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Les Refractohilum (Hyphomycetes, Moliniaces) a conidies pluriseptees en Europe et au Canada Claude Roux, Javier Etayo, Olivier Bricaud et Didier Le Coeur Resume : L'Ctude comparte de spCcimens de Refractohilurn a conidies plurisepttes du Canada et dlEurope occidentale montre que ceux-ci appartiennent 8 trois espkces : le R. achromaricum, connu jusqu'8 present seulement au Canada, le Refractohilum intermedium Roux et Etayo sp. nov., des parties subhumides du sud de ]'Europe (France et Espagne mtditerraneennes) et le Refractohilum pluriseptatum Etayo et Roux sp. nov., dlEurope occidentale et des parties les plus humides de I'Europe mCridionale. Ces trois esptces, qui ~'Ctablissent sur le thalle de lichens crustacCs 8 Trentepohlia corticoles et souvent stCriles, different les unes des autres par les dimensions et la septation de leurs conidies et de leurs conidiophores, ainsi que par leur repartition geographique et leur Ccologie. Mots clPs : champignons IichCnicoles, Refractohilum, taxinomie Abstract: A comparative study of Refractohilum specimens with pluriseptate conidia from Canada and western Europe shows that they belong to three species: R. achromaticum, known until now only from Canada, Refractohilum interrnedium Roux et Etayo sp.nov., known from subhumid parts of southern Europe (Mediterranean areas of France and Spain), and Refractohilum pluriseptatum Etayo et Roux sp.nov., known from western Europe and the most humid parts of southern Europe. These three species, which grow on the thallus of corticolous and often sterile crustose lichens with Trentepohlia, differ from each other by dimensions and septation of conidia and conidiophores, distribution, and ecology. Key words: lichenicolous fungi, Refractohilum, taxonomy Introduction ordinairernent triseptCe ii maturitC chez le R. achromaticum. Dans un travail sur les hyphomycktes du Canada (Manitoba et Saskatchewan), Sutton (1973) a dCcrit le Sporidesmium achromaticum B. Sutton, hyphornyckte ~'Ctablissant sur le tronc de plusieurs espbces d'arbres et diffkrant notablernent de tous les autres Sporidesmium par l'absence de pigmenta- tion brune dans toutes ses parties. En 1977, Hawksworth crCe le genre Refractohilum, dans lequel il regroupe deux espkces incontestablement lichCni- coles (le R. galligenum D. Hawksw. et le R. peltigerae (Keissl.) D. Hawksw.) et le R. achromaticum (B. Sutton) D. Hawksw. Ces trois espkces sont caractCrisCes, notarn- rnent, par leur aspect de pilosit6 incolore, constituCe de coni- diophores dresses, distinctement annelCs (Hawksworth 1977, 1979), qui ne portent chacun qu'une seule conidie, cymbi- forme, ii base tronquCe et Cpaissie caractkristique. Unicellu- laire chez les deux prernibres espkces, la conidie devient Hawksworth (1977,- 1979) suggkre qu'initialernent le R. achro- maticum est Cgalement lichCnicole, sur thalle de Partnelia. En 1991, J. Etayo a dCcouvert en Espagne (Navarra) un Refractohilum sur le Pachyphiale carneola, differant du R. achromaticum dCcrit par Sutton et Hawksworth surtout par des conidies nettement plus grandes et pour la plupart 5 5-7 cloisons. Plus rkcemment, C. Roux a trouvC la m&me forme dans le centre de la France et l'a observCe sur du mat& riel d'herbier rCcoltC dans cette region ainsi qu'en Belgique et dans l'ile de Skye (iles Britanniques). Par ailleurs, entre 1991 et 1993. C. Roux decouvrait. avec 0. Bricaud. D. Le Coeur et M.' Glenn, dans plusie;rs stations du sud de la France, un autre Rejractohilum, diffkrant du R. achrotna- ticutn canadien essentiellement par des conidies un peu plus grandes et pour la plupart a 3 -5 cloisons. Les Refractohilum d'Europe Ctant proches mais distincts du R. achromaticum, il convenait donc de les comparer soig- neusernent aux specimens du Canada. Re~u le 15 janvier 1997. C. Rouxl, 0. Bricaud et D. Le Coeur. Centre national de Methodes la recherche scientifique, Unite de recherche associte no 1152, Institut mCditerranCen d'Ccologie et de palCoCcologie, FacultC des sciences et techniques de Saint- JCrhme, FR - 13 397 Marseille CCdex 20, France. J. Etayo. Navarro Villoslada 16, 3" dcha, ES - 3 1 003 Pamplona, Navarra, Espagne. 1. Auteur correspondant (ttl. : 4 91 28 80 47 et 4 91 60 12 19; tC1tc. : 4 91 28 80 51 et 4 91 28 80 30; courrier Clectronique : [email protected]; adresse : Centre national de la recherche scientifique, Laboratoire de botanique et Ccologie mCditerranCenne, FacultC des sciences et techniques de Saint-JCrhme, rue Henri Poincart, FR - 13 397, Marseille CCdex 20, France.) Les observations microscopiques ont CtC faites dans l'eau, sans coloration ou aprts coloration au bleu de lactophtnol ou au bleu de crCsyl (BCr), avec un microscope photonique (grandissement maxi- mal de 1500x) muni d'un dispositif de contraste interfkrentiel. Les spCcimens canadiens CtudiCs Ctant anciens, toutes les mesu- res, pour Ctre comparables, ont CtC effectuCes sur du materiel mort, monte dans l'eau. Bien entendu, les specimens de France et de Navarra, fraichement rCcoltCs, ont CtC observes, notamment pour la realisation des dessins, pour lesquels nous nous sommes aid& d'un tube 8 dessin. Les spCcimens du sud de I'Europe Ctant bien dCveloppCs, nous avons prClevC ~8 et 18, sur chacun d'eux, cinq bouquets de conidio- phores et CtudiC 30-40 conidies. Ce protocole n'a pu Ctre appliquC Can. J. Bot. 75: 1592- 1600 (1997) @ 1997 CNRC Canada Can. J. Bot. Downloaded from www.nrcresearchpress.com by CENTRAL MICHIGAN UNIVERSITY on 11/14/14 For personal use only.

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Les Refractohilum (Hyphomycetes, Moliniaces) a conidies pluriseptees en Europe et au Canada

Claude Roux, Javier Etayo, Olivier Bricaud et Didier Le Coeur

Resume : L'Ctude comparte de spCcimens de Refractohilurn a conidies plurisepttes du Canada et dlEurope occidentale montre que ceux-ci appartiennent 8 trois espkces : le R. achromaricum, connu jusqu'8 present seulement au Canada, le Refractohilum intermedium Roux et Etayo sp. nov., des parties subhumides du sud de ]'Europe (France et Espagne mtditerraneennes) et le Refractohilum pluriseptatum Etayo et Roux sp. nov., dlEurope occidentale et des parties les plus humides de I'Europe mCridionale. Ces trois esptces, qui ~'Ctablissent sur le thalle de lichens crustacCs 8 Trentepohlia corticoles et souvent stCriles, different les unes des autres par les dimensions et la septation de leurs conidies et de leurs conidiophores, ainsi que par leur repartition geographique et leur Ccologie.

Mots clPs : champignons IichCnicoles, Refractohilum, taxinomie

Abstract: A comparative study of Refractohilum specimens with pluriseptate conidia from Canada and western Europe shows that they belong to three species: R. achromaticum, known until now only from Canada, Refractohilum interrnedium Roux et Etayo sp.nov., known from subhumid parts of southern Europe (Mediterranean areas of France and Spain), and Refractohilum pluriseptatum Etayo et Roux sp.nov., known from western Europe and the most humid parts of southern Europe. These three species, which grow on the thallus of corticolous and often sterile crustose lichens with Trentepohlia, differ from each other by dimensions and septation of conidia and conidiophores, distribution, and ecology.

Key words: lichenicolous fungi, Refractohilum, taxonomy

Introduction ordinairernent triseptCe ii maturitC chez le R. achromaticum.

Dans un travail sur les hyphomycktes du Canada (Manitoba et Saskatchewan), Sutton (1973) a dCcrit le Sporidesmium achromaticum B. Sutton, hyphornyckte ~'Ctablissant sur le tronc de plusieurs espbces d'arbres et diffkrant notablernent de tous les autres Sporidesmium par l'absence de pigmenta- tion brune dans toutes ses parties.

En 1977, Hawksworth crCe le genre Refractohilum, dans lequel il regroupe deux espkces incontestablement lichCni- coles (le R. galligenum D. Hawksw. et le R. peltigerae (Keissl.) D. Hawksw.) et le R. achromaticum (B. Sutton) D. Hawksw. Ces trois espkces sont caractCrisCes, notarn- rnent, par leur aspect de pilosit6 incolore, constituCe de coni- diophores dresses, distinctement annelCs (Hawksworth 1977, 1979), qui ne portent chacun qu'une seule conidie, cymbi- forme, ii base tronquCe et Cpaissie caractkristique. Unicellu- laire chez les deux prernibres espkces, la conidie devient

Hawksworth (1977,- 1979) suggkre qu'initialernent le R. achro- maticum est Cgalement lichCnicole, sur thalle de Partnelia.

En 1991, J . Etayo a dCcouvert en Espagne (Navarra) un Refractohilum sur le Pachyphiale carneola, differant du R. achromaticum dCcrit par Sutton et Hawksworth surtout par des conidies nettement plus grandes et pour la plupart 5 5-7 cloisons. Plus rkcemment, C. Roux a trouvC la m&me forme dans le centre de la France et l'a observCe sur du mat& riel d'herbier rCcoltC dans cette region ainsi qu'en Belgique et dans l'ile de Skye (iles Britanniques). Par ailleurs, entre 1991 et 1993. C. Roux decouvrait. avec 0. Bricaud. D. Le Coeur et M.' Glenn, dans plusie;rs stations du sud de la France, un autre Rejractohilum, diffkrant du R. achrotna- ticutn canadien essentiellement par des conidies un peu plus grandes et pour la plupart a 3 -5 cloisons.

Les Refractohilum d'Europe Ctant proches mais distincts du R. achromaticum, il convenait donc de les comparer soig- neusernent aux specimens du Canada.

R e ~ u le 15 janvier 1997.

C. Rouxl, 0. Bricaud et D. Le Coeur. Centre national de Methodes la recherche scientifique, Unite de recherche associte no 1152, Institut mCditerranCen d'Ccologie et de palCoCcologie, FacultC des sciences et techniques de Saint- JCrhme, FR - 13 397 Marseille CCdex 20, France. J. Etayo. Navarro Villoslada 16, 3" dcha, ES - 3 1 003 Pamplona, Navarra, Espagne.

1. Auteur correspondant (ttl. : 4 91 28 80 47 et 4 91 60 12 19; tC1tc. : 4 91 28 80 51 et 4 91 28 80 30; courrier Clectronique : [email protected]; adresse : Centre national de la recherche scientifique, Laboratoire de botanique et Ccologie mCditerranCenne, FacultC des sciences et techniques de Saint-JCrhme, rue Henri Poincart, FR - 13 397, Marseille CCdex 20, France.)

Les observations microscopiques ont CtC faites dans l'eau, sans coloration ou aprts coloration au bleu de lactophtnol ou au bleu de crCsyl (BCr), avec un microscope photonique (grandissement maxi- mal de 1500x) muni d'un dispositif de contraste interfkrentiel.

Les spCcimens canadiens CtudiCs Ctant anciens, toutes les mesu- res, pour Ctre comparables, ont CtC effectuCes sur du materiel mort, monte dans l'eau. Bien entendu, les specimens de France et de Navarra, fraichement rCcoltCs, ont CtC observes, notamment pour la realisation des dessins, pour lesquels nous nous sommes aid& d'un tube 8 dessin.

Les spCcimens du sud de I'Europe Ctant bien dCveloppCs, nous avons prClevC ~8 et 18, sur chacun d'eux, cinq bouquets de conidio- phores et CtudiC 30-40 conidies. Ce protocole n'a pu Ctre appliquC

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Roux et al. 1593

Fig. 1-3. Structure des conidiophores et des conidies des Refractohilum Ctudies. Fig. 1. Conidiophores, portant ou non une conidie, observCs dans le bleu au lactophCnol. a , R. achromaticum (stade PgC; holotype ); i , R. intermedium (deux stades; MARSSJ no 21 247); p, R. pluriseptatum (stade PgC; Etayo no 1591). Fig. 2. Structure fine du sommet du conidiophore portant une conidie chez le R. pluriseptaturn. La paroi des cellules est constituCe de trois couches visibles seulement aprks coloration au bleu de crCsyl, l'externe (en gris) BCr+ (violet). j , conidie trks jeune; m, conidie beaucoup plus PgCe (Etayo no 1591). Fig. 3. Structure d'une conidie du R. intermedium, vivante, observee dans l'eau (MARSSJ no 21 939).

au mattriel d'herbier canadien souvent trop pauvre pour supporter sans dommage un tel prilkvement. Sur ce mattriel, seuls trois sptcimens sur les huit disponibles nous ont permis dlCtudier au moins 30 conidies.

Seules les conidies tombCes des conidiophores et non abimCes ont CtC mesurCes. Pour chacune d'elles, nous avons not6 la lon- gueur, la largeur maximale et le nombre de cloisons. Dans l'expres- sion des dimensions des conidies, la moyenne est indiquCe en italique, encadrCe par les valeurs extrzmes aprks elimination des 10% des valeurs les plus tlevCes et des 10% des valeurs les plus faibles, tandis que les valeurs extremes absolues sont placCes entre parenthkses.

La nomenclature adoptCe est celle de Clauzade et Roux (1985, 1987, 1989) et de Purvis et al. (1993) pour les lichens et celle de Clauzade et al. (1989) pour les champignons lichCnicoles non 1ichCnisCs. Sauf exceptions, les autoritis des taxons citCs ne sont pas mentionntes.

Les dates de rCcolte des spCcimens sont indiquies selon le sys- tkme international : annie, mois, jour.

Taxonomie

Description des Refractohilurn h conidies pluriseptees (fig. 1-6)

Les spCcimens canadiens et europtens sont suffisamment proches pour qu'il ne soit pas nCcessaire d'en faire des

descriptions sCparCes : leurs caractkres distinctifs seront prC- cists dans la section suivante.

Tous les sptcimens prCsentent l'aspect d'un duvet de poils blancs ou blanchitres, plus ou moins groupts en petites touffes, d'environ 0,05 -0,l mm de hauteur, lesquelles passent assez facilement inaperpes lorsqu'elles sont peu nombreuses. Ces poils sont constituts de conidiophores pro- duits par un mycClium essentiellement endosubstratique, hyalin, form6 d'hyphes courtes de 3-5 pm de diamktre.

Le caractkre lichtnicole des thalks de Refractohilum B conidies plurisepttes est souvent d'observation difficile. 11s peuvent B premikre vue paraitre installts sur le rhytidome alttrt de divers phorophytes, sur des bryophytes, des ascomes de champignons non lichtnis6s corticoles, etc. En fait, ils se dtveloppent initialement sur le thalle de lichens B Trente- pohlia (voir section Biologie, Ccologie et rtpartition gtogra- phique).

Les conidiophores ( j ig . 1 ) Entikrement incolores, les conidiophores sont dress6s, non ramifits, cylindriques, de longueur assez variable [27- 80(110) pm], de 4-7(10) pm de diamktre, droits ou plus ou moins courbes, B paroi Cpaisse (1,5 -2 pm), pluristratifite, B surface lisse ou un peu irrkgulikre (anntlations). 11s prtsen-

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Can. J . Bot. Vol. 75, 1997

Holotype Zsotype

Holotype CFB no 10 456

MARSSJ no 21 247

Etavo no 3066

Eta yo no 2246

Fig. 4-6. VariabilitC des conidies des Refractohilum CtudiCs. Fig. 4. Conidies du R. achromaticum observCes dans l'eau (holotype, CFB; isotype, IMI; CFB no 10 456; Canada). Fig. 5. Conidies du R. intermediutn observCes dans l'eau (MARSSJ no 21 247, Provence; MARSSJ no 21 939, Languedoc; Etayo no 3066, Navarre). Fig. 6. Conidies du R. pluriseptatutn observies dans l'eau (MARSSJ no 21 521, Languedoc; Etayo no 2246, Navarre; Etayo no 4402, Navarre).

tent 1 - 11 cloisons transversales et 1-9 annilations distinc- tes. Aprks coloration au BCr, leur paroi montre une couche tout a fait externe, BCr+ (violet sombre), et quelques couches internes, correspondant aux diverses annklations, formCes chacune de deux couches ClCmentaires peu distinctes l'une de l'autre, l'externe Ctant BCr+ (violet pile) et l'interne BCr - .

La cellule conidiogbne La cellule conidiogkne, qui reste terminale, incorporCe au conidiophore, est monoblastique, ne produit qu'une seule conidie 2 la fois, mais de facon rCpCtitive (prolifkration de type annklidique).

Les conidies (jig. 2 et 3) Les conidies sont hyalines, cymbiformes, a sommet obtus mais parfois allongt, base distinctement tronquCe; elles ont une paroi lisse, Cpaissie et rCfringente h leur base. D'abord simples, elles deviennent rapidement uniseptCes puis pluri- septCes. Leur cytoplasme est rempli de nombreuses petites guttules (fig. 3) qui disparaissent progressivement aprks la mort de la conidie. La paroi des conidies (fig. 2) est consti- tuCe de trois couches, peu ou pas distinctes en microscopie photonique, sauf aprks coloration au BCr : couche externe (BCr + violet sombre), couche moyenne (BCr + violet pile) et couche interne (BCr-). La cloison (BCr+ violet p2le) est traverste par une trks fine lame intermtdiaire (BCr+ violet clair) et munie a la base d'un petit torus (BCr+ violet clair). La partie basale refringente, caractkristique, semble avoir pour origine un Cpaississement de la couche moyenne, mais il est difficile de se prononcer avec certitude a ce sujet a partir des seules observations en microscopie photonique. ~ e s dimensions et le nombre de cloisons des conidies. assez variables, sont CtudiCs ci-aprks.

Comparaison des spkcimens d'Europe et du Canada (tableaux 1 et 2 et fig. 4-11)

L'examen du matCriel canadien nous a rnontrC que les dimen- sions des conidies sont un peu plus grandes que celles don- nCes par les auteurs (tableau 1). Quelques conidies prCsentent 4 cloisons transversales et m&me 5 pour l'une d'elles, ce qui n'avait pas CtC mentionnC jusqu'ici.

Le matCriel europten prCsente des conidies plus grandes et plus cloisonnCes que celles du matCriel canadien (fig. 4 - 6). Si la plupart des specimens du sud de la France sont assez proches du R. achromaticum, les spCcimens du centre de la France, de Belgique, de l'ile de Skye et quatre spCcimens d'Espagne s'en Cloignent considCrablement. Nous avons analysC et comparC statistiquement les dimensions et le nombre de cloisons des conidies des spkcimens pour lesquels nous avons pu rnesurer 30-40 conidies (a l'exception du

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Roux et al

Tableau 1. Dimensions et nombre de cloisons des conidies des spCcimens canadiens de Refractohilum achromaticum selon divers auteurs.

Sutton (1973) Hawksworth (1977) Roux et al.

Longueur (pm) 11-15,s Largeur (pm) 4 - 4 3 Nombre de cloisons 3 Effectif CtudiC Non prCcisC

Fig. 7-9. Longueur moyenne, largeur moyenne et nombre moyen de cloisons des conidies des specimens de Refractohilum CtudiCs (effectifs compris entre 30 et 40; intervalles de confiance de 90 et 95%). Fig. 7. Longueur moyenne. Fig. 8. Largeur moyenne. Fig. 9. Nombre moyen de cloisons.

specimen Etayo no 12 179 : 27 conidies mesurCes seule- ment). Les figures 7- 11 et le tableau 2 montrent que les spCcimens de Refractohilum CtudiCs peuvent Ctre classCs en trois groupes, que nous considCrons comme des espkces voi- sines (voir section suivante) et qui se distinguent par la taille et le nombre de cloisons des conidies, par des dttails de leurs conidiophores ainsi que par leur Ccologie et leur rCpartition gkographique.

Valeur taxinomique des trois groupes distinguds La sCparation des trois groupes de Refractohilum B conidies pluriseptCes n'est pas brusquement tranchCe, car des chevau- chements non ntgligeables existent dans les dimensions des conidies et dans le nombre de cloisons de celles-ci, lorsqu'on compare le groupe 1 (R. achromaticum) au groupe 2 (R. (< intermedium n) et le groupe 1 au groupe 3 (R. << pluri- septatum n). L'Ctude statistique montre cependant que les dif- ferences dans les dimensions des conidies et le nombre de leurs cloisons sont significatives au seuil de 99% lorsqu'on compare les trois groupes distinguCs (fig. 10). Par ailleurs, la comparaison des dimensions des conidiophores et du nombre de leurs cloisons (tableau 2), bien que d'utilisation dtlicate, en raison des dges variCs de ceux-ci sur un mCme

. , spCcimen, apporte des arguments suppltmentaires B la dis- tinction de ces trois groupes.

La comparaison des conidies des divers sptcimens (en ne retenant que ceux CtudiCs statistiquement) montre une varia- bilitC assez importante, tant pour les dimensions que pour le nombre de cloisons (fig. 7 -9). Cependant, chacun des trois groupes se distingue des deux autres par la longueur moyenne des conidies (aux seuils de 90 et 95%; fig. 7). Un spkcimen du sud de la France (MARSSJ no 21 936, Saint- Hippolyte) et un du Canada (holotype du R. achromaticum) font exception, mais ces deux sp6cimens se distinguent bien l'un de l'autre, notamment par la largeur de leurs conidies (fig. 8) et par la relation entre la longueur et la largeur des conidies (fig. 11).

La largeur des conidies (fig. 8) et leur nombre moyen de cloisons (fig. 9) donnent des informations un peu moins significatives. La distribution du nombre de cloisons des conidies (fig. 12) est trks resserrCe chez le R. achromati- cum, beaucoup plus CtalCe dans le Refractohilum groupe

pluriseptatum n et intermkdiaire dans le Refractohilum

(1 1)13- 15(17) (10)12- 17(20) 3,s -4,5(6) (3,5)4-5(5,5)

3 (1)2-3(5) Non precise 167

R. intermedium

3 2 " ' " " " " " " R, plurisepta turn

14/ ' f R. achromaticurn I

30 t

R. plurisepta tum

4 5

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I l l , ] I . . n.. intermedium t 1 R. achromaticum

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groupe x intermedium D. 9 Specimens

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Can. J. Bot. Vol. 75, 1997

Tableau 2. Caracttres distinctifs des Refractohilurn achromaticum a conidies pluriseptCes.

R. achromaticum R. intermedium R. pluriseptatum

Conidies Longueur (pm) Largeur (pm) Rapport Lolla Nombre de cloisons Plus de 3 cloisons Plus de 4 cloisons Effectif CtudiC

Conidiophores Longueur (pm) Largeur (pm) Nombre de cloisons Nombre d'annilations

RCpartition gCographique Canada France et Espagne mCditerranCennes

RCgion eurosibkrienne occidentale

Enfin, la proportion de conidies ii plus de 3 et ii plus de 4 cloisons (tableau 2) permet de distinguer, dans tous les cas, le R. achrornaticurn des deux autres groupes.

En conclusion, 1'Ctude comparative montre que trois groupes peuvent &tre distinguCs chez les Refractohilum ii conidies plurisepttes. L'examen d'autres spCcimens, dans divers milieux dlEurope mCridionale et moyenne (voir la section Sptcimens examinks), confirme cette Ctude : les trois groupes considtrts semblent constituer trois taxons distincts et non des modifications environnementales d'une m&me espkce. Leur statut, sptcifique ou infra-spkcifique, est ii discuter.

Une limitation au statut infra-spkcifique peut en effet &tre envisagCe puisque : (i) I1 existe un recouvrement non nCgli- geable entre les valeurs des paramktres CtudiCs chez les trois taxons. (ii) I1 est difficile de &parer quelques specimens du Refractohilum groupe achromaticum de specimens du Refractohilum groupe << intermedium D. (iii) La distinction sQre des trois taxons ne peut se faire dlemblCe sans ambigui'te par une simple observation : seule la proportion des conidies ii plus de 3 et ii plus de 4 cloisons permet i coup sQr de les distinguer.

Cependant, les arguments favorables ii l'adoption du statut d'espkce nous semblent plus convaincants : (i) La

moyenne de la longueur, la moyenne de la largeur et le nombre moyen de cloisons des conidies des trois taxons distinguCs sont significativement diffkrents au seuil de 99% lorsqu'on considkre l'ensemble des spCcimens CtudiCs. Les caractkres des conidiophores (largeur, longueur maximale et nombre maximal de cloisons) constituent d'autres caractkres distinctifs des trois taxons, auxquels on peut ajouter des diffkrences dans 1'Ccologie et dans la rkpartition gCograp- hique. (ii) Chacun des specimens ttudiks dans le prCsent travail, y compris ceux qui n'ont pas fait l'objet d'ktude statistique, peut &tre place dans l'un des trois taxons d'aprks certains caractkres de ses conidies : longueur, nombre de cloisons, proportion de conidies ii plus de 3 et i plus de 4 cloisons et, dans une moindre mesure, largeur. Les carac- tkres des conidiophores peuvent aussi &tre utilisCs, mais pratiquement seule la largeur est significative, car les autres caractkres (longueur maximale et nombre maximal de cloi- sons) varient avec leur 2ge. (iii) Dans le Languedoc et en Andalousie, regions oG les groupes R. (( intermedium et R. (( pluriseptaturn )> coexistent, les populations de chaque groupe montrent des difftrences tcologiques notables (voir section Biologie, Ccologie et rtpartition gtographique) et les spCcimens rCcoltCs peuvent &tre attributs sans ambigu'itC ii l'un ou B l'autre groupe.

Consbquences taxinomiques : distinction de trois especes de Refractohilum Nous considCrons donc les trois groupes distinguCs ci-dessus comme des esptces sCparCes de la faqon suivante :

Conidies a (1)2-3(5) cloisons transversales (au maximum 3% de conidies a plus de 3 cloisons), de (10)12-14,3- 17(20) x (3)3,5 -4,3-5(5,5) pm. Conidiophores de 4 -5 pm de largeur. Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .R. achromaticum Conidies A (1)3-5(6) cloisons transversales (10-75% de conidies a plus de 3 cloisons, 5-20% de conidies A plus de 4 cloisons), de (10)14,5-17,9-21,5(29,5) x (3,5)4,5-5,2-6(7) pm. Conidiophores de 4,5-6 pm de largeur. Parties subhumides de 1'Europe mCditerranCenne occidentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . R. intermedium Conidies A (1)3-7(8) cloisons transversales (80-95% de conidies a plus de trois cloisons, 60-80% de conidies a plus de 4 cloi- sons), de (13)17,5 -24,5-31,339) x (4)5 -6,l-7(7,5) pm. Conidiophores de 5,5 -7 pm de largeur. Europe occidentale non mCditerranCenne, plus rarement dans les parties mCditerranCennes humides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .R. pluriseptatum

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Roux et al. 1597

Fig. 10. Variabilitt de la longueur moyenne (Lo), de la largeur moyenne (la) et du nombre moyen de cloisons des conidies de Refractohilum ktudiCs (effectifs compris entre 170 et 370, environ; intervalles de confiance de 90, 95 et 99%). a , R. achromuticunt; i , R. intermedium; p, R. pluriseptatum.

Diagnoses

Refractohilum intermedium Roux et Etayo sp. nov. A R. achromaticum (B. Sutton) D. Hawksw. differt conidiis majoribus [(10)14,5-17,9-21,5(29,5) x (3,5)4,5-5,2- 6(7) pm] magisque septatis [(1)3 -5(6) transversis septatis] et conidiophoris majoribus (27-75 x 4,5-6 pm).

TYPE: France, Languedoc, Gard, Saint-Jean-du-Gard, sur talo de Pachyphiale carneola, sur trunko de Quercrls ilex, alt. 200 m, 1993105123, leg. M. Glenn, A. Gbmez-Bolea et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 2 1 940, holotypus.

Refractohilum pluriseptatum Etayo et Roux sp. nov. A R. achromaticum (B. Sutton) D. Hawksw. differt conidiis distincte majoribus [(13)17,5 -24,5-31,5(39) x (4)5-6,I- 7(7,5) pm] magisque septatis [(1)3-7(11) transversis septa- tis] et conidiophoris majoribus [32 - 80(110) x 5,5 - 7(10) pml.

TYPE : Espagne, Navarra, Valle de la Ulzama, Oroquieta, 750 m, sobre Quercus robur, sobre talo de Pachyphiale car- neola, 19941021 13. J. Etayo, MA-Lich., holotypus, herb. Etayo no 12 179, isotypus.

AffinitCs : le groupe du R. achromaticum et le groupe du R. galligenum

Le genre Refractohilum comprend donc actuellement cinq espkces, qui peuvent Ctre rkparties en deux groupes :

Le premier est constituC de deux espkces ckcidiogknes sur de grands lichens foliacCs (Peltigera et Nephroma), ii coni- dies non cloisonnCes : R. galligenum D. Hawksw. (espkce type du genre) et R. peltigerae (Keissl.) D. Hawksw. (voir Hawksworth 1977).

Le deuxikme rtunit trois espkces non ckcidiogknes, se dCveloppant sur des thalles crustacCs a Trentepohlia qu'elles ne semblent pas modifier, et dont les conidies sont cloison- nCes transversalement : R. achromaticum (B. Sutton) D. Hawksw., R. intermedium Roux et Etayo et R. plnrisepta- tum Etayo et Roux.

Biologie, ecologie et repartition geographique

HBtes Selon Sutton (1973), le Refractohilum achromaticum se dCveloppe sur des ascomycktes en mauvais Ctat, sur des

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Fig. 11. Longueur rnoyenne des conidies de Refractohilum CtudiCs, en fonction de leur largeur (haut) ou du nornbre moyen de cloisons (bas). a , R. achromaticurn; i, R. intermedium; p , R. pluriseptatum).

3 4 5 6 7 8

Largeur (prn)

Nornbre de cloisons

lichens et sur les bords redress& de vieilles Ccorces. Hawks- worth (1977), aprbs observation du matCriel de I'IMI, tient pour vraisemblable que le Refractohilum achromaticum est initialement parasite d'une espbce de Parmelia (probable- ment P. sulcata). Nous ne partageons pas ce point de vue, car nous n'avons jamais observe de Refractohilum du groupe ach~omaticum sur des Parmelia.

A premibre vue, les thalles des Refractohilum B conidies pluriseptCes semblent ttablis directement sur le rhytidome altCrC de divers phorophytes. Ceux-ci sont uniquement des feuillus dans le sud de 1'Europe : Quercus ilex, Q. petraea, Q. pubescens, Q. robur, Q. canariensis, Fagus sylvatica, etc.; des feuillus ou des rCsineux au Canada : Betula papyri- fera, Cornus sp., Fraxinus sp., Populus balsamifera, Abies balsamea, Picea mariana, etc. Les conidiophores sont sur- tout localisCs sur les microsaillies du rhytidome, y compris lorsque celles-ci se trouvent dans des crevasses. Cependant, aussi bien au Canada que dans le sud de l'Europe, les

Fig. 12. Distribution du nornbre de cloisons des conidies de Refractohilum t5tudiCs.

R. achromaticum 1 4 q 9 . n . ' - c . ' . ' . ' . ' . ' - ' - ' ,

R. intermedium 2 2 5 . - ' . ' . ' . ' - ' . ' . ' . ' . ' - ' ,

R. pluriseptatum

Nombre de cloisons

Refractohilum B conidies pluriseptCes envahissent souvent divers Cpiphytes : colonies d'algues vertes diverses, feuilles de 1'hCpatique Frullania dilatata, divers ascomycetes 1ichCnisCs (Pachyphiale fagicola, Pachyphiale carneola, Physconia servitii, Physcia tenella, Scoliciosporum gallurae, Strigula mediterranea, etc, thalles morts) ou non 1ichCnisCs (ascomes de diverses espbces : Hysterium pulicare, H. angustaturn, Navicella pileata, etc.). Ceci est en concordance avec les observations de Sutton (1973).

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Un examen plus attentif, avec notamment prklkvement et examen au microscope photonique par transmission du sup- port des colonies des Refractohilum CtudiCs, montre que celles-ci se dCveloppent toujours sur des thalles B Trente- pohlia plus ou moins distinctement 1ichCnisCs. Ces thalles, quelquefois fertiles et reconnaissables, sont le plus souvent stkriles et, peu visibles, passent gCnCralement inaper~us.

Le R. pluriseptatum a, jusqu'ici, toujours CtC observC sur des thalles fertiles bien reconnaissables de Pachyphiale car- neola, d'dnisomeridium nyssaegenum, de Strigula mediter- ranea et de Thelopsis rubella. Cependant, les thalles de ces lichens peuvent envahir les bryophytes et les ascomes d'asco- mycktes non 1ichCnisCs voisins et y forment une mince pellicule stCrile, sur laquelle ce Refractohilum peut se dCve- lopper : il ne slCtablit donc pas directement sur les bryo- phytes ou les ascomycktes non 1ichCnisCs.

Le R. intermedium se rencontre assez souvent sur le Pachyphiale carneola (spCcimens du Gard et de Navarre), le P. fagicola (spCcimens du Var), mais encore plus frC- quemment sur des thalles stCriles B Trentepohlia, minces, gris blanchitre, peu visibles. Sur plusieurs de nos spCcimens, aucun de ces deux Pachyphiale n'a pu &tre observC B 1'Ctat fertile, mais il est possible que l'un ou l'autre y soit reprb sent6 par des thalles stCriles non dkterminables. En effet, d'autres lichens B Trentepohlia, tels que le Sagiolechia pro- tuberans et l'lonaspis epulotica (saxicoles-calcicoles), se rencontrent souvent B 1'Ctat stCrile, car ils ne fructifient que dans des conditions de milieu favorables, en particulier, lorsque lYhumiditC est suffisante.

Quant au R. achromaticum, nous ne l'avons observC qu'une seule fois sur un Pachyphiale fertile (P. fagicola). Tous les autres spCcimens sont sur des thalles B Trentepohlia stCriles, minces, gris blanchitre, peu visibles, qui envahis- sent souvent des ascomes d'ascomycktes non lichCnisCs, et qui sont parfois en mClange avec d'autres lichens qui peuvent les recouvrir.

En conclusion, les trois espkces de Refractohilum B coni- dies pluriseptCes semblent bien lichCnicoles, sur des thalles B Trentepohlia, frkquemment du genre Pachyphiale, plus rarement des genres Anisomeridium, Strigula et Thelopsis, parfois indkterminables parce que stCriles. Leur caractkre lichCnicole est souvent peu evident, surtout dans les milieux relativement secs oh les lichens h6tes ne parviennent pas B fructifier. Elles ne semblent causer aucun dommage aux thalles sur lesquels elles s'installent, mais les relations qu'elles entretiennent avec leur h6te n'ont pas pu Ctre prC- cides.

RCpartition et ecologie Le R. intermedium n'a jusqu'ici CtC rencontrC que dans la rCgion mCditerranCenne occidentale, B 1'Ctage mCsomCditer- ranken. Dans le sud de la France, il a son optimum dans des for& de Quercus caducifoliCs (Q. pubescens) ou sempervi- rents (Q. ilex), dans des peuplements 1ichCniques non hClio- philes mais le plus souvent assez photophiles (peuplements B Parmelia s.1. et Physcia s.1.). En Navarre et en Andalousie, le R. intermedium s'observe dans des peuplements analo- gues, dans des forgts B Q. ilex subsp. ballota ou B Q. suber.

Le R, pluriseptatum est surtout connu dans le sud-ouest et l'ouest de la rCgion eurosibkrienne, B 1'Ctage collinCen, en Espagne (Navarre, Cantabrie), dans les iles Britanniques (ile

de Skye), en Belgique et en France (PyrCnCes-Atlantiques, Corrkze, Loir-et-Cher, Seine-et-Marne), dans des for&ts de feuillus (Quercus robur, Q. petraea, Fagus sylvatica, Castanea sativa, Betula sp., Corylus avellana). Nous l'avons rencontrC beaucoup plus rarement dans la rCgion mCditerra- nCenne, aussi bien en Espagne (Andalousie) qu'en France (HCrault), ou il est localis6 dans des stations particulikrement sombres et humides.

Les donnCes de la littCrature sont insuffisantes pour donner des prCcisions sur 1'Ccologie du R. achromaticum, mais, d'aprks la rCpartition gkographique (Canada : Mani- toba et Saskatchewan) et la liste des phorophytes (voir plus haut), il semble qu'il se rencontre dans des biotopes fores- tiers et nettement plus froids. Les lichens accompagnant le R. achromaticum (Parmelia spp., Physcia spp., notamment, le Physcia adscendens, un Phaeophyscia sp., un Candela- riella sp. et le Pachyphiale fagicola) indiquent que d'un point de vue photique et hygromktrique, les biotopes canadiens B R. achromaticum sont vraisemblablement analogues B ceux du sud de la France B R. intermedium.

Enfin, il est possible qu'en raison de leur trks petite taille, les Refractohilum B conidies pluriseptCes soient souvent pass6 inaper~us. La rkpartition actuellement connue serait alors trks incomplkte.

Remerciements

Nous remercions bien chaleureusement A. Bellemkrre (Paris), G. Clauzade (Cavaillon) et P. Diederich (Luxem- bourg) qui ont revu notre manuscrit et proposC plusieurs modifications judicieuses, M. Casares, C. Coste, M. Glenn, A. G6mez-Bolea et N. Hladdn qui nous ont accompagnCs sur le terrain lors de la rCcolte de spCcimens, les conservateurs de 1'IMI et du CFB pour le pr&t de spCcimens de R. achroma- ticum, ainsi que J.-C. Boissikre (Fontainebleau) et P. Diede- rich pour le pr&t de spCcimens de Pachyphiale carneola. Le deuxikme auteur (JE) remercie la Direcci6n General de Investigati6n Cientifica y TCcnica pour son aide financikre (projet PB 9210795).

Bibliographie

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Annexe

Specimens examines Refractohilum achrornaticum C A N A D A : Manitoba, Belair Provincial Forest, Abies balsarnea, 1968110103, leg. B.C. Sutton (no 3667), CFB (WINF(M)) no 10 456b; Red Sucker Lake, Fraxinus sp., 1969107110, leg. W. Craw- ford, CFB (WINF(M)) no l l 752 (holotype) et IMI no 144 51 l (isotype); Rennie, Cornus sp., 1968109110, leg. B.C. Sutton (no 3408), CFB (WINF(M)) no 10 320; Manitoba, Riverton, 8 miles S Beaver Creek, Picea mariana, 1967106114, leg. G. Still, IMI no 144 516; Whitemouth, Darwin Plot, Abies balsamea, 1967107113, leg. B.C. Sutton (no 1404), CFB (WINF(M)) no 7809. Saskatchewan, Waskesiu, South end of Kingsmere Lake, Betula papyrifera, 1967106123, leg. W. Beveridge (no 937), CFB (WINF(M)) no 7108; Candle Lake, White Swan Lke., Abies balsamea, 1967108103, leg. B.C. Sutton, IMI no 144 518; Saskatchewan, Deschambeault Lake, Populus balsamifera, 1967108103, leg. B.C. Sutton, IMI no 144 515.

Refractohilum intermedium ESPAGNE : Andalucia, CBdiz, Jerez de la Frontera, Moj6n de la Vibora, UTM 30STF7955, sur Q. suber, alt. 610 m, 1994104117, leg. M. Casares, J. Etayo, A. G6mez-Bolea et N. Hlad~n , herb. Etayo no 12 443. NAVARRA, Ibiricu, sur Quercus ilex subsp. ballota, alt. 750 m, 1992104121, leg. J. Etayo, herb. Etayo no 3066. FRANCE : Outre I'holotype (Languedoc, Saint-Jean-du-Gard) : Lan- guedoc, Gard, Arre, sur Quercus ilex, alt. 410 m, 1993105124, leg. M. Glenn, A. G6mez-Bolea et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 21 941; Gard, Banne, sur Quercus ilex, alt. 320 m, 1993105129, leg. M. Glenn, A. G6mez-Bolea et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 21 943; Gard, Durfort, sur Quercus ilex, alt. 270 m, 1993105126, leg. M. Glenn, A. G6mez-Bolea et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 21 938; Gard, Mialet, sur Quercus ilex, alt. 400 m, 1993105122, leg. M. Glenn, A. G6mez-Bolea et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 21 937; Gard, Peyregrosse, sur Quer- cus ilex, alt. 350 m, 1993105125, leg. M. Glenn, A. G6mez-Bolea et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 21 942; Gard, St-Hippolyte- du-Fort, sur Quercus ilex, alt. 260 m, 1993105126, leg. M. Glenn, A. G6mez-Bolea et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 21 936 et 21 939. Provence, Var, Nans-les-Pins, 1,5 krn N de Nans, sur Quercus pubescens, alt. 430 m. 1992106130, leg. C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 21 247 et 21 254; Var, Pierrefeu-du-Var, dCfens du BCcasson, sur Quercus ilex, alt. 80 m. 1991106113, leg. D. Le Coeur et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 21 237.

Anvenne, au sortir de la vallCe de la diguette, sur Quercus. 1984103, leg. E. SCrusiaux, herb. Diederich no 5875. ESPAGNE : Outre l'holotype (Navarra, Valle de la Ulzama, voir plus haut) : Andalucia, Cadiz, Jerez de la Frontera, canuto del Enemigo, UTM 30STF7654, sur Quercus canariensis, alt. 600 m, 1994104117, leg. M. Casares, J . Etayo, A. G6mez-Bolea et N. Hladlin, herb. Etayo no 12 297. Cantabria, Argiiebanes, parte escondida, sur Castanea, 1992105111, leg. J. Etayo, herb. Etayo no 1591. Navarra, Quinto Real, Alduides, sur Quercus robur, alt. 850 m, 1993110127, leg. J. Etayo, herb. Etayo no 2246; Lizaso, sur Quercus robur, sans date, leg. J. Etayo, herb. Etayo no 4402; Navarra, Mendilaz, sur Fagus sylvatica, alt. 1200 m, 199 11071 19, leg. P. Diederich et J. Etayo, herb. Etayo no 5953; Tafalla, Monte Plano, sur Q. ilex subsp. ballota, alt. 475 m, 1993105, J. Etayo, herb. Etayo no 12 260. FRANCE : Languedoc, HBrault, Mons-la-Trivalle, gorges d'HCric, sur Quercus ilex, alt. 290 m, 1990103115, leg. C. Coste et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 21 521. PyrBnCes-Atlantiques, Larrau, bois de Saint-Joseph, sur Fagus sylvatica, 1993107105, leg. J. Etayo, herb. Etayo no 2353; au sud-sud-ouest de Maulton- Licharre, forCt des Arbailles, vallon du Bidouze, sur Castanea sativa. 1990107127, leg. P. Diederich, herb. P. Diederich no 9283 : au sud de Tardets-Sorholus, Sainte-Engrbce, vers St-Pierre-St- Martin, sur Fagus sylvatica, 1990107126, leg. P. Diederich, herb. P. Diederich no 9361. Massif central, Corrkze, Lapleau, prks du viaduc des Rochers-Noirs, sur Quercus, 1984107113, leg. J.-C. Boissikre, herb. Boissikre no 2793. Bassin parisien, Seine-et- Marne, Fontainebleau, sentier des Artistes, 20 m ii l'ouest des rochers des Deux-Soeurs, sur Fagus sylvatica. 1976103116, leg. J.-C. Boissittre, herb. Boissikre no 1300; Seine-et-Marne, Fon- tainebleau, route de la Fontaine, 300 m au sud-est du carrefour du Nid-de-I' Aigle, sur Quercus, 1980107102, leg. J .-C. Boissikre, herb. Boissikre no 2202. Val de Loire, Loir-et-Cher, Chambord, reserve de Chambord, La Hammentiere, sur Quercrts robur, alt. 90 m, 1995105124, leg. 0. Bricaud et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 22 052; Les Touches, haie prks de la rivikre Caussons, alt. 80 m, leg. 0 . Bricaud et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 22 069; Les Gouffres, taillis sous futaie en dCfens, alt. 90 m. 1995105125, leg. 0 . Bricaud et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 22 144; SE de la Gabillike, alt. 103 m, 1995105124, leg. 0 . Bricaud et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 22 264; La Motte, charmaie, alt. 95 m. 1995105124, leg. 0. Bricaud et C. Roux, herb. C. Roux, MARSSJ no 22324. ~ L E S BRITANNIQUES : ile de Skye, SW Broadford, Drinan, sur COQ- lus et Betula, NG 55 15. 1987105125, leg. P. Diederich, herb. Diederich no 8210.

Refractohilum pluriseptatum BELGIQUE : SE DE HEUBERMONT, SUR Quercus. 1985106104, leg. P. Diederich, E. SCrusiaux et F. Rose, herb. Diederich no 6120.

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