l’esprit canut printemps 2013 · a reçu l’esprit canut le 19 mars dernier dans la très jeune...

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Printemps 2013 n° 22 L’ESPRIT CANUT http://lesprit canut.free.fr tél :04 27 44 81 68 Directeur de la publication : B. Warin Issn n° 1959413 I nvités à cinq reprises par notre association, différentes personnes de tous horizons, ayant toutes les canuts au cœur, professionnel du tissage, président d’association, architecte, économiste, historien, universitaire, syndicaliste, élu municipal… se sont réunis pour plancher sur la meilleure façon de présenter au public la glorieuse aventure lyonnaise des tisseurs en soie et de leur communauté. Après mûre réflexion, le constat a été dressé de l’état de disper- sion des lieux actuels de présentation de ce patrimoine au public. En effet, un guide, deux musées, une maison, un collectif et trois associations ne font pas, même en les additionnant, une histoire des canuts, et ce, malgré les efforts fournis par chacun, aussi Il est grand temps d’unir nos forces et nos moyens pour présenter une histoire globale, cohérente et lisible aux publics nombreux qui se pressent pour la connaître. La municipalité, malgré son écoute et quelques interventions ci- blées, n’a pas véritablement pris la mesure de la puissance d’en- seignement de ce patrimoine « « « pour le temps présent pour le temps présent pour le temps présent pour le temps présent ». ». ». ». Elle gère au jour le jour les structures existantes sans prévoir ce qu’il en sera demain, sans perspective, sans projet, sans budget... Alors que l’intérêt du public pour cette histoire humaine monte en puissance, c’est le moment de rassembler les acteurs pour créer ici, à la Croix-Rousse, quelque chose de solide, quelque chose de beau à partir d’un lieu ouvert, de rencontre et de création. Oui, décidemment, ce patrimoine mérite le mieux. Aussi nous avons pris l’initiative de nous regrouper avec pour objectif de servir au mieux, dans toutes ses formes et aspects, le vaste patrimoine matériel et immatériel légué par les canuts. Pour cela, il est urgent de pouvoir disposer d’un local, premier Pour cela, il est urgent de pouvoir disposer d’un local, premier Pour cela, il est urgent de pouvoir disposer d’un local, premier Pour cela, il est urgent de pouvoir disposer d’un local, premier lieu commun autour duquel cette aventure multiséculaire pourra lieu commun autour duquel cette aventure multiséculaire pourra lieu commun autour duquel cette aventure multiséculaire pourra lieu commun autour duquel cette aventure multiséculaire pourra se déployer. se déployer. se déployer. se déployer. Lisez le texte que nous vous présentons au verso de cette édition, mis en forme par le collectif cité ci-dessus. Ce texte fondateur, amis lectrices et lecteurs, demande toute votre attention et tout votre soutien. Merci de votre confiance. Le Président GROUPONS-NOUS POUR DEMAIN ! Sommaire P.2 : Les Atelières ou entreprendre autrement P.3 : Une expo : Les dessous de l’Isère Une fresque en trompe-canut ? P.4 : Demain la soie pour tous ? P.5 : Prochaine conférence de l’Esprit Canut P.6 : Francis Popy, compositeur croix-roussien P.7 : Le moment de lire P.8 : Pour la création d’un lieu-ressource Ouvrage de l’exposition « les dessous de l’Isère » - Musée dauphinois—Grenoble

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Page 1: L’ESPRIT CANUT Printemps 2013 · a reçu l’Esprit Canut le 19 mars dernier dans la très jeune entreprise de lingerie et de corset-terie, née le 14 janvier 2013, et située 4

Printemps 2013

n° 22

L’ESPRIT CANUT

http://lesprit canut.free.fr

tél :04 27 44 81 68

Directeur de la publication : B. Warin

Issn n° 1959413

I nvités à cinq reprises par notre association, différentes personnes de tous horizons, ayant toutes les canuts au cœur, professionnel du tissage, président d’association,

architecte, économiste, historien, universitaire, syndicaliste, élu municipal… se sont réunis pour plancher sur la meilleure façon de présenter au public la glorieuse aventure lyonnaise des tisseurs en soie et de leur communauté. Après mûre réflexion, le constat a été dressé de l’état de disper-sion des lieux actuels de présentation de ce patrimoine au public. En effet, un guide, deux musées, une maison, un collectif et trois associations ne font pas, même en les additionnant, une histoire des canuts, et ce, malgré les efforts fournis par chacun, aussi Il est grand temps d’unir nos forces et nos moyens pour présenter une histoire globale, cohérente et lisible aux publics nombreux qui se pressent pour la connaître. La municipalité, malgré son écoute et quelques interventions ci-blées, n’a pas véritablement pris la mesure de la puissance d’en-seignement de ce patrimoine «««« pour le temps présentpour le temps présentpour le temps présentpour le temps présent ». ». ». ». Elle gère au jour le jour les structures existantes sans prévoir ce qu’il en sera demain, sans perspective, sans projet, sans budget... Alors que l’intérêt du public pour cette histoire humaine monte en puissance, c’est le moment de rassembler les acteurs pour créer ici, à la Croix-Rousse, quelque chose de solide, quelque chose de beau à partir d’un lieu ouvert, de rencontre et de création. Oui, décidemment, ce patrimoine mérite le mieux. Aussi nous avons pris l’initiative de nous regrouper avec pour objectif de servir au mieux, dans toutes ses formes et aspects, le vaste patrimoine matériel et immatériel légué par les canuts. Pour cela, il est urgent de pouvoir disposer d’un local, premier Pour cela, il est urgent de pouvoir disposer d’un local, premier Pour cela, il est urgent de pouvoir disposer d’un local, premier Pour cela, il est urgent de pouvoir disposer d’un local, premier lieu commun autour duquel cette aventure multiséculaire pourra lieu commun autour duquel cette aventure multiséculaire pourra lieu commun autour duquel cette aventure multiséculaire pourra lieu commun autour duquel cette aventure multiséculaire pourra se déployer. se déployer. se déployer. se déployer. Lisez le texte que nous vous présentons au verso de cette édition, mis en forme par le collectif cité ci-dessus. Ce texte fondateur, amis lectrices et lecteurs, demande toute votre attention et tout votre soutien. Merci de votre confiance. Le Président

GROUPONS-NOUS POUR DEMAIN !

Sommaire

P.2 : Les Atelières ou entreprendre autrement P.3 : Une expo : Les dessous de l’Isère Une fresque en trompe-canut ?

P.4 : Demain la soie pour tous ? P.5 : Prochaine conférence de l’Esprit Canut

P.6 : Francis Popy, compositeur croix-roussien P.7 : Le moment de lire

P.8 : Pour la création d’un lieu-ressource

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L e directeur de la communication des ‘’ Atelières’’ a reçu l’Esprit Canut le 19 mars dernier dans la très jeune entreprise de lingerie et de corset-terie, née le 14 janvier 2013, et située 4 petite

rue de la Rize à Villeurbanne.

Une entrée vivifiante où dominent les trois couleurs na-tionales, un atelier sans cloison, éclairé par la lumière

naturelle des verrières, des bureaux sans prétention, un accueil sympathique, simple et direct : tout d’emblée concourt à créer une ambiance de travail agréable dans l’engagement et la transparence.

Suite à la fermeture de l’usine LEJABY, l’i-dée de sauver ce sa-voir-faire s’est impo-sée parmi les membres du personnel. C’est ain-

si que le projet de création « des ATE-LIERES » a vu le jour.

Le concept de dé-part impose ‘’le made in France’’ et une démarche innovante

Produire en France des articles de qualité, grâce aux savoir-faire locaux et ainsi démontrer que la délocalisa-tion n’est pas une fatalité, même dans le domaine sinis-tré du textile.

Un appel pour une souscription a été lancé le 18 juin 2012 et les résultats ont vite été probants : 25000 €

dès le 1er mois, et 85000 € apportés au total. Devant le succès de cette souscription publique, d’autres investis-seurs privés se sont manifestés (à hauteur de 200000 €), ainsi que la région qui a financé des travaux dans l’entreprise. Ce mode original de financement a per-mis le démarrage de la fabrication, puis le règlement des salaires. L’ écart des rémunérations s’échelonne de 1 à 3, et les plus bas salaires sont de 200 à 300 € supérieurs

au SMIC.

L’entreprise a fait le choix de se structurer en S.C.I.C.

(Société Coopérative d’Intérêt Collectif) coopérative de production qui associe autour d’un projet des acteurs multiples. Les pouvoirs sont répartis en quatre collèges : - Collège des savoir-faire - Collège des fondateurs (dont 6 ex. Lejaby ) - Collège des investisseurs

- Collège des collectivités publiques

Ce statut promeut des valeurs collectives et doit avoir un double objectif : efficacité économique et dimension sociale .Les’’ ATELIERES’’ fonctionnent ainsi selon un principe coopératif d’un associé, une voix.

Le recrutement s’est effectué autour de 2 grands principes

- Adhésion des personnes aux valeurs inscrites dans cette création et participation active à la mise en œuvre de ce projet L’ atelier est organisé en ilots avec observation, et ré-

flexion de chacun sur l’outil de travail, ses possibles améliora-tions , et sur la me-

sure du temps. L’ en-treprise sollicite de la part des salariés, une attitude partici-pative (propositions et critiques). - Organisation de

la transmission : d’où le souci d’une grande hétérogénéité dans le choix des personnes (mixité, écart d’âge de 20 à 60 ans) avec

une moyenne d’âge inférieure à 30 ans.

Les effectifs sont actuellement de 19 couturières et 3 couturiers dont 2 ex .Lejaby, un directeur technique et 4 administratifs.

La fabrication est lancée !

LES ATELIERES répondent à des commandes de gran-des marques : Maison Lejaby, Agnès B. Zahia, etc… dont elles reçoivent tissus et patrons. Une des spécificités de cette jeune entreprise, c’est sa capacité à s‘adapter

à de petites commandes proposées par des structures débutant dans le luxe. Après deux mois de fonctionnement, il est difficile d’é-tablir un bilan ou de prévoir l’évolution possible à long terme : cependant, le démarrage est prometteur.

Lors de cette rencontre, nous avons vu briller des re-gards, ressenti un enthousiasme, une fierté partagée autour de cette renaissance.

Le pari d’’ENTREPRENDRE AUTREMENT’’ serait-il déjà

gagné ?

Dominique Vignon et Lucien Bergery

‘’ LES ATELIERES ‘’ OU ‘’ ENTREPRENDRE AUTREMENT ‘’

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FFFF leuron de l’industrie iséroise au XXe siècle, la leuron de l’industrie iséroise au XXe siècle, la leuron de l’industrie iséroise au XXe siècle, la leuron de l’industrie iséroise au XXe siècle, la fabrication des sousfabrication des sousfabrication des sousfabrication des sous----vêtements féminins, lar-vêtements féminins, lar-vêtements féminins, lar-vêtements féminins, lar-gement influencée par la Fabrique Lyonnaise, gement influencée par la Fabrique Lyonnaise, gement influencée par la Fabrique Lyonnaise, gement influencée par la Fabrique Lyonnaise, a laissé dans nos mémoires des marques aux a laissé dans nos mémoires des marques aux a laissé dans nos mémoires des marques aux a laissé dans nos mémoires des marques aux

noms évocateurs : Lora, Lou; Valisère ou encore Playtex. noms évocateurs : Lora, Lou; Valisère ou encore Playtex. noms évocateurs : Lora, Lou; Valisère ou encore Playtex. noms évocateurs : Lora, Lou; Valisère ou encore Playtex. Mais le savoir coudre alpin s’est exporté et les usines textiles Mais le savoir coudre alpin s’est exporté et les usines textiles Mais le savoir coudre alpin s’est exporté et les usines textiles Mais le savoir coudre alpin s’est exporté et les usines textiles ont quitté l’Isère. L’exposition retrouve la mémoire de cette ont quitté l’Isère. L’exposition retrouve la mémoire de cette ont quitté l’Isère. L’exposition retrouve la mémoire de cette ont quitté l’Isère. L’exposition retrouve la mémoire de cette industrie disparue et par ces petits morceaux d’étoffe, elle industrie disparue et par ces petits morceaux d’étoffe, elle industrie disparue et par ces petits morceaux d’étoffe, elle industrie disparue et par ces petits morceaux d’étoffe, elle retrace un siècle d’évolution des mretrace un siècle d’évolution des mretrace un siècle d’évolution des mretrace un siècle d’évolution des mœurs et de notre rapport urs et de notre rapport urs et de notre rapport urs et de notre rapport au corps et à l’intime.au corps et à l’intime.au corps et à l’intime.au corps et à l’intime. Une exposition passionnante, que nous avons parcourue Une exposition passionnante, que nous avons parcourue Une exposition passionnante, que nous avons parcourue Une exposition passionnante, que nous avons parcourue avec un immense plaisir, et une pointe d’amertume face à la avec un immense plaisir, et une pointe d’amertume face à la avec un immense plaisir, et une pointe d’amertume face à la avec un immense plaisir, et une pointe d’amertume face à la disparition de cette industrie qui employait des milliers de disparition de cette industrie qui employait des milliers de disparition de cette industrie qui employait des milliers de disparition de cette industrie qui employait des milliers de femmes.femmes.femmes.femmes. A voir absolument, en faisant un détour par Grenoble !A voir absolument, en faisant un détour par Grenoble !A voir absolument, en faisant un détour par Grenoble !A voir absolument, en faisant un détour par Grenoble ! PascalePascalePascalePascale

Exposition «Exposition «Exposition «Exposition « Les dessous de l’IsèreLes dessous de l’IsèreLes dessous de l’IsèreLes dessous de l’Isère » du » du » du » du 22 mars au 30 juin 2013 au Musée 22 mars au 30 juin 2013 au Musée 22 mars au 30 juin 2013 au Musée 22 mars au 30 juin 2013 au Musée

Dauphinois à GrenobleDauphinois à GrenobleDauphinois à GrenobleDauphinois à Grenoble

A près trois mois de travaux, le célèbre Mur des Canuts,

créé en 1987, refait en 1997, percé d'une traboule en

2002, dévoile au public sa troisième version

(inaugurée le 17 avril à 19 heures). Cette fresque en

trompe-l'oeil, une des plus importantes d'Europe par sa taille

(1200 m2), est aussi exceptionnelle par son histoire (c'est le pre-

mier mur peint lyonnais par la Cité de la Création), et par son

succès (c'est le lieu touristique le plus visité de la Croix-Rousse

selon l'Office du Tourisme).

La fierté de la Croix-Rousse

Ce statut confère une responsabilité particulière aux concep-

teurs du projet. Loin de nous de dénigrer une réalisation à la-

quelle de nombreux habitants du quartier adhèrent et qui sus-

cite souvent une certaine fierté. Qu'il nous soit cependant per-

mis, puisque cette oeuvre murale nous est présentée comme

évolutive, d'avancer quelques suggestions qui pourraient être

prises en compte pour la quatrième version ... Amis lecteurs,

n'hésitez pas à apporter votre petite touche personnelle à cette

fresque en réagissant à cet article; nous transmettrons vos avis

aux concepteurs et donneurs d'ordres concernés.

Canut où es-tu ?

Nos réserves, qui se veulent constructives, tiennent d'abord à

l'emprise grandissante de la publicité sur cette fresque. Bien sûr,

un tel projet a besoin de sponsors; ils sont assez nombreux et

chacun revendique une place en fonction de sa contribution,

mais trois d'entre eux se positionnent de façon réellement domi-

nante, au risque de troubler la lecture de la fresque et d'en faus-

ser le message.

Ainsi la Banque Populaire Rhône et Loire, qui occupait déjà un

très large espace, voit son enseigne agrandie et courir en grosses

lettres sur la totalité de la façade de l'agence. Le véhicule Re-

nault, précédemment placé tout en bas, prend de la hauteur en

devenant une voiture électrique défendant les valeurs écologi-

ques d' E.D.F. L'attention du spectateur est d'emblée captée par

cette publicité occupant le centre de l'oeuvre.

Et que dire de l'O.P.A.C. qui a chassé la boutique des rouleaux de

tissu pour proposer ses appartements dans le Vieux Lyon ou à la

Confluence ?

En conséquence, les emplacements réservés à l'évocation di-

recte des canuts tisseurs de soie sont limités à deux éléments:

l'atelier de tissage "Rêves de soie" (qui a perdu son extension)

et, plus haut, un immeuble reprenant succinctement certains

décors des "Routes de la soie" vus dans le quartier Clos-Jouve.

On peut rêver...

C'est déjà ça direz-vous ... Rappelons que la première version de

la fresque en 1987, à la gloire de Guignol, n'évoquait pas le tra-

vail des canuts !

Ne pourrait-on pas cependant faire émerger de nouveaux rêves

de soie sur ce mur? Dans la traboule peut-être qui a perdu son

défilé de costumes et qui est nue actuellement ?

…/...

Une fresque en trompe-canut ?

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DEMAI�, LA SOIE POUR TOUS ?

H IER

Voici 180 ans, à la Croix Rousse, ville ouvrière jouxtant le Lyon d’alors, 700 « négociants fabricants », faisaient travailler 8000 maîtres-ouvriers et 50000 ouvriers canuts qui tissaient la soie dans des situations difficiles, et mal payés. L’activité se développant, comme l’accroissement de la misère et des émeu-tes (1831, 1834, 1848,1885), les négo-ciants délocalisèrent les tissages vers les villes et départements limitrophes : Saint-Etienne et Tarare notamment, l’Ardèche pour la sériciculture et le moulinage, l’Ain pour le tissage industriel (Etablissements Bonnet).

Puis la chimie, fille de la soie, se dévelop-pa d’une part, pour inventer et fournir les colorants nécessaires aux tissus (Guimet pour le bleu, Gillet, Bonnet pour le noir….) et fut, d’autre part à la base de l’essor des textiles artificiels, puis synthétiques et chimiques qui concurrencèrent la soie. C’est notamment la Rhodiaceta (Vaise, Gorge de Loup) et sa maison mère Rhône-Poulenc (Saint-Fons Belle Etoile, Péage de Roussillon) qui développèrent la Viscose (à partir du bois) à Grenoble, Vaulx en Velin, Péage de Roussillon ; le Nylon et le Tergal à partir des produits

pétroliers à Saint-Fons, Vaise et Gorge de Loup, St Maurice de Beynost, (Arras et Givet dans le nord).

Ainsi, la soie, puis les textiles artificiels marquèrent puissamment la région et firent travailler des milliers de personnes jusqu’en 1975.

ET AUJOURD’HUI ?

Plus rien. Ateliers de soierie fermés, usi-nes chimiques démantelées, salariés mal-menés, déplacés, licenciés ; localités dé-vastées ; savoirs et savoir-faire perdus. Beaucoup de celles et ceux qui ont vécu ces époques, qu’ils soient du 19ème ou du 20ème siècle ne s’en sont pas remis.

Ainsi, pour la soie à de nos jours à Lyon, deux ateliers de soierie se sont installés à la Croix-Rousse, quelques artisans travail-lent à Saint-Georges, deux fondations allient du mieux qu’elles peuvent tissage et ventes pour touristes ; le salon annuel à la Chambre de Commerce de Lyon pré-sente des tissus superbes, inabordables pour les mortels que nous sommes ; le Musée des Tissus, rue de la Charité, n’a pas un mot sur le travail ; le musée de Gadagne a peu de mots sur les luttes sociales, mais juste assez pour faire peur; le « Novembre des canuts » célèbre cha-que année les canuts, dont la ville de

Lyon s’est désolidarisée par un « Label soie »….

Etonnante histoire où la « mémoire offi-cielle » oublie que des milliers de travail-leuses et de travailleurs tissèrent les soies et les tissus merveilleux qu’ils ne porte-raient pas, et dont certains préférèrent "vivre en travaillant ou mourir en combat-tant"). Rarement la lutte de classe et ses conséquences ne se sont exprimées avec des telles évidences…

Mais la soie et les textiles sont-ils dépas-sés ? L’innovation est-elle impossible ? Non, simplement délocalisés dans des pays du tiers monde où les travailleurs ne sont que des canuts du 21ème siècle : conditions de travail épouvantables avec morts à l’appui (voir les récentes tragédies du Bengladesh). Les matières utilisées pour la confection sont de mauvaise quali-té, les teintures mal fixées. Les consom-mateurs que nous sommes ne sont pas satisfaits. ET DEMAIN ? : Faisons un rêve ! Que tout le monde ait droit à la soie, au beau, au bien fini. L’uto-pie n’est pas l’irréalisable mais le pas en-core réalisé. (suite page 5)

(suite page 3)

Cette troisième version a voulu mettre en lumière l'as-

pect développement durable en "végétalisant" la partie

droite de la fresque. Les plantes et les fleurs en trompe-

l'oeil sont-elles un palliatif à la minéralisation grandis-

sante du quartier? Le trompe-l'oeil jouerait-il alors un

rôle de leurre pour le citadin en quête de verdure?

D'autres choix auraient peut-être été plus judicieux: les

feuilles de mûrier sont très belles aussi et elles auraient

pu commencer une histoire…

"Ces murs, c'est la peau des habitants" proclame un

concepteur du projet. Il est en effet émouvant d'y re-

trouver des gens du quartier et de les voir changer

d'une version à l'autre. Ainsi, la petite fille dans les bras

de son père en 1997, est maintenant une étudiante ac-

compagnée d'un jeune frère d'une douzaine d'années

qui n'était pas né dans la version précédente. Le père

lui, adolescent en 1987, est toujours là, à Vélo'v doréna-

vant... On découvre également avec intérêt de nouvel-

les figures comme le chanteur des rues Jean-Marc Le

Bihan... On peut regretter cependant une prise en

compte "à minima"de l'histoire des tisseurs de soie.

Il ne faudrait pas qu'à terme le mot canut soit vidé de sa substance

pour devenir un simple stimuli commercial et touristique.

Lucien Bergery

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(suite page 4)

Cependant, toute une somme de mémoi-res et de savoirs sont en train de se per-dre définitivement.

Est-il encore possible – réaliste ? - de re-lancer une activité signifiante de soierie ; de retrouver des procédés, des gestes productifs, des processus avec des outils nouveaux sur des bases économiques modernes, nouvelles et socialement renta-bles.

Est-il réaliste de rétablir et moderniser les enseignements techniques des textiles : des centres de formation existent encore, mais dans quel état ?

En vérité, rien n’est jamais définitif.

Pour preuve, la Région Nord-Pas-de-Calais a inauguré en octobre 2012 le Cen-tre Européen des Textiles Innovants (CETI) implanté sur Roubaix Tourcoing, zones textiles sinistrées s’il en est, au car-refour de l’Europe du Nord. Financé par l’Etat et les collectivités territoriales, soute-nu par les Grandes Ecoles, l’Université de Lille, la Caisse des dépôts, le CETI re-groupe sur un même lieu équipements de pointe et un ensemble de compétences ». C’est un « Pôle d’excellence » constitué

de 2 plates-formes, l’une pour la recher-che, l’autre abritant la grappe d’entreprises CLUTEX permettant de croiser les compé-tences en favorisant l’innovation par la recherche appliquée en rapprochant les universités et les systèmes de recherche pour construire les projets collaboratifs qui feront le textile de demain. Les enjeux industriels, sociaux, budgétaires sont considérables, comme l’est l’ambition de « changer l’image du textile pour en faire un matériau innovant tourné vers l’avenir dans des marchés de pointe diversifiés, créer de la richesse et de l’emploi, attirer des investisseurs et générer des profits afin de s’autofinancer ».

Lors d’une visite au Musée de la Soie de la ville ardéchoise de Lagorce, notre atten-tion fut attirée par une affiche officielle de 1921 encourageant les habitants à prati-quer la sériciculture comme complément d’hiver de l’activité agricole d’une part, tout en contribuant (déjà) à la réduction du déficit budgétaire de la balance commer-ciale de la France. Beau clin d’œil ! Bien entendu, 1921 n’est pas 2013. Mais n’est-ce pas l’expression avant la lettre du « produisons français ». Encore faut-il en avoir les volontés ! N’est-ce pas d’actualité ?

Penser de nouvelles fibres, allier la soie aux autres fibres synthétiques et naturel-les, reprendre grâce au CETI et jusqu’à leur aboutissement les travaux exploratoi-res des années 1975-1985 : des ARCT de Roanne (fils de soie enrobés de fils syn-thétiques). Explorer des nouvelles applica-tions techniques et vestimentaires car la soie possède des caractéristiques excep-tionnelles, encore inexploitées !

Et puis « tout le monde a le droit de péter dans la soie » comme disait ma grand-mère ! Jean-Paul Prévost

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PROCHAINE CONFERENCE

PROPOSEE PAR L’ESPRIT CANUT

N ous avons le plaisir de vous présenter la

prochaine conférence de

Maryannick Lavigne-Louis Directeur honoraire du Pré-inventaire des monuments et

richesses artistiques du Rhône

"L’empreinte de Georges Salendre à

la Croix-Rousse"

Georges Salendre (1890—1985), Sculpteur sur Lyon et sa région,

qui nous a laissé de nombreuses œuvres comme « Le veilleur de

pierre » (place Bellecour) , « le chant des canuts » (près de la

mairie du 4e) ou encore « les couturières » (Lycée la Martinière)

Le 22 mai 2013, Cinéma Saint-Denis, 20 h (77 grande rue de la Croix-Rousse - Lyon 4e)

Entrée : 5 €

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L a conférence organisée par l'Esprit Canut et présen-tée par guy Claudey, le 20 février au cinéma Saint-Denis, nous a permis de mieux connaître Francis Popy.

De la maçonnerie au tissage.

Son père, Vincent Paupy, arrivé vers 1852 de sa Creuse natale pour s'embaucher comme maçon saisonnier à la Guillotière, va fina-lement être adopté par la communauté des travailleurs en soie après son ma-riage avec une tisseuse et son installa-tion 7 rue du Sentier à la Croix-Rousse, (actuellement au 7 de la Place Comman-dant-Arnaud). A sa naissance, en juillet 1874, François-Joseph dit Francis, est enregistré avec l'orthographe "Popy" qui restera ainsi, apportant sa petite touche d'artiste au nom du futur compositeur.

Jeunesse musicale et militaire.

La musique, le petit Francis la découvre très tôt grâce à son père qui dirige un orchestre amateur dans le quartier et qui n'hésite pas à inscrire son fils au Conservatoire. C'est donc tout naturellement qu'en 1893, après s'être engagé dans le 74ème régiment d'infan-terie de Rouen, Francis Popy y est nom-mé "soldat musicien". Quelques années plus tard, il commence à proposer ses propres compositions à sa formation. Nommé sous-chef de musique au 41ème régiment d'infanterie à Paris en 1896, il adhère la même année à la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs de Musique).

Retour progressif à la vie civile.

Son souci d'originalité et sa curiosité l'incitent à aborder d'au-tres genres que la musique militaire. La Belle Epoque est aussi l'âge d'or des musiques de genre où triomphent la valse, la polka et la mazurka. Le compositeur n'est pas insensible non plus à la couleur exotique véhiculée par les expositions internationales et coloniales de la fin du siècle.

A son affectation au 99ème régiment d'infanterie à Lyon en 1900, Francis Popy est autorisé à mener une carrière civile pa-rallèlement à son engagement militaire. Il est ainsi appelé à as-surer la direction de l'Orchestre du Théâtre des Célestins et suc-cède au chef Alexandre Luigini à la tête de la Fanfare Lyon-naise. C'est avec cette formation qu'il remporte trois premiers prix au concours international de Turin. En 1902, âgé de 28 ans, il épouse Marie-antoinette Bussière avec laquelle il aura quatre enfants. Il s'installe à Belleville-sur-Saône en 1909, une fois libéré de ses engagements militaires. Pêche à la ligne et composition.

Francis Popy prend alors la direction de l'Harmonie de Ville-

franche où, sur le kiosque de la place de la Sous Préfecture, sont donnés de brillants concerts et créés des pièces célèbres comme "Suite orientale" ou "Suite de ballet". Souffrant de bronchite chronique, Francis Popy est réformé lors de la mobilisation de 1914.

La paix revenue, il se lie d'amitié avec un jeune banquier de Belle-ville: Paul Comte. Deux passions communes réunissent les deux

hommes: la musique et la pêche. C'est une période féconde pour le compositeur qui élargit encore sa palette musicale en l'ou-vrant à des rythmes venus d'Outre-Atlantique comme le fox-trot, le one-step ou le triple-boston. C'est sous le pseudo-nyme d'Henry Staz que Paul Comte et Francis Popy signent une soixantaine de pièces pour fanfares et harmonies et la mise en musique de nombreuses chan-sons.

Une oeuvre qui compte.

Francis Popy, que l'on a parfois surnommé le "Watteau de la musique de genre", a connu son heure de gloire dans la région mais aussi dans toute la France et au-delà des frontières, jusqu'aux Etats-Unis.

L'oeuvre est importante (malgré le décès du compositeur à l'âge de 54 ans) : on ne compte pas moins de 401 compositions orchestrales, 144 chansons mises en mu-

sique, des oeuvres pour piano seul…qui ont longtemps figuré au programme de fanfares ou d'harmonies mais aussi parfois d'orches-tres symphoniques (à Berlin et à Vienne en particulier). Cette musi-que, simple mais rigoureuse, représente bien l'idéal de l' auteur: réunir dans une forme légère et accessible, une écriture harmonique inventive et exigeante, contribuant ainsi à rapprocher "grande musi-que" et musique populaire. Ce compositeur, injustement oublié, a cependant connu un retour inattendu en 1998, à la sortie du film "Le Titanic". Une valse de Francis Popy, "Sphynx?", aurait été jouée à bord juste avant le naufrage ... Monsieur Claudey dément cette in-formation, cette confusion s'expliquant, selon lui, par le fait que "Sphynx?" était au programme des morceaux joués sur les bateaux de la "White Star Line", compagnie à laquelle appartenait le Titanic. On peut cependant se réjouir de ce regain d'intérêt pour un compo-siteur qui peut encore bercer notre nostalgie de légèreté. L'Esprit Canut tient à remer-cier l'harmonie "Les Enfants d'Orphée" qui s'est généreu-sement déplacée pour jouer "Sphynx?" sur scène, ainsi que quelques autres mor-ceaux de son répertoire, au grand plaisir du public. Lucien Bergery

Francis Popy, compositeur croix-roussien

de la Belle Epoque

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G abriel Chevallier, écrivain né à Lyon en 1895 et mort à Cannes en 1969, est

surtout connu pour son épopée beaujolaise: Clochemerle, et sa suite Clochemerle Babylone dont le cinéma s'est emparé avec Fernan-del dans Le Chômeur de Cloche-merle. Le succès populaire de cette saga villageoise, sur fond de rivalité entre "laïcards" et "grenouilles de bénitiers" autour de l'érection d'une pissotière, ne manque pas de souf-fle, et la verve comique ne masque pas l'efficacité de la satire. On peut cependant regretter que la postérité se soit parfois trop limitée à ce best-seller pour assurer la gloire de l'auteur. Car, de toute évidence, Gabriel Chevallier est un écrivain majeur. L'un de ses premiers ro-mans, La Peur, publié en 1930 et qui relate son expérience de l'indici-ble de la souffrance et de l'abomi-nation sur les champs de massa-cres de l'Artois et du Chemin des Dames, est assurément l'un des plus grands livres jamais écrits sur la guerre de 14. Dans un autre registre, le récit de ses souvenirs d'enfance et d'adolescence dans Chemins de Solitude et Carrefour des Hasards, est une évocation pleine de délicatesse et de sensibi-lité de la ville de Lyon dans les pre-mières années du XXème siècle. En plus de ces titres, Gabriel Chevallier a composé une quin-zaine d'oeuvres, souvent mécon-nues et difficiles à trouver. C'est pourquoi la réédition de Mascarade en livre de poche est une aubaine à ne pas laisser passer. Mascarade réunit cinq nou-velles publiées en 1948. Le titre du recueil est bien choisi: ce sont en effet cinq portraits-charges qui sont proposés au lecteur, cinq person-

nages fascinants dans leur déme-sure ou leur médiocrité, des hom-mes ou des femmes affublés de vices inexpugnables ou dissimulant des forfaits inavouables. On sourit facilement au fil des récits devant cette soif inextinguible d'or, de res-pectabilité ou de gloire. Mais Ga-briel Chevallier ne limite pas son projet à la peinture de l'excentricité ou de la bizarrerie humaine; cha-que nouvelle se compose de plu-sieurs mouvements: on commence sur un mode mineur, dans une forme de banalité, pour basculer peu à peu dans le sordide ou le tragique. Ainsi chaque masque tombe l'un après l'autre, pour lais-ser place au regard lucide et dé-senchanté de l'auteur que les monstruosités de l'histoire hantent encore. En lisant ce recueil, vous cô-toierez Tante Zoé, vieille fille tyran-nique dont la bigoterie et les sima-grées bourgeoises ne parviennent pas à dissimuler l'égoïsme, l'ava-rice et la profonde méchanceté. Dans Le Perroquet, l'argent aussi est le déclencheur du drame, et vous suivrez les efforts dérisoi-res de Mourier pour survivre au crime qu'il a commis. Avec Le sens interdit, vous ferez connaissance avec Dubois, brave ouvrier parisien, plutôt hostile à l'occupation allemande, et qui va soudain, après une simple alterca-tion avec un agent de police provo-quant en lui un sentiment d'injus-tice, se plonger dans le marché noir en collaborant avec les autorités allemandes. Dans Le Trésor, un ancien combattant consacre ses dernières forces à essayer d'exhumer le tré-sor qu'il avait enterré avant la guerre.

Mais la nouvelle qui vous laissera la plus forte impression est assurément la première du recueil: Crapouillot, sobriquet donné à leur colonel par les soldats d'un régi-ment du front des Vosges en 1917. Ecrit dans une langue truculente d'humour noir, ce portrait de va-t-en guerre qui "veut des morts" pour "faire sérieux" dépasse en termes de grotesque, d'horreur et de dé-goût, tous les décorés brocardés par Bardamu dans Voyage au bout de la Nuit de Céline. "Ce monde-ci est une pauvre mascarade". Cette phrase de Vol-taire est citée par l'auteur en exer-gue de son recueil. Il est vrai que la première "grande boucherie" du XXème siècle, qui devait être la "der des der", et toutes les guerres qui ont suivi, n'incitent pas à l'opti-misme. Gabriel Chevallier soulève les mas-ques pour révéler la face cachée de la nature humaine ; son mérite est de le faire avec humour… La légèreté du désenchante-ment. Elbé

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« Mascarade » de Gabriel Chevallier

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Bulletin d’adhésion à retourner à L’Esprit Canut, Maison des Associations

28 rue Denfert Rochereau, 69004 LYON (tel 04 27 44 81 68)

avec un chèque de 18 €

�om / Prénom : Tél/mail :

Adresse :

Janvier 2013

Pour la création d’un lieu-ressource dédié à la communauté des

travailleurs de la soie*

Nous soussignés, demandons la création sur le site de la Croix-Rousse d’un lieu-ressource ouvert, dédié à l’histoire et à la mémoire des travailleurs de la soie.

Cette demande s’appuie sur un double constat : un morcellement du patrimoine canut, dispersé en de multiples lieux et instances, et une partition historique privilégiant le dix-neuvième siècle au détriment de l’histoire générale de cette communauté qui se déploie sur cinq cents ans. Cette longue histoire est porteuse de valeurs humaines et sociales telles, qu’elle résonne encore aujourd’hui !

Il est donc important que ce lieu restitue d’abord au public une vision d’ensemble du vaste cheminement de cette communauté, dans un cadre accueillant, chaleureux et suffisamment spacieux, avant de l’orienter vers les lieux et circuits offerts par les structures existantes.

Ainsi, ce lieu-ressource sera à même de répondre à la demande croissante du public envers ce patrimoine dont l’attrait a été stimulé par la mise en valeur du travail conjugué des municipali-tés, des associations et collectifs, des professionnels, des historiens, des chercheurs et des particuliers, qui œuvrent sans relâche pour le faire connaître.

Ce lieu pourrait aussi être investi d’autres missions telles que la formation et la transmission des savoir-faire, la conservation des patrimoines immatériel et matériel, l’étude et la recherche, la création d’initiatives et d’événements…

Ce projet, guidé par un principe de cohérence et de mise en lien, apportera au public une meilleure accessibilité et une meilleure lisibilité de ce patrimoine qu’il faut maintenir vivant.

Le collectif des rencontres

Nom : Prénom : Signature :

* Ce texte est issu de la réflexion collective des participants réunis à l’initiative de l’Esprit Canut (texte à photocopier et à renvoyer à l’adresse de l’association après avoir signé)