matière

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(latin materia) Substance constituant les corps, douée de propriétés physiques PHYSIQUE 1. Qu'est-ce que la matière ? Les composants de la matière La nature qui nous entoure, et dont nous faisons partie, offre à l'observation des réalités et des apparences, des substances et des phénomènes. Le magnétisme, cette capacité qu'ont les aimants de s'attirer ou de se repousser, est à ranger dans les phénomènes, mais on a pu se demander si l'aimant lui-même n'était pas une substance. Des interrogations tout aussi légitimes ont porté sur la chaleur, la lumière et l'électricité. La matière, en revanche, est sans hésitation possible le type même de la substance. Elle est ce dont les corps sont faits, elle a des qualités et des propriétés, elle peut être le siège de divers phénomènes. En un sens, conformément à un usage bien établi, il y a plusieurs matières : un objet peut être en bronze ou en bois, en chêne ou en pin. Chaque variété de bois, chaque métal, a ses qualités propres. Mais ces matières ces matériaux comme on dit aussi à propos des objets fabriqués, ces substances comme disent les chimistes ont en commun d'être des variétés d'une seule et même substance, qui est ce que l'on appelle la matière. Atome, modèle planétaire Chacun sait qu'il y a des corps lourds, que certains sont chauds, bref que les corps ont des qualités plus ou moins définitives, plus ou moins changeantes. Quand toutes les qualités des corps viendraient à changer, quelque chose n'en subsisterait pas moins. C'est cette substance que la science appelle la matière et dont elle cherche, sinon la nature, du moins la constitution. Au fil des siècles, la science s'est préoccupée de déterminer le plus possible de propriétés empiriques ou macroscopiques de la matière. Elle a eu à en chercher aussi la structure intime, ainsi que les propriétés de ses constituants, afin de pouvoir expliquer les différentes

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  • (latin materia)

    Substance constituant les corps, doue de proprits physiques

    PHYSIQUE

    1. Qu'est-ce que la matire ?

    Les composants de la matire

    La nature qui nous entoure, et dont

    nous faisons partie, offre

    l'observation des ralits et des

    apparences, des substances et des

    phnomnes. Le magntisme, cette

    capacit qu'ont les aimants de s'attirer

    ou de se repousser, est ranger dans

    les phnomnes, mais on a pu se

    demander si l'aimant lui-mme n'tait

    pas une substance. Des interrogations

    tout aussi lgitimes ont port sur la

    chaleur, la lumire et l'lectricit. La

    matire, en revanche, est sans

    hsitation possible le type mme de la

    substance.

    Elle est ce dont les corps sont faits, elle a des qualits et des proprits, elle peut tre le sige

    de divers phnomnes. En un sens, conformment un usage bien tabli, il y a plusieurs

    matires : un objet peut tre en bronze ou en bois, en chne ou en pin. Chaque varit de bois,

    chaque mtal, a ses qualits propres. Mais ces matires ces matriaux comme on dit aussi propos des objets fabriqus, ces substances comme disent les chimistes ont en commun d'tre des varits d'une seule et mme substance, qui est ce que l'on appelle la matire.

    Atome, modle plantaire

    Chacun sait qu'il y a des corps lourds, que certains sont

    chauds, bref que les corps ont des qualits plus ou moins

    dfinitives, plus ou moins changeantes. Quand toutes les

    qualits des corps viendraient changer, quelque chose n'en

    subsisterait pas moins. C'est cette substance que la science

    appelle la matire et dont elle cherche, sinon la nature, du

    moins la constitution.

    Au fil des sicles, la science s'est proccupe de dterminer le plus possible de proprits

    empiriques ou macroscopiques de la matire. Elle a eu en chercher aussi la structure intime, ainsi que les proprits de ses constituants, afin de pouvoir expliquer les diffrentes

  • proprits et les diffrents phnomnes dont la matire est le sige, telles la duret et la

    chaleur. Ses succs remarquables ont, en un sens, dplac le problme. Car la question est

    maintenant de savoir de quoi les particules lmentaires sont faites. Les seules rponses que

    l'on sache donner cette question sont quasiment d'ordre mathmatique.

    2. volution de la conception de la matire

    2.1. Les conceptions anciennes

    Les Grecs, dans leurs audacieuses spculations, avaient propos diffrentes conceptions de la

    matire. Pour certains, tels qupicure (vers 341-270 avant J.-C.), puis Lucrce (vers 98-55 avant J.-C.), il s'agissait de quelque chose de lacunaire, voire de particulaire ; pour d'autres,

    notamment Aristote (384-322 avant J.-C.), de quelque chose de continu. Rien n'avait

    vritablement permis de les dpartager sinon, au Moyen ge, l'autorit reconnue par

    l'Universit Aristote.

    Ren Descartes

    La situation changea au dbut du XVIIe s. avec

    Ren Descartes (1596-1650). Celui-ci formula

    une doctrine mcaniste que l'on peut dire

    radicale. Non seulement la matire fut

    entirement spare de l'esprit, mais en outre

    elle ne devait plus avoir que le minimum le

    plus strict de qualits fondamentales : tre

    tendue et divisible en parties susceptibles de

    se mouvoir, le mouvement devant suivre

    quelques lois extrmement simples. Il s'agissait

    de rendre compte sur cette base de tout ce qui

    se rencontre dans la nature, par des explications

    donnes en termes de machineries, en quelque

    sorte. Le cartsianisme fut un temps de chasse

    aux qualits. Il ne niait pas que, dans les

    phnomnes, il puisse se rencontrer par

    exemple des attractions entre aimants, mais pas

    question d'y voir l'effet d'une vertu magntique

    conue comme qualit dernire. L'aimantation

    de la pierre de Magnsie tait attribue aux formes et aux mouvements d'une partie

    imperceptible de la matire. Quoique ce projet ait chou, il avait marqu les esprits.

    2.2. Du XVIIIe s. nos jours

    Isaac Newton

    Petit petit, il fallut admettre d'autres proprits fondamentales de la matire. Isaac Newton

    (1643-1727) notamment, dmontra que deux corps s'attirent toujours, quoique l'on n'ait jamais

    russi imaginer un mcanisme expliquant ce phnomne et les lois qui le rgissent. La

    notion mme de masse, dj, ne se laisse gure expliquer en termes mcanistes. La masse a d

    tre accepte comme qualit premire, tandis que le poids devenait un simple phnomne,

  • explicable par les masses et les forces de gravitation. Ces

    forces distance, l'existence bien tablie, valurent un

    embarras certain leurs premiers dfenseurs, parce qu'elles

    semblaient rintroduire les qualits occultes.

    C'est dans le cadre d'un mcanisme relatif, comme regret,

    que les physiciens puis les chimistes ont embot le pas

    Galile (1564-1642). Reprenant la dmarche qui avait russi

    Archimde en statique, celui-ci avait montr comment

    concentrer l'interrogation de la nature sur les grandeurs que

    l'on peut dfinir : longueurs, vitesses, poids, etc. Les

    physiciens inventrent ainsi la temprature, au XVIIIe s. en la

    distinguant de la chaleur. Ils firent ensuite de celle-ci l'une

    des formes de l'nergie, nouvelle grandeur doue comme la masse de la proprit

    d'invariance : dans un systme isol, elle se conserve en quantit mme si elle change de

    forme.

    Un nouveau virage intervint au dbut du XXe s. o matire et nergie taient encore

    considres comme deux concepts indpendants, l'origine de tout phnomne physique. En

    effet, la thorie de la relativit restreinte dEinstein, formule en 1905, permit de regrouper ces deux concepts par la clbre relation dquivalence entre la masse et lnergie : E = mc2. Puis se dveloppa la physique quantique, sous limpulsion notamment de Max Planck, qui accentua le bouleversement de notre conception de la matire : la matire, son stade ultime

    de particule lmentaire, peut tre considre comme une perturbation de lespace-temps.

    3. Les tats de la matire

    Les tats de la matire

    De manire gnrale, la matire peut tre solide ou fluide. Les corps solides conservent leur

    forme, tandis que celle des fluides s'adapte au rcipient qui les contient. Parmi les fluides on

    distingue les liquides et les gaz : ces derniers peuvent tre aisment comprims. La matire

    se prsente donc gnralement sous trois tats physiques : solide, liquide ou gazeux. De

    trs nombreux genres de corps peuvent passer par ces trois tats, selon les conditions. On sait

  • bien que l'eau peut devenir glace comme elle peut devenir vapeur. Il suffit que la temprature

    varie. Les changements d'tat d'un corps peuvent aussi rsulter des variations de la pression.

    Par ailleurs, il existe des tats particuliers, comme ltat de plasma (gaz partiellement ou totalement ionis), ltat superfluide (viscosit nulle), ltat supraconducteur (rsistance lectrique nulle) ou encore ltat de condensat de Bose-Einstein (atomes dans le mme tat quantique dnergie minimale), qui ncessitent un formalisme quantique complexe.

    La physique a tabli, pour chaque substance et dans chacun des tats, diverses proprits

    quantitatives : masse volumique, densit, temprature de fusion la pression atmosphrique,

    etc. La chimie a poursuivi de son ct l'ide qu'il se produit, lors d'une raction, des

    changements qui affectent la matire plus profondment que ne le font les simples

    changements d'tat. En d'autres termes, elle a fait sienne l'enqute sur la nature de chaque

    matire. Une fois devenue attentive elle aussi aux aspects quantitatifs des choses, elle a pu

    tablir que la masse totale des corps se conserve au cours de toute raction. La physique, peu

    aprs, affirma un principe de conservation de porte encore plus grande pour l'nergie,

    notion qui en est venue ainsi concurrencer celle de matire.

    Transition de phase, phase.

    4. La structure intime de la matire

    La chimie, au dbut du XIXe s. a commenc donner une forme labore l'une des vieilles

    conceptions de la matire, l'atomisme. Lhistoire attribue gnralement Dmocrite l'ide que la matire pouvait tre compose de corpuscules inscables , plus ou moins semblables les

    uns aux autres, et que toutes les proprits de la matire devaient pouvoir s'expliquer par leurs

    divers arrangements. Toutefois, il semblerait que Dmocrite ne soit pas le matrialiste quon a lhabitude de dcrire et que latomisme soit plutt port par picure puis par son disciple Lucrce. Les chimistes, tout un sicle durant, ttonnrent la recherche d'une thorie apte

    rendre compte de tous les faits, qualitatifs et quantitatifs. Les physiciens prirent le relais la

    fin du XIXe s. et rvlrent enfin la structure gnrale de la matire.

    4.1. Les atomes

    Solide cristallin

    Les atomes d'un mme lment, le non (Ne) par exemple, peuvent rester

    isol les uns des autres. La plupart s'associent, en molcules ou bien en

    cristaux. Ainsi l'eau est-elle compose de molcules comportant chacune

    deux atomes d'hydrogne et un d'oxygne (H2O). Un cristal est constitu

    de nombreux atomes disposs de manire tout fait rgulire. Le

    chlorure de sodium, par exemple, c'est--dire le sel de table, est fait

    d'atomes de chlore (Cl) et d'atomes de sodium (Na) en nombre gal,

    rangs selon un ordre rptitif et rigoureux.

    Dans une molcule, comme dans un cristal, les atomes restent ensemble

    sous l'effet des forces qu'ils exercent les uns sur les autres. Il s'agit de

    forces lectriques dues la prsence de charges. Elles sont prsentes dans tout atome, quoique

    celui-ci, au total, soit lectriquement neutre.

  • Ces forces s'exercent aussi entre les molcules, plus ou moins selon les circonstances, ce qui

    explique les tats physiques. Fortement lies entre elles, les molcules ne peuvent pas bouger

    les unes par rapport aux autres : le corps est solide. Totalement libres au contraire, elles se

    dplacent grande vitesse et dans tous les sens : le corps est gazeux. Ces mouvements se

    produisent au milieu de beaucoup de vide, ce qui explique qu'un gaz puisse voir son volume

    rduit par compression. Le liquide est la situation intermdiaire o les forces s'exercent

    suffisamment pour limiter la libert, mais pas assez pour empcher un glissement relatif des

    molcules.

    Quant la temprature on l'explique, dans les trois tats, par le degr d'agitation des

    atomes et des molcules.

    4.2. Les noyaux atomiques

    Structure de l'atome

    Les atomes sont tous composs d'un noyau autour duquel gravitent des lectrons. Les

    nuclons, c'est--dire les constituants du noyau, sont des protons et des neutrons. Tous ont une

    masse. Protons et lectrons portent en outre des charges lectriques, gales et de signes

    opposs. Au sein du noyau, les protons, chargs positivement, devraient se repousser. Or

    l'attraction universelle est bien trop faible pour compenser la force lectrique. C'est une autre

    force, l'interaction forte, qui retient les nuclons groups.

    Un atome peut s'ioniser, c'est--dire perdre ou gagner un ou plusieurs lectrons. L'ionisation

    est un aspect important des atomes pour la chimie : de la capacit des atomes s'ioniser

    dpendent dans une large mesure l'aptitude des corps ragir ou pas les uns avec les autres.

    Ion, raction chimique

  • Dans des conditions extrmes, les atomes peuvent mme perdre tous leurs lectrons. On

    obtient alors un plasma, considr comme un quatrime tat de la matire. Les toiles,

    autrement dit la plus grande partie de la masse de l'Univers, sont l'tat de plasma.

    4.3. Les particules

    Les particules lmentaires selon le modle standard

  • Les nuclons eux-mmes se sont rvls tre des particules composes par dautres particules plus lmentaires encore : les quarks. La thorie des quarks a t labore puis

    confirme exprimentalement dans la seconde moiti du XXe s. Elle consiste expliquer

    l'existence et les proprits des protons et des neutrons, et, avec eux, de toutes les particules

    que l'on place dans la catgorie des hadrons, par les combinaisons de six types de quarks,

    aussi appels saveurs . Chacun est dsign par une lettre : u (up), d (down), c (charm), s

    (strange), t (top), b (bottom). Les quarks sont caractriss par leur masse et leur charge

    lectrique, mais aussi par d'autres paramtres tels que leur couleur. Le proton correspond la

    combinaison uud, et le neutron, udd. L'lectron n'est pas concern car il n'est pas de la

    famille des hadrons mais de celle des leptons, qui compte six particules (llectron, le neutrino lectronique, le muon, le neutrino muonique, le tau, et le neutrino tauique).

    LHC, Cern, Genve

    On a ainsi les douze particules lmentaires du modle standard. Et la masse de ces douze

    particules fait intervenir une seule particule : le boson de Higgs, trs probablement dtect en

    2012 dans le grand collisionneur de hadrons (LHC) du Cern, prs de Genve..

    4.4. Formes et apparences de la matire

    La matire tait initialement regarde comme ce dont les corps sensibles sont faits. Elle

    tait conue comme une substance, oppose en cela aux phnomnes. De ces derniers, comme

    pour le magntisme, on pouvait esprer trouver une explication qui les aurait rduits un

    statut d'illusions invitables. Or la matire n'est pas que formes et mouvements, c'est aussi

    de la masse ainsi qu'une capacit attractive lie celle-ci. L'lectricit, en revanche,

    n'apparaissait lie la matire que de faon accidentelle. Il fallait lectriser un corps pour qu'il

    portt une charge. Tout cela reste vrai

    lorsque l'on prend les choses au niveau de

    nos sens. Mais lorsque le regard pntre plus

    en profondeur, grce tout l'arsenal de la

    science, exprimental et thorique la fois,

    cet ordonnancement doit laisser place

    d'autres, plus complexes.

    4.5. Matire et ondes

    Dualit onde particule

  • La mcanique rationnelle de Newton, science des mouvements et de leurs rapports avec les

    forces, avait obtenu de beaux succs l'chelle macroscopique, tout particulirement dans

    l'tude du Systme solaire. Pour l'atome isol et pour ses constituants, il a fallu l'abandonner

    au profit de la mcanique quantique. Un des aspects majeurs de celle-ci est que toute particule

    se voit associer une onde, tout comme l'onde lectromagntique s'tait vue associer une

    particule, le photon. L'opposition de la matire et de la lumire en a t sensiblement rduite ;

    la barrire qui les spare peut tre repre dans les caractristiques du photon. Notamment,

    bien qu'il ait une quantit de mouvement et une nergie, celui-ci n'a pas de masse. La

    mcanique quantique, en mme temps, a limit drastiquement les espoirs de pouvoir acqurir

    une connaissance exprimentale aussi fine que voulue de l'infiniment petit : ce qui se gagne

    en prcision dans la connaissance d'une grandeur (position, temps) ne peut que se

    perdre sur une autre (vitesse, nergie).

    4.6. Matire et nergie

    Essai nuclaire

    Une autre mcanique, celle de la relativit restreinte, ncessaire lorsque les particules sont

    animes de grandes vitesses (proches de celle de la lumire), a annonc que la matire ne

    devait pas tre oppose l'nergie de manire trop tranche. Plus exactement, la masse, qui

    passait auparavant pour la grandeur la plus caractristique de la matire, peut se

    transformer en nergie (selon la clbre formule dEinstein : E = mc2). La technique des explosifs nuclaires et thermonuclaires tmoigne de la justesse de cette conception, de sorte

    que la matire n'a pu conserver un statut de vritable substance.

    Pis encore, lorsque de l'nergie se transforme en matire, il y a cration simultanment

    d'antimatire. Le phnomne se produit dans le cosmos, ou bien l'occasion de collisions

    dans les acclrateurs de particules. Pour chaque particule il existe une antiparticule, de mme

    masse mais de charge lectrique oppose : le positon (ou positron), par exemple, pour

    l'lectron. L'antiparticule est dtruite par la rencontre de sa particule associe, aussi ne peut-

    elle exister que pendant un temps extrmement bref. Ainsi la matire se trouve-t-elle double,

    au moins sur un plan thorique, par quelque chose dont on ne sait trop s'il faut en parler

    comme d'une autre substance.

    Mais le plus grand mystre concernant la matire est le fait que celle-ci reprsente moins de

    5 % du total masse/nergie de lUnivers ! En effet, lUnivers serait galement compos denviron 25 % de matire noire de nature inconnue et de 70 % dune dnergie noire tout aussi mystrieuse

  • 4.7. Matire et interactions

    L'analyse de la matire, depuis la dcouverte de la gravitation universelle jusqu' nos jours, a

    constamment donn le beau rle aux interactions, c'est--dire aux forces qui s'exercent entre

    les corps. La physique tend rduire le nombre de celles-ci. Dj l'interaction

    lectromagntique et l'interaction faible, propre aux particules faible dure de vie, ont pu

    tre runies en une seule thorie, celle de l'interaction lectrofaible, et les thoriciens esprent

    bien parvenir une thorie qui la runirait aux deux autres, l'interaction forte et l'attraction

    universelle.

    Interactions fondamentales, gravitation.

    Mais quelle que soit l'unit que l'on puisse mettre dans ce domaine, il faut tenir compte d'une

    nouvelle ralit, bien tablie dsormais : le phnomne de l'interaction entre deux particules A

    et B s'accompagne de l'change, entre A et B, d'une troisime, dure de vie limite, dsigne

    de manire gnrique sous l'appellation de boson vecteur. Celui de l'attraction universelle, qui

    n'a pas encore t mis en vidence exprimentalement, serait le graviton. Ainsi la distinction

    entre particules et interactions est devenue de plus en plus floue.

    5. La nature de la matire

    5.1. Une dfinition de plus en plus complexe

    Walter Oelert

    Au point o sont parvenues les sciences de la nature, la matire est une notion qui a perdu

    une partie de son importance au bnfice de l'nergie, de l'interaction, de l'antimatire,

    voire du vide. Ce dernier s'est rvl possder tant de proprits qu'il est presque permis d'y

    voir une substance, moins vanescente, en un sens, que la matire.

    la question de savoir ce qu'est la matire, il n'est plus gure possible de donner une rponse

    unique. Il faut que la question soit prcise par l'indication du niveau vis (macroscopique,

    atomique ou particulaire). Une rponse simplifie consiste dire qu'elle est un assemblage de

    particules ; la proprit qui assure le mieux leur unit tant la masse.

  • 5.2. Au carrefour de plusieurs sciences

    L'tude de la matire est une tche rpartie entre diffrentes sciences de la nature. Si la

    physique a t la premire hritire de la philosophie naturelle, la chimie l'a suivie et l'on a

    d'abord eu l'impression qu'elles pouvaient se rpartir les rles. Cette dernire se rservait la

    question de la nature intime de la matire, de ce qui fait que le bronze n'est pas le fer. Mais la

    chimie s'est vue en quelque sorte contourne : elle est science des molcules et autres

    arrangements d'atomes. Elle tudie les transformations au cours desquelles les atomes, ou du

    moins les noyaux, conservent leur intgrit. Ds qu'il n'en va plus ainsi, on parle de physique

    nuclaire et, au niveau infrieur, de physique des particules. Mme la science de l'atome,

    indpendamment de toute transformation, est plutt catalogue comme physique atomique,

    malgr tout ce qu'elle doit aux efforts des chimistes du XIXe s. D'un point de vue thorique, la

    chimie n'est qu'une branche spcialise de la physique. Quant la biologie prise dans son

    unit, elle vise elle-mme n'tre qu'une branche spcialise de la physique-chimie, celle qui

    se consacre l'tude des phnomnes de la vie. Les chimistes, mais aussi des biochimistes et

    des astrochimies, ont mis mal l'ide d'une nature propre la matire vivante, en ralisant

    notamment des synthses de substances organiques. Si le passage de linerte au vivant reste encore une nigme, celle-ci semble de plus en plus porte de main.