les couleurs de l’égout (1/2)

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1 Les couleurs de l’égout (1/2) La revue de presse propose toujours des articles sur les égouts et les multiples problématiques de l’eau. Voici un florilège de ces articles publiés dans nos colonnes depuis le début de sa création. HS1 accidents mortels de travail et espace confiné été 2021 (1/6) - La revue de presse résume et reprend la totalité des accidents mortels de travail autour de la thématique de l’espace confiné et de l’assainissement depuis sa création (soit avril 2019). HS2 : accidents graves de travail et espace confiné été 2021 (2/6). La revue de presse résume et reprend la totalité des accidents graves de travail 2020 jusqu’à juin 2021. Certains accidents précédents ces dates sont également conservés s’il y a une vraie pertinence pédagogique. HS3 : Accidents mortels de travail et espace confiné été 2021 (3/6). La revue de presse résume et reprend tous les accidents mortels de travail à l’étranger de 2020 jusqu’à juin 2021. HS4 : Les marches du palais : Les procès les plus significatifs été 2021 (4/6). La revue de presse choisit les articles publiés de 2020 jusqu’à juin 2021 qui sont les plus pertinents dans la bonne compréhension des faits condamnables ou non pénalement. HS5 : La couleur des égouts : Best of (1/2) été 2021 (5/6) La revue de presse prend le meilleur ou le pire de notre monde qui bouge par le prisme de nos regards et de nos réseaux. HS6 : La couleur des égouts : Best of (2/2) été 2021 (6/6). La revue de presse prend le meilleur ou le pire de notre monde qui bouge par le prisme de nos regards et de nos réseaux. Bonnes vacances à toutes et à tous !!! Nous nous retrouvons le lundi 06 septembre 2021

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Les couleurs de l’égout (1/2)

La revue de presse propose toujours des articles sur les égouts et les multiples problématiques de l’eau.

Voici un florilège de ces articles publiés dans nos colonnes depuis le début de sa création.

HS1 accidents mortels de travail et espace confiné – été 2021 (1/6) - La revue de presse résume et reprend

la totalité des accidents mortels de travail autour de la thématique de l’espace confiné et de l’assainissement

depuis sa création (soit avril 2019).

HS2 : accidents graves de travail et espace confiné – été 2021 (2/6). La revue de presse résume et reprend

la totalité des accidents graves de travail 2020 jusqu’à juin 2021. Certains accidents précédents ces dates sont

également conservés s’il y a une vraie pertinence pédagogique.

HS3 : Accidents mortels de travail et espace confiné – été 2021 (3/6). La revue de presse résume et reprend

tous les accidents mortels de travail à l’étranger de 2020 jusqu’à juin 2021.

HS4 : Les marches du palais : Les procès les plus significatifs – été 2021 (4/6). La revue de presse choisit

les articles publiés de 2020 jusqu’à juin 2021 qui sont les plus pertinents dans la bonne compréhension des

faits condamnables ou non pénalement.

HS5 : La couleur des égouts : Best of (1/2) –été 2021 (5/6) – La revue de presse prend le

meilleur ou le pire de notre monde qui bouge par le prisme de nos regards et de nos réseaux.

HS6 : La couleur des égouts : Best of (2/2) – été 2021 (6/6). La revue de presse prend le meilleur ou le pire

de notre monde qui bouge par le prisme de nos regards et de nos réseaux.

Bonnes vacances à toutes et à tous !!! Nous nous retrouvons le lundi 06 septembre 2021…

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Destin d’Eleanore

A 31 ans, Eléonore, le crocodile, est décédée à la ferme des crocodiles au mois de mai de cette

année. Découverte dans les égouts de Paris en 1984, elle fut pensionnaire du zoo de Vannes

durant plus de trente ans. Sa mauvaise adaptation avec l’ensemble de ses congénères alors

qu’elle était solitaire a causé sa mort. Retour sur un destin hors du commun.

L’Obépine

En ces années de pandémie, un moyen de collecte des informations sur le coronavirus a été

mis en place dans nos eaux usées. Son nom est Obépine. Retour en deux articles sur le

fonctionnement et la pertinence de ce nouveau moyen à gérer cet état grippal qui a grippé toute

une société.

La Bibliothèque idéale

Deux ouvrages ont été mis en avant dans les pages de notre revue de presse. Tout d’abord une

bande dessinée qui enquête sur le scandale de l’algue verte sur le littoral breton qui semble-t-

il causa la mort d’un joggeur et est la cause d’un accident mortel de travail. Et ensuite, le récit

intime d’un sapeur-pompier qui a vécu le syndrome post traumatique par le biais de ces

diverses missions professionnelles.

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Destin d’Eleanore

Quand l'histoire vraie d'un crocodile dans

les égouts de Paris devient une rumeur

Article de 20 minutes, publié le 27 Aout 2017

• En 1984, les pompiers sortent une femelle crocodile des égouts de Paris. • Eléonore vit toujours, elle est dans un aquarium à Vannes.

• 33 ans après, les rumeurs sur la présence de crocodiles dans les égouts continuent de circuler.

Un crocodile aperçu dans les égouts de Paris ? Depuis plus de trente ans, la rumeur court, au

point d’être devenue une légende urbaine. Pourtant, un crocodile s’est bien dégourdi les pattes

un jour dans les égouts de la capitale. C’était en 1984.

Le 7 mars 1984, les pompiers parisiens décrochent une prise inhabituelle : une femelle

crocodile, mesurant 70 à 80 cm. C’est le service des égouts de la Ville qui a prévenu les

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pompiers du Ier arrondissement, après que la bête eut été aperçue à deux reprises dans les bas-

fonds parisiens.

« Stoppé sa progression »

En 1991, le commandant Godard revenait sur ce sauvetage pas banal, dans un

reportage toujours disponible sur le site de l’INA : « Nous avons pris une pelle, un balai et

nous avons essayé de stopper sa progression, ce que nous avons réussi à faire, et puis nous lui

avons ficelé la gueule, pour qu’il ne nous pince pas. » La prise de ce crocodile du Nil fut à

proximité du pont neuf.

Possible de survivre dans les égouts

Mais comment l’animal a-t-il pu survivre dans un tel environnement ? « C’est assez possible

puisqu’il fait relativement chaud dans les égouts, qu’il y a de l’eau, par définition, et qu’il y a

de la nourriture, en tout cas pour les crocodiles, des proies vivantes, des rats, très probablement

des tas de nourriture, de viande, même un peu avariée », expliquait à l'époque le vétérinaire

Jean-Luc Berthier.

Le crocodile pourrait s'être retrouvé dans les égouts après avoir été abandonné par ses

propriétaires, sans doute encombrés par l'animal. Depuis, le crocodile a quitté les égouts pour

rejoindre le bord de mer. A près de 500 kilomètres de la capitale, la femelle rebaptisée Eléonore

coule des jours tranquilles à l'aquarium de Vannes.

"A l'époque, les aquariums n'étaient pas si développés qu'aujourd'hui et les pompiers ne

savaient pas trop vers qui se tourner", confirme l'équipe de l'aquarium de Vannes à

BFMParis.com.

Transférée dans un aquarium

Les rats, justement, vont devenir une des nourritures appréciées par la femelle à l’aquarium de

Vannes, en Bretagne, où elle est envoyée après un bref passage à la ménagerie du Jardin des

plantes. Eléonore y réside toujours, dans un décor qui rappelle les égouts parisiens et qui a été

créé spécialement pour elle.

L’histoire d’Eléonore, bien réelle, continue d’alimenter toutes sortes de rumeurs et de blagues.

L’année dernière, le site parodique Science Info écrivait que les crocodiles du zoo de

Vincennes s’étaient échappés dans les égouts après des inondations. Une info inventée de

toutes pièces, bien sûr. Pourtant, il arrive encore que des Parisiens croisent le chemin de

crocodiles en dehors des aquariums : il y a dix ans, des jeunes ont retrouvé dans un square un

jeune spécimen. L’animal a été transporté à l’aquarium de la Porte Dorée. Sans accroc.

"C'est un peu la star de l'aquarium", nous confie-t-on.

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Le Crocodile Eleanore raconte son futur

déménagement

Article du Télégramme du 14 septembre 2019

Sans doute Eleanore versera-t-elle une petite larme en quittant son studio de

25 m². Mais elle sera vite séchée lorsqu’elle emménagera dans son nouveau loft

de 100 m² avec solarium, bassin et terrasse. Pour nous, Eleanore, le crocodile de

l’aquarium de Vannes, explique ce que cela va changer dans sa vie.

Depuis quand occupez-vous votre studio à l’aquarium de Vannes ?

Depuis que j’y suis pensionnaire. J’ai été trouvée par les pompiers à l’âge de 4 ans dans les

égouts de Paris au niveau du Pont Neuf. Je n’étais pas bien grande, 70 cm, car je me nourrissais

exclusivement de rats, vu qu’il n’y avait pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent ! J’ai

bien tapé dans le stock et la population de rats avait commencé à diminuer. Voilà une idée

pour débarrasser Paris de ses rats ! Il faudrait en parler au maire.

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Et maintenant, comment va la santé ?

Super ! Pour une jeune fille d‘une quarantaine d’années, je pèse 250 kg et mesure 3 mètres.

Pas mal, non ! Un vétérinaire spécialisé est venu de Marseille au début du mois d’août. La

visite médicale s’est parfaitement bien passée : belle peau, belles dents, jamais malade et bon

appétit ! Il a dit que j’étais un des plus beaux spécimens en captivité de France !

Vous devez avoir un appétit d’ogre ?

Non, je fais attention à ma ligne. On me donne un poulet par semaine. Mais je suis un animal

naturellement opportuniste. Dans la nature, je suis capable de rester un an sans manger en

stockant des graisses et nutriments dans ma queue. De toute façon, je suis bien suivie par

Coralie Delorme, la responsable scientifique de l’aquarium.

Alors comme ça, il paraît que vous allez déménager ?

Oui, c’est incroyable. Fabien Le Guernevé, le directeur, va lancer des travaux d’extension. Il

dit que l’établissement doit se développer, se renouveler. Et je vais largement en

profiter puisque mon nouvel appartement fera 100 m² au lieu de 25 m² actuellement.

Vous ne regretterez pas votre petit studio au décor d’égouts de Paris qui vous rappelait

votre enfance ?

Je ne dis pas que je ne verserai pas une petite larme en le quittant mais, que voulez-vous, il

faut s’adapter !

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Dites-nous à quoi ressemblera votre futur appart’ !

Eh bien, ce sera super ! Je vais avoir une espace aquatique avec un bassin de 10 mètres. Il sera

profond près de la vitre et le public pourra me voir immergée. Puis en s’éloignant de la vitre,

le bassin remontera en pente douce. J’aurai aussi à ma disposition une plage horizontale avec

une plaque chauffante pour faire la sieste et me réchauffer lorsqu’il fait frisquet. Ma vie va

changer car je vais enfin voir la lumière du soleil grâce au toit en polycarbonate qui conserve

la chaleur et laisse passer la lumière.

Avec une nouvelle déco ?

Eh oui ! Fini la déco style égout. Ce sera un décor plus naturel : terre et végétaux, comme au

bord du Nil. N’oubliez pas que je suis un crocodile du Nil ! Et puis, ce décor d’égout n’était

pas du goût de tous les visiteurs.

Quand pourrez-vous déménager ?

Les travaux démarrent en ce mois de septembre pour une livraison à Noël. Ce sera mon

cadeau !

Savez-vous qui occupera votre ancien emplacement ?

J’ai entendu le directeur dire que mon ancien enclos serait transformé en aquarium pour

accueillir des poissons. Lesquels ? Je ne sais pas. Il paraît qu’il y a une liste de priorités.

Assumez-vous votre statut de star de l’aquarium ? Avec votre nouvel enclos, il va y

avoir foule pour venir vous voir ?

Oui je sais ! Déjà début août, il y a eu des pics à 2 000 - 3 000 visiteurs par jour. Ça ne me

dérange pas. Je les surveille d’un œil. Ils croient tous que je dors mais rien ne m’échappe !

Vannes : Le départ du crocodile Eleanor

laisse présager la fermeture de l’aquarium

L’aquarium de Vannes (Morbihan) s’est séparé de son crocodile emblématique, qu’il avait

recueilli en 1984. Une page se tourne, qui annonce, de manière quasi inéluctable, la fin

d’une (belle) aventure.

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La femelle crocodile Eleanor a quitté l’aquarium au sein duquel elle vivait depuis 36 ans. |

Article de Ouest France, publié le 21 décembre 2020

C’est une page qui se tourne. Eleanor, le crocodile de l’aquarium de Vannes, dans le Morbihan,

est définitivement parti. L’animal avait été retrouvé et capturé dans les égouts de Paris, en

1984. L’enclos qu’il occupait depuis cette date rappelait d’ailleurs l’origine de cette étonnante

découverte. Ce départ, intervenu durant le week-end, est à la fois une bonne et une mauvaise

nouvelle. La bonne, c’est que l’emblématique femelle crocodile terminera ses jours au sein

d’un autre aquarium, dans un autre univers.

La fermeture de l’aquarium ?

La mauvaise, c’est que ce départ annonce, de manière quasi-certaine, la fermeture définitive

de l’aquarium de Vannes. Son propriétaire et fondateur n’a pu être joint, mais selon plusieurs

sources concordantes, il ne rouvrira pas ses portes.

Le sort des autres animaux

Le sort des autres animaux s’annonce, aussi, préoccupant. Certains sont trop communs pour

intéresser une autre structure, d’autres sont très difficiles voire quasi-impossibles à déplacer…

Et si aucune solution n’est trouvée, ils seront euthanasiés.

Vannes : Le crocodile Eleanor a rejoint la

ferme aux crocodiles dans la Drôme

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C’est une très bonne nouvelle. La femelle crocodile de Vannes a rejoint 200 de ses

congénères à la ferme aux crocodiles, à Pierrelatte, dans la Drôme. Elle dispose de 3 000 m²

de bassins.

Article de Ouest France, publié le 23 décembre 2020

Après 36 ans passés à l’aquarium de Vannes, à l’intérieur d’un « loft » reconstituant les égouts

parisiens, Eleanor va retrouver l’air libre. La femelle crocodile a, en effet, quitté la ville

préfecture du Morbihan, dimanche, pour rejoindre la ferme aux crocodiles, à Pierrelatte

(Drôme), à 900 kilomètres de distance.

« Le voyage s’est plutôt bien passé, indique Hervé Perret, le responsable d’exploitation du

site. La femelle crocodile a été relâchée avec ses congénères. »

Une descendance attendue

L’animal a voyagé dans une caisse en bois. L’ancien responsable zoologique de la ferme aux

crocodiles, aujourd’hui directeur du micro-zoo de Saint-Malo, s’est chargé du transport.

« Il faut être assez rapide, poursuit Hervé Perret, car il ne fait pas très chaud en ce moment,

mais c’est un animal qui supporte bien les différences de température. »

Créée en 1994, la ferme aux crocodiles est habituée à accueillir des animaux d’autres sites,

notamment de manière temporaire, à l’occasion de travaux par exemple. Elle s’étend sur 5 000

m², dont 3 000 m² de bassins. Actuellement Eleanor est à l’intérieur, avec quelque 200 autres

crocodiles du Nil, mais elle pourra bientôt profiter des joies de l’extérieur, batifoler et même

se reproduire. « Elle aura certainement des descendants », estime le responsable

d’exploitation.

Pierrelatte : Eleanor, le crocodile des égouts

de Paris, est morte.

Article de France bleu, publié le Mardi 15 juin 2021

Recueillie en 1984 dans les égouts de Paris, Eleanor était arrivée en décembre dernier à la

Ferme aux crocodiles du Nil à Pierrelatte. Elle est morte début mars, en pleine période de

reproduction durant laquelle les mâles deviennent violents.

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Eleanor (le crocodile le plus claie et le plus petit sur la photo) était arrivée en décembre à la Ferme aux Crocodiles de Pierrelatte

(Drôme)

C'était un crocodile à l'histoire hors du commun ! Eleanor, recueillie bébé en 1984 dans les

égouts de Paris, est morte à Pierrelatte en mars dernier.

Après un passage à la ménagerie des animaux de Paris, Eleanor avait été recueillie par

l'aquarium de Vannes en Bretagne, où elle a passé 36 ans de sa vie. En décembre 2020, l'animal

déménage à la Ferme aux Crocodiles, car l'aquarium de Vannes entreprend des gros de travaux

de rénovation.

Un défi, car Eleanor a toujours vécu seule dans son bassin breton. À la Ferme aux Crocodiles,

elle se retrouve avec 250 autres congénères. "Il n'y avait aucun signe d'agressivité envers elle.

Eleanor n'avait pas d'appréhension non plus, raconte Samuel Martin, le directeur de la

Ferme. Pourtant, chez nous il y a de l'espace, des oiseaux. Ce sont des sources d'inquiétude

mais nous avons eu l'impression que c'était une source de curiosité pour elle."

Une femelle victime de la période de reproduction ?

Au moment de sa mort, elle explorait encore son nouvel environnement. "Les soignants ont

vécu son décès comme un échec, explique Samuel Martin. Elle l'avait l'air bien, c'est dommage

que l'aventure se soit arrêtée aussi brutalement."

Alors que s'est-il passé ? Comment Eleanor est-elle morte ? En mars, les crocodiles sont en

période de reproduction. Les mâles peuvent devenir violents entre eux. "Elle a peut-être été

prise ou surprise dans un conflit, peut-être qu'elle a subi les assauts des mâles. Nous ne savons

pas", assure Samuel Martin. Eleanor était âgée d'une quarantaine d'années et aurait pu vivre

jusqu'à 100 ans.

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Covid 19 et Obépine

Covid-19 : Obépine met en ligne ses

données sur les eaux usées pour une vision

non biaisée de l'épidémie

D'ici au lundi 25 janvier, le réseau Obépine, dédié à la surveillance du SARS-CoV-2 dans les

eaux usées, doit rendre accessible en ligne des données issues d’une quarantaine de stations

d’épuration. Fondé sur un protocole rigoureux de mesure de la concentration du virus dans

les eaux usés, l'indicateur d'Obépine pourrait permettre d'avoir, enfin, une vision fidèle et

non-biaisée de la circulation du virus dans les populations.

Article d’Industrie et écologie, Publié le 23 janvier 2021

Entre dimanche 24 janvier et lundi 25 janvier, le réseau Obépine (observatoire

épidémiologique dans les eaux usées) donnera accès, sur son site internet, à des indicateurs de

l’évolution des concentrations du génome du SARS-CoV-2 dans les eaux usées en entrée des

stations d’épuration.

De quoi avoir une vision inédite de la circulation du virus dans des bassins de population : le

coronavirus se répliquant aussi dans le tube digestif, les personnes infectées excrètent du virus

dans leurs selles, qui se retrouve in fine dans les eaux usées et peut-être détecté par RT-PCR.

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L’ouverture de ces données en « open data » concernera, dans un premier temps, une

quarantaine de stations d’épuration, sur les 150 suivies par Obépine, avant d’être peu à peu

étendue à l’ensemble du réseau de surveillance.

Des courbes de tendances régulièrement mises à jour, avec des données fiables

« Nous allons publier les indicateurs d’environ 30 collectivités, qui seront présentés sous la

forme de courbes. Elles donneront un aperçu des quantités de traces du virus observés, sur

une échelle allant jusqu’à 150 », explique Vincent Maréchal, virologue à Sorbonne Université

et cofondateur du réseau. « Ces courbes seront mises à jour au fur et à mesure et ce seront les

mêmes que nous communiqueront au ministère de la santé ».

Le réseau Obépine mettra à disposition des chiffres « critiqués », c’est-à-dire analysés et

pondérés en fonction de nombreux critères, car selon ses créateurs, les données brutes issues

des labos peuvent facilement être interprétées de manière erronée. L'apport essentiel d'Obépine

a justement été de mettre au point un protocole fiable et homogène de mesure de la

concentration du virus dans ce milieu complexe et variable du point de vue chimique que

représentent les eaux usées.

Un indicateur qui évite nombre de biais dans l’évaluation de l’épidémie

L'indicateur d'Obépine devrait permettre d'avoir - enfin - une vision fidèle de l'évolution de la

circulation du virus dans les populations. « Il s’agit d’un indicateur macro épidémiologique

très intéressant car il porte sur l’ensemble de la population, et la méthodologie est restée la

même depuis sa mise en place, le 5 mars », soutient Vincent Maréchal, « Par ailleurs, il donne

un instantané assez précis d’une situation, alors que la dynamique de l’épidémie retranscrite

via les résultats des tests peut avoir plusieurs jours de retard sur la réalité ».

Observation des symptômes, décision de se faire tester, réalisation du test, obtention des

résultats... Les indicateurs basés sur les tests PCR ou antigéniques, comme le taux d'incidence

de la Covid-19, sont en effet forcément en retard.

En outre, et c'est probablement le plus critique, ces indicateurs sont intrinsèquement biaisés

par la stratégie de test mise en œuvre : capacité de dépistage, priorisation ou non des tests selon

les personnes, prise en compte des tests antigéniques, vacances scolaires, etc. Enfin, les

personnes asymptomatiques ne se font généralement pas tester alors que « 50 à 60 % des cas

sont asymptomatiques », rappelle Vincent Maréchal.

Une détection précoce pour un outil au service de la stratégie sanitaire

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Avec sa détection en quasi-temps réel de la circulation, cet indicateur permet donc de détecter

l'évolution de l'épidémie de façon précoce par rapport aux tests et aux hospitalisations.

Cela a pu être confirmé pendant l’été où la seconde vague qui a imposé un second confinement

en octobre a pu être identifiée dès le 20 juin. « Nous avons tiré la sonnette d’alarme très tôt,

sans être entendu », déplore Vincent Maréchal. Et pour cause : cet été le virus a principalement

circulé chez les jeunes, une population très largement asymptomatique. Le nombre de cas testé

positif est donc resté bas pendant de nombreuses semaines, même si l’indicateur d’Obépine

témoignait d’une présence de plus en plus importante du virus.

« Nous avons regretté à l’époque que notre indicateur ne serve pas davantage. Nous espérons

aujourd’hui, avec l’ouverture des données au public, qu’il sera un outil pour mettre en place

des stratégies sanitaire efficace », appuie Vincent Maréchal.

Obépine travaille aujourd'hui sur des méthodes d'analyse pour permettre de détecter les

quantités de variants du SARS-CoV-2 dans les eaux usées. Des tests ont été effectués en Ile-

de-France et les résultats devraient être connus prochainement.

Obépine : pister le virus COVID 19 dans

les eaux usées

Station de traitement des eaux usées.

Et si on détectait le virus responsable du Covid-19 dans l'eau des égouts pour

anticiper de prochaines vagues ? La concentration du pathogène, rejeté dans les

selles, pourrait en effet permettre de mettre au point un système d’alerte précoce

pour toute la France. C'est le but du projet Obépine.

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Article de CNRS Le journal, publié le 03 Aout 2020

Au 5 mars 2020, il n’y avait qu’une petite dizaine de patients Covid-19 identifiés à Paris.

Pourtant, le nouveau coronavirus était déjà détectable dans les égouts de la ville. Si, ce jour-

là, quelqu’un avait pu analyser les eaux usées, il aurait su que ce petit nombre de tests positifs

était un leurre : Paris était déjà gravement atteint et la vague d’hospitalisations allait très vite

déferler.

Au cours du mois, avec les services de santé sous haute tension, la concentration du virus dans

les eaux usées parisiennes s’est multipliée par plus de cent. Puis, début avril, cette courbe

ascendante s’est essoufflée pour retomber en quelques semaines à un niveau à peu près mille

fois inférieur que lors du pic. Le traitement de choc décidé par les autorités, le confinement,

avait bel et bien stoppé la propagation du pathogène.

Le virus était déjà détectable dans les égouts de Paris avant la vague

d'hospitalisations.

Ces observations, présentées en avril (en prépublication) par un consortium mené par le

laboratoire R&D d’Eau de Paris, ont démontré que les eaux usées sont un excellent indicateur

de la circulation du SARS-CoV-2. Mieux encore : elles pourraient être à la base d’un système

d’alerte précoce. Et c’est là, justement, l’objectif du projet Obépine (OBservatoire

ÉPIdémiologique daNs les Eaux usées), soutenu par le ministère de l’Enseignement supérieur,

de la Recherche et de l'Innovation (Mesri) et qui regroupe depuis le mois d'avril plusieurs

laboratoires.

Grâce à l’analyse d’échantillons provenant d’un large réseau de stations d’épuration, la

mission d’Obépine est de surveiller la dynamique du virus sur tout le territoire français et d'en

tirer des prévisions sur sa circulation. Vu l’urgence, l’observatoire se met en place à marche

forcée. « Actuellement, nous avons des données pour trente villes en France. Mais le réseau

s’agrandit avec l’ajout de nouveaux opérateurs de stations de traitement des eaux », explique

Christophe Gantzer, directeur adjoint du Laboratoire de chimie physique et microbiologie pour

les matériaux et l’environnement (LCPME) de Nancy. Ainsi, Obépine devrait centraliser les

données de 150 stations d’épuration dès cet automne.

Se donner un temps d'avance sur le virus

« Environ 50 % des personnes infectées rejettent le virus par les selles trois ou quatre jours

avant même les premiers signes cliniques », explique Yvon Maday, chercheur au Laboratoire

Jacques-Louis Lions3 et directeur de l’Institut Carnot Smiles. »

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50 % des personnes infectées rejettent le virus par les selles trois ou quatre jours

avant même les premiers signes cliniques.

« Voilà pourquoi cette méthode est si intéressante : l’augmentation de la concentration du virus

dans les eaux usées précède celle des hospitalisations. » Or, la crise du Covid-19 a montré

l’importance, pour les hôpitaux, de disposer d’un temps d’avance sur l’avalanche de patients.

Seulement 48 heures peuvent suffire pour préparer les équipes de soins, les services

hospitaliers et les réseaux logistiques. Obépine pourrait offrir cette marge de manœuvre.

Dans cette course de vitesse contre la deuxième vague si redoutée, Obépine contribuera aussi

à éclairer les pouvoirs publics dans leurs prises de décision. Doit-on fermer les bars et les

cinémas de Strasbourg ? Faut-il multiplier les tests à Brest ? Reconfiner Paris ? L’observatoire

fournira des informations qui contribueront à mieux adapter la réponse sanitaire.

Supposons alors que, dans une région ou une ville, une tendance préoccupante se dessine.

Obépine pourra y faire un zoom. Ceci, en augmentant la fréquence des analyses et en

échantillonnant en amont des stations d’épuration. Ainsi, les chercheurs pourront mieux

cartographier les zones touchées et suivre au plus près la dynamique des infections.

À l’origine du projet, trois équipes de laboratoires qui ne semblaient pas destinés à collaborer :

le LCPME, le laboratoire d’Eau de Paris, et le Laboratoire microorganismes, génome et

environnement (LMGE)4 de Clermont-Ferrand. Au mois de mars, de façon indépendante,

chacune a proposé un projet d’analyse des eaux usées à Care5, la structure créée par le

gouvernement pour coordonner la recherche sur le SARS-CoV-2 au niveau national.

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Obépine contribuera à éclairer les pouvoirs publics dans leurs prises de décision

: doit-on fermer bars et cinémas de Strasbourg ? Faut-il multiplier les tests à

Brest ? Reconfiner Paris ?

Au vu de ces projets voisins, Care leur a répondu, en substance : « parlez-vous, mettez-vous

d’accord et faites-nous lundi une proposition commune. » C’était le vendredi 10 avril. Par

vidéoconférence, confinement oblige, les scientifiques ont harmonisé leurs approches et

méthodes. « Nous avons additionné nos projets de façon à avoir une couverture géographique

plus représentative. En un week-end, le projet était prêt », rapporte Jean-Luc Bailly, chercheur

au LMGE. Obépine était né, du moins sur le papier.

Trois autres laboratoires de Sorbonne Université (Laboratoire Jacques-Louis Lions, Centre de

Recherche Saint-Antoine, laboratoire Milieux environnementaux, transferts et interactions

dans les hydrosystèmes et les sols et l’Institut Carnot Smiles, ainsi que l’Institut de recherche

biomédicale des Armées ont aussi participé à l’élaboration du projet, financé dès son

démarrage par le Mesri, Sorbonne Université et le CNRS. L’Ifremer a rejoint Obépine pour la

surveillance du littoral.

La mission a été confirmée début juillet pour déployer le réseau dès l’automne 2020 en

concertation avec le ministère des Solidarités et de la Santé, le ministère de l’Intérieur et le

ministère de la Transition écologique. Les chercheurs espèrent que dans les deux ou trois mois

à venir, les protocoles d’échantillonnage, d’analyse, de traitement et de présentation des

données seront prêts. À temps, donc, pour affronter l’hiver et la résurgence de la Covid-19

qu’il pourrait nous apporter.

Tenir compte de la dilution par les eaux de pluie

Pour remplir sa mission, Obépine devra recevoir au moins deux échantillons par semaine des

stations d’épuration partenaires. En voici le parcours type : chaque station est dotée d’un

préleveur automatique qui, goutte à goutte, rassemble en 24h un demi-litre de liquide dans un

récipient réfrigéré. Celui-ci sera expédié vers l’un des laboratoires d’Obépine. Là, à l’aide de

filtres ou de centrifugeuses, les microorganismes présents dans l’échantillon seront concentrés.

Ce concentrat de virus subira alors un test

L'un des buts : savoir estimer le nombre de personnes infectées dans un secteur

précis en fonction de la concentration du virus dans les eaux usées. Ceci permettra non seulement de détecter la présence du SARS-CoV-2, mais aussi d’en

mesurer la concentration, exprimée en nombre de génomes par litre. Une fois ces résultats

centralisés, les chercheurs auront à traiter les données, opération plus complexe qu’il n’y

paraît. Par exemple, une pluie qui s’abattrait sur une ville pourrait diluer les eaux usées et donc

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abaisser la concentration du virus. Les chercheurs d’Obépine travaillent d’arrache-pied pour

affiner leurs méthodes d’analyse.

Deux chantiers sont en cours dans ce domaine. Le premier consiste à baisser le seuil de

détection du virus dans les eaux usées, qui tourne aujourd’hui autour de 400 ou 500 génomes

par litre. « Plus les seuils de détection seront bas, plus les alertes pourront être précoces »,

indique Jean-Luc Bailly.

Le second cherche à inférer le nombre de personnes infectées à partir de la concentration du

virus. Autrement dit, les chercheurs voudraient être capables de dire, par exemple : puisque la

concentration moyenne du virus est de x dans les eaux usées de tel endroit, alors on a entre

100 et 1 000 infections. « Ce serait là un beau projet pour quatre ans de recherches. Nous

voulons y parvenir en quelques mois », assure Yvon Maday.

Une « aquathèque » contre de futures épidémies

Viendra le jour où le SARS-CoV-2 ne nous effraiera plus comme aujourd’hui. Ce jour-là,

Obépine aura-t-elle perdu sa raison d’être ? Loin de là, si l’on en croit les chercheurs.

L’observatoire s’inscrit dans un champ de recherche émergent, celui de l’épidémiologie des

eaux usées. Un des hauts-faits de cette discipline au carrefour de la médecine et des sciences

de l’environnement concerne la lutte contre la polio.

« Le virus de la poliomyélite est aujourd’hui en phase d’éradication grâce à l’utilisation

massive du vaccin. Au cours de l’éradication, pour vérifier qu’un pays était exempt de

poliovirus, on utilisait souvent les eaux usées, une méthode utilisée depuis plus de trente ans,

explique Christophe Gantzer. C’est parce que ces approches étaient déjà connues que, très

rapidement, l’idée de l’adapter au coronavirus a émergé ».

Créer une "banque" d’échantillons, "archive" des eaux usées, permettrait de

déterminer le moment d'apparition d'un futur pathogène et de mieux comprendre

sa propagation. Les eaux usées en savent long sur de nombreux pathogènes qui nous guettent. Par exemple,

les laboratoires à l’origine d’Obépine étudient aussi dans les rejets des villes des virus comme

ceux de l’hépatite ou des gastroentérites, hors du cadre d’un projet de surveillance concret

comme celui sur le SARS-Cov-2 responsable du Covid-19. Mais nos rejets en savent tout

autant sur nos consommations, légales ou pas. Drogues et médicaments peuvent aussi être

dosés dans les eaux usées. Obépine, forte de ses 150 stations d’épuration, pourrait ainsi générer

un éventail unique de travaux épidémiologiques. Tout ce que l’on peut retrouver dans les eaux

usées pourrait ainsi être étudié sur de longues périodes et à l’échelle de la France.

L’une des propositions des chercheurs est de créer une banque d’eaux usées. Constituée

d’échantillons congelés recueillis au cours du temps, elle constituerait une archive historique

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unique à disposition des scientifiques. Elle permettrait de donner de la profondeur temporelle

à ces travaux épidémiologiques. Par exemple, si un nouveau pathogène venait nous menacer,

cette « aquathèque » permettrait de remonter le temps pour y déterminer le moment de son

apparition et mieux comprendre sa propagation. Une telle banque aurait rendu bien des

services pour étudier l’épidémie actuelle et modéliser son expansion.

Au-delà de la surveillance de la Covid-19, Obépine pourrait devenir une structure pérenne et

un outil de recherche unique au service de l’épidémiologie. La préparation à la prochaine crise

sanitaire passe aussi par là.

La bibliothèque idéale

Une BD se penche sur la pollution aux algues

vertes des plages bretonnes

La BD "Algues vertes", dessinée par Pierre Van Hove et scénarisée par la journaliste Inès Léraud.

Article de l’express du 04 juillet 2019

Dans Algues vertes, la journaliste Inès Léraud et le dessinateur Pierre Van Hove

enquêtent sur la scandaleuse pollution du littoral breton.

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Le journalisme d'investigation passe de plus en plus souvent par la case dessin et c'est tant

mieux ! La BD se révèle en effet un formidable moyen de rendre accessibles des sujets

d'actualité souvent complexes, comme en témoigne à nouveau cet album choc, choquant

même. Très factuel, didactique, dense, Algues vertes. L'Histoire interdite met sans

ménagement les pieds dans le plat nauséabond de la pollution des plages bretonnes à partir de

cas édifiants que le trait sobre de Pierre Van Hove met particulièrement bien en scène. Au

scénario, Inès Léraud décrit par le menu l'invasion et la décomposition de ces algues dont les

émanations représentent un danger mortel. Depuis la fin des années 1980, pas moins de 40

animaux et 3 hommes y ont succombé.

"En 2015, je me suis installée dans un hameau des Côtes-d'Armor, explique cette journaliste

de 38 ans. J'y ai fait la connaissance d'un habitant dont la petite fille avait développé une

kératite liée à l'hydrogène sulfuré dégagé par les algues. Ce dossier tabou m'a happée." Trois

ans durant, elle a enquêté sur le phénomène, directement lié à l'agriculture intensive et ses

objectifs de rentabilité insensés : "Une économie hégémonique, sans contre-pouvoirs, où règne

l'omerta", affirme-t-elle. Collaboratrice de l'émission Les Pieds sur terre, sur France Culture,

Inès Léraud produit d'abord une série documentaire de 22 épisodes intitulée Journal breton.

La Fabrique du silence. Puis la propose à La Revue dessinée, trimestriel lancé en 2013, qui

suggère Pierre Van Hove au crayon. Les deux font si bien la paire qu'un album plus étoffé

s'impose ensuite.

Effarantes révélations

"Travailler avec un micro et un magnétophone me convenait très bien, mais la BD permet

d'être plus exhaustif, de montrer par l'image les aspects économiques, scientifiques, historiques

d'un tel scandale. Après chaque mort, les autorités de la région refusaient de regarder le

problème en face, alors qu'on avait sous les yeux toutes les preuves des effets immédiats de

ces algues sur la santé." De la baie de Saint-Michel-en-Grève au centre antipoison de Rennes,

des échantillons négligés par les laboratoires aux corps enterrés sans être autopsiés, de la

lâcheté des politiques à la déontologie suspecte de certains scientifiques, Algues vertes charrie

son lot de révélations, toutes plus effarantes les unes que les autres.

"Le problème touche les deux pôles économiques importants en Bretagne que sont

l'agroalimentaire et le tourisme. Il ne faut pas les fragiliser, nous dit-on. D'où la volonté de

passer les témoignages sous silence. Mais les gens ont plein d'histoires inédites à raconter."

Pierre Van Hove les croque avec brio, moyennant un gros travail de reconstitution. "On lui

doit surtout cette trouvaille géniale de l'organigramme des lobbys bretons, qui apporte une

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touche d'humour, souligne Inès Léraud. C'est vraiment propre à la BD. Avec seulement un

crayon et du papier, elle permet les effets d'un film hollywoodien !" Prise de conscience

garantie.

Algues vertes. L'Histoire interdite, par Inès Léraud et Pierre Van Hove. La Revue

dessinée/Delcourt, 160 p., 18,95 €. La note de L'Express : 17/20

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Stress post-traumatique : Poignant

témoignage d’un pompier « en mille

morceaux »

La vie d’Éric Gouvernet a basculé un jour de mai

2017. Il publie un livre sur cette expérience en

espérant que cette « blessure » soit reconnue

comme maladie professionnelle et que les

pompiers soient préparés à cette confrontation

avec la mort dans leur formation.

Article de « Dis-leur », publié le 29 octobre 2020

Il y a pire que le confinement généralisé, le

confinement personnalisé. Seul avec soi-même. Le

Sétois Eric Gouvernet, 51 ans, en fait l’amère

expérience. Il est touché par un syndrome de stress

post-traumatique, comme peut l’être un soldat

blessé sur le front en Afghanistan. Il vit un état d’enfermement avec des symptômes invivables

permanents. Un supplice. Un pouls qui grimpe à 110 pulsations au repos, par exemple, un

stress qui se déclenche au moindre stimulus, l’absence de concentration, la pression sociétale

qu’il ressent de façon suraiguë, la simple vue des camions rouge d’intervention des pompiers

peut affoler tous ses récepteurs sensoriels…

« Une réanimation à une enfant qui n’était plus entière »

Le 22 mai 2017, il se retrouve seul à intervenir sur un « carreau » : une voiture et un camion

se percutent, cinq morts. Il tente de ranimer toute la famille, un par un. En vain. À chaque fois,

c’est le choc qui l’envahit comme l’impuissance à les sauver. (…) « Je faisais une réanimation

sur une enfant qui n’était plus entière (…) », rapporte-t-il dans le livre puissant qu’il vient de

publier (1). C’est l’effroi. Pourtant, Eric Gouvernet est un pompier aguerri. Expérimenté. Du

cuir dont on fait les héros. Commando parachutiste de l’air, plongeur puis pompier spécialisé

dans les milieux périlleux, spécialisé dans le risque chimique, sauveteur en eau vive… Par

ailleurs, bénévole sur le canot de sauvetage SNSM… Mais celui qui fait sienne la devise

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« Sauver ou périr », est touché en plein Cœur par ce drame inouï. Celui qui se disait prêt,

comme tous les pompiers au « don de soi, l’altruisme et l’engagement auprès des populations,

au prix du sacrifice ultime, peut-être » est mort en partie ce jour-là.

« Il a fallu que je m’éloigne de Sète après ce qui m’est arrivé, confie-t-il. Je suis installé en

Ardèche, au calme. Ce ne sont pas des vacances. Là-bas, j’essaie de refaire un peu de sport et

de me reconnecter à la vie », dit-il comme une urgence vitale. Ce qui lui est arrivé, c’est un

stress post-traumatique, une blessure immarcescible qui peine à se refermer, comme l’explique

le psychiatre-psychanalyste Boris Cyrulnik, qui médiatisa le concept de résilience. Méditation,

suivi psychothérapeutique et féru d’une technique japonaise, le kintsugi, qui s’applique à

recoller les objets en céramique (réparer…) deviennent son quotidien…

Je suis en mille morceaux, comme un puzzle éclaté. J’ai les mêmes symptômes que ce couple

de Montpelliérains qui se fait soigner au CHU, comme moi, après avoir vécu la scène du

Bataclan »

Il y a pire qu’une attaque terroriste à Nice de ce jeudi, vivre et revivre avec ce traumatisme

toute sa vie. Tous les témoins, les secours en tête vous le diront. Eric Gouvernet est en accident

du travail depuis trois ans. « Je suis davantage que confiné, formule le pompier. Je suis en

mille morceaux, comme un puzzle éclaté. J’ai les mêmes symptômes que ce couple de

Montpelliérains qui se fait soigner au CHU, comme moi, après avoir vécu la scène du Bataclan.

On a tous les mêmes symptômes, pas la même histoire. »

Réparer… recoller…

Un peu plus loin dans le livre, il détaille une culpabilité incommensurable : « Je reste là à les

regarder un long moment, puis je leur demande « pardon », le suis tellement « désolé », chaque

vie a glissé entre mes doigts sans que je ne puisse les retenir. Je n’ai servi à rien malgré toute

mon expérience. J’étais impuissant. Pour la première fois, j’explose en sanglots et je me

retrouve en larmes dans mon lit. »

Comme s’il était cantonné « derrière une baie vitrée, spectateur de la vie ces autres » …

Son quotidien ? « Mon but est de reprendre contact avec la vie », dit Eric Gouvernet, qui est

en accident de travail. « Tous les deux mois je vais au CHU rencontrer de spécialistes ; pour

l’instant, la reprise du travail n’est pas à l’ordre du jour ». Le choc post-traumatique n’est pas

reconnu comme maladie professionnelle. Pas encore. Toute sa vie de pompier a été bombardée

de grands et de « petits stress, l’agressivité des gens, les problèmes en tous genres, la lourdeur

de l’administration, etc. » Tout fait stress. Le dernier l’a envahi.

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Les secouristes peuvent se croire invincibles. « Ce qui m’a profondément blessé », confie-t-il

encore, c’est mon efficacité zéro dans ce drame. Ce n’est pas du Burn out ou de la dépression.

Pas du tout. J’ai le sentiment de flotter à côté de moi, comme si j’étais arraché à mon corps. »

Il n’est évidemment pas « fada » mais il vit également une « anesthésie émotionnelle », comme

s’il était cantonné « derrière une baie vitrée, spectateur de la vie ces autres » …

En tête des ventes sur Amazon

Ce livre, explique encore Eric Gouvernet « n’a pas vocation à être un guide ou une référence.

C’est seulement le partage sincère d’une vie qui a basculé (…) La formation de pompier ne le

préparer pas à vivre des choses très fortes, à la mort violente. Au-delà de ce témoignage, ce

livre s’adresse à tous les services d’urgence pompiers, policiers, infirmiers, médecins… » Il

souhaite évidemment que ce syndrome post-traumatique soit reconnu comme maladie

professionnelle.

« C’est quelque chose de relativement nouveau… Et puis le monde des pompiers est un peu

macho… Il faut remettre de l’humanité dans tout ça… » Il ajoute : « Trois jours après le

lancement, le livre est en tête des ventes sur Amazon. Mon objectif est déjà atteint… »

• Aux États-Unis, on estime que ce syndrome touche 6,8 % de la population générale. 30 % des vétérans de la guerre du Vietnam en sont atteints et 12 % des

vétérans de la guerre du Golfe (source National Center for PTSD). En population générale, la prévalence sur une vie entière du stress post-traumatique a été

estimée à 5 à 6 % chez les hommes et 10-14 % chez les femmes aux USA tandis qu’elle était estimée à 1 à 3 % en Europe.

• Une enquête a été faite en Chine en mars dernier. Selon laquelle on sait que 35% des répondants ont présenté un stress psychologique modéré. Et il y en a

5,14% qui présentent un stress psychologique sévère. Et qui sont les plus exposés ? Les femmes ont présenté un plus haut niveau de détresse. Sinon, parmi les

plus touchés : les individus entre 18 et 30 ans, et les plus de 60 ans. Les travailleurs migrants ont également été très affectés. Et le niveau de stress est plus élevé dans les foyers de l’épidémie : en France, on pourrait imaginer un effet similaire dans les zones les plus touchées, par exemple à Mulhouse.

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