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Archives Internrtlonales de Physiologie, 1931, Vol. XXXIV, Fase. 1. 21 [612.392.2] ReGu le 12 janvier 1931 LE ROLE DES SELS AMMONIACAUX ORGANIQUES ET DES ALBUMINES DEFICIENTES DANS LA COUVERTURE PARTIELLE DE LA DEPENSE AZOTfiE SPfiCIFIQUE. OBSERVATIONS SUR LES CRITIQUES DE TERROINE PAR UCO LOMBROSO AS plus que TERROINE, je n’eprouve de goiit pour les polemi- p ques personnelles ; cependant j’estime qu’une discussion objective peut jeter quelque lumiere sur les problemes en discussion. Je reponds donc brievement a sa note. Je ne releverai pas la remarque de TERROINE que depuis un cer- tain temps je me suis occupe exclusivement de recherches rentrant dans le champ de ses travaux ; mCme en supposant le reproche exact, ce que je conteste, il n’y aurait pas lieu de s’en Ctonner. Dans ces der- nieres annees, TERROINE a dCveloppe des opinions qui contrastent si vivement avec celles des autres auteurs concernant les problemes capitaux du mktabolisme des proteines et de leur action dyna- mique, qu’il Ctait nature1 que m’occupant depuis nombre d’annkes des problemes du metabolisme, j’eusse le desir de me Former a ce sujet une opinion personnelle. Passons aux problemes en discussion. I. Bilan azofe‘ ef variations de poids. - TERROINE conteste qu’il y ait necessairement un parallelisme entre les pertes ou les retentions azotees et les variations de poids, parce que, dit-il, d’autres causes multiples et antagonistes peuven t influencer le poids. Mais alors comment accepter la constante azotee sur laquelle TERROINE a tant insiste dans de nombreuses recherches.? Je reconnais qu’une constante biologique n’est pas une constante mathematique et qu’il faut admettre une certaine marge due a des causes exterieures et en particulier, comme l’a signale TERROINE, aux dCp8ts de graisse qui, par leurs variations, pourraient masquer la constance reelle des autres constituants de l’organisme. Mais j’ai fait allusion aux cas dans lesquels ces variations du contenu azote finissaient par depasser 20n4, ; et le phenomene se poursuit avec une telle rigulariti journaliere qu’on peut supposer qu’il aurait continue si I’expCrience n’avait pas CtC interrompue. Archives of Physiology and Biochemistry 1930.34:21-24. Downloaded from informahealthcare.com by York University Libraries on 11/21/14. For personal use only.

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Page 1: Le Role Des Sels Ammoniacaux Organiques et Des Albumines Déficientes Dans La Couverture Partielle De La Dépense Azotée Spécifique. Observations Sur Les Critiques De Terroine

Archives Internrtlonales de Physiologie, 1931, Vol. XXXIV, Fase. 1. 21

[612.392.2] ReGu le 12 janvier 1931

LE ROLE DES SELS AMMONIACAUX ORGANIQUES ET DES ALBUMINES DEFICIENTES DANS LA COUVERTURE PARTIELLE DE LA DEPENSE AZOTfiE SPfiCIFIQUE. OBSERVATIONS SUR LES CRITIQUES DE TERROINE

P A R UCO LOMBROSO

AS plus que TERROINE, je n’eprouve de goiit pour les polemi- p ques personnelles ; cependant j’estime qu’une discussion objective peut jeter quelque lumiere sur les problemes en discussion. Je reponds donc brievement a sa note.

Je ne releverai pas la remarque de TERROINE que depuis un cer- tain temps je me suis occupe exclusivement de recherches rentrant dans le champ de ses travaux ; mCme en supposant le reproche exact, ce que je conteste, il n’y aurait pas lieu de s’en Ctonner. Dans ces der- nieres annees, TERROINE a dCveloppe des opinions qui contrastent si vivement avec celles des autres auteurs concernant les problemes capitaux du mktabolisme des proteines et de leur action dyna- mique, qu’il Ctait nature1 que m’occupant depuis nombre d’annkes des problemes du metabolisme, j’eusse le desir de me Former a ce sujet une opinion personnelle.

Passons aux problemes en discussion. I . Bilan azofe‘ e f variations de poids. - TERROINE conteste qu’il

y ait necessairement un parallelisme entre les pertes ou les retentions azotees et les variations de poids, parce que, dit-il, d’autres causes multiples et antagonistes peuven t influencer le poids. Mais alors comment accepter la constante azotee sur laquelle TERROINE a tant insiste dans de nombreuses recherches.?

Je reconnais qu’une constante biologique n’est pas une constante mathematique et qu’il faut admettre une certaine marge due a des causes exterieures et en particulier, comme l’a signale TERROINE, aux dCp8ts de graisse qui, par leurs variations, pourraient masquer la constance reelle des autres constituants de l’organisme. Mais j’ai fait allusion aux cas dans lesquels ces variations du contenu azote finissaient par depasser 20n4, ; et le phenomene se poursuit avec une telle rigulariti journaliere qu’on peut supposer qu’il aurait continue si I’expCrience n’avait pas CtC interrompue.

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Commenr est-il possible d’affirmer que I’animal suralimente ait perdu assez de graisse pour rCtablir de cette faCon la constante azotCe ? Ne pas donner de valeur aux variations de poids en rapport avec le gain ou la perte de I’azote, reviendrait a nier le concept de la constante azotee.

I I. Addition de sels ammoniacaux a I’alimentation et bilan azote’. - A ce propos, TERROINE n’a pas tenu compte de ce qu’a etC notre disposition experimentale. I1 s’agissait du contrble direct du con- tenu en azote dans un lot de rats alimentis avec des glucides plus sels ammoniacaux, compari avec un autre lot de rats nourris avec fa mCme alimentation, moins les sels ammoniacaux et qui presenterent un contenu Cgal en azote h la fin de I’expCrience.

Cela est la dimonstration la plus directe que I’azote ammoniacal n’est pas employ6 pour former les protCines des tissus. Or dans le dosage de l’azote de I’organisme on ne rencontre aucune des causes d’erreurs qui peuvent au contraire, malgre toutes les prCcautions, vicier la determination de l’azote des excretas, et c’est 18 une donnCe plus siire. Et c’est pour cela que j’avais dCsignC sous le nom d’azote non justi$ik cet azote de I’alimentation qui n’etait retrouvi ni dans les excrCtas ni dans I’organisme.

I I I . Valeur comparative des sels amrnoniacaux et des albumines deycientes. - TERROINE a observC que la gClatine, comme les sels ammoniacaux ne modifie pas I’excrCtion du soufre.

Des recherches en cours nous confirment cette donnCe, mais dC- montrent aussi que mCme apres une administration prolongCe d’une alimentation constituCe uniquement de gilatine et d’amidon, le rapport entre le soufre et l’azote de I’organisme reste dans les mCmes limites que chez I’animal normal.

I1 ne semble donc pas que dans ces conditions la gelatine ait pu modifier la destruction des protCines des tissus.

IV. Perte d’azote et kquilibre azotk. - TERROINE se demande com- ment se comporte le poids de I’individu dans les cas oh existe I’accord entre I’azote introduit et l’azote excrCtC vis-a-vis de I’azote dit injustifiC et qu’il semble croire que je Ie considkre comme constant.

Mais je n’ai jamais dit qu’il devait toujours y avoir de I’azote injustifie dans les Cchanges protkiques; ce n’est que dans les cas oh n’existe pas une concordance (entendue toujours dans le sens large) entre Ies entries et les sorties, oh qu’un manque de concor- dance n’est pas justifii par fes variations de poids, que j’ai recours

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h ce qualificatif d’injustifii. De mCme je n’ai jamais affirm6 que I’azote injustifii doit Ctre de l’azote exhale, mais j’ai seulement rappele les divers auteurs qui ont afFirmC cette voie de sortie, comme i l rC- sulte en fait que les recherches en cours ou publiCes ont considCrC d’autres interpritations (par exemple insuffisance de la mCthode de Kjeldahl, facteur sur lequel nous devrons nous Ctendre plus Ion- guement dans une note prochaine). Si j’ai rappel6 Ies diffirents auteurs qui ont soutenu 1’idCe d’une exhalation d’azote ClCmentaire participant au mCtabolisme azoti, je I’ai fait pour bien spkcifier ce que jusqu’a prhent j’entends par azote injustifik, et mentionner aussi ce qui pouvait Ctre une hypothbe de travail des plus logiques pour I’interpreter.

V. Perte d’azote et depense e‘nergktique. - TERROINE me rappelle les experiences d’ATWATER et BENEDICT faites sur I’homme et dans lesquelles on trouva une concordance parfaite entre le mCtabo- lisme azote calculC directement et la depense CnergCtique. Mais ces recherches ont CtC faites sur des individus chez lesquels I’azote alimentaire Cgalait I’azote CliminC, et non sur des individus oh le dCficit de I’azote excrete par rapport a l’azote alimentaire compor- terait une augmentation de poids de quasi y2 kg. par jour (com- parativement avec 1es observations recueillies prCcCdemment sur les porcs) alors qu’il n’y aurait trace d’une telle augmentation.

Elles ne peuvent donc Ctre prises en considiration dans ce cas spCcia1, et ne sont pas en contradiction avec les miennes, attendu que je n’ai jamais affirme que dans les cas d’kquilibre azotC il devait y avoir aussi de l’azote injustifii.

Conclusion : Cquilibre azotC suivant la conception courante, cons- tante azotCe et azote considCrC comme incorpore 9 I’organisme sans une suffisante justification dans les variations de poids (dam un sens approximatif), sont des termes qui a mon sens ne peuvent coexister. Ou nous devons admettre que les donnCes de TERROINE et celles des autres auteurs (LOMBROSO, BAGLIONI, CLEMENTI, GA- LAMINI, etc.) rapportees dans la note precedente sont dues 9 une erreur commune B rechercher et dans ce cas I’azote qualifiC d’in- justifiC trouvera son explication dans cette cause d’erreur prCcise.

Mais dans ce cas on ne doit pas s’arrCter aux rksultats des re- cherches sur les entries et sorties dans les expiriences avec les sels ammoniacaux et h ce propos la donnCe la plus digne d’attention est celle fournie par la recherche directe de l’azote de l’organisme,

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qui, nous l’avons dit, est contraire h la conception que les sels ammo- niacaux peuvent Ctre utilisCs pour la construction des proteines des tissus. Ou bien nous devons admettre que toutes ces donnies sont exactes et alors il serait dimontrC qu’il peut se faire dans l’or- ganisme des dCpdts importants d’azote, ce qui est en contradiction avec les risultats recueillis jusqu’a present concernant la constante azotke.

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