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Les métiers face aux technologies numériques Enquête IAE de Paris – Mars 2016 Jean-Paul Andribet, Jean Casassus et Philippe Eynaud

Enquête IAE de Paris


Les auteurs Philippe Eynaud : Maitre de conférences à l’IAE de Paris Jean-Paul Andribet : Consultant-coach en Système d’information Jean Casassus : Maître de conférences à l’IAE de Paris

Remerciements Robert Cohen : Président de l’Association des Ingénieurs de l’INSA de Lyon (A.I.D.I.L) Loïc Corbasson : Président – IAE Paris Alumni



SOMMAIRE

Introduction ......................................................................................................................................... 4

Les métiers stratèges des technologies numériques (TN) ...................................................................... 5 Un usage massif des TN par les métiers ...................................................................................................................... 5 Les bénéfices tirés de cet usage des TN ...................................................................................................................... 7 Les TN jugées stratégiques par les acteurs métiers .................................................................................................... 9

Les métiers en manque d’autonomie face aux choix technologiques .................................................. 11 Un constat ................................................................................................................................................................. 11 Les freins au déploiement des TN ............................................................................................................................. 11

Repenser le rapport des métiers avec la DSI ....................................................................................... 13 Jugement des métiers sur les services apportés par la DSI ....................................................................................... 13

Conclusion .......................................................................................................................................... 15

Compléments ..................................................................................................................................... 16 Les participants à l’enquête ...................................................................................................................................... 16



INTRODUCTION S’il est généralement admis que la numérisation bouleverse nos sociétés en profondeur, rares sont les études qui mettent en valeur la capacité des acteurs métier à mobiliser les technologies numériques (TN). Les analyses portent principalement sur les acteurs jugés les plus pertinents en entreprise : les professionnels de la DSI. Etant à la source de la fourniture des services informatiques, ces derniers apparaissent en effet comme les plus légitimes pour parler du numérique. Pourtant, les choses sont en train de changer. Deux mouvements de fond nous semblent caractériser ce changement. Tout d’abord, l’informatique est sortie du champ confiné des ordinateurs pour se porter sur de nombreux autres supports technologiques. Ainsi, les objets de notre quotidien se transforment en objets connectés qui dialoguent les uns avec les autres. Les tablettes et téléphones intelligents interagissent au travers de systèmes hyper-contextuels avec des machines intelligentes, des robots et des assistants virtuels. Les imprimantes produisent des objets en 3D pour tous les usages. Toutes ces nouveautés ont pour conséquence de transformer profondément les environnements de travail et de redonner un grand pouvoir d’innovation au niveau local. Par ailleurs et dans le même temps, les acteurs métiers sont de plus en plus technologiquement compétents. Ils se positionnent comme des parties prenantes incontournables pour mettre en œuvre les processus technologiques sur les terrains d’action qu’ils animent et gèrent. Ces deux mouvements conjugués tendent à repositionner les acteurs métiers sur le devant de la scène numérique. Face à ces nouveaux enjeux, l’IAE de Paris1 a décidé de lancer en juin 2015 une étude auprès des acteurs métiers afin de mieux connaître leur point de vue face aux technologies numériques. Pour cela, deux cibles métiers ont été identifiées : « les ingénieurs » et « les managers ». Avec la cible des ingénieurs, l’idée était de questionner les acteurs les plus impliqués et les plus au fait dans la production des environnements technologiques. Avec les manageurs, l’objectif était de comprendre dans quelle mesure la gestion étaient elle-même modifiée et restructurée par les technologies de l’information. Pour cela, l'IAE de Paris (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) a monté une collaboration avec l'Association des Anciens élèves de l'INSA de Lyon (AIDIL) et l'association des Anciens Elèves de l'IAE de Paris. Cette étude, basée sur l’analyse de 1030 réponses, a permis de faire ressortir trois résultats principaux que l’on trouvera développés dans la suite de ce document.

1 http://www.iae-paris.com/



LES MÉTIERS STRATÈGES DES TECHNOLOGIES NUMÉRIQUES (TN)

Un usage massif des TN par les métiers

Qu’ils soient ingénieurs ou managers, les acteurs métiers ont des usages des TN relativement proches. Bien entendu, des différences existent. Ainsi, 61% des managers utilisent (constamment à régulièrement) les ERP, CRM et SCM alors qu’ils ne sont que 49% du côté des ingénieurs. De même, 33% des ingénieurs utilisent des outils d’aide à la conception et à la production alors que les manageurs ne sont que 20% à le faire. Mais au delà de ces différences attendues, on note un usage massif et équivalent des autres TN. Ainsi, 85% des répondants ont recours (constamment à régulièrement) aux outils collaboratifs (workflow, agendas partagés) et 75% des manageurs et ingénieurs déclarent utiliser des outils de connexion (de type B to B) avec leurs clients et partenaires confirmant bien l’interconnexion des entreprises.

Usages des TN par les Managers Usages des TN par les Ingénieurs



De plus, 80% des répondants déclarent travailler avec des outils nomades1

Enfin, on notera l’importance des outils de réseaux sociaux professionnels. Près de 60% des répondants ont une utilisation soutenue du réseau Linkedin (régulièrement, très souvent, constamment). Le chiffre est de 44% pour Facebook.

1 le pourcentage Total, toute population confondue, peut être supérieur aux pourcentages Ingénieurs et Managers car des répondants peuvent à la fois être Ingénieurs et Managers



Les bénéfices tirés de cet usage des TN Questionnés sur les bénéfices liés à l’usage des TN, les acteurs métier répondent qu’ils en retirent en premier lieu une meilleure efficacité (81% plutôt d’accord et tout à fait d’accord), une meilleure transversalité entre les équipes (80% plutôt d’accord et tout à fait d’accord) et une meilleure relation avec l’extérieur (partenaires, clients). On mesure ici que les TN ne sont plus seulement un moyen pour agir sur la productivité mais aussi un outil au service d’une connexion élargie avec l’environnement immédiat.

Bénéfices de l’usage des TN

Bénéfices de l’usage des TN pour les ingénieurs Bénéfices de l’usage des TN pour les managers



Par ailleurs, les acteurs métiers ont conscience que l’informatique ne se réduit pas au matériel informatique. Plus de 20% d’entre eux signalent la présence des TN dans les produits et services vendus par l’entreprise souvent sous la forme d’un package. Des TN embarquées dans les produits (en %) Des TN embarquées dans les services (en %)

(Ex : Ordinateur de bord dans une voiture) (Ex : mise à disposition d’images webcam stations sport d’hiver)

Des TN embarquées dans un mix Produit x Service

(ex : Vente de pneu au kilomètre dont la maintenance est gérée à distance via la traçabilité numérique)



Les TN jugées stratégiques par les acteurs métiers L’usage massif des TN et les bénéfices qu’ils en tirent font que les acteurs métier estiment que les TN sont stratégiques pour leur activité (80% des réponses ‘tout à fait’ et ‘plutôt’).

Les TN sont-elles stratégiques pour votre activité ? Ceci conduit 60% d’entre eux à s’informer à leur sujet et à pratiquer une veille technologique (45% des répondants).

Pratiquez-vous une veille technologiques ?



Parmi les enjeux d’avenir soulevés par les TN, les répondants relèvent majoritairement l’évolution des conditions de travail occasionnée (travail à distance, travail en équipe auto-organisé, etc..), la contribution à l’innovation de l’entreprise, et la montée en puissance de l’e-réputation. Ce dernier enjeu montre la prise de conscience des acteurs métiers de la porosité croisée entre l’espace réel et virtuel.

Les enjeux pour les Ingénieurs Les enjeux pour les Managers

Les enjeux toute population confondue



LES MÉTIERS EN MANQUE D’AUTONOMIE FACE AUX CHOIX TECHNOLOGIQUES

Un constat Malgré leur conscience des enjeux et leur proximité avec les TN, seul 26% des répondants estiment être des acteurs de poids dans le choix d’investissement. Il y a là une contradiction et une source de mécontentement possible.

Vous sentez-vous un acteur de poids

en matière d’investissement dans les TN ?

Les freins au déploiement des TN Si on va plus loin dans les freins au déploiement des TN dans l’entreprise, le premier frein pour les répondants est le manque d’adhésion des acteurs face aux changements induits à égalité avec la difficulté de coupler les nouveaux outils aux systèmes déjà existants. Cette réponse illustre le poids des architectures en place et l’inertie qui en résulte dans un contexte où les acteurs métiers ne sont pas en position de décideurs.



La formation est une autre source d’insatisfaction éventuelle. Ainsi, 80% des répondants disent ne pas avoir bénéficié de formation aux TN au cours de l’année passée. Ceci est un signe supplémentaire de la distance prise entre les décideurs dans les entreprises et les acteurs de terrain. Ce constat est doublement préjudiciable car il menace la cohésion des équipes et il bride des gisements d’innovation potentiels. Avez-vous bénéficié d’une formation aux TN au cours de l’année passée ?



REPENSER LE RAPPORT DES MÉTIERS AVEC LA DSI

Jugement des métiers sur les services apportés par la DSI L’ensemble de ces analyses ne remet pas en cause le rôle déterminant et incontournable de la DSI. Prés de 70% des répondants déclarent être accompagnés par la DSI ou par un prestataire choisi par elle.

Par qui êtes-vous accompagnés pour vos projets de TN ?2 Les acteurs métier jugent bon (voire très bon) le niveau concernant la sécurité des moyens informatiques (57% des répondants) et le niveau du support helpdesk (52% des répondants) offerts par la DSI. Cependant, le jugement est bien moins positif sur d’autres critères. Ainsi, seul 36% des répondants estiment que la DSI est à la hauteur sur la proposition de solutions nouvelles en matière de TN. Seuls 29% des répondants ont un jugement positif de la veille technologique opérée par les DSI pour les usagers des TN. Appréciation des services de la DSI

2 1 le pourcentage Managers et Ingénieurs peut être supérieur aux pourcentages Ingénieurs et Managers car des répondants peuvent à la fois être Ingénieurs et Managers



En outre, les acteurs métiers se plaignent de n’avoir que peu d’échange avec la DSI (voire aucun pour 18% d’entre eux) et ne pas être bien informés des actions conduites par celle-ci (pour 70% d’entre eux). On comprend en conséquence que 57% des répondants envisagent la généralisation des services dans le Cloud comme la possibilité d’une autonomie croissante des utilisateurs (Cf figure p 10) Fréquence des échanges avec la DSI Vous sentez-vous bien informés des actions de la DSI ?



CONCLUSION En synthèse l’étude confirme l’importance d’aller au plus près des métiers pour mieux comprendre les mutations technologiques actuellement en cours dans les entreprises. Ces acteurs métiers (qu’ils soient ingénieurs ou manageurs) sont passionnés par les évolutions technologiques qu’ils observent et pour lesquelles ils entendent jouer un rôle proactif. Cependant, l’étude montre aussi que le pouvoir d’innovation de ces acteurs est largement bridé par le faible niveau d’autonomie dont ils disposent sur le terrain dans la plupart des entreprises. Au final, les résultats de l’enquête plaident pour une plus grande attention aux acteurs métiers, non pas seulement en tant qu’utilisateurs, mais en tant que producteurs et facilitateurs d’innovation. Ceci suppose de reconsidérer leurs rapports et leurs échanges avec la direction des systèmes d’information. Trois préconisations nous semblent alors pouvoir être formulées à l’issue de cette étude afin de mieux tenir compte des enjeux actuels en matière de TN :

- L’innovation avec les technologies numériques suppose un élargissement du périmètre d’observation et une meilleure communication avec les acteurs métiers.;

- Des leviers de changement peuvent être trouvés dans une meilleure insertion des acteurs métier dans la gouvernance du système d’information ;

- Face aux évolutions récentes des TN, une source de créativité et d’innovation réside certainement dans le développement d’une plus grande autonomie d’action pour les acteurs métiers.



COMPLÉMENTS

Les participants à l’enquête

Répartition par formation

Plus de 1000 personnes (1047) ont répondu à cette enquête (dont 482 anciens élèves de l’INSA de Lyon et 493 anciens élèves de l’IAE de Paris et 72 issus d’autres écoles ingénieurs ou MBA).

Parmi ces répondants, on trouve des double cursus (ex : diplômé de l’IAE de Paris et diplômé de l’INSA de Lyon). Le tableau ci-dessous donne par type de formation les personnes ayant ce double cursus (voir triple).

En final nous avons distingué dans la suite de l’étude deux populations-type :

- les « ingénieurs » (711personnes dont 482 INSA de Lyon et 229 d’autres écoles)

- les « managers » ayant suivi un cursus MBA (550 personnes dont 493 de l’IAE de Paris et 57 d’autres cursus MBA)

Ces nombres significatifs de répondants pour ces deux populations permettent d’avoir une « photographie » statistiquement significative pour les thèmes abordés dans cette étude

Répartition par tranche d’âge

On peut constater sur ce graphique une quasi équi-répartition par tranche d’âge tous diplômes confondus et noter un centre de gravité plus jeune pour les INSA de Lyon (prés de 60% ont moins de 40 ans) et l’inverse pour la population MBA.



Répartition homme/femme

On a une répartition 2/3 d’hommes 1/3 de femmes caractéristique des populations d’ingénieurs et de managers (moins féminisées que d’autres catégories socio-professionnelles).

Mais si on observe l’évolution de la répartition par tranche d’âge, on peut en conclure que la féminisation de ces deux catégories est en marche.



Les fonctions qu’ils occupent dans l’entreprise

Le tableau ci-dessous montre la répartition des répondants par grande fonction dans l’entreprise. On peut noter les points suivants :

• l’informatique et télécom est la plus représentée. Attention, il ne s’agit pas ici des seuls effectifs des DSI des entreprises. On pourra recouper avec le point suivant pour en déduire qu’il s’agit en fait principalement de personnes appartenant à des sociétés travaillant pour l’économie numérique (SSII, sociétés de conseil, éditeurs, etc).

• en deuxième position, nous trouvons l’ingénierie dont le gros des effectifs vient des populations d’écoles d’ingénieurs.

• en troisième position les fonctions de Direction Générale issue principalement de la catégorie des Managers.

• en quatrième position la fonction commerciale pour laquelle prédomine les diplômés de MBA. • en cinquième production la fonction Recherche & Développement principalement pourvue par

les écoles d’ingénieurs. • en sixième position la fonction de production.



Les secteurs d’activités où ils travaillent

Sur le schéma ci-dessous, on peut noter la prépondérance du secteur télécom et informatique (21%). Si on s’intéresse à la population des ingénieurs (INSA de Lyon et autres) on notera que le premier secteur employeur reste l’Industrie (30% des effectifs ingénieurs). Si on rajoute les BTP et le secteur Energie/opérateur de réseaux, on arrive à 46% des effectifs ingénieurs travaillant dans le secteur secondaire. Pour la population des managers, le secteur secondaire représente 30% des effectifs. Le premier secteur est celui des services.



Le nombre de personnes encadrées directement ou indirectement par le répondant

Le schéma ci-dessous donne la répartition en pourcentage, par tranche de nombre de personnes encadrées, de la population des ingénieurs (INSA et autres écoles d’ingénieurs), de la population des Managers (IAE de Paris et autres MBA) et les deux catégories confondues.

Prés de 45% des répondants n’ont pas de management d’équipe, 1/3 sont des managers de proximité (1 à 10 personnes), 1/6 sont des managers de managers (10 à 100 personnes), et 4% des directeurs d’entités de plus de 100 personnes.

La taille des entreprises qui les emploient

Le schéma ci-dessous donne la répartition en pourcentage par tranche de taille d’entreprises de la population des ingénieurs (INSA et autres écoles d’ingénieurs), de la population des managers (IAE de Paris et autres MBA) et les deux catégories confondues.

Prés de 60% des répondants appartiennent à des entreprises de plus de 1000p dont 38% dans des multinationales de plus de 10 000 personnes.

25% dans des petites entreprises (moins de 100p) et TPE (moins de 10 personnes) et seulement 17% dans des moyennes entreprises (entre 100 et 1000 personnes). Cette répartition est bien

caractéristique de la répartition des

entreprises françaises.



Marché des entreprises

Prés de 70% des répondants travaillent dans des entreprises opérant sur un marché international. Mais l’ouverture à l’international n’est pas liée à la taille de l’entreprise comme le montre le schéma ci-dessous qui indique la répartition des répondants par taille d’entreprise et par taille de leurs marchés.

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