le développement durable est il un luxe ?

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HORS SÉRIE M 05385 - 26 - F: 5,60 € - RD Un engagement mide Etat des lieux Un constat édifiant Septembre 2008

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Cette présentation traite de la problématique qui se pose entre le luxe et de développement durable. Dossier réalisé par Tony Vaucelle, Juliette Pogorel, Grégory Charvet, William Leroy.

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Septembre 2008 - HORS SÉRIE - Le magazine éthique - 1

HORS SÉRIE

M 05385 - 26 - F: 5,60 € - RD

Un engagementtimide

Etat des lieux

Un constatédifiant

Septembre 2008

2 - Le magazine éthique - HORS SÉRIE - Septembre 2008

Septembre 2008 - HORS SÉRIE - Le magazine éthique - 3

Le monde peut se voiler la face. Malheureuse-ment, la terre va mal, et Il serait vain de croire que le Grenelle de l’environnement pourra in-verser cette tendance. Face aux changements

climatiques, aux menaces sur la biodiversité, à la ra-réfaction des sources d’énergies, à la pollution de l’air et des eaux, à l’essor des pays en voie de développe-ment… il faudra plus que le tri sélectif pour endiguer ce phénomène. Le fait est que plus le monde va mal, et plus nous souhaitons de nouveaux écrans plasma et autres voitures tout-terrain. Il existe dès lors un vrai cli-vage entre la situation actuelle du monde et les atten-tes des consommateurs.Cependant, il existe un infime espoir. Le monde sem-ble se rappeler qu’il existait avant Total et les sacs plastiques, des océans bleu azur, copieusement peu-plés de poissons divers et variés. Nous voyons même un regain d’intérêt des français… non pour le prix de la baguette… mais pour l’écologie. Le grand Bush lui-même semble en difficulté contre le mouvement éco-logique californien porté par le géant vert bodybuildé de Schwarzenegger. Comme quoi… même les idiots changent d’avis.De bonne augure car la France reste la vitrine du luxe, symbole de l’opulence et du gaspillage. Ainsi Louis Vuit-ton se fait peau neuve et lance sa charte éthique. Selon le dernier rapport Deeper Luxury de WWF, les marques de luxe ont pourtant une influence plus forte sur les comportements des consommateurs que la moyenne. Intéressant car…souvent pointé du doigt, ce monde ex-travagant tente de vendre du coton biologique pour de la fourrure. L’arnaque marchera – t- elle ? Il en va de notre sort…

Le dévelop-pement

durable est il un luxe?

GROUPEESGCI classe 2 DD

ÉDITEURWilliam Leroy

RÉDACTRICE EN CHEFJuliette Pogorel

RÉDACTEURS EN CHEF ADJOINTSTony Vaucelle

Grégory Charvet

DIRECTEUR ARTISTIQUETony Vaucelle

RÉDACTIONGrégory Charvet, chef de service

Juliette Pogorel, chef d’orthographeWilliam Leroy, Kes’ki se passe?

Tony Vaucelle, coordination

MAQUETTEJuliette Pogorel, échelle 1:0, tellement petite

que l’on ne la voit pas

SECRÉTARIAT DE RÉDACTIONCorrecteur d’orthographe Microsoft

Office Windows 2007, rédacteur-réviseur

SECRÉTARIATTout sauf celui de l’école

SERVICE PHOTONikon P80

FABRICATION

L’Impression Éco

Dans un soucis de respect de la nature, nous avons choisi

d’imprimer votre magazine sur du papier respectant les prin-

cipes de gestion durable des forêts (norme PEFC). De même

l’imprimeur s’engage à respecter le norme Imprim’Vert qui

garantit une gestion écologique des produits polluants et

une recherche permanente de solution de développement

durable des méthodes d’impression.

Par G. Charvet

Le magazine éthique

4 - Le magazine éthique - HORS SÉRIE - Septembre 2008

Luxe et déve-durable,

Fin des conflits en Afrique et fermeture des mines diaman-taires, la culture des diamants sur gazon promet un bel avenir pour le luxe

Septembre 2008 - HORS SÉRIE - Le magazine éthique - 5

loppement État des lieux

LA PLANÈTE VA MAL, IL EST TEMPS DE RÉAGIR

Les français entrent en scène dans le grand débat sur l’écologie. En 2007, une enquête de l’IRSN montre pour la première fois une nette progres-sion de l’intérêt des français pour la

dégradation de l’environnement et les chan-gements climatiques. Mieux, la pollution at-mosphérique est en tête du palmarès des si-tuations à risque ; passant de 68% en 2004 à 75% aujourd’hui.Changement climatique, pollution, épui-sement des matières premières, feu de fo-rêts, désertification, extinctions des espèces animales…ne sont qu’une simple liste non exhaustive de ce qui se produit à l’heure ac-tuelle. La France considère donc à peine les risques abyssaux que subit la planète.Une consommation abondante. Or abondan-ce de biens ne nuit pas… sauf à la planète. En effet, ce style de vie à une incidence directe sur notre empreinte écologique (Celle-ci per-met de calculer le nombre de planètes néces-saire pour combler nos besoins). Cette étude menée par la WWF est plus que préoccupan-te. Ainsi, Depuis les années 70, nous avons dé-passé les capacités de la planète et vivons en « sur-régime» . Le résultat est une diminution

spectaculaire de 30% des ressources naturel-les de la planète en 30 ans : les écosystèmes forestiers ont été réduits de 12%, ceux d’eau douce de 50% et enfin, les écosystèmes ma-rins de 30%. Empreinte écologique. En France, celle-ci a augmenté de 40% en moins de 40ans alors que sa population n’a augmenté que de 27%. En clair, nous utilisons plus de ressources que nous ne pouvons produire : si le pays vivait de façon autonome, il faudrait « une deuxième France » pour répondre à nos besoins. Il fau-drait ainsi plus de 3 planètes si le monde était composé uniquement de gaulois. Nous pour-rions nous dire que nous sommes les vilains

Page 5 La planète va mal, il est temps de réagirPage 7 Le luxe partenaire officiel des mauvaises pratiquesPage 9 Quels défis à surmonter?Page 13 Un luxe durable et éthiquePage 14 La composante consomma-teur

Page 16 PerspectivesSO

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AI

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6 - Le magazine éthique - HORS SÉRIE - Septembre 2008

petits canards du monde ; mais, sur le même princi-pe, les Etats-unis consom-meraient l’équivalent de 5 planètes !Réchauffement Plané-taire. Notre surconsom-mation vient expliquer en partie l’ensemble des dysfonctionnements dont nous sommes les specta-teurs. Le tribu peut nous sembler lourd pour des biens industriels. Le pre-mier effet est le réchauffe-ment de la planète. Il dé-coule de cette hausse des températures un dérègle-ment de notre biosphère. Les océans s’étendent, les glaciers fondent, les inon-dations et les cyclones se multiplient. Ces événe-ments seraient selon le GIEC la conséquence de la combustion d’énergie fossile.La Chine n’est pas en reste, elle en est l’un des princi-paux acteurs. Sa croissan-ce à 11% qui fait d’elle la championne du monde re-jets de dioxyde de soufre, lui permet de rafler le titre de 1er pays producteur de dioxyde de carbone. Or le CO2 participe active-ment au réchauffement. Chaque année, près d’un million de chinois meu-rent prématurément de la pollution de l’air et de la mauvaise qualité de l’eau. L’atelier du monde profite à l’ensemble de la planète, néanmoins l’élimination des déchets polluants coû-te deux fois plus cher que les bénéfices récoltés.Les effets du réchauffe-ment ne se limitent pas au dérèglement climatique. Une nouvelle étude sug-gère que le changement

en cours pourrait ac-célérer les dommages infligés par les insectes aux récoltes et aux forêts. Ainsi, Ellen Currano, étu-diante de troisième cycle à l’université d’État de Penn-sylvanie (US) explique que « Lorsque la température augmente, la variété des dommages causés aux es-pèces de plantes par les insectes qui s’en nourris-sent augmente aussi ». A ceci s’ajoute la menace autour des espèces ani-males. L’Indice Planète Vi-vante confirme cette ten-dance. Elle a suivi au total 695 espèces terrestres, 344 espèces dulcicoles et 274 espèces marines. Elle constate avec dépit que le premier groupe a décliné de 31%, le deuxième de 28% et le dernier de 27% sur une période de 33 ans.Années chaudes. Le ré-chauffement du climat ne fait aucun doute et est

d é s o r m a i s attesté par l ’a u g m e n -tation ob-servée des

températures moyennes de l’air et de l’océan, la fonte généra-lisée de la neige et de la glace et l’augmentation du niveau moyen de la mer (4ème rapport du groupe d’experts intergouverne-mental sur l’évolution des climats).Onze des douze dernières années (1995-2006) furent les années les plus chaudes jamais enregistrées depuis 1850. L’année 2005 reste la plus coûteuse sur le plan des catastrophes naturel-les météorologiques avec plus de 200 milliards de dollars de dégâts.A l’échelle de l’humanité, une moyenne de 200 mil-lions de personnes sont touchées chaque année par les catastrophes natu-relles.Ainsi, le niveau moyen des mers s’est ainsi élevé de 17

cm depuis 1880 à cause de la fonte des glaciers. Ceci engendre chaque année, la disparition de 100 km² de marécages dans le del-ta du Mississipi.L’Arctique perd environ 10% de sa couche de glace permanente tous les dix ans depuis 1980. Dans cette région, les tempéra-tures moyennes ont aug-menté à une vitesse deux fois plus rapide qu’ailleurs dans le monde durant les dernières décennies.Responsabilité humaine. Cependant il convient de rappeler que l’homme est son propre bourreau. De nombreux dégâts écolo-giques tel que la défores-tation sont de Causes hu-maines et pourraient être ainsi évités.Il disparaît dans le monde chaque année depuis 15 ans : 80.000 km2 de forêt (solde tenant compte de la reforestation), soit la sur-face de l’Autriche. L’Amazo-nie représente à elle seule 1/3 des réserves tropicales

«L’Arctique perd 10% de sa couche de

glace permanente tous les 10 ans»

Dis maman, çaressemble à quoi un poisson ?

Pêche excessive et pollution menacent la quasi-to-talité des espèces péchées pour la consomma-

tion humaine. Sans changement radical les poissons auront disparus de la planète en 2050 ; c’est la sécu-rité alimentaire humaine qui sera fortement menacé. A l’heure actuelle, 29% des espèces et crustacés vont disparaître si nous ne faisons rien. Les prises de cer-taines espèces ont même diminué de 90% par rap-port aux autres années. La morue salée d’Atlantique du nord a déjà atteint son point de non retour et est considérée comme quasiment éteinte.Il serait dangereux de considérer la mer comme une simple poubelle, bien que celle-ci absorbe nos égouts et les recycle en substances nutritives. La faune et flore sous-marine retirent les toxines de l’eau, pro-duisent de la nourriture et transforment le dioxyde de carbone en élément de nutrition et oxygène.

Un baleinier japonais remonte sa proie

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de la planète et 60% de la surface totale de la fo-rêt. L’exploitation du bois, comme le défrichement à fins agricoles et l’élevage bovins, sont les principales causes de la diminution de la surface de forêt amazo-nienne. L’Amazonie en est la principale victime avec la disparition de 42.5 mil-lions de m2 par an, ce qui correspond à la surface d’un terrain de football toutes les 7 secondes. La déforestation a causé, outre un désastre écolo-gique, la disparition de nombreuses populations autochtones et la raréfac-

tion de certaines espèces animales et végétales.Par ailleurs, la mise à nue des sols, entraîne l’érosion des sols, qui engendrent à terme les inondations.Enfin, l’aménagement du territoire n’a pas été pensé de manière écologique.La politique d’aménage-ment du territoire a une conséquence directe sur la consommation d’énergie car elle détermine les be-soins en transport.Les distances parcourues chaque jour par une per-sonne ont augmentées en moyenne d’un tiers en une dizaine d’année. C’est

la conséquence de l’éta-lement grandissant des zones urbaines et de la spécialisation des espaces : habiter dans un lieu, tra-vailler dans un deuxième, faire les courses dans un troisième, etc.Le constat est clair et sans appel. Nous devons, si nous souhaitons un avenir meilleur pour nos enfants, revoir notre copie écologi-que. La situation est telle que le future s’écrit en pointillé. Bref, beaucoup de travail en perspecti-ves…

LES MAUVAISES PRATIQUES DU LUXE

Le luxe, un luxe pour la planète? Commerce équita-ble, éthique, biolo-

gique et écologique : Tous ces termes ont d’abord été attribués à l’alimentaire et à l’artisanat. Depuis quelques années, ils s’ap-pliquent à l’ensemble des secteurs. Le luxe ne faisant pas exception, il est même placé au cœur de cette nouvelle vision. Vendre du rêve tout en respectant la nature, est un véritable challenge. Souvent pointé du doigt, accusé de pra-tiques peu respectables, quelle position peut-on at-tribuer au secteur du luxe

aujourd’hui ?Bien qu’il soit associé à la discrétion et au raffi-nement, le luxe est forte-ment nuisible à l’environ-nement. Premièrement parce qu’il est toujours en quête de matières ra-res, nobles ou précieuses et que les fournir engage l’équilibre naturel de la planète. Ensuite, parce que certaines enseignes du luxe n’hésitent pas à se servir de matières non-renouvelables pour le pac-kaging des leurs produits. Enfin, parce qu’il aura fallu attendre la loi sur les Nou-velles Régulations Écono-miques de 2005, qui impo-se aux entreprises cotées, la publication d’un rapport « développement durable », pour que certaines mar-ques prestigieuses pren-nent en compte l’impor-tance de ce facteur. Depuis 2005, le climat s’est apaisé, mais, aux débuts de cette obligation, un petit nom-bre de marques de luxe parlaient de « contrain-tes environnementale », preuve que le dévelop-pement durable n’est pas une évidence pour tous. Par ailleurs, le manque de politique de dévelop-pement durable explicite en direction des parties prenantes peut même tromper les consomma-

La rivière n’est pas d’or au Parc Lorentz

En Indonésie, à côté du Parc Lorentz, site classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, il est possible d’observer un grand site d’extraction aurifère. Exploité par PT Freeport Indonesia, ce site est responsable de la destruction

de l’environnement qui l’entoure dû au déversement journalier de plus de 110 000 tonnes de déchets toxiques dans la rivière qui borde le Parc. Lorsque l’exploitation sera démunie de toutes ses ressources, c’est un trou béant de 230km2 qui sera laissé à l’abandon et sur lequel il ne sera pas envisageable de renouveler la végétation. Le Parc Lorentz connaît de véritables menaces. En plus de son exploitation aurifère, le site est aussi victime du braconnage d’espèces protégées et de déforestation. Ce qui est d’autant plus inquiétant car, le Parc Lorentz est seule réserve naturelle en Asie du Pacifique à offrir écosystème si complet.

GREGORY CHARVETEtudiant buraliste à l’ESGCI

"Je pense que le monde ne prend pas assez

conscience de la situation. Nous sommes plus préoccu-pés par nos petits problèmes que ces grands défis environ-

nementaux.Comme disait Machiavel dans le prince chapitre VI, « la nature des peuples est changeante, ainsi il est facile de les convaincre d’une chose mais difficile de les maintenir dans cette conviction », surtout si elle vient remettre en cause leur mode de vie !J’ai peur que l’écologie ne soit qu’un effet de mode, c’est pourquoi je pense qu’il convient d’organiser des cadres réglementaires internationaux afin de contraindre les êtres humains à appliquer des prin-cipes écologiques. Après tout, la loi n’est que l’ex-pression de la volonté du peuple.»

8 - Le magazine éthique - HORS SÉRIE - Septembre 2008

teurs ou actionnaires qui n’auraient pas eu le même comportement vis-à-vis de la marque manquant à ses responsabilités sociales et environnementales. Ce manque de transparence cache parfois des attitudes inacceptables.Selon le rapport Deeper Luxury de WWF, l’attitude des marques de luxe vis-à-vis de l’environnement est un véritable gâchis. En effet, ces enseignes ont un fort pouvoir d’influence sur les comportements puisqu’ils sont en général précurseurs de tendances. Cette idée est renforcée par les propos de Domi-nique Bidou, ingénieur et démographe de formation, ancien directeur au minis-tère de l’environnement et président d’honneur de l’association HQE, qui acquis la conviction que «pour mobiliser nos conci-toyens au développement durable, il ne faut ni leur donner de leçons, ni les culpabiliser, mais leur en donner envie». Le luxe est le symbole de la richesse. Pas de problème de fond quand on vit dans l’abondance, mais, que dire quand on vit au dessus de ses moyens, ce qui est le fait de l’humanité depuis une vingtaine d’année.Éthique. Les diamants de sang sont issus en ma-jeure partie du continent africain et alimentent les guerres livrées par les re-belles aux gouvernements. Ces diamants sont vendus en toute illégalité et clan-destinement en échange d’armes et de munitions. C’est seulement depuis le Processus Kimberley,

signée en 2003 par une quarantaine de pays que la vraie lutte contre les dia-mants issus de la guerre a commencé. Ce processus impose par exemple la cer-tification des expéditions et de nombreuses mar-ques de luxe se sont enga-gées dans cette démarche. Des marques de renom tel que Cartier ont été incapa-bles de fournir des infor-mations claires et précises quant à leur politique pour combattre le commerce des diamants du sang. Le commerce de ces diamants sales n’est donc pas to-talement éradiqué. Pour stopper ce commerce pa-rallèle, des campagnes de préventions et de publicité à destination des consom-mateurs seront diffusées. Elles associent ces pierres précieuses à des images de violences et de guerre. Il est triste de voir qu’il est nécessaire d’impliquer directement le consom-mateur pour qu’il prenne conscience que la marque en laquelle il a confiance est potentiellement impli-quée dans la violation des Droits de l’Homme.Le respect de ceux-ci ne fait pas exception au sec-teur du textile. C’est ainsi que Kat, la marque de Kate Moss a été critiquée par le journal UK’Sunday Times. Ce dernier a dénoncé des pratiques « esclavagistes » concernant le personnel en charge de la production de la collection. Ces derniers logeaient dans de minuscu-les dortoirs et avaient pour obligation de travailler sept jours par semaine pour ga-gner seulement 25 Dollars.Il ne faut pas croire que

l’exploitation des hommes touche unique-ment les services de pro-duction. Dans le domaine de la mode ce sont les modèles qui sont les plus touchés par les mauvais traitements. Il est possi-ble de citer le tristement célèbre exemple de Luisel Ramos. Ce mannequin de 21 ans est décédé le 2 août 2006 suite à un arrêt car-diaque dû à une anorexie mentale. Il a été dit qu’elle ne s’alimentait plus pour être encore plus mince et enfin devenir modèle et célèbre (Voir encart). Dans le secteur du luxe, per-sonne n’est donc épargné : Quand le luxe choisi, tout le monde suit. La tendance du luxe crée des menaces qui peuvent se répercuter sur le consommateur, qui tente d’imiter ces modèles. Un seul point positif est à relever de cette tragique

histoire. Suite à l’affaire Lui-sel Ramos, des modélistes italiens se sont engagés en décembre 2006 à ne plus faire défiler des modèles portants la taille zéro.Ressources. Le luxe étant un marché où les activités sont diversifiées, l’utilisa-tion faite des différentes ressources est décuplée. D’origines animale, végé-tale, ou minière chacune de ses ressources trouve sa place dans la composi-tion de cosmétiques, dans la confection de textiles ou dans un bijou. L’or est l’une des matières fétiche du luxe et les consommateurs en sont friands. En serait-il de même s’ils connaissaient les méthodes nécessaires à son extraction ? En ef-fet, lorsqu’une exploitation aurifère est dépouillée de toutes ses richesses, les si-tes sont laisser à l’abandon et ne seront pas ré exploi-

Les victimes de la Mode

En novembre 2006 la presse informe du décès du mannequin Ana Carolina Reston Macan.

Cette jeune Brésilienne de 22 ans, déjà mannequin pour Giorgio Armani, ne pesait plus que 40kg pour 172cm, son corps n’a donc pas eu assez de force pour repousser l’infection généralisée qui l’avait touchée. Le milieu de la Mode est par essence ce-lui du mimétisme. Les mannequins se conforment à des normes très rudes d’apparence, pour devenir ce que l’on appelle des modèles. Bien que leur santé soit en danger, les marques de luxe ne se sentent pas responsables « de la quête de la maigreur », affirme la Maison Chanel à Paris. Les agences de mannequins rejettent elles la faute sur les créateurs de mode qui exigent des mannequins toujours plus minces. Chacun repousse donc la faute sur l’autre. Pourtant, le problème est-il une question de faute ou de responsabilité ? Tant que les standards resteront : 180cm pour un tour de hanches de moins de 90cm, le problème ne sera pas réglé.

Septembre 2008 - HORS SÉRIE - Le magazine éthique - 9

tés par la suite .Biodiversité. La Conven-tion Internationale pour protéger les espèces en voie de disparition (CITES) a pour rôle de surveiller de près les espèces pou-vant être mises en danger à cause d’une surexploita-tion. Grâce à l’intervention des Douanes ou Brigade spécialisée, le contrôle est permanent. Pourtant des activités illégales per-sistent et les saisies sont parfois très impression-nantes. Les espèces les plus touchées sont, d’après les saisies effectuées : les crocodiles et les serpents, pour leurs peaux, et l’an-tilope du Tibet, pour sa laine d’une douceur si rare. Aujourd’hui, les spécialis-tes n’estiment plus qu’à 100 000, le nombre d’anti-lopes Serow dans la natu-

re. Ce phénomène de com-mercialisation de produits créés en toute illégalité est courant. En Juillet 2007 à Londres, le propriétaire d’une boutique de fourrure a été condamné pour dé-tention -avec intention de les vendre- des manteaux en peaux de tigres, de léo-pards et d’ocelots.Greenwashing. Même si une partie de l’industrie du luxe a reconnu le be-soin d’offrir une dimension sociale et environnemen-tale, cela se résume sou-vent à ce que l’on nomme la « Glam Philanthropie » ou le « greenwashing ». Ces deux types d’actions désignent des procédés marketing utilisés dans le but de donner à l’opinion publique une image écolo-gique et responsable d’une marque. La réalité est tout

autre car, les bénéfices tirés ne financent pas de réelles actions en faveur de l’éco-logie et parfois même pire, ont un bilan écologique né-gatif. C’est par exemple le cas de la marque Oméga. Celle-ci récolte des fonds en exposant des portraits de femmes célèbres pour financer un projet d’avion fonctionnant à l’énergie so-laire. Certes, son action est louable mais manque de crédibilité lorsque l’on sait qu’elle ne communique aucunement sur de réelles questions ayant rapport avec le développement du-rable, telles que la diversité de ses chaînes d’approvi-sionnement ou encore sur ses performances en ma-tière d’écologie.

DES DÉFIS À SURMONTER

Bien évidemment, toutes les entre-prises du Luxe ne se comportent

pas en pollueurs invétérés. Le développement durable semble, à priori, opposé aux valeurs véhiculées par le secteur du luxe. Cepen-dant une évolution éthique et écologique de ce dernier ne serait pas source de préjudice. Un certain nom-bre de nouveaux « ovnis » ont même réussi jusqu’ici à démontrer l’inverse. Le dé-veloppement durable est il destiné à devenir un argu-

ment de vente ?Défis. A en croire le rap-port « Deeper Luxury » publié par l’ONG WWF, le secteur du luxe ne devrait pas craindre de se mettre au vert car il aurait tout à y gagner. En affichant des

critères sociaux et envi-ronnementaux de haute qualité, le Luxe apporterait une nouvelle justification à ses prix élevés et s’ouvrirait même la porte à des profits plus importants. La rareté –ou gâchis pour certains- qui caractérise aujourd’hui le secteur du luxe peut être remplacé demain par un engagement social et environnemental profond de l’entreprise. L’assuran-ce pour ses clients qu’en achetant un produit de la marque, ils se différencient car aident à améliorer le devenir de la planète et de ses habitants. Ainsi les mar-ques de luxe sont celles qui sont à même de pouvoir le mieux incarner le concept de développement durable en reprenant à leur comp-te les valeurs que véhicule cette notion, pour en faire un critère de différentia-tion haut de gamme. A l’heure ou la contrefaçon de vêtements et accessoi-res de luxe devient un réel manque à gagner pour les grands groupes, pourquoi ne pas baser la notoriété de la marque sur une dif-férentiation sociale et éthi-que plutôt que sur un logo ? Assurément, la contrefa-çon serait plus difficile, et le consommateur plus res-ponsabilisé.Incompatibilité. Les va-leurs séculaires véhiculées par le luxe dans les sociétés occidentales se heurtent à des facteurs sociaux, reli-gieux et culturels contra-dictoires sur ses nouveaux marchés. Le luxe étant un mode de consommation relativement nouveau, il est amusant de voir com-ment il est remis en cause.

JULIETTE POGORELEtudiante à l’ESGCI

"Je pense que le développement durable est un sujet qui nous

concerne tous. Chacun, au niveau personnel peut intégrer à cette dé-marche, en faisant le tri sélectif ou en consommant bio par exemple.

Mais, je pense qu’il ne faut pas oublier que pour es-pérer des effets positifs à long termes, il faut que la démarche durable soit à l’initiative des entreprises, ou au moins qu’elles répondent en ce sens. Le sec-teur du luxe, de part la diversité des activités qu’il propose (cosmétique, mode, tourisme, gastrono-mie…) a un important rôle à jouer dans la diffusion de ces valeurs. Les grandes enseignes du luxe ont un fort pouvoir financier pour mener des actions en faveur du développement durable et toucher tous les secteurs. Leur position d’initiateur de tendances doit aider à influencer les comportements. C’est vrai que ce rang les placera comme propulseur de la démocratisation, ce qui n’est ni commun, ni en adé-quation avec l’image que le luxe souhaite véhiculer, pourtant, cela semble indispensable aujourd’hui. "

10 - Le magazine éthique - HORS SÉRIE - Septembre 2008

Ainsi la Chine et l’Inde, qui représente le plus gros po-tentiel de croissance pour l’avenir, n’ont pas hésité à prendre des mesures à l’encontre des ces valeurs jugées non conformes au développement qu’ils sou-haitent pour leur pays.En Chine, le maire de Bei-jing à remis en cause les publicités pour les pro-duits de luxe, comme « ne conduisant pas à une harmonie ». Dans un pays ou le socialisme est omni-présent, les affichages met-tant en avant une idée de différence de statut, n’ont pas trouvés un bon écho. En conséquence, la totalité des publicités en faveur des produits de luxe ont été re-tirés de la ville, au nom de la préservation d’une ho-mogénéité sociale.En Inde, c’est le premier mi-nistre qui à lancé un appel à « éviter la consommation discriminante » et invite les entreprises « à promouvoir des messages et causes sociales pertinentes » dans leurs publicités. La taxe sur

les produits de luxe en Inde est désormais de 114%, un record.

Quelle belle leçon de mo-rale pour nos entreprises de luxe que de se faire recadrer par les pays en développement, que l’on pensait dominer. Signe qu’en occident, nous avi-ons peut être oublié cer-taines valeurs contraires à la construction d’une so-ciété plus égale.Selon Michael Burke, Pré-sident de Fendi, « plus les marchés vont devenir ma-tures, et plus ils devien-dront discriminants », alors la demande se portera sur du « vrai luxe » plutôt que sur un « pseudo luxe ». Mais alors comment le luxe va-t-il devenir plus ac-ceptable socialement dans une société à fortes inéga-lités ? Tout simplement en créant plus de valeur pour toutes les personnes impli-quées ou affectées par la production de ses produits ; en veillant à protéger la beauté et biodiversité de notre planète ; et en créant de nouveaux procédés, techniques et matériaux en accord avec le dévelop-

pement durable.Accompagnement. Depuis maintenant plus de 2 ans,

Tiffany & Co, le célèbre joaillier et fabriquant de montres américain, s’est associé à WWF US pour participer à un programme de protection de l’Indo-Pa-cific Coral Triangle, une des plus importantes sources de perles au monde. Au delà de cette participation financière, Tiffany & Co et WWF mettent en place un cercle de réflexion pour définir et encourager une politique d’extraction mi-nière respectueuse de l’environnement. WWF ap-porte en plus un conseil à

l’entreprise américaine et l’aide dans l’amélioration de sa chaîne d’approvision-

nement vers un passage au développement durable. De la même manière un certain nombre d’organi-sations -gouvernementa-les ou non- proposent une aide à la mise en place de processus durables pour les entreprises. C’est un bon moyen de mettre un pied à l’étrier pour le secteur du luxe car il bénéficierait ainsi de conseils pertinents dans son domaine et d’une expertise de qualité. Il faut se méfier cependant du Greenwashing, comme vu précédemment, où les en-treprises se donnent bonne conscience en sponsorisant des projets écolos, ce qui est loin d’être suffisant.Ressources. C’est un point clé du développement du-rable pour le secteur du luxe. De nombreuses initia-tives sont à saluer dans ce domaine, particulièrement concernant les ressources minières, végétales et ani-males. C’est dans ce contexte que fut mis au point le Kimber-ly Process. Créé suite à la campagne Global Witness contre les conflits liés aux diamants, le Kimberly Pro-cess vise à lutter contre le

Double concept du luxe en Chine

En Chine, le concept de Luxe renvoie au concept confucianiste de « visage », ou réputation per-

sonnel. Il y a 2 aspects à visage : « mien-tzu » et « lien ». Le premier faisant référence au prestige ma-tériel et l’étalage de ses richesses, alors que le se-cond correspond aux valeurs morales, avec la perte desquelles il est difficile de vivre dans la société chinoise. Le mot luxe peut être traduit en Mandarin par « exposer ses richesses », nous indiquant que la consommation est actuellement conduite par le concept de « mien-tzu ». A l’avenir, elle devrait être dirigée par la notion de « lien ».

Le classement ci-contre propose une évaluation des 10 plus grands groupes de luxe mondiaux sur leur implication dans le développement durable. Le top 3 du

classement est constitué par des groupes français, ce qui révèle une préoccupation particulière de la France dans ce domaine. Cocorico !

Septembre 2008 - HORS SÉRIE - Le magazine éthique - 11

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recyclage des diamants de sang dans le circuit tradi-tionnel. C’est un système volontaire auquel adhèrent les entreprises présentent tout au long de la chaine en s’engageant à ne pas ache-ter des diamants provenant de zones de conflits. Cela fut un grand pas en avant et de nombreuses marques se sont publiquement en-gagées à ne recourir qu’à des pierres certifiées par le Kimberly Process. Certai-nes sont même allées plus loin en s’imposant un sys-tème d’audit complémen-taire, telle Tiffany & Co, qui contrôle toute sa chaine d’approvisionnement.Earthworks et Oxfam, deux organisations, ont mis au point une liste de « Règles d’Or » concernant l’extrac-tion minière aurifère. Ces règles proposent le respect de critères sociaux, envi-ronnementaux et humains pour une production d’or plus responsable. Leur campagne No Dirty Gold encourage les marques et détaillants à supporter ces règles et persuader leurs fournisseurs à les respec-ter. Ces derniers étant bien souvent peu soucieux de l’environnement et des hommes. La campagne est supportée par une poignée de marques de luxes dont Cartier, Piaget, Tiffany & Co et Van Cleef & Arpels. Le nombre d’initiatives de ce type semble se multiplier, indiquant une réelle prise de conscience des enjeux environnementaux et hu-mains par les groupes de luxe, et leurs volontés de s’impliquer.90% des vêtements que nous achetons finissent à

la poubelle dans les 2 ans. Cela est du à un phénomè-ne de mode très gourmand en ressource qui nécessite de produire sans cesse de nouveaux modèles ten-dances. Difficile à inscrire dans une démarche de dé-veloppement durable. Ce n’est heureusement pas le cas des articles de luxe, qui se veulent indémodables. Pour cela les marques de luxe proposent des servi-ces de retour et réparation permettant de prolonger la vie du produit. Évidem-

ment cette composante est inscrite dans un pro-cessus de conservation du client, mais elle n’en reste pas moins environnement friendly. Comme l’expli-que Kyojiro Hata, direc-teur Louis Vuitton Japon, « Nous ne pouvons offrir des produits incassables, mais nos services de réparation peuvent assurer une durée de vie infinie. L’améliora-tion de ce service après vente est cruciale pour la satisfaction client. »L’optimisation des res-

sources passe aussi par la recherche de nouveaux matériaux, plus respec-tueux de la biodiversité. De bonnes idées ont ainsi fait surface tel le cuir de pois-son, les tissus en fibre de bambou ou soja, les bou-teilles plastiques recyclées, ou encore l’emploi de mo-lécules végétale prélevées sur des espèces non mena-cées. Nombre de nouvelles marques apparaissent et proposent ces nouveaux matériaux étonnants.

Le cas LVMH

Le groupe LVMH fait figure de précurseur dans le domaine des bonnes pratiques environnementales et éthiques. Dès 1992, le groupe mit en place une démarche

environnementale. En 2004, Louis Vuitton expérimenta un système de mesure de ses émissions de carbones émanant de ses activités de détail. Il en découla l’arrêt de l’utilisation de sacs plastiques pour emballer les produits achetés par ses clients. Cette mesure permis à elle seule de réduire de 20 tonnes la consommation de plastique de l’entreprise par an.L’année dernière, l’ensemble des collaborateurs du groupe se virent offrir l’abonne-ment Vélib’. De cette manière les salariés sont sensibilisés et impliqués au respect de l’environnement. Cette mesure rejoint l’incitation au co-voiturage déjà en vigueur dans l’entreprise, ainsi que d’autres mesures telles que le tri partiels, l’emploi de gobelets et papiers recyclables, etc.La même année, Louis Vuitton s’est associé à la fondation d’Al Gore, prix Nobel de la Paix 2007, en reversant à son « Climate Project » les cachets des célébrités apparaissant dans sa campagne de communication. Par ailleurs, parmi ces spots, l’on a pu constater l’apparition de Mikhaïl Gorbatchev, témoignant d’une approche plus humaine du consommateur.

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LES NOUVEAUX

ACTEURS DU LUXE

Concernant l’éthi-que, une tendan-ce semble s’être amorcée dans

le secteur du luxe où cer-tains acteurs font figure de précurseurs. Quelques groupes ont mis en place des chartes visant à défi-nir un environnement so-cial plus sûr et plus juste pour leurs salariés. Ainsi, l’Oréal, numéro 1 mondial des cosmétiques, à rédigé une charte éthique qui doit être respectée par l’en-semble du groupe. Celle-ci prévoit des obligations tant pour l’employeur que pour le salarié. Il est rassurant de constater que l’entre-prise qui dispose de la plus vaste force marketing –car numéro 1 mondial- s’orien-te vers un développement durable. Cela signifie qu’il

s’agit d’une réelle oppor-tunité pour l’avenir, et le reste du secteur ne devrait pas tarder à s’engager fran-chement dans cette voie.Tendance. Le développe-ment durable dans le luxe ne se borne désormais plus uniquement aux vête-ments et accessoires. Fleu-rissent un peu partout de nouveaux concepts éten-dus au secteur du tourisme (cf. encart), de l’habitation, des transports, etc. Cela prouve bien l’intérêt du secteur. Citons par exemple La Fisher Karma, présentée au salon de l’automobile de Detroit. Cette sportive de luxe atteint les 100 km/h en 6 secondes, et ce pour une consommation de 0 L d’essence. En effet, ce boli-de marche à l’électricité et dispose d’une autonomie de 50 miles. Le construc-teur espère vendre 15 000 de ses modèles à 80 000$

l’unité. Reste à savoir si les matériaux utilisés pour la construction de la voiture et des batteries sont écolo-giques.Même si pour le moment la quasi-totalité des concepts sont développés par de pe-tites structures, leur succès ne devrait pas tarder à atti-rer de gros poissons accé-lérer les choses.Concurrence. Depuis quel-ques années maintenant, de nouvelles entreprises vertes se créent dans le domaine du prêt à porter de luxe et les accessoires. Leur point commun ? Mar-quer la différence avec les grands noms du luxe en promouvant de nouvelles valeurs et une nouvelle façon de consommer le luxe. Et ça marche ! Jean Gabriel Causse, ex direc-teur artistique de l’agence de communication DDB et Thierry Becet, ex modéliste chez Vuitton, Hermès et Givenchy se sont associés pour créer Bluebretzel. La marque connaît un franc succès. Elle a su créer tout un univers grâce à des cou-leurs mythiques et un coton biologique. Les tee-shirts Bluerbretzel sont labélisés Max Havelaar et les cotons de tissage proviennent des Plaines de Kita au Mali et sont garantit sans OGM. De plus, les tee-shirts sont tricotés, teintés, brodés et sérigraphiés à Tourcoing, ils sont donc « Made in France ». Les créateurs voulaient donner à leur marque une dimension onirique, de légende, éthique et éco-logiquement responsable. Pari réussi : Le Vert Citroën 2CV, Le caramel de l’Iris de Mona Lisa, Le Framboise

Sorbet Berthillon, Le Bleu Terre Apollo 17, Le Blanc sable de la Plage de Hyams Beach, L’Ocre Tour Eiffel et l’Anthracite unique du Caviar du Beluga Royal de la Maison Kaspia ont déjà conquis les peoples français. Comme quoi avec un peu d’imagination, de savoir faire et une bonne dose de volonté, vendre du luxe responsable n’est pas impossible.Mine de rien, ici et là de pe-tites révolutions s’opèrent dans le monde du luxe. Gi-venchy propose désormais une recharge pour son par-fum Ange ou Démon, Yves Saint Laurent lance sous le nom de Stella McCartney une gamme de soins éco-logiques entièrement bio, non testé sur des animaux. D’ailleurs le site internet de la marque propose tout un tas d’astuce pour préserver l’environnement au quoti-dien.Mais attention, les grands ne sont pas si inactifs que l’on peut le croire, ils ont même les moyens de réa-gir très rapidement si ils pressentent une évolution de la demande. Mais en at-tendant, ils procèdent à un changement tout en dou-ceur, prenant une mesures par-ci, signant une charte par-là, tel PPR, 7ième au classement des groupes de luxe les plus engagé dans le développement dura-ble (cf. encart). Celui-ci est partenaire de l’Ethical Fashion Show, salon réu-nissant les différents ac-teurs de la mode éthique. Un bon moyen de préparer les nouvelles collections et tisser un réseau de fournis-seurs potentiels, juste au

TONY VAUCELLEEtudiant à l’ESGCI

"A l’heure où le luxe est pointé du doigt par de plus en plus d’orga-

nisations, celui-ci commence lente-ment mais surement à évoluer. Bien évidemment, les grandes maisons

ne peuvent changer leurs politiques de communi-cation du jour au lendemain, au risque de froisser les consommateurs actuels. Elles commencent donc timidement à s’impliquer dans des œuvres de mécénat de sponsoring, sans oublier bien sur leurs employés, véritable force de communication au quotidien. Cependant, si l’on peut comprendre qu’il est difficile de se détacher des valeurs défendues depuis leurs créations, nous pouvons reprocher aux marques leur laxisme et la lenteur avec laquelle el-les opèrent le changement de leurs processus de fabrication. Les problèmes d’éthiques soulevés ré-cemment –et qui risquent de s’accentuer- peuvent à terme, espérons-le, amener à une amélioration significative. »

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cas où…

INFLUENCE ET CONSOMMATEUR

Le luxe est un envi-ronnement particu-lier prônant un style de vie correspon-

dant à des goûts recherchés et non aux besoins ordinai-res de la vie. Il est acces-sible à une certaine partie de la population dont les

habitudes et les exigences sont prises au sérieux par les entreprises du luxe qui vivent grâce à cette clien-tèle. Le service rendu à ce type de clients est différent des autres secteurs. Il fonc-tionne sur la recherche des besoins qui sont la plupart du temps personnalisés pour tel type de clientèle correspondant à une at-tente différente selon l’âge, la culture, le pays. Le luxe est donc a l’écoute de ses clients et doit les satisfaire selon leurs envies. L’avantage que peuvent avoir certaines marques est la notoriété qu’elles ont su acquérir au court du temps, nous voulons dire par cela que des marques comme Louis Vuitton réa-lisent leur chiffre d’affaire grâce à des produits sem-blables vendus par millions à travers le monde et fa-briqués en série. Certai-nes entreprises du luxe ne travail que sur des pièces uniques, ils doivent donc répondre à des attentes du client exigeantes et très précises. On peut donc se poser la question de l’im-pact de l’arrivée du déve-loppement durable dans le luxe pour sa clientèle. Quelle réaction le consom-mateur va-t-il avoir face à ce changement ? Difficile à dire pour le moment, mais certaines pistes sont envi-sageables. Dans un premier temps nous pouvons penser que la clientèle soucieuse de l’environnement va tout à fait comprendre et sera sans doute très fière d’af-ficher des produits de luxe qui ont été inventés, crées, produits, commercialisés

L’écotourisme à le vent en poupeAprès le tourisme de masse, les weekends à la Bau-le, voici venus pour les puristes, les éco ressorts. Nouveaux arrivants dans l’hôtellerie, ces établisse-ments mêlant luxe et respect de l’environnement surfent sur la vague de l’écologie. Longtemps inspirés des idées écolo-hippies des premières heures ; l’hôtellerie verte tend à se pro-fessionnaliser. Les grands groupes se lancent ainsi progressivement dans des hôtels soucieux de pré-server l’environnement naturel et social tout en of-frant des prestations haut de gamme à ses clients. Ces éco ressorts se caractérisent par une capacité d’accueil de plus de soixante cham-bres ; contrairement aux écolodges qui peuvent ne compter qu’une hutte ou une tente. Preuve de cette profes-sionnalisation grandissante, l’organis-me de labellisation Small luxury hotels of the world (SLH) - plus de 440 hô-tels dans 70 pays - créé en 2005 son premier label écologique : le Caring Luxury Award.Les clients sont également au rendez-vous. Ainsi, l’organisme d’éco touris-me constate que la catégorie hôtelière « éco » s’est développée trois fois plus vite que la filière traditionnelle. De même, les américains, grands consommateurs de produits hôteliers, s’approvisionnent déjà à hauteur de 2% en nourriture biologique. A terme, cet engouement peut conduire les hô-tels à se convertir au développement durable.Si le groupe Marriott aux États-Unis ou Accor en France sont toujours ré-ticents à cette évolution, Le président de Virgin, Charles Branson, s’applique déjà à devenir plus écosensible. Après les avions au biocarburant, celui-ci lance la construction de 20 villas dans les iles moustiques. Les plans incluent notamment une intéressante combi-naison d’énergie éolienne et solaire. Enfin, tous les aliments seront issus de la production locale, et les trans-ports motorisés seront actionnés par biofuels.

Orchid, un maison qui valait 9 millions

Une maison écologique devrait pro-chainement être édifiée dans une

réserve naturelle, près de Cotswold Cirencester au Royaume-Uni. Son prix : 9,1 millions d’euros, soit 38210 euros le mètre carré -le double de celui demandé pour une maison à Beverly Hills et à Manhattan !Surnommée Orchid, la maison pour le moins particulière prend son inspi-ration dans la forme d’une plante que l’on trouve sur le site même. Il s’agit de l’orchidée abeille. Créée à partir de lamelles et de tuiles en bois plaqués, la maison devrait produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme. En effet, cel-le-ci dispose de panneaux solaires, de pompes géothermiques, d’éoliennes et de récupérateurs d’eau de pluie.Selon la presse anglaise, La maison a été récemment vendue sur plan au couple Angelina Jolie et Brad Pitt.

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par le biais d’une charte éti-que rentrant dans une poli-tique de développement durable. Il s’agirait en fait de remplacer les valeurs du luxe actuelle par une forme de prestige social. Comme nous l’avons dit précédemment le luxe est un univers cher, accessible à une faible partie de la population. Il n’y aura donc peu d’influence sur le fait que le client se sente lésé à la vu d’un produit qu’il croirait accessible à tous car dit soucieux de l’envi-ronnement. Le luxe est et restera un domaine pour une clientèle privilégiée quelque soit la politique

des entreprises. Par ailleurs une clientèle à la recherche d’un produit unique qui nécessite de faire travailler des hommes au péril de leur vie, qui participe à la destruction de la biodiversité existera toujours. Cette clientèle ne se préoccupe pas de l’environnement et du dé-veloppement durable, elle souhaite les plus belles pièces en passant par n’im-porte quels moyens pour les avoirs.Nouvelles attentes. De-puis quelques années, on peut observer une sorte de nouveau consommateur du luxe. Non pas qu’il ne

fasse plus partie de l’éli-te riche et privilégiée; le changement auquel nous assistons est perceptible au point de vue des com-portements et des attentes de fond. Le consommateur du luxe aujourd’hui appor-tera autant d’importance à la rareté et à la cherté du produit qu’aux valeurs qu’il véhicule, afin de mettre en avant leur aspiration à un monde meilleur et son im-plication sur les questions environnementales. Bien que ces nouveaux consom-mateurs du Luxe soit prin-cipalement Occidentaux, cette attitude tend à se pro-pager en Europe de l’Est, en l’Asie et en Amérique Latine où le marché glo-bal tend d’ailleurs à adop-ter des comportements « verts ». Pour exemple, à Hong Kong en avril 2007, le magazine Cosmopolite a distribué en supplément un fascicule sur l’éco-con-sience et l’importance de la vie-verte dans les com-portements et le mode de

consommation.En l’Europe de l’Est, la tendance globale est aus-si en faveur de la bonne conscience environnemen-tale et sociale. En Lituanie, le plus célèbre magazine de mode, IEVA a lui aussi exécuté des publications sur l’écologie. L’un des ar-ticles se présentait sous le titre : « Je veux être un snob », qui pose comme principe fondamental que le respect de l’environne-ment influerait sur le statut social individuel.

PERSPECTIVES

Inégalité. Nous l’avons vu, le luxe même s’il n’est pas le meilleur dans ce domai-ne s’inquiète tout de même des questions liées au dé-veloppement durable. Le secteur de l’hôtellerie est particulièrement bien re-présenté devant la mode et le textile, la bijouterie se plaçant en queue de file. Il y a un secteur du luxe qui peine à se positionner en

CATHERINE JUBINConsultante indépendante et direc-trice générale de l’Association des professionnels du luxe

« A quoi correspond une marque de luxe aujourd’hui ? »

La réponse n’est pas aisée. C’est le client qui définit ce qu’est le luxe à ses yeux et il y a sur ce point des différences extraor-dinaires suivant les marchés et les pays.»

WILLIAM LEROYÉtudiant à l’ESCGI

« De plus en plus de personnes ont accès au luxe engendrant une augmentation de la demande ce qui est dangereux car le luxe utilise des matières premières noble qu’il faut tout de même

préserver dans un but de développement durable, d’écologie. Le luxe est une activité comme une autre, qui a ses avantages mais aussi ses risques comme tout autre secteur. Pour limiter les risques qui sont principalement la hausse du prix des matières

premières due à la diminution des ressources naturelles il faut mettre en place des solutions, des moyens d’action permettant de préserver ces ressources dans un but de développement durable.Les diverses activités du luxe sont souvent issues d’une création familiale (horlogerie, bijouterie etc.) et qui ont donc comme objectif de pérenniser l’activité comme le principe même d’une famille qui est de la faire durer.Dans une vision de développement durable le but est d’en laisser pour ceux qui arrivent et donc de ne pas avoir une attitude égoïste. Le luxe voit donc dans le développement durable une voie pour la suite. En pensant des à présent aux activités de demain, le luxe, dans cette démarche, préserve ce qui sera le pain de ses successeurs. D’ores et déjà on remarque divers acteurs du luxe qui se font connaître par différentes actions engagés. Elles peuvent être directes avec la réalisation de produits respectant des chartes éthiques et de déve-loppement durable mais aussi indirectes avec l’implication de certains groupes dans des organisations environne-mentales. Le luxe doit poursuivre ses efforts afin de protéger l’environnement.»

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tant qu’élément fort de la démarche durable quant aux produits qu’il commer-cialise : l’automobile. Fer-rari compte faire figure de marque « durable ». Son président Luca di Monte-zemdo a pour objectif de réduire les émissions de CO2 de 40% d’ici à 2015. Pour le moment, le modèle le plus écologique de la marque est le F430 Spider, fonctionnant au bio étha-nol 85 et diminuant de 5% les émissions de CO2. Fer-rai prend le bon pas, mais le chemin sera encore long avant d’atteindre cet objec-tif !Aller plus loin. De nom-breuses enseignes du luxe ont donc adopté un com-portement responsable, en mettant en place des Chartes Éthiques, en utili-sant des matières premiè-

res issues du Commerce équitable et biologique. Mais, pourquoi ne pas aller plus loin en intégrant cette volonté d’agir en faveur du développement dura-ble en investissant dans des infrastructures plus propices à la préservation des énergies. Louis Vuit-ton, aux vues de sa Charte éthique souhaite placer le développement durable au cœur de son activité et faire partager cette vison à l’ensemble de ses colla-borateurs. Bien que toutes ces initiatives vues précé-demment soient louables, Louis Vuitton, peut, grâce à sa force financière, investir dans des infrastructures vi-sant à réduire les consom-mations d’énergie. L’instal-lation de panneaux solaires sur les boutiques Vuitton, montrerait un engagement

faisant réellement partie de la culture « développe-ment durable ». Les grandes enseignes pourraient aussi générali-ser le bilan carbone annuel que font certaines d’en-tre elles. Cela prouverait, d’une part leur réel enga-gement et les pousserait à être toujours plus écologi-ques. D’autre part, les par-ties prenantes auraient le libre choix de consommer ou non les produits d’une marque en fonction de ce barème de notation écolo-gique.Le luxe joue un rôle pré-dominant dans l’avance-ment du développement durable. Présent sur tous les continents, ayant l’in-fluence et la capacité fi-nancière pour intégrer des démarches environnemen-tale, sociétale et éthique,

le secteur du luxe ne doit pas être délaissé ou médit à cause de certaines de ses pratiques hors champs du développement durable. Mais, il faut, comme le précise D. Bidou « lui fixer des objectifs ambitieux, à la mesure du prestige qu’il doit dégager. »

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Magasine STRATÉGIES 1478 du 22/11/2007 (page 33)Rapport « Deeper Luxury », WWF 2007Baromètre IRSN 2007

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