritairementles modèles économiques les plus vertueux selonun angle à la fois financier et extra-financier.

Par ailleurs, quel que soit leur modèle économique,il est crucial de guider les entreprises vers la mise enplace de bonnes pratiques business et de gouver-nance, et ce, le plus tôt possible. Par exemple, la pro-blématique de la consommation énergétique desdata centers est probablement un sujet anecdotiqueà l’échelle d’une start-up, mais plus l’entreprise sedéveloppe, plus l’enjeu prend de l’ampleur.

Autre illustration dans un autre registre : dans la dy-namique actuelle, de plus en plus de décisions sontvouées à être confiées de façon automatique à desalgorithmes. Les modèles algorithmiques actuelle-ment sur le marché présentent d’ores et déjà desbiais : par exemple, lors de processus de recrute-ment, des discriminations selon le genre ou encore

2 Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft3 Baidu, Alibaba, tencent, Xiaomi

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sur les entreprises cotées. Celui-ci se formalise autravers des référentiels SPICE (cf. pages 49-54) etNEC (cf. pages 37 à 40) ainsi que dans les politiquesd’intégration ESG4, de vote en assemblées géné-rales5, d’engagement6, etc. Nous bénéficions égale-ment d’un accès facilité à son écosystème departenaires qui figurent parmi les références de l’ISR(FIR, PRI, GIIN, etc.). Charge à nous d’adapter l’en-semble de ces éléments pour qu’ils soient cohérentsavec les problématiques de jeunes pousses qui évo-luent en dehors des marchés cotés, ces dernièresétant certainement plus ouvertes au changementmais aussi confrontées à des challenges inéditscompte tenu de leurs modèles économiques inno-vants.

Dans notre méthodologie, nous mettons les critèresextra-financiers au même plan que les critères finan-ciers. Nos due diligences comprennent systémati-quement une analyse ESG et de contributionapprofondie, qui nous sert ensuite dans l’établisse-ment des feuilles de route des prochaines prioritéspour les sociétés que nous ciblons. Nous sommesattentifs à la prise en compte de critères précis etquantifiables qui permettent un suivi de l’évolutiondans le temps. Il s’agit par exemple de données surla rétention des talents, le partage de la création devaleur, au travers de plans d’actionnariat salarié (deplus en plus standard étant donné les profils d’entre-prises visés), l’équité homme-femme (tandis que latech reste un milieu très masculin), l’impact environ-nemental, la promotion de la diversité socio-cultu-relle, etc. Si, en soi, l’ESG est un terme simple, ilrecouvre une multitude de réalités très différentes etcomplexes. Par exemple, la question du traitement desdonnées et de leur protection constitue un sujet clé àl’heure de l’entrée en vigueur du RGPD et celle-ci amaintes implications : comment protéger efficace-ment les données ? Comment les valoriser ? Com-ment faciliter un consentement éclairé du client ? Enréalité, les enjeux ESG nous permettent de devenirde meilleurs investisseurs.

Chez Gaia, nous nous intéressons principalement àdes entreprises qui réalisent entre 5 et 10 M € dechiffre d’affaires, présentent une très forte croissance,la plupart du temps à 3 chiffres, avec un début d’in-ternationalisation et emploient une centaine de sa-lariés environ. Nous estimons que nous avonsdavantage d’impact si nous incitons ces entreprises,qui n’ont pas nécessairement intégré des élémentsextra-financiers de prime abord, à adopter les meil-leures pratiques alors qu’elles sont encore à taillehumaine et en pleine phase d’expansion. A cesstades de développement, elles sont très agiles etun changement s’opère plus aisément que dans dessociétés matures ou en retournement, pâtissantd’une forte inertie. Au fur et à mesure que l’entre-prise croît, qu’elle s’internationalise et qu’elle devientde plus en plus visible, ce changement est décuplé.

Il est formidable d’investir selon une approche res-ponsable dans notre segment du marché : nousavons de réels leviers de persuasion dans notre dia-logue avec les équipes de management, notammentvia le conseil d’administration de ces sociétés, danslequel nous siégeons la plupart du temps. Surtout,nous trouvons énormément de répondant sur lesthématiques d’innovation responsable auprès desdirigeants qui appartiennent eux-mêmes à une nou-velle génération et témoignent d’une réelle préoc-cupation quant au rôle et à la mission de leurentreprise. C’est d’ailleurs devenu un critère de sé-lection des candidats au recrutement et un enjeud’attraction et de rétention des talents.

CONCRèTEMENT, COMMENT PRENEZ-VOUS ENCOMPTE CETTE DIMENSION EXTRA-FINANCIèREDANS VOTRE GESTION ?

Pour mener les entreprises de notre segment demarché vers les meilleures pratiques, nous ne par-tons pas d’une feuille blanche. Nous nous appuyonssur le travail de pointe réalisé depuis de nom-breuses années par les équipes de Sycomore am

4 https://www.sycomore-am.com/5d28919c-Sycomore_AM_Politique_integration_ESG_SPiCE_juillet2019_vf.pdf5 https://www.sycomore-am.com/5cb747f9-Politique_de_vote_SAM_2019_VF.pdf6 https://www.sycomore-am.com/5d2c2d3b-Politique_d_engagement_SAM_maj2019_vf.pdf

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intervieW

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de nombreuses options à la sortie (acquisition stra-tégique, introduction en bourse, etc.). La poche op-portuniste, consacrée aux entreprises plus avancéesdans leur cycle de croissance, implique de moindresrisques et un accompagnement moins soutenu, maisprocure en revanche une exposition aux sociétés lesplus performantes de leur marché, dont la trajectoireet les pratiques sont une source d’inspiration pourmieux accompagner les jeunes pousses de notreportefeuille. Nous pensons en effet qu’il est fonda-mental de créer davantage de liens entre sociétésmatures et sociétés plus jeunes, afin de faire grandirde manière pérenne et responsable les leaders del’économie de demain.

QU’EN EST-IL DE VOTRE DéVELOPPEMENT ?QUELLES SONT VOS ASPIRATIONS ?

Nous avons réalisé notre premier closing cet été etavons pour ambition de porter notre fonds à 200 M€au total d’ici l’été 2020. Celui-ci investira dans 10 à15 sociétés. Notre équipe dynamique — 5 per-sonnes, assistée par 2 stagiaires aujourd’hui — estépaulée au quotidien par les équipes de SycomoreAM et a vocation à être renforcée rapidement. Entermes géographiques, nous aspirons à constituerun portefeuille équilibré entre une exposition à laFrance (environ la moitié du portefeuille) et une di-versification en Europe pour l’autre moitié à traversune couverture des marchés allemand, scandinave,britannique et latins (Italie, Espagne).

Le marché du financement growth en Europe, etplus particulièrement en France, bénéficie d’unetrès bonne dynamique : depuis mi-2018, nous avonseu l’occasion d’étudier plus de 150 opportunitésd’investissement. Notre objectif serait à terme deréaliser entre 2 et 4 investissements par an, autre-ment dit d’être très actifs surtout pendant les pre-mières années de la vie du fonds, la durée moyennede nos investissements de type private equity étantd’environ 5 ans.

Et si nous revenons sur le positionnement uniqueadopté par Gaia, alliant les univers non coté et coté,il est clair que désiloter les horizons d’investisse-ment permet de capter énormément de valeur…L’Europe compte une soixantaine de licornes (les socié-tés championnes de la tech valorisées plus de 1 Md €),parmi lesquelles la moitié représente des sociétésprivées, l’autre moitié étant entrée en bourse. En tantqu’investisseur désireux de s’exposer à cette classed’actifs, il est parfaitement cohérent d’avoir un piedde chaque côté. En termes de construction de por-tefeuille, un périmètre élargi permet aussi d’équili-brer les risques : le cœur de portefeuille en phasede forte croissance offre des valorisations modéréesà l’entrée (avec des objectifs de réaliser au moins unmultiple de 3x ou 4x notre investissement initial) et

intervieW

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LE

S T

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ET

S IS

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4

Source : https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/comment-le-numerique-pollue-dans-l-indifference-generale-801385.html

@sycomoream

#PollutionNumérique « Le secteur du numérique » représente aujourd’hui environ 4%des émissions de gaz à effet de serre (GES), deux fois plus que celles du secteur del’aviation civile. @LePoint

@sycomoream

#Santé : on peut anticiper dedeux à trois semaines les prévi-sions d'épidémies grâce à la tech-nologie.

Source : https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/la-tech-for-good-cela-peut-rapporter-gros-1019125

Source : https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/la-tech-for-good-cela-peut-rapporter-gros-1019125

Source : https://www.lepoint.fr/environnement/l-impact-insoupconne-du-numerique-sur-l-environnement-17-05-2019-2313237_1927.php

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@sycomoream

« Les ordinateurs , smartphones , data centers, réseaux etobjets connectés engloutissent déjà 10% de la consommationmondiale d'électricité . »

Source : https://www.lerevenu.com/placements/economie/robotisation-plus-de-16-des-emplois-seraient-menaces-en-france

@sycomoream

L’@OECD estime à 14% les emplois des pays développés qui sont fortementmenacés d’automatisation . Un chiffre qui s’élève à 16,4% pour la France.

@sycomoream

Dans l'#éducation, on obtient50 à 80% de réussite supplé-mentaire aux examens si l'appren-tissage des élèves est suivi etcalibré individuellement par l'#IA.

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@sycomoream

En France, il y a 17,6 #Objets-Connectés pour 100 habitants,soit le 8e pays le plus connectéau monde #IoT

@sycomoream

#Starlink, #OneWeb, #Aquila…Différents projets tentent deconnecter le monde entier à In-ternet grâce à des drones ou dessatellites.

Source : https://www.lci.fr/sciences/internet-spatial-starlink-la-machine-a-fric-d-elon-musk-pour-financer-les-voyages-vers-mars-space-x-satellite-2122152.htmlSource : https://www.objetconnecte.com/iot-definition-chiffres-usages-marches/

@sycomoream

D’ici 2035, l’#IA pourrait con-tribuer à augmenter la producti-vité mondiale de 40%, selon@Accenture

Source : https://experiences.microsoft.fr/business/intelligence-artificielle-ia-business/ia-chiffres-cles/

@sycomoream

Les technologies permettantde suivre la #santé du patient àdistance et en continu réduisentle taux de #mortalité d’environ20%. @Mckinsey_MGI

@sycomoream

#InformationChaque seconde, l'équivalent de 2 BNF (Bibliothèque Nationale de France)

ou 14 M de livres est diffusé sur le web, soit 63 M de BNF par an. @ARTEfr

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Nous sommes convaincus qu’une entreprise ne peutcréer de la valeur sur le long terme que si celle-ci estpartagée avec l’ensemble de ses parties prenantes. Nous abordons donc l’entreprise à travers une visionholistique, qui se matérialise dans notre modèled’analyse fondamentale : celui-ci se structure autourde 5 parties prenantes de l’entreprise, réunies sousl’acronyme SPiCE – Society & Suppliers, People,investors, Clients et Environment*.

Chacune de ces 5 parties prenantes fait l’objetd’une analyse indépendante qui aboutit à l’attribu-tion d’une note (S, P, I, C & E) inscrite sur uneéchelle de 1 à 5. La moyenne pondérée de ces dif-férentes notes, ajustée selon le secteur et les acti-vités de l’entreprise, constitue la note globaleSPiCE de l’entreprise. Celle-ci intègre au total 80critères, qualitatifs et quantitatifs.

Dans nos modèles de valorisation d’entreprise,cette note influe sur le calcul du cours cible de l’ac-tion de l’entreprise : elle impacte jusqu’à +/- 40 %le coefficient de risque (β) utilisé dans le calcul ducoût moyen pondéré du capital de l’entreprise(waCC) et du taux d’actualisation des flux finan-ciers futurs, impactant ainsi la valorisation financièrede l’entreprise.

L’isrBY sYComorE

noTEssPiCE

LA

LIB

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DA

NS

L’E

NG

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EM

EN

T 0

5

L’ISR Way - La tech | 49

Society & SupplierS, en leur garantissant équité et transparence

people, en leur offrant un cadre de travail agréable et stimulant

inveStorS, en leur offrant un retour sur capitaux employés attractif

clientS, en leur offrant des produits et/ou services différenciés

environment, en protégeant les écosystèmes et en développant le capital naturel

S

P

I

C

E

Spice : notre modèle d’analySe fondamentaleSource : SYCoMoRE AM

* Société & Sous-traitants, Collaborateurs, investisseurs, Clients & Environnement.

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Notre approche, globale et intégrée, permet d’apprécier les entreprises au regard de l’ensemble des enjeux dedéveloppement durable. Le schéma ci-dessous traduit la correspondance entre les trois piliers du développe-ment durable (que sont l’économie, la société humaine et l’environnement), les enjeux ESG (Environnementaux,Sociaux et de Gouvernance) et les cinq parties prenantes de notre approche propriétaire SPiCE.

La note SPiCE d’un fonds reflète ainsi sa performance en matière de développement durable.

NOTES SPiCE dES vaLEURSiNvEStiES PAR FONDSNOTES SPiCE DES FONDS

fondS note Spice (sur 5)

Francecap 3.4eUropean recoverY 3.3séLection pme 3.4partners 3.3Sélection crédit 3.2Sélection reSponSable 3.5eco SolutionS 3.5happy@work 3.7Shared growth 3.4neXt generation 3.3

eUro stoxx 3.3msci eUrope 3.3

Données au 28.06.2019. La performance des FCP peut s’expliquer en partie par les indicateurs ESG des valeurs en portefeuille sans que ceux-ci soient seuls déterminants de l’évolution de cette performance.Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les FCP n’offrent aucune garantie de rendement ou de performance et présentent un risque de perte en capital. Avant d’investir, consultezau préalable le DiCi des oPCVM disponible sur notre site www.sycomore-am.com.

FrancecapeUropean recoverY

séLection pmepartners

Sélection créditSélection reSponSable

eco SolutionShappy@work

Shared growthneXt generation

eUro stoxxmsci eUrope

Société

dévELoPPEmEnT dUrABLE

environnement

Society & SupplierS

people

inveStorS

clientS

environment

S

P

I

C

E

Eenvironnement

ssociaL

gGoUvernance

Source : SYCoMoRE AM

économie

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La note i se concentre sur la relation entre l’entreprise et ses actionnaires. Notre analyse porte sur la solidité dumodèle économique – à travers la structure des revenus, la position concurrentielle, les leviers de croissance(capacité d’innovation, potentiel de croissance externe, création de valeur organique) – ainsi que sur la qualitéde la gouvernance, notamment en termes d’équilibre des pouvoirs et du niveau d’exécution de la stratégie.

La prise en compte de l’intérêt de l’ensemble des parties prenantes, à travers une répartition équitable de la valeurcréée et l’intégration des enjeux du développement durable à la stratégie, est un élément clé de notre analyse.

modèle économique gouvernance

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Données au 28.06.2019. La performance des FCP peut s’expliquer en partie par les indicateurs ESG des valeurs en portefeuille sans que ceux-ci soient seuls déterminants de l’évolution de cette performance.Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les FCP n’offrent aucune garantie de rendement ou de performance et présentent un risque de perte en capital. Avant d’investir, consultezau préalable le DiCi des oPCVM disponible sur notre site www.sycomore-am.com.

e sgFocUs iinvestors

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FocUs S | p | csocietY & sUppLierspeopLe cLients

L’enjeu social est appréhendé au travers des piliers « Society & Suppliers » (note S), « People » (note P) et « Clients »(note C) de l’analyse SPICE. La note S traduit la performance de l’entreprise vis-à-vis de la société civile (« Society ») et de ses fournisseurs (« Sup-pliers »). Les critères analysés comprennent notamment la contribution sociétale des activités de l’entreprise, lecomportement citoyen de celle-ci, son degré de maîtrise de sa chaîne de sous-traitance ainsi que l’équilibre et l’in-tégration des enjeux du développement durable dans ses relations fournisseurs. La note P se concentre sur la gestion du capital humain, qui repose sur l’intégration des enjeux humains au sein desa stratégie, sa culture interne, sa performance en matière de sécurité au travail, sa capacité à créer un environne-ment de travail propice au développement des talents. La mesure régulière de l’engagement des collaborateurs,notamment à l’aide d’enquêtes de satisfaction, constitue un outil pertinent pour notre analyse.La note C s’intéresse aux clients de l’entreprise, à travers son positionnement de marché, la qualité de son marketing,la diversité de ses modes de distribution, son agilité face à la digitalisation, ainsi que la satisfaction client.

1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0

MSCI EUROPE EURO STOXX

NEXT GENERATION SHARED GROWTH

HAPPY@WORK ECO SOLUTIONS

SÉLECTION RESPONSABLE SÉLECTION CRÉDIT

PARTNERS SÉLECTION PME

EUROPEAN RECOVERY FRANCECAP

people clientS

Society SupplierS

Données au 28.06.2019.

es G

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La note E agrège l’évaluation de la performance de l’entreprise vis-à-vis du capital naturel. Elle synthétise, d’unepart, la performance au sein de l’entreprise (implication et ambition des dirigeants dans la gestion des enjeuxenvironnementaux, niveau d’intégration de ces enjeux dans la stratégie de l’entreprise, sa culture et son fonction-nement) et, d’autre part, l’impact de son modèle économique selon une approche en analyse de Cycle de vie,basée sur la Net Environmental Contribution (NEC). Cet indicateur mesure pour chaque activité le degré d’ali-gnement de son modèle économique avec la transition énergétique et écologique et avec les objectifs de luttecontre le réchauffement climatique. Elle fournit une mesure du risque de transition sous la forme d’un seul chiffreapplicable à tout secteur et tout type de financement qui s’échelonne de -100% à +100%. Enfin, la note E intègreégalement l’exposition de l’entreprise aux autres risques environnementaux de moyen et long termes, commeles risques physiques provenant du climat et de l’environnement.

Nous n’avons pas retenu la mesure de l’empreinte carbone dans notre analyse, car celle-ci présente de trop nom-breuses limites, et notamment : elle ne tient compte ni d’une grande partie des émissions dans la chaîne de valeuramont et aval (appelées scope 3, les empreintes carbone disponibles ne comprenant que les scopes 1 et 2 etune petite partie du scope 3 amont), ni des émissions évitées par l’utilisation des produits et services (parfois ap-pelées scope 4 et très importantes pour les activités solutions, comme l’isolation, la rénovation thermique ou lerecyclage), ni des externalités sur les autres enjeux environnementaux (eaux, pollution de l'air, biodiversité, etc.).L’empreinte carbone est donc présentée dans un but illustratif et pédagogique en la comparant avec la NEC, quiva au-delà du carbone et qui mesure une véritable contribution nette positive et négative.

environment la nec et l’empreinte carbone

Données au 28.06.2019, NEC 1.0 calculée par Sycomore AM sur les données 2017-2018

*”is the transition risk material? testing the Net Environmental Contribution metricon a universe of listed European equities” - 12th Financial Risks international Forum,institut Louis Bachelier, Paris, Mars 2019

fondS

FrancecapeUropean recoverYséLection pmepartnersSélection créditSélection reSponSableeco SolutionShappy@workShared growthneXt generation

eUro stoxxmsci eUrope

empreintecarbone

292905277287355254626118

80246

344283

(en teqCo2 / M€ investis / an)

L’ISR Way - La tech | 53

nec

0%6%7%0%4%6%

33%1%

-1%0%

-1%-3%

Es GFocUs eenvironment

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données au 28.06.2019

valeurS note Spice (sur 5)

rational ag 4.3pHarmaGest 4.2scHneider eLectric 4.2LeGrand 4.1marimeKKo 4.1tecHnoGYm 4.1admiraL insUrance 4.0air LiQUide 4.0asmL 4.0biomerieUx 4.0

note Spice (sur 5)

marimekko 4.1eLia 3.7Ldc 3.7danone 3.6encavis 3.6First repUbLic banK 3.6Umicore 3.6ence 3.5essiLorLUxottica 3.5KerinG 3.5moncLer 3.5soLvaY 3.4eLior 3.3orsero 3.2soLarpacK 3.2Kemira 3.0tF1 2.9

10mEiLLEUrEs

noTEsen porteFeUiLLe

LesdErniErEsrEnConTrEsspice

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Sources : Sycomore AM, Factset. Données au 28.06.2019, Part i. *tR = Dividendes réinvestis. NR = Net Return. La performance du FCP peut s’expliquer en partie par les indicateurs ESG des valeurs en portefeuillesans que ceux-ci soient seuls déterminants de l’évolution de cette performance. le FCP n’offre aucune garantie de rendement ou de performance et présente un risque de perte en capital. Avant d’investir,consultez au préalable le DiCi des oPCVM disponible sur notre site www.sycomore-am.com.

Une sélection responsabled’entreprises, conforme

aux principes de développementdurable

sYcomoreséLECTion

rEsPonsABLE

performance depuiS création (24.01.2011)

profil rendement / riSque

À risque plus faible,rendement potentiellement plus faible

À risque plus élevé,rendement potentiellement plus élevé

Perf. 1 an : -7.6%Vol. 1 an : 13.8%

1 2 3 4 5 6 7

depuis 2017depuis 2011 depuis 2016

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

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Page 56: Mise en page 1 - Sycomore AM · tion de 5 centimes d’euro qu’ils paient sur le prix de leur smartphone permet de le recycler intégralement sans dumping social ou environnemental,

Sources : Sycomore AM, Factset. Données au 28.06.2019, Part i. *tR = Dividendes réinvestis. NR = Net Return. La performance du FCP peut s’expliquer en partie par les indicateurs ESG des valeurs en portefeuillesans que ceux-ci soient seuls déterminants de l’évolution de cette performance. le FCP n’offre aucune garantie de rendement ou de performance et présente un risque de perte en capital. Avant d’investir,consultez au préalable le DiCi des oPCVM disponible sur notre site www.sycomore-am.com.

depuis 2016

Une sélection responsabled’obligations d’entreprises européennes

sans condition de rating (IG, Hy et NR)ou de taille de capitalisation

sYcomoreséLECTion

CrédiTPerf. 1 an : 2.4%Vol. 1 an : 1.6%

performance depuiS création (05.12.2012)

profil rendement / riSque

À risque plus faible,rendement potentiellement plus faible

À risque plus élevé,rendement potentiellement plus élevé1 2 3 4 5 6 7

depuis 2013 depuis 2016

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

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Sources : Sycomore AM, Factset. Données au 28.06.2019, Part i. *tR = Dividendes réinvestis. NR = Net Return. La performance du fonds peut s’expliquer en partie par les indicateurs ESG des valeurs enportefeuille sans que ceux-ci soient seuls déterminants de l’évolution de cette performance. le fonds n’offre aucune garantie de rendement ou de performance et présente un risque de perte en capital.Avant d’investir, consultez au préalable le DiCi des oPCVM disponible sur notre site www.sycomore-am.com.

1 compartiment de la sycomore Fund sicav (Luxembourg). ce compartiment a été crééle 04.11.2015 en prenant la suite d’un fonds français identique créé le 06.07.2015

puis liquidé au profit du compartiment luxembourgeois.

Une sélection responsable d’entreprisesfavorisant le bien-être au travail

sYcomoreHAPPY@worK

Perf. 1 an : -1.1%Vol. 1 an : 11.5%1

performance depuiS création (06.07.2015)

profil rendement / riSque

À risque plus faible,rendement potentiellement plus faible

À risque plus élevé,rendement potentiellement plus élevé1 2 3 4 5 6 7

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

depuis 2015 depuis 2016

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Sources : Sycomore AM, Factset. Données au 28.06.2019, Part i. *tR = Dividendes réinvestis. NR = Net Return. La performance du fonds peut s’expliquer en partie par les indicateurs ESG des valeurs enportefeuille sans que ceux-ci soient seuls déterminants de l’évolution de cette performance. le fonds n’offre aucune garantie de rendement ou de performance et présente un risque de perte en capital.Avant d’investir, consultez au préalable le DiCi des oPCVM disponible sur notre site www.sycomore-am.com.

1 compartiment de la sycomore Fund sicav (Luxembourg).

Une sélection responsabled’entreprises innovantes,

anticipant les enjeuxenvironnementaux

sYcomoreéCo soLUTions

Perf. 1 an : -10.2%Vol. 1 an : 15.1%1

performance depuiS création (01.08.2015)

profil rendement / riSque

À risque plus faible,rendement potentiellement plus faible

À risque plus élevé,rendement potentiellement plus élevé1 2 3 4 5 6 7

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

depuis 2016 depuis 2016

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L’ISR Way - La tech | 59

Sources : Sycomore AM, Factset. Données au 28.06.2019, Part i. *tR = Dividendes réinvestis. NR = Net Return. La performance du FCP peut s’expliquer en partie par les indicateurs ESG des valeurs en portefeuillesans que ceux-ci soient seuls déterminants de l’évolution de cette performance. le FCP n’offre aucune garantie de rendement ou de performance et présente un risque de perte en capital. Avant d’investir,consultez au préalable le DiCi des oPCVM disponible sur notre site www.sycomore-am.com.

Une sélection responsablede valeurs de croissanceà impact sociétal positif

sYcomoresHArEd

growTHPerf. 1 an : 0.5%Vol. 1 an : 9.7%

depuis 2017

performance depuiS création (24.06.2002)

profil rendement / riSque

À risque plus faible,rendement potentiellement plus faible

À risque plus élevé,rendement potentiellement plus élevé1 2 3 4 5 6 7

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

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UnE soCiéTé dE gEsTion EngAgéE

SY

CO

MO

RE

AS

SE

T M

AN

AG

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EN

T 0

6

UNE CONtRiBUtiON aUX RéFLEXiONS dE PLaCE

créée en 2001 et animée par un fort esprit entrepreneurial

Une véritable expertise sur les entreprises cotées

Une culture de performance fondée sur une gestion active

Une équipe de 64 personnes parmi lesquelles 8 spécialisées sur l’eSg

Une expertise reconnue, récompensée par fitch ratings depuis 2008

données au 28.06.2019

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nEC iniTiATivE

L’ISR Way - La tech | 61

Après 4 ans de R&D, dans une démarche volontariste de coopération, nous avons déployé la métrique de contri-bution environnementale, la Net Environmental Contribution (NEC), en open-source grâce à la NEC Initiative,opérée par Quantis : www.nec-initiative.org. Cette démarche vise à maximiser l’utilité, la transparence et l’im-pact de la NEC, en la partageant et en la diffusant. Mesure simple d’utilisation du risque de transition, la NECremplit 5 usages : évaluation des risques, impact investing, engagement, reporting et conformité. Robuste,cross-assets, tout terrain et applicable aussi bien à un produit ou à une PME qu’à un portefeuille ou un indiceboursier, la NEC est une métrique avancée qui va au-delà du carbone, en cohérence avec les objectifs environ-nementaux du label Greenfin et de la taxonomie verte européenne.

www.nec-initiative.org

iLS SONt déJà mEmBRES dE La NEC iNitiativE ...

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Une recherche ESG propriétaire nourrie par

une équipe dédiée de 8 personnes spécialisées dans la recherche Esg

Un modèle d’analyse essentiellement alimenté

par des données brutes publiées par les sociétés

Un dialogue constructif permanent avec les équipes

en charge du développement durable et de la communication financière des entreprises

Une approche isr de conviction reconnue par le Label Novethic depuis 2011

et les pouvoirs publics depuis 2016

Un véritable engagement auprès des principaux acteurs

de la sphère ISR : PRI, CDP, French-SIF (FIR), SFAF, ministères, académiques, NEC Initiative

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L’ISR Way - La Finance Utile | 31

NOS ENCOURS ISR : 2 735 m €évolution des encours ISR (en M €)

données au 28.06.2019

L’ISR Way - La tech | 63

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