l’entreprise familiale : une perspective générationnelle
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Revue Internationale des Sciences de Gestion
ISSN: 2665-7473
Numéro 2 : Janvier 2019
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Culture d’entreprise et Orientation entrepreneuriale dans
l’entreprise familiale : Une perspective générationnelle.
Corporate culture and Entrepreneurial Orientation in
family business: A generational perspective.
Nawfal ACHA
Enseignant-chercheur en Sciences de Gestion.
Équipe de recherche en Management des Technologies de l’information (EM2TI)
Institut National des Postes et Télécommunications.
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Résumé
L’article appréhende la « Familiness » en tant que configuration spécifique de compétences
qui évolue à travers les générations. L’interaction entre les caractéristiques de la famille et les
spécificités de la firme requiert une stabilité du système de valeurs et de la culture
organisationnelle pour maintenir une orientation entrepreneuriale.
La méthodologie adoptée s’inscrit dans les méthodes interprétatives qualitatives appliquées à
l’étude de cas d’une moyenne entreprise familiale. Des entretiens semi-directifs ont été menés
auprès de différents niveaux hiérarchiques pour comprendre l’évolution de la « Familiness »,
ainsi que ses effets sur la relation « Culture d’entreprise - Orientation entrepreneuriale » dans
le cadre de la succession.
Les résultats montrent l’existence d’un sentiment d’appartenance des salariés construit dans la
durée auprès du fondateur. Une forte culture conviviale est détectée avant l’arrivée da la
première génération au pouvoir. La transition générationnelle s’appuie sur le système de
valeur existant pour maintenir l’orientation entrepreneuriale de l’entreprise.
Mots-clés : Culture d’entreprise, Familiness, Orientation entrepreneuriale, Succession.
Abstract
The article apprehends the "Familiness" as a specific configuration of skills that evolves
across generations. The interaction between the characteristics of the family and the
specificities of the firm requires a stability of the system of values and the organizational
culture to maintain an entrepreneurial orientation.
The methodology relies on qualitative interpretative methods applied to the case study of a
medium-sized family business. Semi-directive interviews were conducted at different
hierarchical levels to understand evolution of Familiness and its effects on “Corporate Culture
- Entrepreneurial Orientation» link in succession context.
The results show the existence of a sense of belonging of employees built over time with the
founder. A strong kindly culture is detected before the arrival of the first generation in power.
The generational transition builds on the existing value system to maintain the entrepreneurial
orientation of the firm.
Keywords: Corporate culture, Familiness, Entrepreneurial orientation, Succession.
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Introduction
Un certain nombre d’auteurs s’accordent à mettre l’accent sur un comportement
entrepreneurial d'un ou plusieurs membres d’une famille qui découvrent et exploitent une
opportunité pour définir l’entreprise familiale (Gentry et al, 2016 ; Dyer, 2006 ; Lumpkin et
al, 2008) ; Sirmon et Hitt, 2003). Pour croître et survivre, les entreprises familiales (EF) ont
besoin de maintenir ces capacités entrepreneuriales à travers les générations (Daspit et al,
2016 ; Kellermanns et Eddleston, 2006 ; Naldi et al, 2007 ; Zahra et al, 2004). Dans une
perspective basée sur les ressources (RBV), les EF possèdent des ressources uniques et des
configurations de compétences pouvant soutenir leur pérennité (Eddleston et al, 2008). Cet
ensemble de ressources et capacités, appréhendé sous le terme « familiness » ou encore
d’ « Orientation familiale » (Lumpkin et al, 2008), est inévitablement susceptible d’évoluer au
fil du temps et à travers les générations (Chirico et Nordqvist, 2010). Seulement 33% des EF
survivent en effet après l’arrivée de la première génération, 66% après la seconde et
seulement 13% après la troisième génération (Vallejo, 2008).
L'interconnexion complexe de leurs actifs corporels et incorporels, souvent impulsée par une
forte volonté de pérenniser l’entreprise car source de subsistance, distingue ainsi les EF des
firmes non familiales par leur culture. Celle-ci peut être en effet assimilée à une ressource qui
a été relativement peu explorée en tant que stimulant potentiel de l'OE (Miller et al, 2016).
Cela est d’autant plus justifié par l’influence de la culture sur les membres de l'équipe. L’OE
est plus tributaire d’une certaine homogénéité des pensées et des valeurs au sein des EF. Au
sein d’une équipe hétérogène, les divergences d’opinions et de perceptions peuvent rendre
l’action difficile et entraver l'OE. En adoptant le modèle basé sur les perceptions, les
imprégnations et les manifestations de la culture d’entreprise (Acha et Louitri, 2012), il
apparaît intéressant de comprendre l’évolution, d’une génération à l’autre, de la relation entre
la culture de l’EF et de son OE. La notion de « Familiness » apportant à la relation un
caractère idiosyncrasique (Frank et al, 2016). Selon la RBV, la culture organisationnelle
génère un avantage concurrentiel durable lorsqu’elle promeut l'apprentissage de la prise de
risque et de l'innovation (Barney et al, 2011). D’où l’intérêt de définir l’objet ci-après :
Comment la « familiness » influe sur l’évolution de la relation « Culture d’entreprise –
OE » de la moyenne entreprise au fil des générations ?
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L’étude de la « familiness », en résultant directement de l'influence de la famille sur
l’organisation et la performance de l’entreprise, peut constituer une approche intéressante
pour mieux comprendre l’adoption de l’OE.
L’originalité de la recherche se situe ainsi, dans un premier temps, dans l’appréhension du
concept de « familiness » en tant qu’élément central de la culture organisationnelle et en tant
que stimulant potentiel de l’innovation dans les EF, et en particulier au sein de la moyenne
entreprise. Il est aujourd’hui nécessaire de se poser la question fondamentale : de quelles
PME parle-t-on ? (Pacitto et al, 2007). Dans un second temps, l’angle d’approche proposé
permet une compréhension de l’évolution de l’OE et des valeurs ad hoc au fil des générations.
L’article commence par analyser le concept de « Familiness » avant de l’étudier en tant que
variable modératrice de la relation « Culture organisationnelle – Orientation
entrepreneuriale ». Un modèle conceptuel est proposé en conséquence dans une optique
générationnelle puis mis à l’épreuve dans le cas d’une moyenne entreprise familiale. Les
résultats reviennent sur la validation des propositions du modèle et sont ensuite présentés et
synthétisés dans une démarche qualitative avant d’ouvrir la voie à leurs discussions et
perspectives.
1. Revue de littérature
1.1 Culture d’entreprise et « Familiness ».
Schein (2009) définit la culture d’entreprise comme « un modèle de base d'hypothèses,
inventé, découvert ou développé par un groupe de personne donné pour apprendre à gérer
leurs problèmes d'adaptation et d'intégration. Ce modèle ayant suffisamment bien fonctionné
pour être considéré comme valide et donc, être enseigné aux membres de l’entreprise (Gentry,
Dibrell et Kim, 2016). La culture renvoie donc : (a) aux valeurs liées aux avantages et
attentes de l'organisation, (b) aux normes qui sous-tendent les politiques, les pratiques et les
procédures de l’organisation, et (c) au sens qu’ont les normes et les valeurs de cette
organisation. La culture organisationnelle fait cependant ressortir l’absence de consensus et se
fait généralement par deux principales approches, l'approche typologique et l'approche par les
traits.
Pour la première approche, les typologies qui existent ont été faites généralement à partir des
domaines de la prise de risque, de l’étude des différentes fonctions, ou de l’analyse de la
hiérarchie au sein de l’entreprise, et ce, dans le but de faire émerger une typologie la plus
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représentative possible et reflétant l’état d’esprit ainsi que le climat de travail qui règnent au
sein de l’entreprise (Martin, 2002).
En analysant les deux dimensions relatives au contrôle au sein de l’organisation et aux
différentes fonctions, (Cameron et Quinn, 2006) proposent quatre types de cultures pouvant
exister au sein d’une organisation : clan, adhocratie, marché, et hiérarchie.
La culture de clan produit un travail chaleureux et convivial où les gens peuvent
partager librement la connaissance.
La culture adhocratique fournit un cadre de travail dynamique. C’est une culture
entreprenante et créative qui encourage l'initiative individuelle.
La culture de marché fournit un cadre de travail fortement compétitif. L’organisation
est orientée vers les résultats avec des parties prenantes souvent exigeantes.
La culture hiérarchique produit un travail avec des procédures fortement formalisées,
structurées et qui régissent étroitement ce que les personnes font.
L’approche par les traits culturels regroupe plusieurs études qui analysent les dimensions de
la culture à partir de perspectives différentes comme les aspects socio-psychologiques (Hall et
al, 2001), technologiques (Hynes, 2009) et socio-structurels (Cameron et Quinn, 2006). Cette
approche fait ressortir l’idée selon laquelle la satisfaction des membres de l’entreprise est
fonction de l'ajustement des orientations individuelles avec la culture de l'organisation et que
la culture peut être mesurée comme un ensemble multidimensionnel de valeurs et de pratiques
adoptées par l'organisation (Martin, 2002). La culture organisationnelle regroupe un ensemble
spécifique de traits qui représente ici la nature des relations de travail, les comportements, la
communication ainsi que les types de relations hiérarchiques. En ce sens, les organisations
familiales semblent être dotées de cultures uniques qui influencent leur façon de s’organiser et
de définir leurs méthodes de gestion (Frank et al, 2016).
La combinaison des deux approches, que nous prônons, typologique et par les traits, permet
de considérer la culture organisationnelle comme un moyen pour mettre en œuvre les choix
stratégiques et résoudre un certain nombre de problèmes organisationnels que rencontrent les
gestionnaires surtout au sein des EF. Cette combinaison sera davantage interventionniste car
basée sur la croyance que les artefacts culturels peuvent être utilisés pour construire
l'engagement organisationnel, de transmettre une philosophie managériale, de rationaliser et
légitimer l'activité, motiver le personnel, et faciliter la socialisation (Madison et al, 2016).
Cette combinaison conduit à l’adoption d’une analyse en profondeur et à plusieurs niveaux de
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la culture d’entreprises pour en comprendre la place qu’elle occupe dans leur esprit et
l’importance qu’ils lui témoignent. Nous proposons donc une analyse de la culture et de ses
effets sur l’orientation entrepreneuriale à travers le triptyque culturel « Perceptions –
Imprégnations – Manifestations » (Acha et Louitri, 2012) :
Dans une perspective par les ressources, la connaissance des perceptions culturelles
permet la détection du type et des fonctions de la culture de l’organisation.
Il importe également de détecter la manière par laquelle la culture imprègne les
différents niveaux hiérarchiques et est véhiculée en tant que normes et valeurs au sein
de l’entreprise. Ceci permettra de mieux comprendre la manière avec laquelle les
individus adhèrent à une vision commune.
Le dernier niveau d’analyse relatif aux manifestations peut être assimilé aux effets de
la culture sur sa capacité entrepreneuriale, notamment en termes d’actions et de
comportements organisationnels.
Le triptyque proposé nécessite cependant de délimiter les contours de l’EF. Malgré qu’il
n’existe pas de consensus sur la définition d’une EF (Nordqvist et Melin, 2010 ; Sieger et al,
2011 ; Stewart et Hitt, 2012), un certain nombre d’auteurs s’accordent à mettre l’accent sur
l'interface entre le management et la propriété pour la définir (Sirmon et Hitt, 2003). Une
entreprise pourrait donc être considérée comme familiale dans la mesure où seraient
concentrés au sein de l’organisation le management et la propriété. L’EF peut donc être
considérée comme étant détenue, dirigée et contrôlée par un ou plusieurs membres d’une ou
plusieurs familles. De ce fait, Nordqvist, Habbershon et Melin (2008 : 5) soulignent
l'interaction entre la vie de l'entreprise et celle d'une ou de plusieurs familles, « l'entreprise
dépend de la famille et la famille dépend de l'entreprise, il existe une imbrication entre les
événements familiaux et sociaux ».
Ces particularités conduisent certains auteurs à préciser que les EF doivent être perçues
comme étant différentes des entreprises non familiales (Boling et al, 2016 ; Nordqvist et
Melin, 2010) surtout lorsqu’il s’agit d’étudier leur propension à innover, à prendre des risques
et à être proactives. Ceci fait de l’EF une entité possédant des traits spécifiques la distinguant
de l’entreprise non familiale. Les travaux traitant cette distinction montre bien l’existence
d’une dichotomie entre structure familiale et non familiale (Stewart et Hitt, 2012).
Dans leur étude sur les EF suédoises, Hall et al, (2001) ont constaté que les cultures des
entreprises familiales ont une influence importante sur la capacité d'une organisation à adopter
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des changements radicaux. Pour un certain nombre d’auteurs, la « Familiness » est une
ressource qui découle des relations familiales et se compose de trois dimensions essentielles :
structurelle en raison de l’ancrage de la famille et de son réseau, relationnelle par le système
de confiance et des normes en place dans l’EF, et cognitive par le partage d’une vision
commune (Sirmon et al, 2011). Ceci fait de la « familiness » une ressource potentielle
permettant de créer un avantage concurrentiel durable (Barney, 2001). Chrisman et al. (2005)
considèrent aussi que la « familiness » en tant que ressource provient de l'influence de la
famille sur les activités quotidiennes et la prise de décision tel que le leadership ou la culture
entrepreneuriale.
1.2 Culture d’entreprise, « Familiness » et Orientation entrepreneuriale.
Hakala (2011) propose une conceptualisation où chaque comportement entrepreneurial
comprend un éventail d'activités allant de l'indépendance ou de l’autonomie aux
comportements intégratifs ou coopératifs au travail, et visant à développer des comportements
pour faire évoluer l'entreprise. Les individus peuvent en effet devenir entrepreneur dans la
façon dont ils collaborent avec leurs collègues, organisent leurs tâches quotidiennes, ou dans
la façon dont ils relèvent les défis fixés par la direction ou par les clients. Dans cette approche,
le comportement entrepreneurial au sein des EF combine la culture de l’entreprise, son
orientation et sa vision stratégiques, la création d'un cadre de travail énergique et convivial, et
la capacité à réduire les formalités administratives (Kante, 2018).
La distinction entre l’OE et l’entrepreneuriat permet de clarifier le positionnement du concept
d’OE, le situant dans le croisement entre la stratégie et l’entrepreneuriat. Ce croisement peut
être utile pour comprendre l’intégration des dimensions stratégiques et entrepreneuriales et
leurs effets sur la réussite de l’entreprise. Les auteurs proposent en effet une définition de
l’OE à trois dimensions : « a) L’OE est une stratégie, elle se met en œuvre grâce aux actions
stratégiques autonomes des acteurs d’entreprise ; b) L’OE est un process, c’est un ensemble
de fonctions, d’activités et d’actions associées à la recherche active des nouvelles opportunités
pour réaliser des nouvelles entrées ; c) L’OE est un état d’esprit (mindset), c’est un ensemble
de valeurs partagées par l’ensemble des acteurs de l’entreprise qui imprègnent toutes ses
activités ». Selon Covin et Slevin (1991), l’approche dite « Orientation entrepreneuriale »,
s’est construite autour d’une « importation » majeure, explicitement revendiquées : « la
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caractérisation à travers trois variables du phénomène d’« entrepreneuriat », à un niveau
organisationnel, précisée par Miller (2011) :
L’environnement (stimulus setting) de l’organisation ;
Sa physiologie, c’est-à-dire la structure d’une organisation donnée (structural/
organizational attributes, structural variables, organization) ;
Son répertoire de comportements (behavioral repertoire) qui correspond, pour une
organisation donnée, à la formation de sa stratégie (decision making/response, strategy
making repertoire/behaviours).
Cette dernière catégorie, en interagissant avec les deux premières, contient, dès 1983 et de
manière récurrente (Miller, 2011) les trois dimensions « proactiveness, risk taking and
product-market innovation » qui seront, plus tard, identifiées comme les composantes propres
de l’OE (Covin et Slevin, 1991). Le qualificatif « Entrepreneurial » s’applique alors aux
seules entreprises qui agissent sur les trois dimensions à la fois. Les dimensions peuvent donc
être indépendantes (c’est-à-dire varier de manière non liée), et le construit considéré en même
temps comme homogène, en ce sens, « unidimensionnel » : les dimensions sont peut-être
distinctes, mais une firme sera dite « entrepreneuriale » seulement si elle démontre des
comportements sur les trois dimensions. Ces trois modes d’opérationnalisation de l’OE, faites
à partir des perceptions sur le management concernant l’environnement, les processus, le
comportement de la firme et des données factuelles sur l’allocation de ressources, fournissent
une indication sur la posture entrepreneuriale de l’entreprise (Wales et al, 2011). De ce fait,
l’importance d’une culture entrepreneuriale partagée à la fois par les propriétaires et
gestionnaires, en raison de la confusion entre ces deux entités propre aux EF, atténue le
problème de l'alignement des choix stratégiques tel que l’OE y compris dans les contrats
d’agence (Rogoff et Heck, 2003 ; Hernández-Perlines et al, 2017). D’où la proposition
suivante :
P1 : La Familiness influerait sur la relation « culture d’entreprise – OE ».
Au sein des EF, les préoccupations concernant le comportement opportuniste des agents est
moindre (Schulze et al, 2003) compte tenu de l’absence de contrôles contractuels et de
l’existence d’une certaine confiance entre agents (Madison et al, 2016 ; Steier, 2003). Ceci
fait de la culture d'entreprise familiale un déterminant clé dans le maintien de l’OE à travers
les générations. Certaines EF développent une réelle capacité à croître et survivre à travers les
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générations grâce à leur culture (Hall et al, 2001 ; Chirico et Nordqvist, 2010). La culture
guide en effet les actions entrepreneuriales ainsi que l’apprentissage qui en découle au fil des
générations. La culture se transmet en tant qu’héritage et véhicule aux nouvelles générations
les croyances et valeurs ancrées par les fondateurs (Daspit et al, 2016). D’où la proposition
suivante :
P2 : Le changement générationnel influerait sur la relation « culture d’entreprise –
OE ».
La culture organisationnelle peut être une ressource stratégique par la promotion de
l'apprentissage de l'innovation au fil des générations (Barney, 2001 ; De Long et Fahey,
2000). Selon Habbershon et Pistrui (2002 : 10), « Transgenerational entrepreneurship defined
as the processes through which a family uses and develops entrepreneurial mindsets and
family influenced resources and capabilities to create new streams of entrepreneurial,
financial and social value across generations ». La succession des EF complexifie en effet
leurs cultures et modifie l'interconnexion spécifique de leurs actifs corporels et incorporels
(Gentry et al, 2016). D’où la proposition suivante :
P3 : Le changement générationnel modifierait les traits caractéristiques de la
Familiness.
La synthèse des différentes propositions est schématisée dans la figure ci-après relative au
modèle conceptuel de la recherche.
Figure n° 1: Modèle conceptuel
Source : Réalisé par l’auteur
Innovation
Prise de risque
Pro-activité
Perceptions
Imprégnations
Manifestations
Familiness
Culture
d’entreprise
Orientation
entrepreneuriale
Générations
P2
P1 P3
Effets
Modérateurs
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La culture d’entreprise peut influer directement sur les différents aspects de l'OE en stimulant
l'innovation par l’initiative individuelle et l’embauche de personnes talentueuses qui mènent à
encore plus d'innovation. Elle peut aussi favoriser la prise de risque et la pro activité par
l’instauration de la confiance au sein de l’organisation et par plus de possibilités de partenariat
avec ses clients et ses fournisseurs. Elle peut néanmoins constituer une excuse pour ne pas
innover, lorsqu’elle renforce l’existence de sous-cultures, l’individualisme ou le clientélisme
(Miller, 2011) et en particulier dans une structure à taille humaine. La flèche pleine signifie
l’aboutissement potentiel à un avantage concurrentiel à travers l’adoption d’une orientation
entrepreneuriale. La culture d’entreprise pouvant en effet être à la base d’un avantage
concurrentiel en favorisant l’adoption des dimensions de l’OE à savoir l’innovation, la prise
de risque et la pro activité (Hernández-Perlines et al, 2017). Lorsque ces dimensions sont
connectées aux items relatifs aux perceptions, à l’imprégnation, et aux manifestations de la
culture, il sera possible d’étudier dans un premier temps le parallélisme existant entre les
perceptions des membres et les valeurs de l’entreprise avant de veiller à ce que ces valeurs et
croyances aient une portée opératoire en se déclinant en actions et comportements
entrepreneuriaux clairement définis et pouvant être évalués. L’étude de la culture en fonction
des niveaux hiérarchiques permet de vérifier l’homogénéité des valeurs et des convictions et
de s’assurer que celles-ci ne se limitent pas uniquement aux ambitions des dirigeants sans être
partagées et portées par l’ensembles des individus au sein de l’entreprise (Chirico et Salvato,
2008).
Le niveau d’analyse que nous prônons est par conséquent focalisé aussi bien au niveau de la
firme qu’au niveau de la famille en raison des valeurs de l’entreprise façonnées par celles de
la famille et évoluant au fil des générations : « Building on the transgenerational
entrepreneurship framework, we contend that the uncertainty reflected in the aforementioned
research is at least partly due to the neglect of the family as a distinct level of analysis »
(Zellweger et al, 2012 : 10). Dans une optique générationnelle, la définition que nous retenons
de l’EF rejoint celle proposée par Chrisman, Chua et Litz (2004 : 7) « The family business is
a business governed and/or managed with the intention to shape and pursue the vision of the
business held by a dominant coalition controlled by members of the same family or a small
number of families in a manner that is potentially sustainable across generations of the family
or families ».
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L’étude de l’OE des EF de taille moyenne nécessitant davantage de travaux (Landau et al,
2016), la RBV, dans une démarche inductive, pourrait en effet être utilisée pour aider les
chercheurs à identifier les ressources nécessaires pour soutenir l’OE ainsi que les voies pour
l’adoption d’une posture entrepreneuriale (Miller, 2011 ; Rondi et al, 2018). Il s’agira de
savoir si ces ressources sont-elles physiques, basées sur la connaissance, institutionnelles
(normes, des modèles de rôle), psychologiques ou constituent-elles un mélange unique de
valeurs appropriées pour répondre à des besoins particuliers ?
2. Méthodologie.
Malgré qu'il n'y ait pas encore de consensus sur la définition d'une EF, nous la définissons par
un capital détenu majoritairement par une même famille et, normalement, pour au moins deux
générations. Une entreprise pourrait donc être considérée comme une entreprise familiale,
dans la mesure où seraient concentrés au sein d'une unité familiale le management et la
propriété (Chrisman et al, 2004). Notre approche est donc multicritères avec la prédominance
du critère de détention et de contrôle du capital par la famille, l’influence de cette détention
sur le Management et enfin avec l’intention de transmettre l’entreprise à la génération future.
L’aspect non familial se définissant en conséquence par une propriété de l’entreprise détenue
par des associés n’appartenant pas à une même famille. Par conséquent, le cas étudié a été
sélectionné selon les critères développés par Kansikas et al, (2012) :
1) Le propriétaire est chef d’entreprise ou président du conseil d'administration ;
2) Au moins un autre membre de la famille (si existant) est actif dans les affaires
principale de l'entreprise (en tant que membre du conseil et / ou employé) ;
3) Au moins un membre de la famille est de génération différente (si existant) (par
rapport aux personnes des deux premiers critères) et actif dans les affaires principale
de l'entreprise (en tant que membre du conseil et / ou employé) ;
4) Au moins un membre non familial est actif au niveau de la direction de l'entreprise.
L’approche mobilisée dans cet article s’inscrit dans les méthodes interprétatives purement
qualitatives appliquées à l’étude d’une moyenne entreprise familiale. Celle-ci ayant connu une
transition de génération et par conséquent des changements à plusieurs niveaux. Nous
pensons en effet que les liens de parenté existants au sein des entreprises familiales peuvent
avoir un effet sur la recherche et l’exploitation d'opportunités entrepreneuriales (Barney et al,
2011).
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En s’inscrivant dans un cadre interprétativiste, ce choix apparaît comme étant le paradigme
opposable aux paradigmes positivistes. Contrairement aux logiques se rattachant à ces
paradigmes, et « auquel Popper fait souvent le rattachement » (Avenier et Thomas, 2013), les
systèmes sociaux sont des systèmes complexes caractérisés plutôt par des phénomènes
émergents et non prédictibles que par des régularités prédictibles. Par conséquent, la
recherche a privilégié une démarche inductive car les sciences sociales sont principalement
explicatives et non prédictives. Les systèmes sociaux sont construits et modifiés par les
actions des individus et leurs capacités d’apprentissage.
L’opérationnalisation des variables relatives à la culture d’entreprise et à la « Familiness » a
consisté à collecter les données pertinentes quant aux opinions des répondants sur leurs
perceptions par rapport à la culture, à son imprégnation et à ses manifestations avant d’en
faire les liens avec la dimension familiale puis avec l’orientation entrepreneuriale de la firme.
L’accent a été mis sur les évolutions culturelles mais aussi stratégiques et organisationnelles
enclenchées par le changement générationnel. La nature de ces évolutions a aussi été
analysée. A cette fin, la recherche privilégie l’exploration en raison de l’objectif de la
recherche qui se propose de mettre en avant des résultats théoriques novateurs. Pour
l’exploration théorique et compte tenu de la nature des variables étudiées et de leurs relations,
les méthodes qualitatives sont plus adéquates et paraissent plus efficaces. L’approche
qualitative permettra d’accroître la description d’un système social complexe telle que la
compréhension des niveaux de la culture et de leurs effets sur les capacités entrepreneuriales
des moyennes entreprises marocaines. L’approche qualitative veillera aussi à ce que les
résultats soient réellement issus du terrain et avec une grande flexibilité dans le recueil des
données (Avenier et Thomas, 2013).
Les données issues du cas ont été collectées à travers 3 entretiens semi-directifs d’une durée
moyenne d’une heure et demie par répondant respectivement auprès du Directeur général, du
Directeur financier et responsable « Production » au sein de l’entreprise familiale « IDOU
confection ». La période des entretiens s’est étalée de mars à mai 2015. Les caractéristiques
de l’entreprise sont détaillées dans le tableau ci-après.
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Tableau n° 1 : Caractéristiques de l’entreprise IDOU
Nature Données
Secteur Textile.
Activité Confection et réalisation de façons pour grandes marques.
Localité Casablanca – Maroc
Age 26 ans
Effectif 130 salariés
Orientation stratégique Entrepreneuriale
Structure organisationnelle Fonctionnelle.
Taux de croissance du CA 9 % en 2013 contre 11 % en 2014.
Source : Réalisé par l’auteur
La taille reste importante pour l’étude du phénomène. Cela permet dans un premier temps de
s’assurer de l’existence de plusieurs niveaux hiérarchiques concernés et en outre de déceler
les spécificités relatives à ce type d’entreprise en comparaison avec la TPE et la PE. Un
nombre important d’EF étant des PME (Minichilli et al, 2010), peu de travaux précisent de
quelle PME parle-t-on (Pacitto et al, 2007).
Concernant les techniques d’analyse des données, l’interprétation des résultats, à la lumière
des propositions de la recherche schématisées dans le tableau ci-après, s’est appuyée sur la
technique d’élaboration des corrélations basée sur des graphes typologiques contenant les
différents niveaux d’analyse de chaque variable de la recherche. L’élaboration de niveaux
d’analyse a permis d’orienter l’analyse des données vers les résultats attendus de la recherche
puis vers la détection des corrélations pertinentes, et ce, eu égard aux propositions du modèle
conceptuel.
2.1 Résultats
Le premier niveau d’analyse, relatif aux perceptions de la culture d’entreprise, peut être perçu
comme le niveau à travers lequel seront analysées les différentes fonctions de la culture
d’entreprise, cette dernière se référant à un ensemble de convictions partagées par les
membres d’une organisation. Il s’agit également de définir les types de cultures relatives à ces
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fonctions à même de générer un avantage concurrentiel par l’adoption d’une OE au sein de
l’entreprise.
Selon le fondateur de l’entreprise « Idou Confection » (père), la culture qui existe au sein de
l’entreprise est une culture familiale à travers laquelle le fondateur incarne le patriarche. De
cet aspect de la culture découle un sentiment d’appartenance des individus à l’entreprise. Il
existe aussi une coordination dans les relations interpersonnelles, « un bon relationnel est
généralement présent dans l’entreprise ». La présence du fondateur s’accompagne par une
certaine proximité avec les salariés et à une empathie envers le personnel.
Pour le directeur administratif et financier de l’entreprise « Idou Confection », il existe en
effet une culture de clan (conviviale) au sein de l’entreprise qui est assez dominante et à
travers laquelle le fondateur veille à préserver un Management paternaliste avec ses
collaborateurs. Ce type de culture produit en effet un travail chaleureux et convivial où les
gens peuvent partager librement la connaissance, ce qui donne lieu à une certaine proximité
entre les individus et le Top Management. Avec l’arrivée du fils (1ère
génération) dans le
Management de l’entreprise en tant qu’administrateur, « une volonté d’instaurer une culture
adhocratique se ressent à travers un climat plus dynamique et à la volonté d’accentuer l’OE
de l’entreprise » (propos du fils). Une pression à davantage d’innovations et de prise de risque
au niveau organisationnel est palpable. Les individus ont cependant le sentiment que cette
volonté du fils à instaurer un cadre de travail dynamique et créatif émerge sans toutefois
qu’elle s’accompagne d’une liberté d’actions et de l’initiative individuelle nécessaire à cet
effet. L’arrivée de la première génération s’accompagne selon la hiérarchie intermédiaire
d’une autorité plus élevée ainsi qu’un sentiment d’opportunisme commence à s’instaurer au
fur et à mesure que son pouvoir augmente au sein de l’entreprise.
Les innovations de produits étant plus risquées, celles-ci se font par conséquent davantage à la
discrétion du fondateur. Les individus se sentent en effet plus en sécurité avec un sentiment
d’appartenance à l’entreprise en présence « du père » comme dirigeant qu’avec le fils. Avec le
père, l’'innovation peut prendre différentes formes : l'introduction de nouveaux
produits/services dans un marché ou la modification des caractéristiques des
produits/services, et l'introduction des nouvelles techniques de production et de management.
La prise de risque se fait tant au niveau du lancement de nouveaux produits qu’au niveau de la
pénétration de nouveaux marchés mais aussi dans le lancement de nouvelles activités. La pro
activité de l’entreprise reste agressive et soutenue par un comportement dynamique envers les
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opportunités d'affaires. L’OE mise en place reste soutenue par la culture de l’entreprise et son
système de valeur traditionnelle donnant à la « Familiness » toute sa portée.
Après avoir analysé les perceptions des individus quant à la culture de l’entreprise et à sa
relation avec l’OE, il est important de comprendre la manière avec laquelle ces perceptions se
construisent.
Le deuxième niveau d’analyse rejoint cet aspect plus profond, moins visible de la culture qui
se rapporte aux valeurs du groupe appelées hypothèses de base. L’imprégnation de la culture
requiert en effet la définition des valeurs de base présentes au sein de l’entreprise et plus
spécifiquement au niveau de ses différents niveaux hiérarchiques. En se basant sur la théorie
des valeurs de Schwartz, nous définissons les valeurs de base que les individus reconnaissent
comme telles.
Pour le directeur administratif et financier de l’entreprise « Idou Confection », un sentiment
d’appartenance est partagé au sein de l’entreprise avec le père. Il existe en effet un climat de
confiance du personnel envers les dirigeants, « tant que la confiance existe, la société n’a
rien à craindre : cela fait 23 ans que le patron est proche de ses employés et qu’ils sentent
qu’ils appartiennent à la famille ».
Il existe aussi selon le répondant un sens de la responsabilité dans l’entreprise. La culture fait
en sorte que « chacun se sente responsable de ce qu’il fait, de ce qu’est la société et de ce
qu’elle deviendra ». Le personnel se sent aussi précisément associé aux choix stratégiques de
l’entreprise et à son OE. Ce sentiment est cependant de moins en moins présent avec l’arrivée
du fils dans le Management de l’entreprise : « La nouvelle culture véhiculée par le fils conduit
à de plus en plus de distance entre le personnel et la famille ».
Le responsable production précise également ce sentiment d’appartenance et de confiance en
présence du père : « cette confiance nourrit notre sentiment d’appartenance envers
l’entreprise ». Lorsque les répondants sont questionnés sur les changements survenus avec
l’arrivée du fils, ces derniers avancent ressentir plus de distance voire parfois du mépris avec
ce dernier.
Les groupes de valeurs communs aux deux niveaux hiérarchiques favorisant l’OE sont
l’autonomie et la bienveillance. L’autonomie est présente sous la forme du sens de la
responsabilité et la bienveillance par le sentiment d’appartenance des individus à l’entreprise
et au climat de confiance. Ces deux valeurs ne sont pas contradictoires et favorisent la
créativité dans un climat de travail agréable. Bienveillance et conformité contribuent toutes
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deux à développer la coopération et la solidarité (Schwartz, 2006). La présence de valeurs de
pouvoir dû essentiellement par de l’autorité de la part du fils vient cependant en contradiction
avec les valeurs de bienveillance. La présence de valeurs hédonistes et de pouvoir sont
également véhiculées par la présence du fils dans le Management faisant preuve d’un certain
opportunisme dans ses actions. L’Hédonisme reflétant en effet le plaisir ou la gratification
sensuelle personnelle. Cette valeur peut entrer en contradiction avec la conformité, la
bienveillance et la sécurité. Cela impacte négativement le climat de travail au sein de
l’entreprise en remettant en question le sentiment d’appartenance des individus à l’entreprise
et en nourrissant un sentiment de distance hiérarchique de plus en plus important avec
l’arrivée du fils. Avant l’arrivée de celui-ci, l’OE était en effet soutenue par le sentiment
d’appartenance instaurant ce climat favorable à la créativité et à la prise d’initiatives.
Selon le fondateur de l’entreprise « Idou Confection », la culture de l’entreprise se manifeste à
travers l’engagement du personnel envers l’entreprise. Les individus travaillent avec
insouciance, sans aucune intention de se protéger contre d’éventuels différends avec la
direction de l’entreprise. Un climat de confiance permet aux gens de « se consacrer
pleinement à leurs tâches sans même parfois revendiquer le paiement de leurs heures
supplémentaires ». Toute personne se sent associée à une action qui est la sienne et s’y sent
responsabilisée. La culture existante accompagnée du recrutement de personnes talentueuses
ont aussi contribués à ce que l’entreprise s’incère dans une OE intense. Son parc industriel et
ses process ont été revus en conséquence : « Auparavant, la coupe se faisait manuellement,
aujourd’hui elle se fait par ordinateur afin de produire plus de création et toucher une cible
plus large. Cela permet de gagner du temps et des parts de marché ». Selon le Responsable
production, avec l’arrivée du fils, cette volonté entrepreneuriale s’estompe progressivement
en raison de la refonte du système de valeurs de l’entreprise. L’idée de constituer un syndicat
pour préserver les droits du personnel en constitue une preuve tangible.
Pour l’entreprise étudiée, les actions et comportements communs aux niveaux hiérarchiques
favorisant l’OE à travers la culture se caractérisent par l’engagement des salariés envers
l’entreprise en présence du père. Cette croyance facilite l’adhésion aux choix stratégiques, la
prise d’initiative ainsi que la prédisposition à développer de plus en plus d’innovations. Nous
constatons, avec l’arrivée du fils, que l'OE perd de son homogénéité au niveau de toute
l’organisation en raison du bouleversement des caractéristiques de la « Familiness ».
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Nous remarquons en effet qu’avec le fondateur (père), la plupart des facilitateurs de l’OE à
travers la « familiness » ont été détectés, à savoir la culture de l’entreprise (valeurs, croyances
et hypothèses concernant son fonctionnement, la manière avec laquelle ses membres doivent
se comporter et agir face à l’environnement), la structure (coordination des individus et
connexions des fonctions), le contrôles des ressources (absence de système de contrôle
contraignant), la gestion des ressources humaines (recrutement de talents, motivation des
individus, …).
La synthèse de ces résultats, à la lumière des propositions de la recherche, est synthétisée à
travers le tableau ci-après :
Tableau n° 2 : Synthèse des résultats et propositions de la recherche
Propositions Résultats Auteurs
Proposition 1 :
La Familiness
influerait sur la
relation « Culture
d’entreprise – OE».
Résultat principal :
Description : Les résultats témoignent de l’existence
d’un sentiment d’appartenance des salariés, construit
dans la durée, tant que le fondateur dispose toujours
d’un pouvoir conséquent.
Discussion : Le sentiment d’appartenance permet aux
personnes de s’identifier à la culture de l’entreprise et
à ses valeurs et favorise les rapports des individus à
l’entreprise ainsi qu’à ses objectifs et orientations
stratégiques. Ce phénomène d’appartenance, permis
et soutenu par la Familiness, maintien l’engagement
et la volonté de s’inscrire dans une culture favorisant
la créativité et l’innovation.
Conclusion : La Familiness explique la relation
« culture d’entreprise – OE ».
Chrisman, Chua et
Steier (2003) ;
Eddleston,
Kellermanns et
Zellweger (2012) ;
Nordqvist,
Habbershon et Melin
(2008) ;
Sirmon, Hitt, Ireland,
et Gilbert (2011) ;
Frank, Kessler,
Rusch, Suess-Reyes
et Weismeier-
Sammer, (2016).
Proposition 2 :
Le changement
générationnel
influerait sur la
relation « culture
d’entreprise – OE ».
Premier résultat d’appui :
Description : La transition générationnelle s’appuie
sur le système de valeur existant pour maintenir
l’orientation entrepreneuriale de l’entreprise.
Discussion : La force du système de valeur de
l’entreprise est son partage car construit socialement
par ses membres. Le changement de ce système de
valeurs reste difficile et risque de faire émerger des
sous-cultures potentielles en le remettant en question
comme c’est le cas avec l’arrivée de la nouvelle
génération.
Conclusion : Impact notoire, avec tensions néfastes,
de l’arrivée de la première génération sur l’OE,
l’orientation stratégique, le système organisationnel
mais aussi sur le système de valeur existant de
l’entreprise.
Moreno et Casillas
(2008);
Chirico et Nordqvist
(2010) ;
Madison, Holt,
Kellermanns et Ranft
(2016) ;
Vora, Vora et Polley
(2012) ;
Wales, Monsen et
McKelvie (2011).
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Proposition 3 :
Le changement
générationnel
modifierait les traits
caractéristiques de
la Familiness.
Deuxième résultat d’appui :
Description : Une forte culture conviviale est
détectée avant l’arrivée da la première génération au
pouvoir.
Discussion : La culture existante en présence du père
a permis de construire une « familiness » à la base
d’avantages concurrentiels substantiels à travers des
valeurs entrepreneuriales fortes et partagées. Une
remise en question du système de valeurs familiale, et
donc de la « familiness », a été amorcée avec
l’arrivée de la première génération.
Conclusion : La succession modifie les traits
caractéristiques de la « familiness ».
Frank, Kessler,
Rusch, Suess-Reyes
et Weismeier-
Sammer (2016);
Landau, Karna,
Richter et
Uhlenbruck (2016) ;
Madison, Holt,
Kellermanns et Ranft
(2016) ;
Pearson, Carr et
Shaw (2008).
Source : Réalisé par l’auteur
2.2 Discussions
En présence du père, nous constatons, comme cela a été souligné par Kansikas et al, (2012),
que la « Familiness » est considérée comme une ressource permettant de créer un avantage
concurrentiel durable (Boling et al, 2016 ; Rutherford et al, 2008) à travers la culture qu’elle
soutient et du leadership entrepreneurial qu’elle instaure (Zellweger et al, 2012). Le sentiment
d’appartenance des salariés envers l’entreprise familiale, élément fondamental de
l’épanouissement et du maintien d’activités entrepreneuriales des individus et de la
« Familiness », se construit généralement au fil du temps et se remarque tant que le fondateur
dispose encore de pouvoir conséquent (Daspit et al, 2016 ; Chirico et Nordqvist, 2010). En
effet, en vieillissant, les gens ont tendance à être plus impliqués dans des réseaux sociaux,
plus engagés dans la reproduction de schémas comportementaux (habitudes), et moins
exposés à des changements stimulants ou à des défis passionnants (Vallejo, 2008). Ceci
implique que les valeurs de continuité (tradition, conformité, sécurité) prennent de
l’importance et que les valeurs d’ouverture au changement (autonomie, stimulation,
hédonisme) en perdent. À partir du moment où les individus fondent une famille, procréent, et
disposent d’une position sociale stable, ils ont tendance à être moins préoccupés par leurs
propres efforts et plus par le bien-être des autres (Zellweger et al, 2012). Ceci implique que
les valeurs de dépassement de soi (bienveillance, universalisme) devraient augmenter avec
l’âge et que les valeurs d’affirmation de soi (pouvoir, réussite) devraient décroître (Schwartz,
2006).
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Au sein de la ME étudiée, la « Familiness » évolue et modifie l’intensité de l’OE en raison de
l’implication de la première génération dans l’entreprise, de son âge et des fonctions qu’il
occupe. Plus le fils est âgé et impliqué dans le Management de l’entreprise avec un pouvoir
décisionnel, plus l’entreprise s’oriente vers une innovation organisationnelle avec l’arrivée de
nouvelles idées. En effet, on peut supposer que le fait de bénéficier d’une éducation donne
une plus grande ouverture d’esprit, une flexibilité et une largeur de vue essentielles aux
valeurs d’autonomie (Hall et al, 2001). Cela permet aussi d’être plus ouvert aux idées ou aux
activités qui sortent de l’ordinaire, ce qui est essentiel pour les valeurs de stimulation. En
revanche, cela remet en cause l’acceptation aveugle des normes, des attentes et des traditions,
ce qui devrait affaiblir la conformité et la tradition (Rondi et al, 2018). L’éducation, du fait
qu’elle permet également de mieux faire face aux difficultés de la vie, peut réduire
l’importance des valeurs de sécurité (Gentry et al, 2016). Il est en effet essentiel de préciser
les risques associés à l’arrivée de la première génération dans l’entreprise. Dans le cas où le
fils dispose de pouvoir étendu, les rapports du personnel à la hiérarchie peuvent changer
négativement en faisant émerger un sentiment d’exploitation voire de mépris envers les
salariés. Selon la hiérarchie intermédiaire, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses
pour l’entreprise et en particulier sur l’engagement du personnel envers l’entreprise et de ses
activités entrepreneuriales (Chirico et Salvato, 2008).
Il apparaît que l’évolution de la « familiness » suite à la succession s’accompagne d’une
refonte à la fois de la stratégie, de la structure, du leadership et de la culture de l’entreprise
(Landau et al, 2016). Dans l'entreprise familiale, le changement semble cependant être plus
difficile en raison de l’existence d’émotions. Des liens affectifs peuvent en effet limiter la
remise en cause des décisions prises par des générations plus âgées et acceptées par les
individus (Harris et al, 1994). Concernant l’OE de l’EF, la capacité entrepreneuriale s’avère
être collective et se situe au niveau des relations sociales de toute l’organisation. Instaurer une
OE nécessite de la part du Top Management une implication à la réflexion stratégique ainsi
qu’une sensibilisation à l’entrepreneuriat et à ses valeurs (Rondi et al, 2018)). Un nouveau
processus cognitif doit par conséquent être enclenché et inclure différents modes
d'apprentissage encourageant la prise d’initiatives. L'apprentissage en double boucle est donc
essentiel pour la création et l'accumulation du capital social nécessaire à l’adoption d’une OE
(Miller et al, 2016). Les valeurs entrepreneuriales sont en effet nécessaires pour la survie de
l’EF et doivent être préservées par les nouvelles générations.
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L’EF peut donc développer une réelle capacité à croître et survivre à travers les générations
grâce au rôle de la « Familiness » dans la transmission des valeurs entrepreneuriales. La
culture entrepreneuriale se transmet en tant qu’héritage et véhicule aux nouvelles générations
les croyances et valeurs ancrées par les fondateurs. La culture des EF s’avère être différente
de celles des entreprises non familiales en particulier par le rôle de la « Familiness » et de ses
effets sur l’OE mais aussi sur son orientation à long terme motivée par la succession des
générations futures et de leur engagement envers la famille.
Conclusion.
Les cultures d’entreprises familiales apparaissent comme étant difficiles à imiter en raison de
l'ambiguïté de leurs origines et de leur ancrage dans l'histoire de la famille. L'interconnexion
complexe de leurs actifs corporels et incorporels façonne leur « familiness » et ses effets au fil
des générations. La recherche part de la tentative d’appréhension de ce concept de
« familiness » peu étudié en tant qu’élément central de la culture et stimulant potentiel de
l’innovation dans les EF, en particulier dans la moyenne entreprise ayant connue une
succession.
La méthodologie mobilisée a permis de détecter comme résultat principal de la recherche
l’existence d’un sentiment d’appartenance des salariés, construit dans la durée, tant que le
fondateur dispose toujours d’un pouvoir conséquent. Le sentiment d’appartenance permet aux
personnes de s’identifier à la culture de l’entreprise et à ses valeurs et favorise les rapports des
individus à l’entreprise ainsi qu’à ses objectifs et orientations stratégiques. Ce phénomène
d’appartenance, permis et soutenu par la Familiness, maintien l’engagement et la volonté de
s’inscrire dans une culture favorisant la créativité et l’innovation et donc d’une OE.
L’arrivée du fils (1ère génération), perçue comme étant accompagnée d’opportunisme et
d’autorité, a eu cependant un impact néfaste sur la « Familiness » avec pour conséquence la
montée de la défiance des salariés envers la hiérarchie dans son ensemble. Les aptitudes
entrepreneuriales en sont aussi remises en question car conduire des projets entrepreneuriaux
implique de l’engagement et de la confiance, terreau de la créativité.
Comme limite de la recherche, une étude longitudinale aurait probablement aboutie à une
meilleure précision des résultats. Dans cette perspective, un des défis majeurs des Managers
étant le maintien du système de valeurs donnant à la « Familiness » toute sa portée dans la
mise en œuvre de la stratégie et dans le développement de nouvelles orientations stratégiques
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de l'organisation à travers les générations. Les avenues portant sur l’approfondissement de la
relation existante entre la structure de propriété et le sens donné aux outils de gestion dans les
EF paraissent prometteuses.
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