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Les pendus de Montauban 24 juillet 1944

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Page 1: Mise en page 1 - Montauban · 2013. 2. 27. · zone “libre”, en réalité dirigée par le gouvernement collaborateur du maréchalPétain. Le11novembre1942,enrépliqueau débarquement

Les pendusde Montauban24 juillet 1944

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Sur la place des Martyrs, deux acaciasveillent une stèle de bronze engageantles passants à se rappeler ou découvrirun épisode dramatique survenu sousl'Occupation nazie : les pendaisonsde Montauban du 24 juillet 1944.

Aujourd'hui, de nouveaux témoi-gnages et illustrations étant apparus aufil des années et des archives officiellesayant été ouvertes à la consultation, lemusée de la Résistance et de laDéportation a tenu à retracer plusprécisément l'histoire des “pendus deMontauban” et surtout à rendre encorehommage à ces résistants, à leur familleet à leurs amis qui se sont battus pourles valeurs de la République.

Les acacias et la stèle du carrefour des Martyrsà Montauban où, depuis le 60e anniversairedes pendaisons de 1944, se déroule chaqueannée une commémoration officielle.

A Montauban, aujourd’hui…ph

otoGuy

Roum

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Après la défaite française du printemps1940 et la signature de l’armistice avecle régime nazi d’Hitler, les troupesallemandes occupent une partie dupays.Le Tarn-et-Garonne appartient à lazone “libre”, en réalité dirigée par legouvernement collaborateur dumaréchal Pétain.Le 11 novembre 1942, en réplique audébarquement allié en Afrique dunord, toute la France est envahie. Lejour-même, un avion survoleMontauban et les premiers convoisautomobiles recouverts du drapeaurouge à croix gammée pénètrent dansla ville.

Les nazis restent jusqu’en août 1944,près de deux ans pendant lesquelsnombre d’atrocités sont commises.A partir de 1943, l’action de laRésistance s’intensifie en Tarn-et-Garonne et plusieurs maquiss’organisent. Les soldats SS ont alorspour mission principale de réprimertoute forme d’opposition, par laterreur et les exécutions, souvent avecl’aide de collaborateurs et des membresde la Milice française.

… et dans les années 1940

Troupes nazies sur le pont Vieux à Montauban.Cliché pris depuis le musée Ingres fin 1942 - début 1943.

Archivesdépartem

entalesde

Tarn-et-Garon

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C’est dans ce contexte que surviennentles événements de Montricoux quiaboutissent à l’exécution de résistants àMontauban et Montech.Le 17 juillet 1944 au matin, des naziscernent Montricoux où ont étédénoncés des maquisards. Pendant cetemps, suivant une liste, des milicienspénètrent dans des habitations etprocèdent à des arrestations. Au final,huit ont lieu dans le village, trois sontmenées dans le bus qui venait deBruniquel et deux à Nègrepelisse.

Les prisonniers sont placés dans uncamion où ils sont victimes deviolences de la part des miliciens.Parmi eux, André Castel, AndréHuguet, Henry et André Jouany,Hugues et Lucien Lespinet, MichelMélamed. Encadré de troupes SS, leconvoi prend la route de Montauban.

Les arrestations de Montricoux

La scierie Lespinet à Montricoux où les deux frères,Hugues et Lucien – ce dernier figure au premier planau côté de leur père –, sont arrêtés le 17 juillet 1944.

Collectionprivée

JacquesLatu

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Des hommes appartenant au groupe“Fantôme” du corps franc Dumas ontreçu l’ordre d’attaquer le convoitransportant les prisonniers. Au lieu-dit Les Brunis, des maquisards sontdissimulés en bordure de route. Unegrenade atteint le premier camion,des soldats SS sont soufflés par ladéflagration. Endommagés, desvéhicules sont immobilisés dans lesfossés. L’affrontement commence.Les otages Bonhomme et Feuillée, quitentent de s’évader du camion, sontabattus. Deux autres parviennent à fuirà travers champs et à gagner les rives de

l’Aveyron où ils sont secourus par desamis. Le combat s’achève rapidementcar miliciens et nazis sont supérieursen nombre, malgré plusieurs tués.De son côté, la Résistance comptequatre morts, deux blessés et dixhommes restés captifs. Sur ordre de laGestapo, les corps des maquisards sontlaissés sur place. Ils seront emmenéspar les familles seulement lelendemain.

L’attaque des Brunis

Le lieu de l’attaque des Brunis, sur la route menant de Montricouxà Montauban, où ont péri quatre résistants le 17 juillet 1944.Un monument commémoratif, situé sur l’actuelle commune deNègrepelisse, rappelle aujourd’hui les noms d’André Bauer, PierreBonhomme, Pierre Feuillée et Marcel Loupiac.

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Blessé lors de l’attaque des Brunis, unofficier nazi meurt peu de temps après.La haine et la colère des SS accélèrentles décisions de répression àMontauban. Détenus depuis le 17juillet à la caserne Doumerc, lesmaquisards sont conduits en camion,dans la nuit du 23, place du maréchalPétain, face à la préfecture. Des soldatsnazis commencent alors à préparer leurpendaison. Profitant de l’obscurité etd’une faille de surveillance, desrésistants parviennent à s’enfuir, mais àpeine engouffrés dans un immeublevoisin, des coups de feu les arrêtent. Ilssont tous repris.

André Castel, Henry Jouany, AndréHuguet et Michel Mélamed sontpendus dos à dos à deux acacias de laplace.Hugues Lespinet a pu quant à luiatteindre la rue des Doreurs où il sedissimule dans un jardin.Retrouvé au matin, il est conduit àl’hôpital où il succombe à ses blessuresce même jour du 24 juillet 1944.La Gestapo donne l’ordre de laisser lespendus à la vue de tous. Grâce àl’intervention du préfet et de deuxreligieux, les corps sont finalementenlevés en fin de matinée pour êtreinhumés au cimetière municipal.

Répression à Montauban

Les quatre pendus de Montauban.Cliché pris à la dérobée le 24 juillet 1944 face au café de l’Europe(actuellement Garden Ice Café, 1 allée de l'Empereur).

Collectionprivée

JacquesLatu

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Artiste peintre montalbanais, Lucien Cadène (1887-1958)s’est parfois inspiré des horreurs et des injustices de sonsiècle. Très marqué par la Première Guerre mondiale dontil reste lui-même invalide, il proteste ensuite contre laguerre d’Espagne et le nazisme.

Le dessin préparatoire qu’il réalise en cachette au matindu 24 juillet 1944 témoigne de ses sentiments en faveurde la Résistance. Sur le tableau final, une inscriptioncondamne ouvertement les responsables de cesrépressions sanglantes : les nazis et leurs collaborateursfrançais.

Musée

delaRésistance

etde

laDéportatio

n,dépô

tmusée

duTerroir

Les Pendus, place des Martyrs, 24 juillet 1944 (10h du matin) - Hommage aux martyrsde la Gestapo et de la Milice de Darnand, huile sur toile de Lucien Cadène.

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Les victimes du 24 juillet 1944 à Montauban

photos

:Archivesdépartem

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Le 22 juillet 1944, Marie Castel se rend au lycéeMichelet

de Montauban où siège la Milice car elle est sans nouvelles

de son mari depuis son arrestation. Elle est conduite à

l’ancienne caserne des Dragons où on lui permet de le voir,

mais en présence d’un garde et avec l’interdiction formelle

de lui parler. C’est ladernière fois que Marie Castel voit son

époux vivant.

André CASTELMaquis de CabertatDomicilié à NègrepelisseOuvrier, marié, 37 ansPendu

André HUGUETMaquis de Cabertat

“Hector” dans la RésistanceDomicilié à MontricouxConducteur de cylindreMarié, 2 enfants, 48 ans

Pendu

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Michel Mélamed est arrêté à

Montricoux le 17 juillet 1944, dans le

bus qui assure la liaison avec Caussade

où il travaille au Laboratoire central de

l’Armement. Il est mené dans un camion

où d’autres résistants sont déjà captifs.

Alors qu’elle apporte à son mari une

veste et un peu de nourriture, Emma

Lespinet est violemment repoussée

par un garde SS. Elle doit rentrer chez

elle et ne reverraplus ni Hugues, ni

son

beau-frère Lucien.

Henry JOUANYMaquis de Cabertat“Joubert” dans la RésistanceDomicilié à MontricouxAgriculteurMarié, 1 enfant, 39 ansPendu

Michel MELAMEDPolonaisDomicilié à CaussadeIngénieur, 38 ansPendu

Hugues LESPINETMaquis de Cabertat

“Luc” dans la RésistanceDomicilié à Montricoux

Exploitant scierieMarié, 2 enfants, 32 ansBlessé lors de sa fuite,il décède à l’hôpital

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La fosse où ont été trouvés les corps d’André Jouany et LucienLespinet assassinés le 26 juillet 1944.Cliché pris près de Montech en septembre 1944.A cet endroit, en bordure de route, une stèle honore la mémoiredes deux résistants.

26 juillet 1944 : les crimes de Montech

Après les exactions de Montauban, lesproches d’André Jouany et de LucienLespinet les espèrent encore vivants.Mais fin août 1944, des témoinsrévèlent aux autorités de Montechavoir assisté en cachette à une scènetragique. Le 26 juillet 1944, deuxhommes sont emmenés en lisière deforêt où une fosse a été creusée àl’explosif par des SS. Sommés dedescendre à l’intérieur, ils essuient destirs de pistolet. Touché, l’un desrésistants entraîne l’autre dans sachute. Ils sont ensuite enterrés vivants.

L’exécution a été menée en présence duresponsable des troupes d’Occupationdu secteur de Montbartier, le capitaineKorn, et d’un milicien français.Au lieu-dit Châteauroux, sont ainsiexhumés les corps d’André Jouany etLucien Lespinet, ligotés ensemble. Desfunérailles peuvent enfin être célé-brées. Le 26 août 1944, une semaineaprès la Libération du département, denombreuses personnes rendent unhommage solennel aux deux hommes.

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René-Lucien LESPINETMaquis de Cabertat

“Lucas” dans la RésistanceDomicilié à Montricoux

Exploitant scierieMarié, 2 enfants, 27 ans

Enterré vivant près de Montech

Arrêté dans son atelier, André Jouany est sommé de se

rendre à la ferme familiale, encadré par deux miliciens.

Lorsqu’ils arrivent, son frère Henry est absent : il trav

aille à

la vigne avec sa femme et son fils de quatorze an

s. La grand-

mère, ne sachant rien des arrestations en cours, indique,

confiante, où se trouve Henry. Les deuxfrères Jouany

,

sous la conduite des miliciens, partent à

pied en direction du

village. Ils ne reviendront jamais.

André JOUANYMaquis de Cabertat“La Goupille” dans la RésistanceDomicilié à MontricouxMécanicienMarié, 1 enfant, 35 ansEnterré vivant près de Montech

photos

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En 1944, le Comité départementalde Libération propose à la préfecturede Tarn-et-Garonne et à la mairie deMontauban l’édification d’une stèlecommémorative entre les deux acacias

où ont été pendus les victimes du 24juillet. Il est aussi décidé que la placedu maréchal Pétain, ainsi nomméesous le régime de Vichy, deviendradésormais la place des Martyrs.

Hommages à la Libération

Article du journal La République du Sud-Ouest du 8 octobre 1944 relatantla cérémonie organisée à Montauban, en souvenir de résistants tuésquelques mois plus tôt.

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En octobre 1944, après une cérémonie à lacathédrale de Montauban, les corps desrésistants retrouvent leurs terres natales où,comme ici à Montricoux, des obsèques officiellessont célébrées en présence d’une fouleimportante.

Carte postale éditée lors de la journée de commémoration du 24 juillet 1945 àMontauban, au bénéfice des familles des victimes.

Collectionprivée

JacquesLatu

Collectionprivée

And

réLacombe

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A notre époque : mémoire et vigilance

PPaarroolleess ddee jjeeuunneess MMoonnttaallbbaa

nnaaiiss dd’’aauujjoouurrdd’’hhuuii

“Grâce à la Résistance, nous pouvons vivre l

ibres. Nous souvenir de cela

peut aider à garder un monde de paix.”

Elèves de Cm1-Cm2 de l’école Camille Claudel

“Notre liberté, celle dont nous profitons chaqu

e jour, a eu un prix. C’est

pourquoi nous devons toujours lutter pou

r la conserver. Nous aussi,

générations d’aujourd’hui, quelles que soien

t nos différences politiques,

sociales, religieuses, nous pouvons nous un

ir, nous battre, pour moins

d’injustice.”Elèves de 3

e du collège Ingres

“C’est à nous qu’il appartiendra de transm

ettre, de “témoigner”. Nous

ferons en sorte que nos enfants sachent parc

e que cette histoire est aussi

notre histoire.”Elèves de 2

nde du lycée Bourdelle

Comme nombre de résistants, lesvictimes du 24 juillet 1944 àMontauban ont payé leurs engagementsde leur vie. Leur idéal, réprimé par leslois nazies et le gouvernement de Vichy,était porteur de valeurs essentielles.Cette lutte pour le respect des droits del’Homme n’appartient pas seulementau passé et reste même malheu-reusement plus que jamais d’actualité

face à l’inquiétante renaissanced’idéologies fascistes et négationnistesà travers le monde. La liberté, lasolidarité et le dialogue entre lespeuples sont une quête permanente.Ainsi, la jeunesse d’aujourd’huireprésente le nouveau relais desnécessaires travail de mémoire etdevoir de vigilance.

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Sources Musée de la Résistance et de la Déportation de MontaubanArchives municipalesArchives départementales de Tarn-et-Garonne Musée départemental de la Résistance etde la Déportation de Haute-GaronneArchives privées André Lacombe Archives privées Jacques Latu

Illustration de couverture Les Pendus de Montauban, 24 juillet 1944Peinture de G.R. Cousi, 1944 (Collection privée Jacques Latu)

Texte © musée de la Résistance et de laDéportation de Montauban, juin 2009revu et corrigé en 2011 et 2012Source bibliographique : André Lacombe,“Cabertat. Des hommes, un maquis, unehistoire...”, juin 2009Contact : [email protected] 63 67 29 78Maquette : service Communication de la Ville de MontaubanImpression : Techni Print - 8 000 ex.

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Musée de la Résistance et de la Déportation33, Grand’Rue Villenouvelle 82000 Montauban05 63 66 03 [email protected] www.montauban.com (rubriques Vie Culturelle/musées)

Horaires d’ouvertureMusée :mardi-vendredi 9h-12h / 13h30-17h30 samedi 9h-12h / l’après-midi sur RDVpour les groupes Fermé le 1er et le 3e mercredi matin dechaque mois

Centre de documentation : mercredi 13h30-17h30 � le reste du temps sur RDV

ENTREE LIBREVisites guidées pour les groupes et animations pédagogiques surréservation