le journal citoyen de...
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LE JOURNAL CITOYEN DE GRENADE-SUR-L’ADOUR
Hors-série 5 – Gratuit – Tirage papier 500 Samedi 13 septembre 2014
" Marcher la nuit sans lanterne, c'est cueillir chardons pour luzerne"
Mauro Ambrosoli – Etude Rurale Page/1
Le Tambour Grenadois 13 rue du mirail 40270 Grenade sur l’Adour Association déclarée en préfecture Sous le n° W402003742 Directrice de publication Ann Cordonnier [email protected] 05 58 79 28 60 Dépôt légal BNF 31/03/2014 ISSN 2273-2721
« Est d’utilité sociale l’activité d’une or-ganisation de l’économie sociale qui a pour résul-tat constatable et, en général, pour objectif expli-cite [...] de contribuer à la cohésion sociale (no-tamment par la réduction des inégalités), à la solidarité (nationale, internationale, ou locale : le lien social de proximité), à la sociabilité, et à l’amélioration des conditions collectives du déve-loppement humain durable (dont font partie l’éducation, la santé, l’environnement et la démo-cratie)»
Jean Gadrey, économiste français et ancien professeur d’université.
Forum des Associations 2014
Larrivière-Saint-Savin
guerre marquée par un conflit dont elles ne maitrisaient ni les alliances, ni les erreurs de commandement; toute une génération entre la Belle Epoque (pour certains en tous cas ) et les trente Glo-rieuses au sortir de la seconde guerre mondiale. Si la Grande Histoire sert à construire les mythes qui alimentent notre culture collective, c’est la Petite Histoire dans l’écrin de nos mémoires familiales oubliée volontairement des manuels scolaires qui font ce que nous sommes. Il n’y a pas de petites gens, il n’y a que des idées de grandeur.
Citoyennement, Anne Andrée-Roche
Editorial
Le forum des associa-tions et les journées du patrimoine marquent depuis quelques années ce mois de septembre avec la rentrée scolaire. Les activités reprennent. Après trois mois de sommeil, le prochain conseil municipal est prévu mercredi prochain. 2014 rend spécialement hommage à nos familles qui subirent quatre ans de guerre marquée par un conflit dont elles ne maitrisaient ni les al-liances et ni les erreurs de commandement; toute une génération entre la Belle Epoque, pour certains en tous cas et les trente Glorieuses au sortir de la seconde guerre mondiale.
Citoyennement, Anne Andrée-Roche
Journées européennes du patri-moine Culturel et Naturel
31ème édition 20 et 21 septembre 2014
Donnez votre souffle à ceux qui en man-quent ! - 1ère édition des Virades de Ca-zères-sur-l'adour. Ce dimanche 28 septembre 2014 à la salle des Fêtes de Cazères sur l'Adour, venez participer nombreux à une grande journée de solidarité contre la mucoviscidose.
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LE JOURNAL CITOYEN DE GRENADE-SUR-L’ADOUR
" Marcher la nuit sans lanterne, c'est cueillir chardons pour luzerne"
Page/2 Mauro Ambrosoli – Etude Rurale
Visite guidée à la Caserne des Pompiers
de Grenade-sur-l’Adour (II)
Les interventions
Depuis janvier 2014, la brigade est intervenue
à ce jour 275 fois soit une moyenne annuelle
de 500 interventions avec 80% de secours à la
personne dont le service Téléalarme géré par
le Conseil Général des Landes et assuré par
les Pompiers, 10% de feu toutes gravités
confondues et 10% autres interventions telles
que chutes d’arbres et animaux blessés.
1/L’assistance à la personne qui représente
80% des interventions est
majoritairement dédiée au
transport des victimes,
qu’il s’agisse d’une inter-
vention bénigne, entorse
ou coupure superficielle
comme des cas plus
graves. Le service téléa-
larme est le second grand
poste, sachant que 7 in-
terventions sur 10 sont
dues à des erreurs de
manipulation de la part
des bénéficiaires n’osant
pas répondre à l’appel des
pompiers qui suit immé-
diatement.
2/Le feu englobe diffé-
rentes interventions : feu
de poubelles, incendies de
véhicules, feux de forêts. Grenade est encore
dans une zone forestière et les parcelles sont
essentiellement composées de feuillus au
contraire de la Haute-Lande. Enfin il faut
compter aussi avec les incendies du bâti (les
habitations et les bâtiments professionnels).
Une dizaine de minutes suffit entre l’appel et
l’arrivée sur place. Les citernes sont remplies
dès le retour des camions en prévision d’une
éventuelle nouvelle alerte. Les matériaux
ignifuges et hydrofuges sont bien moins
inflammables mais favorisent la montée en
température. Le danger dorénavant vient
surtout des risques d’explosion, un fait qui
laissait encore dubitatifs les pompiers en 1991
à la sortie du film «Backdraft ». Avant toute
intervention, on regarde l’aspect des vitres.
Les traces marron sont signe de très haute
température et de fumées asphyxiantes. On
touche la porte pour se faire une idée de la
température, puis de petits coups de jet proje-
tés au plafond par
l’entrebâillement per-
mettent de connaitre la
température de la pièce.
Si l’eau retombe en
gouttelettes, les risques
sont moindres mais si
elle se transforme en
vapeur d’eau, il faut
faire redescendre la
température avant d’ou-
vrir. Sous l’effet d’un
apport d’oxygène, l’ex-
plosion serait inévi-
table. On a changé nos
techniques d’attaque du
feu. Aujourd’hui, il ne
suffit pas d’avoir des
bras et de la volonté, il
faut posséder un grand
nombre de connaissances et maitriser les
bons gestes.
Le Flashover se déclenche dans un milieu
semi-ouvert. La chaleur provoque des embra-
sements spontanés qui se transforment un
embrasement généralisé.
Le Backdraft. Il s’agit d’une explosion de
fumées dans un milieu clos provoquant
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Mauro Ambrosoli – Etude Rurale Page/3
l’embrasement avec l’apport d’oxygène.
3/ Autres interventions
Les pompiers n’interviennent plus que sur les
animaux blessés ou quelques interventions
particulières comme les serpents. Sauf danger
imminent, les guêpes et frelons sont traités
par les professionnels de la destruction de
nuisibles et les abeilles, espèce protégée par
les apiculteurs. La gendarmerie et la Mairie
interviennent pour les animaux errants alors
que les animaux morts sont enlevés par
l’unité territoriale départementale (UTD).
La zone d’interventions
On intervient selon une zone bien déterminée
en attendant que soit mis en place le système
du calcul d’itinéraire. Ce système permettra à
la brigade la plus proche d’intervenir. Il nous
est arrivé de partir sur Montgaillard dans
vvvv
une zone située pour nous à 6 km alors que
nos collègues de Saint-Sever sont à 1.5 km.
La brigade de Grenade intervient sur treize
communes pour environ 8000 habitants. Elle
intervient sur Mont-de-Marsan en 2ème appel
et quelquefois sur Aire. Sur le Pays Grena-
dois, huit communes : Bascons, Castandet,
Artensenx, Maurrin, Bordères, Larrivière,
Saint-Maurice, Grenade et cinq communes
limitrophes : Fargues, Buanes, Renung,
Montgaillard et Classun.
Qui appeler
Le 112 dans les Landes c’est le SAMU qui
vous orientera selon les cas vers le SAMU, la
Gendarmerie ou les Pompiers.
Le 18 reste le numéro direct des Pompiers.
FORUM DES ASSOCIATIONS Règlement intérieur
PRESENTATION :
Le Forum des Associations est organisé par la Communauté de Communes du Pays Grenadois. Il se tient chaque année le premier samedi de septembre (sauf cas exceptionnel) au Centre Socio-Culturel de Grenade-sur-l’Adour ou dans une commune du territoire. Sa fonction est : – d’encourager et de dynamiser le mouvement associatif local – d’être un temps et un lieu de rencontres permettant aux associations de mieux se connaitre entre elles et de se faire connaitre du grand public – d’encourager les habitants à s’engager dans la vie associative. Son accès par le public est libre et gratuit. PARTICIPANTS : Le Forum est ouvert à toutes les associations régies par la Loi de 1901 œuvrant dans les do-maines culturel, récréatif, sportif et patrimonial proposant des animations, ateliers, cours, évé-nements. Le Forum est un lieu de neutralité politique, cultuelle, syndicale. L’association doit avoir son siège ans l’une des Communes de la Communauté de Communes. Les demandes des associations ayant leur siège à l’extérieur seront étudiées au cas par cas. Les demandes des structures dont le statut n’est pas associatif mais dont l’activité y est apparentée seront étudiées au cas par cas. [Règlement complet sur le site le Tambour Grenadois]
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" Marcher la nuit sans lanterne, c'est cueillir chardons pour luzerne"
Page/4 Mauro Ambrosoli – Etude Rurale
Un beau dynamisme dans le domaine associa-
tif local. Cinq créations : une Sportive sur
Cazères, une humanitaire que le Tambour a
eu l’honneur de compter dans ses colonnes,
Humanity Cambodge 2014, ainsi que trois
concernant la citoyenneté. Si deux sont pé-
rennes, l’une appartenant à un mouvement
Européen et l’autre essentiellement locale
avec l’édition de ce présent journal, la troi-
sième a un but très précis qui concerne tous
les habitants de Grenade, Bordères et Ca-
zères.
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" Marcher la nuit sans lanterne, c'est cueillir chardons pour luzerne"
Mauro Ambrosoli – Etude Rurale Page/5
Lettre 1/ Anet, dimanche 30 août 1914.
Mon tendre ami, Voici un mois que vous êtes parti. Heureusement, mon cher père est là pour
me conseiller. Il a vu Onésime qui a repris du service au moulin du pont d’Ezy depuis que
notre cousin est parti, lui aussi quelque part dans l’est. Je ne saurai pas vous en dire davantage.
Le pauvre homme ne dit rien mais il s’inquiète beaucoup malgré les mots rassurants de mon
père qui ne cesse de lui répéter que tout va rentrer dans l’ordre dès la fin de l’automne. Je
comprends, Michel est son fils unique. En tous cas, je suis bien soulagée ; il a promis de nous
fournir la farine en premier car le blé arrive mais bien en retard. Avec tous ces hommes partis,
c’est difficile pour nous à l’arrière. J’ai fait hier, la tournée jusqu’à la ferme Ficelle, j’y ai déposé
le pain derrière le volet. Ce soir, je ferai le compte des entailles sur les baguettes, j’espère qu’on
me paiera sans difficulté car vous savez comment je suis. Quand on me demande d’attendre, je
ne sais pas comment refuser mais je ferai en sorte de suivre vos précieux conseils. J’ai honte de
vous faire part de mes petits soucis de tous les jours mais je dois vous tenir au courant pour
quand vous rentrerez, c’est l’histoire d’un mois ou deux.
Je rends visite à Maman aussi souvent que le temps me le permet mais ma place est à la bou-
langerie. Je m’échappe le dimanche après-midi quand la boutique est fermée. Quelques heures,
ce n’est pourtant pas beaucoup mais Madame Duleu a réussi à me reprocher que c’est parce
que je gagnais des sous, que c’était une honte ! sur le dos des pauvres gens qui souffraient de la
guerre… Sa médisance me chagrine… si je pouvais lui interdire de rester à la boulangerie à
invectiver les clients, je vous assure que je le ferais… Méchante comme une teigne qu’elle est.
La santé de Maman n’est pas bien bonne et Paule est encore jeune pour la seconder, surtout
que cette petite chipie sait amadouer son père. Elle a entrepris d’apprendre à faire de la bicy-
clette parce qu’elle dit qu’on aura bientôt besoin d’un facteur. Elle avait enfilé un pantalon,
vous vous rendez compte ! C’est la couturière qui reste à côté du « Cheval Blanc » qui l’a ra-
menée à la maison en disant que c’était une honte une chose pareille. Elle a tout le temps le
nez fourré à la fenêtre. Vous souriez mais ça a fait tout le tour du village que « la fille du bour-
relier était une dévergondée qu’il fallait envoyer en pension chez les sœurs ! Tout à l’heure,
j’irai justement puisque c’est dimanche. Votre départ m’a laissé bien désemparée. Je m’efforce
de faire au mieux pour que vous puissiez garder la tête haute, quand vous serez avec nos four-
nisseurs.
Mon ami, donnez-moi vite de vos nouvelles et dites-moi comment vous trouvez le pays de
mon père. Je ne suis allée qu’une fois à Montmirail quand j’étais tout enfant. Je me souviens
juste d’un long voyage en train. Vous pensez d’une aventure ! Mais je vous raconterai bientôt
tout cela et encore plein d’autres choses… Depuis notre mariage, tout est allé si vite que nous
ne nous connaissons pas encore très bien mais je fais confiance à mon père, il a choisi pour
moi le meilleur parti, vous savez être un époux sérieux et patient. Soyez assuré, mon ami de
tout mon soutien. Votre femme dévouée.
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" Marcher la nuit sans lanterne, c'est cueillir chardons pour luzerne"
Page/6 Mauro Ambrosoli – Etude Rurale
Lettre 2/ 5 septembre, dans la plaine de Verdun
Andrée, ma douce amie, Je m’inquiète que vous ne parliez pas de notre fils dans votre der-
nière lettre. Pourtant vous m’aviez annoncé le jour de mon départ ce bel espoir que vous
portiez en vous. Vous souvenez-vous, j’ai ri que nous soyons si rapidement béni de ce bon-
heur. Je n’irai pas plus avant, je ne voudrais pas vous mettre mal à l’aise car je sais que vos
parents lisent votre courrier. Pour le reste, je vous fais confiance en tout, je sais que nos
affaires sont entre de bonnes mains puisqu’il s’agit des vôtres qu’il me tarde d’embrasser.
Ici, c’est bien difficile et je ne puis vous décrire tout ce que je vois, ce n’est pas à raconter à
une jeune femme telle que Vous. Je ne suis pas le plus à plaindre, je suis bien au chaud, à
l’abri de la pluie et des bombes. Nous sommes plusieurs boulangers à nous relayer, nous
faisons bien des envieux. Nous avons perdu beaucoup de nos camarades à Quel gâchis ! Je ne
saurais rien vous dire du pays de votre père mais je vous promets que je vous y mènerai au
printemps prochain quand vous serez remise de vos couches car je ne saurais imaginer qu’il
vous arrivât malheur. Vous êtes ma seule raison de servir notre Pays. Vous savez comme la
chaleur d’une mère m’a manqué ! Mon amie, un dernier conseil avant que je vous quitte ; la
pâte n’attend pas, c’est ma tournée. Ne vous laissez pas faiblir avec ces paysans qui sont
toujours à se plaindre du prix du pain depuis qu’ils ont renoncé à le faire par eux-mêmes mais
n’oubliez pas d’en réserver quelques-uns, nous en avons parlé entre nous mais il serait fâ-
cheux que ça se sache. C’est une période difficile pour tout le monde… Acceptez que je baise
votre cou par la pensée, c’est pour moi le meilleur des remèdes. Votre époux…
Lettre 3/ Lundi 23 novembre 1914
Mon ami, cher et tendre, Je reçois à l’instant votre lettre du 5 septembre qui aura mis donc
deux mois et demi à nous parvenir. Tous les matins, nous attendons le passage du père Ogier
qui traine un peu la patte, depuis qu’il a donné la main à sa bru à gerber les bottes au solier. Il
a raté un degré de l’échelle. Pour le soulager, je me charge du courrier de notre clientèle. Ce
n’est pas réglementaire mais nous vivons une période compliquée.
Je tiens à vous rassurer tout d’abord de ma bonne santé mais vous allez bien vite en besogne.
Il nous faudra attendre la nouvelle année pour savoir s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille.
Docteur Guilloux veille sur nous, vous savez comme il me porte dans son estime. Si mon
père ne vous avait pas accordé ma main, j’aurais passé mon brevet d’infirmière et je serai
restée à son service.
J’ai de bien tristes nouvelles à vous donner. D’abord Michel, le meunier est mort pas loin de
Châlons, le jour de votre dernière lettre. Onésime s’est enfermé pendant une semaine et
depuis il ne parle plus, le moulin tourne au rythme de son chagrin. Ils chassent les enfants qui
veulent l’aider et Madeleine qui est venu n’arrive à rien tirer de lui. Les deux fils de la Veuve
Morisse ont disparu et le mari de Louisette a été blessé. Il doit arriver cette semaine, on dit
que c’est grave. Ils se sont mariés deux mois après nous, c’est moi qui avait préparé les cor-
nets de dragées. Je n’arrive pas à croire à tout ce malheur qui s’abat sur nous tous.
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Mauro Ambrosoli – Etude Rurale Page/7
J’ai pris Catherine, vous vous souvenez la petite qui habite chez le maraicher du château. Elle
m’aide dans les tâches de la maison et Maman tient le magasin pendant que je fais les livra i-
sons. On entend dire que les chevaux vont être réquisitionnés. Dans mon état, je ne pourrais
bientôt plus utiliser la voiture mais j’espère que je n’aurai pas à me séparer de Bérénice et
Altesse. On s’arrange comme on peut. Je joins à ma lettre, un paquet qui allégera un peu vos
souffrances. Je ne vous en dis rien, vous aurez la surprise. J’espère que vous viendrez pour la
Noël, le temps nous tarde de vous voir revenir sain et sauf. Avez-vous des nouvelles de vos
frères ? J’oubliais votre métayer a payé son terme à la Saint-Michel. C’était un triste jour car il
n’y a pas eu de foire, nos cœurs ne sont pas à la fête tant que nos hommes seront loin de nous.
J’ai mis l’argent dans le cheval en fer que je garde sur ma coiffeuse, cet affreux plumier auquel
vous tenez tant, retournera sur le bureau de l’arrière-boutique à votre retour. Vous savez ma
réserve dans les bondieuseries mais ne vous moquez pas, je suis croyante, je suis allée prier
pour votre bonne santé. Mon ami, croyez en mon indéfectible soutien. Votre fidèle épouse.
Lettre 4/20 décembre 1914
Mon cher époux, Je ne vous cacherai pas ma déception de ne pas recevoir de vos nouvelles
mais c’est sans doute parce que je suis une enfant gâtée comme vous vous plaisiez à claironner
pendant nos fiançailles. C’est vrai que j’ai la chance d’avoir une famille aimante et toujours à
vouloir soulager mes peines.
Trois fois déjà, Monsieur le Maire est venu dans notre rue avec son costume des grands jours.
Vous savez pourtant comme il est simple ! Vous aviez voulu me faire croire qu’il était né avec
ses culottes côtelées et ses sabots. La première fois, les hommes se sont moqués : « ça y est, tu
t’es décidé ! Tu vas faire ta demande ! » « Comme on dit, c’est toujours le boulanger qui mange
son pain dur ». Mathurin l’a suivi tout le long de la rue de Diane en chantant : « Viens Pou-
poule… » Le pauvre gars était un peu éméché et puis il n’a pas tous ses esprits, il faut lui par-
donner. Il n’a pas bien compris quand il a reçu la Francine dans les bras mais il a su faire
comme un animal qui a l’instinct. Son chagrin a fait perdre la tête à cette pauvre fille ; c’est que
son Jean, c’était son béguin depuis qu’ils étaient tout petits. Elle accuse les gens qui passent de
son malheur, ça fait une quinzaine…
Depuis qu’il a la charge de venir annoncer les morts, il passe souvent au fournil voir mon père
qui m’aide comme il peut de son autorité, vous savez comme ils sont amis depuis vingt ans. Ils
s’appellent par leur prénom en se topant l’épaule. Et il reste de plus en plus longtemps… ses
obligations lui pèsent, « c’est son devoir de soutenir les familles dans la détresse » comme il dit
à mon père, « il ne faut pas faire venir les gendarmes dans une maison, vous savez comme ils
sont ballots pour dire les choses. » Lui qui avait toujours un mot gentil pour chacun, son dos
se voûte. Avant, la population était fière de le saluer quand il passait. Maintenant, les portes se
ferment sur son passage, ce n’est pas les habitudes du pays mais le pauvre homme est comme
le mauvais œil. Je les entends parler quand je passe avec les claies remplies de pains pour char-
ger la boutique.
Anne Andrée-Roche [suite prochainement]
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" Marcher la nuit sans lanterne, c'est cueillir chardons pour luzerne"
Page/8 Mauro Ambrosoli – Etude Rurale
Un peu de poésie… Anne Andrée-Roche
En vertu de l’article L.541-10-1 du code de l’environnement « Ne pas jeter sur la voie publique
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C’est le tambour qui roule Sur la plac’ du village Il parl’ haut à la foule.
Du bel aréopage. Sièg’ra demain le roi Le conseil applaudit
Qui au nom de Sa Loi Votera sans mot dit.
Sauve ton âme, Citoyen
Mérite ton bonnet phrygien Tes servitudes volontair’s
Te déshonor’, bafouent tes Pairs Qui ont tant de justes combats
Mené contre de vils débats. Tiens entre tes mains ton destin
Et sous ta férul’, l’échevin.
C’est le tambour qui roule Sur la plac’ des tilleuls Il harangue la foule.
Sur un banc les aïeuls Pleurent le temps jadis
C’était amusements Que rebelle on pendis’
Avec oncqu’ garnements
Ton Valet se prend pour le Chef Il décide tout sur ton fief Comme disait la Boétie
Qu’importe la Démocratie ! Du joug ou bien de la franchise
l’Homm’ de somm’ choisit à sa guise La Tyrannie d’un bas tribun.
Entends son discours importun