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LUTTE BIOLOGIQUE AU TÉTRANYQUE ROUGE : DÉVELOPPEMENT ET VALIDATION DUNE MÉTHODE DUTILISATION DU PRÉDATEUR DACARIEN FALLACIS IMPACT® EN VERGER COMMERCIAL ET EXPÉRIMENTAL IRDA-1-14-1707 DURÉE DU PROJET : MARS 2015/FÉVRIER 2017 RAPPORT FINAL Réalisé par : Gérald Chouinard 1 , agr., Ph.D. Francine Pelletier 1 , M.Sc, Vicky Filion 2 , agr. M.Sc. 1 Institut de recherche et développement en agroenvironnement (IRDA) 2 Club Producteurs Sud-Ouest 1 ER FÉVRIER 2017 Les résultats, opinions et recommandations exprimés dans ce rapport émanent de l’auteur ou des auteurs et n’engagent aucunement le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.

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LUTTE BIOLOGIQUE AU TÉTRANYQUE ROUGE : DÉVELOPPEMENT ET VALIDATION D’UNE MÉTHODE D’UTILISATION DU PRÉDATEUR D’ACARIEN FALLACIS IMPACT® EN VERGER

COMMERCIAL ET EXPÉRIMENTAL

IRDA-1-14-1707

DURÉE DU PROJET : MARS 2015/FÉVRIER 2017

RAPPORT FINAL

Réalisé par :

Gérald Chouinard1, agr., Ph.D. Francine Pelletier1, M.Sc, Vicky Filion2, agr. M.Sc.

1 Institut de recherche et développement en agroenvironnement (IRDA)

2 Club Producteurs Sud-Ouest

1ER FÉVRIER 2017

Les résultats, opinions et recommandations exprimés dans ce rapport émanent de l’auteur ou des auteurs et n’engagent aucunement le ministère

de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.

TITRE DU PROJET : LUTTE BIOLOGIQUE AU TÉTRANYQUE ROUGE : DÉVELOPPEMENT ET VALIDATION D’UNE MÉTHODE D’UTILISATION DU PRÉDATEUR D’ACARIEN FALLACIS IMPACT®

EN VERGER COMMERCIAL ET EXPÉRIMENTAL

NUMÉRO DU PROJET : IRDA-1-14-1707 RÉSUMÉ DU PROJET (maximum 20 lignes)

Une souche de l’acarien prédateur Neoseilus fallacis est produite commercialement au Québec par Anatis Bioprotection pour lutter contre les tétranyques sous le nom commercial de Fallacis Impact®. Bien que l’efficacité des acariens phytoséidés à lutter biologiquement contre le tétranyque rouge soit démontrée, l’utilisation de Fallacis Impact® en verger est peu développée et mal connue des pomiculteurs québécois. Ce projet visait à développer et valider des aspects actuellement non précisés de cette méthode pour la lutte en verger. Des introductions ont donc été testées en vergers commerciaux en mode curatif et en mode préventif. Selon les résultats obtenus, l’utilisation d’une seule dose curative suivant l’atteinte des seuils d’intervention n’apporte pas un contrôle suffisant des tétranyques en cours de saison. L’utilisation de Fallacis Impact® en mode préventif pourrait représenter une approche plus applicable en vergers commerciaux. Cependant, plus d’une saison semble nécessaire pour établir une lutte biologique efficace. Parmi les inconvénients notés de la méthode figurent le coût d’achat actuel (élevé) des Fallacis Impact® et l’accessibilité du produit en quantité suffisante pour la culture de pomme.

Le projet visait également à vérifier la compatibilité de différents produits phytosanitaires avec l’utilisation de Fallacis Impact®. Les essais réalisés n’ont pas permis de démontrer ni de voir l’impact potentiel des traitements sur la souche commerciale compte tenu de l’établissement des prédateurs introduits qui n’a pas été démontré sous les conditions testées. Les données recueillies montrent cependant qu’aucun des six produits testés n’a affecté négativement les populations de phytoséidés qui étaient présentes naturellement dans les parcelles. OBJECTIFS ET APERÇU DE LA MÉTHODOLOGIE (maximum 1 page) En vergers commerciaux, les objectifs du projet étaient les suivants :

1) évaluer si l’utilisation de Fallacis Impact® en verger à la dose curative ou préventive permet de lutter efficacement contre les tétranyques;

2) mesurer l’établissement des prédateurs introduits d’une année à l’autre; 3) mesurer la faisabilité de la méthode et sa rentabilité économique au niveau

commercial en régie conventionnelle. Afin de répondre à ces objectifs, trois parcelles de vergers commerciaux situés en Montérégie-Ouest (1,5 à 2,0 ha) ont été sélectionnées où la souche d’acarien prédateur Fallacis Impact® d’Anatis Bioprotection a été introduite. En 2015, une 1re introduction en mode curatif a été effectuée en libérant les prédateurs à la dose recommandée de 60 000 prédateurs/ha lors de l’atteinte des seuils d’intervention1. Les populations de tétranyques et de prédateurs ont été évaluées par l’observation à la loupe (16 X) de 30 feuilles par parcelle pour le restant de la saison. Une 2e introduction à la dose préventive (20 000 Fallacis/ha) a également été réalisée en fin de saison afin de favoriser

1 25 % des feuilles avec au moins 8 formes mobiles (f.m.) ou un total de 15 œufs et f.m.

l’établissement des populations de prédateurs pour la saison suivante. En 2016, les populations de prédateurs ont été suivies plus tôt en début de saison afin de mesurer le retour des prédateurs introduits la saison précédente. À l’instar de l’année précédente, deux introductions ont été réalisées, mais comparativement à 2015, la 1re introduction a eu lieu plus tôt en saison (début juillet) et à la dose préventive (20 000 prédateurs/ha). La seconde introduction a eu lieu en fin de saison pour favoriser à nouveau l’implantation des populations de prédateurs pour les années à venir. Les populations de tétranyques et de prédateurs ont été évaluées de façon hebdomadaire telle qu’effectuée en 2015. Les prédateurs introduits ont été fournis par Anatis Bioprotection sur des feuilles d’haricots. Les contenants ont été ramassés directement à leurs installations et les prédateurs libérés le plus rapidement possible (< 24 h) en déposant les feuilles dans le centre et le haut des pommiers à raison d’environ 200 à 600 points de lâchers/ha selon la dose d’utilisation. Le temps total requis pour la mise en place des prédateurs lors de chaque introduction a également été compilé afin d’évaluer la rentabilité de la méthode. En verger expérimental, les objectifs du projet étaient les suivants :

1) suivre le développement des populations d’acariens prédateurs suite à des introductions de Fallacis Impact sur des pommiers sans pesticides;

2) simuler des traitements de façon à mesurer l’impact de six produits phytosanitaires sur les prédateurs suite aux introductions réalisées.

Des parcelles expérimentales correspondant à une section de 5 pommiers ont été délimitées au verger de l’IRDA du Mont-Saint-Bruno dans un bloc de pommiers nains (cv Ginger Gold). Un dépistage des œufs d’hiver du tétranyque rouge avait confirmé au préalable la présence de proies. Aucune application d’huile ou d’acaricide n’a été effectuée dans ce bloc et, à partir de la mi-juin, aucun pesticide n’a été appliqué. En vue de favoriser l’établissement des prédateurs, les introductions ont été effectuées lorsque les populations de proies étaient à leur pic théorique (mi-juillet). À la réception du produit Fallacis Impact®, le nombre de prédateurs par feuille d’haricot (œufs et formes mobiles) a été dénombré afin d’uniformiser le nombre de prédateurs introduits dans chaque unité expérimentale. Les prédateurs ont été introduits à raison de 35 à 50 prédateurs/arbre sur les trois arbres situés au centre de chaque parcelle. Des parcelles témoins sans introduction de prédateurs ont également été suivies. Quinze jours après les introductions, 2 fongicides et 4 insecticides approuvés en PFI ont été appliqués à l’aide d’un pulvérisateur à faible dérive à l’équivalent de la dose minimale recommandée (annexe 1). Cinq répétitions de chaque traitement ont été réalisées selon un dispositif aléatoire et comparées à des parcelles témoins non traitées. La densité d’acariens (prédateurs et tétranyque) a été évaluée par brossage des feuilles selon la méthode d’Henderson et McBurnie (1943). RÉSULTATS SIGNIFICATIFS OBTENUS (maximum de 3 pages) Essais en vergers commerciaux La figure 1 (en annexe) présente l’évolution des populations de phytoséidés et de tétranyques observées en 2015 et 2016 dans les trois vergers où Fallacis Impact® a été introduit. Le moment des introductions de prédateurs et, s’il y a lieu, des applications d’acaricide est également indiqué. En raison des conditions exceptionnelles de sécheresse et chaleur qui ont débuté tôt en 2016 et qui ont persisté plusieurs semaines, les populations d’acariens ravageurs ont progressé très rapidement et, au moment des introductions, la pression de tétranyques était déjà élevée particulièrement dans les vergers B et C.

Dans le verger A, lors de la 1re année, les populations de phytoséidés ont augmenté

durant les deux semaines suivant l’introduction de Fallacis Impact®, mais par la suite, malgré les niveaux élevés de proies, elles sont demeurées faibles et n’ont pas réussi à réduire la pression de tétranyques. En revanche, en 2016, les populations de phytoséidés ont été observées à des niveaux plus élevés avant même la 1re introduction et les populations de tétranyques ont été maintenues sous les seuils d’intervention durant la saison entière. Il est à noter que les populations très abondantes de prédateurs agistèmes (Stigmaéides) dans ce verger ont également contribué au bon contrôle des acariens phytophages. À titre indicatif, au début de la saison 2016, avant les introductions, les Stigmaéides représentaient plus de 90 % des prédateurs observés (figure 2a).

Le verger B illustre la présence des populations importantes de phytoséidés qui se sont développées suite aux introductions effectuées en 2015, mais peu de retours ont été notés au début de 2016. En 2015, dû aux populations élevées de tétranyques observées à la mi-août, une intervention chimique a cependant dû être employée pour réduire leur pression sur la culture. Stratégiquement, le nouvel acaricide Nealta (cyflumetofen), reconnu pour avoir peu d’effets nuisibles sur les prédateurs d’acariens, a été choisi et appliqué un rang sur deux. Suite à cette intervention, le dépistage effectué montre une bonne survie des phytoséidés et une diminution des populations de tétranyques par l’effet combiné probable de l’efficacité du produit et du contrôle biologiques par les phytoséidés. En 2016, même si les populations de phytoséidés étaient très élevées dans ce verger à la fin de la saison précédente, peu de phytoséidés ont été observés en début de saison. Ce n’est qu’après la mi-juillet que la présence de phytoséidés a été observée, consécutivement à l’introduction de prédateurs et à l’augmentation importante des populations de tétranyques. À l’instar de la saison précédente, une intervention avec l’acaricide Kanemite (acequinocyl) a été requise en raison des niveaux élevés d’acariens ravageurs présents dès le début de juillet. Consécutivement au traitement, les populations de tétranyques ont chuté drastiquement entraînant également une baisse des populations de prédateurs et leur déplacement vers d’autres parcelles en quête de proies.

Pour le verger C, en 2015, les populations de phytoséidés sont demeurées faibles

tout au long de la saison malgré les introductions réalisées. Le contrôle biologique n’a jamais été atteint et les populations de tétranyques ont continué d’augmenter de façon constante. Ce n’est qu’en fin de saison, qu’on a noté une diminution des ravageurs et des populations de phytoséidés plus abondantes. En 2016, la saison a débuté avec des populations importantes des tétranyques dépassant rapidement les seuils. Il est intéressant de noter qu’au moment de l’introduction de Fallacis Impact®, des phytoséidés étaient déjà observés dans le verger, mais vu la pression élevée d’acariens ravageurs, l’acaricide Nealta a dû être appliqué. Ce produit a néanmoins pris plusieurs semaines à bien agir et les populations abondantes de phytoséidés qui se sont développées durant la saison ont très probablement également contribué à réduire la pression des acariens phytophages. Par ailleurs, ce verger avait un très faible historique de prédateurs naturels et outre les phytoséidés, peu d’autres types de prédateurs d’acariens étaient présents. L’absence de Stigmaéides dans cette parcelle (figure 2c) rend le retour des prédateurs introduits la saison précédente d’autant plus important.

En résumé, les tendances observées des populations d’acariens prédateurs et

phytophages ont différé grandement d’un verger à l’autre et également d’une saison à l’autre. Toutefois, de façon générale, l’utilisation de Fallacis Impact® en mode curatif (une fois les seuils d’intervention atteints) a été peu efficace pour permettre un contrôle adéquat des populations de tétranyques en saison et éviter un bronzage du feuillage. Comme un verger en 2015 et deux vergers en 2016 ont requis une intervention d’acaricide, il apparait peu intéressant d’utiliser Fallacis Impact® comme méthode de lutte une fois les populations

de tétranyques bien présentes en verger. Selon Bostanian et al. (2011), le moment le plus approprié pour une introduction d’acariens prédateurs est d’ailleurs lorsque la densité de tétranyques rouges n’excède pas 2,5 formes mobiles par feuille. Au-delà de ce seuil, un ratio prédateur-proie en faveur des prédateurs s’avère difficile à atteindre et à maintenir. L’utilisation de Fallacis Impact® en mode préventif pourrait représenter une approche plus applicable en vergers commerciaux. Dans le futur, il serait intéressant d’introduire les Fallacis Impact® immédiatement après les traitements d’éclaircissage (carbaryl) appliqués en juin, car ceux-ci peuvent être néfastes aux prédateurs. Par ailleurs, comme l’investissement en temps et en argent lié à l’utilisation de cette méthode est notable, son succès dépend aussi du potentiel qu’une population s’établisse en verger et puisse contrôler de façon réaliste les montées de tétranyques les années subséquentes. Les données compilées tôt en saison en 2016 laissent présager un certain effet à long terme avec le retour des prédateurs d’une saison à l’autre observé dans deux vergers sur trois.

Faisabilité et rentabilité de la méthode

Le temps consacré à l’application de la méthode ainsi que le coût pour l’achat des prédateurs sont élevés et actuellement peu réalistes en contexte commercial. Le temps moyen requis pour les introductions (distribution des prédateurs en verger) a été estimé à environ 3 heures/ha/personne. Le coût d’un paquet de Fallacis Impact® qui contient 2 500 prédateurs est actuellement de 60 $. À partir de ces données, le tableau 2 présente la comparaison du coût par hectare de l’utilisation annuelle de la lutte biologique aux tétranyques à celui d’un programme annuel de traitement à l’aide d’un acaricide chimique. Pour une année comme 2016 où deux introductions à la dose préventive ont été réalisées, le coût annuel associé à l’utilisation de Fallacis Impact® est donc environ quatre fois plus élevé qu’un traitement acaricide (ex. : KANEMITE ou NEALTA) à la dose moyenne. Toutefois, dans un contexte de lutte biologique à l’aide d’acariens prédateurs, après établissement, l’impact des prédateurs introduits peut se prolonger sur plusieurs années tel que déjà démontré en verger (Croft et MacRae 1992). En conséquence, les coûts annuels moyens de l’utilisation de Fallacis Impact®, en se basant sur une période d’utilisation de plusieurs années, pourraient s’avérer plus compétitifs avec la lutte chimique. Essais en verger expérimental

La figure 3 présente l’évolution des populations de phytoséidés et de tétranyques dans parcelles avec et sans introduction de Fallacis Impact®. En 2015 et 2016, les populations d’acariens ont évolué de façon similaire, peu importe la présence de prédateurs introduits. Les échantillonnages montrent également que les populations indigènes de phytoséidés étaient relativement élevées et offraient déjà un bon contrôle des acariens phytophages. Lors des deux années, un pic de prédateurs a été observé suivant les introductions, mais ces fluctuations ne peuvent être attribuées aux introductions, car aucune différence significative n’est observée avec les témoins sans prédateurs à l’exception d’un seul échantillonnage en 2016 qui précédait l’introduction de prédateurs (figure 3a). Le faible niveau de proies observées n’a pas favorisé l’établissement des prédateurs introduits, particulièrement en 2015 alors que le nombre de proies observées était inférieur à 1 acarien par feuille. Selon la littérature, en deçà de 1 forme mobile par feuille, les sources de nourriture disponibles peuvent ne pas être suffisantes pour que A. fallacis colonise la canopée des pommiers (Bostanian et al. 2006). En 2016, pour tenter de remédier à cette situation, des introductions de tétranyques à deux points ont été réalisées deux semaines avant les introductions de prédateurs en brochant des feuilles d’haricots infestées, à raison de 1 000 tétranyques/arbre sur chacun des trois arbres situés au centre de chaque parcelle. Des populations plus importantes de tétranyques furent observées en 2016 comparativement à la saison précédente à la fois pour le tétranyque rouge et le tétranyque à deux points, mais compte tenu de l’abondance des populations naturelles de prédateurs, la quantité de proies disponible était possiblement encore sous le seuil minimal pour soutenir

une introduction de prédateurs. Afin de vérifier le succès d’établissement des prédateurs introduits et d’obtenir un portrait des espèces d’acariens prédateurs présentes, des spécimens ont été prélevés dans les parcelles avec et sans introduction de prédateurs et envoyés pour identification au Laboratoire de diagnostic en phytoprotection. Parmi les 49 spécimens identifiés, tous appartenaient à l’espèce Typhlodromus claudiglans à l’exception d’un seul et aucun N. fallacis n’a été répertorié. T. claudiglans est un prédateur généraliste qui se reproduit et survit sur un plus grand nombre de proies et d’autres types de nourriture comparativement à N. fallacis qui se nourrit préférentiellement de T. urticae et qui risque de se disperser dans le couvre-sol si la densité de proies dans la canopée est faible (Bostanian et al. 2006). Quant aux Stigmaéides, ils appartenaient tous à l’espèce Zetzellia mali. Sur les deux années d’essais, les stigmaéides représentaient environ le quart des prédateurs observés dans les parcelles.

Dans les parcelles où des simulations de traitements ont été effectuées, compte tenu de l’absence d’évidence de la colonisation des pommiers par les prédateurs introduits, les essais auront permis de mesurer davantage l’impact potentiel des traitements sur les phytoséidés indigènes que sur la souche commerciale. L’évolution des populations de prédateur a été similaire peu importe le produit utilisé et aucune différence significative n’a été observée avec le témoin non traité à l’exception d’un seul échantillonnage en 2016 qui précédait le traitement. En 2015, la diminution de l’abondance des prédateurs observée suivant le traitement peut être attribuée à une réduction naturelle des populations, car elle est observée également dans les parcelles témoins non traitées. L’absence d’impact négatif des pesticides testés n’est pas surprenante étant donné que les produits testés ont été sélectionnés parce qu’ils sont reconnus pour leur faible impact sur les acariens prédateurs et donc compatibles avec les phytoséidés. L’absence d’effet du novaluron (RIMON) est plus surprenante, car ce produit est classé « modérément toxique » sur les phytoséidés, basé sur différentes études et observations réalisées en laboratoire et en verger (Chouinard et al. 2016). L’impact de ce produit serait dû à sa toxicité sur les stades larvaires plutôt que sur les adultes, les œufs ou la fécondité tels que documentés par des essais en laboratoire (Lefebvre et al. 2011) de même que sur le taux de prédation des femelles (Cormier et al. 2014). Lors d’essais réalisés en vergers commerciaux, bien qu’aucune suppression des phytoséidés n’ait été détectée suite à une application de RIMON en juin pour la lutte au carpocapse, une augmentation significative des populations de tétranyque à deux points avait été observée en fin de saison dans les parcelles traitées avec ce produit comparativement aux parcelles ayant été traitées avec le methoxyfénozide (INTREPID) (Provost et al. 2014). En conséquence, la compatibilité du novaluron avec la lutte biologique par les phytoséidés demeure incertaine ou variable selon les souches/espèces de phytoséidés concernées.

DIFFUSION DES RÉSULTATS (maximum de ½ page)

Le projet a été présenté lors de « La journée des pommes », une journée portes ouvertes à l’intention des producteurs et intervenants du secteur pomicole qui s’est déroulée au verger expérimental de l’IRDA, le 11 juillet 2016 (annexe 2). Les résultats seront également présentés aux membres du « Groupe d`experts en protection du pommier » durant les « Journées annuelles sur la recherche et l’innovation technologique du Réseau-Pommier » qui se déroulera les 8 et 9 février 2017 (annexe 3).

Pour permettre une large diffusion des résultats au public, le rapport final et/ou la fiche synthèse seront également rendus disponibles sur le site Agri-Réseau « Arbres Fruitiers », sur le site de l`IRDA section « Projets » et soumis pour publication sur le site du Pôle d`Excellence en Lutte Intégrée (PELI) section « Pomme-Vigne ». APPLICATIONS POSSIBLES POUR L’INDUSTRIE (maximum de ½ page)

Le projet aura permis de préciser plusieurs aspects de l’utilisation du prédateur

Fallacis Impact® pour une application en verger. Les introductions en mode curatif se sont avérées peu praticables dans un contexte commercial. Par contre, des introductions en mode préventif (à plus long terme) représenteraient une solution plus réaliste en vue de réduire les traitements acaricides contre les tétranyques ravageurs du pommier. Cette méthode de lutte pourrait être intéressante dans les vergers ayant un historique de prédateurs naturels très faible, autant pour les pomiculteurs voulant une approche de production fruitière intégrée que pour les pomiculteurs en certification biologique. Les inconvénients de cette méthode sont présentement le coût élevé associé à l’achat des Fallacis Impact® et à l’accessibilité du produit en quantité suffisante pour la culture de pomme. Une aide financière aux producteurs par une subvention d’appui à l’achat du produit et l’optimisation de la distribution des acariens Fallacis pourrait contribuer à développer cet outil en une pratique viable.

De plus, les producteurs qui utiliseront Fallacis Impact® devront adapter leur programme de traitement pour conserver la population de prédateurs introduits ce qui favorisera l’utilisation de fongicides et insecticides à risque réduits, compatibles avec la production fruitière intégrée et ayant un impact plus faible sur la faune auxiliaire, la santé et l’environnement. Les données recueillies en parcelles expérimentales ont permis de confirmer que les produits reconnus pour leur faible impact sur les acariens prédateurs (Polyram, Captan, Imidan, Intrepid, Altacor) sont effectivement compatibles avec l’utilisation de Fallacis Impact®. Quant au Rimon, compte tenu des données scientifiques existantes, sa compatibilité avec la lutte biologique par les phytoséidés demeure incertaine. À l’instar des insecticides et fongicides testés en parcelles expérimentales, ce projet a également permis de confirmer que les acaricides Nealta et Kanemite présentent une faible toxicité sur les prédateurs d’acariens. Ces produits pourraient être recommandés afin de contrôler les tétranyques tout en préservant les prédateurs naturels ou introduits. POINT DE CONTACT POUR INFORMATION Nom du responsable du projet : Gérald Chouinard, Ph.D. Téléphone : 450 653-7368, poste 340 Télécopieur : 450 653-1927 Courriel : gé[email protected] REMERCIEMENTS AUX PARTENAIRES FINANCIERS Ce projet a été réalisé dans le cadre du volet 4 du programme Prime-Vert – Appui au développement et au transfert de connaissances en agroenvironnement avec une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation par l’entremise de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture 2011-2021.

ANNEXE 1 Tableau 1. Liste des pesticides testés et doses utilisées en verger expérimental.

Type de pesticide i : insecticide f : fongicide

Matière active

Nom commercial

Dose 1 (/ha)

i Chlorantraniliprole Altacor 145 g i Novaluron Rimon 10 EC 0,93 L f Captane Captan Supra 80 WDG 1,9 kg f Métirame Polyram DF 4,5 kg i Méthoxyfénozide Intrepid 240F 1 L i Phosmet Imidan 70-WP 2,68 kg

1 Les produits ont été testés à l’équivalent de la dose minimale recommandée. Les traitements ont été effectués avec un pulvérisateur à faible dérive (pulvérisateur à flux tangentiel Weber) en utilisant un volume d’application de 500 L/ha.

Figure 1 Résultats du dépistage effectué dans les trois vergers commerciaux ayant reçu des introductions de Fallacis Impact® Tétranyques : % de feuilles dépassant le seuil d’intervention Phytoséidés : Nb moyen de phytoséidés (f.m.) observés par feuille

a) Verger A

b) Verger B

c) Verger C

Figure 2 Populations d’acariens prédateurs (Phytoséidés et Stigmaéides) observées au début de la saison 2016 dans les trois vergers commerciaux ayant reçu des introductions de Fallacis Impact® l’année précédente

Tableau 2 Estimation du coût annuel par hectare d’un programme de lutte aux

tétranyques basé sur l’utilisation d’acariens prédateurs ou sur l’utilisation d’acaricides

Lutte biologique (Fallacis Impact®)

Lutte chimique (acaricide)

Temps pour l'introduction des prédateurs par le producteur agricole (taux à 25 $/h)

87,50 $ - $

Deux introductions préventives de Fallacis Impact® (20 000/ha) 960,00 $ - $

Un traitement acaricide (dose moyenne) - $ 238,50 $1

TOTAL pour une année 1047,50 $2 238,50 $

1 Source : Réseau d’avertissement phytosanitaire Pommier, Bulletin d’information N° 3 – 14 juin 2016. 2 Les coûts estimés n’incluent pas ceux liés au temps pour la commande, la collecte, la réception ou la livraison du

produit.

Figure 3 Abondance des populations de phytoséidés et de tétranyques dans les parcelles expérimentales avec ou sans introductions de Fallacis Impact ® Des lettres différentes indiquent des différences significatives (Anova α = 0,05)

Figure 4 Abondance des populations de phytoséidés (a) et de tétranyques (b-c) dans les parcelles où différents traitements phytosanitaires ont été simulés suite aux introductions de Fallacis Impact® Un astérisque (*) indique une différence significative avec le témoin non traité (Anova α = 0,05, Test de Dunnett)

ANNEXE 2 Activités de diffusion réalisées dans le cadre de « La journée des

pommes » qui s’est déroulée le 11 juillet 2016 à Saint-Bruno-de-Montarville.

ANNEXE 2 Activités de diffusion réalisées dans le cadre de « 25es journées annuelles sur la recherche et l’innovation technologique » qui se dérouleront les 8 et 9 février 2017 à Orford.