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I NSTITUT DE R ECHERCHE EN D ROIT I NTERNATIONAL ET E UROPÉEN DE LA S ORBONNE – IREDIES Publication de l’IREDIES n° 1 Les menaces contre la paix et la sécurité internationales : aspects actuels UNIVERSITE PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE

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  • INSTITUT DE RECHERCHE EN DROIT INTERNATIONALET EUROPEN DE LA SORBONNE IREDIES

    Publication de lIREDIES n 1

    Les menaces contre la paix et la scurit internationales : aspects actuels

    UNIVERSITE PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE

  • AVANTPROPOS

    Cetouvragecollectifestlefruitdutravaildunequipedejeuneschercheursspcialissendroitinternational et rassembls au sein du projetMARS (Nouvellesmenaces contre la paix: actions,rglesetscurit internationales).LeprojetMARSsintgredans lecadredunecollaborationentrelUniversit Paris 1 PanthonSorbonne et lUniversit de CergyPontoise et a t financ parlAgencenationaledelarechercheduranttroisannes(20072010).Ilapourthmederecherchelaractionauxconflits.

    LeconstatdedpartdeschercheursparticipantauprojetMARStait lesuivant: lesystmede

    scurit collective tel quil fut labor en 1945 prsente des faiblesses. La dliquescence de cesystmerelvemoinsducaractreobsoltedesdispositionsdelaChartedesNationsUniesquedesinterprtationsquienonttfaitesdepuislafindelaguerrefroide.Lvolutiondescaractristiquesdesractionsauxconflitsarmsrvleeneffetunepratiquedisparatequiengendredesincertitudesquantauxrgimesjuridiquesapplicables.

    Cettetude adoncpourobjetdidentifier les lacuneset faiblessesdu systmede gestiondesconflitsetapermisdesynthtiserunensembledeconnaissancessurchacundes thmesabords.Elle a consist,dansunpremier temps, identifier le fondementdes interventionsonusienne ettatiques. Dans le cadre de ce thme, nous avons choisi de nous concentrer sur deux sujetsspcifiques,quiprsententunegrandeactualit:lusageduChapitreVIIdelaChartedesNationsentantque fondementde linterventiononusienne,et la lgitimedfenseen tantque fondementdelinterventiontatique.

    Lesecondpilierdenotre rflexionaconsistdterminer les rglesapplicablesenmatiredelutte contre le terrorisme. Les incertitudes entourant la notion de terrorisme est en effetreprsentatifduflouquimarquecertainesnotionsourglesdedroit.Notregroupederechercheaeupourobjectifdeseconcentrersurltudededeuxthmesquiposentdesdifficultsimportantesentermesdefficacitetdeffectivitdudroit international: lesmesuresdegeldesfondsetavoirsdesindividusouentitssuspectsdactivitsterroristes,etladtentiondeprsumsterroristes.

    Enfin, notre dernier axe de rflexion tait relatif aux nouveaux enjeux de la scuritinternationale. Des domaines intrt grandissant, tels la protection de lenvironnement et desbiens culturels et la lutte contre la piraterie ont t tudis.Une analyse des nouveaux acteursoprant sur le thtre de conflits a par ailleurs paru ncessaire, en raison des questionsdencadrementjuridiqueposes.Onnesauraiteneffetignorerlerlecroissantjouparexempleparles socits militaires et de scurit prives, auxquels Etats et organisations internationalesdlguentunepartiedelusagedelaforce.Lesentreprisesmultinationalescommencentgalementtretitulairesdunensembledobligationsquilsestagidedcrire.Unetudedustatutjuridiquedecesacteursainsiquedesobligationsquilsont leurchargesestds lorsrvleessentielleenraisonde lancessitde traduire juridiquement limpactet le rlequecesdernierspeuventavoirdanslecadredunconflit.Cetteanalysenouspermetainsidepalliercertainesincertitudesquantla dfinitionmme de ces catgories dacteurs et, par le biais de recommandations, daider larsolutiondecertainsproblmesrcurrents.

    Lamthodologieemployeavarienfonctiondesthmatiques,lensembledesrapportsayantencommunlavolontderesterleplusprspossibledelapratique.Certainschercheurssesontfondssur des entretiens mens individuellement avec des praticiens, les questionnaires auxquels ces

    1

    http://www.univ-paris1.fr/http://www.u-cergy.fr/

  • derniersontconsentirpondreoulesinterventionsdepraticienslorsdesminairesetconfrencesauxquels lesmembresduprojetontassist.Dautres se sontbass sur lapratiqueenmatiredegestiondesconflits,enparticuliercelledesorganisationsinternationales,ainsiquelesjurisprudencesnationalesetinternationale.

    Enfin,outre les chercheursquiontparticipauprojet,nous remercionsvivement JosManuel

    Coelho,StphanieMillanetDavidRich,toustroisingnieursdtudeslIREDIES,quiontparticiplafinalisationdecetouvragequimarquelafindunebelleaventure.

    JeanMarcSorel

    DirecteurdelIREDIESUniversitParis1PanthonSorbonne

    SvetlanaZaova

    ChercheurlIREDIESUniversitParis1PanthonSorbonne

    2

  • LISTEDESABREVIATIONS

    AJIL AmericanJournalofInternationalLaw

    EJIL EuropeanJournalofInternationalLaw

    C.D.I. Commissiondudroitinternational

    C.I.C.R. ComitinternationaldelaCroixRouge

    C.I.J. CourinternationaledeJustice

    CODEXTER Comitdexpertssurleterrorisme

    C.P.I. Courpnaleinternationale

    GAFI Groupedactionfinancire

    I.C.LQ. InternationalandComparativeLawQuarterly

    MONEYVAL Comitdexpertssurlvaluationdesmesuresdeluttecontreleblanchimentdescapitauxetlefinancementduterrorisme

    O.C.D.E. Organisationpourlacooprationetledveloppementconomique

    O.M.P. Oprationdemaintiendelapaix

    ONU OrganisationdesNationsUnies

    ONUDC OfficedesNationsUniescontreladrogueetlecrime

    O.S.C.E. OrganisationpourlascuritetlacooprationenEurope

    OTAN OrganisationdutraitdelAtlantiqueNord

    O.U.A. Organisationpourlunitafricaine

    PESC Politiqueeuropennedescuritcommune

    PNUE ProgrammedesNationsUniespourlenvironnement

    3

  • R.B.D.I. Revuebelgededroitinternational

    R.Q.D.I. RevueQubcoisededroitinternational

    R.I.C.R. RevueinternationaldelaCroixRouge

    R.G.D.I.P. Revuegnralededroitinternationalpublic

    T.P.I.Y. TribunalpnalinternationalpourlexYougoslavie

    T.P.I.R. TribunalpnalinternationalpourleRwanda

    4

  • 5

    LEVOLUTIONPROFONDEDUFONDEMENTJURIDIQUEDESOPERATIONSDEMAINTIENDELAPAIXDESNATIONSUNIES

    HELENEHAMANT1

    Rsum

    Lapratiquedemaintiende lapaixdesdixderniresannesmontreuneprofondevolutiondufondement juridique des oprations de maintien de la paix des Nations Unies. A lorigine, cesoprationsonttconuescommedesoprationsnoncoercitivessinscrivantparconsquentdanslecadreduchapitreVIetnonpasduchapitreVIIde laChartedesNationsUnies.Dans lesannes1990, si plusieurs reprises le Conseil de scurit a invoqu le chapitre VII lgard de tellesoprations, le fondement juridique traditionnel de cellesci restait le chapitreVI.On assiste untournantpartirde1999,carlechapitreVIIdevientunfondementpossibletantpourleurcrationquepour leurmandat.Depuisdixans, ce chapitreestpresque systmatiquementutilispour cesoprations,maisselondesmodalitsvaries.Lutilisationduntel fondement juridiquetraduitunenouvelle conception du maintien de la paix quon appellemaintien de la paix robustedanslaquellelerecourslaforceauneplaceplusimportantequedanslesoprationsdemaintiendelapaixclassiques.

    ***

    Alors quelles ne sont pas expressment prvues par la Charte de lOrganisation des Nations

    Unies,lesoprationsdemaintiendelapaixsontdevenueslundesprincipauxoutilsemployparlacommunaut internationale pour grer les crises complexes touchant la paix et la scuritinternationales.

    EllesonttcrespourpallierlaparalysiedusystmedescuritcollectivetabliparlaCharte,paralysiequelONUaconnuependantlaGuerrefroideetquilempchaitdentreprendreuneactioncoercitiveenvertuduchapitreVII.

    LechapitreVII intitulActionencasdemenacecontre lapaix,derupturede lapaixetdactedagressiondote leConseildescuritdepouvoirscoercitifsquiculminentavecdespouvoirsdecontraintemilitaire.Eneffet, leConseilestautorisprendredesmesurescontraignantes lorsquilconstate une violation de larticle 2 paragraphe 4 de la Charte selon lequel lesMembres delOrganisation sabstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir la menace ou lemploide laforce,soitcontre lintgritterritorialeou lindpendancepolitiquedetoutEtat,soitdetouteautremanire incompatibleavec lesbutsdesNationsUnies.Cesmesurescoercitivesnesontpasfondessurleconsentementdelentitvise2.Ellesconsistentenunecontraintesexerantsur cette entit pour tenter dobtenir que cette dernire se conforme aux objectifs fixs par leConseil.Cesmesurespeuventtrededeuxsortesetsecombinerpar:

    1MatredeconfrencesendroitpubliclUniversitJeanMoulinLyon3.2CesmesurespeuventvisersoitunoudesEtat(s)jug(s)responsable(s)dunerupturedelapaixoudunemenacelapaix,soitdesentitsouindividusjugsresponsablesdatteinteslapaix.

  • - des mesures coercitives non militaires (des mesures de pressions conomiques oupolitiques telles linterruption des relations conomiques ou la rupture des relationsdiplomatiques);

    - desmesurescoercitivesmilitairespouvantimpliquerlemploidelaforcearme.DanslecontextedelaGuerrefroide,ledroitdevetoaccordauxmembrespermanentsaconduit

    unblocageduConseildescurit,empchantcedernierdagirsurlabaseduchapitreVII.Dslors,ausystmecoercitifinitialementprvu,lONUasubstituundispositifnoncoercitifque

    sont lesoprationsdemaintiende lapaix. Il constitueune complte innovation. En effet, aucunarticle de la Charte nementionne la cration par cetteOrganisation de forces autres que cellesprvueslarticle43.Orcellescinontjamaistmisesenplacecausedelaparalysiedusystmeprovoquepar laGuerre froide.A lorigine, lesoprationsdemaintiende lapaixonttconuescomme sinscrivant dans le cadre du chapitre VI de la Charte. Ce chapitre intitul Rglementpacifique des diffrends prvoit des moyens dactions pacifiques pour appuyer le rglementpolitiquedundiffrend.

    Cependant,dans lesannes1990,avec lafinde laGuerrefroideet,parconsquent, lafinde laparalysiedusystmedescuritcollectivemisenplaceparlaCharte,leConseildescuritautilisplusieursrepriseslechapitreVII3lgarddoprationsdemaintiendelapaix.

    DeuxraisonspeuventtreavancespourexpliquerlechoixparleConseildecettebasejuridique.En premier lieu, le chapitre VII permet dimposer une telle opration. Cela peut savrer

    ncessairedansdeuxsituations:- quand les institutionstatiquesde lEtathtesontentotaledliquescenceetquilnya

    pourainsidireplusdautorittatique(ex.laSomalieen1992).Acemomentl,unetellesituationempchelarechercheduconsentementdespartiesauconflit.

    - quand aucun accord de cessezlefeu na t concluou respect avant ledploiementduneoprationdcideparlONU.

    Ensecond lieu,etcestcequi importe leplus,cechapitrepermetunusagede la forcepar lesmilitaires participant lopration demaintien de la paix qui nest plus cantonn la lgitimedfense, la diffrence de ce qui est possible pour les oprations fondes sur le chapitreVI. Larfrenceau chapitreVIIaccompagnede la formule selon laquelle loprationdemaintiende lapaix est autorise prendre toutes lesmesures ncessaires ou utiliser tous lesmoyensncessaires pour remplir sa mission signifie que celleci peut dcider de mesures coercitivespouvant aller jusqu lemploide la force audelde la stricte lgitimedfense. Ilne fautpasenconclureque lesmilitaires recourront automatiquement la force,mais son emploi est autoris.Toutdpendradesvnements.Enoutre,ilsagiratoujoursdunusageminimumdelaforce.

    Nanmoins, dans les annes 1990, le chapitre VI demeurait encore le fondement juridiquetraditionneldesoprationsdemaintiendelapaix.

    3Ilconvientdesoulignerque,pendantlaguerrefroide,leConseildescuritaautorislOprationdesNationsUniesauCongo (ONUC)utiliser la force.Voir laS/RES/161 (1961)du21 fvrier1961.Certes,onne trouveaucunementionduchapitreVII.Cependant, ilest indiquaupar.1que leConseildescuritdemande instammentque lesNationsUniesprennent immdiatement toutesmesures appropries pour empcher le dclenchement dune guerre civile au Congo,notammentdesdispositions concernantdes cessezlefeu, la cessationde toutesoprationsmilitaires, laprventiondecombatsetlerecourslaforce,sibesoinest,endernierressort.VoiraussilaS/RES/169(1961)du24novembre1961.Lencore, le chapitre VII nest pasmentionn,mais au par. 4, le Conseil de scurit autorise le Secrtaire gnral entreprendreuneactionvigoureuse,ycompris, lecaschant, lemploide la forcedans lamesure requisepour faireimmdiatement apprhender,placer en dtention dans lattente de poursuites lgales ou expulser tous lespersonnelsmilitaireetparamilitaireetconseillerspolitiquestrangersnerelevantpasduCommandementdesNationsUnies,ainsiquelesmercenairesvissauparagraphe2delarsolution161(1961).Legrasestdenous.

    6

  • Or,durant ladcennie19992009, leConseildescuritemploie lechapitreVIIde faonquasisystmatique.LesconsquencesensonttrsimportantesvuquelusagedelaforcearmenestpaslemmeselonquelactionduneoprationsinscritdanslecadreduchapitreVIouduchapitreVII.

    Ilyaainsiuneprofondevolutiondufondementjuridiquedesoprationsdemaintiendelapaix.Cela traduit une nouvelle conception du maintien de la paix: le maintien de la paix appelrobuste.Cestlobjetdecettetude.

    Centre sur lesoprationsmenes sous lgideet lecommandementdirectdesNationsUnies,elleprenduniquementencompte lesoprationsconduitespardautresacteursavec lautorisationduConseildescuritpourenmontrercertainesdiffrences.

    Cettetudeest fondesur lanalysede lapratiquedesannes19992009. Ilnousasembleneffet intressantdtudier lesoprationsdemaintiende lapaixde lONUmisesenplaceaprs lapublication en aot 2000 du rapport command par le Secrtaire gnral de lOrganisation ungroupedexperts indpendants.Cedocumentconsisteenunevaluationde laptitudedesNationsUniesmenerdesoprationsdepaixefficaceseten laformulationderecommandationsfranches,prcisesetralistessur lesmoyensdamliorercetteaptitude.IlestcourammentappelRapportBrahimi du nom de son prsident, Lakhdar Brahimi, ancien Reprsentant spcial du SecrtairegnraldesNationsUniesenAfghanistan4.

    Treize oprations demaintien de la paix des Nations Unies ont t cres ces dix derniresannes5.Classesparordrechronologique,ellessontlessuivantes6:

    - laMission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL): du 22 octobre 1999 au 31dcembre2005;

    - lAdministrationtransitoiredesNationsUniesauTimororiental(ATNUTO):du25octobre1999au20mai2002;

    - la Mission de lONU en Rpublique dmocratique du Congo (MONUC): depuis le24fvrier20007;

    - laMissiondesNationsUniesenEthiopieetenErythre(MINUEE):du15septembre2000au31juillet20088;

    - laMissiondappuidesNationsUniesauTimororiental (MANUTO):du17mai2002au20mai2005;

    - laMissiondesNationsUniesauLibria(MINUL):depuisle19septembre2003;- lOprationdesNationsUniesenCtedIvoire(ONUCI):depuisle27fvrier2004;- laMissiondesNationsUniespourlastabilisationenHati(MINUSTAH):depuisle30avril

    2004;

    4RapportduGroupedtudesur lesoprationsdepaixde lOrganisationsdesNationsUnies,citensuitesous lenomdeRapportBrahimi,A/55/305,S/2000/809,21aot2000.5JaicartlesoprationsdemaintiendelapaixdesNationsUniesnecomportantpasdecomposantemilitaire,carcellescisontforcmentfondessurlechapitreVIdelaChartedesNationsUnies.Aleurgard,laquestionduchapitreVIIneseposepas.6Pourchaqueopration,lapremiredatequiestdonnecorrespondladatedelarsolutioncrantlopration,saufdansquatrecas,etlasecondedateestcelledelafindudploiementdelopration.7LaMONUCnentredansnotrechampdtudequpartirdelarsolution1291du24fvrier2000quinestpascelleparlaquelleleConseildescuritcrecetteopration,maisparlaquelleillarenforce,latransformantenvritableoprationdemaintiendelapaix.Eneffet,jusquel,ilnesagissaitquede90membresdupersonnelmilitairedeliaisondesNationsUniesdployspourremplirdesmissionsdobservationetdeliaisonrelativesunaccorddecessezlefeu.8LaMINUEEnentredansnotrechampdtudequpartirdelarsolution1320du15septembre2000quinestpascelleparlaquelleleConseildescuritcrecetteopration,maisparlaquelleillatransformeenvritableoprationdemaintiende lapaix. Jusquel,elletaitcomposedunmaximumde100observateursmilitaires,ainsiquedupersonneldappuicivil.

    7

  • - lOpration des Nations Unies au Burundi (ONUB): du 21mai 2004 au 31 dcembre2006;

    - laMissiondesNationsUniesauSoudan(MINUS):depuisle24mars2005;- la Force internationale des Nations Unies au Liban (FINUL) appele FINUL renforce:

    depuisle11aot20069;- lOpration hybride Union africaine/ONU au Darfour (MINUAD): depuis le 31 juillet

    200710;- laMission des Nations Unies en Rpublique centrafricaine et au Tchad (MINURCAT):

    depuisle14janvier200911.Alexceptiondetroisoprationscresen1999(MINUSIL,ATNUTOetMONUC),touteslesautres

    ontttabliesau lendemainde lapublicationduRapportBrahimipar lequel lONUanotammentcherch tirer les leons des checs des oprations quelle a dployes en Somalie, en BosnieHerzgovineetauRwandadans lesannes1992199512.Ceschecs restentencore trsprsentsdanslesesprits.Dansunersolutionde2001surlerleduConseildescuritdanslaprventiondesconflitsarms,celuiciritredans leprambulelengagementpartagdesauver lespopulationsdesravagesdeconflitsarmsetsedclareconscientdesenseignementsquetouslesintresssonttirerdelchecdeseffortsdeprventionquiontprcddestragdiestellesquelegnocideauRwanda(S/1999/1257)etlemassacredeSrebrenica(A/54/549)13.

    Pour permettre une confrontation de la pratique de ces dix dernires annes avec lesrecommandations formules dans le Rapport Brahimi, certains dveloppements de ce documentserontprsentsdansunepremirepartie.Une secondepartie sera consacre lorientationdelaction desNationsUnies vers une pratique demaintien de la paix robuste, ce qui rejoint laposition franaisequi serabrivement traitedansune troisimepartie.Enfin,dansunedernirepartie,uncertainnombrederecommandationsserontformules.

    PARTIE I:LEVALUATIONFAIREEN2000PAR LERAPPORTBRAHIMI: LEMERGENCEDE LIDEEDEMAINTIENDE LAPAIXROBUSTE

    LeRapportBrahimiconstitueainsiunetape incontournabledans larflexionde fondengage

    par lOrganisationsur lafaondeconduiredesoprationsdemaintiende lapaix.Ilbnficieduneobjectivit plus grande puisquil sagit dune analyse venant dune source extrieure auxNationsUnies.Ilsertdepuisderfrenceauxtravauxquipoursuiventcetterflexion.

    Deux dveloppements du Rapport Brahimi nous intressent pour cette tude: celui sur lesimplicationspourladoctrineetlastratgiedemaintiendelapaixetceluisurlesmandats.

    9 La FINULentredansnotre champdtudepuisque la rsolution1701du11aotde2006aprofondmentmodifi lemandatdecetteoprationcreen1978etadciddefairepasserleseffectifsde200015000hommes.CestpourquoicetteoprationestsouventappeleFINULrenforce.10 Tout en tant une opration hybride, laMINUAD entre dans notre champ dtude car les structures dappui, decommandementetdecontrlesontfourniesparlONU.AussicetteoprationestelleadministreparleDpartementdesoprationsdemaintiendelapaixdelONU.CelanousamnelaclasserparmilesoprationsdemaintiendelapaixdesNationsUnies.11 LaMINURCATnentredansnotre champdtudequpartirde la rsolution1861du14 janvier2009par laquelle leConseildescuritautorise ledploiementdunecomposantemilitairepoursuccder laForcede lUnioneuropenneEUFORTchad/RCAquiassuraitjusquellevoletmilitaire,tandisquelaMINURCATstaitvuconfierlevoletpolitique.12 Ilsagit,pour laSomalie,de lONUSOM Ietde lONUSOM II,pour laBosnieHerzgovine,de laFORPRONUetpour leRwanda,delaMINUAR.13S/RES/1366(2001)du30aot2001.

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  • LeGroupedtudesemblefavorableunedoctrinerobustedumaintiendelapaix,expressionqui apparat non pas dans le rapport luimme,mais dans le rsum qui le prcde14. Elle sousentendunenouvelleconceptiondumaintiendelapaixdanslaquellelerecourslaforceparatavoiruneplaceplus importantequedans lesoprationsdemaintiende lapaixclassiques.Oncomprendquecestpourtenircomptede lacomplexitdesmissionsdepuis lafinde laGuerrefroideetde ladangerositdelenvironnementdanslequellesoprationssedploientdsormais,deuxaspectsquisont longuementdtaillsdans le rapport.Cependant, cedocument apportepeude rponsesendfinitive sur ce qui nous intresse, puisquil ne dfinit pas ce quest le maintien de la paixrobusteetsurtoutilneprcisepaslesmodalitsdecerecourslaforce.

    Il ressort du rapport que cemaintien de la paix continue dtre rgi par les trois principestraditionnels.Ledveloppementconsacrcettedoctrine15dbuteeneffetparlaffirmationquelalimitationdelemploidelaforceauxcasdelgitimedfense,ainsiquelaccorddespartieslocalesetlimpartialit,demeurentlesprincipesdebasedumaintiendelapaix16.Ilnescartedoncpasdelaconception traditionnelle de lONU selon laquelle ces trois principes doivent toujours guider lesoprationsdemaintiendelapaix17.

    Toutefois, des prcisions importantes sont donnes sur le sens accorder aux termesimpartialit et lgitime dfense. Sans doute pour dissiper toute confusion possible entreimpartialitetneutralit,confusionquiaparfoistentretenueauxNationsUniesdans lepass, ilestsoulign:

    Etre impartialne signifie pas tre neutre et ne revient pas traitertoutes les parties de la mme faon, en toutes circonstances et toutmoment, ce qui relverait plutt dune politique dapaisement. Si lon seplacedunpointdevuemoral, lesparties,danscertainscas,nesesituentpassurunpieddgalit,lunetantdetoutevidencelagresseur,lautrelavictime; lemploide la forcenestalorspas seulement justifi sur leplanoprationnel,cestuneobligationmorale.18

    Sagissantde la lgitimedfense,une interprtation trslargieenest faite,puisquune fois

    quune mission a t mise en place, les soldats de la paix des Nations Unies doivent pouvoirsacquitter de leurs tches avec professionnalisme et remplir leurmission, ce qui signifieque lesunitsmilitairesdelONUdoiventtreenmesuredesedfendre,dedfendredautrescomposantesdelamissionetdassurerlexcutiondumandatdecelleci19.

    Cetteinterprtationadesconsquencessurlechoixdesrglesdengagement.Ilestainsiindiquque cellescidevraientnon seulementpermettreaux contingentsde riposterau couppar coup,mais lesautoriser lancerdescontreattaquesassezvigoureusespourfairetaire lestirsmeurtriers

    14LesdveloppementsduRapportBrahimiE.ImplicationspourladoctrineetlastratgiedemaintiendelapaixetF.Desmandatsclairs,crdiblesetralistes(par.4864)sontregroupsdanslersumsouslintitulImplicationspourlemaintiendelapaix:ncessitdunedoctrinerobusteetdemandatsralistes.15Voirlespar.4855duRapportBrahimi,op.cit.16Par.48,ibid.17PourBoutrosBoutrosGhali,alorsSecrtairegnraldesNationsUnies,lesuccsdesoprationsdemaintiendelapaixdpendaitdu respectdecertainsprincipes fondamentaux,dont troissontparticulirement importants:consentementdesparties,impartialitetnonusagedelaforce,saufencasdelgitimedfense.Ilconsidraitmme:silonexaminelessuccsetleschecsrcents,onconstatequchaquefoisquuneoprationarussi,cesprincipesavaienttrespectsetque,danslaplupartdesautrescas,lunoulautrenelavaitpast.Voirlepar.33duRapportdesituationprsentparleSecrtairegnralloccasionducinquantenairedelOrganisationdesNationsUnies,SupplmentlAgendapourlapaix,A/50/60,S/1995/1,25janvier199918Par.50duRapportBrahimi,op.cit.19Par.49,ibid.

    9

  • dirigscontredessoldatsdesNationsUniesoulespersonnesquilssontchargsdeprotgeret,danslessituationsparticulirementdangereuses,nepas laisser linitiative leursattaquants20.Dansle rsum prcdant le rapport, il est mentionn que les rgles dengagement doivent tresuffisamment fermes pour que les contingents de lONU ne soient pas contraints dabandonnerlinitiativeleursagresseurs21.

    PourleGroupedtude:Ilfaudraitdoncspcifier,danslemandatdetouteopration,sielleest

    autoriseemployer laforce,auquelcaselledevraittredotedeffectifsplus nombreux et mieux quips. Elle serait certes plus coteuse maisconstituerait une menace plus crdible, et donc plus dissuasive, que laprsence symbolique et nonmenaante qui caractrise les oprations demaintien de la paix classiques. Dans le cas des oprations complexes, lataillede laforceetsaconfigurationnedevraient laisseraucundoutedanslespritdesfauteursdetroublesquantaux intentionsde lOrganisation.Enoutre,cesoprationsdevraienttredotesdeservicesderenseignementsetdautresmoyensqui leurpermettraientdorganiser leurdfensefacedesadversairesviolents.22

    Cetteexplicationconcernantlerecourslaforcenestpasclairedautantplusquelleestdonne

    quelqueslignesaprslaprcisionsurlalgitimedfense.On comprend toutefois que cemaintien de la paix robuste ne consiste pas en une action

    relevantdelimpositiondelapaixquiestconfiedesforcesplacesendehorsducommandementdirectdesNationsUnies:

    LeGroupedtudesoulignequelesNationsUniesnefontpaslaguerre.Lorsquil a fallu prendre des mesures coercitives, elles ont toujours tconfiesdescoalitionsdEtatsvolontaires,avec lautorisationduConseildescuritagissantenvertuduChapitreVIIdelaCharte.23

    Ilenressortunpartagedesrles.LONUsentientunepratiquedemaintiendelapaix.Quandil

    sagit dimposer la paix, elle en confie la charge une coalition dEtats ou une organisationrgionale.

    Dansledveloppementconsacrauxmandatsquidoiventtreclairs,crdiblesetralistes24,leGroupedtudeexpliquequelesCasquesbleussontautorissprotgerlescivils,maislencoresansdonnerdeprcisionssurlesconditionsdecerecourslaforce:

    [] il faut se fliciter de lvolution positive que dnotent le souhaitexprim par le Secrtaire gnral dassurer davantage de protection auxcivilsensituationdeconflitarmainsiquelesmesuresprisesparleConseilquitendentautoriserexplicitement lesCasquesbleusprotger lescivilsdans lessituationsdeconflit.Onpourraitprsumereneffetque lessoldatsoulespoliciersdelapaixquiassistentdesexactionscontrelapopulationcivile devraient tre autoriss y mettre fin, dans la mesure de leursmoyens,aunomdesprincipes fondamentauxde lONUet,comme indiqudans le rapportde laCommissiondenqute indpendantesur leRwanda,ententantcomptedufaitquelaprsencedesNationsUniesdansunezone

    20Ibid.21Voirlersum,p.X.Litaliqueestdenous.22Par.51duRapportBrahimi,op.cit.23Par.53,ibid.24Voirlespar.5664,ibid.

    10

  • de conflit suscite chez les civils une attente de protection (S/1999/1257,p.55).25

    PARTIEII:LORIENTATIONDELACTIONDESNATIONSUNIESDEPUISUNEDIZAINEDANNEESVERSUNEPRATIQUEDEMAINTIENDELAPAIXROBUSTE

    Danslesannes1990,mmesilechapitreVIIatinvoquplusieursreprises,lesoprationsde

    maintiende lapaixrestaientfondes juridiquementsur lechapitreVI.Apartirdesannes1999, lechapitreVIIdevientunfondementpossiblepourlacrationetlemandatdecesoprations.Eneffet,il ressortde lapratiquedesdix dernires annesque ce chapitre est presque systmatiquementutilis lgarddesoprationsdemaintiende lapaix.Certes, commeonva levoir, leConseildescurit en use selon des degrs varis. Il peut sagir dune utilisation minimale comme duneutilisationmaximaleetelleestcombineavecleconsentementdelEtathteafindviterleschecsdelimpositiondelapaixmiseenuvrepardesoprationssouscommandementdirectdelONU.

    A.UneutilisationquasisystmatiquemaisplusoumoinsimportanteduchapitreVIIparleConseildescurit

    Pour douze oprations sur treize dployes entre 1999 et 2009, le Conseil de scurit a fait

    rfrenceau chapitreVIIdans les rsolutions les concernant.Seuleuneopration, laMissiondesNationsUniesenEthiopieetErythre,relveexclusivementduchapitreVI.

    LarsolutionquitransformelaMINUEEenvritableoprationdemaintiendelapaixestpriseenvertuduchapitreVI26etlesrsolutionsadoptesultrieurement,mmecellede2002quimodifielemandat27,napportentaucunchangementencequiconcernelefondementjuridique.

    Sagissant de la FINUL renforce, si le chapitre VII nest pas expressmentmentionn dans larsolution1701du11aot2006renforantcetteopration,ontrouvecependantauparagraphe12laformulepar laquelle leConseildescuritautorisecetteoprationprendretoutes lesmesuresncessairespourexcutercertainesmissionsquisontprcises28.Or,commenouslavonsvu,cetteformuleaccompagneenprincipelarfrenceauchapitreVII.OncomprendainsiquelemandatestfondseulementenapparencesurlechapitreVIetquilsagitenfaitdunchapitreVIIdguis.CestcequeconfirmentdesdclarationsdeMichleAlliotMarie,alorsministrefranaisede laDfense,devant la Commission de la dfense nationale et des forces armes de lAssemble nationale enseptembre2006.Elleaexpliqu:

    [] si les rglesdengagementhabituellesde l'ONU reconnaissent lalgitime dfense, elles proscrivent l'utilisation d'armes ltales [] Les

    25Par.62,ibid.26 S/RES/1320 (2000)du15 septembre2000.Certes, le chapitreVIIestmentionn aupar.10,mais cette rfrenceneconcernepaslaMINUEE.27S/RES/1430(2002)du14aot2002.28 Par. 12 de la S/RES/1701 (2006) du 11 aot 2006 : Agissant lappui dune demande duGouvernement libanaistendant cequune force internationale soitdployepour laider exercer son autorit sur lensembledu territoire,autoriselaFINULprendretouteslesmesuresncessairesdanslessecteursosesforcessontdployeset,quandellelejugepossible dans les limites de ses capacits, veiller ceque son thtred'oprations ne soit pasutilis pour desactivitshostilesdequelquenaturequecesoit,rsisterauxtentativesvisantl'empcherparlaforcedes'acquitterdesesobligationsdans lecadredumandatque luiaconfi leConseildescurit,etprotger lepersonnel, les locaux, lesinstallationset lematrieldesNationsUnies,assurer lascuritet la libertdemouvementdupersonneldesNationsUniesetdestravailleurshumanitaireset,sansprjudicedelaresponsabilitduGouvernementlibanais,protgerlescivilsexpossunemenaceimminentedeviolencesphysiques.

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  • Libanais, et quelques autres, ne souhaitant pas une force place sous lechapitreVII, il a t dcid, aprs avoir envisag un temps un mandatchapitre VIbis,voire VIetdemi, inacceptable,dedonneraux forces lesmoyensd'unmandatsouschapitreVIIsanspourautantyfairerfrence.

    Il fallaitenfindes rgles robustespourque laFINULpuissesedplacerlibrement, quitte passer en force et rpondre balles relles ou pard'autresmoyens. Les discussions se poursuivent New York pour couvrirtouslescasdefigurepossibles[]29

    Cestenoutreparcequelleaobtenuunrenforcementencequiconcernelusagedelaforceque

    laFranceaacceptdenvoyerdenouveauxeffectifspourparticiperlaFINULde2006(voirciaprslapositionfranaise).

    Ilconvientgalementdesereporteraupremierrapportsurlapplicationdelarsolution1701du11 aot 2006 dans lequel le Secrtaire gnral indique que les rgles dengagement seront plusvigoureusesetqueles rvisions lesplus importantes concernent lautorisationde lemploide laforceenvertuduparagraphe12delarsolution30.

    HormislecasdelaMINUEEetceluidelaFINULrenforcequiestunpeuparticulier,ontrouvedesrfrencesexpressesauchapitreVIIdanslesrsolutionsconcernantlesautresoprationsdployesentre1999et2009.

    Cependant,leConseildescuritutilisecechapitredefaonplusoumoinsimportante.Plusieurscasdefigureapparaissent.

    *FondementtantdelacrationquedumandatsurlechapitreVIICestlexempledelONUCIdontlacrationetlemandatsontfondssurunersolutionpriseen

    vertuduchapitreVII31.IlenestdemmepourlaMINUL32etpourlONUB33.CestlecasgalementpourlATNUTO34.Toutefois,cellecisedistinguedesautresoprationsdemaintiendelapaix,carellesest vu confier la responsabilit gnrale de ladministration dun territoire, le Timor oriental,jusqucequelestatutdecederniersoitclarifi.ElleaainsithabiliteparleConseildescuritexercerlensembledespouvoirslgislatifetexcutif,ycomprisladministrationdelajustice35.

    *FondementduseulmandatsurlechapitreVII,lacrationrelevantduchapitreVILemandatdelaMANUTOestainsifondsurlechapitreVII,alorsquelacrationestbasesurle

    chapitreVI36.

    29Voir lecompte rendude lauditiondeMichleAlliotMariesur lasituationauLiban,compte rendun42,6septembre2006,disponiblesurlesitewebdelAssemblenationale:[http://www.assembleenationale.fr/12/crcdef/0506/c0506042.asp].30Par.26duRapportduSecrtairegnralsurlapplicationdelarsolution1701(2006),S/2006/670,18aot2006.31S/RES/1528(2004)du27fvrier2004.32 LaMINULest crepar la rsolution1509du19 septembre2003 fonde sur le chapitreVII. Il convient toutefoisdesoulignerquonne trouvepasmentionn la formuleautorisant laMINULprendre toutes lesmesuresncessairespouraccomplirlesmissionsquiluisontconfies.33 LONUBest crepar la rsolution1545du21mai2004 fonde sur le chapitreVII.Cependant, ilestnoterque laformuleautorisant lONUBprendre toutes lesmesuresncessairesnevautquepourunepartiede sonmandat, celledcriteaupar.5.VoirlaS/RES/1545(2004).34S/RES/1272(1999)du25octobre1999.35Voirlepar.1delaS/RES/1272(1999)prcite.36S/RES/1410(2002)du17mai2002.

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  • *FondementdunepartieseulementdumandatsurlechapitreVII,lereste,ainsiquelacrationdelopration,relevantduchapitreVI

    CestlecaspourlaMINUSTAH.LacrationestfondesurlechapitreVI.Quantaumandat,seuleunepartie est tablie en vertudu chapitreVII37.Cest cellequi concerne lamissiondassurerunclimatsretstableenHati.Lerestedumandat,quiserapporteauxmissionsrelativeslappuiauprocessusconstitutionneletpolitiqueencoursenHatietlasurveillancedelasituationdesdroitsde lhomme, relve du chapitre VI38. Il en est galement ainsi pour la MINURCAT quand unecomposantemilitaireatadjointesacomposantecivileparlarsolution1861du14janvier2009.Cetextenestpasfondsur lechapitreVII,maisceluiciestmentionnpourunepartiedumandatconficetteopration39.

    *Fondementde la crationetdumandat sur le chapitreVIavecnanmoinsuneutilisationdu

    chapitreVIImaistrslimiteOnalexempleaveclesdeuxoprationsdemaintiendelapaixdployesauSoudan.OntrouvedanslarsolutioncrantlaMINUSladispositionselonlaquelleleConseildescurit:

    AgissantenvertuduChapitreVIIdelaChartedesNationsUnies,i)DcidequelaMINUSestautoriseintervenirdanslessecteursoses

    forcesserontdployesetdanslamesureoellejugeraquesesmoyenslelui permettent pour protger le personnel, les locaux, installations etmatriels desNationsUnies, assurer la scurit et la libre circulation dupersonnel des Nations Unies, des agents humanitaires, du personnel dumcanisme commun dvaluation et de la commission du bilan et delvaluation, et, sans prjudice de la responsabilit du Gouvernementsoudanais, protger les civils sous menace imminente de violencephysique.40

    UnedispositionsimilairefiguredanslarsolutioncrantlaMINUAD:

    AgissantenvertuduChapitreVIIdelaChartedesNationsUnies:a)Dcidedautoriser laMINUADprendretoutes lesmesuresrequises,

    dans lessecteursosescontingentsserontdploysetdans lamesureoellejugequesescapacitsleluipermettent:

    i) Pour protger son personnel, ses locaux, ses installations et sonmatriel,etpourassurer lascuritet la librecirculationdesonpersonneletdesagentshumanitaires;

    ii)Pourfaciliter lamiseenuvrerapideeteffectivede lAccorddepaixpour le Darfour, en empcher toute perturbation, prvenir les attaquesarmes et protger les civils, sans prjudice de la responsabilit duGouvernementsoudanais.41

    Parailleurs,aucoursdudroulementdecertainesoprationsdemaintiendelapaix,leConseilde

    scuritamodifi lutilisationquilavait faiteduchapitreVIIpour lemandatdecellesci.A lgarddunemmeopration,onestainsipasspardiffrentsstadesdanslusagedecechapitre.CestcequisestpasspourlaMINUSIL,laMONUCetlaMINUS.Cettegradationdanslutilisationduchapitre

    37VoirlasectionIdupar.7delaS/RES/1542(2004)du30avril2004.38VoirlessectionsIIetIIIdupar.7delaS/RES/1542(2004)prcite.39Voirlepar.7delaS/RES/1861(2009)du14janvier2009.40Par.16i)delaS/RES/1590(2005)du24mars2005.41Par.15delaS/RES/1769(2007)du31juillet2007.

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  • VIIseraprsenteplus loinpour illustrer lefaitque lutilisationduchapitreVII initialementprvuepeutnepastresatisfaisante42.

    *FondementduvoletmilitairesurlechapitreVIIetduvoletpolitiquesurlechapitreVICertes,celaneconcernepasdirectementlesoprationsdemaintiendelapaixdesNationsUnies,

    mais ilest toutefois intressantde releverque leConseilde scuritutiliseencore le chapitreVIIselon lamodalit suivante. Il confie une opration desNationsUnies qui ne comporte pas decomposantemilitaireseulement levoletpolitiqueen ltablissantsur lechapitreVIet il rserve levoletmilitairefondsurlechapitreVIIpouruneoprationquiintervientavecsonautorisation,maissanstreplacesouscommandementdirectdelONU.CestcequisestpassauTchad/RCAdansunpremier temps quand la MINURCAT, une opration des Nations Unies relevant du chapitre VI,travaillaitconjointementaveclEUFORTchad/RCA,uneoprationdelUnioneuropennerelevantduchapitreVII43.

    Si le Conseil de scurit utilise depuis dix ans presque systmatiquement le chapitre VII,

    lutilisation quil en fait comporte de nombreuses nuances. En revanche, lorsquil se rfre auchapitreVIIpourdesoprationssousmandatonusienmaisdirigesparunEtatouuneorganisationrgionale, il a gnralement en vue une utilisationmaximale. Il fonde la fois la cration et lemandat sur le chapitre VII et on trouve toujours la formule prendre toutes les mesuresncessairespourlintgralitdumandat.OnalexempledelaForceinternationaledassistancelascurit (FIAS)dployeenAfghanistan,place initialementsous lecommandementduRoyaumeUni,puisdelOTAN.LarsolutioncrantcetteForceestpriseenvertuduchapitreVIIetontrouveauparagraphe 3 la formule selon laquelle le Conseil de scurit autorise les EtatsMembres quiparticipent la Force internationale dassistance la scurit prendre toutes les mesuresncessaireslexcutiondumandatdecelleci44.IlenestdemmedanslarsolutionparlaquelleleConseilprendactedupassagedelaFIASsouscommandementdelOTAN45.CestcequiavaittgalementprvupourEUFORTchad/RCAquinestplusencours.Lacrationet lemandatdecetteopration dirige par lUnion europenne ont t fonds sur des dispositions prises en vertu duchapitreVIIetcomportantlaformuleprendretouteslesmesuresncessairespourlintgralitdumandat46.

    B.UneutilisationduchapitreVIIncessitepar ladangerositde lenvironnementet les tchesconfiesauxoprationsdemaintiendelapaix

    A la lecture des rsolutions du Conseil de scurit, il semble que cette utilisation quasi

    systmatiqueduchapitreVIIsoitncessitepar ladangerositde lenvironnementdans lequel lesoprationsdemaintiende lapaix interviennentdsormaisetpar lanaturedecertainestchesquileursontconfiescesderniresannes.

    42VoirciaprsledveloppementsurlutilisationinadquateduchapitreVII.43 Voir la S/RES/1778 (2007) du 25 septembre 2007. Dans la version initiale, la MINURCAT ne comprenait pas decomposantemilitaire.44S/RES/1386(2001)du20dcembre2001.45S/RES/1510 (2003)du13octobre2003 fonde sur le chapitreVIIetauparagraphe4 la formuleprendre toutes lesmesuresncessairespourlexcutiondelintgralitdumandatconfilaFIAS.46 Par. 6 de la S/RES/1778 (2007) du 25 septembre 2007. Seules les dispositions concernant lEUFOR Tchad/RCA sontfondessurlechapitreVII,lerestedelarsolutionrelveduchapitreVI.

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  • 1.Uneutilisationpourfairefaceladangerositdelenvironnement

    Il ressort trs clairement de certaines rsolutions du Conseil de scurit que ce dernier est

    particulirementproccupparlascuritdupersonneldesNationsUniesquisetrouvedeplusenplusfrquemmentmenace.

    Ainsi,dansladclarationadoptelorsduSommetduMillnairedesNationsUniesenseptembre200047, leConseilsedclarersolurenforcer lesoprationsdemaintiende lapaixdesNationsUnies enadoptant notamment des mandats clairement dfinis, crdibles, ralisables etappropris dans lesquels seront incluesdes mesures permettant dassurer efficacement lascuritdupersonneldesNationsUnieset,sipossible, laprotectionde lapopulationcivile.Acetgard,ilreprenddesrecommandationsduRapportBrahimi.

    Lesrsolutionsconcernant leTimororientalmettenten lumirecette inquitudeduConseildescuritquant ladangerositde lasituationengnral48,etenparticulierpour lepersonneldesNationsUnies49.

    En effet, au Timor oriental, un grand danger venait desmilices qui commettaient des actesdintimidationlencontredesrfugisdanslescampsetquisenprenaientgalementaupersonneldesNationsUnies, cequa condamn leConseilde scuritdansune rsolutiondu8 septembre200050.IlsestdclarconsternparlemeurtredetroismembresduHautCommissariatdesNationsUniespour les rfugisetdedeux casquesbleusde lATNUTO. Iladnonc lesattaquesmenescontrelaprsencedesNationsUniesauTimororiental.

    Il convient de relever que, dans cette rsolution du 8 septembre 2000, le Conseil de scuritsouligneque lATNUTOdevrait ragir rigoureusementdevant lamenaceposepar lesmilicesauTimor oriental, conformment sa rsolution 1272 (1999) du 25 octobre 199951. Il emploie letermevigoureusementetrappellelarsolution1272parlaquelleilacrecetteoprationetlafondesurlechapitreVIIenluiconfrantlautorisationdeprendretouteslesmesuresncessairespoursacquitterdesonmandat52. Ilritrecetterecommandation lATNUTOdans larsolution1338du31janvier200153.

    LasituationenSierraLeoneentre1999et2000illustrecequipeutsepasserpouruneoprationdemaintiendelapaix.

    En premier lieu, les conditions de scurit dans lesquelles se droule un processus de paixpeuventfortementsedgrader.EnSierraLeone,onestpassdunesituationplusoumoinsstableaprs lasignaturedunaccorddepaix la reprisedeshostilits.Comme laexpliqu leSecrtairegnraldansundesesrapports,laMINUSILquitaitconue,quipeetdployepourassurerle

    47DclarationfigurantenannexedelaS/RES/1318(2000)du7septembre2000.48S/RES/1338(2001)du31janvier2001:SoulignantsaproccupationfacelaprsencedungrandnombrederfugisduTimororiental[]etlasituationenmatiredescuritdanscescamps,enparticulierpourcequiestdelactivitdesmilicesetdeseseffetssurlesrfugis,etsoulignantquilimportedersoudretotalementceproblme.49 S/RES/1338 (2001) prcite: Rappelant les principes pertinents noncs dans la Convention sur la scurit dupersonneldesNationsUniesetdupersonnelassociadoptele9dcembre1994,etsoulignantlancessitdeprendredenouvellesmesurespourassurerlasretetlascuritdupersonnelinternationalauTimororientaletenIndonsie,vulesdangersauxquelsceluiciestexpos.50S/RES/1319(2000)du8septembre2000.51Par.6delaS/RES/1319(2000)prcite.52Par.4delaS/RES/1272(1999)du25octobre1999.53Par.7delaS/RES/1338(2001)du31janvier2001:SoulignequelATNUTOdoitragirnergiquementfacelamenacequefontpeser lesmilicesauTimororiental,conformment larsolution1272(1999).LeConseilemploie ici letermenergiquement.

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  • maintien de la paix, a rapidement t contrainte engager le combat avec lune des parties quistaientengagescoopreravecelle54.

    Ensecond lieu,unemenacedirectepeutpesersur leshommesengagsdansuneoprationdemaintiende lapaix.Apartirde2000, les combattantsduFrontuni rvolutionnaire (RUF)ont faitpeser une menace constante sur la MINUSIL. A diverses reprises, ils ont lanc contre elle desattaquesarmesetontmmet jusqudtenirune centainedhommes55.Dansun rapportdejuillet2000, leSecrtairegnralconsidrait lasituationdescuritcommevolatileet imprvisibleenraisonnotammentdelapersistancedesattaquesduRUFcontrelaMINUSIL56.

    Mme si les oprations de maintien de la paix sont gnralement cres pour appuyer unprocessusdepaixet sontdoncdployesaprs la signaturedunaccorddepaixouaumoinsdecessezlefeu, il arrive que desmouvements arms refusent dy participer, ce qui reprsente unemenaceaussibienpourloprationdemaintiendelapaixquepourlapopulationcivile.CestcequisestpassauBurundi.LeConseildescuritacrlONUBpouraidertablirlapaixcommeprvupar lAccord de paix dArusha du 28 aot 2000. Cependant, un des mouvements arms, lePalipehutuForcesnationalesde libration (FNL),napasadhrauprocessusdepaixde lAccorddArusha57. Ceci explique que, dans une de ses rsolutions relatives lONUB58, le Conseil sestdclarvivementproccupparlapoursuitedeshostilitsparcemouvementarmetparlamenacequilfaisaitpesersurlescivils.OnpeutaussiciterlexempledelasituationauDarfour.LeConseildescurit a dcid en juillet 2007 lamise en place dune opration hybride UA/ONU au Darfour(MINUAD)59aprslasignaturele5mai2006AbujadelAccorddepaixpourleDarfour.Cependant,lorsqueleConseilaadoptsarsolution,deuxdesquatrepartiesayantngocilAccordontrefusdelesigner60.

    2.Uneutilisationpourexcutercertainestchesconfiesauxoprationsdemaintiendelapaix

    Silonexaminelestchesconfiesauxoprationsdemaintiendelapaix,certainessemblenttrs

    clairementncessiterlapossibilitdemployerdesmoyenscoercitifs.*LaprotectiondupersonneldesNationsUniesOn trouve le chapitre VII et la formule prendre lesmesures ncessairesmentionns pour

    protger lepersonnel, les installationset lematrieldesNationsUnies, ainsiquepour assurer lascurit et la libre circulation de ce personnel. Il sagit l dune volution trs importante carauparavantcetteprotectionrelevaitdelalgitimedfenseempchanttouteinitiativederecourirlaforce. Ilapparatainsiclairementquedepuiscesdixderniresannes, lerecours laforcepour

    54Par.105duQuatrimeRapportduSecrtairegnralsurlaMissiondesNationsUniesenSierraLeone,S/2000/455,19mai2000.55Entrele16etle28mai2000onttlibrs461personnesdtenuesparleRUFdansledistrictdeKono.Le29juinalieula librationde21soldats indiensdtenusKuivapuisPendembu.Voir lepar.24duCinquimeRapportduSecrtairegnralsurlaMissiondesNationsUniesenSierraLeone,S/2000/751,31juillet2000.56Ibid.57Voir leprambulede laS/RES/1545 (2004)du21mai2004crant lONUB.Cenestque le7septembre2006quecemouvementsigneraunaccordglobaldecessezlefeu.58S/RES/1650(2005)du21dcembre2005.59S/RES/1769(2007)du31juillet2007.60Voirpar. 12duRapportdu Secrtaire gnral etduPrsidentde laCommissionde lUnion africaine sur loprationhybrideauDarfour,S/2007/307/Rev.1,5juin2007.

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  • permettrecetteprotectionnesinscritplusdans lecadrede la lgitimedfense,sansdouteafindetenircomptedesdangersquerencontrentlesmilitairesdanslaccomplissementdeleurmission.

    Cette protection est parfois tendue aux agents humanitaires61 ou aux rfugis et personnesdplaces62.

    *UnrleimportantenmatiredescuritGnralement, ces oprations demaintien de la paix se voient confier un rle important en

    matiredescurit.CestforcmentlecaspourlATNUTOquiatchargedelaresponsabilitdeladministrationduTimororiental63etpourlaMANUTOquiluiasuccdaprslindpendancedeceterritoire64.IlenestdemmepourlONUCIdontunegrandepartiedumandatconcernelascurit.Cela consiste entre autres aider le Gouvernement de rconciliation nationale procder auregroupement de toutes les forces ivoiriennes en prsence, et assurer la scurit des sites decantonnement de ces dernires, assurer la garde des armes,munitions et autresmatrielsmilitairesremisparlesexcombattants,contribuerassurer,encoordinationaveclesautoritsivoiriennes, la scuritdesmembresduGouvernementde rconciliationnationale65.Onaaussilexemple de lONUB dont lemandat comporte un volet scuritaire comprenant en particulier lamissiondemenerbienlespartiesrelativesaudsarmementetladmobilisationduprogrammenational de dsarmement, dmobilisation et rinsertion des combattants66. Il y a galement laMINUL qui il est demand notamment doprer le dsarmement volontaire et rassembler etdtruire les armes et munitions dans le cadre dun programme organis de dsarmement, dedmobilisation,derinsertionetderapatriementetdescuriserlesinfrastructurespubliquesdebase,notamment lesports,aroportsetautres infrastructuresvitales67.Onpeut citerencore laMINUSTAH.Commeonlavu,lamentionduchapitreVIIserapportelapartiedumandatquiviseassurerunclimatsretstableenHati68.

    *LaprotectiondescivilsendangerPour toutes les oprations demaintien de la paix des Nations Unies lies au chapitre VII,

    lexception des deux oprations assez spcifiques dployes au Timor oriental (ATNUTO etMANUTO), la tcheconsistantprotger lescivilsendangerestexpressmentmentionneparmicellespourlesquellesleConseildescuritindiqueagirenvertuduchapitreVII69.

    61OnalexempleaveclaMINUS,laMINUADetlaFINULrenforce.62CestlecasdelaMINURCAT.63Voirlepar.2a)delaS/RES/1272(1999)du25octobre1999:assurerlascuritetlemaintiendelordresurlensembleduterritoireduTimororiental.64Voir lepar.2b)etc)de laS/RES/1410 (2002)du17mai2002:assurerprovisoirement lemaintiende lordreet lascuritpublique,contribueraumaintiendelascuritextrieureetintrieureduTimororiental.65Voirlepar.6d),h)etj)delaS/RES/1528(2004)du27fvrier2004.66Voirlepar.5delaS/RES/1545(2004)du21mai2004.67Voirlepar.3g)eti)delaS/RES/1509(2003)du19septembre2003.68VoirlasectionIdupar.7delaS/RES/1542(2004)du30avril2004.69 Cas de la MINUSIL. Voir le par. 14 de la S/RES/1270 (1999) du 22 octobre 1999: la protection des civilsimmdiatementmenacsdeviolencesphysiques,entenantcomptedesresponsabilitsduGouvernementsierralonaisetde lECOMOG.Voiraussi lepar.10de laS/RES/1289(2000)du7fvrier2000quilargit lemandatde laMINUSIL :laprotection des civils immdiatement menacs de violences physiques, en tenant compte des responsabilits duGouvernementsierralonais.LECOMOGnestplusmentionncarilaterminsamission.CasdelaMINUL.Voirlepar.3j)delaS/RES/1509(2003)du19septembre2003:dfendrelescivilscontrelamenaceimminentedeviolencephysique.Casde lONUCI.Voir lepar.6 i)de laS/RES/1528 (2004)du27 fvrier2004 :sansprjudicede la responsabilitduGouvernementderconciliationnationale,protgerlescivilsendangerimmdiatdeviolencephysique.

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  • Alors que, comme on la vu, le chapitre VII est utilis de faon trs limite pour les deuxoprationsdployesauSoudan,ilestprcismentmentionnpourlaprotectiondescivils.

    Laccomplissementdecetteprotectiondescivilsendangerestbiensrdemandedanslalimitedescapacitsetdeszonesdedploiementdesunitsde loprationconcerne. Ilestgalementprcis que cette protection vise uniquement les civils immdiatementmenacs de violencesphysiques.LexpressionutiliseparleConseildescuritdiffrelgrementdunersolutionuneautre.Ilesttonnantquepour laMINUAD,ontrouvesimplement laformuleprotger lescivils.Parailleurs,ilestparfoisindiququecetteprotectiondescivilsendangersexercesansprjudicedesresponsabilitsdugouvernementdelEtathte.CestlecaspourlaMINUSIL,lONUCI,laMINUSTAH,lONUB, laMINUS, laMINUAD, la FINUL renforce,mais ni pour laMINUL, ni laMONUC, ni laMINURCAT.

    LaprotectiondescivilsestmmelapremireprioritpourlaMONUCpartirde2008.Ilressortclairement de la rsolution 1856 du 22 dcembre 2008 que le sort des civils de la Rpubliquedmocratique du Congo constitue la principale proccupation du Conseil de scurit. Ds leprambule, laccent estmis sur les civils. Le Conseil condamne les attaques cibles contre lapopulation civile, les violences sexuelles, le recrutement denfants soldats et les excutionssommaires. Il rappelle notamment ses rsolutions 1674 (2006) sur la protection des civils enpriodedeconflitarmet1612(2005)sur lesenfantsdans lesconflitsarms. IlrappelleaussiquelaugmentationtemporairedeseffectifsdelaMONUCquilaautoriseparsarsolution1843(2008)visenotamment permettre laMissiondemieux contribuer laprotectiondes civils.Puis, auparagraphe2, leConseilde scuritdemande laMONUCdattacher laplushautepriorit larponseapporterlacrisedesKivus,enparticulierencequiconcernelaprotectiondescivils.Auparagraphe3dans lequelsontnumres lesdiffrentestchesconfies laMONUCparordredepriorit, la protection des civils est place en premier. En outre, au paragraphe 6, le Conseil descurit souligne que la protection des civils, prvue aux alinas a) e) du paragraphe 3, doitprendre la priorit sur tous les autres objectifs viss aux paragraphes 3 et 4 dans les dcisionsconcernantlaffectationdescapacitsetdesressourcesdisponibles.Enfin,auparagraphe14,ilestindiququelesoprationsmenespar lesForcesarmesdelaRpubliquedmocratiqueduCongocontredesgroupesarmstrangersetcongolaisillgauxquidoiventtreplanifiesaveclaMONUCdoiventsaccompagnerdemesuresappropriesvisantprotgerlescivils.

    Le fait que la protection des civils en danger apparaisse dsormais dans les missions desoprationsdemaintiendelapaixlgarddesquelleslechapitreVIIestutilisestsansaucundoute

    CasdelaMINUSTAH.Voirlepar.7,sectionI,f)delaS/RES/1542(2004)du30avril2004:protgerlescivilscontretoutemenaceimminentedeviolencephysique[]sansprjudicedesresponsabilitsconfiesauGouvernementdetransitionetauxautoritsdepolice. Cas de lONUB. Voir le par. 5 de la S/RES/1545 (2004) du 21 mai 2004: sans prjudice de la responsabilit duGouvernementburundaisdetransition,protgerlescivilsendangerimmdiatdeviolencephysique.Casde laMINUS.Voir lepar.16 i)de laS/RES/1590 (2005)du24mars2005:sansprjudicede la responsabilitduGouvernementsoudanais,protgerlescivilssousmenaceimminentedeviolencephysique.CasdelaMINUAD.Voirlepar.15ii)delaS/RES/1769(2007)du31juillet2007:protgerlescivils,sansprjudicedelaresponsabilitduGouvernementsoudanais.CasdelaFINULrenforce.Voirlepar.12delaS/RES/1701(2006)du11aot2006:sansprjudicedelaresponsabilitduGouvernementlibanais,protgerlescivilsexpossunemenaceimminentedeviolencesphysiques.CasdelaMINURCAT.Voirlepar.7a)i)delaS/RES/1861(2009)du14janvier2009:contribuerlaprotectiondescivilsendanger.Casde laMONUC.Voir lepar.8de laS/RES/1291 (2000)du24 fvrier2000:protger les civils se trouvant sous lamenaceimminentedeviolencesphysiques.

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  • unenseignementtirdesexpriencesdelaBosnieHerzgovineetduRwanda,cequiconstitueunevolutionsatisfaisante.

    *LacheminementdelaidehumanitaireLacheminementde laidehumanitaire fait laplupartdutempspartiedesmissionsconfiesaux

    oprationsdemaintiende lapaix.Sur lesdouzeoprations liesauchapitreVIIetdployesentre1999et2009, seulesdeuxoprations (laMANUTOet laMINUSTAH)necomportentpasdans leurmandat une tellemission. On pourrait penser que celleci est systmatiquement fonde sur lechapitreVII,carilsagitdefacilitercetacheminement,cequiconsiste,etcestparfoisexpressmentmentionn, aider crer les conditionsde scuritncessaires.Or,pour cinqoprations, cettetcheestfondesurlechapitreVII(lATNUTO70,laMINUL71,lONUCI72,lONUB73etlaMINURCAT74),maispourquatreautressur lechapitreVI(pour laMONUC75, laMINUS76, laMINUAD77et laFINULrenforce78). Lecasde laMINUSILest intressant,car le fondementde lacheminementde laidehumanitairevachanger,cequiestrvlateur.Alorsquedanslarsolutioncrantlopration,celuicine faitpaspartiedes tches fondessur lechapitreVII79, ilenestautrementdansune rsolutionultrieure80.

    *CertainesparticularitsdelaMONUCParmi les nombreuses tches figurant dans leurmandat81, lONUCI et laMONUC se sont vu

    confierunemissionrelativeaudsarmementet ladmobilisationdegroupesarmsquiestfondesur lechapitreVIIetpour laquelle leConseildescuritaautoris lutilisationdetous lesmoyensncessaires. Cependant, si lon compare quoi correspond cette tche pour lune et lautreopration,ilenressortquecequiestdemandlaMONUCvabeaucoupplusloin.

    DanslecasdelONUCI,ilsagitpourlessentiel:- daider leGouvernementde rconciliationnationale procder au regroupementde

    toutes les forces ivoiriennes en prsence, et aider assurer la scurit des sites dedsarmement,decantonnementetdedmobilisationdecesdernires;

    - dapportersonconcoursauGouvernementderconciliationnationaledans lamiseenuvre du programme national de dsarmement, dmobilisation et rinsertion descombattants;

    - daider lePremierMinistreduGouvernementderconciliationnationalelaborer leplan daction de dsarmement et de dmantlement desmilices vis larticle 4 delAccorddePretoriaetensurveillerlamiseenuvre;

    70Voirlepar.2d)delaS/RES/1272(1999)du25octobre1999.71 Voir le par. 3 k) de la S/RES/1509 (2003) du 19 septembre 2003: faciliter lacheminement de laide humanitaire,notammentenaidantcrerlesconditionsdescuritncessaires.72Voirlepar.6k)delaS/RES/1528(2004)du27fvrier2004:faciliterlalibrecirculationdespersonnesetdesbiensetlelibreacheminementdelaidehumanitaire,notammentenaidantcrerlesconditionsdescuritncessaires.73Voir lepar.5de laS/RES/1545 (2004)du21mai2004:contribuer crer les conditionsde scuritncessaireslacheminementdelaidehumanitaire.74Voirlepar.7a)ii)delaS/RES/1861(2009)du14janvier2009:faciliterlacheminementdelaidehumanitaire.75Voirlepar.7g)delaS/RES/1291(2000)du24fvrier2000.76Voirlepar.4b)delaS/RES/1590(2005)du24mars2005.77Voirlepar.54duRapportduSecrtairegnraletduPrsidentdelaCommissiondelUnionafricaineendatedu5juin2007quidcrit,ainsiquaupar.55,lemandatconfilaMINUAD,S/2007/307/Rev.1,5juin2007,op.cit.78Voirlepar.11d)delaS/RES/1701(2006)du11aot2006.79Voirlepar.8g)delaS/RES/1270(1999)du22octobre1999.80Voirlepar.10b)delaS/RES/1289(2000)du7fvrier2000.81Cettetcheatprciseaufildesrsolutions.

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  • - demettreensret,neutraliseroudtruire latotalitdesarmes,munitionsetautresmatrielsmilitaires remispar lesexcombattantsdunepartetpar lesmilicesdautrepart82.

    En ce qui concerne la MONUC, cette mission consiste apporter un appui aux oprationsconduites par les Forces armes de la RDC (FARDC) pour dsarmer des groupes arms locaux ettrangers,cequinestpassansposerproblme.

    Larsolution1565du1eroctobre2004indiquequelaMONUCauranotammentpourmandat,enappui du Gouvernement dunit nationale et de transition dappuyer les oprations dedsarmement de combattants trangers conduites par les Forces armes de la RpubliquedmocratiqueduCongo,ycomprisenmettantenuvrelesmesuresinventoriesauparagraphe75,alinasb),c),d)ete)dutroisimerapportspcialduSecrtairegnral83.

    Lesmesuressontlessuivantes:b) Une prsence militaire de la MONUC renforce et pleinement

    dploye dans les Kivu, lappui des oprations des Forces armes de laRpublique dmocratique du Congo, jouerait un rle plus actif et plusnergique dans le processus de dsarmement, dmobilisation,rapatriement, rinsertion ou rinstallation, notamment par le biais demesures comme les oprations de bouclage et de perquisition, laproclamationdezonesexemptesdarmesetdesoprationsvisantassurerle respect de lembargo sur les armes, afin dempcher lerapprovisionnementdesgroupesarmstrangersdequelque sourcequecesoit;

    c)UneforcemilitairedelaMONUC,disposantderessourcessuffisantes,se positionnerait, en troite coordination avec les Forces armes de laRpubliquedmocratiqueduCongo,afindedcourageroudeprvenir lesattaques lances en reprsailles par des lments trangers contre lapopulationcivilecongolaise;

    d) Des quipes de dsarmement, dmobilisation, rapatriement,rinsertionourinstallationdelaMONUCseraientmisesenplacepourtireravantagedeladispersionphysiquedesunitsdesexFAR/Interahamwelasuite de lintensification des oprationsmenes contre eux par les Forcesarmes de la Rpublique dmocratique du Congo. Si la scurit et lalogistique lepermettaient, lesquipesrassembleraient lesdserteurset lespersonnes leur charge et faciliteraient leur dsarmement et leurrapatriement volontaires. La MONUC dvelopperait et intensifierait lesprogrammesdiffusssurRadioOkapiet leurcouvertureafindappuyercesoprations;

    e) Un appui nergtique serait fourni au Mcanisme de vrificationconjoint, comprenant des reprsentants des Gouvernements de laRpubliquedmocratiqueduCongoetduRwanda,ainsiqueduBurundietdelOuganda,selonlesbesoins.Cesreprsentantsaideraientidentifieretlocaliserlesgroupesarmstrangers.84

    La rsolution 1756 du 15mai 2007 comporte un long paragraphe intitul dsarmement et

    dmobilisationdesgroupesarmstrangersetcongolais.IlestdemandlaMONUCde:

    82Voirlepar.2d),e),h),i),j)delaS/RES/1609(2005)du24juin2005.83Par.5c)delaS/RES/1565(2004)du1eroctobre2004.84 Par. 75 du Troisime Rapport spcial du Secrtaire gnral sur laMission de lOrganisation des Nations Unies enRpubliquedmocratiqueduCongo,S/2004/650,16aot2004.

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  • k)Dissuader toute tentative de recours la force quimenacerait leprocessuspolitiquede lapartdetoutgroupearm,trangeroucongolais,enparticulierdanslestdelaRpubliquedmocratiqueduCongo,ycomprisenutilisantdestactiquesdencerclementetderecherchepourprvenir lesattaques contre les civils etperturber les capacitsmilitairesdesgroupesarmsillgauxquicontinuentfaireusagedelaviolencedanscesrgions;

    i)AppuyerlesoprationsconduitesparlesbrigadesintgresdesFARDCdployesdanslestdelaRpubliquedmocratiqueduCongo,ycomprisenmettantenuvrelesmesuresinventoriesauparagraphe75,alinasb),c),d)ete)du troisime rapport spcialdu Secrtairegnral sur laMONUC(S/2004/650), en conformit avec les standards et normesinternationalement reconnus dans le domaine des droits de lhomme etavecledroitinternationalhumanitaire,envuede:

    Dsarmer lesgroupesarms locauxrcalcitrantsenvuedassurer leurparticipation au processus de dsarmement, de dmobilisation et derinsertionetlalibrationdesenfantsassociscesgroupesarms;

    Dsarmer lesgroupesarmstrangersenvuede leurparticipationauprocessus de dsarmement, de dmobilisation, de rapatriement, derinstallation et de rinsertion et la libration des enfants associs cesgroupesarms;

    Empcher la fourniture dun appui aux groupes arms illgaux, ycomprislappuitirdactivitsconomiquesillicites.85

    OrilressortdunrapportduSecrtairegnraldenovembre2008quelesNationsUniessonten

    particulierproccupesparlapossibilitpourlaMONUCdemenercetgarddesactionsdefaonautonome:

    LesdfaillancesdesFARDCetlesproblmesrencontrsparlaMONUC,sollicite lexcs alors quelle sefforce de faire face la reprise deshostilits dans les Kivus, ont suscit entre plusieurs parties prenantes undbatsurlemandatconfilaMissionautitreduChapitreVIIdelaChartedes Nations Unies. Lors des entretiens quils ont eus avec le Secrtairegnraladjointauxoprationsdemaintiendelapaix,lesreprsentantsduGouvernement ont demand une rvision dumandat de laMONUC pourpermettre laMissiondemenerdesoprationscontre lesgroupesarmsillgauxindpendammentdesFARDC.86

    Unmoisaprslaparutiondecerapport,atadoptelarsolution1856du22dcembre2008

    qui reprend pour lessentiel le paragraphe contenu dans la rsolution 1756 de 2007 etprcdemmentexpos,maisaveccertainesmodifications87:

    f) Dissuader toute tentative de recours la force [] y compris enutilisantdestactiquesdencerclementetdefouille[laplacederecherche]et en engageant toutes actions ncessaires pour prvenir les attaquescontre lescivilsetdsorganiser lescapacitsmilitairesdesgroupesarmsillgauxquicontinuentfaireusagedelaviolencedanscettergion;

    g) Coordonner ses oprations avec les brigades intgres des FARDCdployesdanslestdelaRpubliquedmocratiqueduCongoetappuyerlesoprations menes par cellesci et ayant fait lobjet dune planification

    85Voirlepar.2delaS/RES/1756(2007)du15mai2007.86Par.44duQuatrimeRapportduSecrtairegnralsurlaMONUC,S/2008/728,21novembre2008.87Lesmodificationssontindiquesengras.

    21

  • conjointe,dans lerespectdudroit internationaldesdroitsde lhomme,dudroitinternationalhumanitaireetdudroitdesrfugis[]88

    Ilconvientdesereporterauxdbatsquiontsuiviladoptiondecettersolutionpourcomprendre

    la porte des changements qui ont t apports en ce qui concerne lautonomie daction de laMONUC89.LereprsentantdelaBelgiqueasoulign:

    [La MONUC] pourra dornavant galement agir au cas o deslments incontrlsdesForcesarmesde laRpubliquedmocratiqueduCongo (FARDC) seraient lorigine des exactions commises contre lapopulation.IlrestequelesmoyensdelaMONUCsontlimits.Dslors,ellenepourraagirpartoutdansletemps.Maisloelleestprsente,loellepeuttredployetemps,elledevraagir.

    Ensuite, lanouvellersolutionpermet laMONUCdagirdefaonplusautonomecontre lesgroupesarms.Celaest importantpuisque lesForcesde laRpubliquedmocratiqueduCongonepeuventdans leurtatactuelconstituer lunique socle de la stratgie contre les groupes arms. Unebonnecoordinationdecesactionsaveclesautoritsetlarmecongolaisesdemeuretoutefoisindispensable.

    De mme, le reprsentant du RoyaumeUni a indiqu que cette rsolution donnait une

    prcision importante concernant la relation entre la MONUC et les forces de scurit duGouvernement, qui devrait permettre dexaminer certaines des questions auxquelles fait face laMONUC depuis les rcents affrontements qui se sont produits dans lest de la RpubliquedmocratiqueduCongo.

    Cependant,auregarddecequisestpass,ilnoussemblequelesoutienapportparlessoldatsde laMONUC lopration Kimia II,mene par les FARDC dans les deux Kivus contre les Forcesdmocratiques de libration du Rwanda (FDLR, des milices hutues rwandaises) est trsproblmatique.Eneffet,cetteoprationauraitdonn lieude trsgravesatteintesauxdroitsdelhomme. Ilsembleraitquedepuis ledbutde loprationKimia II,plusde1000civilsauraientttus,7000femmesetfillesauraienttvioles,plusde6000logementsauraienttdtruitsparlefeudanslesprovincesorientalesduNordKivuetduSudKivuetprsde900000personnesauraienttforcesdabandonner leursmaisons.Or laMONUCacontinudapportersonappuiauxFARDCjusqu lachvementde loprationKimia IIquisestterminefindcembre.Ellea justesuspendusonsoutien la213ebrigadedufaitquedespreuvesonttapportesdeson implicationdans lemassacre dau moins 62civils et a lanc avec les autorits militaires congolaises une enquteconjointedtaillepourtablirlensembledesfaits90.

    AucoursdesavisiteenRDCennovembre2009, leSecrtairegnraladjointdesNationsUniesaux oprations demaintien de la paix, Alain Le Roy, a t prcisment interrog sur le soutienapportparlaMONUCauxFARDC91.LejournalistedeRadioOkapiquimenaitlinterviewaindiquAlainLeRoyquesonsjourenRDCconcidaitavec lapublicationdunnouveaurapportdeHumanRightsWatchsurlamultiplicationdesatrocitscommisesparlesFARDCdanslecadredeloprationKimiaIIdanslestdelaRDCetquecetteONGdemandaitlaMONUCdesuspendresonsoutienaux88Par.3delaS/RES/1856(2008)du22dcembre2008.89VoirleprocsverbaldelasanceduConseildescuritdu22dcembre2008,S/PV.6055.90Voircequadclar leSecrtairegnraladjointauxoprationsdemaintiende lapaix,AlainLeRoy,radiookapi.net,lorsdesavisiteenRDCennovembre2009:[http://www.radiookapi.net/index.php?i=53&l=0&c=0&a=25359&of=5&m=2&sc=0].91Voirlesitewebprcit.

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  • FARDC,fautedequoi,ellerisquaitdtreimpliquedansdenouvellesatrocits.Illuiademandqueltaitsonpointdevue.AlainLeRoyarpondu:

    Jesaisbienquecestunequestiontrscomplexe.MaisenmmetempsnousavonsunmandatduConseildescuritpourassisterlesFARDCafindedsarmerlesgroupesrebelles,enparticulierlesFDLR.a,cestparfaitementclair ! Et tout rcemment, le Conseil de scurit nous a renouvel sonsoutien dans cette action dappui aux FARDC dans leur action militairecontre lesFDLR.Mais, ilyavaitdes limites trsprcises : il fautquilyaitplanificationconjointe.Cestlecas.IlfautaussiquaucuneunitneselivredesviolationsdesdroitsdelHommeoududroithumanitaireinternational.Mais videmment cest une question trs complique. Nous avonslimpressionquesinoussupprimionstoutsoutien loprationKimia II,ceneserapasauprofitdescivils.[]

    Le journalisteaensuitecitunextraitdece rapport selon lequellavolontpersistantede la

    MONUCdapporter son soutiendesoprationsmilitairespendant lesquelles sont commisesdesexactions limpliquedansdesviolationsdes loisde laguerreetademandAlainLeRoyquelletaitsarponse.Celuiciadclar:

    La question a t dbattue rcemment au Conseil de scurit, le 16octobredernier.LeConseildescuritaraffirmsonsoutienlaMONUCsur ce plan.Nanmoins, le Conseil de scurit a prcis que lorsquil y aviolationdesdroitsdelHomme,nousdevonssuspendrenotresoutien.Nousavonssuspendunotresoutienla213ebrigade.Etnousdiscutonsaveclesautoritsmilitairespourquececinesereproduisepas.EtjesuissrquelesautoritsmilitairesaussisontconscientesquecettesituationinacceptableLukweti ne doit pas se reproduire. Sinon, la MONUC sera oblige desuspendresonsoutien.

    Il ressortde cetchangequAlain LeRoy sembleassezmal laisepar rapport ceproblme

    concernantlesoutienapportparlaMONUCauxFARDC.Quant au Reprsentant spcial du Secrtaire gnral desNationsUnies en RDC et chef de la

    MONUC,AlanDross,ilaindiququelaMONUCtaitconfronteundilemmedufaitdunmandatqui lui imposedaccorder laplushautepriorit laprotectiondescivilstoutentravaillantavec lesFARDC,dontcertainslmentscommettentdegravesviolationsdesdroitsde lhomme92.Si,selonlui, ilnyapasde rponse facilecedilemme, ila souhaitdesorientationsclairesde lapartduConseil de scurit, notamment lorsque le mandat de la MONUC sera redfini au printempsprochain.

    Dbutjanvier,unenouvelleoprationdenvergurebaptiseAmaniLeoatlancedanslestde la RDC par les FARDC contre les lments rcalcitrants des FDLR. Le Reprsentant spcial duSecrtairegnralenRDCaprsentlesgrandeslignesdecetteoprationauConseildescuritle16dcembredernier93.Ilaexpliququunedirectivesigneconjointementpar lechefd'tatmajordesFARDCetlecommandantdelaforcedelaMONUCdfinissaitlesobjectifsainsiquelesrlesetles responsabilits respectifs des FARDC et de la MONUC en ce qui concerne l'appui cette

    92Cestcequiladclarle16dcembre2009devantleConseildescurit.Voirlecommuniqudepressedu16dcembre2009surlesiteduCentredactualitsdelONU:[http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=20825&Cr=RDC&Cr1=].93 Voir le communiqu de presse du 7 janvier 2010 sur le site de la MONUC:[http://monuc.unmissions.org/Default.aspx?tabid=1167&ctl=Details&mid=1690&ItemID=7141].

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  • opration.Poursapart, leCommandantde laForcede laMONUC, leLt.GnralBabacarGaye,asoulign limportance de la coopration entre les FARDC et la MONUC dans le processus deplanification dAmani Leo : Une planification conjointe est importante pour dresser unecartographie des zones risque etorganiser ledploiement le plus efficacedenos forces . Il aprcisquelaprotectiondescivilstaitaucentredelaplanification.

    A lademandedesFARDC, laMONUC fourniradesrationsetautresappuisessentielsauxunitsdes FARDC qui mnent des oprations de protection et de prvention, condition que cesoprations soient planifies conjointement et quelles se fassent dans le respect des droits delhomme, du droit humanitaire international et des droits des rfugis, tel que requis par larsolution1906 (2009)duConseildeScurit. Les commandementsmilitairesdesFARDCetde laMONUC ont dcid demettre en place plusieursmesures telles que le dploiement de la policemilitaireauniveaudesbataillonspourprveniretsanctionnerlesviolationsdesdroitsdelhomme,dudroithumanitaireinternationaletdesdroitsdesrfugisparleurspropresforces.Enoutre,ilestprvulasensibilisationdeschefsmilitairesetdessoldatssurladisciplineetleursobligationsmoralesainsique les responsabilitsde lahirarchiemilitaire.Lesprocduresonttmisesenplacepourlapprobation et lexcution du soutien tactique de laMONUC, y compris lappui feu pour desoprations conjointement planifies. La directive oprationnelle dAmani Leo prvoit galementlidentificationdesbataillonsdesFARDCquibnficierontdunnouveauprogrammedeformation.

    Cependant, ilnoussemblequecenestpas lavocationduneoprationdemaintiende lapaixdappuyerdesoprationsmilitairesmenesparlEtathte.CelacarteraitenoutrelerisquequellesoitimpliquemalgrelledanslesventuelsdrapagescommisparlesforcesarmesdecetEtat.

    C.UneutilisationduchapitreVIIcombineavecleconsentementdelEtathte

    Commeonlavu,sileConseildescuritutilisedefaonpresquesystmatiquelechapitreVII,la

    rfrencecechapitreconcerne leplussouvent leseulmandat.Eneffet,sur lestreizeoprationsdployescesdixderniresannes,neufsontcresenvertuduchapitreVI94.OnnoteainsiunenetteprfrenceduConseilpource fondementencequiconcerne lacrationduneoprationdemaintiende lapaixquiestdailleurs le fondement traditionnel.Quimpliqueun tel fondement?SiuneoprationdemaintiendelapaixestfondesurlechapitreVI,sondploiementnepeutsoprersansleconsentementdelEtathte,voiredespartiesprincipalesauconflit.Onpeuttrouvermentiondececonsentementdanslarsolutioncrantlopration.

    CestlecaspourlaMINUS.Dansleprambuledelarsolutioncrantcetteopration,leConseildescuritnotequelespartieslAccorddepaixglobalontdemandquesoitcreunemissiondesoutienlapaix95.

    OnpeutaussiciterlexempledelaMINURCAT.Dansunersolutiondeseptembre2008,leConseilde scurit exprime son intention dautoriser le dploiement dune composante militaire desNationsUniesqui succdera lEUFORTchad/RCA, tantauTchadquenRpublique centrafricaine[]enconsultationaveclesgouvernementsdecespays96.

    94 Par ordre chronologique : MINUSIL, MONUC, MINUEE, MANUTO, MINUSTAH, MINUS, FINUL renforce, MINUAD,MINURCAT.95S/RES/1590(2005)du24mars2005.96Voirlepar.4delaS/RES/1834(2008)du24septembre2008.

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  • Danslarsolutionsuivante,ilsaluelalettreduPrsidentduTchadendatedu6janvier2009etla lettreduPrsidentde laRpublique centrafricaineendatedu5dcembre2008 concernant ledploiementdanslesdeuxpaysdunecomposantemilitairedelaMINURCAT97.

    Cependant,mmepourlesoprationsdontlacrationestfondesurlechapitreVII,leConseildescurit prfre les dployer avec le consentement de lEtat sur le territoire duquel elles sedrouleront. Ainsi pour les quatre oprations dployes entre 1999 et 2009 et cres sur lefondementduchapitreVII,onaunebaseconsensuelle.

    Pour laMINUL,cestdans lAccorddepaixglobalsign le18aot2003AccraauGhanapar leGouvernement librienet lesdirigeantsdesgroupesrebellesqueceuxciontdemand lONUdedployeruneforceauLibria,envertuduchapitreVIIdelaCharte,pourappuyerleGouvernementtransitoirenationalduLibriaetfaciliter lapplicationde laccord. Dautresoprationsdemaintiende lapaixonttprvuesdans laccorddepaixoudecessezlefeuquiprcde leurdploiement,maisleurcrationestfondesurlechapitreVI98.

    Sagissant de lONUCI, on trouve indiqu dans le prambule de la rsolution crant cetteopration: Prenant note dumessage que lui a adress le Prsident de la Rpublique de CtedIvoire le 10 novembre 2003, tendant ce que laMission des Nations Unies en Cte dIvoire(MINUCI)soittransformeenoprationdemaintiendelapaix99.

    Enoutre,onpeutliredanslundesrapportsduSecrtairegnralsurlaCtedIvoire100quelePrsident de la Cte dIvoire, Laurent Gbagbo, dans une lettre date du 12 novembre 2003(S/2003/1081,annexe),adresseauPrsidentduConseildescurit,aproposlerenforcementdumandatdelaMissionetledploiementduneforcedemaintiendelapaixdesNationsUnies101.Ilestaussimentionnqueface la situationqueconnat la forcede lECOMICI, toutes lespartiesivoiriennesontdemandquesoitdployeuneforcedemaintiende lapaixdesNationsUniesquicomprendraitdeslmentsdelaCEDEAOetquetouteslespartiestaientdavisqueloprationdemaintiendelapaixdesNationsUniesproposedevraittremultidisciplinaire,avecdimportantescomposantesmilitaire,policeetcivils,ycomprisuneforteparticipationauprocessuslectoral102.

    En ce qui concerne lONUB, il est indiqu dans le prambule de la rsolution crant cetteopration:

    Prenantnotedesdclarationsfaitesdevant leConseilpar lePrsidentdelaRpubliqueburundaise,le22septembre2003,etparleVicePrsidentde la Rpublique sudafricaine,M. Jacob Zuma, le 4 dcembre 2003, enfaveurdelatransformationdelaMIABenoprationdemaintiendelapaixdes Nations Unies, et prenant galement note cet gard de la lettreadresse par le Ministre burundais des relations extrieures et de lacoopration,M.ThrenceSinunguruza,auPrsidentduConseildescurit,le15mars2004 (S/2004/208),ainsique la lettredatedu17mars2004,

    97VoirleprambuledelaS/RES/1861(2009)du14janvier2009.98Cest le caspour laMINUSILet laMONUC. LAccorddepaixde Lomprvoiten sonarticleXVIune forceneutredemaintiende lapaixquideviendra laMINUSIL.Quant laMONUC,elleestprvuepar lAccordsign le10 juillet1999Lusaka par les chefs dEtat de la Rpublique dmocratique du Congo, de laNamibie, du Rwanda, de lOuganda et duZimbabweetleMinistredeladfensedelAngolaenvuedelacessationdeshostilitsentretouteslesforcesbelligrantesenRpubliquedmocratiqueduCongo.99S/RES/1528(2004)du27fvrier2004.100RapportduSecrtairegnralsurlaMissiondesNationsUniesenCtedIvoireprsentenapplicationdelarsolution1514(2003)duConseildescuritendatedu13novembre2003,S/2004/3,6janvier2004.101Par.2,ibid.102Par.51,ibid.

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  • adressepar lePrsidentde laCommissionde lUnionafricaine,M.AlphaOmarKonar,auSecrtairegnral103.

    Il ressort encoreduprambuleque leConseilde scurit tient ceque toutes lesparties au

    conflitcooprentetconsententaudploiementdeloprationdemaintiendelapaix:insistantsurlimportancequi sattache ceque lePalipehutuFNLdeM.AgathonRwasa,derniermouvementarmnepaslavoirfait,adhreauprocessusdepaixdelAccorddArusha.

    QuantlATNUTO,leTimororientalntaitalorspasindpendant,maislesdeuxpaysconcerns,lIndonsieetlePortugal104,ontconsentiaudploiementdecetteopration.

    Parconsquent,lesoprationsdemaintiendelapaixdesNationsUniesdployesentre1999et2009lonttavecleconsentementdelEtathtemmelorsqueleConseildescuritaagienvertuduchapitreVIIpourcrerunetelleopration. Ilconvientenoutredereleverquecelanese limitepascettebaseconsensuellecarungrandnombredemissionsconfiesauxoprationsdemaintiendelapaixconsisteaidercetEtathte.

    OnpeutciterlexempledelaMINUSTAHquidoitnotamment:a) Pourvoir, titre dappui au Gouvernement de transition, la

    scurit et la stabilit propices au bon droulement du processusconstitutionneletpolitiqueenHati;

    b) Aider le Gouvernement de transition surveiller, restructurer etrformer la Police nationale hatienne, conformment aux normes dunepolice dmocratique, notamment en vrifiant les antcdents de sesmembres et en agrant son personnel, en donnant des conseils sur lesquestionsderorganisationetdeformation,ycomprislasensibilisationlasituationdesfemmes,etenpourvoyantlasurveillanceetlencadrementdespoliciers;

    c)AiderleGouvernementdetransition,enparticulierlaPolicenationalehatienne, mettre en uvre des programmes de dsarmement, dedmobilisationetde rinsertioncompletsetdurables lintentionde tousles groupes arms, y compris les femmes et les enfants associs cesgroupes, ainsi que des mesures de matrise des armes et de scuritpublique;

    d)Aideraurtablissementetaumaintiendeltatdedroit,delascuritpublique et de lordrepublic enHati,notamment enapportantunappuioprationnellaPolicenationalehatienneetauxgardescteshatiens,eten les renforant sur le plan institutionnel, notamment en remettant surpiedlesystmepnitentiaire.105

    On la vu aussi pour la MONUC dont une partie de son mandat consiste appuyer le

    Gouvernementdunitnationaleetdetransition106.IlressortdelapratiquedesdixderniresannesquesileConseildescuritsesertduchapitre

    VIIpourlesoprationsdemaintiendelapaixdesNationsUnies,ilnutilisepascefondementenvuedimposerlapaix.

    LONUadecepointdevuetir les leonsdeseschecspasss.Ellenemneplusdirectementdoprationsdimpositiondelapaix.Quandellejugequunesituationlexige,ellerecourtuneforce

    103S/RES/1545(2004)du21mai2004.104Colonieportugaisejusquen1975,leTimorestensuiteannexparlIndonsiequienfaitla27eprovinceindonsienne.105VoirlasectionIdupar.7delaS/RES/1542(2004)du30avril2004.106Voirparexemplelepar.5delaS/RES/1565(2004)du1eroctobre2004.

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  • multinationaledont lacrationestautorisepar leConseildescuritetdont lemandatestdfiniparlui,maiscetteforceasonproprecommandement.

    CestcequexpliqueleSecrtairegnraldesNationsUniesdansunrapportde2003:Ilexisteeneffetdescasoilfautdabordrtablirlapaixetstabiliserla

    situationavantdepouvoirdployerunemissiondemaintiendelapaix.LesCasquesbleusnesontpasun instrumentadaptcegenredecas.Cestpourquoi jai plaid contre leur dploiement et pour le dploiement deforcesmultinationalesplaces sous le contrledenations chefsde fileenAfghanistan, en Cte dIvoire, Bunia en Rpublique dmocratique duCongoet[]auLibria.

    Unefoisque lasituationatstabilise,unemissiondemaintiende lapaix robustepeut logiquementprendre lasuccession,conditionquedesEtatsMembresdisposantdesmoyensncessairesacceptentdemettreleurstroupesladispositiondelOrganisation.107

    Ilsedemandaitsiledispositifretenuen1999auTimorLeste(lancienTimororiental)nepourrait

    pas servir de modle pour lavenir. Pour lui, le fait que les principaux lments de la Forceinternationale au Timor oriental (INTERFET)mens par lAustralie soient demeurs sur place etrebaptissCasquesbleusapermisdepasserendouceuruneforcedesNationsUniesrobusteetcrdible108.IlsagitdelATNUTOqui,commeonlavu,atcreparunersolutionfondesurlechapitre VII et autorise prendre toutes les mesures ncessaires pour sacquitter de sonmandat109.Toutefois,lATNUTOestuntypedoprationdemaintiendelapaixtrsparticulier,carelleprendenchargeladministrationdunterritoire.

    Cependant, on a lexemple dune opration de maintien de la paix robuste reprenant lasuccession dune force multinationale qui relevait du chapitre VII avec la MINURCAT dans sadeuxime version. En 2009, une composantemilitaire a t ajoute la composante civile de laMINURCATafinquellepuisse reprendre levoletmilitaire jusquelconfi loprationde lUnioneuropenneEUFORTchad/RCA110.Si lintgralitdumandatde laMINURCATnestpastablieenvertu du chapitre VII, on retrouve dans la partie fonde sur ce chapitre lancien mandat delEUFOR111.

    Ilconvient toutefoisdesoulignerquilyaencoredes tentationsvisant imposer lapaixpar lebiaisdoprationsdemaintiendelapaixdesNationsUnies.

    Etant donn la dgradation de la situation en Sierra Leone, lors de la sance du Conseil descurittenuele11mai2000,denombreuxEtatsmembresontrecommanddedoterlaMINUSILdun mandat clairement dfini visant imposer la paix, conformment au Chapitre VII de laCharte112.LeSecrtairegnralafaitsavoirquilntaitpasenprincipeopposladoptionduntelmandat tantque lONUpourraobtenir, auprsdes EtatsMembresqui enont la capacit, lesressourcesncessairespourexcuterlestchesquuntelmandatimplique.

    On peut galement lire dans un rapport du Secrtaire gnral sur la MONUC queltablissementdumandatdemaintiende lapaixde laMONUC,en vertuduChapitreVIIde la

    107Par.35et36duRapportduSecrtairegnralApplicationdelaDclarationduMillnaireadopteparlOrganisationdesNationsUnies,A/58/323,2septembre2003.108Par.36,ibid.109VoirlaS/RES/1272(1999)du25octobre1999.110S/RES/1861(2009)du14janvier2009.111Voirlea)dupar.7delaS/RES/1861(2009)du14janvier2009.112Par.100duQuatrimeRapportduSecrtairegnralsurlaMissiondesNationsUniesenSierraLeone,S/2000/455,19mai2000,op.cit.

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  • Charte des Nations Unies, a fait esprer que laMission imposerait la paix dans lensemble dupays113. Cependant, il indique juste aprs: Il existe toutefois un cart important entre cesattentesetlacapacitdelaMissionyrpondre.

    Le faitque leConseilde scuritne dploieplus doprations sous commandement direct delONU pour imposer la paix et quil tienne au consentement de lEtat hte prsenteincontestablementdesavantagespour lesoprationsdemaintiende lapaixdesNationsUnies. Ilsagitainsidefaciliterleurbondroulement.

    Cependant, la recherche de ce consentement a aussi ses revers. Cest ce qui ressort dunedclaration du Secrtaire gnral adjoint aux oprations de maintien de la paix, Alain Le Roy.Lorsquilsestexprimenoctobre2008devant laQuatrimeCommissionde lAssemblegnraledesNationsUnies,laCommissionchargedesquestionspolitiquesspcialesetdeladcolonisation,quiaentamunetudedensembledetoutelaquestiondesoprationsdemaintiendelapaix,ilademandquil soitpossiblede trouverune solutionauproblmepospar lespayshtesdont leconsentementenfaveurdudploiementduneoprationdemaintiendelapaixpeutvarierdansletemps,commecelaatconstatdansuncertainnombredecas.

    D.DesexemplesillustrantuneutilisationduchapitreVIIquipeutsemblerinadquate

    Certains exemples illustrent une utilisation du chapitre VII par le Conseil de scurit qui peut

    semblerinadquate.

    1.ExemplesduneutilisationinsuffisanteduchapitreVIILesexemplesdelaMINUSIL,delaMONUCetdelaMINUSmontrentquuneutilisationlimitedu

    chapitreVIIdanslarsolutioncrantloprationpeuttrsviteservlerinsuffisantepourfairefaceladgradationdelasituationscuritaire.

    *LexempledelaMINUSILLaMINUSILatcreenoctobre1999parunersolutionadopteenvertuduchapitreVI114.

    Sonmandat initialntaitpas fondsur lechapitreVII.Certes,on trouvedans larsolutioncrantloprationunementionduchapitreVII:leConseildescuritagissantenvertuduChapitreVIIdelaChartedesNationsUnies,dcidequedans laccomplissementdesonmandat, laMINUSILpourraprendrelesmesuresncessairespourassurerlascuritetlalibertdecirculationdesonpersonnelet, lintrieur de ses zones doprations et en fonction de sesmoyens, la protection des civilsimmdiatement menacs de violences physiques, en tenant compte des responsabilits duGouvernement sierralonais et de lECOMOG115. Par la suite, lemandat de laMINUSIL a tlargi116et lutilisationduchapitreVIIat renforce,notammentpour faire face la reprisedeshostilitspar les rebelles.La rsolutionadopte le7 fvrier2000comportecette foismentionduchapitre VII pour les tches supplmentaires confies la MINUSIL et ajoute une phrase la

    113Voir lepar.59duTroisimeRapportspcialduSecrtairegnralsur laMONUC,S/2004/650,16aot2004,op.cit.Litaliqueestdenous.114S/RES/1270(1999)du22octobre1999.115Par.14delaS/RES/1270(1999)prcite.116S/RES/1289(2000)du7fvrier2000,S/RES/1313(2000)du4aot2000,S/RES/1389(2002)du16janvier2002.

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  • dispositionconcernant lautorisationdeprendredesmesuresncessaires:autorise laMINUSILprendrelesdispositionsvouluespoursacquitterdestchessupplmentaires117.

    IlressortdunrapportduSecrtairegnralque,surlabasedumandatfigurantdanslarsolutiondu7fvrier2000,lesoprationsdelaMINUSILtaientrgiespardesrglesdengagementrobustespermettant laMission demployer la force, y compris la forcemeurtrire, en cas de lgitimedfensefacetoutacteouintentionhostile118.

    Ilest noterque leseffectifsde la composantemilitairede laMINUSIL sontpasssde6000hommesen199917500en2001119.

    LasituationvcuesurleterrainparlaMINUSILattrsdifficile.Plusieurscentainesdesoldatsde laMINUSIL ont t pris en otage enmai 2000 par les rebelles, desmembres du Front unirvolutionnaire(RUF),cequinestpassansrappelercequistaitpassenBosnie.

    IlestintressantdenoterlaremarquesuivanteduSecrtairegnral:LvolutionrcentedelasituationatrsclairementmontrquelONU

    sedevrade tirer lesenseignementsde sonexprienceenSierraLeone.Laforce,quitaitconue,quipeetdployepourassurer lemaintiende lapaix, a rapidement t contrainte engager le combat avec lune despartiesquistaientengagescoopreravecelle120.

    Ilnestpassrque la leonaittretenuecomme lemontre lexemplede laMINUS,opration

    quiapourtanttcreen2005.*LexempledelaMONUCLa rsolutionqui transforme laMONUCenvritableoprationdemaintiende lapaixne fonde

    pas lemandatde celleci sur le chapitreVII121.Elle comporte toutefoisunedisposition similairecelle figurant dans la rsolution crant laMINUSIL, disposition fonde sur le chapitre VII et quiconcerne lautorisation de prendre lesmesures ncessaires122. Il ressort du procsverbal de lasanceduConseildescuritaucoursdelaquelleatadoptecettersolutionquesesmembresnesemblaientpasvouloirdunmandatfondsurlechapitreVII:

    []laFdrationdeRussiemetlaccentsurlaccordgnralauquelestparvenu leConseildescuritetselonlequellaMONUCneprendrapasdemesures pour obliger les parties accepter la paix, ni pour imposer ledsarmement des groupes arms irrguliers dans le territoire de laRpublique dmocratique du Congo, pas plus ltape actuelle desoprationsqulavenir.123

    117Par.10de laS/RES/1289 (2000)du7 fvrier2000.On retrouveunedisposition similaireaupar.2de laS/RES/1398(2002)du16janvier2002,par.fondsurlechapitreVII.118Par.89duQuatrimeRapportduSecrtairegnralsur laMissiondesNationsUniesenSierraLeone,S/2000/455,19mai2000,op.cit.119Avec laS/RES/1289 (2000)du7 fvrier2000, lechiffremaximumpasse11000etavec laS/RES/1346 (2002)du16janvier200217500.120Par.105duQuatrimeRapportduSecrtairegnralsurlaMissiondesNationsUniesenSierraLeone,S/2000/455,19mai2000,op.cit.121S/RES/1291(2000)du24fvrier2000.122Par.8delaS/RES1291(2000)prcite.123Voirleprocsverbaldela4104esanceduConseildescuritendatedu24fvrier2000,S/PV.4104.

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  • Cependant, la situation sur le terrain va amener lONU autoriser ledploiementdune forcemultinationale intrimaire durgence Bunia en attendant que la prsence de la MONUC soitrenforce124.

    Larsolution1493du28 juillet2003estprisecettefoissur lefondementduchapitreVIIetelleapportedes changementsquant lautorisationdeprendre lesmesuresncessaires.Cellecivautgalementpourcontribuerlamliorationdesconditionsdescuritdanslesquellesestapportelaidehumanitaire125.Enoutre, laMONUCestautoriseutilisertous lesmoyensncessairespoursacquittercettefoisdelintgralitdesonmandat,maisdansunezonegographiquelimite:dansledistrictdelIturiet,pourautantquellelestimedanslalimitedesescapacits,dansleNordetleSudKivu126.

    La rsolution 1565 du 1er octobre 2004, elle aussi fonde sur le chapitre VII, modifieprofondment le mandat confi la MONUC qui se voit confier toute une srie de nouvellesresponsabilits127. Ce qui change galement, cest que la MONUC est autorise prendre lesmesuresncessairespourexcuterpratiquement lessentieldesonmandat.Cerenforcementatconfirm dans des rsolutions adoptes ultrieurement, notamment la rsolution 1856 du 22dcembre2008,quisontprisesenvertuduchapitreVIIetquipermettent laMONUCdeprendrelesmesuresncessairespouraccomplirungrandnombredesesmissions128.

    5133.

    Ainsi,onestpassduneutilisationlimiteuneutilisationconsidrablementrenforce.Onpeutmettre en parallle comme pour laMINUS laugmentation trs importante des effectifs qui estintervenue au fil des rsolutions129. Lorsque laMONUC est devenue une vritable opration demaintien de la paix, ses effectifs taient fixs 5 537militaires130. En 2003, ils sont passs 10800131.En2007,ilstaient17030132et,partirde2008,1981

    *LexempledelaMINUSCommepour laMINUSIL, laMINUSatcreparunersolutionadopteenvertuduchapitre

    VI134, le mandat initial nest pas tabli sur le fondement du chapitre VII, mais on trouve unedisposition similaire fonde sur le chapitre VII concernant lautorisation de prendre lesmesuresncessaires135. Or, daprs la description de la situation faite par le Secrtaire gnral avant

    124S/RES/1484 (2003)du30mai2003 fonde sur lechapitreVII.CetteoprationbaptiseArtmisatmeneparlUnioneuropenneetplacesouscommandementfranais.125Par.25delaS/RES/1493(2003)du28juillet2003.126Par.26delaS/RES/1493(2003)prcite.127Voirlespar.4,5et7delaS/RES/1565(2004)du1eroctobre2004.128Voirlepar.4delaS/RES/1756(2007)du15mai2007.Voirlepar.5delaS/RES/1856(2008)du22dcembre2008.IlestnoterquelaS/RES/1797(2008)du30janvier2008nestpasfondesurlechapitreVII,cequipeutsexpliquerparlobjetde la rsolution.LeConseildescuritautorise laMONUC fourniruneassistanceauxautoritscongolaisesenvuedelorganisation,delaprparationetdelatenuedeslectionslocales(voirlepar.1).129Sixrsolutions.130VoirlaS/RES/1291(2000)du24fvrier2000.131VoirlaS/RES/1493(2003)du28juillet2003.132VoirlaS/RES/1756(2007)du15mai2007.133VoirlaS/RES/1856(2008)du22dcembre2008.134S/RES/1590(2005)du24mars2005.135Par.16delaS/RES/1590(2005)prcite:AgissantenvertuduChapitreVIIdelaChartedesNationsUnies,i)DcidequelaMINUSestautoriseintervenirdanslessecteursosesforcesserontdployesetdanslamesureoellejugeraquesesmoyens le luipermettentpourprotger lepersonnel, les locaux, les installationsetmatrielsdesNationsUnies,assurerlascuritetlalibrecirculationdupersonneldesNationsUnies,desagentshumanitaires,dupersonneldumcanismecommundvaluationetdelacommissiondubilanetdelvaluation,et,sansprjudicedelaresponsabilitduGouvernementsoudanais,protgerlescivilssouslamenaceimminentedeviolencephysique.

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  • ladoptiondelarsolution136,lancessitduchapitreVIIsemblaitdsledpartvidente,maisuntelfondementdoit faire lunanimit parmi lesmembrespermanentsduConseilde scurit.Aussi leSecrtairegnralindiquaitilnotamment:

    LOrganisation des Nations Unies et ses partenaires internationauxdoivent sattendre se heurter des difficults considrables lorsquilsaiderontlespartiesappliquerlaccorddepaix.LeSoudansestavr,parendroits, un milieu oprationnel dangereux, et il se peut qu certainsmoments,aucoursdespriodesdeprtransitionetdetransition, leseffetsinitialementdstabilisateursde lapplicationde laccorddepaixentranentdes risques accrus en matire de scurit. [] la violence risque dereprendre du fait de lamenace que posent les groupes arms oumilicesmcontentsetmarginalissquirefusentdesintgrerluneoulautredesdeux principales parties. Laccord de paix ne donne aucun dtail sur leprocessus de rconciliation de ces groupes arms et milices avec leGouvernementsoudanaisouleSPLM/A.137

    Selon lui, on pouvait aussi prvoir des risques considrables que des groupes non parties lAccorddepaixglobalcherchentperturberpar laviolence lapplicationde lAccorddecessezlefeu;enoutre,deslments criminelspeuvent chercher sattaquer auxorganismesdesNationsUniesdes