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293 - Décembre 2010 - dix-septième année Politique . Économie . Finance . Culture Stéphane Boulakia grandes options pour l’agriculture cambodgienne Nicolas Deviller Directeur de la SCA Partenariat Public—Privé le système des concessions Confection, Tourisme: les derniers chiffres Salon du luxe à Phnom Penh: six interviews d’exposants

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Page 1: le système des concessions - WordPress.comGrace à nos collègues thaïs nous avons pu faire une série de recherches ethnographiques au sein de la communauté Kouy de Surin. Il n’y

N° 293 - Décembre 2010 - dix-septième année

Politique . Économie . Finance . Culture

Stéphane Boulakia

grandes options pour l’agriculture cambodgienne

Nicolas Deviller Directeur de la SCA

Partenariat Public—Privé

le système des concessions

Confection, Tourisme: les derniers chiffres

Salon du luxe à Phnom Penh: six interviews d’exposants

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Décembre 2010 CAMBODGE NOUVEAU

recherches nouvelles sur la route Angkor - Phimai

Im Sokrithy co-directeur du LARP

Living Angkor Road Project

La route angkorienne d’Angkor à Phimai, 245km, ici jusqu’à la frontière thailandaise. Coté cambodgien on a retrouvé 32 ponts de pierre. Sur l’en-semble de l’itinéraire: 17 gites d’éta-pes, distants de 10 à 20 km, 8 coté cambodgien, 9 coté thailandais.

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Route Angkor—Phimai Spean Hal

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Décembre 2010 CAMBODGE NOUVEAU

C ette voie angkorienne Ang-kor—Phimai est l’un des

cinq axes routiers qui rayon-naient à partir de la capitale

de l’empire khmer. Repé-rée de longue date par

l e s archéologues fran-çais, elle fait depuis que l - ques années l’ob-jet de recherches nou-v e l l e s menées par une équi- pe de spécia-l i s t e s khmers et thaïs dans le cadre du programme L A R P Living Angkor R o a d Project. M. Im Sokri- t h y , co-directeur du p ro -jet, qui avait fait une conférence sur ce sujet au mois d’avril dernier au centre Culturel (cn 287) a bien voulu ré-pondre de façon détail-lée à nos questions.

une équipe Khmère et Thaie

L’équipe qui travaille sur ce sujet compte, du coté cambodgien (Autorité Apsara) 8 personnes dont 5 archéolo-gues, et du coté thaï 7 spécialistes rele-vant de quatre universités, beaucoup d’étu-diants diplômés ou non, et 2 conseillers de chaque coté. Les recherches sont menées d’une part à partir de sources d’informations existantes: le voyageur chinois Tcheou Ta Kouan pour les auteurs anciens, et les études plus récentes réalisées sur les différents su-jets qui nous concernent. Ces sources écrites nous don-nent une vue générale du sujet et nous indiquent les scien-ces et les techniques dont nous aurons besoin sur le terrain. Les recherches se font d’autre part sur le terrain, avec divers véhicules, 4x4, motos, charrettes à bœufs, et principalement la marche à pied, seul moyen d’arriver jusqu’aux sites. Nous avons beaucoup travaillé avec les responsables des communautés loca-les, les anciens, les prêtres, les bonzes, ... Le projet comporte deux phases. Pour la phase I, on pratique des expériences géo-physiques du coté thaïlandais; des fouilles archéologiques des deux cotés; nous créons une base de don-nées en confrontant ces recherches sur le terrain et les informa-tions précédentes; nous faisons une analyse intégrée de toutes

les informations; et à partir de là nous vérifions nos hypothèses. la voie royale, toujours visible et respectée

Cette voie angkorienne, elle est encore presque partout visible sur le terrain. Elle était en général en ligne droite, mais elle a subi des détournements en certains endroits. Du coté cambodgien nous avons trouvé des informations extrè-mement importantes auprès des gens qui habitent sur place et qui appellent cette route Preah (glorieuse, illustre, sacrée) Kunlong (chaussée, route, chemin, piste). Le terme vrah ganlon trouvé sur une inscription du Xème siècle signifie littéralement voie royale. Les gens qui habitent aux environs la vénèrent encore, personne ne s’aviserait de l’endommager. Les gens disent que cette voie commence à Angkor et qu’elle va à Angkor Reach (que l’on ap-pelle aujourd’hui Korat), au Siam. Ils ne connaissent pas le nom de Phimai, qui se trouve en fait sur le plateau de Korat. La phase 2 du projet comporte l’étude des industries anciennes situées le long de cette route –nous les avons découvertes acci-dentellement- et celle des communautés qui ont vécu là. Nous souhaitons étudier conjointement l’archéologie et l’ethnographie tant au Cambodge qu’en Thaïlande. Nous avons étudié aussi une communauté ancienne vivant dans un hôpital, c’est le point de

départ d’une étude de «communautés hospitalières». les ateliers de fonderie du fer

Au fur et à mesure de nos investigations, nous avons découvert de plus en plus de sites de fonderies et de

fabriques de céramiques, ce qui nous a amenés à ajouter «et les anciennes industries» aux objectifs

de nos études. Les sites de fonderies anciennes se présen-

tent comme des monticules, quelquefois de 2 à 3 m de haut, quelquefois de 5 à 8 mè-

tres (photo). Les gens qui habitent dans les alentours, des deux cotés de la

frontière, les appellent phnom Ach Dek, c'est-à-dire littéralement mon-

tagne de scories de fer. Nous ne savons pas qui

étaient ces travailleurs du fer. Je ne saurais nommer aucun

groupe ethnique avec certi-tude, mais depuis la fin du

XIXème siècle les cher-cheurs occidentaux

ont observé que l’ethnie Kouy

p r a t i q u a i t toujours la

fonderie e t l e t r a - v a i l du fer dans la r é -gion de l’ancienne province de K o m p o n g Svay. Les outils de fer de Kompong Svay étaient répu-tés dans la société cambodgienne. Et aujourd’hui encore, lors des cérémonies de mariage, il y a un rituel où un Achar, un prêtre, dance face au couple avec une épée à la main, accompagné par un chant qui, dit, littérale-ment : (suite p. 14)

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Phimai

la voie royale Angkor—Phimai

monticule d’une ancienne fonderie de fer

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Décembre 2010

CAMBODGE NOUVEAU

« O épée, épée de fer ! Voici une merveilleuse épée qui a été faite en fer de Kompong Svay ... ».

Fondeurs et forgerons Kouy Grace à nos collègues thaïs nous avons pu faire une série de recherches ethnographiques au sein de la communauté Kouy de Surin. Il n’y a plus de fonderies à Surin mais il y a toujours des forgerons kouy. Si l’on considère les temps anciens, on voit que certaines minorités ethniques ont travaillé pour la cour royale angko-rienne. Les Kouy étaient l’une de ces minorités qui vivaient en étroites relations avec la majorité khmère. Les minorités qui travaillaient pour la Cour avaient la charge de deux do-maine: les éléphants, et le fer. Peut-on imaginer combien la Cour et l’armée utilisaient

d’éléphants ? Combien de tonnes de fer ont été utili-sées dans la construction des temples, pour cons-truire le sys-tème hydrauli-que, pour le travail agri-cole et, bien sur, pour la f a b r i c a t i o n des armes ? On n’a pas retrouvé d’ob-

jets en fer. Les sites de fonderie que nous avons trouvés n’en produisaient pas, mais seulement du fer. A partir de ce métal on forgeait ailleurs beaucoup d’objets pour les usages que nous ve-nons de mentionner. On a trouvé au total le long de ces 245 km plus de 10 sites du coté cambodgien, et 67 du coté thaïlandais. En ce qui concerne la céramique, nous avons trouvé à peu près 100 sites des deux cotés. S’agissant des gîtes d’étape (rest-houses), construits le long de cette route, nous en avons trouvé 17, exactement comme l’indi-quait une inscription du 12ème siècle, 8 du coté aujourd’hui cam-

bodgien, et 9 du coté thaïlandais. Pour les ponts en pierre, on n’en a trouvé que du coté cambod-gien, 32 au total. Le plus long mesure 150 m de long et 15 m de large. Le plus court, qui était peut-être une buse, 6m50 de long et 7 m de large. On a identifié au total 8 chapelles d’hôpitaux. Toutes ces structures sont toujours là, certai-nes ont été pillées, endommagées. Pour les ponts, certains sont encore utilisés. Tout le monde peut visiter celles qui sont proches de la route moderne, ou près des villages. Mais pour la plupart elles sont vrai-ment difficiles à trou-ver, étant dans des endroits très isolés, et parfois dans une zone encore minée. Nous n’avons pas dé-couvert d’objets d’arti-sanat. Cela ne signifie

pas qu’il n’y en ait pas. Mais je préfère me concentrer sur les structures de temples., dit Im Sokrithy. Il en existe de magnifiques sur cet itinéraire: Prasat Kol (Siem Reap), Prasat Ta Mean sur les Dangrek, Prasat Muang Tam et Phnom Rung à Buriram, etc … Nous découvrons qu’il reste a acquérir une énorme quantité de connaissances, par exemple dans la région de Ban Kruad et de Prey Sanlong, et dans la région du Phnom Dek coté cambodgien. -

la voie royale Angkor - Phimai

Ci-contre le Spean Top, ou O’Chik, ou Spean Boran, sur la route 68 de Kralanh à Samraong. Non loin, au N-O du pont, atteignable à pieds, se trouve la cha-pelle désaffectée d’un ancien gite d’étape (photo; -voir Guide Total des Routes p. 41). D’autres routes angkoriennes ont fait l’objet de recherches récentes, notamment par le Bureau de l’Inventaire du ministère de la Culture sous la direc-tion de Bruno Bruguier, qui a établi une carte des sites archéologiques du Cambodge (carte voir Guide Total des Routes et du Tourisme p. 35). La très intéressante voie de Beng Mealea au Preah Khan de Kompong Svay (proche du Phnom Dek, où se trouve le minerai de fer), (route 66), avec quel-ques beaux ponts et gîtes d’étape est encore très difficile d’accès (ndlr).

fonderie Kouy (source « Un hiver au Cambodge », Edgar Boulanger, Alfred Mame 1887

chapelle proche du spean Top

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D e ce salon, qui s’est tenu du 12 au 14 novembre sur deux

étages de la tour Canadia, on peut dire qu’il a été un demi-succès. Les visiteurs ont été nettement moins nombreux que prévu. Un critère majeur cependant: les exposants s’en déclarent satisfaits; s’il y a un nouveau salon l’année pro-chaine, ils reviendront. Nous avons rencontré quelques-uns des exposants. Damian Spencer White, président Damian by Mischelle Le joailler Damian est relativement peu connu du grand

public parce qu’il n’a pas de magasins: il ne propose ses créations, dont son épouse Michelle, française, est desi-gner, que sur rendez-vous, à une clien-tèle de riches amateurs. «Nous sommes installés à Singapour depuis 10 ans: nous avons deux ate-liers, à Ho Chi Minh et à Bangkok. No-tre entreprise est verticalement inté-grée, c'est-à-dire que nous faisons tout nous-mêmes.

« Selon le design choisi par le client avec Mischelle - les entretiens peuvent durer de 3 semaines à 6 mois … le plus souvent un mois- nous recherchons les pierres précieuses dans le monde entier, nous réalisons la taille, nous fabriquons l’or de la couleur souhaitée (il peut être noir, blanc, jaune, rose ...), nous réalisons la fonte de cet or, le montage … «Nous proposons 325 designs, mais ils peuvent être modi-fiés selon le souhait personnel du client. En fait nos bijoux sont le plus souvent créés à un seul exemplaire, ce sont des pièces uniques. «Selon le design convenu, nous recherchons les pierres dans le monde entier, les saphirs et les rubis viennent du Myanmar, de Thaïlande, du Sri Lanka, de Madagascar, de Tanzanie; la tourmaline, l’émeraude d’Amérique du Sud, … «Nous utilisons beaucoup les perles, pour des bijoux, des colliers, il en existe des blanches, des dorées, des grises, des noires ... «Les prix ? Cela peut aller de 6 à 7000 dollars jusqu’à un demi million … tout dépend des pierres, il n’y a pas de limites. Un beau saphir peut valoir de 6 000 à 20 000 dollars le carat. On associe souvent un saphir à des diamants pour l’alliance des couleurs. Pour les diamants, les prix peuvent être extrê-

mement élevés, un diamant bleu peut valoir un million de dol-lars le carat … Plus la pierre est grosse, plus la valeur du ca-rat augmente, à cause de la rareté. «Oui nous pensons qu’il existe un marché à Phnom Penh. Ce salon est un premier pas, un commencement. Nos clients vont acheter dans le monde entier, ils viennent de Phnom Penh à Singapour, mais il est facile pour nous de venir de Ho Chi Minh. Nous viendrons à Phnom Penh régulièrement, pour des présentations privées en hôtel, comme le Royal ou le futur Sofitel, … Oui, ce premier salon nous plait, ce lieu dans la tour Canadia est « great ». S’il y a un autre salon, nous y parti-ciperons». Madame Oum Sophea Golden Silk J’ai créé Golden Silk en 2002 à Siem Reap et nous em-ployons actuellement un peu plus de cent personnes. Notre

activité recouvre l’ensemble des secteurs de la soie : depuis la production jusqu’au tissage. Ceci afin de garantir un niveau de qualité optimal de la matière première jus-qu’à nos produits finis : articles de confec-tion (écharpes, robes, sampots,…) et arti-cles d’ameublement (nappes, coussins, rideaux, couvertures, …). Deux caractéristiques distinguent nette-ment Golden Silk: - nous travaillons uniquement avec de la soie khmère (d’où notre nom),

- et nous utilisons uniquement des colorants naturels. Cette «soie dorée» khmère est plus veloutée au toucher, elle est très adaptée au climat cambodgien, et agréable à porter. Les caractéristiques de notre soie proviennent du ver cam-bodgien: son fil au lieu d’avoir 2 km de long comme celui des cocons blancs n’a que 200 m; de sorte que le prix de revient est 10 fois plus élevé; c’est pourquoi on ne l’utilise presque plus et qu’il convient d’en faire des produits exceptionnels. Pour les couleurs naturelles, elles sont très douces, et contrairement à ce que l’on croit elles résistent très bien au temps, on peut les laver à l’eau froide. Ces couleurs sont obte-nues à partir d’écorces, de fleurs, de plantes, de racines … qu’il faut savoir trouver. Le rouge , par exemple, vient de la cochenille, le jaune de l’écorce d’arbre de « prohut ». Nous travaillons selon des techniques anciennes, par exemple un métier à tisser à complications qui a 4m de haut et 4m de long, avec 3 à 5 opératrices. Nous reproduisons des pièces anciennes, à partir de sampots de la cour, des «piddan», pièces représentant des épisodes de la vie de Bouddha que l’on offrait autrefois aux pagodes. Nos productions sont ainsi des pièces uniques, très sophis-tiquées pour leur matière, leurs couleurs, leurs motifs et pour leur technique (tissus double face par exemple), ce sont par-fois «des pièces de musée». Tout cela est le résultat de plu-sieurs années de recherches. Les prix sont naturellement en fonction: une taie d’oreiller 85 dollars, une écharpe 190, 250, 400 ou 500 dollars ... Les ventes se font sur rendez vous, nous avons eu de régu-liers achats pour des cadeaux diplomatiques…. Nous avons inauguré le 15 novembre 2010, un magasin au nord de Siem Reap, à Wat Prey (entre le Sra Srang et Banteay Srei). Le très talentueux designer Keo Lim (haute couture à Paris) a créé pour Golden Silk une collection de magnifiques robes utili-sant une technique différente pour chaque chef d’œuvre. La robe que nous exposons ici, entièrement recouverte de cocons jaunes a obtenu en 2004 le premier prix à la biennale internatio-

le premier Salon du Luxe à Phnom Penh

Salon du luxe : à suivre ! Ce salon du luxe et des arts de vivre est commenté diverse-ment. Les critiques: - les visiteurs n’ont pas été assez nombreux. On ne pouvait y venir que sur invitation et il aurait fallu envoyer beaucoup plus d’invitations. Il y a eu aussi coincidence de ca-lendrier avec d’autres événements. - Les conférences données par M. Denis Morisset ont été peu suivies. Mais le diner de gala, avec défilé de mode de Gabriel Couture, a été très apprécié. - La communication : les efforts réels des organisateurs –la Chambre de Commerce Franco-Cambodgienne- pour informer la presse n’ont pas eu tout l’effet escompté. - Du coté des exposants les avis sont partagés: ceux qui ve-naient pour mieux faire connaître leur marque, créer des contacts, qui vendent habituellement sur rendez-vous, sont contents; ceux qui venaient pour vendre ont peu vendu. Les plus prudents n’ont payé leur redevance qu’en fonction de leurs ventes. - Les accords entre les organisateurs, Khmer Incom et la CCFC sont peu transparents. Au total les retombées financières sont minces. Les laudateurs: pour un premier essai, c’est très bien ! Mais il faudra tirer les leçons, corriger les faiblesses.

Au nombre des 33 exposants, nous n’avons pas pu interviewer faute de place notamment: Malongo, Gaya, Ford, Canadia Bank, Maxim’s, GPME Rhône, Raffles, Davidoff, Kenzo, Korloff (des bagues, des montres), Gabriel Couture (auquel on doit le défilé de mode lors de la soirée de gala), Petit Bateau, Baby Dior, Rykiel enfant, La Perla, TAG-Heuer, DKNY, Versace, Antik Batik, Catherine Denoual, …

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CAMBODGE NOUVEAU

nale de St Etienne parmi plus de 25 pays participants. Ce salon du luxe a fait découvrir la qualité de la production cambodgienne. Les Cambodgiens eux-mêmes n’en reve-naient pas: «Nous pouvons rivaliser avec les meilleurs !» Tran Thi Hoai Anh Global Link Créée en 2006, cette société vietnamienne, installée à Ha-

noi et à Ho Chi Minh (avec un magasin époustou-flant), compte aujourd’hui 150 personnes. Son activi-té: elle a la représentation exclusive pour le Vietnam de robes, de sacs, de chaussures de grandes marques telles que Given-chy, Lanvin, Balanciaga,

Marc Jacobs, Chloe, Sergio Rossi, Eres, Kiton, Loewe, Brioni … Ce sont des modèles standard, qui sont disponibles dans toutes les tailles; ils connaissent un grand succès auprès d’une population jeune en pleine évolution. Les prix ? Un sac, une paire de chaussures peuvent coûter de 500 à 1000 dollars … «C’est la première fois que nous venons à Phnom Penh, et je suis fière d’introduire ces belles choses au Cambodge. «Les jeunes ici sont intéressés par ces produits de luxe, et j’apprécie beaucoup leur comportement. Est-ce qu’ils corres-pondent à leurs goûts ? C’est plutôt l’inverse, les jeunes ont là l’occasion d’acquérir des idées, d’observer les goûts contem-porains. Ma réponse est que dans ce domaine ce sont les designers qui créent le goût. On adopte le design d’une mar-que, on est fier de la porter ! «Oui je suis contente de ce salon, s’il est renouvelé l’année prochaine, je reviendrai». Seng Sreang Pierres précieuses de Païlin «Il y a encore des rubis et des saphirs à Païlin, et des exploitants privés, environ une centaine, mais les surfaces où l’on peut chercher ont beaucoup diminué, de peut-être 100 000 ha à un millier d’ha environ. Moi-même j’ai un terrain, et des ouvriers. Où ? C’est un secret. Les Thaïlandais ont beaucoup exploité, emporté beaucoup de terre, mais on trouve encore des pierres en creusant plus profond. Les rubis de Pailin ont une couleur bien plus belle que ceux de Birmanie. Beaucoup de rubis vendus en Thaïlande viennent en réalité de Païlin. La valeur dépend de la qualité, de la couleur, du poids. Un rubis venant d’Afrique peut valoir 20 dollars le carat; un joli rubis de Païlin: 700 dollars et davantage ... Il y a des Coréens, des Russes qui creusent aussi, on parle

de Vietnamiens qui ont obtenu de grandes concessions … Est-ce qu’on peut vivre de ce métier ? Oui si l’on a la chance de trouver de grosses pierres. Il existe des rubis et des saphirs de Païlin de plus de 4 carats. Moi-même j’ai un rubis de 5,23 carats, que je vends 170 000 dollars. Mais ce que je vends le plus ce sont de petits rubis. Patrick Normand, managing director Chopard, Genève « Chopard est depuis 150 ans une entreprise familiale

suisse spécialisée dans les montres et la joaillerie de grand luxe. Notre originalité par rapport à d’autres fabricants ? - Notre indé-pendance, nous ne faisons partie d’aucun groupe -nous fabriquons nos propres mou-vements à tourbillon-, nos productions sont le reflet de la passion d’une famille, Scheu-fele; - et nous sommes l’une des rares en-treprises qui allient les montres et la joaille-rie, pour femmes et hommes. « Chopard compte actuellement environ 1800 personnes, le plus grand nombre

employés dans nos ateliers; et nous avons 120 boutiques dans le monde. « La valeur principale de nos montres vient de la joaillerie. Les prix peuvent aller de 3—4000 dollars à plus de 1 million … cela dépend de la joaillerie, des pierres … On achète aussi une qualité, un nom ! « Depuis quelque temps, nous voyons bien, de Singapour, que les choses changent au Cambodge, que l’on y marque de l’intérêt pour Chopard. Ce premier Salon du Luxe est une bonne idée, et nous avons été séduits par Olivier Sieber et par Trac Thai Sieng, des anciens de l’ESSEC comme moi-même –et comme Denis Morisset, professeur à l’ESSEC qui a donné une série de conférences-. Nous pouvons ainsi présen-ter à Phnom Penh nos dernières créations, comme nous le faisons chaque année à la Foire de Bâle. « A Phnom Penh nous n’en sommes encore qu’aux premiè-res étapes. Oui nous reviendrons, avec grand plaisir ! » Gilbert Méhat, président d’honneur des Celliers d’Asie The Red Apron Ce grand espace confortable au Salon du Luxe, où les visi-teurs et les exposants peuvent déguster les meilleurs vins, les meilleurs champagnes, du foie gras, ou prendre un thé au jasmin, «c’est un investissement qui profitera à l’image des Celliers d’Asie. La proximité du grand luxe, c’est bon». « Mais je tiens à dire que mon objectif n’est pas seulement d’acheter et vendre du vin pour gagner de l’argent. Je vois bien la pauvreté du pays, et je ne suis pas à l’aise dans le grand luxe. Ce qu’il faut c’est que ce luxe parvienne à la classe moyenne, contribue à la faire travailler, et que cette classe moyenne fasse à son tour monter la classe pauvre. « Aider les Cambodgiens, c’est l’objectif de la fondation que j’ai créée «Nouveaux challenges pour le Cambodge», œuvre d’assistance aux enfants des rues de Siem Reap » (cn 292).

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« Développement humain » Le Cambodge fait partie des 10 pays dans le monde qui ont le plus progres-sé depuis 10 ans dans le domaine du « développement humain », calculé d’après le revenu, l’espérance de vie et

le taux de scolarité, selon un rapport du PNUD (UNDP) publié début novembre. L’espérance de vie moyenne y est maintenant de 62,2 ans. Le Cambodge n’est encore cependant qu’au 124ème rang sur 169 pays, derrière le Vietnam (113ème) et le Laos, devant le Pakistan et le Bangladesh. L’espérance de vie dans la région Asie de l’Est et Pacifique est passée en 40 ans de 59 à 73 ans. Un facteur important a été la réduc-tion de la mortalité infantile. Dans cette région c’est la Corée qui arrive en tête dans l’étude du PNUD sur les progrès du développement humain. Dans le monde, c’est la Norvège qui a le meilleur score. Tourisme: « La baie la plus belle du monde » Le ministre de l’Environnement Mok Mareth nous rappelle que le Cambodge est candidat à faire partie de cette organisation internatio-nale, dirigée par la France, qui groupe déjà 27 pays. «Tous les critè-res pour être accepté sont basés sur la gestion de l’environnement, et sur le développement durable, avec l’active participation des autorités locales et des communautés. «Nous commençons à encourager les pollueurs à disposer des bassins de décantation d’eaux usées le long de la zone côtière, en parallèle avec l’installation par les pouvoirs publics de centres d’épu-ration d’eau usée. Nous renforçons la loi sur la conservation des ressources naturelles marines. (…) ». Les très belles plages du Cambodge ont été jusqu’à présent plutôt mal gérées, notamment pour leur propreté. Dans un classement ré-cemment établi par la National Geographic Society portant sur 99 plages dans le monde, elles figurent parmi les 10 dernières. La réaction des pouvoirs publics est donc urgente alors que beau-coup d‘efforts sont faits pour promouvoir la zone littorale et le tourisme balnéaire. Resort à Koh Sdaek; aménagement du littoral de Botum Sakor Belinda Beach Lovely Resort, à l’extrémité sud de cette petite île vient d’ouvrir avec quelques chambres: « commencements encoura-geants », nous dit Bernard Trigaux (cn 288).

PhotoPhnom Penh Ce nouveau PhotoPhnomPenh qui a été inauguré le 28 novembre a permis à une vingtaine de photo-graphes, certains déjà connus, d’autres nouveaux talents, d’expo-ser leurs œuvres. On peut voir

ainsi au CCF les travaux de Matthieu Pernot (tziganes roumains, immeubles en cours d’écroulement), Siv Cheng (chaussure de femme sur une échiquier), Raphaël Dallaporta (collection de mines anti-personnels); au No Problem Loan Nguyen (lieux et rapprochements surprenants); au Java café ArtStudio (Meas Kanika –thème: des car-tes à jouer-, Sous Reasmey, Thith Narith, Pha Lina, Yin Norin, Rong Prearith, Sam Akhara, Gnean Lika), au Centre Bophana John Vink … Tini Tinou Le cirque bien connu donnera une représentation le 5 décembre dans les jardins de Chaktomuk et le 6 au Centre Culturel Français. TF1 tourne un film au Cambodge Une équipe de TF1 tourne actuellement au Cambodge le second épi-sode de la série Affaires étrangère, nous dit Cédric Eloy, directeur de la Commission Cambodgienne du Film: à Phnom Penh au marché central, au Raffles, sur le Mékong, dans des maisons privées … et à Siem Reap. Acteur principal: Bernard Yrles qui joue le policier français. Phi-lippe Garcia, qui avait déjà joué un rôle dans le film de Rithy Phan Un barrage contre le Pacifique joue le rôle de l’ambassadeur de France. Ce film génère beaucoup d’emplois locaux: 55 techniciens (dont 17 chauf-feurs), 22 acteurs pour des rôles, et des dizaines de figurants. Autre film en cours de tournage: franco-belge, réalisé par Chantal Akerman, à Koh Kong, jusqu’en décembre. Rithy Panh commence en décembre le tournage de son nouveau film dans la région de Siem Reap. Errata - M. Mao Thora est Secrétaire d’Etat au ministère du Commerce, (et non au ministère de l’Agriculture, comme écrit par erreur dans certains exemplaires du n° 292). - Gilbert Méhat (et non Gérard comme indiqué par erreur dans un sous-titre du n° 292). -

Décembre 2010

CAMBODGE NOUVEAU

DIVERS

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CAMBODGE NOUVEAU

le journal des dé-

cideurs votre

meilleur investis- sement

Publié par la SERIC

Directeur – rédacteur en chef Alain Gascuel

photos Cambodge Nouveau etc ...

distribué par e-mail depuis le n° 253 de Juin 2007

B 58 rue 302 - BP 836 Phnom Penh tel 023 214 610 portable 012 803 410

E-mail [email protected] www.cambodgenouveau.com

culture

CAMBODGE NOUVEAU

Tragique bousculade: 451 morts Le 22 octobre, vers 21h30, une foule incontrôlée, paniquée, s’est com-pressée sur le pont nord de l’ile de Koh Pich au point que 451 personnes sont mortes étouffées. Le nombre des blessés est d’environ 400. L’événement a été bien couvert par les médias: télévision, presse écrite, photos, interviews de victimes, de témoins, de personnalités, décla-rations de responsables politiques, commentaires et opinions, … Les causes de la panique sont assez bien connues: le pont a bougé (c’est un pont suspendu), la foule a cru qu’il allait se rompre, il y aurait eu des secousses électriques dans la rambarde, les gens n’ont plus pensé qu’à s’échapper. Il y a dans le monde bien des précédents de bousculades mortelles. Faut-il chercher des responsables ? Il est clair qu’un tel mouvement de foule n’avait pas été prévu. Le service d’ordre était insuffisant en nombre, et en savoir-faire : les masses considérables de gens qui viennent chaque année de province pour le Festival des Eaux (plus d’un million), très paisi-bles, n’avaient jamais posé de tel problème, et ce pont nouveau leur était inconnu. Il aurait fallu empêcher une foule si nombreuse d’entrer sur le pont, d’un coté ou de l’autre, la canaliser avec des moyens, barrières, personnel, très importants. C’est une leçon trop chèrement payée. Mais les querelles sont assez vaines. Elles ne doivent pas masquer, remplacer la douleur partagée, la compassion, la solidarité, la générosité. On a observé qu’un très grand nombre de gens, personnalités, fonctionnai-res, sociétés, et beaucoup de gens anonymes sont venus rendre hommage, prier pour les défunts, et faire un don pour les familles, faisant passer comme il est juste les sentiments avant les récriminations.