les entÉrocoques rÉsistants À la vancomycine (erv

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Volume 19, numéro 4– Mars 2013 ISSN # 2-89342-027-7 En novembre 2012, le Comité sur les infections nosocomiales du Québec (CINQ) publiait le document Mesures de prévention et contrôle de l'entérocoque résistant à la vancomycine dans les milieux de soins aigus du Québec . Le nombre de tests de dépistage de l’entérocoque résistant à la vancomycine (ERV) est appelé à augmenter. Sauriez-vous répondre avec aisance aux questions que vos patients vous poseront et aux inquiétudes qu’ils vous exprimeront, par exemple : à l’hôpital, ils m’ont dit que j’avais l’ERV. J’ai peur de le transmettre à ma famille. Qu’est-ce que je dois faire? Consultez la section Liens utiles à la fin de ce bulletin. Entérocoques Constituants de la flore normale de presque tous les humains, présents dans les tractus digestif et génital. Une trentaine d’espèces bactériennes dont l’Enterococcus faecalis et l’Enterococcus faecium présents au Québec. Colonisation ou infection Personne colonisée (porteuse d’ERV) : ERV isolé d’un produit non stérile (selles, urine, plaie) sans infection associée. Personne infectée : ERV isolé d’un produit, stérile ou non, avec infection associée (ex. : bactériémie, infection urinaire asymptomatique, sécrétions purulentes d’une plaie). Impacts cliniques de l’ERV La grande majorité des personnes (98 %) sont colonisées sans être infectées. Parmi les infections observées, 41 % sont des infections urinaires et 8 % des bactériémies, infections avec une morbidité et une mortalité importantes. Comme pour toute infection nosocomiale, les coûts associés au traitement de l’infection à ERV et à la prolongation du séjour sont significatifs. La facilité de dissémination de l’ERV dans l’environnement des hôpitaux est telle qu’en l’absence de l’application rigoureuse des mesures de prévention, le nombre de nouveaux cas de porteurs d’ERV et de personnes infectées va continuer de croître. RÉSISTANTS À LA VANCOMYCINE (ERV) Nouveautés des mesures de contrôle recommandées Infections nosocomiales à entérocoques Les entérocoques sont une cause de plus en plus fréquente d’infections nosocomiales. Infections majoritairement acquises à l’hôpital : Infections urinaires Bactériémie, avec ou sans endocardite Infections de plaies et des tissus mous Infections intra-abdominales ou pelviennes Méningite Sepsis néonatal Facteurs de risque : Colonisation du tractus digestif Maladies intercurrentes graves Long séjour hospitalier Chirurgie antérieure Insuffisance rénale Neutropénie Greffe, surtout du foie et de cellules hématopoïétiques Présence de cathéter urinaire ou vasculaire Séjour en soins intensifs Utilisation d’antibiotiques, surtout la vancomycine, les céphalosporines, les aminosides, l’aztreonam, la ciprofloxacine et l’imipenem LES ENTÉROCOQUES

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Page 1: LES ENTÉROCOQUES RÉSISTANTS À LA VANCOMYCINE (ERV

Volume 19, numéro 4– Mars 2013 ISSN # 2-89342-027-7

En novembre 2012, le Comité sur les infections nosocomiales du Québec (CINQ) publiait le document Mesures de prévention et

contrôle de l'entérocoque résistant à la vancomycine dans les milieux de soins aigus du Québec. Le nombre de tests de

dépistage de l’entérocoque résistant à la vancomycine (ERV) est appelé à augmenter. Sauriez-vous répondre avec aisance aux questions que vos patients vous poseront et aux inquiétudes qu’ils vous exprimeront, par exemple : à l’hôpital, ils m’ont dit que j’avais l’ERV. J’ai peur de le transmettre à ma famille. Qu’est-ce que je dois faire?

Consultez la section Liens utiles à la fin de ce bulletin.

Entérocoques Constituants de la flore normale de presque tous les

humains, présents dans les tractus digestif et génital.

Une trentaine d’espèces bactériennes dont l’Enterococcus faecalis et l’Enterococcus faecium présents au Québec.

Colonisation ou infection Personne colonisée (porteuse d’ERV) : ERV isolé d’un

produit non stérile (selles, urine, plaie) sans infection associée.

Personne infectée : ERV isolé d’un produit, stérile ou non, avec infection associée (ex. : bactériémie, infection urinaire asymptomatique, sécrétions purulentes d’une plaie).

Impacts cliniques de l’ERV La grande majorité des personnes (98 %) sont colonisées

sans être infectées.

Parmi les infections observées, 41 % sont des infections urinaires et 8 % des bactériémies, infections avec une morbidité et une mortalité importantes.

Comme pour toute infection nosocomiale, les coûts associés au traitement de l’infection à ERV et à la prolongation du séjour sont significatifs.

La facilité de dissémination de l’ERV dans l’environnement des hôpitaux est telle qu’en l’absence de l’application rigoureuse des mesures de prévention, le nombre de nouveaux cas de porteurs d’ERV et de personnes infectées va continuer de croître.

RÉSISTANTS À LA VANCOMYCINE (ERV)

Nouveautés des mesures de contrôle recommandées

Infections nosocomiales à entérocoques Les entérocoques sont une cause de plus en plus fréquente d’infections nosocomiales.

Infections majoritairement acquises à l’hôpital :

Infections urinaires Bactériémie, avec ou sans endocardite Infections de plaies et des tissus mous Infections intra-abdominales ou pelviennes Méningite Sepsis néonatal

Facteurs de risque :

Colonisation du tractus digestif Maladies intercurrentes graves Long séjour hospitalier Chirurgie antérieure Insuffisance rénale Neutropénie Greffe, surtout du foie et de cellules hématopoïétiques Présence de cathéter urinaire ou vasculaire Séjour en soins intensifs Utilisation d’antibiotiques, surtout la vancomycine, les céphalosporines, les aminosides, l’aztreonam, la ciprofloxacine et l’imipenem

LES ENTÉROCOQUES

Page 2: LES ENTÉROCOQUES RÉSISTANTS À LA VANCOMYCINE (ERV

DSP Montérégie Rédactrice : Lina Perron

Collaboratrice : Josée Massicotte Révision et mise en page : Marie-Claude Guillette et Manon Morin

Volume 19, numéro 4– Mars 2013 ISSN # 2-89342-027-7

Infections nosocomiales à entérocoques résistants à la vancomycine

Historique :

Résistance due à la grande utilisation de la vancomycine par voie parentérale pour les infections à Staphylococcus aureus et par voie orale pour les infections à Clostridium difficile.

Acquisition de gènes de résistance a contribué à l’augmentation de la pathogénicité des entérocoques.

Épidémiologie :

Décrit en 1988 pour la première fois avec propagation à l’ensemble du pays par la suite.

3e rang des agents pathogènes nosocomiaux.

Responsable de 12,1 % des infections nosocomiales.

Nombre de cas porteurs d’ERV a presque quadruplé de 2005 à 2009, passant de 1,32 cas pour 1 000 admissions à plus de 5 cas pour 1 000 admissions.

Prévalence de 20 personnes porteuses d’ERV pour 1 000 patients hospitalisés (étude menée dans 171 hôpitaux canadiens en novembre 2010).

Identifié pour la première fois en 1996 lors d’une éclosion dans un hôpital de la Montérégie.

Propagation dans la région de Montréal puis dans l’ensemble du Québec.

Augmentation importante (≈ 230 %) du nombre de nouveaux cas d’ERV, à partir de 2008 avec près de 2 000 cas en 2011.

Augmentation importante du nombre d’éclosions depuis 2009.

Dépistage de l’ERV dans les hôpitaux Cas à risque d’être porteurs et cas connus :

Dépistage lors de l’admission.

Dépistage en cours de séjour :

Patients des unités où séjourne un patient identifié porteur d’ERV;

Patient séjournant sur des unités jugées à risque tels les soins intensifs.

En cas d’éclosion, augmentation de la fréquence des tests de dépistage afin de pouvoir identifier rapidement un nouveau cas de porteur d’ERV et limiter sa propagation.

La prévention est toujours gagnante. Les mesures de contrôle pour prévenir la transmission de l’ERV dans les hôpitaux contribuent à prévenir la transmission d’autres agents pathogènes encore plus redoutables comme le Straphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) et le Clostridium difficile.

États-Unis

Canada

Québec

Liens utiles Extranet de l'Agence, documentation disponible pour la population et les professionnels de la santé

Document provincial sur l’ERV du Comité sur les infections nosocomiales du Québec (CINQ) Mesures de prévention et contrôle de l'entérocoque résistant à la vancomycine dans les milieux de soins aigus du Québec

Dépliant pour le patient et sa famille remis au patient colonisé par l’ERV avant sa sortie de l’hôpital.

Dépliant d'information pour le personnel des ressources intermédiaires et des résidences d'accueil

Nombre d’éclosions d’ERV, Montérégie

2010-2011 2011-2012 2012-2013

Nombre total d’éclosions 5 15 11

Nombre total de cas 63 207 364

Nombre d’hôpitaux touchés 2 8 6

Durée moyenne des éclosions (étendue)

90 jrs (38 à 252)

100 jrs (28 à 279)

115 jrs (34 à 266)

Montérégie

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40

60

80

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2007 2008 2009 2010 2011 2012

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Années

Province Montréal Montérégie

Nombre d’éclosions à ERV déclarées dans le registre MADO, selon la région et l’année de déclaration au Québec, 2006 à 2012