rsln #4 - enfants du net : comment les protéger ?

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Internet est un fantastique terrain de découverte pour les enfants. Mais, comme dans le monde physique, il arrive que le pire y côtoie le meilleur. Quels sont les risques et comment les éviter ? Claudie haigneré L’informatique, pas sans les filles ! < societe > enfants du net comment les proteger ? REGARDS SUR LE NUMÉRIQUE SEPTEMBRE 2008

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Page 1: RSLN #4 - Enfants du Net : comment les protéger ?

Internet est un fantastique terrain de découverte pour les enfants. Mais, comme dans le monde physique, il arrive que le pire y côtoie le meilleur. Quels sont les risques et comment les éviter ?

Claudie haigneré

L’informatique,pas sans les filles !

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Internet est un fantastique terrain de découverte pour les enfants. Mais, comme dans le monde physique, il arrive que le pire y côtoie le meilleur. Quels sont les risques et comment les éviter ?

L’informatique,pas sans les filles !

REGARDSSUR LE

NUMÉRIQUESEPTEMBRE 2008

2 3soMMaIre

Éditorial~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~_•Le titre 3.0 (prononcer « trois point zéro »), qui fait suite à 2.1, 2.2 et 2.3 parus de novembre 2007 à juin 2008, est d’abord un clin d’œil aux expressions « Web 2.0 » et, désormais, « 3.0 », utilisées pour désigner les vagues d’innovations successives qui transforment régulièrement Internet. C’est aussi un clin d’œil au jargon informatique employé pour distinguer les versions successives des logiciels. Premier magazine au titre évolutif, Regards sur le numérique illustre notre volonté de demeurer au plus près d’une société numérique en perpétuel changement.

Nous qui avons connu une vie « sans », une vie où toute recherche impliquait d’arpenter les rayonna-ges des bibliothèques, une vie où les amis du bout du monde n’envoyaient de leurs nouvelles qu’une fois par an, nous mesurons chaque jour à quel point le web a transformé notre rap-port au savoir, au pouvoir, aux autres. Outil inédit de liberté, il porte avec lui sa part d’interrogations. Nous abordons ce flux perpétuellement renouvelé de textes et d’ima-ges avec un enthousiasme vigilant, la critique en éveil. Les enfants d’aujourd’hui, ces « digital natives » selon la formule célèbre, sont nés avec. Internet est leur terrain de découverte naturel, évident, abordé avec passion, gourman-dise et curiosité. Leur habileté et leur compréhension intui-tive des logiciels sont parfois sidérantes. Il n’est pas rare que, spectateurs patauds d’un monde numérique peuplé de ces Mozart du web, nous cherchions leur conseil pour répa-rer un « bug », installer une application, télécharger un film. Mais prenons garde, avertissent les pouvoirs publics, les indus-triels, les professionnels de l’enfance. Prenons garde à ne pas prendre ces petits d’homme pour de grands sages. Même vir-tuoses du clavier, ils restent des enfants. Et la probabilité est forte pour que, le jour venu, nous ne soyons pas à leurs côtés pour les rassurer face à une image choquante, les rappeler à l’or-dre lorsqu’ils se livrent trop intimement sur leur blog, leur inter-dire de se rendre seuls à un rendez-vous avec un contact virtuel. Il y a fort à parier, même, que nous ne soyons jamais au courant que de telles choses ont eu lieu. C’est la raison pour laquelle ce numéro de rentrée de Regards sur le numérique a choisi de s’attaquer à l’importante question de la protection de l’enfance sur Internet. Parce que nous avons tous une responsabilité, celle d’offrir à ces enfants un filtre qui ne soit pas uniquement un filtre technique mais également un filtre mental, un prisme de bons réflexes à travers lequel ils aborderont les risques du Net avec sagacité, recul et la même vigilance que leurs aînés. La rédaction [email protected]

regards sur le numériqueMagazine trimestriel gratuit

www.regardsurlenumerique.fr

Microsoft France SAS au capital de 4 240 000 euros, 18 avenue du Québec 91957 Courtabœuf 1 Cedex

Directeur de la publication Éric BoustoullerDirecteur de la rédaction Marc MosséDirecteur délégué Bertrand Salord

rédactrice en chef Constance [email protected]

Conception et réalisation graphiqueJBA - 2 rue des Francs-Bourgeois - 75003 Paris [email protected]

Directrice artistique Virginie Kahn

ont collaboré à ce numéroPauline Feuillâtre, Stéphan Julienne, Caroline Marcelin, Jean Randon, Emma Rebelova, Anne Rivière

remerciementsThe OpenEnded Group, Merce Cunningham Dance Company, Golan Levin

Photos non créditéesdroits réservés

ImprimeriePoint 44 - ZA des Nations - 342 rue du Professeur P. Milliez94500 Champigny-sur-MarneDocument imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement, avec des encres végétales. Point 44 est titulaire de la marque Imprim’Vert® qui distingue les entreprises de l’industrie graphique soucieuses de la gestion environnementale de leur activité.

Les opinions exprimées dans ce magazine n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de Microsoft.

Conformément à la loi « Informatique et Libertés », toute personne ne désirant plus recevoir le magazine peut en informer la rédaction ([email protected]) qui annulera immédiatement son abonnement.

Dépôt légal à parution.

5 La vie numérique en bref, l’actualité

de la société numérique

10 Panoramiques Tour du monde

de la création numérique

38 rePères Les indicateurs de 3.0

39 Lu La sélection livres de 3.0

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Le regard de …

Claudie HaigneréL’informatique, pas sans les filles !

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Devenir bénévole sans bouger de chez soi, donner en surfant sur le web… : les internautes n’ont que l’embarras du choix pour trouver, parmi les sites très divers promouvant la solidarité, le mode d’action qui correspond à leur sensibilité, leur emploi du temps et leur portefeuille.

<societe >

enfants du net : CoMMenT Les ProTÉGer ?

grand-angLe

Quand Internet réinvente la solidarité

rendez-vous

retour à l’emploi 3.0Gaël Woerly, créateur d’OBUG Brest. Un microcrédit accordé par l’Adie lui permet, à 50 ans, de mettre un terme à quatre années de RMI en créant son entreprise d’assistance informatique.

La Toile est un fantastique terrain de découverte pour les enfants. Mais comme dans le monde physique, il arrive que le pire y côtoie le meilleur. exposition à des contenus choquants, mauvaises rencontres : certains risques sont à prendre au sérieux. aujourd’hui, pouvoirs publics et industriels s’organisent de mieux en mieux pour y faire face. Tour d’horizon des dangers et des solutions.

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« Nous ne parviendrons pas à relever le défi européen d’une économie de l’immatériel mondialisée sans la participation massive des jeunes femmes. »

L’informatique, pas sans les filles !

Europe se demande aujourd’hui com-ment elle va parvenir à former suffisam-ment de jeunes ingénieurs et informa-ticiens pour répondre à la demande d’un secteur en forte croissance. Elle se demande également comment faire face à la concurrence galopante de l’Inde et de la Chine. Rappelons que, depuis 2004,

la Chine forme plus de diplômés dans ces disciplines que l’Europe, et que leur nombre, qui a doublé ces cinq dernières années, est en croissance exponentielle.

Sur les 18,5 millions d’étudiants européens, 55 % sont des filles. Dans les disciplines scientifiques (mathéma-tiques, sciences, technologies), elles sont moins d’une sur trois. En informatique, le déséquilibre garçons/filles va même grandissant, année après année. Nul besoin d’être doué en calcul pour comprendre qu’il y a, dans ces réserves inexploitées de jeunes femmes, un potentiel énorme. Nul besoin d’être devin pour comprendre que nous ne parviendrons pas à relever le défi européen d’une économie de l’immatériel mondialisée sans leur participation massive.

Les causes de leur moindre participation aux études scientifiques et techniques sont nombreuses, complexes, et pour certaines non encore totalement élucidées. Mais il y a des choses très simples sur lesquelles il est possible d’agir, je voudrais en donner un exemple ici. Je participais récemment à une rencontre sur ce thème, « Women in IT ». Ont témoigné une vingtaine de jeunes filles, venues de tous les pays du monde, toutes finalistes du plus grand concours de développement logiciel existant actuelle-ment, l’Imagine Cup. Parfaitement à l’aise, souriantes, la langue bien pendue pour certaines, elles étaient nom-breuses à raconter la même histoire, à savoir qu’elles étaient arrivées un peu par hasard, parfois à reculons, dans des études qui finalement les passionnaient. Car, expliquaient-elles, l’image du hacker solitaire, asocial,

obsédé par ses algorithmes, a la vie dure. Fort commode pour créer des personnages de fictions romanesques, ce cliché a des effets plus pervers qu’on ne l’imagine. Car s’il peut séduire certains garçons, il est un repoussoir pour les filles. Cela ne serait pas grave s’il avait quelque fondement. Mais ces jeunes filles l’ont bien rappelé : l’informatique est, en réalité, un métier social, collaboratif, un métier de projets, où l’on travaille en équipe. C’est un métier de communication, où le dialogue est primordial. Il est particulièrement important de le dire et de le faire savoir car, au moment de leur orientation, les jeunes ont besoin de se projeter mentalement dans une profession. Ils ont besoin de rêver un peu. Et les rêves des filles ne sont pas les mêmes que ceux des garçons.

Féminiser l’informatique va être fondamental dans les années à venir. À l’heure où des changements éco-nomiques, sociaux et culturels profonds vont être non seulement accompagnés mais largement entraînés par les nouvelles technologies, il est crucial que les femmes n’en soient pas exclues, qu’elles y apportent leur regard, leur perspective spécifique. Les besoins des femmes, comme leurs rêves, ne sont pas identiques à ceux de leurs compagnons. Dans le champ des technologies informatiques, la diversité est aussi un gage de qua-lité et d’enrichissement. Dans un monde où n’importe quelle personne dotée d’un ordinateur et d’une bonne dose de matière grise a la capacité d’agir sur le futur, la diversité est plus qu’importante : elle est une condition de la démocratie. ■

¦21 % c’est, en 2008, la proportion de foyers fiscaux français ayant déclaré leurs revenus en ligne, soit plus de 7 millions de foyers. ¦

La vision a de quoi surprendre : un ensemble de musique classique conduit par un robot reproduisant au plus près les mouvements d’un chef d’orchestre, nuances, ralen-tissements et accélérations inclus. Un défi technologique imaginé par Pascal Gautier, ancien violoniste et expert en réalité virtuelle, qui per-mettra, par exemple, d’« immorta-liser la gestuelle des grands chefs d’orchestre pour les générations futures ». Prochaines représenta-tions à Nantes (29 octobre) et au Grand Palais, à Paris (14 novembre). “ www.robot-orchestra.fr

Le premier robot chef d’orchestre

anTiCiPer LE LiVrE NUmériQUE Le point de rupture n’a pas encore eu lieu, profitons-en pour ne pas nous laisser prendre de court ! Tel est, en substance, le message du rapport sur le livre numérique remis par Bruno Patino à Christine Albanel cet été. L’auteur pointe notamment l’attention qu’il convient d’accorder à la concurrence nouvelle qui pourrait s’exercer entre les détenteurs des droits d’un côté et les détenteurs des accès et des réseaux de l’autre. Dans ce contexte, trois directions essentielles sont mises en avant : la promotion d’une offre légale attractive, la défense de la propriété intellectuelle, « clef de voûte de l’édition numérisée », et la mise en place de mécanismes permettant aux auteurs et aux éditeurs de conserver un rôle central dans la détermination des prix.

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Première mondiale pour l’ensemble Urban Orchestra et

son robot chef d’orchestre à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris.

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nomClaudie haigneré,astronaute, ancienne ministre de la recherche et des Nouvelles technologies, ancienne ministre des affaires européennes

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6LA VIE NuMÉRIQuE

7LA VIE NuMÉRIQuE

IMAGINE CUP

De l’intelligence au service de la TerreEd l’Australien, Régis le Français, Carlos le Brésilien…, tous sont venus des quatre coins du monde jusqu’au Carrousel du Louvre, à Paris, pour la remise des prix de l’Imagine Cup 2008, ces cham-pionnats du monde de l’innovation numérique. Et même s’il n’y avait que les finalistes – 370 étudiants sur les 200 000 candidats au départ –, la cérémonie reflétait bien le carac-tère international de la compétition, pour un thème tout aussi internatio-nal. Le défi lancé par cette sixième édition de l’Imagine Cup était, en effet, d’« imaginer un monde où les technologies contribuent à l’amé-lioration de l’environnement ».Si le grand gagnant est le projet australien SOAK, conçu pour aider

les agriculteurs du bush à optimi-ser l’irrigation de leurs cultures, la France n’a pas été à la peine. Deuxième pourvoyeuse mondiale de candidats derrière la Chine, elle est repartie multimédaillée. Grâce à Jean-Benoît Paux d’abord, premier prix de la catégorie « IT Challenge » pour sa capacité à administrer un système réseau selon des critères environnementaux. À l’équipe Edelweiss ensuite, pour son pro-gramme destiné à familiariser les enfants avec les gestes écologi-ques. Au projet e-Cube aussi, qui permet à chaque famille d’évaluer sur écran son engagement envi-ronnemental. Grâce, enfin, à la cui-sine intelligente de SmartCooking, un système permettant d’éviter le

L’équipe Edelweiss,

médaille de bronze de la

catégorie « Design

d’interface », aux côtés

du secrétaire d’État à

l’Économie numérique,

Éric Besson.

Le 8 juillet dernier, Paris était la capitale

de l’innovation numérique au service

de l’environnement. Ce jour-là, étaient récompensés une

quarantaine de projets « greentech », portés

par des étudiants du monde entier.

gaspillage de denrées dans son réfrigérateur (voir « La floraison des projets français », Regards sur le numérique - juin 2008).

L’interopérabilité à l’honneurMicrosoft récompensait égale-ment cette année l’interopérabi-lité à travers un prix spécial. L’in-teropérabilité permet à différents systèmes – Windows, Mac, Linux, etc. – et supports – ordinateurs, téléphones mobiles, télévisions – de dialoguer de façon fluide. Un principe appliqué à la lettre par l’équipe lauréate, venue d’Inde avec un projet centralisant la mise en veille d’un parc informatique constitué de machines fonction-

¦1,4 milliard d’êtres humains, soit près d’un quart de la population mondiale, aura fait un usage régulier d’Internet en 2008, selon le cabinet d’étude IDC. Ce taux devrait passer à 30 % en 2012. ¦

< eT vous >

Que faITes-vous Pour Le nuMÉrIQue LoCaLeMenT ?

nant sous Windows, Linux ou n’importe quel autre système.En juillet 2009, la finale des pro-chains championnats du monde du numérique aura lieu au Caire, en Égypte. Thème retenu : aider le monde à surmonter des fléaux comme le sida ou l’illettrisme. Cer-tains concurrents de l’édition 2008 relèveront peut-être de nouveau le défi. Les lauréats, quant à eux, seront certainement trop occupés à concrétiser leur projet grâce aux soutiens et aux contacts que leur apporte la compétition. Éric Bous-touller, PDG de Microsoft France, les avait d’ailleurs prévenus en préambule à la remise des prix : « Ce n’est pas la fin de l’aventure. Plu-tôt le début d’un long parcours ! »

Jean-Benoît Paux, médaille d’or de la catégorie « IT Challenge ».

« Les technologies accompagnent de plus en plus les grandes mutations économiques, sociales et urbaines. Lille n’échappe pas à la règle. Sur le plan économique, cela s’est traduit par la création d’Euratechnologies, un pôle d’excellence de 150 000 m2 dédié aux nouvelles technologies. Le parc est en train de naître, au cœur d’un projet d’aménagement urbain de 100 hectares. L’ouverture est prévue pour le mois de novembre, avec 50 entreprises et 1 250 emplois. Et, d’ici à cinq ans, nous misons sur 8 000 emplois. Nous accueillons, à proportions égales, des entreprises de taille mondiale – nous en avons actuellement cinq, parmi lesquelles Microsoft et Capgemini –, des PME innovantes et des start-up. Ce site va, en outre, héberger un incubateur et un essaimeur d’entreprises.

Euratechnologies propose à ces entreprises des équipements techniques mutualisés : studio numérique, amphithéâtre… qui leur permettront de répondre, avec les technologies les plus affûtées, à des questions-clefs pour le Nord – Pas-de-Calais et, au-delà, pour toute la région nord-européenne. Nous venons d’ailleurs d’y créer un centre RFID, premier centre de ressources français des « technologies sans contact », qui va avoir une importance déterminante pour deux grands secteurs stratégiques de notre région : la grande distribution et les transports. J’ai engagé ce pari il y a dix ans, il y avait une part d’incertitude évidente et je suis heureux de voir que les choses vont beaucoup plus vite que prévu. Le site n’est même pas tout à fait ouvert que 40 entreprises attendent notre feu vert, et que 80 ont témoigné

de leur intérêt. Parmi les éléments qui expliquent ce succès, la beauté du site lui-même, construit autour de deux usines du xixe siècle réhabilitées, constitue un élément d’attractivité évident. Le contexte politique en est un autre. Martine Aubry et moi-même sommes d’anciens chefs d’entreprise, passionnés d’économie, et nous avons la volonté farouche d’accompagner de très près le développement local. Enfin, la troisième force du parc est la qualité de ses entreprises, que nous sélectionnons drastiquement en respectant un principe fort, chaque nouvelle entreprise devant apporter une valeur ajoutée à toutes les autres. La « sauce » est en train de prendre puisque nombre d’entre elles communiquent et mettent en place des projets communs – ce que j’appelle « l’économie de la machine à café ». Ce sont là les premiers signes d’un cluster qui fonctionne ! »

PIerre De saInTIGnonPREMIER ADJOINT Au MAIRE DE LILLE VICE-PRÉSIDENT Du CONSEIL RÉGIONAL Du NORD – PAS-DE-CALAIS

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8LA VIE NuMÉRIQuE

9LA VIE NuMÉRIQuE

PROJECTIONS

L’ordinateur nouvelle génération

La serviette en papierGrand gagnant du concours, Napkin PC s’inspire de la serviette en papier sur laquelle nous avons tous, un jour, griffonné idées et croquis. Destinées à stimuler la créativité collective, ces tablet-tes souples acceptent autant d’utilisateurs simultanés qu’il y a de stylets électroniques. Quant à l’unité centrale, elle est discrètement cachée dans le porte-serviettes.

Jouer ensemble Ce deuxième projet gagnant a été conçu pour les enfants. Constat de départ : les ordinateurs actuels leur fournissent des expériences un peu désincarnées, où manquent le contact physique et la relation directe avec les autres. D’où l’unité « Withus », qui peut être utilisée seule ou assemblée à d’autres pour former un écran tactile sur lequel les enfants peuvent dessiner à plusieurs, assembler des puzzles, composer de la musique, jouer à des jeux de société, etc.

Rompre avec l’ordinateur tel qu’on le connaît et repenser complètement le design et les logiciels pour qu’ils s’adaptent plus finement à nos loisirs, tel était le mot d’ordre de l’édition 2008 du concours Next-Gen PC. En images, les trois projets gagnants.

Les autres projets du concours sont visibles sur le site Next-Gen PC Design : www.nextgendesigncomp.com

du HauT niveau PoUr toUsIl y en avait vingt-et-un, il y en aura désormais pour tous les goûts. L’ICANN, l’organisme de régulation des noms de domaine d’Internet, a décidé d’accepter, moyennant finance et une procédure qui sera clarifiée dans les mois qui viennent, toutes les suggestions de noms de « domaines de haut niveau », ces « .com », « .org » ou « .biz » qui rythmaient jusqu’à présent nos parcours en ligne. La mairie de Paris a déjà fait savoir qu’elle était candidate pour déposer le « .paris ».

¦30ans de discours publics. Mine d’or pour les historiens, les analystes et les « speechwriters » en herbe, le portail web Vie publique de la Documentation française vient de se doter d’une collection d’archives de plus de 100 000 discours publics depuis 1974.

“ www.vie-publique.fr/discours/ ¦

< les favoris de >

Pro d’un jour Un site que j’ai lancé bénévolement, avec d’autres, pour aider les étudiants dans leur choix d’orientation et les mettre en relation avec des professionnels. Tout le monde peut aider en faisant, le temps d’une journée, découvrir son métier à un jeune. “ www.produnjour.com

neteconomie Le site de Jérôme Bouteiller, une référence pour les pionniers du Net. Je le consulte tous les jours depuis bientôt dix ans (il a été créé début 1999) pour l’actualité, les scoops, les tendances et les portraits de ceux qui font l’Internet en France. “ www.neteco.com

moovement Mon outil de recrutement préféré, un vivier de très bons profils pour Internet (développeurs, commerciaux, experts e-marketing, etc.). J’y ai rencontré mon directeur pour Malinea Conseil, notre pôle dédié au e-CRM et à l’optimisation de l’efficacité des sites Internet. “ www.moovement.fr

SÉCURITÉ INFORMATIQUE

Les grands des TIC au secours d’InternetC’est une de ces histoires qui terminera peut-être dans un scénario hollywoo-dien. En janvier, un spécialiste de la sécu-rité informatique découvre, tout à fait par hasard, une vulnérabilité majeure de l’Internet. Cette faille permettrait aux

pirates de détourner n’importe quel site web à des fins frauduleuses. L’expert contacte les services secrets américains ainsi que plusieurs industriels, dont Sun Microsystems et Cisco, qui se réunissent dans le plus grand secret chez Micro-

soft, à Redmond. Pendant plusieurs mois, ils y élaborent et testent le « patch » de sécurité qui résoudra la faille. Celui-ci est disponible depuis le 8 juillet et délivré, pour les particuliers, dans le lot des mises à jour automatiques.

Le carnet de bord du routardMédaille de bronze de la compé-tition, « Backpacker’s diary » se présente sous la forme d’un gros livre qui, au fil des pages, fournit au voyageur tout ce dont il peut avoir besoin : cartes, lumière, GPS, etc. Il lui permet aussi de consigner facilement ses souvenirs – textes, photos, sons, vidéos – et de les partager sur Internet. Le tout est alimenté par de petits panneaux solaires dépliants.

CaTHerIne BarBa

FONDATRICE ET PRÉSIDENTE DE CAShSTORE.FR

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10PanoraMIQues

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< capture de mouvement >

ThE OPENENDED GROUP_ÉTATS-UNISCréée en 1971, Loops (« boucle » en anglais) a longtemps été l’une des chorégraphies phares de Merce Cunningham. Mais, trente ans plus tard, le grand danseur, en proie à l’arthrose, ne pouvait plus exécuter ce solo magistral, qui explorait toutes les rotations permises par les articulations du corps. Alors, au fil des années, Merce Cunningham s’est mis à danser Loops avec ses bras, ses mains et ses doigts, métamorphosant la contrainte en nouvelle création.En 2008, le Media Lab du Massachusetts Institute of Technology (MIT) décide de transposer cette performance en version numérique. Il confie la

tâche à Paul Kaiser, Shelley Eshkar and Marc Downie, trois artistes créateurs de l’OpenEnded Group : ce sont des spécialistes de l’art de la « motion cap-ture », un procédé consistant à « capturer » les mouvements du corps pour les convertir en images numériques. Vingt et un capteurs placés sur chaque main du danseur sont filmés par une caméra spéciale qui enregistre leurs trajectoires complexes. Elle la transmet à un logiciel d’intelligence artificielle qui génère, à partir de ces trajectoires, des combinaisons toujours différen-tes de lignes et de points, entrelacs complexe et hypnotisant, en perpétuel mouvement. “ www.openendedgroup.com ~~~~~~~~~ _•

Quand le numérique vient à la scène~~~~~~~~ _•

Les technologies numériques s’imposent de plus en plus dans les arts de la scène, révélant des champs d’investigation inédits pour les artistes et les professionnels. L’expérience chorégraphique s’assiste de l’ordinateur, s’ouvrant à de nouvelles recherches et à la révélation de nouveaux effets. Les corps, aux gestes captés et digitalisés, bouleversent les représentations du mouvement.

Sur les plateaux, le virtuel vient interagir avec le réel dans un environnement enrichi. Pour illustrer ces incursions du numéri-que sur la scène, la rédaction a choisi trois exemples autour de la voix et de la danse, et notamment du chorégraphe américain Merce Cunningham, dont le travail explore sans relâche depuis vingt ans les possibilités offertes par la technologie.

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12PANORAMIQuES_QUaND LE NUmériQUE ViENt à La sCèNE

13PANORAMIQuES

MERCE CUNNINGhAM DANCE COMPANy_ÉTATS-UNISDe l’avis de Merce Cunningham lui-même, cela a été un événement majeur, qui a chamboulé sa carrière de danseur et de cho-régraphe. Et il ne s’agissait pas d’une technique physique… mais d’un programme informatique. DanceForms, logiciel d’aide à la chorégraphie, a engendré de grandes innovations dans l’art de la danse. C’est Cunningham lui-même qui a contribué à sa création, avec les départements de sciences et de danse de l’université Simon Fraser au Canada. À l’origine, ce logiciel permettait simplement au chorégraphe, que l’âge empêchait de danser, de montrer les mouvements à ses danseurs avec la plus grande précision, et d’en conserver la mémoire. Désormais, pas un seul de ses spectacles n’est conçu sans DanceForms, car il permet de créer des mouvements inédits, des compositions complexes, en s’affranchissant des contraintes du corps, de l’imagination humaine ou des lois de la gravité. « DanceForms permet de repousser nos limites : il influe sur le rapport au mouvement du chorégraphe de la même façon que l’électricité a influé sur la façon dont les artistes plasticiens voient le monde », explique Cunningham. Aujourd’hui, ses chorégraphies (ci-contre le ballet BiPeD ) sont profondément marquées par cette recherche. “ www.merce.org/about_danceforms.html~~~~~~~~~ _•

< danse assistee par ordinateur >

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14PANORAMIQuES_QUaND LE NUmériQUE ViENt à La sCèNE

15PANORAMIQuES

MESSA DI vOCE_ÉTATS-UNIS« Quelle forme aurait notre voix si nous pouvions la voir ? », se demandaient en chœur Golan Levin et Zachary Lieberman. La réponse ? Messa di Voce (« placement de voix » en italien), une cantate de l’ère numérique. Avec Joan La Barbara et Jaap Blonk, deux virtuoses de la voix, ils ont imaginé un système logiciel qui transforme en temps réel les chants et les cris émis sur scène par les deux artistes en formes graphiques projetées sur un écran der-rière eux. Le logiciel s’appuie sur une caméra vidéo capable de repérer le visage des acteurs en plein vibrato. Objectif : donner l’impression que ces créations graphiques sortent tout droit de leur bouche. Messa di voce existe aussi sous forme d’installation interactive : le public est invité à tester lui-même le dispositif, voire à rejouer les séquences vocales en manipulant manuellement les formes produites. Cette installation sera très bientôt à la Biennale d’art contemporain de Séville (2 octobre 2008 - 11 janvier 2009). “ www.tmema.org ~~~~~~~~~ _•

< installation interactive >

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16à La une

17ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

< societe >

internet est un fantastique terrain de découverte pour les enfants. Comme dans le monde physique, il arrive cependant que le pire y côtoie le meilleur. exposition à des contenus choquants, mauvaises rencontres : certains risques sont à prendre au sérieux. aujourd’hui, pouvoirs publics et industriels s’organisent de mieux en mieux pour y faire face. Tour d’horizon des dangers et des solutions. EnquêtE : JEan Randon. IllustRatIons : lauREnt BazaRt

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enfants du netCOMMENT LES PROTÉGER ?

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18ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

19ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

C’est d’ailleurs le premier péril à avoir suscité la réaction des pouvoirs publics. À Rosny-sous-Bois (93), les « cyberpa-trouilleurs » de la gendarmerie nationale veillent au grain depuis 1998. Sur les 18 membres de la division de lutte contre la cybercriminalité, sept se consacrent uni-quement à la chasse aux pédophiles. L’an passé, leur travail a conduit à l’ouverture de plus de 500 procédures pénales. Dans 9 cas sur 10, les gendarmes finissent par identifier les responsables des réseaux d’échange d’images pornographiques.

deS SiTeS Sur liSTe noire

Mais beaucoup de pédophiles ne se conten-tent pas d’échanger photos et vidéos. Ils cherchent à se mettre en contact avec des >>>

mineurs, en utilisant les multiples réseaux sociaux que ceux-ci fréquentent assidû-ment. La méthode : « Se faire passer pour un autre enfant – on appelle ça le “grooming” – ou employer la menace, du genre “je suis un pirate et je vais détruire ton ordinateur si tu ne fais pas ceci ou cela” », explique Alain Permingeat, l’un des responsables de la division de lutte contre la cybercrimi-nalité. Les gendarmes de Rosny-sous-Bois attendent avec impatience l’arrêté d’une loi votée en mars 2007, qui leur permettra de piéger les pédophiles en se faisant passer pour des mineurs.

Face à cette menace, les pouvoirs publics se mobilisent. Premier objectif : bloquer l’accès aux sites pédopornogra-phiques. Souvent hébergés à l’étranger,

dans des pays où le contrôle est inexistant ou laxiste, ils sont aujourd’hui accessibles librement depuis la France. Plus pour long-temps. Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, a annoncé début juin un accord avec les fournisseurs d’accès à Internet (FAI). L’État fournira une « liste noire » de sites aux FAI, qui se chargeront d’en bloquer l’accès, comme ils le font pour les sites faisant l’apologie du racisme, du terro-risme ou de la consommation de drogues. Un dispositif qui existe déjà en Norvège, en Suède, au Royaume-Uni et en Italie. Si les discussions achoppent encore sur plu-sieurs points, notamment le droit de regard des représentants de la société civile sur le contenu de la « liste noire », la mise en œuvre est annoncée pour fin 2008.

Autre cible des nouvelles mesures pré-vues par les pouvoirs publics : les éditeurs de sites « pro-ana », c’est-à-dire prônant l’anorexie, qui devraient bientôt être passi-bles de la correctionnelle. Si la proposition de loi en cours d’examen au Parlement est adoptée, les sites pro-ana étrangers rejoin-dront la liste noire du ministère.

deS logiCielS de filTrage de PluS en PluS PerformanTS

Au-delà de l’interdiction pure et simple de l’accès à des sites au contenu délic-tueux voire criminel, l’usage des logiciels de contrôle parental se répand enfin. Ces programmes permettent de filtrer l’accès au Net depuis chaque ordinateur, télé-phone ou console de jeu vidéo, en bloquant la consultation des informations choquan-tes pour les enfants ou les adolescents (sexe, racisme, violence…). Certains logiciels empêchent également que le jeune utilisateur transmette la moindre donnée personnelle (e-mail, numéro de téléphone, adresse) et interdisent toute tran-saction bancaire.

Parfois critiqués à leur apparition au début des années 2000, ces programmes sont devenus très perfor-mants. À l’époque, ils se contentaient

uperlulu, 13 ans, cherche de nou-veaux amis. » Sur la photo, un visage d’homme se devine, barbe de trois jours, bouche serrée, dissimulé sous un masque d’enfant aux yeux vides. Quiconque a vu, il y a quelques années, la campagne choc de l’association Action Innocence s’en souvient encore. Car lorsqu’on évoque la question de la protection de l’enfance sur Internet, c’est souvent le spectre du préda-teur sexuel à l’affût derrière son ordinateur qui surgit dans l’imaginaire collectif. Non sans raison. Les connexions sur les sites pédopornographiques sont nombreuses – en 2007, la police norvégienne a enre-gistré plus de 5 millions de tentatives de connexion à ce type de sites –, ce qui montre que le danger est bien réel.

lorsqu’on évoque la question de la protection de l’enfance sur internet, c’est souvent le spectre du prédateur sexuel à l’affût derrière son ordinateur qui surgit dans l’imaginaire collectif. «S

chiffres clefs

72 %des parents laissent leurs enfants surfer seuls sur Internet.

+ de 40 % des parents dont les enfants tiennent un blog ne le savent pas.

96 %des parents connaissent l’existence des logiciels de contrôle parental.

39 %des parents en utilisent un. SOuRCES : MÉDIAMÉTRIE, MINISTèRE DE LA

FAMILLE, COLLECTIF INTERASSOCIATIF ENFANCE

ET MÉDIAS

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20ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

21ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

de rechercher des mots clefs sensibles. Ce mode de recherche rudimentaire abou-tissait souvent à des résultats absurdes, empêchant par exemple l’accès à des sites sur le cancer du sein ou sur la contracep-tion. Aujourd’hui, la plupart des logiciels de contrôle parental ne recherchent plus seule-ment des mots clefs, mais sont capables de procéder à l’analyse globale de la structure d’une page (mise en page, présence de liens pointant vers des sites pouvant poser pro-blème, polices de caractère…). Ils séparent bien plus sûrement le bon grain de l’ivraie, et évitent autant que possible l’écueil du « surblocage ». De même, certains moteurs de recherche sont maintenant en mesure d’analyser directement les images, et non plus seulement le texte, et savent, par exem-ple, repérer lorsqu’une page web contient une forte quantité de peau humaine, signe indiquant qu’il s’agit d’un site « pour adul-tes ». Enfin, pour sécuriser davantage encore la navigation des plus jeunes, il existe des

systèmes de « listes blanches » permettant de circonscrire l’accès à une liste prédéfi-nie de sites, sorte de jardin d’enfant virtuel complètement protégé.

Les progrès sont sensibles, si l’on en croit les tests comparatifs rendus publics en juin par le secrétariat d’État chargé de la famille. Le filtrage des sites pornogra-phiques est assuré en moyenne à 80 %, et celui des sites d’argent à 90 %. Pour les sites violents ou racistes, ainsi que les sites incitant à la consommation de drogues, le taux de filtrage se situe dans une fourchette de 50 à 60 %, alors qu’il était aux alentours de 20 à 30 % en 2006.

Les diffuseurs privilégiés des logiciels de contrôle parental sont les FAI. Depuis 2006, ils ont l’obligation de fournir gratuite-ment à tous leurs abonnés un programme de filtrage. Décidé à faire de la qualité de ces logiciels un critère de choix, le gouver-nement publie un classement, qui devrait bientôt être affiché chez les distributeurs. Numéricable arrive en tête (taux de filtrage atteignant 88 % toutes catégories de sites confondues), suivi de Free, Alice, Orange, SFR, Télé 2, Neuf. Darty ferme la marche, avec un taux de filtrage de 75 %.

leS ParenTS, maillon faiBle de la ProTeCTion

Les outils de veille proposés aux parents deviennent également de plus en plus performants. Sur le système d’exploitation Windows Vista ou sur la console de jeu Xbox, il est possible de définir précisément les plages horaires pendant lesquelles son enfant pourra se connecter, ou les logiciels dont il pourra ou non se servir. Possible éga-lement d’avoir un compte rendu détaillé des activités auxquelles il s’est livré, voire des conversations qu’il a pu avoir sur le chat. Sur Live Messenger (ex MSN Messenger), un système de messagerie instantanée dont les jeunes sont friands (3 millions de moins de 18 ans l’utilisent chaque mois), les parents peuvent vérifier et valider les nouveaux contacts de leurs enfants, quel que soit l’ordinateur ou le téléphone mobile utilisé par ces derniers.

Des précautions bien nécessaires. La secrétaire d’État Nadine Morano, qui a fait de la protection de l’enfance sur Internet son cheval de bataille, martèle : « 90 % des enfants disent avoir déjà été en contact avec

des images violentes et dégradantes ! » Un avertissement qu’étaye l’expérience du chef d’escadron Alain Permingeat : « Si les parents ne prennent aucune précaution sur les forums, un enfant y sera tôt ou tard contacté par un pédophile. » Les spécialis-tes sont unanimes sur ce point : les logiciels de contrôle parental sont indispensables. En outre, leur qualité ne cesse de s’amélio-rer. Reste à convaincre les parents de s’en servir. Et là, il y a du travail.

Car il semble bien qu’aujourd’hui les parents soient le maillon faible. Moindre conscience des risques, méconnaissance des activités en ligne de leurs enfants…

une majorité de parents peinent encore à envisager la Toile comme un espace public dans lequel leurs enfants côtoient le meilleur comme le pire. Pour Sophie Jehel, sociologue spécialiste des TIC, « il ne faut pas perdre de vue l’indigence des conseils que prodiguent la plupart des parents, notamment dans les milieux modestes ». Auteure d’une enquête pour le CIEM (Collectif interassociatif Enfance et Média) mesurant l’opinion des parents à l’égard des logiciels de filtrage, elle dresse un constat sévère : « Pour l’enfant, et sur-tout pour l’adolescent, les parents alour-dissent la barque des deux côtés. D’un

côté, ils disent préférer faire confiance à leur enfant – quitte, pour certains, à vérifier régulièrement les historiques – plutôt que “se décharger” sur un logiciel et devoir le gérer. Mais de l’autre côté, quand des enfants confessent s’être retrouvés face

de plus en plus de logiciels analysent directement les images, et non plus seulement le texte, et savent repérer par exemple lorsqu’une page web contient une forte quantité de peau humaine indiquant un site « pour adultes ».

à des contenus choquants, beaucoup de parents répondent “c’est de ta faute”. »

Selon l’enquête publiée en 2007 par Sophie Jehel, 72 % des parents déclarent laisser leurs enfants accéder seuls à Inter-net. Seuls 39 % disent avoir installé

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eT sur Les TÉLÉPHones MoBILes ?

Le contrôle d’accès au web sur les portables est simple. Lorsque le téléphone est destiné à un mineur, les vendeurs doivent proposer aux parents du nouvel abonné la mise en place du contrôle parental. une fois le contrôle installé, l’accès à Internet est limité à quelques dizaines de sites avec lesquels l’opérateur a établi un contrat commercial. Impossible de se rendre sur le reste de la Toile, et a fortiori d’accéder à des sites de charme ou de rencontre. et pour les petits malins, pas facile de contourner l’interdiction. Les opérateurs ont récemment renforcé les règles permettant de lever le blocage : la procédure se fait désormais par courrier signé d’un des parents, et dont l’authenticité est ensuite vérifiée. ■

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22ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

23ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

« Aucune technologie ne remplacera à elle seule la vigilance des parents »

à quand remonte la prise de conscience par Microsoft qu’Internet n’est pas sans risque pour les enfants ?Depuis plusieurs années, nous som-mes mobilisés sur ce sujet. Car les usages évoluent vite et, avec eux, les risques. Pour preuve, dès 2003, nous avons été le premier acteur du Net à prendre la difficile décision, saluée par les associations de protection de l’enfance, de fermer les salles de chat. Ces espaces de discussion en ligne ouverts à tous présentaient en effet des risques pour les enfants, du simple fait qu’on ne pouvait contrô-ler qu’a posteriori ce qui s’y disait et que les mauvaises rencontres y étaient non pas fréquentes mais en tout cas possibles. Notre entreprise a donc fait le choix de proposer aux parents un Internet où les enfants ne communiquent qu’entre amis clai-rement identifiés, sur la messagerie instantanée (Messenger) ou sur leurs blogs (Windows Live Spaces), tous deux configurés par défaut pour n’être accessibles qu’au réseau d’amis de l’enfant et non au monde entier.

Quelques années plus tard, l’évolution des usages nous a amenés à pousser plus loin cette démarche. Nos équi-pes, épaulées par les associations de protection de l’enfance, se sont rendu compte que les enfants n’étaient finalement pas très regardants sur leurs listes d’amis et que cela pou-vait à nouveau ouvrir la porte à de mauvaises rencontres. Nous avons donc lancé en mai 2008 le logiciel de contrôle parental gratuit de Windows Live, qui permet au parent d’être alerté par e-mail dès qu’un nouvel utilisateur contacte son enfant et d’autoriser ou non les échanges avec lui. Nous avons également été la première entreprise à doter une console de jeu vidéo d’un logiciel de contrôle grâce auquel les parents peuvent s’assurer que leurs enfants utilisent des produits adaptés à leur âge ou, dans le cas de jeux en réseau, qu’ils ne communiquent pas avec des inconnus.

Que peut faire la technologie pour protéger nos enfants ? La technologie peut faire beaucoup : filtrer les contenus choquants et pré-

judiciables aux plus jeunes de nos concitoyens, éviter qu’ils ne jouent à des jeux qui ne sont pas de leur âge, leur définir des plages horaires pour surfer sur le web, etc. Cela étant, aucune technologie ne remplacera jamais la vigilance, celle des parents comme celle des enfants. Il faut don-ner aux enfants les « bons réflexes » de comportement sur Internet, à l’image de ceux qu’on leur inculque dans la vie réelle. C’est la raison pour laquelle, au-delà des outils que notre entreprise met gratuitement à la dis-position du public, Microsoft travaille très étroitement avec les pouvoirs publics et les associations de protec-tion de l’enfance, pour former parents et enfants au décryptage d’Internet et aux gestes élémentaires de sécurité. Nous avons ainsi organisé, avec nos partenaires associatifs, des conféren-ces et des ateliers pédagogiques dans plusieurs grandes villes françaises, diffusé plusieurs millions de guides, développé des sites web didactiques très complets comme décodeleweb.com ou protegetonordi.com.

Quels conseils donneriez-vous aux parents ? Je leur dirais qu’on n’a pas besoin d’être un féru de technologie pour accompagner et aider ses enfants sur Internet, le bon sens et l’expérience sont les meilleures armes : installer l’ordinateur, équipé d’un logiciel de contrôle parental, dans un lieu de vie et non dans la chambre de l’enfant, instaurer un dialogue régulier avec lui sur ses pratiques en ligne, lui faire comprendre que les conseils de pru-dence qu’il respecte dans le monde extérieur sont aussi valables sur la Toile, qu’on n’y divulgue pas d’in-formations personnelles et que l’on ne peut pas y dire n’importe quoi sur n’importe qui. ■

Marc Mossé, directeur des affaires publiques de Microsoft France

sites utiles

www.internetsanscrainte.frle site national de sensibilisation aux enjeux et aux risques du Net, chapeauté par la délégation aux usages de l’Internet.

www.protegetonordi.comune mine d’informations à destination des parents comme des enfants, pour apprendre à se protéger des virus, des spams, des escroqueries aux données personnelles, etc.

www.decodeleweb.comà destination des enfants et des adolescents, une initiation ludique et complète aux bons usages du Net.

Le Guide « P@rents ! la parentalité à l’ère du numérique »édité par l’UNAF et Microsoft, téléchargeable sur www.microsoft.com/france/enfance-en-ligne.

www.pointdecontact.net pour signaler un contenu potentiellement attentatoire à la dignité humaine.

www.foruminternet.org/mini-sites/conseils-parentstoutes les réponses aux questions que se posent les parents, par le Forum des droits sur Internet.

un logiciel de contrôle, alors que 96 % en connaissent l’existence ! Yves Laborey, chargé de mission à la délégation inter-ministérielle aux usages de l’Internet, résume le problème : « Pour la majorité des parents, gérer des profils différents dans leur système d’exploitation, c’est déjà une terre inconnue. Ce premier écueil nuit au message sur l’utilité des filtres parentaux. Parce qu’ils ne veulent pas ou ne savent pas utiliser différents profils, beaucoup d’adul-tes voient les logiciels de contrôle parental comme un frein à leur propre navigation ! La conséquence directe, continue-t-il, c’est que le schéma général est, pour l’instant, l’absence de garde-fou. » Pour cet expert du ministère de la Recherche, « les enfants ne devraient jamais aller seuls, sans précau-tions, sur internet ».

À l’Union nationale des associations familiales (UNAF), Olivier Gérard, coor-dinateur du dossier TIC, juge ces précau-tions indispensables. « environ un parent sur quatre juge que l’éducation et la confiance sont préférables à des outils de contrôle. À l’inverse, beau-coup d’autres estiment que l’installation de logiciels de contrôle suffit à sécuriser totalement la navi-gation. À l’UNAF, nous considérons que les deux appro-ches – outils et vigi-lance parentale – sont complémentaires, et prétendre qu’une seule des deux suffit, c’est de la naïveté. » Une vigilance d’autant plus cruciale que les enfants sont jeunes. Sophie Jehel conclut ainsi son enquête sur les logiciels de contrôle parental : « On peut s’interroger sur la pertinence qu’il y a à laisser des mineurs de 8 ans accéder seuls à internet, avec ou sans contrôle parental. La possibi-lité, à cet âge, d’une démarche autonome sur ce média semble faible, les dangers immenses. »

Pour réagir, industriels, associations et pouvoirs publics multiplient les opéra-

tions de sensibilisation. Le gouvernement compte lancer à Noël une grande cam-pagne d’information ciblant principale-ment les parents. « ils ont besoin qu’on les aide à rattraper leur retard », justifie Nadine Morano. Bien souvent, les parents, convaincus qu’ils sont incompétents tech-niquement, renoncent à l’utilisation des logiciels de filtrage, pourtant fort simples à configurer. Un sentiment à l’origine de situations absurdes : il n’est pas rare, en effet, qu’un père ou une mère demande à son enfant d’installer lui-même le logiciel de contrôle, voire de pirater de la musique en ligne.

de l’enfanT viCTime à l’enfanT fauTif

Parents dépassés donc, mais parents béa-tement confiants aussi. « Plus de 40 % des parents ignorent que leurs enfants tien-nent un blog », affirme Nadine Morano. Ennuyeux, d’autant que, dans ce cas, le mineur peut facilement glisser du statut

de victime potentielle à celui de fautif. Insultes envers les professeurs,

mise en ligne de photos de camarades en petite tenue,

dénonciations anony-mes : des plaisante-ries potaches aux

délits les plus graves, les jeu-nes auteurs en

ligne n’ont sou-vent aucune notion de ce qui est permis et de ce qui ne l’est pas. L’idée qu’on ne met pas en ligne la photo d’un camarade sans son consentement, par exemple, leur est lar-gement étrangère. Pour faire face aux risques de « mauvaise conduite » engendrés par l’explosion de la pratique des blogs,

des initiatives de sensibilisation naissent ici et là, dans les collèges et les lycées.

Il ne s’agit plus ici de la seule question du contrôle. Sophie Jehel insiste : « C’est la culture d’internet qui doit progresser. Tous les acteurs ont un rôle didactique à jouer. » En bref, c’est toute la chaîne éducative qui est ici concernée. ■

« C’est la culture d’internet qui doit progresser. Tous les acteurs ont un rôle didactique à jouer. »Sophie Jehel, Sociologue SpécialiSte deS tic

>>>

Trois questions à… Marc Mossé

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QUÉBEC

OTTAWA

WINNIPEG

MONTRÉAL

TORONTO

VANCOUVER

CANADA

ÉTATS-UNIS

ALASKA

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24ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?_idées d’aiLLeurs

25ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

au CanaDa, froNt CommUN PoUr LEs UsagEs DU NEt

C omment sensibiliser mas-sivement la population aux dangers que peut présenter

le Net ? En mettant en commun les ressources et les canaux de diffusion des différents acteurs, prouve l’expérience canadienne. Le pays mise sur les partenariats entre les pouvoirs publics – gou-vernement, services de police, etc. –, les industriels et la communauté éducative, à l’image de l’une des collaborations les plus anciennes, le Réseau Éducation-Médias. Né il y a une douzaine d’années avec les phénomènes de violence à la télévi-sion, cet organisme à but non lucra-tif s’emploie, depuis, à apprendre aux enfants à décrypter les médias – Internet en tête – et développe des programmes à la demande du gouvernement, d’associations, etc. Le Réseau vient ainsi de travailler pour la Fédération canadienne des enseignants sur le thème de la cyberintimidation. « Les cas sont de plus en plus nombreux. Très mobili-sée sur ces questions, la Fédération nous a demandé de concevoir une formation ad hoc », raconte Emma-nuelle Erny-Newton, spécialiste du Réseau Éducation-Médias.

former des « e-parents »

Pour développer certains de ses projets, le Réseau s’appuie sur ses partenaires publics et privés, qui, pour quelques-uns, ont des repré-sentants à son conseil d’adminis-tration. Des entreprises comme Bell, Telus, Microsoft, l’association cana-dienne des fournisseurs d’accès à Internet, et des organismes comme les services de police, la protection civile, les bibliothécaires ou diffé-

rents médias ont ainsi soutenu et dif-fusé WebAverti (Be Web Aware), un programme national bilingue « pour informer les parents des potentiels danger du web ». Il faut dire que 94 % des jeunes Canadiens ont un accès à Internet chez eux, 37 % ont leur propre ordinateur et 44 % peuvent se connecter depuis leur téléphone portable. « Souvent, les parents sont dépassés. Nous avons imaginé des outils pratiques sur des thèmes comme la pornographie, les contenus violents, la désinformation, la cyberdépendance…, afin qu’ils puissent mieux gérer l’utilisation d’internet à la maison et faire de leurs enfants des internautes aver-tis. en bref, nous les aidons à devenir des “e-parents”.Une centaine d’em-ployés de Microsoft se sont rendus dans les écoles, dans les groupes de jeunes, les églises, pour faire des formations » explique Bruce Cowper, responsable des questions de sécu-rité à Microsoft Canada.

Les faI mis à contribution

Microsoft travaille également régu-lièrement avec les forces de police, qu’il forme à ses technologies, ou dote d’outils techniques. « La police de Toronto dispose de l’une des plus grandes unités d’Amérique du Nord dédiées à la cybercrimi-nalité. Son ancien directeur avait écrit à Bill Gates qu’une compagnie comme Microsoft se devait de parti-ciper à la lutte contre les prédateurs sexuels. Cela a débouché, en 2004, sur la mise en place d’un logiciel de partage d’informations pour les ser-vices de police », se souvient Bruce Cowper. Les collaborations entre les services de police et les industriels

La collaboration historique entre gouvernement, services de police, enseignants et entreprises a permis de faire émerger des programmes de prévention et d’information de très large portée concernant les risques encourus sur Internet.

sont fréquentes. Des structures ont même été créées pour favoriser ces échanges, à l’image de la Coalition canadienne contre l’exploitation des enfants sur Internet (CCCEEI). Depuis 2004, elle rassemble les représentants des principales entreprises web du Canada, des gouvernements fédéral et provin-ciaux, des instances policières et de Cyberaide.ca, le service panca-nadien de signalement d’enfants exploités sexuellement sur Inter-net. C’est elle qui est à l’origine, en 2006, du projet Cleanfeed Canada : les principaux fournisseurs d’accès à Internet se sont engagés à doter leurs serveurs de nouveaux filtres bloquant l’accès à des sites étran-gers, hors de portée des autorités judiciaires canadiennes, conte-nant des images de maltraitance

sexuelle envers des enfants. Mais même si, depuis son lance-

ment en 2002, Cyberaide.ca a procédé à 38 arrestations et à la fermeture de 2 850 sites, « les prédateurs sexuels sont loin de constituer la menace principale. Pour armer les mineurs face à l’ensemble des risques du web, l’essentiel est de promouvoir une réponse éducative, et que parents et enseignants développent l’esprit critique des enfants », insiste Emma-nuelle Erny-Newton. Elle aime à rap-peler comment, en 1995, Keith Spicer, alors président du Conseil de la radio-diffusion et des télécommunications, résumait l’approche canadienne des problèmes posés par les médias : « 10 % d’outils technologiques, 10 % de législation et de régulation par l’in-dustrie des médias elle-même… et 80 % d’éducation. » ■ ANNE RIvIèRE

aut-il l’installer au milieu du salon ou dans la cham-bre des parents ? En partager l’usage ou laisser à chacun le sien ? Si choisir la place de l’ordinateur dans la maison est crucial en termes d’organisation, c’est surtout par là que, le plus souvent, débute le contrôle parental sur l’usage que font leurs enfants d’Internet. Pierre et Sophie ont placé l’ordinateur familial dans leur chambre, un moyen de limiter le temps que leurs enfants – Romain, 9 ans, et Julie, 11 ans – lui consacrent. Pour se connecter, chaque membre de la famille dispose d’une session personnelle. « Au début, nous contrôlions seuls la façon dont nos enfants allaient sur l’ordinateur. Mais en passant sur le système d’exploitation Vista, j’ai installé la gestion parentale qui est proposée. À partir de 23 heures, pour se connecter, il faut un mot de passe », explique Pierre.

Chez Alex, 11 ans, et Virgile, 17 ans, l’ordinateur a été installé dans une pièce commune à toute la famille. Et la console de jeux est dans la chambre des parents, Marielle et François. « Mais dans la mesure où nos enfants ont des activités sportives, sont très socialisés etc., on ne craint pas vraiment qu’ils y passent trop de temps », tempère ce dernier. Pourtant, l’excès de temps passé devant un écran

fait clairement partie de ce que les familles identi-fient comme un effet négatif possible d’Internet et des consoles de jeux vidéo. « Dans ma classe, il y a quelques “no life”, des garçons qui peuvent passer des heures et des heures à jouer. Souvent, c’est aussi parce qu’ils habitent loin de leurs copains, ou ont moins de possibilités de sortir, d’avoir d’autres activités… », constate Virgile qui, lui, ne semble pas prêt à sacrifier ses rendez-vous avec ses amis. Si consoles et jeux en réseau suscitent donc, par-fois, l’inquiétude des parents, toutes les possibilités offertes par Internet – surfer, faire ses devoirs, regar-der des vidéos, écouter de la musique, chater… – ne sont pas logées à la même enseigne. « Je fais des distinctions selon les usages. S’il s’agit d’accéder à de la musique, il n’y a, bien sûr, pas de limite de temps. il m’arrive aussi de m’assurer que mes filles vont consulter les cours et corrigés que certains de leurs professeurs mettent à disposition en ligne, car ce sont des démarches intéressantes et nouvelles. De toute façon, le fait d’avoir un seul ordinateur pour tout le monde limite forcément l’utilisation qu’elles en ont », explique Sylvain, le père d’Audrey, 11 ans, Lola, 15 ans, et Amaranta 16 ans.

Du côté des enfants, pas d’inquiétude à ce sujet : ils disent se contrôler. Alex a néanmoins découvert quelques-uns des risques du Net lors d’une réunion organisée par son école. « Apprendre, par exemple, que le téléchargement pouvait être illégal et puni par la loi l’a beaucoup inquiété », se souvient Marielle. Elle-même reconnaît avoir pris conscience de beaucoup de choses au cours d’une réunion similaire destinée aux parents.

« C’est juste un lieu de plus pour nos enfants. nous devons leur donner des repères, qui sont les mêmes qu’ils soient dans la rue ou sur internet. » Sophie, mère de romain, 9 anS et Julie, 11 anS

PorTraITs DE famiLLEs

>>>

FRéalisée avec l’appui des industriels et distribuée gratuitement, une bande dessinée met en scène les personnages d’un célèbre dessin animé canadien, aux prises avec les dangers du web.

Industriels et pouvoirs publics multiplient les messages en direction des familles afin de mieux les armer contre les dangers possibles de la Toile. Mais avec quels effets ? Alors que le monde virtuel n’a guère de secret pour la majorité des adolescents, quel accompagnement proposent les parents ? Trois familles franciliennes nous racontent leur pratique du web au quotidien. ~~~~~~~~~~~~~~ _•

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26ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

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Notamment que ces derniers ne connaissent pas vraiment les utilisations que leurs adolescents font d’Internet…

Qui est derrière le chat ?

Quand ils sont devant l’ordinateur, les jeunes pas-sent beaucoup de temps à communiquer via des messageries instantanées du type Windows Live Messenger (ex MSN Messenger). Un moyen simple de discuter avec leurs amis, qu’ils les aient quittés l’après-midi même ou six mois plus tôt, à la fin de la colonie de vacances.

« Une discussion sur chat, cela commence souvent par SAV : sexe, âge, ville », raconte Lola. Et sur les chats, c’est un peu comme dans la rue : il peut arriver qu’on soit abordé par un inconnu. « Une fois j’ai accepté le contact d’une personne qui m’avait parlé sur le chat d’un site de jeux en ligne, puis je me suis rendu compte que c’était un homme de 33 ans. Depuis, je ne parle qu’aux gens que je connais », raconte Audrey. « en fait, on repère vite les gens qui mentent sur leur âge, affirme Amaranta. Cela se voit à la façon >>>

>>>Pierre, web designer et Sophie, secrétaire dans une entreprise de maîtrise d’œuvre et d’architecture, ont installé le contrôle parental pour leurs enfants, Romain, 9 ans, et Julie 11 ans.

dont ils écrivent, aux questions qu’ils posent. Cer-tains nous demandent directement nos mensu-rations… » Du reste, les trois adolescentes elles-mêmes avouent s’être déjà, à l’occasion d’un chat, vieillies de quelques années. Il existe sur Windows Live Messenger un logiciel gratuit qui permettrait à Virginie, leur mère, de contrôler qui communique avec ses enfants. Mais elle reconnaît n’en avoir jamais entendu parler. De temps en temps, elle vérifie elle-même les contacts de ses filles. Même réflexe chez leur père : « Je regarde parfois avec qui elles discutent. Je m’informe aussi des pseudos qu’elles choisissent. il m’est d’ailleurs arrivé de leur demander d’en changer ou d’enlever des photos, si cela me paraissait ambigu. »

« Internet ne suscite pas d’inquiétude particulière : il fait désormais partie intégrante de la vie quotidienne », estime virginie, graphiste, mère d’ Audrey, 11 ans, de Lola, 15 ans, et d’Amaranta, 16 ans.

« une fois j’ai accepté le contact d’une personne qui m’avait parlé sur le chat d’un site de jeux en ligne, puis je me suis rendu compte que c’était un homme de 33 ans. depuis, je ne parle qu’aux gens que je connais. » audrey, 11 anS

Chez Sophie et Pierre, l’usage de Messenger vient tout juste d’être autorisé à Julie. « Mais je refuse catégoriquement qu’elle contacte des gens qu’elle n’a jamais rencontrés, explique Sophie. en fait, la Toile est juste un lieu de plus pour nos enfants, poursuit-elle, nous devons leur apprendre le respect d’autrui et leur donner des repères, qui sont les mêmes qu’ils soient dans la rue ou sur internet. »

Des logiciels méconnus

Si le spectre des réseaux pédophiles continue d’ali-menter les craintes, au quotidien, ce sont surtout les contenus, apparus au détour d’un clic, qui peuvent s’avérer problématiques pour les jeunes. « Je sais qu’il y a des choses trash. Si je savais faire, j’instal-lerais peut-être un logiciel de contrôle parental », estime Marielle, qui admet ne pas les connaître. Pas plus que Virginie, qui ne sait pas bien comment ils fonctionnent. « Mais dans la mesure où moi-même je me sers d’internet en permanence, j’estime que cela fait aujourd’hui partie du quotidien et je ne m’inquiète pas plus que cela », précise-t-elle. Sophie n’est pas davantage au fait de ce qui existe en matière d’outils techniques de contrôle. C’est >>>

son mari, web designer et féru d’informatique, qui s’est penché sur le sujet et a mis en place le contrôle parental. « J’ai bloqué certains contenus, comme des vidéos violentes ou des sites pornographiques. en l’installant, j’ai aussi regardé la classification européenne des jeux vidéo, explique Pierre. Mais je suis persuadé que d’ici peu les enfants sauront contourner le filtrage. » Assez méconnus, les logi-ciels de contrôle n’apparaissent donc à aucune de ces trois familles comme la solution unique. « Notre PC n’est qu’un PC parmi d’autres. À 17 ans, Virgile accède régulièrement – à l’école, chez ses copains – à des ordinateurs que nous ne pouvons pas contrôler. Mieux vaut lui donner des repères », estime François.

Myspace, réseaux sociaux, blogs en tout genre… Internet offre aussi aux adolescents de nombreuses possibilités de partage. Même si, parfois, on peut tomber sur des blogs « où des filles racontent leurs déprimes, leurs expériences de scarification etc… Une de mes copines est anorexique et elle raconte tout cela sur son blog », raconte Lola. Chez Virginie et ses filles, la discussion est donc de mise, pour prendre du recul vis-à-vis de ces pratiques.

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28ENFANTS DU NET : CommENt LEs ProtégEr ?

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« au final, même s’il y a parfois des contenus difficiles, j’encourage à 100 % les itinéraires des enfants sur le web et je trouve la sociabilité qui s’y crée formidable. l’important est de les accompagner dans ces parcours. » FrançoiS, père d’alex, 11 anS et de Virgile, 17 anS

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« N’importe quelle recherche en ligne peut déboucher par hasard sur des choses extrêmement dou-teuses. Pour autant, il n’y a pas d’in-térêt à bâillonner internet », insiste François.

De la blague à l’insulte

Pour les adolescents, la prise de conscience de ce qu’implique l’usage du Net passe parfois par quelques déconvenues. Quand Julie a ouvert un blog avec une copine, « des filles qu’on n’aimait pas ont récupéré l’adresse et nous ont insultées : depuis on n’accepte plus que les commentaires de nos amis », raconte-t-elle. Son frère Romain était plutôt content quand a été mise en ligne sur le blog de son club de sport une vidéo où on le voit danser la tecktonik : « mais à un moment j’en ai eu vraiment marre qu’on m’en parle », ajoute-t-il. Pourtant, on lui avait demandé son autorisation. Ce qui est loin d’être toujours le cas. « Beaucoup de vidéos circulent : on se fait sui-vre les liens les uns aux autres », explique Virgile. Si les écarts de conduite sur le Net relèvent dans bien des cas de l’humour potache, les choses vont parfois beaucoup plus loin. Propos diffamatoires, dif-fusion d’informations sans auto-risation des personnes concer-nées, insultes se multiplient, sur les blogs, les sites de partage de vidéos etc. « J’ai été assez inquiet au moment où les vidéos d’agres-sions de personnes ou de tortures d’animaux ont commencé à avoir un grand succès dans les cours de récréation. Mais Virgile nous a montré certaines de ces images, on a pu en parler ensemble, sans dramatiser », explique François.

« Au final, même s’il y a parfois des contenus difficiles, j’encourage à 100 % les itinéraires des enfants sur le web et je trouve la sociabilité qui s’y crée formidable, résume-t-il. L’important est de les accompagner dans ces parcours. » Il est clair en tout cas que ces parents modernes conçoivent l’apprentissage d’Internet comme une nouvelle étape dans l’éducation de leurs enfants, un langage à partager et à maîtriser avec eux. ■ ANNE RIvIèRE

« Il est impératif de sensibiliser les parents, en particulier dans les populations les plus fragiles »

ÉrIC Besson

Secrétaire d’état au développement de l’économie numérique, éric Besson nous livre son regard sur internet, la « génération numérique », et l’équilibre à trouver entre la promotion de l’accès au web et la prévention des risques chez les plus jeunes.

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vous avez été nommé en mars 2008 secrétaire d’État au développement de l’économie numérique. Quelle est votre mission et quels sont vos principaux axes de travail ?

Ma mission est simple et ambitieuse : faire de la France une puissance numérique, à l’égale des économies les plus dynami-ques de notre planète. Je veux développer le numérique partout et pour tous. C’est

tout l’objet du Plan de développement de l’économie numérique à l’horizon 2012 que j’ai remis au Premier ministre cet été.

Quand avez-vous découvert Internet ? Quel usage, professionnel et personnel, en faites-vous ?

Je me suis intéressé à Internet dans les années 90, quand ce phénomène s’est accéléré aux États-Unis. Très rapi-

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Parler sans dramatiser des contenus violents qu’on peut trouver sur le Net, c’est l’option choisie par François, producteur, et Marielle, qui travaille dans un musée, avec leurs enfants Alex, 11 ans, et virgile, 17 ans.

« notre ambition est de trouver le bon équilibre entre la promotion d’internet et de ses potentialités et une sensibilisation nécessaire aux risques qui menacent les publics jeunes. »

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dement, les nouvelles technologies ont fait partie de mon environnement profes-sionnel. À la maison, au même moment, je découvrais en famille les joies de la connexion bas débit par modem télépho-nique, cette époque où il fallait patienter de longues secondes pour se connecter. Aujourd’hui, les choses ont bien évolué. Je ne suis pas pour autant devenu un « geek » : j’utilise le web principalement pour com-muniquer, rechercher des informations, organiser mes voyages en famille, ou ache-ter à distance des produits que je n’ai pas le temps de me procurer. Un usage très classique en somme.

Quel regard portez-vous sur cette génération de jeunes nés dans le numérique, que les anglo-saxons appellent les « digital natives » ? avez-vous le sentiment qu’ils évoluent dans un monde vraiment différent de celui dans lequel nous avons grandi ?

Il suffit d’observer le comportement de cette « génération numérique » pour s’en rendre compte, et je le constate tous les jours avec mes propres enfants : ils com-muniquent chaque soir par messagerie instantanée et organisent leur vie sociale à travers les sites de réseaux sociaux. À l’évidence, les outils, les usages ne sont pas les mêmes dans cette génération et dans la nôtre. Trois autres choses me frap-pent aussi : ils consomment plus de médias que la moyenne, et je reste surpris par leur capacité à faire plusieurs choses en même temps. Par ailleurs, j’observe comme une forme de schizophrénie dans leur compor-tement : d’un côté, un fort individualisme, un besoin immense de personnalisation (« ma sonnerie de portable », « mon fond d’écran », « mon ordinateur »…), de l’autre, un fort sentiment d’appartenance à une communauté, à une tribu, qui se retrouve sur le Net, par la messagerie instantanée, les réseaux sociaux, les blogs.

Les familles françaises sont-elles égales devant les risques d’Internet ?

À l’évidence, non. Le niveau d’informa-tion, d’encadrement et d’éducation sur les nouvelles technologies n’est pas le même. Une étude menée sur 9 600 collégiens a par ailleurs mis en évidence des compor-tements à risque de la part des parents : présence d’un ordinateur dans la chambre des enfants pour 46 % d’entre eux, téléchar-gement de vidéos à la demande des parents pour 25 %, alors que le téléchargement est l’une des premières sources d’exposition à des contenus choquants. Il est impératif de sensibiliser les parents, en particulier dans les populations les plus fragiles, pour limiter ces risques.

vous êtes également maire de Donzère dans la Drôme. en tant qu’élu local, avez-vous déjà été confronté à ce type de problématique ?

Naturellement, la question des risques liés aux nouvelles technologies se pose dans une ville comme Donzère. Mais le vrai problème d’un jeune dans une commune populaire comme la mienne, c’est de ne pas avoir accès à Internet. Être privé d’ordina-teur aujourd’hui, c’est être privé d’accès à l’information, à la culture, à l’éducation, aux services publics. C’est être exposé à un risque accru de marginalisation. Il est essentiel de réduire la fracture numérique.

La france vous paraît-elle en retard ou, au contraire, en avance sur ce sujet par rapport aux autres puissances numériques ?

La France est très présente sur les ques-tions de sensibilisation et de pédagogie. La délégation aux Usages de l’Internet, avec laquelle je travaille, a multiplié depuis sa création en 2003 les initiatives dans ce domaine (Opération « Internet accompa-gné », passeport Internet multimédia, etc.). La protection des mineurs contre les risques de l’Internet est aussi l’une de ses actions

prioritaires et a conduit notamment à la création du site www.mineurs.fr. Le gou-vernement français a été précurseur et réu-nit en outre régulièrement les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), les industriels du secteur et les associations de protection de l’enfance dans le cadre d’un comité de suivi « Protection de l’enfant sur Internet », présidé par ma collègue Nadine Morano, secrétaire d’État à la Famille. Là encore, notre ambition est de trouver le bon équi-libre entre la promotion d’Internet, de ses potentialités, et une sensibilisation néces-saire aux risques qui menacent en particu-lier les publics jeunes.

Plus largement, quelle place envisagez-vous pour le décryptage du média Internet à l’école ? Pensez-vous par exemple qu’il faille renforcer le niveau de compétence requis par le brevet informatique et Internet (B2I) ?

Les enfants ont une formidable capa-cité à découvrir le web par eux-mêmes. Il est indispensable qu’on les mette en contact avec ce média le plus tôt possible. Mais, parallèlement, ils ont besoin d’être accompagnés et qu’on les aide à déve-lopper leur esprit critique. C’est en effet, vous le soulignez, l’un des objectifs du brevet informatique et Internet (B2I), qui atteste de la capacité de l’élève à utiliser avec pertinence les outils multimédias. L’objectif de 100 % des élèves sortant de l’école primaire titulaires de l’attestation « B2I école » et celui consistant à faire du « B2I collège » une condition à l’obtention du brevet des collèges vont, à cet égard, dans le bon sens. Dans le cadre des Assi-ses du numérique, j’ai par ailleurs proposé d’ajouter une troisième brique, en intégrant un module « usage de l’Internet » dans le programme d’éducation civique.

Des développements au niveau européen sont-ils en cours dans le

cadre de la présidence française de l’union européenne ?

Plusieurs initiatives européennes sont en effet en cours. Une conférence minis-térielle portant sur la « e-Inclusion » sera notamment organisée dans le cadre de la présidence française de l’Union euro-péenne, à Vienne, les 30 novembre, 1er et 2 décembre 2008.

vous êtes père de trois enfants. L’usage d’Internet fait-il l’objet d’un dialogue familial ?

Oui, bien sûr. Le Net, ses dangers, ses limites, mais aussi ses potentialités, font partie de nos discussions familiales, d’autant plus souvent aujourd’hui du fait de mes responsabilités. Avec nos enfants, nous avons toujours fait le pari du dialogue et de la responsabilité, et jusqu’ici, nous n’avons pas eu à le regretter. En revanche, dès la petite enfance, nous avons instauré des règles simples : le temps passé devant l’ensemble des outils (télévision, Internet, jeux vidéo, console) devait être « globa-lement raisonnable » et inférieur à celui

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ériC BeSSonen quelqueS daTeS

• 1958 : naissance à Marrakech, au Maroc

• 1995 : devient maire de Donzère, dans la Drôme

• 1997 : devient député sous l’étiquette du Parti socialiste

• 2005 : secrétaire national à l’économie chargé de l’économie et de la fiscalité au pôle activités du Parti socialiste

• 2007 : secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques

• Mars 2008 :  Éric Besson prend également la responsabilité du développement de l’économie numérique.

consacré aux devoirs et à la lecture. Les règles ont été très vite entérinées et elles font partie d’un patrimoine commun qu’il n’est plus nécessaire de rappeler. Je n’en tire pas de leçons excessives : mon épouse est professeur et, en dépit de sa carrière, consacre énormément de temps à l’édu-cation de nos enfants. Tous les enfants de France ne bénéficient pas de ce privilège.■ PROPOS RECUEILLIS PAR CONSTANCE PARODI

« le vrai problème d’un jeune dans une commune populaire comme celle dont je suis le maire, c’est de ne pas avoir accès à internet. Être privé d’ordinateur aujourd’hui, c’est être privé d’accès à l’information, à la culture, aux services publics… »

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un grand nombre de sites proposent aujourd’hui aux internautes de s’impliquer dans des causes caritatives par des modes d’action innovants répondant à toutes les sensibilités, tous les emplois du temps et tous les portefeuilles. Séduits par l’interactivité et l’efficacité de l’aide en ligne, les français – notamment les jeunes – sont de plus en plus nombreux à intégrer, dans leurs habitudes de vie, un réflexe solidaire.

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Le concept des sites consacrés à la solidarité est simple et révolutionnaire : donner à des associations humanitaires et envi-ronnementales du temps, de l’argent ou des compétences en un clic de souris. Ces sites, qui existent depuis la fin des années 90 dans les pays anglo-saxons, ont été découverts par les internautes français lors de la grande mobilisa-tion pour les victimes du tsunami de décembre 2004 : près de 70 % des internautes ayant effec-tué un don en ligne l’ont fait pour la première fois au moment du raz-de-marée dévastateur. Deux ans après la catastrophe, en 2006, 63 % des internautes déclaraient s’être engagés pour une cause après une visite effectuée sur le site d’une association humanitaire.

Si les Français, traditionnellement moins enclins que les Anglo-saxons à s’impliquer dans des causes humanitaires, adoptent à leur

tour un réflexe solidaire, c’est qu’Internet leur permet de le faire différemment. Un ensemble de sites très divers leur proposent aujourd’hui des formes d’engagement à la carte, répondant à toutes les sensibilités, tous les emplois du temps et tous les portefeuilles.

deS SiTeS viTrineS eT TremPlinS de l’aCTion humaniTaire

L’internaute en quête d’informations et sou-cieux de savoir où va sa générosité trouvera son bonheur sur des portails comme jeveuxaider.com, qui met à sa disposition une base de don-nées sur les différentes manières d’agir dans le milieu associatif, ou encore Coordinationsud.org, qui, pour sa part, cible un public averti. Les portails font l’interface entre le public et les associations partenaires, pe tites ou grosses, à l’instar de La Croix-Rouge française ou de

Médecins sans frontières. MSN Actions soli-daires est le plus fréquenté de tous ces sites. Précurseur en France de la solidarité en ligne, cette chaîne du portail msn.fr fut la première à mettre gratuitement son audience et sa plate-forme technologique à la disposition des ONG et à se poser en vitrine et tremplin de leurs actions. Elle s’adresse plus particulièrement aux jeunes de 16 à 24 ans, qui, selon le son-dage MSN/OpinionWay réalisé en 2006 avec le CerPhi (Centre d’étude et de recherche sur la philanthropie), seraient séduits par la rapidité, l’interactivité et l’efficacité de la solidarité en ligne. Le portail propose des dossiers met-tant en valeur le travail des associations qui œuvrent dans les domaines de l’insertion, de l’économie solidaire, de l’enfance, de l’éduca-tion, du handicap, de la santé, de l’environne-ment et des droits de l’homme. Chiffres

solidarité

Quand internet réinvente

l’action humanitaire< reportage >~~~~~~~~~~~~~~~~ _•

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Msn aCTIons soLIDaIres : Le PreMIer PorTaIL soLIDaIre françaIs

Cette chaîne thématique du portail msn.fr, lancée il y a quatre ans, est intégralement dédiée aux associations caritatives, petites ou grosses. « Nous sommes convaincus qu’Internet est un puissant vecteur de sensibilisation dans le domaine humanitaire et social. Nous avons voulu offrir aux associations une caisse de résonance unique, celle des 18 millions d’utilisateurs du réseau MSN WINDOWS LIVE », résume Isabelle Leung-Tack, responsable du développement durable chez Microsoft France. Les associations y sont choyées sur toute la ligne : l’ensemble des contenus présentant leur action, rédigé par des journalistes, est financé par Microsoft, les espaces publicitaires leur sont offerts et des formations gratuites leur sont proposées plusieurs fois par an pour leur apprendre à exploiter au mieux les possibilités du Net. “ actionssolidaires.fr.msn.com ~~~~~~~~~ _•

�Isabelle Leung-Tack et Xavier Kreutzer,

responsables de la chaîne MSN Actions solidaires

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clefs, interviews des acteurs du monde associatif, possibilité de devenir bénévole en un clic… cette chaîne de solidarité permet aux internautes jeunes et moins jeunes de se familiariser avec l’action humanitaire et de s’y impliquer.

Cliquer Pour générer de l’argenT

De leur côté, les ONG profitent du web pour attirer un public plus large, plus jeune et aussi plus exigeant. « internet est devenu pour nous

un support indispensable de mobilisation. Les jeunes bougent rapidement, font circuler l’in-formation par leurs blogs et par leurs réseaux sociaux. Cela nous stimule et nous rend plus dynamiques », explique Émilie Rolin, chargée de communication à Handicap international. En ligne, les associations continuent de récol-ter des dons traditionnels (paiement en ligne par carte de crédit). Mais elles sont de plus en plus nombreuses à proposer également aux internautes d’autres formes de participation. Parmi ces nouvelles formes, la plus surpre-

nante consiste à comptabiliser les clics des visiteurs pour générer de l’argent. C’est l’op-tion choisie, par exemple, par les moteurs de recherche solidaires. Reprenant la technologie d’un ou de plusieurs moteurs de recherche existants, ils commercialisent des espaces publicitaires sur leur page d’accueil et rever-sent à certaines ONG tout ou partie de l’argent récolté. Pour l’internaute, le simple fait d’uti-liser le moteur est donc, indirectement, une façon de donner. En France, le premier site à s’être créé sur ce modèle est Doona.fr, fondé par trois étudiants en 2006. « Les mois où nous avons les moyens de faire un don, nous orga-nisons un vote auprès de nos internautes pour déterminer quelle association sera bénéficiaire de l’argent des annonceurs. Nous comptons 36 associations partenaires et c’est à elles que va l’intégralité de nos revenus », déclare Nico-

las Desmarets, le jeune président de Doona. Pour l’instant, les sommes reversées restent modestes, mais Nicolas espère faire évoluer rapidement son site pour augmenter les fonds recueillis et permettre à Doona d’être à l’initia-tive des campagnes humanitaires.

à Chaque inTernauTe Son mode d’aCTion

Autre façon de donner sans avoir à desser-rer les cordons de la bourse : l’achat en ligne. Créé en 2006, le logiciel d’e-commerce (assorti d’un comparateur de prix) Soliland répertorie 300 enseignes marchandes. Pour chaque vente réalisée à partir de son portail, Soliland perçoit une commission – de 2 à 15 % du montant de la vente, selon les produits. La moitié de cette commission est reversée à une ONG choisie par l’acheteur qui, lui, ne débourse pas un sou

de plus que le prix initial du produit. De son côté, Soliland se rémunère en touchant l’autre moitié de la commission. Le pourcentage de celle-ci, et donc le montant du don, varie en fonction des accords passés entre Soliland et les magasins partenaires.

Ces sites ne sont que des exemples parmi bien d’autres. Certains se sont spécialisés dans la circulation de pétitions, dans le bénévo-lat (comme le site Betobe qui propose aux visiteurs inscrits des missions en ligne : tra-

duire un document, monter un film vidéo, etc.), ou encore dans les jeux solidaires (comme Dotred, créé en mai dernier pour récolter des fonds en faveur des personnes sans abri). Les philanthropes n’ont que l’embarras du choix. Devant l’essor de ces modes d’action taillés sur mesure, en phase avec les rythmes et les habitudes de vie des jeunes, on peut espérer que les internautes seront toujours plus nom-breux à renforcer l’élan solidaire né sur la Toile. ■ CAROLINE MARCELIN

« internet est devenu pour nous un support indispensable de mobilisation. les jeunes bougent rapidement, font circuler l’information par leurs blogs et leurs réseaux sociaux. » émilie rolin, chargée de communication à handicap international

Si les français, traditionnellement moins enclins que les anglo-saxons à s’engager dans des causes humanitaires, adoptent à leur tour un réflexe solidaire, c’est qu’internet leur permet de le faire différemment.

�Nicolas Desmarets, Président de Doona �Nathalie Choiseau, l’une des fondatrices de Betobe

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DoTreD : aCHeTez ParIs Pour Les sans-aBrIs !Depuis le 24 mai dernier, la

ville de Paris est à vendre ! Un million de parcelles sont disponibles au prix de 2 euros l’unité. En moins de deux semaines, 10 % de la ville étaient rachetés. Ce scénario est celui d’un jeu en ligne inventé par David Guez, « artiste du Net ». Et si les parcelles sont virtuelles, l’argent récolté, lui, est bien réel et ira aux associations habitat et humanisme, Les Enfants de Don Quichotte, Droit au logement, Jeudi noir et Macaq. Une version brésilienne (avec le plan de Sao Paulo) devrait être prochainement disponible pour financer les associations luttant contre le rachat des favelas par des promoteurs immobiliers. “ www.dotred.fr ~~~~~~~~~ _•

Doona : Le PreMIer MoTeur De reCHerCHe HuManITaIre

« Doonez sans dépenser ! » : tel est le slogan de Doona. Créé en juin 2006 par trois étudiants (Doona est une association à but non lucratif), ce moteur de recherche humanitaire reverse l’intégralité des sommes payées par les annonceurs présents sur son site aux 36 associations partenaires (Petits Princes, Emmaüs, WWF…). “ doona.fr ~~~~~~~~~ _•

BeToBe : Le BÉnÉvoLaT… DePuIs CHez soIMettre ses compétences au service

d’une cause tout en restant chez soi, c’est possible et facile grâce à betobe. « Les associations nous envoient leurs missions et leurs besoins et, de notre côté, nous assurons le relais auprès des internautes qui se sont inscrits chez nous (un millier de personnes depuis la création du site en 2006), qui choisissent ensuite les projets qui les intéressent, explique Nathalie Choiseau, l’une des responsables du site. Pour nous, l’engagement est avant tout personnel. Or, en France, traditionnellement, l’engagement est lié au projet associatif. Cela est très réducteur car tout le monde n’a pas la possibilité ni même l’envie d’aller chaque semaine dans les locaux d’une association », poursuit-elle. Toutes les missions sont réalisées en ligne : traduction d’un document, expertise comptable, montage d’un clip vidéo humanitaire, etc. “ www.betobe.org ~~~~~~~~~ _•

soLILanD : Le sHoPPInG soLIDaIreCréé en 2006, Soliland se présente

comme un site de e-commerce ordinaire : comparateur de prix et réductions sont de mise sur un vaste ensemble de produits allant de l’électro-ménager à l’informatique en passant par les produits culturels ou les voyages. Les prix ne sont pas plus élevés qu’ailleurs, parfois même moins. Seule différence : 50 % de la commission versée à Soliland par les magasins partenaires sont donnés à une ONG choisie par l’acheteur. De son côté, Soliland se rémunère en percevant l’autre moitié de la commission.“ www.soliland.fr~~~~~~~~~ _•

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a vie, Gaël Woerly la raconte d’une traite, en ponctuant son récit de dates précises. Chaque événement est immanquablement rattaché à une année, un mois, un jour. Il n’a pas besoin de fouiller loin dans sa mémoire : sa vie a été découpée en petits tronçons, une succession de paragraphes bien ordonnés sur un CV. Un CV de chômeur. Car, à cinquante ans, ce chef

d’entreprise enthousiaste et avenant sort tout juste d’un long tunnel : quatre années de galère au RMI.

Tout avait pourtant bien commencé. Le bac en poche, ce natif de Lille qui a grandi à Saint-Germain-en-Laye part étudier à Nantes. Sur les bancs de la fac, il rencon-tre sa future épouse et décroche une maîtrise de droit. Tout s’enchaîne naturellement. Pendant près de dix ans, il travaille pour une compagnie d’assurance, avant de devenir conseil en expertise, puis de se mettre à son compte en tant que conseil en défiscalisation. Mais en 2002, sa vie bascule. Sa femme le quitte et Gaël perd « tous ses points de repère ». À la dérive, il quitte son activité le 31 décembre de cette année-là – « une date comme ça, on s’en souvient », souffle-t-il.

Pour panser ses plaies et faire le point, Gaël se réfugie alors dans la maison familiale de Bretagne, loin de tout. Ses économies lui permettent de tenir pendant un an. Au terme d’un bilan de compétences proposé par l’ANPE, il décide de devenir médiateur de mineurs et de majeurs sous curatelle, un domaine qui demande bagage juridi-que et sens du contact, « deux pôles qui se retrouvent dans tout ce que je fais », constate-t-il. Mais à l’issue de son stage de formation, il se heurte à un mur : il n’y pas de poste. Sans ressources – son statut d’indépendant lui a fermé les portes de l’allocation chômage – Gaël devient RMIste.

S Pour « éliminer le superflu et trouver des points de repère », Gaël part alors, sac au dos, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il recharge un peu ses batteries. Juste assez pour se laisser attirer par les sirènes du coaching. En 2004, il parvient à réunir les fonds néces-saires pour financer un master de coaching. Ce troisième cycle, qui lui apprend à déceler ses appréhensions et à les dépasser, se révèle « très intéressant d’un point de vue intellectuel ». Intellectuel seulement, car il ne lui offre aucun débouché. La galère reprend, rythmée par les petites annonces et les envois de CV qui restent sans réponse. À 46 ans, Gaël se sent paumé, inutile.

« vous êtes passionné d’informatique… »Reste l’informatique. Gaël s’aperçoit que les ordinateurs l’ont accompagné durant toute sa vie professionnelle. En 1988, déjà, il avait informatisé son agence d’assurance et se servait de l’une de ces « grosses machines » pour sa comptabilité. Pour s’occuper, et aussi se faire la main, il décide d’aider sa famille et ses amis à s’équiper. À la même époque, il tombe sur une petite annonce qui pro-pose à d’ex-détenus, d’anciens toxicomanes et autres marginaux de se réinsérer en réparant et en revendant des ordinateurs. Gaël, qui se sent proche de ces exclus et « heureux quand [il] peut aider », trouve l’idée enthou-siasmante. Il se prend à rêver de monter une structure similaire. Mais le rendez-vous avec le gérant ne donne rien. Retour à la case départ, une fois de plus.

Malgré tout, Gaël s’accroche. Il entreprend de faire valider ses connaissances informatiques et s’inscrit à l’École nantaise d’informatique (ENI). En février 2006, il se rend à l’ANPE avec un nouvel objectif : s’installer à son compte. Alors qu’il attend son entretien, il consulte sans plus y croire les annonces qui – signe du destin ? – sont

publiées pour la première fois sur support numérique. L’une d’entre elles retient son attention : « Vous êtes passionné d’informatique… » Un jeune patron de Nantes dont la société, OBUG, est spécialisée dans la répara-tion, le conseil et la formation informatique, cherche des candidats pour développer des franchises dans d’autres villes de France. Cette fois, le courant passe entre les deux hommes. Tous deux sont animés par la même passion de l’informatique et par la volonté d’aider les autres.

Mais Gaël n’est pas au bout de ses peines : il lui faut créer une entreprise – nouveau parcours du combattant –, trouver un local à Brest, un appartement (et donc des cautions), et, surtout, un financement. D’après son prévi-sionnel, il a besoin de 9 000 euros. L’ANPE l’oriente alors vers l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), une structure qui finance grâce au microcrédit les projets des créateurs d’entreprise qui n’ont pas accès au crédit bancaire, notamment les chômeurs et les RMIstes comme lui. L’Adie l’accompagne dans les nombreuses et tortueuses démarches administratives, mais aussi dans la gestion et le développement de son activité.

Le 24 avril 2006, Gaël Woerly prend enfin possession de ses nouveaux locaux. Deux jours plus tard, il est ins-crit à la Chambre des métiers. OBUG Brest est né. Les journées sont longues. Il y a des périodes de creux. Mais qu’importe. Gaël vient de mettre un terme à quatre ans de chômage. Un bonheur n’arrivant jamais seul, l’Adie le recontacte dans la foulée pour lui proposer de s’occuper de la formation informatique des créateurs d’entreprise qu’elle finance. Cette formation de trois jours, développée

en partenariat avec Microsoft depuis 2005, permet à un public très hétérogène et marginalisé de se familiariser avec l’ordinateur, de découvrir les programmes de base comme Word et Excel, et d’apprendre à surfer.

Lever les appréhensions informatiquesL’Adie travaille également au développement de nouvel-les formations, comme, toujours avec l’aide de Microsoft, le programme « Ma boîte sur Internet », qui vise à donner aux entrepreneurs les clefs pour créer facilement un site web et augmenter ainsi leur visibilité sur le Net. Pour Gaël, animer ces différentes formations est l’occasion d’appli-quer les concepts du coaching : à l’instar de ce qu’il fait avec ses propres clients, il aide les entrepreneurs à « lever leur appréhension informatique. Plus on prend de l’âge et plus la partie “découverte de l’ordinateur” est impor-tante pour faire disparaître les appréhensions, ajoute-t-il, impressionné par la motivation des participants : c’est comme de verser de l’eau sur une éponge sèche ! »

Aujourd’hui, Gaël Woerly a presque remboursé ses emprunts. La trésorerie d’OBUG Brest est dans le vert et il compte développer une seconde structure réservée aux professionnels. Il veut aussi embaucher quelqu’un d’ici à la fin de l’année. En parallèle, il continue d’animer les stages informatiques de l’Adie. Ses journées sont toujours aussi longues, et il ne s’en plaint pas. À voir ses yeux rieurs et à entendre son ton bienveillant, on le croit sans peine quand il déclare : « Mes vacances, c’est les clients. Quand je suis chez eux, je suis heureux. » ■

EMMA REBELOvA

reTour à L’eMPLoI 3.0

gaël Woerly, 50 ans. En 2002, un divorce douloureux fait dérailler un parcours jusque-là sans incidents. suivent quatre années de galère au rmi. Un microcrédit accordé par l’adie vient y mettre un terme en permettant à gaël de créer son entreprise de dépannage et d’assistance informatique. aujourd’hui sorti d’affaire, il partage sa passion de l’informatique avec ses clients et les entrepreneurs en herbe. < portrait >~~~~~~~~~~~~~~~~ _•

en quelqueS daTeS

• 1958 : naissance à Lille

• 1984 : obtient une maîtrise de droit à Nantes

• 1985-1994 : travaille comme agent d’assurance

• 2001-2002 : se met à son compte en tant que conseil en défiscalisation

• 2002 : divorce et quitte son activité

• 2003 : se retrouve au chômage sans indemnité et devient RMIste

• 2004 : perfectionne ses connaissances informatiques en équipant sa famille et ses proches

• 2005 : obtient un diplôme de l’ENI, l’École nantaise d’informatique

• 2006 : crée OBUG Brest avec le soutien de l’Adie. Devient formateur informatique pour les créateurs d’entreprise soutenus par l’Adie et par Microsoft.

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Page 20: RSLN #4 - Enfants du Net : comment les protéger ?

3.0_regards sur le numérique 3.0_regards sur le numérique

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� ÉQUIPÉS D'UN ORDINATEUR

PART DES FOYERS FRANÇAIS

� DISPOSANT D'UN APPAREIL PHOTO NUMÉRIQUE

� DISPOSANT D'UN ACCÈS INTERNET

� DISPOSANT D'UNE CONNEXION INTERNET HAUT DÉBIT

� DISPOSANT D'UN LECTEUR MP3/MP4 PORTABLE

� UTILISANT LA TECHNOLOGIE DE VOIX SUR IP

� DISPOSANT D'UNE CONSOLE DE JEUX VIDÉO DE SALON

2e trimestre 2007 2e trimestre 2008

Source : La Référence des Équipements Multimédia, GfK-Médiamétrie, 2e trimestre 2008

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Hommes femmes 11-15 ans 16-24 ans 25-34 ans 35-49 ans 50-64 ans 65 ans et plus CSP+ CSP- Retraités Étudiants

Profil des internautes* français

La pénétration d'Internet par profil

3e trimestre 2006 3e trimestre 2007

PAR SEXE PAR ÂGEPAR CATÉGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE

Source : Observatoire des usages de l'internet, Médiamétrie, septembre 2007

*On considère comme «internaute» toute personne de plus de 11 ans s'étant connectée au moins une fois au cours du dernier mois.

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CSP+ CSP-11-15 ans 16-24 ans 25-34 ans 35-49 ans 50-64 ans 65 ans et plus

Profil des internautes* français

Hommes femmes

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PAR CATÉGORIES SOCIAUX-PROFESSIONNELLES

3e trimestre 2006 3e trimestre 2007 Source : Observatoire des usages de l'internet, Médiamétrie, septembre 2007

*On considère comme «internaute» toute personne de plus de 11 ans s'étant connectée au moins une fois au cours du dernier mois.

CSP+ CSP-11-15 ans 16-24 ans 25-34 ans 35-49 ans 50-64 ans 65 ans et plusHommes Femmes

2e trimestre 2007 2e trimestre 2008

Source : L'Observatoire des Usages Internet, Médiamétrie, 2e trimestre 2008

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au deuxième trimestre 2008, 62 % des français sont des internautes*.

L’équipement numérique des foyers français

La France continue à s’équiper à un rythme soutenu. Les deux tiers des foyers sont dotés d’un ordinateur ; 19 % d’entre eux en possèdent même deux. Le cap d’un foyer sur deux connecté à Internet ayant été franchi au trimestre dernier, la progression poursuit son cours pour atteindre 54 % des foyers, parmi lesquels 93 % disposent du haut débit. Quant à l’usage de la téléphonie sur IP, il continue sa percée spectaculaire avec une progression de plus de 41 % en un an.

14 millions de foyers français sont désormais connectés à Internet.

* On considère comme internaute toute personne de plus de 11 ans s’étant connectée au moins une fois au cours du dernier mois.

a près le triple « big bang techno-logique » des années 1975-1995 – apparition du numérique, consti-

tution de l’Internet et émergence de la télé-phonie mobile –, nous voilà entrés, selon Didier Lombard, dans la « deuxième vie des réseaux » de télécommunications. Nous sommes passés d’une vision « utilitaire » des technologies à une vision « fondamentale » : celle de l’« always on », de la connectivité permanente et généralisée. Cent trente ans après l’invention du téléphone (la « première vie » des réseaux), tous les ingrédients sont réunis pour une explosion des usages et la véritable émergence de réseaux sociaux et humains qui se superposent désormais aux réseaux physiques. Un âge où, note le PDG de France Télécom-Orange, « l’utilisateur est passé du statut d’extrémité “froide”, essen-tiellement passive, d’un réseau, au statut de nœud “bouillonnant”, continuellement actif, d’une superposition de réseaux infiniment maillés ». Une ère qui présente la caracté-ristique, rare dans l’histoire des télécom-munications, de voir les usages exercer une pression grandissante sur les technologies.

Du côté des entreprises des télécoms, cette deuxième vie inaugure un état d’effer-vescence extraordinaire. Tous les acteurs, anciens (opérateurs et équipementiers) comme nouveaux (fournisseurs de services et acteurs des contenus) se lancent dans des opérations d’envergure et s’aventurent sur les territoires des autres, à la frontière de leur métier traditionnel. Pour beaucoup, il s’agit de capter le nouveau Graal – le client final –, et de se déplacer vers les services, qui sont plus susceptibles de générer des revenus publicitaires, source de recettes majeure de cette nouvelle ère.

Comprendre la genèse de la deuxième vie des réseaux pour mieux en apprécier les enjeux, techniques, industriels, ou sociétaux, tel est l’objet du livre de Didier Lombard. Car, nous dit-il, pénétrer au cœur de ce nou-veau monde constitue une occasion excep-tionnelle de progrès social et humain. C’est aussi « une occasion unique de relancer la croissance de nos économies développées, à un moment où leur fléchissement paraît inéluctable ».

TEChNOLOGIES

La DeuXIèMe vIe Des rÉseauX

Didier Lombard, Le Village numérique mondial – La deuxième vie des réseaux, Odile Jacob, 234 pages, 23 €.

gUiDE DU WEB 2.0L’expert en nouvelles technologies David Fayon nous propose ici un ouvrage extrêmement documenté et exaustif, sorte de guide du Web 2.0 exposé dans toute sa diversité technique, économique, sociologique et juridique. Objectif : décrire l’ensemble des enjeux et donner au lecteur les

repères techniques pour devenir à son tour un acteur éclairé de cet Internet participatif. Le résultat est parfois déconcertant tant l’ouvrage oscille entre la boîte à outils pour utilisateur expérimenté, désireux de lancer son site Internet, et le manuel théorique pour néophyte.

On y glane néanmoins beaucoup d’informations et d’exemples intéressants. David Fayon, Web 2.0 et au-delà – Nouveaux internautes : du surfeur à l’acteur, Economica, 204 pages, 20 €.

100 motsAvec Internet et les nouvelles technologies, c’est un territoire sémantique entièrement neuf qui est entré dans le langage commun. Xavier Niel, fondateur de Free, et Dominique Roux, professeur à l’université Paris-Dauphine, font le point sur les 100 mots incontournables. De

« triple play » à « IPTv », en passant par « podcasting », « cookie » ou « hoax », ils cartographient ce nouveau champ de techniques et d’usages, regroupés en grands thèmes qui évitent l’effet dictionnaire et rendent agréable la lecture de ce Que sais-je ? bien ficelé. Xavier Niel, Dominique Roux, Les 100 mots de l’Internet PUF/Que sais-je ?, 128 pages, 8 €.

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et aussi…

< panoramiques >

Quand le numérique vient à la scène

< en bref >

L’aCTuaLITÉ De La soCIÉTÉ nuMÉrIQue

gaël Woerly

reTour à L’eMPLoI 3.0

< solidarite >

Internet réinvente l’action humanitaire