l’esprit canut octobre 2013 n° 23

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Octobre 2013 n° 23 L’ESPRIT CANUT www.lespritcanut.fr tél :06 28 07 57 13 Directeur de la publication : B. Warin Issn n° 1959413 Sommaire Sommaire Sommaire Sommaire 2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ? 2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ? 2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ? 2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ? 3 Le sang des autres, de la Croix 3 Le sang des autres, de la Croix 3 Le sang des autres, de la Croix 3 Le sang des autres, de la Croix- - -Rousse au Bangladesh Rousse au Bangladesh Rousse au Bangladesh Rousse au Bangladesh 4 George Salendre, un croix 4 George Salendre, un croix 4 George Salendre, un croix 4 George Salendre, un croix- - -roussien de coeur roussien de coeur roussien de coeur roussien de coeur 5 Novembre des Canuts 5 Novembre des Canuts 5 Novembre des Canuts 5 Novembre des Canuts 6 Le moment de lire 6 Le moment de lire 6 Le moment de lire 6 Le moment de lire 7 Droit de réponse 7 Droit de réponse 7 Droit de réponse 7 Droit de réponse Texte fondateur pour la création d’un lieu Texte fondateur pour la création d’un lieu Texte fondateur pour la création d’un lieu Texte fondateur pour la création d’un lieu – –ressource ressource ressource ressource 8 Notre site internet 8 Notre site internet 8 Notre site internet 8 Notre site internet - - - Les bafouilles de Jacques Les bafouilles de Jacques Les bafouilles de Jacques Les bafouilles de Jacques UN P’TIT COIN UN P’TIT COIN UN P’TIT COIN UN P’TIT COIN POUR S’REUNIR... POUR S’REUNIR... POUR S’REUNIR... POUR S’REUNIR... Le projet de lieu Le projet de lieu Le projet de lieu Le projet de lieu- - -ressource* se struc- ressource* se struc- ressource* se struc- ressource* se struc- ture. ture. ture. ture. Depuis ,la dernière réunion qui ras- Depuis ,la dernière réunion qui ras- Depuis ,la dernière réunion qui ras- Depuis ,la dernière réunion qui ras- semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni- semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni- semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni- semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni- cipalité a, dans le cadre de la Maison des cipalité a, dans le cadre de la Maison des cipalité a, dans le cadre de la Maison des cipalité a, dans le cadre de la Maison des Associations, mis à disposition du collectif* Associations, mis à disposition du collectif* Associations, mis à disposition du collectif* Associations, mis à disposition du collectif* un local permanent, certes de petite dimen- un local permanent, certes de petite dimen- un local permanent, certes de petite dimen- un local permanent, certes de petite dimen- sion, mais avec des possibilités d’exposi- sion, mais avec des possibilités d’exposi- sion, mais avec des possibilités d’exposi- sion, mais avec des possibilités d’exposi- tions, de conférences dans des salles adja- tions, de conférences dans des salles adja- tions, de conférences dans des salles adja- tions, de conférences dans des salles adja- centes. centes. centes. centes. Cette localisation constitue la première Cette localisation constitue la première Cette localisation constitue la première Cette localisation constitue la première pierre de « pierre de « pierre de « pierre de « l’édifice l’édifice l’édifice l’édifice » que sera ce lieu » que sera ce lieu » que sera ce lieu » que sera ce lieu- - - ressource dédié aux travailleurs de la soie ressource dédié aux travailleurs de la soie ressource dédié aux travailleurs de la soie ressource dédié aux travailleurs de la soie et du tissage, lieu qui manque tellement à et du tissage, lieu qui manque tellement à et du tissage, lieu qui manque tellement à et du tissage, lieu qui manque tellement à notre ville. notre ville. notre ville. notre ville. Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose- Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose- Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose- Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose- rait rait rait rait- - -elle aux élus et aux différents acteurs du elle aux élus et aux différents acteurs du elle aux élus et aux différents acteurs du elle aux élus et aux différents acteurs du quartier ? quartier ? quartier ? quartier ? Nous constatons qu’une nouvelle dyna- Nous constatons qu’une nouvelle dyna- Nous constatons qu’une nouvelle dyna- Nous constatons qu’une nouvelle dyna- mique est en marche, que les partenaires du mique est en marche, que les partenaires du mique est en marche, que les partenaires du mique est en marche, que les partenaires du collectif s’organisent et que des actions collectif s’organisent et que des actions collectif s’organisent et que des actions collectif s’organisent et que des actions seront engagées. seront engagées. seront engagées. seront engagées. Fabrice Fabrice Fabrice Fabrice * Voir le texte fondateur de ce collectif page 7 Le jeudi 13 février 2014, Le jeudi 13 février 2014, Le jeudi 13 février 2014, Le jeudi 13 février 2014, l’Esprit Canut l’Esprit Canut l’Esprit Canut l’Esprit Canut aura 10 ans ! aura 10 ans ! aura 10 ans ! aura 10 ans !

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Page 1: L’ESPRIT CANUT Octobre 2013 n° 23

Octobre 2013

n° 23

L’ESPRIT CANUT

www.lespritcanut.fr

tél :06 28 07 57 13

Directeur de la publication : B. Warin

Issn n° 1959413

SommaireSommaireSommaireSommaire

2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ?2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ?2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ?2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ? 3 Le sang des autres, de la Croix3 Le sang des autres, de la Croix3 Le sang des autres, de la Croix3 Le sang des autres, de la Croix----Rousse au BangladeshRousse au BangladeshRousse au BangladeshRousse au Bangladesh

4 George Salendre, un croix4 George Salendre, un croix4 George Salendre, un croix4 George Salendre, un croix----roussien de coeurroussien de coeurroussien de coeurroussien de coeur 5 Novembre des Canuts5 Novembre des Canuts5 Novembre des Canuts5 Novembre des Canuts

6 Le moment de lire6 Le moment de lire6 Le moment de lire6 Le moment de lire 7 Droit de réponse 7 Droit de réponse 7 Droit de réponse 7 Droit de réponse

Texte fondateur pour la création d’un lieu Texte fondateur pour la création d’un lieu Texte fondateur pour la création d’un lieu Texte fondateur pour la création d’un lieu ––––ressourceressourceressourceressource 8 Notre site internet 8 Notre site internet 8 Notre site internet 8 Notre site internet ---- Les bafouilles de Jacques Les bafouilles de Jacques Les bafouilles de Jacques Les bafouilles de Jacques

UN P’TIT COIN UN P’TIT COIN UN P’TIT COIN UN P’TIT COIN

POUR S’REUNIR...POUR S’REUNIR...POUR S’REUNIR...POUR S’REUNIR...

Le projet de lieuLe projet de lieuLe projet de lieuLe projet de lieu----ressource* se struc-ressource* se struc-ressource* se struc-ressource* se struc-ture.ture.ture.ture. Depuis ,la dernière réunion qui ras-Depuis ,la dernière réunion qui ras-Depuis ,la dernière réunion qui ras-Depuis ,la dernière réunion qui ras-semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni-semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni-semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni-semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni-cipalité a, dans le cadre de la Maison des cipalité a, dans le cadre de la Maison des cipalité a, dans le cadre de la Maison des cipalité a, dans le cadre de la Maison des Associations, mis à disposition du collectif* Associations, mis à disposition du collectif* Associations, mis à disposition du collectif* Associations, mis à disposition du collectif* un local permanent, certes de petite dimen-un local permanent, certes de petite dimen-un local permanent, certes de petite dimen-un local permanent, certes de petite dimen-sion, mais avec des possibilités d’exposi-sion, mais avec des possibilités d’exposi-sion, mais avec des possibilités d’exposi-sion, mais avec des possibilités d’exposi-tions, de conférences dans des salles adja-tions, de conférences dans des salles adja-tions, de conférences dans des salles adja-tions, de conférences dans des salles adja-centes. centes. centes. centes. Cette localisation constitue la première Cette localisation constitue la première Cette localisation constitue la première Cette localisation constitue la première pierre de «pierre de «pierre de «pierre de « l’édificel’édificel’édificel’édifice » que sera ce lieu» que sera ce lieu» que sera ce lieu» que sera ce lieu----ressource dédié aux travailleurs de la soie ressource dédié aux travailleurs de la soie ressource dédié aux travailleurs de la soie ressource dédié aux travailleurs de la soie et du tissage, lieu qui manque tellement à et du tissage, lieu qui manque tellement à et du tissage, lieu qui manque tellement à et du tissage, lieu qui manque tellement à notre ville.notre ville.notre ville.notre ville. Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose-Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose-Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose-Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose-raitraitraitrait----elle aux élus et aux différents acteurs du elle aux élus et aux différents acteurs du elle aux élus et aux différents acteurs du elle aux élus et aux différents acteurs du quartier ?quartier ?quartier ?quartier ? Nous constatons qu’une nouvelle dyna-Nous constatons qu’une nouvelle dyna-Nous constatons qu’une nouvelle dyna-Nous constatons qu’une nouvelle dyna-mique est en marche, que les partenaires du mique est en marche, que les partenaires du mique est en marche, que les partenaires du mique est en marche, que les partenaires du collectif s’organisent et que des actions collectif s’organisent et que des actions collectif s’organisent et que des actions collectif s’organisent et que des actions seront engagées.seront engagées.seront engagées.seront engagées. FabriceFabriceFabriceFabrice

* Voir le texte fondateur de ce collectif page 7

Le jeudi 13 février 2014, Le jeudi 13 février 2014, Le jeudi 13 février 2014, Le jeudi 13 février 2014,

l’Esprit Canutl’Esprit Canutl’Esprit Canutl’Esprit Canut

aura 10 ans !aura 10 ans !aura 10 ans !aura 10 ans !

Page 2: L’ESPRIT CANUT Octobre 2013 n° 23

Par deux fois, pour être sûr, je me suis rendu à l’exposi-

tion « LYON AU XVIIIe , UN SIECLE SURPRE-

NANT » présentée de novembre à mai 2013 au musée

d’histoire de Lyon.

L’introduction était prometteuse : « au siècle des lumiè-res, Lyon est la seconde puissance économique, la pre-mière place industrielle et le premier poste d’exporta-tion du royaume. Elle génère une immense richesse. L’é-conomie de la ville est dominée par l’industrie textile et par la soierie en particulier ».

Enfin, nous allions ap-

prendre quelque chose

sur le dur labeur des tis-

seurs, leur vie sociale,

leur habitat… Que nenni !

On nous a montré des

prélats, des prévôts, des

négociants…. Mais on ne

nous a pas dit d’où venait

cette richesse ? Où sont

les maitres-ouvriers, les

compagnons-tisseurs, les

remetteuses, les ourdis-

seuses de la Fabrique ?

Dans une autre pièce et

ailleurs on nous montrait

des appareils de méde-

cine, des livres, des

faïences, de l’argenterie,

des armes, des meubles. Cela est bel et bon mais ces

objets, avec quels outils étaient-ils façonnés et dans

quels ateliers ? Nous ne l’avons pas su.

Au mur, étaient affichés des grands hommes, des

grands noms : Morand, Perrache, Soufflot…, des ta-

bleaux, des façades, des plans, des places… oui mais

comment s’organisait la corporation des maçons, des

bateliers, des cordiers, des chapeliers, des affan-

neurs, des crocheteurs, des lingères ? Où sont les

rumeurs, les fêtes, les chansons, où est le peuple

de Lyon ?

Pas de réponse, mais de belles phrases : « les mouvements financiers et commerciaux se déve-loppent vers l’Italie, le nord et l’est de l’Eu-rope, mais aussi vers l’Espagne qui ouvre aux marchands lyonnais les portes du nou-veau monde ». Si les portes s’ouvrent aux mar-

chands, elles se ferment aux ouvriers : bon, j’ai

tout de même fini par débusquer un texte minus-

cule, derrière la vitrine. J’ai chaussé mes lu-

nettes et j’ai lu : « nous compagnons de la

Fabrique ordonnons que les 2 sous par aune d’aug-mentation soyent payés conformément aux ordonnan-ces, que le tarif soit rétabli, que Monsieur le com-mandant veillera à son exécution et qu’il sera placé devant chez lui une potence pour y pendre le premier fabricant récalcitrant ».

Quand même hein ? C’était pas tout rose au dix-

huitième siècle ! Et la révolution n’était pas loin… mais le

musée Gadagne n’en a rien su. Dommage C’était en 1789 !

La critique ne m’a pas

empêché d’apprécier

le bel agencement de

cette exposition et

d’admirer la beauté

formelle des chef-

d’œuvre présentés.

J’aurais appris aussi,

contrairement à la

légende, dans un arti-

cle de Guy Scherrer*

publié dans le catalo-

gue, que les enfants

n’ont jamais tiré les

cordes (lacs) des

métiers à tisser dit

« à la tire », que c’é-

tait le lot de femmes

jeunes et fortes, les

« tireuses » qui, nous

dit le mécanicien Claude Rivey en 1781, « s’exténuent et s’estropient à jamais où meurent à la peine, de là les in-firmités, la mendicité, la sureté de ces agents, la cessa-tion des métiers, la ruine des ouvriers... ». Bernard Warin * Ingénieur consultant spécialisé dans la conservation-restauration des machines anciennes.

Expo à Gadagne : où est le peuple de Lyon ?

2

Page 3: L’ESPRIT CANUT Octobre 2013 n° 23

LE SANG DES AUTRES,

de la Croix-Rousse au Bangladesh...

Les Canuts du 21 ème siècle… C'est ainsi que l'auteur de l'article "demain, la soie pour tous ?" dans le précédent numéro de L'Esprit Canut, nomme les actuels travailleurs du textile d'Asie : mêmes conditions de travail épouvantables et même répression. En effet, 4 millions d'ouvriers et ouvrières, souvent mineurs, s'échinent, dans les 100 000 ateliers-usines du pays pour un salaire de misère, correspondant à 0,25 € de l’heure ! Et c'est grâce à eux que le Bangla-desh s'est hissé au 2ème rang des exporta-teurs de textiles, après la Chine. Le drame prévisible du Rana Plaza à Dac-ca, le 26 avril dernier, qui a fait plus de 1127 victimes et des milliers de blessés, a brutale-ment révélé au monde les terribles consé-quences de la course folle au low cost, pour le plus grand profit des investisseurs et des grandes marques occidentales : Benetton, Zara, H&M, Auchan, Carrefour, El Cortè Ingles, C&A… Dans des ateliers construits au détriment des règles de sécurité et d'hygiène les plus élé-mentaires, les heures s'accumulent sans fin, de 10 à 14 heures par jour, sept jours sur sept ; dans des conditions proches de l'es-clavage, issues de secours verrouillées. Pour assurer le renouvellement des commandes, toutes les deux à six semaines les entrepri-ses s'adressent â des sous-traitants qui, eux-mêmes, sous-traitent à d'autres et ainsi de suite. Trop c'est trop Les ouvriers n'ont pas attendu l'irréparable pour faire entendre leurs voix : en 2006 déjà, des grèves s'étaient déclarées dans 4000 usines et en 2010, malgré une sanglante répression policière, la lutte dura plusieurs mois pour obtenir la mise en application de la loi sur le revenu minimum légal. Dans le même temps, les organisations ont fait appel à la solidarité des occidentaux. Voilà près de dix ans que l'association Peu-ples Solidaires dont l'un des volets d'action est le respect des droits de l'homme au tra-vail, et le collectif Éthique sur l'Etiquette exhortent les multinationales qui se fournis-sent au Bangladesh à changer leurs prati-ques d'approvisionnement, notamment les délais imposés à leurs fournisseurs, et à agir contre les effondrements et incendies des usines. L'an dernier, les organisations syndicales locales et internationales ont proposé aux

entreprises un accord sur la sécurité des bâtiments et la prévention des incendies. Malgré des demandes répétées, certaines enseignes ont refusé de signer. On connaît la suite... Engagement de l’association Peuples Solidaires Dès la catastrophe connue, Peuples Solidai-res a contacté les médias et on a pu voir sur BFMTV des étiquettes des marques Auchan et Carrefour ainsi qu'un pantalon Camaïeu retrouvés dans les décombres par des orga-nisations ouvrières partenaires. Parallèle-ment, Peuples Solidaires a interpellé, par courrier et e-mails, les grandes marques de prêt-à-porter s'approvisionnant auprès des usines du Rana Plaza pour qu'elles contri-buent, sans délai, à un fonds d'indemnisation des victimes et de leurs familles et pour qu'elles signent et mettent en oeuvre l'accord sur la sécurité des bâtiments et la prévention des incendies. Deux mois après, cette action de lobbying ([email protected]) a déjà recueilli 95 000 signatures et fait bouger Auchan, Carrefour et Camaïeu qui ont pris des engagements inédits sur la sécurité des usines. Cet accord prévoit des inspections obligatoires, transparentes et indépendantes, il est légalement contraignant et ne concer-nera pas moins de mille usines dans le pays. Il en va autrement de l’indemnisation des victimes car les marques refusent de reconnaître leurs responsabilités…Beaucoup de personnes resteront handicapées à vie. Quant aux familles, elles ont aussi perdu une source de revenus indispensable à la survie du foyer. Après de nombreuses tentatives de négociation et une action organisée par la fédération Peuples Solidaires devant un magasin Camaïeu et une autre par le groupe

local de Tours, l‘enseigne a fini par plier : Camaïeu reconnaît sa responsabilité et accepte d’indemniser les victimes. Peuples Solidaires Caluire Outre son implication dans les campagnes de la fédération, le groupe de Caluire mène des actions de soutien au développement au Burkina Faso : programme sécurité alimentaire, forage de puits, alphabétisation. Il participera également, cette année, à la «bourse de vie» d'une jeune Malgache, déjà engagée dans son pays dans des actions de développement, et venue approfondir ses connaissances pendant l'année scolaire au Centre International d'Études pour le Déve-loppement Local, afin d'être plus efficace, dès son retour auprès des siens. Peuples Solidaires organise chaque année une journée regroupant des associations de solidarité (voir ci-dessous) et une séance de cinéma africain au Ciné-Caluire en janvier, suivie d’un débat.

Annie Chanut Peuples-solidaires-caluire.org

Journée équitable et

solidaire Dimanche 17 novembre

10h à 18h

La Ficelle (bd des Canuts) - Lyon 4

Artisanat, buffet africain, conférences,

contes, musiques...

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Page 4: L’ESPRIT CANUT Octobre 2013 n° 23

Le sculpteur Georges Salendre,

croix-roussien de cœur

Georges Salendre est né le 1er mars 1890 à Romanè-che-la-Montagne, petit village de l’Ain situé au sud de la car-rière du Grand Corent dont son père, Auguste, assurait l’ex-ploitation depuis un an. Il est le cinquième enfant d’une fratrie de sept, mais en 1906 une épidémie de typhus provoque la mort de la mère et de deux des enfants. Vers 1910 la fa-mille vient habiter au n°104 du boulevard de la Croix-Rousse ce qui per-met à Georges, qui veut se destiner à la sculpture, de s’inscrire à l’école des Beaux-Arts, où il rem-porte des médailles en 1912, 1913 et 1914. La guerre survient ; mobi-lisé comme artilleur, il participe aux campagnes de la Somme et de l’Ar-tois, se bat à Verdun et au Chemin des Dames où gravement blessé en mai 1918, il est sauvé par le professeur lyonnais An-dré Latarget. Le 13 janvier 1921, Geor-ges Salendre épouse Angélique Tardy. Le cou-ple habite d’abord 18, rue Pierre-Blanc, tandis que Georges est propriétaire de son atelier d’artiste au n°14 montée de la Butte. En 1923, il obtient un permis de construire pour une petite villa au-dessus de cet atelier, et l’année suivante il aménage dans le jardin de la maison un esca-lier métallique vertigineux qui donne accès à l’actuel cours Général-Giraud (n°20). C’est là que Georges et Angéli-que vont passer leur longue vie essentiellement consacrée à la sculpture.

Salendre n’en est pas moins engagé dans la vie publique, comme homme de gauche, se qua l i f ian t lu i -même de « communiste chrétien ». Entré très tôt dans la Résistance, à la tête du groupe Franc-tireur des Chartreux, il a constitué un dépôt d’armes clandestin dans un souterrain du quartier. Il participe à la libération de Lyon en affrontant des miliciens et

des Allemands sur les pentes de la Croix-Rousse. En outre, pendant quatre ans Georges et Angélique ont logé et caché le musicien Rudolf Walther Hirs-chberg (1889-1960) qui en hommage a composé une par-

tition intitulée Visite à l’atelier de Georges Salendre sous le pseudonyme de Pierre Monta-gne. Salendre est conseiller munici-pal de Lyon de 1953 à 1965, où, comme il le dit lui-même il intervient « pour la défense de la beauté et des sites de la ville ». Officier de la Légion d’honneur, il a reçu la médaille

d’or de la Paix et a été membre du Jury mondial de la Paix. Georges décède le 28 mars 1985 à l’âge de 95 ans ; Angé-lique le suit un an plus tard. Ils reposent dans le nouveau ci-

metière de la Croix-Rousse, sous une pierre tombale très sobre, seulement gravée d’une croix, dont la concession a été achetée par le sculpteur en 1971. A la fin de sa vie, faute d’héri-tier direct, Salendre a souhaité donner la maison et l’atelier avec tout ce qu’ils contenaient à la Ville de Lyon. Le refus de

l’adjoint à la Culture ayant été catégorique, Angélique en a fait don au Centre anti-cancéreux Léon-Bérard. La maison a été cédée à un particulier tandis que les sculptures et les maquettes de l’atelier ont été vendues aux enchères en 1987. Amoureux de la pierre qu’il connaît bien, Georges Salendre est l’un des rares sculpteurs ayant pratiqué la taille directe et ce depuis l’âge de 14 ans, et, dès les années 1920, il réussit à vivre exclusivement de son art. Bien introduit dans le milieu artistique lyonnais et dans celui des commandi-taires (en particulier Edouard Herriot), il participe à des expositions, notam-ment à Paris, Genève, Mos-cou ; il présente régulière-ment ses œuvres dans des galeries lyonnaises et au Salon du Sud-Est dont il est l’un des créateurs. Avec plus d’une soixantaine d’années consacrées à la sculpture, la production de

Salendre est considérable que ce soit en monuments publics (dont le Veilleur de pierre de la place Bellecour), monuments funéraires, bas-reliefs, por-traits, groupes sculptés, gran-des et petites statues de toute sorte. …/...

4

Projet de Proue Monumentale à ériger au confluent Rhône et Saône - Maquette

Projet de Proue Monumentale à ériger au confluent Rhône et Saône (maquette)

Page 5: L’ESPRIT CANUT Octobre 2013 n° 23

…/... La Croix-Rousse a le privilège de conser-ver un certain nombre d’œuvres fruits de commandes publiques ou sculptures don-nées par l’artiste à son quartier de prédi-lection :

- Le Monument à Xavier Privas, illustre chansonnier et poète, inauguré le 2 no-vembre 1930 dans le jardin des Char-treux, cours Général-Giraud. Il s’agit en fait d’une fontaine (actuellement hors d’usage) dont le panneau sculpté d’un portrait du chansonnier en médaillon, est surmonté d’un jeune couple assis face à face incliné l’un vers l’autre et se parlant à l’oreille.

- La Pensée (ou la Terre) en granit du Queyras date aussi des années trente. Donné par Salendre à la Ville de Lyon à la mémoire des peintres et sculpteurs disparus (Jardin des Chartreux)

- Les Couturières est une sculpture en haut-relief qui orne le premier niveau de la façade de l’Ecole de la Martinière filles, à l’angle de la rue Terme, réalisée lors de l’agrandissement de l’école en 1950.

- Le Printemps, groupe sculpté vers 1965-1970, donné par l’artiste en 1975 et installé place des Tapis. Un dessin au fusain et à la craie montre qu’il l’avait à l’origine prévu comme couronnement d’une fontaine circulaire.

- Le Chant des Canuts, inauguré (à grand bruit avec manifestations anar-chistes) à côté de la mairie du 4e arrondissement le 21 avril 1984 a été offert par Georges Salendre pour commémorer l’anniversaire de la révolte des canuts de 1834. Il s’agit de la dernière « œuvre » de l’artiste, réalisée un an avant sa mort.

En fait, ce n’est pas lui qui l’a sculp-tée (il n’était plus en état de pratiquer la taille directe), mais le statuaire José Silva da Fonseca, qui d’ailleurs a cosigné la sculpture. Celle-ci est constituée d’un assemblage de cinq blocs de pierre, ce qui n’est pas dans la manière de Salendre et confère une cer-taine lourdeur au groupe sculpté.

La Croix-Rousse est assurément le quartier de Lyon le mieux doté en

sculptures publiques de cet artiste que beaucoup de Lyonnais ignorent.

Maryannick Lavigne-Louis

Résumé de la conférence du 22 mai 2013 (Cinéma St-Denis)

Depuis la création de cette manifestation, notre association participe au collectif « Novembre des Canuts » . Cette année, le thème choisi est l’habitat. Dans le quartier, on aime à se déclarer croix-roussien de souche. Et depuis plusieurs générations si possible ! Souvent exagérées, ces affirmations témoignent de l’attachement des habitants à leur quartier. Nombreux sont ceux qui rêveraient d’y habiter : avec leurs hautes fenêtres, leurs mezzanines et leurs plafonds à la française, les appartements-canuts possèdent un cachet exceptionnel. L’environnement est très attractif et compte de nombreux services de proximité. Ce quartier véhicule une image aujourd’hui bien éloignée du faubourg laborieux et parfois insalubre du 19ème siècle… Un programme à découvrir (conférences, débats, expositions, déambulations… ) sur le site internet : http://www.novembre-canuts.fr/

Novembre des Canuts,

du 18 au 30 novembre 2013 : à vos agendas !

5

Le sculpteur à l’ouvrage

Page 6: L’ESPRIT CANUT Octobre 2013 n° 23

N

ANTOINE ET ISABELLE

Nous sommes en Espagne, en 1917.

En ce début du 20ème

siècle la1ère guerre mondiale

fait rage. L’Espagne est restée neutre mais elle subit le

contrecoup des grands mouvements de lutte des

puissances en guerre. La misère règne dans les

populations paysannes toujours soumises à une

organisation féodale. Ce demi - siècle est aussi le

théâtre de transformations industrielles. Des

technologies nouvelles apparaissent. Les

changements sont rapides : découverte des nouvelles

fibres artificielles : viscose et fil

de nylon. Les industries

chimiques développent de

nouveaux produits : l’ypérite

et, plus tard, le gaz zyklon B. En

même temps naissent et

s’étendent de grands groupes

industriels dominés par

quelques grandes familles.

C’est dans ce contexte humain,

politique et social que l’auteur

nous engage à suivre l’histoire

d’Isabella et d’Antonio. La

famille d’Isabella part de

Garrucha, petit village côtier

d’Andalousie, sur une vieille

barque pour atteindre Barce-

lone, « l’orgueilleux phare de

la Catalogne ». La famille Vi-

vès, celle d’Antonio est origi-

naire de Miravet, en Catalogne

et prendra le train pour rejoin-

dre la métropole. C’est à Barce-

lone que les 2 familles se ren-

contreront.

Antonio et Isabella se marieront quelques années plus

tard, en 1930, au retour du service militaire d’Antonio

et se confronteront ensemble aux évènements socio

politiques de la décennie suivante : la guerre d’Espa-

gne, la 2ème

guerre mondiale et l’atrocité des camps

de concentration.

L’auteur arrive à nous faire partager la vie des ses

personnages en suivant les événements de l’histoire,

il jongle entre le présent et le passé, les républicains

espagnols et la bourgeoisie lyonnaise. A l’histoire d’I-

sabella et d’Antonio, il place en miroir celle d’une

autre famille, celle des Gillet, industriels lyonnais, ca-

pitaines d’industrie, prêts à bien des compromis pour

maintenir leurs usines ouvertes. En 1914, « Edmond

Gillet et Fernand Motte prirent la tête de l’usine qui

produisit six mille cinq cents tonnes de gaz moutarde.

Tandis que Léonie Gillet, donatrice de la Croix-Rouge

et directrice de sa section lyonnaise, multipliait les

déplacements dans les hôpitaux du front arrière, l’u-

sine familiale fabriquait à grande échelle le gaz de

combat dont, dame patronnesse, elle déplorait au

même moment les dégâts ». (page 72).

En 1937, Léonie, veuve d’Edmond, est maintenue à la

tête de la dynastie Gillet. « Elle avait été invitée à Ber-

lin pour Pâques. Elle y avait dé-

couvert le résultat de quatre ans

de pouvoir concentré, le dévelop-

pement prodigieux du service du

travail et toutes les institutions

fascinantes qui célèbrent la

beauté du travail, la bienfaisance

de l’éducation professionnelle, la

vertu du sport…. » (page 335)

C’est le 6ème

roman de Vincent

Borel, journaliste devenu roman-

cier. Dans ce roman il a plongé

dans l’histoire familiale. C’est un

hommage à son grand-père An-

tonio qui a vécu dans sa chair la

guerre d’Espagne et les atrocités

du camp de concentration de

Mauthausen. Les dernières pa-

ges sont un témoignage poi-

gnant des conditions de vie ter-

rifiante des déportés. Vincent

Borel lutte contre les théories du

révisionnisme qui nient l’exis-

tence des camps. « Un jour, on

va oublier » affirmait son grand-

père.

C’est dire combien ce livre est un livre engagé. Il nous

fait part d’événements proches encore, dont nous

continuons à vivre les conséquences.

A nous d’en tirer les conclusions utiles.

Henriette Ferrier

Roman de Vincent Borel « Antoine et Isabelle »

Collection Points 2010

Le moment de lire

6

Page 7: L’ESPRIT CANUT Octobre 2013 n° 23

D r o i t d e r é p o n s e

« Lyon, le 16 mai 2013,,

Monsieur Warin,

J’ai lu attentivement le n° 22 de « l’Esprit Canut », et en particulier l’article consacré au Mur des Canuts. J’ai été très sur-

pris de son contenu. C’est pour cette raison que je me permets de vous envoyer ce courrier ce jour. Je vous propose, si vous

le trouvez opportun, que ma réponse soit publiée dans votre prochain numéro comme droit de réponse.

En effet, vous écrivez que les partenaires ont financé la réfection du mur sont des partenaires uniquement privés. Je vous

rappelle que, pour la plupart, il ne s’agit pas d’entreprises comme les autres. En effet, la banque populaire est une filiale

du crédit coopératif, et contribue ainsi à l’économie sociale et solidaire.

L’OPAC du Rhône est un bailleur social qui gère, mais aussi crée du logement pour les personnes les plus fragiles.

EDF est une entreprise qui contribue au développement de la maîtrise de l’énergie, et apporte un soutien aux personnes en

difficulté pour maîtriser leurs coûts de consommation électrique…

Vous dénoncez la sous représentation des canuts tisseurs. Le Mur des Canuts n’a pas été baptisé ainsi en mémoire des ca-

nuts, mais son nom vient du boulevard des Canuts. Ce qui est peint sur ce dernier est évidemment en rapport avec la Croix-

Rousse, d’où le rappel des tisseurs. Il s’agit surtout d’une fresque évolutive qui, à chaque renouvellement, présente la Ville

de Lyon d’aujourd’hui et de demain.

Quant au mur végétal qui serait présent pour palier « à la minéralisation grandissante du quartier », je vous répondrais

que notre arrondissement ne cesse de se verdir.

En effet, à chaque fois que nous faisons des travaux, nous plantons des végétaux en plus grande quantité et qualité qu’à

l’origine : esplanade du Gros Caillou, place des Tapis, avenue Birmingham, rive de Saône, rue Boussange, carrefour de la

rue Belfort, création du jardin Guylaine Gouzou-Testud, et prochainement la végétalisation du boulevard des Canuts.

David KIMELFELD, Maire du 4ème arrondissement de LYOG »

Janvier 2013

Pour la création d’un lieu-ressource dédié à la communauté des travailleurs de la soie*

Nous soussignés, demandons la création sur le site de la Croix-Rousse d’un lieu-ressource ouvert, dédié à l’histoire et à la mémoire des travailleurs de la soie.

Cette demande s’appuie sur un double constat : un morcellement du patrimoine canut, dispersé en de multiples lieux et instances, et une partition historique privilégiant le dix-neuvième siècle au détriment de l’histoire générale de cette communauté qui se déploie sur cinq cents ans. Cette longue histoire est porteuse de va-leurs humaines et sociales telles, qu’elle résonne encore aujourd’hui !

Il est donc important que ce lieu restitue d’abord au public une vision d’ensemble du vaste cheminement de cette communauté, dans un cadre accueillant, chaleureux et suffisamment spacieux, avant de l’orienter vers les lieux et cir-cuits offerts par les structures existantes.

Ainsi, ce lieu-ressource sera à même de répondre à la demande croissante du public envers ce patrimoine dont l’attrait a été stimulé par la mise en valeur du travail conjugué des municipalités, des associations et collectifs, des professionnels, des historiens, des chercheurs et des particuliers, qui œuvrent sans relâche pour le faire connaître.

Ce lieu pourrait aussi être investi d’autres missions telles que la formation et la transmission des savoir-faire, la conservation des patrimoines immatériel et matériel, l’étude et la recherche, la création d’initiatives et d’événements…

Ce projet, guidé par un principe de cohérence et de mise en lien, apportera au public une meilleure accessibilité et une meilleure lisibilité de ce patrimoine qu’il faut maintenir vivant.

Le collectif des rencontres

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Page 8: L’ESPRIT CANUT Octobre 2013 n° 23

Notre site internet www.lespritcanut.fr est en cours de construction...

Venez le découvrir et donner votre avis ! [email protected]

Bulletin d’adhésion à retourner avec un chèque de 18 € à :

L’Esprit Canut - Maison des Associations - 28, rue Denfert Rochereau, 69004 Lyon

�om/prénom : Adresse : Tel/mail :

Les petites bafouilles de Jacques

Comment peut-on aimer la Croix-Rousse ? Mais tout d’abord est-il possible de ne pas l’aimer ? Faut-il être croix-roussien et être répertorié sur le livre des records avec le plus d’années, voire même de générations, passées à la Croix-Rousse ? Non, bien sûr et le passé n’est qu’une accumulation de moments présents. Quand on arrive à la Croix-Rousse, on a l’impression qu’elle vous ap-partient et comme cette congierge de la cour des Voraces qui disait « j’aime tellement mon immeuble avec tous ces coins et recoins que j’ai l’impression d’en être la propriétaire et quand je balaye et passe la serpillère, j’ai la sensa-tion de lui redonner vie en caressant la pierre ». Pour aimer la Croix-Rousse, il faut être contemplatif, savoir s’asseoir sur un banc pour regarder, écouter et sentir. Regarder le mouvement des gens ou leur immobilisme. Ecouter les bruits de la rue et les attribuer à ce que l’on peut voir ou deviner, sentir le pavé mouillé quand la balayeuse arrose la rue. C’est une carte postale vivante pleine de sensations et de sensibilité.

Photo : J.Y. Quay