les 2èmes rencontres de l’économie de proximité « du ...le diagnostic a permis de mettre en...

8
Rencontres économie de proximité – 18 juin 2013 1 Les 2 èmes rencontres de l’économie de proximité ont été organisées le 18 juin 2013 par les partenaires de la démarche régionale « économie de proximité » : Conseil Régional, DIRECCTE, Chambre de Commerce et d’Industrie de Région, Chambre Régionale de Métiers et de l’Artisanat, Chambre Régionale d’Agriculture, Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire, Plate-Forme régionale développement rural, Aradel. Elles ont réuni près de 350 participants. La journée a été introduite par Cyril Kretzschmar, Conseiller régional délégué à la nouvelle économie, aux nouveaux emplois, à l’artisanat et à l'économie sociale et solidaire et Alexandre Moulin, directeur adjoint de la Direccte Rhône-Alpes en charge des entreprises, de l’emploi et de l’économie et commissaire au redressement productif. Après 3 ans de travail sur l’économie de proximité, des 1 ères rencontres organisées en mai 2012 et la délibération régionale de décembre 2012 1 , cette approche par les moteurs du développement, qui relevait au début plus du « concept théorique », est de mieux en mieux appréhendée par les acteurs territoriaux. Ces derniers s’accordent à dire qu’il faut certes savoir créer de nouvelles richesses sur les territoires, mais aussi être en capacité de mieux les redistribuer et de les utiliser pour générer des emplois localement. Il s’agit désormais de donner aux acteurs locaux des outils pour concrétiser ces convictions. Aussi le choix a-t-il été fait de placer ces 2 èmes rencontres de l’économie de proximité sous le thème « du concept à l’action » et de mettre les participants dans une posture d’acteur autour de trois entrées clés : la représentation : le développement de l’économie de proximité repose sur une mobilisation d’acteurs très divers (élus, développeurs économiques, consulaires, commerçants, entreprises, associations, agriculteurs…) permettant de répondre aux nouveaux besoins exprimés. Comment faire pour que ces acteurs dépassent leurs propres schémas de pensée et parviennent à construire une représentation partagée du développement de leur territoire ? la gouvernance : la coopération entre acteurs et la mutualisation des ressources semblent être la bonne piste pour développer économie et emplois de proximité, mais concrètement, comment agir de manière coordonnée sur les territoires pour que les projets prennent forme ? Comment faire pour gouverner quand on n’a pas de leader de fait ? l’ingénierie de projet / la mise en oeuvre / de l’idée à l’action : passer à l’action et mettre en mouvement les acteurs des territoires nécessite de se mettre dans une posture de « porteur de projet ». Quels outils, quels modes de travail utiliser et quels processus mettre en place pour faire avancer concrètement les projets? Les 2 èmes Rencontres de l’économie de proximité « Du concept à l’action » Mardi 18 juin 2013 – Conseil Régional Rhône-Alpes Synthèse réalisée par Argo&Siloe

Upload: others

Post on 05-Jul-2020

3 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Rencontres économie de proximité – 18 juin 2013

1

Les 2èmes rencontres de l’économie de proximité ont été organisées le 18 juin 2013 par les partenaires de la démarche régionale « économie de proximité » : Conseil Régional, DIRECCTE, Chambre de Commerce et d’Industrie de Région, Chambre Régionale de Métiers et de l’Artisanat, Chambre Régionale d’Agriculture, Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire, Plate-Forme régionale développement rural, Aradel. Elles ont réuni près de 350 participants.

La journée a été introduite par Cyril Kretzschmar, Conseiller régional délégué à la nouvelle économie, aux nouveaux emplois, à l’artisanat et à l'économie sociale et solidaire et Alexandre Moulin, directeur adjoint de la Direccte Rhône-Alpes en charge des entreprises, de l’emploi et de l’économie et commissaire au redressement productif.

Après 3 ans de travail sur l’économie de proximité, des 1ères rencontres organisées en mai 2012 et la délibération régionale de décembre 20121, cette approche par les moteurs du développement, qui relevait au début plus du « concept théorique », est de mieux en mieux appréhendée par les acteurs territoriaux. Ces derniers s’accordent à dire qu’il faut certes savoir créer de nouvelles richesses sur les territoires, mais aussi être en capacité de mieux les redistribuer et de les utiliser pour générer des emplois localement. Il s’agit désormais de donner aux acteurs locaux des outils pour concrétiser ces convictions. Aussi le choix a-t-il été fait de placer ces 2èmes rencontres de l’économie de proximité sous le thème « du concept à l’action » et de mettre les participants dans une posture d’acteur autour de trois entrées clés :

− la représentation : le développement de l’économie de proximité repose sur une mobilisation d’acteurs très divers (élus, développeurs économiques, consulaires, commerçants, entreprises, associations, agriculteurs…) permettant de répondre aux nouveaux besoins exprimés. Comment faire pour que ces acteurs dépassent leurs propres schémas de pensée et parviennent à construire une représentation partagée du développement de leur territoire ?

− la gouvernance : la coopération entre acteurs et la mutualisation des ressources semblent être la bonne piste pour développer économie et emplois de proximité, mais concrètement, comment agir de manière coordonnée sur les territoires pour que les projets prennent forme ? Comment faire pour gouverner quand on n’a pas de leader de fait ?

− l’ingénierie de projet / la mise en œuvre / de l’id ée à l’action : passer à l’action et mettre en mouvement les acteurs des territoires nécessite de se mettre dans une posture de « porteur de projet ». Quels outils, quels modes de travail utiliser et quels processus mettre en place pour faire avancer concrètement les projets?

Les 2èmes Rencontres de l’économie de proximité « Du concept à l’action »

Mardi 18 juin 2013 – Conseil Régional Rhône-Alpes

Synthèse réalisée par Argo&Siloe

Rencontres économie de proximité – 18 juin 2013

2

Ces trois sujets ont constitué le fil directeur de la journée et ont été abordés au travers des témoignages de trois territoires ayant participé ou participant à la démarche IMPL :

• Témoignage Ardèche méridionale : Denis Rotival, chargé de mission « développement et actions territoriales emploi/formation » pour le Sud Ardèche à la Direccte Rhône-Alpes

• Témoignage Pays du Bugey : Philippe Virard, Président de la Communauté de communes du Plateau de Hauteville

• Témoignage Communauté d’agglomération Porte de l’Isère : Claire Ribouillard, Déléguée générale du Pôle d’Intelligence Logistique Europe du Sud (PILES) à la CCI Nord Isère,

ainsi que de 6 ateliers thématiques :

• Atelier 1 : La coopération inter-entreprises • Atelier 2 : Circuits de proximité : de l’alimentation à l’énergie » • Atelier 3 : Explorer une filière, un patrimoine pour créer de nouvelles activités • Atelier 4 : Quels nouveaux modèles immobiliers pour les entreprises de l’économie de proximité ? • Atelier 5 : Mobiliser l’épargne locale pour financer l’économie de proximité • Atelier 6 : Le management de proximité (centre-ville, regroupement de communes) : les structures

partenariales qui fonctionnent

Les six ateliers ont fait l’objet d’une restitution globale qui a été enrichie par les rapporteurs de chaque atelier. Trois personnalités ayant chacune une approche différente des questions de développement économique ont également apporté leur regard sur les restitutions des ateliers et les témoignages : Bernard Pecqueur, Professeur à l’Université Grenoble 1, a apporté son regard de chercheur. Christophe Chevalier, PDG du Groupe Archer et acteur du Pôle territorial de coopération économique Pôle Sud, a apporté son regard d’entrepreneur alliant l’économie et le social. Jean-François Caron, Président de la Commission « Transformation Ecologique et Sociale » à la Région Nord-Pas de Calais, a apporté son regard sur le rôle du politique dans les processus de création de valeur.

La représentation

Denis Rotival est engagé dans le groupe projet IMPL (Institut du Management des Pratiques Locales) sur l’Ardèche Méridionale. La démarche a permis de travailler sur les représentations qu’ont les acteurs de leur propre territoire. Ceux-ci sont partis d’un constat partagé assez négatif : un territoire en difficulté au niveau social, qui a du mal à valoriser ses atouts humains et naturels et dont l’image est en décalage avec celle qu’en ont les acteurs locaux. Le diagnostic a permis de mettre en avant les atouts et opportunités du territoire : un modèle hyper résidentiel avec une capacité de captation de richesses importante – traduisant une réelle attractivité du territoire – qui, si elle était mieux exploitée, pourrait permettre de générer 4 000 emplois et d’avoir de meilleurs indicateurs sociaux. Le diagnostic partagé, en objectivant la situation avec des images, des mots et des chiffres a permis de changer la représentation du territoire et de décloisonner les approches.

Le témoignage de Claire Ribouillard est venu compléter ces propos : le Pôle d’Intelligence Logistique Europe du Sud, constitué sous forme d’association, est un outil au service des entreprises de logistique du territoire qui permet le développement d’actions collectives. « La toute première étape dans la création de ce pô le a été de découvrir un trésor, une potentialité du t erritoire » : le Nord Isère est la 1ère plateforme logistique sur le sud de l’Europe. Les entreprises de logistique, qui initialement ne se connaissaient pas, ont pris conscience au travers d’un travail collectif mené avec des acteurs institutionnels, qu’elles étaient confrontées aux mêmes problématiques sur l’emploi, la sécurité… et ont identifié des actions communes à mettre en place.

Rencontres économie de proximité – 18 juin 2013

3

Christophe Chevalier insiste sur l’importance de rechercher « ce qui est caché » dans un territoire, en s’interrogeant sur ses spécificités. Cela implique de revoir en profondeur la façon dont les diagnostics de territoire sont réalisés. C’est cette recherche des potentiels d’un territoire qui va permettre d’identifier des opportunités pour créer des richesses nouvelles.

Les ateliers thématiques ont fait remonter que, pour construire une représentation commune, il faut mettre en réseau des ressources diversifiées, les combiner pour qu’ensemble elles créent des richesses supplémentaires . Il ne s’agit pas de prendre aux uns pour donner aux autres, mais de se mettre ensemble pour trouver des effets leviers complémentaires et créer du « nouveau » utile à tous. Cette mise en réseau d’acteurs est utile pour mettre en commun leur analyse du territoire, mutualiser leurs savoirs, leurs compétences et même capitaliser sur les mauvaises expériences. Christophe Chevalier, souligne l’importance de ce collectif : « il n’y a pas qu’un seul acteur qui peut répondre aux difficultés. Pour mobiliser, il faut des gens qui incarnent des manières d’agir différentes. A Romans, on cherche à partager avec d’autres chefs d’entreprises sur les échecs des politiques en matière d’emploi par exemple ».

Le travail de diagnostic partagé, qui permet de découvrir les trésors cachés de son territoire et de construire une représentation commune, doit s’appuyer sur des spécificités du territoire et faire de ces spécificités une source d’innovation . Identifier des spécificités, c’est aussi accepter que quelque chose existe sur un territoire et pas sur un autre. En parallèle, pour faire des spécificités des territoires une source d’innovation et mettre en avant la valeur des biens territoriaux, il faut savoir s’affranchir des périmètres classiques d’un territoire, par exemple les distances kilométriques et les limites administratives. Il faut apporter une proximité sur la valeur des biens territoriaux, qui ne soit pas seulement géographique : par exemple, un abricot des Baronnies peut avoir la même valeur de proximité pour un drômois que pour un savoyard.

La gouvernance

Il est ressorti des ateliers thématiques que la gouvernance d’un projet visant à développer des formes d’économie de proximité doit fixer un cadre mais en parallèle être évolutive .

Le cadre de la gouvernance doit s’appuyer sur un « noyau dur » de personnes qui partagent les mêmes valeurs, sur des règles de fonctionnement communes et des processus de prise de décision partagés. Une fois ce cadre posé, il est possible d’être souple et d’évoluer dans le temps ; la gouvernance doit pouvoir intégrer de nouvelles personnes qui ne partagent pas forcément les mêmes valeurs mais dont la présence est essentielle pour faire cheminer le projet et pour éviter « l’entre soi ». Il s’agit alors de s’appuyer sur ce qui peut fédérer . Les rapporteurs des ateliers ont insisté sur l’importance de la mixité des acteurs à mobiliser. Philippe Virard indique que la démarche IMPL engagée sur son territoire a permis, sur la filière bois, de dépasser les clivages habituels entre les différents maillons d’une même filière (formation, exploitants, propriétaires forestiers, artisans…). Des rapprochements se sont opérés sur des maillons de la filière : un groupement d’éco-artisans a ainsi vu le jour.

La gouvernance doit s’appuyer sur un engagement pub lic / privé . Les rapporteurs des ateliers soulignent que si c’est bien l’entrepreneuriat qui est au centre des démarches de coopération, la collectivité locale a quant à elle un rôle d’impulsion et de médiation. Pour Philippe Virard, le rôle des élus dans ce type de démarche est d’apporter leur connaissance précise des acteurs du territoire, de les rassembler et de jouer l’interface entre acteurs économiques du terrain et dispositifs départementaux ou régionaux.

Se pose ici la question de la place de l’animateur dans une démarche de coopération : il est là pour déchiffrer, impulser, écouter, apporter de la lisibilité… mais jusqu’où peut aller son rôle ? Peut-il aller jusqu’à arbitrer ? Claire Ribouillard explique qu’au sein du Pôle d’Intelligence Logistique Europe du Sud, le « chef de

Rencontres économie de proximité – 18 juin 2013

4

projet » a un rôle essentiel : il est là pour rappeler les objectifs à long terme, comprendre les intérêts de chaque acteur et « manage » à la fois partenaires et adhérents.

Pour Bernard Pecqueur, le modèle de gouvernance sur les territoires est en train de changer complètement. Il constate une déconnexion radicale entre le citoyen et son environnement économique, une sorte de désintérêt, ce qui pose des problèmes de société. « L’économie de proximité doit permettre de refaire société ». Il faut renouveler les liens sociaux et remettre les populations au centre du système économique : « si on produit, c’est pour les gens qui produisent ». Il s’agit donc de réinventer un lieu pour dialoguer et d’identifier sous quel angle mobiliser la société civile : souhaite-t-on mobiliser les usagers, les consommateurs, les citoyens ou les habitants ? La gouvernance locale s’appuie aujourd’hui sur des contrats ; selon Bernard Pecqueur, ces derniers doivent être revus de manière à intégrer plus de mixité, notamment entre public et privé.

Se pose également au travers de la gouvernance la question de la gestion et de la mutualisation des risques. Oui il faut expérimenter, et parfois se tromper, mais comment gère-t-on le risque ? Pour Christophe Chevalier, pour que la mobilisation des acteurs fonctionne, il faut que les personnes se considèrent comme des acteurs de devoir et non comme des acteurs de droit ; il faut que ces personnes aient envie de s’engager dans la démarche et aient confiance pour prendre des risques ensemble. « On ne prend pas de risque avec des institutions, mais avec des hommes et des femmes qui représentent ces institutions ». Il y a des mobilisations plurielles ; au-delà de la mobilisation générale du territoire, les actions concrètes se réalisent souvent avec deux ou trois acteurs. Une organisation de territoire doit donc être capable d’impulser, mais aussi de changer de posture, en accompagnant les entreprises sans faire à leur place.

A la question de « Comment piloter un processus qui permette de décloisonner les approches ? », Jean-François Caron, répond qu’un élu doit savoir réunir les parties prenantes soit en étant dans une posture d’arbitrage, soit en prenant la responsabilité d’organiser les acteurs. « Un élu est un animateur du débat et est garant du processus de confiance qui se crée entre les acteurs ». « Un territoire est un chaudron » sur lequel l’élu peut faire levier pour créer de la compétence collective.

François Jacquart, élu du Conseil Régional, porteur d’une mission sur les services publics, complète les propos tenus sur la place de l’Etat mais aussi des collectivités locales dans la mise en œuvre de services publics et plus largement de services à la population. Ces derniers peuvent être un point d’appui ou un frein dans les dynamiques des territoires ; ils sont un enjeu à part entière de la stratégie des territoires et de l’économie de proximité. C’est la raison pour laquelle le Conseil Régional a un rôle à jouer sur cette question : en mettant en place un système de veille sur l’évolution des services à la population2 mais aussi en créant des initiatives, par exemple en s’associant à la création de sociétés publiques locales de transports. Le Conseil Régional a un rôle à jouer dans la création d’une dynamique générale des territoires qui ne soit pas dans une logique de mise en concurrence des territoires mais plutôt de rééquilibrage face à des disparités de fait. Or il apparaît aujourd’hui que certains territoires sont en situation de fragilité sur la question des services à la population (tant en termes de présence que d’accessibilité). Remettre de l’économie de proximité dans ces territoires est un enjeu pour réduire ces fractures territoriales ; il y a donc des complémentarités fortes entre économie de proximité et services à la population.

L’ingénierie de projet / la mise en œuvre / de l’id ée à l’action

Pour passer de l’idée à l’action et faire en sorte que des projets réunissant des acteurs très divers d’un territoire prennent concrètement forme, plusieurs facteurs clés ont été avancés lors de la restitution des ateliers :

Rencontres économie de proximité – 18 juin 2013

5

1) Il est nécessaire de repartir des usages des « acteurs du territoire » (habitants, entreprises, consommateurs…) avant de faire : rapprocher offres et demandes locales implique de prendre en compte les besoins non couverts et les spécificités du territoire (quelles sont ses trésors, ses ressources, ses savoir-faire ?). Il apparaît essentiel d’avoir une maîtrise d’usage qui connecte les projets aux besoins du territoire avant même de s’interroger sur qui sera la maîtrise d’ouvrage ; associer le bénéficiaire final dès le début du projet au travers de cette maîtrise d’usage est nécessaire. Sur cet aspect, Christophe Chevalier ajoute que les projets collectifs de territoires permettent de mobiliser les acteurs du territoire et surtout de les mettre face à leurs responsabilités et ainsi encourager la démocratie locale.

2) Il faut prendre en compte les cycles de décision des différ ents partenaires , qui sont souvent calés de façon annuelle. Si les processus de décision des acteurs locaux ne sont pas respectés, on peut très rapidement perdre un an. Aussi, pour permettre aux acteurs locaux de se positionner, il faut savoir mesurer les actions pour les inscrire dans les budgets et les plans d’actions de chaque partenaire. Il faut donc établir un système de relations entre partenaires publics et p rivés pour tenir compte des processus de décision de chacun.

3) Il faut reconnaître le « droit à l’erreur » : un projet quel qu’il soit peut faire « fausse route » à un moment donné. Reconnaître que l’on s’est trompé est essentiel pour être en mesure de mettre en place des actions correctives au cours du projet.

4) Un projet, qu’il porte sur la coopération interentreprises, la structuration de filières ou le management de centre-ville, est une nouvelle « entreprise ». Il faut pour mettre en œuvre cette nouvelle entreprise adopter une démarche entrepreneuriale qui sera le moteur du projet et de l’ingénierie.

5) Il est nécessaire que les partenaires mobilisent du temps et des ressources dédiées à l’accompagnement du projet collectif. Il sera sans doute possible de trouver à l’avenir des ressources au niveau européen pour financer l’innovation territoriale, organisationnelle et les processus de coopération.

Jean-François Caron ajoute que le développement est avant tout une affaire de prise de risque. Pour oser prendre des risques, pour entreprendre, pour reconnaître le « droit à l’erreur », il faut de la confiance entre acteurs (élus, entrepreneurs…). C’est en s’organisant collectivement qu’un territoire sera capable de créer cette confiance et d’accompagner une stratégie de territoire. Demain, ce qui fera la différence entre les territoires, c’est leur capacité à s’engager collectivement, à mobiliser des moyens, à créer des processus collectifs partant des usages, à créer des compétences collectives.

Les points clefs des ateliers 3

Atelier 1 : la coopération inter-entreprises Animation : Julie André (CRESS)/ Carole Fournel (Région Rhône-Alpes)

Témoignages : - Les pôles territoriaux de coopération économique : C. Chevalier (ARCHER) http://www.lelabo-ess.org - Mise en place d’un groupement éco-artisans : Alain Dalloz Furet (Syndicat Mixte du Pays du Bugey)

Avoir la volonté de faire coïncider intérêts individuel et commun : Le partage des valeurs accélère la construction d’une vision commune. Il n’y a pas de « modèle » de gouvernance (mais nécessité d’avoir un leader, un noyau dur, une locomotive). L’entrepreneuriat est au centre de la démarche de coopération et doit répondre à un besoin initial de l’entreprise. La collectivité accompagne mais n’est pas au centre de la démarche La construction opérationnelle de la coopération nécessite des financements qui aujourd’hui existent peu (innovation technologique contre innovation sociale).

Atelier 2 : Circuits de proximité : de l’alimentati on à l’énergie Animation : Laurent Joyet (CRA), Christèle Piron (CRMA)

Témoignages : - La démarche « D’Ardèche et de Saison » : Nicolas Sabot (Chambre d’agriculture de l’Ardèche) - Le label Bois des Alpes : O. Chaumontet (Communes forestières de Rhône-Alpes) http://boisdesalpes.net

Il faut faire se rencontrer et communiquer les consommateurs, producteurs, distributeurs Il faut rapprocher offreS et demandeS localeS, en s’appuyant sur la diversité des modes de distribution En termes de gouvernance, nécessité d’identifier qui a le pouvoir / les leviers puis ensuite d’associer des acteurs qui partagent des valeurs. A terme, associer les acteurs nécessaires même s’ils ne partagent pas les mêmes valeurs. Associer les représentants du territoire et tous les bénéficiaires du projet Pour passer à l’action, utiliser des temps d’expérimentation : droit à l’erreur, temps dynamique permettant de mobiliser => phase structurante

Rencontres économie de proximité – 18 juin 2013

6

Atelier 3 : Explorer une filière, un patrimoine pou r créer de nouvelles activités Animation : Aurélie Braillon (Plate-Forme régionale développement rural Rhône-Alpes), Nathalie Boudart (Direccte Rhône-Alpes)

Témoignages : - Travailler le potentiel de la sauce nantua comme source de nouvelles activités pour le Haut-Bugey : Elise Chevalier et Vincent Allard (CDDRA du Haut Bugey) - Détecter des emplois salariés au sein de la filière bois (scierie) dans le pays d’Urfé : Corinne Gayte (Site de proximité Aix Urfé Côte roannaise La Pacaudière St Alban les Eaux)

Identifier des potentiels d’activités, c’est notamment : • repérer des activités économiques nouvelles qui viennent compléter / renforcer un « atout » du

territoire, • regarder le territoire comme une île aux trésors • combiner des « éléments identitaires » (ressources matérielles et immatérielles, bâti, savoir-

faire…) du territoire et faire de cette combinaison une source de développement local En termes de gouvernance, il semble important d’éviter « l’entre-soi » et d’associer ceux pour lesquels la relation n’est pas obligatoirement simple ou évidente. L’animateur doit faire preuve de neutralité (terme qui a fait largement débat dans l’atelier, nécessite de prendre le temps de le définir), ou plutôt il doit identifier le dénominateur commun et trouver ce qui peut fédérer, rassembler. Il a une capacité d’écoute et donne de la lisibilité mais sait aussi « arbitrer ». Pour permettre le passage à l’action, il est nécessaire de donner du temps à l’action mais aussi de redonner de la place à l’expérimentation, au test. Il est facilitant de trouver une action collective qui réponde aux besoins économiques individuels et de fédérer autour de réalisations concrètes pas à pas

Atelier 4 : Quels nouveaux modèles immobiliers pour les entreprises de l’économie de proximité ? Animation : Renaud Bonamy (Région Rhône-Alpes)

Témoignages : Pierre Alexandre Le Vern (CMA du Rhône) et Mathieu TUPIN (Grenoble Alpes Métropole) Une offre qui s’adapte aux spécificités des territoires (ruraux / urbains, selon profil des territoires) ; flexibilité du dispositif selon l’évolution des besoins de l’entreprise. Repérer les gisements pour imaginer des mutualisations des espaces d’accueil et des fonctions Il est essentiel d’associer le bénéficiaire final dès le début du projet (détermination de l’offre / demande), d’identifier un acteur clé qui sera leader du projet. Penser maîtrise d’usage avant maîtrise d’ouvrage pour faciliter mise en œuvre : Identifier les usages et les ressources qui font défaut facilitera l’animation Faire appel à la mixité (logement, commerce…) pour atteindre l’équilibre économique du projet

Atelier 5 : Mobiliser l’épargne locale pour finance r l’économie de proximité Animation : Florence Coutelier (Direccte Rhône-Alpes), Bernadette Sozet (Rhône-Alpes Active)

Témoignages : - Le dispositif « Prêt de chez moi » : Léo Miranda (NEF) http://www.pret-de-chez-moi.coop/ - Le fonds de collecte pour les projets d’activités autour de la Grotte Chauvet : Nicolas Dupuy (CDDRA Pays Ardèche Méridionale)

Implication de l’épargnant pour créer du lien sur un territoire et participer au développement de son territoire. Il faut laisser la place au citoyen ; les experts ne sont plus les seuls à être mobilisés. Il s’agit de créer un groupe projet multi-compétences connecté avec la stratégie du territoire Les projets impliquent une démarche marketing : travailler les liens entre les motivations des épargnants, le type de projets soutenus, le montage financier, la communication…

Atelier 6 : Le management de proximité (centre-vill e, regroupement de communes) : les structures partenariales qui fonctionnent Animation : Michel Auroy (élu Neuville-sur-Saône), Lionel Saugues (CCIR)

Témoignages : - Julie Farissier, Manager de centre-villes Feurs, Montbrison, Montrond

- Elena Franco, TCM, Région de la Lombardie, Italie Savoir donner de l’élan : capacité à regrouper les forces vives pour partager la vision du territoire Trouver des synergies : décloisonner les périmètres pour innover, générer de nouveaux développements Développer une « culture commune » dans les projets : il faut une souplesse du dispositif mais des règles communes de fonctionnement La formation de tous les acteurs du territoire (élus, techniciens, consulaires etc.) à ces modes de gouvernance est essentielle. Nécessité d’une gouvernance « Public/Privé » des projets Importance du suivi et de l’évaluation des actions pour pouvoir engager des actions correctives

Rencontres économie de proximité – 18 juin 2013

7

Les 2èmes rencontres de l’économie de proximité ont été clôturées par le rapport d’étonnement de Jean Mochon, Directeur de La belle idée. Le concept de l’économie de proximité impacte directement les champs des possibles en changeant les regards des acteurs locaux, qui grâce à cette nouvelle approche découvrent des trésors sur leur territoire. C’est une opportunité pour se mettre à travailler autrement et trouver des modes de gouvernance « légitime ». Il faut bien sûr avoir l’envie de faire, mais cette envie ne suffit pas ; elle doit être portée par une volonté collective pour être transformée en actions. Les actions sont plus économes ; elles renvoient à des approches d’innovation dites « frugales » et reposent sur des procédures beaucoup plus légères et incitatives. Cela permet d’accélérer le passage de l’idée à l’action : on accepte une prise de risque nouvelle.

Les membres du comité de pilotage de la démarche régionale « économie de proximité » remercient les personnes qui se sont engagées en tant qu’animateurs ou rapporteurs des ateliers : J.André (CRESS), L.Joyet (CRA), C.Piron (CRMA), L.Saugues (CCIR), F.Coutelier et N.Boudart (Direccte), A.Braillon (Plate-Forme régionale développement rural Rhône-Alpes), M.Auroy (conseiller municipal Neuville-sur-Saône), ainsi que tous les intervenants de ces deuxièmes rencontres.

Les 2èmes rencontres de l’économie de proximité en direct sur Tweeter

Rencontres économie de proximité – 18 juin 2013

8

Mémo :

Le Conseil Régional Rhône-Alpes a adopté en décembre 2012 une délibération pour développer l’économie de proximité et encourager les acteurs à porter un autre regard sur le développement économique local. Cette démarche vise à favoriser les échanges entre acteurs et territoires afin d’avancer ensemble sur le développement de cette économie de proximité, qui représente une part importante des emplois en Rhône-Alpes, et concerne tous les territoires, qu’ils soient urbains, périurbains ou ruraux, plaine ou montagne. Réunissant au sein des territoires artisanat, commerce, acteurs de l’économie sociale et solidaire, et très petites entreprises à base locale, l’économie de proximité est une des clés du développement en Rhône-Alpes. Par le caractère non délocalisable de sa production et de ses emplois, par sa vocation à répondre aux besoins humains des personnes présentes sur le territoire, l’économie de proximité peut contribuer à atténuer les soubresauts de la vie économique, mais aussi apporter une réponse aux défis que constituent la lutte contre le chômage, l’ampleur des évolutions démographiques et des changements comportementaux des consommateurs, et la préservation de l’environnement.

Cette démarche expérimente une nouvelle approche du développement économique local basée sur l’analyse des moteurs du développement d’ un territoire issue des travaux de recherche d’économistes et géographes comme Laurent Davezies et Bernard Pecqueur.

Le programme s’appuie également sur une démarche innovante d’accompagnement d’acteurs économiques appelée « Institut de Management des Pr atiques Locales » (IMPL) développée et mise en œuvre par Aradel.

5 nouveaux territoires se sont engagés dans la démarche IMPL « Agir sur les leviers de l’économie de proximité » en 2013 : Saint-Étienne Métropole, la Communauté d’Agglomération Porte de l’Isère, les CDDRA Pays du Mont-Blanc, Monts-du-Lyonnais et Pays Roannais, rejoignant le CDDRA Bassin de vie de Bourg en Bresse, le PNR du Pilat, l’agglomération du Pays Viennois, le PNR du Massif des Bauges, le CDDRA du Faucigny, le CDDRA du Haut Bugey, le CDDRA du Bugey et le Grand Projet Rhône-Alpes Grotte Chauvet.

En parallèle de cette démarche IMPL, des actions de sensibilisation sont menées sur le sujet au travers notamment de l’organisation annuelle des « rencontres régionales de l’économie de proximité », mais aussi de la diffusion d’une newsletter mensuelle dédiée. Enfin, publié en avril 2013, les « cahiers de l’économie de proximité », élaboré en lien avec ces partenaires et incluant leurs témoignages, doit permettre d’aider les territoires rhônalpins à appréhender ces enjeux dans la préparation d’un diagnostic et d’un programme d’action, et vise à partager largement avec l’ensemble des acteurs intéressés.

Un évènement organisé en partenariat avec :

1 Voir mémo en fin de document 2 Synthèse de l’étude « Analyse des dynamiques territoriales en matière de services à la population sur le territoire rhônalpin” (2013) disponible sur www.territoires.rhonealpes.fr, rubrique « Espace Ressources », études RRA 3 Points clés sur lesquels poursuivre le travail en lien avec les pratiques des acteurs locaux

Toute la ressource documentaire de ces 2èmes Rencon tres régionales de l’économie de proximité est accessible sur le portail territoire de la Régi on Rhône-alpes http://www.territoires.rhonealpes.fr , rubrique « Développement économique ».