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le mensuel d’Ingénieurs du Monde - Avril 2018 Edito Calendrier 1 Restez informés des prochains événements sur la page Facebook (/Ingenieurs- DuMonde) ou sur idm.epfl.ch! Une version numérique de la newsletter est publiée sur le site et contient éga- lement les sources pour chaque article. Bravo pour l’acquisition de ce Point Sud ! Si l’idéé de partir en stage dans un pays en dé- veloppement vous intéresse, rendez vous page 2. Si vous vous demandez ce que ce baratin devant l’esplanade si- gnifie, et quels sont les pro- chains events a venir, rendez vous page 4. Bonne lecture ! Deniz Ogan Incesu Lorsqu’on m’a demandé d’écrire cet article, une question s’est rapidement posée… Comment réussir à décrire mon stage en Inde, l’histoire de mon projet qui a carrément « foiré », mais tout en ra- contant l’expérience extrêmement riche que j’ai vécu, ainsi que les souvenirs merveilleux que j’ai rapporté ? J’espère que ces quelques lignes réussiront à rendre ces différents aspects de mes 2 mois et demi passés là-bas. page 2 Développement d’un minigrid solaire page 4 Entrepreneuriat social, quésaco? Dans l’imaginaire actuel, l’innovation et la création d’entreprises ont toujours pour finalité le profit maximal. Cependant, un nouveau type d’entrepreneuriat voit le jour : l’entrepreneuriat social. Ici, la profitabilité est vue non comme un but, mais comme un moyen, une condition nécessaire à l’atteinte d’objectifs à visée sociale. La réussite ne se mesure plus par le chiffre d’affaires ou le profit, mais bien par l’impact positif de l’activité commerçante sur la commu- nauté. Que ce soit une startup qui fournit des environnements sté- riles pour des opérations chirurgicales en Asie, une entreprise qui vend des lampes solaires subventionnées en Afrique ou un simple magasin de commerce équitable, l’entrepreneuriat social peut prendre plusieurs formes. Comment faire pour le reconnaître ? SEMAINE DU MONDE Le planning au verso ! 23-27 Avril Vincent Fournier

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Page 1: le mensuel d’Ingénieurs du Monde - Avril 201idm.epfl.ch/wp-content/uploads/2018/04/NL_avril.pdf · 2018-04-26 · le mensuel d’Ingénieurs du Monde - Avril 201 Edito Calendrier

le mensuel d’Ingénieurs du Monde - Avril 2018

Edito

Calendrier

1

Restez informés des prochains événements sur la page Facebook (/Ingenieurs-

DuMonde) ou sur idm.epfl.ch!

Une version numérique de la newsletter est publiée sur le site et contient éga-

lement les sources pour chaque article.

Bravo pour l’acquisition de ce Point Sud ! Si l’idéé de partir en stage dans un pays en dé-veloppement vous intéresse, rendez vous page 2. Si vous vous demandez ce que ce baratin devant l’esplanade si-gnifie, et quels sont les pro-chains events a venir, rendez vous page 4.

Bonne lecture !

Deniz Ogan Incesu

Lorsqu’on m’a demandé d’écrire cet article, une question s’est rapidement posée… Comment réussir à décrire mon stage en Inde, l’histoire de mon projet qui a carrément « foiré », mais tout en ra-contant l’expérience extrêmement riche que j’ai vécu, ainsi que les souvenirs merveilleux que j’ai rapporté ? J’espère que ces quelques lignes réussiront à rendre ces différents aspects de mes 2 mois et demi passés là-bas.

page 2

Développement d’un minigrid solaire

page 4

Entrepreneuriat social, quésaco?Dans l’imaginaire actuel, l’innovation et la création d’entreprises ont toujours pour finalité le profit maximal. Cependant, un nouveau type d’entrepreneuriat voit le jour : l’entrepreneuriat social. Ici, la profitabilité est vue non comme un but, mais comme un moyen, une condition nécessaire à l’atteinte d’objectifs à visée sociale. La réussite ne se mesure plus par le chiffre d’affaires ou le profit, mais bien par l’impact positif de l’activité commerçante sur la commu-nauté. Que ce soit une startup qui fournit des environnements sté-riles pour des opérations chirurgicales en Asie, une entreprise qui vend des lampes solaires subventionnées en Afrique ou un simple magasin de commerce équitable, l’entrepreneuriat social peut prendre plusieurs formes. Comment faire pour le reconnaître ?

SEMAINE DU MONDELe planning au verso !

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Développement d’un minigrid solaire pour unecommunauté rurale du nord-est de l’Inde

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Lorsqu’on m’a demandé d’écrire cet article, une question s’est rapidement posée… Comment réussir à décrire mon stage en Inde, l’histoire de mon pro-jet qui a carrément « foiré », mais tout en racon-tant l’expérience extrêmement riche que j’ai vécu, ainsi que les souvenirs merveilleux que j’ai rappor-té ? J’espère que ces quelques lignes réussiront à rendre ces différents aspects de mes 2 mois et demi passés là-bas.

Septembre 2017, après avoir bouclé les der-niers préparatifs, je m’envole pour Cochin, méga-pole du Kerala, cet état du sud de l’Inde réputé pour l’ayurvéda et ses habitants souriants. 5 heures de voiture et 150 kms plus loin (et oui, les « highways » indiennes n’ont clairement en commun avec leurs cousines européennes que le nom), mon chauffeur me dépose en face de mon nouveau chez moi, un 3 pièces et demi meublé du strict nécessaire. Souresh, le coordinateur des projets étudiants, m’accueille avec un grand sourire et m’invite à aller manger un délicieux Masala Dosa. Face à mon enthousiasme (je meurs de faim !) il balance gaiement la tête de gauche à droite, geste que je ne tarderai pas à adop-ter, et nous nous mettons en marche en direction de l’ashram. Yes, je suis en Inde !!! A ce moment, je me trouve à Vallikavu, petit village côtier proche d’autres grandes villes, dans lequel l’ONG indienne d’Amrita a construit un ashram et une grande uni-versité d’ingénierie et de business. Le projet sur le-quel je vais me consacrer pour les 5 prochains mois consiste à étudier l’installation dans un petit village au nord-est de l’Inde d’un minigrid, alimenté par un système de panneaux solaires et de batteries. Mon but sera d’établir la faisabilité du projet, dimension-ner l’installation, émettre des recommandations sur la mise en place du système et finalement établir le prix de l’installation, pour qu’Amrita puisse lever des fonds. La seule complication vient du fait que

Dewgain, le village en question, est à 2’500 kms de l’université. Je n’aurais donc la possibilité de le visiter que deux fois. Cependant être basé à Valli-kavu me permet d’avoir plus de soutien de la part des professeurs et d’autres étudiants et deux visites devraient être suffisantes pour collecter toutes les données dont j’aurais besoin.

Les premières semaines à Vallikavu se dérou-lent très tranquillement, avec les naturels hauts et bas des débuts de séjour à l’étranger. Certaines ren-contres à l’ashram illuminent mes journées, comme Kayan et Manon, qui très rapidement me prennent partout avec eux, me font découvrir les jardins, la plage des dauphins et les cérémonies journalières du lieu. A ces rencontres se succèdent aussi des mo-ments d’ennui et de solitude, tout se passe tellement lentement ici, le temps s’écoule…. Et même si cela me fait un sacré choc par rapport au rythme suisse, j’apprends à l’apprécier, c’est aussi pour ça que je suis ici. Après deux semaines sur place, les étudiants indiens sont de retour à l’université, ce qui amène un peu d’animation et me permet de rencontrer quelques étudiants indiens. Même si les rapports restent succincts, c’est agréable de s’intégrer. Ma routine s’installant, cela me permet aussi de me rap-procher de mes voisins. Le soir, le petit Adesh, vient me chercher pour une partie de UNO, que je partage volontiers avec lui et ses parents. A peine installé, Meka, la maman, nous apporte quelques délicieuses gourmandises et, bien évidemment un verre de chai. Ces petits moments me permettent d’en apprendre beaucoup plus sur la culture indienne. Radesh et Meka excellent dans l’art de vulgariser toutes ces subtilités culturelles et religieuses de leur pays.

C’est aussi avec eux que je me permets de partager mes frustrations quand à mon projet qui n’avance pas. Car, malgré tous mes efforts, mes pro-grès en un mois sont minimes. Le soutien de la part des professeurs est quasi-inexistant, sans que cela me surprenne vraiment, mais le plus problématique est que l’ONG ne m’ait toujours pas envoyé dans le village, et qu’une visite ne semble absolument pas se profiler. En plus de ne pas me soutenir dans ce projet, Amrita ne semble carrément pas si intéres-sée… Nos discussions amènent Radesh à se confier lui aussi. Voici maintenant deux ans qu’il est arrivé ici et malgré toutes les promesses de l’université, il n’a encore reçu aucun du matériel nécessaire à ces recherches.

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Ces dernières n’ont donc absolument pas pro-gressé…Heureusement à ce stade, deux étudiants bavarois remplis de bonne humeur, Janis et Luca, débarquent à l’appartement, ils viennent dévelop-per un projet d’eau potable. Ils sont suivis quelques jours plus tard par Léo et Gaspard, deux français bien sympathiques. Ces nouvelles têtes me moti-vent et remplissent mon quotidien !

Bien décidé à faire avancer les choses, je re-contacte certaines entreprises travaillant dans l’ins-tallation de minigrid solaires. Après quelques jours, l’une d’elles me recontacte et me propose de venir visiter un de leur projet, quelle chance ! A la fin du mois d’octobre, je m’envole pour Pune, deuxième plus grande ville du Maharashtra après Mumbai, dans laquelle Gram Oorja (« lumière du peuple » en Marathi) a son siège. Le lendemain, un des nou-veaux ingénieurs m’emmène visiter le village de Darewadi, dans lequel ils ont monté un de leur pre-mier projet. Durant 4 heures de route, nous roulons à travers des paysages magnifiques. Une fois quitté le vert de Pune, nous traversons les hauts plateaux d’une rouge ocre pour finalement arriver dans la cuvette verdoyante de Darewadi. Ce petit village de 200 habitants, complètement isolé, est depuis 2012 exclusivement alimenté par des panneaux solaires. Les habitants qui ont été intégrés dans tout le pro-cessus du projet ont appris à optimiser ce système. Durant les périodes de moussons, l’électricité est ra-tionnée au maximum, pour subvenir aux besoins de base (lumière & recharge de téléphone), et durant les autres périodes les villageois se permettent de regarder la télé ou de faire fonctionner quelques pe-tites machines. Cet accès à la lumière est vraiment capital dans ces régions. Il leur permet non seule-ment d’accéder aux champs avant l’aube, de conti-nuer leurs activités le soir et aux enfants d’étudier, mais elle est aussi une garantie de sécurité contre les serpents et autres bêtes sauvages. Le modèle de Gram Oorja m’inspire beaucoup. Durant la phase de planification et de construction, les villageois sont constamment intégrés, leurs besoins écoutés et leurs capacités mises à profit. Une fois l’installation terminée, elle est donnée au village, qui se charge-ra lui-même de collecter les paiements. Cet argent sera ensuite accumulé sur un compte et servira à maintenir le système. Il faut savoir que ce genre de système coute cher à l’entretien, chaque 5 ans en-viron, les batteries sont à changer, ce qui engendre des frais colossaux, s’ils ne sont pas anticipés.

Fort de tous ces apprentissages, je rentre donc à Vallikavu pour tenter de les intégrer dans mon pro-jet. Cependant la situation n’a pas beaucoup évolué

pendant mon absence… Toujours pas de visite du village prévue, et mes amis allemands me rappor-tent quelques histoires plutôt tristes de leur expé-rience sur le terrain. En plus d’être plutôt mal mis en place techniquement, leur projet d’eau potable semble assez mal intégré par les villageois et quasi-ment inutilisé. Les aspects dont se ventent Amrita, être proche de la population, prendre le temps d’in-tégrer des projets aboutis et sur le long terme, me semblent de plus en plus faux. Mes derniers doutent sur le sérieux de cette organisation se confirment lorsqu’il m’annonce mon départ imminent pour Dewgain, avec 3 jours planifiés sur place. Ayant clairement expliqué qu’une visite de moins de 10 jours était inutile tant le travail de cartographie, de sondage et d’explication à la population était im-portant, cette proposition me déçoit énormément. Dans ce cadre, aucun projet viable ne pourra voir le jour. Je me donne encore quelques jours pour réfléchir… Après avoir discuté avec Silvia, ma pro-fesseure responsable à l’EPFL qui m’aura beaucoup soutenu tout au long du projet, et avec ma famille, je décide d’abandonner ce projet.

Ma décision peut sans doute paraitre trop spontanée ou extrême, mais elle provient d’un sentiment désagréable qui n’a cessé de grandir durant mon séjour. L’impression qu’une partie des projets étudiés par Amrita n’avaient finalement pas d’autres utilités que celle d’être exposés. Oui, ils s’intéressent au problème, oui, ils étudient des possibilités, oui, ils récoltent des fonds, mais fina-lement l’impression restait que rien n’était réelle-ment fait... Je ne pourrais sans doute jamais vrai-ment connaitre le fond deschoses, mais finalement cela n’a aucune importance, car il m’a été donné la chance de vivre une expérience extrêmement forte, de rencontrer des gens inspirants et d’apprendre énormément de choses, autant sur moi même que sur ce pays incroyable.

par Vincent Fournier de MES(Energy Management and Sustainability)

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Les Brèves et les Jeux(Si tu t’ennuies en cours ou dans le métro)

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Dans l’imaginaire actuel, l’innovation et la création d’entreprises ont toujours pour finalité le profit maximal. Cependant, un nou-veau type d’entrepreneuriat voit le jour : l’entrepreneuriat social. Ici, la profitabilité est vue non comme un but, mais comme un moyen, une condition nécessaire à l’atteinte d’objectifs à visée sociale. La réussite ne se mesure plus par le chiffre d’affaires ou le profit, mais bien par l’impact positif de l’activité commerçante sur la communauté. Que ce soit une startup qui fournit des en-vironnements stériles pour des opérations chirurgicales en Asie, une entreprise qui vend des lampes solaires subventionnées en Afrique ou un simple magasin de commerce équitable, l’entrepre-neuriat social peut prendre plusieurs formes. Comment faire pour le reconnaître ?

Entrepreneuriat social, quésaco?

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De nombreux traits se retrouvent dans les entreprises sociales. Ainsi, une portée sociale inscrite souvent dans les statuts des entreprises ou associations est primordiale, et tout investisseur doit savoir que celle-ci prend le dessus sur toute considération lucrative. Ensuite, la hiérarchie au sein de l’entreprise est plus horizontale. Les prises de décisions sont basées sur le consensus et chacun a sa voix au chapitre. De plus, les entreprises sociales sont souvent petites d’échelle, ce qui favorise une gouvernance participative. Enfin, celles-ci sont dynamiques, étant constamment à la recherche de nouvelles idées.

Actuellement, le mouvement est encore jeune et souffre d’un manque de crédibilité aux yeux des investisseurs. Un modèle économique rentable à long terme est alors nécessaire. Pour soutenir ce mouvement, la Suisse propose une panoplie de statuts juridiques différents aux entreprises, celles-ci pouvant alors bénéficier de réductions d’impôts et de l’aide de l’État. De plus, certaines fondations soutiennent les projets prometteurs et délivrent des labels certifiant la vocation sociale des entreprises. Si aujourd’hui l’entrepreneuriat social semble une bête rare, il n’empêche qu’il reste l’espoir de demain.