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RUMÉLIUS L’ELIXIR DE LONGUE VIE ET LA PIERRE PHILOSOPHALE

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RUMÉLIUS

L’ELIXIR DE LONGUE VIE

ET

LA PIERRE PHILOSOPHALE

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L’ELIXIR DE LONGUE VIE

ET

LA PIERRE PHILOSOPHALE

Editions Le Temple de l’Homme

RUMÉLIUS

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Armand Barbault est né à Champoulet (Loiret), le 2 avril 1906. C’est un scientifique de formation : ingénieur à la société Radiotechnique, spécialisée à l’époque dans la recherche et l’application du tube électronique, il devient membre de l’institut Alexis Carrel, section biotypologie. Il est très tôt attiré par l’astrologie, dont le rôle est déterminant, comme on le verra, dans l’application spagyrique. Ne négligeons pas pour autant l’éminent astrologue qu’ilfut et que sera son frère, André Barbault, puis sa nièce Martine. Une famille particulièrement marquée ! En 1950, il publiera ses cours sous la forme de treize fascicules, Les Bases naturelles de l’Astrologie, puis Symbolisme et analogie dans l’art divinatoire en 1952. La lecture de Cyliani, Paracelse, Basile Valentin et l’étudeapprofondie du Mutus Liber va changer son destin : 57 ans de travauxalchimiques jusqu’en 2004 si l’on compte leurs poursuites au décès d’Armand en 1974, par son épouse Jacqueline et leur fils, Alexandre. C’est donc en 1947 qu’Armand Barbault va débuter sa quête, qui commence par une bellehistoire... d’amour ! Pour Jacqueline, il abandonne la ville et installe son premier laboratoire à la campagne. Tous les grands alchimistes, de Nicolas Flamel et dame Pernelle jusqu’à

La vie et l’oeuvre d’Armand Barbault

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Eugène et Raymonde Canseliet, ont œuvrés sous l’influence et parfois même l’autorité (médiumique) de leurs épouses : le rôle de la femme est traditionnellement capital en Alchimie.Dès l’année suivante, il publie dans un charmant opuscule devenu rarissime le résultat de ses premiers travaux sur l’élixir de longue vie et la pierre philosophale. Armand Barbault décède en 1974 et son fils Alexandre, assisté par sa mère († 1997), poursuitl’œuvre entreprise jusqu’en 2004, date à laquelle il cède son laboratoire pour emprunter une voie thérapeutique différente mais de même finalité. Naturopathe, il est aujourd’hui un chercheur remarqué dont la notoriété s’étend outre-Atlantique.

Bibliographie d’Armand Barbault

- L’Élixir de longue vie et la pierre philosophale (sous le pseudo de Rumélius) - 1948

- L’Art de prédire l’avenir avec l’astrologie, la géomancie, le tarot (sous le pseudo de Rumelius) - 1950

- Les bases naturelles de l’astrologie - 1952

- Faites vous-même votre horoscope : Avec vos périodes de chance et difficultés calculées jusqu’à l’an 2000 - 1955

- L’Or du millième matin, Éditions Publications Premières - 1969

- Technique de l’interprétation appliquée à l’étude de la personnalité

- les bases naturelles de l’astrologie - tome 1 (édition posthume) - 1987

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De nombreux ouvrages ont été écrits sur l’Alchimie. Cette science qui fut à l’honneur pendant plus de quinze cents ans, n’a pas encore livré son secret. Et il est bien difficile de prouver à l’heure ac-tuelle, si elle est une chimère ou une réalité. D’ailleurs, l’on conçoit les raisons qui obligèrent les Élus à se confiner dans le plus grand secret, afin de ne pas devenir l’esclave des puissants de la Terre, qui n’hésiteraient pas à s’approprier le fruit des recherches de l’Alchimiste. Les initiés, connaissant la question, se sont toujours ex-primés par des termes incompréhensibles pour le Néophyte, malgré tout l’intérêt que les nombreux chercheurs ont appor-té pour résoudre ce mystérieux problème. Néanmoins, si l’on compulse tous les ouvrages traitant de l’Alchimie, il ressort que chacun d’eux a donné certaines opérations partielles dans leur détail. Et seul un esprit averti, apte à la compréhension de la phi-losophie du Grand Œuvre, peut en dégager les principes essentiels.Notre but n’est pas tellement de vous donner la marche des opérations. Mais de mettre en lumière tout le proces-sus alchimique, en s’inspirant des observations naturelles, qui, autrefois, purent guider les premiers pas de l’Adepte.

Introduction

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Nous souhaitons que cet ouvrage vous ouvre des hori-zons nouveaux, et vous évite de multiples tâtonnements, afin que vous puissiez réaliser dans les meilleures conditions, et avec connaissance de cause, les expériences que vous serez à même de tenter dans le cours de votre initiation personnelle.

- Prolégomènes -Par le temple de l’Homme

Le temple de l’Homme a attendu 32 ans cet instant ! J’ai pris connaissance des œuvres d’Armand Barbault en 1984, j’avais alors 14 ans. Mon premier Maître, habitant l’Alsace, à Colmar, avait bien connu monsieur Barbault et venait le voir régulièrement dans son laboratoire spagyrique. Ce Maître était médium, voyait un guide spirituel en la femme d’Armand Barbault, qui, il faut le dire, a joué un rôle central dans les opérations de laboratoire et ses applications spagyriques. Ceci est précisé dans le livre « L’or du Millième Matin ». Moi-même, étant médium, je compris beaucoup de choses qu’Armand Barbault n’a pu écrire, puisque uniquement connu de l’intériorité des médiums qui le vivent. Armand Barbault utilisait l’Astrologie pour savoir à quel moment il fallait faire ses opérations Alchimiques. Ils ne précise pas la pratique opérative relative à la méduimnité, qui était réservée à sa femme. Nous n’avons malheureusement pratiquement rien à ce sujet dans ses deux ouvrages consacrés à l’Alchimie. Armand Barbault, au sujet de sa femme : « On pouvait au premier stade de la préparation, la trouver partout : il suffisait de prélever n’importe où de la terre végétale saine et franche. N’importe où ? Peut-être pas. En tous cas pas n’importe quand ou n’importe comment. Deux ordres convergent [...] le premier [...] tient à l’inspiration de l’alchimiste ou si l’on préfère, à son intuition ou mieux encore, aux instructions qu’il reçoit [...] le plus souvent, il est fait état de sa femme qui le guide soit par ses rêves, soit par un ensemble plus ou moins imaginé de perceptions paranormales, médiumniques ». Rapporté par Raymond Abellio, dans sa préface, pages 9 et 10 de l’Or du Millième Matin. Les 18ème, 19ème et 20ème siècles auront vécu dans l’illusion

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d’une universalité de la science élevée au stade de religion, dans la certitude plus ou moins confuse de l’avènement de l’homme maître de l’univers par l’acuité de son intelligence, et dans l’enfouissement conscient ou inconscient de pans entiers de la connaissance au nom de cette universalité. Bien sûr, les acquis matériels de cette science ne peuvent être réfutés, ce sont les mobiles réels et la philosophie que nous déplorons comme ayant conduit à l’occultation de vérités simples et aisément vérifiables, sans pour autant avoir recours à de coûteuses machines nécessitant une maintenance démesurée. Hélas, ces vérités simples sont accessibles à tous les hommes et les femmes de bonne volonté, ce qui fût incompatible, en ces siècles, avec les investissements à grande échelle nécessaires à la conquête de l’univers -au sens large- et la création, pour cette conquête, d’un corps d’élite issu d’une sélection par l’argent, la naissance, le nombre de diplômes, ou encore par la docilité intellectuelle et émotionnelle. Nous pouvons penser qu’il n’en sera pas toujours ainsi et que nous courons vers une implosion de la société globale purement technologique rêvée par une poignée de prédateurs au sourire rassurant et paternaliste qui se sont désormais autoproclamés grands visionnaires du devenir du monde. Dans l’hypothèse d’une telle implosion, il faudra bien que l’homme resté exangue et orphelin de l’être forge les instruments de sa sortie des ténèbres voire de sa rédemption, et ceci pourrait fort bien susciter un retour paradoxal à la créativité libre et aux potentialités humaines les plus fondamentales et les plus diversifiées. Ainsi (re)naîtraient des solutions simples, légères, évolutives et peu coûteuses à des malheurs innombrables issus d’une cause unique, et peut-être assisterait-on au grand retour de l’artisanat qui, par nature, proposera toujours des solutions simples à des problèmes complexes, pour peu qu’une forme de compagnonnage nouvelle et adaptée soit instaurée. L’art alchimique a lui aussi souffert du matérialisme extrême de ces derniers siècles, au point que bien des labourants - qualificatif que s’attribuèrent souvent les alchimistes eux-mêmes - justifièrent leurs travaux par les dernières découvertes de la science de leur temps, soit parce qu’ils avaient perdu le fil d’Ariane les reliant à l’antique tradition, soit pour illustrer leur propos tout en restant accessibles

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à la pensée de leur époque. Dans les deux cas, ceci a contribué à répandre l’idée fausse que l’alchimie était sujette à une évolution et à une perfectibilité comme l’est la science des phénomènes, alors que notre art est d’une nature bien différente. Un lâche compromis s’étant installé, l’alchimie n’a cessé de dégringoler pour en arriver à une hyperchimie au début du 20ème siècle puis à un ratage et un avortement généralisé. Nous tenterons d’infléchir cette dégénérescence et de restaurer l’Alchimie dans sa dignité primitive ! Nous sommes conscient que cela ne servira qu’a une poignée d’individus, les autres resteront dans leur gangue matérielle et la paresse. Armand Barbault a fait partie de l’institut Alexis Carrel, il a donc lu son travail. En lisant ceci du Docteur Carrel nous comprenons tout de suite pourquoi Armand Barbault a pris cette orientation philosophique dans les travaux de Dame Nature : « Les êtres humains n’ont pas grandi en même temps que les institutions issues de leurs cerveaux. La civilisation moderne ne nous convient pas. Elle a été construite sans connaissance de notre vraie nature. Elle est due aux caprices des découvertes, des appétits des hommes, de leurs illusions, de leurs théories, de leurs désirs. La science n’a suivi aucun plan. Elle s’est développée au hasard de la naissance de quelques hommes de génie. De la forme de leur esprit. De la route que prit leur curiosité. Elle ne fut nullement inspirée par le désir d’améliorer l’état des êtres humains. Parmi les richesses scientifiques, nous avons fait un choix. Et ce choix n’a été nullement déterminé par la considération d’un intérêt supérieur. Ce sont les principes de la commodité et du moindre effort, le plaisir de la vie moderne, le confort, qui ont fait le succès de cette civilisation. Les effets des machines sur les êtres humains, n’a pas été pris en considération. Tout a été conçu pour que les maladies d’origine virale et infectieuse soient à l’honneur. L’homme est menacé principalement par les maladies nerveuses et mentales, et par la faiblesse de l’esprit et du corps. Les sciences de la matière ont fait d’immenses progrès. Tandis que celle des êtres vivants reste dans un état rudimentaire, malgré le matraquage des magazines scientifiques ou de la télé reportage. Seule une connaissance beaucoup plus profonde de nous-mêmes peut apporter un remède à ce mal. En vérité, depuis que les conditions naturelles de notre de l’existence ont été supprimés par la civilisation moderne, la science de l’homme est devenue la plus nécessaire

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de toutes les sciences. Il faut se débarrasser des systèmes philosophiques et scientifiques comme on briserait les chaînes d’un esclavage intellectuel ». Je rappelle à nos lecteurs et lectrices qu’Alexis Carrel est cité à plusieurs reprises par Schwaller de Lubicz dans son monumental ouvrage « Le Temple de L’Homme » sur l’Égypte Pharaonique. Et aussi par Jean-Gaston Bardet, le génial urbaniste mystique de son époque. Les deux ouvrages qu’a laissé Armand Barbault à la postérité n’ont pas livrés tous leurs secrets. Monsieur Barbault en savait plus qu’il n’en a dit : « Depuis l’Antiquité, les hommes ont essayé de vaincre la mort et la décrépitude : les Égyptiens connurent-ils le secret ? Il est question d’une formule permettant de transformer un vieillard en jeune homme de vingt ans parmi les documents laissés sur papyrus dans les Pyramides  ». Ceci rejoint mystérieusement les travaux de Schwaller de Lubicz sur la science des égyptiens sur l’Alchimie. Page 35 dans Les Temples de Karnac : « La révélation héliopolitaine est surtout connue par les textes gravés sur les parois de calcaire ou d’albâtre des longs couloirs et des chambres funéraires des pyramides de la Vè et de la VIè dynastie, d’où leur nom de Textes des Pyramides  ». Signification Philosophique et spirituelle d’Héliopolis : Héliopolis donne toute la métaphysique de l’œuvre cosmique, c’est-à-dire toutes les bases sur lesquelles le monde sensible va s’établir pour devenir accessible à l’intelligence humaine. Précision qui a son importance, la préface du livre «  L’Or du Millième Matin  » a été effectuée par Raymond Abellio  ! Et c’est ce même Raymond Abellio qui recommandera R.A. Schwaller de Lubicz à Bruno Durocher (Editions Caractères, Paris) pour la publication (par souscription à mille exemplaires) du Temple de l’Homme  :  « Vous êtes bien aimable de vous soucier de mon ouvrage sans perdre confiance en moi. J’aimerais savoir comment vous remercier effectivement...  ». (Cf. Lettre de R.A. Schwaller de Lubicz à Raymond Abellio dans le Catalogue premier, archives Ta-Meri, Lutry, 2004,p.17). Le destin spirituel a rempli son rôle à plein régime, puisque je ne pouvais savoir cela à mes 14 ans, et encore moins que j’allais plus de 30 ans plus tard faire connaître et étudier à fond les travaux de Schwaller de Lubicz, ce même homme qui a été connu grâce à Raymond Abellio et qui a fait la préface du livre d’Armand Barbault. Au moment où

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Armand Barbault réalisait son œuvre Alchimique à partir de 1947, Schwaller de Lubicz était en Egypte. Son œuvre maitresse « le Temple de l’Homme » parut en 1957. Abellio l’ayant aidé à le publier, on peut imaginer que Schwaller de Lubicz l’a connu quelques années avant. Quoi qu’il en soit, l’Or du Millième Matin parut en 1969, 12 ans après le temple de l’Homme. Monsieur Abellio a eu la grande chance de connaître ces deux hommes à des intervalles assez courts ! Peut-on imaginer que Monsieur Abellio ait connu Schwaller de Lubicz quelques années avant son aide pour le publier, et parler de Schwaller de Lubicz à Armand Barbault ou inversement... Pendant ce temps là, un autre Alchimiste dans l’anonymat préparait son œuvre. Henri Coton-Alvart qui a fait partie du groupe des veilleurs crée par Schwaller de lubicz. Nous souhaitons mettre en avant que cette époque a été une véritable arche d’Alchimistes qui allaient marquer leur époque et administrer la fièvre a toute une génération  ! Il restera encore des traces, et il en restera dans plusieurs dizaines d’années. La preuve ici (je suis né en 1970) et mon informaticien, qui a crée mes sites le Temple de l’Homme.fr et Louxor Temple, passionné d’Alchimie et Astrologue à 21 ans ! Donc rien n’arretêra la lumière en marche. Quelque soient les tempêtes qui essayent de faire chavirer les argonautes de notre époque. Concernant la partie Magique mise en avant dans les travaux d’Armand Barbault, il nous faut vous renvoyer aux travaux de Matila Costiesco Ghyka qui a écrit le « Le Nombre d’Or ». Mais surtout un ouvrage totalement inconnu, qui, laissé en retrait, nous renseigne sur les arcanes de cette Magie ancestrale, le « Sortilège du Verbe » publié en 1949 , aux éditions Gallimard. Le destin historique, mais au combien révélateur a fait publier l’ouvrage que vous avez sous les yeux en 1948 ! Nous ne faisons pas partie des êtres qui voient des coincidences partout. « C’est en effet le monde où ont lieu  les évènements spirituels réels, mais réels d’une réalité qui n’est pas celle du monde physique, ni de celle qu’enregistre la chronique, et avec laquelle on fait de l’histoire, parce qu’ici l’évènement transcende toute matérialisation historique.  », Henri Corbin «  Terre Céleste et Corps de Résurrection » de l’Iran Mazdéen à L’Iran Shiite. Au moment où Armand Barbault a publier cet ouvrage et avait déjà bien avancé dans la voie alchimique, un autre alchimiste se préparait silencieusement à la relève  ! Monsieur Jean Dubuis

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(que nous avons bien connu de son vivant). Il avait alors 28 ans  . Il fonda quelques années plus tard l’association les Philosophes de la Nature, en 1979, où l’on pouvait, pour une modique somme, s’équiper et pratiquer la spagyrie ainsi que la voie métallique. Nous regrettons que dans les cours des philosophes de la nature, Armand Barbault ne soit pas cité une seule fois ! (sauf erreur de notre part). Les Philosophes de la Nature, par ses contacts avec Alexander Von Bernus (par l’intermédiaire de son ami Max Leglise, membre très actif à l’origine des LPN), avec Albert Riedel (Frater Albertus, dont l’ouvrage Le manuel de l’alchimiste sera diffusé par LPN en France) et Augusto Pancaldi (alchimiste suisse italien qui anima plusieurs stages pour le groupe de recherche de LPN) a réintroduit la spagyrie et l’alchimie végétale dans un cours de 48 leçons étalées sur 2 ans. Armand Barbault aurait eu le droit de se trouver parmi eux ! Curieusement, le Baron Alexander Von Bernus, en 1930, éditera son ouvrage magistral : « Médecine et Alchimie ». Von Bernus fit évoluer l’ancienne tradition Alchimique qui avait perdu sa continuité après Paracelse. Par un chemin pratique, il redonna aux sciences naturelles leurs dimensions spirituelles et les résultats de son travail débouchèrent sur des substances curatives très efficaces. Alexandre Von Bernus a-t’il rencontré Armand Barbault ? Armand Barbault s’est lui-même assuré de faire confirmer sa découverte par de multiples essais menés par le Docteur Rudolf Hauschka (Wala-Heilkmittel Laboratorium, d’Eckwälden) en 1961 (pas très loin du Baron Alexandre Von Bernus). Les résultats sont très satisfaisants (guérison d’une femme atteinte de graves troubles cardiaques) mais les choses resteront en l’état pour des raisons ignorées. Les études se poursuivront en 1962 avec le Docteur Spindler (Weleda A.G. de Stuttgart) et ses collaborateurs, les docteurs Frobenius et Treichler. Mais... Les résultats ne furent jamais communiqués à Armand Barbault, pas davantage la posologie appliquée aux patients ! Preuve qu’il ne faut jamais faire confiance à la médecine classique qui refuse de se remettre en question pour des raisons mercantiles. Nous sommes obligés de terminer ici cette bien trop courte digression. Sinon cet ouvrage prendrait des dimensions considérables et sortirait de son cadre. Nous vous laissons l’oeuvre entre vos yeux...

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Nous sommes en 2017, et nous continuons le voyage Alchimique Al-Kemi entrepris depuis les rives de l’Egypte. Kemit est un des noms de l’ancienne Egypte, appelée ainsi à cause du limon noir fertilisant que déposait l’inondation du Nil. Km signifie « noir », mais aussi « compléter, accomplir  » (vollenden, vollständig machen) et Km.t signifie «  la Noire », l’Egypte. Tel un « Journal d’un voyageur hors du temps ».

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Commentaire d’Alexandre Barbault de cette vignette qui illustre les œuvres de Basile Valentin : L’opérateur surveille attentivement le dé-gagement de cette fumée intense et dirige la conduite du feu pour que se détruise tout ce qui est combustible, toute trace de carbone, sans altérer la nature des sels qui vont se retrouver dans la cendre à la fin de cette opération. On voit à coté de ce personnage un lion qui dévore la tête d’un serpent : le dragon une fois mort, s’est en effet transformé en lion ; c’est le Lion Vert dont la force permet la trans-formation de la terre en tartre et la stabilisation des préparations.

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PREMIÈRE PARTIEL’ALCHIMIE VÉGÉTALE

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PREMIÈRE PARTIEL’ALCHIMIE VÉGÉTALE

« Vante-toi d’avoir contemplé face à face le Sorcier Aggripa, dont l’âme, par la métempsychose, est celle que jadis animait le savant Zoroastre, prince des Bactiens. Depuis que je disparus entre les hommes, je me conserve ici, par le moyen de « l’or potable », dans une santé qu’aucune maladie n’a jamais interrompue. De vingt ans en vingt ans, j’avale une prise de cette « médecine universelle », qui me rajeunit et restitue à mon corps ce qu’il a perdu de ses forces… ». Ainsi s’exprimait Cyrano de Bergerac qui avait vu dans un songe un de ces personnages mystérieux, sortant d’une caverne, ayant à la main gauche un vase plein de rosée et à la main droite, une houssine de sureau en sève, dont le bout était ferré d’un mélange de tous les métaux1. C’était l’Alchimiste légendaire qui venait lui révéler l’existence de l’Élixir de Longue Vie.Depuis l’Antiquité, les hommes ont essayé de vaincre la mort et la décrépitude : les Égyptiens connurent-ils le secret ? Il est question d’une formule permettant de transformer un vieillard en jeune homme de vingt ans parmi les documents laissés sur papyrus dans les Pyramides.D’autre part, plus près de nous, rappelons la légende qui illustre

1 Vision de Cyrano dans l’Histoire de la Sorcellerie, de Paul Morelle, Ed. : Richard-Masse, à Paris.

L’élixir de longue vie

Les Alchimistes et les Rose+Croix ont-ils connu le secret de conserver leur éternelle jeunesse ?

Conte, Légende ou Réalité

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la vie du fameux comte de Saint-Germain, et qui aurait vécu plus de cent cinquante ans, grâce à l’Élixir dont il connaissait le secret.Quand on cherche à percer le mystère des Anciens Alchimistes, on se heurte toujours à de nombreuses difficultés, car le secret était bien gardé. Et il était interdit aux initiés de révéler leur savoir aux profanes.Néanmoins, l’histoire de l’occultisme nous rappelle à chaque instant le nom des Alchimistes qui seraient parvenus à la réalisation du Grand-Œuvre. Non seulement, les Alchimistes qui avaient trouvé le secret de la Pierre Philosophale savaient faire de l’or. Mais ils pouvaient dissoudre l’or vulgaire tiré du sol et le transformer en une liqueur de jouvence, capable de guérir toutes les maladies et possédant le pouvoir d’entretenir une éternelle jeunesse. Paracelse, un des pères de la médecine, ne découvrit-il pas le moyen de guérir, en tirant les vertus des sept métaux, et en correspondance avec les Sept planètes. Paracelse s’était inspiré des œuvres alchimiques. Et il aurait été très loin dans la connaissance de la science des anciens mages.Et quand on se plonge dans l’étude des vieux grimoires, malgré la difficulté qu’on éprouve à les déchiffrer, il ressort, que ce soit sur le règne minéral ou sur le règne végétal, que les Anciens ont toujours recherché à tirer la quintessence du fluide universel qui se trouve en tout. Et la captation de ce fluide permettrait, d’après eux, de pouvoir lutter contre la maladie ou contre la décrépitude. D’après les Anciens, l’être humain comprend l’esprit, l’âme et le corps. L’âme est impérissable. Elle est dirigée par l’esprit qui est une émanation de l’action divine. L’homme ne périt jamais que par sa forme. L’esprit, relié au corps par l’âme, s’en sépare au moment de la mort pour revivre spirituellement, en recherchant les centres qui leur conviennent afin de parfaire leur évolution.Le corps, seul périssable, est composé d’une matière qui peut être régénérée par le principe ou l’esprit minéralisateur. Non seulement, les Anciens admettaient que l’être humain comprenait dans son tout ces trois plans  : l’esprit, l’âme et le corps, mais ils considéreraient également que les végétaux et les minéraux étaient composés de la même façon. Et qu’en s’appropriant le fluide vital de ces derniers, ils pouvaient arriver à le condenser, et à en faire une préparation susceptible d’entretenir la vie physique de l’homme

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dans une excellente santé en lui assurant une très longue existence.

Conception des anciens Mages sur la façon d’opérer pour s’approprier la vertu des plantes et leur puissance vitale.

Si l’on veut qu’une plante conserve toute sa vertu et que l’arrachage ne comporte aucun danger pour l’Herboriste, il faut que la récolte se fasse selon certaines prestations déterminées. On lit dans Herbarius : « Tous les êtres, même les plus humbles, participent en des mesures variées au fluide universel. Certaines d’entre elles (les plantes) ont des vertus médicinales. Elles recèlent un fluide puissant qui peut être en certains cas fort dangereux. L’herboriste doit se mettre dans certaines conditions, en observant les lois de sympathie, d’analogie. Il doit équilibrer les échanges de fluide pour s’assurer la possession de leurs vertus. Les plantes sont les enfants de la Terre-Mère. Elles ont un caractère sacré et les enlever constitue un péché ou un sacrilège. Il faut donc obtenir l’autorisation de la divinité qui les protège, lui offrir un sacrifice de réparation ou d’expiation, et obtenir son aide. Tantôt les plantes sont sous la dépendance ou sous la protection des Génies, dont il faut obtenir l’assentiment. De même qu’il faut choisir le moment de la cueillette, car les plantes entrent en relation de sympathie avec les astres, dont elles subissent les influences ».

Les prescriptions à observer pour la cueillette des plantes

I. L’époque et l’heure de la journée  : En général, les plantes qui entrent dans la confection de l’Élixir de Longue Vie, se cueillent à partir du printemps, ou à partir de l’automne, soit avant le lever du soleil, soit au couchant. Quelques-unes se cueillent à midi, mais c’est assez rare, et aussi au solstice d’été, à la Saint-Jean.

II. Les qualités de pureté et de propreté de l’herboriste : Être à jeun, vêtu de blanc et ne pas avoir de contact sexuel pendant les opérations de cueillette, ni approcher une femme au moment de ses époques, ni un homme souillé, ni être en possession d’objets impures. Le linge de corps ne doit être souillé d’aucune tache. Procéder aux bains rituels, rites de purification. En somme, il faut être en état de grâce.

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III. Précautions rituelles à prendre  : Certaines plantes émettent des émanations dangereuses quand on les coupe. Et il faut s’en préserver magiquement. La plante, avant d’être arrachée, doit être encerclée (un ou trois cercles) afin de prendre possession du fluide vital ou de son âme et empêcher qu’elle s’en échappe. Il faut la purifier de tout élément qui nuirait à ses qualités et diminuerait son efficacité, mettre ses vertus à l’abri de toute influence malfaisante venant de l’extérieur. Il faut également se garantir contre toutes les attaques des démons protecteurs de certaines plantes.

IV. Prononcer les incantations  : C’est une opération magique que l’on fait au moment de la cueillette de la plante que l’on veut extirper. Généralement, on adresse une prière aux puissances divines supérieures et au monde végétal. On adresse aussi une prière à la plante, en la regardant comme étant douée d’une sorte de personnalité, capable d’accorder ou de refuser ses vertus. Adresser le salut, la conjuration ou la prière. Exemple : lorsqu’on cueille des bourgeons de mûrier ou de l’iris, les Anciens prononçaient trois fois : « Je tiens la terre, je cueille le mûrier au nom du Christ, qu’elle soit utile à la confection de (citer l’objet) auquel je le destine  ».

V. Les offrandes  : D’après Hermès Trismégiste, on doit déposer à la place de la plante enlevée un grain de blé ou d’orge, souvent enduit de miel. Selon la loi d’équilibre, il faut offrir à la terre une compensation au détriment qu’on lui fait subir en prenant la plante, et surtout ses vertus qui ne doivent pas retourner au sol.

VI. La cueillette et ses usages  : On recommande toujours de procéder avec douceur, comme si on avait à faire à un être doué de sensibilité. La faucille d’airain et les objets d’or et d’argent sont recommandés pour extirper les plantes (le fer et l’acier sont à éviter). Opérer à la main le plus souvent possible, et de la main gauche, en prenant la plante entre le pouce et l’annulaire (doigt du soleil). Ne pas avoir de fer sur soi, et cacher la main droite.Pour les plantes magiques, on peut échapper au danger en neutralisant le fluide malfaisant, par l’opposition du même

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fluide, emportant sur soi une racine de la plante, et en offrant un sacrifice de substitution (ex  : le Chien pour la Mandragore).

VII. Utilisation de la plante et conservation de ses vertus  : Il ne faut jamais qu’elle retouche la terre. L’enfermer dans un linge consacré spécialement ou dans un récipient spécial, plein de rosée. On peut aussi faire bénir la plante.

L’élixir de Longue Vie tiré des plantes

La tradition nous apprend donc que les anciens Mages-Herboristes cherchaient en cueillant les plantes, à capter en même temps leur âme ou fluide vital. Pour comprendre l’Alchimie, l’Astrologie, la Magie, il faut être avant tout un parfait et fidèle observateur de la nature. Il faut l’aimer, la comprendre, la saisir dans toutes ses métamorphoses, comme peut le faire un peintre qui aime la paysage qui l’inspire. C’est pourquoi les Alchimistes, que l’on appelait aussi Artistes, étaient autant des poètes, des artistes, que des hommes de science. Leur science, ils l’apprenaient dans la nature. Aucune métamorphose ne devait leur échapper. Et quand ils avaient découvert une loi, quelquefois un secret, ils disaient « qu’ils avaient pris le bon Dieu la main dans le sac  ».Dans l’esprit des Anciens, la vie de l’homme suit le rythme de la nature et les quatre saisons correspondent aux quatre âges de la vie  : Le Printemps correspond à la jeunesse, l’Eté correspond à la virilité, l’Automne à la maturité et l’Hiver à la vieillesse. Le but était donc de puiser dans la nature minérale ou végétale tous les principes ou toutes les substances imprégnées d’éléments jeunes et vivants, et par une opération minutieuse et mystérieuse en même temps, de réaliser une teinture ou liqueur digestible à l’homme, et capable de lui redonner de la vigueur et de compenser les forces perdues, afin de le maintenir dans une parfaite santé. Mais lorsque leur teinture n’avait pas la puissance qu’ils espéraient, ils n’hésitaient pas à la multiplier en y introduisant l’année suivante des nouvelles plantes, de sorte qu’ils répétaient une fois ou deux toutes les opérations.

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Naturellement, cela dépendait de la puissance alchimique de l’élixir par rapport au volume de rosée et de plantes récupérées dans le cours de leurs travaux.

Les trois opérations essentiellesdans la réalisation de l’Elixir de Longue-Vie

Avant de passer aux travaux du Grand-Œuvre, l’Alchimiste, qui doit être avant tout un chimiste, doit s’assurer que le terrain qu’il a choisi contient les éléments de richesse naturelle, propre à la bonne réussite de ses travaux. Il choisira une nature verdoyante, où il est à même de trouver une variété suffisante de plantes et d’arbustes, assez jeunes et productifs. Le terrain doit surtout être riche en phosphore et en calcium, pour que les végétaux qui en absorbent, en contiennent suffisamment. Ces traces minérales sont indispensables, et doivent se retrouver en substances vivantes dans les liqueurs préparatoires. Sinon, l’Alchimiste procédera auparavant à la préparation du terrain, avant de commencer toute préparation, voire même, avant de semer les plantes indispensables2. N’oublions pas que l’Elixir de Longue Vie se tire aussi des substances minérales vivantes - lequel est beaucoup plus efficace, mais également plus dangereux lorsqu’il est consommé en plus grande quantité. Nous en reparlerons dans la deuxième partie de notre exposé, dans le chapitre consacré à la Pierre Philosophale.

I. Préparation de la teinture du Printemps

Aux plus beaux jours du Printemps, les Adeptes se levaient avant l’apparition de jour et commençaient à récolter de la rosée, en frappant sur les plantes avec une baguette. Cette rosée était ramassée dans une coupelle de verre et filtrée par la suite. Puis, le Maître, fidèle aux traditions en usage, cueillait avec une extrême prudence et en procédant aux rites et aux offrandes, les bourgeons d’arbres choisis par lui la veille, ainsi que certaines plantes, d’après leur espèce et leur degré de maturité,

2 Il y a un proverbe disant qu’il faut semer pour récolter. A notre avis, ce n’est pas suffisant car, avant de sermer, il faut préparer le terrain.

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et aussi d’après ses correspondances planétaires. Le tout étant déposé dans la nacelle de rosée, avant que le soleil ait apparu à l’horizon.Le pin et certaines plantes dont les feuilles restent vertes très longtemps étaient particulièrement recherchés. Mais comme l’opération était renouvelée presque tous les jours du printemps, si toutefois le temps le permettait, presque toutes les plantes entraient dans la confection de cette première teinture. En principe, il fallait choisir les bourgeons qui étaient à la veille d’éclore et qui contenaient de la sève en abondance.Les bourgeons en fleurs étaient surtout recherchés pour le rajeunissement du teint et du visage. Tandis que la sève des autres pousses contribuait au rajeunissement du sang et des viscères. Ce n’était pas la quantité de rosée, plus ou moins abondante, ni le plus grand nombre de bourgeons, qui donnaient de la force à cette première teinture, mais la qualité et le choix des éléments, ainsi que la façon dont les opérations étaient conduites. Les mêmes opérations répétées par un herboriste qui ne prendrait aucune précaution, et qui ne suivait pas les rites et les principes fondamentaux, récolterait une mixture pauvre en « matière première », donc privée de fluide vital, et les effets attendus ne manifesteraient pas avec la même efficacité.Le temps et les heures de la cueillette étaient très importants à considérer. Et chaque jour de beau temps, et pendant toute la durée du printemps, il fallait ajouter des nouvelles gouttelettes de rosée à de nouveaux bourgeons. Une certaine prudence devait être observée vis-à-vis des arbres producteurs de bourgeons, surtout les plus jeunes. Et le fait d’en extraire plusieurs sur la même branche suffisait pour qu’à la suite, tous les bourgeons voisins meurent ou ne donnent pas de fruits, parce que le Mage avait «  pompé  » un peu trop de fluide vital dans son opération transmutatoire.Cette liqueur de printemps, récupérée au moment où la nature s’exalte et s’extériorise, contribuait en somme au rajeunissement extérieur de l’être humain. Mais pour l’usage, elle devait être purifiée plusieurs fois de suite par des opérations mystérieuses. Et de cette teinture, l’Alchimiste extrayait un des premiers principes qu’il désignait sous le nom de Soufre ou de Mercure.

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Renseignements pratiques concernant les opérations de cueillette des plantes en fonction des aspects

de la Lune pour la teinture du printemps

Ces opérations se font au moment où la sève des végétaux est en pleine activité, pendant la saison printanière. Cet élixir de printemps entretient la vie à son stade normal, en agissant sur le sang qu’il fluidifie et sur les viscères. Il maintient l’aspect de la jeunesse par le rafraichissement de la peau.

Première opération : Récolte de la rosée.

Cette opération commence à l’équinoxe de printemps, fin mars (la Lune au second quartier).L’endroit préférable est un potager sans arbres, car il faut que cet endroit soit exposé aux rayons solaires et lunaires. La meilleure rosée se trouve sous les plants de pommes de terre et les choux.La récolte de la rosée doit se faire avant le lever du soleil, au petit jour et même la nuit, avant l’aurore. Ces jours-là, choisis au moment où la sève est à son maximum d’activité, ne sont pas obligatoirement des jours qui se suivent - ceci à cause du temps. Il faut en effet éviter la trop grande humidité de l’atmosphère et la pluie.La récolte se fera dans un récipient en verre, genre saladier, en frappant avec une baguette sur les plantes pour faire tomber les fines gouttelettes de rosée, que l’on récupère dans le saladier. Pour bien faire, il faudrait continuer les opérations plusieurs jours, afin d’en avoir un bon litre, et conserver la liqueur au frais, le récipient étant recouvert d’une assiette pour éviter l’évaporation.(pour l’élixir d’octobre, la récolte commence à la pleine lune après l’équinoxe d’automne, et la meilleure rosée est celle qui se récolte sous les choux). Mais ceci fait l’objet d’un autre exposé.

Deuxième opération – la récolte des plantes.

La cueillette des bourgeons qui entrent dans la composition de l’Elixir de Longue Vie, doit se faire également le matin, bien avant

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le lever du soleil, et selon les aspects lunaires indiqués ci-dessous. Ils seront déposés dans le récipient (maintenu au frais) au fur et à mesure de leurs récoltes qui peut durer également plusieurs jours.

Il faut récolter des bourgeons :- De mûres : de la nouvelle lune à la pleine lune,- Tirer la sève de pin à la pleine lune,- Des bourgeons de raisin au troisième quartier,- Et de réséda à la pleine lune,- De même du lilas au premier quartier,- Du pommier au deuxième quartier pleine lune,- Du pêcher à la pleine lune,- Puis de l’iris violet en très petit quantité,- De la feuille de lierre choisie à la racine de la queue.- Y joindre aussi en petite quantité du radis noir, râpé et récolté au troisième quartier. Ce sont de toutes petites pousses de radis qui donnent de la force à l’élixir.

Tous ces bourgeons sont cueillis au moment où ils allaient s’épanouir. C’est-à-dire lorsqu’ils sont en pleine force. Et on les introduit dans le récipient contenant la rosée, qui sera toujours conservée au frais. Comme il s’agit du rajeunissement du teint et du rajeunissement de la peau, il faut y ajouter quelques fleurs.

On choisira :- De la pensée en pleine lune,- De la rose au troisième quartier,- De l’iris violet à la pleine lune,- Et enfin des fleurs blanches de seringua en juin ou juillet. Ces fleurs étant choisies un peu avant leur épanouissement, comme pour les bourgeons. Ces fleurs étant choisies un peu avant leur épanouissement, comme pour les bourgeons. - Le jour de la Saint-Jean d’été, on doit ajouter des pensées et des myosotis, cueillis en pleine soleil,- Et quelques feuilles de noisetier, cueillies en plein clair de lune - de sorte que l’on peut pousser la récolte même dans les débuts de l’été.

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Pourcentage en poids : Beaucoup plus de rosée que de plantes dans le rapport de 50 p. 100. Aussi pour un kilo de rosée, il faut recueillir 500 grammes de plantes. Et la macération sera tenue au frais jusqu’à la pleine lune de juillet.Jusqu’à ce moment là, on peut toujours ajouter des bourgeons et des fleurs. Ne jamais soumettre la solution au soleil, ni à la lune. Elle ne doit supporter que la pénombre.

Troisième opération – Préparation de la liqueur de printemps.

Quand arrivera la pleine lune de juillet, que la liqueur a déjà pris sa teinte violacée, on enlèvera s’il y a lieu la peau blanchâtre qui nage à la surface de la mixture, sans remuer, afin d’éliminer les premières impuretés.Choisir une chambre noire, car à partir de maintenant, la liqueur va être traitée « au feu », et ne verra plus la lumière de jour, ni même la lumière électrique. Il faut faire un feu de bois dans un coin isolé, et lorsque la braise sera bien rouge, il faudra en prendre et l’apporter près du vase contenant la mixture, et s’arranger pour que la température du bain ne dépasse pas 30°. Elle doit se maintenir à cette température, et seule la lumière rouge émise par les charbons est admise. Cette opération durera trois jours et trois nuits. Et le traitement à la braise sera continu durant ces trois jours, seulement de 3 à 6 heures du matin, et de 3 à 6 heures du soir. Il se produira une légère fermentation et la teinture deviendra plus violacée. Laisser le couvercle pendant cette opération. Passer ensuite dans un tamis, composé d’une mousseline de soie blanche que l’on aura préalablement exposée la nuit à la rosée, en l’étendant sur les plantes et en la retirant avant le lever du soleil. Même chose pour le flacon bleu, qui devra conserver l’élixir, lequel ne sera plus jamais exposé à la lumière du jour. L’opération de la pleine lune de juillet doit se faire dans les conditions suivantes  : ne pas boire de vin, ne pas manger de viande, être vêtu de blanc. Pendant la fermentation, on observe un petit brouillard blanc, laiteux et une teinte rose, peu apparente.

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Quatrième opération – L’emploi de l’élixir.

L’élixir se prend trois fois par an (deux fois quand les arbres sont en feuilles) et trois gouttes à chaque fois, et en trois fois.

- Première fois : après la pleine lune de juillet, trois gouttes à prendre devant une fenêtre fermée, regardant la lune et sans lumière dans la chambre. Ensuite au premier quartier de la lune suivante, dans les mêmes conditions, puis à la nouvelle lune suivante. - Deuxième fois : en hiver, quand il fait froid, fin décembre ou courant janvier. Toujours dans l’obscurité, fenêtre fermée et en regardant la lune, trois gouttes à la pleine lune, trois gouttes à la nouvelle lune. - Troisième fois : cette fois, les arbres ont des feuilles et la fenêtre est ouverte. Et on regarde la lune sans lumière dans la chambre. Trois gouttes à la pleine lune, trois gouttes au premier quartier, trois gouttes au troisième quartier.

Elixir spécial pour se préserver contre le cancer. L’élixir pour la préservation du cancer se fait en ajoutant en pleine lune de juillet (le soleil étant dans le cancer) de la racine de gentiane de la grosseur et de la longueur d’un doigt environ. Un jour sans lune, arracher des petites pousses de plants de betteraves (pousses longues et non rondes), les laver sous un robinet, les faire sécher quelques minutes au soleil, et les mettre dans le bocal. On doit également y ajouter du cerfeuil.Consommation préventive contre le cancer. Tous les mois  : trois gouttes le premier jour, trois gouttes le troisième, et trois gouttes le sixième jour (soit neuf gouttes par mois), à 9 heures du matin et à jeun. NB  : A la Saint-Jean d’hiver, changer l’élixir de flacon.

II. Préparation de la teinture d’Automne

A partir de l’équinoxe d’automne, le Mage-Herboriste recommençait les mêmes opérations (récolte de rosée, prise en possession de certains fruits et racines, etc.…). Mais cette fois, il fallait se soumettre à des précautions très différentes, et dictées

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également par le temps de la saison, et la position des astres. Ainsi, par analogie, on admet que :- le premier quartier de la lune est en correspondance avec le printemps, - le deuxième quartier en correspondance avec l’été, - le troisième quartier avec l’automne, - et le dernier quartier avec l’hiver.

De même, les quatre phases de la journée sont en correspondance avec les autres saisons. Ajoutant à cela l’énigme des heures planétaires et des aspects de la lune, on constate aussitôt qu’il faut être astrologue également pour pouvoir mener à bien les opérations en cours. Pour comprendre les rapports existants entre la Nature et l’Homme, je recommande la lecture des bases naturelles de l’Astrologie3 où, pour la première fois, toutes les analogies correspondant entre l’homme, les astres et la nature son révélées avec clarté. Et en même temps, l’adepte qui s’intéresse à la philosophie du Grand Œuvre y trouvera des indications utiles concernant la loi des correspondances élémentaires. Certains initiés commencent leurs travaux en automne, mais cela concerne plus particulièrement ceux qui travaillent sur le règne minéral. La teinture d’automne contribue au rajeunissement intérieur du corps humain. Et l’analogie qui l’exprime relève des observations de la nature. Au début de l’automne, la végétation va progressivement disparaître, indiquant la régression de la manifestation extérieure de la nature. Tandis qu’au contraire, les graines semées en automne vont puiser de plus en plus de nourriture dans le sol, indiquant ainsi un accroissement de la richesse intérieure de la terre.Donc, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le seul fait de puiser dans la nature des éléments de vie imprégnés de jeunesse ne suffit pas pour assurer un rajeunissement complet. D’ailleurs, dans presque tous les ouvrages qui traitent de l’Alchimie végétale, on retrouve la nécessité d’opérer deux fois dans l’année : au printemps et en automne. Ce qui se ramasse au printemps est ce que les Adeptes appellent la femelle. Et ce qui se ramasse en automne, le mâle. Et c’est la teinture d’automne qui redonne la vitalité intérieure

3 Ouvrage édité en fascicules séparés par dom?????

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à l’élixir. De toute façon, il faut ramasser ce qui est le plus vert, le plus vif et savoir profiter de chaque saison pour tirer la quintessence de chaque matière. On verra dans la pratique qu’en automne, on recherche davantage ce qui est sous terre ou près du sol. Et que l’on prend ce qui est plutôt à l’intérieur du fruit qu’à l’extérieur.

Renseignements pratiques concernant les opérations de cueillette des plantes en fonction des aspects

de la Lune pour la teinture d’automne

Première opération – Récolte de la rosée.

A partir du 23 septembre, récolter la rosée avant le lever du soleil dans les mêmes conditions que celles de printemps. La meilleure est celle qui se trouve sous les choux.La récole se fait aux jours choisis, sans brouillard et un peu humide, en octobre jusqu’au 10 novembre.Contrairement à celle du printemps, la rosée sera enfermée dans un récipient en verre, couvert d’une plaque de verre, et exposée au soleil tous les jours de 11 à 12 heures, et derrière la vitre d’une fenêtre fermée.

Deuxième opération – récolte des végétaux.

Dans ce cas, la question des bourgeons n’existe plus. Et il faut chercher ailleurs le point où se trouve concentré le fluide vital de la plante. De même, nous devons dans bien des cas nous mettre en analogie avec la saison, et le soir sera plus propice que le matin dans l’arrachage de certaines racines, ainsi que le choix du quartier de lune (lune descendante).On commencera donc par quelques morceaux de racine de sauge, arrachée selon les rites, à la chute du jour, et au troisième quartier de la lune, par contre, on prendra quelques feuilles d’ortie, cueillies au lever du jour et au premier quartier de lune. Cueillir des fruits noirs de la mûre, vers 17 heures, un peu avant la chute du jour. A la pleine lune, et en plein jour de l’après-midi, cueillir dans un endroit où il n’y a pas d’arbre, les fleurs violettes du trèfle sauvage.

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On prendra aussi le cœur de la pomme et les pépins vers midi (choisir des pommes vertes et de bonne qualité et éviter les pommes rouges ou à teinte rose). Prendre aussi des noyaux de pêche, cueillies à midi et en premier quartier de lune zt des fruits et feuilles du cassis en pleine lune, entre 11 heures et midi, de même pour les framboises, etc..Arracher de la racine de réglisse en plein soleil et des petites tomates, si par hasard, on en trouve encore des vertes, Et le matin, lorsqu’elles sont encore recouvertes de rosée, prendre des pensées sauvages au troisième quartier de la lune.Et toujours de la racine de gentiane, arrachée entre 11 heures et midi, Et quelques graines du hêtre ramassées par terre en octobre à la pleine lune.

Troisième opération – Préparation de la liqueur d’automne.

Cette préparation peut avoir lieu les trois derniers jours d’octobre si l’on a eu un temps suffisamment propice pour récolter une provision suffisante de plantes, racines, graines et fruits. Ce jour-là, exposer toute la matinée, de 9 heures à midi, le récipient à la fenêtre, en évitant les influences extérieures (coup de vent ou autre) et pour cela, maintenir la fenêtre fermée. Ce jour-là doit être un jour de soleil. L’après-midi, porter le récipient en un lieu humide et froid, et laisser fermenter jusqu’à la nuit close. Aussitôt la chute du jour, reprendre le bocal recouvert d’une plaque de verre et l’exposer à la chaleur d’un brasier de bois. Maintenir cela pendant trois heures.Passer la mixture à travers un tamis très fin et la mettre dans un bocal. La liqueur, qui doit être très transparente à une teinte violacée, rouge. Puis, un peu plus tard, lorsqu’il y aura de la neige, il faudra exposer cette teinture à la fenêtre pendant trois jours, le matin de 9 heures à midi.

III. Conjonction des deux teintures

En poursuivant le cours de notre exposé, vous apprendrez que les Alchimistes considéraient que la nature métallique ou végétale se compose de trois principes  : le Soufre, le Mercure et le Sel – désignations qui n’ont rien de commun avec ce

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que nous avons l’habitude d’appeler par le même nom.Or, ces deux teintures prennent également ce titre. L’une s’identifie soufre et l’autre mercure, et la réunion dans le même récipient de ces deux teintures s’appelle  : la conjonction du Soufre et du Mercure. Cette opération est une des plus délicates. D’abord, parce que les deux principes qui vont être réunis doivent être dans un état de parfaite purification et amenés à un état déterminé de préparation qu’il est difficile de situer.A ce point de vue, on ne peut guère donner d’indication plus détaillée que ce que nous avons dit, et dont les sources nous ont été transmises par la science, les recherches personnelles et par révélation. Il faut se pénétrer de l’esprit des Anciens pour comprendre, sentir, même deviner ce qu’ils voulaient dire. D’autre part, il y a aussi des choses qui ne peuvent être dévoilées, car elles risqueraient d’être mal interprétées. Et cela pourrait porter un préjudice considérable au monde végétal si chacun, voulant confectionner l’Elixir de Longue Vie, commençait à ramasser au printemps de chaque année, les meilleurs bourgeons d’arbres, tout en n’arrivant à rien. Aussi, je mets en garde les chercheurs de la Pierre Philosophale contre tous les ennuis qui peuvent les assaillir à partir du moment où ils se mettront à l’œuvre. Car s’ils ne présentent pas les caractéristiques exigées en ce qui concerne la pureté de leur intention, ils risquent, en voulant s’approprier l’âme des plantes, de subir le choc en retour, ou l’influence malfaisante des Génies protecteurs ou des Démons. Et ils peuvent être affligés par les émanations nocives qui se dégageront, non seulement à la cueillette, mais aussi dans le cours de leur préparation. Même au besoin, s’ils ne savent pas séparer « le pur de l’impur  », ils risquent au contraire de réaliser une teinture beaucoup plus nocive que régénératrice. Notre devoir est donc de les avertir, et nous profitons de cette opération extrêmement délicate, pour signaler notre crainte. Dans toute œuvre alchimique, il faut vaincre le Dragon. Il faut savoir provoquer la corruption pour libérer les deux principes androgynes. Et il faut savoir limiter celle-ci au moment opportun, puis s’emparer des éléments sains et vivants qui viennent de naître, pour réaliser l’œuvre, laquelle grandira, se développera, pour parvenir à sa maturité. Et c’est justement au

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moment de la Conjonction du Soufre et du Mercure que l’Artiste doit principalement faire attention. Cette analogie va vous révéler le secret de cette opération : regardez la nature. Une fois la graine en terre, elle meure, tendis que le germe se développe, pousse et métamorphose pour devenir la plante que vous consommerez demain. Mais ne vous trompez pas surtout, et n’essayez pas de déguster la vieille graine corrompue, ou ce qu’il en reste, vous risqueriez de vous empoisonner. Dans la Table d’Emeraude que nous commentons plus loin, il est dit  : «  Tu sépareras la Terre, le Subtil de l’Epais, avec délicatesse et une extrême prudence…  » et un peu plus loin ces mots  : «  il monte de la Terre au Ciel et derechef, il redescend du Ciel en Terre, et il reçoit la Force des choses d’en Haut et d’en Bas ».N’oubliez jamais qu’il s’effectue là l’ultime transmutation où «  le Fixe devient Volatil » et où «  le Volatil se fixe ». Ce qui, à vos yeux, pouvait représenter le «  Fixe  » n’est pas autre chose que la graine et en l’occurrence vos bourgeons et vos plantes. Tandis que le «  volatil  » est la plante future qui apparaît par l’œuvre de la nature, lorsque vous avez semé votre graine, laquelle se désagrège et disparaît par la suite, et qui sera votre élixir de vie.

Renseignements pratiques concernant la conjonction du Soufre et du Mercure

Le rapport en poids entre la teinture de printemps et celle d’automne est le suivant  : deux tiers pour la première et un tiers pour la seconde. La conjonction se fait à la pleine lune, la nuit, aussitôt les premières neiges, et derrière la fenêtre.Prenez trois récipients. La teinture de printemps en main gauche et celle d’automne en main droite. Se mettre face à la lune, pour y voir suffisamment clair, et mélanger goutte à goutte alternativement, en versant les deux teintures dans le troisième vase. On peut avoir un petit feu rouge à côté de soi. Exposer de nouveau un feu de braise à minuit, pendant une demi-heure et trois jours de suite. Avoir une température assez chaude, en utilisant de bonnes bûches sèches. Mettre ensuite la liqueur dans un flacon bouché à l’émeri et l’enfermer dans un placard sec.

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Utilisation de l’élixir complet

Une extrême prudence est à observer dans l’utilisation de l’élixir. Son absorption en trop grosse quantité peut être funeste. Le danger poursuit même l’Adepte qui respirerait souvent son parfum. En principe, il doit être pris à certaines époques du printemps et de l’automne. Et pour celui qui se porte bien, quelques gouttes par an suffisent pour entretenir une parfaite santé. Le nombre de gouttes à prendre dépend de l’âge et de l’état de santé pour celui qui l’absorbe.

Quelques remarques importantes

Les diverses opérations indiquées dans la confection de l’Elixir de Longue Vie peuvent paraître bizarres si l’on considère les heures d’opération de jour et de nuit, et les multiples précautions à prendre, concernant la lumière solaire, par exemple. De même, si l’on indiquait à un homme dépourvu de connaissances scientifiques, la façon de développer une plaque photographique, il ne verrait pas pourquoi celle-ci doit se faire dans l’obscurité ou sous la lumière rouge. Mais quand on se penche sur les dernières découvertes de la biologie (car la science des Alchimistes relève exclusivement de la biologie), on sait également que le rôle de la lumière solaire est très important à considérer sur la vitamine D, qui est l’élément de fixation du calcium. Et nous pourrions développer une foule d’observations analogues, mais nous sortirions du cadre que nous nous sommes tracé. Et nous laisserons le loisir de traiter ce sujet aux personnages spécialisés dans la question. Nous sommes certains que les chercheurs en biologie qui s’intéressent aux problèmes du rajeunissement, trouveront dans notre exposé des observations qui pourront les guider dans leurs travaux. Aussi, la biologie de demain rejoindra-t-elle bientôt les conceptions de nos vieux Alchimistes.

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DEUXIÈME PARTIEL’ALCHIMIE MINÉRALE

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DEUXIÈME PARTIEL’ALCHIMIE MINÉRALE

Les Alchimistes ont-ils vraiment connu le secret de la transmutation des métaux ?

L’Alchimiste au Moyen Age

La pierre philosophale

Il est assez difficile de pouvoir se faire une idée sur ce que pen-saient les Alchimistes au Moyen Age. De même que l’Astrologie, l’Al-chimie est la plus vieille science du monde. Elle a joui d’un crédit considérable auprès des esprits les plus distingués. Et c’est surtout au Moyen Age que cette science eut son apogée. C’est surtout la dé-couverte de Lavoisier qui finit de détruire les dernières conceptions de nos Alchimistes qui croyaient à l’unité de la matière. En effet, Lavoisier fit admettre que les corps simples étaient indécomposables. Et de ce fait, il semblait donc impossible de croire à la transmutation. De même, lorsque Copernic démontra que la terre tournait autour du Soleil contrairement au mouvement apparent de celle-ci, cela porta également un préjudice considérable au prestige des Astrologues qui, dans leur conception, considéraient au contraire que la terre était le centre de l’univers. Il est important de mettre en parallèle ces deux conceptions différentes, parce que nous allons voir que l’Alchimie et l’Astrologie étaient deux sciences jumelles qui ne marchaient pas l’une sans l’autre. L’astrologie est la mère de l’astronomie. De même que l’alchimie est la mère de la chimie. Et s’il existe des liens qui les unissent, on peut dire que l’astrolo-gie et l’alchimie se rapportent au côté subjectif de la nature, tandis

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que les deux autres qui en découlent se rapportent au côté objec-tif. Chacune de ces deux sciences demande donc des dispositions différentes pour les étudier et les comprendre. Et c’est pourquoi, il existe tant d’indifférence entre ceux qui cherchent à les étudier. De nos jours, nous retrouvons également cette même indif-férence entre ceux qui s’intéressent à la physique et à la métaphy-sique. C’est pourquoi, il y a lieu de rechercher à se mettre dans l’état d’esprit des anciens Alchimistes et Astrologues pour tâcher de comprendre exactement ce qu’ils voulaient dire. Et après nous être penchés pendant plus de quinze années sur la question, après nous être débarrassés de notre bagage scientifique moderne tout en restant objectif, nous avons essayé de déchiffrer l’énigme. Et nous vous exposerons ici avec le maximum de clarté ce que nous croyons être la Pierre Philosophale des Anciens Mages. Et main-tenant, pensons comme nos ancêtres de l’époque médiévale.

Les Alchimistes qui auraient fait de l’or

L’histoire de l’occultisme nous apprend que de nombreux Al-chimistes seraient parvenus à faire de l’or, grâce à la poudre de pro-jection tirée de la Pierre Philosophale. La plupart d’entre eux ne se dévoilaient pas afin de ne pas être la victime de la tyrannie d’un roi ou d’un puissant de l’époque. D’autres au contraire réalisèrent leurs expériences en présence des Empereurs et des Papes. Selon un témoi-gnage digne de foi, Arnaud de Villeneuve, en présence de Boniface VIII, en 1301-1302, aurait transmué des barres de plomb en or fin. A la même époque, Raymond Lulle, élève d’Arnaud, aurait fabri-qué pour le compte d’Edouard III, roi d’Angleterre, des pièces d’or qu’on appela les Raymondines, en l’honneur du célèbre alchimiste. Un peu plus tard, Nicolas Flamel, réalisa sa première transmutation le 17 janvier 1383, et réussit à partir de cette date à se faire une jolie fortune, après vingt-quatre années de recherches. L’histoire dit qu’il utilisa sa fortune à la restauration des églises et à la création d’œuvres au profil des malheureux. Enfin, citons également l’Em-pereur Ferdinand III d’Autriche qui fit frapper une médaille com-mémorative, en souvenir d’une transmutation faite par lui avec de

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la poudre de projection que lui avait donné le moine Richausen. Ce jour là, il aurait transmué trois livres de mercure en cinq livres d’or. Depuis lors, l’histoire est assez pauvre sur la question. Mais il est possible qu’à la suite du procès des Templiers et de l’Inquisition, les derniers alchimistes se soient groupés en sociétés secrètes. Et de nos jours, il existait encore avant la guerre, un groupe restreint de chercheurs qui paraît-il, disposait encore de la poudre de projection. Et malgré le silence qui se fait aujourd’hui autour de l’alchimie, je peux affirmer qu’il existe encore des alchimistes et des chercheurs sé-rieux qui recherchent activement la découverte de la Pierre. Si l’on se penche sur les œuvres de nos contemporains, on peut constater l’effort des chercheurs dont certains d’entre eux auraient fait de l’or. On lit dans Hermès dévoilé1 que l’auteur Cyliani avoue avoir eu par révélation des indications nécessaires à la confection de la Pierre, et aurait effectué sa première transmutation le Jeudi Saint de l’année 1831, à 10h, 7 minutes du matin, après avoir cherché pendant trente-sept ans et passé plus de quinze cents nuits sans dormir. Dans son petit ouvrage, il donne des détails forts intéressants sur la confection du Soufre et du Mercure, et sur la Conjonction des deux principes. Et pour celui qui sait, il semble fort probable que l’auteur n’a pas menti. Enfin, dans notre siècle, signalons les œuvres de Fucanelli2, dont l’intérêt prodigieux nous montre qu’il existe encore des Adeptes groupés en société secrète, « les Frères d’Héliopolis », et dont le fruit de leurs travaux est gardé jalousement secret. D’ailleurs, Fucanelli ne précise pas dans ses œuvres si oui, ou non, il a réalisé la Pierre. Ma-tière vivante et matière morte. Dans notre précédent chapitre, nous avons démontré avec quelle précaution, avec quelle prudence, les an-ciens Mages prenaient possession des plantes, afin de capter leur puis-sance, parce qu’ils croyaient que les végétaux avaient une existence propre, analogue aux êtres humains. De même, sur le règne minéral, les alchimistes partaient du principe que le minerai, ou «  leur mi-nière » comme ils l’appelaient, possède un esprit, une âme et un corps. Dans le Perfectum Magistrerum d’Arnals de Vollanova, on peut lire ; « L’Âme tient le milieu entre le corps et l’esprit. C’est le ferment 1 Hermès dévoilé, éditions Chacornac, 11 quai Saint-Michel, Paris.2 Le Mystère des Cathédrales et les Demeures Philosophales de Fuca-nelli : édition Shmit, 52 rue Laffite, Paris.

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qui rend la vie au métal mort… ». Quand les Alchimistes croyaient à l’unité de la matière, il ne s’agissait pas positivement de métal pro-prement dit. Mais de cette nature métallique vivante et fluidique qui se trouvait dans le minerai, avant que celui-ci ne fut extrait du sol et traité dans le four ou au marteau. D’ailleurs, ils s’exprimaient ainsi  : « Tous les métaux inférieurs3 sont les fruits fades et crûs qui se sont détachés de l’arbre. C’est-à-dire de la vie croissante, avant que les deux principes4 qui les constituent se fussent combinés et mûris en de justes proportions salines. Trouvez un levain qui supplée à ce défaut, en soumettant ces matières inanimées et refroidies à la fermentation de la vie minérale, la Nature reprendra son Œuvre élaboratrice et d’im-parfaits. Ces métaux deviendront parfaits. C’est-à-dire qu’ils abouti-ront à l’or dans la série positive et à l’argent dans la série négative.  ». De même que les êtres humains doivent parvenir à la perfec-tion à la fin de leur évolution, avant de s’intégrer à Dieu, de même les minéraux doivent devenir des métaux précieux à la fin de leur évo-lution. Et cette analogie était à la base des premières conceptions de nos Anciens Philosophes. On retrouve également figuré sur l’Arcane XIV du Tarot des imagiers du Moyen Age, le symbole de la transmu-tation, représenté par un ange ailé, portant à son front l’astre solaire, et tenant dans chaque main une urne, dont la liqueur intérieure passe d’un vase dans l’autre. Cet Arcane : La Tempérance, révèle assez bien le symbolisme de cette alchimie médiévale. L’ange, et l’astre solaire qu’il porte au front, représente une personne métaphysique, douée d’une puissance créatrice et d’une connaissance éclairée, c’est l’esprit. La liqueur qui passe d’un vase dans l’autre représente le fluide, la na-ture métallique, l’essence de vie, qui est à la base de toute métamor-phose, c’est l’âme. Et les deux vases qui changent subitement d’aspect physique, selon la ligueur ou non qui s’y trouve, représentent le corps. Le symbole de cet Arcane nous montre bien que la trans-mutation est une opération alchimique, c’est-à-dire au-dessus de la chimie. Elle s’effectue sur un plan métaphysique d’abord, comme si la création de la Pierre des Philosophes condensait en elle-même 3 Les alchimistes entendent par métaux inférieurs tous ceux qui ne sont ni de l’or, ni de l’argent, ni du platine.4 Les deux principes s’expriment par les deux polarités que les alchi-mistes appelaient aussi Soufre et Mercure.

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une puissance spirituelle intense capable de passer de potentiali-té en actes, au moment où se fait la transmutation. C’est pourquoi les Alchimistes prétendent travailler sur de la matière vivante, tan-dis que Physiciens et Chimistes travaillent sur de la matière morte.

Le secret du vieillard des Pyramides

Le XIIIème siècle nous a transmis assez fidèlement un do-cument trouvé entre les mains d’un vieillard, dans lequel se-rait écrit le secret des Alchimistes. Cette «  table d’Emeraude  »5 proviendrait d’un tombeau de la vieille Egypte, que des cher-cheurs se seraient transmis l’un à l’autre. Voici ce qui est di t  : « Il est vrai, il est certain, il est réel, que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour l’accomplissement des merveilles de la chose unique. Et de même que toutes choses se sont faites en un seul, par la méditation d’un seul. Ainsi, toutes choses sont nées de cette même et unique chose par adapta-tion. Le Soleil est son père, la Lune est sa mère. Le Vent l’a porté dans son ventre. La Terre est sa nourrice. C’est le Père de l’Universel Telesme du monde entier. Sa puissance est entière, quand elle est métamorphosée en terre. Tu sépareras la terre, le Subtil de l’Epais avec délicatesse et une extrême prudence. Il monte de la Terre au Ciel et Derechef, il redescend du Ciel en Terre. Et il reçoit la force des choses d’en haut et d’en bas. Ainsi, tu auras la gloire de l’Univers entier. Par là, toute obscurité s’en-fuira de toi. Là réside la Force de toutes Forces, qui vaincra toute chose subtile, et pénétrera dans toute chose solide. Ainsi, l’Univers a été créé. De là proviendront les adaptations merveilleuses dont le mode est ici. C’est pourquoi, je fus appelé Hermès Trismégiste, possédant les trois parties de la philosophie. Ce que j’ai dit est complet sur le magistère du Soleil  ». En effet, pour celui qui sait, l’essentiel de la philosophie hermétique est contenu dans ce texte. Si nous voulions com-menter ce chapitre, cela nous conduirait trop loin. Nous ris-querions de nous exprimer en des termes qui auraient du mal à être compris par ceux qui ne sont pas familiarisés avec l’occul-

5 On trouve des commentaires détaillés de ce texte dans l’œuvre prodi-gieuse de Stanislas de Guaïla : le Serpent de la Genèse.

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tisme. Nous sommes donc obligés de nous exprimer autrement. Tout d’abord, il est dit : « Ce qui et en haut est comme ce qui est en bas » et réciproquement. Depuis la découverte du radium et des nou-velles théories de la radioactivité, on s’est peu à peu éloigné des concep-tions de Lavoisier. Et l’on se rapproche singulièrement de la conception des Anciens, qui disaient que la plus petite parcelle de la matière était à l’image de l’univers. Or, l’atome que l’on croyait l’ultime élément de la matière se compose d’électrons, gravitant autour d’un noyau électri-sé positivement à l’image des planètes qui tournent autour du Soleil. Et de plus en plus, on se rend compte que ce qui est dans l’atome se retrouve à la même image de ce qui est dans notre univers cosmique. Disons en passant qu’en théorie, on peut changer un corps en un autre, à partir du moment où l’on arrivera à modifier la struc-ture de l’atome, de sorte que le rêve des Alchimistes n’est donc plus une chimère. Un peu plus loin, nous trouvons encore  : «  Le Soleil est son Père, la Lune est sa Mère et la Terre est sa nourrice.  ». Nous retrouvons là les trois principes auxquels les Alchimistes font allusion par leur désignation de Soufre, Mercure et Sel, et les trois plans qui s’interpénètrent dans un seul  : l’esprit, l’âme et le corps. L’élément vibratoire de ces trois aspects de la même et unique chose, avait été assez bien défini par Charles Henry, ancien Direc-teur de Laboratoire de Physiologie des Sensations à la Sorbonne6, et qu’il désignait ainsi : le résonnateur gravitique ou support matériel de l’électron (correspondant au corps), le résonnateur électromagnétique (correspondant à l’âme) et le résonnateur biologique (correspondant à l’esprit). Et depuis, chaque jour, les conceptions changent en fonc-tion des nouvelles découvertes, tandis que l’on arrive maintenant à la désagrégation de l’atome. Mais le grand art des Alchimistes apparaît ici  : « Tu sépareras la Terre, le Subtil de l’Epais avec délicatesse. ». Le grand art des Alchimistes consiste à partager la matière en trois prin-cipes : Sel, Soufre, Mercure, tandis que s’effectue la grande transmu-tation ou échange entre le Ciel et la Terre, ce qui est fixe. La matière se désagrège comme le grain de blé semé en terre qui pourrit peu à peu, tandis que le volatil se fixe. Nous voulons dire par là, ce qui en apparence n’existe pas encore physiquement et qui apparaît, naît et se

6 L’œuvre bio-physique de Charles Henry.

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développe ensuite comme le germe qui en poussant donne la nouvelle plante. Et cette opération transmutatoire est celle qui demande le plus de savoir, le plus de prudence et d’adresse de la part de l’Artiste. On sent dans ces lignes : « Il monte de la Terre au Ciel et redes-cend du Ciel en Terre », toute l’œuvre de la Nature. Et c’est pourquoi les alchimistes et les astrologues étaient des agriculteurs avant d’être des hommes de science. La réalisation du Grand-Œuvre repose dans l’art d’imiter le Créateur de toutes choses, et nous allons voir maintenant comment les alchimistes procédaient pour préparer leurs travaux. C’est pourquoi on trouve parmi les écrits d’anciens chercheurs des choses incompréhensibles, si l’on ne saisit pas l’état d’esprit dans lequel ces choses ont été écrites. Ainsi, dans la Turba, inspirée par les alchimistes grecs, on peut lire : « L’airain, comme l’homme, a un corps et une âme. L’âme est la vapeur qui s’élève au cours de la distil-lation et de la sublimation, le corps est ce qui reste dans la cornue  ».

La « matière première » des Alchimistes De même que les Mages-Herboristes prenaient de multiples précautions pour récolter leur « Matière-Première  » qui était com-posée de bourgeons et de plantes, baignant dans de la rosée, afin de capter la puissance vitale qu’ils contenaient (ce que nous pouvons ap-peler l’âme de la plante), les alchimistes ont toujours observé de mi-nutieuses précautions pour s’approprier leur « Materia-Prima » puisée sur le règne minéral. Ils cachaient assez jalousement le nom de leur matière première, laquelle était le plus souvent un minerai ramassé près du sol, avec certaines précautions. Il fallait que « cette minière » recèle des qualités particulières que les Adeptes reconnaissaient par la radiesthésie, grâce à la baguette de coudrier. Que ce soit de la pyrite de cuivre ou de la galène de plomb, l’essentiel fût que cette « matière première » contienne en elle-même ce germe métallique ou ce fluide qui en l’occurrence représente aussi l’âme du minerai. Parfois, il fal-lait aller très loin pour trouver un terrain où l’on pouvait se la pro-curer. Car il fallait qu’elle soit susceptible de contenir en elle-même les éléments vivants, tant recherchés par les alchimistes. Je sais qu’on en trouvait dans le Massif Central, en Espagne et sur la frontière

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tchèque. Un adepte reconnait aussitôt cette « minière » par les veines rouges qu’elle contient. Et un chercheur ne m’a pas caché que le seul fait de donner un coup de pic de métal pour la détacher du sol suffi-sait pour qu’elle perde 90% de sa qualité. En somme, il y a autant de précautions à prendre pour le minerai que pour le végétal, mais natu-rellement les prescriptions ne sont pas les mêmes. C’est extrêmement difficile pour un Adepte de pouvoir découvrir et prendre sa « Mate-ria-Prima ». Et c’est pourquoi les alchimistes ont toujours été si énig-matiques dans la désignation de cette dernière lorsqu’ils en parlent. Ils ne veulent pas désigner le minerai qui la renferme, mais bel et bien cette « nature métallique vivante » incluse dans le minerai. De sorte que l’on peut très bien s’approprier du minerai identique par aspect physique à leur matière première, sans en renfermer une seule parcelle.

Voici un texte ancien la désignant, et où il est dit : « La ma-tière première ou Magnésie ou Marcosite ou Minière des Sages, dont il est question s’est ni un métal, ni un sel. C’est un minerai très répan-du dans la nature. C’est le Serviteur Rouge, la Vierge Hermaphro-dite de la nature  : le Rocher qui contient une mer et dont l’esprit se sublime... Ce minerai est formé de tous les corps sensibles de Soufre et de Mercure enchaînés dans une prison saline. Mais ce qui le distingue de ses congénères, c’est qu’entre ces deux principes conjoints et spécifiés, c’est-à-dire morts, il est imprégné de Soufre et de Mercure non combi-né, non spécifié (non fixé en une combinaison définie, mais tendant néanmoins déjà à sa spécifier au minerai), c’est-à-dire encore vivant ». Nous ne pensons pas que l’on ne peut mieux dire pour dési-gner la matière première. D’autres chercheurs la choisissent dans la nature et Louis Grassol7 fait allusion à la génération spontanée d’une espèce de matière gélatineuse, qui se trouve dans la nature après les pluies, et que l’on prenait au printemps et en automne, et qu’il ap-pelle «  spermaterre, Flos Coeli ou Nostoc  ». Il est probable que la matière première se trouve un peu dans toute la nature. Et c’est à l’Adepte de la découvrir et de vaincre le Dragon qui la garde jalou-sement. Prenez une pierre ayant contenu du minerai et observez-la. Vous y trouverez des alvéoles dans lesquelles se trouvait le minéral.

7 La lumière tirée du chaos, Edit. Chacornac, Paris

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Elle ressemble à un os vidé de sa moelle, à une branche de sureau vidée de son contenu, c’est une pierre morte. La véritable minière des philosophes se trouve justement dans ces alvéoles avant que la pierre soit arrivée à ce qu’elle est. Et pour la recueillir, il faut dé-ployer un grand art, en évitant de tuer la nature métallique vivante qu’elle contient. N’oubliez pas que l’Herboriste tire les vertus des plantes de la sève qu’elles contiennent, et que c’est aussi un grand art pour lui de s’en emparer avec toutes les vertus qu’elles possèdent.

Le Grand Œuvre des Alchimistesse conduit en imitant la Nature

Il ne faut donc pas s’attendre à trouver dans la réalisation du Grand Œuvre la transformation des métaux vulgaires en or pur. Ceci fait partie des applications de la poudre de projection sur du métal fondu, poudre tirée de la Pierre Philosophale. La réalisation du Grand Œuvre est la réalisation de la Pierre, laquelle consiste à extraire de la matière première tous les principes vivants de la nature métallique, de les séparer de leurs terrestréités, de les purifier, de les conjoindre ensuite en y ajoutant le germe métallogène, afin que naisse la Pierre et de conduire les travaux ensuite jusqu’à ce qu’elle arrive à maturité. Il faut pour cela comprendre la Nature, saisir le secret divin du Créateur qui nous fait naître et qui régit tout ici-bas. Il faut tâcher de l’imiter dans son Œuvre grandiose. La prétention de l’Alchimiste est donc considérable. Et si cette chose était facile à réaliser, nous regorgerions de toutes les richesses du monde. Par analogie, et pour bien comprendre le processus alchimique, il suffit de suivre dans son évolution l’histoire d’un grain de blé, depuis le moment où il est semé jusqu’au jour où il est semé jusqu’au jour où il a donné un nouvel épi dans lequel il s’est multiplié. Ce grain, au départ, repré-sente la partie fixe, ce qui est palpable, physique, tandis que la tige qui en sortira demain représente le volatil, ce volatil impalpable qui se fixera demain et se développera lorsque le fixe se volatilisera à son tour. Voilà peut être quelque chose de compliqué à saisir, mais c’est dans cet état d’esprit qu’il faut comprendre le processus alchimique. Donc, en premier lieu, la première opération de l’œuvre

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consiste à prendre cette « minière » contenant la nature métallique vivante, et de procéder à sa dissolution première, afin de créer par une sorte de fermentation qui s’accentue peu à peu, la putréfac-tion que les alchimistes appellent « la tête de corbeau », à cause de la couleur noire qu’elle va prendre. Il suffit de penser au grain de blé qui commence à sa putréfier une fois mis en terre, avant même que le germe soit apparu. Pendant cette opération, les éléments vi-vants de la nature métallique se désagrègent et se séparent selon les deux polarités (positives et négatives), qui les caractérisent, et que les alchimistes appellent le Soufre et le Mercure. De même, dans le grain de blé, les éléments nutritifs vont trouvailler à nourrir la mo-lécule vivante, incluse dans le grain afin de faire naître le germe.

Que signifient ces trois principes :Soufre, Sel et Mercure ?

Si l’on se réfère à la théorie des alchimistes, il est dit dans les vieux ouvrages : « Le Soufre est l’esprit céleste qui, en s’introduisant dans les semences inférieures, suscite et fait paraître la forme intérieure du plus profond de la matière. C’est le principe formel, le feu inné. Le Mer-cure est la première substance sur laquelle le Soufre agit pour se mani-fester. C’est « l’Humide Radical » ou principe substantiel. Le sel est le siège fondamental de toute la nature en général. C’est le principe de corporification où se nouent les deux autres principes polarisés. C’est la base essentielle, le principe mixte objectoriel ». Donc, dans leur syn-thèse, les principes fondamentaux Soufre, Mercure, Sel, représentent à eux trois l’énergie réalisatrice des corps avant qu’ils soient formés. Ce sont les trois termes de polarisation du « fluide universel » sur le point de se manifester pour passer de potentialité en actes, le Soufre représente le principe positif, le Mercure, le principe né-gatif, et le Sel, sans polarisation propre, étant lui-même le centre d’équilibre où peuvent se condenser les deux autres principes. En-visagés séparément, ils n’existent pas l’un sans l’autre, de même que dans le métal une fois formé, le noyau positif de l’atome et les électrons qui gravitent autour. Néanmoins, l’alchimiste envisage lui, avant la fixité du métal, la possibilité par la suite de les séparer.

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Revenant à notre sujet sur le processus à observer dans la réa-lisation du Grand Œuvre, il est dit que la première solution consiste à dissoudre la matière première pour la débarrasser de ses matières combustibles et la séparer de ses terrestréités. Les corps retournent à leur première matière et se réincrudent par la coction, qui est un digestion de l’humeur crue ou transformation en aliment, tandis que va naître le germe vivant de la nature métallique (commencement de la fixité du volatil, tandis que le fixe va commencer à se volatiliser). C’est l’histoire du grain de blé, ne n’oublions pas. C’est pourquoi les alchimistes disent que cette première opération « prépare la semence minérale de la terre », tandis que se fait « le mariage du mâle et de la femelle ». Conception du germe métallique par l’effet des deux pola-rités Soufre-Mercure, libérées de son écorce matérielle en pleine pu-tréfaction. Cette première solution est dite en : « Eau Mercurielle ».

La naissance de Saturne et la transformation des petits corbeaux en petites colombes

La seconde phase qui se manifeste dans le cours de la prépa-ration de la Pierre s’appelle l’Ablution qui vient avec la préparation du Mercure. Cette période transitoire existe au moment où la solu-tion commence à devenir plus grise et dure tout le temps que met la matière à blanchir, tandis que se fait « le changement du corps et de l’esprit  ». Cela se conçoit aisément, si nous revenons à nos ob-servations naturelles, concernant toujours notre grain de blé. Peu à peu, ce qui pouvait ressembler physiquement au grain disparait et change totalement d’aspect, tandis que l’on voit objectivement se développer le germe qui sort de son enveloppe. C’est pourquoi les alchimistes disent que, dans la seconde digestion, l’esprit apparaît, les éléments ressortent du chaos. « le Ciel et la Terre s’unissent pour mettre Saturne au monde ». Cette naissance de Saturne symbolisant la naissance du germe métallique, avec tout d’abord ses premières racines. Et comme les particules noires et corruptives disparaissent pour être remplacées par des particules blanches, ils s’expriment ainsi : « les petits corbeaux sont transformés en petites colombes ». D’autre part, si nous revenons à notre grain de blé, nous consta-

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tons qu’il ne sera bientôt plus alimenté par les éléments vivants dissous intérieurement dans le grain, mais par la terre elle-même, par la suite des racines qui cherchent à s’enfoncer dans le sol. Il n’est donc plus question du « mâle et de la femelle », mais de « l’Aigle et du Lion, qui se réunissent par un lien indissoluble ». L’Aigle étant la tige qui va com-mencer à s’élever lentement, et le Lion étant les racines qui vont prendre leur nourriture ailleurs que dans le grain pourri, mais dans la terre.

Et le Dragon descendu du Ciel sera détruit.Il dévorera sa queue et se métamorphosera

Voici encore une expression symbolique que nous retrou-vons dans tous les ouvrages d’alchimie, et dont il est question du-rant les deux premières phases que nous venons d’indiquer. Dans le cours de cette putréfaction, où le mâle était confondu avec la femelle, au dire des philosophes, et qu’ils appellent aussi «  her-maphrodite » est apparu un « horrible Dragon » que l’Adepte doit vaincre et détruire, afin de limiter son rôle destructeur et pour per-mettre à la semence minérale germée d’évoluer librement8. Quand il est dit que l’alchimiste doit tuer cet horrible dragon, nous nous trouvons en présence d’une opération très délicate, celle de la sépa-ration du Soufre et du Mercure, et l’élimination des particules no-vices et corruptives, afin de réaliser l’œuvre ultime, comme si l’on voulait aider la nature à accomplir son rôle créateur. C’est de lui-même que se fait cette séparation dans le grain, au moment où le germe commence à sortir, et que les racines commencent à pousser. Il n’est pas de même dans le cas de la préparation de la Pierre. Et c’est aussi pourquoi il est dit dans la «  table Emeraude »  : « Tu sépareras la Terre, le Subtil de l’Epais, avec délicatesse et une extrême prudence…  ». Cette opération conduit à limiter l’œuvre corrup-trice accomplie dans les deux premières digestions. C’est imiter le Créateur en prenant l’initiative de créer ou rassembler les éléments créateurs du germe, en séparant les deux natures polarisées, en les purifiant successivement avant de les conjoindre de nouveau avec 8 Généralement la lutte contre le Dragon, gardien et défenseur de la Matière Première, se fait au moement où l’Adepte tente de s’emparer de cette Matière Première.

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le germe, qui se trouve dans l’or et l’argent (double polarité), dis-sout avec l’Azoth des Sages ou Dissolvant Universel. Tuer le Dragon, c’est l’opération la plus dangereuse et la plus délicate, aussi bien pour l’œuvre à réaliser que pour l’Adepte. « Et Saturne fait naitre Jupi-ter ». C’est du moins ce que disent les ouvrages traitant la question. Nous arrivons à la troisième phase, dite de « réduction ». Après avoir opéré la « Conjonction du Soufre et du Mercure » qui est en l’oc-currence la réunion des deux principes purifiés, l’Adepte dissoudra de l’or vulgaire et de l’argent vulgaire, afin de libérer les principes vivants qui contiennent en eux-mêmes le germe métallogène, puis il confectionnera  : «  l’œuf Philosophique  » qu’il déposera ensuite dans «  l’Athanor », opérations successives que nous allons dévelop-per plus loin. On procèdera ensuite à la réduction. Cette digestion fournit la vie et y infuse toutes les vertus spirituelles qui lient l’âme au corps par la puissance de l’Esprit, ceci par l’effet de la dite conjonc-tion. En somme, elle rend au corps son esprit, que la volatilisation lui fait prendre, et elle le nourrit du lait spirituel en forme de ro-sée, jusqu’à ce que le petit Jupiter ait acquis une force d’Hercule. En se reportant à l’histoire du grain de blé, nous allons pou-voir nous expliquer toutes ces opérations. La naissance de Saturne correspond à celle des racines qui, les premières, sont sorties du grain germé. Puis elles ont engendré la naissance de Jupiter qui est la plante elle-même. Mais à partir du moment où la nouvelle plante germée a dû se nourrir en dehors de ce qui pouvait rester de la graine corrom-pue, il a fallu qu’elle trouve un nouveau terrain, et cela correspond à la nécessité de conjoindre le Soufre et le Mercure purifié et conjoint au germe métallogène, dissous et enrobé dans l’œuf philosophique, qui doit évoluer, pousser jusqu’à ce que le petit Jupiter ait une force convenable (ce qui est très compréhensible). Puis pour cela, il faudra l’arroser, le sécher et répéter les observations de la nature, comme c’est couramment le cas dans le cours des saisons avec la pluie et le soleil. D’ailleurs, il est dit  : « vois la rosée humectant la nature, ap-prends à connaître le feu secret, suis la nature dans son évolution. Dissous et coagule et donne-toi bien de te servir d’autre feu que celui du ciel ».

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Et voici d’autres analogies comparées à la nature humaine

Non seulement, les alchimistes observaient l’évolution de la nature végétale pour conduire leur opération du Grand Œuvre, mais aussi ils observaient le développement de la nature animale et de la nature humaine. Certains d’entre eux comparaient l’œuf Phi-losophique à l’œuf d’un oiseau. Pour eux, le blanc correspond au Mercure, le jaune au Soufre et la coquille au Sel. Dans cet œuf, ils faisaient grand cas de la nature du germe, et aussi de celle du germe du germe. Ils faisaient une différence entre l’œuf ordinaire non fé-condé, donc ne contenant pas en lui-même le « germe du germe » et par conséquent, n’étant pas susceptible de multiplication, par rapport à l’œuf fécondé, qui seul est capable de donner naissance à un autre oiseau. Ils mettent l’Adepte en garde dans la précipita-tion des opérations et dans la négligence qu’il pourrait commettre dans la confection de l’œuf Philosophique, capable de produire une Pierre, susceptible d’effectuer une transmutation vraie, qui ne se-rait pas dans la mesure de se multiplier sur elle-même. C’est le cas également qui se produit lorsque pousse une plante qui ne produit pas de nouvelles graines, ou un arbre qui ne donnerait pas de fruits. Des chercheurs peuvent parvenir, à force de travail t de persévérance à conjoindre le Soufre et le Mercure et à créer ce que les éleveurs appelleraient «  un œuf clair  », dont l’aboutisse-ment conduit à la réalisation de la Pierre, qui une fois utilisée en des proportions déterminées, assure une seule et unique transmu-tation, et c’est tout. Mais là, ce n’est pas la réalisation du Grand Œuvre, car l’alchimiste, une fois en possession de la vraie Pierre, est capable de la multiplier sur elle-même, et d’élever sa puissance, dix, cent et mille fois plus grande, et ceci à la septième puissance.

LE GERME DU GERME

D’après les ouvrages anciens, les occultistes disent : « Le germe du germe est conçu par l’étincelle divine de la Lumière astrale polarisée à son plus haut état d’Universalisation  ». D’autre part, on lit égale-

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ment : « C’est l’irradiation féconde du Verbe qui le détermine en prin-cipe »9. C’est certainement l’opération la plus secrète et la plus dif-ficile à réaliser. Elle relève d’une opération extrêmement délicate, nécessitant pour l’Adepte, un très haut degré de connaissances avec ce pouvoir mystérieux, de prendre contact avec tout ce qu’il y a de plus élevé sur le plan spirituel du règne minéral. Le germe lui-même est « le nœud d’union de la matière et de la vie entre le monde sensible et le monde hyperphysique. C’est la cellule organique où s’emprisonne l’âme vitale. C’est en un moi, la molécule qui tressaille et s’anime, la bernacle d’amour où se célèbre et s’accomplit des milliards de fois par seconde le mariage vivifiant de la Terre et du Ciel ». Il existe cette dif-férence entre le germe et le germe du germe : « L’irradiation féconde du Verbe détermine dans la première étape le germe du germe, tandis que le germe lui-même s’individualise dans la troisième étape au départ de réalisation parvenue au moyen terme entre la principiation et l’exis-tence ». Je pense qu’il doit être assez difficile de comprendre ce pro-cessus, pour celui qui n’est pas versé dans l’étude de l’occultisme. Sur ce plan de compréhension métaphysique, il suffit de lire les commentaires de Stanislas de Guaïta10 sur les versets de la Genèse de Moïse pour saisir. Mais nous n’entrerons pas dans tous ces détails, se serait sortir du cadre purement objectif de notre exposé. Par analogie, nous expliquerons ces trois étapes de la façon suivante : il suffit de considérer la première étape comme étant celle de l’acte sexuel qui a précédé à la naissance de l’œuf d’oiseau, la seconde étape comme étant un temps de gestation où l’œuf se développe par suite « d’extériorisa-tions successives », et la troisième étape correspondant au moment où l’œuf fécondé est formé, lequel contient en lui-même le germe et le germe du germe. Nous nous excusons de nous être attardés sur cette question, mais elle a toujours été passée sous silence dans la plupart des ouvrages d’alchimie, et cette négligence a été la cause de bien des échecs parmi les Adeptes qui, ayant réussi à faire une Pierre incomplète, ont détruit l’œuvre qu’ils avaient faite en voulant multiplier sa puissance. Nous retrouvons cette analogie grossière, mais exacte : Si vous disposez d’un œuf frais, non fécondé, vous avez toujours le choix de

9 Tiré de l’œuvre de Stanislas de Guaïla : Le Serpent de la Genèse.10 Stanislas de Guaïla dans Le Serpent de la Genèse.

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la consommer. Mais si vous le donnez à couver, non seulement il ne vous donnera rien, mais il se détruira, car il n’est plus utilisable à la consommation. Or, combien d’Adeptes sont arrivés aux termes de leurs travaux, où ils pouvaient réaliser la seule et unique transmu-tation que leur Pierre pouvait leur permettre, et qui ont gâché cette dernière dans les recherches de vaines multiplications, parce qu’ils avaient négligé d’introduire dans l’œuf Philosophique ce que nous appelons « le germe du germe ». Notons, à titre d’indication, que cette introduction du « germe du germe » dans l’œuf Philosophique se fait au moment où l’Adepte réaliser la conjonction du Soufre et du Mer-cure. C’est à ce moment-là « qu’il introduit l’étincelle divine de la Lu-mière métallique polarisée à son plus haut degré d’Universalisation », dans l’œuf Philosophique. Et cette opération extrêmement délicate a toujours été considérée comme le plus grand secret des alchimistes.

Et voici les couleurs de l’œuvre dans le cours de son évolution en fonction du temps

et de l’influence des astres

A partir du moment où l’œuf Philosophique est dans l’Athanor, il va se développer et passer par une suite de métamorphoses jusqu’à ce qu’il parvienne à l’état de perfection. Il passera par différents états et se colorera en conséquence. C’est la suite de ces différentes cou-leurs qui renseignent l’alchimiste sur l’évolution de l’œuvre. Après la couleur noire, nous avons vu qu’il se grisaille peu à peu pour passer au blanc (le noir – saturne- corruption, tête de corbeau ; le blanc - la Lune – ablution, terre blanche, feuillée ou petit élixir, etc…) pour al-ler au rouge (grand élixir ou Pierre Philosophale). Mais entre le blanc et le rouge, on voit apparaitre le vert et le bleu, les couleurs de l’arc-en-ciel ou du spectre solaire. Ces transformations sont très compré-hensibles si on les compare aux multiples transformations que prend une plante pour aller de la pousse verte à la maturité, ou si l’on vou-lait voir ce qui se passe dans un œuf d’oiseau pendant la couvaison. Raymond Lulle, dans sa « Théorie » nous dit : « La nature a fixé un temps pour la conception, un temps pour la grossesse et l’enfan-tement. Ainsi, l’alchimiste, après avoir fécondé la matière première,

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doit attendre le terme de la naissance. Quand la Pierre est née, il doit la nourrir comme un enfant jusqu’à ce qu’elle puisse supporter un grand feu ». Une très ancienne tradition établissait un rapport entre la révolution des sept planètes traditionnelles et le développement de l’embryon : « je dis que les sept planètes influencent la création de la Pierre Philosophale, comme elles influencent à ses différentes époques le développement eu fœtus. Le premier moi est le mois de Saturne qui est la planète du froid et de la sécheresse et rassemble toute la matière en une seule masse. Le deuxième mois est celui de Jupiter, qui par sa chaleur digère la masse, en fait un fait un morceau de chair, appelé embryon. Pendant le troisième mois, Mars différencie les membres. Le quatrième mois, le Soleil donne à l’embryon l’esprit et l’embryon commence à vivre. Le cinquième mois, Mercure façonne la bouche et les oreilles, les narines et les bronches. Le sixième mois est celui de Vé-nus, elle donne leur forme aux sourcils et aux yeux, elle fait les glandes. Dans le septième mois, la Lune dont l’action est froide et humide, prépare l’expulsion du fruit. S’il nait à ce moment, il pourra vivre. Le huitième moi, l’influence revient à Saturne et le neuvième mois à Jupiter. ». C’est pourquoi un enfant a plus de chance de vivre à sept mois qu’à huit mois. Remarquons en passant que ces correspondances planétaires relatives aux neuf mois de grossesse sont fort discutées. Néanmoins, les mêmes analogies sont à considérer en ce qui concerne le temps de « cuisson » de la Pierre, mais avec des nuances très différentes. L’essentiel est d’observer la nature et de la suivre dans ses métamorphoses, pour accomplir l’œuvre philosophale. On commencera aux semailles, après l’équinoxe d’automne, afin de pro-voquer la corruption pendant l’hiver. Et l’œuvre sera terminée en juillet ou en aout  ; le signe royal du Lion étant celui qui convient le mieux à la naissance de la Pierre au rouge. Certaines opérations suivent également le rythme des fêtes religieuses, lesquelles pos-sèdent un sens alchimique que certains auteurs ont déjà démon-tré. Dans « traité des Métaux » traduit de l’arabe, il est dit : « Sache que nulle plante, nul fruit ne peut se développer s’il ne vient pas tout d’abord vert. C’est pourquoi on a pu le comparer (l’élixir) à un bourgeon  ». D’ailleurs, dans beaucoup de traités, il est tou-jours question du fameux « Lion vert », et aussi du « Lion rouge ».

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Raymond Lulle dit aussi dans sa « Théorie » : « On doit faire at-tention dans la fabrication ou la transmutation d’un métal de se placer sous une influence céleste, propice, qui a le pouvoir de changer l’as-pect terreux du métal en un aspect brillant ». D’ailleurs, il est dit aussi que le moment doit aussi être choisi pour prendre l’Elixir de Longue Vie, et son efficacité varie avec le moment de la saison où on le prend. En ce qui nous concerne ici, les deux dates les plus importantes sont les deux équinoxes, celui d’automne qui prépare les deux premières digestions (« Solution et Ablution ») et où s’effectue la corruption, la séparation des deux principes Soufre et Mercure. Celui du printemps om se prépare l’œuf Philosophal, après avoir tué le Dragon et créé le germe et tout ce qui s’y rattache, et où se font les deux autres diges-tions (« la réduction et la fixation »). Enfin, disons aussi que l’Adepte choisit toujours la date la plus approchée des équinoxes et des solstices pour réaliser ses principales opérations. Il doit tenir compte du temps et des astres à tel point qu’il monte l’horoscope de ses principales opérations pour découvrir les erreurs ou les points faibles de se pré-paration, et il essaiera d’y parer. Remarquons que c’est surtout par la position des Luminaires qu’il choisira la date, nouvelle lune ou pleine lune. Les fêtes religieuses sont elles mêmes basées sur les lunaisons qui précèdent ou qui suivent les équinoxes et les solstices, et les opéra-tions alchimiques sont également en rapport avec les fêtes religieuses.

LES OPERATIONS DU GRAND ŒUVRE

Nous avons vu quelles étaient les observations à suivre dans la nature et sur tous ses règnes, pour comprendre la pen-sée des alchimistes, avec cette différence que la nature réalise elle-même toutes les opérations successives sans le secours de personne, tandis que l’artiste doit se servir de la nature pour me-ner à bien les diverses métamorphoses de l’œuvre. Mais il doit ré-aliser lui-même les opérations du Grand Œuvre pour aboutir au but. En somme il doit imiter le Créateur et agir comme lui. C’est ce qui fait penser que la prétention des alchimistes est une utopie.

Parmi les principales opérations qu’il doit réaliser, il faut citer :

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1. Le choix de la matière première et la préparation,2. La préparation du Mercure,3. La préparation du Soufre,4. La conjonction du Soufre et du Mercure,5. La multiplication de la Pierre,6. L’utilisation de la poudre de projection dans la transmutation des métaux.

Toutes ces opérations sont exprimées par des images et des symboles sur un vieil ouvrage que j’ai longuement com-pulsé11 et auquel je renvoie les lecteurs. On retrouve égale-ment ces mêmes symboles dans les ouvrages de Fucanelli12.

LES OPERATIONS PRELIMINAIRES

La première chose est de s’approprier à une date et un lieu, voire même à une heure déterminée la « Matéria-Prima » qui va ser-vir de point de départ aux travaux préliminaires. Tout repose dans le fait que cette première matière contient en elle-même cette na-ture métallique formée de Soufre et de Mercure, conjoints au Sel qui les tient et les assemble. C’est à l’adepte de trouver et d’appli-quer à la matière première le feu secret et de préparer le Dissolvant Universel dont le but est de dissoudre tous les métaux, en les ra-menant à leur première substance mercurielle. Il suffit de détruire le principe qui joint en lui le Mercure et le Soufre, ou première substance élémentaire. La séparation du Soufre et du Mercure mé-tallogène fait qu’ils récupèrent leur qualité végétative, de mort ou d’inerte qu’ils étaient auparavant. Ils redeviennent libres et vivants. C’est à la fin de la corruption que s’effectue la séparation des deux principes qui s’isolent plus facilement l’un de l’autre. Le Soufre prend une couleur plus brune, le Mercure plus léger, une couleur plus blanche et le Sel qui forme le résidu devient plus dense. Cette séparation première demande une grande attention et une parfaite connaissance des choses.11 Le Mutus Liber donne en cliché toutes les opérations successives de l’œuvre.12 Principalement dans le Mystère des Cathédrales, dont les nombreuses gravures sont riches en enseignement.

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PREPARATION DU SOUFRE ET DU MERCURE

Nous savons que ces deux choses n’existent pas l’une sans l’autre. Et malgré toutes les précautions prises, le Soufre séparé contient en lui, mais en plus petite quantité, du Mercure et du Sel. De même, le Mercure contient aussi du Soufre et du Sel. L’adepte de-vra donc procéder à plusieurs purifications successives jusqu’à ce qu’il obtienne la perfection. Remarquons ici que l’alchimiste, sur le plan où il travaille, c’est-à-dire sur la nature métallique vivante qui n’est pas encore fixée définitivement en un métal pur, peut isoler ce que nous pourrions appeler les particules positives d’un côté et les particules négatives de l’autre. Sa prétention dépasse le chimiste et le physicien qui arrivent de nos jours à dissocier l’atome mais restent impuissants à réaliser cette séparation. En effet, il n’a jamais été question de réunir tous les noyaux d’une côté et tous les électrons de l’autres. C’est là qu’apparaît le fait que l’alchimiste travaille sur un tout autre plan que le physicien. On trouve dans les différents ouvrages précités des in-dications précises sur les sept purifications successives des deux prin-cipes séparés, le Soufre et le Mercure et nous y renvoyons le lecteur.

LA CONJONCTION DU SOUFRE ET DU MERCURE

«  Le germe de l’or est dans l’or  » disent les alchimistes, et en dissolvant l’or et l’argent vulgaire dans «  L’Azoth des Sages  », l’adepte a libéré et renforcé les deux principes dont les noces pro-duiront le miracle de la Nature et de l’Art  : La Pierre Philoso-phale. La dissolution de l’or donne le Soufre métallogène évolué à sa perfection, tandis que la dissolution de l’argent vulgaire donne le Mercure métallogène évolué et amené à sa plus haute perfec-tion. En somme, Soufre et Mercure métallogènes isolés à l’état de pureté parfaite et réincrudés par «  l’Azoth des Sages  », constituent la matière prochaine de l’œuvre. Rien d’autre ne doit être enfermé dans l’œuf et soumis au feu progressif de l’Athanor, dont la cha-leur d’une seule lampe suffit pour conduire l’œuvre à sa perfection.

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LA MULTIPLICATION DE LA PIERRE

La Pierre, parvenue au rouge vif, après avoir passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel est ensuite fixée et on multiplie sa puissance en la dissolvant de nouveau dans dix fois son poids en « Azoth des Sages ». On recèle l’œuf une seconde fois et l’on recommence, de sorte que son pouvoir de transmutation sera exalté à la deuxième puissance. Et de ce fait, on peut quintupler la puissance de la Pierre, et envisager de réelles transmutations en très grosses quantités. Mais nous rappe-lons ce que nous avons déjà dit : les adeptes ont eu presque toujours la grosse déception de ne pouvoir réaliser cette multiplication, qui ne réussit que lorsque l’on est parvenu à la perfection, ce qui est très rare.

PROJECTION ET UTILISATION DE LA PIERRE

La pierre étant obtenue, la transmutation des métaux impar-faits, en or ou en argent, s’opère rapidement. Il suffit de la projeter dans la masse liquéfiée du métal que l’on veut anoblir, une petite quantité de la Pierre réduite en poudre fine et soigneusement en-robée dans un peu de cire, en forme de pilule. La question des rap-ports de poids entre la Pierre et la masse fondue dépend beaucoup de sa puissance. Mais en principe 100 grammes de Pierre peuvent transmuer 1 kilo de plomb. Multiplié à la deuxième puissance, il ne faudra plus que 10 gr. de Pierre pour obtenir la transmutation sur 1 kilo de plomb, etc… Certains auteurs disent qu’au moment de la transmutation, il est nécessaire de surchauffer un peu la tem-pérature du métal fondu. D’autres auteurs affirment avoir opéré à froid sur du Mercure vulgaire, mais il leur a fallu fondre ensuite la matière transmuée, pour pouvoir couler de l’or philosophal. Quelques autres applications  : La même Pierre dissolvant l’or-métal en or-liquide devenait par la suite un élixir parfait pour guérir toutes les maladies et pour conserver une éternelle jeunesse. Raymond Lulle écrivit également : « La Pierre porte aussi ses effets sur les plantes. Dissous au printemps un grain dans l’eau et arrose un cep de vigne, ton cep te donnera en mai des raisons mûrs ». Comme on peut le voir, les alchimistes voyaient surtout les choses sur le plan

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de la Nature. Ils cherchaient à l’imiter dans toutes ses manifestions et il ne nous paraît pas impossible que quelques-uns d’entre eux aient pu réaliser, quoi qu’on dise, la véritable Pierre Philosophale.

« SPES TANDEM AGRICOLASVANIS EZU DIT ARTISTIS »

Nous espérons maintenant que les analogies et observations soulevées dans le cours de notre exposé vous ouvriront des horizons nouveaux sur vos recherches alchimiques. Et nous vous invitons à revoir les nombreux ouvrages traitant la question où toutes les opé-rations sont expliquées en détail. Notre but étant de vous révéler les bases naturelles pour vous permettre de comprendre les symboles qui dans certains cas paraissent très obscurs. Nous sommes certains qu’après lecture de notre ouvrage, le voile de l’inconnu tombera plus vite et que vous pourrez œuvrer plus facilement. Nous n’avons pas la prétention d’avoir tout dit sur la question. Certaines analogies au-raient méritées d’être plus amplement développées, ne serait-ce que celle qui se rapporte à la liqueur saline, laquelle doit provoquer la cor-ruption de la matière première. Vous n’avez qu’à songer à l’agriculteur qui prépare son terrain en automne et qui le fume avant d’y introduire la semence, laquelle trouvera en terre les éléments digérés et corrup-tifs qui, par la chaleur intérieure, lui permettra de pourrir plus vite. Mais songez aussi à la catastrophe s’il y avait trop de fumier ou trop d’éléments corruptifs, capables de brûler la graine ou si par une fausse manœuvre, l’agriculteur, ne connaissant pas son métier, se prenait à fumer son champ au moment où la plante commence à pousser. La liqueur saline que vous ajouterez à la matière première et avec laquelle vous imbiberez, sécherez comme s’il se produisait une succession de coups de soleil et de pluie, doit donc être judicieuse-ment préparée, ni trop forte, ni trop faible. Et sachez que dissoudre, teinter, blanchir, calciner, rafraîchir, arroser, dessécher, coaguler, im-biber, cuire, fixer, humecter, distiller signifient tous la même chose : la préparation du Grand Œuvre. Mortifier, c’est tuer, sublimer, c’est rendre solide, distiller, c’est putrifier, calciner, c’est brûler. Dissoudre, c’est rendre liquide. Résoudre, c’est colorer. Coaguler, c’est sécher.

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CONCLUSION

Et pour terminer notre sujet, nous donnerons en synthèse les dernières analogies qui ne doivent pas manquer de faire réfléchir tous les chercheurs qui s’intéressent à la philosophie hermétique par rapport à ce qui est devenu par la suite, la science positive appli-qué à tout ce qui touche le domaine de la vie en général. Des cher-cheurs ayant perdu peu à peu la connaissance secrète de l’Alchimie végétale, pensaient retrouver l’élixir dans la distillation de l’alcool. Nous ferons simplement remarquer que le fait de distiller uni-quement des fruits mûrs, parvenus en somme au stade de leur évo-lution maxima, il est impossible d’attendre de cette distillation de l’alcool, la réalisation d’une liqueur capable de posséder en potentia-lité, les éléments dynamiques pouvant prolonger la vie ou provoquer un rajeunissement quelconque. Seul l’alcool bien fait, c’est-à-dire « à l’ancienne » peut être un élément de réconfort immédiat, ayant une profonde répercussion sur la psychisme. Quant au mauvais alcool, il tue et détruit, surtout lorsqu’il est consommé d’une façon exagé-rée. Le petit Elixir, celui qui possède en potentialité des éléments de conservation et de rajeunissement est obtenu par la « distillation » des bourgeons et des plantes. C’est cette véritable « EAU DE VIE » qui ne ressemble en rien à l’eau-de-vie vulgaire, à base d’alcool, qui est l’Elixir dont nous avons donné ici dans ce livre, les éléments de constitution. Sur le plan du règne minéral, nous pouvons faire les mêmes observations, et Paracelse l’avait très bien compris. Toute médica-tion qui consiste à introduire dans le corps humain des substances tirées des minéraux, même réduites en particules extrêmement fines (colloïdes par exemple) ne peuvent qu’apporter un stimu-lant immédiat dont l’efficacité n’est pas niable. Mais aucun es-poir de réaliser avec ces minéraux parvenu au stade de corporifica-tion une médication capable de conserver et d’entretenir la vie, ni de vaincre la décrépitude. Ils donnent au physique ce que l’alcool donne au psychisme et présentent les mêmes inconvénients que l’alcool lorsqu’ils sont absorbés en trop grande quantité. Remar-quons toutefois que judicieusement dosés (alcool et minéral formant une médication parfaite), ils peuvent donner des remèdes pouvant

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vaincre la maladie. C’est d’ailleurs ce que nous utilisons aujourd’hui. L’Elixir capable de rajeunir et de vaincre la décrépitude est tiré de la semence du minerai avant qu’il se soit fixé, c’est-à-dire du Soufre et du Mercure des Alchimistes. Et nous terminerons en faisant re-marquer l’identité de vue et de correspondance qui existe entre la médication moderne (alcool et minéraux) et la médication des al-chimistes (Elixir tiré des végétaux et des minéraux). Et nous ne ca-cherons pas que le véritable ELIXIR PARFAIT, celui qui doit assurer la longévité pendant des siècles (selon la légende des Alchimistes) est obtenu par la conjonction du petit Elixir, tiré des végétaux avec celui tiré des minéraux. Puisse-t-il un jour exister un alchimiste ca-pable de nous assurer la vie perpétuelle ? Cet alchimiste est DIEU, parce qu’il nous promet cette vie perpétuelle lorsque nous seront tous parvenus au stade de perfection de la fin de notre évolution.

RUMÉLIUS

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TABLE DES MATIERES

Introduction.................................................................................

PREMIERE PARTIE

- L’Alchimie végétale ...................................................................

- Conceptions des Anciens Mages sur la façon d’opérer pour

s’approprier la vertu des plantes et leur puissance vitale ...............

- L’élixir de Longue Vie ...............................................................

- Renseignements pratiques concernant les opérations de cueil-

lette des plantes pour la teinture de printemps ............................

- Préparation de la teinture d’automne ........................................

- Renseignements pratiques concernant les opérations de cueil-

lette des plantes pour la teinture d’automne ................................

- Renseignements pratiques concernant la conjonction du Soufre

et du Mercure .............................................................................

DEUXIEME PARTIE

- L’Alchimie minérale ..................................................................

- Le secret du Vieillard des Pyramides .........................................

- La Matière Première des Alchimistes ........................................

- Le Grand Œuvre des Alchimistes se conduit en imitant la na-

ture .............................................................................................

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- La naissance de Saturne ............................................................

- Saturne fait naître Jupiter ..........................................................

- Les couleurs de l’œuvre dans le cours de son évolution .............

- Les opérations du Grand Œuvre ...............................................

- Préparation du Soufre et du Mercure ........................................

- Conjonction du Soufre et du Mercure ......................................

- Conclusion ...............................................................................

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