masse rétrovésicale
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Feuillets de Radiologie 2008, 48, n° 6,403-406© 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Feuillets de Radiologie © 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
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Masse rétrovésicale
A. Hommadi
1
, T. Ziadi
1
, H. Kasmoui
2
, M. Lazrek
2
, S.M. Drissi
1
1. Service de radiologie,2. Service d’urologie, Hôpital Militaire My Ismaïl, Meknes, Maroc.
Correspondance :A. Hommadi,
B.P. S15, Hôpital Militaire My Ismaïl,Meknes, Maroc.
Email : [email protected]
Observation
M. AZ, âgé de 45 ans, sans antécédent pathologique particulier,
présente depuis une année des douleurs hypogastriques et
une dysurie, sans autres signes accompagnateurs en parti-
culier, pas d’hématurie, pas de trouble du transit.
On réalise une échographie abdomino-pelvienne et une
tomodensitométrie
(fig. 1 à 3)
.
Quel est votre diagnostic ?
Réponse page 404
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quel est votre diagnostic ?
Figure 1. Échographie pelvienne.
Figure 2. Coupe TDM axiale, sans injection du produit de contraste.
Figure 3. Coupe TDM axiale, après injection du produit de contraste.
Masse rétrovésicale
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Réponse de la page 403
Diagnostic
Kyste hydatique rétrovésical.
Analyse des images
L’échographie abdomino-pelvienne montre une masse
rétrovésicale mesurant 60/40 mm, arrondie, bien limitée,
hypoéchogène finement hétérogène renfermant de fines
calcifications
(fig. 1)
. Le foie, les reins et la rate sont d’aspects
normaux.
La TDM réalisée avec des coupes de 5 mm d’épaisseur, sans
et avec injection du produit de contraste, confirme le siège
rétrovésical de la masse, hypodense, bien limité, renfermant
de fines calcifications, non rehaussé par l’injection de produit
de contraste et respectant la graisse périvésicale
(fig. 2 et 3)
.
La sérologie hydatique est positive et la numération formule
sanguine note une hyperéosinophilie.
Le diagnostic du kyste hydatique est évoqué et le malade est
opéré bénéficiant d’une périkystéctomie totale.
La surveillance après une année d’évolution ne montrait pas
de récidive.
Discussion
L’hydatidose est une parasitose très fréquente dans les pays
du Maghreb. Elle peut se localiser dans tous les tissus, mais
les organes les plus touchés sont le foie et les poumons. La
localisation à l’appareil uro-génital est dominée par l’atteinte
rénale. La localisation intra pelvienne du kyste hydatique est
exceptionnelle (0,1 à 0,5 %) chez l’homme par rapport aux
autres localisations hydatiques. Elle est considérée comme
une localisation « aberrante » ou ectopique définie par le
développement du parasite dans la graisse sous et rétro-
vésical [1].
Cette maladie survient chez l’adulte jeune sans prédilection
pour le sexe.
L’atteinte rétrovésical peut être primitive ou secondaire à une
fissuration de kyste hydatique abdominal et migration des
embryons dans le cul-de-sac de Douglas [1, 2].
La symptomatologie clinique est non spécifique. Elle simule
une tumeur envahissant les organes pelviens. Les signes
cliniques sont dominés par la palpation d’une tumeur rétro
pubienne, des signes urinaires à type de troubles mictionnels,
dysurie et pollakiurie ou une rétention aigue d’urine. L’hyda-
turie est un signe pathognomonique et traduit la fissuration
du kyste dans la vessie. Parfois il peut s’agir de troubles diges-
tifs, gynécologiques ou neurologiques [3, 4].
L’échographie abdomino pelvienne est le premier examen
d’imagerie en coupe demandé devant une masse abdomi-
nale. Elle permet le diagnostic positif de la masse, précise la
localisation, l’aspect, les contours, et les rapports avec les
organes de voisinage et les vaisseaux [4]. Les images écho-
graphiques du kyste hydatique pelvien sont identiques à
celles décrites au niveau du foie par Gharbi
et al.
qui distin-
guent cinq types :
type I : image anéchogène pure bien limitée,
type II : image anéchogène avec décollement de membrane,
type III : collection liquidienne multivésiculaire,
type IV : masse d’échostructure hétérogène, pseudo-tumoral,
type V : kyste calcifié [3].
Le type I monovésiculaire pose le problème de diagnostic
différentiel avec un kyste ovarien ou un hydrosalpinx chez la
femme. Les types II, III et V ne posent pas de problème dia-
gnostique mais le type IV dit pseudo-tumoral pose un pro-
blème de diagnostic différentiel notamment avec une masse
ovarienne ou d’un fibrome utérin, un kyste dermoïde ou un
abcès. Dans ce cas, le recours à la tomodensitométrie est
indispensable. Cette dernière confirme la nature pseudo-
liquidienne de la masse, bien limitée, respectant les struc-
tures de voisinage et reste inchangé après injection du
produit de contraste.
La tomodensitométrie permet sur la même acquisition de
rechercher d’autre localisation dans la cavité abdominale [4,
5].
Au niveau thoracique, une radiographie du thorax suffit pour
rechercher une atteinte pulmonaire.
Sur le plan biologique, la sérologie hydatique est moyenne-
ment sensible pour les localisations extra-hépatiques de 30 à
70 %. L’hyper-éosinophilie est évocatrice d’une hydatidose
dans 33 à 53 % des cas [6].
Le traitement est chirurgical. Il consiste à une périkystéctomie
totale. Celle-ci peut être partielle réséquant le maximum du
péri kyste. Il faut insister sur l’intérêt de la prévention pri-
maire de cette maladie afin de réduire son incidence dans les
payes d’endémies [7, 8].
Conclusion
La localisation rétrovésical du kyste hydatique est rare. Sa symp-
tomatologie clinique est déroutante fait que le diagnostic est
souvent tardif. Ce diagnostic doit être évoqué devant une masse
pelvienne, dans un pays d’endémie hydatique tel le Maroc.
A. Hommadi
et al.
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quel est votre diagnostic ?
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L’association échographie, sérologie hydatique permet de
poser le diagnostic dans la majorité des cas. En cas de doute
la tomodensitométrie est indiquée.
Le traitement est chirurgical consistant en une kysto-péri-
kystectomie totale ou partielle en cas d’accolement à des
zones dangereuses.
Références
1. Khouaja MK, Bensorba N, Haddad N, Mosbah A. Le kyste hydatiquerétrovésical : aspects diagnostiques et thérapeutiques, à propos de8 cas. Prog Urol 2004;14:489-92.
2. Ameur A, Boumadian H, Aqira A, Draoui D. Le kyste hydatique rétro-vésical : à propos de 6 cas. Prog Urol 1998;8:557-60.
3. Bounaim A, Sakit F, Janati IM. Un cas rare de localisation primitive dukyste hydatique dans le pelvis. Med Trop 2006;66:279-81.
4. Laghzaoui Boukaidi M, Bouhya S, Soummani A, Hermas S, Ader-dour M. Kystes hydatiques pelviens : à propos de 8 cas. Gyn Obst Fertil2001;29:354-7.
5. Klinic M, Oodev K, Gungor S, Karakose S, Arslan A. Scanographic dia-gnosis of the hydatid cyst of the kidney. Eur Radiol 1997;3:390-2.
6. Zmerli S, Ayed M, Horchani A, Chami I, Bensalama MR. Hydatid cyst ofthe kidney: diagnosis and treatment. World J Surg 2001;25:68-74.
7. Hatipoglu AR, Coskun I, Karakaya K, Ibis C. Retroperitoneal localizationof the hydatid cyst disease. Hepatogastroenterology 2001;48:1037-9.
8. Elmoussaoui A, Aboutaib R, Joual A, Benjalloune S. Le kyste hydatiquerétrovésical isolé. J Urol 1994;100:101-4.
Masse rétrovésicale
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test de formation médicale continue
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Testez si vous avez assimilé les points importants de cet article en répondant à ce questionnaire sous forme de QCM.
1. La localisation rétro vésicale du kyste hydatique :
A : Est la plus fréquente des localisations de
l’appareil urogénital ;
B : Représente 10 % des localisations hydatiques ;
C Est plus fréquente chez l’adulte jeune ;
D : Est sans prédilection pour le sexe.
2 Le(s) signe(s) clinique(s) pathognomonique(s) est
(sont) :
A : Douleur pelvienne ;
B : Hydaturie ;
C : Troubles mictionnels ;
D : Hématurie.
3. L’aspect échographique du KH rétrovésical de type IV
pose le problème de diagnostic différentiel avec :
A : Le kyste dermoïde ;
B : Un kyste ovarien ;
C : Un abcès ;
D : Une tumeur tissulaire ovarienne.
4. La TDM abdomino-pelvienne :
A : Est indiquée dans le type II ;
B : Est indiquée dans le type IV ;
C : Permet de rechercher d’autres localisations ;
D : Est toujours indiquée.
Réponses : p. 410