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REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peuple – Un But – Une Foi
---
MINISTERE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES ---
CENTRE D’ETUDES DE POLITIQUES POUR LE DEVELOPPEMENT - CEPOD
Les Centres de Gestion Agréés (CGA) entre
fiscalisation, modernisation et croissance
des micros entreprises
NOTE D’ETUDE DE POLITIQUES
Décembre 2008
2
SOMMAIRE
I. Introduction ....................................................................................................................... 3
II. Le secteur informel dans l’économie Sénégalaise : l’enjeu de la modernisation et de la contribution aux charges de l’Etat. ................................ 4
1. Faits stylisés des PME au Sénégal ....................................................................... 4
2. Présentation du secteur informel et de ses acteurs ..................................... 6
III. Le centre de gestion agréé : concept, objet, et expérimentation au Sénégal .................................................................................................................................. 11
1. Historique et fondation ......................................................................................... 11
2. L’organisation du CGA ............................................................................................ 11
3. Les missions du CGA ............................................................................................... 12
4 - Incitations, assistance et partenariat ............................................................. 14
IV. Le centre de gestion agréé : perspectives de recentration et d’extension au Sénégal ................................................................................................... 15
1. Expérience française du rôle d'un CGA............................................................ 16
2. Fiscalité des PME ...................................................................................................... 20
3. Recentrage et extension vers l’appui au développement des compétences des microentreprises par la formation professionnelle ....... 24
A. Besoin de recentrage et d’extension ............................................................ 24
B. Contraintes à lever .............................................................................................. 25
C - Plan de Développement ................................................................................... 26
3
I. Introduction
La vision dualiste du développement proposée par Arthur Lewis en 1954 fait de l’expansion
du secteur moderne la solution de référence pour l’absorption du surplus de main d’œuvre
libéré par le secteur traditionnel de l’agriculture de subsistance. L’exode rural permet alors de
maintenir les salaires bas dans les zones urbaines, autorisant des profits élevés et un taux
d’accumulation du capital en hausse et une croissance rapide du secteur moderne. Ainsi,
quand le taux de croissance des activités formelles est plus élevé que celui de la population, la
poche de chômage déguisé et de sous-emploi disparaît progressivement.
A la faveur de cette vision, les petites entreprises artisanales ont été perçues pendant les
années 1960 et 1970 comme condamnées à la disparition pour cause de dilution du secteur
traditionnel dans le secteur moderne ou de levée des imperfections sur les différents marchés.
A cette vision se rattachent le concept de microentreprise, unité informelle ou non structurée
et la thèse de « missing middle » associée ici à l’absence de petites et moyennes entre les
microentreprises et les grandes entreprises dans le tissu industriel du fait du faible
développement de l’entreprenariat moderne.
Pendant les années 1980, de nouvelles analyses établissent et les avantages compétitifs du
secteur dit informel et la pérennité des microentreprises. Sous l’effet de la crise qui n’épargne
pas les économies en développement, les micro-activités de survie concernent une part
croissante de la population active. Par exemple, on estime qu’en Côte d’Ivoire, le taux de
chômage aurait atteint le niveau de 42% (contre 29% dans la réalité) de la population active,
sans les créations d’emplois du secteur informel.
Un rôle social est reconnu au secteur informel du fait du poids croissant sur les familles de
chômeurs ne bénéficiant pas d’indemnisation et des faibles perspectives de création d’emplois
salariés dans les économies en développement. En réaction, la microentreprise est
progressivement perçue comme une unité de production intégrée au tissu industriel et capable
de créer des emplois productifs et de la valeur ajoutée.
Aussi, au cours des années 1990, un nombre important d’études ont-elles été entreprises,
notamment sur la capacité des microentreprises à grandir et à créer des emplois ainsi que sur
l’existence d’une taille optimale qui serait de 10 actifs.
Cette orientation des travaux ne semble pas s’inscrire dans la vision de la théorie dite libérale
qui présente le secteur informel comme un espace de liberté où les acteurs sont mus par le
souhait d’échapper à tout contact avec l’administration fiscale. Néanmoins, il n’est pas à
exclure que le microentrepreneur représentatif du secteur informel choisisse logiquement
d’évoluer dans ce secteur sur la base d’un bilan coûts-avantages complet. C’est ce que sous-
entendent les hypothèses et conclusions du modèle de fraude fiscale de l’article fondateur
d’Allingham et Sandmo (1972) adapté par Gautier (2000) et DPEE (2008)
D’un autre point de vue, un pays en développement comme le Sénégal, a souhaité mettre en
place un cadre d’accompagnement des acteurs du secteur informel qui souhaitent en sortir,
mais une inclinaison pour la fiscalisation de ces acteurs qui peut être considérée trop forte, par
rapport, par exemple à des expériences françaises.
4
Les présentes notes d’études de politiques saisissent l’occasion de l’évaluation qui a été
réalisée sous la coordination du CEPOD (2008) avec l’appui du consultant Birahim SAKHO
des activités des Centres de Gestion agréés au Sénégal, pour passer en revue la problématique
de la fiscalisation, de la modernisation et de la croissance des microentreprises au Sénégal.
La section suivante présente le secteur informel dans l’économie sénégalaise en mettant
l’accent sur l’enjeu de la modernisation des unités de production informelles et de leur
contribution aux charges de l’Etat. Une troisième section est consacrée à l’expérience des
centres de gestion agréés au Sénégal en mettant en relief un besoin de réorientation du
concept et de son maniement. Une quatrième et dernière section examine les perspectives de
recentrage et d’extension des CGA sur l’accompagnement à la croissance des micro-
entreprises.
Devant le rôle croissant du secteur informel comme lieu de création d’activités et
d’entreprises, il y a lieu d’aller au-delà de sa simple survie et tenir conséquemment compte :
- d’une part, de la fonction de plus en plus importante des microentreprises comme
lieu d’insertion et de professionnalisation,
- D’autre part, de l’apport stratégique de la formation professionnelle dans la
dynamisation du secteur informel.
II. Le secteur informel dans l’économie Sénégalaise : l’enjeu de la
modernisation et de la contribution aux charges de l’Etat.
1. Faits stylisés des PME au Sénégal
Les petites et moyennes entreprises regroupent diverses réalités qu’on parvient difficilement à
lier à une définition, néanmoins leurs manifestations concrètes peuvent être aisément
identifiées dans un cadre géographique bien déterminé.
La Loi d’orientation sur les PME au Sénégal vient régler définitivement ce problème qui
empêchait de circonscrire cette catégorie d’entreprises dans un cadre précis, facilement
maîtrisable et favorisant leur promotion et par conséquent leur développement.
Ainsi, le concept de PME englobe d’une part, la petite entreprise qui inclut la micro entreprise
et la très petite entreprise et d’autre part, la moyenne entreprise. La PME se définit par rapport
aux quatre critères suivants :
- l’effectif ;
- le chiffre d’affaires annuel hors taxes ;
- la transparence dans la tenue de la comptabilité ;
- l’investissement net.
Au Sénégal, les PME ont certes des atouts considérables mais elles sont confrontées à des
difficultés énormes leur empêchant de jouer véritablement leur rôle dans le développement
économique et social du pays.
5
Les forces des PME sénégalaises
Au Sénégal, les PME, du point de vue de leur importance numérique, constituent la base du
tissu économique. Elles représentent 80 à 90% du tissu industriel. S’agissant de leur nombre,
elles ont connu, au cours de ces dix dernières années une croissance remarquable. C’est,
d’ailleurs, le tissu des micro et petites entreprises qui s’est le plus densifié. Celles-ci évoluent,
pour la plupart, dans le secteur dit informel qui est marqué par un dynamisme reconnu et
occupant 60% de la population en âge et en état de travailler.
Du point de vue social, les PME jouent un rôle essentiel en termes de création d’emplois, en
raison de la limitation des recrutements dans la Fonction publique et de la capacité
d’embauche restreinte du secteur privé moderne
.
Les petites et moyennes entreprises sont présentes dans les secteurs dit porteurs qui mobilisent
un nombre impressionnant de promoteurs avec des projets viables. Il s’agit, entre autres, de
l’agro-industrie, du tourisme, de la pêche, des nouvelles technologies de l’information et de la
communication, des services, du bâtiment et travaux publics.
Mais, paradoxalement, les PME ne jouent véritablement pas leur rôle dans le processus de la
croissance au Sénégal.
Les faiblesses des PME sénégalaises
Malgré leur importance numérique, les petites et moyennes entreprises sont marquées par la
faiblesse de leur valeur ajoutée industrielle. Elles ne contribuent que pour 30% à l’emploi,
pour 25% au chiffre d’affaires et pour 20% à la valeur ajoutée nationale.
En outre, les PME sont confrontées à des besoins énormes en matière d’équipements
technologiques. Leur système de production à caractère artisanal ne les prépare pas à la
démarche qualité, indispensable à la compétitivité structurelle.
Les dirigeants des petites et moyennes entreprises manquent souvent de formation appropriée
et de compétences managériales et techniques. Cette situation s’explique par l’inefficacité du
système d’éducation de base par rapport aux exigences du secteur privé.
Les petites et moyennes entreprises rencontrent des difficultés énormes d’accès aux marchés
du fait de la qualité inférieure de leurs produits, de l’emballage, des problèmes de logistique et
de marketing.
Les PME sont également confrontées à un problème de financement et d’accès au crédit. Elles
ne peuvent que rarement et marginalement compter sur le système bancaire pour leur
expansion.
Projets et programmes de développement des PME
L’Etat s’engage aussi à créer des pépinières d’entreprises et des incubateurs par secteur.
En outre, pour encourager les délocalisations dans les régions, des fonds d’aménagement
6
régionaux seront créés. Une prime d’aménagement et d’installation financée par l’Etat et la
collectivité locale sera instituée.
Par ailleurs, la réforme fiscale adoptée constitue également un moyen d’alléger les procédures
lentes et qui découragent les promoteurs soucieux de se formaliser.
L’impôt synthétique réunit six impôts en un: l’impôt sur le revenu (ISR), l’impôt du minimum
fiscal, la contribution des patentes, la contribution des licences, la taxe sur la valeur ajoutée
(TVA), la contribution forfaitaire à la charge des employeurs.
Un dispositif institutionnel a été mis en place avec la création de l’Agence de Développement
et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME), la Direction des PME, la
Loi d’orientation et la prochaine lettre de politique sectorielle.
2. Présentation du secteur informel et de ses acteurs
Les petites entreprises (PE) regroupent les micro ou très petites entreprises répondant
aux critères et seuils suivants :
- Effectif compris entre un (01) et vingt (20) employés ;
- Tenue d’une comptabilité allégée ou de trésorerie certifiée par un Centre de
- Gestion Agréé (CGA) selon le système comptable en vigueur au Sénégal ;
- Chiffre d’affaires hors taxe annuel n’atteignant pas les limites suivantes définies dans le
cadre de l’impôt « synthétique » :
-
50 millions de FCFA pour les PE qui effectuent des opérations de livraison de
biens ;
25 millions de FCFA pour les PE qui effectuent des opérations de prestation de
services ;
50 millions de FCFA pour les PE qui effectuent des opérations mixtes telles
que définies par les textes relatifs audit impôt.
Les moyennes entreprises (ME) répondent aux critères et seuils suivants :
- Effectif inférieur à deux cent cinquante (250) employés ;
- Tenue d’une comptabilité selon le système normal en vigueur au Sénégal et
certifiée par un membre inscrit à l’Ordre National des Experts Comptables et
Comptables Agréés (ONECCA) ;
- Chiffre d’affaires hors taxes annuel compris entre les limites fixées ci-dessus et 5
milliards de FCFA ;
- Investissement net inférieur ou égal à 1 milliard de FCFA.
Le concept de petites et moyennes entreprises (PME) intègre les deux catégories définies
précédemment.
Au Sénégal, le segment de marché des PME comporte plusieurs caractéristiques, notamment :
- Manque de diversification vers les créneaux porteurs et mimétisme, d’où une
saturation rapide des créneaux exploités ;
7
- Difficulté à trouver des débouchés internes (concurrence de produits importés) et
externes ;
- Faible qualité des produits et problèmes de finition ;
- Faiblesse/inadéquation des équipements de production (artisanat, transformation,
agriculture etc.) ;
- Faible niveau de formalisation, absence de comptabilité fiable et de documents
financiers ;
- Difficulté à présenter des garanties acceptables pour la banque.
Les PME sénégalaises expriment plusieurs types de besoins, à savoir :
- Sur le plan financier:
le besoin de financer l’implantation, précisément celui de financer
l’investissement et le fonds de roulement de départ ;
le besoin de financer le développement de l’activité, c’est-à-dire le besoin de
financer l’acquisition d’équipements nouveaux ;
le besoin de financer le fonds de roulement ordinaire ;
le besoin de financer des marchés spécifiques, l’entreprise doit trouver les
ressources permettant de produire et d’effectuer les livraisons avant d’obtenir
le règlement ;
le besoin d’autres services financiers tels que la caution sur marché, la caution
d’avance de démarrage ;
le besoin de trouver des garanties et des partenaires financiers capables de
fournir des ressources longues à des taux avantageux ;
le besoin d’identifier toutes les sources de financement disponibles et
mobilisables ;
le besoin de réduire les délais de financement et de refinancement.
Ces besoins financiers sont généralement de trois types : les crédits d’investissement, les
crédits à court terme (crédit de trésorerie), les engagements par signature (cautions).
- Sur le plan non financier
- Renforcement des capacités des ressources humaines, précisément en formation technique
et en formation en gestion d’entreprise ;
- Promotion des produits et services (encadrement à la recherche de débouchés,
- participation aux foires ou à d’autres manifestations commerciales,
- information sur le calendrier des manifestations commerciales, bons de commande ou de
travaux, participation aux appels d’offres etc.) ;
- Amélioration de la qualité des produits (brevet, certification, normalisation des produits,
manuel de procédures, …) ;
- encadrement et assistance conseil;
- Relations de partenariat (inscription dans les chambres de métier, adhésion à une
organisation professionnelle).
Au Sénégal, en dépit des réponses apportées pour couvrir les risques de financement des PME
(FENU, KfW, FPE, etc.) celles-ci restent confrontées à un certain nombre de contraintes les
empêchant d’avoir accès à des financements. Parmi celles-ci, on peut noter :
8
- manque de transparence dans la gestion du fait de la défaillance du système d’information
et de gestion ;
- problème de gouvernance ;
- opacité des procédures de gestion financière et sociale ;
- faible niveau des fonds propres, donc bas degré de capitalisation ;
- exigence, par certaines institutions financières, d’importantes garanties – notamment
physiques – dont la plupart des PME ne disposent pas ;
- environnement juridique peu favorable ;
- financement inadapté à leurs besoins ;
- système de gestion peu orthodoxe ;
- insuffisance des infrastructures de soutien à leurs activités ;
- faiblesse du marché de services aux entreprises ;
- inefficacité de certaines structures d’appui ;
- non maîtrise des sources d’approvisionnement en matières premières ;
- difficultés d’accès au marché ;
- vétusté des équipements ;
- ignorance des normes de qualité
Définition du secteur informel
Le secteur informel est «l’ensemble des unités de productions dépourvues de numéros
statistiques et/ou de comptabilité1 écrite formelle ».
Plus de 90 % des UPI2 sont totalement inconnues des services publics, c’est-à-dire qu’elles
possèdent ni numéro de NINEA, ni de code contribuable, qu’elles ne sont enregistrées ni au
Registre du commerce, ni aux institutions sociales, et qu’elles ne paient pas la patente.
Les résultats de l’Enquête 1-2-3 indiquent que les activités informelles se ressemblent d’une
grande ville à l’autre, pour la jeunesse des actifs, la branche d’activité, la taille des unités de
production, le taux d’emplois salariés. Ainsi, 86% des emplois informels proviennent d’unités
de production de moins de 6 personnes, 46,7% sont des auto-emplois, le taux d’emploi salarié
est de 17,9%
Les activités commerciales regroupent un tiers des emplois à Dakar, le secteur industriel
compte entre 25% et 32% et 77,6% des emplois industriels sont fournis par le secteur
informel.
Sur l’ensemble des sept agglomérations couvertes par l’enquête 1-2-3, environ 22% des actifs
informels exercent dans un véritable local professionnel.
La main d’œuvre du secteur informel est jeune : 35,6% des actifs ont moins de 25 ans. Le
niveau moyen d’étude est de 3,5 ans ; en d’autres termes, plus de trois actifs informels sur
quatre n’ont pas dépassé l’école primaire, moins de 2% ont entrepris des études supérieures.
Enfin, à Dakar, 51% des actifs informels sont des femmes.
- Organisation
Atomisées, les UPI sont aussi inorganisées. Seules 3 % des UPI appartiennent à une
organisation de producteurs ou de commerçants.
1 Comptabilité ayant une valeur administrative au sens de la contribution directe. 2 UPI = Unité de production informelle
9
- Taille et âge
L’âge moyen des UPI est de 10,4 ans. Cette moyenne recouvre en fait une diversité de dates
de création.
D’autre part, il apparaît que le secteur informel est massivement constitué de micro unités.
La taille moyenne des unités informelles est de 1,5 personne par établissement.
- Capital, investissements et financement
Le montant total du capital du secteur informel, estimé au coût de remplacement, atteint 48,4
milliards de F CFA. Près de 61 % du stock de capital a été acquis de seconde main.
Dans la majorité des cas, les chefs d’unités de production informelles sont propriétaires du
capital qu’ils utilisent.
La majorité du capital est financée par l’épargne individuelle (67 % de sa valeur) et le crédit
bancaire ne représente que moins de 1 % du capital pour toutes les branches d’activité
hormis le commerce.
Les banques ne prêtent pas au secteur informel. Par contre, les clients, les usuriers, les
associations de producteurs et « autres » n’ont prêté qu’à moins de 5 % des UPI
emprunteuses. Les institutions de micro crédits et les fournisseurs ont accordé des crédits
aux UPI (essentiellement dans le transport et le commerce), à hauteur respectivement de 18,9
% et 15,6 % des UPI emprunteuses.
- Fiscalité
Le montant total des impôts indirects (nets des subventions directement liées à l’activité) est
très faible. L’Etat ne perçoit que 2,2 % de la valeur ajoutée du secteur informel,
principalement sous forme de patente, mais aussi d’impôts locaux, de droit d’enregistrement
et de bail.
Le Secteur informel plus contraint que le secteur formel malgré une nette
amélioration du climat des affaires ces dernières années.
- Une perception plutôt sévère de l’environnement des affaires
Les dirigeants des MPME portent dans leur majorité un jugement défavorable à
l’environnement des affaires qui pour eux, est un obstacle majeur ou très sérieux pour le
développement de leurs activités. Ils sont près de (66 %) à le penser. Mais ce jugement ne
reflète pas la réalité pour résulte pour une bonne part de leur méconnaissance des initiatives
et des mesures, nombreuses et souvent judicieuses, parfois même courageuses prises ces
dernières années par le Gouvernement.3
3 Lire le Rapport - Etude sur les contraintes qui affectent l’environnement des affaires des MPME au Sénégal
– Réalisé par Ludovic NGUESSAN en juillet 2007 sur un échantillon de 130 MPME.
10
En effet, une évaluation du climat des investissements faite en mars 2005 par la Banque
Mondiale souligne que le cadre macroéconomique au sein duquel évoluent les entreprises
sénégalaises est assez bon. La croissance a été soutenue ces dernières années, elle est en
moyenne de 4,7 % sur la période 1994-2003, au dessus de la moyenne pour l’Afrique
subsaharienne. En outre, les principaux paramètres macroéconomiques sont actuellement
corrects.
- Un climat des investissements difficile pour le secteur informel
Le rapport de la Banque mondiale précité, souligne que malgré son amélioration, le climat
des affaires demeure contraignant pour toutes les entreprises. Ainsi, si certaines contraintes
comme l’accès à des financements ainsi que le coût afférent frappent le secteur formel. C’est
ainsi, que l’accès à des emplacements pour la vente des produits est un problème critique
pour 64 % des entreprises informelles avec son corollaire, l’accès à la terre (i.e la disponibilité
de sites pour produire). Il est à noter que les problèmes de services du transport sont très
importants pour le secteur informel.
Une autre contrainte frappant le secteur informel est liée à la cohérence des réglementations et
le système judiciaire. Environ, 45% des entreprises informelles considèrent que l’application
des réglementations est incohérente et près de 30 % d’entre elles n’ont aucune confiance
dans le système judiciaire.
Enfin, les entreprises informelles font face à de sérieux problèmes d’infrastructures,
notamment au plan de la fourniture d’électricité. Les fréquentes coupures d’électricité se
produisent en moyenne pendant 30 jours par an et coûtent aux entreprises informelles
environ 35 % de perte de production contre 5 % de perte pour les entreprises formelles. Ceci
s’explique par le fait que 11 % des entreprises informelles disposent d’un générateur contre
61 % pour les entreprises formelles.
En plus de ces contraintes ci-dessus revues, la Loi d’orientation relative à la promotion et au
développement des petites et moyennes entreprises identifie deux contraintes dont souffre
l’ensemble des MPME et qui sont :
- l’insuffisance de programmes et projets liés au développement des PME à fort
potentiel pour l’accélération de la croissance et le renforcement de la compétitivité
de l’économie sénégalaise ;
- le nombre limité des infrastructures de soutien aux PME.
Toutes choses qui font craindre à l’auteur du rapport Banque mondiale que les entreprises
du secteur informel dans de telles conditions, risquent dans leur majorité de rester informelles
si rien n’est fait pour lever les contraintes.
11
III. Le centre de gestion agréé : concept, objet, et expérimentation au
Sénégal
1. Historique et fondation
Historique
Le Gouvernement a décidé, dans le cadre de sa politique d’appui au secteur privé, de créer
une catégorie particulière d’association dénommée Centre de Gestion Agréé (CGA) par la
Loi n° 95.32 du 29 décembre 1995 et le décret n° 96 558 du 08 juillet 1996 fixant les
modalités d’agrément, de fonctionnement et d’administration. Le particularisme du Centre de
Gestion relève de la qualité de ses membres, de son agrément et de son mode
d’administration.
Une année après la sortie de décret précité, le Centre de Gestion Agréé Pilote de Dakar
(CGAPD) a obtenu son agrément et ouvert ses portes en 1998. Il sera le premier Centre de
toute l’Afrique de l’Ouest. Ensuite, quatre centres en attente d’ouverture ont été mis en place
par les Chambres de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture (CGIA) des régions de Thiès, St-
Louis, de Ziguinchor et de Kaolack avec l’appui du PRDCC du Ministère du Commerce sur
financement du 9ème FED. Parallèlement, la Commission d’Agrément a été saisi en 2007 d’un
projet de Centre de Gestion Agréé (CGA) prévu à Pikine (banlieue dakaroise) et dont le
promoteur est un expert comptable.
Fondation
Pour exercer, le CGA de gestion doit rechercher et obtenir l’agrément de la Commission
d’Agrément, en présentant une demande et un dossier d’agrément. Le secrétariat de la
commission est assuré par un Inspecteur des Impôts et des Domaines désigné par le Directeur
Général des Impôts et des Domaines.
L’agrément est octroyé pour une durée de cinq ans. Il peut être renouvelé et la procédure est
identique à celle suivie pour son octroi. L’agrément peut être retiré suivant les mêmes formes
que l’octroi. La décision de retrait doit dans les cas, être motivée.
Peuvent créer un Centre de Gestion Agréé, les Chambres de Commerce, d’Industrie et
d’Agriculture, les Chambres de Métiers, les Organisations Professionnelles d’industriels, de
commerçants, d’artisans ou d’agriculteurs, les experts comptables, ou les sociétés.
2. L’organisation du CGA
Les organes4
4 Décret n° 96558, articles 9, 10, 11, 12.
12
Composée de tous les membres du CGA, l’assemblée générale dispose de tous les pouvoirs
hormis ceux confiés à un autre organe par les statuts. Les membres fondateurs siègent au
Conseil d’Administration qui peut être érigé en instance disciplinaire. Les fonctions
d’administrateurs sont gratuites. Le Conseil d’Administration est dirigé par un Président élu
parmi ses membres par ses pairs dans les conditions et avec les pouvoirs prévus par les
Statuts. La fonction de Président est gratuite. Le CGA fonctionne sous l’autorité d’un
Directeur nommé par le Conseil d’Administration pour ses connaissances en matière de
comptabilité et de gestion.
Le directeur d’un CGA doit au moins remplir les conditions requises pour être inscrit au
tableau des experts comptables stagiaires conformément au décret n° 83-06 du 1er avril 1983
portant application de la loi n° 83-06 du 28 janvier 1983 instituant un ordre des experts et
évaluateurs agréés. Il doit en outre avoir une expérience d’au moins cinq années en cabinet ou
en entreprise.
Les ressources du CGA
Les ressources proviennent :
- des cotisations des membres ;
- des produits de la formation, de l’intermédiation financière et des conseils aux
entreprises ;
- des subventions.
En raison de son statut d’association sans but lucratif, le Centre est exonéré des impôts et
taxes autres que ceux portant sur les revenus du personnel.
Rapports du CGA avec les adhérents et partenaires immédiats
Le Centre doit fournir notamment à l’adhérent :
- un bulletin d’adhésion,
- les statuts et règlement intérieur éventuellement,
- un engagement par lequel il reconnaît avoir pris connaissance de ses obligations.
Les experts comptables qui tiennent, surveillent ou centralisent la comptabilité des adhérents
hors du Centre vérifient, certifient et transmettent au Centre les documents comptables (bilan
et comptes d’exploitations) permettant d’établir les dossiers de gestion et éventuellement les
déclarations fiscales parfaitement sincères.
L’administration fiscale assure le secrétariat de la Commission d’Agrément. Le dossier
d’agrément doit être déposé auprès du Chef du Centre des Services fiscaux dans le ressort
duquel se trouve le siège du Centre. Après vérification, il l transmet à la Direction Générale
des Impôts et des Domaines qui le soumet ensuite à la Commission d’Agrément.
3. Les missions du CGA5
5 Décret n° 96 558 du 08 juillet 1996 – articles 13, 28.
13
Le Centre de Gestion Agréé est une association à but non lucratif qui vise à :
- tenir pour chaque adhérent dans les six mois de la clôture de chaque exercice, un
dossier de gestion comportant des ratios et de leurs commentaires ;
- élaborer des déclarations fiscales sur une période au cours de laquelle les intéressés
étaient membres du CGA ;
- tenir la comptabilité des adhérents à la demande de ces derniers ;
- organiser des sessions de formation sur la gestion et des sessions sur la formation
professionnelle au profit de ses adhérents ;
- faire un examen des documents comptables qui sont transmis par l’adhérent dont il
ne tient pas la comptabilité et un examen de cohérence et de vraisemblance des
documents et recueillir des informations complémentaires auprès de l’adhérent ;
- tenir des réunions d’information sur la réglementation fiscale et les modifications
qui lui sont apportées ;
- exploiter les renseignements collectés auprès des adhérents pour produire des
statistiques par branches ou par filières ou des indicateurs de synthèse.
Pour ce faire, le CGA devrait réunir les diligences ci-après :
- l’adhérent et le centre doivent préalablement à toute mission d’ordre comptable
convenir par écrit des travaux comptables qui seront effectués au cours de
l’exercice ;
- le Centre de Gestion Agréé tient et présente la comptabilité de ses adhérents
conformément aux prescriptions législatives et réglementaires en la matière ;
- le Centre peut poser à l’administration fiscale des questions écrites ou orales pour
le compte des adhérents dont il élabore les déclarations fiscales.
Il devrait plus spécifiquement exécuter les opérations ci-après :
- définir une organisation comptable de l’entreprise ;
- enregistrer les opérations comptables ;
- vérifier par épreuves les opérations enregistrées par l’entreprise elle-même ;
- demander à l’entreprise de produire un état détaillé et chiffré des stocks et travaux
en cours ;
- dresser une balance générale des comptes.
En contrepartie et pour mener à bonne fin ses missions, il reçoit un appui sous les formes
suivantes :
- l’administration apporte au Centre une assistance technique dans le but de
prémunir les adhérents de bonne foi des conséquences d’erreurs de la
méconnaissance des règles fiscales ;
14
- l’Administration surveille les conditions dans lesquelles fonctionne le Centre ;
- un expert comptable désigné par le Conseil d’Administration du Centre vérifie au
moins une fois par an, les procédures comptables du Centre.
4 - Incitations, assistance et partenariat
Les avantages fiscaux liés à l’adhésion au CGA, constitue le facteur attractif le plus
important du système. Le changement de régime fiscal intervenu en 1998, faisant passer du
régime du Forfait au régime de la Contribution Générale Unique (CGU), alors que l’article 4
de la loi 95-32 précise que ne peuvent adhérer aux CGA, que les personnes physiques relevant
du forfait.
Le Projet de Renforcement et de Développement des Capacités Commerciales (PRDCC)
qui se veut complémentaire au STRADEX19, s’articule autour de cinq axes et vise, entre
autres, à renforcer les capacités de gestion des micro-entreprises et à favoriser leur insertion
dans le circuit formel. En particulier, il vise à développer un projet pilote d’appui au secteur
informel dans cinq régions (CGA de Dakar, Ziguinchor, Thiès, Saint Louis et Kaolack).
Le résultat escompté est l’accroissement du nombre d’entreprises du secteur informel tenant
une comptabilité régulière et l’amélioration de leur gestion.
Le projet a déployé son programme d’équipement et de formation avec l’appui des Chambres
de Commerce des localités concernées.
Le Projet a exécuté avec l’appui du Point Focal de CGA, un programme de formation sur des
modules pratiques comme » comment lire son bilan » à l’attention des futurs adhérents des
CGA des 4 régions précitées.
Il a en outre lancé un appel d’offres pour la réalisation de deux études portant sur le Plan de
Développement stratégique des CGA et sur la mise à jour du manuel de procédure des CGA.
Le programme concernant les CGA, financé à hauteur de 360 Millions de FCFA dans le cadre
du 9ème FED a pris fin en juin 2008.
L’intérêt qu’attachent les Chambres de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture (CCIA)
pour doter leur environnement d’un CGA s’explique dans une large mesure par le fait que
celui-ci propose des services qui complètent ceux déjà existants destinés à leurs membres et
ressortissants (Guichet de création d’entreprise, services de traitement de textes et d’Internet,
mutuelle d’épargne et de crédit, Observatoire économique (Dakar), Centre d’Arbitrage
(Dakar).
A la faveur du déroulement du programme du PRDCC, les CCIA des 4 régions concernées
par les nouvelles implantations (Ziguinchor, Thiès, Saint Louis et Kaolack), ont apporté une
contribution technique et financière et ont permis en outre, une vulgarisation du système des
CGA auprès des opérateurs économiques de leur région, en organisant des séances de
sensibilisation sur l’opportunité de la création du CGA, sur le rôle et sur les impacts
15
escomptés dans l’accompagnement des entreprises en général et celles du secteur informel en
particulier.
La mise en place des CGA des 4 régions de l’intérieur est à phase ultime et en fin juillet, ils
devraient tous ouvrir leur porte.
Parallèlement, l’implication de l’Union Nationale des Chambres de Commerce dans le
processus de création de CGA, a suscité chez les CCIA de 6 à 9 autres régions (Louga,
Matam, Fatick, Tambacounda, Diourbel, Kolda), la volonté de mettre en place leur propre
CGA.
Le CGAPD a, de manière suivie recherché un partenariat capable de lui permettre de
diversifier et de développer son volume d’activité. C’est ainsi, qu’il a pu signer une
convention pour l’encadrement des adhérents porteurs de demandes de crédit, avec la Banque
régionale de solidarité du Sénégal (BRS).
Parallèlement, il a pris contact avec d’autres partenaires comme l’agence pour le
Développement des Pme (ADPME), Agence pour la promotion et le Développement de
l’Artisanat (APDA), le Fonds de développement d l’enseignement technique et de la
formation professionnelle (FONDEF), les sociétés d’hydrocarbures (stations de service), et la
Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS).
Enfin, l’environnement des CGA des régions est caractérisé par une forte dispersion des
adhérents potentiels qui obligent aux CGA à des contacts plus ou moins éloignés de leur site.
De plus la densité et l’importance du bassin20, malgré le nombre relativement conséquent des
membres et ressortissants que recèlent les CCIA concernées, ne sont pas comparables à celles
de Dakar, qui sont plus fortes. De plus, l’ambiance économique se présente plus morose qu’à
Dakar, en particulier à Ziguinchor où la reprise économique post conflit tarde à se
matérialiser. Cependant, tous les CGA bénéficient d’une certaine proximité avec les
principaux partenaires (Administration fiscale, Banques, Assurances) qu’ils peuvent mettre à
profit pour leur développement.
IV. Le centre de gestion agréé : perspectives de recentration et d’extension
au Sénégal
Dans le document d’étude n° 09 publié par la Direction de la Prévision et des Etudes
économiques en octobre 2008 sur le thème « Fiscalité et secteur informel au Sénégal », on
note un certain nombre de conclusions ou observations :
- l’impôt qu’auraient dû payer les entreprises immatriculées n’aurait représenté que 3%
de leur chiffre d’affaires global ;
- le fait de percevoir le taux d’imposition comme un « obstacle majeur » ne conduit pas
les entrepreneurs informels à sous déclarer leur chiffre d’affaires, une fois qu’elles se
font enregistrer ;
- l’entrepreneur informel est d’autant moins disposé à faire enregistrer son activité que
le montant de son chiffre d’affaires de son entreprise augmente.
- La taille de l’entreprise agit positivement sur la décision d’enregistrer l’activité ;
16
- Les variables représentatives du niveau d’éducation et de l’âge de l’entrepreneur
agissant positivement sur la propension à l’enregistrement
- Toutefois, la taille de l’entreprise, tout comme les variables représentatives du niveau
d’éducation et de l’âge, est positivement corrélée avec la sous-déclaration du chiffe d’
affaires ;
- Les sous déclaration du chiffre d’affaires passe pour être la règle dans tous les secteurs
à l’exception notable du secteur de l’agro-industrie.
Ces résultats laissent penser que les entrepreneurs dont l’activité est importante, qui sont âgés
ou qui bénéficient d’un niveau d’éducation élevé décident sur la base d’un choix délibéré de
se soustraire de leurs obligations fiscales. Dans une étude réalisée sur les micro-entreprises à
Madagascar sur le thème « l’informel est il une forme de fraude fiscale ? », Jean François
Gautier (2000), concluait également que « la propension d’une entreprise à devenir formelle
peut être expliquée de manière pertinente par un modèle fraude fiscale »
Par ailleurs, il est de plus en plus reconnu stratégique d’appréhender le secteur informel
comme un lieu de création d’activités et d’entreprises et la microentreprise comme lieu
d’insertion et de professionnalisation.
Ces deux ordres de constats majeurs font que le CGA peut légitimement recentrer ses activités
en mettant à profit l’apport également stratégique que peut avoir la formation professionnelle
dans la dynamisation du secteur informel en dotant les microentreprises des compétences clé
pour non seulement à leur survie mais également à leur croissance.
Dans cette perspective, il peut être utile de revisiter l’expérience française des CGA.
1. Expérience française du rôle d'un CGA
En France, les CGA, Centres de Gestion Agréés ont été institués par la loi du 27/12/1974
afin de rapprocher les conditions d'imposition des salariés et des non-salariés, comme
associations régies par les dispositions de la loi de 1901. Les CGA ne sont ni des entreprises
commerciales, ni des services de l'administration.
Généralement, le CGA en France est administré paritairement par des Experts-Comptables et
par des Professionnels Commerçants, Industriels ou artisans comptant parmi les plus actifs
dans chacune de leurs institutions professionnelles respectives. Le conseil d'administration du
CGA y est composé d’une vingtaine de professionnels, experts comptables ou représentants
de l’intersyndicale des dirigeants de PME.
La Fédération des Centres Agréés (FCGA) regroupe à ce jour, 114 Centres de Gestion
Agréés. La FCGA forme, à ce titre, le réseau le plus important regroupant en son sein tout
l'environnement économique de la Petite Entreprise que sont les Experts-Comptables, les
Organismes Consulaires,
17
L'adhésion au CGA permet de bénéficier :
- d’un dossier de gestion
En complément de l'action de l'expert comptable et en relation avec lui, le CGA établit un
dossier de gestion comprenant des comptes de résultats comparés, les soldes intermédiaires
de gestion, des ratios, un tableau de financement et un tableau de bilans comparés. Ces
éléments sont accompagnés d'un commentaire de gestion sur l'exploitation et la structure
financière de l'entreprise qui met l'accent sur les éventuels points faibles constatés.
Le CGA met en œuvre également toutes les prestations imposées par le législateur, des
services nouveaux et performants qui intègrent en France:
la mise en place d’un observatoire économique ;
la collecte et la diffusion de statistiques professionnelles ;
la mise en place de programmes de formation ;
des conseils individualisés ;
Depuis 2002, le dossier de gestion du CGA GECIAM intègre une page de scores basée sur la
méthode de Conan et Holder. Une nouveauté intéressante qui permet de dégager une tendance
en terme d'espérance de vie de l'entreprise. Cette information est néanmoins à valider
impérativement avec votre Expert-comptable.
- d’un avantage fiscal
Les avantages fiscaux accordés comprennent un abattement de 20% intégré dans le barème de
l'impôt sur le revenu. Parallèlement, pour les commerçants et artisans qui n'adhèrent pas à un
18
Centre de Gestion Agréé, le revenu fiscal déclaré peut être majoré de 25 % pour le calcul de
l'impôt sur le revenu.
S’agissant de l’observatoire économique, il s’appuie sur une analyse statistique
privilégiée pour un suivi régulier et personnalisé :
L'observatoire étudie les secteurs d'activités ou secteur informel de la zone d’intervention du
CGA : alimentation, boulangerie, fleuriste, prêt-à-porter, pharmacie, coiffure, boucherie -
charcuterie, chaussures, lingerie, optique, bijouterie, esthétique.
Le service est gratuit et fonctionne par abonnement.
Chaque mois, l'abonné communique son chiffre d'affaires HT et reçoit en retour :
un tableau de synthèse lui permettant de visualiser les performances de son entreprise ;
la tendance de son secteur d'activité ;
l'évolution des autres professions étudiées par l'observatoire.
Par exemple, l'observatoire de la petite entreprise est une brochure de 4 pages
présentant :
une analyse et des commentaires de l'activité des TPE du commerce, de l'artisanat et des
services.
Une approche quantitative à travers l'analyse de l'évolution des chiffres d'affaires (plus de
57 professions réparties dans 12 secteurs d'activités) ;
Une approche qualitative à travers l'analyse d'une enquête d'opinions des chefs
d'entreprises (moral, investissement, recrutement, actualité) ;
Une page d’interview d'un acteur économique.
Les données utilisées sont collectées trimestriellement sur la base de la participation
volontaire de Centres de Gestion Agréés et des entreprises adhérentes aux CGA (échantillon
d'environ 20 000 entreprises)
S’agissant des statistiques professionnelles, elles permettent une analyse du secteur
d'activité de l’adhérent:
Le CGA de Midi-Pyrénées dispose de données chiffrées fiables et représentatives de
nombreux secteurs d'activité. Annuellement, il établit une synthèse qui permet de comparer
l’entreprise de l’adhérent à celles de ses concurrents. Ce document aide, en particulier, à
analyser les écarts éventuels en matière de marge, de frais généraux, de charges de personnel
ou de frais financiers.
Les programmes sont conçus pour renforcer les compétences des entreprises adhérentes
Ateliers, forums, séminaires... de nombreuses formules sont proposées sur des thèmes liés aux
préoccupations professionnelles des adhérents: comptabilité, gestion, informatique, action
commerciale, relations humaines, publicité, etc.
Chaque mois, un programme détaillé leur est adressé.
19
Le CGA Midi-Pyrénées organise également des conférences thématiques en fonction de
l'actualité.
Les conseils individualisés sont axés sur un accompagnement à l’amélioration des
performances des microentreprises:
Sur simple demande, des assistants techniques du commerce et de l'artisanat interviennent
pour apporter des réponses aux questions posées dans différents domaines : marketing et
commercial, management, formation, analyse des activités de l’entreprise.
Des informations sur l’actualité des professions adhérentes sont publiées régulièrement
par le journal national des Centres de Gestion Agréés. Plusieurs fois par an, le CGA Midi-
Pyrénées informe ses adhérents grâce à son magazine " Rencontre " (inséré dans le CGA
Contact) : vie de l'association, commentaires d'adhérents, comptes-rendus de conférences,
analyses chiffrées...
Une publication paraît annuellement sur l’activité et les tendances sous forme de cahier d’une
vingtaine de pages faisant la rétrospective annuelle de l'activité des TPE de commerce, de
l'artisanat et des services. En particulier, l’on y présente une synthèse annuelle et une analyse
de l'évolution de leur activité en terme de chiffre d'affaires, commentaires des tendances par
professions, classement régional.
Adhésion. Toutes les entreprises industrielles, artisanales et commerciales, quels que soient
leur forme juridique et leur régime d'imposition. C'est la date d'envoi du bulletin d'adhésion
ou de la lettre d'adhésion au CGA qui est retenue comme date d'adhésion, le cachet de la poste
faisant foi.
Ne peuvent pas adhérer les personnes exerçant des activités concourant à la gestion d'un
patrimoine privé.
Accès aux avantages fiscaux : Les entreprises soumises à un régime réel d'imposition sur le
revenu des personnes physiques (Impôts sur le Revenu : IR).
Le délai d’adhésion :
- S'il s'agit d'une première adhésion : dans les 5 mois qui suivent le début de l'exercice
comptable ;
- S'il s'agit d'une ré-adhésion suite à démission ou exclusion : avant le début de l'exercice
comptable concerné ;
- S'il s'agit d'un transfert de dossier d'un centre à un autre : adhérer au nouveau centre puis
démissionner de l'ancien centre une fois la nouvelle adhésion enregistrée.
Renouvellement de l’adhésion après :
- Reprise de l'exploitation par le conjoint ou un enfant. Délai : dans les 5 mois qui
suivent le changement d'exploitant ;
- Changement de forme juridique : transformation d'une exploitation individuelle en
société et inversement, transformation d'une société de fait en société de droit et
inversement. Délai: dans les 5 mois qui suivent le changement de forme juridique.
20
- Décès de l'adhérent et reprise de l'exploitation par le conjoint ou les héritiers en ligne
directe. Délai: dans les 5 mois qui suivent le décès de l'adhérent.
Cas de rupture du contrat d’adhésion :
- démission : Réception par le centre d'une lettre émanant de l'adhérent
- décès de l'adhérent - dissolution d'une société : Le décès ou le départ d'un associé ne rompt pas le
contrat d'adhésion sauf s'il s'agit d'une société de fait constituée de deux personnes.
- cessation d'activité
- cession de l'exploitation au conjoint ou à un enfant - exclusion prononcée par le centre.
Cotisation :
Pour les nouveaux adhérents, la facturation se fait dans le mois qui suit leur adhésion.
Avantages fiscaux : comprennent l’ amnistie des omissions ou inexactitudes des
déclarations passées dans certains cas : les nouveaux adhérents de C.G.A. peuvent
bénéficier d'une opportunité extraordinaire ; s'ils informent dans les trois mois l'administration
fiscale spontanément par lettre recommandée des insuffisances, inexactitudes ou omissions
que comportent leurs déclarations professionnelles passées, ils seront dispensés de toute
majoration fiscale quelle qu'en soit la nature.
Aucune procédure administrative ne doit avoir déjà été engagée et le paiement du supplément
d'impôt correspondant doit être effectué dans les délais impartis.
Enfin, le CGA n'établit pas les comptes et ne tient pas la comptabilité de ses adhérents. Dans
ce sens, afin de ne pas confondre les rôles, les CGA réunis au sein de la Fédération des
Centres de Gestion Agréés, organisation nationale représentative de l'Institution, ont signé en
1995 un protocole d'accord avec l'Ordre des Experts-Comptables.
Les CGA regroupent généralement, au sein de leur organe de direction, tout l'environnement
économique de la petite entreprise : experts- comptables, organismes consulaires et adhérents.
2. Fiscalité des PME
Dans un pays en développement comme le Sénégal, le CGA doit pouvoir bénéficier des
progrès réalisés dans la place d’une fiscalité adaptée pour les microentreprises
Le niveau global de la conformité fiscale dans un pays est déterminé par un certain nombre de
facteurs en partie liés au profil des entreprises et reflétant aussi l’environnement économique
et social : le niveau d’instruction des micro et petits entrepreneurs, la « morale » générale
relative à l’impôt dans le pays et la crainte de l’autorité fiscale pouvant être des facteurs
importants.
En combinant l’impact des facteurs externes sur l’attitude des micro et petites entreprises
(MPE) à l’égard de la conformité fiscale et les caractéristiques personnelles (par exemple,
niveau d’aversion pour le risque), on peut distinguer quatre attitudes type : désengagement
21
(ceux qui ont décidé de ne pas se conformer), résistance (ceux qui ne se conforment pas mais
qui le feraient si on parvenait à les convaincre que leurs intérêts sont défendus), bonne volonté
(ceux qui sont prêts à se conformer mais n’y parviennent pas toujours) et engagement (ceux
qui considèrent que le système est bon et qui s’y conforment à la lettre).
La majorité des études empiriques sur la croissance de l’économie informelle montrent que
l’impôt et les contributions sociales sont les principaux facteurs décourageant les micro et
petites entreprises d’opérer dans le secteur formel. C’est d’ailleurs le cas aussi bien pour les
pays développés que pour les pays en développement.
Les coûts de mise en conformité fiscale peuvent accroître considérablement le coût global de
la formalisation d’une petite entreprise. Si le respect des lois et règlementations entraîne des
coûts dans tous les domaines, ces coûts tendent à être particulièrement élevés dans le domaine
fiscal. C’est également le cas dans les pays dotés d’un système fiscal moderne et d’une
administration fiscale efficace.
D’après la définition de C. Sanford, les coûts de mise en conformité comprennent « les coûts
engagés par les contribuables ou par des tiers (tels que les entreprises) pour satisfaire aux
exigences du système fiscal, au-delà de l’impôt lui-même et au-delà des distorsions de
consommation ou de production auxquelles la taxe peut donner lieu ».
Pour une entreprise, ils comprennent les coûts de collecte, de comptabilisation et de
versement de la taxe sur les produits ou les bénéfices de l’entreprise, ainsi que sur les
salaires de ses employés, mais aussi les coûts d’acquisition des connaissances nécessaires,
s’agissant notamment des obligations légales et des sanctions. Au total, ce sont des coûts
monétaires et non monétaires (temps, facteurs psychologiques, etc.). Par ailleurs, la
dégressivité des coûts de mise en conformité fiscale fait souvent peser une charge
particulièrement lourde sur les petites entreprises.
Mais l’informalité aussi a un coût. Les inconvénients découlant de la non- conformité fiscale
peuvent largement dépasser les avantages potentiels. D’abord, les entreprises échappant à
l’enregistrement fiscal n’échappent pas complètement à l’imposition. En réalité, leur charge
fiscale indirecte peut être substantielle. Si elles ne collectent pas la TVA, elles ne peuvent
par exemple pas prétendre à la récupération de la taxe éventuelle payée à leurs
fournisseurs. Elles se trouvent parfois aussi contraintes de verser d’autres surcoûts.
En outre, dans de nombreux pays en développement, l’État tend à être un des principaux
clients des biens et services offerts par les MPE. Or, les entreprises qui ne peuvent pas
fournir un certificat d’imposition — document souvent requis par le gouvernement — se
privent de ce client potentiel. Les entreprises non enregistrées sont par ailleurs très freinées
dans leur capacité de publicité et de marketing.
Un inconvénient au moins aussi important tient à l’impossibilité de prétendre à certains
crédits de développement spécifiquement destinés aux MPE — l’accès aux facilités de
crédit offertes par le gouvernement ou d’autres structures subventionnées étant réservé aux
entreprises en conformité fiscale.
Enfin, la concurrence déloyale des entreprises non enregistrées peut nuire à la croissance
du secteur formel et à l’accès au marché des entreprises enregistrées. Lorsque des
entreprises non imposées sont en mesure d’offrir leurs services ou produits à des prix plus bas
22
que les entreprises taxées, elles réduisent la part de marché du secteur formel. Une étude a
montré un impact négatif statistiquement significatif de l’économie informelle sur le taux de
croissance de l’économie formelle. Selon ces estimations, une augmentation de l’économie
informelle d’un point de pourcentage du PIB est associée à une diminution du taux de
croissance du PIB de 4,9 %.
Lors de la conception des taxes applicables aux MPE, le législateur doit s’assurer que les
changements techniquement souhaitables sont politiquement faisables. Ceci implique une
prise en compte du contexte sociopolitique local et un engagement dans un véritable
processus de négociation politique.
Les citoyens qui paient des impôts exigent du gouvernement qu’il soit plus « réactif » à leurs
besoins. Ce processus de négociation État – société est au coeur de la notion de « contrat
social fiscal » : un modèle fondé sur le principe de réciprocité et d’obligations mutuelles.
C’est pourquoi, dans des États caractérisés par la faiblesse de la gouvernance politique, la
fiscalité devrait être expressément conçue pour stimuler une gouvernance responsable et
sensible aux besoins des citoyens.
Dans les pays en développement, la conception de l’impôt se heurte à deux difficultés
essentielles, qui montrent bien l’importance de la promotion de la fiscalité des MPE :
➤ le « missing middle » : le nombre d’entreprises moyennes est comparativement faible dans
de nombreux pays en développement ;
➤ le « U inversé » : les entreprises de taille moyenne versent une part disproportionnée de la
charge fiscale, tandis que les grandes entreprises usent de leur influence politique et que les
petites disparaissent dans l’informalité. Des données du FMI indiquent qu’en Afrique, les
petites et microentreprises représentent 80 % à 90 % des contribuables, mais seulement 5 % à
10 % des recettes. La réforme fiscale et l’élargissement de l’assiette fiscale des MPE sont
donc politiquement controversés : une poudrière politique pour un gain fiscal
apparemment limité.
Le secteur privé a également son rôle à jouer. Même dans les économies dans lesquelles le
secteur formel est peu important, les structures représentatives des MPE forment
potentiellement un groupe clé pour accroître la mobilisation autour de la fiscalité. Le rôle des
institutions internationales et des bailleurs de fonds pourrait consister à aider les
gouvernements des pays en développement à déterminer comment, dans la pratique,
intégrer explicitement des préoccupations de renforcement de l’État et de croissance à
long terme dans la conception des objectifs fiscaux. Sur le plan pratique, cela signifie
accepter l’augmentation des coûts de l’administration fiscale comme un investissement à long
terme dans la légitimité de l’État en offrant un « contrat social fiscal » et un taux de
croissance soutenu.
Étant donné les coûts relativement élevés de la mise en conformité des MPE dans le domaine
de la fiscalité directe et la volonté de promouvoir le développement des petites entreprises, un
certain nombre de pays du monde ont introduit des taux d’imposition plus faibles pour les
micro et petites entreprises de façon à améliorer leur compétitivité. Un taux d’imposition
réduit peut fournir aux petites entreprises une incitation supplémentaire à se formaliser.
Toutefois, les réductions de taux ont également des inconvénients. En dehors de
l’éventuelle diminution des recettes globales, il existe un risque d’abus du régime préférentiel
23
par les grosses entreprises et un obstacle potentiel à la croissance des petites entreprises qui
veulent éviter de parvenir au niveau du taux d’imposition normal.
Une alternative généralement plus efficace qu’un régime général d’incitation et d’exonération
fiscale temporaire consiste à concevoir des incitations ciblées pour répondre aux
problèmes opérationnels rencontrés par les MPE, ou pour promouvoir les investissements
favorisant leur croissance. Ces incitations prennent généralement la forme de déductions
fiscales ou de crédits d’impôt. Il existe trois domaines dans lesquels les incitations fiscales
directes sont d’une importance particulière : (i) appuyer le renforcement de la base d’actifs
des MPE, (ii) encourager l’innovation, (iii) et favoriser l’investissement.
Différentes approches peuvent être retenues pour différents segments de MPE. Les
microentreprises doivent être soumises à un régime très simple — la patente est une bonne
option pour ce segment d’entreprises.
Dans la pratique, les administrations fiscales des pays en développement ne s’attachent pas
souvent à faciliter la conformité fiscale des MPE. Chargées d’atteindre les objectifs
quantitatifs de collecte d’impôts, elles ont tendance à se concentrer sur le petit nombre de gros
contribuables qui constituent l’essentiel des revenus du Trésor.
Cependant, améliorer la fiscalité des petites entreprises ne se justifie pas seulement dans la
perspective d’un revenu à court terme. Cet effort doit être considéré comme un
investissement à plus long terme en faveur d’un changement d’attitude des petites et
microentreprises envers la conformité fiscale.
Dans un objectif de réforme, une bonne mesure consiste à segmenter les contribuables et
l’organisation de l’administration fiscale pour créer des structures administratives dédiées
au suivi fiscal des MPE. Cette réorganisation a déjà commencé dans certains pays ayant mis
en place des bureaux spécifiques pour l’administration des gros contribuables.
Les administrations fiscales doivent, par ailleurs, porter une attention particulière à la mise en
oeuvre de programmes de services aux contribuables répondant aux besoins des petits
entrepreneurs. Il est essentiel que ceux-ci connaissent et comprennent leurs droits et leurs
obligations en matière fiscale.
Le processus d’immatriculation fiscale pour les micro et petites entreprises nouvellement
créées peut constituer le premier et l’un des principaux obstacles à l’entrée dans l’économie
formelle. Il ne s’agit souvent que d’une étape dans un processus d’enregistrement des
entreprises qui peut facilement impliquer des déplacements et démarches dans plus de dix
lieux différents (sécurité sociale, registres du commerce, etc.). À chaque fois, des formulaires
doivent être remplis, contenant souvent des demandes d’informations similaires.
L’introduction d’un processus simplifié d’enregistrement fiscal est donc nécessaire.
24
3. Recentrage et extension vers l’appui au développement des compétences des microentreprises par la formation professionnelle
A. Besoin de recentrage et d’extension
En modifiant le régime fiscal, la Loi 98-34 du 16 avril 1998 a rabaissé les seuils qui passent
ainsi, de 75 et 150 millions de francs CFA à 30 millions de CFA pour les commerçants, 20
millions de FCFA pour les activités artisanales et 10 millions de FCFA pour les prestataires
de services. Ces nouvelles dispositions excluent de fait du système CGA, toutes les
personnes physiques ne relevant pas du régime du forfait (CGU actuellement) et des
personnes morales évoluant dans le secteur informel.
De plus, de par son mode opératoire, la CGU qui est un impôt synthétique permet aux
entreprises de contourner le système CGA et son contrôle, pour directement faire leur
déclaration fiscale avec l’assistance de comptables indépendants parfois complaisants.
Il a été recommandé, par ailleurs, que les adhérents ne soient pas inquiétés sur leur passé
fiscal. Toutefois, l’application de la Loi n° 2004-07 du 06 février 2004 instituant une
procédure spéciale d’aide à la régularisation fiscale en faveur des contribuables qui se
présenteraient spontanément à l’administration fiscale, n’a pas donné les résultats escomptés,
bien que le passé fiscal demeure toujours un obstacle majeur à l’adhésion au CGA des
entreprises du secteur informel.
Dans la pratique, le CGA pilote a privilégié les entreprises présentant plus de stabilité et
dont la taille et le niveau de chiffre d’affaires sont relativement corrects au détriment des
micro et petites entreprises de petite envergure et des entreprises de grande envergure. Le
choix porté sur ce segment qui représente plus de 50 % du portefeuille, a été facilité
naturellement, par le fait que la plupart des démissionnaires proviennent des autres segments.
S’agissant des prestations, le CGA pilote a fourni un package de prestations d’une manière
ponctuelle pour les autres prestations et d’une manière régulière pour l’assistance comptable
et fiscale, en se focalisant sur ce qu’il sait faire de mieux : l’assistance comptable et fiscale.
Au niveau de la tarification des prestations, malgré le rétrécissement constaté du package
de prestations, le CGAPD a pu procéder à deux hausses successives des tarifs, acceptées par
ce segment moins réfractaire.
Parallèlement, le CGA pilote de Dakar a fait recours à l’emploi massif des stagiaires au
détriment de salariés pour atteindre les mêmes résultats à moindre frais.
25
Néanmoins, Le CGAPD n’a pas pu augmenter sensiblement le nombre de ses adhérents, le
portefeuille demeurant en moyenne tout le temps, autour de 104 adhérents par année. De plus,
il n’a pas pu assurer régulièrement des prestations comme la formation, le conseil en gestion
et l’intermédiation financière.
B. Contraintes à lever
Il ressort de ces constats la pertinence d’une consolidation des acquis et leur développement
en matière d’assistance comptable et fiscale et la nécessité de nouvelles initiatives dans les
domaines de la formation, du conseil en gestion et de l’intermédiation financière en tenant
compte des contraintes ci-après :
1. l’image négative, du système des CGA considéré à tort comme « une police fiscale »,
perturbe les performances du système ;
2. les CGA sont incapables pris individuellement de mener à bonne fin leurs missions parce
que atomisés et inorganisés entre eux, malgré que les CGA2 des régions soient des
répliques fidèles mais réduites du « modèle » de Dakar ;
3. isolés et sans appui, les CGA sont incapables de se doter par eux-mêmes, d’une bonne
capacité d’offre, de ressources humaines en qualité et en nombre ou même de faire leur
propre promotion ;
4. le système de partenariat défaillant, n’a pas permis aux CGA d’élargir leur gamme de
prestations ni de développer d’une manière suffisamment importable leurs prestations
traditionnelles ;
5. la non implication d’organisations patronales, ou professionnelles comme les chambres de
métiers dans la mise en place de CGA, n’a pas favorisé la multiplication des CGA et en
conséquence, le développement du système ;
6. l’absence de plaidoyer auprès des membres des CCIA, des Organisations Patronales et
Professionnelles a contribué à rendre plus « invisible » le Système des CGA ;
7. l’absence d’une utilisation optimale des possibilités qu’offrent les Technologies de
l’Information et la Communication en terme de réseau, de veille Marketing, de plateforme
virtuelle commerciale, d’interconnexion entre CGA et entre eux les adhérents,
d’exploitation commune de base de données ;
8. les CGA des régions entreprennent le démarrage de leurs activités dans des conditions très
précaires. En effet, ils ne disposent pas de fonds de roulement propre et la capacité
technique de départ demeure réduite (6 postes). En ce qui concerne le personnel, ils
n’ont en fonction pour la plupart, qu’un seul comptable formé. S’ils démarrent leurs
activités dans de telles conditions, même avec l’appui des CCIA concernées, la suite de
leur activité reste incertaine si des mesures correctives urgentes ne sont pas apportées ;
26
9. les avantages fiscaux qui ont toujours contribué positivement à l’attractivité du système
des CG, demeurent aujourd’hui au centre des préoccupations des adhérents suite à la
modification du régime fiscal, qui est passé du régime du forfait au régime de la CGU.
De ce point de vue, l’absence de cadre de concertation entre l’Administration fiscale et le
Système des CGA sur els questions fiscales a fortement contribué à vulgariser l’idée
comme quoi, adhérer au CGA ne confère plus d’avantages fiscaux ;
10. Le manque de moyens marketing et de budget y afférent, vont conduire à un tassement du
volume d’activité des CGA ;
11. L’intermédiation financière est actuellement ponctuelle, et n’est pas une prestation
régulièrement offerte aux adhérents par les CGA. Pour ce faire, il aurait fallu que les
Institutions de Micro finance (Banque Régionale de Solidarité (BRS) , Mutuelle
d’Epargne et de Crédit (MEC) acceptent de prendre le Système des CGA comme
partenaire privilégié dans l’établissement des documents comptables et dans la
confection des dossiers de demande de crédit. D’autant que, obligation leur est faite par
les Accords de Classement de la BCEAO, d’exiger des états financiers aux demandeurs
de crédit, Petites et micro entreprises y comprises ;
12. De même, un partenariat noué avec des organismes finançant ou recherchant de la
formation pour leurs membres (Organisations Professionnelles ou Patronales, le
FONDEF, l’ADEPME, l’APDA), aurait permis au Système de CGA de promouvoir
définitivement la formation comme une prestation régulière comme l’assistance
comptable et fiscale.
C - Plan de Développement
Le Plan de développement intègre parfaitement les contraintes identifiées autour de la
participation du système de CGA à la mise œuvre d’un programme global de dynamisation
des microentreprises par la formation professionnelle. A cet égard, un certain nombre de
principes tendent à faire l’unanimité des praticiens et analyste :
Elever dans tous les cas le niveau éducatif des actifs du secteur ;
Mettre en place des dispositifs de pré-professionnalisation pour éviter le gachis social
et scolaire ;
Reconnaître le secteur informel comme un lieu à part entière de professionnalisation ;
Valoriser le rôle structurant des organisations professionnelles dans la définition de la
demande de formation ;
Donner une place aux jeunes dans le débat sur l’insertion et la création d’activités ;
Structurer en douceur les pratiques de l’apprentissage traditionnel ;
Donner les moyens pour passer de la formation à l’insertion et à la création
d’activités ;
Former les adultes en même temps que les jeunes ;
Soutenir l’efficacité de la formation par la mise en place d’outils de financement
appropriés et pérennes ;
Transformer les actifs du secteur informel en acteurs de leur propre formation et
qualification.
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Bibliographie
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