le développement humain local dans les contextes de crise permanente: l’expérience des femmes au...
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de crise permanente, dans lequel la forte dpendance par rapport laide internationale et la
fatigue des bailleurs de fonds peuvent avoir de srieuses consquences sur la continuit de la
rponse aux besoins de base des rfugis. De plus, ce type dapproche ne permet pas daborder
la gamme complexe des besoins matriels et stratgiques lis une crise prolonge.
Dans cet article, nous montrerons que le concept du Dveloppement Humain Local, fond sur
la confluence de lapproche des capacits et celle du dveloppement local, est bien plus appro-
pri pour lanalyse des expriences relatives au dveloppement dans une situation de refuge
prolong. Ltude de cas que nous prsentons ici se penche tout particulirement sur les contri-
butions des femmes sahraouies tant au dveloppement et au renforcement des capacits des
rfugis, qu leurs propres processus de renforcement individuel et collectif.
Dune part, le niveau de participation des femmes dans lorganisation politique, sociale et
conomique des camps peut tre considr comme un indicateur de lhtrognit des socitsmusulmanes en ce qui concerne le statut des femmes. Dautre part, il apparat de manire vi-
dente que les femmes ne sont pas simplement des victimes du conflit, mais galement des
agents actifs capables dlaborer de nombreuses stratgies pour rsister aux impacts ngatifs de
ce dernier et les minimiser. Par consquent, lobjectif de cet article est danalyser les expri-
ences des femmes sahraouies rfugies, dans la mesure o leurs stratgies et mcanismes de
survie semblent avoir provoqu des rsultats particulirement visibles et positifs en termes de
dveloppement humain par rapport dautres contextes similaires de refuge.
Cadre : le dveloppement humain et les situations de refuge prolongDepuis que le Programme des Nations Unies pour le Dveloppement (PNUD) a cr le con-
cept en 1990, le dveloppement humain est considr comme une nouvelle approche du dvel-
oppement fonde non seulement sur la croissance conomique et les revenus, mais galement
sur le processus daugmentation de lventail de choix dont bnficient les individus (UNDP,
1990). Cette approche est fonde sur les travaux dAmartya Sen sur les capacits et le fonc-
tionnement, travaux connus dans le domaine des thories du dveloppement sous le nom de
capabilits. Sen dfinit le dveloppement humain comme le processus damlioration du
fonctionnement et des capacits dune personne fonctionner, la gamme des choses quune
personne pourrait tre et faire dans sa vie (Sen, 1999).
Selon le PNUD, le concept de capacit se dfinit par la capacit des individus, communauts,
institutions, organisations, systmes politiques et sociaux utiliser les ressources naturelles, fi-
nancires, politiques, sociales et humaines qui leurs sont disponibles pour la dfinition et la
poursuite dobjectifs relatifs au dveloppement durable (UNDP, 2002). La gamme des dfini-
tions et perspectives lies ce concept est assez large parmi les chercheurs et les praticiens.
Plusieurs auteurs, suite aux travaux dAmartya Sen, ont tent dtre plus prcis et de dresser une
liste des capacits principales, ou dites de base. Pour certains, la capacit reste une question
de ressources humaines, qui est lie au dveloppement des comptences, la formation et au
niveau individuel (Alsop & Kurey, 2005). Pour de nombreux autres, la capacit va au-del de
la formation traditionnelle et de lassistance technique; ces chercheurs considrent ce concept
comme la possibilit de mieux dlivrer ou mettre en uvre (Moore, 1995).
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Mme si la formulation thorique du PNUD renvoie aux aspects collectifs et individuels de la
notion de capacit, le calcul de lIndice de Dveloppement Humain a tendance ne se pench-
er que sur les capacits individuelles. Tout en reconnaissant limportance de cette dimension,
notre argument est quil est ncessaire de souligner la pertinence tout aussi essentielle de la di-mension collective du concept. Dans le cadre de cet article, nous dfinirons donc le concept de
capacit comme lensemble des comptences ou aptitudes collectives dune organisation ou
dun systme visant raliser une fonction ou un processus. Ces deux dimensions sont bien
contenues dans la dfinition de Morgan, qui indique que la capacit est la combinaison mer-
gente des attributs qui permettent au systme humain de crer des valeurs dveloppementales
(Morgan, 2006).
Cependant, la notion de dveloppement humain ne peut tre cadre et mesure que lorsquelle
est applique un contexte particulier, ce qui rend indispensable ladoption dune approchelocale concernant le dveloppement. On peut dfinir le dveloppement local comme le pro-
cessus et rsultat des interactions et actions complexes des diffrentes parties prenantes au
niveau local pour promouvoir le dveloppement humain (UNDP, 2007). Cette approche
utilise une perspective multisectorielle conomique, politique, sociale et environnementale, et
inclut les organisations de la socit civile, les communauts locales, les collectivits territoria-
les, les entreprises du secteur priv et les gouvernements nationaux. Le dveloppement local
garantit la durabilit par lappropriation locale et la participation gnrale des parties pre-
nantes ; elle promeut la notion de responsabilit et vise autonomiser les groupes les plus
vulnrables ou les plus marginaliss. A lvidence, pour que ces efforts concerts aboutissent,
tous les acteurs locaux participant au processus doivent avoir la capacit ncessaire pour con-
tribuer lamlioration de leur situation, ce qui implique le besoin denclencher des processus
de renforcement des capacits (empowermenten anglais).
Comme cela est le cas dans la notion de capacit, de nombreuses dfinitions du concept de
renforcement des capacits existent. Cependant, llment central ces dernires est lide de
pouvoir. Puisque le pouvoir est un concept multidimensionnel, la notion de renforcement des
capacits en comprend de nombreux aspects diffrents et relis entre euxIII. Par dessus-tout, le
renforcement des capacits ne concerne pas uniquement laccs aux processus de prise de dci-
sion, mais galement les processus qui font que les individus se peroivent comme ayant lacapacit et la lgitimit doccuper ces espaces de prise de dcision (Rowlands, 1995:161).
Dans les domaines de lhumanitaire et du dveloppement, le concept de renforcement des ca-
pacits est en fin de compte devenu lobjet central de la recherche universitaire, des pratiques
et de la planification des politiques, surtout en ce qui concerne les relations entre les hommes
et les femmes. Lorsque le concept est appliqu au dveloppement, la thorie du genre a pu
souligner que le renforcement des capacits constitue un processus du bas vers le haut (bottom-
up), qui prend racine au niveau local et communautaire, plutt quune perspective allant du
haut vers le bas (Top-down). En consquence, les agences internationales humanitaires et dedveloppement ne peuvent pas fournir une capacit aux individus (quil sagisse de femmes, de
rfugis, dindividus locaux), et seule la population au niveau local est en mesure dlaborer des
stratgies pour renforcer elle-mme ses capacits.
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Il convient alors de mettre laccent sur le libre arbitre humain, les capacits individuelle et col-
lective de transformation sociale, lments qui ont toujours t la base de lobjectif principal
du fminisme, savoir davancer grce aux processus de prise de conscience du genre et au
renforcement des capacits. Dune perspective de genre, le renforcement des capacits est pardessus tout li lorganisation collective ou au concept du pouvoir participatif, ainsi qu la
promotion dides relatives au pouvoir intrieur lindividu. En effet, si lon se projette dans
la perspective du fminisme et des droits de lhomme, le renforcement des capacits comprend
lide dun changement fondamental dans les perceptions, ou transformation intrieure, qui
est essentielle dans la formulation des choix. Cela signifie que les femmes doivent tre en
mesure de dfinir leurs propres intrts et choix, et de se considrer non seulement comme
capables mais galement comme ayant le droit de faire des choix. Certains auteurs, tels que
Naila Kabeer, vont plus loin et dcrivent ce processus en termes de rflexion en dehors du sys-
tme et de remise en question du statu quo (Kabeer, 2001).
Enfin, au carrefour du Dveloppement Humain et du Dveloppement Local, lide de dvel-
oppement local humain apparat. Bien que ce terme relativement rcent soit rarement utilis
dans le contexte des rfugis, il offre un cadre utile partir duquel il est possible danalyser les
expriences des populations rfugies. Le Dveloppement Humain Local dans ces contextes
met laccent sur les processus damlioration des capacits des acteurs locaux se relever dune
crise, reprendre leur autonomie et gnrer des activits permettant des revenus stables et
durables, et enfin poser les fondations dun dveloppement long terme. De plus, se concen-
trer sur le renforcement des capacits particulires des groupes les plus marginaliss tels que les
femmes devient dautant plus pertinent quelles ont traditionnellement t dpeintes dans les
tudes sur le dveloppement et les rfugis comme un groupe vulnrable nayant pour
unique chance de survie leur dpendance par rapport lassistance internationale.
Par consquent, lhypothse est ici que lapproche par le Dveloppement Humain Local, qui
prend en compte la variable du genre, nous permet de rendre compte des expriences des
femmes pas exclusivement en tant que victimes (victimes de la violence relative au genre,
rfugies qui nont aucune autre possibilit, veuves sans aucune ressource, travailleuses com-
munautaires exclues des principales organisations charges de la prise de dcision et ainsi de
suite), mais aussi en tant quactrices pertinentes dans la (re)production de la ralit sociale. Ilsagit dun cadre dans lequel laction collective des femmes peut tre souligne, surtout en pri-
ode de crise ou de difficult, puisque cest prcisment dans les situations les plus complexes et
les plus menaantes que les femmes gnrent des ressources, des capacits et des solutions pour
les surmonter.
Dans une situation susceptible de donner naissance une population de rfugis, la premire
raction de la communaut internationale est dassurer la survie des rfugis, de les assister avec
une aide durgence et une assistance humanitaire (mise en place dabris, assistance mdicale,
eau et nourriture). Laide a pour but de satisfaire les besoins de base essentiels et est conuecomme une solution temporaire une crise donne. Dans les cas ou les camps de rfugis sont
tablis de manire permanente, lenjeu principal est de garantir que les camps soient en mesure
de donner aux rfugis des conditions de vie favorables, et de promouvoir un dveloppement
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long terme lorsque la situation des rfugis persiste. Il sagit du cas de ce que lon appelle les
situations de refuge prolong, dfinies par le Haut Commissariat de lONU pour les Rfugis
(UNHCR) comme des situations dans lesquelles des personnes demeurent dans des situa-
tions isoles de refuge pour de longues priodes, sans que leur soit offerte la possibilit dunesolution durable; elles se trouvent donc dans une zone grise. Leurs vies peuvent ne pas tre en
danger mais leurs droits fondamentaux et leurs besoins conomiques, sociaux et psychologiques
ne sont pas couverts, mme aprs des annes dexil. Un rfugi dans cette situation est souvent
incapable de se librer de la dpendance force vis--vis de lassistance extrieure (UNHCR,
2006).
Au cours des annes 90, un dbat continu a eu lieu sur la manire dlaborer un cadre concep-
tuel qui pourrait faire fusionner les diffrentes priorits relatives la mise en place dune aide
humanitaire aux rfugis. La varit de soutien dans les urgences relatives aux rfugis est sou-vent limite la conception actuelle de laide humanitaire (ODI, 2001), qui distingue g-
nralement aide durgence et aide au dveloppement. Cependant, on a pu observer rcemment
dintressantes tentatives de priorisation de certaines ressources pour crer une autosuffisance
et garantir une productivit parmi les rfugis (Bakewell, 2002). De surcrot, les acteurs du
secteur humanitaire ont procd une nouvelle analyse de leurs propres politiques pour don-
ner lieu une transition plus efficace entre aide durgence et coopration au dveloppement.
Dans cette perspective, ladoption dune approche fonde sur les activits de cration de reve-
nusIVest dterminante pour le dveloppement de lindpendance conomique des rfugis, le
renforcement de leur capacit de production et la promotion de la base dune autosuffisance long terme. Bien sur, cela devrait encore davantage tre le cas dans les situations de refuge pro-
long. Comme le dit lorganisation ACORD, pour les rfugis qui rsident dans des camps,
lapproche qui se concentre sur le gagne-pain doit tre adapte pour attirer lattention sur la
vulnrabilit des individus exposs des menaces constantes de violence, et qui souffrent de
nouvelles formes de risques (catastrophes dites naturelles, pauvret, exclusion sociale, dfaut
de capacit physique ou intellectuelle ou faiblesse des moyens de protection) (ACORD,
1995).
Les camps sahraouis dAlgrie doivent lvidence tre considrs comme une situation de
refuge prolongV: il sagit dun cas dans lequel la population dpend depuis plusieurs dcenniesde laide internationale humanitaire. Il sagit cependant galement dune situation pour laquelle
il convient didentifier les efforts locaux fournis pour surmonter cette forte dpendance par
rapport lassistance extrieure. Comme on le soulignera plus prcisment ultrieurement,
laction collective des femmes est de se garantir des activits de gagne-pain et ainsi rduire leur
propre vulnrabilit. Une telle action doit tre au centre de la promotion de lautosuffisance
parmi la population rfugie sahraouie.
Etude de cas : les expriences des femmes dans les camps de rfugis sahraouis
Contexte historique du conflit au Sahara Occidental
Les origines du conflit au Sahara Occidental remontent 1975, lorsque lEspagne, alors puis-
sance coloniale locale, se retire des territoires sans proposer de rfrendum sur lautodtermination,
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contrevenant ainsi diverses rsolutions de lONU (UN, 1960). Le Front pour la Libration de
Saguia el-Hamra et de Rio de Oro (Front POLISARIO), cr en 1973 pour lutter pour
lindpendance du peuple sahraoui par rapport la puissance coloniale espagnole, est alors
confront linvasion bilatrale par le Maroc et la Mauritanie, tous deux signataires de lAccordTripartite de Madrid du 14 novembre 1975, mis en place par le gouvernement alors en chute
libre du dictateur FrancoVI.
Avec lassistance du Front POLISARIO, la majeure partie du peuple sahraoui sest enfuit dans
le dsert en Algrie, et a souffert, lors de ce priple, dattaques ariennes lances par larme
marocaine, qui utilisait alors du phosphore et du napalm (Lippert, 1992). Le Front POLISA-
RIO proclama ltablissement de la Rpublique Arabe Sahraouie Dmocratique (RASD) Bir
Lehlu, le 27 fvrier 1976, et dclara une Guerre de Libration Nationale, tout dabord contre
la Mauritanie, puis plus tard contre le Maroc, aprs la retraite mauritanienne de 1979. La
guerre se poursuivit jusquen 1991, lorsquun cessez-le-feu fut sign entre les parties et que
lONU autorisa le dploiement dune mission spciale dans la rgion (MINURSO) afin de
garantir le respect de laccord de cessez-le-feu et dorganiser et mener un rfrendum qui per-
mettrait la population du Sahara Occidental de dcider de son statut dans le futur.
En consquence du conflit, plus de la moiti de la population sahraouie (environ 165000 indi-
vidus) sest vue force de quitter son pays et de sinstaller dans des camps de rfugis prox-
imit de la ville algrienne de Tindouf. Les rfugis sahraouis ont tabli quatre grands camps
nomms wilayasVII: El Aaiun, Smara, Dajla et Auserd. Chaque wilaya a t divise en plusieurs
municipalits nommes darasVIIIet, dans la foule, chaque dara a t divise en quatre quartiersou groupes de haimas(tentes). Cette structure a facilit lorganisation politique et administra-
tive du Front POLISARIO et de la RASD. De leur ct, les Sahraouis qui nont pu sexiler
Tindouf (environ 40 000 personnes) ont t pigs dans ce que lon appelle les territoires
occupsIX.
Mme si le cessez-le-feu a permis denvisager un rfrendum qui garantirait le droit du peuple
sahraoui son autodtermination, celui-ci na jamais eu lieu. LONU a bien procd quelques
tentatives, mais elles se sont soldes par des checs, principalement en raison du manque de
volont du Maroc daccepter les conditions de lorganisation du rfrendum. Le processus de
paix au Sahara Occidental continue de stagner, et il semble ny avoir actuellement aucune ini-
tiative. Cette situation est aggrave par la ngligence dont fait preuve la communaut interna-
tionale une attitude qui a transform ce conflit en conflit oubli. Le fait quil ne sagisse pas
dune priorit dans lordre du jour international, et que laide internationale a progressivement
diminuX, provoquent des effets ngatifs sur le peuple sahraoui, qui doit, seul, faire face des
conditions de refuge difficiles.
La dimension du genre dans le conflit
Les femmes font partie du Mouvement de Libration Nationale Sahraouie depuis sa fondation.Un an seulement aprs sa formation, le Front POLISARIO, cra en 1974 lUnion Nationale
des Femmes Sahraouies (NUSW), qui ds ses dbuts a fait partie intgrante de la structure du
Mouvement de Libration. La NUSW est ne en tant quorganisation populaire, et sest char-
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ge de reprsenter toutes les femmes de la Rpublique Arabe Sahraouie Dmocratique (RASD).
Sous la direction dun Secrtariat National et dun Bureau Excutif, la NUSW a t structure
aux niveaux local, rgional et national autour de quatre domaines: territoires occups et mi-
gration, information et culture, formation politique et professionnelle, et affaires extrieures.
Au moyen de la NUSW, les femmes du Sahara Occidental ont historiquement poursuivi deux
objectifs principaux: la lutte pour lindpendance de leur peuple et la lutte pour la satisfaction
des revendications des femmes. Cette relation entre les objectifs de libration nationale et
lgalit des sexes, qui est un phnomne commun la plupart des processus rvolutionnaires
arms, est trs frquemment caractrise par la mise en priorit des aspirations nationales la
libration par rapport aux demandes spcifiques concernant la subordination dont souffrent les
femmes (Turpin, 1999). Ce fut le cas, par exemple, de la majeure partie des mouvements de
libration dAmrique Centrale, mouvements au sein desquels on a frquemment demand auxfemmes de soutenir en premier lieu le mouvement de libration auquel elles participaient, et de
repousser leurs revendications fministes jusqu lmergence de conditions nationales plus fa-
vorables qui permettraient daborder des questions moins importantes (telles que les prob-
lmes des femmes), avec le risque habituel quun tel retard pourrait bien devenir indfini
(Ibaez, 2001; Vzquez, 1997).
De plus, dans le cas des pays musulmans, le lien entre lutte nationale et genre a dautres nu-
ances. Non seulement les demandes des femmes sont relgues larrire-plan, mais dans cer-
tains pays galement, le discours nationaliste a souvent tendance tre restrictif (Juliano,1998). Le message principal transmis aux femmes est quelles devraient uniquement soutenir le
mouvement de libration, puisque les revendications relatives lgalit des sexes sont contrai-
res la tradition populaire, et quelles pourraient mme rompre lunit de la lutte nationaleXI.
Cependant, le Mouvement de Libration Sahraouie offre une sorte de troisime voie dans
laquelle la pense rvolutionnaire nationaliste peut tre lie lactivisme pour lgalit des sexes.
Dans ce cas prcis, les revendications dans ce domaine sont en effet une partie importante de
la tradition particulire que le peuple sahraoui souhaite maintenir, et lun des axes principaux
de la nouvelle socit quil construit en exil. Pour le peuple sahraoui, en effet, le respect et la
considration des femmes constituent prcisment un aspect qui les distingue du Maroc. Parconsquent, tous les efforts dploys dans la lutte pour lgalit des sexes sont plus facilement
perus comme faisant partie de leur identit ethnique, et forment galement la base de la lutte
pour leur indpendance.
Afin de comprendre la particularit des femmes sahraouies et leurs positions dans les camps de
rfugis, il est ncessaire de prendre en compte la construction traditionnelle des rles des deux
sexes au Sahara Occidental. En effet, la participation active et importante des femmes sahraou-
ies dans la socit et la reconnaissance sociale dont elles jouissent ne peut tre exclusivement
attribue leur exprience historique rcente en RASD : il sagit dun aspect qui est intgrdans lhistoire du peuple sahraoui de leur vie en tant que nomades, vie au sein de laquelle les
femmes sont considres, respectes et contribuent la socit au mme titre que les autres
membres.
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Puisque les femmes sahraouies habitent une zone gographique qui constitue un pont entre
deux ralits historiques et socioculturelles (lAfrique du Nord et lAfrique subsaharienne), et
puisquelles ont dans le pass intgr les traditions berbres et arabes, elles ont labor des stra-
tgies dadaptation de contenus culturels divers qui les distinguent des autres musulmanes. Latradition bdouine (nomades arabes) a toujours attribu un rle dcisif aux femmes dans la
gestion des ressources ainsi que dans le fonctionnement des communauts nomades. Dans les
temps anciens, presque tous les nomades du dsert faisaient partie de communauts matrilo-
cales et matrilinairesXII. Ces caractristiques de lorganisation familiale ont permis aux femmes
de maintenir une certaine autonomie de mouvement que lon peut par exemple voir dans la
possibilit de recevoir des visites la fois dhommes et de femmes, mmes si elles sont seules
la maison ; elles peuvent galement sortir et rentrer chez elles comme bon leur semble, sans
dpendre de la permission de leur mari. Les costumes quelles portent semblent impensables
pour les autres populations musulmanes de la rgion. Actuellement, ces femmes ont garddimportants lments de ces valeurs traditionnelles qui sont en faveur des femmes, telles que
labsence de sgrgation sexuelle (les femmes et les hommes partagent les espaces publics et
privs), lautonomie des femmes, labsence du voile et la sanction sociale de la violence contre
les femmes.
En plus de linfluence des aspects culturels et traditionnels dans le statut des femmes sahraou-
ies, la pertinence de leur contribution et de leur participation au Mouvement de Libration
Nationale Sahraouie est un autre lment de rponse qui explique la nature de leurs expri-
ences dans les camps de rfugis.
Au Sahara Occidental, limportance dont jouissent les femmes depuis les dbuts du conflit est
trs claire. La guerre dindpendance entre le Front POLISARIO et le Maroc a vu la militarisa-
tion des hommes et un plaidoyer pour les femmes et les enfants. En labsence des hommesXIII,
les femmes sahraouies ont assum les responsabilits dorganiser et de grer la vie des camps de
rfugis, qui comptaient lorigine prs de 165 000 individus et qui constituait presque un
micro-tat dans un tat, en loccurrence lAlgrieXIV. Par lintermdiaire de la NUSW, les
femmes ont planifi, durant le conflit et aprs 1991, le fonctionnement de tous les secteurs des
camps: elles se sont charges des diffrents comits de travail tablis dans chaque quartier, tels
que lducation et la formation, la sant, la distribution des denres alimentaires, la justice etles questions sociales. Etant donn la pertinence du rle des femmes sahraouies au cours des
trois dernires dcennies, la section suivante traite du contenu de leurs contributions au proces-
sus de dveloppement humain dans les camps de rfugis.
Les informations qui suivent sont bases sur des travaux de recherche sur le terrain mens au
cours de deux visites dans les camps de rfugis de Tindouf. La premire visite a eu lieu en
dcembre 2007, et la seconde en avril 2008. Pour notre tude de cas, des mthodes de recher-
che qualitative ont t utilises, puisque ces dernires sont considres comme les outils les plus
appropris pour ltude des processus sociaux (amlioration des capacits, capacitation) dont lacomplexit va au-del de la facult dexplication des mthodes quantitatives. En effet, la recher-
che de type qualitatif permet de mieux comprendre la dynamique sous-jacente des phnomnes
sociaux, et se concentre sur la comprhension de lexprience humaine. Enfin, ce type de m-
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thode permet dtudier les activits, les relations, les ressources matrielles et instruments dune
situation ou dun contexte particuliers.
Durant les visites sur le terrain, des entretiens semi-dirigs ont t mens avec des reprsentantsdu Front POLISARIO et de lUnion Nationale des Femmes Sahraouies, aprs avoir utilis une
technique dchantillonnage raisonn. De plus, des informations ont t collectes par le biais
de plusieurs groupes de discussion composs de travailleuses et de volontaires travaillant dans
les Maisons de la Femme des quatre wilayasainsi quavec des femmes travaillant au Camp du
27 fvrier. Nous nous sommes galement entretenus avec les directrices de chacune des Mai-
sons de la Femme et avec les personnes responsables des divers secteurs couverts par ces centres
(sant, alphabtisation et informations), ainsi quavec des femmes reprsentantes des Bureaux
du Dveloppement Rgional et du Microcrdit.
Stratgies du Dveloppement Humain promues par les femmes sahraouies
Comme on la vu ci-dessus, les notions de capacit et de vulnrabilit sont essentielles dans
lapproche du dveloppement humain. Dun ct, les capacits dterminent la possibilit pour
une personne ou un groupe social de faire face une crise et de sen relever; dun autre ct, les
vulnrabilits renvoient aux facteurs qui affaiblissent les capacits des individus affronter les
effets dune crise. Lapproche des capabilits et des vulnrabilits nest pas seulement utile pour
souligner les forces et les faiblesses de la population rfugie: cette perspective ajoute galement
une orientation fonde sur le dveloppement pour laide humanitaire. Les femmes sahraouies
nont jamais agi comme un groupe vulnrable qui dpend de laide extrieure durgence: aucontraire, elles ont affirm ds le dbut des camps de rfugis leur rle dans le dveloppement
social et conomique long terme de leurs communauts, et cet objectif ne pouvait tre atteint
que par lamlioration de leurs capacits.
Par consquent, afin de structurer les contributions des femmes sahraouies au dveloppement
humain dans les camps, le Cadre des Capacits et des Vulnrabilits, lorigine labor par
Anderson et Woodrow (1989) pourrait tre une ressource mthodologique approprie. Les
capacits, dans ce cas, sont divises en trois groupes: capacits lies aux ressources matrielles
et physiques, capacits sociales et organisationnelles, et enfin capacits motivationnelles. Ces
dernires renvoient aux forces psychologiques et aux attitudes des individus.
Dveloppement des capacits matrielles
La principale source de ressources matrielles disponible pour les rfugis sahraouis provient de
laide humanitaire internationale. Depuis que les camps ont t tablis en Algrie, les femmes
ont pris et maintenu la responsabilit dune distribution galitaire de laide parmi la popula-
tion. Cependant, conscientes du fait que seules des activits de production pourraient per-
mettre aux rfugis de reprendre leur autonomie conomique et de garantir leurs revenus, les
femmes sont apparues comme des championnes essentielles de la mise en place dactivits de
gagne-pain dans les camps.
Au cours de cette dcennie, dans les cas o la communaut internationale a soutenu les pro-
grammes de cration de revenus dans les camps de rfugis, ces derniers ont t labors en
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gnral de deux manires distinctes. Le systme le plus utilis comprend est celui dun pro-
gramme bas sur des subventions; le second, plus rare, sappuie sur la micro-finance. Dans ce
dernier systme, un crdit permet aux bnficiaires de crer une petite entreprise. Selon les
praticiens, les prts reprsentent une forme daide plus approprie, car ils permettent de romprele cycle de dpendance associ laide humanitaire en encourageant une utilisation responsable
des ressources. Par consquent, les programmes de micro-finance ont jou un rle de plus en
plus important dans la dynamique dindpendance conomique des rfugis. Ces systmes ont
pour but de fournir des activits gnrant des revenus durables, ce qui dynamise lconomie des
foyers et cre les moyens du dveloppement (Cavaglieri, 2005).
Dans le mme objectif, les femmes sahraouies ont rcemment labor un Programme de Coo-
pratives Fminines. Ce programme est le fruit de leur volont de renforcer lconomie locale
par la promotion de petites initiatives de coopratives de production parmi les femmes. Leprogramme comprend une gamme de concessions de micro-crdit afin de financer les diverses
initiatives. Ces coopratives permettent aux femmes non seulement dobtenir des avantages
conomiques pour elles et leurs familles, mais galement daccrotre le niveau dautonomie qui
leur est ncessaire pour amliorer leur statut au sein de la famille et dans les relations commu-
nautaires. Ainsi, des femmes sont charges de coopratives qui, par exemple, produisent des
teintures pour melfaXV, des services dalimentation, de coiffure et dagriculture petite chelle,
entre autres choses. Par la promotion de ces activits conomiques, les femmes montrent leur
intention damliorer les capacits des rfugis et les stratgies de ces derniers pour gagner leur
vie et assurer une certaine scurit dans leurs revenus.
Dveloppement des capacits sociales et organisationnelles
A lpoque o la population sahraouie sest installe dans les camps de rfugis en Algrie, 90%
dentre elle tait analphabte. Lducation fournie par la colonie espagnole est venue avec du
retard, et na permis que de former des hommes pour que ceux-ci deviennent la main duvre
destine lexploitation des ressources naturelles (Cistero et Freixes, 1987). Par consquent, par
rapport aux capacits sociales, la plus grande contribution des femmes sahraouies au dvel-
oppement humain dans les camps de rfugis a t la promotion de lducation et de la forma-
tion universelles.
Ds les premiers moments des camps de rfugis, les femmes sahraouies ont donn la priorit
aux campagnes dalphabtisation et lorganisation de tout le systme ducatif. Elles se sont
organises pour enseigner aux enfants lcriture et la lecture dans des coles provisoires dans les
haimas; en 1980, les femmes avaient structur ce qui aujourdhui constitue le systme ducatif
sahraoui.Le systme est mixte et obligatoire, et comprend les niveaux maternel, primaire et
secondaire. En ce qui concerne lenseignement tertiaire, le Front POLISARIO a tabli plu-
sieurs accords de collaboration avec des pays tels que lAlgrie, la Libye, Cuba, la Syrie et
lEspagne. Par ce systme, de jeunes hommes et femmes passent des diplmes ltranger, puis
reviennent aux camps pour tre incorpors dans diffrents services communautaires, centressanitaires ou hpitaux, administrations, etc.
Il convient de souligner quen raison du leadership des femmes dans lorganisation de
linfrastructure ducative, le Camp du 27 fvrier a t cr pour accueillir le plus grand centre
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ducatif pour les femmes exiles. Ce centre offre une vaste gamme de formation. Mme si
lorigine, il a t cr uniquement pour les filles et les coliers qui frquentaient les diffrentes
coles qui se trouvaient proximit, le complexe ducatif du 27 fvrier est devenu en fin de
compte un cinquime camp dans lequel de nombreuses femmes et leurs enfants vivent en per-manence. Les tudiants sont slectionns par des comits en fonction des diverses comptences
demandes par chaque dara. Lcole formait lorigine les tudiants aux soins mdicaux, la
couture, au travail du cuir et la fabrication de tapis; dsormais, le centre inclut galement
dautres matires telles que la didactique ou linformatique. Chaque anne, environ 300 femmes
arrivent avec leurs familles et leurs haimas lcole, pour suivre un cours de dix mois partir
du mois de septembre.
En plus de leur rle dans le dveloppement des capacits individuelles et sociales des rfugies
par le biais de programmes ducatifs, les femmes sahraouies ont galement mis en place lunedes initiatives les plus intressantes visant prparer la population un futur retour un tat
indpendant : la promotion de programmes de formation pour le personnel technique de
ladministration sahraouie. De fait, la NUSW a t la premire organisation, avec le personnel
de certains ministres de la RASD, participer ces programmes, qui ont vu le jour en 1998.
Lobjectif de ces initiatives est la formation de cadres techniques et le renforcement des institu-
tions locales.
Avec lducation et la formation, la sant est un autre domaine sur lequel les femmes sahraouies
se penchent en priorit pour promouvoir le dveloppement humain. Linstallation des rfugis
dans les camps sest droule dans des conditions vritablement difficilesXVI, qui ont provoqudes taux de mortalit levs en raison des diverses pidmies et de la malnutrition des enfants.
Les femmes ont contribu amliorer cette situation en tablissant et en organisant dans les
camps une infrastructure sanitaire pratiquant soins mdicaux et mdecine prventive. Cette
infrastructure est compose de petits centres sanitaires au niveau municipal (un par dara) ainsi
que de centres provinciaux ou hpitaux (un par wilaya) et deux hpitaux gnraux RabuniX-
VII.
En comptant sur les rseaux sociaux, la NUSW a galement cr des quipes spciales de soins
mdicaux pour ragir aux besoins de certaines catgories de personnes exposes de plusgrandes menaces: femmes enceintes, enfants et convalescents. Dune part, il existe des groupes
de suivi des enfants et des mres (3 4 femmes par quartier), qui rendent compte de la situation
des femmes enceintes et allaitant, ainsi que celles des nourrissonset sassurent du respect du
calendrier des vaccinations. Dautre part, il existe galement dans chaque centre sanitaire un
groupe de 10 femmes, suivies par une infirmire, qui sont charges de rendre visite aux malades
dans leurs haima et dassurer le contrle des mdications. Enfin, la NUSW gre une unit de
soins pour les personnes handicaps Njaila. Bien que les quipements et le personnel y soient
trs limits (de rares quipements archaques, peu de formation la rducation). Cette unit,
ainsi que le reste du systme sanitaire, dpend en trs grande partie de laide internationale ; lamajeure partie des fournitures mdicales fait partie de laide durgence, et les oprations sri-
euses doivent tre effectues ltranger ou lorsque des professionnels trangers se rendent dans
les camps.
Mara Lpez Belloso et Irantzu Mendia Azkue
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En plus de leurs efforts prventifs et mdicaux, les femmes sahraouies ont prt une attention
particulire la formation dans ce secteur. Lcole pour femmes du 27 fvrier a, en particu-
lier, servi de plate-forme de formation pour les cadres sanitaires des camps de rfugis. Ainsi, la
NUSW dispose dinfirmires, de techniciens de laboratoire et pharmaceutiques qualifis, alorsque la formation du personnel mdical doit tre effectue ltranger, principalement Cuba.
Enfin, les femmes sont charges des comits lis la justice et aux affaires sociales. Sur la base
de la lgislation de la RASD, ces comits ont la responsabilit dintervenir dans toutes les ques-
tions relatives la socit civile. Ces questions portent sur les mariages, les divorces, les dcs et
autres litiges qui peuvent survenir entre les rfugis. En ce qui concerne les divorces, il est im-
portant de noter quau contraire des lois en vigueur dans dautres cultures arabes, les femmes
sahraouies peuvent prendre linitiative du divorce de leur propre chef, et cest le mari qui est en
gnral celui qui doit quitter le domicile conjugal. A cet gard, la cration en 2002 dun Secr-tariat dEtat aux Affaires Sociales et lEmancipation des Femmesreprsente un grand progrs
dans lorganisation sociale des camps de rfugis. Lexistence de cette organisation a permis la
NUSW de se consacrer encore davantage sur la question de lgalit des sexes comme critre
principal des activits organises avec des femmes. Cette nouvelle institution promeut gale-
ment lincorporation dun nombre accru de femmes dans le travail de la NUSW, quelles soient
des rfugies, ou quelles travaillent dans des associations et rseaux internationaux qui parta-
gent les objectifs du renforcement des capacits des femmes sahraouies.
Dveloppement des capacits motivationnelles
Pour les femmes sahraouies, lacquisition de pouvoir en termes de pouvoir de lintrieur est
la base de lamlioration et de la consolidation de leur autonomie, et amplifie leur prsence et
leur participation aux espaces sociaux, politiques, conomiques et relatifs aux prises de dcision
de leurs communauts. Ainsi, le renforcement des capacits des femmes est considr comme
essentiel pour le dveloppement du peuple sahraoui.
Les Maisons de la Femmesont lun des moyens les plus pertinents par lesquels la NUSW uvre
pour le renforcement des capacits des femmes sahraouies. Ces tablissements taient aupara-
vant appels Ateliers pour la Promotion de la Femme et taient organiss dans chaque quart-
ier et dara pour permettre aux femmes de participer toutes sortes de cours, sminaires etdiscours. La dynamisation de ces ateliers na t rendue possible que grce limportante par-
ticipation des femmes en tant que leaders, ducatrices et surveillantes. Cette initiative a ga-
ranti lorientation et lanalyse de la situation des femmes dans chaque activit organise. En peu
de temps, ce projet sest dvelopp dans une telle mesure quil a dpass les attentes et les res-
sources disponibles. En consquence, les femmes ont pu planifier la cration de la premire
Maison de la Femme dans la wilaya de Smara. Avec une aide extrieure, cette exprience a pu
se reproduire en peu de temps dans les autres wilayas.
Les Maisons de la Femmesont considres par la NUSW comme un espace de rassemblement
et de collaboration entre les femmes, pour linformation et la formation, et pour limpulsion et
la coordination des services et activits dont le but est dliminer toute forme dobstacle
lmancipation de la femme (El Mehdi, 2006). Jusqu prsent, les Maisons de la Femmesont
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une ressource fondamentale pour le dveloppement des capacits de motivation des femmes,
que lon peut considrer comme leurs forces psychologiques et attitudinales.
Conclusions : limites et incertitudes du futur
En dpit de certaines amliorations dans le domaine du dveloppement humain, les rfugis
sahraouis rencontrent de nombreux obstacles qui menacent leur accomplissement durement
acquis. Par-dessus tout, lexil long terme et la ngligence continue de la communaut inter-
nationale provoquent un impact grave sur la socit sahraouie dans les camps.
Tout dabord, la fatigue et la frustration de grands pans de la population rfugie provoquent
des effets ngatifs sur la mise en uvre des tches organisationnelles des communauts. Par
exemple, on a rcemment identifi un dclin dans les niveaux de motivation des enseignants et
du personnel mdical qui travaille dans les centres sanitaires. En mme temps, de nombreux
jeunes qui bnficient des programmes ducatifs de la RASD et ont la possibilit daller obtenir
des diplmes ltranger rencontrent, leur retour dans les camps, dimmenses difficults dans
la mise en pratique de leur savoir nouvellement acquis. Le manque dopportunits demploi
accrot le niveau de frustration dans cette importante partie de la population.
Lentre de devises trangres envoyes par des migrants sahraouis travaillant ltranger ou
par des familles qui accueillent des enfants sahraouis par lintermdiaire du programme Holi-
days in PeaceXVIII, est un autre problme. Ces flux dargent, ajouts ceux provenant de nou-
velles entreprises de petite taille, commencent crer une certaine ingalit sociale, qui, si ellenest pas gre correctement, pourrait mener des conflits sociaux court et moyen terme.
De plus, lexposition prolonge aux programmes daide humanitaire perptue lhabitude de
recevoir presque tout ce dont la population a besoin pour survivre : cela provoque des con-
squences directes sur la motivation du dveloppement des capacits de production dans les
camps. Au cours des dernires dcennies, les interventions internationales se sont principale-
ment penches sur la satisfaction des besoins de base des rfugis, ainsi que sur les aspects ex-
clusivement lis au bien-tre. En consquence, une culture de dpendance par rapport
laide extrieure a vu le jour, ce qui signifie non seulement que les rfugis accordent de moinsen moins de valeur laide reue, mais aussi que les capacits et lautonomie des rfugis sont
ngativement touchs. Plusieurs bailleurs de fonds tels que lAgence Espagnole pour la Coo-
pration au Dveloppement (AECID) et ECHOXIXont dj identifi cette situation, et ont
timidement commenc travailler sur des mcanismes visant une meilleure coordination de
laide et lintroduction de programmes de dveloppement qui se penchent sur la production
locale.
Cependant, la dpendance par rapport laide dans les camps a constamment t aborde par
les femmes sahraouies. Ces dernires sont devenues des agents actifs de la promotion de strat-gies de cration de revenus, sur la base de lide que la forte vulnrabilit des rfugis ne saurait
tre rduite uniquement par laide humanitaire (denres alimentaires et mdicaments) si celle-
ci nest pas accompagne de la promotion de processus et de programmes de production du-
Mara Lpez Belloso et Irantzu Mendia Azkue
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rables et autonomes. En termes dintervention internationale, on peut alors dfinir le dfi qui
se prsente comme le besoin de passer dun point de vue de type providence pour se diriger
et mettre laccent sur le rle actif des femmes et de leur libre arbitre . Les femmes, qui ne sont
plus les rcipiendaires passifs dune aide qui a pour but daccrotre leur bien-tre, sont de plusen plus considres (autant par les hommes que par les femmes) comme des agents actifs du
changement; elles promeuvent dsormais de manire dynamique les transformations sociales
qui peuvent changer la vie la fois des hommes et des femmes (Sen, 1999:189).
En se penchant sur la situation des femmes sahraouies et leurs contributions au processus de
dveloppement humain local dans les camps, notre argument est que les femmes ont t des
actrices clefs dans le renforcement des capacits des rfugis sahraouis. Il est particulirement
important, dans cette perspective, de souligner leurs efforts dans ce domaine, ainsi que leur
leadership dans les secteurs tels que lducation et la formation, la sant, la gestion et la logis-tique des camps, la production, la distribution des denres alimentaires, la justice et les affaires
sociales. Les femmes sahraouies, qui sont organises autour de la NUSW, ont jou un rle in-
dispensable dans le dveloppement de leurs communauts, rle rarement gal dans dautres
situations de refuge prolong. Cette exprience illustre le caractre appropri de la notion de
renforcement des capacits, qui reconnat laspect essentiel de la dimension collective du dvel-
oppement humain (Morgan, 2006). Une telle dimension collective est dautant plus pertinente
que le libre arbitre des femmes tend favoriser des ractions collectives aux problmes com-
muns, plutt que des solutions individualises.
Cependant, les femmes sahraouies nont pas seulement aid amliorer et dvelopper les ca-
pacits de la population rfugie : elles ont galement travaill sur le renforcement de leurs
propres capacits collectives et individuelles. Ce processus a t facilit par la prvalence de la
tradition arabo-berbre, qui a toujours respect et valoris lautonomie et linfluence so-
cioconomique des femmes. Dans ce cas prcis, limportance de la dimension traditionnelle
illustre le besoin dun plus grand savoir et dune plus grande comprhension des aspects cul-
turels et anthropologiques de la part des acteurs internationaux qui travaillent dans les do-
maines du dveloppement et de lhumanitaire (Voutira & Harrell-Bond, 1995), surtout dans
la perspective dune meilleure promotion de la valeur du dveloppement au sein des camps.
En plus des aspects culturels, lirruption du conflit a t un facteur dterminant de la position
des femmes dans la socit sahraouie au cours des trois dernires dcennies. En consquence du
conflit, les femmes ont commenc assumer dimportantes responsabilits sociales et commu-
nautaires, et ce rle a t reconnu au niveau public et au niveau politique. En mme temps,
cette volution a permis de crer des mouvements fminins bien organiss disposant dune
forte capacit de revendication auprs des structures du pouvoir XX. Pour reprendre la notion de
Rowland (1995) relative au renforcement des capacits, les femmes sahraouies ont non seule-
ment obtenu laccs aux espaces de la prise de dcisions dans les camps, mais se sont de plus enplus perues comme disposant de la capacit et de la lgitimit ncessaires pour occuper ces
espaces. A cet gard, la NUSW a plac au cur de ses stratgies limportance de lducation et
de la formation destines aux femmes (VIDC, 2006).
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15/20191 JMB: Journal of Disaster Risk Studies, Vol. 2, No.3, December 2009
En dpit de leurs accomplissements, les femmes sont confrontes dimportantes contraintes
qui ont rendu leur lutte quotidienne difficile. En premier lieu, le conflit leur a impos la re-
sponsabilit de traiter de nouveaux dfis urgents dans un environnement hostile avec trs peu
de ressources. De plus, les femmes sahraouies ont t confrontes la tche de restructurer lavie sociale et familiale dans les camps, en assumant la perte de leurs proches (parents, enfants,
maris, frres) et en se lanant dans la construction de la nation sans disposer de lespace ou du
temps ncessaires la socialisation ou au deuil. Leur contribution au dveloppement local des
camps ne sest ainsi pas limite laccroissement des ressources matrielles pour les rfugis,
mais sest galement oriente vers la reconstruction et la maintenance des liens familiaux et
sociaux. Ces aspects sont devenus fondamentaux pour affronter collectivement la ralit, dans
les conditions extrmes de rfugis permanents. Comme Sen la indiqu dans son approche
relative aux capacits, la tolrance sociale devient dans ce cas une composante essentielle du
renforcement des capacits et du libre arbitre humain (Sen, 1999).
Les femmes sahraouies sont confrontes dautres obstacles. Il existe par exemple certains es-
paces publics dans lesquels leur participation est restreinte, par exemple dans les organes pub-
lics de la RASD et du Front POLISARIOX XI. Il est en effet particulirement frappant de noter
leur absence dans le domaine de la politique trangre sahraouie. Malgr lextraordinaire
prsence de la NUSW au sein de multiples forums internationaux et rseaux de femmes, il y a
trs peu de femmes dans la section des affaires trangres du Front POLISARIO, et les femmes
occupant des postes dambassadrices ou qui sont dlgues auprs des gouvernements rgion-
aux sont rares. La formation de nouvelles gnrations de femmes titulaires de diplmes univer-
sitaires et en mesure de parler plusieurs langues contribue inverser cette situation, et permet
damliorer la prsence des femmes dans ces espaces. De fait, pour les femmes, lamlioration
de leurs qualifications est au cur du processus de renforcement des capacits, notion quelles
associent au pouvoir de raliser, cest--dire lautorit de prendre de dcisions ainsi que la
capacit grer et rsoudre les problmes (Oxaal & Baden, 1997).
Cependant, occuper les espaces de prise de dcisions davantage politiques reste un problme
pour le mouvement des femmes sahraouies. La mesure dans laquelle leurs rles, responsabilits
et droits actuels seront respects dans le futur reste une importante et problmatique question
en ce qui concerne les possibilits pour elles daccder certaines positions. En fait, aprs lecessez-le-feu de 1991, les confrontations militaires ont commenc diminuer, et les hommes
ont commenc passer davantage de temps dans les camps. Avec ce retour, la prsence des
hommes dans les organes de prise de dcision a augment progressivement, et le conflit relatif
la raret des ressources sociales et conomiques est devenu dautant plus clair dans la perspec-
tive de lgalit des sexes.
Les femmes sahraouies sont conscientes de lexprience vcue par dautres femmes dans les pays
touchs par les conflits et les situations durgence, pays dans lesquels toute possibilit de trans-
formation visant ltablissement de relations plus gales entre les hommes et les femmes a dis-paru ds la fin du conflit arm. Au contraire, les femmes sahraouies remplissent dsormais dans
les camps des rles indispensables: elles sont enseignantes, mdecins et infirmires, administra-
trices, directrices et participantes dans la vie politique et sociale quotidienne, ce qui bnficie
Mara Lpez Belloso et Irantzu Mendia Azkue
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elles-mmes et la socit en gnral. Ainsi, la varit des stratgies de rsolution des problmes
et dadaptation utilises par les femmes va bien au-del de ce qui est ncessaire pour leur survie,
car elles sont devenues, au cours des dernires dcennies, des partenaires essentielles des initia-
tives de dveloppement local mises en place dans les camps. Il en rsulte que les femmes ne sontdsormais plus considres comme de simples faibles victimes ou comme un groupe vul-
nrable, comme cela est frquemment le cas dans les discours humanitaires et relatifs au dvel-
oppement (Juliano, 1998), mais comme des sujets actifs dans la convalescence et le dveloppe-
ment de leurs communauts de rfugis. Elles sont par consquent des agents fondamentaux
que lon doit soutenir et promouvoir.
Mme si le Front POLISARIO est depuis le dbut de la lutte pour la libration nationale un
facteur de formation et de participation par et pour les femmes, la question est en fin de
compte de dterminer si cette dcision a t prise sur la base des besoins court terme, ou sicelle-ci fait partie dune initiative sincre pour une socit plus galitaire. Dans tous les cas, les
femmes sahraouies ne semblent pas souhaiter abandonner leurs droits ou accepter une inver-
sion de leurs positions actuelles dans la socit, ni durant leur sjour dans les camps en tant que
rfugies, ni dans le cadre dun futur retour dans les territoires du Sahara Occidental. Bien au
contraire, elles maintiennent par-dessus tout une forte volont de prserver leurs accomplisse-
ments sociaux, conomiques et politiques si durement acquis.
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Notes
I. Ces travaux ont t effectus dans le cadre du Groupe de Recherche sur la Scurit Humaineet le Dveloppement Humain Local, qui fait partie de lInstitut HEGOA (Institut dEtudessur le Dveloppement et la Coopration Internationale), lUniversit du Pays Basque
(http://www.hegoa.ehu.es). Le contenu de cet article est tir de travaux de recherche encours, recherches qui associent lexamen dune bibliographie slective et dinformationsprimaires obtenues durant des visites des camps de rfugis de Tindouf, en Algrie (2007,2008).
II. Nous avons choisi de traduire le terme anglais empowerment par renforcement des capacits(note du traducteur).
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III. Daprs Oxaal & Baden (1997), le pouvoir peut fonctionner de diverses manires : a) lepouvoir sur les choses, qui implique une relation de domination ou de subordination basesur les menaces de violence et dintimidation valides socialement, b) le pouvoir de raliserles choses, li lautorit de prendre les dcisions, ainsi que la capacit grer et rsoudredes problmes, c) le pouvoir avec dautres individus, qui implique lorganisation sociale dans
un but commun et pour atteindre des objectifs collectifs et enfin d) le pouvoir de lintrieur,qui renvoie la confiance en soi, la conscience individuelle et la capacit saffirmer ; cetype de pouvoir implique galement que les individus sont en mesure de reconnatre, parlanalyse, leurs propres expriences quant la manire dont le pouvoir fonctionne dans leurvie, et de gagner la confiance ncessaire pour agir dans le but de changer et dinfluencer cescirconstances.
IV. Le gagne-pain est dfini comme le contrle qua un individu, une famille ou un autregroupe social sur un revenu et/ou un ensemble de ressources que lon peut utiliser ouchanger pour satisfaire ses besoins : informations, reconnaissance culturelle, rseaux sociaux,droits mais aussi ressources physiques telles que des terres ou des outils (Blaikie et al, citdans Prez de Armio, 2001: 584).
V. Le cas du Sahara Occidental a t dfini comme un exemple clair de situation de rfugisprolongs par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Rfugis et le ProgrammeAlimentaire Mondial. Voir Acute Malnutrition in Protracted Refugee Situations: A GlobalStrategy (WFP & UNHCR, 2006).
VI. Les fondations de ces accords taient le transfert de ladministration du Sahara Occidental auMaroc et la Mauritanie, le dpart de lEspagne des territoires la date dfinie et le respectde la volont du peuple sahraoui au moyen du Yemaa, ou parlement. Il est importantdindiquer que lEspagne a ainsi transfr ladministration du territoire, mais non sasouverainet. Le Sahara Occidental reste lun des territoires reconnus par lONU commenon-autonome : il sagit dun territoire colonial espagnol qui reste tre dcolonis.
VII. Division administrative ou province nomme daprs les grandes villes du Sahara Occidental.VIII. Camps communautaires ou municipaux nomms daprs des villes du Sahara Occidental.IX. Entre 1980 et 1987, le Maroc a bti au Sahara Occidental un grand mur dfensif que lon a
appel Berm. Ce mur a t min et renforc de fils de fer barbel ; des postes dobservation etdes systmes dalarme sophistiqus y ont t installs. Le Berm enferme la population entiredes centres principaux du Sahara Occidental ainsi que les riches dpts de phosphate dupays. Du ct ouest du mur, le territoire occup est rest marocain aprs la construction dumur, et les territoires librs sont grs par le Front POLISARIO lest du mur.
X. Les baisses dans les montants octroys par lassistance humanitaire ont t reconnues par leHaut Commissariat des Nations Unies pour les Rfugis, Antonio Guterres, durant sa visitedans les camps de rfugis en septembre 2009 (voir le site officiel de lUNHCR, www.unhcr.org).
XI. En Algrie, par exemple, de nombreuses femmes ont activement particip au Front deLibration Nationale (FLN) durant la guerre dindpendance qui opposa le pays et la France.Cependant, une fois lindpendance obtenue, les femmes ont vu leur situation rgresser enraison de pressions politiques, sociales et religieuses : elles furent ainsi relgues leur rletraditionnel davant la rvolution nationaliste, et furent exclues des espaces publics. Lespromesses dducation gnralise pour les femmes et les filles, le droit au travail et laperception dun salaire gal aux hommes dans les mmes conditions que ces derniers nedevinrent jamais ralit. De nombreuses femmes considrent cette rgression post-conflictu-elle comme une trahison de la part du mouvement de libration de lAlgrie (Kutschera,1996).
XII. Le concept de matrilinarit implique une mthode dadministration de la descendance quiest particulirement favorable aux femmes : lappropriation ethnique est attribue la famille
de la mre, et par consquent le contrle de la sexualit fminine qui est typique des socitspatrilinaires perd son sens. La matrilocalit implique quuniquement les couples marisnaillent vivre avec ou au moins proximit de la famille de la femme, ce qui signifie quecette dernire peut compter sur le soutien du groupe familial ; ainsi, le pouvoir du mari sursa femme est restreint.
XIII. Puisque beaucoup des hommes combattaient, les femmes reprsentaient lpoque prs de80 % de la population adulte (Firebrace, 1992: 181).
XIV. Il nexiste aucun recensement officiel de la population rfugie Tindouf. Par consquent, denombreuses agences diffrentes offrent leurs propres estimations, qui sont toutes trsdiffrentes. Si lUNCHR et le PAM reconnat la prsence de 116 530 rfugis (2009),dautres sources telles que le CIA World Factbook estiment la population 405 210individus (dont les soldats et nomades qui vivent dans les soi-disant territoires librs ).
XV. Robe sahraouie typique.XVI. La rgion algrienne du Hammada, Tindouf, est peut-tre lun des lieux les moins
hospitaliers au monde. Le climat y est difficile et dsertique, et les tempratures dans la
journe peuvent atteindre 60C en t. Des siroccos pouvant aller jusqu 100 km/heureprovoquent poussires et scheresse, ce qui pose un problme quotidien. Lnorme amplitudethermique entre le jour et la nuit conditionne le type et la quantit deau et de denresalimentaires dont les individus ont besoin pour survivre (pour une description dtaille desconditions de vie dans le Hammada, voir Firebrace, 1992).
JMB: Journal of Disaster Risk Studies, Vol. 2, No.3, December 2009
Mara Lpez Belloso etIrantzuMendiaAzkue
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8/8/2019 Le dveloppement humain local dans les contextes de crise permanente: lexprience des femmes au Sahara Occi
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XVII. Rabuni est le principal centre dopration de la RASD, et se trouve environ 20 km descamps ; il sagit du sige des diffrents ministres. Cest dans ce centre qua t bti lHpitalNational, qui dispose de plus de ressources techniques et professionnelles que le reste deshpitaux dans les wilayas. Cest l que se trouve galement lHpital Militaire pour lessoldats blesss pendant la guerre.
XVIII.Ce programme permet aux enfants sahraouis de passer leur t en dehors des difficilesconditions de vie des camps de rfugis. Durant trois mois, ces enfants sont accueillis par desfamilles, principalement en Espagne et en Italie.
XIX. Le besoin dune plus grande coordination de laide est lune des principales conclusions durapport dvaluation prpar pour ECHO par DARA International (DARA, 2009). Lesmmes informations figurent dans le document stratgique national tabli par lAgenceEspagnol de Coopration pour le Dveloppement (AECID, 2005).
XX. La promotion de rformes juridiques pour la promotion des droits de la femme est lun desgrands accomplissements de la NUSW. On peut citer cet gard la loi sur le mariage, qui estlune des plus progressistes dans les socits musulmanes.
XXI. Le Parlement sahraoui garantit la participation dau moins 30 pour cent des femmes. Deplus, il existe deux femmes ministres, et de nombreuses autres femmes occupent des postesde secrtaire dtat ou dirigent des wilayas.
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