les conseils de quartier du 10e - fluctuat nec...
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Fluctuat nec mergitur
Stratégie de résilience de Paris
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Stratégie de résilience de Paris
Table des matières
Table des matières 2
Introduction 3
La résilience urbaine 4
Le réseau des 100 Villes Résilientes 6
Elaboration de la stratégie 8
Paris en chiffres 10
La résilience de Paris à travers l’histoire 12
Enjeux Prioritaires 14
Inégalités sociales, économiques, territoriales et cohésion sociale 16 Le risque terroriste et le contexte sécuritaire 18
Le dérèglement climatique 20
La pollution de l’air 22
La Seine et les risques liés au fleuve 24
La gouvernance territoriale 26
Vision 28
Paris s’adapte aux défis du XXIè siècle 30
Paris, ville résiliente 32
Pilier 1 35
Objectif A. Préparer petits et grands à faire face aux crises majeures et aux difficultés du quotidien
Objectif B. Créer les conditions de la bienveillance entre voisins et de l’inclusion à l’échelle des
quartiers
Objectif C. Permettre aux habitants de façonner ensemble la ville de demain
Pilier 2 43
Objectif A. Anticiper les risques et adapter les infrastructures
Objectif B. Concevoir des infrastructures vectrices de multiples bénéfices
Objectif C. Promouvoir un urbanisme résilient dans une ville dense
Pilier 3 53
Objectif A. Mobiliser l’intelligence et les ressources collectives
Objectif B. Assurer la continuité du service public et la résilience de l’administration
Objectif C. Coopérer avec les autres territoires pour engager les transitions
Conclusion 62
Liste des acronymes 63
3Introduction
Stratégie de résilience de Paris
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Face aux nombreux défis du XXIème siècle, à la cri-se du modèle économique, aux multiples fractures sociales, économiques, territoriales, culturelles, communautaires, confrontés au retour de la men-ace terroriste, aux tensions géopolitiques mondiales et à l’augmentation prévisible des flux migratoires, mais aussi face au saut dans l’inconnu que représen-tent le dérèglement climatique et la raréfaction des ressources pour nos sociétés, la pertinence de l’ap-proche résiliente semble aujourd’hui indispensable. Celle-ci n’est pas issue d’un effet de mode, elle re-devient évidente quand l’avenir est incertain. Les villes sont aux premières loges de ces dérèglements, et le premier rempart face aux crises.
La résilience urbaine s’attelle à la recherche de solu-tions tant efficaces que pragmatiques. Elle vise à préparer le territoire à faire face à des chocs ou des stress identifiés, mais aussi à l’imprévisible. Il s’agit de faire évoluer le fonctionnement global de l’éco-système urbain pour le rendre plus souple et adapt-able aux évolutions et aux aléas. Son approche sys-témique et opérationnelle renouvelle la manière de fabriquer la cité à un moment charnière où la part de la population urbaine mondiale atteindra 70% en 2050.
La résilience urbaine
Pour cela, sept caractéristiques permettent de dé-signer un système résilient :
Inclusif basé sur une large consultation et implication des parties prenantes
La résilience urbaine est la capacité des per-sonnes, communautés, institutions, entre-prises et systèmes au sein d’une ville à sur-vivre, s’adapter et se développer quels que soient les types de stress chroniques et de crises aiguës qu’ils subissent.
Intégré pensé pour que les flux et les infra-structures travaillent ensemble pour produire des bénéfices multiples
Réfléchi capable d’apprendre des chocs et des perturbations pour se renforcer
Ingénieux prévoit la ré-allocation des res-sources
Robuste conçu pour limiter la propagation des défaillances et dommages éventuels en cas de choc ou de
perturbation
Redondant intègre une surcapacité pour s’adapter à des conditions extrêmes ou à un événement externe imprévu
Flexible adopte des stratégies alternatives en fonction des conditions
5
La résilience urbaine
La résilience urbaine
La résilience urbaine concerne la totalité des do-maines du développement territorial, de la gouvern-ance aux infrastructures naturelles et construites, en passant par le bien-être de la population et les ques-
tions économiques et sociales. Le schéma ci-des-sous montre l’ensemble des thématiques abordées par le cadre d’analyse de la résilience utilisé pour élaborer cette stratégie.
Stratégie de résilience de Paris
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Le réseau des 100 Villes Résilientes (100 RESILIENT CITIES - 100RC) a été créé par la Fondation Rockefeller en 2013 pour aider les villes du monde à devenir plus résilientes face aux grands chocs et aux stress qu’elles affrontent au quotidien. L’objectif à long terme est une révolution à grande échelle dans la façon dont les villes évaluent les risques et se développent. Dans le cadre de ce programme, les villes sont accompagnées à chaque étape : soutien financier qui permet notamment le recrutement d’un Haut Responsable de la Résilience, mise à disposition de compétences techniques, soutien méthodologique et organisation d’ateliers, mise en réseau des différentes villes et des partenaires privés membres de la plateforme, etc.
Le réseau des 100 Villes Résilientes
Accra
Addis Ababa
Amman
Athens
Atlanta
Bangkok
Barcelona
Belfast
Belgrade
Bengaluru
Berkeley
Boston
Boulder
Bristol
Buenos Aires
Byblos
Calgary
Cali
Can Tho
Cape Town
Chennai
Chicago
Christchurch
Colima
Da Nang
Dakar
Dallas
Deyang
Durban
El Paso
Glasgow
Greater
Manchester
Greater Miami and the Beaches
Guadalajara (Metro)
Haiyan
Honolulu
Huangshi
Jaipur
Jakarta
Juárez
Kigali
Kyoto
Lagos
Lisbon
London
Los Angeles
los Caballeros
Louisville
Luxor
Mandalay
Medellin
Melaka
Melbourne
Metropolitan
Mexico City
Milan
Minneapolis
Montevideo
Montreal
Nairobi
Nashville
New Orleans
New York City
Norfork
Oakland
Panama City
Paris
Paynesville
Pittsburgh
Porto Alegre
Pune
Quito
Ramallah
Region
Rio de Janeiro
Rome
Rotterdam
Salvador
San Francisco
San Juan
Santa Fe
Santiago de
Santiago,
Seattle
Semarang
Seoul
7
Le réseau des 100 Villes Résilientes
Le réseau des 100 Villes Résilientes
Singapore
St. Louis
Surat
Sydney
Tbilisi
Tel Aviv
The Hague
Thessaloniki
Toronto
Toyama
Tulsa
Vejle
Washington DC
Wellington City
Yiwu
Inégalités sociales, économiques, territoriales et cohésion sociale
La pollution de l’air
La Seine et les risques liés au fleuve
Le risque terroriste et le contexte sécuritaire
La gouvernance territoriale
Le dérèglement climatique
Elaboration de la stratégie
Novembre 2015 : Recrutement d’un Haut Responsable de la Résilience.
Stratégie de résilience de Paris
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Phase 1Avril 2016 : Ateliers de lancement du programme avec plus de cent représentants des directions municipales, acteurs économiques, associatifs, académiques et citoyens, avec pour objectifs de définir la résilience urbaine, d’identifier et hiérarchiser les chocs et stress actuels et potentiels, et la capacité du territoire à y faire face.
Octobre 2016 : Publication de l’ état des lieux de la résilience du territoire, suite à la consultation de plus de 800 parties prenantes, à la compilation de nombreuses études et données disponibles.
6 enjeux majeurs sont identifiés :
Nuage de mots caractérisant la résilience pour les participants aux ateliers d’avril 2016.
Phase 2Octobre 2016-Mai 2017 : Nouvelle mobilisation d’un grand nombre d’acteurs pour élaborer des réponses à ces enjeux, et conduite de nouvelles études spécifiques :
8 ateliers
• L’innovation sociale au service de la résilience• L’école et la résilience• Crue centennale : « (re)construire mieux »• Global Resilience Academy sur le projet urbain de Saint-Vincent-de-Paul
• Citoyens préparés et solidaires face aux risques
• La résilience du système alimentaire• Métropole et résilience• Retours d’expérience : la gestion des attentats de novembre 2015 et de la crue de juin 2016
9 études
• La résilience de Paris : état des lieux et préconisations multi-bénéfices pour l’espace public (ENPC/AgroParisTech)
• Les multiples bénéfices de l’installation d’espaces de co-working pour réduire les déplacements dans les métropoles (New York University)
• La réduction de la circulation routière et ses bénéfices (AECOM)
• Adapter le projet urbain aux enjeux migratoires (IRC)
• Construire une stratégie de résilience à l’échelle métropolitaine (Sciences Po/MGP)
• Identifier, hiérarchiser et cartographier le potentiel des zones d’expansion de crue et des zones humides à l’échelle du bassin versant (Amec FW/EPTB)
• Benchmark des bonnes pratiques de “build back better” (UPEM/Tulane University de la Nouvelle Orléans)
• Etude interne sur la mobilisation transversale pour améliorer la qualité de l’air
• Solutions techniques innovantes et leviers réglementaires contre l’effet d’îlot de chaleur urbain et la pollution de l’air (UPEM/EIVP)
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Juin-Septembre 2017 : Rédaction de la stratégie.
4 Octobre 2017 : Présentation de la stratégie de résilience.
25 Septembre 2017 : Vote de la stratégie de résilience.
Phase 3Mise en œuvre et suivi des actions de la stratégie.
Stratégie de résilience de Paris
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Région Ile-de-France
Paris en chiffres
Paris
31MD’arrivées hôtelières en 2016
Métropole du Grand Paris
1er Janvier 2016 Création de la MGP
131 Communes
12 Territoires
23MDe déplacements quotidiens au sein de la MGP
84%Communes avec au moins 3 arrêtés de catastrophe naturelle liés aux inondations depuis 1982
49%De terres agricoles
205kmDe lignes de métro
587km de lignes RER
1.2Mds voyages/an sur 13 lignes de trains régionaux et RER
10 200Décès évitables par an dans un scénario sans pollution atmosphérique
30%Part de la région dans le PIB national
-1,3Mds¤Recul de la consommation touristique 2015-2016
99% Population soumis à un effet moyen à fort d’îlot de chaleur urbain
70ports répartis sur 500 km de voies navigables
11
Paris en chiffres
Paris en chiffres
Population
Variation annuelle moyenne de la population 2008-2013
Habitants/km2 (2014)
Plus de 65 ans (2014)
Chômage
Chômage chez les 15-24 ans (2016)
Nombre d’emplois (2014)
Nombre de logements en zone inondable (crue centennale)
Paris
2,2M
+0,2%
21 000
350 000
7,4% (1er trim. 2017)
12%
1,8M
107 700
Métropole du Grand Paris
7M
+0,4%
8 600
982 000
13,5% (2014)
-
4,1M
336 850
Région Ile-de-France
12M
+0,5%
1 000
1,67M
8,3% (1er trim. 2017)
17,9%
5,7M
435 000
Dans la Lutèce antique, le Pilier des Nautes montre la précocité urbanistique de la cité et consacre la cohésion sociale et religieuse, propice au développement de la ville et du commerce.
Sièges répétés
Le blason de la ville fait allusion à l’eau qui apportait la richesse mais aussi des risques répétés.
Série de crues exceptionnelles, l’Académie des Sciences mandate l’hydrologue Philippe Buache pour surveiller et mesurer l’avancée des crues...
... Ces mesures donnent lieu à une carte des parties inondées.
Naissance de Paris
-8000
V a g u e s d’épidémies meurtrières
La solidarité et la charité aident à faire face aux coûts immenses de la gestion des malades.
XVIIIeIe IIIe Xe XIXeSiècle :
1740
0 JC
L’agriculture à Paris
En 1845 :
• 1 400 hectares cultivés dans Paris-intramuros soit 12% de sa surface
• 10 000 employés agricoles
La résilience de Paris à travers l’histoireStratégie de résilience de Paris
Remerciements à Alain Beltran.
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De multiples grands incendies
En 1878, l’assureur Urbaine-Incendie propose un tarif pour encourager la modernisation des systèmes de gaz et d’éclairage. Les assureurs s’appuient sur les pouvoirs publics pour l’électrification des grands théâtres grâce à des primes incitatives.
L’espace public du Paris occupé est réquisitionné par les parisiens pour y faire pousser des légumes.
Les attentats du 13 novembre 2015
Les parisiens se réapproprient leur devise, Fluctuat Nec Mergitur, comme symbole de leur résilience.
Tradition maraîchère
Plus de 5% de la surface de la capitale soit 600 hectares sont encore dédiés au maraîchage dans les années 1930-1940.
XXIèXXe
2015
1914— 1918
1853— 1870
1939— 1945
1878
© P
ho
tog
rap
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s C
yri
lle W
ein
er,
octo
bre
20
16
L ’ u r b a n i s m e haussmannien, fondé sur la flexibilité et la réversibilité, contribue à la résilience des infrastructures, 600 km d’égouts, 175 km de voirie, mais ne prend pas suffisamment en compte les conséquences sociales de la transformation.
La résilience de Paris à travers l’histoire
13
1910
Face à la Grande crue 20 000 immeubles et 200 000 personnes touchés. Sans solutions techniques, il ne reste aux parisiens que l’entraide et la solidarité. Mais, l’ « inondation du dévouement » s’est faite au détriment de la banlieue, alors sous les eaux.
Stratégie de résilience de Paris
14
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Enjeux Prioritaires
Stratégie de résilience de Paris
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Inégalités sociales, économiques, territoriales et cohésion sociale
Dans l’agglomération parisienne, les inégalités persistent. Les inégalités sociales ont changé de forme et de visages : la précarité ne touche plus uniquement les personnes isolées, en errance, elle affecte désormais les familles, les travailleurs pauvres et les migrants, qui font face à des barrières d’intégration supplémentaires. Cette précarisation a notamment des impacts en termes de mal logement (précarité énergétique, habitat indigne) et de difficultés d’accès au logement (près de 2200 familles étaient privées de logement en 2016 à Paris ), dans un contexte de gentrification et de spéculation immobilière. Par ailleurs, la pauvreté des enfants concerne 22% d’entre eux, et leur intérêt constitue donc une priorité pour un avenir plus résilient
Les inégalités de santé restent fortes : la géographie de la vulnérabilité aux risques se superpose souvent à celle de l’exclusion sociale.
Hommes et femmes ne grandissent pas de la même manière: leurs déplacements, leur emploi et leur quotidien répondent à un système d’opportunités et de contraintes qui produit et renforce des inégalités profondes.
À l’horizon 2030, 24% de la population aura 60 ans ou plus si les tendances démographiques observées entre 1999 et 2007 se poursuivent, et 10% des Parisiens auront 75 ans ou plus - ils étaient 7 % en 2007. En 2008, 15 % de la population francilienne était concernée par une forme de handicap, qu’il soit identifié, ressenti ou reconnu - 7 % font l’objet d’une reconnaissance administrative du handicap.
A l’heure où près d’une centaine de migrant.e.s arrivent chaque jour à Paris, depuis octobre 2015, fuyant les urgences géopolitiques, climatiques, et les conflits qu’elles engendrent, Paris doit aussi affirmer son statut de ville accueillante à l’échelle européenne et mondiale, et veiller à la résilience de ses citoyens les plus fragiles.
Revenus annuels moyens en 2012 à Paris
Personnes sans domicile fixe dans l’agglomération
20%
Non recours aux soins dans certains arrondissements en 2015
+84% en 15 ans
10% des plus riches
10% des plus pauvres
17
Les îlots de pauvreté se concentrent dans les quartiers périphériques, surtout dans le nord et le nord-est parisien. Et le boulevard périphérique reste une frontière physique et symbolique forte entre la capitale et le reste de la métropole, marquant le paysage de ces inégalités spatiales, d’accès aux services publics, à la culture, à l’emploi, etc. Les tensions interculturelles et le contexte sécuritaire s’ajoutent aux menaces que ces inégalités font peser sur la cohésion sociale.
Les phénomènes d’exclusion sociale fragilisent la résilience du territoire en tant qu’écosystème humain, et le délitement du tissu social produit un essoufflement démocratique, et une pression croissante sur les ressources. L’inclusion sociale et la lutte contre les inégalités sont donc les réponses prioritaires que Paris choisit face aux défis du XXIème siècle, y compris dans les objectifs de résilience climatique.
Stratégie de résilience de Paris
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Le risque terroriste et le contexte sécuritaire
La menace terroriste appelle dans une vision résiliente un large panel d’actions et une gouvernance multi-acteurs qui sache s’affranchir de l’émotion et impliquer les habitants.
Le terrorisme a un impact psychologique profond. Il constitue aujourd’hui l’un des risques majeurs ressentis par les parisiens.
Les événements décrits dans le schéma ci-dessus ont marqué Paris et ses habitants de façon durable et chaque nouvel attentat dans d’autres villes, à Nice, Bruxelles, Berlin, Londres ou Barcelone, vient raviver le souvenir douloureux des attentats de Paris et remettre au premier plan le risque terroriste. La formidable résilience des parisiens face à ces attaques s’est illustrée par les messages de paix et de solidarité qui ont suivi les attentats. Paris, ville de tourisme, a également vu ses commerçants et hôteliers souffrir de ces événements: en Ile-de-France, on comptait: - 22% en décembre 2015 par rapport à décembre 2014 pour les arrivées hôtelières internationales. L’impact économique immédiat a vu le secteur démontrer sa capacité de résilience dans les mois qui ont suivi, avec le soutien des autorités locales et nationales. Enfin, les actions déployées pour renforcer la sécurité des lieux et espaces publics étaient nécessaires et attendues de
la population. L’optimisation et l’amélioration des dispositifs d’alerte, de gestion de crise, d’urgence médicale et d’assistance psychologique en cas d’attaque terroriste sont des priorités sans cesse renouvelées par le gouvernement, les associations de victimes, etc. et alimentées par les retours d’expérience nationaux et internationaux de villes faisant face à des menaces similaires.
Néanmoins, il n’existe aucune solution technique infaillible à ce risque, et la protection des occupants d’un lieu relève avant tout de bons réflexes comportementaux. La résilience permet ainsi de dépasser les lectures sécuritaires pour affirmer la nécessité d’un apaisement de la société, de moins d’inégalités et de perspectives offertes à tous. En effet, le principal risque relève du potentiel délitement de la cohésion sociale, ayant souvent comme corollaire des tensions interculturelles et interreligieuses. C’est pourquoi la stratégie de résilience de Paris se concentre sur le renforcement du lien social et de la solidarité micro-locale et place l’enfance et l’apprentissage de la citoyenneté dès le plus jeune âge au coeur des priorités.
Le bien-être, la santé mentale et la résilience individuelle doivent être des moteurs de résilience collective.
12 personnes sont assassinées dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo.
7 janvier 2015
4 personnes sont tuées lors d’une prise d’otages dans un Hyper Cacher situé porte de Vincennes. Le preneur d’otage avait tué une policière municipale la veille dans la ville de Montrouge.
9 janvier 2015
Une série de sept attaques débute à Paris et en Seine Saint-Denis, provoquant la mort de 130 personnes et faisant plus de 400 blessés, dont 99 graves. La tuerie est revendiquée par l’Etat Islamique. Sept assaillants sont tués pendant l’attaque terroriste la plus grave que la France aie connue depuis la seconde guerre mondiale.
13 novembre 2015
Un homme tue un policier sur les C h a m p s - É l y s é e s en tirant sur un fourgon de police. L’Etat Islamique revendique l’attaque
20 avril 2017
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Stratégie de résilience de Paris
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Le dérèglement climatique
Paris devrait voir sa température moyenne augmenter de 2 à 4 °C dans les prochaines décennies. Cela entraîne une série de risques que la capitale se prépare à affronter : canicules, sécheresses, orages violents, crues, ou encore tension sur la ressource en eau, etc.
Pour la première fois en 2017, le plan canicule a été déclenché en juin, pendant le temps scolaire, et ce type d’événement est amené à augmenter en fréquence, en durée et en intensité. Quelques semaines plus tard, un épisode exceptionnel de pluie a entraîné de nombreux dégâts et la fermeture temporaire de plusieurs stations de métro. Il est tombé en 1h près de 50 mm de pluie ce qui est inédit depuis l’apparition des stations de mesures de Météo France. Ce type d’épisode pluvieux violent et localisé se répand actuellement au travers du globe. L’adaptation des infrastructures à ces évolutions est donc indispensable.
Le dérèglement climatique a donc déjà des effets tangibles à Paris et il est essentielde lutter contre ses effets à court, moyen et long termes: l’effet d’îlot de chaleur urbain, la fragilité des infrastructures, réseaux et services urbains face aux événements extrêmes, les impacts de la chaleur sur l’environnement et en particulier la pollution de l’air, les impacts violents des orages et tempêtes, les effets des sécheresses extrêmes et de la raréfaction de la ressource en eau sur le long terme, etc. Dans ce contexte, les populations les plus vulnérables sont prioritaires: les enfants, les personnes âgées, les personnes à la rue. Alors que la canicule de 2003 avait provoqué un excès de mortalité estimé à 15 000 personnes en France, dont près de 1100 à Paris, et malgré les nombreux efforts des autorités, la canicule de juin 2017 a causé 580 décès supplémentaires. Les politiques publiques mises en oeuvre ont fait preuve d’une certaine efficacité mais sont questionnées sur leur efficience face à un phénomène appelé à devenir plus fréquent et plus prononcé. C’est pourquoi la lutte contre l’exclusion et celle contre le dérèglement climatique sont intrinsèquement liées, et que la solidarité est une priorité pour la résilience du territoire.
“Ce sont les enfants d'aujourd'hui, ceux des cours d'école, qui pourraient subir des étés à 50°C” Jean Jouzel, Climatologue
Température moyenne dans les prochaines prochaines
décennies à Paris
Récents niveaux de précipitations à Paris
Juin 2017
Année 2016=
+2 à 4°C
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Stratégie de résilience de Paris
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La pollution de l’air
La pollution de l’air constitue aujourd’hui le premier stress sanitaire pour les Parisien.ne.s, équivalent à l’alcool ou au tabac. 70% des Parisien.ne.s sont exposés à un air de mauvaise qualité, malgré une amélioration progressive au cours de la dernière décennie (AirParif, 2015).
Les conséquences sur la santé et le bien-être des parisiens sont multiples, complexes et graves. Les effets immédiats des pics de pollutions peuvent inclure des irritations oculaires ou des voies respiratoires, des crises d’asthme, une exacerbation de troubles cardio-vasculaires et respiratoires pouvant conduire à une hospitalisation, et dans les cas les plus graves au décès. Les effets à long terme dus à une exposition répétée ou continue tout au long de la vie entraînent l’aggravation de maladies telles que des cancers (Organisation Mondiale de la santé, 2013), pathologies cardiovasculaires et respiratoires, troubles neurologiques ou du développement.
Les coûts économiques de la pollution de l’air sont sous-estimés car les impacts sanitaires ne sont pas encore parfaitement connus. Au-delà de ces effets, elle engendre de nombreux coûts pour la collectivité (entretien du bâti, surveillance, recherche, adaptation), des pertes économiques liées à l’absentéisme et à la perte de productivité, et des dommages environnementaux (biodiversité) difficilement réversibles, encore peu étudiés et rarement monétisés.
A Paris, la pollution de l’air est principalement causée par le trafic routier et le chauffage urbain du secteur résidentiel et tertiaire. Le trafic routier est responsable de près des deux tiers des émissions d’oxydes d’azote (NOx) et de plus de la moitié des émissions de particules PM10 et PM2,5. Le secteur résidentiel et tertiaire est quant à lui la principale source d’émission des gaz à effets de serre (GES), principaux responsables du dérèglement climatique, de dioxyde de souffre (SO2) et contribue aux émissions de polluants atmosphériques NOx et particules fines. L’agglomération est traversée par le plus grand hub autoroutier d’Europe : le
boulevard périphérique vers lequel convergent pas moins de 9 autoroutes et voies rapides est à moins de 4 km du cœur de Paris. Avec plus d’un million d’utilisateurs chaque jour et près de 40 % du trafic routier parisien, il constitue l’infrastructure la plus polluante d’Ile-de-France et contribue à lui seul à 37% des émissions d’oxyde d’azote (NOx) et 35 % des émissions de particules fines (PM10).
La pollution de l’air chaque année
décès prématurés dans la MGP
6 500cause...
par an au système de santé à Paris
100M¤coûte...
Proximité des Parisien.ne.s aux grands axes routiers
75m
30%
des parisiens à un air de mauvaise qualité (AirParif, 2015)
70%expose...
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La pollution de l’air
Si l’attention médiatique focalise souvent sur les pics ponctuels de pollution, l’impact sanitaire relève avant tout de l’exposition chronique. Les habitants de la métropole sont exposés à la mauvaise qualité de l’air qu’ils respirent, et certains sont plus vulnérables encore (personnes âgées, présentant des pathologies
respiratoires et/ou cardiovasculaires, enfants). L’amélioration de la qualité de l’air est donc un enjeu majeur de santé et de résilience. La construction d’un projet métropolitain résilient passe par l’amélioration de la qualité de l’air et la reconquête des espaces urbains occupés par le trafic routier.
Stratégie de résilience de Paris
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La Seine et les risques liés au fleuve
A Paris, les effets du dérèglement climatique sur le bassin de la Seine sont déjà tangibles: le territoire parisien a connu une crue exceptionnelle et inédite en juin 2016, et une période d’étiage tout aussi extrême et prématurée dans la même saison l’année suivante. Aussi, la Seine a rapidement été identifiée comme l’un des principaux enjeux de résilience pour la capitale.
Le risque d’une inondation majeure équivalente ou supérieure à celle de 1910 constitue l’un des principaux chocs auxquels Paris doit se préparer. Avec l’urbanisation massive du lit de la Seine et la multiplication des réseaux et services urbains critiques sans prise en compte suffisante du risque, c’est l’ensemble du fonctionnement du territoire, ainsi que la capacité à assurer les services publics qui seront impactés. La crue de juin 2016 a rappelé à tous la réalité de ce risque, en soulignant certaines vulnérabilités techniques et organisationnelles du territoire.
Le risque d’étiage de la Seine et de raréfaction de la ressource en eau constitue lui aussi un défi climatique majeur des prochaines décennies. Les phénomènes de sécheresses aggravées posent le problème de l’alimentation de Paris et de sa région, d’abord en eau potable: l’approvisionnement de la capitale provient pour 55% des eaux souterraines et 45% des eaux de surfaces (Seine et Marne) en 2016, mais aussi pour l’agriculture, l’industrie ou encore l’activité fluviale. Il est redouté une diminution du débit de la Seine et de ses affluents d’environ 30 % d’ici 2080.
Pertes directes en capital public et privé (OCDE)
30Mds¤
60Mds¤Pertes directes d’activité économique (OCDE)
430,000Emplois directement menacés par une crue centennale (OCDE)
60%des zones inondables du lit de la Seine sont bâties
-30%Diminution du débit de la Seine et de ses affluents d’ici 2080
Impacts potentiels d'une crue centennale
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Améliorer la qualité des eaux naturelles est également prioritaire, pour la protection de la ressource en eau, notamment en eau potable, de la biodiversité, et dans la perspective d’un usage renforcé de l’eau pour rafraîchir la ville en cas de chaleur, par exemple par la baignade.
La capacité à faire face à ces risques multiples dépend de la prise en compte de l’ensemble de ces interdépendances au niveau du bassin versant de la Seine et pas uniquement de la Ville de Paris. Une forte coopération entre les organisations et les territoires est donc nécessaire pour prévenir et gérer ce risque.
Stratégie de résilience de Paris
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La gouvernance territoriale
L’enjeu de la gouvernance urbaine est essentiel car, pour répondre à chacun des enjeux précédemment cités, il faut aller au-delà des frontières administratives de Paris, des mécanismes qui régissent les organisations et des clivages qui séparent les territoires. La résilience impose la mobilisation des acteurs, des ressources et des idées, l’adaptation des organisations et, enfin, la coopération entre les territoires qui sont de plus en plus interdépendants.
Le rapport entre la ville et les citoyens, sa capacité à innover, expérimenter, travailler davantage avec les acteurs privés en amont de la définition de ses projets, est un enjeu prioritaire pour explorer les ressources nécessaires à la résilience du territoire, dans toutes ses composantes.
L’organisation interne d’une ville doit nécessairement s’adapter aux évolutions de son territoire, pour garantir la qualité et la continuité du service public malgré les perturbations. La Ville de Paris, affectée par les risques exogènes et endogènes, doit sans cesse améliorer ses réponses aux crises, aux risques quotidiens et ainsi engager chacun de ses agents à apprendre, se former, et innover.
Paris compte 2,2 millions d’habitant.e.s au coeur d’une région de 10,5 millions. La Métropole du Grand Paris, qui en regroupe 7 millions, a été créée en 2016. Aujourd’hui, elle a pour compétences principales le développement économique, social et culturel, l’aménagement urbain d’échelle métropolitaine, la politique de l’habitat et de l’hébergement et, enfin, la protection de l’environnement et la politique du cadre de vie. Dans ce contexte, l’élaboration d’une vision et de solutions communes de résilience entre les différentes échelles de territoire (arrondissements, Ville, Métropole, Régions, Etat, syndicats mixtes, etc.) est indispensable.
Plus généralement, Paris dépend des territoires qui l’entourent bien au-delà de l’agglomération, dans les collectivités rurales avec qui elle échange au quotidien : alimentation, mobilité, emploi, sont autant de connexions qui font de la coopération entre les territoires interdépendants un enjeu de résilience urbaine.
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L’ensemble des enjeux sélectionnés ne constituent pas une liste exhaustive des crises et des stress chroniques auxquels Paris est ou peut être confronté. Les risques liés aux technologies disruptives mais aussi au nucléaire, à une pandémie ou des épidémies, un choc financier, pétrolier, des grèves massives, des blocus routiers, etc. existent également. In fine, la résilience consiste à se préparer à faire face à l’imprévisible, à n’importe quel type de crise.
Stratégie de résilience de Paris
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Vision
“Paris s’appuie sur ses habitants, adapte ses
infrastructures, mobilise l’intelligence collective et les
territoires qui l’entourent pour transformer les défis du
siècle en opportunités ”
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“Paris s’appuie sur ses habitants, adapte ses
infrastructures, mobilise l’intelligence collective et les
territoires qui l’entourent pour transformer les défis du
siècle en opportunités ”
Paris s’adapte aux défis du XXIè siècle
La Ville de Paris mène de front plusieurs démarches pour répondre aux enjeux prioritaires. De nombreuses politiques publiques transversales ont été élaborées pour lutter contre le changement climatique et adapter la ville aux évolutions du climat, améliorer la qualité environnementale de Paris et la mobilité, favoriser la biodiversité à Paris, contribuer à l’épanouissement de tous par la participation citoyenne, renforcer la cohésion sociale et la solidarité entre les territoires et entre les générations, favoriser des modes de production et de consommation responsables et soutenir l’économie circulaire.
La stratégie de résilience s’appuie sur ces dynamiques et particulièrement sur celle initiée par la stratégie d’adaptation au changement climatique, votée en décembre 2015 et inaugurant la démarche de Paris pour la résilience urbaine. La présente stratégie de résilience propose de renforcer ces démarches, de valoriser leurs co-bénéfices et de mutualiser les ressources pour poursuivre cet agenda commun.
Stratégie de résilience de Paris
Pionnière avec l’adoption du Plan
Climat dès 2007 et d’une Stratégie
d’Adaptation au dérèglement
climatique en 2015, Paris se positionne
aujourd’hui sur la scène internationale
comme leader sur l'élaboration de
solutions urbaines pour faire face
à ces défis. Après avoir accueilli
1000 maires du monde entier lors
du Sommet des élus locaux pour le
climat au moment de la COP21, Anne
Hidalgo a pris la présidence du réseau
C40, qui rassemble les grandes
métropoles du monde dans la lutte
pour l’atténuation et l’adaptation aux
effets du changement climatique
Le Plan Stratégique Ville
intelligente et durable
propose un cadre d’actions
pour répondre aux défis de
la transition énergétique,
de mobilité durable et de la
mutation des modes de vie,
grâce à des méthodes agiles.
Trois objectifs sont fixés: faire
de Paris une ville ouverte,
qui met l’humain au centre
du dispositif, connectée,
avec des outils innovants
offerts par le numérique, et
ingénieuse, qui se transforme
pour répondre aux enjeux.
la Lutte contre la grande exclusion est la
Grande Cause de la mandature 2014-2020. Un
pacte a été signé avec la participation de 450
représentants des associations, des entreprises,
de l’État, de la Ville et des personnes situation
de vulnérabilité. Trois axes ont été fixés pour
accompagner globalement les personnes: mieux
prévenir les situations d’exclusion, intervenir plus
efficacement auprès des personnes en situation
de vulnérabilité et insérer durablement.
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La Stratégie et les impératifs de résilience
Pacte Parisien contre la Grande Exclusion
Nouveau Schéma Départemental de Protection de l’Enfance
Vers Paris sans Sida
Schéma Séniors à Paris
Schéma Départemental pour l’Autonomie et la Citoyenneté des Parisiens en Situation de Handicap
Stratégie Parisienne "Handicap, Inclusion et Accessibilité Universelle 2021"
Plan de Mobilisation de la Communauté de Paris pour l'Accueil des Réfugiés
Faire le Paris des Enfants et des Familles
Plan Grand Froid, Canicule, Épidémies, Attaques Terroristes, etc. (Service de Gestion de Crise et de
Prévention des Risques)
Charte en Faveur d’une Logistique Urbaine Durable
Plan des Déplacements des Administrations Parisiennes
Plan Vélo
Plan Local d’Urbanisme
Plan Qualité de l'Air
Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement
Nouvelle Charte de Téléphonie Mobile
Plan Biodiversité
Nouveau Plan Biodiversité
Plan d'Action d'Amelioration dela Qualite de l'Eau de la Seine
Plan Pluie
Schéma de la Commande Publique Responsable
Stratégie Zéro Déchet
Stratégie de Développement de l'Agriculture Urbaine
Budget ParticipatifContrat de Ville – Quartiers Politique de la Ville (priorité
aux quartiers populaires)
Plan de Lutte contre le Gaspillage Alimentaire
Plan Climat Energie de Paris
Déploiement des instances de concertation – Conseils de quartiers – Maisons des associations
Plan Paris Santé Environnement
Déploiement des Instances de Concertation – Conseils de Quartier
Plan Local de l’Habitat
Plan Alimentation Durable
Plan Compost – Bio déchets – Relance du Tri – Schéma Déchets de Proximité et Recyclage
Feuille de Route/Plan de l’Economie Circulaire
Jeux Olympiques & Para-lympiques 2024
Programme d'Actions pour la Prévention des Inondations
Paris, Ville Intelligente et Durable
Stratégie d'Adaptation au Changement Climatique
Stratégie Tourisme 2022
20102011
20122013
20142015
20162018
20202017
20192021
2022
PIL
IER
1P
ILIE
R 2
PIL
IER
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Stratégie de résilience de Paris
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Paris, ville résiliente
Guidé par sa devise Fluctuat Nec Mergitur, Paris a démontré tout au long de son histoire sa capacité à sortir grandie d’événements marquants tels que la crue de la Seine en 1910 ou les attaques terroristes de 2015. La résilience n’est donc pas un processus nouveau, mais penser l’évolution de la ville à travers ce prisme redevient particulièrement pertinent en ce début de XXIè siècle, alors que s’affirment des menaces telles que le dérèglement climatique, la dégradation de l’environnement, la raréfaction des ressources, les crises migratoires, le développement des inégalités et un système économique inéquitable.
La résilience urbaine implique de voir ces risques avant tout comme des opportunités, de créer des activités, de tisser le lien social, de réduire l’empreinte climatique de notre société, et ainsi d’améliorer la
Pilier 1Elle impose de construire une société inclusive et solidaire, dans laquelle tou.te.s y participent : acteurs privés, associations, citoyens, etc. Plus une société est inclusive, plus elle sera unie, plus elle sera apte à faire face à tous les aléas, au quotidien comme en cas de crise. Aussi, la résilience est résolument tournée vers les populations, faisant jouer à tou.te.s les citoyen.ne.s et aux communautés un rôle moteur, et plaçant l’intérêt de l’enfant au coeur des priorités.
Pilier 2Elle invite à concevoir autrement les espaces urbains et les infrastructures pour répondre aux défis de façon intégrée, tactique et flexible. Intégrée, pour adresser l’ensemble des risques en même temps grâce à la coopération entre les silos, et assurer ainsi un impact durable. Tactique, car des actions de petite échelle peuvent servir des objectifs larges et ambitieux, en explorant de nouveaux lieux. Et flexible, car les espaces publics, le bâti, le patrimoine, sont autant de places pour innover, absorber les chocs et faire face à l’imprévisible dans une ville dense, grâce à des solutions réversibles, modulaires, temporaires, etc.
Pilier 3Elle implique enfin de mobiliser l’intelligence collective des citoyens, associations, entreprises, commerçants, pour orchestrer un changement de cap, innover et mener des projets de manière collaborative, adapter les organisations et coopérer avec les territoires voisins, pour que l'effort de résilience soit sans cesse à la hauteur de l’impératif.
vie quotidienne des habitants tout en redonnant des perspectives optimistes pour les générations futures. Elle intègre ainsi une approche holistique du développement urbain, car on ne peut traiter les problématiques climatiques, environnementales et sociales séparément, et que les solutions pour y répondre doivent intégrer l’ensemble des impératifs.
Paris est déjà un leader mondial dans les domaines du climat et de la lutte contre les exclusions. En empruntant un parcours résilient, elle renforce sa capacité à répondre à ces enjeux et participe ainsi à la création d’un nouveau modèle de développement urbain, plus souple, plus ingénieux, plus efficient, plus adaptable aux évolutions hasardeuses du monde.
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La Stratégie et les impératifs de résilience
Stratégie de résilience de Paris
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Plan d’actions
Pilier 1Une ville inclusive et solidaire, qui s’appuie sur ses habitants pour renforcer sa résilience
Pilier 2Une ville construite et aménagée pour s’adapter aux défis du XXIè siècle
Pilier 3Une ville en transition qui mobilise l’intelligence collective, adapte son fonctionnement, et coopère avec les autres territoires
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Pilier I. Une ville inclusive et solidaire, qui s’appuie sur ses habitants
pour renforcer sa résilience
Se préparer. La résilience collective repose d’abord sur la préparation de chacun pour faire
face aux chocs ponctuels et aux stress du quotidien. Cela implique la mobilisation de
réseaux de citoyens volontaires, le déploiement d’un large dispositif de formation accessible
à tous, l’accompagnement psychologique des habitants en cas de crise et le soutien à la
parentalité. À cet effet, Paris disposera d’outils pour informer, former et impliquer petits et
grands dans la construction d’une ville plus résiliente
Se connaître. Une ville soudée et solidaire est une ville plus résiliente. Aussi, la
bienveillance et la convivialité sont des conditions de la résilience individuelle et collective.
Elles imposent de maintenir et renforcer la cohésion sociale en créant des occasions, des
lieux et des projets favorables au renforcement du lien social et à la “connectivité” entre les
habitants. Il s’agit de favoriser la protection des uns par les autres car nous sommes “tous
devenus solidaires par les risques que nous imposons les uns aux autres” (Bruno Latour).
S’impliquer. Une ville résiliente est aussi une ville qui autorise et favorise les initiatives des
habitants, car si les institutions doivent acquérir une culture de l’anticipation, la société tente
d’abord d’adopter une culture de l’action. Dans cette logique il est essentiel d’informer les
habitants, et de les inviter à co-construire et à participer à la mise en œuvre des politiques
publiques. Les outils de l’urbanisme dit “tactique” et les nouvelles technologies peuvent
permettre ces interventions citoyennes
La carte-citoyen-citoyenne de Paris, a été créée en 2016 après l’attentat terroriste contre Charlie Hebdo. Elle propose une offre civique, culturelle et associative, ouvre les portes du Conseil de Paris, permet de participer à des formations citoyennes, de rencontrer des élus, etc. Elle compte près de 150 000 inscrits auxquels il sera désormais proposé de s’engager, de se former, de partager et de participer à la construction d’une ville plus résiliente.
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A. Préparer petits et grands à faire face aux crises majeures et aux
difficultés du quotidien
Action 1. Mobiliser un réseau de citoyens solidaires, pour renforcer la résilience face
à un choc comme au quotidien
A Paris et plus généralement dans la culture française de l’urgence, les processus de gestion
de crise laissent peu de place à l’implication des habitants, contrairement à de nombreuses autres
villes du monde. Pendant les attentats de novembre 2015, des centaines de personnes ont pourtant
proposé leurs services, et le comportement exemplaire des commerçants et voisins à proximité des
sites des attaques, avant même l’arrivée des secours, montre à quel point leur action est utile en cas
de crise… et au quotidien.
Inspiration : New York City, Etats-Unis
Le CERT regroupe des équipes locales d'intervention d’urgence,
volontaires pour préparer leurs voisins et leurs communautés à
différents types de catastrophes. Il relève de l'unité de prévention
des risques et de gestion de crise et coordonne les différents
acteurs (pompiers, associations de sécurité civile, etc.). Des
centres d’hébergement sont prévus pour accueillir près de 120
000 habitants à mobilité réduite et les transporter, en cas de crise.
Ces habitants volontaires sont également mobilisés au quotidien,
pour accompagner l’organisation d’événements citoyens.
La Ville de Paris va ainsi créer un réseau de citoyens solidaires, qui aura pour vocation de renforcer
les moyens d'intervention des autorités sur le territoire en cas de crise majeure, comme au quotidien,
pour consolider une culture solidaire parmi les citoyens afin qu'ils puissent comprendre, s'engager et
agir pour la résilience du territoire. Formé aux gestes qui sauvent, aux premiers secours et à la
gestion de crise, notamment par les sapeurs-pompiers de Paris et associations de sécurité civile, ce
réseau aura un rôle majeur dans la prévention, la gestion de crise et dans le retour à la normale afin
de démultiplier l’action des pouvoirs publics. Il sera également sollicité au quotidien, sur des actions
de solidarité ponctuelle pour venir en aide aux associations, participer à des événements de
sensibilisation, etc. S’appuyant sur des outils de participation de la Ville, en particulier la carte
citoyenne-citoyen, la mobilisation de services civiques et d’ambassadeurs bénévoles à l’échelle des
quartiers, il sera déployé progressivement dès 2018. Ce réseau sera conçu en partenariat avec des
structures disposant de forces de réaction rapide ou d’agents volontaires (RATP, AP-HP, etc.), et en
lien avec la réserve solidaire de Paris, les associations agréées de sécurité civile. Il s'appuiera sur les
relais locaux de voisinage et de participation citoyenne et pourra être mobilisé sur le territoire
métropolitain voire au-delà.
Action 2. Déployer un large dispositif de formation aux gestes qui sauvent et aux
comportements à adopter face aux risques, par la pédagogie et l’exercice ludique
La culture du risque est peu développée en France en comparaison d’autres pays, et relève souvent
d’une approche “administrative”, parfois anxiogène. Or une bonne information sur les risques
potentiels et les comportements à adopter est fondamentale pour renforcer la résilience.
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Paris agit : Le Plan Paris qui sauve Après les attentats de novembre 2015, des milliers de parisiens ont demandé à être formés aux gestes qui sauvent, pour pouvoir agir s’ils étaient confrontés à un tel danger. On estime que si 20% des Français étaient formés aux gestes de premier secours, 10 000 vies pourraient être sauvées chaque année. Aussi, la Ville a développé le programme “Paris qui sauve”. Avec ses partenaires, elle multiplie les initiatives au plus près des citoyens, installe des défibrillateurs dans les lieux publics et propose des formations aux gestes qui sauvent.
Inspiration : San Francisco, Etats-Unis
Le programme SF72 a pour vocation de communiquer de façon
ludique sur les comportements à adopter en prévention des
risques. Il propose de s’inscrire pour être informé, des guides
pour préparer des kits de survie et accompagne les personnes
qui le souhaitent dans l’élaboration de “plans” pour se protéger
et protéger ses proches.
La Ville prévoit d’accélérer et élargir le plan « Paris qui Sauve » : multiplication des défibrillateurs
dans les lieux publics, formation aux premiers gestes, aux bons comportements à adopter en cas
d'événement climatique extrême, aux risques sanitaires, environnementaux, etc. L’objectif fixé est
qu’en 2030, 90% des parisiens soient formés aux gestes qui sauvent et aux comportements à adopter
face aux risques. Ce dispositif prévoit aussi de construire un programme de formation, pour les
adultes et les enfants, élargi aux gestes à adopter en cas de crise majeure (kit d’autoprotection). Il
inclura la participation des citoyens aux exercices organisés par les services de prévention des
risques et de gestion des crises. La Ville soutiendra le développement d’outils de mise en situation de
type “serious game”, organisera des défis ludiques pour accompagner les changements de
comportements, des événements pour petits et grands. Enfin, des programmes périscolaires seront
développés en partenariat avec l’Education Nationale, pour que l’école devienne un lieu privilégié de
la ville en transition, et intégrés aux outils tels que le budget participatif des écoles.
Action 3: Assurer un soutien psychologique à l'ensemble de la population face à des
chocs, pour renforcer la cohésion sociale et préserver la santé.
La résilience psychologique est une priorité dans les villes où les menaces, notamment terroristes,
font peser des risques importants sur la cohésion sociale, le bien-être et la santé mentale. Les
dispositifs d’accompagnement existants ont été renforcés tant par l’Etat que par la Ville, mais ils ne
concernent que les victimes, leurs proches ou les personnes ayant été directement impliquées dans
l’événement, alors que c’est l’ensemble de la population qui a été profondément choquée et est
susceptible de développer des troubles par la suite.
Il est proposé d’anticiper le déploiement en cas de choc majeur pour la ville d’un vaste programme de
moyen-long terme de soutien psychologique et de repérage de symptômes post-traumatiques, en
partenariat avec les Cellules d’Urgence Médico Psychologique et l'Unité Mobile d’Intervention de
Paris, en particulier pour les agents de la Ville de Paris en contact avec le public. Être formé réduit
considérablement le risque de développer soi-même un traumatisme psychologique : la formation
permet de tenir le choc sur la durée et de venir en aide aux autres. Un module spécifique de
réassurance de la communauté éducative, notamment face à la menace terroriste, sera élaboré à
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court terme, en créant des outils pédagogiques, supports vidéo, pour donner des éléments de
langage aux parents et aux personnels encadrant des enfants.
Action 4. Renforcer le soutien à la parentalité et accompagner la communauté
éducative dans la prise en charge des traumatismes et des difficultés au quotidien
Soutenir la parentalité permet de lutter contre l’accumulation des difficultés, la reproduction des
inégalités, la précarité des enfants et des familles, et ainsi de favoriser la réussite des enfants.
Paris agit : La stratégie « Faire le Paris des enfants et des familles » se fixe comme objectif d’accompagner tous les parents parisiens, de la naissance de l’enfant à son autonomie, au quotidien comme en cas de difficultés plus aigües (deuil, séparation parentale, traumatisme, etc.). Dans ce cadre, des services d’accueil, des lieux d’échanges entre parents, entre parents et enfants, des réseaux de solidarité et de parrainage sont mis en place
Inspiration : Ville de New York, Etats-Unis
Les « Community Schools » s’adaptent aux besoins exprimés à
l’échelle locale (soutien psychologique, horaires d’ouverture…).
L’ambition : assurer l’égalité des chances pour tous les enfants,
accompagner les parents en leur donnant les ressources pour
participer activement à la scolarité de leur enfant et renforcer la
résilience psychologique de l’ensemble de la communauté
éducative.
Il est proposé de multiplier les lieux et temps de dialogue entre parents, entre parents et enfants, et,
dans les écoles, entre parents, enfants et enseignants pour que chacun puisse échanger sur les
difficultés auxquels il est confronté. Il s’agit également d’accompagner les parents dans la conciliation
entre vies professionnelle, familiale et personnelle (développer de nouveaux services d'accueil du
jeune enfant, agir pour faire évoluer les organisations de travail, etc.). Enfin, la Ville multipliera les
interventions ciblées de soutien à la parentalité en amont de la survenue de difficultés, pour écouter
et offrir des ressources aux parents afin de les aider dans leur fonction parentale au quotidien. Une
attention particulière sera portée aux périodes de fragilisation de la vie de la famille (troubles du
comportement, conduites à risque, troubles psychiques, abus de substances psychoactives,
absentéisme, échec scolaire, délinquance, séparation parentale, deuil d’un enfant ou d’un parent,
etc.).
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B. Créer les conditions de la bienveillance entre voisins et de l’inclusion à
l’échelle des quartiers
Action 5: Démultiplier les gestes solidaires quotidiens en facilitant la mise en relation
entre les personnes souhaitant s’engager et celles ayant besoin d’aide
La Ville de Paris souhaite créer, en s’appuyant sur le tissu associatif, les commerçants et les acteurs
de l’innovation sociale, des réseaux locaux de mise en relation de l'offre (habitants volontaires) et des
besoins de solidarité (denrées, produits de première nécessité, services d’entraide divers), de façon
simple et au quotidien.
Une plateforme connectée aux pratiques sociales et associatives, avec une cartographie interactive
des initiatives géolocalisées et des outils (guide de la solidarité, carte des services, accès au droit, à
la santé, etc.) sera proposée grâce aux contributions des services municipaux de proximité et des
relais associatifs, dans le cadre de la mise en œuvre du budget participatif. Plusieurs instances
mèneront cette réflexion: citoyens dépositaires des projets concernés au budget participatif, groupe
de travail sur l'aide alimentaire, développeurs web, afin de lier au mieux et en temps réel les outils
technologiques, les événements et les relais: mobilier urbain, garde-mangers, casiers et frigos
solidaires, locaux associatifs, espaces modulaires et mobiles, avec la participation des commerçants
solidaires, investis dans une économie relationnelle de proximité.
Action 6: Encourager les voisins, petits et grands, à occuper temporairement les lieux
publics
La rue, les parcs, les places sont des lieux de rencontre et de mixité. De multiples initiatives
d’habitants s’y développent déjà (fêtes de quartier, etc.). Néanmoins, au quotidien et dans une ville
très dense, rares sont les espaces disponibles pour favoriser ces rencontres dans les quartiers. Or,
de nombreux équipements publics pourraient répondre à d’autres besoins en dehors de leurs horaires
d’ouverture, et l’espace public accueillir davantage d’événements de convivialité et de citoyenneté.
Inspiration : Wellington, Nouvelle-Zélande
Le programme #wellynextdoor vise à renforcer le
tissu social au sein des quartiers, en incitant les
voisins à se rencontrer. Coordonné par des
associations locales, il prévoit l’augmentation des
espaces de partage dans la ville (et leur
cartographie), l’organisation de fêtes des voisins et
des formations sur les risques à destination des
habitants des quartiers, etc.
Il est proposé, en lien avec les mairies d’arrondissement, de développer les dispositifs existants
(ludothèques mobiles, kiosques citoyens), les actions ponctuelles (Journée sans voiture, Paris
Respire) et de faciliter les initiatives des habitants en simplifiant les démarches grâce à une
plateforme unique de réservation des lieux publics. Cela suppose d’adapter les contraintes de
propreté, de responsabilité, de sécurité - selon le type d’événements. Des formations seront
proposées aux acteurs associatifs. Par ailleurs, les écoles constituent l’équipement public le plus
maillé sur le territoire. Aussi, quelques établissements volontaires seront pilotes pour l’ouverture aux
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heures creuses, en confiant la gestion (clés, sécurité, nettoyage, etc.) à des associations de parents
ou de voisins, ou aux membres du réseau de citoyens solidaires (voir action n°1). Selon son succès,
cedispositif sera élargi à d’autres établissements et équipements (terrains de sport, bibliothèques,
etc.).
Action 7: Soutenir la création de nouveaux métiers de proximité
La Ville compte faire de ces échanges de proximité une opportunité d’inclusion sociale et de création
de nouvelles activités. L’ambition est d’aboutir à la définition de missions de gestionnaires de quartier,
relais de bienveillance et référents des objectifs de résilience sociale et climatique à l’échelle locale.
La Ville accompagnera donc deux programmes, qui seront évalués afin d’aboutir à des modèles:
1/ La création d'un poste d’éco-gestionnaire d’îlot, partagé entre un immeuble tertiaire, un bailleur
social, un immeuble de copropriété et des équipements, ayant vocation à être l’interlocuteur des
prestataires techniques, à accompagner ces acteurs dans l’atteinte des objectifs de consommations
énergétiques et à mutualiser les objectifs environnementaux et énergétiques;
2/ La réflexion de Paris Habitat sur l’évolution du métier de gardien. Il s’agit notamment de mener un
projet pilote avec la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris pour impliquer des gardiens d’une part
dans la prévention des risques et la diffusion de la culture du risque (formé aux premiers secours, à
l’utilisation d’un défibrillateur, garant de l’assistance aux personnes vulnérables en cas d’événement
extrême, etc.), et d’autre part dans la coordination d’actions de convivialité et de solidarité de
proximité.
C. Permettre aux habitants de façonner ensemble la ville de demain
Action 8: Encourager l’initiative, la mise en œuvre et le co-financement par les
particuliers et les acteurs locaux des solutions de résilience
Le Permis de végétaliser instauré par la Ville de Paris a suscité un fort engouement et permet à des
habitants volontaires de gérer eux-mêmes des espaces plantés sur l’espace public. Cette logique qui
vise à impliquer directement les habitants dans la mise en œuvre des solutions est un moteur
d’implication, de citoyenneté et de résilience à l’échelle locale.
Inspiration : Norfolk, Etats-Unis
« Retain your rain » est un projet mis en oeuvre à
Norfolk en Virginie par lequel la Ville accompagne les
habitants qui souhaitent contribuer au Plan Pluie:
barils, kits pour végétaliser… et organise des ateliers
dédiés dans les quartiers.
La Ville mettra en place des outils de facilitation, d’accompagnement et de cofinancement de la
participation des habitants et des acteurs privés à la mise en œuvre de solutions de résilience, aux
niveaux climatique et social. Guidés par la Ville et ses partenaires, les particuliers et entreprises
propriétaires ou gestionnaires des différents espaces (murs, toits, balcons, cours intérieurs, socles
d'immeubles, places de stationnement, etc.) pourront ainsi bénéficier d'outils (cartographie îlots de
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chaleur urbains, zonage pluvial, etc.) et être accompagnés (expertise, aide à l'achat) pour installer
ces solutions (végétalisation, récupération des eaux pluviales, garde-mangers solidaires, potelets,
bacs à compost, noues, barils de pluie, assises, etc.). La nouvelle plateforme « Végétalisons.paris »,
le Permis de végétaliser, le budget participatif, les plateformes de troc ou d’échanges non monétaires
(tickets temps, éco-récompenses, etc.), le crowdfunding et de crowdlending seront mobilisés pour
définir un dispositif souple et collaboratif, qui se repose sur les outils existants. Des leviers incitatifs
seront également explorés pour encourager cette multiplication des contributions citoyennes à la
résilience urbaine.
Action 9 Systématiser les interventions temporaires et à petite échelle pour animer,
imaginer et transformer les espaces urbains avec les habitants
L’urbanisme tactique est une façon de concevoir la ville qui privilégie le local, le temporaire, et permet
aux citoyens d'agir sur leur environnement proche, d’expérimenter. Il implique l’activation des
espaces urbains sur le court-terme, tout en préfigurant des projets de transformation urbaine sur le
long-terme. Il prend tout son sens dans une ville dense, où les espaces ouverts manquent et où la
gestion de l’espace public est un enjeu de qualité de vie et de cohésion sociale.
Paris agit : “Réinventons nos places” L’objectif du projet de réaménagement de sept places (Bastille, Fêtes, Gambetta, Italie, Madeleine, Nation et Panthéon) est de créer des lieux pour tous, apaisés, conviviaux et bienveillants. Concepteurs, constructeurs, penseurs, paysagistes… sont réunis en collectifs pluridisciplinaires et travaillent avec les citoyens à la définition et à la construction de espaces, pour “fabriquer la ville” ensemble
Inspiration : Thessalonique, Grèce
La Ville de Thessalonique développe un programme pour la co-
création des espaces publics. L’objectif est de renforcer la cohésion
sociale et la capacité des citoyens à s’organiser à l’échelle du
voisinage, y compris avec des partenaires (commerçants,
associations, etc.). Un catalogue des outils, des leviers juridiques,
et des mécanismes financiers à mobiliser est proposé par la Ville.
La Ville de Paris évaluera l’impact et le modèle des chantiers participatifs menés avec et par les
habitants: square de la porte de Vanves, Petite Ceinture Ferroviaire, Sept Places. Grâce à ces
premières expériences, elle développera un programme d’aménagement urbain grâce à des
interventions à petite échelle, basé sur les volontés exprimées par les habitants et sur un catalogue
de solutions à destination des directions opérationnelles et des mairies d’arrondissement, comprenant
des outils “tactiques” (événementiel, occupation temporaire, mobilier urbain temporaire), précisant les
barrières éventuelles, les contraintes et les opportunités. Elle prévoit de mobiliser ces ressources afin
de préfigurer la transformation des portes de Paris et, à terme, des grandes infrastructures comme le
boulevard périphérique. Les habitants des communes voisines volontaires seront invités à participer
le cas échéant.
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FOCUS
Adapter le projet urbain au défi des migrations
La mobilisation de la Ville de Paris pour l’accueil des réfugiés Depuis 2015, Paris fait face à l’arrivée massive de personnes fuyant des conflits, les urgences géopolitiques et climatiques. En réponse à l’urgence, deux centres d’accueil ont été installés. Le premier, Porte de la Chapelle, a permis la mise à l’abri de plus de 15 000 personnes. Un plan de mobilisation de la communauté de Paris adopté en 2015 a fixé plusieurs principes : aucune hiérarchie ne doit être faite entre les personnes à la rue, la mobilisation de Paris est celle des Parisiens, et la réponse à l’urgence est indissociable de la préparation de l’avenir.
100 villes résilientes, et accueillantes. Le phénomène des migrations est un défi de long terme. Le changement climatique, selon l'Organisation des Nations Unies, pourrait causer le déplacement de 250 millions de personnes en 2050. Les villes devront alors accueillir de plus en plus de migrants et faire face à une pression supplémentaire sur les ressources, à un besoin accru de logements, d’infrastructures et de services. L’intégration sociale, professionnelle et l’adaptation du projet urbain au défi migratoire est donc un enjeu de résilience. Paris, a travaillé avec sept autres villes membres de 100RC à Athènes, pour définir des solutions communes en ce sens.
International Rescue Committee à Paris. Au printemps 2017, cette ONG partenaire de la plateforme 100RC, a conduit une étude portant sur les réponses actuelles de Paris aux enjeux migratoires, auprès d’un large panel d’acteurs. Deux défis principaux à moyen et long termes ont été identifié: . Promouvoir l’inclusion sociale à l’échelle du voisinage, par l’engagement des acteurs locaux (commerçants, entrepreneurs, voisins) et des services publics à l’échelle micro-locale pour proposer l’intégration (accueil, emploi, logement, citoyenneté) . Construire l’autonomie des personnes en veillant à la sécurité, à la santé et au bien-être, à l’éducation, à l’insertion professionnelle, pour permettre à tous de choisir leurs parcours de vie en ville.
La stratégie de résilience prend en compte le phénomène migratoire de façon transversale: la convivialité à l’échelle locale, la simplification des gestes solidaires au quotidien, le soutien aux métiers de proximité (pilier I), l’urbanisme transitoire - notamment pour l’hébergement d’urgence (pilier II), la promotion du troc et des outils d’échange non-monétaires (pilier III), etc.
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Pilier II. Une ville construite et aménagée pour répondre aux défis du
XXIe siècle
La Ville de Paris mène de front de nombreux programmes visant à adapter la ville aux
enjeux prioritaires. Les réponses aux enjeux climatiques et sociaux, la promotion des
solutions de nature et de la biodiversité, l’intégration de nouveaux usages de l’eau sont
autant d’impératifs édictés à toutes les échelles de l’action municipale et que la stratégie de
résilience propose de prendre en compte de façon systématique et intégrée.
Adapter. Si les habitants constituent le socle de la résilience urbaine, l’adaptation des
infrastructures et des réseaux urbains pour répondre aux risques qui les menacent est aussi
indispensable. Paris fait face à de nombreux risques liés au changement climatique et aux
risques environnementaux (augmentation à venir du nombre, de la fréquence et de
l’intensité des canicules, crue majeure, épisodes pluvieux intenses et pics de pollution
fréquents, etc.) et doit s’adapter. Par la même occasion, elle veille à protéger les plus
fragiles de ces menaces, et à mieux ajuster les infrastructures à leurs besoins.
Multiplier les bénéfices. La Ville gère des espaces et équipements publics, des réseaux et
services urbains, et veille à leur adéquation avec les besoins. Sur le long terme, dans une
logique résiliente, il est indispensable de raisonner de façon intégrée et d’examiner à chaque
étape les multiples bénéfices qui peuvent être rendus par une infrastructure, au-delà de sa
fonction première. Multifonctionnelle, modulaire, flexible, réversible, celle-ci doit être un
levier pour accélérer la transition et garantir l’inclusion.
Explorer. Paris est une ville dense. Dans ce contexte, l’urbanisme constitue un champ
d’action et d’innovation immense pour explorer les ressources qui composent la ville, ses
dessous, ses sommets, ses espaces vacants, et pour renouveler les procédés de
conception et de construction. Il est donc approprié, en ce début de siècle, d’adapter les
choix et les pratiques pour opérer un urbanisme de la transition, construire des quartiers
adaptés et faire de la résilience un accélérateur d’innovation urbaine.
La stratégie d’adaptation au changement climatique, adoptée fin 2015, est la première stratégie de résilience de Paris. Elle se décline en quatre piliers: protéger les parisiens face aux événements climatiques extrêmes, garantir l’approvisionnement en eau, en alimentation et en énergie, vivre avec le changement climatique: aménager de façon plus durable, et, enfin, accompagner les nouveaux modes de vie et renforcer la solidarité. La stratégie de résilience ici présentée vise à accélérer sa mise en œuvre.
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A. Anticiper les risques et adapter les infrastructures
Action 10: Transformer les cours d’écoles en “oasis”, véritables îlots de fraîcheur
Depuis l’adoption de sa stratégie d’adaptation au dérèglement climatique, Paris a démarré plusieurs
chantiers visant à adapter les espaces urbains aux fortes chaleurs : créer davantage d’îlots et de
parcours de fraîcheur, développer le réseau de froid, créer de nouveaux espaces verts et de
biodiversité, etc.
Inspiration : Milan, Italie
Dès le XXème siècle, les cours d’école sont conçues comme
des jardins, véritables îlots de fraîcheur, aujourd’hui gérés par
la direction des espaces verts. En 2011, la municipalité crée
les « jardins pédagogiques », un projet d’éducation
environnementale, destiné à toute la communauté éducative,
et géré de manière collective, en impliquant les enfants, mais
aussi des étudiants et des seniors.
Les cours d’école représentent plus de 600 000 m² à Paris (800 000 m² si on inclut les collèges),
aujourd’hui recouvertes de bitume, non perméables, et fermées à la population même en dehors du
temps scolaire. Alors que très rares sont les parisiens qui habitent à plus de 200m d’une école, ce lieu
parfaitement identifié de tous à l’échelle micro-locale, peut devenir une véritable «oasis» de fraîcheur
et de bien-être en ville. En 2017, pour la première fois, le plan canicule a été déclenché alors qu’il ne
l’avait jamais été aussi tôt dans la saison - et pendant le temps scolaire. Aussi, à court-terme, il s'agit
de répondre à l’urgence en installant des équipements permettant de rafraîchir ces lieux (rideaux,
brumisateurs, ombrières) et de finaliser un Plan Canicule spécifique pour les écoles, à l’image de ce
qui existe pour les personnes âgées avec l’ouverture de salles rafraichies ouvertes au public, qui
serait opérationnel pour la rentrée 2018, et qui permette de proposer des solutions alternatives en cas
de fortes chaleur (adaptation des activités, déplacement vers des lieux rafraîchis, etc). A moyen-long-
terme, il est proposé de mettre en œuvre un programme de rafraîchissement de l'ensemble des
écoles : l'objectif est de débitumer progressivement les cours d'écoles pour les végétaliser (arbres,
pelouses, vergers, potagers) et/ou tester de nouveaux matériaux (stabilisé, bois recyclé, tapis
produisant de l'énergie, enrobé évapo-transpirant et perméables, etc.) et de nouveaux procédés
permettant de rafraîchir les préaux et/ou dortoirs (boucle locale d'énergie, puits provençaux,
climatisation solaire, etc.). Les cours deviendront des lieux d’apprentissage (jardins pédagogiques),
de bien-être, etc. Ces procédés seront définis puis expérimentés avant d’être élargis.
Action 11 : Anticiper les risques, leurs impacts potentiels sur les infrastructures, leur
coût pour le territoire, et élaborer des solutions multi-partenariales pour les atténuer
Les logiques assurantielles et de retour au plus vite à la normale après un choc majeur mènent à la
reconstruction à l’identique des infrastructures détruites ou endommagées, et conduit à reconstruire
les mêmes vulnérabilités. La résilience implique au contraire de “profiter” de la destruction pour
reconstruire de manière plus robuste, pour être en mesure de faire face au même type de choc dans
de meilleures conditions s’il venait à se reproduire.
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Inspiration : Nouvelle-Orléans, Etats-Unis
Les enjeux de la reconstruction urbaine après l’ouragan Katrina ont
marqué la prise en compte à l’échelle mondiale de la résilience des
populations et des infrastructures. La préparation des habitants, l’aide
aux personnes les plus vulnérables, ou encore les choix
d’aménagement par rapport aux risques identifiés, ont été révélés
comme éléments fondamentaux. Car les événements peuvent se
reproduire, à l’image de la tempête Harvey qui a frappé la Louisiane
en août 2017, 12 ans après Katrina.
Il est donc proposé de réaliser un audit d’une partie représentative du patrimoine parisien (réseaux
critiques, biens culturels) et un diagnostic de vulnérabilité face à divers aléas climatiques : vérifier les
installations paratonnerres des bâtiments, identifier les fragilités des réseaux souterrains face aux
inondations et fortes précipitations, renouveler les systèmes sensibles aux hautes températures sur
les réseaux de télécommunications, et le réseau électrique. Par ailleurs, l’exploitation des données
des expertises en assurance permettrait de révéler les composantes à l'échelle du bâtiment (tuiles,
balcons, canalisations, conduits, verre, calcaire, vitraux, etc.) et les acteurs (commerces, rez-de
chaussées, toits) les plus vulnérables par rapport à des aléas donnés (tempêtes, pollution de l’air,
réchauffement climatique, crue majeure de la Seine, etc.). La Ville explorera de nouvelles solutions
pour surveiller la santé des bâtiments et infrastructures telles que des drones ou des capteurs.
Connaître ces vulnérabilités permettra de mieux anticiper la reconstruction, d’adapter la
réglementation (voir action n°23) et de mobiliser les financements adéquats (voir actions n°27 et
n°28). La logique du « Build Back better » sera mise ne œuvre en particulier pour anticiper la
reconstruction des infrastructures majeures qui seront détruites par une inondation majeure de la
Seine (identification des plus critiques et provoquant des effets cascades, réalisation en amont des
études nécessaires à leur reconstruction).
Action 12: Anticiper l’évolution des consommations et rapprocher la production
d'énergie à l'échelle locale pour atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050
L'infrastructure de réseau existante a été conçue pour être fournie par de grands générateurs
centralisés - 95% de l'énergie consommée à Paris n'est pas produite à Paris. De plus, une part
importante de l’énergie électrique s’évapore au cours de son transport. Aujourd'hui, la production
d'énergie en ville se tourne de plus en plus vers les énergies renouvelables et de récupération,
distribuées à petite échelle, à l'image du premier projet de "smart-grid" (réseau énergétique
intelligent) développé dans le quartier Clichy-Batignolles. Ce projet explore une nouvelle forme de
gouvernance locale renforcée de l’énergie et un principe de co-responsabilité énergétique pour
l’ensemble des acteurs. D’autres exemples se multiplient à Paris, comme l’introduction de la
biomasse dans le réseau de chaleur de Paris ou la récupération des énergies fatales (égouts, data
center), contribuant ainsi à atteindre les objectifs du Plan Climat Air Energie. À cet égard, si l’objectif
prioritaire du Plan Climat doit être la réduction de moitié de nos consommations énergétiques, de
nouveaux usages énergivores tels que les nouvelles mobilités éléctriques risquent de peser de
manière croissante et significative.
Dans ce contexte, il est nécessaire d'anticiper l’évolution des consommations, de définir des scenarii
de mix énergétique pour les décennies à venir, d’explorer des solutions (effacement,
autoconsommation, coopératives, etc.) et de territorialiser autant que possible la production d'énergie
renouvelable en s'appuyant sur les multiples ressources locales (solaire, biomasse, réseaux
chaud/froid, hydraulique, fatales, etc.), tout en améliorant la résilience des réseaux d'énergie et les
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synergies entre réseaux. La Ville stimulera et accompagnera des projets citoyens de réappropriation
et de relocalisation de l’énergie.
Action 13: Mieux connaître les sous-sols pour réduire les risques d’effondrement et
d’inondation, et améliorer les infrastructures
Les évolutions des niveaux des nappes phréatiques sont mal connues et difficilement anticipables, ce
qui limite la capacité à anticiper la survenue et les conséquences d’une crue majeure qui pourrait
démarrer par les sous-sols.
Il est nécessaire de cartographier et d’explorer plus en profondeur les sous-sols pour mieux connaître
leur composition, leur vulnérabilité (risques d’effondrement, d’affaissement par dissolution du gypse,
remontées de nappes, égouts) notamment grâce aux outils numériques (3D). Dans cette même
logique de sécurisation et de renforcement de la connaissance, un premier chantier lancé fin 2017
permettra de cartographier l’ensemble du réseau des égouts parisiens (2500 Km). Il faudra également
renforcer le réseau de piézomètres souterrains et organiser le partage des données entre opérateurs
(ville de Paris, ENEDIS, RATP, etc.) pour disposer d’une cartographie permettant les simulations de
la montée des eaux de la Seine sur le territoire parisien et l'évolution des nappes. Il s’agira également
d’anticiper au mieux les phénomènes de mouvements de terrain, qui seront accélérés par les
périodes de sécheresse et autres évolutions climatiques à Paris. L’ensemble des résultats
renseigneront la création d’un fonds assurantiel et d’une obligation résiliente - ou resilience bond (voir
action n°27).
B. Concevoir des infrastructures vectrices de multiples bénéfices
Action 14. Engager la transformation du boulevard périphérique et du réseau
autoroutier de l’agglomération
Inspiration : Séoul, Corée
Cheonggyecheon est une promenade urbaine de près de 6 km
au centre de la ville. C’est le nom d’une rivière qui a été
recouverte dans les années 1960 d’une voie express surélevée.
En 2005, la Ville de Séoul a initié la destruction de
l’infrastructure routière pour dévoiler le cours d’eau que les
années d’incurie avaient presque asséché. Cheonggyecheon
est aujourd’hui un espace public de détente et de loisirs prisé
les habitants et les touristes.
La Ville propose d’engager la transformation du boulevard périphérique et des autoroutes qui y
mènent. La bonne gouvernance territoriale de la transition est une priorité : le Forum Métropolitain du
Grand Paris (FMGP) consacré aux mobilités et à l'évolution du réseau magistral et des autoroutes de
la métropole poursuit cet objectif. En associant l’ensemble des collectivités de l’agglomération
parisienne, la Région et la Métropole du Grand Paris, le travail du FMGP permettra de partager entre
tous les acteurs, publics, associatifs et privés, les projets et enjeux de la mobilité au sein de
l’agglomération à l’horizon 2030 (développement des mobilités actives, marche et vélo, plan de
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circulation, intermodalité et insertion des gares du Grand Paris Express, véhicules partagés,
transports autonomes…). Il proposera un livre blanc, base d’un éventuel concours international
pluridisciplinaire (architectes, paysagistes, expertes en mobilité, démographes) sur le devenir du
boulevard périphérique pris dans son ensemble, et de ses radiales jusqu’à l’A86 ainsi que de leur
insertion dans les territoires de la Métropole. Ce projet de transformation sur le long-terme s'appuiera
sur la participation habitante (voir action n°9) dans toutes les communes concernées, dans le cadre
d’un processus participatif.
Action 15 Mobiliser la logique “intégrée”, l’innovation, et développer la nature en ville
pour faire de l'espace public un vecteur d'inclusion sociale et de bien-être
Peu développée en France, la logique « intégrée » qui vise pour les infrastructures à répondre à
plusieurs types de besoin en même temps est source d’efficience et d’économie de moyens, de
temps et d’espace.
Inspiration : Rotterdam
Face au risque d’inondation, la municipalité de
Rotterdam a décidé de créer des bassins de rétention
d’eau qui soient de véritables espaces publics intégrés
à leur quartier. Issus d’un processus participatif, les
bassins sont conçus pour accueillir l’eau de pluie, mais
constituent la plupart du temps des espaces récréatifs
au cœur de la vie de la cité, où ont lieu des événements
culturels. La signalétique du lieu a été pensée pour être
ludique en cas de crise : les zones inondables sont
peintes en différentes nuances de bleu selon la gravité
de l’inondation, et tous les canaux d’arrivée d’eau sont
bien identifiables.
La Ville de Paris développera un référentiel de voirie résiliente : matériaux adaptés aux différents
risques (bitume anti-bruit, revêtement adapté à la lutte contre l'effet d'îlot de chaleur, pistes cyclables
réversibles, dalles piézoélectriques productrices d’électricité, structures drainantes, chaussées
réservoir, pavés enherbés, jardinières anti-bélier, etc.), typologies de surface (pleine terre
végétalisées, bandes enherbées, espaces de livraison), relation aux sous-sols (récupération de la
chaleur, du froid), mobilier polyvalent, accessibilité à tous et potentiel d'appropriation pour la culture
(parklets, amphithéâtres), le sport (parcours sportifs), les mobilités douces (ville 100% cyclable en
2050, 75% des voiries dédiées aux mobilités actives), et d’intégrer les logiques de réemploi pour les
matériaux de construction (pavés), la participation des citoyens (application de signalement “Dans ma
rue”, budget participatif). Ce référentiel intégrateur des politiques municipales sera conçu comme un
guide pour adapter la réglementation (voir action n°23). Il permettra également d’intégrer des logiques
innovantes de conception des espaces publics (capteurs, utilisation des nudges et signalisation
innovante). Cette démarche ne constituera pas un surcoût pour les opérations d’aménagement de
voirie, puisqu’elle vise au contraire à déterminer en amont comment maximiser les bénéfices et
apporter des réponses à différents enjeux en une seule fois. À l’issue de ce processus, une ou
plusieurs “rues résilientes” seront donc aménagées en priorité dans les arrondissements prioritaires
du plan Pluie, afin d’éviter les rejets d’eaux usées dans la Seine. L’objectif de long-terme est que
l’espace public parisien soit un socle de résilience et la trame viaire dans son ensemble réponde à
ces impératifs.
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Action 16 : Faire du réseau d’éclairage un maillage de services urbains multiples
Paris, Ville lumière, compte plus de 200 000 points lumineux. Les infrastructures qui maillent le
territoire ont la plupart du temps été conçues pour répondre à un seul besoin, alors qu’elles pourraient
produire de multiples services et bénéfices, à moindre coût et avec davantage d’efficience. Le marché
de performance énergétique de l’éclairage public en cours permettra de réduire de 30% la
consommation d’énergie d’ici 2020, et la Ville poursuivra son effort au-delà dans le cadre du futur
Plan Climat Air-Energie.
Le Marché à Performance Énergétique sera renouvelé en 2021: la Ville lancera en amont un
processus pour identifier les potentiels bénéfices multiples et services rendus par les candélabres
dans une vision intégrée pour que, en plus de l'éclairage et de la participation à l'atténuation du
réchauffement climatique, les candélabres puissent répondre à l’ensemble des enjeux prioritaires. De
nombreux services urbains peuvent être imaginés puis testés: gestion selon les risques sur le réseau,
ombrières, brumisation, accès à l’électricité, wifi, capteurs environnementaux, caméras pour le
comptage du trafic, recharge pour véhicules électriques, géolocalisation des places de stationnement,
diffusion d'information au quotidien ou en cas de crise, ou encore services pour les personnes sans
domicile fixe.
Action 17: Adapter les équipements publics aux enjeux prioritaires: flexibles et
modulaires, capables d’accueillir des usages multiples
Dans une ville dense et face aux défis imposés par le climat et les évolutions sociales, il est
nécessaire de travailler à une meilleure allocation des surfaces occupées et à des choix constructifs
permettant la prise en compte des impératifs.
Il s’agit d’intégrer des critères de multi-usages et de réversibilité dans les cahiers des charges lors de
la création ou de la rénovation de tous les équipements publics. Cela nécessite de prendre en compte
en amont les besoins et contraintes des usagers, et normes et spécificités de chaque activité et les
modalités de gestion. En plus d'être réversible, les équipements publics doivent être conçus en
adéquation avec les objectifs de la ville en matière de lutte contre le dérèglement climatique et
d'économie circulaire. Aussi, la méthode de la résilience urbaine sera appliquée dans la conception
de deux premiers bâtiments: le "super-équipement" dans le futur éco-quartier Saint-Vincent-de-Paul,
qui accueillera à la fois une école, une crèche, des espaces d'activités dans la cour et un gymnase au
sous-sol, et la ZAC Bédier Porte d’Ivry développant, au-delà de ses fonctions premières, des usages
ouverts au quartier. L’évaluation de ces modes de conception et de gestion permettra de définir une
grille pour la prise en compte de ces critères dans la planification des futurs équipements ou des
rénovations.
Action 18 Aménager des espaces verts “intégrés”, permettant de répondre à des
enjeux climatiques et sociaux
Il est proposé de concevoir deux parcs résilients, autonomes en énergie et intégrateurs des enjeux du
territoire (zonage pluvial, ICU, biodiversité, inclusion). Différentes solutions pourront être
expérimentées : restauration écologique des sols pollués, implication des riverains (en particulier les
personnes en situation d’exclusion) dans la définition et la construction du projet, production d'énergie
cinétique par l'activité des aires de jeu, captage et réemploi “automatique et intelligent” de la totalité
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des eaux de pluie tombant sur le parc, prise en compte de la capacité des végétaux à s’adapter au
changement climatique sur le temps long, ou encore à ne pas produire d’allergènes ni faciliter la
prolifération des moustiques, création d’espaces de respiration et de détente (arbres à sieste,
hamacs), d’espaces de convivialité, de culture et d'expression (amphithéâtres, kiosques, pianos, etc.)
etc.
C. Promouvoir un urbanisme résilient dans une ville dense
Action 19: Explorer la ville des racines à la canopée, et développer de nouveaux
usages dans les sous-sols et sur les toits
Paris est la ville européenne la plus dense, et ne dispose que de très peu de foncier et d’espaces
disponibles. Alors que l'aménagement urbain traditionnel s'ancre dans le vertical, le potentiel des
espaces et ressources souterrains n’a pas encore été étudié, et la valorisation des toits est encore
peu développée.
Il est proposé d'explorer les sous-sols et les toits, et d'évaluer les services urbains qu'ils pourraient
rendre. Dès 2017, cartographier et explorer les sous-sols pour connaître les usages possibles (lieux
hybrides, mutualisés, ressources, stockage, production, : ex. récupération de la chaleur des égouts,
de la fraîcheur des sous-sols en été avec des puits franciliens, intérêt des piézomètres et études
hydrogéologiques pour la géothermie, etc.) notamment grâce aux outils numériques (concours de
data sciences, mapping 3D, etc.). Dans le contexte parisien où le foncier devient de plus en plus rare,
les toitures représentent aussi des espaces mobilisables pour faire évoluer la ville. Ainsi, il s'agit de
croiser les potentiels d'occupation (toitures plates, accessibilité pour des événements entre voisins et
usages multifonctionnels: détente, fraîcheur, convivialité), et de production de ressources et
d’adaptation (agriculture urbaine, végétalisation, toitures solaires, stockage des eaux pluviales,
peinture blanche etc.). Dès 2017, un atelier sera organisé avec les opérateurs de réseaux et services,
concessionnaires, logisticiens, bailleurs, restaurateurs, acteurs culturels et autres particuliers pour
partager une culture du risque entre acteurs et imaginer concrètement de futurs usages à développer
dans les sous-sols. Il permettra de définir les critères pour l’instruction du futur concours “Réinventer
Paris II”, en 2018, et de faire évoluer la réglementation (voir action n° 23).
Action 20 Généraliser le recours à l'urbanisme transitoire
L’urbanisme transitoire a de multiples avantages: il permet de valoriser plutôt que de gardienner des
friches en attendant le développement d’opérations immobilières qui peuvent parfois prendre des
années. C’est aussi une réponse à des besoins ponctuels d’hébergement de personnes en difficulté,
sans-abris et réfugiés, pour l’accueil des entreprises innovantes, des ressourceries, des événements
culturels à fort impact local, de l’agriculture urbaine, etc.
Il est proposé d’utiliser systématiquement les m² en attente d'opérations d'aménagement pour
renouveler les usages de l'espace urbain et répondre à différents besoins. Il s’agit d'accompagner la
mise en relation des propriétaires et promoteurs avec des porteurs de projets permettant de favoriser
des solutions pour la résilience urbaine avec l’objectif que tous les projets urbains puissent intégrer ce
principe grâce à l’élaboration d’une charte de l’occupation temporaire, ou transitoire. L’expérience
exemplaire conduite sur le site de Saint-Vincent de Paul, et celles en cours dans les lieux en
transition, notamment sur les sites ferroviaires de la SNCF, sont autant de preuves de la valeur que
50
représente ce procédé. L’objectif est de pouvoir mesurer, à court-terme, l’impact de ces projets sur le
territoire, d’évaluer les modèles économiques des acteurs, et d’observer les évolutions possibles du
cadre légal d’occupation.
Action 21. Développer la première ZAC résiliente et adaptée au changement
climatique à Saint-Vincent de Paul
Installé sur 3,4 hectares au nord du 14ème
arrondissement, l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul fait
l’objet d’un projet d’aménagement pour y développer un nouvel éco quartier conçu pour être sobre,
durable et innovant. Depuis l’évacuation du site hospitalier et afin de faire usage utile du temps de
vacance, un partenariat a été noué avec trois organisations dans le cadre du programme « Les
Grands Voisins ». Celles-ci entretiennent les lieux, accompagnent les structures hébergées et ouvrent
le site au public. Aujourd'hui, près de 2000 personnes y habitent et travaillent et la mixité
d’occupation, entre hébergement de personnes fragiles et occupation des locaux restants par des
porteurs de projets associatifs, culturels et solidaires, fait des Grands Voisins un laboratoire
d’urbanisme temporaire (voir action n°20) et de résilience urbaine.
Il est donc proposé que le futur quartier demeure un lieu d’innovation et de résilience urbaine. Il sera
adapté au dérèglement climatique (usages de l’eau, de l’énergie, économie circulaire, etc.), tout en
favorisant les pratiques sociales innovantes: habitat participatif, modularité, réversibilité, gestion
locale des ressources et de l’énergie, agriculture urbaine, fabrication locale. Cinq propositions seront
intégrées aux orientations actuelles du projet urbain : la création d’un cycle de l’eau à l’échelle du
quartier, le maintien d’espaces libres pour favoriser l’occupation temporaire, gérée par les usagers et
habitants volontaires, l’installation de mobilier urbain modulaire et open source, d’un patrimoine de
voirie intégré et enfin, la conception d’un pôle éducatif comme un cœur de quartier, projet pilote pour
penser les équipements publics de demain, mutualisés, hybrides et réversibles, producteurs de
services urbains et de cohésion sociale (gestion flexible, gouvernance partagée, maîtrise d’usages).
Action 22. Concevoir un quartier résilient exemplaire à Bercy-Charenton
Ce secteur stratégique dans la structuration de la métropole se situe à l’entrée de Paris (12ème) en
bordure de Seine, au croisement d'infrastructures ferroviaires et routières majeures. Le site de 70ha,
partiellement en zone inondable, représente l’une des dernières grandes opportunités foncières de la
capitale et offre un potentiel d’aménagement de première importance pour faire de ce quartier un
exemple d’aménagement résilient.
Il s’agit d’intégrer des critères de résilience dès la conception du projet urbain Bercy Charenton et tout
au long du processus d'aménagement. Il est proposé de mobiliser des outils d'analyse et des
partenaires, pour garantir la prise en compte des risques et solutions de résilience dans toutes les
composantes du projet urbain : paysage, construction, services publics et réseaux, mise en œuvre du
Plan Pluie, alimentation par la géothermie pour produire de la chaleur renouvelable, solidarité à
l’échelle du quartier, lien spécifique à la Seine et résistance à l’inondation, etc. Dès 2017, les
indicateurs de résilience et d'adaptation, définis dans le cadre du projet européen “RESIN” pour la
“résilience climatique des villes et des infrastructures”, copiloté par la Ville de Paris et l'EIVP, seront
intégrés. Dès 2018, un appel à idées international sera lancé pour définir des prescriptions en matière
de résilience afin d'alimenter les cahiers des charges. La question particulière de la capacité des
immeubles de grande hauteur à intégrer les critères de résilience sera étudiée : solutions techniques,
naturelles et sociales face aux inondations, au défi climatique, à la pollution de l'air...
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Action 23. Systématiser les solutions résilientes dans l’urbanisme, par les documents
réglementaires et les cahiers des charges
Certaines réglementations municipales, nationales ou internationales doivent évoluer pour permettre
à Paris d’être davantage résiliente. Par exemple, le “caractère minéral” de l’urbanisme parisien,
consacré par les règlements urbanistiques et patrimoniaux, devra évoluer pour que la ville soit mieux
adaptée aux effets du dérèglement climatique.
Il est d’abord proposé d’identifier les freins actuels à la résilience de l’aménagement et des
constructions et de mettre en place de nouvelles dispositions contraignantes ou incitatives,
notamment dans les documents d'urbanisme, qui structurent le développement urbain à l'échelle de
Paris et de la métropole. Ils devront autoriser/inciter/contraindre une programmation flexible,
adaptable voire réversible dès la conception, permettant notamment de faire évoluer les bâtiments
pour des usages différents pendant leur durée de vie (logements et évolutions familiales et
démographiques, équipements, locaux commerciaux, utilisation des toits). L’opportunité de la
révision du PPRI, conçu pour limiter les risques liés à une crue majeure, doit être envisagée pour
pouvoir intégrer de nouveaux procédés constructifs. Le référentiel de voirie résiliente (voir action n°
15) permettra de guider les praticiens sur le rôle des matériaux dans la gestion des risques sociaux,
climatiques et de santé. Un mémo-référentiel synthétique récapitulant les objectifs de développement
durable dans un projet urbain et un guide environnemental du PLU fournissant aux pétitionnaires des
illustrations et des recommandations seront réalisés. Pour le logement, il s'agit d'explorer les solutions
de réversibilité, de modularité, de services et de conception permettant le bien-être et limitant
l'isolement des personnes, en tenant compte de l’évolution des flux migratoires, du vieillissement de
la population et du souhait de vivre plus longtemps à domicile. Ainsi, la Ville de Paris sollicitera les
opérateurs immobiliers en ce sens et développera des outils incitatifs.
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FOCUS
Faire des infrastructures routières un atout pour la résilience et le bien-être des habitants
La Ville de Paris s’engage pour réduire les impacts du trafic routier et améliorer les solutions de mobilité. Pour répondre au défi de la pollution de l’air, elle met en œuvre un plan pour accompagner les usagers de Paris afin qu’ils adoptent des solutions de mobilité et respectueuses de l’environnement: aide à l’achat de véhicules électriques, subvention pour l’achat de vélos électriques et d’abris sécurisés, développement des transports en commun, etc. A la mesure de cette transition, la reconquête des espaces publics pour les mobilités douces est engagée: zone à circulation restreinte, zones à trafic limité, quartiers “Paris Respire”, stratégie Paris piétons, plan Vélo, etc.
La qualité de l’air est un enjeu de résilience. La pollution de l’air a été identifiée comme l’un des enjeux prioritaires pour Paris et la métropole. Aussi, le Haut Responsable de la Résilience de la Ville de Paris a organisé en juin 2016 à Paris un sommet mondial des villes et métropoles en action, qui a abouti à la création d’un Observatoire mondial des villes sur la qualité de l’air (GUAPO), afin de partager connaissances sur la pollution de l'air et ses effets sur la santé, puis le suivi des avancées en termes de réduction de la pollution urbaine dans les métropoles.
AECOM étudie les multiples bénéfices liés à la réduction du trafic routier. Au printemps 2017, le bureau d’étude AECOM, partenaire de la plateforme 100RC, a étudié les multiples bénéfices de la réduction de la circulation routière à Paris. Parmi ceux-ci, la baisse de l’accidentologie, la réduction des coûts sanitaires (350 à 400 millions d’€ par an), des coûts écosystémiques et bâtimentaires, les opportunités de renouvellement urbain et la libération de foncier pour d’autres usages, la réduction du risque de surpoids par le développement de modes de transport plus actifs, l’amélioration de la qualité de vie, la réduction du coût de la congestion et de ses incidences en temps productif, retards de livraisons, etc. ou encore l’attractivité du territoire. Selon les hypothèses simples utilisées dans cette étude, les coûts externes du trafic routier peuvent être évalués entre 2,9 et 4,5 milliards d’euros par an à Paris et entre 14 et 17,8 en Île-de-France.
La stratégie de résilience prend en compte la transformation des infrastructures routières de façon transversale: l’occupation des espaces publics par les voisins, l’urbanisme tactique et la mise en œuvre des solutions par les habitants (pilier I), elle prévoit la transformation du boulevard périphérique et la reconquête du réseau de voirie pour y développer de multiples usages (pilier II). Elle intègre, enfin, la dimension systémique d’un tel enjeu via la coopération territoriale, notamment
autour du développement du coworking et des échanges d’emplois à l'échelle de l’agglomération (pilier III), etc.
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Pilier III. Une ville en transition qui mobilise l’intelligence collective,
adapte son fonctionnement, et coopère avec les autres territoires
L’approche résiliente est une solution efficace pour que les transitions écologique,
énergétique, économique ou encore numérique, constituent des opportunités de
développement et d’amélioration de la qualité de vie. Afin d’organiser ces transitions,
d’adapter les politiques publiques et la gouvernance territoriale aux défis de demain,
plusieurs orientations sont proposées.
Mobiliser. La mobilisation et la formation d’un large panel d’acteurs, la production de
données supplémentaires sur le territoire, ses vulnérabilités et les risques qui le menacent,
sont autant de levier pour mieux allouer les ressources, et assurer la mise en œuvre de
solutions partagées et durables.
S’organiser. L’administration municipale doit constamment adapter son fonctionnement
pour garantir la continuité de son activité dans toutes les situations, et pour que ses
investissements, ses agents et ses politiques publiques participent quotidiennement de la
résilience du territoire.
Coopérer. La réponse à la plupart des enjeux identifiés relève d’un territoire plus large que
celui de Paris intra-muros, et une meilleure gouvernance territoriale était nécessaire. La
création de la Métropole du Grand Paris et la mise en place de nouvelles coopérations avec
les municipalités rurales sont autant de leviers pour valoriser les interdépendances entre les
territoires comme des opportunités. Ces lieux qui font système, indépendamment des
frontières administratives, et le métabolisme urbain, ses flux, ses intrants, ses déchets, les
biens communs, tout comme les relations économiques, doivent être réinventés.
La construction métropolitaine, moteur de résilience Dès les prémices de la construction de la stratégie un point majeur a été soulevé : aucun stress ni aucun choc identifié ne pourra être adressé à l’échelon parisien seulement. Le territoire métropolitain constitue une échelle pertinente pour apporter des réponses. La résilience est une thématique centrale du premier pacte d’innovation de la Métropole du Grand Paris avec l’État, et des compétences stratégiques qui lui ont été confiées: aménagement, hébergement et habitat, gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations. 100RC a mandaté un groupe étudiant à Sciences Po pour explorer le sujet auprès des villes et territoires de la métropole, et d’autres villes à l’échelle mondiale. En sont issues des recommandations pour améliorer le dialogue et la coopération, assurer la preuve du concept par les projets, sa visibilité sur l’espace public, ou encore sa prise en compte transversale.
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A. Mobiliser l’intelligence et les ressources collectives
Action 24. Créer un centre de ressources, de recherche et de formation open source
et multi-cibles pour la résilience
Ce centre de recherche, de formation et de ressources s'appuiera notamment sur la participation d'un
Groupement d’Intérêt Scientifique de la résilience du territoire et/ou sur une candidature “ville
résiliente” dans le cadre de l’appel à projet “I-Sites” sur les villes du futur déposé par l’Ecole des
Ponts en partenariat avec la Ville de Paris et une vingtaine d’autres établissements. Parmi les
objectifs : développer des programmes de recherche autour de la présente stratégie et de la
résilience urbaine, accompagner la conception de formations dédiées, développer des MOOC -
formation en ligne ouverte à tous sur les enjeux de la résilience. Il accompagnera la création de
mastères spécialisés, de formations à destination des agents des collectivités, d'acteurs privés ou
encore d'acteurs associatifs dans le cadre des Comités d’initiative et de consultation
d’arrondissement, en lien avec les mairies. Des programmes seront conçus en partenariat avec les
acteurs concernés selon leurs enjeux spécifiques (entreprises, commerçants, hôteliers, pharmaciens,
etc.). Parmi les principes majeurs, celui de la création de communs sera proposé afin de favoriser la
créativité et la montée en compétence de tous. Ce centre s'appuiera sur les instances existantes à la
Ville, à toutes les échelles: comité des partenaires de la Ville intelligente, Agence Parisienne du
Climat, acteurs du Paris durable, etc. et accueillera la formation des encadrants municipaux aux
risques et à la résilience (voir action n° 29)
Action 25: Créer un observatoire pour connaître les impacts des différents risques sur
la santé et observer les fragilités socio-environnementales sur le territoire
Si la végétalisation et l’eau en ville sont efficaces pour lutter contre les îlots de chaleur, il est toutefois
nécessaire de prendre en compte les risques sanitaires qui peuvent leur être associés s'ils ne sont
pas anticipés (allergies, développement des moustiques et des pandémies dont ils peuvent être
porteurs, etc.). Par ailleurs les vulnérabilités sociales et territoriales pouvant augmenter les
vulnérabilités sanitaires, il est nécessaire de mieux connaître ces interdépendances. Il s'agit de
rassembler les expertises au sein de la Ville de Paris et du territoire pour mieux observer et formuler
des recommandations pour le bien-être et la santé en ville, par le prisme de la résilience, de la
préparation et de l’adaptation aux défis du XXIe siècle. Ce pôle d’expertise étudiera les interactions
entre différents thèmes : bénéfices, risques et adaptation des solutions de nature en ville (adaptation
des espèces végétales, de la présence de l’eau et de la biodiversité aux évolutions climatiques,
plantes allergisantes, hydrométéorologie), impacts du dérèglement climatique et de la pollution
atmosphérique sur la santé (asthme, maladies cardio-vasculaires et respiratoires, allergies, etc.),
risques de chocs sanitaires majeurs (accident nucléaire, épidémie), lutte contre les maladies
vectorielles par l’urbanisme (saturnisme), étude des stratégies individuelles d’adaptation au
changement climatique (comportements, choix, perceptions), des inégalités de santé et des fragilités
socio-environnementales.
Paris agit: Plan Parisien de Santé Environnementale Il vise à mieux comprendre les enjeux sanitaires liés à l’environnement, et à intégrer des objectifs d’amélioration de la santé des parisiens dans le fonctionnement de la Ville et dans ses projets urbains: urbanisme, recherche d’impacts en santé, suivi des affections respiratoires, culture de santé environnementale, diagnostics, initiatives citoyennes, gestion des équipements publics.
55
Action 26: Mobiliser les acteurs de l’innovation et du numérique pour élaborer une
cartographie dynamique et participative des enjeux de résilience urbaine
Le développement de nombreuses technologies disruptives telles que la robotique, l’intelligence
artificielle, le développement massif et exponentiel de nombreuses données privées, etc. sont autant
d’injonction pour l’adaptation des pouvoirs publics dans ce changement rapide et dans un monde
complexe. Pour une ville comme Paris, le défi principal est de saisir cette opportunité, mobiliser les
acteurs de l’innovation pour construire des biens communs tout en veillant à l’adéquation de ces
technologies avec l’intérêt des citoyens, la qualité du service public et la préservation des ressources.
Il est proposé de réaliser une cartographie dynamique et participative des risques, alimentée par les
acteurs du territoire qui le souhaitent, avec le soutien d'associations de "hackers bienveillants". Cette
cartographie sera réalisée grâce à des données fournies par les habitants eux-mêmes et permettrait
d'intégrer l'information produite dans les dispositifs de prévention des risques et de gestion des crises.
Il s'agira donc de favoriser l'acquisition de capteurs par les citoyens et le développement d’outils de
remontée et d’analyse d’information. Cette cartographie participera de l’effort d’amélioration de la
communication de crise grâce aux nouvelles technologies. Il sera proposé de former les membres du
réseau de citoyens solidaires à la cartographie open source et d’organiser un événement autour de la
cartographie collaborative comme outil de développement urbain et de résilience. En Janvier 2018,
une bourse pour des innovations résilientes (Resilience Innovation Fellowship) rassemblera des
acteurs de l’innovation pour produire des solutions aux défis identifiés dans la présente stratégie
(cartographie des sous-sols, apprentissage ludique des risques, mise en relation de l’offre et de la
demande de solidarité). Enfin, cette cartographie sera conçue comme un véritable service public de la
donnée assurant la fiabilité, la gratuité et la garantie d’un usage bienveillant des données produites
sur le territoire.
Action 27. Créer de nouveaux mécanismes de financement des solutions pour la
résilience à Paris : du sustainability bond au resilience bond
Il s’agit d’élaborer une stratégie de financement innovant des actions de résilience: fonds local de
compensation carbone, crowdfunding, financement solidaire, micro-dons, leviers fiscaux, etc. En
premier lieu, un Sustainability Bond sera émis dès 2017. Les emprunts responsables permettent de
diversifier et la provenance et la qualité des investisseurs. Ce type d’émissions obligataires doit
répondre à des objectifs de développement durable dans leur affectation. La Ville de Paris a déjà
émis en novembre 2015 un Climate Bond de 300M€ consacré au financement de projets aux
bénéfices climatiques participant aux objectifs du Plan Climat-Air-Energie. L’intérêt de ce type
d’emprunts réside autant dans le financement de projets aux finalités précises que dans la démarche
qui soutient leur gestion : amélioration des procédures, rapport noté par un organisme extérieur sur
l’évolution des projets et la cohérence de responsabilité (sociale, environnementale) dans leur
gouvernance. Un Sustainability Bond s’inscrira dans cette logique avec un objectif plus anticipatif
encore, doté d’un volet résilience dédié plus précisément à la multiplication des événements
climatiques extrêmes. Il s'agit de mobiliser l’expertise et les financements de spécialistes de la
résilience (acteurs financiers et bancaires, assureurs et/ou réassureurs, audits tiers) pour s’assurer au
travers de leur financement du bénéfice des projets en termes de résilience. Les résultats de l’audit
mené par la Mission Résilience seront présentés lors d’une conférence auprès des investisseurs pour
déterminer les thèmes porteurs. À moyen terme, la création d’un resilience bond, axé notamment sur
la prévention/reconstruction liée au risque d’inondation, sera proposée.
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B. Assurer la continuité du service public et la résilience de
l’administration
Action 28 : Orienter vers la résilience les investissements municipaux, traités de
concessions, délégations de service public et la commande publique grâce à de
nouveaux indicateurs
Les investissements dans les infrastructures tout comme les traités de concessions et délégations de
service public, ou encore la politique d’achats de la Ville, constituent des leviers déterminant pour la
résilience. Alors que le budget d’investissement de la Ville de Paris représente près de 10 milliards
d’euros sur la mandature, chaque euro dépensé peut et doit participer à la résilience climatique, et au
renforcement de l’inclusion.
Il est proposé de créer et mobiliser des indicateurs de résilience (biodiversité, inclusion sociale,
adaptation au changement climatique - et coût de la non-adaptation, etc.) pour prioriser les choix
d’investissement et d'achats, pour élaborer les cahiers des charges des traités de concession et de
délégation de service public. Un outil de monitoring de l'évolution des dépenses municipales pour la
résilience pourra également être mis en place, notamment pour mesurer l’engagement pris par la ville
de consacrer 10 % de ses dépenses d’investissement à la résilience. La logique systématique des
coûts et bénéfices induits sera développée tout au long du processus décisionnel. Ces indicateurs
permettront de faire évoluer le schéma de la commande publique responsable ainsi que de
questionner l’opportunité d’anticiper le renouvellement de certains traités de concession et
délégations de services publics pour intégrer les dernières évolutions technologiques et les nouvelles
connaissances. Pour cela, les référents budgétaires seront formés à l’analyse des projets au regard
de ces indicateurs transverses, et les programmes d’investissement seront définis au regard de cette
grille.
Action 29: Garantir la continuité d'activité municipale en cas de crise
Paris agit: l’innovation interne à la Ville de Paris La résilience de l’administration dépend aussi de sa capacité à innover et à s’adapter. Le programme « Transfo », mené avec la 27
e région, forme les agents aux nouvelles approches de
conception des politiques publiques, centrées sur les usagers. Un dispositif d’intrapreneuriat « Start-up de Ville » est aussi en cours. L’objectif à long terme est de doter la Ville d’un laboratoire d’innovation dédié à la conception de politiques publiques tournées vers les citoyens, il servira également à diffuser la culture de l’innovation publique dans l’administration.
L’élaboration et/ou l’actualisation des Plans de Continuité d’Activité doit être poursuivie, et la
mobilisation de l’ensemble de l’encadrement parisien doit y concourir. Une réserve solidaire d’une
centaine d’agents retraités de la ville de Paris participe par exemple déjà aux dispositifs mis en place
pendant les vagues de chaleur.
Il est proposé de finaliser 100 % des Plans de Continuité d'Activité d'ici fin 2018, en accompagnant
les directions et en portant une attention particulière à la prise en compte des personnes fragiles, plus
vulnérables face aux crises. Il s’agit également de former les encadrants municipaux aux risques et à
57
la résilience, notamment dans le cadre des modules d’accueil des nouveaux agents, et d’élargir la
réserve solidaire des agents retraités aux agents en activité volontaires. L’objectif est de former à
terme 100% des agents aux risques et à la gestion de crise. Les formations seront adaptées aux
risques identifiés et aux métiers. Les agents présents sur l’espace public recevront des formations
adaptées à leur métier et à leur rôle au plus près des usagers. Ces formations devront être
renouvelées pour rafraichir les mémoires, les méthodes et les outils. Enfin, il est proposé
d'accompagner les directions dans la mise en place de dispositifs de gestion de crise et de résilience,
à l'instar des expériences en cours à la Direction de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Santé ainsi
qu’au Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris, où des comités de pilotage de résilience sont
organisés pour assurer le suivi et la prise en compte régulière de ces enjeux à toutes les échelles.
Action 30. Planifier la résilience des systèmes d'information municipaux et renforcer
la sécurité en cas de cyberattaque
Face aux risques de cyber-attaque ou à la vulnérabilité des infrastructures numériques, face aux
risques de crue ou de fortes chaleur, il est proposé un plan d’action global pour renforcer la résilience
des systèmes d’informations municipaux. Ce plan comprendra notamment des actions pour disposer
de sites de secours (en zones protégées) intégrant les travaux de consolidation et de convergence du
réseau, les exigences de continuité des applications et des ressources nécessaires en cas de crise,
l’investissement dans des infrastructures internes de maîtrise des risques, ou encore la
contractualisation des exigences de résilience et de sécurité des marchés d’externalisation. Pour
chaque nouvelle infrastructure, un bilan des consommations d’énergie et de chaleur dégagées sera
effectué et donnera lieu à des recommandations : systèmes de récupération de chaleur,
transformation du chaud en froid, utilisation d’énergies neutres en carbone pour ces aménagements,
compensation carbone, ou encore schéma de valorisation de l’énergie fatale, mutualisé avec d’autres
partenaires et dédié à alimentation des boucles locales d’énergie, en cohérence avec le nouveau
Plan Climat.
C. Coopérer avec les autres territoires pour engager les transitions
Action 31. Définir un pacte de coopération territoriale avec les municipalités
périurbaines et rurales, autour d’intérêts communs et d’actions partenariales
Qu’il s’agisse de l’approvisionnement alimentaire, de l’emploi, de la prévention du risque d’inondation
à l’échelle du bassin versant ou encore de la limitation des déplacements par le développement du
télétravail, Paris dépend des territoires ruraux qui l’entourent, et inversement.
Il est donc proposé de matérialiser les intérêts communs et d'engager des actions par le biais d’une
convention entre Paris, la Métropole et l’Association des Maires Ruraux de France, véritable pacte de
coopération territoriale pour la résilience. L’objectif est de construire de nouvelles réciprocités entre
urbains et ruraux, et de formaliser les intérêts communs entre Paris, la Métropole et les territoires
ruraux. Ensuite, les partenaires conduiront des projets pilotes dans différents domaines : réduction
des déplacements vers/depuis Paris en créant des centres de coworking en grande couronne et au-
delà (7% des agents de la Ville habitent même hors région Ile-de-France), préservation de la
ressource en eau en coopération avec des communes du bassin versant à l’image du programme
qu’Eau de Paris mène en la matière, partage d’expertises techniques de Paris vers les zones et villes
rurales en transition, ’alimentation durable et approvisionnement, économie circulaire et recyclage de
58
matériaux, investissement dans la production d’énergies renouvelables et de projets de puits de
carbone extra-muros, jumelages d’écoles entre Paris et les villes rurales, etc. Solidarité énergétique,
relocalisation des emplois et des ressources, vitalité des territoires, les avantages d’un tel pacte de
coopération seront d’abord développés lors de groupes de travail puis les pistes d’action seront
présentées lors d’une restitution auprès des principaux partenaires.
Action 32. Soutenir le programme d'adaptation au changement climatique du bassin
versant pour préserver la ressource en eau et limiter l’ampleur des crues en
partenariat avec les communes rurales
Les enjeux de limitation du risque d’inondation, de prévention des étiages et d’amélioration de la
qualité des eaux de la Seine appellent une approche et des réponses communes et intégrées. Elles
doivent viser à la reconquête, la désimperméabilisation des sols et la renaturation là où c’est possible
du lit majeur de la Seine et de ses affluents, à la limitation drastique des rejets polluants dans les
cours d’eau, en créant de nouveaux partenariats gagnant-gagnant avec les communes, les
agriculteurs et les industriels du bassin versant. C'est pour répondre à l'ensemble de ces enjeux que
le comité de bassin Seine Normandie a adopté un programme d'adaptation au changement
climatique dont la Ville de Paris et Eau de Paris sont partenaires.
Dans le cadre du programme 100 RC, une étude a d'ores et déjà été réalisée par un prestataire
partenaire de la plateforme, sur le potentiel de zones d’expansion de crue et de redéveloppement de
biodiversité et de zones humides, pouvant jouer un rôle important tant pour la prévention des
inondations et de l’étiage que dans la dépollution. Une étude d'évaluation des impacts socio-
économiques et environnementaux des étiages et sécheresses sévères sur le bassin amont de la
Seine sera également réalisée par l’EPTB Seine Grands Lacs, plusieurs thèses de doctorat seront
accueillies à la Ville ou chez les partenaires concernant le risque d’inondation. La Ville de Paris
poursuivra la création de nouveaux partenariats avec les territoires voisins, et, en application de son
plan de protection de la ressource en eau, Eau de Paris poursuivra l’acquisition de terres agricoles et
l’accompagnement des agriculteurs présents sur les aires d’alimentation de captage d’eau potable
afin qu’ils acquièrent des pratiques culturales durables. D’autres initiatives telles que le
développement du fret fluvial sur la Seine et les canaux et l’approvisionnement de la restauration
collective par des agriculteurs du bassin parisien seront encouragées.
Action 33: Adopter une stratégie territoriale d’alimentation durable
8 millions de repas sont consommés chaque jour à Paris. Renforcer l’indépendance, l'autonomie et la
résilience du système alimentaire est une priorité pour les années à venir, en diversifiant et
rapprochant les filières d'approvisionnement, notamment par le biais de nouveaux partenariats avec
les territoires ruraux. Il est également nécessaire pour garantir l’approvisionnement de faciliter les
échanges entre les services de gestion de crise des collectivités et des opérateurs, les distributeurs
ainsi que l'Etat quant au partage d'information, notamment sur les stocks, les filières, les impacts liés
au transport. 36% des émissions de gaz à effets de serre sont issus de l’alimentation en France, du
fait de l’indépendance des territoires à des circuits longs d’approvisionnement. Ainsi, Paris s’est
engagée dans la construction d’une stratégie alimentaire territoriale, afin de se doter d’un système
alimentaire durable, inclusif et résilient, sûr et diversifié pour tous.
Cette stratégie, en cours d’élaboration, associe les acteurs de l’alimentation à toutes les échelles:
distributeurs, transformateurs, commerçants, agriculteurs, etc. Elle proposera d’élaborer un plan
59
partenarial spécifique d’approvisionnement en cas de crue majeure, qui pourra ensuite être décliné
pour d’autres types de crises. Elle intégrera l’ambition fixée de consolider le modèle de l’agriculture
urbaine et de proximité, et d'explorer de nouvelles façons de produire en ville. Véritable opportunité
pour tisser des liens entre urbains et ruraux, cette stratégie sera un élément clé du travail à mener
globalement avec les communes rurales (voir action n°31).
Paris agit : les “Parisculteurs” La Ville et ses 71 partenaires, signataires de la charte « objectif 100 hectares » se mobilisent pour végétaliser 100 hectares de bâti d’ici 2020 dans la capitale, dont un tiers consacré à l’agriculture urbaine. Dans ce cadre, de multiples techniques innovantes de production en ville sont proposées (aéroponie, aquaponie, hydroponie, champignonnières, culture en lasagne, permaculture, ...), notamment à travers les appels à projets « Parisculteurs » qui mettent à dispositions des agriculteurs urbains de nouvelles surfaces.
Action 34. Réaliser une étude multi-acteurs du potentiel de création de centres de
coworking et d’échanges d’emplois à l'échelle de l’agglomération
Les outils technologiques offrent de nouvelles solutions, permettant de se déplacer moins et de
diminuer ainsi les pollutions liés aux déplacements. Une étude réalisée dans le cadre du plan de
déplacements de l’administration parisienne a montré que 10 000 des 50 000 salariés de la
collectivité pouvaient potentiellement travailler à distance une partie de la semaine.
L’objectif est de diminuer du 30 % le nombre de déplacements pendulaires à l'échelle de
l'agglomération d'ici 2030 grâce au télétravail et coworking, dans une logique de solidarité territoriale
permettant de libérer les franciliens de déplacements contraints et de participer à la revitalisation de
l’économie locale des territoires de la région parisienne. Une étude sera lancée en 2018 en lien avec
les grandes entreprises et administrations pour identifier et caractériser les besoins en matière
d'espaces de coworking, l'impact du développement du télétravail sur le trafic routier, la qualité de vie
et la santé, ainsi que les dimensions financières.
Action 35. Développer l’économie circulaire, la fabrication locale et les échanges
non-monétaires
A Paris, de nombreuses activités se développent vers une gestion locale des ressources et la
définition d’un nouveau métabolisme urbain, qui questionne les limites et les échelles des territoires.
Les ressourceries, recycleries, accorderies et "repair cafés", la micro-méthanisation, le tri des
déchets, l’agriculture urbaine, la fabrication locale (fablabs), sont autant de levier d’inclusion sociale:
chantiers d'insertion, formation au maraîchage, métiers de la biodiversité, entretien des lieux de
convivialité, etc.
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Paris agit: La 1ère feuille de route de l’économie circulaire, votée en juillet 2017 propose 15 actions répondant à cinq défis structurants: l’aménagement et la construction, l’offre de réemploi, réutilisation et réparation dans Paris, le soutien aux acteurs du territoire et la mise en réseau, la commande publique et, enfin, la promotion de nouveaux modes de consommation durable. Cette feuille de route sera régulièrement mise à jour.
Il s’agit de mettre en œuvre la feuille de route de l’économie circulaire et de développer la fabrication
locale, porteuse de plus d’autonomie, de sobriété, d’insertion par la création d'emplois locaux
(entrepreneurs, designers, artistes, bricoleurs, hackers) et en ce sens, solutions de résilience.
L’identification de territoires d’innovation, à l’échelle des quartiers, permettra de mobiliser les acteurs
de l’innovation et les grands comptes au sein de “living labs” - expérimentation locale de solutions
agiles: Deux Rives, Territoires d’innovation, etc. Enfin, la Ville soutiendra le prêt, le troc et les
échanges non monétaires, en s’appuyant sur les acteurs de l’économie sociale et solidaires et les
plateformes multi-partenariales. De nombreuses initiatives se développent pour prêter et échanger
des biens et des services, autant d’actions que des sociologues et économistes désignent par le
terme de « consommation collaborative ». En effet, la pratique du troc nous invite à repenser notre
façon de consommer et d’entrer en relation avec les autres: moins d’achats inutiles, de gaspillage, de
déchets, de pollution, plus d’entraide, de solidarité, d’alternatives… Au-delà de ces dimensions, le
troc est un levier pour l'inclusion sociale, en facilitant l'accès à des moyens d'échange avec les autres
citadins. Il peut également constituer, si sa pratique est bien développée, une protection contre les
effets d’une crise monétaire, économique ou financière.
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FOCUS
La Seine, vecteur de résilience
La Ville se développe avec le fleuve: la piétonisation des berges rive droite, l’appel à projets urbains “Réinventer la Seine”, le projet de baignade en Seine dans le cadre des Jeux Olympiques de 2024, les futurs Plan Pluie et Plan Biodiversité, sont autant de projets visant à améliorer notre relation au fleuve, son environnement, et à l’adapter au changement climatique. Dans le même temps, la Ville poursuit ses efforts autour du risque de crue majeure. Au-delà des aménagements et de la surveillance permanente du niveau de la Seine, elle participe au programme d’actions et de prévention des inondations (PAPI) de la Seine et Marne Francilienne et échange avec l’ensemble des acteurs concernés. En 2016, l’exercice européen SEQUANA a réuni pour la première fois l’ensemble des parties prenantes autour d’une simulation de crue.
La Seine enjeu de résilience. La Seine est une ressource infinie pour Paris et sa métropole, mais elle porte à elle seule trois enjeux prioritaires: la sécheresse et le risque d’étiage, la mauvaise qualité de l’eau et le risque d’inondation. Il s’agit, pour ce dernier, d’anticiper les impacts d’une crue majeure de la Seine et identifier les systèmes, infrastructures et services à reconstruire si elle devait advenir. La Ville a défini les enjeux techniques, sociaux et de gouvernance pour se préparer à cette reconstruction en rassemblant des opérateurs de réseau, des services de l’état, des urbanistes et architectes.
Amec Foster Wheeler cartographie et caractérise les zones d’expansion de crue et des zones humides sur le bassin versant de la Seine. Ce bureau d’étude anglais, partenaire du programme 100RC, a conduit une étude proposée par la Ville de Paris, pour l’Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs. Celle-ci a permis d’évaluer le potentiel de renaturation du lit de la Seine, avec le triple objectif d’atténuer l’effet des sécheresses et de l’étiage, de freiner les inondations et d’améliorer la qualité de la ressource.
La stratégie de résilience prend en compte la question du fleuve de façon transversale: elle propose de renforcer la culture du risque parmi les habitants, de les mobiliser dans le cadre du réseau de citoyens solidaires, notamment en cas de crue (pilier I) ; d’anticiper les impacts des chocs et des stress liés au fleuve sur les infrastructures et de les adapter (pilier II); d’améliorer la prise en compte des risques au sein de l’administration; d’accompagner ses partenaires engagés dans l’adaptation au changement climatique du bassin versant, de renouveler et de renforcer la coopération avec les communes et les agriculteurs en amont (pilier III), etc.
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CONCLUSION
L’ancrage de la résilience dans les comportements et les normes, constitue un enjeu pour les années
à venir. La Ville de Paris s’organisera pour poursuivre les efforts initiés dans le cadre du partenariat
avec le réseau des 100 Villes Résilientes, pour développer la résilience à son échelle.
Un seul agenda guide désormais les politiques transversales : celui d’une ville durable, connectée,
inclusive et solidaire, d’une ville résiliente, pour dès aujourd’hui répondre aux défis du XXIe siècle.
Paris s’est engagée à consacrer 10% de ses dépenses d’investissement à la résilience: une première
étape est franchie. Ce nouveau regard permettra d’accompagner l’administration, pour innover et
adapter les pratiques professionnelles aux besoins du territoire. La mise en œuvre de cette stratégie
impliquera des rendez-vous réguliers avec les partenaires, citoyens et acteurs économiques.
Paris poursuivra ses échanges internationaux avec les 100 Villes résilientes et sera leader dans des
réseaux de villes qui partagent ses enjeux de résilience: les villes accueillant des réfugiés et migrants
humanitaires, les villes face à la menace terroriste, face au changement climatique, à la pollution de
l’air. Des temps forts seront ainsi prévus pour comparer les expériences et construire ensemble des
solutions.
L’approche résiliente saisira également l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 à
Paris comme une opportunité de développement de l’éducation par le sport, de tissage d’une
communauté matérielle et symbolique propre à renouveler les imaginaires et à catalyser les
solidarités entre Paris et sa banlieue, pour construire une métropole résiliente.
L’approche holistique et intégrée de la résilience constitue une nouvelle façon de faire les politiques
publiques. Loin d’être un document planificateur, fixé pour les prochaines décennies, cette stratégie
propose un chemin et des premiers jalons qu’il conviendra de réinterroger pour sans cesse
apprendre, innover, rebondir et se préparer aux risques qui déterminent désormais les rapports
humains et les liens entre les sociétés et leur environnement.
“La révolution Haussmannienne” du second Empire, a fait entrer Paris dans une ère totalement
nouvelle, en agissant sur de nombreux domaines : urbanisme, transports et circulation,
infrastructures, réseaux, équipements, parcs, mobilier urbain, etc. Elle visait en particulier à faire face
à des stress majeurs, comme la congestion et l’insalubrité, et a constitué en partie une vision
“intégrée et holistique”, efficace et durable. Mais elle n’a pas suffisamment pris en compte les enjeux
sociaux de la transformation.
Face aux nouveaux stress et risques auxquels la ville fait face aujourd’hui, c’est d’une révolution de la
même ampleur dont Paris et sa Métropole ont besoin, d’un changement de cap dans la façon de
penser l’avenir et le fonctionnement du territoire, pour offrir aux habitants une meilleure qualité de vie,
une meilleure protection face aux aléas, et des perspectives positives d’avenir. C’est ce que propose
l’approche résiliente.
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LISTE DES ACRONYMES
Ville de Paris : AEU (DEVE) : Agence d’Écologie Urbaine AM (DVD) : Agence de la Mobilité CASVP : Centre d’action sociale de la Ville de Paris DASCO : Direction de l'Action sociale, de l'Enfance et de la Santé DAC : Direction des Affaires culturelles DAJ : Direction des Affaires juridiques DASCO : Direction des Affaires scolaires DAE : Direction de l'Attractivité et de l'Emploi DEVE : Direction des Espaces verts et de l'Environnement DFPE : Direction des Familles et de la petite Enfance DFA : Direction des Finances et des Achats DILT : Direction de l'Immobilier, de la Logistique et des Transports DICOM : Direction de l'Information et de la Communication DJS : Direction de la Jeunesse et des Sports DLH : Direction du Logement et de l'Habitat DPA : Direction du Patrimoine et de l'Architecture DPE : Direction de la Propreté et de l'eau DPSP : Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection DRH : Direction des Ressources humaines DSTI : Direction des Systèmes et Technologies de l'Information DU : Direction de l'Urbanisme DVD Direction de la Voirie et des Déplacements DDCT : Direction de la Démocratie, des Citoyen.ne.s et des Territoires MIVID : Mission Ville intelligente et durable SGVP : Secrétariat Général de la Ville de Paris
Autres sigles : 100RC: 100 Resilient Cities AESN : Agence de l'Eau Seine-Normandie AFPCN : Association Française de Prévention des Catastrophes Naturelles APC : Agence Parisienne du Climat AP-HP : Assistance publique –Hôpitaux de Paris APUR : Atelier Parisien d’Urbanisme AQC : Agence de Qualité Construction ARS : Agence Régionale de Santé CPCU : Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain DRIEE : Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie EIS : Evaluation d’Impacts sur la Santé EIVP : Ecole des Ingénieurs de la Ville de Paris ENEDIS : Réseau de distribution d’énergie ENPC : Ecole Nationale des Ponts et Chaussées EPTB : Etablissement territorial de bassin ERN : European River Network GEMAPI : Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations GUAPO : Observatoire mondial de la pollution de l’air en ville IAU : Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région IDF: Région Ile-de-France MGP : Métropole du Grand Paris MOOC: Massive Open Online Course MRN : Mission Risques Naturels OMS : Organisation Mondiale de la Santé PAPI : Programme d’action de prévention des inondations PAQES : Plan d’Amélioration de la Qualité des Eaux de la Seine PCA : Plan de Continuité d’Activité PCAEM : Plan Climat-Air-Énergie Métropolitain PCAET : Plan Climat Air Énergie territorial PIB : Produit Intérieur Brut PMHH : Plan Métropolitain de l’Habitat et de l’Hébergement PP : Préfecture de Police PPCI : Plan de Prévention Contre les Inondations PPRI : Plan de Prévention des Risques Inondations RATP : Régie Autonome des Transports Parisiens SAGE : Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux SCOT : Schéma de cohérence territoriale SEMAEST : Société d'Economie Mixte d’Aménagement de l’Est parisien SEMAPA : Société d'Étude, de Maîtrise d'Ouvrage et d'Aménagement Parisienne SEQUANA : exercice européen de simulation d’une crue centennale à Paris SIAAP: Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne SYCTOM: l'agence métropolitaine des déchets ménagers SNCF : Société Nationale des Chemins de Fer SPSE : Service parisien de santé environnementale UPEM : Université Paris Est Marne la Vallée ZAC : Zone d’Aménagement Concertée ZCR : Zone à circulation restreinte ZDS : Zone de Défense et de Sécurité