les mondes de l’art - jonksron.free.frjonksron.free.fr/communication/s1/sociologies/becker - les...

32
Howard S. Becker LES MONDES DE L’ART Gloria Bardi Fiammetta Griccioli Audrey Guttman Laura Ravelli

Upload: danglien

Post on 04-Jan-2019

219 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Howard S. Becker

LES MONDES DE L’ART

Gloria BardiFiammetta GriccioliAudrey GuttmanLaura Ravelli

SOMMAIRE

oBecker et son contexte

o Introduction à l’ouvrage

o La thèse du livre• Les conventions• Le statut de l’artiste

oCas empirique

o Critiques

oConclusion

SOMMAIRE

oBecker et son contexte

o Introduction à l’ouvrage

o La thèse du livre• Les conventions• Le statut de l’artiste

oCas empirique

o Critiques

oConclusion

BECKER ET SON CONTEXTE

Né à Chicago en 1928Il fait ses études à l’Université de Chicago dans les Années 50

ECOLE DE CHICAGO: courant de pensée sociologique américain. •1èrephase: étude des relations interethniques et délinquance dans les grandes villes américaines (Robert Park)• 2ème phase (après les Années 40): étude des institutions et milieux professionnels (Everett C. Hughes)

INTERACTIONNISME SYMBOLIQUE: tradition de la sociologie qui va des pragmatistes (Dewey et Mead) aux sociologues de l’Ecole de Chicago (Park, Blumer et Hughes, leurs étudiants et successeurs).

Trois Principes1) les hommes agissent à l’égard des choses en fonction du sens que les choses ont pour eux;2) ce sens est dérivé des interactions de chacun avec autrui;3) c’est dans un processus d’interprétation mis en œuvre par chacun dans la traitement des objets rencontrés que ce sens est manipulé et modifié.

SOMMAIRE

oBecker et son contexte

oIntroduction à l’ouvrage

oLa thèse du livre• Les conventions• Le statut de l’artiste

oCas empirique

o Critiques

oConclusion

INTRODUCTION A L’OUVRAGE

o Paru en 1982

oStructuré en 11 chapitres

o Becker a amplement contribué au développement d’une pensée sociologique à l’égard de l’art et a ainsi inauguré une tradition qui sera développée dans les années à venir

« …l’art peut être analysé dans les mêmes termes et avec les mêmes outils

méthodologiques que n’importe quel autre domaine d’activité »

SOMMAIRE

o Becker et son contexte

oIntroduction à l’ouvrage

oLa thèse du livre• Les conventions• Le statut de l’artiste

oCas empirique

o Critiques

oConclusion

LA THESE DU LIVRE

La production artistique se présente comme le résultat d’une interaction entre l’Artiste, ses pairs, son public, ses critiques, ses collaborateurs techniques, ses diffuseurs, ses commanditaires, etc.

Ces interactions produisent des réseaux dont le fonctionnement repose sur l’existence de conventions et règles partagées.

L’ensemble de ces interactions se traduit dans un effet de système, ce que Becker appelle « Mondes de l’Art ».

Becker introduit une vision inédite de la production artistique et du rôle de l’artiste.

Avant Becker: l’œuvre d’art était l’expression du talent rare et exceptionnel de l’artiste et ce dernier était reconnu comme le seul protagoniste de la création artistique (Correspondance Artiste – Œuvre d’Art).

Après Becker: on est témoin de la fin du mythe romantique de l’artiste comme génie travaillant dans une situation d’isolement. Au contraire, l’artiste est impliqué dans une chaîne de coopération et dépend d’autres personnes pour la réalisation de l’œuvre.

LA THESE DU LIVRE

« Que l’on songe à toutes les activités qu’il faut mener àbien avant qu’une œuvre d’art prenne son aspect définitif »

• Idéation• Exécution• Fourniture de matériels • Activité de « renfort »• Appréciation, justification et critique• Formation

LA THESE DU LIVRE

Par conséquent, tous les arts reposent sur une certaine division du travail. La chaîne de coopération se compose de personnes, chacune desquelles est censée accomplir un « faisceau de tâches ».

Les longs métrages de Hollywood « L’Ouragan »Parcellisation très poussée des tâches

«…II en va de même pour la poésie, qui semble une activitéencore plus solitaire que la peinture. […] Mais cette autonomie apparente est illusoire. Les poètes dépendent autant des imprimeurs et des éditeurs que les peintres des marchands, et leur travail prend tout son sens par rapport à une tradition où ils puisent également des matériaux»Ainsi d’Emily Dickinson: sans son imprimeur, son œuvre n’eût pu toucher le public.

Le romancier Anthony Trollope « les activités de Trollope et de son domestique se coordonnent avec celles des imprimeurs, éditeurs, critiques, bibliothécaires et lecteurs dans le monde de la littérature victorienne »

Exemples

« …des idées et des formes de pensée communes qui sous-tendent les activités de coopération d’un groupe de

personnes »

Les conventions facilitent la coordination parmi les acteurs qui se constituent en réseaux dans les mondes de l’art; l’action collective est ainsi favorisée par l’existence de règles et normes partagées et entrées dans l’usage commun (parallèle Becker-Bourdieu).

•On a par exemple le cas de la peinture italienne de la Renaissancedont les sujets étaient parfaitement compréhensibles par un public élevé dans la foi chrétienne. Le fait de partager des codes propres de l’histoire sainte permettait au public de déchiffrer aisément les messages contenus dans l’œuvre.

• La notation musicale diffusée dans les pays occidentaux permet aux musiciens d’interpréter et d’exécuter les partitions des compositeurs. Le partage d’un langage standardisé rend donc possible un dialogue et une coopération parmi les participants àun monde de l’art.

LES CONVENTIONS

Si toute convention présente une dimension d’inertie et de conservatisme, elle est aussi susceptible d’être le point de départ d’une rupture envers les codes traditionnels d’un monde de l’art. Cependant, cela engendre des difficultés dans la production et/ou la distribution de l’oeuvre.

• Afin de pouvoir exécuter les compositions de John Cage, les interprètes ont dû modifier leurs instruments.

L’existence de conventions mène à la définition des frontières d’un monde de l’art. C’est la connaissance des conventions esthétiques et matérielles qui définit le noyeau d’un monde de l’art, à savoir les membres de ce réseau.

LES CONVENTIONS

LE STATUT DE L’ARTISTE

L'artiste est au centre d'une chaîne de coopération liant tous ceux qui concourent à l'existence de l'œuvre.

Ces réseaux de personnes (artistes, collègues, collaborateurs, éditeurs, critiques, interprètes) sont les «mondes de l’art», qui remettent en cause la figure de l’artiste solitaire face à son inspiration et à sa création.

En effet, Becker montre que l’artiste se projette en autrui, se représente ses réactions, ses arguments et réagit en anticipant ou en ignorant. Le contexte influe donc sur l’œuvre créée, même s’il s’agit d’une œuvre «originale», qui refuserait des conventions plus ou moins établies.

ArtisteAgent

Imprimeur

Marchand Critique d’art

Collectionneur

Mécène

Commissaire d’exposition

FabricantTransporteur Assistant

ConservateurDirecteur de musée

ArtisteAgent

Imprimeur

Marchand Critique d’art

Collectionneur

Mécène

Commissaire d’exposition

FabricantTransporteur Assistant

ConservateurDirecteur de musée

ArtisteAgent

Imprimeur

Marchand Critique d’art

Collectionneur

Mécène

Commissaire d’exposition

FabricantTransporteur Assistant

ConservateurDirecteur de musée

Becker opère une typologie entre :

•Les professionnels intégrés (savoir-faire technique)

•Les francs-tireurs (les artistes ayant appartenu au monde officiel de leur discipline mais qui n’ont pu se plier à ses contraintes)

•Les artistes populaires (pratiques courants de tous les membres d’une communauté)

•Les artistes naïfs (n’ayant au début aucune relation avec le monde de l’art)

La différence entre cette catégorie d’artistes « n’est pas tant dans leur aspect extérieur mais dans leur relation avec les œuvres de personnes plus ou moins liés à un monde de l’art. »

Ainsi, ce ne sont pas des différences de qualité.

LE STATUT DE L’ARTISTE

Aux artistes les tâches artistiques, au personnel de « renfort » les activités de renfort. Or, ce dernier est relativement interchangeable dans l'exercice de sa fonction et un technicien est capable de faire son travail aussi bien que ses collègues.

Or, la notion de substituabilité est ambigüe sous la plume de Becker. Elle renvoie autant au sentiment des artistes eux-mêmes qu'au point de vue de l'analyste. Les artistes se disent uniques mais, après tout, ils sont tout autant interchangeables que leurs collaborateurs.

Tout ce que fait un artiste peut aussi devenir activitéde renfort pour un autre. A l'inverse, toute fonction peut être tenue pour artistique.

LE STATUT DE L’ARTISTE

SOMMAIRE

o Becker et son contexte

oIntroduction à l’ouvrage

oLa thèse du livre• Les conventions• Le statut de l’artiste

oCas empirique

o Critiques

oConclusion

CAS: Andy Warhol, Brillo, 1964

I. Jouer avec les conventions

o Un produit quotidien transformé en icône de la société de consommation

o Un changement de statut opéré par l’exposition en un lieu dédié

« L’art existe dans un environnement d’interprétation, de sorte qu’une œuvre d’art est un support de l’interprétation. » Danto,

1973

II. D’une production artistique socialisée…

o La Factory ou la réinvention de l’atelier de production en lieu de socialisation et d’excès.

« Ce n'était pas appelé The Factory (l’Usine) pour rien. C'était une chaîne d'assemblage de sérigraphies. Pendant qu'une personne fabriquait une

sérigraphie, une autre pouvait filmer un bout d'essais. Tous les jours il y avait quelque chose de neuf »

John Cale

III. …A des démarches contemporaines

Trois variations sur un thème :

oTakashiMurakami

o Wim Delvoye

o Damien Hirst

TakashiMurakami

Il a fondé la HiroponFactory, devenue aujourd’hui la Kaikai Kiki Corporation.

Composée à l’origine des assistants de Murakami, Kaikai Kiki emploie 50 personnes à Tokyo et 20 personnes dans l’atelier de New York.

La société crée des logos, des T-shirts, et toutes sortes de produits dérivés, et opère dans l’animation, la promotion et le design.

Kaikai Kiki représente également les artistes ChihoAoshima, Mr., Aya Takano, Chinatsu Ban, MahomiKunikata, et ReiSato.

Wim Delvoye

L'artiste belge a créé àPékin, en Chine, une «Art Farm» où il élève des cochons afin de les tatouer et prélève leur peau pour en faire des oeuvres d'art.

Damien HirstFor the love of God

Ce crâne incrusté de 8,601 diamants et un solitaire de 50 carats a été réalisé par les joailliers anglais Bentley & Skinner.

SOMMAIRE

o Becker et son contexte

oIntroduction à l’ouvrage

oLa thèse du livre• Les conventions• Le statut de l’artiste

oCas empirique

oCritiques

oConclusion

CRITIQUES

o Becker analyse les mondes de l’art mais il n’étudie pas de façon détaillée l’organisation spécifique de chacun de ces mondes en terme de structures de production, associations professionnelles, réseaux de diffusion, etc.

o Becker n’arrive jamais à définir la frontière entre les professionnels intégrés et les amateurs, ainsi que les limites des mondes de l’art restent floues.

o Becker néglige le fait que les structures sociales obéissent parfois à une logique autre que celle des individus qui s’y trouvent engagés.

oBecker ne considère ni le contenu ni la dimension artistique et il réduit les normes esthétiques à des conventions sociales.

SOMMAIRE

o Becker et son contexte

oIntroduction à l’ouvrage

oLa thèse du livre• Les conventions• Le statut de l’artiste

oCas empirique

oCritiques

oConclusion

CONCLUSION

Becker, sociologue de la société en train de se faire?

Le fonctionnement des mondes de l’art repose sur un processuscontinu d’accords tacites et d’arrangements formels.

Tous les aspects de la production artistique sont susceptibles d’être l’objet de négociations et d’ajustements.

L’on retrouve sans cesse chez Becker, une dialectique entre dynamisme et stabilité des mondes de l’art.

MERCI!