l'universitÉ la chasse aux éléphants · et même menacées de mort. tous les français se...

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2 0 0 0 L’ACTION FRANÇAISE 2731 61 e année du 6 au 19 septembre 2007 Prix : 3 s (20 F) paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone : 01-40-39-92-06 – Fax : 01-40-26-31-63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net 3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@r@d@l@a; M 01093 - 2731 - F: 3,00 E L'ESSENTIEL Pages 2, 4 et 5 POLITIQUE FRANÇAISE – Le sarkozysme dans l'impasse de l'économisme par Henri LETIGRE Pédophiles : le syndrome de l'Orange mécanique par Aristide LEUCATE – Quand M gr Lustiger diffamait l'Action française par Pierre PUJO Page 6 POLITIQUE ÉTRANGÈRE – "La bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran" par Houchang NAHAVANDI – Turquie : Abdullah Gül est-il modéré ? par Pascal NARI Page 11 COMBAT DES IDÉES – Vous avez dit démocratie ? par Michel FROMENTOUX – Le mythe humaniste par Romaric d'Omiac Pages 12 et 13 ARTS & LETTRES – Drieu vu d'Argentine par Pierre LAFARGE – Plaisirs romanesques par Anne BERNET Pages 14 LES GRANDS TEXTES – Rien de nouveau en démocratie... par Gérard BAUDIN Pages 16 HISTOIRE – Buffon : vulgarisateur, scientifique et philosophe par René PILLORGET L'UNIVERSITÉ L'UNIVERSITÉ D’ÉTÉ D’ÉTÉ DE L'A DE L'ACTION CTION FRANÇAISE FRANÇAISE par Philippe ALEYRAC Maxime ALMASY Michel FROMENTOUX Sébastien DE KERERRO Pierre LAFARGE Thibaud PIERRE Pierre PUJO DOSSIER pages 7 à 10 Tout ce qui est national est nôtre La chasse aux éléphants socialistes L L ’éditorial ’éditorial de Pier de Pier r r e PUJO e PUJO (pa (pa g g e 3) e 3) P our rétablir le moral d’un Parti socialiste miné par les désertions et les divisions, François Hollande a trouvé fin juillet un filon : battre le rappel contre Nicolas Sarkozy qui, son épouse aidant, a obtenu la libé- ration des infirmières bulgares re- tenues en otages depuis huit ans par le dictateur libyen Khadafi, et même menacées de mort. Tous les Français se sont ré- jouis de l’événement, tellement le sort de ces infirmières avait ému l’opinion internationale, sauf le premier secrétaire du Parti socia- liste ainsi que M. Jean-Louis Bianco, ancien conseiller de Sé- golène Royal, qui se sont indignés de ce que la France se prêtât à un marchandage avec le chef d’un État terroriste responsable de deux attentats contre des avions de ligne qui firent il y a quelques années plusieurs centaines de morts... Et de lancer une campagne sur la « transparence » nécessaire de la politique étrangère de la France qui devrait satisfaire davantage à la curiosité des parlementaires de l’opposition. Les Allemands mécontents Un fait troublant, cependant : les Américains ont rétabli en 2006 leurs relations diplomatiques avec la Libye dont le Guide est rede- venu fréquentable à leurs yeux. L’Union européenne, de son côté, avait pris des contacts avec Kha- dafi par l’intermédiaire de son re- présentant pour tenter de régler l’affaire des infirmières. Le dictateur libyen a sans doute préféré négocier avec un pays encore souverain comme la France plutôt que de prendre pour Ne crachons pas sur nos succès diplomatiques interlocuteur une organisation collective irresponsable telle l’Union européenne... Cela d’ailleurs n’a pas plu à l’Alle- magne dont le ministre des Af- faires étrangères a critiqué l’in- tervention de M. Sarkozy. L’Élysée s’est efforcé de cal- mer le jeu en démentant toute contre-partie à l’issue heureuse de la négociation avec Khadafi. Il reste assurément bien des points obscurs dans cette affaire. Mais qu’importe ? Un État a le droit d’avoir sa diplomatie secrète. Ce qui compte, c’est le résultat. Et celui-ci a été heureux pour les otages d’abord, pour la France en- suite dont l’action diplomatique a été valorisée. Que M. Sarkozy et son épouse en aient bénéficié aussi, sans doute, mais cela est secondaire. On dira que Khadafi, aussi, a tiré un avantage de la négocia- tion. Certes. Il a cherché à re- trouver une honorabilité interna- tionale avec la caution de la France qui au même moment fi- nalisait avec la Libye un contrat pour la fourniture d’une centrale nucléaire. Peut-être jouera-t-il un rôle utile dans l’affaire du Dar- four où toute une population sans défense du Sud-Soudan est mas- sacrée par des bandes armées... On ne sait. La vie internationale est faite de palabres tantôt fruc- tueuses, tantôt stériles... et l’on y choisit rarement ses in- terlocuteurs. Jacques CÉPOY LE SPORT PRÉFÉRÉ DE SARKOZY

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Page 1: L'UNIVERSITÉ La chasse aux éléphants · et même menacées de mort. Tous les Français se sont ré-jouis de l’événement, tellement le sort de ces infirmières avait ému l’opinion

2000

L’ACTIONFRANÇAISE

N° 273161e année

du 6 au

19 septembre 2007

Prix : 3s (20 F)

paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone: 01-40-39-92-06 – Fax : 01-40-26-31-63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net

3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@r@d@l@a;M 01093 - 2731 - F: 3,00 E

L'ESSENTIELPages 2, 4 et 5

POLITIQUE FRANÇAISE

– Le sarkozysme dansl'impasse de l'économisme

par Henri LETIGRE

– Pédophiles : le syndromede l'Orange mécanique

par Aristide LEUCATE

– Quand M gr Lustigerdif famait l'Action française

par Pierre PUJO

Page 6

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

– "La bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran"

par Houchang NAHAVANDI

– Turquie : Abdullah Gül est-il modéré ?

par Pascal NARI

Page 11

COMBAT DES IDÉES

– Vous avez dit démocratie ?

par Michel FROMENTOUX

– Le mythe humaniste

par Romaric d'Omiac

Pages 12 et 13

ARTS & LETTRES

– Drieu vu d'Argentine

par Pierre LAFARGE

– Plaisirs romanesques

par Anne BERNET

Pages 14

LES GRANDS TEXTES

– Rien de nouveau endémocratie...

par Gérard BAUDIN

Pages 16

HISTOIRE

– Buf fon : vulgarisateur ,scientifique et philosophe

par René PILLORGET

L'UNIVERSITÉL'UNIVERSITÉD’ÉTÉ D’ÉTÉ

DE L'ADE L'ACTIONCTIONFRANÇAISEFRANÇAISE

par Philippe ALEYRAC

Maxime ALMASY

Michel FROMENTOUX

Sébastien DE KERERRO

Pierre LAFARGE

Thibaud PIERRE

Pierre PUJO

DOSSIER

pages 7 à 10

Tout ce qui est national est nôtre

La chasse aux éléphants socialistes

LL’éditorial ’éditorial

de Pierde Pierrre PUJO

e PUJO

(pa(pagge 3)e 3)

Pour rétablir le moral d’unParti socialiste miné par lesdésertions et les divisions,

François Hollande a trouvé finjuillet un filon : battre le rappelcontre Nicolas Sarkozy qui, sonépouse aidant, a obtenu la libé-ration des infirmières bulgares re-tenues en otages depuis huit anspar le dictateur libyen Khadafi,et même menacées de mort.

Tous les Français se sont ré-jouis de l’événement, tellement lesort de ces infirmières avait émul’opinion internationale, sauf lepremier secrétaire du Parti socia-liste ainsi que M. Jean-LouisBianco, ancien conseiller de Sé-golène Royal, qui se sont indignésde ce que la France se prêtât à unmarchandage avec le chef d’unÉtat terroriste responsable de deuxattentats contre des avions de lignequi firent il y a quelques annéesplusieurs centaines de morts... Et

de lancer une campagne sur la «transparence » nécessaire de lapolitique étrangère de la Francequi devrait satisfaire davantage àla curiosité des parlementaires del’opposition.

Les Allemandsmécontents

Un fait troublant, cependant:les Américains ont rétabli en 2006leurs relations diplomatiques avecla Libye dont le Guide est rede-venu fréquentable à leurs yeux.L’Union européenne, de son côté,avait pris des contacts avec Kha-dafi par l’intermédiaire de son re-présentant pour tenter de réglerl’affaire des infirmières.

Le dictateur libyen a sansdoute préféré négocier avec unpays encore souverain comme laFrance plutôt que de prendre pour

Ne crachons pas sur nos succès diplomatiques

interlocuteur une organisationcollective irresponsable tellel’Union européenne... Celad’ailleurs n’a pas plu à l’Alle-magne dont le ministre des Af-faires étrangères a critiqué l’in-tervention de M. Sarkozy.

L’Élysée s’est efforcé de cal-mer le jeu en démentant toutecontre-partie à l’issue heureusede la négociation avec Khadafi.Il reste assurément bien des pointsobscurs dans cette affaire. Maisqu’importe ? Un État a le droitd’avoir sa diplomatie secrète. Cequi compte, c’est le résultat. Etcelui-ci a été heureux pour lesotages d’abord, pour la France en-suite dont l’action diplomatiquea été valorisée. Que M. Sarkozyet son épouse en aient bénéficiéaussi, sans doute, mais cela estsecondaire.

On dira que Khadafi, aussi, atiré un avantage de la négocia-

tion. Certes. Il a cherché à re-trouver une honorabilité interna-tionale avec la caution de laFrance qui au même moment fi-nalisait avec la Libye un contratpour la fourniture d’une centralenucléaire. Peut-être jouera-t-il unrôle utile dans l’affaire du Dar-four où toute une population sansdéfense du Sud-Soudan est mas-sacrée par des bandes armées...On ne sait. La vie internationaleest faite de palabres tantôt fruc-tueuses, tantôt stériles... et l’on y choisit rarement ses in-terlocuteurs.

Jacques CÉPOY

LE SPORT PRÉFÉRÉ DE SARKOZY

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2 L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007

10, rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris

Tél. : 01-40-39-92-06 • Fax : 01-40-26-31-63I.S.S.N. 1166-3286

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ÉCONOMIE

L E C R É N E A U

Accroître les taux d'intérêts dans un contexte

de surendettementest suicidaire.

DANS NOTRECOURRIER Le sarkozysme dans

l'impasse de l'économismeL’été 2007 aura confirmé le

rythme traditionnel du fonc-tionnement des marchés fi-

nanciers : après sept ans d’ex-pansion, depuis l’explosion de la“bulle Internet” (leur avant-dernierproduit dopant), un nouveau crashest intervenu. En principe, les ren-versements de tendance boursièrese propagent pendant au moinsdeux ans dans la sphère écono-mique... Les conséquences sontdonc devant nous. Dommage pourun début de quinquennat com-mencé en fanfare !

proposera denouveaux prêtsgagés sur la plus-

value. Lorsque les prix montent,tout va pour le mieux et le systèmedispose de masses de crédits deplus en plus considérables. Maisquand les prix baissent... c’est lecrash !

Cette nouvelle crise est à lafois classique et innovatrice. Clas-sique puisque caractéristique d’unsystème qui vit des crises qu’il pro-voque ; le mot capitalisme com-mence et finit comme le cynisme.Mais aussi innovatrice parce quechaque crise se développe à par-tir d’une cause particulière : en1929, le crash provenait d’uneforme de “crédit sur marge”, en1987 de la mise en place de pro-grammes informatiques de ges-tion des ordres de bourse, et en2000 de la spéculation sur les va-leurs de la “net-économie”. Qu’enest-il en 2007 ? Trois phéno-

venu mondial puisque des milliersde banques, en particulier les fondsspéculatifs allemands (“hedgefunds”) avaient acheté les titres deces dettes. En principe, seul lemonde bancaire devrait être, dansun premier temps, concerné parce crash en France. L’idée d’in-troduction du crédit hypothécairerechargeable par un ancien mi-nistre des Finances, un certain Ni-colas S., n’ayant pas pu produireses effets dévastateurs.

Les causes structurelles étantidentifiées, reste à cerner l’élémentdéclencheur de la crise. Commeen 1987, la tempête boursière estapparue après une décision prisepar une banque centrale. Il y avingt ans, la Bundesbank provo-quait le crash, aujourd’hui c’est autour de la BCE. La volonté aveuglede l’institution financière euro-péenne de relever ses taux direc-teurs restera, devant l’histoire,comme le catalyseur de ce crashet de ses conséquences à l’heureoù notre économie subit déjà unnet refroidissement.

Accroître les taux d’intérêtsdans un contexte de surendette-ment est suicidaire. La BCE enpaie déjà les frais. Ses servicesont été contraints de débloquerdes milliards d’euros pour éviterune débâcle boursière. Mais cettemasse financière servira à ali-menter la prochaine crise du sys-tème. Avec la BCE, les spécula-teurs ont de l’avenir...

Sarkozy et l’œuvre coloniale

de la FranceJ’ai été surpris – et choqué

– de voir L’Action Française,sous la plume de G.D., octroyerun bon point à Nicolas Sarkozypour les propos tenus lors desa visite au Sénégal.

Or, à cette occasion, Nico-las Sarkozy a affirmé que « lacolonisation fut une grandefaute » et évoqué les« crimes perpétrés p ar lesgénérations p assées » !

Pour ma part, j’assumedans sa totalité l’œuvre coloniale de la France et j’ensuis fier.

Puissent un jour les fleursde lys flotter à nouveau surDakar, Rufisque et Gorée,terres françaises bradées parle général De Gaulle.

Vive la France, vive le Roy !

Colonel (E.R.) Michel CASTILLON(Bouches-du Rhône)

Le lendemain de son dis -cours de Dakar , Nicolas Sar -kozy ét ait l’hôte du présidentdu Gabon. Il a nuancé sonpropos en déclarant : « Lacorruption, les dictateurs, lesgénocides, ce n’est pas la co-lonisation. On ne peut pas toutmettre sur le compte de la co-lonisation. » La position duprésident de la Républiquesur l’œuvre coloniale de laFrance est ambiguë. On doitrelever néanmoins un légerprogrès sur son préceces -seur ...

P.P.

mènes semblentconverger : les“subprimes mort-gage”, les “hedge funds” et... lesdécisions de la Banque centraleeuropéenne.

Les “subprimes mortgage” vontjouer le rôle de bouc émissaire,objets sacrificiels sur l’autel de larédemption de la haute financetrop avide de se détourner de sonimmense responsabilité dans lacrise actuelle. Cette expressiondésigne le dernier produit dopantmis en place par les banques poursoutenir artificiellement le systèmecapitaliste. Pour continuer à fonc-tionner, le capitalisme a constam-ment besoin d’une nouvelle éner-gie, comme une bicyclette : si lecoureur arrête d’appuyer sur lespédales, le vélo tombe.

Nouveauxrequins

Alors, comment permettre à unemprunteur qui vient d’acquérir unbien immobilier de continuer à dé-penser autant qu’auparavant ? Ilfaut lui proposer un crédit hypo-thécaire, c’est-à-dire qu’au fur età mesure que le bien qu’il a achetéprend de la valeur, sa banque lui

Hors de l’Église,point de salut

l ARTICLE PERFIDE d’Henry Tincq dansLE MONDE du 11/7/07 à propos d’un do-cument publié par le cardinal américainWilliam Levada qui affirme que seule l’É-glise catholique peut revendiquer le titred’Église. « Les autres – orientales (or -thodoxes) ou protestantes ne sont pasdépourvues d’ ”élément s de vérité et desanctification” mais n’ayant pas été fi -dèles à la foi catholique des origines,elles n’ont pas la plénitude des voies dusalut, qui ne peuvent être trouvées qu’àRome. »

Cet enseignement n’est pas nouveau,reconnaît Le Monde, mais son rédacteurcraint qu’il n’entrave le dialogue œcumé-nique que le cardinal Levada n’entend pascontrarier mais qu’il veut mener à certainesconditions, notamment « la fidélité à l’iden -tité de la foi catholique. »

Le Monde ajoute perfidement : « Lesréactions risquent d’être vives [...] Cettemanière d’af firmer que l’Église catho -lique est seule à posséder la vérité nepourra que satisfaire son aile la plusidentitaire et dogmatique ». Et de déplo-rer une « nouvelle entorse » à l’esprit dedialogue entre les confessions chrétiennesouvert depuis Vatican II. Le Monde veut-ilinciter les chrétiens à se révolter contre lesdirectives de l’Église ?

Abolir le droit de grèvedans les transports et l’enseignement ?

l LE GOUVERNEMENT a fait grand bat-tage autour de l’instauration d’un “‘serviceminimum” dans les transports terrestres.Pierre Villedary observe dans MINUTE(25/7/07) que « rien n’est réglé ». « La

seule chose qui sera garantie, en cas degrève, c’est un service réduit, mais pré -visible » (Xavier Bertrand). Exemple à laS.N.C.F. : il y aura toujours aussi peu detrains, mais on le saura. C’est le côté“prévisible”. Nicolas Sarkozy s’était en -gagé, de meeting en meeting, sur troisheures d’obligation de service, matin etsoir , afin que chacun puisse aller tra -vailler plus pour gagner plus. Il n’en estplus question. »

Les grévistes devront en effet se dé-clarer deux jours avant le déclenchementdu conflit sous peine de sanctions discipli-naires, et, à partir de huit jours de grève,une consultation à bulletins secrets des sa-lariés de l’entreprise concernée pourra êtreorganisée sur la suite que les salariés don-neront au mouvement. Sous réserve quele Conseil constitutionnel ne juge pas letexte inconstitutionnel...

François Fillon a annoncé l’instaurationd’un service minimum dans les écoles pu-bliques, mais celui-ci paraît devoir être aussiinconsistant que le service minimum dansles transports terrestres. Les professeursdevront garder les enfants mais, dans lesprojets actuels ne seront pas tenus de leurdispenser un enseignement... Il faudra bienrevenir à supprimer le droit de grève dansles transports de voyageurs et dans l’en-seignement public !

La France surclassée

par l’Allemagne

l LU dans l’éditorial de Nicolas Miguet dansle QUOTIDIEN DE PARIS (27/7/07) : « Lamoitié de l’actuel territoire de la Pologneest constitué d’anciennes provinces al -lemandes. Un habitant sur quatre en Al -lemagne, a des ancêtres nés sur desterres aujourd’hui tchèques, polonaises,

russes ou même roumaines. L ’Allemagneest dirigée par une équipe née après laguerre. Elle n’a plus de complexes. Cepays s’est remis au boulot, avec des ré -formes passées dans la douleur et lesgrèves, parfois, mais qui lui assurentdes finances publiques désormaissaines. V u d’Allemagne, la France est le“passager clandestin de la zone euro”.Nous devons prendre garde car nous se -rons vite débarqués du bateau. » « Desobservations et un avertissement dontles Français devraient tenir compte... »À plus ou moins long terme des change-ments se préparent en Europe.

Une leçond’anti-démocratie

l RENDANT HOMMAGE À RA YMONDBARRE le 25 août, l’éditorialiste du FI-GARO salue « l’homme carré dans uncorps rond » comme il se définissait lui-même, et Nicolas Barré fait cette consta-tation désabusée : « ... comme après sonpassage à Matignon, la question restela même : pourquoi les électeurs pré -fèrent-ils les promesses et le rêve aulangage de la vérité. On sait aujourd’huice que cette préférence collective nousa coûté ».

Oui..., inflation, augmentation du coûtde la vie, retard pris par rapport à nos par-tenaires européens, voilà ce qu’a coûté àla France l’arrivée de la gauche au pouvoiren 1982. Mais la question de Nicolas Barréest naïve : si les électeurs préfèrent lespromesses et le rêve au langage de la vé-rité, c’est à la démocratie qu’on le doit. Ray-mond Barre s’en rendait compte. C’est pour-quoi il était si peu démocrate et si maladroitdans le maniement de la démocratie.

Jacques CEPOY

parHenri LETIGRE

Pour limiter les risques liés ausurendettement des ménages mo-destes, les banques prêteuses ontrevendu leurs créances aux “hedgefunds”, nouveaux requins de la fi-nance qui apprécient les taux par-ticulièrement élevés. Ce méca-nisme purement américain est de-

Avec la BCE, les spéculateurs ont de l’avenir ...

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L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007 3

É D I T O R I A L

M ême en vacances, Nicolas Sarkozys’arrange pour occuper la premièreplace dans les médias. Il s’installe

dans une luxueuse propriété de la Nouvelle-Angleterre, ce qui lui permet d’aller rendrevisite aux deux présidents Bush (père et fils)et de se faire photographier en leur compa-gnie. À peine s’échappe-t-il une journée pourassister à Paris aux obsèques du cardinal Lus-tiger. Un pédophile récidiviste en liberté com-met-il un nouveau crime en assassinant unenfant après l’avoir violé ? M. Sarkozy in-vite le père à l’Élysée et organise avec le mi-nistre de la Justice le renforcement de la ré-pression des pédophiles récidivistes.

Quelques jours après, un chalutier bretonest éperonné par un navire-voyou. Nicolas Sar-kozy se mobilise encore et promet d’assisteraux obsèques du malheureux patron-pêcheur.

Un présidenttouche-à-tout

Les deux drames justifient la compassionpopulaire et l’intervention de la justice, éven-tuellement pour faire sentir la nécessité d’ap-porter des corrections à la législation. S’en-suit-il que le chef de l’État doit prendre per-sonnellement en charge ces événements?Les ministres ne sont-ils pas là pour repré-senter l’État en ces circonstances? On diraitque le président craint de laisser échapper unepopularité précaire. Il lui faut montrer qu’ilest prêt à consoler comme à sanctionner. Illui faut exploiter toutes les occasions pour laconsolider. On le croirait encore en campagneélectorale. On attend cependant autre chosedu président élu, à savoir qu’il gère les af-faires de la France.

Si préoccupé que soit Nicolas Sarkozy parles drames qui traversent la vie quotidiennedes Français, il n’en oublie pas pour autantson passe-temps favori, la chasse aux élé-phants socialistes. Le bilan est déjà substan-tiel. Il a mis dans sa gibecière Bernard Kouch-ner, Jack Lang, Jean-Pierre Jouyet, Domi-nique Strauss-Kahn et bien d’autres. En dernierlieu c’est Michel Rocard qui s’est laisséprendre pour diriger une commission sur laréforme de l’Université. Jack Attali, ancienconseiller de Mitterrand, s’occupera d’uneautre commission sur les freins rencontrés parla croissance. La politique d’ouverture àgauche fait des ravages dans les rangs socia-listes. La distribution des maroquins est ter-minée, mais il reste des présidences de com-

mission et des missions variées à assumer.Peu de gens sont capables de résister au chefde l’État qui, après avoir fait votre éloge, vousconfie une tâche pour laquelle il vous per-suade que vous êtes le plus qualifié... Lestransfuges quittent le Parti tout en procla-mant qu’ils sont « toujours socialistes» !

Le Parti socialiste traverse une crise pro-fonde par delà les querelles personnelles. Lesdivergences portent sur l’idéologie commesur la stratégie. Il n’est plus qu’un syndicatd’intérêts qui gère des places d’élus de bonrapport. Ne l’enterrons pas trop vite néan-moins ! Les vieilles lunes de la lutte desclasses et de la démagogie en faveur des “pe-tits” subsistent. Les socialistes coopérant avecle gouvernement, pensent certains, le rejoin-dront un jour ou l’autre. Peut-être ! Mais,d’une part, bien des gens de l’entourage deM. Sarkozy sont déjà pénétrés par une men-talité de gauche, soit sur les questions de so-ciété soit en entretenant l’envie et la jalousieà l’égard des “riches”. D’autre part, le Partisocialiste peut disparaître, le socialisme sub-sistera, d’autant que son idéologie – tout dé-fraîchie qu’elle soit –imprègne largement lasociété française. C’est pourquoi il faut conti-nuer à la combattre.

La croissance en berne

M. Sarkozy a vécu jusqu’à présent sur son“état de grâce” qui se prolonge depuis le 6mai, mais il y aura une fin quand il seraconfronté aux réalités. Or sur le plan écono-mique et social les nouvelles sont préoccu-pantes. En France la croissance a ralenti sen-siblement au cours du premier et du second

trimestres. L’Insee prévoit qu’elle atteindradifficilement les 2,25% annoncés pour l’an-née 2007. Et si le rythme de la croissance ra-lentit, les rentrées d’impôts seront moins fortes,le déficit de la France sera accru. Le rem-boursement de la Dette ne pourra se fairecomme prévu. La France ne pourra tenir sesengagements.

Le moderneesclavagisme

Les Français se plaignent aujourd’hui dela baisse de leur pouvoir d’achat. Le gou-vernement ne peut, pour y remédier, se bor-ner à donner un coup de pouce à la consom-mation. Il doit stimuler l’investissement, en-courager les entreprises à abaisser leurs coûtsde revient, à développer leurs ventes à l’étran-ger. “Travailler plus pour gagner plus” est unslogan accrocheur, mais pour gagner plus ilfaudrait supprimer bien des entraves au tra-vail qui subsistent aujourd’hui. Doit-on, aunom de l’augmentation des heures de travail,supprimer le repos dominical? Commençonspar supprimer les 35 heures réglementaireslà où elles ne se justifient pas.

M. Sarkozy veut abolir le repos domini-cal. Il n’est pas sûr que tous les salariés se-ront d’accord avec lui. Cette pause a été consi-dérée au XIXe siècle comme une conquêtesociale importante. Ce serait une régressionque de la supprimer. Atteindre la productionmaximale, tel est l’objectif des capitalistescomme des collectivistes. C’est un objectifmatérialiste. M. Sarkozy tente d’allécher lessalariés par un supplément de revenu.

Le travail a cependant une autre finalité:permettre à l’homme (et à la femme) de nour-rir sa famille, il doit être coupé par des tempsde pause. Le principe du repos dominical doitêtre maintenu, quitte à l’assortir d’aménage-ments et d’exceptions. Il y a certes, un en-seignement religieux, mais le repos domini-cal n’est jamais que la traduction d’une exi-gence naturelle. La Genèse dit : « Le 7e jourDieu se reposa ».

Il appartiendrait aux autorités chrétiennes,aux associations et aux syndicats qui ont en-core des références religieuses de lancer unecampagne de protestation, en l’appuyant surla grève si nécessaire. L’occasion serait bonnede dénoncer le capitalisme esclavagiste etde défendre l’une des bases de notre civilisation.

LA CHASSE AUX ÉLÉPHANTS SOCIALISTES

NOTRE SOUSCRIPTION POUR L’A.F.

SIGNESDES TEMPS

PARPIERRE PUJO

Jambon

À l’approche de la Coupe dumonde de rugby, les télévisions mul-tiplient le passage d’un spot de pu-blicité dans lequel le sélectionneurde l’équipe de France, Bernard La-porte, vante les mérites d’unetranche de jambon. Mais peut-onoublier que Bernard Laporte ad’ores et déjà été nommé ministre,même s’il ne prendra ses fonctionsqu’après la Coupe du monde ? Unministre qui fait de la pub pour unetranche de jambon... Sous l’ère Sar-kozy il nous faudra décidément ad-mettre que “tout devient possible”.

Breloques

Au festival du cinéma améri-cain de Deauville, le ministre de laCulture, Christine Albanel, a dé-cerné les insignes de chevalier desArts et Lettres au comédien et réa-lisateur américain George Clooney,louant son « talent incommen -surable » et son « charme irré -sistible ». Il n’est donc plus né-cessaire de parler français ni d’avoireu une quelconque action au ser-vice des arts et lettres de notre payspour être honoré par le ministèrede la Culture. Il suffit désormaisd’être “charmant” et de passer à latélé. Vive la société du spectacle...

Super Sarko

Dans Libération, le père dujeune enfant de 5 ans victime d’unpédophile récidiviste raconte sa ren-contre à l’Élysée avec le présidentde la République : « C’est unhomme comme les autres, fautpas croire ! ». Il est vrai qu’à forcede regarder TF1 ou de lire YasminaReza, on pouvait croire que Sar-kozy était doté de super-pouvoirs.

ENA contre barreau

Avec Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde,nous assistons au triomphe desavocats d’affaires pour lesquels lanégociation et le compromis comp-tent plus que la vérité. Chaque fait-divers devient une affaire à ré-soudre dans l’émotion et l’urgenceau détriment de l’intérêt général oud’une vision à long terme de la po-litique. Gageons que ces “bavards”vont nous faire regretter l’époqueoù des énarques dirigeaient lepays...

Trépanation

Dans un entretien accordé cetété à l’International Herald Tribune,Christine Lagarde, notre ministrede l’Économie et des Finances, acette réflexion édifiante : « C’estune vieille habitude nationale :la France est un p ays qui pense.Il n’y a guère une idéologie dontnous n’avons fait la théorie. Nouspossédons dans nos biblio -thèques de quoi discuter pourles siècles à venir . C’est pour -quoi j’aimerais vous dire : assezpensé maintenant, retroussonsnos manches ». On est, pour unefois, obligé d’être d’accord avecBernard-Henri Lévy : « C’est legenre de chose que vous pou -vez entendre dans des conver -sations de café, de la p art d’abru -tis qui boivent trop. »

Guillaume CHA TIZEL

n Avec ce numéro L’Action Fran -çaise 2000 reprend sa p arution ré -gulière (premier et troisième jeudide chaque mois), interrompue p arle mois d’août 2007. Nos lecteursvont retrouver nos rubriques habi -tuelles et dans chaque numéro undossier sur une question d’histoire,d’actualité économique ou sociale,à moins qu’on y traite de la vie etdes idées de l’A.F .

Cette semaine, le dossier publiévous fera revivre le camp Maximereal del Sarte 2007 au château deLignières où une cent aine de jeunesd’Action française se sont formésdurant plus d’une semaine afind’être en mesure de servir la France.Cela témoigne d’un renouveau del’Action française très prometteurpour l’avenir . Il est permis d’y voirle point de dép art des prochainssuccès de notre mouvement.

LISTE N° 12

Virement s réguliers : Jean-Michel de Love, 7,62 ; M. Derville,7,62 ; Mme Bellegarde, 115,24 ; Mme

Yvonne Peyrerol, 15,24 ; Gal J. leGroignec, 15,24 ; Mlle Annie Paul,15,24 ; Raymond Sultra, 17,78 ;Marius Guigues, 21,36 ; Mlle

Lucienne Boussot, (3 mois), 50 ;Georges Delva, 20 ; Mme Marie-Magdeleine Godefroy, 22,87 ; Pierre

L’essor de l’A.F. Bonnefont, 22,87 ; Mme du Plessisd’Argentré, 25 ; Louis Petit, 30,49 ;Mme Françoise Bedel-Giroud, 30,49 ;Mme Tatiana de Prittwitz, 45,73.

60 bougies : Mme GabrielleChennevast, 170 ; Michel Cornet,60 ; Julien Thévet, 60 ; Mme

Jeannine Simon, 60 ; Pierre Souville,60 ; Mme Danièle Pouységur, 60.

Légion des “Mille” : “Unroyaliste fidèle”, 10 000.

Mlle Marie-Suzanne de Benqued’Agut, 100 ; Didier de Chazelles,100 ; Roger Beaudeloche, 20.

Total de cette liste : 11.104,79 sListes précédentes : 18.324,20 s

Total : 29 428,99 sTotal en francs : 193 024,74 F

Autre bonne nouvelle, la récep -tion d’un chèque de dix mille eurosenvoyé p ar un ami fidèle pour notresouscription. Certes, nos problèmesfinanciers demeurent toujours aussilancinant s mais ce don généreux nouspermet d’envisager l’avenir avec unnouvel optimisme.

Nous faisons un grand p as versles 55 000 s qui nous sont indis -pensables cette année pour notre bud -get. Continuez à nous aider . Envoyez-nous vos “60 bougies” pour l’anni -versaire du journal. Pour tout envoi,nous adresserons au donateur unebelle reproduction photographiquedu Comité directeur de l’A.F . en 1908.

Soutenez le nouvel essor de l’A.F .par vos dons. Merci d’avance.

P.P.

N.B. – Prière d’adresser les ver -sements à M me Geneviève Castel -luccio, L’Action Française 2000 ,10 rue Croix-des-Pertits-Champs,75001 Paris.

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4 L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007

CHRONIQUE JUDICIAIRE

Si le nouveau président dela République inauguredans notre pays un style

à l’américaine, force est deconstater qu’il a conservé la pro-pension maladive de ses de-vanciers à la compassion hys-téro-lacrymale réactive. Sou-mises à la dictature du momentmédiatique, nos sociétés maté-rialistes, hédonistes et consu-méristes, ayant perdu le sens dupolitique, donc de la durée et dulong terme, tels des moutons dePanurge, s’émeuvent bruyam-ment, à coups de “marches ci-toyennes” (“plus jamais çà !”) oud’incantations politiciennes épi-dermiques sans lendemains,lorsque les plus grands cata-clysmes naturels ou sociétauxsurviennent.

Vomitiflégislatif

Ce qui est arrivé au petit Enis(cinq ans) violé par un pédophilerécidiviste et incurable est, biensûr, absolument révoltant, igno-minieux et barbare. Depuis l’af-faire Dutroux qui avait, en sontemps, politiquement déstabiliséle royaume de Belgique, les af-faires concernant les pédoma-niaques ont éclaté au grand jour,non pas qu’elles n’existaient pasauparavant, mais parce que, se-lon un mécanisme bien huilépropre au “politicaly correctness”,les grandes consciences politico-médiatiques se sont emparéesde la question, au mépris pour-tant de l’indispensable recul quisiérait à ce genre d’affaire.

Au lieu de cela, suite à la ré-cidive d’un Francis Evrard, pé-doclaste notoire, récemment li-béré, Sarkozy nous promet quedorénavant, “on va voir ce qu’on

va voir” et tutti quanti. Voilà com-ment gouvernent nos “élites” di-rigeantes, à courte vue : un ma-nège dysfonctionne et provoquela mort de ses utilisateurs, on feraune loi pour empêcher lesdits ma-nèges de tuer ; un pédophile troppromptement relâché commet unnouveau forfait et hop ! une nou-

Pédophiles : le syndrome de l’Orange mécanique

n’a fait qu’amplifier cette ten-dance. Les médias jouent, enoutre, un rôle qui est passé dela simple information froide etbrute à la recherche tabloïdiquedu scoop sensationnel et com-plaisant.

Que l’on nous comprennebien. Nous ne cherchons pas àdéfendre ces monstres perversqui s’attaquent à l’enfance, la plustendre et inappréciable promessede l’humanité. Notre propos viseà stigmatiser l’emballement mé-diatique, l’inconstance politiqueet la confusion judiciaire qui rè-gnent en maître, de manière sys-tématique, sur ces affaires. D’innombrables études crimino-logiques, médicales et psychia-triques sont menées depuis leXIXè siècle sur la question desagresseurs sexuels. On sait de-puis toujours que les pédophiles(qui manifestent fréquemment unrefus du monde des adultes ; onpeut encore parler de syndromede Lewis Carrol) font partie de« ces catégories d’individustrès dangereux [qui] nécessi -tent une prise en charge p ar-ticulière » (G. Lopez et S. Bron-stein, Les comportements crimi-nels, PUF). Si l’arsenal répressifs’est considérablement durci enFrance, on soulignera que lesvoies thérapeutiques existentaussi mais ne sont pas toutesmises en œuvre et pas partout.

À cette occasion, on ne rap-pellera jamais assez les méfaitsengendrés par la théorie gau-chisante et totalement stupide dela nouvelle défense sociale, dé-

fendue par Marc Ancel (magis-trat de son état, à l’époque) dansles années 1970. Grosso modo,au nom de cette dernière, le cri-minel est un sujet dont la réin-sertion doit prévaloir sur la ré-pression. En plus de leur enfer-mement nécessaire et nonnégociable, les criminels sexuelset, parmi ceux-ci, les récidivistes(heureusement peu nombreux),doivent être soumis d’office à untraitement particulier, adaptableen fonction de leur degré d’at-teinte mentale (névrotique oupsychotique, sociopathe perversou border line ?).

Réinsertionou répression

Sans passer tout l’éventail enrevue, on peut citer l’émascula-tion chirurgicale (États-Unis, Da-nemark), la castration volontaire(permise en Suède mais stricte-ment interdite en France si ellea une visée eugénique et nonprioritairement thérapeutique), lacastration chimique (aux résul-tats très contrastés dus à la ré-versibilité de l’action du traite-ment, une fois celui-ci inter-rompu).

Quoi qu’il en soit, il faut en fi-nir avec le syndrome de l’Orangemécanique (roman d’anticipationd’Anthony Burgess adapté au ci-néma par Stanley Kubrick) quiconsiste à faire de l’innovation psy-cho-répressive une fin en soi, sansatteindre pour autant les résultatsescomptés. Le malade attend dumédecin qu’il éradique son mal entotalité. De la même façon, la so-ciété attend de ces gouvernantsqu’on la débarrasse de la crimi-nalité comme d’un cancer.

[email protected]

On n’apporte jamais assez de témoi-gnages sur la façon dont la provincefrançaise d’Algérie a été livrée au

F.L.N entre 1958 et 1962. Au départ, toutun peuple, européens, musulmans, juifs,réclamait son appartenance à la nation fran-çaise ; or De Gaulle se présentait commel’agent de cette volonté unanime. Quatreans plus tard, l’armée et la police françaisessont dirigées contre les Algériens qui vou-laient demeurer français. Entre temps, il ya eu les louvoiements et la trahison deCharles De Gaulle en qui ses compatriotesavaient imprudemment placé leur confiance.

Il existe peu d’exemples dans l’histoired’un tel retournement : un chef d’État dé-cidant de combattre par tous les moyensles civils et les militaires, ses compatriotesqui défendent la patrie contre une subver-sion soutenue de l’extérieur.

L’Algérie livrée au F.L.N.

Il n’y a pas lieu, en effet, d’opposer lesAlgériens et les Européens. Les chrétiens,juifs et musulmans défendent l’Algérie fran-çaise contre une minorité révolutionnaire.Sur le terrain le F.L.N. est battu en 1960,mais De Gaulle va s’employer à leur livrer

l’Algérie dont les fellagha n’ont pas réussià s’assurer le contrôle.

Mieux qu’un récit méthodique des quatredernières années de l’Algérie française,Jean-Pax Méfret nous décrit les réactionsd’un adolescent face à l’abandon progres-sif de la province, en dépit des promessessolennelles faites par les autorités civileset militaires.

L’ennemi n’est plus le fellagha, le terro-riste se livrant à des attentats aveugles, maisle Français qui veut continuer à vivre sur laterre française. Le jeune Jean-Pax Méfretse révolte naturellement contre le reniementdes uns et la lâcheté des autres. Il n’a riend’un raciste ni d’un excité d’extrême-droite.Ses amis sont des musulmans avec lesquelsil joue dans les rues. Il participe en janvier1960 aux “Barricades” où les pieds-noirs neparviennent pas à entraîner les militairesdans leur insurrection. Il est membre de lacellule chargée de l’information lors du putschdes généraux en avril 1961.

Par tous les moyens

Malheureusement, les militaires refu-sent de mobiliser les pieds-noirs pour ap-puyer leur mouvement. Ils refusent d’en-

treprendre quoi que ce soit pour renver-ser De Gaulle. Or celui-ci est résolu àécraser la rébellion des généraux par tousles moyens. Il n’hésite pas à faire verserle sang français pour parvenir à ses fins.

Le 26 mars 1962 la police et les mi-litaires tirent sur une foule pacifique quimanifeste contre le blocus de Bal-el-Oued. Les militaires ont sous-estimé lavolonté de De Gaulle d’écraser la mani-festation par tous les moyens.

Il s’affirme comme le chef et obtientle ralliement des unités encore hésitantesà suivre le mouvement. En 24 heures,c’est chose faite. Les chefs militaires ré-voltés ont méconnu la vérité du “poli-tique d’abord”. Il fallait frapper à la têtedu pouvoir et renverser De Gaulle, oubien ne rien faire. Le putsch des géné-raux tournera court et s’effondrera la-mentablement.

Jean-Pax Méfret décrit parfaitement lesrapports de force en présence, la perver-sité et la servilité des uns, l’attentisme desautres, l’engagement d’un trop petit nombrepour la cause française. Entré dans la clan-destinité, il participe aux activités de l’Or-ganisation Armée secrète (O.A.S.). Arrêté,il est transféré enchaîné en métropole. Ilne sortira de prison qu’en octobre 1962. Iln’a alors pas atteint 18 ans.

Le récit, alerte, retient des événe-ments l’essentiel et en dégage la signi-fication exacte. Son témoignage est depremier ordre.

La bande-annonce de l’ouvrage porteLa tragédie des pieds-noirs. Il est vraique nos compatriotes d’Algérie ont subide la part des autorités françaises uneaffreuse persécution, jusqu’à devoir aban-donner ce qui formait le cadre de leur vieaprès avoir vu beaucoup des leurs em-prisonnés, torturés ou assassinés.

Cet été 1962 est aussi un drame na-tional. C’est pourquoi l’ouvrage pourraitêtre présenté comme La tragédie de laFrance. Par la volonté de De Gaulle laFrance s’est reniée elle-même. Elle a re-noncé à l’œuvre de civilisation par la-quelle elle avait pris en charge le déve-loppement de l’Algérie et des Algériens.Le pouvoir en place à Paris a transforméla guerre défensive menée contre la ré-bellion du F.L.N. en une guerre franco-française, une guerre civile. Ce crimecontre la nation ne peut pas être par-donné à De Gaulle.

Pierre PUJO

* Jean-Pax Méfret : 1962, l’été du malheur .Éditions Pygmalion. 216 pages. 19 euros.

parAristide LEUCATE

LA TRAGÉDIE DE LA FRANCE

Jean-Pax Méfret : 1962, l’été du malheur

l’époque, Élisabeth Guigou, pré-voyait un suivi médico-psycho-logique du criminel sexuel, celledu 9 mars 2004 instaure bien unsuivi socio-judiciaire de ce der-nier devant le juge de l’applica-tion des peines (J.A.P.). Las !Les mesures à prendre sont évi-dentes, nonobstant : augmenta-tion du nombre de magistrats, depsychiatres et construction d’éta-blissements pénitentiaires spé-cialisés dans les crimes sexuels.Une loi de finances suffit doncsans alourdir le Code de procé-dure pénale, déjà bien rempli demesures inappliquées et parfoisinutiles.

Cancer social

Les larmes de crocodile denos gouvernants ne doivent pasnous leurrer. Quelle tartufferieéhontée et quel cynisme que defeindre de vouloir protéger l’en-fant (à juste titre, d’ailleurs), touten autorisant légalement la so-ciété à tuer, fût-ce au stade em-bryonnaire, ce dernier dans leventre de sa mère ! Car il s’agitbien d’un crime d’État et bien-veillamment remboursé par laSécurité sociale. En outre, la cri-minalité sexuelle n’est, hélas, pasun phénomène nouveau. La so-ciété qui glorifie l’individualismeet érige la pornographie en pro-duit de consommation courante

velle loi pour obvier à ces catas-trophes ambulantes. « On exor -cise le mal en faisant une loiqui empêchera le ‘ ‘monstre’ ’ derevenir » (Marianne, du 25 au31 août 2007). Chaque fait diversde ce genre constitue un vomitiflégislatif.

Que n’a-t-on, pourtant, appli-qué les dispositifs juridiques exis-tants ? La loi du 17 juin 1998 ini-tiée par le Garde des Sceaux de

Rachida Dati,garde des Sceaux

Un gouvernement à courte vue...

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L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007 5

POLITIQUE FRANÇAISE

parPierre PUJO

Quand Mgr Lustiger diffamait l'Action française

La mort du cardinal Lustigera suscité une grande émo-tion nationale car il avait eu

une destinée hors du commun. Cejuif converti au catholicisme à qua-torze ans ans possédait une foiprofonde et communicative et unefaçon originale de l’exprimer. Il avaitaussi le sens de l’apostolat. D’unecertaine façon, il aura amorcé unréveil de l’Église en France, mêmes’il n’a pas répondu aux craintesdes fidèles qui voyaient les basesde la religion s’effriter et la Tradi-tion reniée par beaucoup.

Nous n’avons pas de scrupule,cependant, à rappeler une polé-mique d’où sa mémoire sortquelque peu entachée. La 10 mai1988, le cardinal -archevêque deParis était interviouvé sur Europe Ià propos des différents hommagesrendus à Jeanne d’Arc à Paris parles mouvements nationaux. Sur unton apitoyé il répondait que cesmanifestations le remplissaient« d’une grande tristesse », car« c’est tout le néo-p aganismede l’Action française et le néo-paganisme du début du sièclequi resurgit maintenant ».

Michel Fromentoux lui répon-dit dans le numéro suivant du jour-nal (Aspects de la France du19/5/1988) en lui montrant – réfé-rence à l’appui - que ses accusa-tions étaient sans fondement ettout à fait injustes. Il écrivait no-tamment : « Mgr Lustiger s’obs -tine à voir un “p aganisme anti-chrétien” dans le positivisme de

Maurras, ignorant que celui-cis’en tenait à une observationpositive des lois des sociétés,lesquelles ne sont jamais quel’ouvrage de la Providence, donc

d’une bonté éternelle. Les ob -server , leur obéir , les enseigner ,exiger des gouvernant s qu’ilss’y conforment, c’est le meilleurservice que l’on puisse rendreà son prochain en obéissanceau IVe Commandement, car lameilleure forme de charité reste,comme disait Saint Thomas, laPOLITIQUE, non la politique po -liticienne, mais la politique réa -liste, cette politique qui doit p as-ser “D’ABORD” comme lacondition nécessaire de la li -

berté de toutes les autres acti -vités, même spirituelles – cettepolitique que M gr Lustiger re -prochait dans son livre (Le choixde Dieu) à Maurras d’avoir élevéau niveau de la primauté ...

Simultanément, Pierre Pujoadressait, le 18 mai 1988 unelettre de protestation au cardinalLustiger contre l’accusation denéo-paganisme proférée contrel’Action française. Celui-ci lui ré-pondait le 3 juin par une lettrerappelant les démêlés de l’Actionfrançaise avec le Vatican entre1926 et 1939. S’il reconnaissaitque les sanctions vaticanesavaient été levées en 1939, il n’enterminait pas moins par cesphrases : « J’imagine combienil doit être p arfois douloureuxd’être le fils de Maurice Pujo.Je prie pour vous afin que Dieuvous donne sa p aix et sa lu -mière pour considérer objecti -vement les événement s dupassé, à la place filiale qui estla vôtre » .

L’ensemble des textes fut pu-blié dans Aspects de la France.Mis au courant de la polémiquepar un professeur de nos amis,Mgr Marchasson, vicaire géné-ral, fut scandalisé par l’attitudede Mgr Lustiger, « Comment, ila écrit cela ? », Le cardinal refusa de se rétracter et de cor-riger son propos. L’Action fran-çaise attend toujours réparationen 2007.

Le Rév. Père Michel Lelong, des PèresBlancs, ancien responsable du Secrét ariat

des Églises de France pour les relations avecl’islam , animateur du Groupe de réflexionentre catholiques (GREC), a transmis par

téléphone à Michel Fromentoux le messagesuivant :

Tout en confiant à Dieu dans la prière celui quivient de retourner à Lui, je dois dire que, commebeaucoup de catholiques, j’étais en profond désac-cord avec le Cardinal sur certaines questions im-portantes.

Tout d’abord, alors que depuis des années leVatican n’a cessé de rappeler la souffrance dupeuple palestinien et de demander que le droit in-ternational soit respecté par l’État d’Israël dans

les territoires palestiniens occupés, en particulieren ce qui concerne le statut de Jérusalem, il esttrès regrettable que Mgr Lustiger n’ait pas trans-mis le message du Saint Siège à l’Église de France.

En outre, alors qu’en recevant Mgr BernardFellay, puis en publiant le Motu proprio sur lamesse, Benoît XVI a appelé tous les catholiquesà la réconciliation dans le respect de leurs légi-times diversités, Mgr Lustiger n’a pas été ac-cueillant ni fraternel envers la Fraternité sacer-dotale Saint-Pie X.

Puissent désormais tous les évêques de Franceentendre et transmettre les appels du Saint Pèreà chercher la justice en Terre sainte et à relire leconcile Vatican II à la lumière de la Tradition.

R.P. Michel LELONG

Loin de considérer comme“douloureux” d’être le fils dufondateur avec Charles Maur -ras de l’Action française, j’entire une légitime fierté. Cousinissu de germain de Saint-Thé -rèse de l’Enfant-Jésus et ar -rière-neveu de sainte Émilie deRodat, fondatrice de la congré -gation de la Sainte Famille, Mau -rice Pujo a consacré sa vie auservice de la France et consi -dérait la politique comme l’unedes formes les plus hautes dela charité.

Le témoignage du R.P. Michel Lelong

Qui était Maurice Pujo ?

Rares sont les historiensosant braver le “politiquementcorrect” pour s’exprimer librementsur la période de l’Occupation.C’est pourquoi, sans bien sûrsonger à l’annexer parmi nosamis, nous nous devons de sa-luer la mémoire d’Henri Amou-roux, décédé le 5 août dernier àl’âge de 87 ans.

Auteur d’une bonne quinzained’ouvrages consacrés aux Fran-çais sous l’Occupation, ainsi quede Quarante millions de pétai-nistes, et de Pour en finir avecVichy, il a toujours voulu fuir latentation très actuelle d’une his-toire manichéenne. Il ne manquaitpas de passion, savait montrer lanoirceur de tel ou tel quel que fûtson camp, mais savait aussi pé-nétrer la psychologie des hommeslancés dans la tourmente.

Contre l’Américain Paxton,il se gardait bien de tout expli-quer par “la politique antisémitede Vichy”, montrait que le Ma-réchal, dans toute la mesure dupossible, s’était souvent et effi-cacement opposé aux exi-gences allemandes de réquisi-tions massives de juifs. Rienne le hérissait plus que d’en-tendre juger les hommes de cetemps-là avec nos idées et nosréflexes d’aujourd’hui. Pour lui,écrit Éric Roussel dans Le Fi-garo du 7 août, l’anachronismeétait « le péché absolu contrel’esprit ».

Puissent les historiens ne ja-mais oublier cette règle d’or. Laréconciliation entre tous lesFrançais en serait grandementfacilitée...

M.F.

Pierre Messmer, ancien Pre-mier ministre, est décédé le 29 aoûtà l’âge de 91 ans. Il ne cachait passes sympathies royalistes. Un jourqu’il dînait à côté de la princesseMurat, sœur du comte de Paris, illui avoua : « Dans ma jeunessej’ai été camelot du roi ». En fait,il se borna probablement à être unétudiant d’Action française. On levit aux obsèques du comte de Pa-ris en juin 1999.

Il avait rallié le général DeGaulle durant la Seconde Guerremondiale. En mai 1962, ministredes Armées, il intervint pour sanc-tionner les officiers qui malgré lesordres de leurs supérieurs cher-chaient à transférer les harkis enmétropole pour les mettre à l’abrides vengeances des fellaghas al-gériens. On sait que beaucoup deces harkis furent massacrés dansdes conditions horribles après avoirété abandonnés, désarmés, à leurstortionnaires. On évalue le nombredes victimes entre 50 et 100 000.

En janvier 1972 on retrouvePierre Messmer, ministre d’Étatchargé des Territoires d’Outre-Mer.À ce titre il se rend en voyage of-ficiel à l’archipel des Comores oùdes revendications indépendan-tistes se manifestent. Atterrissant

dans l’île de Mayotte, il reçoit unaccueil enthousiaste de la popu-lation. En réponse aux paroles debienvenue de Younoussa Bamana,président du Conseil de la cir-conscription, qui proclame son at-tachement à la nation française, ildéclare : « Il n’y a pas, il n’y aurapas d’incertitude. Mayotte, fran -çaise depuis 130 ans, peut le res -ter pendant autant d’années sielle le désire ; les populationsseront consultées dans ce butet il sera procédé à cette occa -sion à un référendum île par île. »Et encore : « Si vous ne sou -haitez pas vous séparer de laFrance, la France ne souhaitepas se séparer de vous. »

Pierre Messmer était-il sin-cère ? En tout cas cette déclara-tion devait servir de base aux re-vendications des Mahorais de res-ter français alors que les autresîles des Comores prenaient leurindépendance.

Pierre Mesmer était un patriote.En 1962 il fut malheureusementvictime de sa servilité à l’égard dugénéral De Gaulle. Dix ans plustard, confronté au drame maho-rais, peut-être a-t-il tenté de se ra-cheter ?

P.P.

LES DEUX MESSMER

HENRI AMOUROUX

Au début du XX e siècle, il futl’un des principaux artisans del’instauration du culte public de

sainte Jeanne d’Arc. Le combatpolitique ne l’enrichit pas et ilne chercha jamais les honneurs.En juin-juillet 1944, à l’âge de 72ans, il fut incarcéré durant plu -sieurs semaines par la Gestapoau fort Montluc à Lyon et aprèsla libération du territoire, il futemprisonné plus de trois anspour avoir soutenu la politiquede résistance à l’occupant dumaréchal Pétain. Il est mort dansla foi catholique le 6 septembre1955.

P.P.

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6 L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

parPascal NARI

La bombe nucléairene serait

qu'un instrumentde plus entre

les mains de ce régime

contre son peuple et contre la paix.

LA CRISE IRANIENNE

"La bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran"

Pour lapremièrefois de-

puis des années,la France officielle, par la voix duchef de l’État, s’est exprimée avecune certaine fermeté à l’égard durégime islamiste de Téhéran.

Les seulessanctions dis-suasives, effi-caces, seraient

celles qui frapperaient non lepeuple iranien, qui est opposédans son immense majorité à cerégime et à la fabrication de l’armenucléaire, mais des mesures quiviseraient les caciques du régime,le fonctionnement de son appa-reil répressif, ses relais officieuxet officiels à l’étranger. Or, on s’engarde avec la plus grande pré-caution.

Entre “la bombe et le bom-bardement” existe une autre al-ternative, aider les Iraniens, del’intérieur comme de la diaspora,à faire évoluer voire changer cerégime.

Depuis le triomphe de la ré-volution islamiste, jamais le ré-gime de Téhéran n’a été aussifragile qu’actuellement, ni aussi

En Iran l’arme nucléaire « se-rait inaccept able », a dit le pré-sident Sarkozy aux ambassa-deurs de France réunis à l’Ély-sée. La crise iranienne, a-t-ildéclaré, avec raison je crois, « estsans doute la plus grave quipèse aujourd’hui sur l’ordre in -ternational » . « La démarcheactuelle des sanctions pro -gressives est la seule quipuisse nous permettre d’échap -per à une alternative cat astro -phique : la bombe iranienne oule bombardement de l’Iran ».

Sachant par expérience queces lignes seront lues dansquelques chancelleries et insti-tuts de recherches internationales,et pour prendre date, je tiens àapporter une fois de plus quelquesprécisions :

Un régimemalfaisant

Le régime de Téhéran conti-nue ouvertement les opérationsd’enrichissement de l’uranium.L’Agence internationale de l’éner-gie atomique (A.I.E.A.) vient dele confirmer encore une fois.

Certes, c’est un droit incon-testable de l’Iran. Mais, ne pos-sédant pas encore, et pour bienlongtemps, de centrales nu-cléaires, cette opération d’enri-chissement d’uranium par aumoins 2.000 centrifugeuses, tou-jours selon l’A.I.E.A., ne peut êtredestinée à la fabrication d’armesnucléaires, dont l’Iran n’a pas be-soin pour sa défense puisqu’iln’est menacé par aucun pays –mais dont le seul but est de sanc-tuariser un régime de plus en plusmalfaisant, de plus en plus ré-pressif, de plus en plus dange-reux pour la région.

Tout le monde le sait, tout lemonde le dit. Et personne n’agitni ne réagit.

“Les sanctions progressives”dont parle le président Sarkozy,sont devenues un sujet de plai-santerie à Téhéran. Les deux sé-ries déjà prises par l’O.N.U. ontété à peine symboliques. Cellesqui devaient être prises le 21 maidernier sont toujours à l’étude !L’objectif du régime islamiste estde gagner du temps. On joue sonjeu. Est-ce involontairement ?

parHouchang NAHAVANDI

Ancien ministre du shah d'Iran

TURQUIE

Abdullah Gül est-ilaussi modéré qu'on le dit ?

Le camp anti-islamiste,

majoritaire dans le pays

et non au parlement,n'est pas rassuré.L'armée non plus.

Le 28 août, au troisième tourde scrutin et à la majoriténon qualifiée, M. Abdullah

Gül ministre des Affaires étran-gères turc, a été élu présidentde la Turquie par la Grande as-semblée du pays.

« Islamiste modéré » écri-vent certains journaux, « ex-is -lamiste » laissent entendred’autres, les plus européistes etfavorables à l’entrée rapide dela Turquie dans l’Union euro-péenne comme le souhaitent lesÉtats-Unis et les milieux d’af-faires.

Certes, M. Gül, dont l’épouseporte le voile, ce qui est interditdans les bâtiments publics selonla législation turque – or le pa-lais présidentiel en est un jus-qu’à nouvel ordre – n’est pas unmilitant extrémiste barbu. Heu-reusement.

Il a été formé dans une uni-versité britannique et parle, dit-on l’anglais à la perfection. Il estsouriant, calme et jouit d’une so-lide réputation de probité. Maisil a passé la plus grande partiede sa carrière en Arabie séou-dite, pays qui n’est pas une ré-férence en matière de laïcité.Dans ce pays il n’était pas auservice de son gouvernementmais des sociétés financières is-

lamiques. Il est également l’au-teur – mais qui le dit ? – d’unpetit ouvrage islamiste très ré-pandu prônant notamment l’obli-gation pour les femmes de por-ter le voile et la nécessité pour

engagements constitutionnels,des personnalités ayant laconfiance du monde des affairesont été appelées à participer augouvernement.

N’empêche, le camp anti-is-lamiste, majoritaire dans le payset non au parlement, n’est pasrassuré. L’armée non plus.

À l’inverse de ce qu’à écrit la“grande” presse en France etailleurs, les pouvoirs du prési-dent ne sont pas « protoco -laires ». C’est lui qui nomme leshauts magistrats, appelés à ap-pliquer les lois laïques, ainsi queles recteurs chargés de veiller àla laïcité de l’enseignement.

Les prochaines nominationsseront donc à surveiller. À moyenterme. Mais il faudrait surtoutêtre attentif à une éventuelle ré-forme “démocratique” de laConstitution supprimant le rôlede l’armée comme garant et dé-fenseur des principes de la laï-cité de l’État.

L’Europe

Abdullah Gül est surtoutl’homme qui, dans l’immédiat, vas’atteler à accélérer l’entrée dela Turquie dans l’Europe. Pourse donner bonne apparence, ilaurait même commandé des “vê-tements islamiques” spéciale-ment dessinés à Vienne pour sonépouse qui lui permettent de l’ac-compagner lors des déplace-ments présidentiels à l’étrangersans paraître ridicule !

Suivons donc l’affaire. Avecvigilance, car elle n’est pas uni-quement anecdotique.

Je suis partie cet été en Pa-lestine et dans les territoiresisraéliens. On aimerait nous

faire croire ici que le conflit eth-nico-religieux est sans cesse ra-vivé par les Palestiniens. On serend compte sur place qu’il n’enest rien, que le conflit est purementpolitique et qu’il n’est entretenu quepar les Israéliens.

Qu’est-ce qu’Israël ? Au dé-but, c’était une colonie. Une colo-nie sans métropole, établie sur lemensonge d’”une terre sans peuplepour un peuple sans terre”. Men-songe que les dirigeants sionistesse sont efforcés et s’efforcent en-core de rendre le plus crédible pos-sible en effaçant totalement la pré-sence et la culture palestiniennes.Si l’on demande à n’importe quelIsraélien : “Qu’y avait-il ici avant1948 ?” , la réponse sera invaria-blement : “Il n’y avait rien ni per-sonne”.

Dans les territoires israéliens,tout est fait pour compliquer aumaximum la vie des Palestiniens,par exemple en faisant passer uneautoroute entre un village et sesterres sans point de passage. Et

puis, déculturation oblige, il fautrendre cette population la moinsvisible possible.

Problème : le mur de sépara-tion est un violent rappel de saprésence. Qu’à cela ne tienne, onenfouit le mur sous des collinesfleuries, uniquement côté israé-lien, bien sûr. Il ne faudrait tout demême pas que celui-ci gâche lepaysage !

À propos du mur, sensé pro-téger Israël des attaques terro-ristes, on remarque avec étonne-ment que par endroits, sa construc-tion est totalement interrompue,parfois sur deux cents mètres : ilfaut bien, en effet, laisser passerun ou deux kamikazes de tempsen temps pour pouvoir justifier dela politique militaire et sécuritaire...

En revanche, aucune dé-faillance du mur entre Ramallah,Jérusalem et Bethléem. Ce réseauurbain était la colonne vertébraledes relations économiques et so-ciales palestiniennes, le mur a servià la briser.

Enfin, en Cisjordanie, zonesupposée être sous l’autorité pa-lestinienne, on assiste à une si-

tuation d’occupation militaire in-supportable : impossibilité de sedéplacer librement à cause descheck-points, incursions répétéesde l’armée dans les villes et lesvillages, arrestations, voir meurtresarbitraires, et grignotage du ter-rain, encore et toujours par l’éta-blissement de colonies.

À Hébron, les colons israélienssont installés à l’intérieur même dela ville et détruisent régulièrementles récoltes alentour en lâchant desanimaux dans les champs pales-tiniens. Certaines rues sont à sensunique pour les Palestiniens (àpied !) ou même interdites.

Ce ne sont là que desexemples, un échantillon infime dece que doivent endurer les Pales-tiniens au quotidien.

Malgré cette situation absurdeque les sionistes imposent depuisquatre-vingt-dix ans, les Palesti-niens que j’ai rencontrés ne som-brent pas dans la haine. Ils résis-tent et se battent pour leurs droits(à commencer par le droit au re-tour), pas pour la vengeance.

M.A. P.

Le témoignage d’une jeune Française en Palestine

son pays d’adapter sa législationaux préceptes de l’islam. Ce quiétait et reste son droit mais quiest peu compatible avec les prin-cipes de laïcité dont il vient dejurer la sauvegarde et la défense.

Des gagesaux partisansde la laïcité

Le Premier ministre et chefde la majorité Erdogan a donnéquelques gages aux partisans delaïcité : une femme, non voilée,a été nommée ministre, deux ex-trémistes ministrables ont étéécartés du cabinet, le présidentélu a été amené à faire des dé-clarations rassurantes sur ses

Abdullah GulNouveau président de la T urquie

contesté. Personne ne l’ignoreà l’étranger. La férocité de la répression qui sévit actuellementdans le pays l’illustre si besoin était.

Gesticulationsoccidentales

Or, je suis bien placé pour ledire, non seulement on ne fait rienpour favoriser son évolution ouson changement, mais on a par-fois même l’impression que l’Oc-cident officiel, dont l’appui poli-tique, rien que politique , est in-dispensable, fait même lecontraire, quelques gesticulationsdérisoires n’étant destinées “qu’àla galerie” si on peut dire. C’estbien triste à dire, mais c’est ainsi.

On oublie malheureusementque le danger de l’islamisme ra-dical et violent ne concerne pasuniquement l’Iran, la principalevictime, mais le monde entier.

“La menace la plus grave quipèse aujourd’hui sur l’ordre in-ternational” est là. La bombe nu-cléaire ne serait qu’un instrumentde plus entre les mains de ce ré-gime contre son peuple et contrela paix et la tranquillité de la ré-gion et du monde.

En Iran l’arme nucléaire « serait inacceptable »

a dit le président Sarkozy aux ambassadeurs de France

réunis à l’Élysée.

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L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007 7

D O S S I E RL’UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DE L’ACTION FRANÇAISE

parPierre LAFARGE

FORMERUNE ÉLITE

Le dossier que nous vousprésentons dans ce

numéro de rentréen’aborde pas un sujet de

doctrine, n’étudie pas ungrand thème d’actualité

politique. Et pourtant, endépit des apparences, il

déborde largementl’horizon de notre

mouvement. Un campd’été où jeunes gens et

jeunes filles passent dixjours à apprendre à

penser clair et marcherdroit, hors de toute

ambition personnelle oupartisane, au seul servicede la France, même s’il nefait pas la une des grands

journaux, est unévénement.

Un événement dont lesretombées dans les

années qui viennentpeuvent être décisives. Le

camp Maxime Real delSarte est un de ces rares

foyers où, dans la débâclecontemporaine, s’opère la

transmission del’expérience des grands

siècles français et senoue une de ces amitiés

sur lesquelles se refondeune nation. Dans une

France où les esprits etles cœurs ne cessent de

s’avachir , l’avenirappartient à ceux qui

forment leur intelligenceet leur volonté pour êtrecapables de secouer le

conformismedémocratique abêtissant.

Ce travail d’un été doitévidemment se

poursuivre tout au longde l’année. La formation

d’une élite prête àchasser les idéologies et

à faire entendre aumoment crucial la voix dela France qui veut vivre et

se pérenniser , reste lesouci principal de l’Actionfrançaise. Une discipline,

donc, s’impose.

Les jeunes, à Paris, seretrouveront les

vendredis soirs dans leslocaux du journal pour

des cercles d’études où lesérieux n’empêche point

la bonne humeur . Et pourtous, jeunes ou moins

jeunes, l’Institut d’Actionfrançaise propose une

conférence un mercredichaque mois. La séance

inaugurale aura lieu le 10octobre : nous

entendrons MaxenceHecquard décortiquer

L’idéologie démocratique(voir page 15) . ■

parMichel FROMENTOUX

Dix jours d’université d’étépeuvent paraître longs. Sur-tout lorsque l’on constate

que des partis politiques aussi im-portants (et riches) que l’UMP oule FN ont supprimé les leurs cetété. Dix jours, ce n’est pourtant pasde trop pour commencer à assi-miler les bases de la méthode d’AFou réfléchir sur les grands pro-blèmes du temps.

Si tous étaient conviés à suivreles conférences dont l’exposé vasuivre, l’affluence record de ceCamp Maxime Real del Sarte 2007avait amené l’organisation à divi-ser les participants en trois niveauxpour certains travaux : un premiergroupe suivait l’enseignement debase à la méthode d’AF, undeuxième profitait des réflexionssur l’enracinement menées tout aulong de l’année écoulée par leCercle Jacques Bainville, tandisque les cadres planchaient sur lesactivités de l’année à venir. Le soir,des ateliers permettaient auxjeunes de s’initier à la prise de pa-role et à diverses autres techniquesmilitantes.

Au sujet des origines géogra-phiques des participants, on re-marquait la forte présence, à côtédes Parisiens, des sections ly-céennes et étudiantes de Lyon,Saint-Étienne, Le Mans et Rouen.Lille, Nice, Reims, Bordeaux, laBretagne et Marseille n’étaient pasen reste et des villes quelque peuabsentes ces dernières années,comme Toulouse, Nancy et Be-sançon, avaient également envoyédes représentants.

Fondements de la politique

d’AFLe Camp Maxime Real del

Sarte participe d’abord de la trans-mission de la pensée des fonda-teurs de l’Action française. Phi -lippe Champion a ainsi développéles principaux aspects politiquesde la pensée maurrassienne, qu’ils’agisse de l’empirisme organisa-teur, du politique d’abord ou de lapolitique naturelle. Philippe Roch ,lui, est revenu sur les divers as-pects politiques et littéraires del’œuvre de Charles Maurras. Lapensée géopolitique de Jacques

Une université d’étébien remplie

Bainville a fait l’objet d’une confé-rence de Gérard Bedel . L’écrivainberrichon Francis Bergeron , venucomme chaque année en voisin,a pour sa part présenté le LéonDaudet qu’il vient de publier auxéditions Pardès. Les questions éco-nomiques ont été abordées, au tra-vers des prismes de l’économiesociale et des penseurs catholiquessociaux (au premier plan desquelsLa Tour du Pin) par l’auteur de ceslignes et Philippe Roch.

Mémoireroyaliste

Il ne s’agit pas pour les roya-listes de commémorer mais de voirce qui peut être utile dans les com-bats passés pour ceux de demain.Louis Gonnet , en retraçantquelques parcours individuels demilitants royalistes dans la Résis-

grandes lignes de l’œuvre millé-naire des Capétiens. Le profes-seur Michel Arveiller a de soncôté fait partager sa connaissancedu Corneille politique, celui quimagnifiait la monarchie et lâchaitdans Cinna : « Le pire des Ét ats,c’est l’Ét at populaire. » Philippede Saint-Robert , ancien hautcommissaire à la langue française,honorait d’ailleurs cette dernièreconférence de sa présence. Sa-rah Blanchonnet entreprit avecsuccès de démontrer le rôle cen-tral des rois de France dans laconstruction et la diffusion de cettelangue française.

Notions descience politique

Historien et journaliste bienconnu des auditeurs de RadioCourtoisie, Pierre Navarre a traitédevant les participants de l’essencedu politique telle qu’elle a été dé-finie par le professeur strasbour-geois Julien Freund. De son côté,Pierre Carvin proposait une ap-proche originale de la pensée fé-déraliste américaine, pensée as-surément plus antidémocratequ’antimonarchiste dans son ap-proche du pouvoir et de la repré-sentation. Stéphane Blanchonnettraitait pour sa part des différentesacceptions du terme nation et del’avenir de ce concept politique.

Grands enjeux de la société

françaiseConcernant les grands enjeux

de la société française d’aujour-d’hui, il faut citer en premier lieules interventions de Paul-HenryHansen-Catt a et de Pierre-Pa -trick Kaltenbach . Directeur dumensuel Plaisirs de la chasse,Paul-Henry Hansen-Catta a ex-pliqué les tenants et aboutissantsdu combat pour le droit des ani-maux mené par des écologistesradicaux. Au-delà du danger me-naçant la nature même del’homme (dénoncé dans un récentlivre de Jean-Marie Meyer et Pa-trice de Plunkett), il a pointé ledanger de voir cette revendicationébranler les fondements de l’idée

de cité. Président des Associa-tions familiales protestantes etconseiller maître honoraire à laCour des comptes, Pierre-PatrickKaltenbach a dénoncé la gabegiedes subventions associatives, unedérive bien française entamée de-puis trente ans et que l’on a toutesles peines du monde à chiffrer. Undébat fructueux avec l’essayistenational-communiste Alain Sorals’est également engagé sur la fé-minisation avancée de notre so-ciété, à l’occasion de cette uni-versité d’été.

Journée portesouvertes

La journée portes ouvertes quiprolongeait le CMRDS 2007 tom-bait, ce samedi 25 août, le jour dela Saint Louis. Le matin s’est dé-roulée une table ronde consacréeà l’actualité politique, réunissantautour de votre serviteur, les jour-nalistes royalistes Gérard Leclercet Aristide Leucate ainsi que Di-dier Béoutis , conseiller du 13e ar-rondissement de la capitale. Undébat s’est engagé autour des pre-miers jours de la présidence Sar-kozy, Didier Béoutis et Gérard Le-clerc (se déclarant « sarkozystepar anticip ation ») étant moinssceptiques que les orateurs de l’Ac-tion française sur la capacité ré-formatrice du nouveau présidentde la République.

Après le déjeuner champêtredans la cour du château et la lec-ture des messages de LL.AA.RR.les princes Sixte-Henri de Bour -bon Parme et Charles-Philipped’Orléans , ainsi que de celui dePierre Pujo , l’après-midi proposaitune intervention de Gérard Leclercsur l’héritage intellectuel de l’Ac-tion française et une autre de l’abbéGuillaume de T anouärn sur lesrapports entre les pensées deMaurras et de Carl Schmitt.

En début de soirée, la messede la Saint Louis fut célébrée parM. l’abbé de Tanouärn en l’églisede Lignières. Après le traditionnelbarbecue servi dans la cour desécuries, cette journée portes ou-vertes s’achevait par un concertdu groupe Lilium et une soiréeBlack Velvet.

Plus ancienne universitéd’été politique française,le Camp Maxime Real del

Sarte ne manque pas chaqueannée d’attirer l’attention des mé-dias. Ce fut encore le cas cet étéavec notamment un reportagetélévisé d’une minute trente réa-lisé lors de la journée portes ou-vertes pour le journal du soir deFrance 3 Centre, repris le len-demain midi sur le plan national.Un reportage somme toute trèshonnête, laissant la parole à nos

cadres et militants et annonçantla présence de 150 participants.

Autre “succès” médiatique :le CMRDS 2007 a fait la “une”d’un des quotidiens régionaux,La Nouvelle République duCentre. L’article, daté du 24 août,souligne entre autres qu’« il nefaudrait p as réduire ces jeunesgens à un anachronisme, à untableau qui prête à sourire.D’abord, p arce que leur pro -jet politique n’inclut p as l’éga -lité entre les hommes. Ensuite

parce que l’idée même de dé -mocratie est balayée du re -vers de la main : la démo -cratie ne fonctionne p as, elleagonise. » Libre au journalistede croire que les Français d’au-jourd’hui sont en situation d’éga-lité les uns envers les autres ouque la démocratie fonctionnedans notre pays !

Ce papier s’accompagne d’unentretien avec l’hôte du camp,SAR le prince Sixte-Henri deBourbon Parme qui y déclare no-

tamment : « La monarchiepeut revenir , à la faveur de ten -sions sociales et internatio -nales très fortes. Nous pour -rions alors agir comme unebouée de sauvet age. C’est unedynamique.

P.L.

* Le reportage de France 3 est dis -ponible sur Internet. Pour le vi -sionner , rendez-vous sur le blogde l’Action française étudiante :www.afe-blog.com

Le CMRDS dans les médias

tance intérieure ou dans les troupesde la France libre, a ainsi expliquéque leur efficacité et leur désinté-ressement tenait largement à leursengagements politiques d’avant-guerre.

Paul-Henry Hansen-Catt a etSylvain Roussillon ont fait par-tager leurs expériences militantessuccessives dans les années 1970et 1980 : ce ne furent pas, loin delà, les interventions les moinsécoutées !

De la monarchie

Michel Fromentoux , directeurde l’Institut d’Action française, aretracé pour les participants les

Le château de Lignières

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8 L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007

RETOUR SUR LE CMRDS 2007

D O S S I E R

Empêché par les suites deson accident de se rendre au

camp de cet été, Pierre Pujo aadressé au chef de camp, Thi -

baud Pierre, le message sui -vant qui a été lu lors de laJournée portes ouvertes :

Mon cher Thibaud,C’est avec beaucoup de regret

que je ne participerai pas cette an-née au Camp Maxime Real delSarte dans le cadre superbe duchâteau de Lignières où SAR leprince Sixte-Henri de BourbonParme reçoit les jeunes d’Actionfrançaise avec tant de bienveillantehospitalité. Vous y faites le meilleurtravail pour préparer la rentrée.

Cette année, le Camp, devenul’université d’été de l’Action fran-çaise, revêt une importance parti-culière. Depuis l’élection prési-dentielle, le paysage politique s’estrenouvelé et le nouvel hôte de l’É-lysée manifeste un bruyant acti-visme prétendant mettre en routeun vaste chantier de réformes.Pourtant la République, après avoirlaissé les problèmes s’aggraver aufil des années, a le plus grand malà opérer des réformes. Elle de-meure marquée par la faiblessede l’autorité, une centralisation ad-ministrative abusive, la démago-gie. Qui plus est, elle prépare l’ab-sorption de la France dans uneEurope supranationale qui a étérejetée par référendum il y a deuxans et qu’on voudrait nous res-servir sous la forme d’un “traitésimplifié”. Cet échec de la Consti-tution européenne, nous nous flat-tons à l’Action française, d’y avoircontribué avec tous les patriotesfrançais, de gauche comme dedroite, dans une sorte de com-promis nationaliste.

Le combat pour l’indépendancede la France n’est pas terminé.

Le message de Pierre Pujo pour la Journée portes ouvertes

Des forces politico-financières puis-santes pressent notre pays de sesoumettre aux impératifs de lamondialisation. La menace vientdes États-Unis, mais aussi de l’Al-lemagne dont le projet européenconduit à vouloir dominer l’Europe.

Nicolas Sarkozy voudrait faireadopter un “traité simplifié” toutaussi dangereux que le projet deconstitution. Ce projet doit ren-contrer de notre part une opposi-tion résolue. Le pire n’est pas sûr.Nicolas Sarkozy devra tenir comptedes réticences de beaucoup deFrançais devant une abdication na-tionale. Son propre orgueil devrait

lisme. Le nationalisme n’est pasl’exaltation de l’orgueil d’une na-tionalité. Il n’est pas synonyme depolitique impérialiste et agressive.Il ne signifie pas l’abolition des li-bertés et l’instauration d’un Étattotalitaire.

Le nationalismefrançais

Certains nationalismes dans lepassé ont pu revêtir ces carac-tères. Cela n’a jamais été le casdu nationalisme français défini par

Les conférences du CampMaxime Real del Sarte setiennent dans la galerie

blanche du château de Lignières,imposante pièce inspirée de lagalerie des glaces de Versailles.Ce lieu prestigieux est chargéd’histoire, puisqu’il est érigé surles fondations d’une forteressebâtie à partir du XIe siècle.

Au XVe siècle, Louis XI fré-quente les seigneurs de Beaujeuet séjourne dans le château féo-dal. Il leur confiera sa fille Jehannede France pour son éducation, etc’est là que cette dernière se re-tirera après son mariage avecLouis XII. Son oratoire est tou-jours visible dans la chapelle duchâteau, également église pa-roissiale. Elle fondera ensuitel’ordre des Annonciades àBourges, puis sera canoniséeavant de devenir la sainte pa-tronne du chapitre de l’Action fran-

çaise lors du pèlerinage de Pen-tecôte à Chartres.

Le château, en partie ruiné,est acheté en 1653, par Jérômede Nouveau, surintendant géné-ral des Postes, et proche de Fou-quet. Il décide de le démolir pourconstruire une demeure plus mo-derne et fait pour cela appel àFrançois le Vau, frère de Louis,l’architecte de Versailles.

Après une hésitation quant àconserver l’ancienne galerie go-thique, qui occupe l’emplacementde l’actuelle galerie blanche, lesderniers vestiges médiévaux sontfinalement détruits pour laisserplace au château classique : unvaste corps de bâtiment en L,avec deux pavillons dont l’un estdétaché, le tout entouré dedouves. Ensuite viennent des jar-dins à la française dessinés parLenôtre, et un autre bâtiment enL contenant l’orangerie.

Jérôme de Nouveau, disgra-cié à la suite de Fouquet, ruiné,ne peut achever la décoration des

façades dont les niches restentvides. Colbert rachète le châteauen 1683. La propriété passe, en1786, dans la famille de BourbonBusset, via un mariage avec l’ar-rière-petite-fille de Colbert.Quelques chambres sont alors ré-aménagées dans le styleLouis XVI.

Après la Révolution, le vicomteEugène de Bourbon Busset réor-ganise entièrement les bâtimentset le domaine : l’aménagement in-térieur est considérablement mo-difié, les toitures sont reconstruitesde manière plus simple, et les jar-dins à la française laissent placeà un parc à l’anglaise. Son arriére-petite-fille, Madeleine de BourbonBusset, épouse SAR le prince Xa-vier de Bourbon, duc de Parme,chef de la succession carliste à lacouronne d’Espagne, et dont onconnaît le rôle diplomatique pouraboutir à une paix séparée lors de

la Grande Guerre. Ils séjournentavec leurs enfants dans le châ-teau, et y reçoivent notamment l’im-pératrice Zita, sœur du prince Xa-vier, dernière impératrice d’Autricheet reine de Hongrie.

Le domaine de Lignières ap-partient désormais à leur fils SARle prince Sixte-Henri de BourbonParme, qui y reçoit le CampMaxime Real del Sartre depuis2002, pour le plus grand plaisir desparticipants.

Habituellement fermé au pu-blic, le parc du château est ce-pendant ouvert lors d’événementstels que les salons automobile decollection, feux d’artifice, visitesorganisées par l’Office de Tou-risme. Renseignements : Officedu Tourisme, 32 Grande-Rue,18160 Lignières. Tél. et fax : 02 48 60 20 41.

Un site chargé d’histoire

narchie. L’étude des conditionsd’existence de notre pays aboutità la conclusion que seule la mo-narchie est en France un régimedurable. En France, les constitu-tions républicaines doiventconstamment être remises enchantier !

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy,à peine élu, a lancé une commis-sion pour proposer une réformeconstitutionnelle. Décidément, laRépublique se sent mal dans sapeau ! Tantôt on trouve qu’elle esttrop autoritaire, tantôt elle est ju-gée ne faisant pas suffisammentde place aux libertés, tantôt le pays

sur les lois de la politique française,et non sur un choix fantaisiste, unchoix arbitraire. La monarchie pournous est soumission au réel. Onpourra essayer de mettre en placetoutes les constitutions que l’onvoudra, cela ne marchera pas tantque l’on ne sera pas revenu à lamonarchie.

Changer les institutions

La réforme politique doit êtreaccompagnée d’une réforme in-tellectuelle et morale. Elle y conduitmême. Il faut dénoncer les idéolo-gies qui empoisonnent l’esprit pu-blic depuis plus de deux siècles :l’individualisme, le libéralisme,l’égalitarisme, l’assistanat généra-lisé sous le nom de socialisme.Mais il ne suffit pas de dénoncerles idées révolutionnaires, commese contentent de le faire tant debien-pensants. Il faut aussi se don-ner pour premier objectif de chan-ger les institutions.

Dans le désarroi de beaucoupde nationaux qui ont cru dans lesuccès de tel ou tel chef charis-matique, l’Action française repré-sente aujourd’hui un pôle de pen-sée original reposant sur des basesintellectuelles solides. Aux Fran-çais déçus par la République, sesidéologies et ses partis, nous avonsautre chose à proposer. Cette autrechose, c’est une doctrine de salutpublic qui a fait ses preuves.

Donc, plus que jamais, allonsde l’avant. Puisse cette universitéd’été être bénéfique et conduire àun nouvel essor de l’Action fran-çaise. C’est par l’Action françaiseque la monarchie sera restauréeet que la France se redressera.

Nous préparons une élite en-traînée pour la réflexion et pourl’action. C’est elle qui changera levisage de la France en mettant finà des expériences républicainesdésastreuses.

Vienne le Roi ! Vive le Roi !

Pierre PUJOPrésident du Comité

directeur de l’Action française

parPhilippe ALEYRAC

La chapelle du château

le conduire à rejeter une organi-sation européenne qui le placeraitdans une position subordonnée.Ne relâchons pas notre pressionsur le pouvoir et travaillons à ren-forcer les forces de résistance.

Il nous faut cependant aller plusloin. D’abord, nous devons tra-vailler à réhabiliter le nationalismefrançais. Il n’y a pas lieu d’oppo-ser le souverainisme au nationa-

Barrès et Maurras. Notre nationa-lisme est réglé et pacifique. Il n’estpas centralisateur, mais veut seu-lement que toutes les actions po-litiques soient ordonnées par rap-port à l’intérêt national.

Quand il est “intégral”, le na-tionalisme soumet la question durégime politique à la règle de l’in-térêt national. En France, le na-tionalisme intégral conduit à la mo-

réel est coupé du pays légal et lesFrançais ne se sentent pas repré-sentés auprès des détenteurs dupouvoir. On constate avant tout quela République manque d’un organeprotecteur de l’indépendance et del’unité nationales, comme l’a été leroi au cours des siècles passés.

C’est l’originalité de l’Actionfrançaise que de faire reposer sonroyalisme sur les leçons du passé,

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L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007 9

D O S S I E RL’UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DE L’ACTION FRANÇAISE

Le Camp Maxime Real delSarte 2007 a confié cette an-née pour la première fois le

cercle d’études dédié à l’appro-fondissement (niveau 2) à unesection d’Action française, leCercle Jacques Bainville (CJB) enraison de son dynamisme, dû pourl’essentiel aux qualités de son ani-mateur, Frédéric Lefranc. Le CJB,connu des militants depuis fortlongtemps (il fêtera cette annéeson trentième anniversaire), a prisen charge la formation des cam-peurs confirmés en les faisant bé-néficier des fruits de deux annéesde travail d’exploration et de ra-fraîchissement de la pensée na-tionaliste et royaliste.

Les membres du CJB se sontrelayés a la tribune, réitérant lescercles de l’année 2006-2007consacrés au thème de l’enraci-nement. Avec leur liberté de toncoutumière, les bainvilliens d’As-

sas et de ses environs poursui-vent l’œuvre d’ouverture intellec-tuelle et de régénération de l’ap-pareil conceptuel et thématiquede notre auguste école , qu’avaiententamée avant eux la revue Im-médiatement et le Feu Follet, or-gane de la “Génération Maurras”(années 1988-1993), introduisantdes auteurs d’horizons peu fami-liers à notre mouvement.

Ainsi en est-il de Simone Veil,dont l’opus majeur, L’Enracine-ment, a servi cette année de ré-férence, aussi bien que HannahArendt, Albert Camus, Jacques El-lul, Carl Schmidt, Günter Anders,Léo Strauss ou encore GeorgeOrwell.

Malgré le caractère déroutantvoire avant-gardiste des thèmesabordés (critique radicale de lasociété du spectacle, décrois-sance, nouvelles chouanneriescontre les nouvelles technologies

de contrôle social telles que la bio-métrie, la vidéosurveillance ou lesbiotechnologies), les campeursont réagi avec beaucoup d’en-thousiasme.

Les auditeurs ont beaucoupapprécié le mode d’échange quasisocratique, étendus sur la pelousedu parc, dans le cadre enchan-teur du château de Lignières, dis-

sertant en toute liberté et courtoi-sie, laissant chacun élaborer saréflexion comme le pratique leCercle Jacques Bainville habi-tuellement dans les arrière-sallesenfumées des bistrots parisiens.

Afin de rompre la quiétude dece CMRDS 2007, les membresdu CJB s’étaient munis du pério-dique insurrectionnel qu’ils ani-ment, au nom évocateur : L’In-quiétude *. Revue au format af-fiche, destinée à être placardée,L’Inquiétude est un “dazibaö” d’ac-tion culturelle directe, dont le rectoest illustré d’une œuvre originalede Pierre Assael. Le premier nu-méro est consacré à “l’esprit co-saque”, le deuxième le sera au“bon sauvage”. Ce placard, au tonpolémique et péremptoire, mêleles lumières de Maurras à la poé-sie de Mao, la mesure de Bain-ville aux excès du baron Ungern-Stenberg.

Le niveau 2 s’est ainsi vu pro-poser une formation de grande te-nue sous la direction d’AlexandreApreval, responsable CJB 2007-2008 et adjoint au directeur desétudes du CMRDS, tandisqu’Henri Cheverny, responsableopérationnel, diffusait l’esprit “CJB”aux plus jeunes, du niveau 1, danssa conférence sur la lecture de LaSociété de consommation de JeanBaudrillard.

Lors des banquets, le CJBs’est distingué avec les nouveauxcouplets au Chant des Camelotsconsacrés à Pierre Boutang,Georges Bernanos, Jacques Bain-ville et... au CJB ! Parce que leCJB... c’est le CJB !

* L’Inquiétude : [email protected], 4 euros le numéro,25 euros les 9 par abonnement.

L’ACTION FRANÇAISE 2000 –Thibaud Pierre, quelles sont vosresponsabilités dans l’organi -sation et la tenue du campMaxime Real del Sarte ?

THIBAUD PIERRE – Depuis deuxans maintenant j’assure la res-ponsabilité de chef de camp, avecle concours d’adjoints et d’unemaîtrise éprouvée, laquelle a étérenforcée cette année par l’impli-cation de deux cadres promet-teurs, Paul Merlet pour la logis-tique et la direction des campeurs,et Alexandre Apreval pour ce quirelève de la formation.

Patrimoineintellectuel

AF 2000 – Depuis combien detemp s le CMRDS existe-t-il ?

T.P.– Le CMRDS existe depuis1953, les sections étudiantes deMarseille et d’Aix-en-Provences’étaient regroupées pour unequinzaine de jours de vacancesmilitantes. Nicolas Kayanakis,alors secrétaire général des Étu-diants, a profité de cette concen-tration providentielle de militantsavec les encouragements dePierre Juhuel pour leur assurerune formation politique, qui, loinde gâcher leurs vacances, les aravis : effectivement, tout lemonde n’a pas la chance de pas-ser son mois d’août avec MaximeReal del Sarte. Les étudiants choi-sirent tout naturellement de semettre sous le patronage de cedernier, qui fut le premier des ca-melots du Roi. De là vient le nomde la plus vieille université d’étépolitique.

D’ailleurs, les mouvements etpartis politiques qui avaient, à lasuite de l’Action française, mis enplace des universités d’été, ontd’année en année perdu toutesubstance jusqu’à disparaître.C’est ainsi que cette année le partihégémonique de gouvernementn’a pas tenu d’université d’été.

Le CMRDS assure quant à luila transmission et l’enrichissement

THIBAUD PIERREChef de Camp 2007

La plus ancienne et à présent la seule université d’été

de son patrimoine intellectuel etpolitique en préservant l’esprit quil’animait dès ses origines.

AF 2000 – Comment s’est dé -roulée cette 54 e édition de l’uni -versité d’été d’Action française ?

T.P. – Organisée en trois niveauxde connaissance, la formation aréussi a transmettre aux militantsprésents à la fois les méthodes etles idées d’Action française. Jetiens à souligner la qualité des in-tervenants et des conférenciers,

servée à nos militantes. Ce régimeà la fois confortable et spartiate,qui a demandé beaucoup de tra-vail de préparation est, je crois,pour beaucoup dans le succès dece camp.

Malgré les difficultés inhérentesà l’intendance pour un grouped’une centaine de campeurs,Mme Charvet a réussi le pari au-dacieux de lier bonne cuisine etcuisine de collectivité. Je tiens àsaluer son incroyable dévouement,sa gentillesse et ses dons culi-naires, qu’elle accepte de mettreau service du CMRDS depuis déjàplusieurs années.

La pluie quasiment perma-nente, qui a frappé cette annéetoute la France, n’a pas épargnéle Berry. Néanmoins, loin d’abattrele moral des militants, elle a gal-vanisé leur courage, fortement sou-tenu par l’ambiance d’Action fran-çaise, qui entraîne, dans la logiquede l’esprit militant animé par unevérité politique aussi forte que leprincipe monarchique, une saineentraide, ainsi qu’une intégrationdes nouveaux venus à travers deschants traditionnels et d’AF, et bienentendu la reconnaissance dansl’autre d’un même espoir. Cetteannée encore, le CMRDS à ététout d’abord le moment d’unegrande amitié.

L’émergenced’une génération

Je suis d’autant plus satisfaitde cette ambiance d’Action fran-çaise, qu’elle n’a, malgré le bruit,pas découragé SAR le princeSixte-Henri de Bourbon Parme,qui nous accueille si aimablementdepuis déjà six ans, de venir sejoindre à nous pour dîner un soir,

et ainsi pouvoir faire profiter lescampeurs de son analyse géo-politique et d’un éclairage sur lecarlisme.

AF 2000 – Quelles ont été etquelles seront les retombées dece camp ?

T.P. – L’Action française étudiantea depuis trois ans procédé à sa re-structuration, elle compte à pré-sent une équipe de cadres forméset compétents répartie sur tout leterritoire national. Ce CMRDS a,bien évidemment, permis de for-mer et de voir émerger de nou-veaux cadres, mais également desouder par l’amitié et l’espéranceune jeunesse française conscientede ses responsabilités. Nous nousretrouvons dans une situation d’ex-pansion que nous n’avions plusconnue depuis près de quinze ans.Ce camp, loin d’être envisagécomme l’aboutissement d’unebonne année militante, a été vécuet pensé comme un tremplin né-cessaire à l’émergence de la gé-nération qui, avec le concours deses aînés, compte bien porter hautle drapeau de la reconquête de laFrance.

Pourl’indépendance

de la FranceAF 2000 – Quelle est votre ana -lyse quant à la situation de laFrance ? Quel rôle l’AF peut-ellejouer au vu de cette analyse ?

T.P. – La France est, ou plus exac-tement deviendra d’ici quelquesmois, avec la ratification du traitémodificatif (la Constitution euro-péenne remaquillée), une provincede l’Union européenne ; elle per-

dra ainsi le reste de souverainetéque les divers traités européens luiavaient encore laissé. C’est doncvers la défense de l’indépendancede la France que notre combat doits’orienter principalement. C’estcomme indépendantistes que nousdevons nous considérer. Non pascomme certains séparatistes ré-gionaux qui s’élèvent contre les na-tions, mais bien en nationalistess’élevant contre un État européenplus administratif que politique.

Compte tenu des vérités poli-tiques que nous proclamons, notrerôle n’est pas de défendre un sou-verainisme jacobin. Bien aucontraire, nous avons un combatà entamer que nous sommes lesseuls à pouvoir mener : il s’agit dusouverainisme de terrain, prenanten compte les réalités locales. Àl’heure où l’Union européenne faitdu charme aux régions pour mieuxdétruire les nations, le meilleurmoyen pour un royaliste d’Actionfrançaise de défendre cette nationest indubitablement de mettre enplace dés maintenant une décen-tralisation populaire, soutenant etprotégeant ses régions. La Francene sera pas le Québec de l’Afriquefrancophone !

De plus, la France doit retrou-ver sa place sur la scène interna-tionale, reconquérir les alliancesqui ont fait sa grandeur, et se re-positionner comme arbitre des ten-sions internationales, et cela, déjà,auprès de tous les pays franco-phones. Mais dans ce but, il nousfaudra une indépendance françaiserecouvrée et une souveraineté in-carnée dans le Roi. Le chantier estvaste, mais il nous appartient, ànous royalistes d’Action française,de mener la reconstitution de laFrance, qui laissera ensuite à lamonarchie la charge de sa re-construction.

Le “patron” du CJB : Jacques Bainville

Les bainvilliens à l’avant-garde

tous très compétents, et je re-mercie ici chacun d’entre eux deleur amabilité. Les ateliers ont per-mis d’”outiller” les militants d’unsavoir-faire pratique qui leur serautile dans leurs actions commedans leur vie, qu’ils aient suivi l’ate-lier “militantisme” ou “Internet”, “ex-pression orale” ou “étude de texte” ;peut-être – cela s’est déjà vu –l’atelier “journalisme” éveillera-t-ildes vocations.

Pour ce qui est des aspectspratiques, les campeurs ont touspu dormir dans des bâtiments endur, profitant de tout le confort mo-derne, l’eau chaude exceptée, ré-

Thibaud Pierre

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10 L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007

L’UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DE L’ACTION FRANÇAISE

D O S S I E R

Sans le bénévolat dequelques-uns avant l’ou-verture du camp, rien ne se-

rait possible. Une équipe forte déjàd’une bonne vingtaine de cam-peurs s’est donné rendez-vouspour préparer le camp : installa-tion des douches des garçons,aménagement des dortoirs, fau-chage de foin et déblaiement, me-nues réparations, autant d’opéra-tions qui ont demandé à certainscampeurs le sens du service deleur communauté militante, un es-prit entreprenant en rupture avecle consumérisme de l’époque.

Bérangère P ., déjà venue l’andernier, se sera distinguée par sondévouement dès les préparatifs etjusqu’à la clôture du camp, allantd’une tâche ingrate à l’autre, gar-dant sa jovialité naturelle, toujourssecourable et s’inquiétant du mo-ral de ses camarades.

Avec la venue de nombreuxcampeurs, le CMRDS marque unrenouveau de l’Action françaiseétudiante, adossé à un solide ré-seau de trentenaires, tous anciensmilitants, dont beaucoup ont affluéau camp ou que les sections voientrevenir, attirés par le dynamismed’une équipe de maîtrise soudéequi s’est attachée à restructurer lemouvement.

De tous les horizons

Les journées bien rempliescommencent toujours par le tradi-tionnel rassemblement où lesconsignes d’autodiscipline et leprogramme sont rappelés. Puisvient le sport, piloté par Henri Che -verny secondé par Kiavel et Jean-Baptiste R. , responsable de la

L’ACTION FRANÇAISE 2000 —Maxime, pourriez-vous vous présen -ter brièvement à nos lecteurs ?MAXIME ALMASY — Jeune diplômé deSciences Po, je suis également licenciéen histoire à Paris IV. Depuis que j’ai ter-miné mes études, j’ai voyagé en Amé-rique du Nord ; je devrais chercher unemploi mais je prends le temps de vivreet de méditer sur le sens de mon exis-tence.

AF 2000 — Comment avez-vous dé -couvert l’Action française ?M.A. — L’AF fait partie de l’histoire deFrance et conserve une capacité d’évo-quer encore quelque chose à beaucoup.

AF 2000 — Comment avez-vous dé -cidé de venir au CMRDS 2007 ?M.A. — Je dirai que c’est le résultat d’uncheminement intellectuel personnel, delectures, de voyages, de rencontres aucours des dix dernières années... C’estpar Internet que j’ai appris que se tien-drait le Camp Maxime Real del Sarte.Je suis venu par curiosité, un peu pardéfi ; pour tout dire j’étais disposé àl’aventure.

Liberté intérieure

AF 2000 — Vous êtes diplômé deSciences Po Paris, qu’avez-vous penséde la formation dispensée par l’AF ?M.A. — J’ai apprécié la qualité de la for-mation intellectuelle et politique d’Actionfrançaise, et j’ai trouvé cela beaucoupmieux que ce que j’ai dû gober àSciences Po. À l’AF, on sent que se dé-ploie une pensée “du dehors”, aérée, tan-dis qu’à l’IEP le discours mielleux sur “l’ou-verture” masque une véritable “normali-sation” de la pensée, un rappel à l’ordre.Je dirai que la formation du CMRDS estplus riche, plus créative et plus déstabili-sante. À Sciences Po les élèves sont en-couragés à accepter le réel tel qu’il est,au CMRDS on a l’impression qu’on peuttransformer, modifier, agir sur le réel... Ony est plus actif... J’ai aimé particulière-ment la liberté de ton, la multiplicité desapproches, la pluridisciplinarité des for-mations, ainsi que l’absence de com-plexes. J’ai apprécié cette liberté inté-

rieure.AF 2000 — Qu’avez-vous ressenti quantà l’ambiance qui règne au CMRDS ?M.A. — Je pensais être seul au monde àpenser comme nous, et je me suis renducompte au CMRDS qu’il n’en était rien.Les gens sont très différents, sans que ja-mais l’origine sociale, ethnique, l’âge outout autre critère ait été un problème lorsde nos échanges. Le CMRDS, c’est aussil’occasion de rencontrer, de parler avecd’autres avec qui on s’étonne d’avoir tanten commun. Et puis on y rit, on y sait sedivertir après le sérieux des conférences.

AF 2000 — Qui avez-vous été amené àrencontrer lors de cette universitéd’été ?M.A. — Ils sont trop nombreux pour lesciter tous mais j’ai rencontré des très jeunesgens et jeunes filles (dont une prépareScience Po !), d’autres de mon âge, desaînés aussi comme Aristide Leucate aussi,que je voudrais tous revoir, chacun pourdes raisons très différentes. Tant de gens

différents tous attachants, nous noussommes donné rendez-vous... Affaires àsuivre !

L’aventure est possible

AF 2000 — Quelle leçon en tirez-vouspour l’avenir ? Comment envisagez-vous votre engagement politique ?M.A. — Je sais, plus encore qu’avant cecamp, que l’aventure est possible, ainsique la liberté sans solitude.

Pour ce qui est de mon engagementpolitique je ne sais pas encore, mais jesuis assez désireux de savoir commentme rendre utile, et je vais dans la mesuredu possible familiariser mon entourage ànos idées, et continuer les réflexions surlesquelles nous avons travaillé.

AF 2000 — Un mot de conclusion ?M.A. — Viendez tous ! (rires) J’ai rare-ment vécu dix jours d’une telle intensité,qui alliait l’exercice intellectuel exigeant àdes fêtes aux éclats si brillants.

MAXIME ALMASY

Mieux que Sciences Po !

À l’aube d’un réveil français

parSébastien de KERERRO

belle section de l’AFE-Lyon. Aprèsles exercices de respiration et detravail corporel animés par MichelMichel , l’équipe sport initie lescampeurs à des techniques de dé-fense variées allant de la boxe fran-çaise au Krav Maga.

Le lendemain de son arrivée,le matin précédent sa conférenced’ouverture, après une soirée bienanimée et riche de débats, leboxeur en sociologie Alain Soralnous fait l’amitié d’animer la sé-quence sport et combat, montrantdes techniques simples mais ef-ficaces de réduction de la contes-tation libérale-libertaire ou libé-rale-sécuritaire.

Après les quatre (!) confé-rences quotidiennes, dont il fautdire ici qu’elles avaient été trèsbien articulées, les cercles du ma-tin en groupes de niveau, les ate-liers vespéraux, les astreintes deservice ou de ménage, l’énergiene manquait pas lors des ban-quets d’amitié française, vibrantsdes chants des anciens commedes nouveaux venus, déjà inté-grés au groupe par les soins descampeurs plus expérimentés. Lorsdes pauses pétanque ou jeux deballe, les conversations les plusinattendues s’engagent, prouvants’il était besoin que l’Action fran-çaise jouit d’une étonnante capa-cité à relier des Français de toushorizons.

Le combat,la musique et la danse

La pluie continue, rendant lescollages d’affiches impossibles ;ils sont remplacés par des veillées,animées par Louis Gonnet ou

bien Francis Bergeron , l’un surles modèles de combat contre l’op-pression qu’offrent les royalistesengagés dans la Résistance,l’autre sur notre maître Léon Dau-

det.Des soirées dansantes Black

Velvet firent vibrer les vieux mursdu château de Lignières plusieursfois, pour le plus grand plaisir desjeunes filles qui dansèrent aux ac-cents des notes chics et sombresde Kraftwerk, New Order ou In-dochine.

La soirée la plus remarquablefut celle qui clôtura la belle jour-née portes ouvertes où nos amisdu groupe de musique trad’folk Lil-lium nous ont gratifiés d’un émou-vant concert de reprises de chan-sons connues de tous, sur des ar-rangements d’avant-garde. Quesoient ici remerciés les musicienset les techniciens sans qui ce

concert n’aurait pas été possible,tout particulièrement Marco C.

Pour cette journée portes ou-vertes, le ciel clément nous avaitenvoyé son plus beau soleil. Lajournée avait commencé avec unesuperbe messe tridentine dite parnotre ami de toujours, l’abbé

Guillaume de T anoüarn , de l’Ins-titut du Bon Pasteur, pour célébrersaint Louis, patron de notre justecombat.

Accueillant les visiteurs, ou dé-ambulant autour des tables cou-vertes de livres de notre librairepartenaire Le Pélican noir, nosamis s’arrachent les tee-shirts auxmotifs originaux du label Musca-din, la marque aux deux gourdins,qui voisinent avec la revue L’In-quiétude.

Séduits au-delà de toute at-tente, les journalistes de France 3Centre réalisent une émission surnotre université d’été avec la par-ticipation de jeunes campeurs em-pressés de leur communiquer les

raisons de notre combat pour leslibertés françaises. Après un buf-fet campagnard à l’ombre des pa-rois de l’antique château, autourduquel nos inamovibles aînés desManants du Roi se sont groupés,Gérard Leclerc se livra à debrillantes considérations sur l’hé-ritage et l’actualité de la penséede Maurras, dessinant les axes detravail pour conquérir les espritsau meilleur de notre tradition po-litique.

Une annéeprometteuse

Une émission de France 3 dif-fusée au national, deux articlesillustrés de photographies parusdans la presse quotidienne régio-nale, après de nombreuses an-nonces et émissions sur RadioCourtoisie, des papiers dans lapresse amie, un beau travail surInternet : ce CMRDS aura reçu,malgré la censure et la bêtise am-biante, une couverture médiatiquedont nous pouvons être fiers etnous réjouir.

SAR le prince Sixte-Henri deBourbon Parme , entouré de sesamis, Mme Huguette Pérol et lepère Michel Lelong , des Pèresblancs, nous a fait l’honneur denous recevoir dans sa demeure sipleine de souvenirs, remontant àl’époque où notre patronne, sainteJehanne de France, vécut à Li-gnières où nous avons pu la prierd’agréer nos vœux pour l’avenirde notre nation.

Les campeurs sont repartispleins d’énergie pour une annéede militantisme très prometteuse.La voie s’ouvre devant nous, dessections solides et riches de pro-messes existent tant à Paris II-As-sas qu’à Saint-Étienne, Lyon, Lille,Reims ou encore en Provence.

Les événements jouent pournous, nos positions sont chaquejour plus lisibles, chaque jour plusvisibles, continuons le combat !

Des conférences

sous le regard du comte de Chambord

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L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007 11

COMBAT DES IDÉES

parMichel FROMENTOUX

Un ouvragequi retrace

la généalogie des mensongescontemporains.

parJean d’OMIACLa société moderne est fon-

dée sur le mensonge et lafalsification de l’Histoire.

Pour asseoir un pouvoir usurpéet fondé sur des principes dé-moniaques, sa propagande tentede salir tout ce qui précède ous’oppose à la Révolution. C’estpourquoi l’ouvrage d’Alain Pas-

La seule chose que la pré-tendue Renaissance ait effecti-vement redécouvert et réanimé,c’est une religiosité païenne,panthéiste et opposée à l’as-cèse, que le christianisme avaitheureusement supplantée.L’”Humanisme” renaissant, loind’être un progrès, est une ré-gression vers le paganisme, etpar conséquent l’inhumanité. Iln’est bien sûr pas fortuit que ladate que l’on donne pour mar-quer le début de la Renaissance,1453, soit celle de la chute del’Empire chrétien d’Orient sousle joug ottoman.

Retourau paganisme

L’”histoire officielle” n’exaltela Renaissance que parcequ’elle est antichrétienne et ainsisource de la modernité. « Nousattaquons la Renaissance,écrit l’auteur, ou plus exacte -ment le mythe de la Renais -sance, p arce que ce mytheouvre les T emps modernes,lesquels sont les temp s duplus grand échec de l’hommedepuis le début de l’His -toire […] ».

Tout comme les grands pen-seurs contre-révolutionnaires,Alain Pascal insiste sur le lien

cal La Renaissance, cette im-posture, troisième tome de sonambitieux projet intitulé La guerredes gnoses, peut être considéré,sans exagération, comme un ou-vrage majeur.

Le point de départ de cetteœuvre polémique est d’une im-placable logique. PuisqueJacques Heers, dans son ou-vrage Le Moyen-Âge cette im-posture, a démontré que le“Moyen-Âge” n’existait pas, carl’héritage culturel antique n’a ja-mais été perdu pendant les tempsféodaux, on doit en conclure quela “Renaissance” n’existe pas nonplus. On ne peut redécouvrir cequi n’est pas perdu, ressusciterce qui n’est pas mort.

entre Renaissance, Réforme etRévolution, symptômes d’unemême « philosophie mo -derne » refusant le conceptd’autorité au nom d’une auto-di-vinisation de l’homme. Cette pro-messe d’une divinisation sans

ritable liberté et la véritable ci-vilisation que l’on doit dénoncerl’imposture de la “Renaissance”et de l’”Humanisme”.

Ainsi Alain Pascal se veut-il« antimoderne p arce que lafinalité de la Révolution n’estpas la liberté ni le progrèscomme on veut le faire croire,mais la soumission de l’hu -manité, et que celle-ci p assepar la mort de la civilisationoccident ale, la seule qui aitoffert la liberté p arce que satradition ét ait le christia -nisme. »

Retourà la barbarie

C’est ce qui l’entraîne à af-firmer que la modernité s’op-pose avant tout à la Traditionchrétienne par ses présupposésreligieux. Le christianisme tra-ditionnel révèle la Création exnihilo du monde par le Dieu tri-nitaire transcendant. Ce qui sup-pose à la fois la liberté del’homme et la possibilité del’existence du mal. Or, tous lessystèmes modernes, qu’il dé-signe sous l’appellation géné-rale de “gnostiques”, sont desmonismes, c’est-à-dire desconceptions ne reconnaissantqu’un seul principe : la matière

Vous avez dit démocratie ?

Essentiellementrupture avec

l'ordre naturel,la démocratie

moderne sacrifie le politique

à une moralesans Dieu

Que se cache-t-il derrièrela magie du mot démo-cratie ? En lisant le grand

livre de Maxence Hecquard Lesfondements philosophiques de ladémocratie moderne, on voit bienvite que la démocratie n’est rien,mais que, pour notre malheur, elleest devenue tout.

Le philosophe catholique, di-plômé de l’ESSEC, a entreprisune œuvre colossale, que le pré-facier, le professeur Pierre Ma-gnard, salue comme « un ré -quisitoire en bonne et dueforme, p arfaitement instruit etargumenté », ajoutant : « Toutel’histoire de la pensée politique

moderne et contemporaine estcitée à comp araître et ses té -moignages sont enregistrésavec la plus grande rigueur . »L’ouvrage n’est pourtant point ré-barbatif. Tout juste un peu dé-routant dans les premières pagesquand l’auteur démonte la ma-chine en déposant les pièces sou-vent contradictoires avant de pro-céder au remontage et de cher-cher comment la société en estarrivée à s’identifier dans la dé-mocratie... Et là, Maxence Hec-quard n’a plus aucun mal à nouspassionner, autant qu’il l’est lui-même, par son sujet.

Rien

La démocratie moderne n’arien de commun avec celle desAnciens qui se présentait commeun système avec ses avantageset ses inconvénients. Aujourd’huielle est, dit l’auteur, une « idéo -logie », « une idée devenuedésir » au point d’être une « dé-mocratie d’obligation », « unereligion », ou plus exactementun « substitut » de religion.

L’auteur est alors au cœur dela question : « la démocratie estune négation ». Tout en elle estrupture, avec Dieu, comme avecla philosophie occidentale aristo-

télicienne et thomiste, surtout ausujet de la notion de Nature. LesAnciens « pensent qu’il existeun ordre dans la nature. C’estprécisément cet ordre que ré -cusent les autres : leur libertéen est la libération et leur éga -lité – qui est le principe formelde la démocratie – en est la né -gation. Cet ordre de la natureest alors remplacé p ar un ordreartificiel, positif, un ordre juri -dique. »

Les personnes, mais aussi lesnations, les familles et autrescommunautés n’ont plus d’autresfins que celles qu’elles se don-nent elles-mêmes. Or pour “sou-der” cette masse informe qu’estdevenue une société ainsi fon-dée, on a inventé le dogme desDroits de l’Homme ! Mais cesdroits d’un individu solitaire et au-tonome tendent forcément à êtrecontradictoires ; alors il faut deslois, des lois dûment écrites, fon-dées sur le contrat social, trans-formant l’État en une « méca-nique juridique ». Des lois ten-dant à s’imposer comme la« morale » et rendant suspectesles lois non écrites, les us et cou-tumes, forgées par l’histoire et parla religion chrétienne.

Toutefois, étudiant les no-tions de souveraineté, depeuple, de représentation,d’élite, de vertu, Maxence Hec-quard explique pourquoi, isoléetoujours plus du réel, ignoranttoute finalité, restant toujoursdans l’indéterminé, la démocra-tie sait promouvoir plus de dé-magogues que de vertueux, im-puissante qu’elle est à gouver-ner pour le bien commun,comme d’ailleurs ses inspira-teurs, à commencer par Rous-seau, le savaient fort bien. UnÉtat en France ne semble gou-vernable que dans la mesure oùil lui reste quelques éléments demonarchie... Conclusion : « ladémocratie n’existe p as. »

Tout

Et pourtant elle est là et bienlà... Le fait qu’elle soit « uneidée à construire » la pare detoutes les vertus, car, deCondorcet à Darwin, de Kant àHegel et à Theilhard de Char-din, elle s’est confondue avecle mythe du progrès qui comblele vide laissé par la “mort deDieu”. C’est pourquoi elle estaujourd’hui la morale suprême,car la liberté, pure négation dela détermination, est à la source

du “Progrès”. Autrefois « la mo -rale ét ait la règle de la liberté,désormais la liberté déterminela règle morale ». La démo-cratie est elle-même impératifcatégorique. C’est le règne dela « bonne volonté », seul estbon l’acte accompli “librement”.La charité elle-même s’en trouvedévoyée en humanitarisme.

La religion traditionnelle, dèslors, doit se plier aux limites dela simple raison, parfois mêmeservir d’auxiliaire (on pense àVatican II...) : « la démocratiechrétienne est moins un chris -tianisme qui se fait démocratequ’une démocratie qui se sertdu christianisme. »

Beau résultat, constaté parl’auteur, d’une si belle utopie :la société actuelle, anonyme,sensuelle et commerciale, en-gluée dans la matière, seul pointcommun entre les hommes dé-christianisés... Plus rien ne « re-lie » les individus, hors de ladémocratie qui « unit deshommes dont la transcen -dance est désormais en eux-mêmes. En dép assant l’hom -merie, ceux-ci progressentvers un oméga de l’humanitéqui confine à la divinité ».

Une construction aussi ba-bélique s’écroulera sans douteplus tôt qu’on ne le pense. Il fau-dra bien qu’un jour les Françaisreviennent au réel. Merci àMaxence Hecquard de hâter l’ar-rivée de ce jour.

* Éd. François Xavier de Guibert,288 pages, 25 euros.

Le mythe humanisteou l’esprit. Quelle que soit la ver-sion de ce monisme, il aboutità un panthéisme, donc à unathéisme, car la transcendancedivine est niée. Et il aboutit sur-tout à une négation de la valeurde la personne humaine, quin’est plus un être unique, crééà l’image de Dieu, mais une par-tie du grand Tout, à la fois in-terchangeable et supprimable àvolonté.

La barbarie sacrificielle mo-derne n’est que la conséquenced’une fausse anthropologie, fon-dée sur une fausse philosophie,« irrationnelle » dans le pleinsens du terme, car refusant l’In-carnation du Verbe pour le sa-lut du monde.

La lecture de cet ouvrage,qui combat toutes les idées re-çues concernant les premiersgrands “humanistes” commeErasme, Ficin ou Boccace, seradonc salutaire à tout traditiona-liste, en ce qu’il retrace la gé-néalogie des mensongescontemporains, et participe àune redécouverte de l’histoirevéritable, défigurée par la dés-information démocratique.

* Alain Pascal : La Renaissance,cette imposture . Èd. L’Æncre . 408pages, 24 euros.

Dieu n’est autre que le men-songe qui a entraîné la chute denos premiers parents, à qui Sa-tan a dit : « Vous serezcomme des dieux ». Cela ex-plique que les idées modernesd’affranchissement et de libertéindividuelle n’aboutissent qu’al’esclavage spirituel et social.C’est donc pour défendre la vé-

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JOURNÉEDE LECTURE

EXPOSITIONLES FILMS LES FILMS

DE SEPTEMBREDE SEPTEMBRE

● J’AURAIS VOULU ! Dansla série “j’aurais voulu êtreun artiste pour faire mon nu -méro et brûler la piste...”,tous les enfants mâles de lafamille Maréchal – grand-père, père et fils – sont at -teints d’une “maladie”, une“malédiction”, à savoir : levirus de la danse et des cla -quettes. T ous, de générationen génération, ont dans lesang le gène de la danse. Etça depuis que le grand-père,brasseur à Lille, s’est pris depassion, après la Libération,pour les comédies musicalesaméricaines. Une passionpour laquelle il a tout aban -donné et perdu la vie (devantl’insuccès de ses presta -tions, il s’est pendu), lais -sant une veuve et un orphe -lin. Lequel orphelin, Guy ,Pierre Cassignard, découvrantdans les années 1950 le filmChantons sous la pluie , semet lui aussi en tête de de -venir un Gene Kelly . Pour cefaire, il abandonne son mé -tier de garagiste mais aussisa femme et son jeune filsFrançois, auxquels il fait lecoup du “je vais chercherdes cigarettes au coin de larue” et disparaît...

Une trentaine d’annéesplus tard, c’est au tour deFrançois, Vincent Elbaz,d’être gagné par le virus. Àson tour , il quitte femme, Cé-cile de France, et enfant pourvivre son rêve. Après desmois de vaches maigres, uncertain Guy Maréchal, Jean-Pierre Cassel dans l’un deses derniers rôles, directeurd’un petit cabaret lillois, luidonne sa chance de faire unnuméro de claquettes sousle nom de Gene Broadway .Le même pseudo qu’avaitchoisi des années plus tôtson père disparu... Danse,claquettes, filiation, héré -dité : Alain Berliner signe unfilm musical du genre “jus -qu’au bout du rêve” qui, s’ilréserve quelques jolis mo -ments d’émotion, a malgrétout, des allures d’”entronsdans la danse” funèbre voirecrépusculaire.

● PARMI LES AUTRES SOR-TIES – Deux films d’actionpure – Rogue l’ultime af -frontement de Philip G. Atwell,sorte de Vengeance dans lapeau, croisée avec unVolte/Face , avec notammentJet Li et Jason Statham, etShoot’em up de Michael Da-vis, avec dans les principauxrôles Clive Owen en défen -seur de la veuve et de l’or -phelin et Monica Bellucci enfille de joie au grand cœur ,les deux protégeant un bébéde sales mafieux patibulaires– avec pralines qui volentbas et bastons musclées. Çapétarade dans tous les sens,ça s’étripe et ça se flingue àtout-va, bref, du cinéma popcorn “distrayant” qui s’ou -blie aussi vite qu’une pro -messe électorale.

Alain W AELKENS

Ambroise Vollard,galériste passionné

Il était pro-grammé pourdevenir no-

taire, comme son père, mais la fré-quentation des bouquinistes desquais et des galeries de peinturede la rive gauche va changer ladonne. La peinture sera sa vie,son métier, son sacerdoce. Jus-qu’en 1895, Cézanne n’est guèreconnu qu’en pays aixois, mais Vol-lard lui dédie à Paris une exposi-tion monographique qui sera unevéritable consécration.

En 1899, Voilard peut acqué-rir une petite boutique, sise rue La-fitte, et y expose avec ferveur leshuiles et dessins de Manet. Puis,ce sera Van Gogh et encore Cé-zanne, également Gauguin, sespaysages bretons et son habilitéde céramiste.

À l’occasion de ces expositions,il rencontre Renoir et Degas dontil prendra bientôt les œuvres poursa galerie ; les Nabis, par l’inter-médiaire de Maurice Denis vont

amitiés, notam-ment avec sesartistes, en

échange qui s’est achevée par unbrutal accident de la route en 1939.Il demeure de beaux souvenirs ;en témoignent les près de trenteportraits du “marchand” Vollard,par ses amis : Bonnard, qui sembleavoir été le portraitiste favori, maisaussi Cézanne et Renoir, l’ami fi-dèle, qui le figure en surprenanttoréador ! Vollard ou la joyeuseestocade.

* De Cézanne à Picasso, chefs-d’œuvre de la galerie V ollard, mu-sée d’Orsay , 1 rue de la Légiond’Honneur , Paris VII e. Tél. : 01 4049 48 14. Fermé lundi. Jusqu’au 16septembre 2007.

(1) Ambroise V ollard :: Souvenirsd’un collectionneur . (Albin Michel ).En passant p ar la Normandie...

parMonique BEAUMONT

Les Trois Baigneuses de Cezanne

(extrait)

La traduction française desmémoires de la maîtresse ar-gentine de Drieu nous donne

un nouvel éclairage sur l’écrivain.

gentine, de quatre ans plus âgéeque lui, ne partageait nullementles sympathies fascistes de Drieu.Ils s’opposèrent ainsi nettementsur la question de la guerre d’Es-pagne.

Mécène riche et avisée, amiede Keyserling et d’Ortega y Gas-set, tout comme de José LuisBorges et de Roger Caillois, Vic-toria Ocampo fondera en 1931 larevue littéraire SUR, au prestigeinégalé en Amérique du Sud. En1932, elle invitera Drieu pour unetournée de conférences en Ar-gentine.

Nouvel éclairage

Inédits en France, les mé-moires de Victoria Ocampo com-prennent d’importants passagesconsacrés à sa relation intime avecl’auteur de Gilles, qui forment lecorps de ce volume et sont pré-cédés d’une longue introductionde Julien Hervier, un des meilleursspécialistes universitaires de Drieula Rochelle.

Elle y explique toute la ten-dresse qu’elle éprouvait pour cethomme inquiet et fragile derrièreune apparente confiance en lui :« Cher Drieu, tes vingt ans trou -vèrent dans la guerre une dis -cipline héroïque que la p aix nete rendit jamais. »

* Victoria Ocampo : Drieu , Éd. Bartillat, 158 p., 20 euros. Avant-pro -pos et notes de Julien Hervier .

Drieuvu d’Argentine

Ancien officier de paras,attaché à son Béarn na-tal mais aussi à cette In-

dochine où, chef de sectiondans les “Commandos du NordVietnam” et toujours volontairepour les plus dangereuses mis-sions, Alexis Arette nous livreses souvenirs de guerre sousforme de poèmes.

Devant un camarade mortau combat, il s’interroge :« Pourquoi lui ? Pourquoipas moi ? La réponse, nulne la sait, c’est bienconnu... » et encore, dans lepoème intitulé Dien Bien Phu :« Je n’ai p as su ton nom,qu’importe ! T u n’ét ais qu’unpara de plus, qui venait defranchir la porte du dernierAngélus ! »

Le style n’est pas toujoursaussi châtié. C’est que, dit-il,« on peut se battre avec desmot s vulgaires et des senti -ment s élevés. Et p arfois, lacrudité même du propos faitressortir le reste. »

Ainsi, dans le poème Res-sentiments qui n’a rien d’aca-démique :

« Sommes-nous des héros ? [ Sommes-nous des couillons

Pour soutenir la controverseQuand il faut d’un sang impur

[ abreuver les sillonsQuand c’est le nôtre que l’on

[ verse ?Et c’est pourquoi, dans la rizière

[ où nous marchons,Quelque ressentiment bien

[ souvent nous dévore,Tandis qu’à leurs festins

[ drapés de tricoloreS’empiffrent des cochons... »

Il évoque de durs momentsde la guerre. Ainsi dans le poèmeSon-Lâ :

On se trouve en pleine p anade !Dans le plus merdeux désarroi !On nous a pris en embuscade...Le bataillon a pris la baffe !Des ordres vagues sont jetés :“Put ain de merde ! Faites gaffe !Ils débordent sur le côté !”

Mais la guerre seule com-mande. Sainte est la liberté.Sainte donc est la guerre quenous faisons pour l’assurer. Etc’est de soi d’abord que l’on doit

se défendre, car la guerre estnotre noblesse.

Le recueil se termine par uneinvocation à saint Michel :

Monseigneur Saint Michel, pour [ les blés d’espérance,

Garde à la France une mémoire [ sans défaut.

Bientôt nous toucherons au [ terme du voyage,

Pour la modernité nous sommes[ encombrant s

Et nous souffrons de voir [ disperser l’hérit age...

On est de vieux soldat s. “Silence [ dans les rangs”.

Monseigneur Saint Michel, pour [ cette ultime épreuve,

À toi nous recourons en toute [ humilité,

Pour conduire nos mort s vers la [ lumière neuve,

Et nous tenir debout dans la [ fidélité... »

Oui, il faut lire et relire Lesarmes de la nuit qui, dans desvers d’une belle facture, nous livreles sentiments d’un soldat paysan.

Georges FERRIÉRE

POÉSIE

Alexis Arette

LES ARMES DE LA NUIT : POÈMES DE GUERRE

Drieu la Rochelle avait l’habi-tude de mettre en scène dans sesromans les femmes qui avaientcompté dans son existence. Vic-toria Ocampo, que l’écrivain ren-contra en février 1929 à Paris dansun appartement de l’avenue de LaBourdonnais décoré de toiles deMiro et Dali, est ainsi l’inspiratricede Camilla Bustamente, l’héroïnebolivienne de L’Homme à cheval,l’un des plus réussis des romansde Drieu.

Elle était native de BuenosAires, issue d’une des meilleuresfamilles sud-américaines. Ils se-ront quelques temps amants, fe-ront de longues promenades surl’Ile Saint-Louis, quelques voyagesaussi, et se reverront régulière-ment jusqu’à la déclaration deguerre. Pour autant la belle Ar-

aussi faire leur entrée dans sa pe-tite boutique près de Notre-Damede Lorette. Vollard restera fidèle àla rive droite ; grâce à lui, les ar-tistes passent la Seine. Ces an-nées voient le développement desgaleries d’art qui relaient le dis-positif officiel, très conventionnel,des Salons de peinture. Et ils sontnombreux à se partager la manne :les Durand-Ruel, Valadon,Georges Petit... Vollard, lui, touten stockant les impressionnistes,mise sur les jeunes avant-gar-distes. Esthète au flair peu com-mun, il saura reconnaître et pro-mouvoir les jeunes talents.

Dès 1901, il donne sa chance,à Paris, à Picasso, puis en 1904à Matisse. Promoteur et mécène,il finance aussi les recherches pic-turales de jeunes artistes.

Si l’on consulte, en ordre al-phabétique, la liste de noms d’ar-tistes exposés à Orsay – centquatre-vingt-dix œuvres au total– d’Émile Bernard à ÉdouardVuillard, nul ne nous est inconnu :la gloire et la notoriété leur furentacquises, le plus souvent, grâceau tremplin offert par la galerieVollard.

Outre ses talents de décou-vreur, Ambroise Vollard fut égale-ment éditeur en publiant des “livresd’artistes” illustrés, et des albumsde lithographies originales. Lui-même rédigea les biographies deCézanne, de Degas et de Renoirainsi que ses souvenirs (1).

C’est une vie riche et fertile en

Pierre Drieu La Rochelle1893-1945

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● Boris Akounine : LA MAÎTRESSE DE LA MORT ; L’AMANT DE LA MORT

Une épidémie de suicides décime Moscou. Lesvictimes appartiennent au très curieux club des Amantsde la Mort, dont les membres font serment de se tuerdès qu’ils auront reçu le “Signe de l’Au-delà”. La ro-manesque Macha, juste arrivée de sa Sibérie natale,s’y retrouve embrigadée, à sa plus vive excitation.Mais les affiliés sont-ils aussi libres de leur choix qu’ilsl’imaginent ?

Eraste Petrovitch Fandorine, le héros récurentd’Akounine, chargé d’enquêter sur cette macabre af-faire, se pose d’autant plus la question qu’il a déjàpayé un lourd tribut à la Faucheuse et qu’il aimeraitéviter à Macha d’être sa prochaine victime. Tâchemalaisée car il doit, en parallèle, démasquer le crimi-nel qui désole le quartier de la Khitrovka, rendez-vousde la pègre moscovite, où se succèdent des meurtresabominables. Sans lien ni logique apparente. À moinsque Senka, pâle voyou adolescent amoureux de “laMort”, la très belle maîtresse d’un puissant truand, sedécide à dire ce qu’il sait d’un trésor caché capablede susciter toutes les convoitises.

Akounine a mis la barre très haut en écrivant enparallèle deux histoires complémentaires quoique to-talement séparées, qui tranchent sur la série des aven-tures de Fandorine. Moins d’humour, un héros au se-

cond plan, mais deux récits macabres et décadentsremarquablement menés, une maîtrise de l’argot dontil faut autant féliciter l’auteur que son traducteur fontde ces romans une vraie réussite.* Presses de la Cité, 400 et 450 p., 20 euros le volume(131,19 F).

● Elizabeth Peters : LA VENGEANCE D’HATHOR

1920 : les Emerson sont tout à la joie, la guerrefinie, de revoir enfin leur famille restée en Angleterre.Des retrouvailles gâchées d’emblée par l’enlèvementde Ramsès, captif d’une émoustillante inconnue dé-guisée en Hathor, la déesse aux cornes de vache, etpar un vol de bijoux antiques. De troublants incidents,la réapparition de la fille de Séthos, l’ancien “maîtredu crime” devenu un héros des services secrets etqui s’est révélé être le frère de Radcliff, achèvent detout perturber. Séthos a-t-il vraiment changé d’activi-tés ? Et si oui, qui s’acharne sur les archéologues ?

Au fil des années, les mésaventures des Emer-son ont perdu en drôlerie, mais rien d’un suspensebien entretenu qui fait d’Elizabeth Peters la digne hé-ritière du grand roman populaire anglo-saxon. L’ons’amuse, l’on tremble, et l’on apprend beaucoup sur l’Égypte.* Le Livre de poche, 670 p., 7,50 euros (49,20 F).

L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007 13

ARTS-LETTRES-SPECTACLES

parAnne BERNET

LUS AUSSI

Un bon roman demeure l’undes plaisirs les plus sa-voureux que la lecture

puisse vous réserver.

Coup de maître

Depuis quelques années pa-raissent, outre des inédits, des ré-éditions d’ouvrages oubliésd’Alexandre Dumas. Si ces vo-lumes sont des curiosités com-prenant d’excellentes pages, forceest cependant d’admettre qu’ils neconstituent pas des chefs d’œuvreet pouvaient sans dommage êtrelaissés de côté. En quoi Le Che-valier d’Harmental, qui vient de re-paraître, fait figure de remarquableexception.

Sorti en 1843, il s’agit du pre-mier roman historique d’un Dumasdéjà célèbre pour son œuvre théâ-trale et ses reportages, mais dontpersonne n’imaginait qu’il n’avaitpas encore, tant s’en fallait, donnésa pleine mesure. Coup de maître,annonce du prochain triomphe desTrois Mousquetaires, qui l’éclip-sèrent injustement peu après. Cartout se trouve déjà là : le souffle,le sens du récit, le style à son apo-gée, la maîtrise de l’histoire, l’ima-gination, les rebondissements, lemélange bien dosé de héros et defigures comiques, sans oublier lesingénues et les femmes fatales,pas plus que les personnages his-toriques mis à contribution.

L’intrigue ? Des plus simples,finalement. Nous sommes à Parisen 1718 où Raoul d’Harmental,jeune, beau et brave gentilhommenivernais, remâche une double ran-cœur contre le Régent Philipped’Orléans, lequel vient de le priverà la fois de son régiment et de samaîtresse. Il n’en faut pas davan-tage pour lancer cette tête folle etgénéreuse dans la conspirationqu’ourdit la duchesse du Maineavec la complicité de Cellamare,ambassadeur de Philippe V, prisde regret d’avoir troqué le trônede France contre celui d’Espagne.Mais c’est compter sans l’amouret le hasard. Car, de la mansardeoù il se cache, Raoul fait laconnaissance de Bathilde du Ro-cher, noble orpheline sauvée dela misère par la générosité sanscalcul de Buat, pauvre calligraphedont la belle plume et l’intelligencelimitée s’avéreraient utiles auxconjurés. L’ennui étant que le sieurBuat va se révéler désespérémenthonnête homme et bon Français.Pour le plus grand malheur deRaoul et de ses amis.

Dumas n’était pas ingrat et,protégé des Orléans, ami du ducde Chartres, il lavait ici la mémoiredu Régent de toutes les saletésque les partisans de l’Espagneavaient alléguées contre lui et que,curieusement, certains ultrasn’avaient pas hésité à remuer afinde convaincre Charles X de nepoint confier le duc de Bordeauxà Louis-Philippe, qui n’eût été alors,à son vif soulagement, que lieu-tenant-général du royaume et tu-teur de l’enfant royal. Le Cheva-lier d’Harmental ne se contentaitdonc pas d’amuser : il remettaitquelques pendules à l’heure.Quant à sa qualité romanesque, ilvous suffira, pour vous enconvaincre, de le lire, et de consta-ter par vous-même que d’autresauteurs n’hésitèrent pas à s’en ins-

de l’amiral, lorsque leur navire asombré. Cette fois, il semble quela chance proverbiale de “Dick Éga-lité”, trop mise à l’épreuve, l’aitabandonné.

Mais, si Bolitho, bien sûr, re-vient vivant de cette énième aven-ture, il ne tardera pas à découvrirque rien n’est réglé. L’interminableguerre contre la France se pour-suit sur terre et sur mer, sonmeilleur ami, Thomas Herrick, brisépar la mort de sa femme, est mé-connaissable, Adam, le neveu qu’ilaime comme un fils, s’est épris, lacroyant trop vite veuve, de la jeuneépouse d’un autre de ses proches,et son œil blessé, inguérissable, lemenace toujours de cécité… Beau-coup de complications et de souf-frances en prévision.

L’admirable est que Kent pour-suit sans s’essouffler cette im-mense fresque navale d’une éru-dition scrupuleuse, foisonnante depersonnages aux destins atta-chants sur laquelle se détache,exemplaire jusqu’en ses faiblesses,le magnifique Bolitho, si étrangeraux bassesses et aux compromis-sions humaines.

Aventures

Étrangers aux bassesses etaux petites saletés du commun,les héros de Frédéric Fajardie lesont toujours, fidèles à un code del’honneur qui, faudrait-il en mourir,leur défend de faillir. Et cela, entous temps et partout, est fait pourirriter ceux qui ont l’échine plussouple, mais aussi ceux devant les-quels les lâches n’hésitent pas àramper. Par exemple le très in-quiétant Heinrich von Ploetzen,mystérieux Grand Maître des Teu-toniques, au visage rongé par unelèpre qu’il soigne en se baignant

Plaisirs romanesques

pirer, à commencer par Féval, dontLe Bossu, outre le cadre, a plusd’un trait, habilement refondus, deRaoul et de Buat.

Roman de mœurs

Vers 1870, W. Wilkie Collins,trop méconnu en France, était ausommet d’une carrière littéraire quifaisait de lui le rival de son ami Dic-kens. En quelques titres, La Pierrede lune, Armadale, La Dame enblanc, il avait imposé un genre mê-lant avec une suprême habileté in-trigue criminelle, pincée de fan-tastique, ou d’événements suppo-sés tels, innocence persécutée, àune impitoyable dénonciation del’hypocrisie de la société victorienneet de la noirceur des gens dits“comme il faut”. Ce dernier aspect,évidemment, était celui qui passaitle plus mal auprès de la critiquepolicée. Il s’en souciait fort peu,Mari et Femme allait le démontrer.

La Grande-Bretagne était alorssecouée par la révélation de la sur-vivance d’une pratique héritée dela législation de Cromwell contreles catholiques britanniques qui te-nait pour nulle et non avenue, souscertaines conditions, très larges,les unions mixtes entre papistes etprotestants. Quelques jeunes An-glais, qui avaient imprudemmentsuccombé au charme d’Irlandaises,s’en servaient afin de casser desmariages devenus encombrants eten contracter de plus avantageux,laissant sur le carreau la premièreépouse et les enfants. Tel est pré-cisément le sort de la malheureuseAnne Silvester, qui en meurt dechagrin et de honte, laissant unefille unique, également prénomméeAnne. Or, triste hasard, celle-ci seretrouvera, à vingt-cinq ans d’écart,exactement dans la même posi-tion que sa mère, mariée au dé-testable fils de famille qui l’a com-promise et qui, forcé de réparer,entend lui faire payer le prix de sesambitions brisées, sans reculer de-vant aucun moyen.

En attaquant de front une loiinique et ceux qui s’en servaient,Collins choqua ses lecteurs. Peut-être était-ce aussi que ce romande mœurs tranchait trop sur songenre habituel. C’est en effetcomme un ouvrage tout à fait dif-férent du reste de son œuvre qu’ilfaut prendre ce livre, et en appré-cier les qualités intrinsèques.

Fresque navale

L’hypocrisie mondaine, voilà cequi fait le désespoir de l’amiral Ri-chard Bolitho, le héros de la sériemaritime d’Alexander Kent, dont ledix-neuvième volume, Par le fond,paraît en français. Confronté aunaufrage de son second mariage,Richard s’est séparé de son in-supportable épouse pour filer leparfait amour avec sa maîtresse,et le scandale est à son comblequand, en 1808, la nouvelle se ré-pand que le couple ralliait ensemblel’Afrique du Sud, nouveau poste

dans le sang des enfants… Maisle pire est que, derrière ces hor-reurs, se dissimule le redoutablechef de l’omnipotent Conseil desTroubles, association occulte avecpour ambition de dominer le mondeau profit de quelques privilégiés etde réduire l’humanité à un seultroupeau « tous soumis, toussemblables, tous esclaves ».

d’idéaux qui nous sont chers, etqui ne disparaîtront pas, malgrétous les von Ploetzen passés, pré-sents et à venir.

Notons encore que se poursuitl’édition intégrale, en parallèle desromans noirs, des nouvelles de Fa-jardie dont le second tome ras-semble des textes publiés entre1990 et 2005 dans diverses revueset journaux, souvent d’extrêmegauche. Que cela ne soit pas pré-texte à s’en priver car, si, lectoratoblige, certaines vous agaceront,l’immense majorité de ces textesrenvoie à des thèmes qui nous sontessentiels, où il est question d’en-gagement, de fidélité, de courageet de sacrifice, et d’un refus obs-tiné et définitif de tout ce qui estlaid, sale, bas et mesquin, stupide,lâche et méchant.

Et ce combat-là, en dépit desbarrières, unit plus qu’il ne séparetous ceux qui n’accepteront jamaisde se soumettre à un certain ordredu monde. C’est la conclusion quedonne Fajardie à l’une des plusexemplaires nouvelles de ce vo-lume, Le Chouan et le Général :« Ils s’ouvrirent les bras. Courteétreinte sans chaleur excessivemais avec force et gravité, enhommes qui ont fait le tour deschoses humaines, p ayé de leurpersonne et savent que viendrala relève. La relève vient tou -jours, depuis la nuit des temp s,depuis que les hommes, avantd’être p artisans, sont hommeset savent lever le glaive contrela force, la bêtise et la vulga -rité. » On ne saurait mieux dire.

* Alexandre Dumas : Le Chevalierd’Harment al. Phébus, 525 p., 23,50euros (154,15 F).* W. Wilkie Collins : Mari et Femme .Phébus, 678 p., 24,50 euros(160,70 F).* Alexander Kent : Par le fond . Phé-bus, 380 p., 20 euros (131,19 F).* Frédéric H. Fajardie : Le Conseildes Troubles . Lattès, 480 p., 19,50euros (127,91 F). Nouvelles d’unsiècle l’autre , tome 2. Fayard, 1330 p.,35 euros (229,60 F).

L’ennui étant que, en cette findu XVIIe siècle, en dépit de ses re-vers militaires grandissants, Sa Ma-jesté Louis le quatorzièmen’éprouve nulle sympathie enversle redoutable Prussien aux objec-tifs délirants et se refuse, à sesrisques et périls, à y prêter la main.La société secrète est-elle déjà sipuissante qu’elle soit capabled’abattre le royaume de France etson souverain ? Pas tant que vi-vra le duc Tancrède de Bamberg,commandant d’une troupe d’élitetrès spéciale, descendant supposédu dernier prince atlante et dépo-sitaire avéré du secret de la ca-chette du trésor templier. Pauvre,mais incorruptible, et définitivementfidèle à son roi. Tout cela fait deBamberg un homme à abattre,mais très peu disposé à faciliter latâche à ses nombreux ennemis.

Le Conseil des Troubles est unremarquable roman d’aventures,c’est surtout un grand Fajardie oùil est question de valeurs et

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14 L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007

LES GRANDS TEXTES POLITIQUESCHRONIQUE

Ainsi cheminent les souvenirs

retrouvés,comme des bonnes

femmes revenantdu marché,

les paniers pleins...

TARIF DES ABONNEMENTS(paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois)

1. Premier abonnementFrance (un an) . . . . . . . . . . . . . . . 76 s

2. Premier abonnementÉtranger (un an) . . . . . . . . . . . . . . 85 s

3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 s4. Abonnement de six mois . . . . . . . 70 s

5. Abonnement de soutien(un an) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 s6. Étudiants, ecclésiastiques,

chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 45 s7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 s8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 s

BULLETIN D’ABONNEMENTNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – C.C.P. Paris 1 248 85 A

LLEE TTRÉSORRÉSOR

DEDE LL’A’ACTIONCTION FRANÇAISEFRANÇAISE

Sous la direction de Pierre PUJO

Avec Sarah BLANCHONNET, Stéphane BLANCHONNET, Grégoire DUBOST,Michel FROMENTOUX, Vincent GAILLÈRE , Pierre LAFARGE, Aristide

LEUCATE, Alain RAISON, Francis VENANT

Depuis sa fondation en 1899, l'école d'Action française a produit un nombre considérable d'ouvrages de critique historique, politique,

ittéraire, qui, ensemble, constituent un trésor. Trente et un de ces ouvrages ont été sélectionnés pour faire l'objet d'articles publiés dans L'Action Française 2000 en 2004 et 2005...

Éd. de l’Âge d’homme, 138 p,, 20 s. Disponible à nos bureaux : 22,11 s franco (chèque à l’ordre de la PRIEP).

Ressouvenances de Gardemont

Le mois der-nier, notrec o u s i n e

Dorothée Follavoine reçut quelquecourrier, faire-part ou brassée denouvelles familiales, venu du paysde Gardemont. Nous avions connulà, dans le lointain des années ul-

times du siècle vingtième, des pa-rentages aux rameaux compliqués.Mon ami Polydore, intrigué par cenom de Gardemont, aprèsquelques recherches, nous déclaraqu’il en était de Gardemont commede Malicorne et quelques autres :il devait exister au moins trois ouquatre bourgades appelées ainsi,en des pays fort dispersés du bonroyaume de France.

fois sont eux-mêmes d’assezjoyeux compa-

gnons. Tel fut Rigobert Chante-messe je garantis le prénom, maisn’oserais affirmer que le patronymesupposé n’ait pas été destiné àillustrer une fonction de sacristain ;il aurait succédé à celui que tousconnaissaient sous le sobriquetd’”Eleison”...

La sarabandede la mémoire

Je revois les dimanches decourses cyclistes, ces après-midid’exploits salués par les enthou-siasmes juvéniles et par les pro-pos sempiternels et grincheux desanciens. J’ai connu un vieillard tou-jours fidèle à la vieille formule pourdésigner l’après-midi : « ... verstrois heures de relevée »... Puisvient, dans la sarabande de la mé-moire, l’image de ce grand fauteuilde bois sculpté, vraie “cathèdre”style médiéval, où l’on faisait as-seoir les marmots, jambes pen-dantes... J’admirais toujours le jar-din des religieuses : il y avait entreautres, un massif de grandes fleursaux couleurs charmantes et vivesque j’entendais nommer “lesamour-de-Dieu”, sans doute unedénomination due à une âmepieuse ; et peut-être avec un brind’imitation railleuse, les gens deGardemont avaient décerné à unautre ensemble floral de couleurmodeste d’un violet un peu pâli, lenom de “contritions”...

Rigobert Chantemesse,comme je m’étais étonné d’en-tendre parler de “la Butte de Crou-levache”, me conduisit à ce mo-deste sommet de la campagne en-vironnante ; il m’expliqua que lenom avait été donné à cause del’anecdote d’une vache imprudentequi avait chu dans la vallée encontre-bas, dans la vase d’un ruis-seau, faisant un trou dans le cres-son et les lentilles d’eau !

Ainsi cheminent les souvenirsretrouvés, comme des bonnesfemmes revenant du marché, lespaniers pleins... L’heure s’avance ;il est temps pour aujourd’hui declore la série des ressouvenancesde Gardemont, ce temps perdu,toujours entre les “au-revoir” et les“adieux”....

parJean-Baptiste MORVAN

Rien de nouveau sous le triste soleil de la démocratie

■ Deux moyens de succès p ar-tagent les soins d’un candidat :le zèle de ses amis et la bien -veillance du peuple… Mais, dansla candidature, ce nom d’amissouffre une acception plus éten -due que dans le reste de la vie :quiconque vous témoigne de labonne volonté, de la considé -ration, quiconque se montre fré -quemment dans votre maison,doit être compté au nombre devos amis… Quoiqu’il soit né -cessaire de se présenter assuréet soutenu d’affections déjàformées et consolidées, on peutnéanmoins, dans la candidaturemême, acquérir des amis nom -breux et utiles. Au milieu de t antde désagrément s, cette positionvous offre du moins l’avant agede pouvoir , sans honte, vousunir d’amitié avec qui vous vou -lez ; ce que vous ne sauriez fairele reste de la vie… Recherchezd’abord ceux qui sont le plusprès de vous, les sénateurs, leschevaliers, et les hommes ac -tifs et accrédités dans les autresordres de l’Ét at. On trouve dansles tribus urbaines beaucoupd’hommes habiles, beaucoupd’affranchis adroit s et influent sau forum. Ceux d’entre eux quevous pourrez gagner , soit p arvous-même, soit p ar des amiscommuns, travaillez de toutesvos forces à vous les concilier ;sollicitez-les, faites-les sollici -ter ; témoignez-leur qu’ils vousrendent le service le plus im -port ant.

Après avoir suffisammentparlé des moyens de vous as -surer des amis, je dois traiterde l’autre p artie de la candida -ture, qui a pour objet la faveurpopulaire. Elle se compose dela nomenclation (1) de la com -plaisance, de l’assiduité, de l’af -fabilité, de la renommée et del’espoir public… Gagnez en -suite sur vous de p araître agirnaturellement dans ce qui estle plus éloigné de votre natu -rel. Quelque puissant que soitnotre caractère, il semblenéanmoins, pendant quelquesmois que dure la candidature,pouvoir se ployer à des ména -gement s politiques. Le plusgrand risque enfin est d’offen -ser celui qu’a trompé votre pro -

messe ; mais cet inconvénientest incert ain, est éloigné, et nes’étend qu’à peu de gens, t an-dis que vous promettez à tous.Par des refus, au contraire,vous indisposez cert ainement,et dès à présent, un plus grandnombre de personnes…

Reste la troisième idée : jesuis dans Rome. Rome ! cettecité formée du concours desnations, où l’on rencontre t antd’embûches, t ant de trompe -ries, t ant de vices de tousgenres ; où il faut supporter l’ar -rogance, l’obstination, la mal -veillance, l’orgueil, la haine etl’injustice de t ant de per -sonnes… Ainsi donc, et plusque jamais, suivez la route quevous avez choisie, excellezdans l’éloquence. À Rome, c’estl’éloquence qui attire et att acheles hommes, et les détourne devous repousser et de vousnuire.

Quintus CICERONEssai sur la candidature

(extrait s choisis dans la traduction

des Auteurs latins supervisée par Charles Nisart,Firmin-Didot, 1868)

(1) La nomenclation était l’atten -tion d’interpeller chaque citoyenpar son nom propre. Des esclaves,que leurs fonctions faisaient ap -peler nomenclateurs, aidaient surce point important la mémoire ducandidat !

Après des semaines de campagne pour lesélections présidentielles et législatives, j’aiestimé qu’il serait amusant et instructif de

remonter aux mœurs électorales du passé le pluslointain possible, et j’ai pensé au vieux manuel ducandidat que Quintus Cicéron, qui serait quelquesannées plus tard un des meilleurs lieutenants deCésar en Gaule, rédigea pour son frère Marcuslorsque ce dernier brigua le consulat pour 63 avantJésus-Christ.

Au premier siècle avant notre ère la démago-gie électorale s’étalait dans toute son impudeur,comme aujourd’hui. Et pourtant, la République ro-maine, si l’on en croit les réflexions de philosophiepolitique de Cicéron, était un régime mixte qui unis-sait les qualités de l’aristocratie dans son Sénat,celles de la monarchie dans ses consuls et cellesde la démocratie dans ses élections. Mais on étaitalors bien loin de la petite cité dont les citoyensétaient paysans et soldats et l’équilibre avait été

rompu depuis longtemps. L’opuscule de QuintusCicéron peint de manière saisissante les mœurspolitiques du temps. Ce ne sont que soins, sollici-tations, manœuvres, intrigues pour arriver à uneplace qui n’aurait dû être sollicitée que par le ta-lent et la vertu. On s’y croirait.

Si la loi du nombre donnait déjà ces résultatsdans une république oligarchique, que peut-on at-tendre des élections dans des États comme le nôtre !La démocratie antique avait été dénoncée avec vi-gueur par Hérodote, “le Père de l’Histoire”. Ajou-tons avec Maurras, à la lecture des Anciens quinous conforte dans nos analyses : « … l’intelli -gence inondée de la lumière du présent trouvealors l’assurance de ne p as céder aux impres -sions fugaces de son siècle : selon le splen -dide mot de Bonald, elle se sent marcher , ouplutôt se reposer avec tous les siècles » (Ac-tion française, 29 août 1912).

Gérard BAUDIN

Cicéron

Mes séjours d’enfance en celleque venait de me rappeler Doro-thée, avaient été rares et désor-mais fort embrumés. Mais ces ré-miniscences ne sont que plus pré-cieuses en cet été 2007 : enparticulier parce que je venais derevoir la reproduction du tableaude Corot, Souvenirs de Mortefon-taine, qui est toujours le signal d’unretour des précieuses mélanco-lies. Encore Gardemont était-il unevraie volière de souvenirs très va-riés quant aux couleurs du plu-mage et aux résonances du ra-mage.

Est-ce le signe de l’abusive etenvahissante vieillesse ? Lesimages éparses de Gardemontsont bien souvent plaisantes – “ba-dines”, aurait-on dit jadis. Et lespersonnages qui reviennent pourme rapporter ces visions d’autre-

Le tableau de CorotSouvenirs de Mortefont aine

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L’Action Française 2000 n° 2731 – du 6 au 19 septembre 2007 15

L’ACTION FRANÇAISE EN MOUVEMENT

10, rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris

TÉL : 01-40-13-14-10 – FAX : 01-40-13-14-11Dans la ligne du mouvement fondé

par Pierre JUHEL

PRÉSIDENT : Pierre PUJOVICE-PRÉSIDENT :

Stéphane BLANCHONNET

CHARGÉS DE MISSIONFORMATION : Pierre LAFARGE

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES ÉTUDIANTS :Jean-Baptiste Kiavel

ADMINISTRATION :Mlle de BENQUE d’AGUT

COTISATION ANNUELLE :MEMBRES ACTIFS (32 L),

ÉTUDIANTS, LYCÉENS, CHÔMEURS (16 L),BIENFAITEURS (150 L)

C.R.A.F.a s s o c i a t i o n d é c l a ra s s o c i a t i o n d é c l a r é eé e

CENTRE ROYALISTE D’ACTION FRANÇAISE

RENTRÉE RENTRÉE DES ÉTUDIANTS D'AF À PDES ÉTUDIANTS D'AF À PARISARIS

Dir ecteur Michel FROMENT OUX10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris. Tél : 01 40 39 92 14

[email protected] ou [email protected]

MerMer crcredi 10 octobredi 10 octobre 2007e 2007

Séance inaugurale du cycle 2007-2008

LL’IDÉOL’IDÉOLOGIE OGIE DÉMOCRADÉMOCRATIQTIQUEUE

parMaxence HECQUARD

philosophe et écrivain

à 20 h 30 précises

Brasserie Le François-Coppée, premier étage1, boulevard du Montparnasse, 75006 Paris

(métro Duroc)Participation aux frais : 5 euros. Étudiants et chômeurs : 2 euros.

SAINT-MAXIMINLA SAINTE BEAUME

20072e journée d’amitié

et d’Action françaiseRetenez la date du

samedi 20 octobre . Précisions

dans le prochain numéro (2732 du 20 septembre)

Décès

DRISS BASRI

● Driss BASRI est décédé à Pa-ris le 27 août 2007. Il avait étél’homme de confiance du roi Has-san II et durant plus de 30 ansson ministre de l’Intérieur. Depuisl’avènement du roi MohammedVI il était installé à Paris. Il parti-cipait régulièrement à l’Assem-blée nationale aux séances duForum pour la France présidé parl’ambassadeur Pierre Maillard etle général Pierre-Marie Gallois.

Il y rencontrait Pierre Pujo àqui il avait manifesté son intérêtpour l’Action française et pourson combat pour la sauvegardede la souveraineté française enEurope. Il avait honoré de sa pré-sence notre Banquet annuel à laMutualité en 2005.

Ses obsèques ont eu lieu aucimetière des Martyrs à Rabatle 29 août 2007 en présence del’actuel ministre de l’Intérieur ma-rocain M. Chakib Benmoussa etde plusieurs centaines de per-sonnes.

● Nous avons appris avec peinele décès le 8 juin 2007 à Hyèresdans le Var, de notre ami etabonné de longue date le doc-teur Jean-Hubert T OURNEBISE,endormi dans la paix du Seigneur.

Les obsèques ont été célé-brées dans la stricte intimité le11 juin à Giens (Var).

Ancien Camelot du Roi, il étaitresté très fidèle à l’Action fran-çaise, et était des nôtres le 26mars 2006 lors du pèlerinage àCotignac.

Né le 17 avril 1923, acu-poncteur, homéopathe à l’hôpitalSaint-Luc de Lyon, il était diplôméde médecine tropicale.

Nous présentons nos bienvives condoléances et assuronsde nos prières Mme Jean-HubertTournebise, son épouse, Armelleet Isabelle ses filles, le Dr Hu-bert Tournebise son fils, ses sixpetits-enfants et son arrière pe-tite-fille.

● Reprise des réunions du CercleSaint-Charles le deuxièmesamedi de chaque mois auPalace à Nîmes. Prochaine réu-nion de rentrée : samedi 8 sep -tembre de 14 à 16 heures.

● Le mardi 28 août, au carrefourcolonel Salan, libérateur deToulon, un hommage lui a étérendu par ses anciens soldats quise souviennent de son combatpour l’Algérie française. Desgerbes ont été déposées devantla plaque “au général Salan, sesanciens soldats.”

LE MONDEET LA VILLE

BOURGOGNE

RETENEZ CETTE DATE !

DIMANCHE 7 OCTOBRE

Fête de la Saint Michel à Jambles

avec Michel Fromentoux

NÎMES INSTITUT D’ACTION FRANÇAISE

Après des vacances méritées et la réussite du CMRDS, grande rentrée militante de l'Action française étudiante

le vendredi 28 septembre à 19 heures dans les locaux de l'AF, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

AU PROGRAMME :

- Communication du nouvel organigramme étudiant- Définition des axes de travail pour l'année 2007-2008- Détail des différentes campagnes lycéennes et étudiantes- Présentation du nouveau matériel militant- La réunion sera suivie d'un apéritif offert dans la tradition d'AF

Seront mis à disposition autocollants, affiches, cahiers de formation royaliste,sans oublier le journal étudiant Insurrection.

POUR PLUS D'INFORMATIONS :

www.afe-blog.com - www.actionfrancaise.net - insurrection.actionfrancaise.net

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Édité par PRIEPS.A. au capital de 59 880euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0407K86761 – Directeurde la publication : Pierre Pujo

parRené PILLORGETprofesseur émérite d’histoire

à l’université d’Amiens et à l’Institut catholique de Paris

TRICENTENAIRE

À la tensionintellectuelle, quiaboutit plus tard

aux thèsesévolutionnistes

de Lamarck et de Darwin,

Buffon offre une solution,

en choisissant la voie d'un

accommodementprudent.

BUFFON

Vulgarisateur, scientifiqueet philosophe

Pline l’Ancien fut, au premiersiècle de notre ère, l’auteurd’une Histoire naturelle

dans laquelle, les siècles suivants,jusqu’à Darwin lui-même, ne ces-sèrent de puiser (1). L’année 1707a vu naître un “Pline du Nord”, leSuédois Karl von Linné, et un“Pline français”, Georges-LouisLeclerc, futur comte de Buffon.Pour célébrer ce tricentenaire, unesélection de textes et d’illustra-tions de l’œuvre de celui-ci a étépublié dans la collection de laPléiade (2).

Intendantau Jardin du Roi

Au muséum, une exposition :Buffon et Linné, un regard croisésur la science, marque le débutde l’année Buffon. En 1735, pa-raît le Systema naturae de Linnéqui présente une classification de

plantes, fondée sur les caractèrestirés du nombre et de la disposi-tion des étamines, ainsi qu’un ou-vrage similaire consacré aux ani-maux. L’un et l’autre feront auto-rité pendant plusieurs siècles.

En 1739, Buffon, fils d’unconseiller au Parlement de Bour-gogne, originaire de Montbard, estnommé Intendant du Jardin duRoi, peu après la mort de Charles-François de Cistenay du Fay. Cesavant avait eu le mérite d’insuf-fler un esprit nouveau à une ins-titution jusqu’alors gérée de façonstrictement professionnelle pardes médecins. Il en a fait un jar-din d’essai, ouvert à toutes les es-pèces, et non plus seulement auxvégétaux de la pharmacopée. Sesentant décliner, il avait écrit àMaurepas, secrétaire de la Mai-son du Roi et ministre de la Ma-rine, soucieux de promouvoir la

production du bois destiné à laconstruction de navires, pour y re-commander Buffon. Car ce jeunehomme avait fait dans ses propresforêts des observations dont lesrésultats avaient donné lieu à desmémoires, rédigés en collabora-tion avec lui et présentés à l’Aca-démie des Sciences. Ainsi, Buf-fon a pu l’emporter sur de redou-tables concurrents : Maupertuis,Duhamel de Monceau.

Son intendance dure cin-quante ans. Il achète des terrains,double la superficie du Jardin, en-richit ses collections et s’entoured’un brillante équipe dont Antoine-Laurent de Jussieu et Louis Dau-benton, son compatriote de Mont-bard. Indiscutablement, Buffon serévèle un grand administrateur. Ils’intéresse aux flores d’outre-mer,entretient par exemple une cor-respondance avec un médecin deCayenne, et, pour encourager lesenvois d’échantillons, il fait créerun brevet honorifique de “Cor-respondant du Jardin du Roy”.Mais alors que dans sa jeunesseil avait été un “touche à tout” in-tellectuel (3), Buffon reçoit de sonministre une mission précise : en-treprendre un catalogue des col-lections accumulées dans ce “ca-binet du Roy” qui dépend du jar-din. De cette tâche, naîtra l’Histoirenaturelle. Buffon se trouve en-couragé par la parution de l’His-toire générale des voyages del’abbé Prévost (4) dont le succèsmontre le goût du public pour lanature et l’exotisme.

L’Histoirenaturelle

En septembre 1749, parais-sent les trois premiers volumesin-4° de l’ Histoire naturelle géné-rale et particulière. Cette premièreédition (entre 500 et 1 000 exem-plaires) est épuisée en six se-maines. Suivent une édition in-12°, où les illustrations sont ré -duites, une édition hollandaise enfrançais, une traduction alle-mande.

Dans tous les cercles où l’onse pique de sciences ou de belleslettres on lit, ou on affirme avoirlu Buffon. De fait, ses descriptionsd’un style à la fois clair et majes-tueux, sont très vivantes (5). Onlit et on fait lire aux enfants destextes appelés à devenir célèbres :sur le chien, sur le chat, sur leloup, sur le cheval, « la plus belleconquête que l’homme ait ja -mais faite », etc. (6). Consécra-tion de son talent littéraire, Buf-fon est élu à l’Académie française.Au lieu de faire l’éloge de son pré-décesseur, ainsi qu’il est de tra-dition, il prononce, le 25 août 1753,un Discours sur le style, « un clas -sique de l’art oratoire » que desgénérations d’élèves étudierontjusqu’au XX° siècle...

Cependant, on remarque dansce texte que ce n’est pas l’esthé-tique des Lumières que Buffon ad-mire, mais celle du Grand Siècle.Il est alors au sommet de sa gloire.Drouais exécute de lui un portraitoù, selon le mot de David Hume,il semble vêtu comme un maré-chal de France ! Il continue à pu-

fon, près de Montbard, sont uneaffaire fructueuse. En outre, elleslui permettent de réaliser l’expé-rience, puérile, de boulets portésau rouge pour étudier le refroidis-sement de la terre.

Autoritéscientifique ?

Il se pose en autorité scienti-fique et ose critiquer les travauxde Linné, alors que l’ensemble deson Histoire naturelle relève de la

synthèse de travaux antérieurs etde leur vulgarisation bien plus quede la présentation de résultats derecherches personnelles.

Dans son Histoire de l’homme,il affirme que les différentes raceshumaines relèvent d’ensemblesbien distincts, existant depuis lesorigines. Toutefois, s’il ne s’affirmepas, comme Voltaire, polygéniste,il n’en appartient pas moins au cou-rant “philosophique” alors envogue. Il témoigne de la sympa-thie à Diderot emprisonné à Vin-cennes, et à Rousseau, en conflitavec ses compatriotes. Mais si lesphilosophes reconnaissent en luiun membre de leur famille de pen-sée, il se montre personnellementd’une extrême prudence.

Extrêmeprudence

Le 15 janvier 1751, les dépu-tés et syndic de la faculté de théo-logie de Paris « lui font p arvenirune liste de quatorze extrait s del’Histoire naturelle jugés nonconformes à l’enseignement del’Église. Le 12 mars, il faitamende honorable, du moinsformellement, sur tous les point srelevés p ar la Sorbonne. Il pro -teste de sa bonne foi, et affirmeque son intention n’a jamais étéde contredire le texte de la Bible.Comme son système personnelest purement hypothétique, dit-il, “[je] ne peux nuire aux véritésrévélées qui sont autant d’axiomesimmuables, indépendants de meshypothèses personnelles, et aux-quels [j’] ai soumis et [je] soumetsmes pensées”. » (8)

À la tension intellectuelle, quiprend de plus en plus d’impor-tance, et aboutira plus tard auxthèses évolutionnistes de Lamarcket de Darwin, Buffon offre une so-lution, en opérant une coupure ra-dicale entre sciences (de la na-ture) et théologie (de la Création).Comme Linné, il a choisi la voied’un accommodement prudent.

Les pages consacrées à lamort, dans son Histoire naturellede l’homme, « sans être fon -dament alement irréligieuses,n’ont assurément rien de trèschrétien ; elles ont des ac -cents éminemment épicuriens,évoquant le ton de Lucrècedans le chapitre III du De re-rum natura » (9).

■Georges-Louis Leclerc, comte de Buf fon1707-1788

Histoire naturelle des oiseaux

1 - Jacques Arnould : Dieu versus Darwin. Éd. A lbin Michel, (pp. 168-170).2 – Buf fon : Œuvres. Préface de Michel Delon. T extes choisis, présentéset annotés par S téphane Schmitt, avec la collaboration de CédricCrémière. Remarquable illustration, notamment. Éd. Ga llimard, 2007.3 - Pierre Chaunu : La Civilsation de l’Europe des Lumières. Éd. Flammarion, 1982 (p.220).4 – Abbé Prévost : Histoire générale des voyages. Paris, Didot, 1746-1780. 20 volumes. Manon Lescaut est du même auteur .5 – Ed. La Pléiade : ex. Le chien (p. 640, 688), Le chat (p. 689), Le loup (768), etc.6 – Ibid : Le cheval (p.503)7 – Georges-Louis-Marie Buf fon dit Buf fonet. « Le plus pauvre chapitre del’Histoire naturelle » selon Rivarol. Ce malheureux garçon, compromisdans un hypothétique complot, fut exécuté le 22 messidor an II.8 – Ed. La Pléiade. Correspondance avec la Sorbonne (pp. 41 1-420).9 – Ibid, pp. 1462-1463, note 19. Buf fon mourut à Paris, le 16 avril 1788,en présence de M me Necker , et après avoir reçu l’extrême onction : « Onle doit au culte public » aurait-il déclaré à Hérault de Sechelles (cf. Ibid.p. LXXVI). Ses obsèques furent célébrées en grande pompe.

blier des tomes de l’Histoire natu-relle présentant des animaux sau-vages d’Europe, et commençant,conformément au plan initial,l’étude des espèces exotiques.

Sa vie semble pleinementréussie, d’autant plus qu’il aépousé une demoiselle de vieillenoblesse bourguignonne qui lui adonné un fils, surnommé “Buffo-net”, chargé en 1783, d’aller of-frir à Catherine II le buste de sonpère par Pajou (7).

Buffon a des collaborateurs detalent, dont l’abbé Bexon, Lamarckdont il soutiendra la publication deLa Flore française, Lacepède quiécrira le volume consacré aux cé-tacés et aux reptiles. Il est ami deMme Necker et apparaît parfoisdans son salon. Il devient indus-triel : des forges installées à Buf-