le débat rsln : "et maintenant, quelles pédagogies numériques ?"
TRANSCRIPT
La grande promesse du « Grand plan numérique pour l’école » :
équiper les élèves en tablettes.
Mais comment profiter de leur formidable potentiel pour de
nouveaux apprentissages ?
Bruno Devauchelle
Enseignant associé à l’université de Poitiers, formateur en
ingénierie des médias pour l’éducation
Mélanie Ciussi
Docteur en sciences de l’éducation, professeur en knowledge
management et technologies digitales (SKEMA business school)
Déborah Elalouf
Présidente de l’association Tralalère,
coordonnatrice du plan e-éducation pour le gouvernement.
Laure de la Raudière
Députée d’Eure-et-Loir, co-auteure du rapport parlementaire
sur le développement de l’économie numérique
« Croire qu'il y a une pédagogie
numérique c'est ignorer qu'il y a
eu une pédagogie avant le
numérique et qu'il y en aura une
après ».
« Pour la première fois en
éducation, nous avons accès à un
outil facilitant la mobilité, l’accès
au savoir mais aussi activateur
d’innovation et de création ! »
Bruno Devauchelle
Laurence Juin
« A priori, il n’y a pas de réelles
nouveautés pédagogiques : on
peut apprendre en lisant en
discutant, en jouant… »
« L'école est le dernier secteur à
ne pas avoir vécu sa révolution
numérique. Elle doit innover
rapidement pour intégrer le
numérique ».
Mélanie Ciussi
Marie-Christine Levet
« L’outil ne fait pas la pédagogie.
Le numérique devrait être considéré
comme un instrument au service de
scénarios pédagogiques ».
« Pour remplir un éventuel rôle
pédagogique, un terminal requiert
des ressources numériques
éducatives réinventées, répondant
aux nouveaux besoins et pratiques ».
Franck Amadeu & André Tricot
Déborah Elalouf
Le passage d’une pédagogie
verticale de transmission à des
pédagogies actives, expérimentées
avec succès depuis plus de 50 ans :
Travail collaboratif. Echange avec les pairs.
Exercice du débat. Création en partage.
Pédagogies orientées projets.
Personnalisation des rythmes et apprentissages.
Apprentissage avant-pendant-après…
Déborah Elalouf
Mélanie Ciussi
3 clés des pédagogies numériques :
Social : se comparer, partager, s’entraider.
Gamification : produire une motivation
intrinsèque, essentielle pour apprendre.
Mobile : favoriser un apprentissage en contexte
(situated learning), avec des contenus associés à
une situation ou un lieu spécifique (ex. apps de
géolocalisation en réalité augmentée à Paris pour
comprendre les évènements historiques).
« Le potentiel d'autonomie
permis par le numérique est
inconnu jusqu'à aujourd'hui. »
« Une fois l’intégration acquise, la
période d’innovation s’est engagée :
les élèves s’approprient les outils
pour commencer à proposer,
publier, créer ».
Bruno Devauchelle
Laurence Juin
« Etre autonome dans son apprentissage
exige des compétences chez l’élève.
Les outils numériques exigent plus
d’autonomie qu’ils ne
l’accompagnent ».
« Penser l'autonomie sans penser la
manière de la rendre possible pour
tous c'est condamner les plus démunis
sur un plan cognitif ».
Franck Amadeu & André Tricot
Bruno Devauchelle
« Les cours où le professeur transmet
son savoir de façon linéaire sont en
compétition avec le smartphone
que l’étudiant tient en main, où il peut avoir
l’info qui l’intéresse en quelques clics ».
« Quand bien même apprendre vraiment
serait tout autre chose, le web est une
monstrueuse et fascinante machine à
informer, à l’ombre de laquelle l’école
pourrait bien s’essouffler ».
Mélanie Ciussi
Sophie Pène
« Dans le contexte numérique,
l'information, les savoirs sont plus accessibles
mais bien moins pré-structurés que dans un
contexte scolaire traditionnel qui prévoit tout
pour l'élève. Apprendre à structurer est
désormais indispensable.
Apprendre à apprendre, à porter un regard
critique sur la masse considérable
d’informations disponible, pour y identifier
celles qui sont pertinentes pour une question
donnée : une qualité indispensable dans le
monde moderne, aussi bien dans la vie privée
que professionnelle.
Bruno Devauchelle
Thierry Coilhac
« Les outils numériques induisent plus de
personnalisation, d’interactivité et de
divertissement. Les tablettes créent une
dynamique gestuelle. Les pédagogies numériques
s’orientent donc naturellement vers des formats
moins transmissifs et centrés sur l’apprenant. »
« Parmi les principaux apports du numérique,
citons : la pédagogie différenciée qui permet
aux apprenants d’apprendre en fonction de leur
niveau, de leur capacité, permettant à chacun
de tirer le meilleur profit d’un cours, et évitant
le décrochage pour les plus faibles. »
Mélanie Ciussi
Thierry Coilhac
L’évolution des manuels numériques est un
enjeu déterminant : l’essor des sciences
cognitives (comment le cerveau apprend)
combiné au big data / data mining (l’activité
numérique de l’élève laisse une trace) ouvre des
possibilités de personnalisation croissante.
Ce travail excède la simple mutualisation
de ressources pédagogiques et requiert
une approche industrielle, avec des
dispositifs éthiques sur l’anonymisation
de ces données.
Thierry de Vulpillières
Le professeur est mille fois plus utile ici que
dans une postule magistrale. Le numérique
est là pour lui servir de « bras droit » dans ce
nouveau rôle. Certains élèves ont des
facilités : pour ceux-là, le professeur peut se
concentrer sur les approfondissements.
D’autres élèves ont des difficultés : pour eux, le
bras droit se charge de travailler la répétition, la
variété des modes d’acquisition (son, image, texte),
la pratique à grande échelle via des exercices
automatiques. Le professeur peut donc consacrer
un maximum de temps à chaque élève.
Raphaël Taieb
Ma posture enseignante a changé.
Si j’apporte toujours du savoir, si je
coordonne toujours le cours, je leur
permets de devenir plus acteurs et moins
« consommateurs-spectateurs ».
Le numérique est le support de travail et
d’échange quotidien de la communauté
éducative, il est l’objet d’animations
transversales, chaque enseignant, dans sa
classe et dans sa discipline, en fait ce qu’il veut.
Laurence Juin
Serge Pouts-Lajus
La vraie innovation due au numérique ne se
trouve pas essentiellement dans la classe,
mais hors classe. Le numérique permet
d’effacer la frontière entre le monde du savoir
et de l’apprentissage (en classe), et celui de la
maison. Tout devient prétexte pour apprendre.
Paradoxalement, c’est à la maison que la
structuration du numérique devient la
plus cruciale : comment aider les enfants
à ordonner leurs apprentissages, lorsqu’ils
sont livrés à l’immensité de la toile ?
Camille Bedin
Ouvrir l'école vers les parents :
le numérique est l'occasion
d'impliquer les parents dans un
dialogue avec les enseignants,
comme c'est le cas au Japon.
Chacun est différent face à l’outil
numérique. Outils comme approches
pédagogiques ne font pas recette
unanime. Par ailleurs, chaque
établissement possède un
équipement propre.
Yves Lehman
Nicolas Olivier
Une formation des enseignants
à l’utilisation du numérique est essentielle
pour en tirer un bénéfice. La tablette, le
tableau numériques ne demeurent que
des supports techniques.
Développer un concept de formation « à la
demande », fondé sur une personnalisation
des parcours, une différenciation des
enseignants, de leur équipement, est une voie
à considérer pour envisager la réussite d’une
intégration du numérique rationnelle, solide et
durable dans la pédagogie des enseignants.
Laure de la Raudière
Nicolas Olivier
Je suggère que l’on puisse attendre l’effet
pédagogique du numérique non plus
seulement au niveau de la classe, mais un
cran au-dessus : la pédagogie de la classe
deviendrait, dans une large mesure,
déterminée par celle de l’établissement.
Des véhicules d'investissement publics-privés
dédiés à l’éducation numérique, comme en Inde
ou aux USA. Par un alliage innovant d’initiatives
privées et d’une action politique réactive,
déterminée, engagée, lancer la révolution
numérique indispensable pour sauver l’école.
Serge Pouts-Lajus
Marie-Christine Levet
Si on facilitait déjà l'équipement et
la création de contenus, par
exemple à l'aide de prêts
participatifs ?
Pour accélérer la prise en main,
appuyons sur le champignon avec
un Bac numérique !
Yves Lehman
Sophie Pène