les cerfs-volants de kaboul (fiche de lecture) · rÉsumÉ comme deux frÈres amir est un jeune...

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Les Cerfs-volants de Kaboul Khaled Hosseini Fiche de lecture Document rédigé par Cécile Perrel maitre en lettres modernes (Université de Bretagne occidentale) lePetitLittéraire.fr

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Les Cerfs-volants

de KaboulKhaled Hosseini

Fiche de lectureDocument rédigé par Cécile Perrel

maitre en lettres modernes(Université de Bretagne occidentale)

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RÉSUMÉ 3

ÉTUDE DES PERSONNAGES 5Amir

Baba

Hassan

CLÉS DE LECTURE 7L’image du père

Le thème de la culpabilité

Un roman d’apprentissage

Un document sur l’Afghanistan

PISTES DE RÉFLEXION 11

POUR ALLER PLUS LOIN 12

2Les Cerfs-volants de KaboulFiche de lecture –LePetitLittéraire.fr –

Khaled HosseiniÉcrivain américain d’origine afghane

• Né en 1965 à Kaboul (Afghanistan)• Quelques-unes de ses œuvres :

Les Cerfs-volants de Kaboul (2003), romanMille soleils splendides (2007), roman

Khaled Hosseini est un écrivain américain d’origine afghane, né à Kaboul en 1965. Fils d’un diplomate et d’une enseignante, il quitte très jeune l’Afghanistan, suivant son père dans ses différentes affectations. La famille vit ensuite à Paris, puis demande l’asile aux États-Unis, préférant ne pas rentrer dans leur pays alors sous le joug russe.

Après avoir passé son baccalauréat, Khaled Hosseini obtient une licence de biologie, puis un doctorat en médecine. Il exerce depuis la profession de méde-cin tout en écrivant des romans. Son premier livre, Les Cerfs-volants de Kaboul  (2003), a connu un succès considérable, de même que le second, Mille soleils splendides (2007).

Les Cerfs-volants de KaboulL’histoire de l’Afghanistan

vue par un enfant

• Genre : roman• Édition de référence : Les Cerfs-volants de Kaboul,

Paris, Éditions 10/18, 2008, 405 p.• 1re édition : 2003• Thématiques : souvenirs, racisme, lâcheté, culpabi-

lité, pardon

Les Cerfs-volants de Kaboul, roman paru aux États-Unis en 2003 et en France en 2007, raconte la plongée d’Amir dans ses souvenirs d’enfance, lorsqu’il vivait encore dans son pays, l’Afghanistan, qu’il a dû quitter avec son père pour fuir l’occupation russe. Il laisse derrière lui son monde, ses souvenirs et ses erreurs. Mais celles-ci vont se rappeler à lui et il trouvera un moyen de les racheter.

Ce roman, qui a connu un immense succès, nous présente l’histoire de l’Afghanistan des années 1970, de l’occupa-tion russe au régime des talibans, vue essentiellement à travers le regard d’un enfant.

3Les Cerfs-volants de KaboulFiche de lecture –LePetitLittéraire.fr –

RÉSUMÉ

COMME DEUX FRÈRESAmir est un jeune garçon afghan âgé d’une dizaine d’années. Il vit seul avec son père, Baba, un des plus riches commerçants de Kaboul. Malgré l’amour inconditionnel qu’il voue à Baba, il entretient une relation complexe avec lui. En effet, Amir est tout le contraire de son père : c’est un garçon chétif, peu sportif, surtout intéressé par la lecture et qui se laisse chahuter par les autres enfants. Souffrant de cette situation, il trouve régulièrement refuge auprès de Rahim, l’associé de Baba. Celui-ci comprend ce qui sépare le père de son fils et tente de consoler le jeune garçon. Il est en outre le seul à croire au talent d’Amir qui s’essaie à l’écriture.

Amir passe ses journées en compagnie d’Hassan, le fils de leur domestique, Ali, qui fait partie des Hazaras. Ce peuple a été persécuté par les Pachtouns pendant de nombreuses années, et depuis, Hassan et son père sont contraints à être des serviteurs. Les deux enfants partagent le même manque : aucun d’eux n’a connu sa mère. Celle d’Amir est morte en couches tandis que celle d’Hassan a fui peu après son accouchement. Ils ont tous les deux eu la même nourrice et ont toujours vécu l’un près de l’autre. Par conséquent, les liens qui les unissent sont forts. Mais les points communs ne s’arrêtent pas là puisqu’ils sont en réalité demi-frères, ce qu’Amir n’apprendra qu’à l’âge adulte.

Un soir de juillet 1973, alors que le roi a été renversé, des fusillades éclatent un peu partout à Kaboul, ce qui marque « le début de la fin » pour Amir. Le lendemain, alors qu’ils jouent sur un terrain vague, Amir et Hassan rencontrent d’autres garçons de leur âge qu’ils connaissent bien. Parmi eux se trouve Assef, un jeune violent et raciste qui voue un culte à Hitler. Il déteste les Hazaras et souhaiterait que son pays ne soit peuplé que de Pachtouns. Alors qu’il s’apprête à frapper Amir pour le punir d’être ami avec Hassan, celui-ci sort son lance-pierre et le menace. Pris de panique, Assef quitte les lieux tout en promettant de se venger de cet affront.

LE COMBAT DE CERFS-VOLANTSTous les hivers a lieu le traditionnel combat de cerfs-volants : chaque enfant se munit d’un cerf-volant et doit tenter de couper la ficelle des concurrents grâce à des tessons de verre présents sur le leur. Le dernier en lice est déclaré vainqueur et, pour valider sa victoire, chaque cerf-volant éliminé doit être ramassé par le gagnant. Amir et Hassan sont particulièrement habiles à ce jeu : Amir manie le cerf-volant tandis qu’Hassan court à la recherche de ceux qui sont tombés. Cette année-là, Amir tient tout particulièrement à sortir vainqueur du tournoi pour se rapprocher de son père et pour qu’il lui témoigne un peu de fierté.

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Le jeune garçon parvient à remporter les différents duels et, alors qu’il range son matériel, Hassan part à la recherche du dernier cerf-volant battu. Au bout de quelques instants, trouvant que son ami est long à revenir, Amir part à sa recherche et le retrouve alors qu’il est pris en embuscade par Assef et ses amis. Ce dernier tient à ce qu’Hassan lui remette le cerf-volant, mais comme celui-ci refuse, il décide de lui donner une leçon et le viole. Pétrifié, n’osant pas intervenir, Amir assiste à la scène caché derrière une palissade avant de s’enfuir, horrifié tant par ce qu’il vient de voir que par sa propre lâcheté.

Cet évènement marque la fin de leur amitié. Par la suite, les deux garçons ne se parlent presque plus. Amir ne peut supporter la vue d’Hassan qui lui rappelle sa couardise. Alors, il décide de faire chasser Ali et son fils en accusant celui-ci de vol. Il parvient à ses fins et, malgré le désespoir de Baba, les deux Hazaras quittent leur vie.

LE RACHAT DES PÉCHÉSEn mars 1981, Amir fuit l’Afghanistan avec son père afin d’échapper à l’occupation russe. Ils gagnent alors les États-Unis et s’installent en Californie. Là-bas, son père travaille comme employé de station-service, ce qui modifie leur train de vie. Amir, quant à lui, poursuit ses études et entre à l’université afin d’étudier les techniques d’écriture pour devenir écrivain, au grand dam de son père qui l’aurait préféré avocat ou médecin. En 1989, il publie son premier roman.

Un jour, il rencontre Soraya Taheri, la fille d’un général afghan. Il en tombe aussitôt amoureux, la demande en mariage et l’épouse. Une ombre persiste néanmoins au tableau : ils ne parviennent pas à avoir un enfant. Amir pense qu’il s’agit d’une punition pour la lâcheté dont il a fait preuve alors qu’il était enfant. Mais, un jour de juin 2001, le téléphone sonne : c’est Rahim, l’ancien associé de son père, qui lui annonce qu’« il existe un moyen de [s]e racheter ». Ce dernier a en fait une mission à lui confier qui vise à sauver le fils de son vieil ami Hassan et à l’élever.

Amir accepte de lui rendre visite au Pakistan. Rahim lui remet alors une lettre d’Hassan dans laquelle celui-ci raconte sa vie : il explique qu’il s’est marié, qu’il a un fils et qu’il espère revoir un jour Amir auquel il assure son dévouement éternel. Mais Rahim ne lui raconte pas la suite de l’histoire : Hassan et sa femme ont été tués par les Talibans, laissant leur fils, Sohrab, orphe-lin. C’est pour le sauver d’un orphelinat que Rahim a fait venir Amir. Il apprend également à Amir qu’Hassan était en réalité le fils de Baba qui avait eu une brève liaison avec la femme de son serviteur.

Amir accepte la mission. Il y voit l’occasion de se racheter et d’effacer le mal qu’il a pu faire autrefois à son ami. Il part donc pour Kaboul et apprend à l’orphelinat que le petit Sohrab a été emmené par un Taliban voilà plusieurs semaines. Lorsqu’Amir le retrouve, il découvre avec stupéfaction qu’il s’agit d’Assef. Les deux hommes se battent et Amir réussit à prendre la fuite avec l’enfant.

Ils rentrent tous les deux aux États-Unis où Soraya est ravie d’accueillir le neveu de son mari. Mais le chemin sera long pour Sohrab qui, meurtri par ce qu’il a vécu, s’enferme dans un profond mutisme, refusant pratiquement tout échange. Pourtant, Amir ne se décourage pas et fait tout ce qui est en son pouvoir pour offrir une vie confortable et rassurante au fils de son ami.

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ÉTUDE DES PERSONNAGES

AMIRAmir est un jeune garçon âgé d’une dizaine d’années au début de l’histoire. Orphelin de mère, il vit dans un univers exclusivement masculin, entouré de son père, Baba, d’Ali, le domestique, et du fils de celui-ci, Hassan, qui a un an de moins que lui et qui est son camarade de jeu. Amir voue un amour immodéré à son père et pourtant, leur relation est difficile. En effet, Baba aurait souhaité un garçon sportif et dynamique alors qu’Amir est craintif, peureux, calme et aime la lecture.

Auprès d’Hassan, avec lequel il passe énormément de temps, le caractère d’Amir change totale-ment : il devient autoritaire et cynique, franchissant bien des fois les limites de la méchanceté, prêt à tout pour tester le dévouement de son ami. C’est sa couardise face aux autres enfants qui va détruire son monde puisqu’il n’ose pas réagir face à l’agression dont Hassan est victime. Par lâcheté, il préfère fuir et faire comme s’il ignorait ce qu'il s’est passé. Il préfère faire chasser Hassan et son père sur un faux motif plutôt que de voir tous les jours son ami dont le simple visage lui rappelle sa lâcheté.

Plus tard, Amir ose enfin s’opposer à son père lorsqu’il s’agit de choisir ses études : il veut devenir écrivain et non médecin ou avocat. Mais c’est l’appel de Rahim et son retour au pays natal qui vont véritablement le changer. Son attitude lors du viol d’Hassan pèse sur sa conscience depuis des dizaines d’années et il a enfin la possibilité, non de se racheter – car le mal a été fait et ne peut pas être réparé – mais de laisser sa peur de côté et de faire preuve d’altruisme. L’acte est d’autant plus important qu’il concerne le fils d’Hassan.

Amir n’est pas un héros classique, puisque c’est un personnage lâche, peureux et égoïste. Mais il représente nos propres peurs et permet au lecteur de se poser la question : « Qu’aurais-je fait à sa place ? Serais-je intervenu pour sauver mon ami au risque de mettre ma vie en péril ou aurais-je moi aussi préféré fuir ? »

BABA« Mon père était une force de la nature, un immense spécimen pachtoun à la barbe drue, aux cheveux bruns bouclés coupés court, aux mains si puissantes qu’elles semblaient capables de déraciner un saule et au regard noir si menaçant qu’il aurait poussé le diable « à s’agenouiller devant lui pour implorer sa pitié » (p. 21), explique Amir.

Veuf, il ne s’est jamais remarié même si l’on apprend à la fin du roman qu’il a eu une brève liaison avec la femme d’Ali et qu’Hassan est son fils. Riche commerçant, il possède deux pharmacies, un restaurant et exporte des tapis. Il peut offrir à son fils une vie à l’abri du besoin, mais il semble incapable de lui offrir de l’affection. Baba ne comprend pas Amir, il ne partage aucun de ses

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centres d’intérêt et se désole de le voir si peu sûr de lui. Dominateur lorsqu’il est en Afghanistan, il se retrouve dans une situation d’infériorité lorsqu’il s’installe aux États-Unis : il n’est plus chez lui, a perdu ses repères et Amir prend alors l’ascendant.

HASSANC’est officiellement le fils d’Ali, le domestique de la maison. Appartenant à la tribu des Hazaras, il est condamné par sa naissance à être serviteur et à n’avoir aucune instruction. Il est pourtant vif et intelligent, et voue un amour immodéré à Amir. Il partage tous ses jeux et est prêt à se sacrifier pour lui puisqu'il est celui qui met Assef en déroute lors de la première altercation, attitude qui déterminera son sort puisqu’Assef se vengera de l’affront. Il sait qu’Amir a assisté à la scène du viol et que son ami a monté de toutes pièces le prétendu vol afin de le faire chasser, mais il ne révèle rien : son dévouement est sans borne.

Avant de mourir, il laisse une lettre pour Amir où il l’assure de sa fidélité. Loin d’être un garçon sans caractère, Hassan apparait donc comme un être généreux et fidèle.

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CLÉS DE LECTURE

L’IMAGE DU PÈRE Les Cerfs-volants de Kaboul est un roman presque exclusivement masculin. En effet, les femmes y sont peu présentes, hormis Soraya et sa mère, dans la seconde partie de l’ouvrage. L’image de l’homme, et tout particulièrement du père, y est donc importante.

On retrouve différents types de pères : celui adoré mais distant incarné par Baba ; le père idéal avec le personnage de Rahim ; le père discret mais qui ferait n’importe quoi pour son fils, comme Ali ; enfin, l’homme qui souhaite devenir père mais qui n’y parvient pas.

• Baba est le seul parent qu’Amir connaisse puisque sa mère est morte en lui donnant la vie. Pourtant, ils ont tous les deux une relation difficile. Amir dit de lui : « Bien que vivant sous le même toit, mon père et moi évoluions dans des sphères différentes… » (p. 61) Ces deux êtres ne se comprennent pas : Amir est persuadé que son père lui en veut d’avoir « tué » sa mère, et Baba ne supporte pas le caractère effacé et timoré de son fils. Sa faiblesse physique lui semble une tare et les malaises répétés d’Amir en voiture l’insupportent. Pourtant, Amir dit : « Je vénérais en général mon père avec une intensité proche de la dévotion religieuse… » (p. 42) Le seul moment où ces deux êtres communient est lors de la victoire d’Amir au combat de cerfs-volants. Mais à quel prix puisqu’il a fallu pour cela qu’Amir sacrifie Hassan. Ce dernier est le fils caché de Baba, ce que nous apprenons, comme Amir, à la fin du roman. Nous com-prenons donc enfin pourquoi Baba a toujours traité Hassan comme son propre fils, ce qui parfois surprenait Amir.

• Ali, le père officiel d’Hassan, est discret, mais droit et dévoué à son fils. Il ne prend part à aucune activité de son fils. Cependant, il n’hésite pas à soutenir Hassan lorsque celui-ci est accusé de vol par Amir.

• Rahim est l’ami et l'associé de Baba, mais aussi le seul homme adulte qui accorde de l’attention à Amir, qui croit en lui et en ses qualités. En ce sens, il fait figure de père idéal. Lorsque les relations entre Baba et Amir sont trop difficiles, Amir en vient d’ailleurs à souhaiter que Rahim soit son père. C’est Rahim qui, le premier, encourage Amir dans ses projets d’écriture, et c’est lui aussi qui le rappelle à ses devoirs et lui demande de racheter ses fautes en retournant en Afghanistan sauver Sohrab.

• Amir, devenu adulte à son tour, souhaite plus que tout devenir père et pourtant, le couple qu’il forme avec Soraya ne parvient pas à avoir d’enfant : « Il se pouvait que, quelque part, quelque chose ou quelqu’un ait décidé de me refuser le droit de devenir père pour me punir de mes actes. Peut-être était-ce mon châtiment – mérité, il fallait bien l’admettre. » (p. 215-216) Plus tard, lorsqu’il recueille Sohrab, il lui faut travailler pour acquérir la confiance de ce dernier. Amir doit apprendre à devenir père et à céder face aux réticences de l’enfant afin de ne pas le brusquer.

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LE THÈME DE LA CULPABILITÉLa culpabilité désigne un sentiment qui porte à se considérer responsable d’un évènement. Amir le ressent tout au long du roman, pour plusieurs raisons :

• il éprouve de la culpabilité au sujet de la mort de sa mère. En effet, celle-ci étant morte en le mettant au monde, il s’imagine qu’il est responsable même si, bien sûr, il n’en est rien ;

• par la suite, il se sent coupable du viol dont a été victime Hassan, et c’est un souvenir qui le poursuivra toute son existence. Amir a assisté à la scène, il aurait pu intervenir afin de défendre son ami, mais il souhaitait plus que tout rapporter le cerf-volant à son père et voir enfin de la fierté dans ses yeux. C’est pour cette raison qu’il a préféré fuir. Et pourtant, la culpabilité qu’il ressent face à sa propre lâcheté devient bientôt intolérable. La seule vue d’Hassan lui rappelle sa couardise et sa faiblesse. Seul son départ pour les États-Unis, qui lui permet de s’éloigner du lieu de sa faute, le soulage : « Pour moi, les États-Unis représentaient un pays où enterrer mes souvenirs. » (p. 149)

Baba est également victime d’un sentiment de culpabilité, même si nous ne l’apprenons qu’à la fin du roman, lorsqu’est révélée à Amir la vérité au sujet de la naissance d’Hassan. Baba en est le véritable père. Il se sent coupable de ne pas pouvoir s’en occuper comme il s’occupe d’Amir. Il profite donc de la moindre occasion pour tenter de réparer cette faute par des cadeaux, comme cette opération esthétique qu’il offre à Hassan pour son anniversaire, afin de faire soigner le bec-de-lièvre de l’enfant.

La culpabilité est un des thèmes importants du roman. L’auteur nous montre comment les per-sonnages parviennent, ou non, à vivre avec ce sentiment. Durant toute sa vie, Baba a voulu se racheter alors qu’Amir a préféré éluder ce sentiment pendant une grande partie de son existence avant de le laisser enfin s’exprimer. À partir de ce moment-là, il prend ses responsabilités et tente de réparer comme il peut ses erreurs.

UN ROMAN D’APPRENTISSAGELe genre du roman d’apprentissage, aussi appelé roman de formation, est né en Allemagne au xviiie siècle sous l’appellation Bildungsroman. Il relate le cheminement, l’évolution d’un héros qui, au début de l’œuvre, est jeune et sans expérience. On le voit ainsi murir, évoluer, faire ses armes et se forger sa propre conception de la vie. Dans ce type d’ouvrage, le personnage doit faire face à différentes épreuves qui lui confèrent, au final, une forme de sagesse. Le roman d’apprentissage décrit donc la maturation du héros.

Amir connait un itinéraire qui fait de lui un héros de roman d’apprentissage. Son enfance est dorée, à l’abri des vicissitudes de la vie, et est guidée par une certaine moralité. Ali, en parlant des deux jeunes enfants élevés par la même nourrice, déclare « qu’il exist[e] une fraternité entre les hommes nourris au même sein, des liens que même le temps ne [peut] rompre » (p. 20). Pourtant, rapidement, Amir se rend compte qu’il vit dans un monde d’inégalités : lui est Pachtoun et vit dans une belle maison alors que son ami Hassan et son père, qui font presque partie de la

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famille, vivent dans un cabanon misérable au fond du jardin, simplement parce que ce sont des Hazaras. Cette sensation est renforcée par les propos d’Assef qui exècre ce peuple, prétendant que l’Afghanistan appartient aux Pachtouns (p. 51).

Plus tard, lorsqu’Hassan se fait violer, Amir comprend que cet acte peut rester impuni car il a été commis par un Pachtoun sur un Hazara. Et pourtant, le jeune garçon ne peut se résoudre à accep-ter cette fatalité, malgré sa propre lâcheté qui a permis ce crime. Amir sent soudain, au travers de ce drame, que la vie n’est pas tout à fait comme il l’envisageait jusqu'à présent. Vivant dans un monde privilégié, il ne connaissait ni la violence ni le vice. Il les découvre brusquement, ce qui laisse en lui une trace indélébile. Essayant d’abord de fuir ses responsabilités, Amir ne devient véritablement un homme qu’après avoir fait face à la réalité, c’est-à-dire, en quelque sorte, après s’être racheté auprès de son ancien ami en recueillant son fils.

L’apprentissage d’Amir dépend également du territoire géographique. Tant qu’il est en Afghanistan, il reste sous la coupe de son père qui prend pour lui toutes les décisions. Mais la donne change complètement lorsqu’ils partent s’installer en Californie. Là-bas, Baba perd tous ses repères alors qu’Amir peut construire les siens. Au pays, Baba était l’homme fort, le décideur ; ici, c’est Amir qui prend les décisions et qui devient l’élément moteur de sa vie. Il réussit enfin à se construire, à échapper au joug de son père (même si celui-ci ne souhaitait que le bien de son fils).

Amir termine véritablement son apprentissage lors de son retour au pays natal pour sauver Sohrab. La boucle est alors bouclée. Amir devient adulte grâce aux décisions qu’il doit prendre pour continuer à vivre en paix avec lui-même : alors qu'il n’a rien fait pour sauver Hassan, il doit agir pour sauver le fils de son ancien ami.

UN DOCUMENT SUR L’AFGHANISTANTout au long du roman, l’auteur nous livre des informations sur l’Afghanistan, qui connait depuis de nombreuses années un régime politique particulièrement instable.

Pays d’Asie centrale, autrefois point névralgique sur la route de la soie, l’Afghanistan subit un profond déséquilibre politique depuis 1919. Mais le roman ne remonte pas si loin et débute dans les années 1970, sous le règne de Mohammed Zaher Chah. Le pays est alors prospère jusqu’à cette nuit du 17 juillet 1973, lorsque le roi est renversé par Mohammed Daoud Khan et que la république est proclamée. « L’Afghanistan changea à jamais » (p. 45), dit Amir à propos de cet épisode. C’est en effet à partir de ce moment-là que la Russie accentue son emprise sur le pays, emprise qui connait son apogée en 1978 avec le renversement de Daoud par un coup d’État soutenu par les Russes. C’est cette occupation russe qui pousse Amir et son père à fuir leur pays : « On ne pouvait plus se fier à quiconque à Kaboul désormais. Pour de l’argent ou sous la menace, les gens dénonçaient leur voisin, leur père, leur frère, leur maître, leur ami. » (p. 130)

Alors qu’Amir et Baba vivent en Californie, ce sont les talibans qui prennent le pouvoir en Afghanistan. C’est une situation qui a toujours effrayé Baba qui disait à Amir : « Que Dieu nous aide si jamais l’Afghanistan tombe un jour entre leurs mains. » (p. 26) Les talibans prônent l’isla-misation de la société, des mœurs et de la justice. Seule la loi divine importe. Lorsqu’Amir revient

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en Afghanistan, il est horrifié de voir l’état de son pays et de Kaboul, qui porte les stigmates de nombreuses années de guerre. En ville, les talibans circulent sans cesse afin de surveiller la popu-lation. Il assiste même, malgré lui, à une lapidation pour punir un adultère. Il reconnait d'ailleurs le taliban qui exécute la sentence : ce n’est autre qu’Assef qui retient également Sohrab prisonnier.

Ainsi, tout au long du roman, le lecteur suit l’évolution politique de ce pays.

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PISTES DE RÉFLEXION

QUELQUES QUESTIONS POUR APPROFONDIR SA RÉFLEXION…• Quelle image de la famille ce roman propose-t-il ?• « Si Dieu existe, alors j’espère qu’il a mieux à faire que de s’occuper de savoir si je mange du

porc ou si je bois. » À quoi Baba fait-il référence ici ? Développez.• Quelles images de la femme nous sont proposées à travers les personnages de Soraya et de

sa mère ?• Comment la religion est-elle présentée dans ce roman ? Développez.• De quels autres romans contemporains Les Cerfs-volants de Kaboul peut-il être rappro-

ché ? Expliquez.• L’histoire du héros Amir ne peut être complètement dissociée de celle de son pays, l’Afgha-

nistan. Expliquez en quoi les évènements historiques influent sur la destinée du personnage.• Pourrait-on qualifier Les Cerfs-volants de Kaboul de roman historique ? Justifiez votre réponse

à l’aide de la définition du genre ainsi que d’exemples précis tirés du roman.

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POUR ALLER PLUS LOIN

ÉDITION DE RÉFÉRENCE• Hosseini K., Les Cerfs-volants de Kaboul, Paris, Édition 10/18, 2008.

© LePetitLittéraire.fr, 2013. Tous droits réservés.www.lepetitlitteraire.fr

Anouilh• Antigone

Balzac• Eugénie Grandet• Le Père Goriot• Illusions perdues

Barjavel• La Nuit des temps

Beaumarchais• Le Mariage de Figaro

Beckett• En attendant Godot

Breton• Nadja

Camus• La Peste• Les Justes• L’Étranger

Céline• Voyage au bout

de la nuit

Cervantès• Don Quichotte

de la Manche

Chateaubriand• Mémoires d’outre-tombe

Choderlos de Laclos• Les Liaisons dangereuses

Chrétien de Troyes• Yvain ou le

Chevalier au lion

Christie• Dix Petits Nègres

Claudel• La Petite Fille de

Monsieur Linh• Le Rapport de Brodeck

Coelho• L’Alchimiste

Conan Doyle• Le Chien des Baskerville

Dai Sijie• Balzac et la Petite

Tailleuse chinoise

De Vigan• No et moi

Dicker• La Vérité sur l’affaire

Harry Quebert

Diderot• Supplément au Voyage

de Bougainville

Dumas• Les Trois Mousquetaires

Énard• Parlez-leur de batailles,

de rois et d’éléphants

Ferrari• Le Sermon sur la

chute de Rome

Flaubert• Madame Bovary

Frank• Journal d’Anne Frank

Fred Vargas• Pars vite et reviens tard

Gary• La Vie devant soi

Gaudé• La Mort du roi Tsongor• Le Soleil des Scorta

Gautier• La Morte amoureuse• Le Capitaine Fracasse

Gavalda• 35 kilos d’espoir

Gide• Les Faux-Monnayeurs

Giono• Le Grand Troupeau• Le Hussard sur le toit

Giraudoux• La guerre de Troie

n’aura pas lieu

Golding• Sa Majesté des Mouches

Grimbert• Un secret

Hemingway• Le Vieil Homme et la Mer

Hessel• Indignez-vous !

Homère• L’Odyssée

Hugo• Le Dernier Jour

d’un condamné• Les Misérables• Notre-Dame de Paris

Huxley• Le Meilleur des mondes

Ionesco• La Cantatrice chauve

Jary• Ubu roi

Jenni• L’Art français

de la guerre

Joffo• Un sac de billes

Kafka• La Métamorphose

Kerouac• Sur la route

Kessel• Le Lion

Larsson• Millenium I. Les hommes

qui n’aimaient pas les femmes

Le Clézio• Mondo

Levi• Si c’est un homme

Levy• Et si c’était vrai…

Maalouf• Léon l’Africain

Malraux• La Condition humaine

Marivaux• Le Jeu de l’amour

et du hasard

Martinez• Du domaine

des murmures

Maupassant• Boule de suif• Le Horla• Une vie

Mauriac• Le Sagouin

Mérimée• Tamango• Colomba

Merle• La mort est mon métier

Molière• Le Misanthrope• L’Avare• Le Bourgeois

gentilhomme

Montaigne• Essais

Morpurgo• Le Roi Arthur

Musset• Lorenzaccio

Musso• Que serais-je sans toi ?

Nothomb• Stupeur et Tremblements

Orwell• La Ferme des animaux • 1984

Pagnol• La Gloire de mon père

Pancol• Les Yeux jaunes

des crocodiles

Pascal• Pensées

Pennac• Au bonheur des ogres

Poe• La Chute de la

maison Usher

Proust• Du côté de chez Swann

Queneau• Zazie dans le métro

Quignard• Tous les matins

du monde

Rabelais• Gargantua

Racine• Andromaque• Britannicus• Phèdre

Rousseau• Confessions

Rostand• Cyrano de Bergerac

Rowling• Harry Potter à l’école

des sorciers

Saint-Exupéry• Le Petit Prince

Sartre• La Nausée• Les Mouches

Schlink• Le Liseur

Schmitt• La Part de l’autre• Oscar et la Dame rose

Sepulveda• Le Vieux qui lisait des

romans d’amour

Shakespeare• Roméo et Juliette

Simenon• Le Chien jaune

Steeman• L’Assassin habite au 21

Steinbeck• Des souris et

des hommes

Stendhal• Le Rouge et le Noir

Stevenson• L’Île au trésor

Süskind• Le Parfum

Tolstoï• Anna Karénine

Tournier• Vendredi ou la

Vie sauvage

Toussaint• Fuir

Uhlman• L’Ami retrouvé

Verne• Vingt mille lieues

sous les mers• Voyage au centre

de la terre

Vian• L’Écume des jours

Voltaire• Candide

Yourcenar• Mémoires d’Hadrien

Zola• Au bonheur des dames• L’Assommoir• Germinal

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