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L'INVENTAIRE DU DÉVELOPPEMENT DE L'ENFANT (IDE). NORMES ETVALIDATION FRANÇAISES DU CHILD DEVELOPMENT INVENTORY (CDI)
Michel Duyme, Christiane Capron
Médecine & Hygiène | « Devenir »
2010/1 Vol. 22 | pages 13 à 26 ISSN 1015-8154DOI 10.3917/dev.101.0013
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Remerciements
Le Dr Zorman (Université Pierre-Mendès-France Grenoble) a collaboré théorique-ment et pratiquement à la construction et à la coordination du recueil des données des normes de l’IDE.
Nous remercions : a) les experts internationaux : les professeurs de pédiatrie : F.P. Glascoe, Université de Vanderbilt USA ; R.C. Tervo. Université du Minessota USA et le professeur J.P. Daures. Université Montpellier 1-Nîmes ; b) le Pr H. Ireton et Heidi Vader responsable commercial des Editions « Child Development Review », qui nous ont accordé gratuitement les droits de reproduction ; c) le CHU de Nîmes qui a contribué financièrement à la réalisation de cet inventaire ; d) Micheline Bisaro et Fran-çoise Perriard (assistantes de recherche clinique, CHU Nîmes), Christine Lequette et Guillemette Pouget (médecins de l’Education nationale Isère) pour leur participation et leur relecture ; e) Dr Souksi-Medioni, Mariette et le service de néonatologie du CHU-Nîmes ; f) Pr Hédon et Pr Mares, Services de gynécologie-obstétrique respecti-vement de Montpellier et Nîmes, Mme Lecointe et l’école de Sage-femme de Mont-pellier, Mmes Molinari et Granier, DIM Nîmes.
Nous remercions les médecins qui ont participé au recueil des données :Pour le Languedoc Roussillon : Dr Cret (et son réseau de pédiatrie ambulatoire), Dr Plan et le réseau Naître en Languedoc Roussillon, Dr Daudé, Dr Demichaux, Dr Guinant (et les médecins des CAMSP du Languedoc-Roussillon). Dr Cavalier, Dr Ponsard, le réseau de médecins de PMI du Gard. Mme Mantovani, psychologue.Pour l’Isère : les docteurs Martel, Simon-Guediri, Bonamy, Rayz, N’guyen, Tourneur-Martel, Morin, Milongo.Pour le Nord de la France : Dr Boidein et son réseau.Pour les Hauts de Seine : l’équipe de médecins de l’Education nationale.Les orthophonistes du Languedoc Roussillon qui ont bien voulu participer à l’étude.Enfin : tous les enseignants et parents qui ont accepté de participer à l’étude.
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1 Unité d’Epidémiologie,
Bio statistique et Santé
Publique – EA 2415
Université Montpellier
Nîmes, Faculté de Méde-
cine, Institut Universitaire de
Recherche Clinique.
4, boulevard Henri IV
34000 Montpellier.
E-mail :
2 Université Montpellier 3.
Outils de recherche
L’Inventaire du Développement de l’Enfant (IDE)Normes et validation françaises du Child Development Inventory (CDI)The Child Development Inventory : French validation and norms
Michel Duyme1 et Christiane Capron1, 2
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IntroductionLa prévalence des retards de développement psychomoteur et/ou des
troubles du langage dans la population d’enfants de moins de 6 ans est
généralement estimée à 12 à 16% (Boyle, Decoufle et Yeargin-Allsoop,
1994 ; Blanchard, Gurka et Blackman, 2006 ; American Academy of Pedia-
trics, 2001). Notons cependant que ces prévalences peuvent varier en fonc-
tion des outils et des critères de définition utilisés (Wake, et al., 2001 ;
Sanger, et al., 2006 ; Visscher, et al., 2007). La nécessité de dépister, à un
très jeune âge, les enfants susceptibles de présenter de tels retards est de
plus en plus soulignée. En effet les recherches ont montré que plus l’aide
qui pouvait leur être apportée intervenait tôt, plus leur développement
était optimum (Reynolds, Temple, Robertson, et al., 2007). En consé-
quence, les sociétés professionnelles de pédiatrie encouragent l’identifi-
cation des enfants présentant des retards de développement avant l’âge
de 6 ans (American Academy of Pediatrics, 2001, 2006).
Vu la difficulté d’évaluer rapidement ces retards chez les enfants de
moins de 6 ans dans le cadre d’une consultation en pédiatrie, les ques-
tionnaires parentaux sont de plus en plus utilisés. Leur logique se fonde
sur le constat de nombreuses études démontrant que les informations
parentales sur leur enfant fournissaient des indications importantes et
valides sur le développement et les besoins de celui-ci (Henderson et
Meisels, 1994 ; Glascoe, 1999, 2000). Le rapport parental est une des pro-
cédures pour évaluer certains aspects neuropsychologiques du dévelop-
pement des jeunes enfants. Il se présente sous forme d’un questionnaire
écrit, standardisé pour ses énoncés et sa cotation. Ces questionnaires
d’administration très simple peuvent être remplis par le/s parent/s avant
la consultation puis rapidement dépouillés à l’aide d’une grille de cotation.
Ils permettent de préciser les problèmes ou l’âge de développement
dans des domaines comme la socialisation, l’autonomie, la motricité, le
langage expressif et réceptif, et d’autres domaines selon l’objectif du rap-
port parental.
Le recours à ces questionnaires lors de la consultation pédiatrique
permet l’identification de 70 à 80% des enfants présentant des retards du
développement (Sturner, 1991 ; Squires, Nickels et Eisert, 1996), alors que
sans instrument, seuls 30% des enfants sont dépistés et pourront bénéfi-
cier des soins appropriés (Lavigne, Binns, Christoffel, et al., 1993 ; Palfrey,
Singer, Walker, et al., 1987). Il existe trois instruments de type « rapport
parental » évaluant les retards dans différents domaines de développement
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et reconnus pour leurs bonnes qualités psychométriques : le Parent’s Eva-
luation of Developmental Status (PEDS – Glascoe, 1998) pour les enfants
âgés de 0 à 8 ans , et pour les pour les enfants de 0 à 6 ans, l’Ages and
Stages Questionnaires (ASQ – Squires, Bricker et Potter, 1997) et l’Inven-
taire de Développement de l’Enfant (IDE), version française du Child
Development Inventory (CDI) d’Ireton (1992). De plus, la sensibilité et
la spécificité de ces instruments de dépistage sont habituellement de 70
à 90% (American Academy of Pediatrics, 2001 ; Rydz, Srour, Oskoui, et al.,
2006). Ces valeurs sont satisfaisantes d’un point de vue épidémiologique
pour détecter les sujets considérés à risque de retard du développement
de ceux qui ne le sont pas.
Le CDI est issu de la version américaine du Minnesota Child Develop-
ment Inventory (Ireton et Twing, 1972) et des versions élaborées pour
les enfants d’âges plus jeunes (Ireton, 1988a et b). Le CDI est donc le
résultat de 20 ans de recherche et d’expérience clinique menant à la der-
nière version d’Ireton (1992) qui a servi à cette adaptation française.
Cet inventaire est considéré par Glascoe et Dworkin (1995) comme étant
le « meilleur rapport parental » vu ses qualités à détecter les enfants pré-
sentant un retard du développement (sensibilité : 0.80-1.0. ; modérée à
élevée) et ceux n’en présentant pas (spécificité : 0.94-0.96 ; élevée). Il est
un des outils recommandés par l’American Academy of Pediatrics (2001).
Notons cependant que pour les âges inférieurs à 24 mois, ces qualités de
détections seraient plus faibles (0.50 et 0.86) (Rydz, Srour et Oskoui, 2006 ;
Voigt, Llorente, Jensen, et al., 2007), mais meilleures que celles de l’ASQ
(Rydz, Srour et Oskoui, 2006).
Certains outils de dépistage présentent les mêmes avantages de stan-
dardisation et de passation que ceux précisés ci-dessus, mais ils ne sont
pas conseillés en raison de leur manque de sensibilité et/ou de spécificité,
du manque de représentativité de l’échantillon d’étalonnage et parfois
même de leur absence de validation (Glascoe, 2005). En France, seule
une échelle d’évaluation du développement du type « rapport parental »
a été validée mais elle porte uniquement sur le développement du langage.
Il s’agit du questionnaire de langage de Dale et Bates (Bovet, Danjou,
Langue, et al., 2005). Notons que la version québécoise de l’ASQ est en
cours de validation en France (Roze, CHU Nantes).
Nous présentons, ici, les normes, les qualités psychométriques, la sen-
sibilité et la spécificité de la version française du CDI : l’IDE ou Inven-
taire du Développement de l’Enfant, à remplir par les parents. En ce
qui concerne les qualités psychométriques, la fidélité intra-informant
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(méthode Test-Retest) et la fidélité inter-informants, la validité de construit
par la différenciation selon l’âge et la méthode des corrélations avec
d’autres tests en recourant à une épreuve « Gold Standard » ont été éprou-
vées. Un modèle de prédiction des performances, à partir des âges chrono-
logiques, a été déterminé et la stabilité des quotients de développement
sur un an, a été estimée. Enfin la sensibilité et la spécificité de l’IDE, pour
détecter les enfants à niveau de développement au-dessous d’un QD ou
QI 86 du « Gold Standard », ont été déterminées.
MéthodeOutil : Inventaire du développement de l’enfant (IDE)
L’IDE est un inventaire fondé sur les observations des parents concer-
nant le développement des enfants âgés de 15 à 72 mois. Ce questionnaire
se compose d’énoncés standardisés qui décrivent les comportements des
enfants et le parent doit cocher « OUI » ou « NON » à chaque énoncé dans
la grille de recueil des réponses, en fonction de ce que fait ou ne fait pas
son enfant. La cotation est standardisée, ainsi chaque réponse « OUI » est
cotée un point. Les items sont formulés de façon à limiter au maximum
les réponses subjectives et interprétatives. Ils concernent des comporte-
ments observables de l’enfant.
L’inventaire se compose de 270 items répartis en 8 échelles. Parmi
elles, six correspondent chacune à un domaine particulier du développe-
ment et deux autres à l’apprentissage de lettres et de nombres. De plus, une
échelle de développement général de 70 items a été déduite de l’ensemble
des 270 items. Ces 70 items ont été retenus car ils sont les plus discrimi-
nants pour qualifier un âge particulier (Ireton, 1992).
Grâce au score brut obtenu pour chacune des échelles, il est possible
de connaître l’âge de développement correspondant pour les enfants
âgés de 15 mois à 6 ans et 0 mois. Les domaines de développement ou
d’apprentissage évalués par les différentes échelles sont les suivants.
• Développement social (Echelle de 40 items) : il inclut les relations de
l’enfant avec ses parents, les autres enfants ou les adultes présents
dans son environnement. Il s’agit aussi bien des interactions entre
l’enfant et une autre personne que de sa participation au groupe.
• Développement de l’autonomie (Echelle de 40 items) : il inclut des
comportements comme, par exemple, manger, s’habiller ou faire sa
toilette, ainsi que la responsabilité dont il fait preuve.
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• Développement moteur global (Echelle de 30 items) : il inclut des
actions comme marcher, courir, grimper, sauter, pédaler, ainsi que le
maintient du corps en équilibre.
• Développement moteur fin (Echelle de 30 items) : il comprend l’éva-
luation de l’utilisation du regard et des mains. Cela va de la simple
saisie d’objet au dessin, en passant par le gribouillage.
• Développement du langage sous ses deux formes, expression du lan-gage (Echelle de 50 items) et compréhension du langage (Echelle de 50 items) : ces échelles évaluent respectivement le niveau de langage
expressif et réceptif.
• Connaissance des lettres (15 items) et des nombres (15 items) : ces 2
échelles incluent la connaissance des lettres et des nombres, les pré-
requis de l’écriture et de la lecture. Elles discriminent les enfants à
partir de 4 ans.
Le score à chaque échelle est obtenu en sommant le nombre de
« OUI » pour chacune d’elles. Ce score correspond à un âge de dévelop-
pement établi par les normes déduites de l’échantillon d’étalonnage fran-
çais. Les scores peuvent être reportés sur un graphe visualisant les âges
de développement de l’enfant en fonction de chaque domaine du déve-
loppement (Profil en annexe).
L’échelle de développement général de 70 items est constituée à par-
tir de la sélection de 10 items pour chacune des 6 échelles de développe-
ment (soit 60 items) et de 5 items pour chacune des 2 échelles d’appren-
tissage (soit 10 items). Le total des points obtenus correspond, selon la
même procédure que celle pour les autres échelles, à un âge de dévelop-
pement. Le score pour le développement général (DG) peut être trans-
formé en quotient de développement ou QD-IDE (Age de développe-
ment/Age chronologique*100).
EchantillonsDifférents échantillons ont été constitués pour établir les normes fran-
çaises ainsi que pour estimer les différentes qualités psychométriques, la
sensibilité et la spécificité.
Les normesElles ont été établies sur un échantillon d’étalonnage représentatif de la
population française de 1362 enfants âgés de 9 mois à 6 ans 3 mois, 1287
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étaient âgés de 15 à 72 mois. Les données ont été recueillies dans 3 régions
de France : Ile de France, Languedoc Roussillon, Rhône-Alpes, de sorte
que les zones urbaines et rurales soient représentées ainsi que des zones
d’habitats représentatives de différentes catégories socio-économiques
(CSP). Deux procédures de recueil de données ont été mises en œuvre.
La première procédure consistait à distribuer et recueillir des question-
naires auprès des parents dans des écoles maternelles et des crèches, la
seconde à remettre des questionnaires à des pédiatres pour obtenir des
données sur les plus jeunes enfants. De plus, cette dernière procédure
évitait un biais d’échantillonnage dû à une surreprésentation des CSP
moyennes et supérieures dans les crèches. Vingt-cinq exemplaires étaient
remis à chaque pédiatre avec pour consigne de les faire remplir systéma-
tiquement par tous les parents correspondant aux critères d’inclusion pour
l’âge de l’enfant, à partir d’une date donnée et jusqu’au 25e questionnaire.
N’étaient inclus que les enfants dont les parents venaient consulter pour
la visite de routine obligatoire et non pour une maladie de l’enfant. Le
taux de non-réponses a été de 10,23% (181/1518). Le sexe ratio garçons/
filles est de 1,003. Les pourcentages d’enfants en fonction des catégories
socioprofessionnelles de leurs parents, selon la nomenclature de
l’INSEE, sont de 43.5% pour les cadres et professions libérales (catégo-
ries 3 et 2) et 43% pour les « employés-ouvriers » (catégories 5 et 6).
La fidélité intra-informantElle a été étudiée sur un échantillon de 50 enfants âgés de 15 à 70 mois.
La moyenne d’âge des enfants était de 49,76 mois (E.T. : 13,48) pour la
première évaluation parentale, et de 50,55 mois (E.T : 13,31) pour la
seconde. La moyenne des différences d’âge est de 0,8 mois (E.T. : 1,35).
L’estimation de cette fidélité est équivalente à celle d’un test-retest par
le même informant (parent) pour établir la stabilité des scores pour un
intervalle de temps bref.
La fidélité inter-informantsPour un échantillon de 49 enfants scolarisés en école maternelle, deux
informants, un parent et l’enseignant, ont rempli le questionnaire pour
chaque enfant. L’empan d’âges des enfants allait de 39 mois à 72 mois.
L’âge moyen lors de l’évaluation parentale était de 60,22 mois (E.T. :
10,41) et de 62,46 mois (E.T. : 10,92) lors de celle par les enseignants. La
moyenne des différences d’âge est de 2,35 mois (E.T. : 1,32).
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Validité de construitElle a été déterminée de deux façons.
1. Sur les données issues de l’échantillon d’étalonnage (N = 1362), le
critère de différentiation liée à l’âge a été appliqué. Il s’agissait de véri-
fier l’hypothèse selon laquelle les scores bruts aux échelles spécifiques
et le score à l’échelle de développement général augmenteraient avec
l’âge chronologique comme cela est attendu pour des caractéristiques
développementales. Un modèle de prédiction des scores, à partir de
l’âge chronologique, a aussi été établi pour l’échelle de développement
général (DG).
2. A partir d’un échantillon de 138 enfants, les corrélations avec d’autres
tests ont été estimées. Etablir cette validité consiste à comparer les
résultats donnés par le questionnaire IDE à ceux obtenus grâce à
l’administration individuelle d’un test standardisé pour une évalua-
tion psychologique considérée comme un « Gold Standard ». Il s’agit
ici du test de Quotient de Développement (QD) de Brunet Lézine
Révisé (1997) pour les enfants de moins de 30 mois et du Quotient
Intellectuel (QI) issu des évaluations à l’aide du WPPSI III (2004)
pour les enfants de plus de 30 mois. L’âge moyen du groupe était de
52,4 mois (E.T. : 16,2 ; valeurs extrêmes : 15-72 mois). Le QI (QD)
moyen pour ce groupe de 138 enfants était de 89,3 (E.T. : 36,2,
médiane 94,5, valeurs extrêmes : 40-145). Parmi eux, 59 enfants
avaient un QI (ou un QD) inférieur à 86. Les passations des tests
individuels avaient été réalisées dans le cadre de deux centres de
rééducation ambulatoire. Pour les 80 autres enfants, les évaluations
avaient eu lieu dans deux écoles maternelles. Le taux de refus de
participation a été de 25%.
Etude de la stabilité du QD-IDEPour un échantillon de 26 enfants, deux évaluations ont été faites par un
parent sur un intervalle de temps d’environ un an. L’empan d’âge était
de 33 mois à 68 mois (moyenne : 51,5 mois ; E.T. : 9,12) pour la première
évaluation et de 47 mois à 82 mois (moyenne 64,35 mois, E.T. : 8,9) pour
la seconde. La différence d’âge est de 13,5 mois (E.T. : 1,14). Notons que
l’échantillon de 26 enfants correspond aux réponses de 40% des parents
qui avaient participé à la première évaluation (N = 65) et qui acceptè-
rent de participer à la seconde.
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Résumé
Le besoin d’instruments de
dépistage pour identifier
les possibles troubles du
développement chez les
enfants de moins de 6 ans
est largement accepté. Ces
outils permettent aux profes-
sionnels de la santé de pro-
poser une aide aux parents
dont les enfants présentent
des risques de problèmes
ou de retard de développe-
ment. Pour poursuivre ce
but, il est nécessaire d’avoir
des instruments dont les
qualités psychométriques
soient satisfaisantes et qui
soient adaptés au peu de
temps dont disposent les
professionnels de la santé.
La présente étude détermine
les normes françaises et les
qualités psychométriques
et épidémiologiques d’un
questionnaire parental pour
l’évaluation du dévelop-
pement de l’enfant. Cet
Inventaire du Développe-
ment de l’Enfant (IDE) a
été précédemment utilisé
dans d’autres pays sous le
La sensibilité et la spécificitéEn premier lieu, à partir de l’échantillon de 138 enfants, constitué pour étu-
dier la validité par corrélation avec d’autres tests, la sensibilité et la spécifi-
cité de l’IDE ont été estimées par rapport au « Gold Standard » (Tests indi-
viduels standardisés donnant lieu à un calcul de QD ou de QI). En second
lieu, les sensibilités des deux échelles de langage de l’IDE (langage expres-
sif et langage réceptif) ont été éprouvées à partir d’un échantillon de 94
enfants engagés dans une rééducation orthophonique ambulatoire et ayant
un diagnostic de retard du langage et/ou un trouble de la parole au moment
des réponses des parents à l’IDE. Pour 83 enfants de cet échantillon, un
diagnostic révélait la présence simultanée des deux types de trouble de lan-
gage. L’âge moyen était de 52,4 mois (E.T. : 16.2). Notons que chacun des
scores bruts des échelles de langage était, comme pour l’échelle de déve-
loppement général, dérivé en QD de langage pour ces analyses.
Méthode statistique• Pour établir les normes, les courbes de développement ont été déter-
minées à l’aide d’un modèle statistique semi-paramétrique (LMS ;
Cole, 1998). Ce modèle est utilisé par l’organisme gouvernemental
américain « Centers for Disease Control and Prevention » pour élaborer
les courbes de développement postnatal de la taille et du poids des
enfants. Les valeurs des 90e, 50e, 25e et 15e centiles ont été calculées
pour chaque âge. Le 15e centile a été choisi sur la base de la préva-
lence des troubles psychomoteurs et/ou du langage (12 à 16%, Ame-
rican Academy of Pediatrics, 2001). Le 90e centile a été empiriquement
déterminé comme étant le seuil indiquant, soit une surévaluation par
les parents, soit une avance réelle du développement de l’enfant. Pour
déterminer la norme en âge de développement, le score médian pour
chaque échelle a été estimé et retenu pour chacun des différents
âges chronologiques de l’échantillon d’étalonnage.
• Pour estimer les coefficients de fidélité intra- et inter-informants, une
Corrélation Intra-Classe (ICC) a été calculée. La valeur de l’ICC cor-
respond au rapport suivant : variance inter - variance intra/variance
inter + variance intra. La probabilité est fournie grâce à la valeur du F.
La variance erreur due à la répétition de l’évaluation, pour les deux
types de fidélité, est donnée par la différence entre la valeur 1 et chaque
valeur de l’ICC. La différence entre les deux ICC est calculée sur le
rapport des variances intra-groupe.
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s de
l’IDE
nom de Child Development
Inventory (CDI). Il permet
de préciser les problèmes
de développement dans
des domaines comme la
socialisation, l’autonomie, la
motricité (globale ou fine), le
langage expressif et réceptif
et des difficultés dans l’ap-
prentissage des lettres et
des nombres. Les résultats
indiquent que la fidélité, la
validité, la sensibilité ainsi
que la spécificité de la
version française de cet ins-
trument sont satisfaisantes.
Il peut donc être utilisé en
France et constituer une aide
efficace pour le travail des
professionnels de la petite
enfance. Le questionnaire et
un manuel d’utilisation sont
fournis dans un autre article
de la présente revue.
Mots-clés
Inventaire du développement
de l’enfant (IDE).
Validation et normes
françaises.
Manuel.
• Les coefficients de validité, entre les différents âges et les scores bruts
aux différentes échelles de l’IDE, ont été estimés par une corrélation
de Bravais Pearson. Le modèle de prédiction du score de développe-
ment général à partir de la connaissance de l’âge chronologique a été
établi à partir d’une analyse de régression polynomiale quadratique.
• Pour évaluer la validité d’utilité prédictive par la stabilité du QD-IDE,
le coefficient de corrélation de Bravais Pearson a été utilisé. Les scores
moyens, pour chacune des deux cotations de l’IDE par les parents,
ont été comparés en utilisant le t-test pour échantillons dépendants.
• Pour déterminer la capacité du questionnaire IDE à distinguer les
enfants montrant un retard de développement de ceux n’en montrant
pas, la méthode des courbes ROC (Receiver Operating Characteristic)
a été appliquée. Les valeurs de la sensibilité et de la spécificité du QD
de l’IDE ont donc été déterminées pour un seuil optimum. La valeur
du seuil devait discriminer les enfants à partir du diagnostic fondé
sur la valeur du « Gold Standard ». En d’autres termes, le seuil pour
le QD IDE devait permettre de dissocier les enfants ayant un QI (QD)
supérieur ou égal à 86 de ceux ayant un QI (QD) inférieur à 86 pour
le « Gold Standard ».
• Des analyses ont aussi été menées pour définir la sensibilité des échelles
d’expression et de compréhension du langage et celle du développe-
ment général à partir de l’échantillon d’enfants en soin orthophonique.
Il s’agissait de savoir si ces échelles permettaient de constater des
QD-IDE inférieurs à 86 pour ces enfants ayant tous un diagnostic de
retard dans le développement du langage. Les rapports entre le
nombre d’enfants ayant un QD-IDE 86 et le nombre total de ces
enfants en soin ont été calculés.
Résultats• Les courbes des scores pour les 90e, 50e, 25e et 15e centiles en fonc-
tion de chaque âge sont présentées sur le [graphique 1, voir p. 49] pour
les scores de développement général. Le [tableau 1, voir p. 50] présente
les correspondances entre les âges chronologiques et le score médian
pour chaque échelle.
• La moyenne des QD-IDE pour les enfants âgés de 15 à 72 mois est
100,5 (E.T. : 15,3, I.C.95% : 99,7-101,4). Elle ne diffère pas significa-
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Summary
The need for screening
instruments of possible
developmental disorders in
children under the age of 6
years is widely recognized.
These instruments allow
professional to help parents
whose children may present
with delays or developmental
problems. With this goal,
one needs instruments with
adequate psychometric
properties, and fitted to the
small amount of time allowed
to health professionals. This
study provides the French
norms and describes the
psychometric and epidemio-
logical properties of a parental
questionnaire for assessing
child development. This
Child Development Inventory
has been used previously
in several countries under
this name (CDI). It allows
for assessment of domains
tivement en fonction de l’âge (p 0.7). Notons qu’à partir de 64 mois
la distribution devient asymétrique, si à cet âge le 86 e percentile est
comme attendu à 115 points, il est à 111 points à 72 mois. La moyenne
de QD-IDE pour les enfants de cadres (moyens, supérieurs et pro-
fessions libérales regroupés) est 102,1 (13,9) et celle des employés-
ouvriers est 99,4 (15,9). La différence est faible mais statistiquement
significative (F = 0.79, p 0.002). Les moyennes de QD-IDE pour les
filles et les garçons sont respectivement 102,9 (15,5) et 98,2. (14,7) et
leur différence est statistiquement significative (F = 30,1, p 0.000001).
• Le coefficient de fidélité inter-informants (parents vs enseignants) pour
le QD-IDE est de 0,78 (I.C. 95% : 0,65-0,88), la différence de moyenne
entre informants n’est pas statistiquement significative (m = 0.58,
E.T. : 10.7, p = 0.70). L’ICC est 0,76 et la variance erreur due aux
deux types d’observateurs est de 24%.
• Le coefficient de fidélité intra-informant pour les QD-IDE est de
0,97 (I.C. 95% : 0,95-0,99). La différence de moyenne est 0,27 (E.T. :
4,2). L’ICC de 0,97 est presque parfaite. La variance erreur due au
test-retest est donc très faible (3%). La différence entre les 2 ICC
(inter-informants et intra-informant) est significative (F = 56.63/8.50 =
6.6 ; N1 = 49, N2 = 50 ; p 0,001).
• Le coefficient de validité pour la différenciation selon les âges pour
les scores à l’échelle de développement général est de 0,89. Les coef-
ficients pour les échelles spécifiques sont respectivement 0,76 et 0,82
(socialisation et l’autonomie), 0,81 et 0,88 pour la motricité globale
et la motricité fine, 0,78 et 0,82 pour l’expression et la compréhen-
sion du langage, et enfin 0,81 et 0,89 pour l’apprentissage des nombres
et des lettres. Le modèle de prédiction du score de développement
général issu de l’analyse de régression quadratique polynomiale four-
nit un R égal à 0,94. Le score attendu en fonction de l’âge est déter-
miné par l’équation suivante :
Score DG = -22,852813 + 2,57596274 x « âge en mois » - 0,01863214 x
« âge en mois »2.
• Le coefficient de validité par la corrélation entre les QD-IDE et les
QD/QI du Gold standard est de 0,83 (I.C. 95% : 0,78 à 0,88).
• Le coefficient de stabilité entre les valeurs des QD-IDE aux deux
périodes d’évaluation est de 0,81 (I.C. 95% : 0,60-0,93), les moyennes
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of socialization, autonomy,
gross or fine moor develop-
ment, expressive and recep-
tive language ability and diffi-
culties in learning letters and
numbers. Results indicate
a satisfying fidelity, validity,
sensitivity and specificity of
the French version of this
instrument, which may the-
refore be used in France and
be of use to professionals
in the field of infancy and
toddler hood. A question-
naire and the manual of use
are described in a separate
paper of this issue.
Keywords
Child development inventory
(CDI).
French validation and norms.
Manual of use.
sont respectivement 96 (E.T. : 17,7) pour la première évaluation et
de 101,3 (E.T. : 14,5) pour la seconde. La différence de moyennes est
statistiquement significative (5,3, E.T. : 10.4, p = 0.01).
• Le seuil estimé par la courbe ROC pour le QD IDE est à 86 avec
une sensibilité et une spécificité respectivement de 84% (I.C. 95% :
72%-92%) et 92% (I.C. 95% : 84%-97%) pour un QI ou QD « Gold
Standard » inférieur à 86.
• La sensibilité est de 90% (I. C. 95% :82-96) et la spécificité de 85%
(I.C. 95% :79-88) pour les scores des courbes de développement géné-
ral de l’IDE correspondant aux centiles inférieurs à 25% et pour un QI
ou un QD « Gold Standard » inférieur à 86. Notons que 3 des 6 faux
négatifs concernent des enfants de moins de 24 mois (N = 11/138).
Pour les centiles inférieurs à 16%, la sensibilité est de 85% (I.C. 95% :
77-90) et la spécificité 89% (I.C. 95% : 83-93).
• Les sensibilités des échelles d’expression et compréhension du lan-
gage de l’IDE ainsi que de l’échelle générale sont respectivement :
88 (enfants détectés) / 94 (enfants diagnostiqués) soit (93,6%, I.C. 95% :
87-98), 73/94 (77,6%, I.C. 95% : 68-86), 67/94 (71,3%, I.C. 95% : 61-80).
Au moment de l’évaluation, l’âge chronologique moyen pour ces
enfants en soin était de 55,4 mois (E.T. : 14,4) mois, alors que l’âge
de développement moyen est beaucoup plus faible pour les échelles
de langage expressif et réceptif était respectivement de 31,6 (E.T. :
9,9, t = 23.2, p 0.00001) et 37,7 (E.T. = 14,2, t = 14.8, p 0.00001)
mois. L’âge de développement moyen pour l’échelle de développe-
ment général était de 40,8 mois, également plus faible que l’âge chro-
nologique moyen (ET : 13,9, t = 14.2, p 0.00001).
DiscussionLes qualités psychométriques de la version française du CDI (IDE) sont
très bonnes. Les sensibilités et spécificités sont supérieures à 80%. Les cor-
rélations entre les âges chronologiques et les scores aux différentes
échelles (de 0,76 à 0,89) qui traduisent le lien entre une augmentation
linéaire progressive des scores avec l’évolution de l’âge sont proches de
celles de la version américaine (de 0,70 à 0, 89, Ireton, 1992, p. 36). Cepen-
dant, comme dans la version américaine, ces qualités métriques semblent
moins satisfaisantes pour les enfants âgés de moins de 24 mois (Rydz, et al.,
2006), des travaux ultérieurs seraient à effectuer pour préciser les qualités
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1 Le manuel et le question-
naire sont également télé-
chargeables au site
www.cognisciences.com.
Nous avons également inclut
sur ce site une version abré-
gée concernant uniquement
les enfants de 4 à 6 ans, et
une autre concernant uni-
quement le développement
du langage pour les enfants
de 15 à 72 mois.
métriques dans cette tranche d’âge. D’autres échelles pour les enfants de
moins de 18 mois ont de bonnes qualités métriques (Alarme Détresse
Bébé : Guedeney, et al., 2001 ; Langage : Bovet, et al., 2005). La fidélité
intra-informant est significativement plus faible que celle inter-informants.
Il faut cependant noter d’une part que le remplissage du questionnaire a
nécessité que les enseignants effectuent une observation individualisée
de l’enfant et que d’autre part ils interrogent les parents pour certains
items, comme cela est prévu par Ireton (1992). Ces items sont ceux rela-
tant des comportements observables uniquement dans l’environnement
familial de l’enfant. La stabilité entre deux évaluations sur un intervalle
d’un an est satisfaisante et indique que les différences intra-individuelles
liées à l’âge, entre les deux évaluations, ne modifient que très peu le rang
des enfants à l’intérieur du groupe. L’élévation statistiquement signifi-
cative de la moyenne des QD-IDE peut provenir d’un biais d’échantillon-
nage des répondants qui ne représentent que 40% de l’échantillon initial
de parents. Il est possible de supposer que ce seraient les parents les plus
motivés, investissant donc davantage le développement de leur enfant,
qui auraient participé aux deux évaluations.
Ce questionnaire est donc utilisable en France par les pédiatres et
tout professionnel de la santé et de la petite enfance. Il leur fournit des
évaluations plus objectives sur le développement de l’enfant. Il est
simple et rapide d’utilisation. Les parents peuvent remplir le question-
naire chez eux puis le rapporter à la consultation suivante, ou le remplir
juste avant la consultation, ou terminer de le remplir avec le profession-
nel concerné. Il enrichit l’échange de celui-ci avec les parents qui se sen-
tent plus impliqués et mieux compris en améliorant leur perception du
développement de leur enfant. Le questionnaire et un manuel d’utilisa-
tion sont publiés dans un autre article de ce numéro1 (voir pp. 27-50). Il est
maintenant bien démontré que les parents ayant participé aux évalua-
tions grâce aux questionnaires parentaux et dont les enfants sont suivis
par des services de soins ambulatoires mentionnent une meilleure qualité
de soins et de relation interpersonnelle avec leur enfant (Halfon, Regalado,
Sareen, et al. 2004 ; Sunde, Mabe et Josephson, 1993).
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