l'escoubo n°10 - février 2005

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À voir, à faire au cœur de notre terroir... Trimestriel gratuit - numéro 10 - février 2005 La vie des gens au cœur de notre terroir L’ESCOUBO Gard rhodanien, Haut-Vaucluse, Drôme provençale, Ardèche méridionale Magazine Art urbain Mireille mise en scène de Michel Gelas Nuite de la guirare Vous avez dit du balai... Crème de marron ?

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La vie des gens au coeur de notre terroir :Gard rhodanien, Haut-Vaucluse, Drôme provençale, Ardèche méridionale

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Page 1: L'escoubo n°10 - février 2005

À voir, à faire

au cœur de notre terroir...

Trimestriel gratuit - numéro 10 - février 2005

La vie des gens au cœur de notre terroir

L’ESCOUBOGard rhodanien, Haut-Vaucluse, Drôme provençale, Ardèche méridionale

Magazine

Art urbain

Mireille mise en scène de Michel Gelas

Nuite de laguirare

Vous avez ditdu balai...

Crème de marron ?

Page 2: L'escoubo n°10 - février 2005

>> Éditorial page 3

>> JeuUn pont dont le temps n’est pas suspendu page 2

>> JeuxJuste un petit morceau page 2Les mots croisés page 15

>> NostalgieAujourd’hui : calcul page 3

>> Art urbainArt, tags ou grafs ? page 4

>> La cuisine de notre terroirJarret d’agneau à l’avignonnaise page 8

>> Au dessus de notre terroirLe « point de vue » de Philippe Chaupin page 4

>> ThéâtreMistral Gelas, un lien solide page 5

>> ReportageLa farine des arbres page 7

>> Sport et handicapLe nouveau défi d’Yves Pol page 8

>> MusiqueLe sel de la Country page 12Nuit de la Guitare page 12

>> RécitLes contes du maset pages 9, 10, 11

>> LectureÀ propos d’un auteur de chez nous page 6

>> DivertissementVoyage page 13Hé bé ! page 2D’où ça vient page 13La phrase célèbre page 15Poésie : Le naufrage des fromages page 15Un pseudo célèbre page 15Les marques de balais page 3

2

De part son succès grandissant, vous n’êtes pas sûr

de trouver régulièrement votre magazine dans un

des 300 dépôts des 30 villes et villages où celui-ci est

diffusé. Pour pallier à ce problème : Abonnez-vous !

Abonnement,mode d’emploi...Notez sur papier libre : votre nom, prénom, adresse

complète et numéro de téléphone, accompagnés

d’un chèque d’un montant de 10 ¤, couvrant uni-

quement les frais d’envoi pour quatre numéros, à

l’ordre de l’Escoubo à l’adresse suivante :

l’Escoubo, 9, rue Saint-Louis, 84860 Caderousse.

Bonne lecture !

>> Sommaire

Hé bé !Tintin a deux amis très connus en France sous

les patronymes de Dupont et Dupond. Mais,

dans d’autres régions ou pays, savez-vous com-

ment ils se nomment ?

Voici quelques exemples !

Bretagne : Braz et Bras, Espagne : Hernandez et

Fernandez, Angleterre : Thomson et Thompson,

Hollande : Jansen et Jansens, Bernois : Hueber et

Grueber, Arabe : Tik et Tak, Grèce : Ntupen et

Ntupent, Pologne : Tajuniak et Jauviak, Japon :

Dupont et Duvont.

Les aventures de Tintin,l’île noire, par HERGÉ aux éditions CASTERMAN.

Page 3: L'escoubo n°10 - février 2005

En 1960 on pouvait lire sur le tableau noir de notre classe : Un

paysan vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Ses frais

de production s’élèvent aux 4/5 du prix de vente. Quel est son

bénéfice ? Dès le début des années 70, juste après les événe-

ments de mai 1968, tout étant, soi-disant, trop difficile pour les

pauvres petits écoliers, l’énoncé se simplifiait ainsi : Un paysan

vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Ses frais de pro-

duction s’élèvent aux 4/5 du prix de vente, c’est-à-dire 80 F. Quel

est son bénéfice ? Mais rappelez-vous mes chers camarades de

classe, les maths modernes avec leurs fameux « ensembles »

sont arrivés et là ce fut beaucoup plus simple : Un paysan échan-

ge un ensemble « P » de pommes de terre contre un ensemble

« M » de pièces de monnaies. Le cardinal de l’ensemble « M »

est égal à 100 et chaque élément sygma de « M » vaut 1 F.

Dessine 100 gros points représentant les éléments de l’en-

semble « M ». L’ensemble « F » des frais de production com-

prend 20 gros points de moins que l’ensemble « M ».

Représente « F » comme un sous-ensemble de « M » et donne

la réponse à la question : quel est le cardinal de l’ensemble « B

» des bénéfices, (à dessiner en rouge). Dès les années 80, les

mathématiques n’avaient pas, aux yeux de certains une place

prépondérante dans la vie scolaire. Cette place était surtout lais-

sée à la réflexion zen à l’échange et à la rénovation de l’ensei-

gnement. Aussi notre énoncé devenait : Un paysan vend un sac

de pommes de terre pour 100 F. Les frais de production s’élèvent

80 F et le bénéfice est de 20 F. Devoir : souligne les mots «

pommes de terre » et discutes-en avec ton voisin. Pendant les

années 90 les élèves des années 60 et 70 sont devenus des profs

et tout permettait de penser que l’on retrouve avec plaisir notre

cher « calcul ». Mais c’était sans compter sur la grande réforme

de l’enseignement qui prit une tournure politique en négli-

geant l’essentiel : Un péizan kapitalist privilégié sanrichi injus-

temant de 20 F sur un sac de patat. Analiz letekst et recherch lé

fôte de contenu de gramère d’ortograf de ponktuassion et

ansuite di se ke tu panse de cête maniaire de sanrichir. Toujours

dans les années 90, l’ordinateur fait son entrée dans les établis-

sements scolaires et le langage s’informatise : Un producteur de

l’espace agricole câblé consulte en conversationnel une data-

bank qui display le day-rate de la patate. Il load son progiciel de

computation fiable et détermine le cash-flow sur écran bit-map

haute résolution. Dessine avec ta souris le contour intégré 3D du

sac de pommes de terre puis logue-toi au réseau Arpanot par le

code 3615 B.P. (Blue Potatoe) et suis les indications du menu

pour piloter le graphe sur ta super imprimante laser. Enfin !

Voici les années 2000 qui fortes de ces 40 années de recherches

du meilleur enseignement possible, arrivent avec l’espoir que

tout va se remettre en marche d’une façon raisonnable. Ainsi

l’énoncé devient : Qu’est-ce qu’un paysan ?

Bien sage le directeur de la publication

Chères lectrices, chers lec-

teurs. Tout en vous sou-

haitant une très bonne santé

pour cette nouvelle année, je

pense aussi vous souhaiter

une grande sérénité, car il en

faut dans ce monde de plus

en plus fou : des catastrophes

démoniaques, un avion

monstrueux de 800 places,

des guerres qui n’en finissent

plus, une maman de 67 ans,

une sonde interplanétaire à

plus de 1,2 milliards de kilo-

mètres, sans compter : les

enlèvements, les kamikazes,

un condamné de plus exécuté

au US, les tortures, la misère...

Ah bon ! La misère aussi en

fait partie de ce monde un

peu fou ? Oui monsieur ! Et

c’est cette catastrophe en Asie

du sud-est qui m’y a fait pen-

ser. Comment ça ? Eh bien !

Figurez vous que j’ai fait un

calcul : 165 000 victimes du

tsunami c’est horrible ! Mais

savez-vous que tous les jours,

23 500 personnes meurent de

malnutrition et qu’au bout

d’une semaine ce fléau fait

autant de victimes qu’un tsu-

nami. Vous voulez dire qu’en

un an la misère emporte un

nombre de victimes équiva-

lent à 52 tsunamis. Eh oui,

monsieur ! Mais alors, il ne

faut pas que la solidarité

mondiale s’arrête ! Je suis

d’accord avec vous, mais, il ne

faut pas y penser tous les

jours sinon on ne s’amuserait

plus ! Heureusement, il y a :

les soldes, la star’ac, la ferme

des célébrités, qui veut

gagner des millions ? etc. Ah !

Vous vous trouvez que ça

réconforte ? Eh bien pas moi !

Au revoir monsieur ! J’oubliai

de vous dire : ce matin bien

au chaud sous ma couette j’ai

entendu que trois sans abri

venait de mourir de froid sur

le trottoir ! Allez, bonne jour-

née !

3

Yves Furic

Les marques de balaisEncore une marque de balais qui après la deuxième guerre

mondiale se devait de donner un nom marquant, précisant ainsi

jusqu’à quel point nos anciens avaient donné un sérieux coup «

d’escoubo » afin de nous débarrasser de l’envahisseur.

Fabriqués dans le triangle magique de Lapalud, Courthézon et

Caderousse, les balais qui partaient, en grande partie et ceci

d’après certains anciens, dans les arsenaux de la côte méditer-

ranéenne, font la preuve que le savoir-faire de notre terroir s’ex-

portait même au-delà des mers.

>> Éditorial >> Nostalgie

Aujourd’hui calcul !

Page 4: L'escoubo n°10 - février 2005

L’art urbain est entré dans

les mœurs, mais la confu-

sion persiste dans les termes.

Les avis sont partagés : « J’en

ai repéré un hier soir !

J’attends qu’il grandisse, qu’il

ait des enfants, qu’il s’achète

une maison et ensuite, j’irai

écrire sur ses murs. On verra

bien s’il apprécie ! » Me dit le

propriétaire d’une villa dont

le mur d’enceinte est tagué.

Est-ce la colère, le ras-le-bol

ou les deux à la fois ? « Si per-

sonne ne les dérangeait, ils

auraient le temps de fignoler

! » dit une autre personne

sensible à l’art en général,

mais habitant dans un

appartement. Les avis sont

décidément très partagés.

Démuni devant ce fait de

société, les pouvoirs publics

ne savent que faire. Interdire

n’est certainement pas une

bonne solution puisque ça les

démange encore plus. Peut

être des murs mis à la dispo-

sition des artistes ? Oui des

artistes ! Car il ne faut pas

confondre tags et grafs. Le

dictionnaire prend là toute sa

valeur : un graffiti est une

inscription ou un dessin grif-

fonné à la main sur un mur.

Pourtant le même diction-

naire définit le verbe griffon-

ner en ces termes : Écrire très

mal ou hâtivement. Doit-on

en déduire qu’un graffiti est «

l’œuvre » d’un mauvais

artiste ? Certainement ! Mais

le tag alors ? Eh bien ! Là

aussi le dictionnaire remet les

choses à leur place, car la déf-

inition commence ainsi : Tag :

graffiti tracé ou peint. Nous

revoilà avec le mot graffiti et

de ce fait, on à le droit de

penser que nos académiciens

sont eux aussi un peu dans le

pâté. En tout cas, si effective-

ment les avis sont partagés à

ce sujet, et que le travail et le

bien d’autrui doivent être

respectés, il n’en est pas

moins que, telles les illustra-

tions de notre article, quand

comme à Toulon, des murs

sont mis à la disposition des

jeunes artistes, il en ressort

des fresques très riches en

couleurs, d’une imagination

débordante, d’une finesse et

d’une précision incroyable.

Ajouté à cela que l’outillage

nécessaire réduit à une sim-

ple bombe de peinture d’un

prix exorbitant, montre bien

qu’à ce niveau artistique, les

tags libres sur des supports

adaptés peuvent être de véri-

tables œuvres d’art. Alors à

quand les expositions dont

les œuvres ne seront pas aux

cimaises mais les cimaises

elles-mêmes ?

Yves Furic

Art, tags ou grafs ?

4

>> Art urbain

Si un jour en vous prom-

enant vous apercevez dans

les airs un gros rond jaune, ne

croyez pas à un OVNI ni à la

lune. Non ! Rapprochez-vous

et vous verrez tenant la

ficelle, un jeune homme qui

n’a rien d’un rigolo ni d’un

hurluberlu en quête de sensa-

tionnel. Philippe Chaupin

vient de monter sa petite

entreprise. À 11 ans déjà, il

pratique l’aéromodélisme,

mais c’est à 12 ans, qu’il con-

struit sa première

Montgolfière. Il brûle aussi sa

première moquette en util-

isant dans une boite de con-

serve de l’alcool à brûler.

Après des études de droits et

de sciences éco, en 1999, il

crée à Brighton en Angleterre

une structure de vente de

Champagne. Mais le grand air

le rappel à son bon souvenir

et notre Géo-trouvetou, dès

2000, revient à son rêve :

réaliser des photos aériennes.

En 2002, il pratique de nou-

veaux essais avec de l’hélium

et invente une nacelle mobile

et réglable soutenant un

appareil numérique avec ren-

voi d’images au sol. Philippe

explique que ce système est

écologique et sans risque

puisqu’il n’utilise pas de

moteur, qu’il travaille depuis

le sol et que tout cela est

totalement silencieux. Toutes

prises de vues est possibles

jusqu’à 150 m d’altitude. Il

peut opérer sur de nombreux

sites comme des chantiers,

des paysages, des maisons

individuelles, des entreprises,

des forêts, des sites archéo-

logiques, etc. Beaucoup

moins coûteux que la prise de

vues aériennes classiques

avec avion ou hélicoptère, la

prise de vues par mont-

golfière devrait devenir une

belle entreprise et

souhaitons, comme dit

Bashung, qu’elle ne connaisse

pas la crise.

Yves Furic

Philippe Chaupin 81chemin des oliviers

84440 ROBION Tél. : 06 82 29 40 34

Le point de vue de Philippe Chaupin

>> Au-dessus du terroir

Page 5: L'escoubo n°10 - février 2005

Né à Maillane en 1830,

Frédéric Mistral se lie dès

l’adolescence avec Joseph

Roumanille. Il consacre son

génie à illustrer les beautés

de la Provence et à faire

renaître sa langue (cf. Mesorigines, mémoires et récits,1906). Se voulant « humble

élève du grand Homère » il

commence en 1851 un poème

épique en douze chants,

Mireille (Mirèio 1859) qui

évoque des passions soumis-

es à une fatalité toute roman-

tique dans le cadre puissam-

ment réaliste de la Provence

rhodanienne. Il faut noter

que Mistral l’associe à la

Vierge : « Je suis persuadé

que « Mirèio » est le nom

même de Marie, dérivant de

l’hébreu Myriam et

provençalisé par les juifs de

Provence, très anciens dans le

pays ». « Mireille » est salué

par le monde entier comme

un chef-d’oeuvre. Lamartine

salue la « majestueuse sim-

plicité » de cette œuvre que

Ch. Gounod adapte au théâtre

lyrique en 1864. Un des sept

félibres depuis 1854, Mistral

donne en 1886 une seconde

épopée rustique où le

merveilleux côtoie le pit-

toresque, Calenda (Calendau).Au recueil lyrique Les Îles d’or(Lis Isclo d’or, 1876) d’une

grande richesse verbale, suc-

cède en 1878, un vaste lexique

embrassant les divers dia-

lectes occitans modernes : leTrésor du félibrige, destiné à

aider le peuple des « pastre e

gènt di mas » à reconquérir

sa langue. Après Nerte (Nerto,1884) « poème avignonnais »

inspiré d’une légende médié-

vale et après un drame his-

torique, La Reine Jeanne (LaRèino Jano, 1890) il préfère

donner avec Le Poème duRhône (Lou pouèmo dou Rose,

1897) un tableau allégorique

de la Provence qui doit

évoluer sans renier ses légen-

des et ses traditions. Dans son

dernier recueil, Les Olivades(Lis Oulivadou, 1912) plus que

représentant de « l’idée

latine », Mistral s’affirme

comme le grand écrivain qui

sut « par l’influx et la flamme

de la divine poésie » évoquer

la figure éternelle de la

Provence. Après la mas du

Juge et la maison du Lézard,

Frédéric Mistral n’habite

qu’une seule maison jusqu’à

sa mort, celle qu’il occupe

avec son épouse .Entourée

d’un jardin, elle se situe en

face de la maison du Lézard

où réside sa mère. Mistral n’en

bouge plus, recevant de très

nombreuses visites. La plus

surprenante vient de Buffalo

Bill qui franchit l’océan pour

venir saluer le poète. Il laisse

son chien en cadeau à Mistral.

Cette rencontre explique que

quelques années plus tard

des indiens viennent rencon-

trer Mistral dont les écrits ont

eux aussi franchit l’océan.

Frédéric Mistral s’éteint en

1914. Dans sa maison de

Maillane, devenue musée, on

peut découvrir l’arc et les

flèches offerts par les Sioux

au grand poète.

Illustre poète

5

>> Culture

Le 10 décembre 1904, il y a de cela cent ans, Frédéric

Mistral recevait le Prix Nobel de littérature.

Frédéric Mistral dédia ce prix au musée ethnographique provençalappelé « Muséon Arlaten » musée à Arles, qu’il fonda en 1899.

Mistral, Gelas,un lien solide

L’œuvre de Mireille reste pour beaucoup méconnue voire

oubliée, à l’exception de l’opéra qu’en avait fait Gounod.

Mireille est une grande fresque romantique et initiatique qui

se déroule en Provence et l’exalte dans toute sa splendeur.

Deux jeune gens : Mireille, fille d’un riche fermier de la Crau,

et Vincent, un pauvre vannier s’aiment. Les prétendants de

Mireille, la loi sociale, l’argent les séparent.

Dans une maison près du Rhône, où j’ai grandi, Frédéric

Mistral, Théodore Aubanel, Joseph Roumanille et tant d’autres

poètes de notre Provence venaient régulièrement festoyer, lire

leurs derniers écrits que le fleuve très proche emportait sans

doute jusqu’au Delta afin que tous les oiseaux de Camargue

s’emparent de ces paroles chargées de Provence pour les

porter aux quatre coins du monde. Cette maison, celle de mes

parents, était autrefois l’Auberge du Chêne Vert. En con-

séquence de quoi, une fois passée l’enfance où l’évocation de

Mistral me faisait rêver, sans évidemment l’avoir jamais connu,

ni même l’avoir lu, avec Camus, Breton et quelques autres, je

découvris dès mes premiers vagabondages littéraires le verbe

mistralien. Je devais porter au théâtre cette parole. Et c’est

parce qu’elle me nourrit, parce que je la respecte et l’aime et

parce que je veux qu’elle soit entendue par le plus grand nom-

bre dans une époque où beaucoup de valeurs mistraliennes

sont en passe d’être oubliées, que je porte ces chants à la

scène, dans une scénographie et une direction d’acteurs tout à

fait contemporaines.

Dans une boite de nuit, un jeune « DJ » devant ses platines

devient follement amoureux d’une toute jeune fille. Pour lui

dire son amour, il va lui offrir le récit de Mistral; il deviendra

Vincent, elle sera Mireille. Les grands poèmes provoquent à

l’amour, là est la piste que je suivrai. Il va sans dire que malgré

le grand respect que j’ai pour le folklore provençal en général

et le Félibrige en particulier, ce spectacle est d’aujourd’hui

comme Mistral est de toujours. Une création loin de toute

reconstitution historique. Très loin même de ce monde qui se

déploie aujourd’hui sous le soleil tout à fait différent de ce

qu’il pouvait être, lorsque de l’Auberge du Chêne Vert on se

rendait à pied sous les hauts peupliers de cette berge du

Rhône où les aubergistes tenaient au frais de grandes nasses

d’osier gorgées de poissons vifs. Des nasses tressées peut-être

par Vincent le vannier, qui sait ?

Gérard Gelas

J’ai vu la pièce !

Quand je titre : « j’ai vu la pièce ! » ce ne peut être qu’un euphémis-

me, car en fait, je l’ai bue, je l’ai dégustée, j’ai pleuré, j’ai ri, j’ai voya-

gé dans toute notre région en compagnie de Frédéric Mistral et des

deux fabuleux acteurs que sont Alice Belaïdi et Damien Rémy. Des

petits rires innocents de Mireille à l’écoute de son amour naissant

avec Vincent aux colères de son père jusqu’à sa rencontre avec les

Saintes, font de cette adaptation et mise en scène de Gérard Gelas un

lien solide à toute l’œuvre de Frédéric Mistral. Chapeau bas !

Yves Furic

Page 6: L'escoubo n°10 - février 2005

6

Une entreprise à valeur humaine

>> Initiative

Une chose est sûre : si vous voulez acheter un vrai balai, une balayette

digne de ce nom ou une aile de pigeon en paille de millet pour balayer

le bord de la cheminée ou les miettes laissées sur la table de la ferme,

vous ne pouvez aller ailleurs que dans l’atelier de fabrication de balai de

cette Entreprise Adaptée située sur la zone artisanale de Lapalud au

bord de la mythique Nationale 7. Si la fabrication des balais est menée

de mains de maîtres par deux artisans baletiers, l’aide apportée autour

de cette activité est l’œuvre de 22 travailleurs handicapés qui contri-

buent à travers des tâches très précises à la qualité des produits finaux.

Une Entreprise Adaptée est un lieu d’insertion qui permet à des per-

sonnes handicapées productives mais non compétitives, d’accéder à une

pleine citoyenneté par la pratique d’un travail salarié adapté. C’est la loi

du 23 novembre 1957 qui officiellement créé ce que l’on appelait alors

les ateliers protégés. L’objectif était clair : sortir de l’assistanat certaines

personnes handicapées dont le placement en milieu ordinaire s’avérait

impossible en leur offrant un véritable emploi au sein d’une entreprise

créée à cet effet. Aujourd’hui, la loi du 30 juin 1975 donne une nouvelle

définition : L’atelier protégé est une unité de production qui offre à des

travailleurs handicapés les conditions particulières de travail nécessaires

à l’exercice de leur profession et les modalités d’emploi susceptibles de

faciliter leur promotion professionnelle, notamment par leur accession

à des emplois en milieu ordinaire de production. La production de l’ate-

lier protégé s’intègre dans l’économie normale du marché. En plus

d’une mise à disposition de personnel dans l’entreprise, Didier Dubois,

Directeur des Ateliers Gilles Kerchêne partenaire de l’A.P.E.I KERCHENE

développe depuis quelques mois une nouvelle activité. Avec l’aide de

plusieurs stages à la Chambre d’Agriculture de Vaucluse, cinq tra-

vailleurs handicapés et un encadrant se sont spécialisés en vue de pres-

tations de service dans le milieu viticole. Ces travailleurs sont capables

de vendanger, de tailler, d’aider à diverses tâches dans les caves, etc.

Nombre de Domaines et de Caves Coopératives ont déjà pris contact

avec la direction qui, en plus de la prestation de service, offre un enca-

drement qualifié, seul interlocuteur entre le propriétaire et l’équipe de

l’Entreprise Adaptée.

Les Ateliers Gilles Kerchêne vendent leur production de balais directe-

ment dans leurs locaux où vous pourrez trouver un accueil chaleureux

ainsi que retrouver les gestes précis des artisans, qui font du balai l’ou-

til le plus vieux et le plus pratique de tous les temps.

À faire l’apologie d’une entreprise,autant en choisir une qui lie plusieurs valeurs tant dans le domaine professionnel que dansle domaine humain. Il m’a été d’autant plus facile de choisir la manufacture de balai les ateliers Gilles Kerchêne à Lapalud quel’une de leurs activités est la fabrication artisanale des balais paille de riz,balai bruyères,balai piassava et autres.Un vrai fabri-cant d’escoubo comme avant.

Entreprise Adaptée

LES ATELIERS GILLES KERCHÊNE

Z.A. de l’Enclos 84840 LAPALUD

Tél. : 04 90 40 36 11

Fax : 04 90 40 27 10

Courriel :

ateliers-gilles-kerchene@wana-

doo.fr

Page 7: L'escoubo n°10 - février 2005

Mise en œuvre la veille

Préparation de la marinade : Laver, éplu-

cher, tailler les différents éléments de 2 à

3 cm. Tailler de gros lardons. Faire risso-

ler à l’huile d’olive (sans co1oration) les

différents éléments, ajouter le concentré

de tomate, cuire à feu doux 5 mn. Verser

dessus le vin rouge, laisser bouillir 5 mn,

sortir du feu et y mettre les aromates

(thym, laurier) laisser tiédir. Verser la

marinade sur les jarrets. Réserver une

nuit au frigo.

Finition

Dans une cocotte faire colorer les jarrets, assaisonner, ajouter la farine

(singer) Verser la marinade froide dessus les jarrets. À la reprise

d’ébullition, rajouter 1/2 litre de bouillon de viande ou de l’eau (cou-

vrir et laisser cuire 2 heures) Retirer les jarrets, augmenter le feu et

réduire 1/3 le volume de bouillon (consistance sirupeuse) Oter les ali-

ments aromatiques. Rectifier assaisonnement, ajouter de nouveau les

jarrets ainsi que les o1ives préalablement blanchies.

Suggestion d’accompagnement : purée maison, carottes sautées ou

aubergines frites.

Bon appétit !

Lyon Marseille sur un tricycle pour handicapé : le nouveau défi d’Yves Pol

7

>> Sport et handicap

>> La cuisine de votre terroir

coureur insolite qui se permet

de doubler une bonne moitié

des participants courant à

l’avant. Je ne vois pas où je

vais, mais je sais d’où je

viens... Je suis le seul coureur

que cela ne gêne pas d’avoir le

vent dans le nez. Son dossier

de presse de plus d’un millier

d’articles ferait pâlir de nom-

breux sportifs internationaux

qui se prennent à son goût un

peu trop au sérieux. Mais le 9

janvier 1992, c’est l’accident.

La nacelle sur laquelle il tra-

vaille à 10 m du sol se couche

emportée par un vent violent.

Il ne se réveille qu’après un

coma de trois mois, partielle-

ment paralysé. Depuis, il n’a

qu’un but : Courir utile en fai-

sant connaître des causes et

en levant des fonds pour des

trucs bien. Courir ! Mais et son

handicap qu’en fait il ? Ce

n’est pas un problème pour

lui : Je ne peux plus courir ni

en avant ni en arrière mais je

peux pédaler et si je n’ai plus

le sens de l’équilibre et bien je

partirai sur un tricycle ! Il se

rapproche d’une association

et envisage dès le printemps

prochain, excusez du peu, de

rallier Lyon à Marseille avec

un tricycle spécialement

conçu pour cet exploit. Si tout

va bien et que son ami ancien

pompier de Marseille arrive à

rassembler ses anciens col-

lègues, Yves devrait faire une

entrée triomphante contre

toutes les maladies et tous les

handicaps dans le mythique

stade Vélodrome.

Grâce à vous, chers lecteurs

tout est possible alors, souhai-

tons que ce projet aboutisse

et n’ayez pas peur de contac-

ter Virginie 06 16 32 13 18,

Courriel : [email protected]

Yves Furic

C’est un p’tit bonhomme, pas

plus haut que trois pommes,

mais avec un cœur énorme !

Yves Pol est né le 21 Juillet

1953. Avec lui, nous quittons

la terre pour entrer dans une

autre galaxie. 1,60 m, 50 kg,

un coeur qui bat à 40 pulsa-

tions minutes, rien dans la vie

de cet extra-terrestre n’est

tout à fait comme chez les

autres. C’est par le Guinness

des Records que l’idée de cou-

rir à reculons lui vient. Il se

lance en 1985 dans le premier

marathon à reculons de son

existence. Puis on le retrouve

très vite aux quatre coins de

la France et dans de très nom-

breuses courses humanitaires

un peu partout dans le

monde de Montréal à

Moscou, de Budapest à New

York. Aux U.S.A, il traverse des

états entiers, dormant n’im-

porte où quand la fatigue est

trop grande et repartant aussi

bien à l’avant qu’à l’arrière car

tout est bon pour ce clown

sportif dont la passion est

d’aller toujours plus loin. Il

est détenteur de nombreux

records mondiaux en course

arrière du 5 Km au 200 Km.

Les médias s’emparent de ce

Jarret d’Agneau à l’avignonnaiseProposé par le Chefde Cuisine ChristianBrunet

Ingrédients

8 jarrets d’agneaux arrières

(gigots) environ 300 / 350g

Marinade

Oignons 200 g

Carottes 100 g

Céleris branches 80 g

Poireaux 150 g

10 gousses d’ails

2 feuilles de lauriers

100 g poitrine fumée

3 branches de persil

Poivre et thym à convenance

100 g concentré de tomate

1,5 1 de vin rouge

15 cl d’huile d’olive

50 g de farine

Page 8: L'escoubo n°10 - février 2005

8

La farine des arbres

C’est au cœur du Parc

Régional des Monts

d’Ardèche, sur cette montagne

chantée par Ferrat que crois-

sent dans des bois pentus les

châtaigniers ancestraux. Au

fond d’une vallée étroite coule

un torrent bordé de pâtures

où paissent les troupeaux de

moutons. Le berger semble

être l’un des santons de la

crèche. Si le hangar qui abrite

une partie de la chaîne de

fabrication de farine de châ-

taignes se trouve dans le val-

lon, la maison de pierres

sèches où vivent Sylvie et

Patrice Duplan, domine la val-

lée d’une centaine de mètres.

Dans ce hameau de Bise, sur la

commune de Genestelle, il y a

quelques années de cela, Jean,

le père de Patrice, élevait des

ovins environ 350 têtes et son

fils lui donnait un sérieux

coup de main. Mais son papé

qui avait quelques arpents de

bois lui a tourné la tête

ailleurs et après des études

agricoles réussies, c’est en

1993 que Patrice démarre l’ac-

tivité châtaigne avec la fabrica-

tion de la farine et de la

fraîche, comme il dit. La

fraîche étant les châtaignes

que l’on voit sur les étals des

marchés. La récolte se fait vers

le 10 octobre pour se conti-

nuer jusqu’au 10 décembre.

Quand on dit récolte, c’est plu-

tôt de ramassage qu’il s’agit

car si le plus bel outil pour ce

travail est la main, on utilise

aussi des filets étendus sous

les arbres. On attend alors que

ça tombe tout seul où on

gaule avec une grande perche.

Bien sûr, tout ce travail se fait

sur des pentes très abruptes ce

qui ne facilite pas les déplace-

ments. C’est alors que pendant

la mise en sacs de jute de 30

kg, on opère un premier tri.

Ensuite, on en recommence

un nouveau et celui-ci se fait à

la main voire à l’eau car toutes

les impuretés légères remon-

tent à la surface. Là on dis-

tingue les sacs vendus aux

grilleurs et qui feront la joie

des citadins en réchauffant

leurs mains en hiver quand «

les chostognes » sont bien

brûlantes à travers le cornet

de papier journal et les sacs

vidés dans les séchoirs afin

que les châtaignes puissent

perdre toute humidité en 10

jours environ. Le passage à «

la pise » débarrasse ensuite les

coques et les châtaignes

dorées partent dans des

caisses au moulin. Juste avant,

un troisième tri sur table à la

main a lieu et là pas d’autres

moyens que de le faire en

famille. Ce tri qui permet d’en-

lever les châtaignes trop fon-

cées, garanti une grande quali-

té à la mouture obtenue par

écrasement sous une meule

de pierre. Ensuite le condition-

nement dans des sachets de

500 g jusqu’aux sacs de 20 kg

est lui aussi effectué à la main.

Les livraisons dans les boulan-

geries, les restaurants, les com-

merces de bio via la France

bien sûr mais aussi la

Belgique et L’Angleterre sont à

Sylvie et PatriceDuplan,les Agiers, Bise,07530 Genestelle.Tél./Fax : 04 75 38 74 47

acides. Puis pour finir on lais-

se gonfler quelques pruneaux

secs. Hum ! Je ne vous dis que

ça ! Sans compter que le

velouté de châtaignes est

aussi très apprécié et quoi dire

de cette confiture de châ-

taignes que nous appelons

aussi crème de marron qui

depuis notre tendre enfance

ne fait que nous satisfaire.

Découvrez ce hameau de Bise

et n’hésitez pas à rendre visite

au meun... Tient au fait com-

ment s’appelle un meunier

qui fabrique de la farine de

châtaignes ?

Yves Furic

la charge de Sylvie qui s’occu-

pe aussi de toutes les tâches

administratives. La brise (bri-

sure concassée de châtaignes)

est conditionnée en petit

sachet de 250 g et remplace

avec en plus un goût extraor-

dinaire, un plat de riz ou de

pâtes. Mais, chers lectrices et

chers lecteurs, connaissez-

vous « la cousina » cette

soupe traditionnelle ardéchoi-

se ? Patrice m’en a donné la

recette et je peux vous dire

que ça donne envie : Les châ-

taignes trempent toute la nuit.

Ensuite on les fait cuire avec

un peu de sel puis à la fin de la

cuisson quand les châtaignes

sont ni trop cuites ni trop

fermes, on lie le tout avec un

peu de farine de châtaignes.

On ajoute alors des quartiers

de pommes fraîches un peu

>> Reportage au cœur de notre terroir

Page 9: L'escoubo n°10 - février 2005

>> Récit

9

Je suis arrivé chez mes amis

vers midi. Ils ont deux

enfants avec un lourd handi-

cap de surdité : Sandra et

Michaël qui dialoguent en

langue des signes. Mon

regard se promène sur les

murs du salon. Je m’arrête sur

un portrait. Sandra, dont le

handicap est moins prononcé

que son frère, s’approche et

dans un langage n’utilisant

que des sons graves, elle m’in-

dique le nom qui se trouve

sous le portrait « Abbé Sicard

» Ce portrait, me dit-elle, a été

découvert par hasard.

Coïncidence incroyable, elle

ajoute que cet homme a été le

premier à s’intéresser aux

sourds et malentendants. La

maîtresse de maison nous

convie à prendre place autour

de la table. Prenant la parole,

j’explique que Sandra m’a

parlé du portrait et de cette

coïncidence. Leur maman se

lève et fouille dans un tiroir :

- « Vous allez voir, vous n’avez

pas fini d’être surpris ! »

Elle pose devant moi un bou-

ton doré où est gravé : « INS-

TITUT DES SOURDS ». Me pré-

cisant que ce bouton a été

trouvé dans le jardin de son

père, cette seconde coïnciden-

ce m’interpelle. Un peu abruti

par la gnole du grand-père en

clôture du dîner et affaibli par

ma cheville qui me fait encore

un peu souffrir, je monte me

coucher. Sur le lit, je repense

au portrait et au bouton.

Coïncidences ou pas, les deux

objets me livrent leur secret.

n’aviez ni carriole ni cheval.

Alors, et malgré des revenus

corrects, le sieur Palanquier

cultivait son jardin avec beau-

coup d’amour et de minutie

afin de fournir à toute la mai-

sonnée de magnifiques

légumes. Sa profession le lui

permettait, il était négociant

en fromages. À part quand il

partait chez les fromagers

choisir les meules et s’occu-

per des expéditions sur la

grande ville, il pouvait tenir

sa comptabilité sur le petit

secrétaire de sa chambre au

grand bonheur de sa femme

qui avait son mari quasiment

tout le temps auprès d’elle.

Mais revenons au sieur

Palanquier, ses prouesses de

jardinier lui permettaient

donc de mettre sur la table

des légumes, des fruits et

grâce à un petit élevage de

basse-cour, de temps en

temps, un magnifique poulet

ou un lapin bien dodu. Le

sieur Palanquier faisait vrai-

ment tout afin que sa famille

ne manque de rien.

Sa maison, il en avait hérité

de son grand-père paternel au

lieu dit « les barils » D’après

les paysans du coin, ce nom

provenait du fait que bien

avant les Palanquier, l’endroit

était une auberge et qu’il y

rentrait plus de barils de vin

que de nourriture. Il faut dire

aussi qu’il en sortait plus de

viande saoule que de ventres

remplis. C’était une grande

bâtisse dont les murs de

pierres grises mesuraient au

moins deux coudées d’épais-

seur et protégeaient aussi

bien du froid que de la cha-

LE PORTRAIT ET LE BOUTON

En mille sept cent soixante

deux, le sieur Palanquier était

négociant en fromage et

marié depuis vingt ans à une

gentille femme qui s’occupait

à merveille de ses trois char-

mants enfants. Noémie, l’aî-

née, aidait régulièrement sa

mère aux diverses tâches de

la maison, espérant qu’un

jour, un gentilhomme de pas-

sage l’emmènerait à la ville

car c’est bien de cela dont elle

rêvait le plus souvent.

Elisabeth, la deuxième, ne se

compliquait pas la vie, ce qui

l’intéressait au plus haut

point c’était la poésie. Au

grand désarroi de ses parents,

elle n’écoutait rien d’autre

que les oiseaux aux prin-

temps, les abeilles en été, les

gouttes de pluie en automne

et le crépitement des tisons

en hiver. Qu’allons nous faire

d’une poétesse ? Disaient-ils,

quel homme voudra d’elle ?

Jean-Sébastien, le petit der-

nier, aimait surtout s’occuper

de la basse-cour et jouait

volontiers avec le chat de la

maison.

Dame Palanquier, qui avait

servi autrefois dans une gran-

de famille bourgeoise de la

région, n’avait pas perdu l’ha-

bitude du vouvoiement et

l’avait instauré chez elle, invo-

quant à chaque fois que sieur

Palanquier trouvait cela ridi-

cule, la raison indiscutable

que les enfants élevés de cette

façon étaient mieux éduqués

que les autres. Preuve en était

faite, sachant que les enfants

de la maison où elle avait

servi étaient devenus : notai-

re, professeur et religieux.

L’instruction de ses propres

enfants avait été confiée au

maître d’école du village mais

encore une fois, voulant imi-

ter ses anciens maîtres, leur

mère insista pour que la clas-

se se fasse à la maison. Ce

n’était pas pour arranger les

déplacements du pauvre ins-

tituteur qui rentrait, de ce

fait, très tard chez lui.

À la campagne, il était très dif-

ficile de se déplacer si vous

Les contes du maset par Paul-Alice Clément

leur. En hiver, tout de même,

il fallait allumer un feu dans

la cheminée afin de réchauf-

fer la pièce principale tou-

jours un peu humide. La cor-

vée de bois avait été confiée à

Jean-Sébastien et ce jour là, la

pluie tombait à verse :

- « Jean-Sébastien ! Ce n’est

pas parce qu’il pleut fort que

vous devez nous priver des

bonnes flammes nécessaires

à notre bien-être ! » Dit sa

mère.

Jean-Sébastien compris à son

grand regret qu’il devait

affronter les bourrasques de

la cour car les bûches sèches

se trouvaient à une trentaine

de pas dans la grange. Celle-ci

longeait la route qui à cette

époque n’était qu’un chemin

boueux rendu difficilement

carrossable par la pluie et les

ornières.

Jean-Sébastien se couvrit

d’un sac de jute en guise de

capuche et sortit affronter ce

qui pour lui ressemblait plus

à un ouragan qu’à une simple

averse. La nuit n’arrangeait

pas les choses ; seuls quelques

éclairs lointains éclairaient ce

déluge. Il se précipita dans la

grange, les jambes se couvri-

rent de boues dès les pre-

miers pas. Il posa son panier

près du tas de bois et com-

mença à le charger en priant

le bon Dieu qu’il y en ait suf-

fisamment pour la soirée.

Soudain alors que le charge-

ment était presque fini, il

entendit des cris. Il était indé-

niable que quelqu’un était sur

la route ou dans les champs

et appelait. Apeuré, Jean-

Sébastien prit l’anse du

Page 10: L'escoubo n°10 - février 2005

panier et malgré la pluie, la

nuit, les éclairs et la boue, traî-

na son lourd fardeau jusqu’à

la maison sans demander son

reste :

- « Père, Père ! Venez vite !

Quelqu’un crie sur la route. »

Ni une ni deux, Le Sieur

Palanquier laissa sa plume, sa

comptabilité et suivit son fils.

Dans la grange, ils firent le

silence, bien perturbé par le

bruit de l’orage, afin d’en-

tendre d’où cela pouvait bien

venir. Car, avec ce déluge et ce

froid, la mort ne ferait pas de

cadeau à celui qui resterait

dehors toute la nuit. La voix se

faisait plus nette :

- « Hue, hue ! Encore un

effort, hue ! »

Cette voix venait du petit

pont. Ils se précipitèrent et

aperçurent au milieu d’un tor-

rent, causé par la crue du ruis-

seau, un homme tenant par la

bride un cheval attelé à un

fiacre en mauvaise posture. Le

pauvre animal, affolé,

envoyait de grands coups de

tête à droite et à gauche si

bien que l’homme était

secoué comme une feuille au

bout d’une branche un jour

de grand vent :

- « Attendez ! Dit Palanquier,

nous allons vous aider. »

- « Il faudrait décharger la voi-

ture car il y a une roue qui est

bloquée et le poids empêche

mon cheval de la sortir. »

- « Allez Jean-Sébastien, sors

les malles et les sacs nous les

abriterons dans la grange ! »

Jean-Sébastien s’exécuta et un

à un il emmena les bagages.

Dès que le fiacre fut allégé, le

cheval se calma et d’un coup

de rein, la roue fut dégagée.

Enfin, ils arrivèrent dans la

cour. Libéré, l’animal fut

réchauffé à grand coup de poi-

gnée de paille sur les flancs.

Une bonne ration d’avoine le

récompensa de ses efforts. Le

voyageur, invité à entrer dans

la modeste demeure eut le

privilège d’un bon feu de che-

minée et d’un bol de vin

chaud :

- « Merci mes amis ! Sans

vous, j’y serais encore et le

froid aurait peut-être eu rai-

son de mon cheval. »

Le sieur Palanquier invita le

voyageur à passer la nuit à

l’abri invoquant les dires d’un

paysan du village, un peu

devin : l’annonce d’un

meilleur temps pour le lende-

main. Fatigué, les vêtements

trempés, le voyageur ne se fit

pas prier. Sous l’auvent de la

porte d’entrée, il secoua si fort

son grand manteau qu’il en

perdit un gros bouton doré

mal cousu ou trop sollicité

pendant les événements tor-

rentiels. Jean-Sébastien reçut

l’ordre de le retrouver. À

quatre pattes, à la seule lueur

d’une lampe à huile qui avait

bien du mal à résister aux

bourrasques de vent, il fouilla,

gratta en vain car le bouton

resta introuvable.

À table, le voyageur était deve-

nu la curiosité et les questions

tombaient en aussi grand

nombre que les gouttes de

pluie dans la cour. Il raconta

qu’il était entré dans les

ordres et qu’il travaillait avec

des sourds sur l’élaboration

d’une langue par signes. Il

s’appelait Charles Michel de

l’Épée et suite à son ordina-

tion, il était devenu l’abbé de

l’Épée. Cette confession rassu-

ra toute la famille car les ban-

dits de grands chemins

étaient assez nombreux dans

la région ; alors qu’un prêtre,

bien au contraire, cela ne pou-

vait être qu’un bon présage. Il

ajouta qu’il partait à Versailles

afin de rencontrer le roi pour

lui demander que cette

langue soit enseignée dans

tout le royaume.

À la fin du repas, il en fit la

démonstration et ajouta fort

justement que si les enten-

dants apprenaient ce langage,

ils pourraient eux aussi

converser. Les enfants

Palanquier voulurent tout de

suite apprendre mais leur

mère, très superstitieuse les

en interdire de peur que la

maladie ne les gagne eux

aussi. L’abbé avait beau souri-

re et la rassurer en l’infor-

mant que ce handicap n’était

pas contagieux, rien n’y fai-

sait. Le sieur Palanquier mal-

gré la confiance en l’abbé

n’était pas non plus très

chaud, mais il trouvait cette

méthode très intéressante. Le

lendemain matin, les bagages

furent rechargés et le fiacre

disparut au loin.

Quelques jours plus tard, le

sieur Palanquier trouva au

fond de la grange un coffret. Il

faisait partie des bagages de

l’abbé. Les sacs de jutes qui

avaient servi à protéger les

sauveteurs avaient été jetés là

et avaient caché, bien involon-

tairement, le coffret. Celui-ci

fut rangé dans le grenier et le

sieur Palanquier décida qu’il

resterait là jusqu’à ce que l’ab-

bé revienne le chercher au

retour. Mais l’abbé ne repassa

jamais et les jours, les

semaines, les mois, les années,

les siècles, au total, deux cent

vingt huit ans passèrent sans

que jamais le coffret ne fut

trouvé. Même pendant les

guerres et les changements

de propriétaires. Le coffret

était toujours dans le grenier

sans doute enfoui sous de la

vieille paille grisâtre, protégé

par des toiles d’araignées cen-

tenaires et par un vieux hibou

ermite et déplumé.

En mille neuf cent quatre

vingt dix, un couple de retrai-

té acheta la ruine au lieu dit «

les barils » Pour sûr, c’était

bien une ruine : le toit s’effon-

drait en son milieu, les volets

et les fenêtres n’existaient

plus et la porte et la grange

pourrie n’attendait qu’une

chose : tomber ! Enfin, il était

plus simple de dire qu’elle

comportait quatre murs et

une poutre faîtière, un point

c’est tout. Les travaux com-

mencèrent rapidement. La

chance était avec les nou-

veaux propriétaires car la

pluie inexistante et le soleil

radieux donna de la vigueur à

tous les corps de métiers. Ce

qui est incroyable, c’est que

personne ne vit le coffret.

Pourtant, le hibou s’était

envolé, les araignées avaient

élu domicile ailleurs et la

paille putréfiée s’était trans-

formée en poussière ; mais

malgré sa mise à jour le cof-

fret resta dans le coin du gre-

nier.

La restauration terminée, une

grande fête familiale fut orga-

nisée. Une table avait été

improvisée au beau milieu de

la cour et toute la famille :

enfants et petits enfants, cou-

sins et cousines, neveux et

nièces, parents et grands-

parents s’amusaient, dan-

saient, chantaient. Sauf

Sandra et Michaël, petite-fille

et petit-fils des propriétaires

qui à un bout de la table l’un

en face de l’autre, parlaient

avec des signes. Sourds de

naissance et dès leur plus

jeune âge, ils apprirent ce lan-

gage. Ils n’entendaient pas la

musique ni les paroles des

chansons mais pourtant la joie

de vivre remplissait leurs yeux

et ils n’étaient pas les derniers

à rire de bon cœur. C’était la

toute première fois qu’ils

venaient à la maison des

grands-parents et à cette occa-

sion ils leurs demandèrent la

permission de la visiter.

Les pièces du bas furent visi-

tées rapidement sans beau-

coup d’enthousiasme, mais à

l’approche de l’échelle de

meunier qui menait au gre-

nier, leurs yeux se mirent à

briller. Quel trésor de pirates

allaient-ils découvrir ? Peut-

être la cachette d’un vieux gri-

moire magique ? Ils gravirent

les quelques marches, avides

de curiosité. Leur déception

fut grande à la vue des fils à

linge tendus et des pots de

confiture bien rangés sur une

étagère. Ce ne sont pas non

plus les pommes étalées sur la

clayette qui pouvaient avoir

un effet magique. Déçus,

Sandra et Michaël assis au

bord de la trappe, prirent cha-

cun une pomme bien rouge et

10

>> Récit Les contes du maset suite page 9Horizontalement :

1.Homologuer.2.Avares.3.

Bâtisseur.4.Il - Bar.5.Tienne

- Une.6.As - Aise - Ge.7.Telle

- Tuer.8.Ire - Cure.9.Solide.

10.Niet - Leste.

Verticalement :

A.Habitation.B.Ovaliser.C.

Mat - Lèse.D.Orignal - Ot.E.

Les - Nie.F.Ossues - Cil.G.

Etude.H.Urubu - Ures.I.

Rangée.J.Ra - Réer - Pe.

Solution des mots croisés p15

Page 11: L'escoubo n°10 - février 2005

Grand succès pour le chapitre d’hiver de la confrérie Saint-Vincent de VisanLes Maîtres Vignerons de la Confrérie Saint-Vincent de Visan ont célébré avec faste leur 55e chapitre,samedi 22 janvier.Chantal Malot et Paul Léaunard deux intervenants de grand talent ont donné des conseils pour harmo-niser au mieux les mets et les vins, Chantal proposant des mets et Paul un vin ou un type de vin s’accor-dant avec ces mets.L’animation picturale de l’artiste Ingrid Christoffels durant la dégustation a été également très appréciée,cette artiste peintre professionnelle a mis en couleur des dessins représentant le Marot et la Cave Saint-Vincent pendant la dégustation, en s’inspirant des commentaires des dégustateurs.Deux cuvées destinées à devenir « Saint-Vincent » 2003 et « cuvée du Marot » 2004, ont été sélectionnéespar les 6 jurys sous la houlette de Paul Léaunard.

>> Récit

croquèrent les fruits de dépit.

Soudain, Sandra bouscula son

frère et fronçant les sourcils,

lui indiqua le coin du grenier

où grâce au dernier rayon de

soleil, un morceau de métal

étincelait. À quatre pattes, ils

s’avancèrent et aperçurent le

coffret si longtemps oublié.

Tout juste si ce dernier ne

leurs disait pas : « Merci ! Oh !

Merci ! Je commençais à avoir

des courbatures ! » Le cade-

nas n’avait pas résisté au

temps et il n’y eut pas besoin

d’outils pour l’enlever ; un

simple mouvement de la

main suffit. Au moment où

Michaël allait ouvrir le petit

coffre, Sandra lui retint le bras

comme si la règle de discré-

tion de Palanquier venait de

s’abattre sur elle. Mais les

temps changent et la règle se

volatilisa aussi vite qu’elle

était venue ; la curiosité de

deux enfants fut beaucoup

plus forte.

Le couvercle du petit coffre

n’offrit pas plus de résistance

que le cadenas et dès qu’il fut

complètement rabattu, de

nouveau la déception se lut

sur le visage des enfants. Que

des vieux papiers à moitié

rongés par la vermine, illi-

sibles. Seul au fond du coffret,

deux morceaux de cartons

avaient soutenu le siège du

temps et quand Sandra les

écarta, elle vit entre les deux

un portrait et sous le portrait,

un nom : « Abbé Sicard » Elle

regarda son frère comme si le

destin venait de les toucher

du doigt. Ils se congratulèrent

d’une tape amicale dans les

mains. Cette découverte allait

avoir au sein de la famille des

effets divers.

L’abbé Sicard, de son vrai nom

: Ambroise Cucurron, bien

connu des sourds et malen-

tendants, avait été un des plus

fidèles adeptes de la méthode

de l’abbé de l’Épée et cette

coïncidence de retrouver un

tel document dans ce coffret

et dans cette maison ne prou-

vait rien quant à la présence

ancienne de l’un ou de l’autre

en ces lieux. Les seuls à

défendre cette opinion étaient

bien Sandra et Michaël.

L’histoire de cette trouvaille fit

la une des discussions fami-

liales pendant quelques mois

et puis plus rien. Les grands-

parents vivaient une retraite

bien méritée et de temps en

temps, recevaient la visite de

leurs petits enfants. Et c’est

lors d’une de ces visites que

l’histoire trouva sa fin.

Grand-mère, dès le petit

matin, était affairée au brossa-

ge des dalles du perron. Le

balai brosse au bout de ce

grand manche n’était pas très

efficace et malgré son âge, elle

s’agenouilla, prit la brosse

d’une main ferme et frotta

vigoureusement les dalles que

la mousse du printemps avait

verdies. Soudain, passant trop

près de la terre de la cour, elle

vit apparaître un caillou doré.

Après l’avoir déterré, elle fut

surprise de découvrir un joli

bouton de manteau comme

elle en portait au pensionnat

de jeune fille. Son mari fut

alerté aussitôt ainsi que les

petits enfants. On nettoya l’ob-

jet et sur la table de la cuisine,

muni d’une loupe, le grand-

père lut : « INSTITUT DES

SOURDS » À la vue de cette

inscription, Sandra et Michaël

eurent un sourire satisfait. Le

mystère restait malgré tout

entier quant à l’identité du

propriétaire du portrait et du

bouton ; mais il était sûr que

ce lieu avait abrité quelqu’un

qui s’intéressait à eux.

Ces objets, chers lecteurs,

pour les avoir vus réellement

chez Sandra et Michaël, font

obligatoirement partie d’une

histoire. Est-ce celle que je

viens de vous conter ou en

est-ce une autre ? Je vous lais-

se seuls juges mais pourtant,

plus je me relis et plus je crois

que j’ai raison ! En tout cas

rien que pour une aussi mys-

térieuse coïncidence, ce n’est

pas Sandra et Michaël qui me

contrediront.

(suite dans le prochain

numéro)

Caveau ouvert 7jours/7 - Pour plus d’informations : [email protected] - http://www.coteaux-de-visan.fr Tél. 04 90 28 50 80 - fax 04 90 28 50 81

Journée du vin au féminin, samedi 7 mai*

Visite de la cave de vieillissement avec dégustation sur fûts. Sélection dela cuvée « Femmes 2004 » par un jury féminin présidé par Isabelle Forêt.(*programme non définitif )

Offre spécialePâquesÀ découvrir à partirdu 5 mars au caveaude la cave « LesCoteaux » de Visanouvert 7 jours / 7

Les professionnelles du vin : de gauche à droite : GisèleMarguin Présidence de l’ASF Marseille, Maryse AllaroussePrésidente d’Honneur de l’ASF Lyon, Isabelle forêt et RenéePayan de l’Université du vin de Suze-la-Rousse.

Les oeuvres picturales d’IngridChristoffels sur le thème «Emotions envue» seront exposées au caveau de la CaveLes Coteaux de Visan, du 20 janvier au20 février 2005.

11

Page 12: L'escoubo n°10 - février 2005

ATTENTION !

Importants risques de

fous rires à Mandelieu-la-

Napoule

On prévoit d’importants

risques de fous rires à

Mandelieu-la-Napoule !

PASTAGA LIMONADE sévira

à nouveau avec la Comédie

Musicale « Farigoule

Attitude » de Fiorélia.

Samedi 19 février 2005 à 20 h

30 salle Léonard de Vinci -

Estérel Galerie.

Infos et réservations :

04 92 97 99 27.

Directeur artistique Bruno Liger

Né à Guérande, tout en haut à

gauche de l’hexagone, Bruno

Liger aurait pu devenir un

grand marin. Allez savoir com-

ment la vie est faite ? Il se

retrouve dans le sud est, tout

en bas à droite. Pas le temps

de goûter à la fleur de sel que

les cigales l’appel déjà dans

les bois de la Montagnette

près de Barbentane.

Ce « grizzly » des forêts,

influencé par la musique celte

et le folklore de toute la pla-

nète s’éprend d’amour pour la

musique Nord-américaine,

tout près des Appalaches, de

la Virginie, du Tennessee et de

la Caroline du nord. De là à

confondre le sud est des US

avec le sud est de la France, il

lui manque quelque chose. Et

ce quelque chose, il le trouve

avec une guitare très spéciale.

Si plus jeune, il gratte sur une

rythmique, très rapidement il

cherche un instrument plus

puissant qui lui offrirait un

peu plus de possibilités de

création. Il tombe, par hasard,

sur un morceau de Jerry

Douglas (Son maître à jouer.)

et trébuche sur son instru-

ment : la fameuse guitare à

résonateur, plus communé-

ment appelée par les connais-

seurs, la « DOBRO ». Il crée

plusieurs groupes et aujour-

d’hui c’est avec « Mohagany

Spirit » « l’esprit de l’acajou »

afin de toujours faire référen-

ce à la guitare et à sa matière,

qu’il présente toutes les

facettes de sa DOBRO. Mais, si

on en disait un peu plus de

cette fameuse DOBRO ! Dès le

début du XXe siècle, les guita-

ristes recherchent un instru-

ment pouvant supplanter les

cuivres (trompettes saxos,

etc.) voire, jouer sans ampli à

l’extérieur. Les luthiers s’y

intéressent. Ce sont deux

frères tchèques les D’O’PEYRA

BROTHERS qui conçoivent un

système en remplaçant la

table en bois de la guitare par

un ensemble de pièces en alu-

minium amplifiant ainsi le

son. Plus perçante, plus réson-

nante, plus métallique et bien

sûr plus puissante que n’im-

porte quelle guitare acous-

tique, la DOBRO, affublée d’un

manche standard ou hawaïen,

devient l’instrument incon-

tournable de la « COUNTRY ».

Et voilà comment, le grizzly

de la forêt de Barbentane,

alias Bruno Liger, le seul

musicien français profession-

nel à avoir choisi la DOBRO

comme son instrument de

prédilection, arrive finale-

ment à s’entendre, accompa-

gné par les cigales de

Provence sans même ajouter

un soupçon de sel de sa

Bretagne natale avec les Dieux

de la COUNTRY, puisqu’il joue

comme eux !

Yves Furic

12

Le sel de la country

Caderousse : Nuit de la guitare

Pour cette 4ème édition, le programmateur a volontairement effectué des choix à la fois ambitieux

et éclectiques, l’idée de la manifestation étant de donner un aperçu au public des nombreuses

possibilités qu’offre cet instrument apparemment si «simple». 3 espaces musicaux traduisant des

atmosphères différentes avaient été aménagés à l’intérieur de la salle des fêtes : une bodega, un

bar à vins et la salle principale. Ces trois lieux ont fait l’objet d’une décoration singulière, d’un tra-

vail sur la lumière, l’objectif étant de transfigurer le réel. 50 bénévoles se sont mobilisés pour par-

ticiper à l’organisation. Il est très important que des jeunes et des moins jeunes, d’un même vil-

lage ou d’un village voisin, puissent se retrouver autour de projets, de manière totalement libre et

informelle. Nous avons pu écouter et voir : Les Guitares de Kirikou avec des jeunes guitaristes de

Caderousse. Une première expérience scénique qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Marilyn

Montalbano et Olivier Giraud, une alliance guitare flûte, peu courante. Pop Rock Français et

Rock’n’roll avec Ces Âmes et Jumping Jack Flash and the Easy Riders. Serge Pesce, ce jazzman d’ex-

ception a interprété Chantier Riviera - concert en forme de fresque musicale - une évocation jubi-

latoire, un hommage poétique et burlesque à la mémoire du temps qui passe. Il a su captiver le

public malgré un style toujours difficile d’approche. Jean-Félix Lalanne, ce guitariste hors pair a

subjugué le public par une interprétation sans faille, d’où se dégageait une très forte émotion.

Palinka -Manoucheries quatuor à cordes parisien, déjanté mais toujours juste a su communiquer

au public son jazz manouche énergique et envolé. Cordes à corps, un trio de grande qualité aux

sons tantôt tziganes, tantôt flamenca. Jazzimut 3 sets des standards de jazz interprétés par ce grou-

pe amateur de Caderousse qui excelle dans l’impro.

La 5e édition de la nuit de la guitare à Caderousse aura lieu le 21 mai 2005

pour tout renseignement, contacter Laurent au 04 90 51 93 92 ou au 06 09 24 38 57.

>> Musique

Page 13: L'escoubo n°10 - février 2005

Il en est de notre terroir comme toutes choses d’aujourd’hui. S’y ressent ce

besoin d’originalité qui oblige à regarder de belles images décrites par d’autres

voix. Parmi elles, celle de Jacques Benoist, profonde, grave et douce. Différente.

Cet ingénieur se fixa à Donzère (Drôme) voilà tout juste 40 ans pour point de

départ d’une carrière professionnelle qui le mena de gauche à droite, jusqu’à ce

Sud lointain dont on ne revient jamais tout à fait. Maintenant retraité, il arpen-

te ses années passées de la pointe de son crayon sans jamais parler de lui dans

ses romans où se rencontrent personnages et paysages de lumière en un style

original et fort. Une activité parmi d’autres pour ce créateur qui fonda une mai-

son d’éditions afin que paraissent ses écrits ainsi que ceux d’auteurs de notre

région. De plus, pour permettre la découverte aisée des romans de son petit

catalogue, il les enregistre et les fait enregistrer par leurs auteurs sur disques

CD MP3 à l’aide des moyens techniques les plus modernes et s’apprête à éditer

son prochain livre en gros caractères pour une lecture plus facile aux mal

voyants.

Si Jacques Benoist reste discret sur ses propres souvenirs, il avoue volontiers

écrire pour ces lecteurs inconnus à la recherche d’aventures où se mêle l’ima-

ginaire à la vraie vie.

Le Félibrige

13

>> D’où ça vient ?

La signification de félibrige, cette école littéraire fondée par Mistral, n’est pas

clairement définie. Il pourrait s’agir de celui qui « fait des livres » ou de ce qui

« rend libre ». En latin, « Libra » signifie aussi « balance » symbole de justice.

Mistral précise qu’il trouva le terme de félibre au cours de la lecture d’une

ancienne poésie dans laquelle la Vierge Marie explique avoir trouvé son fils

dans le temple, « parmi les sept félibres de la loi ».

Cette photographie fut faite à Font-Ségugne en 1854 lors d’une des réunions

qui précédèrent ou suivirent de près celle du 21 mai. On peut considérer

comme un document des plus précieux représentant les « Primadié » à

l’époque même de la fondation du Félibrige, bien que, ni Brunet ni Mathieu n’y

figurent. On y reconnaît en suivant de gauche à droite au premier rang assis :

Mistral, Roumanille, Jules Giéra et au second rang : Aubanel, Paul Giéra, Tavan

et le peintre Chastel. Ce jeune homme était de Saint-Rémy et ami des premiers

Félibres ; il prit part à plusieurs de leurs réunions.

Un voyage de poche

>> Voyage

Je revenais de la boulangerie. J’ai posé le pain sur la table de la salle à manger et j’ai voulu compter ce qui restait dans mon porte-

monnaie. Si cette opération ne prend que quelques secondes quand on se trouve chez un commerçant, il n’en est pas de même

quand on prend le temps d’observer l’origine des pièces. Je me suis assis, j’ai éparpillé sur la table quelques pays d’Europe et j’ai

voyagé : Parti de Lisbonne au Portugal je me suis vite retrouvé à Madrid en Espagne. J’ai franchi les Pyrénées, traversé la France et

visitant le Luxembourg, je n’ai pas mis longtemps en passant au-dessus du Rhin à rejoindre l’Allemagne. Un pas de plus afin de me

reposer au coeur Des Pays Bas et retour en France. J’ai franchi les frontières et je ne sais pourquoi, mais ce voyage était encoura-

geant pour l’avenir et la Paix.

À propos d’un auteur bien de chez nous

>> Lecture

VIESBEN ÉDITIONS, BP 12 à 26290 DONZÈRE

Tél. / Fax. : 04 75 51 63 38

[email protected] www.viesben-editions.com

€ Allemand € Espagnol € Luxembourgeois € Français € Néerlandais € Portugais

Jacques Benoist

Page 14: L'escoubo n°10 - février 2005

14

Cave Saint-Marc - 84330 Caromb Tél. 04 90 62 40 24 - Fax 04 90 62 48 83

Internet : cave-st-marc.com - e-mail : [email protected] ouvert : du lundi au samedi de 8 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h 30,

dimanche et jour de fête de 9 h à 12 h et de 15 h à 18 h

Le caveau de la Cave Saint-Marc se dynamise

Une gamme de produits extrêmementcomplète vous est proposée au caveau.Vous trouverez en vrac des vins dePays et des AOC Côtes-du-Ventoux.Les fontaines à vin de 5 à 10 litres enrouge, rosé et blancDes cuvées traditionnelles comme :La cuvée Sénéchal (cépage Syrah)La cuvée Saint-Marc (cuvée embléma-tique de la cave)La cuvée Étienne de Vesc (vieillie en fûtsde chêne)Des vins de DomainesLa cuvée CarlaLa cuvée Vignes LonguesLa cuvée Estelle du RocanDes vins pétillantsMousseux en cuve closeMousseux méthodes traditionnellesDes jus de raisinsDes huiles de pépins de raisinsEt toute une frénésie de Crémeux duVigneronCitron vert, myrtille, cassis, figues,framboise, mûre, châtaigne, abricot,cerise, mandarine et coquelicot.

SUPER TOMBOLADu 1er au 14 février à l’occasion de laSaint-Valentin, la cave Saint-Marc deCaromb organise une tombola ouver-te à tous. Le prix est un repas pour 2personnes dans un grand restaurantde la région pour tout achat à partirde 15 €.

En petit : L’abus d’alcool est dange-reux pour la santé - consommez avecmodération.

Page 15: L'escoubo n°10 - février 2005

À vous de découvrir

l’objet dont juste un

petit morceau vous est

dévoilé. Avant de don-

ner votre langue au chat

et lire la réponse en

page 15 du prochain

numéro, sachez que

grâce à cet objet, beau-

coup des fautes ont dis-

paru.

Journal trimestriel :

numéro 10 / Février 2005

Directeur de la publication

Rédacteur en chef

Publicité

Yves Furic

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Téléphone : 04 90 51 98 66

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en vigueur, l’annonceur est seul

responsable du contenu de ses

annonces publicitaires.

La direction se réserve le droit de refus-

er de publier les textes ou publicités

sans en donner le motif.

Mise en pages

Martine Carletti-Mendez

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84500 Bollène

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30900 Nîmes

Téléphone : 04 66 04 98 50

Fax : 04 66 04 98 59

Création : novembre 2002

Dépôt légal : mai 2004

ISSN: en cours

Tirage: 6000 exemplaires

Le caractère typographique

utilisé pour le corps de texte

et les titres de ce journal est

Le Monde Courrier, créé en 1999

par Jean-François Porchez.

L’ESCOUBO

15

Le parler que j’aime,c’est un parler simple et naïf,

tel sur le papier qu’à la bouche.

Je parle au papiercomme je parle

au premier que je rencontre.

Michel de Montaigne

(1533 - 1592)

2

La vie des gens au cœur de notre terroir Les mots croisés de Jeannine PoirierHorizontalement

1 Conforme à certaines normes.

2 Qui entassent.

3 Fondateur.

4 Pronom personnel ; mesure de pression.

5 Possessif à la deuxième personne ; pre-

mière du magazine.

6 Un ; confort ; terre antique.

7 Analogue ; descendre.

8 Colère ; après le traitement.

9 État résistant.

10 Non russe ; agile.

Verticalement

A À la campagne où à la ville.

B Pour permettre le passage de l’oeuf.

C Sans éclat ; fait tord.

D Élan du Canada ; phonétiquement retiré.

E Article au pluriel ; refuse la réalité.

F fortement charpentées ; protège un

orbite.

La phrase célèbre

Un pseudo célèbre

Poésie

Le naufrage des fromages d’Yves Pol.

Tandis que sans espoir, dans l’immense tempête,

Le navire attendait la débâcle complète ;

Tandis que l’âpre vent, soufflant dans la mâture,

Arrachait aux haubans de sinistres murmures ;

Alors que soulevé, couché comme un fétu,

Le navire attendait, malgré ses efforts éperdus,

Dans la cale, enfouis en proie à la détresse,

Des fromages semblaient s’agiter dans leurs caisses.

Parmi les bruits du bord, les cris des matelots,

On entendit soudain parler le LIVAROT :

- « Messieurs ! s’écria t-il, nous sommes tous perdus,

Il va falloir mourir ! Les affres de la mort qui partout se présentent

Ne font que me glacer d’un frisson d’épouvante ;

Pleurant ses amitiés, l’un d’eux citait ces vers :

- « Ma vie a son secret, mon âme a son MUNSTER

Puissé-je le revoir, si nous pouvions messieurs, un jour, revoir la terre

Voir nos espoirs comblés et l’océan vaincu

Et crier à plein cœur : voici le PORT SALUT ! »

Tandis qu’il achevait ses paroles altières,

Une sueur d’effroi perla sur les Gruyères

En chœur les CAMEMBERTS crièrent : « Nous coulons ! »

G Bureau de notaire.

H Grand vautour ; Bœufs sauvages.

I Garée.

J Roi soleil ; s’entend dans le bois ; Saint

pyrénéen.

(solution page 10)

« Il est incontestable

que,de tous les arts,

l’art culinaire est

celui qui nourrit le

mieux son homme.»

Pierre Dac

Charles Lutwidge Dodgson

fut professeur à Oxford et

signa plusieurs traités scienti-

fiques. Mais nous connaissons

mieux ce Monsieur sous le

nom de Lewis Carrol, 1832 -

1898. C’est en 1865 que les

aventures d’Alice paraissent

et lui valent un immense suc-

cès.

Ne pas jeter sur la voie publique

A

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

B C D E F G H I J

Jeu !

Juste un petit

morceau...

Magazine

Page 16: L'escoubo n°10 - février 2005

À voir, à faire

au cœur de notre terroir...

Trimestriel gratuit - numéro 10 - février 2005

La vie des gens au cœur de notre terroir

L’ESCOUBOGard rhodanien, Haut-Vaucluse, Drôme provençale, Ardèche méridionale

Magazine

Charte QualitéUn vrai magazine de proximité

Un support efficace et respectueux

l’Escoubo est un magazine trimestriel gratuit de grande qualité. Il fonctionne grâce

à des partenaires-annonceurs. Son contenu rend compte de « La vie des gens au cœurde notre terroir » : Artisanat, patrimoine, histoire, création, passion, littérature, por-

traits, jeux... C’est une mise en page lisible et de bon sens, en quadrichromie.

l’Escoubo Magazine avec un lectorat estimé entre 15 000 et 30 000, est diffusé dans

3 régions : Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, sur

4 départements : l’Ardèche, la Drôme, le Gard et le Vaucluse, comprenant plus de

30 villes et villages.

l’Escoubo Magazine est mis à la disposition des lecteurs par dépôt dans les commerces,les offices de tourismes et les mairies. Un système d’abonnement existe et

permet aux lecteurs, hors de la zone de diffusion, d’en disposer rapidement.

l’Escoubo Magazine avec un ratio : surface de lecture / surface de communica-

tion volontairement raisonnable, respecte le lecteur et l’annonceur.

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