LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Edition numérique

Michel GALLIKER

Chronique du collège : quelques moments de la vie du collège

Dans Echos de Saint-Maurice, 2003, tome 98a, p. 35-39

© Abbaye de Saint-Maurice 2014

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25 – 29 novembre 2002 : Semaine Ar-ménienne

Permettre aux élèves de s’ouvrir àd’autres cultures fait partie des projetséducatifs du collège. Depuis quelquesannées, les étudiants sont introduits, aucours d’une semaine culturelle, à la ci-vilisation de tel ou tel peuple et décou-vrent, souvent avec bonheur, la richessede certaines traditions et cultures.

Au mois de novembre, suite à uneproposition de M. le chanoine GabrielIspérian, l’Arménie devint pour les col-légiens le pays des découvertes. Avec lesoutien enthousiaste de M. le recteur G.Luisier, un comité de personnalités

d’origine armé-nienne et

amies de ce pays, a proposé des confé-rences, monté dans les vitrines du halldu collège une exposition consacrée àl’histoire, la littérature, la vie religieusede ce pays, et préparé une soirée armé-nienne avec un repas typique et un ré-cital de textes, de chants et de musiquestraditionnels.

M. Sarkis Shahinian, et MmeValentine Calzolari-Bouvier expliquè-rent brillamment comment ce peupledu Caucase sut dès la fin de l’Antiquité,s’illustrer dans de nombreux domainesde la pensée grâce à l’existence d’un al-phabet propre. M. Vahé Godel initiaplusieurs classes à la poésie arménienned’hier et d’aujourd’hui. Spécialiste dumonde russe, M. le chanoine RolandJaquenoud rappela avec clarté de la Ré-publique arménienne au XXe siècle, au

temps de son intégration dansl’URSS.

L’histoire s’est montréecruelle pour cette nation. L’Ar-ménie est, tout au long des siè-cles, liée à l’expansionnisme depuissants voisins (Romains,Arabes, Turcs, Ottomans, Rus-ses). Malgré les siècles d’op-

pression, l’âme arménienne est restée fi-dèle à ses racines. Cette fidélité s’estmême renforcée au XXe siècle à la suitedes violentes persécutions que l’EmpireOttoman mena contre ce peuple entre

CHRONIQUE DU COLLÈGE

QUELQUES MOMENTS DE LA VIE DU COLLÈGE

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1915 et 1923. Au cours d’un débat surla mémoire de cette tragédie historique,dirigé par M. Stefan Kristensen, univer-sitaire genevois, le témoignage de M.Aram Djambazian, son Grand-père,bouleversa l’assistance. Son histoire,celle de ses proches parents furent aussicelle de tant et tant de victimes. Issud’une famille de la paysannerie du cen-tre de l’Anatolie, dans la région deYozgat, le jeune Aram, né en 1916, eutle malheur de perdre son père massacrépar les militaires turcs. Sa mère le con-fia avec ses frère et sœur à l’orphelinatde Sivas (centre de la Turquie actuelle).Plus tard, les enfants furent évacués surla Grèce et leur mère perdit leur trace.Placé sous la protection de la Croix-

Rouge, Aram arriva en Suisse en 1926et fut confié à l’orphelinat arménien deBegnins (Vaud) dirigé par le pasteurAnthony Krafft-Bonnard. Naturalisésuisse en 1959, il fit sa carrière profes-sionnelle à Genève. Il ne retrouva samère qu’au lendemain de la SecondeGuerre mondiale. MonsieurDjambazian s’est éteint récemment, le11 mai 2003. Entendre le récit des atro-cités par un rescapé d’un génocide per-pétré il y a plus de quatre-vingts ansapporte à la réflexion sur les crimes del’histoire une compréhension beaucoupplus forte. Deux grands films servirentà illustrer ces moments tragiques : dansMayrig (film de 1991), le cinéaste fran-çais d’origine arménienne Henri Ver-

Les étudiants ont été intéressés par la magnifique exposition arménienne présentée dans lesvitrines du Collège.

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neuil — de sonvrai nom AchadMalakian — acherché à mon-trer combien lemalheur peutêtre dépassé parla force del’amour ; plusr é c e m m e n t ,dans le film Ara-rat tourné en2002, soucieuxde conserver lamémoire du gé-nocide, le réali-sateur canadien Atom Egoyan réussit,malgré une intrigue difficile, à évoquerdans des images superbes cette tragédie.

Cette semaine fut aussi mise à pro-fit pour concrétiser par l’intermédiairede l’association humanitaire KASA(Komitas Action Suisse Arménie), pré-sidée par Mme Monique Bondolfi, che-ville ouvrière de ces journées, une aidedestinée à fournir des accès Internet àdes jeunes lycéens et étudiants en Ar-ménie.

12 et 13 décembre 2002 : Un hommede lumière

Sur la terre d’Ombrie, baignée desoleil, le Poverello a montré quel enga-gement radical peut entraîner la foi.Avec des mots d’une intensité éton-nante, l’écrivain français Joseph Delteilfait jaillir la fulgurance de ce personnagehors du commun. Fidèle à l’esprit dutexte de Delteil, la compagnieR. Bouvier réussit parfaitement à ren-dre François proche et lointain des jeu-nes spectateurs du collège.

18 février 2003 : Nouvelles perspectivespour le collège

L’accord signé à Monthey entre lesministres de l’éducation de Vaud et duValais, Madame Anne-Catherine Lyonet Monsieur Claude Roch, est promet-teur pour l’avenir. Désormais la fron-tière cantonale sera moins hermétiquepour les étudiants. Tout gymnasien desdistricts d’Aigle, Monthey et Saint-Maurice pourra choisir librement soncollège. La convention prévoit des con-ditions d’admission favorables quant àl’écolage. Quel sera l’impact pour leseffectifs du collège ? On peut raisonna-blement penser à une arrivée d’élèvessupplémentaires venant du districtd’Aigle.

18 février : Leçon de courage

Le Métier d’homme, ce nouvelouvrage du jeune philosophe AlexandreJollien livre à nos intelligences un che-minement intellectuel d’une grande élé-vation de pensée. Les élèves de 4e et 5e

Les gymnasiens chablaisiens pourront choisir librement leur collège.

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suivirent avec intérêt sa conférence surles valeurs éthiques. Riche d’une expé-rience forgée dans l’épreuve, AlexandreJollien se révèle comme un maître à pen-ser avec un message pétri d’humanisme.

24 février : Retrouvailles

Malgré ses importantes responsa-bilités, le Président de la ConfédérationPascal Couchepin s’est accordé quelquesheures pour un déplacement à Saint-Maurice.

L’accueil réservé au premier Magis-trat suisse fut à la hauteur de l’événe-ment, déférent et chaleureux, pour de-venir un triomphe… à l’annonce d’unejournée de congé supplémentaire,comme il est de tradition lors d’une vi-site officielle. Ancien du collège, PascalCouchepin invita le millier d’étudiantsrassemblés dans la Grande Salle à faireface à l’avenir avec courage.

12 mars : Plongée dans le monde del’horreur

L’Endlösung (solution finale) pla-nifiée par les Nazis doit hanter les cons-ciences. Il est impérieux de garder enmémoire jusqu’à quel degré d’inhuma-nité un groupe social fanatique a pus’abaisser. Yves Fournier, professeurd’histoire, a conduit une trentaine d’élè-ves de 5e (option complémentaire His-toire) et de 4e vers un de ces lieux mau-dits, le camp alsacien du Struthof dansles Vosges. Le « pèlerinage » dans cecamp de la mort fit sur chacun une forteimpression.

13 mars : Activité théâtrale

Actrice ? Acteur ? Combien de jeu-nes rêvent de cette carrière ? Le Théâtre

est une école de formation Directeur dela troupe du collège, Bertrand Roduit,professeur de français, met sa science dumonde théâtral au service des étudiants.Son sens de la mise en scène, sa direc-tion exigeante du jeu des acteurs abou-tissent chaque fois à des réussites. Cetteannée, après deux ans d’interruption, lesjeunes ont joué Antigone, une des piè-ces les plus sombres de l’œuvre du dra-maturge français du XXe siècle JeanAnouilh.

18 mars : Les jeunes dans la rue

Ce printemps 2003 restera commecelui d’une prise de conscience par unegénération jugée individualiste et peupolitisée des règles brutales des relationsinternationales.

Partout en Suisse Romande, les jeu-nes ont manifesté leur hostilité à l’em-

Un devoir de mémoire : nos étudiants devantle four crématoire du Struthof (Alsace).

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ploi de la force voulue par l’Adminis-tration américaine pour résoudre la criseirakienne. Plusieurs milliers de lycéensvalaisans ont répondu à l’appel du col-lectif Anti-guerre Valais en se rassem-blant à Sion, parmi eux deux cents étu-

diants du Collège. Fallait-il sanctionnerl’absence des cours ? Dans de telles cir-constances, la mansuétude s’imposaitpour favoriser le retour nécessaire à latranquillité des études.

Michel Galliker