les cales de construction

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1 LES CALES DE CONSTRUCTION Les cales N°1 et N°2 Dans ses débuts la construction de navires s’effectuait tout au long du rivage de La Ciotat sans infrastructures particulières. Au milieu du XIX éme siècle, cette activité s’est concentrée d’une part sur le chantier dit de « La Cale » entre les deux môles où se situait la cale de halage ; zone dédiée aux Chantiers Benet, et d’autre part sur la partie nord de l’Escalet pour les autres constructeurs. Plan de 1854 : chantier de la cale

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Page 1: LES CALES DE CONSTRUCTION

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LES CALES DE CONSTRUCTION

Les cales N°1 et N°2

Dans ses débuts la construction de

navires s’effectuait tout au long du rivage de

La Ciotat sans infrastructures particulières.

Au milieu du XIX éme siècle, cette

activité s’est concentrée d’une part sur le

chantier dit de « La Cale » entre les deux

môles où se situait la cale de halage ; zone

dédiée aux Chantiers Benet, et d’autre part

sur la partie nord de l’Escalet pour les autres

constructeurs.

Plan de 1854 : chantier de la cale

Page 2: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Là encore, les dispositifs de

construction et de lancement sont

relativement rudimentaires et en dehors de la

cale de halage, aucune cale de construction ne

figure encore sur le plan des chantiers des

Messageries Nationales en 1952.

Plan des chantiers en 1852

En l’occurrence la première apparition

des cales, figure sur un plan d’amodiation de

1868 qui demande l’extension des chantiers

sur une surface de 1152 m², au droit des cales

de lancement.

Plan d’amodiation 1868

Sur ce plan, la cale N° 1 se situe au

sud, alors que la cale N° 3 est plus proche du

bassin de radoub en cours de construction.

Ces trois cales avaient approximativement les

longueurs suivantes :

- Cale N°1 125 m.

- Cale N°2 130 m.

- Cale N°3 80 m.

-

Il faudra attendre 1887 pour que la cale

N°2 soit allongée à 145 m. Pour ce faire on

démolit une partie de l’atelier d’outillage et

on construit l’atelier de charpentage qui sera

recouvert en tuiles de zinc plus légères que

les celles de terre.

Plan des chantiers en 1887

Ces trois cales vont perdurer en l’état

jusqu’en 1892.

Ainsi, sur le plan de 1905 ne figurent

plus que deux cales :

- La cale N°1 125 m.

- La cale N°2 145 m.

Page 3: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Plan de 1905 des Messageries Maritimes

Le 9 janvier 1916, on construit un

chemin de roulement pour la grue de la cale

N°1.

En 1917, soit à l’avènement de La

SPCN, on modifie aussi les chemins de

roulement des grues de la cale N°2.

Dès la fin de la guerre, le 28 avril 1919

la cale 2 sera allongée et en juin une grue de

3.5 T est montée le long de la cale N°2.

Grue Jeumont de 3 T

L’année suivante, en 1920, on installe

une grue Jeumont de 3 T sur la cale N°1 et

deux grues Sibal de 4 T sur la cale N°2.

Grue Sibal de 4 T

Grues Jeumont et Sibal

Ce ne sera qu’en 1939 que la cale N°1

sera allongée pour la construction du

« Maréchal Pétain » future « La Marseillaise »

d’une longueur de 181 m et qui mise sur cale

le 15 juin 1939, y restera jusqu’au 10 juin

1944 !

Sur le plan de 1948 on note les

dernières caractéristiques des deux cales :

Page 4: LES CALES DE CONSTRUCTION

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- Cale N°1 172.5 m par 23 m.

- Cale N°2 130 m par 17 m.

Plan de 1948

Dès le début des années 50 ces

dimensions vont devenir insuffisantes, tant

en longueur qu’en largeur : il va falloir

procéder à leur reconstruction !

Reconstruction de la cale N°2 en 1952

De façon à faire évoluer l’outil de

travail en fonction des besoins des armateurs,

en marge de l’activité de construction, une

fois de plus le personnel du service bâtiment

et des ateliers va être mis à contribution pour

différents travaux d’infrastructures et en

particulier pour la reconstruction de la cale

N° 2.

Celle ci va non seulement être allongée

mais sensiblement réorientée ; la tête de cale

sera en effet déplacée vers le sud. A la suite

de ces travaux, réalisés en 1952, et auxquels le

personnel CNC aura largement contribué, la

cale et ses chemins de roulement tribord de 5

m d’entr’axes et bâbord de 9 m d’entr’axes,

auront été totalement reconstruits.

Les nouvelles caractéristiques de la cale sont

maintenant les suivantes :

- Longueur 172 m, pente 7 %.

- Largeur 31 m.

Elle est desservie par :

- une grue de 4 t

- une grue de 3/5 t

- une grue de 45/90 t

Ces caractéristiques permettent la

construction de pétroliers de 32 000 TPL.

Toutefois elle sera presque exclusivement

dévolue à la construction de cargos dont les

murailles, plus en « forme » que celles des

pétroliers dont la partie cylindrique est

beaucoup plus importante, nécessitent

l’utilisation d’une double rangée

d’étamperches, pour faciliter la mise en place

d’échafaudages latéraux et les essais

d’étanchéité.

Etamperches cale 2 (cliché Louis Sciarli)

Page 5: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Lors de la généralisation des

échafaudages tubulaires, à colliers, type

«Entrepose», ces étamperches,

caractéristiques des 2 cales, disparaîtront.

Le chemin de roulement tribord

L’ancien chemin de roulement était

supporté par une maçonnerie de moellons

comportant des voutes en plein cintre qui

vont être progressivement démolies.

Cette structure sera remplacée par un

ouvrage en béton armé de 141 m de long sur

une largeur de 5.68 m.

Sur 59.60 m ce chemin de roulement

sera constitué par des portiques sous lesquels

seront installés des magasins.

La transmission des efforts au

substratum rocheux, s’effectuera par un

système de 6 pieux dont chaque groupe est

séparé de 4.90 m.

Ce chemin de roulement conservera les

deux grues installées en 1921. Leur transfert

ne posera pas de problème technique car le

nouveau chemin de roulement est strictement

implanté au même endroit que celui

d’origine.

Démolition des voutes

Nouveau chemin de roulement tribord

Chemin de roulement tribord

Page 6: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Le chemin de roulement bâbord :

Ce chemin de roulement d’une

longueur de 267 m et de 9 m d’entr’axes, est

bâti sur un radier en béton armé fortement

encaissé. Sa structure en portique abrite aussi

côté mer des magasins et autres petits ateliers

du service entretien.

Chemin de roulement Bâbord

Décaissement chemin de roulement BD

Chemin de roulement BD terminé

Son implantation diffère très

sensiblement de la précédente aussi les grues

existantes vont devoir être transférées par

ripage.

Transfert latéral des grues

Transfert latéral des grues

A terme ce chemin de roulement sera

doté de deux grues :

Grue Titan de 50/120 T en 1959.

Page 7: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Grue « Agop » de 1.5/3.4 et 7 T.

La cale de construction N°2

La nouvelle cale N°2

Cette cale est maintenant constituée

d’un radier de 7 m de large et comporte une

longrine centrale de 1.90m puis deux

longrines support de glissières de 1.150m de

large et d’un entr’axe de 4.45 m.

Coupe transversale de la cale N°2

Elle présente une pente constante de

7% et une avant cale de 60 m dont deux

éléments de 20m amovibles et une partie

immergée de 170.97 m.

L’avant cale autrefois

Elément d’avant cale N°2

Page 8: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Dans sa partie haute, au droit de la

voie ferrée, elle est traversée par un tunnel au

gabarit SNCF permettant le passage de

wagons.

Tunnel voie ferrée

Sur bâbord un escalier permet

d’accéder à un tunnel ovoïde qui dessert la

galerie des vérins de retenue avant le

lancement du navire. Ces vérins qui sont au

nombre de 4 agissent sur les linguets de

retenue de la couette vive.

Local vérins cale N°2

Entre le seuil de la cale et le quai

Ganteaume, on dispose de 287.30 m pour

arrêter le navire.

Cale N°2 au droit des vérins

Caractéristiques cale N°2

Cale N°2 terminée

Page 9: LES CALES DE CONSTRUCTION

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La cale N°2 presque opérationnelle

Evolutions récentes

Cette cale a été démolie pour faire place à un

terre-plein affecté à de petites entreprises.

Seule l’avant cale a été conservée.

Avant cale N°2

Page 10: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Reconstruction de la cale N°1 en 1957

La cale N01 avant reconstruction

Contrairement à ce qui a été pratiqué

pour la cale 2, l’essentiel des travaux de génie

civil va être confié à une entreprise

spécialisée dans les travaux portuaires :

EGTH, Entreprise des Grands Travaux

Hydrauliques qui, sous différentes raisons

sociales (SFEDTP –DTP- Bouygues Offshore),

va continuer jusqu’en 1985 à œuvrer dans les

transformations et extensions des chantiers

sur le domaine public maritime (DPM).

Cette reconstruction se réalise sur la

base de la cale existante dont on conserve

l’axe. Les travaux concernent à la fois les

fondations et superstructures de la cale, mais

aussi le chemin de roulement bâbord.

La cale 1 ne sera « disponible »

qu’entre le 9 mai 1956 et le 20 août 1957 et elle

ne sera pas terminée quand les premiers

tronçons du « Montmartre » seront posés sur

sa partie basse. Il va donc falloir jongler avec

les constructions en cours.

Les travaux sont donc entrepris après

le lancement du « Kouang Si » qui a lieu le 9

mai 1956.

Les travaux dans la partie haute seront

donc talonnés par l’assemblage des tôles du

pétrolier, dans une sorte de course poursuite

aiguillonnant sans cesse les maçons.

Le Montmartre pendant les travaux

Le chemin de roulement bâbord :

Chemin de roulement Bâbord

D’une longueur de 286 m, il est

constitué d’une structure en béton armé qui

abrite côté mer l’atelier de charpentage et

d’accorage-lancement, ainsi que le groupe de

pompage du batardeau, divers bureaux et

magasins.

Page 11: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Sur des rails de 9 m d’entr’axe sont

installées trois grues :

Une grue de 45/90 t.

Une grue de 25/50 t.

Une grue de 7 t. « Anseller »

La cale de lancement N°1 :

Travaux en cours

Travaux en cours

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Travaux en cours

Travaux en cours

Travaux en cours

Elle est constituée d’un radier de 26 m

de large reposant sur le bon sol par

l’intermédiaire de longrines et puits en béton.

Coupes transversales de la cale N°1

Sur ce radier reposent les deux

supports de glissières d’une largeur de 2.40 m

et espacés d’un entr’axe de 6.50 m.

Coupe longitudinale et chemin de

roulement

La structure générale comporte un

busc côté mer dont le seuil est établi à la cote

– 3 m. Ce busc assure la continuité de la

feuillure d’appui du bateau porte fermant le

batardeau.

Page 13: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Seuil et busc d’appui du bateau porte

A 114.84 m de la butée une galerie

ovoïde traverse l’ensemble de la cale. Cette

galerie abrite toutes les tuyauteries de fluides

et les câbles électriques.

Galerie des fluides

La galerie des vérins :

Dans l’entrevoie du chemin de

roulement bâbord, un escalier accède à un

deuxième ovoïde conduisant à la galerie des

vérins. Cette galerie placée longitudinalement

à la cale, a une largeur de 2.25 m sur une

hauteur de 2 m et présente la même pente de

5% que la cale.

Ancien local à vérins

Elle dessert trois galeries transversales

destinées aux six vérins qui maintiennent les

linguets de retenue de la couette vive.

Tunnel d’accès

Page 14: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Galeries des vérins

Plan du système

Poste de commande

Plan du système

Ces vérins hydro-pneumatiques sont

alimentés à une pression hydraulique de 400

bars et une contre pression pneumatique de

32 bars.

Plan des vérins

Linguet

Plan des linguets

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Le poste de manœuvre est placé dans

la galerie longitudinale.

Caractéristiques techniques

En fin de chantier la cale 1 aura les

caractéristiques suivantes :

- Longueur 223 m.

- Largeur 39 m.

- Pente ramenée de 7 à 5%.

Caractéristiques cale N°1

Le navire repose sur la cale par

l’intermédiaire de longrines mobiles en béton,

et de tins métalliques démontables (coins

chassés à la masse), qui permettent de

simplifier au maximum les opérations

préliminaires au lancement.

Cette cale, comme la cale 2, est

largement pourvue en courant de soudure

60V, en courant alternatif de 220 V et en

courant continu de 240 V. Elle est aussi

alimentée en air comprimé, en oxygène et

acétylène, de même qu’en eau douce et eau

salée.

Très rapidement les étamperches y

seront supprimées et avantageusement

remplacées par des échafaudages tubulaires à

colliers, type « Entrepose », qui vont se

généraliser sur l’ensemble du chantier et

présenter une sécurité et une maniabilité

supérieures au système antérieur

d’étamperches, madriers de bois et planches.

Entre le seuil d’appui du bateau porte

et le quai Ganteaume, on dispose de 280 m

pour assurer le freinage du navire qui

quelques fois peut dépasser 250 m de long (

253.84 m pour le Franche Compté.

Distance de freinage disponible

Principe de lancement

Page 16: LES CALES DE CONSTRUCTION

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Batardeau et bateau porte

La cale N°1 comporte dans sa partie

basse une forme de radoub de 61 m, fermée

par un bateau porte métallique.

Terrassement pour busc et appui du bateau

porte

Cette forme de radoub constitue en

fait, une avant-cale, lorsque le bateau-porte

est enlevé. Dans ces nouvelles dispositions et

par le truchement de divers allongements

temporaires à l’aide de longrines de béton

empilées et entretoisées, on peut y recevoir

des navires aux formes classiques et d’un

port en lourd maximum de 85 000 T.

Plan d’ensemble du bateau porte

Bateau porte ne cours de réparation

Le bateau-porte est constitué d’un

caisson métallique de 4.60 m de haut sur

37.80 m de long.

Il dispose de caissons d’immersion

permettant de le couler en place.

L’étanchéité est obtenue par

l’intermédiaire d’un joint néoprène supporté

par des fourrures en bois. Ce dispositif

d’étanchéité existe sur le s deux faces, ce qui

permet la réversibilité de cet équipement.

Joint du bateau porte

Coupe du bateau porte

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Groupe de pompage du batardeau

Il est situé sous le chemin de

roulement bâbord.

Dans la passé il était constitué de deux

pompes de 280 T/H et d’une pompe de 160

T/H.

Ce dispositif a été complété par la suite par

une pompe immergée de 1200 T/H, 4 pompes

Flight de 30 T/H et de deux pompes Richier

de 200 T/H.

Aujourd’hui le système de pompes

fixes est complété par des pompes mobiles de

700 et 300 T/H.

Le volume d’eau à évacuer étant de

5000 m3 environ, le temps d’assèchement est

de l’ordre de 3 à 5 H.

Devenir de l’équipement

Aujourd’hui, la cale n’est plus utilisée

en tant que telle, mais sa partie basse a été

aménagée en petite forme d’entretien pour les

bateaux de plaisance. Le bassin ainsi créé a 50

m de long sur 15 m de large.

A ce titre le bateau porte et le groupe

de pompage sont maintenus en service.

Cale N°1 : Vue d’ensemble