l’échographie endocavitaire en proctologie

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Dossier thématique V. de Parades* Introduction ou histoire d’un succès… nitialement mise au point pour l’ex- ploration de la prostate, l’échographie endo-rectale est apparue dans les années 1950 (1). Elle a été secondairement adap- tée à l’étude du tube digestif où elle a per- mis de trouver un excellent compromis entre une haute fréquence, donnant une résolution axiale satisfaisante et une bonne définition d’image, et une profondeur de champ réduite, la sonde étant au contact de la zone étudiée. Elle s’est notamment déve- loppée en pathologie proctologique où elle connaît un essor considérable depuis une quinzaine d’années (2). Il existe divers types de matériels : les sondes rigides, ne comportant pas d’op- tique et introduites à l’aveugle dans le canal anal, ou les échoendoscopes, souples, béquillables et comportant une optique. Parmi ces divers transducteurs, dont la fréquence varie entre 5 et 10 MHz, les sondes radiales fournissent des images transversales sur 270 à 360 ° de circonfé- rence, perpendiculaires à l’axe du trans- ducteur, alors que les sondes linéaires fournissent des images longitudinales sur un angle de 120 à 160 °, parallèles à l’axe du transducteur. L’extrémité de la plupart de ces sondes est recouverte par un bal- lonnet, rempli d’eau dégazée, fournissant une interface acoustique entre le trans- ducteur et la paroi. L’utilisation de ce bal- lonnet est optimale au niveau de l’am- poule rectale mais peut se révéler difficile, voire désagréable, au niveau du canal anal. La firme danoise Bruel & Kjaer a donc mis au point un cône rigide écho- transparent, de 10 ou 23 mm de diamètre, qui fournit des images du canal anal d’ex- cellente qualité et a largement contribué au développement de l’échographie endo- cavitaire en proctologie. En outre, les modalités de la technique sont simples. L’examen est réalisé en ambulatoire. Il est habituel de faire un lavement évacuateur rectal préalable. Le patient est installé en décubitus dorsal ou latéral. La sédation est le plus souvent inutile. Les images sont étudiées au fur et à mesure du retrait pro- gressif de la sonde (2-4). En pratique, par une meilleure connais- sance de l’anatomie, l’échographie endo- anorectale s’est notamment imposée dans le bilan de l’incontinence anale, a contri- bué à faire progresser la prise en charge des suppurations et des cancers de l’anus, et semble également intéressante dans les troubles de la statique pelvi-rectale. Nous avons voulu faire le point sur l’apport de l’échographie endo-cavitaire dans ces diverses indications. Suivez le guide ! R ÉFÉRENCES 1. Wild J, Reid J. Diagnostic use of ultrasound. Br J Physiol Med 1956 ; 19 : 248-57. 2. Damon H, Henry L,Valette PJ, Mion F. Apport de l’échographie endo-anale dans les affections procto- logiques non tumorales. Gastroentérol Clin Biol 2001 ; 25 : 35-44. 3. Law PJ, Bartram CI. Anal endosonography : tech- nique and normal anatomy. Gastrointest Radiol 1989 ; 14 : 349-53. 4. de Parades V, Atienza P. Échographie endo-anale. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Gastro-entérolo- gie, 9-014-R-15, 1997, 6 p. * Service de proctologie médico-chirurgicale, hôpital des Diaconesses, Paris. Le Courrier de colo-proctologie (III) - n° 3 - juillet - août - septembre 2002 80 L’échographie endocavitaire en proctologie Coordination : V. de Parades “Soigneusement revisite les livres des médecins grecs, arabes et latins, et par fréquentes anatomies acquiers parfaite connaissance de l’autre monde.” Rabelais, 1494-1553 I

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Page 1: l’échographie endocavitaire en proctologie

D o s s i e r t h é m a t i q u e

● V. de Parades*

Introduction ou histoire d’un succès…

nitialement mise au point pour l’ex-ploration de la prostate, l’échographie

endo-rectale est apparue dans les années1950 (1). Elle a été secondairement adap-tée à l’étude du tube digestif où elle a per-mis de trouver un excellent compromisentre une haute fréquence, donnant unerésolution axiale satisfaisante et une bonnedéfinition d’image, et une profondeur dechamp réduite, la sonde étant au contact dela zone étudiée. Elle s’est notamment déve-loppée en pathologie proctologique où elleconnaît un essor considérable depuis unequinzaine d’années (2).

Il existe divers types de matériels : lessondes rigides, ne comportant pas d’op-tique et introduites à l’aveugle dans lecanal anal, ou les échoendoscopes,souples, béquillables et comportant uneoptique. Parmi ces divers transducteurs,dont la fréquence varie entre 5 et 10 MHz,les sondes radiales fournissent des images

transversales sur 270 à 360 ° de circonfé-rence, perpendiculaires à l’axe du trans-ducteur, alors que les sondes linéairesfournissent des images longitudinales surun angle de 120 à 160 °, parallèles à l’axedu transducteur. L’extrémité de la plupartde ces sondes est recouverte par un bal-lonnet, rempli d’eau dégazée, fournissantune interface acoustique entre le trans-ducteur et la paroi. L’utilisation de ce bal-lonnet est optimale au niveau de l’am-poule rectale mais peut se révéler difficile,voire désagréable, au niveau du canalanal. La firme danoise Bruel & Kjaer adonc mis au point un cône rigide écho-transparent, de 10 ou 23 mm de diamètre,qui fournit des images du canal anal d’ex-cellente qualité et a largement contribuéau développement de l’échographie endo-cavitaire en proctologie. En outre, lesmodalités de la technique sont simples.L’examen est réalisé en ambulatoire. Il esthabituel de faire un lavement évacuateurrectal préalable. Le patient est installé endécubitus dorsal ou latéral. La sédationest le plus souvent inutile. Les images sontétudiées au fur et à mesure du retrait pro-gressif de la sonde (2-4).

En pratique, par une meilleure connais-sance de l’anatomie, l’échographie endo-anorectale s’est notamment imposée dansle bilan de l’incontinence anale, a contri-bué à faire progresser la prise en charge dessuppurations et des cancers de l’anus, etsemble également intéressante dans lestroubles de la statique pelvi-rectale.

Nous avons voulu faire le point sur l’apportde l’échographie endo-cavitaire dans cesdiverses indications. Suivez le guide ! ■

R É F É R E N C E S

1. Wild J, Reid J. Diagnostic use of ultrasound. Br JPhysiol Med 1956 ; 19 : 248-57.

2. Damon H, Henry L, Valette PJ, Mion F. Apport del’échographie endo-anale dans les affections procto-logiques non tumorales. Gastroentérol Clin Biol2001 ; 25 : 35-44.

3. Law PJ, Bartram CI. Anal endosonography : tech-nique and normal anatomy. Gastrointest Radiol1989 ; 14 : 349-53.

4. de Parades V, Atienza P. Échographie endo-anale.Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Gastro-entérolo-gie, 9-014-R-15, 1997, 6 p.

* Service de proctologie médico-chirurgicale,hôpital des Diaconesses, Paris.

Le Courrier de colo-proctologie (III) - n° 3 - juillet - août - septembre 200280

L’échographie endocavitaire en proctologieCoordination : V. de Parades

“Soigneusement revisite les livres des médecins grecs, arabes et latins,

et par fréquentes anatomies acquiers parfaite connaissance de l’autre monde.”

Rabelais, 1494-1553

I