les industriels chocolatiers menier à noisiela la mort de jab, son fils ejm acquiert des terrains...

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Les industriels chocolatiers Menier à Noisiel La chocolaterie Menier de Noisiel (Seine-et-Marne) témoigne du développement d’une entreprise familiale liée à l’essor industriel et urbain depuis le début du XIX e siècle. Ses différents bâtiments, classés et réhabilités, sont des exemples d’architectures des XIX e et XX e siècles (structure métallique, décors de briques émaillées, béton Hennebique, etc.). Ce dossier, constitué par le service d’animation du patrimoine de Noisiel, Ville d’art et d’histoire, comprend : • Raconte-moi l’ancienne usine de chocolat pages 2 à 13 Naissance et évolution de l’entreprise Du moulin à l’usine, l’évolution du site La fabrication du chocolat Les bâtiments classés monuments historiques La réhabilitation • Émile-Justin Menier (1826-1881) pages 14 à 17 • Généalogie de la famille Menier page 18 • La cité ouvrière : petit lexique architectural pages 19 à 21 • L’ancienne mairie pages 22 à 25 • L’école à Noisiel autrefois pages 26 à 29

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Les industriels chocolatiers Menier à Noisiel

La chocolaterie Menier de Noisiel (Seine-et-Marne) témoigne du développement d’une entreprise familiale liée à l’essor industriel et urbain depuis le début du XIXe siècle. Ses différents bâtiments, classés et réhabilités, sont des exemples d’architectures des XIXe

et XXe

siècles (structure métallique, décors de briques émaillées, béton Hennebique, etc.). Ce dossier, constitué par le service d’animation du patrimoine de Noisiel, Ville d’art et d’histoire, comprend :

• Raconte-moi l’ancienne usine de chocolat pages 2 à 13 Naissance et évolution de l’entreprise Du moulin à l’usine, l’évolution du site La fabrication du chocolat Les bâtiments classés monuments historiques La réhabilitation

• Émile-Justin Menier (1826-1881) pages 14 à 17 • Généalogie de la famille Menier page 18 • La cité ouvrière : petit lexique architectural pages 19 à 21 • L’ancienne mairie pages 22 à 25 • L’école à Noisiel autrefois pages 26 à 29

RACONTE –MOI L’ANCIENNE USINE DE CHOCOLAT

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Jean Antoine Brutus Menier (1795-1853) : naissance de l’entreprise

C’est après être entré au service de la pharmacie du Val de Grâce que Jean Antoine Brutus Menier (JAB), originaire d’une famille commerçante

de Bourgueil, fonde son entreprise de droguerie. Ayant pour ambition de fabriquer industriellement des poudres pharmaceutiques tout en garantissant une qualité rarement avérée à cette époque, il va s’attacher à moderniser sa production et à s’agrandir.

C’est ainsi qu’il décide en 1825 d’acheter le moulin hydraulique de Noi-siel qui offre grâce à sa roue pendante, l’avantage d’un gain énergétique supérieur aux meules à chevaux de sa petite fabrique parisienne. La roue, en s’adaptant au niveau de la Marne, permet en effet une

production annuelle constante.

Emile Justin Menier (1826-1881) :

L’empire du chocolat Succédant à la mort de son père en 1853, Emile Justin Menier (EJM)

oeuvre à l’essor véritable de l’empire industriel. Déplaçant la produc-tion pharmaceutique à Saint Denis pour l’abandonner définitivement en 1867, EJM décide de réorienter son entreprise pour se consacrer unique-

ment à la production de masse de chocolat. Souhaitant n’être tributaire d’aucun intermédiaire, il entreprend dans les

années 1860 l’achat de terres au Nicaragua afin d’y cultiver des planta-tions de cacaoyer. Le cacao ainsi produit est ramené en France par une flotte de navires appartenant aux Menier. Parallèlement Menier se dote

d’une sucrerie à Roye dans la Somme, alimentée par les champs de bette-raves à sucre seine-et-marnaises dont il se rend également propriétaire.

Les terrains alentours garantissent également la possibilité pour le droguiste de s’agrandir. Dès lors l’usine ne

cessera d’évoluer, servant de base à la constitution de l’empire industriel de la famille Menier. Produit de luxe, le chocolat est à l’époque recommandé pour ses qualités reconstituantes mais également utilisé dans la composition de médicaments ou comme enrobage des pilules. Dès lors l’histoire du chocolat et celle de Noisiel se trouve intime-ment liées.

Les difficultés d’approvisionnement en cacao à l’époque ne permet à JAB de faire du chocolat qu’une production

secondaire. Néanmoins attaché à diffuser cette denrée en grand nombre, JAB lance en 1836 la tablette de chocolat Menier , enveloppée dans le fameux papier jaune reproduisant les médailles récompensant la qualité des produits Menier. Cette année marque également la naissance de la marque Menier, destinée à garantir la qualité et la prove-nance de tous les produits Menier.

Au même moment l’usine de Noisiel subit les premières grandes transformations. Souhaitant rationaliser la produc-tion, il fait appel aux meilleurs ingénieurs et architectes tels que Jules Saulnier, chargés de construire de nouveaux bâti-ments, ordonnés selon un schéma qui suit le processus de fabrication tout en le structurant. Emile Justin Menier, tou-jours au fait des dernières inventions et entouré des meilleurs scientifiques, introduit dans son usine, les dernières innova-tions techniques du moment, quelles soient physiques, chimi-ques ou architecturales, faisant de la chocolaterie de Noisiel,

une usine à la pointe du progrès.

La construction d’une usine à Londres (1870), l’achat d’un entrepôt à New York et de comptoirs dans le monde entier confirmeront la vocation internationale de l’entreprise.

DOSSIER N°2

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L’apogée de l’entreprise Menier : Henri et Gaston Menier

Jusqu’à la veille de la première guerre mondiale, l’entreprise poursuit sa

croissance, les fils Menier s’appliquant à perfectionner sans cesse la chaîne de production en introduisant de nouvelles machines, comme en réorgani-sant les circuits d’approvisionnement en matières premières.

1893 représente sans doute l’apogée de l’entreprise, date à laquelle l’usine de Noisiel est consacrée, lors de l’Exposition Universelle de Chicago, plus grande chocolaterie du Monde en terme de production.

Autre signe de croissance : la publicité. Si JAB et EJM avaient déjà compris l’intérêt de celle-ci, ce sont les fils Menier qui lui donneront un véritable im-

pact tout en systématisant son emploi par un maillage sans précédent sur tout le territoire. Ils seront également parmi les premiers à lui donner autant de force en identifiant leurs produits à une image simple et efficace, la

« petite fille » (dessinée par Bouisset en 1892), celle-ci devenant l’ambassa-drice de la marque dans le monde entier.

Les expositions universelles seront également l’occasion d’affirmer leur puissance grâce à des mises en scène spectaculaires, relayées par la mise en

place d’un tourisme industriel, faisant de l’usine de Noisiel un véritable outil de communication. La construction de nouveaux bâtiments comme la Cathé-drale, au début du XXème siècle, en sera le reflet.

1914-1959 : La mort de l’aîné Henri en 1913, place son cadet Gaston à la tête de l’entreprise, jusqu’à son décès en 1934. Malgré la construction de nouveaux bâtiments et les effets d’une stratégie publicitaire présente sur tous les fronts, l’entreprise

familiale se trouve confrontée au lendemain de la guerre à un contexte économique marqué par une concurrence accrue des chocolateries étrangères, une stagnation durable de la consom-mation et, plus encore, par une évolution de la demande à laquelle l’entreprise peinera à répondre. Si les années 20 et 30 sont marquées par le lancement d’une

gamme rénovée de produits, soutenue par des stratégies publici-taires renouvelées, la modernisation trop tardive du matériel et le manque d’attachement à la qualité allaient avoir raison des efforts de redressement de l’entreprise, fragilisée par le décès de Gaston Menier. Tournant au ralenti durant la seconde guerre mondiale, l’entre-prise retrouvera une vigueur toute relative dans les années 50, après de longues années de pénuries.

Après 1959 : En dépit d’une nouvelle stratégie amorcée dès 1954 , basée sur le marketing et 3 plans de modernisation des équipements

qui entraînèrent d’importantes vagues de licenciements, les chiffres exponentiels du déficit sonnèrent le glas des espéran-ces de redressement de l’entreprise familiale.

Après le départ des Menier en 1959, l’usine de Noisiel, témoin contemporain d’un mouvement durable de concentration industrielle, se trouve ballottée d’un repreneur à l’autre : Cacao Barry (1960), Ufico-Perrier (1965), puis Rowntree Mackintosh (1975). En 1988, enfin, le groupe Nestlé, en rachetant Rowntree devient propriétaire de la marque Menier ainsi que de l’usine de Noisiel. Les mesures de protection au titre des Monuments Historiques engagées en 1986 et 1992 évitèrent des destruc-tions inconsidérées. Néanmoins l’usine ferme définitivement ses portes en 1991, la production étant déplacée à Dijon,

avant de s’offrir une nouvelle jeunesse en accueillant, après une réhabilitation exemplaire, le siège social de Nestlé France dès 1996.

Henri Menier (1853-1913)

Gaston Menier (1855-1934)

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Du moulin à l’usine : Lorsque JAB arrive à Noisiel en 1825, il y trouve un village comportant un port et un moulin qui, s’il n’était doté d’une roue pen-dante, ressemblerait à tant d’autres.

Il décide alors d’y transplanter son activité parisienne de fabrication de poudres pharmaceutiques, achète un fonds de chocolaterie dans la région et poursuit l’activité de meunerie originelle. Les 3 étages du moulin permettent à ces activités de rester séparées. En 1842 le moulin est agrandi accompagnant ainsi l’augmentation de la production.

A la mort de JAB, son fils EJM acquiert des terrains face à l’usine auprès du duc de Levis pour y construire un hôtel particulier, « le petit château », dominant le site usinier. Le moulin est une nouvelle fois agrandi en 1855 et la production d’énergie améliorée par le remplacement de la roue pendante par des turbines à hélices Girard. 200 personnes réparties entre l’usine et le siège social à Paris sont alors employées par EJM.

A partir de 1860, la production pharmaceutique déménage à Saint Denis et permet à Menier de gagner de la place pour

développer comme il le souhaite la production chocolatière. En effet, à partir de 1860, il étend le site usinier afin de re-construire l’usine sur un plan nouveau, occupant bientôt tout le terrain de l’ancien village. Jules Saulnier, architecte-ingénieur, aménage à sa demande, pour le personnel, des logements qui s’avèreront rapidement insuffisants.

Le village originel de Noisiel disparaîtra bientôt définitive-ment pour renaître quelques centaines de mètres plus loin

sous une nouvelle forme, celle d’une cité ouvrière. La mairie lavoir offerte à la commune en 1861 par EJM, cons-truite sur un terrain mitoyen de l’usine constituera jusqu’en 1899, date de sa destruction, l’une des dernières traces de l’ancien village.

A partir de 1864, Jules Saulnier conçoit de nouveaux bâtiments, ordonnés selon un processus qui suit le déroulement de la fabrication et le structure, le ratio-nalise. Pour suppléer l’énergie hydraulique en régime de

basses eaux, EJM fait également ajouter une chau-dière à vapeur avec une élégante cheminée en bri-ques (aujourd’hui détruite) qui en est le symbole.

La mise en place d’un barrage en 1869 permettra d’accroître la puissance des turbines du moulin qui sera reconstruit par Jules Saulnier en 1872. Après les grands travaux menés par ce dernier,

l’usine subit de nouvelles transformations sous la conduite de Jules Logre et de son fils Louis, archi-tecte.

L’une des grandes améliorations des années 1880 est sans conteste le raccordement de l’usine au réseau ferré natio-nal par un chemin de fer reliant l’usine à l’échangeur d’Emerainville (1881). Cette amélioration se répercuta et se prolongea à l’intérieur

de l’usine, par l’installation d’un réseau de voies étroites reliant les ateliers entre eux (1889) mais également, par une réorganisation spatiale toujours plus rationnelle. De nou-veaux espaces de stockage sont créés en amont et couverts d’une verrière permettant de décharger les matières premiè-res à l’abri des intempéries . Celles-ci sont également ache-minées par péniches accostant sur les 500 m de quais amé-nagés à cette époque.

Des améliorations sont aussi apportées à la phase délicate du refroidissement des tablettes : Une halle métallique construite vers 1882-83 abrite désor-mais de nouvelles machines produisant de l’air froid : la halle des refroidisseurs. 4

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Au tournant du XXème siècle, la production chocolatière ne cessant de s’accroître, les Menier décident de construire un nouveau bâtiment pour le mélange du sucre et du ca-cao, opération auparavant effectuée dans le moulin. Implantée sur l’île à l’emplacement d’une usine à gaz qui sera détruite, la nouvelle chocolaterie, surnommée par les

ouvriers la Cathédrale , sera reliée aux ateliers de dressage et empaquetage sur l’autre rive, par un pont couvert d’une verrière : le pont Hardi.

Afin de conserver son hégémonie, largement entamée par des concurrents étrangers sur un marché en cours de diver-sification, l’entreprise procède dès le début du XXème siè-

cle à l’étoffement de son catalogue, en proposant notam-ment des produits nouveaux tels que les confiseries. Ceux-ci sont alors fabriqués dans un nouveau bâtiment cons-truit dans les années 1920 sur l’île, près de la Cathédrale et de l’imprimerie.

Dans les années qui suivent le départ des Menier en 1959, l’usine est peu à peu désaffectée et seuls quelques ate-liers conserveront une activité, sous la direction de la société Rowntree Mackintosh. La lente agonie de l’usine est bientôt stoppée par la reconnaissance de la richesse patrimoniale et historique du site. Parallèlement, la prise de conscience nationale de l’intérêt de préserver, conserver, voire réhabiliter le patrimoine

industriel, permet à certains bâtiments de l’ancienne chocolaterie de faire l’objet de procédures de protection par leur inscription sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques ou leur classement. Ce fut le cas de la halle des refroidisseurs, de la Cathédrale et du Pont Hardi ainsi que du moulin Saulnier.

Après le rachat de Rowntree par Nestlé en 1988, le site de la chocolaterie tombe naturellement dans le panier de la multinationale suisse, qui décide en 1991, l’arrêt total de l’activité de l’usine. De nombreuses inquiétudes quant à l’avenir du site se font jour. Acteurs locaux et amoureux du patrimoine se

voient proposer de nombreux projets, notamment de complexes touristiques et hôteliers. Cependant, la direction de Nestlé France à la recherche d’un site où installer son siège social et réunir l’ensemble des unités opérationnelles du groupe propose de s’y réinstaller, d’une tout autre manière. (voir chapitre sur la réhabilitation)

Le bruit des grues remplace bientôt celui des machines de la chocolaterie pour faire de l’usine une des réhabilita-tions les plus exemplaires du moment, menée par le cabinet d’architectes Reichen et Robert. De nombreux éléments parasites sont abattus (cheminée, centrale thermique), certains bâtiments, désormais inadaptés sont totalement vidés et réaménagés, tandis que les édifices les plus somptueux, sont minutieusement nettoyés et restaurés (le moulin, la halle des refroidisseurs, la Cathédrale). Tout en respectant l’environnement végétal et architectural du site, de nouveaux bâtiments, d’un aspect résolument moderne, sont ajoutés, achevant de replacer l’usine dans notre époque.

Pendant la seconde guerre mondiale, les ate-liers sont partagés afin d’accueillir l’empa-quetage de tabac et la fabrication de tisanes venus s’ajouter à celle du chocolat, afin de compenser une baisse inéluctable de la consommation durant le conflit. Si l’entreprise retrouve une certaine crois-

sance après la guerre, certains bâtiments comme la Cathédrale, bien qu’épargnés par les destructions de la guerre, n’en seront pas

moins désaffectés, victime de la perte des parts de marché du chocolat Menier. L’usine est bientôt en surcapacité de production face à une diminution de la demande, entraînant les

premières vagues massives de licenciements.

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LA FABRIC

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Triage des fèves :

Les fèves, encore poussiéreuses et mélan-gées à des débris de végétaux, sont triées dès leur arrivée dans la chocolaterie. Après être passées dans des machines (trémies) éliminant les corps étrangers par rotation, les fèves sont déversées dans des entonnoirs qui, percés de trous rectangulaires de diffé-rentes dimensions, effectuent un tri selon leur grosseur. Les fèves ainsi nettoyées et calibrées sont déversées sur de grandes ta-bles où elles sont triées à la main par des ouvrières. L’atelier est ventilé en été, chauffé par des tuyaux de vapeur en hiver et, éclairé au gaz.

Torréfaction :

A proximité du triage, se trouve l’atelier de torréfaction. Les fèves sont grillées dans des fours rotatifs (des broches) durant 40 minutes pour développer leur arôme. De 120-140°C en moyenne , la température de torréfaction varie selon le type de cacao, sa texture…

Concassage et broyage :

Afin de libérer l’intérieur appelé amande, les fèves sont débar-rassées de leur coque lors de l’étape du concassage. Les fèves passent donc dans un concasseur-décortiqueur, appa-reil composé de deux surfaces coniques garnies de pointes d’a-cier rapprochées, dont une est animée d’un mouvement de rota-tion. L’écorce est ainsi séparée de la fève, qui est elle –même brisée en plusieurs morceaux. Après passage sur des tamis, les fèves sont à nouveau triées, puis mises en sacs et conduites en sous-sol par des wagonnets au pied du moulin où se tiennent les opérations de broyage. Les fèves sont apportées au 3ème étage par un monte charge hydraulique, puis broyées à 90°C dans des meules situées au 2ème étage afin d’obtenir une pâte de consistance fluide, la pâte de cacao (ou encore « masse » ou « liqueur de cacao »). La pâte de cacao peut également être pressée afin de séparer le beurre de cacao de la matière sèche appelée « tourteau » qui servira à fabriquer la poudre de cacao.

L’affinage et le conchage :

La première étape du processus de fabrication du chocolat propre-ment dit consiste à produire un mélange constitué de pâte de cacao et de sucre, éventuellement enrichi d’autres ingrédients (lait, aman-des, arômes, liqueur..) que l’on malaxe dans des pétrins. Le mélange avec le sucre, étape qui s’effectuait au départ au 1er étage et au RDC du moulin se déroulera par la suite dans la nouvelle cho-colaterie ou Cathédrale située sur l’île. Pour que la pâte soit bien lisse et sans granules, on procède à son laminage dans une broyeuse à cylindres superposés. Pour rendre le chocolat encore plus onctueux, la pâte est maintenue à une température de 60 à 80°C, enrichie de beurre de cacao, puis brassée lentement dans des cuves appelées conches, durant 1 à 3 jours. Plus le conchage est long, plus le chocolat sera onctueux et aura de l’arôme.

Meules à broyer les fèves de cacao

Mélangeur du sucre et du cacao dans la Cathédrale

Atelier de triage des fèves

Fours de torréfaction

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Le dressage : Le chocolat, sortant à l’état de pâte, est transporté par wa-gonnet dans le bâtiment de dressage en aval. La pâte est ren-versée sur des tables chauffées à une température d’environ 30°, puis pesée et divisée en pains de 120 g à 250 g qui sont moulés en tablettes. Les moules sont mis sur une tapoteuse mécanique qui secoue la pâte de façon à rendre la surface unie et à faire disparaître les bulles d’air.

Le tempérage : Les moules sont conduits dans les refroidisseurs. Situés en sous-sol, ce sont des tunnels de 18m de long garnis de tables de marbre et de fonte sous lesquelles on fait passer un courant d’eau froide et d’air refroidi afin de conserver une température ne dépassant jamais 12°C. Après environ 3 heures, les tablettes sont démoulées et envoyées par des monte-charges dans l’atelier de pliage.

Pliage et emballage: Les ouvrières emballent chacune 600 à 700 tablettes par jour. Chacune est garnie d’une feuille d’étain et d’une enveloppe de papier de couleur sur laquelle est collée une étiquette reproduisant les médailles des Expositions et le cachet Me-nier, garantissant la qualité du produit. Les tablettes sont ensuite empilées en paquets de 4kg 500 et conduites dans un autre atelier où elles sont mises en caisse.

Peu après 1870, les expéditions, d’abord faites par voitures à cheval, se feront directement de l’usine grâce à l’embran-chement privé qui permettait d’amener les wagons directe-ment dans la cour même de déchargement.

Atelier de conchage et de dressage du chocolat

Atelier d’emballage des tablettes

Caisses de chocolat Menier, prêtes à être expédiées

Tunnels de refroidissement et démoulage des tablettes

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LE MOULIN SAULNIER

Histoire du moulin au XIXème siècle :

Acheté en 1825 par JAB, le vieux moulin ne suffisant plus aux

besoins de la fabrication fut démoli et reconstruit en 1842 en matériaux traditionnels ( bois et maçonnerie), toujours sur 2 piles de pierre.

En 1855, souhaitant en améliorer la puissance, EJM fit remplacer l’unique roue pendante par deux roues-hélices installée par Girard, ce qui nécessita l’ajout d’une 3ème pile au bâtiment, re-construit par Bonneau. Le moulin, toujours trop petit et surtout insuffisamment solide pour supporter les vibrations des nouvelles machines que l’aug-mentation de la production nécessitait, fut une dernière fois

magistralement reconstruit à partir de 1872 par Jules Saulnier.

La structure du moulin est ainsi constituée de 4 poutres de fer équi-

distantes, supportant l’ossature mé-tallique constituée de poutres verti-cales reliées entre elles par un croisil-lonage. L’ensemble est couronné

d’une charpente faite d’un treillis métallique.

Les murs de brique, ici non por-teurs, ont une fonction de remplis-sage, d’isolation et de décoration. Emile Justin Menier considérant le Moulin comme le bâtiment le plus important de l’usine, «[…] ne recula

pas devant la dépense et résolut de le décorer avec un luxe rarement usité dans les constructions indus-trielles ».

Le principe de construction :

La marge de création étant étroite puisque le nouveau bâtiment devait s’inscrire dans le même espace et conserver la même orga-

nisation, Jules Saulnier proposa d’innover sur la nature des ma-tériaux en alliant les pans de fer et la brique. Si le fer était déjà utilisé dans les constructions de l’époque, Saulnier fit figure de novateur en dévoilant à l’extérieur la structure du bâtiment. Saulnier fera également ajouter une 4ème pile pour supporter les poutres métalliques de la base. Salué dans les revues d’architecture de l’époque, notamment par

Viollet le Duc, le moulin de Noisiel fut considéré comme l’un des premiers bâtiments à ossature métallique porteuse à l’ins-tar des premiers buildings américains. L’intérêt du fer est alors ici évident puisqu’il est peu coûteux, permet de dégager de vastes espaces intérieurs, et absorbe mieux les vibrations des machines.

1825

1855

1872

Classé Monument Historique en 1992

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La décoration du moulin :

Si la structure métallique força l’admiration, la

décoration exceptionnelle n’en fut pas moins applaudie. Le décor du moulin ne pouvant être en relief,

Saulnier eut l’idée d’utiliser les possibilités offertes par la couleur. On distingue ainsi 3 groupes décoratifs :

Le premier constitué par un fond géométri-que soulignant en grande partie les pans de fer apparents est fait de briques vernissées de la maison Müller d’ Ivry sur Seine et de bri-ques aux tons naturels.

Le deuxième groupe est constitué par des représentations végétales sur le thème du cacao, sous la forme de carreaux de faïence garnissant les grands cercles (fleurs de ca-

caoyers) ou d’éléments de terre cuite émail-lée encadrant l’horloge (cabosses jaunes).

Le troisième groupe constitué par des

arabesques aux tons bleus, verts et blancs, auquel est mêlé le M des Menier se place dans les espaces trilobés surmon-tant les baies étroites et dou-bles, dites gémi-nées.

La décoration métallique n’est pas en reste. On la retrouve sous la forme de lambrequins, sorte de dentelles de métal garnissant le som-

met ou cintre des baies tandis que les pans de fer rythment visuellement les façades.

Les deux paratonnerres, ornés d’arabesques métalliques réunies en un bouquet, consti-tuent le point d’orgue de cette ornementa-tion.

La façade principale est ornée dans sa partie centrale d’éléments symboli-ques tels que la cloche, le M de Me-nier, l’horloge, tandis que les 3 dates au dessus de la porte mêlent l’histoire du moulin à celle des Menier.

La façade sud possède, quant à elle, une tour à demi engagée abritant un escalier hélicoïdal.

La restauration du moulin en 1992 :

Terni par la poudre de cacao qui recouvrit peu à peu son enveloppe coloré, le moulin fut habilement restauré, nettoyé (technique de l’électro-lessivage), certaines briques et carreaux remplacés lors de la réhabilitation du site, grâce à l’intervention du Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques.

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LA HALLE DES REFROIDISSEURS

Construite par Jules Logre, vers 1882-1883 sur des plans restés anonymes, cette halle était destinée à ac-cueillir les nouvelles machines à froid, selon le système Giffard à détente d’air comprimé. Second exemple d’architecture métallique, la halle, à l’inverse du moulin, possède une structure non pas porteuse mais de couvrement et s’apparente ainsi aux modèles de halles construites par Baltard, largement diffusées à partir de 1863 (ex : les halles de la Villette).

En effet la structure de couvre-ment dite en parapluie est consti-tuée d’une charpente faite de poutrelles métalliques entrecroi-sées qui reposent sur des colon-nes de fonte cannelées. La couver-ture en zinc est percée d’un lan-terneau vitré permettant d’éclai-rer et de ventiler l’espace. Les côtés sont également pourvus de nombreuses ouvertures : portails à arc brisé et grandes baies à ar-matures de fer se terminant par des arc brisés superposés. Les murs de briques clôturent ainsi l’espace et reçoivent un dé-cor constitué de briques vernis-sées et de frises de carreaux de céramique.

Le vocabulaire décoratif reprend des éléments du moulin (dessins géométri-ques, fleurs de cacaoyer) mêlés au vo-cabulaire néo-gothique (arcs brisés) et classique (colonnettes, chapiteaux). Cependant la halle des refroidisseurs est surtout remarquable par le soin accordé au décor métallique, qui s’affi-che de façon éclatante sur les portails : arabesques des tympans auxquelles se mêle le M majuscule des Menier, rosa-ces, fleurons, palmettes sur les chapi-teaux …sorte de plaidoyer en faveur de ce nouveau matériau. Aujourd’hui, les tunnels ont été trans-formés afin d’accueillir un auditorium pour Nestlé France.

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Inscrit à l’Inventaire sup-plémentaire des Monu-ments Historiques 1986

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LA CATHEDRALE et LA PASSERELLE

Au tournant du XXème siècle l’accroissement de la production nécessite la construction de nouveaux édifices. Les fils Me-nier, souhaitant par ailleurs donner une ampleur spectaculaire à l’opération principale de fabrication du chocolat, le mé-lange sucre et cacao, font construire à cet effet la nouvelle chocolaterie surnommée par les Noisiéliens, « la Cathédrale ». Les deux îles, légèrement en aval du moulin furent remblayées pour n’en former qu’une (île Menier) et ainsi accueillir les nouveaux ateliers. Les Menier firent pour cela appel à Stephen Sauvestre, collaborateur de Gustave Eiffel et architecte de la famille.

Celui-ci choisit de construire le nouveau bâtiment et la passerelle le reliant aux ateliers de dressage sur la rive, en

béton fretté, système breveté en 1900 par l’ingénieur Ar-mand Considère. Le principe constructif mis au point par Hennebique (1893) utilisé pour la nouvelle chocolaterie est le système « poteaux poutres dallés » qui consiste à faire reposer sur des poteaux verticaux des poutres horizontales sur les-quelles se place un plancher en forme de dalle qui peut être fabriqué à l’avance. Cet édifice de 8 niveaux était

prévu pour abriter deux chaînes de production symétri-ques latérales, la travée centrale étant réservée au monte-charge et ascenseurs desservant les différents ateliers. La

surface et le volume sont considérables (8000m2).

Egalement conçue pour être vue et visitée, la Cathé-drale ne laisse rien deviner de sa fonction d’atelier. En

témoigne l’utilisation d’un vocabulaire architectural classique inspiré du style Louis XV : pilastres, faux chaînage de pierre, arcs en plein cintre des grandes baies du rez-de-chaussée, qui répond parfaitement à la

fonction de vitrine que les Menier souhaitaient lui donner. De même, le décor impressionnant des deux immen-ses salles du rez-de-chaussée n’est sans doute pas étranger au surnom de l’édifice.

Techniquement mal adapté aux besoins de l’usine, au moment où le déclin s’amorçait, l’édifice utilisé à

30% de son potentiel fut finalement désaffecté au dé-but des années 50.

La passerelle ou « Pont Hardi » :

Durant la construction de la Cathédrale, on acheva celle de la passerelle, sur un projet métallique de Gustave Eiffel, finale-ment transposé dans le béton par Sauvestre et Considère. L’un des premiers ponts en béton construit d’une seule volée (sans pilier au centre) et d’une portée aussi longue (44m50), sa construction relève alors de la prouesse. En harmonie avec la cathédrale, la passerelle présente une architecture de style classique. Liquide à la base, le béton peut en effet être moulé et prendre la forme que l’on souhaite, ici celle d’un appareillage de pierre.

La passerelle fut également pourvue d’une verrière. Ainsi, les visiteurs de marque arrivaient à la Cathédrale par la passerelle, assistant du haut d’une mezzanine à l’incorporation du sucre dans le cacao. Dans l’autre sens, les wagons de chocolat, à l’abri sous la verrière, étaient acheminés sur des rails vers les ateliers de dressage, situés sur la rive.

Vue intérieure de la Cathédrale (RDC) après restauration

Vue extérieure de la Cathédrale et du Pont Hardi après restauration

Inscrits à l’Inventaire supplémentaire des

Monuments Historiques en 1986

Dessin aquarellé de la passerelle

La Cathédrale en construction (1903-1905)

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L’INSTALLATION DU SIEGE SOCIAL DE NESTLE FRANCE

Les années 70 ont vu l’émergence de réflexions nouvelles sur la reconversion ou réhabilitation d’édifices anciens et notamment des sites industriels. L’objectif d’une reconversion est une meilleure exploitation des potentialités d’un édifice désaffecté. C’est aussi une

question d’écologie puisqu’il s’agit de préserver des matériaux et des paysages, de redonner vie et fonction sans pour-tant détruire pour reconstruire du neuf. Néanmoins les interventions de ce type constituent une des tâches les plus délicates de l’activité architecturale car cela implique de préserver l’intégrité et l’authenticité du préexistant tout en maîtrisant les contraintes inhérentes aux pro-grammes contemporains, à la nécessaire conformité aux normes de sécurité et aux besoins technologiques.

En 1992, la décision de regrouper les différentes sociétés du groupe Nestlé France dans un seul siège social fut prise. Plu-sieurs projets furent étudiés, dont des implantations plus tradi-tionnelles à la Défense ou à Cergy Pontoise. Parallèlement le

cabinet d’architectes Reichen et Robert a été missionné pour étudier la possibilité d’installer le siège social dans les espa-ces de l’usine Menier. Ce projet s’avéra finalement plus inté-ressant du point de vue des coûts tandis que l’environnement et la qualité architecturale du site séduisirent définitivement la Présidence du groupe.

Le site de l’ancienne de l’ancienne chocolaterie offrait en effet de nombreux avantages dont les architectes allaient tirer partie à différents égards : un paysage exceptionnel, un patrimoine architectural de qualité et réaménageable permettant de réali-ser des économies de matériaux et d’énergie, un espace suffi-sant pour envisager des extensions.

Le cabinet Reichen et Robert avait déjà fait ses preuves lors de précédentes réhabilitations d’édifices industriels, pourtant celle

du site de la chocolaterie eut valeur d’exemple. En effet les architectes surent apporter une diversité de réponses dans le

cadre d’une opération comportant de nombreuses contraintes : - un ensemble de quinze bâtiments distincts - un lourd programme à insérer dans les édifices anciens dont 4 protégés au titre des Monuments Historiques - plusieurs bâtiments neufs à édifier sur un site sensible situé dans le périmètre des 500m autour d’un monument historique - un calendrier des travaux très serré

Pavillon d’accueil, Nestlé France

Vue vers les Nefs et la rue galerie

L’intérieur de ce bâtiment abritait autrefois les ateliers de dressage. Des bureaux sont aujourd’hui organisés autour de 7 patios dont les thèmes de végétation sont associés au goût.

La halle abrite un foyer qui permet de préserver son volume initial et un auditorium de 300 places construit en sous-sol. Elle est reliée aux salles de conféren-ces, situées sous la place du Moulin, par les galeries des anciens refroidisseurs

Elle abrite des bureaux et la boutique de Nestlé France

Elément totalement contemporain conçu pour permettre une grande transparence sur le site. Il est situé à la croisée de l’axe de l’entrée et celui de la rue-galerie.

Au rez-de-chaussée deux belles salles aux colonnes élancées abritent d’éventuels évènement s . La s u p e r s t r u c t u r e accueille des bureaux sur 5 niveaux ainsi qu’un centre de formation.

Le bâtiment accueille les bureaux de la Présidence et La Direction générale

La bâtiment a été surélevé lors de la réhabilitation et accueille tous les types de restaura-tion pour le personnel de Nestlé.

Ce bâtiment de verre et d’acier construit sur la Marne accueille la cafétéria.

La rue Galerie

La rue galerie constitue la colonne vertébrale du site. Elle relie tous bâtiments situés le long de la Marne.

Elle abritait autrefois les magasins de sucre et de cacao. Elle accueille aujourd’hui des bureaux.

Enserrés entre 2 anciens bâtiments Menier, le bâtiment neuf central est relié aux deux autres par deux rues intérieu-res, pour former une seule entité fonctionnelle.

Abritant autrefois les remises à voiture et les écuries, l’ancien bâtiment accueille désormais les services de maintenance et d’informatique et les services médico-sociaux.

Un ensemble totalement neuf parachève la composition architecturale à l’est. Légèreté des matériaux, transparence des grandes façades vitrées témoignent de la modernité de l’architecture conçue par Reichen et Robert. Les bureaux s’organisent autour de deux pôles répartis de chaque côté de l’atrium central.

Intervention de l’artiste Michel Boulangé. Situé proche de la Marne, le jardin clos permet de préserver le plus ancien bâtiment du site (1864). Seuls la charpente métallique et les murs extérieurs ont été conservés. Le jardin est constitué d’un tapis minéral bicolore ponctué de camélias.

Intervention de l’artiste Sylvie Blocher. Des mots relatifs aux 5 sens gravés sur 53 dalles de granit bleu sont comme éparpillés sur le sol de la place revêtue de porphyre Intervention de l’artiste

Dominique Bailly (intérieur et extérieur de l’Atrium). C’est une rivière de schiste vert taillé en écaille qui marque l’axe de l’Atrium et au-dehors, celui de la percée visuelle dans la forêt de Vaires (située de l’autre côté de la Marne). Elle s’accom-pagne de plantations rares et de hauts bambous.

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En quoi consista la réhabilitation : La réhabilitation du site est intervenue sur plusieurs points : le paysage, les aménagements intérieurs (dont mise en lumière, signa-létique, installation de bureaux), la construction de nouveaux bâti-ments, la circulation. En fonction de la configuration d’origine des bâtiments, les inter-ventions architecturales comportèrent des reconversions, des suré-lévations, des incrustations d’éléments neufs et des restaurations (moulin, halle, cathédrale). (voir plan)

L’attitude générale des architectes sur le site s’est caractérisée par une complémentarité de l’ancien et du nouveau, par l’établisse-ment d’un dialogue entre ces deux constituants, le tout avec discré-tion, sans opposition trop franche de style. Pour autant les édifices nouvellement construits sont résolument ancrés dans le contempo-rain par l’utilisation de matériaux modernes sous une forme inno-vante, comme l’acier ou le béton.

L’aménagement paysager du site constitue également l’un des axes privilégiés de la réhabilitation, avec

deux mots d’ordre : préserver le cadre bucolique existant tout en recréant des espaces plantés, of-frant un visage différent au fil des

saisons. Une promenade publique à la périphérie du site fut aména-gée afin d’offrir une vision globale du site nouvellement transformé.

La végétation intérieure ne fut pas non plus oubliée, par la création d’ « espaces de nature » dans les différents bâtiments.

La circulation et le réseau de liaisons à l’intérieur des différents bâti-ments reçurent une attention particu-lière. Ainsi les ar-

chitectes tirèrent parti de la verrière existante pour créer un axe de circulation couvert, reliant tous les édi-fices situés le long de la Marne.

La conception des espaces intérieurs répond à 3 idées : flexibilité, polyvalence et réversibilité. Pour autant les architectes ont particulièrement tenu à

préserver le bâti existant, en évitant tout endommage-ment de son intégrité. Ainsi les bureaux peuvent a priori être supprimés sans détériorations. Seul le bâti-ment situé sur la rive face à la Cathédrale (Les Patios) fut totalement vidé car le manque de cohérence inté-rieur ne permettait d’obtenir des aménagements satis-faisants. Les murs extérieurs ont toutefois été conservés.

En outre, la signalétique, comme la mise en lumière, furent étudiés afin de garantir la cohérence entre l’ar-chitecture existante et les aménagements. Les détails architecturaux caractéristiques furent également mis

en valeur, sans pour autant muséifier l’existant.

Par l’emploi de matériaux nobles et le choix d’une simplicité des lignes et d’une sobriété des formes, le cabinet Reichen et Robert a su créer un dialogue entre l’ancien et le moderne, se rapprochant ainsi des démarches contemporaines dans le domaine de la restauration des Monuments Historiques.

Aussi la discrétion et la qualité de la réhabilitation de l’usine Menier témoignent des avantages à tirer de la reconversion d’un site industriel et démontrent la richesse de l’ « architecture sur l’architecture ».

BIBLIOGRAPHIE :

CARTIER et JANTZEN, Noisiel, la chocolaterie Menier, Ed. Images du Patrimoine, 1994

MARREY, Un capitalisme idéal, Ed. Clancier, 1984 Nestlé France à Noisiel, Ed. Nestlé France, 1996 VALENTIN, Jean Antoine Brutus Menier et la fondation de la Maison Centrale de Droguerie, Revue de la Pharmacie, tome XXXI, n° 263, 1984

LOGRE et VALENTIN : L’Empire triomphant, Emile Justin Menier (1826-1881), association CVM, 1981

MARREY et DUMONT, La brique à Paris, Ed. Picard, 1989, p 41-43

Travaux universitaires :

JARRIGE, Du cacao au chocolat : la maison Menier ou l’histoire d’une concentration verticale presque parfaite (1825-1939), Maîtrise d’histoire, Paris IV Sorbonne, 1992

JARRIGE, L’industrie chocolatière française, DEA d’histoire, Paris IV Sorbonne, 1993

Voir aussi les travaux universitaires d’architecture en consultation au service du

Patrimoine

INFORMATIONS PRATIQUES :

Ces ouvrages peuvent être consultés sur place dans le centre de documentation du

service d’Animation du Patrimoine de Noisiel. 200, place Gaston Menier

Ancienne Mairie (près de la Poste en Cité ouvrière)

01.60.05.15.50 (sur RDV) 77186 NOISIEL

Dossiers documentaires à votre disposition :

Dossier n° 1 : Raconte-moi le chocolat Dossier n°2: Raconte-moi l’ancienne usine

de chocolat

En préparation Dossier n°3 : Raconte-moi la Ferme du Buisson

Dossier n° 4 : Raconte-moi Noisiel, Ville Nouvelle

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Nestlé

Hall d’entrée du bâtiment « Les Patios »

POUR EN SAVOIR PLUS...

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Fiche documentaire B2

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� Portrait d’Emile Justin Menier. © Mairie de Noisiel.

L’hommeL’hommeL’hommeL’hommeL’hommeL’hommeL’hommeL’homme

Emile Justin Menier nait à Paris le 18 mai 1826. Ses parents sont Jean Antoine Brutus Menier et Virginie Pichon. Son père est le fondateur d’une entreprise de poudres pharmaceutiques installée à Paris et à Noisiel. Il passe une partie de son enfance à Champs-sur-Marne où il est élevé par une nourrice. Il rejoint ensuite ses parents à Passy.

Dans sa jeunesse, Emile Justin Menier fait des études de pharmacie. Il voyage beaucoup à l’étranger. Au cours de ses nombreux périples, il acquiert de solides connaissances en économie et en commerce.

Il épouse Claire Gérard en 1850. Ensemble, ils ont cinq enfants. L’aînée, Claire, décède à l’âge de onze ans. Suivent Henri (1853-1913), Gaston (1855-1934) et Albert (1858-1899). Enfin, Raoul, meurt à l’âge de 13 ans, quelques mois avant son père.

Malade dès 1879, Emile Justin Menier s’éteint à Noisiel le 17 février 1881.

L’industriel chocolatierL’industriel chocolatierL’industriel chocolatierL’industriel chocolatierL’industriel chocolatierL’industriel chocolatierL’industriel chocolatierL’industriel chocolatier

Emile Justin Menier est âgé de 27 ans lorsqu’il prend la tête des manufactures de Paris et de Noisiel. Il développe considérablement l’entreprise familiale en l’agrandissant et en la modernisant. Pour cela, il s’entoure des spécialistes les plus innovants et les plus compétents du moment : ingénieurs, chimistes, architectes, etc.

Emile Justin Menier sépare les deux principales activités de l’entreprise fondée par son père. Il réserve la fabrication de poudres pharmaceutiques à la manufacture de Saint-Denis et il consacre l’usine de Noisiel à la production de chocolat. Il ajoute même une troisième corde à son arc en ouvrant une entreprise de caoutchouc à Paris, dans le quartier de Grenelle.

Pour la production du chocolat, Emile Justin Menier suit les principes de la concentration verticale : il possède et contrôle les divers stades de production et de distribution des produits entrant dans la composition du chocolat.

Ainsi, il achète des plantations de cacao au Nicaragua : le Valle Menier en 1862, puis le San Emilio en 1865. Afin de transporter sans encombres et à moindre coût le

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Fiche documentaire B2 EEEEmmmmiiiilllleeee JJJJuuuussssttttiiiinnnn MMMMeeeennnniiiieeeerrrr ((((1111888822226666----1111888888881111)))) cacao du Nicaragua à la France, il fonde sa propre flotte de navires. Il installe également une sucrerie à Roye, dans la Somme, pour fabriquer du sucre à partir de la betterave.

Emile Justin Menier se retrouve rapidement à la tête d’un véritable empire industriel du chocolat ! Fort de ses réussites, il étend encore son empire en implantant une usine autonome à Londres pendant la Guerre de 1870*.

En développant et en rationnalisant la production du chocolat, Emile Justin Menier a réussi son pari : populariser la consommation de cette denrée qui, jusque là, était considérée comme un produit de luxe.

L’entreprise Menier participe aux Expositions universelles* de 1855, 1867 et 1878. Elle y remporte de nombreux prix, qui témoignent encore de son succès.

L’utopisteL’utopisteL’utopisteL’utopisteL’utopisteL’utopisteL’utopisteL’utopiste

Les idéaux sociaux et hygiénistes, alors qualifiés d’utopistes, d’Emile Justin Menier le poussent à concevoir un projet social de grande ampleur à Noisiel.

Dès 1874, il fait construire une cité pour loger convenablement les ouvriers de la chocolaterie. Il veut ainsi améliorer les conditions de vie de son personnel. Ses objectifs répondent tout autant à ses convictions républicaines qu’à une volonté de fidéliser les travailleurs d’origine paysanne qui restent assez instables.

Plus de 311 logements sont construits. Ils sont tous dotés d’un jardin et des commodités les plus modernes pour l’époque. Les maisons sont proposées aux familles en échanges d’un loyer modique. Les ouvriers célibataires peuvent loger dans deux hôtels-restaurants.

Dépassant la simple question du logement, Emile Justin Menier ambitionne d’émanciper la population ouvrière en lui donnant les moyens intellectuels d’évoluer. Des écoles primaire et maternelle (alors appelée asile) sont construites. Elles délivrent un enseignement gratuit et laïc aux jeunes Noisiéliens. Pour les adultes, une bibliothèque est ouverte et des cours du soir sont mis en place pour les ouvriers illettrés qui souhaitent apprendre à lire, écrire et compter.

Les ouvriers de l’usine peuvent déjeuner confortablement dans les réfectoires et même acheter un repas à emporter. Dans le même bâtiment, une salle est mise à leur disposition pour organiser des réunions, des fêtes, des jeux de sociétés, etc. Les

Guerre de 1870 : La Guerre de 1870 oppose la France (le Second Empire) et l’Allemagne (le royaume de Prusse) du 19 juillet 1870 au 28 janvier 1871. La France sort vaincue de ce conflit et perd ses départements d’Alsace et de Lorraine. Cette défaite entraîne aussi la chute du Second Empire.

Exposition universelle : Les expositions universelles ont été créées dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Elles ont pour but de présenter les réalisations industrielles et technologiques de différents pays du monde. Chaque pays construit un pavillon et y expose ses meilleurs produits. La compétition y est très présente : des concours permettent aux plus méritants de gagner des médailles.

� Le moulin Saulnier, magnifique bâtiment de l’usine de Noisiel, est un symbole de la réussite de l’entreprise et reste le meilleur témoin de cette période (1872). © Mairie de Noisiel.

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Fiche documentaire B2 EEEEmmmmiiiilllleeee JJJJuuuussssttttiiiinnnn MMMMeeeennnniiiieeeerrrr ((((1111888822226666----1111888888881111))))

Elections législatives : Elections qui permettent d’élire les députés siégeant à l’Assemblée nationale.

Conseiller général : L'ensemble des conseillers généraux élus dans un département forme le conseil général. Le conseil général a pour fonction de gérer les affaires du département.

employés achètent l’essentiel de leurs subsistances dans les magasins d’approvisionnement. Une grande partie des produits qui y sont vendus proviennent de la ferme modèle Menier.

Les conceptions d’Emile Justin Menier portent aussi sur la santé et l’hygiène. Un cabinet médical dispense des soins gratuits et des lavoirs publics, des bains-douches ainsi que le ramassage des ordures complètent ce dispositif hygiéniste.

L’agriculteur moderneL’agriculteur moderneL’agriculteur moderneL’agriculteur moderneL’agriculteur moderneL’agriculteur moderneL’agriculteur moderneL’agriculteur moderne

En 1879, Emile Justin Menier achète le domaine agricole de la ferme du Buisson. La ferme occupe 2 hectares sur les 1500 hectares que comptent le domaine. Il fait construire des bâtiments très modernes pour y développer une agriculture innovante et industrielle mais, le projet agricole d’Emile Justin Menier ne prend toute son ampleur qu’après sa mort.

Des betteraves à sucres, des céréales et du fourrage pour les animaux sont cultivés et des chevaux, des vaches, des bœufs, des moutons et des volailles sont élevés. Une partie de la production est destinée à l’approvisionnement des ouvriers de la chocolaterie tandis que le reste est envoyé à Paris.

L’homme politiqueL’homme politiqueL’homme politiqueL’homme politiqueL’homme politiqueL’homme politiqueL’homme politiqueL’homme politique

Emile Justin Menier est animé par des idéaux sociaux et républicains. Expérimentant sa vision utopique de la société à Noisiel, il veut la répandre plus largement. Il s’engage donc dans une carrière politique en 1871.

Cette année là, il perd les élections législatives*, mais il est élu conseiller général* de Meaux et maire de Noisiel. En 1876, il devient député républicain. Dès lors, il soumet à l’Assemblée nationale des projets d’impôt sur le capital, sujet sur lequel il publie plusieurs ouvrages.

Le patron de presseLe patron de presseLe patron de presseLe patron de presseLe patron de presseLe patron de presseLe patron de presseLe patron de presse

Emile Justin Menier prend vite conscience du rôle que la presse peut jouer dans la diffusion de ses idées économiques et politiques. Il soutient donc de nombreuses publications et il aide des journalistes.

� Caricature du député Emile Justin Menier. Son entreprise de Noisiel y est très présente ainsi que ses projets sur l’impôt sur le capital. Dessin de Gill, revue

l’Eclipse, 24 septembre 1871.

© Mairie de Noisiel.

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Fiche documentaire B2 EEEEmmmmiiiilllleeee JJJJuuuussssttttiiiinnnn MMMMeeeennnniiiieeeerrrr ((((1111888822226666----1111888888881111)))) S’impliquant davantage, il fonde, en 1875, la revue « La réforme économique », puis, en 1876, le quotidien « Le bien public ». Ce journal traite d’idées républicaines ainsi que de problèmes économiques et financiers mais, il disparaît en 1878. Il est aussitôt remplacé par « Le Voltaire » qui ne dure guère plus longtemps.

Le propriétaireLe propriétaireLe propriétaireLe propriétaireLe propriétaireLe propriétaireLe propriétaireLe propriétaire

En 1854, Emile Justin Menier achète une parcelle du parc de Noisiel. L’architecte Bonneau y construit un hôtel particulier qui est ensuite agrandi par Jules Saulnier*. La résidence est surnommée « le petit château » en référence au château de Noisiel. Ce n’est qu’en 1879, qu’Emile Justin Menier parvient à acheter le château de Noisiel. Il n’y habitera jamais car, à sa mort, les travaux ne sont pas encore achevés.

En 1868, Emile Justin Menier acquiert des terrains au parc Monceau et fait bâtir, en 1870, l’hôtel Menier rue Van Dyck. L’architecte est Henri Parent et les décorateurs sont Lefebvre et Dalou. L’hôtel Menier est célèbre pour les bals qui y sont donnés, si bien qu’Emile Zola s’en inspire pour décrire l’hôtel Saccard dans « La Curée ».

Le scientifiqueLe scientifiqueLe scientifiqueLe scientifiqueLe scientifiqueLe scientifiqueLe scientifiqueLe scientifique

Passionné par les sciences, Emile Justin Menier s’entoure de scientifiques et d’ingénieurs de renom. Il encourage aussi de nombreuses initiatives en ouvrant, par exemple, ses laboratoires aux étudiants et en créant des prix pour diverses écoles.

Lui-même chercheur, il s ’ i n t é r e s s e à la pulvérisation des engrais et à l’électricité : la chocolaterie de Noisiel est une des premières usines à être électrifiée. Il se passionne aussi pour le chemin-de-fer. A Noisiel, il élabore un projet de réseau ferré privé qui n’aboutit complètement qu’après sa mort. Il crée une liaison entre la ferme et l’usine qui est raccordé à la ligne des chemins-de-fer de l’Est à hauteur d’Emerainville.

Jules Saulnier : Jules Saulnier est architecte. En 1872, il conçoit pour Emile Justin Menier le remarquable moulin de la chocolaterie. Pour sa construction et pour la première fois dans l’histoire de l’architecture, Jules Saulnier utilise une structure métallique à la fois porteuse et apparente en façade. Cette invention architecturale a ensuite été utilisée pour édifier les gratte-ciels américains. A Noisiel, Jules Saulnier a également construits quelques bâtiments de la cité ouvrière.

� Cette caricature d’Emile Justin Menier résume judicieusement les différentes activités de cet homme aux multiples facettes. Dessin

d’Henri Demare, revue Comic-

Finance, 9 septembre 1875. © Mairie de Noisiel.

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Fiche documentaire B1

GGGGéééénnnnééééaaaallllooooggggiiiieeee ddddeeee llllaaaa ffffaaaammmmiiiilllllllleeee MMMMeeeennnniiiieeeerrrr

Emile Justin MENIER

1826-1881

Virginie Pichon

Jean Antoine Brutus MENIER

1795-1853

Claire Girard

Henri MENIER

1853-1913

Gaston MENIER

1855-1934

Albert MENIER

1858-1899

Georges MENIER

1880-1933 Jacques MENIER

1892-1953

Antoine MENIER

1904-1967 Jean MENIER

1913-1944

Hubert MENIER

1910-1959

Claude MENIER

1906-1973

Julie Rodier

Simone Legrand

La famille Menier : Au XIX e siècle, la famille Menier fonde son empire industriel à partir de la chocolaterie que Jean Antoine Brutus Menier puis Émile Justin Menier établissent à Noisiel. Achetant progressivement la ferme du Buisson, le parc et le château de Noisiel, les Menier deviennent propriétaires de l’ensemble des terres de la commune de Noisiel.

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Fiche documentaire A10

PPPPeeeettttiiiitttt lllleeeexxxxiiiiqqqquuuueeee aaaarrrrcccchhhhiiiitttteeeeccccttttuuuurrrraaaallll ddddeeee llllaaaa cccciiiittttéééé oooouuuuvvvvrrrriiiièèèèrrrreeee

Les mots suivis d’une étoile sont illustrés en page centrale.

Appareil*Appareil*Appareil*Appareil* : Disposition des briques selon un rythme régulier dans lequel chaque brique repose sur deux

autres en dessous, afin de donner une meilleure solidité et une apparence agréable au mur.

Arc*Arc*Arc*Arc* : Disposition en courbe de petits blocs qui enjambent une ouverture.

ArgileArgileArgileArgile : Mélange de particules extrêmement fines provenant de la décomposition de diverses roches

lorsqu’elles sont soumises à l’action de l’eau, du gaz carbonique, etc. L’argile a l'aspect d'une terre molle, de différentes couleurs (gris, rouge, vert, jaune, etc.) en fonction des métaux qui y sont mêlés. Elle est utilisée en poterie et pour fabriquer des briques.

ArmatureArmatureArmatureArmature : Assemblage de divers éléments en bois ou en métal qui maintient les différentes parties d’un

ensemble, comme une charpente ou une maçonnerie.

Assise*Assise*Assise*Assise* : Rangée horizontale de briques, pierres ou moellons dans un mur.

Baie*Baie*Baie*Baie* : Large ouverture pratiquée dans un mur ou dans une charpente pour y mettre une fenêtre ou une

porte.

BétonBétonBétonBéton : Matériau de construction composé d’eau, de sable ou de gravillons liés de ciment ou de chaux.

Béton arméBéton arméBéton arméBéton armé : Béton de ciment coulé sur une armature de fer qui en modèle la silhouette.

Boutisse*Boutisse*Boutisse*Boutisse* : Petite extrémité d’une brique.

Brique*Brique*Brique*Brique* : Bloc rectangulaire d’argile cuite ou séchée au soleil. Une brique peut se soulever d’une main.

Brique vernisséeBrique vernisséeBrique vernisséeBrique vernissée : Brique ayant un aspect émaillé sur une boutisse ou une panneresse.

Charpente*Charpente*Charpente*Charpente* : Assemblage de pièces de bois ou de métal soutenant la couverture d’un toit.

ChauxChauxChauxChaux : Oxyde de calcium (calcaire) calciné. La chaux vive entre dans la composition des mortiers et des

plâtres.

CimentCimentCimentCiment : Matière pulvérisée qui, mêlée à de l’eau ou une solution saline donne un matériau très plastique

qui durcit en séchant. Utilisé pour jointoyer les assises des murs ou réaliser des barrières, bordures, etc.

Claie de séchageClaie de séchageClaie de séchageClaie de séchage : Empilement de briques crues mises à sécher plusieurs semaines après moulage avant

de les cuire.

Emaillage Emaillage Emaillage Emaillage : Revêtement vitreux transparent dont on enduit les briques, la terre-cuite, les carreaux, etc. En

général on utilise un mélange de kaolin et de pigments. La cuisson se fait à très haute température.

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Fiche documentaire A10 PPPPeeeettttiiiitttt lllleeeexxxxiiiiqqqquuuueeee aaaarrrrcccchhhhiiiitttteeeeccccttttuuuurrrraaaallll ddddeeee llllaaaa cccciiiittttéééé oooouuuuvvvvrrrriiiièèèèrrrreeee

EnduitEnduitEnduitEnduit : Couche de plâtre, stuc ou mortier que l’on applique sur un appareil de pierre ou de brique, pour le

protéger ou en améliorer l’esthétique.

FaïenceFaïenceFaïenceFaïence : Pièce en terre-cuite vernissée cuite deux fois.

Ferme*Ferme*Ferme*Ferme* : Assemblage des pièces de la charpente qui soutiennent le faîtage.

FaîtageFaîtageFaîtageFaîtage : Couverture du sommet d’une toiture, en terre-cuite (tuiles faîtières), en zinc ou en plomb.

FondationsFondationsFondationsFondations : Maçonnerie qui sert de base à un édifice et en assure la stabilité.

Frise*Frise*Frise*Frise* : Bandeau ornemental constitué d’un décor où le même motif se répète.

Joint* Joint* Joint* Joint* : Lien entre les briques ou les pierres. Les joints verticaux ne doivent jamais être alignés, alors que

les horizontaux le sont toujours par niveau d’assise. En général les joints sont composés de mortier de ciment ou de chaux.

Linteau*Linteau*Linteau*Linteau* : Bloc de pierre ou pièce de bois ou de métal formant la partie supérieure d’une porte ou d’une

fenêtre et soutenant la maçonnerie.

MaçonnerieMaçonnerieMaçonnerieMaçonnerie : Partie des travaux d’un bâtiment qui comprend la construction des fondations et des murs en

pierres ou en briques.

MoellonMoellonMoellonMoellon : Pierre de poids et forme variable, entre le bloc et le caillou.

MortierMortierMortierMortier : Mélange de sable, d’eau et de ciment ou de chaux.

MouleMouleMouleMoule : Calibre de bois ou d’acier servant à transformer l’argile en blocs uniformes pour faire des briques

par exemple.

MurMurMurMur----pignon*pignon*pignon*pignon* : Partie supérieure d’un mur délimitée par les deux pentes du toit.

PanPanPanPan : Partie d’un mur. Un pan de fer est un assemblage d’éléments de charpente horizontaux, verticaux ou

obliques.

Panneresse*Panneresse*Panneresse*Panneresse* : Long côté d’une brique.

ParpaingParpaingParpaingParpaing : Bloc rectangulaire d’argile, de ciment ou de béton. Un parpaing peut se soulever à deux mains.

TerreTerreTerreTerre----cuitecuitecuitecuite : Argile broyée, mélangée à de l’eau, foulée et malaxée. L’argile est ensuite versée dans des

moules pour séchage, puis cuite une ou deux fois à plus de 1000°C.

TorchisTorchisTorchisTorchis : Terre argileuse mélangée à de la paille hachée. Matériaux de base des maisons de terre et à

colombages.

Fiche documentaire A10 PPPPeeeettttiiiitttt lllleeeexxxxiiiiqqqquuuueeee aaaarrrrcccchhhhiiiitttteeeeccccttttuuuurrrraaaallll ddddeeee llllaaaa cccciiiittttéééé oooouuuuvvvvrrrriiiièèèèrrrreeee

Appareil

Assise

Baie

Briques

Frise

Linteau

Boutisse

Pannerresse

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Arc

Charpente

Ferme

Faîtage

Joint

Mur-pignon

La mairie de Noisiel. © Mairie de Noisiel

© Noisiel, Ville d’art et d’histoire - Service d’animation du patrimoine, 2008 22

Fiche documentaire A7

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La mairie de Noisiel entre 1895 et 1967La mairie de Noisiel entre 1895 et 1967La mairie de Noisiel entre 1895 et 1967La mairie de Noisiel entre 1895 et 1967La mairie de Noisiel entre 1895 et 1967La mairie de Noisiel entre 1895 et 1967La mairie de Noisiel entre 1895 et 1967La mairie de Noisiel entre 1895 et 1967

Entre 1871 et 1959, les industriels chocolatiers Menier* sont élus maires de père en fils. Plusieurs raisons poussent le maire Henri Menier, fils d’Emile Justin, à abandonner la mairie lavoir édifiée par son père en 1861.

Tout d’abord, en 1874, Emile Justin Menier entame la construction d’une cité ouvrière pour loger son personnel. La population s’accroît et le site industriel de la chocolaterie s’étend chaque jour un peu plus, au rythme de nouveaux aménagements et constructions. De plus, la loi du 5 avril 1884 impose aux communes de posséder ou de louer un bâtiment à l’usage exclusif de mairie.

C’est ainsi qu’en 1893, Henri Menier commande une nouvelle mairie à Louis Logre*. Elle est offerte à la commune par la famille Menier.

Le nouvel édifice est construit sur un terrain cédé à la commune par un échange de parcelles visant à aménager une place publique (la future place Gaston-Menier). La mairie est édifiée sur cette place, à quelque distance des autres équipements collectifs de la cité ouvrière. La famille Menier réaffirme ainsi sa mainmise sur le pouvoir politique local.

Le bâtiment fait usage de mairie jusqu’en 1967. A cette date, le maire, Louis Guilbert, déménage les services municipaux dans les anciennes écoles.

La famille Menier : Au XIX e siècle, la famille Menier fonde son empire industriel à partir de la chocolaterie que Jean Antoine Brutus Menier puis Émile Justin Menier établissent à Noisiel. Achetant progressivement la ferme du Buisson, le parc et le château de Noisiel, les Menier deviennent propriétaires de l’ensemble des terres de la commune de Noisiel.

Louis Logre : Louis Logre est architecte. Avec son père, Jules qui est aussi architecte, ingénieur et sous-directeur de la chocolaterie, ils conçoivent le plan et la plupart des édifices de la cité ouvrière.

� Ce dessin d’architecte montre l’élévation de la façade, une coupe transversale du bâtiment ainsi que les plans du sous-sol, du rez-de-chaussée et du premier étage de l’ancienne mairie. © Mairie de Noisiel.

© Noisiel, Ville d’art et d’histoire - Service d’animation du patrimoine, 2008 23

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Un monument remarquableUn monument remarquableUn monument remarquableUn monument remarquableUn monument remarquableUn monument remarquableUn monument remarquableUn monument remarquable

Le 14 octobre 1986, l’ancienne mairie est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques*. L’édifice est ainsi reconnu comme un témoin important de l’architecture et de l’histoire de Noisiel qu’il est nécessaire de protéger et d’entretenir.

La façade de l’ancienne mairieLa façade de l’ancienne mairieLa façade de l’ancienne mairieLa façade de l’ancienne mairieLa façade de l’ancienne mairieLa façade de l’ancienne mairieLa façade de l’ancienne mairieLa façade de l’ancienne mairie

Deux matériaux sont utilisés pour la construction de la façade : la brique et la pierre. La brique est couramment utilisée dans la cité ouvrière. Elle est ici associée à la pierre, ce qui donne un aspect monumental à la façade.

Cette monumentalité est renforcée par le traitement architectural de l’avant-corps* central. L’entrée est ainsi mise en valeur par les marches du perron, les colonnes de pierre qui l’entourent et la balustrade qui souligne le deuxième niveau.

Les murs sont habillés de bandes de couleur blanche en pierre et en briques claires qui alternent avec des bandes de couleur rouge en briques foncées. Des frises de céramiques colorées, qui représentent un décor végétal rouge et blanc, ornent les bas-côtés de la façade.

La toiture est couverte de tuiles fabriquées par les célèbres établissements Müller. Les motifs qui décorent le faîtage* rappellent celui du moulin Saulnier* de la chocolaterie.

Une plaque commémorative en verre émaillé est posée sur la façade lors de l’inauguration en 1895. Elle rappelle qu’Emile Justin Menier a financé la première mairie de Noisiel.

La protection des Monuments Historiques : La sauvegarde du patrimoine monumental français est régie par la loi sur la protection des Monuments Historiques (1913). Un Monument Historique est un bien matériel, comme un château ou une statue. Son histoire ou son aspect remarquable le rend intéressant pour tous. Il est donc protégé pour que chacun puisse en profiter dans son meilleur état. Il existe deux niveaux de protection des Monuments Historiques : le Classement et l’Inscription à l’Inventaire supplémentaire. Le Classement permet d’exercer une protection plus forte que l’Inscription, mais ces deux niveaux garantissent la sauvegarde du Monument Historique et de ses alentours.

Avant-corps : Partie d'un bâtiment mise en avant par rapport au reste de la façade.

Faîtage : Le faîtage est une suite de tuiles ou une bande de métal qui couvre le sommet d’une toiture.

Moulin Saulnier : Le moulin Saulnier est le bâtiment le plus célèbre de la chocolaterie de Noisiel. Son architecture exceptionnelle de métal et de brique lui a valu d’être classé Monument Historique en 1992.

� Façade de l’ancienne mairie. © Mairie de Noisiel.

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Conseil municipal : Le conseil municipal est l’assemblée des conseillers élus dans une commune. Les conseillers municipaux élisent le maire et ont pour fonction de gérer les affaires de la commune par le biais de délibérations (débats).

� Cette photographie représente la salle du conseil de l’ancienne mairie aujourd’hui. Au premier plan se trouve la partie peu lumineuse réservée au public. Au second plan, la salle des délibérations bénéficie de l’éclairage de grandes baies vitrées. L’allée centrale qui s’ouvre vers le buste de Marianne et l’organisation des deux espaces rappelle celle des églises. Cette disposition solennelle magnifie la République. © Mairie de Noisiel.

La décoration de la salle du conseilLa décoration de la salle du conseilLa décoration de la salle du conseilLa décoration de la salle du conseilLa décoration de la salle du conseilLa décoration de la salle du conseilLa décoration de la salle du conseilLa décoration de la salle du conseil

La salle du conseil est le lieu où se réunissait autrefois le conseil municipal* et où étaient célébrés les mariages.

La décoration de la salle du conseil est particulièrement riche et soignée. Elle est l’œuvre du peintre décorateur Henri Lacouture. Le décor reflète le républicanisme des Menier et exprime le pouvoir politique qu’ils exerçaient sur la commune de Noisiel.

Comme dans la plupart des mairies, certains éléments du décor symbolisent la République française et les particularités de la commune : la statue de Marianne, le sigle RF, la devise « liberté, égalité, fraternité » et le N de Noisiel avec sa branche de noyer.

� Sur cette photographie ancienne de la salle du conseil, le mur du fond à gauche est décoré du N de Noisiel et du sigle RF. La statue de Marianne, symbole de la République trône dans la niche centrale. © Mairie de Noisiel.

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L’expression du pouvoir politique des Menier se retrouve notamment dans le décor du plafond de la salle des délibérations.

Dans le caisson central peint et doré, le M des Menier et le N de Noisiel sont entrelacés. Cet entremêlement symbolise le lien qui unit le destin de Noisiel à la famille Menier. Les deux lettres sont entourées de branches de cacaoyer et de noyer qui rappellent l’origine du chocolat et l’étymologie de Noisiel.

Le plafond est également décoré de nombreuses devises qui évoquent davantage les valeurs patronales des Menier que celles de la République : « paix, travail » ; « droit, devoir » ; « mérite, honneur » ; « union, force » ; « ordre, économie » ; etc.

Des feuilles, des fleurs et des cabosses de cacaoyer disséminées dans l’ensemble des décors ne cessent de rappeler l’origine de l’industrie et de la richesse des Menier.

Le buste d’Emile Justin Menier est placé sur la cheminée de la salle du conseil. Elle rappelle aux Noisiéliens la mémoire du fondateur de l’entreprise et de la cité ouvrière.

Enfin, un mobilier spécifique a été conçu pour la salle du conseil, le cabinet du maire et la salle des archives. L’ensemble des meubles est en noyer et, en outre, les sièges sont garnis de cuir.

� Photographie représentant le caisson central du plafond de la salle du conseil. Trois dates importantes y sont inscrites : 1119 (qui est alors la première mention connue de Noisiel), 1825 (arrivée à Noisiel de Jean Antoine Brutus Menier) et 1893 (décision de construire la mairie). © Mairie de Noisiel.

� « Noisiellum Industriam » est l’une des devises inscrites sur le plafond. Cette expression, en mauvais latin, signifierait « Noisiel travailleuse ». © Mairie de Noisiel.

� La fleur du cacaoyer est omniprésente dans le décor de la salle du conseil. © Mairie de Noisiel.

� Photographie ancienne de la salle du conseil. Au même titre que Marianne, le buste d’Emile Justin Menier trône en bonne place sur la cheminée. © Mairie de Noisiel.

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Fiche documentaire A9

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La famille Menier : Au XIX e siècle, la famille Menier fonde son empire industriel à partir de la chocolaterie que Jean Antoine Brutus Menier puis Émile Justin Menier établissent à Noisiel. Achetant progressivement la ferme du Buisson, le parc et le château de Noisiel, les Menier deviennent propriétaires de l’ensemble des terres de la commune de Noisiel.

Fondation des écoles de Noisiel par Emile Justin MenierFondation des écoles de Noisiel par Emile Justin MenierFondation des écoles de Noisiel par Emile Justin MenierFondation des écoles de Noisiel par Emile Justin MenierFondation des écoles de Noisiel par Emile Justin MenierFondation des écoles de Noisiel par Emile Justin MenierFondation des écoles de Noisiel par Emile Justin MenierFondation des écoles de Noisiel par Emile Justin Menier

Jusqu’à 1876, les enfants de Noisiel, Lognes et Torcy sont scolarisés à l’école religieuse de Champs-sur-Marne. La première pierre des écoles de Noisiel est posée le 23 octobre 1874, le jour du septième anniversaire de Raoul Menier*, fils d’Emile Justin Menier.

Le 10 janvier 1876, Emile Justin Menier envoie un courrier à tous les habitants de Noisiel, qu’ils soient ouvriers ou non. Il les informe de l’ouverture des écoles pour tous les garçons et les filles de 6 à 13 et de l’asile, ou classe gardienne, pour les enfants de 3 à 6 ans.

L’éducation des enfants, mais aussi des adultes, est un thème cher à Emile Justin Menier. Républicain convaincu, il pense que la méthode, l’étude et la persévérance conduisent à toutes les solutions. Quelques années avant les lois Jules Ferry* il crée donc des écoles privées, laïques, gratuites et obligatoires. Les écoles ont aussi pour bénéfice de libérer les ouvrières de leurs contraintes familiales.

L’asile ou la classe gardienneL’asile ou la classe gardienneL’asile ou la classe gardienneL’asile ou la classe gardienneL’asile ou la classe gardienneL’asile ou la classe gardienneL’asile ou la classe gardienneL’asile ou la classe gardienne

L’asile, réservé aux enfants de 3 à 6 ans, est accolé aux écoles primaires pour que les plus grands puissent déposer les petits avant de rejoindre leur classe. Les petits disposent d’une salle de classe, de petits dortoirs équipés de bercelonnettes*, d’une cours de récréation, d’un préau, de lavabos et d’un jardin.

Le couple chargé de s’occuper des enfants loge à l’étage.

Lois Jules Ferry : Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique, instaure plusieurs lois sur l’école. Entre 1881 et 1882, l’enseignement primaire est notamment rendu laïc, obligatoire et gratuit pour les filles et les garçons de 6 à 13 ans.

Bercelonnette : Petit berceau qui, pour faciliter le balancement, est suspendu sur deux pieds en forme de croissants.

� Cette photographier représente l’asile, avec quelques enfants et leur institutrice sur le perron. © Mairie de Noisiel.

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L’école primaireL’école primaireL’école primaireL’école primaireL’école primaireL’école primaireL’école primaireL’école primaire

Dès 1876, 101 enfants sont scolarisés. Ils sont répartis en deux classes : celle des filles et celle des garçons. Une salle polyvalente permet l’organisation de diverses activités, comme le dessin. Astucieusement, les cloisons des classes et de la salle polyvalente sont amovibles et libèrent un vaste espace pour la réalisation d’activités communes ou la remise des prix.

Les enfants peuvent profiter d’une bibliothèque qui, à son ouverture en 1876, contient 800 ouvrages. La cour de récréation est séparée en deux : une partie est réservée aux filles, l’autres aux garçons. Deux préaux abritent les enfants en cas de mauvais temps pendant la récréation. Des lavabos et des vestiaires sont également installés dans l’école.

Au premier étage, l’instituteur dispose d’un logement.

En 1892, l’école primaire est agrandie et accueille 325 enfants. Avec l’ajout de deux ailes latérales, deux classes supplémentaires au rez-de-chaussée, une salle de couture et une salle de dessin à l’étage sont construites. Au fond de la cour, un jardin école est aménagé pour apprendre aux enfants comment cultiver un potager.

Des écoles confortables et modernesDes écoles confortables et modernesDes écoles confortables et modernesDes écoles confortables et modernesDes écoles confortables et modernesDes écoles confortables et modernesDes écoles confortables et modernesDes écoles confortables et modernes

Les écoles sont chauffées par des calorifères*. Les salles sont vastes, bien aérées et lumineuses. Le mobilier scolaire, conçu par Lenoir, est ergonomique et il épargne une fatigue supplémentaire aux enfants. Ce mobilier reçoit une médaille d’or à l’Exposition universelle* de 1878. Dans un premier temps, l’éclairage se fait au gaz, puis à l’électricité.

� L’école primaire de Noisiel avant son agrandissement de 1892. Sur la gauche des garçons et sur la droite des filles semblent sortir de leurs classes respectives. © Mairie de Noisiel.

Calorifère : Appareil produisant de la chaleur et la diffusant dans un bâtiment par l'intermédiaire de tuyaux.

Exposition universelle : Les expositions universelles ont été créées dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Elles ont pour but de présenter les réalisations industrielles et technologiques de différents pays du monde. Chaque pays construit un pavillon et y expose ses meilleurs produits. La compétition y est très présente : des concours permettent aux plus méritants de gagner des médailles.

� Mobilier scolaire conçu par Lenoir pour les écoles de Noisiel. © Mairie de Noisiel.

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Les enseignementsLes enseignementsLes enseignementsLes enseignementsLes enseignementsLes enseignementsLes enseignementsLes enseignements

A l’époque d’Emile Justin Menier, les principes de Friedrich Fröbel, qui est un pédagogue allemand, sont appliquées dans l’asile. Les jeunes enfants sont éduqués par le jeu, les travaux manuels et le jardinage. Après Emile Justin Menier, cette pédagogie moderne est abandonnée et l’asile devient plus une garderie qu’une véritable école.

A partir des lois Jules Ferry (1881-1882), les matières enseignées à l’école primaire de Noisiel respectent les programmes nationaux. Les enfants apprennent la lecture, l'écriture, le calcul, l'orthographe, la rédaction, la morale, l'histoire, la géographie, les leçons de choses, le chant, la gymnastique, le travail manuel, le jardinage, etc. Les enfants préparent ainsi le Certificat d’études*, qu’ils peuvent passer à partir de 11-12 ans.

Le mardi et le vendredi des cours du soir sont proposés aux adultes et aux adolescents. Dispositif éducatif et sécuritaire, la présence des jeunes est récompensée : occupés à l’école, ils ne troublent pas l’ordre public.

Les instituteurs des écoles de Noisiel : Mr et Mme Gobin 1875-1889

Mr et Mme Thouzard 1889-1906 Mr et Mme Hanneton 1906-1919

Mr Bagréaux 1919-1935 Mme Bagréaux 1919-1927

Mme Daumont 1922-1927 Mme Baud 1927-1941

Mr Noël 1935- ?

Le rythme scolaireLe rythme scolaireLe rythme scolaireLe rythme scolaireLe rythme scolaireLe rythme scolaireLe rythme scolaireLe rythme scolaire

Le rythme scolaire d’autrefois est différent de celui que connaissent les écoliers d’aujourd’hui.

En effet, l’année scolaire commence le 1er octobre et se termine le 14 juillet. Les enfants ont classe du lundi au samedi toute la journée, les seuls jours de repos sont le

� La photographie de gauche représente la classe des garçons en 1898. Celle de droite montre des filles en cours d’art ménager, vers 1930. © Mairie de Noisiel.

Certificat d’étude : Jusqu’en 1989, le certificat d'études est un diplôme qui valide la fin de l'enseignement primaire en France. Il atteste ainsi l'acquisition des connaissances de base (écriture, lecture, calcul, histoire-géographie, sciences appliquées).

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Fiche documentaire A9 LLLL’’’’ééééccccoooolllleeee aaaauuuuttttrrrreeeeffffooooiiiissss àààà NNNNooooiiiissssiiiieeeellll jeudi et le dimanche. Les cours ont lieu de 8h à 11h et de 13h à 16h. Néanmoins, les enfants restent souvent à l’étude jusqu’à 18h, en attentant que leurs parents rentrent de l’usine.

La remise des prixLa remise des prixLa remise des prixLa remise des prixLa remise des prixLa remise des prixLa remise des prixLa remise des prix

Le 20 août 1876, la première cérémonie de remise des prix a lieu. Cette cérémonie est organisée pour fêter la fin de l’année scolaire et les réussites des écoliers. A l’époque d’Emile Justin Menier, la remise des prix donne lieu à de grandes festivités, puis elle devient plus familiale quand ses fils lui succèdent.

Durant la cérémonie de remise des prix, les élèves exposent leurs plus beaux ouvrages de l’année, ils récitent des poèmes ou jouent des saynètes. Des jouets sont distribués aux enfants de l’asile et, en fonction de leur mérite, les enfants de l’école primaire reçoivent des livres.

Pour les élèves qui ont obtenu leur Certificat d’étude, le Conseil municipal ou la Société d’encouragement à l’instruction offrent un livret de caisse d’épargne sur lequel de 20 à 50 francs sont déposés.

Les caravanes Les caravanes Les caravanes Les caravanes Les caravanes Les caravanes Les caravanes Les caravanes

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En 1897, Gaston Menier crée la « caravane Menier » pour récompenser les meilleurs élèves de Noisiel qui sont reçus au Certificat d’études. Dès 1898, le recrutement est étendu aux écoles laïques des cantons de Lagny, Claye, Crécy et Dammartin. Cinquante élèves sont alors tirés au sort.

� Cette photographie a été prise lors de la 10e excursion scolaire à Rouen et au Havre (du 8 au 10 août 1907). © Mairie de Noisiel.

� Sur cette photographie de 1930, des enfants de l’école primaire de Noisiel sont costumés en pierrots pour la distribution des prix. © Collection J. T.