le calendrier micmac: reperes astronomiques et cosmologiques

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Le calendrier micmac: reperes astronomiques et cosmologiques CLAIRE DUBE Universite de Montreal Les groupes algonquiens et leurs voisins du nord-est americain se referaient a certains phenomenes astronomiques pour se reperer dans le temps. L'obser- vation combinee du cycle des lunaisons, d'activites saisonnieres et des cycles naturels servait a marquer le temps. Des le XVIIieme siecle, observateurs et chroniqueurs occidentaux soulignaient 1'usage de ces mois lunaires, qui semblent avoir constitue la base de calendriers luni-solaires, plus ou moins standardises. Cependant, soumis a l'influence occidentale, en particulier celle des missionnaires, la plupart des groupes amerindiens ont adopte rapidement le calendrier gregorien base sur le cycle du soleil. Cet article se propose done d'explorer le systeme calendaire micmac et son articula- tion avec certains elements de l'univers cosmologique, a partir de diverses sources ethnohistoriques, ethnographiques et linguistiques. Comme le soulignait judicieusement un auteur ayant examine le systeme calendaire des Penobscots (Krieger 1988:104), un des objectifs principaux des activites missionnaires, du moins a ses debuts, fut precisement l'intro- duction de calendriers religieux permettant la conversion des amerindiens. II mentionne ainsi 1'introduction de concepts tels que la semaine, de meme que celui de l'annee gregorienne constitute de 12 mois et basee sur le cy- cle du soleil. Ainsi, les sequences des mois lunaires mentionnees dans les documents ethnohistoriques ulterieurs semblent pour la plupart avoir ete transposees grossierement sur le calendrier gregorien. Le tableau 1 enumere les principales sequences lunaires miquemaques dont nous disposons. Celle du reverend Silas T. Rand (1875) semble pouvoir constituer une reference de base, puisqu'elle demeure a la fois la plus complete et la plus ancienne. Dans leur ethnographie portant sur les Micmacs, Wilson D. et Ruth S. Wallis nous donnent les deux sequences de mois lunaires suivantes. Bien que ces listes soient des traductions des termes micmacs, elles con- served leur valeur a titre indicatif. Quant aux deux prochaines sequences, elles proviennent de la reserve de Restigouche au Quebec. Romeo Labillois (1994) ainsi que Gilles Delisle et Eugene Metallic (1994) ont tente de recon- stituer le calendrier micmac traditionnel a partir de diverses sources eth- nohistoriques, ethnographiques et linguistiques. Bien que leurs sequences 106

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Page 1: Le calendrier micmac: reperes astronomiques et cosmologiques

Le calendrier micmac: reperes astronomiques et cosmologiques

CLAIRE DUBE Universite de Montreal

Les groupes algonquiens et leurs voisins du nord-est americain se referaient

a certains phenomenes astronomiques pour se reperer dans le temps. L'obser-

vation combinee du cycle des lunaisons, d'activites saisonnieres et des cycles naturels servait a marquer le temps. Des le XVIIieme siecle, observateurs

et chroniqueurs occidentaux soulignaient 1'usage de ces mois lunaires, qui

semblent avoir constitue la base de calendriers luni-solaires, plus ou moins standardises. Cependant, soumis a l'influence occidentale, en particulier

celle des missionnaires, la plupart des groupes amerindiens ont adopte

rapidement le calendrier gregorien base sur le cycle du soleil. Cet article

se propose done d'explorer le systeme calendaire micmac et son articula­

tion avec certains elements de l'univers cosmologique, a partir de diverses sources ethnohistoriques, ethnographiques et linguistiques.

C o m m e le soulignait judicieusement un auteur ayant examine le systeme

calendaire des Penobscots (Krieger 1988:104), un des objectifs principaux des activites missionnaires, du moins a ses debuts, fut precisement l'intro-

duction de calendriers religieux permettant la conversion des amerindiens.

II mentionne ainsi 1'introduction de concepts tels que la semaine, de m e m e que celui de l'annee gregorienne constitute de 12 mois et basee sur le cy­

cle du soleil. Ainsi, les sequences des mois lunaires mentionnees dans les

documents ethnohistoriques ulterieurs semblent pour la plupart avoir ete transposees grossierement sur le calendrier gregorien. Le tableau 1 enumere

les principales sequences lunaires miquemaques dont nous disposons.

Celle du reverend Silas T. Rand (1875) semble pouvoir constituer une reference de base, puisqu'elle demeure a la fois la plus complete et la plus ancienne. Dans leur ethnographie portant sur les Micmacs, Wilson D. et Ruth S. Wallis nous donnent les deux sequences de mois lunaires suivantes.

Bien que ces listes soient des traductions des termes micmacs, elles con­served leur valeur a titre indicatif. Quant aux deux prochaines sequences, elles proviennent de la reserve de Restigouche au Quebec. Romeo Labillois (1994) ainsi que Gilles Delisle et Eugene Metallic (1994) ont tente de recon-stituer le calendrier micmac traditionnel a partir de diverses sources eth­nohistoriques, ethnographiques et linguistiques. Bien que leurs sequences

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Rand 1875 Wallis & Wallis Labutois n.d. Metallic n.d. Battiste 1990 1953 (1955)

janvier Boonamooegoos "spawn of tomcod" Bunamui:gu:sk "frost Punamujuigusgw Penamujuiku's "frost "frost-fish month" fish moon" "Catfish moon" fish runs"

Fevrier Abugunajit "snow- "strong, cold Abignajit "snow A&i!li&usgw "half- Apuknajit "snow blinder" weather or sore- blind moon" :Jt:~r month blinding month"

eyes" Aplgenajitewigusgw "snow blinder"

Mars Segow-Goos "spring "springtime Slwkgowi gu:sk Siggwowigusgw Siewkewiku's month" beginning" "spring moon" "spring moon" "forerunner of

spring" Avril Punadumooegoos "hens start laying; Benanadmui gu:sk Penatemuigusgw Penatmuiku's "egg t"

"egg-laying month" or bird-hatching" "egg-laying moon" "egg-laying moon" hatching time" tij

Mai Agese-goos "young "frogs croaking; or Akhizi gu:sk Gisagewigusgw "able Etquljuiku's "frog 0 seal month" everything growing; to swim moon" croaking time" >

~ or we get herring" t" ~- tij

juin Nibune-goos or "planting time or Nibni gu:sk "leafing Usgewigusgw Nipniku's "leaves z e; Sagipkegoos "leaf- growing up" moon" "fishing moon" are budding" tJ (!) opening or summer" ~ .... .. juillet Upskooe-goos "St-Anne's moon; or 'Pskgwi gu:sk Nipenigusgw Peskewiku's "animal tij

:;? "seafowl shed their we make hay" "shedding moon" "summer moonu fur thickens" ::0 er feathers"" s:: ro- Aout Kesagawe-goos "harvest time" Giza:khewi gu:sk Gisegewigusgw Kisikwekewiku's H

"' "young birds are "swimming moon" "festival or harvest "ripening time" 0 ~ s:: .... full-fledged" moon'' > Septembre Majowtoogwe- "cranberry-picking" Majadu:gewi gu:sk Majatuigusgw Wikumkewiku's 0

goos"running or "migration moon" "moving moon" "mate calling time" moose-calling"

Octobre Wegawegoos "fat "potato-picking" Wigewi gu:sk "fat Togagewigusgw Wikewiku's "animals month" moon" "swimming together are fattening"

moon'' Novembre skools "all Saint's Day Gakhigweni gu:sk Wlgewugusgw "fat Keptekewlku's "frost

11100n'' "end of growing n100n'' month" ttlOOn''

Decembre Ukchegoos "chief "christmas moon" Skgu:ls Gesigewigusgw Kesikewiku's month" "winter moon" "winter month"

'Kchji gu:sk "great moon" ' H

0 -.J

Tableau I

Page 3: Le calendrier micmac: reperes astronomiques et cosmologiques

108 D U B E

presentent des similarity quant a certains des noms des mois, leur ordre

n'est pas tout a fait le meme. Elles presentent egalement des hypotheses

differentes concernant le nom et la position d'un 13ieme mois. La derniere

sequence provient d'un calendrier contemporain publie en 1990 par l'ecole

Mi'kmawey, en Nouvelle-ecosse. II n'existe done pas de consensus actuel sur les noms et les sequences

traditionnelles des mois lunaires, ce qui n'est guere surprenant puisqu'au

depart, il semble que ces calendriers aient ete plus ou moins standardises,

et assez flexibles. C'est du moins ce que constataient deja certains observa-

teurs du XVIIieme et XVIIIieme siecle. Discutant de l'habitude amerindien-ne de nommer chacune des lunes, Pierre de Charlevoix, lors de son voyage

en 1720 faisait les remarques suivantes:

All of them reckon by lunar months; for the most part the year has but twelve; some however, give it always thirteen. There are no great inconveniences attending this diversity amongst people who have no annals, and whose affairs do not depend on annual epochas. There is likewise a great variety in the seasons and months amongst them; because in all these countries the seasons for hunting and fishing, seedtime and harvest, the birth and fall of the leaf, the passage of particular beasts and birds, the time when the roe-bucks change their hair, and when different animals are in rut, serve to distinguish all these things wich, besides, vary considerably in the difFerent cantons. (Charlevoix 1761 (2):232)

Un autre observateur (Baraga, dans Peters 1988:52) des Chippewas, groupe ojibway de la region du lac Superieur, soulignait qu'il existait meme

des variations dans les noms des mois entre les diverses bandes d'un meme

groupe et ce, en raison d'environnements ou de pratiques de subsistance

legerement differents. II ne faut done pas s'etonner des variations que

presentent les sequences et les noms des mois lunaires micmacs, d'autant

plus que ceux dont nous disposons proviennent a la fois de la Nouvelle-

ecosse et de la Gaspesie. Par ailleurs, Krieger (1988:107) suggere qu'un decoupage exact du temps (exact time reckoning) ait ete de moindre impor­tance chez les Penobscots, un groupe culturellement et geographiquement

assez pres des Micmacs. Ces donnees suggerent une elasticite qui semble propre a ce type de calendrier. Cet article ne s'attardera done pas a tenter de reproduire fidelement le calendrier micmac tel qu'il dut etre avant la

periode du contact, mais plutot d'en relever les principes de base. Le principe de 1'usage du cycle des lunaisons pour diviser le cours de

l'annee et se reperer dans le temps est documente chez plusieurs groupes algonquiens: Chippewas (Peters 1988), Ottawas (Rhodes et Ramirez 1981), Penobscots (Krieger 1987, 1988), Saulteaux (Hallowell 1937). Cependant, les modalites de fonctionnement d'un tel systeme calendaire sont moins con-nues et semblent moins bien maitrisees par les chercheurs. Si quelques uns

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d'entre eux discutent avec plus d'assurance du principe d'un systeme base

sur 12 ou parfois 13 mois lunaires que Ton ajustaient a l'annee tropique, peu d'entre eux offrent une discussion approfondie.

U n calendrier fonde sur l'observation des lunaisons, sans reference au cycle de l'annee tropique, est essentiellement lunaire puisqu'il ne tient pas

compte de son absence de synchronisme avec le cycle solaire (Lalonde

1991:570). Tant qu'un calendrier ne sert qu'a marquer les etapes d'une pra­

tique religieuse c o m m e c'est le cas chez les Musulmans, un tel systeme ne

pose pas de probleme en soi. C'est lorsqu'un calendrier sert a marquer des

pratiques associees a des evenements saisonniers que se pose le manque de synchronisme entre l'annee tropique et un cycle de 12 lunaisons. C'est le cas

qui nous preoccuppe. E n effet, l'intervalle entre deux phases consecutives d'une lunaison dure en moyenne 29.5 jours (Lalonde 1991:569-570; O'Neil 1978:40-41). Or, la revolution de la terre autour du soleil, l'annee tropique,

dure 365.25 jours. Une sequence de 12 lunaisons par annee, totalisant env­iron 354 journees est trop courte de 10 ou 11 jours par rapport au cycle du

soleil. La rotation de la lune et la position de la terre autour du soleil sont

toutes les deux responsables des cycles saisonniers. Sans mesure correc­tive pour combler cet ecart, les lunaisons deriveraient progressivement par

rapport aux evenements saisonniers reels. Ainsi, une lune d'hiver pourrait

hypothetiquement se retrouver en ete puisqu'annuellement, 12 phases lu­

naires prennent un retard de 10 ou 11 jours par rapport a l'annee tropique. Une alternative consiste a inserer de temps a autre un 13ieme mois

intercalaire, afin de retablir une concordance. Cette insertion survient

lorsqu'il devient evident que les evenements saisonniers se terminent un peu trop tot par rapport a la lunaison. C'est la solution qu'ont naguere retenue les Babyloniens et plus tard, les Egyptiens (O'Neil 1978:41). U n

calendrier base sur un tel principe est luni-solaire par opposition au notre,

lequel est solaire parce qu'il ne fait pas reference au cycle des lunaisons.

En effet, bien qu'un calendrier solaire tienne partiellement compte de

la duree du mois sinodique pour etablir la longueur des mois, il ne cherche

pas a retablir la concordance avec le cycle des lunaisons. Son decompte des jours et des mois s'appuie done principaleement sur l'observation du

parcours du soleil. En ce qui concerne le calendrier luni-solaire qui lui, tente de retablir la

concordance, les regies qui president a 1'intercalation de ce 13ieme mois sont neanmoins difficiles a circonscrire, particulierement lorsqu'il s'agit

de calendriers non-ecrits. Certains calendriers luni-solaires s'appuient sur

l'utilisation explicite d'un mecanisme correcteur. Dans le cas de calendri­

ers moins systematise^ on parle plutot de regulateurs empiriques (Lalonde

1991:575) lies a des evenements saisonniers, qui permettent de retablir un

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synchronisme relatif avec l'annee tropique. A partir d'exemples ethno­

graphiques, Edmund R. Leach (1950) a demontre que ce mecanisme d'inser-

tion d'un 13ieme mois intercalaire permettait de retablir ce synchronisme

sans faire appel a un savoir astronomique raffine, et sans que les acteurs

aient conscience d'un decalage temporel entre le cycle des lunaisons et

l'annee tropique. D'apres les donnees dont nous disposons, et sur la base d'exemples

similaires chez d'autres groupes algonquiens (Butler 1948; Hallowell 1937;

Krieger 1987, 1988; Rhodes et Ramirez-shkwegnaabi 1981), l'hypothese

qui se pose d'emblee consiste a envisager un systeme calendaire micmac traditionnel base sur 13 unites de reference. Un tel systeme, assez simple,

divise l'annee en 12 mois lunaires, auxquels un 13ieme est ajoute lorsque

les evenements saisonniers ne correspondent plus. Les regies presidant a

Pintercalation de ce 13ieme mois peuvent prendre diverses formes, l'une

d'entre elles (octaeteris), parmi les plus simples, consiste a ajouter un mois

lunaire a la troisieme, cinquieme ou sixieme, et huitieme annee d'un cycle

de huit ans (O'Neil 1975:42). Mais, pour les besoins d'un decoupage du temps tributaire des activites de subsistance, le mecanisme le plus simple consiste a inserer de temps a autre une treizieme lune, lorsqu'il y a prise

de conscience du decalage avec les evenements saisonniers. C'est du moins

l'hypothese qu'ont retenue Edmond R. Leach (1950) et Michel Lalonde

(1991) pour rendre compte des exemples ethnographiques. Chez les Micmacs, il y a malheureusement peu d'allusions explicites

dans la litterature ethnohistorique, concernant l'usage de ce 13ieme mois.

Son nom et sa position reposent done sur une reconstruction plus ou moins

hypothetique. Le Jesuite Pierre Biard fut le premier a mentionner que les

Micmacs divisaient l'annee en 13 mois lunaires: "ils cotent par Lunes, &

en mettet treze en l'an ..." (Thwaites 1896-(3):780-80). II ne donne pas davantage de precisions, sinon une description des activites de subsistance

auxquelles renvoient chaque "lune". O n peut supposer que ce dernier fait ses observations a un moment ou les Micmacs comptent effectivement 13

lunaisons, ou que cette remarque reflete une comprehension partielle de leur systeme calendaire. Wilson D. Wallis et Ruth S. Wallis (1955:103)

mentionneront plus tard que l'annee miquemaque etait divisee en 12 mois lunaires a laquelle on ajoutait un 13ieme mois lorsque plantes et animaux

arrivaient au mauvais mois. Ils n'offrent cependant pas de details sur la position et le nom de ce 13ieme mois. Ils semblent s'appuyer sur les ob­

servations notees par Pierre Biard et Chrestien LeClercq. Ce dernier fait les observations suivantes sur la maniere dont les Micmacs decoupent le temps:

Ils donnent trente jours a toutes les Lunes, & reglent l'annee sur certaines observations naturelles qu'ils font sur le cours du Soleil & des saisons

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Ils ne comptent que cinq Lunes d'Ete, & cinq d'Hiver pour toute l'annee, comme il etoit [159] en usage anciennement parmi les Romains, avant que Jules Cesar l'eut divisee en douze mois, un an avant sa mort. Ils confondent une Lune du Printems avec celles de l'Ete, k une de l'Automne avec celles de l'Hiver ... ils commencent les annees par l'Automne, qu'ils appellent Tkours, qui veut dire [160] que les rivieres commencent a se glacer; c'est proprement le mois de Novembre. Bonodemeguiche, qui est celuy de Decembre, signifie que le Ponamon monte dans les rivieres ... Et ainsi des autres mois qui ont tous leur signification particuliere. (LeClercq 1910:360-0361)

Deux mois lunaires sont explicitement nommes par Chrestien LeClercq: tkours (novembre, l'equivalent de skools pour Rand) et bonodeguemiche

(decembre ou boonamooeegoos, que Rand place cependant en Janvier). Si Ton se fie a la sequence que nous donnera plus tard Silas T. Rand (1875),

Chrestien LeClercq considererait a tort skools c o m m e un mois d'automne

et agesegoos (mai) c o m m e un mois de printemps. Selon Interpretation de

ce dernier, l'annee miquemaque debuterait en novembre. Dans son Histor­

ical Ethnography of MicMac of the Sixteenth and Seventeenth Centuries,

Bernard Hoffman (1955:242-247) s'est interesse au calendrier micmac et a compare la sequence des mois donnee par Rand avec une liste malecite. II

en est venu a la conclusion que ce type de calendrier exigeait l'ajout d'une

lune "batarde", mais remarque lui aussi que les sources ethnohistoriques sont muettes quant a la mention explicite de cette derniere. Selon lui, sur

la base des informations apportees par Chrestien LeClercq et par Nicolas Denys, connu pour ses activites commerciales avec les Micmacs, une lune

batarde etait ajoutee a chaque 30 lunes, afin de synchroniser ces dernieres

avec le cycle solaire. Mais nulle part, dans les documents consultes, il n'est fait explicitement reference a cette regie.

Carlo J. Krieger (1987, 1988) a examine les notes d'Eugene Vetromile, missionnaire jesuite ayant oeuvre chez les Penobscots (Maine) entre 1854 et 1881. Vetromile, bien que preoccupe par la distribution d'un calendrier

conforme au calendrier religieux base sur le systeme gregorien, a releve quelques elements de reponse au sujet de leur systeme calendaire. Les Penobscots calculaient une 13ieme lune entre juillet et aout, abonamwiki-

zoos ('let this moon go') a tous les deux ou trois ans afin de faire terminer

l'annee juste avant la nouvelle lune de ketchikizoos. Cette derniere corres-pondait au debut de la nouvelle annee (Krieger 1988:106-107). Vetromile

ajoute que le choix de la lune intercalaire de juillet-aout est fonde sur le fait

du peu d'importance qu'accordaient les Penobscots a une periode compor-

tant de tres courtes nuits. E n effet, ces derniers auraient eu peu d'interet a marquer specialement une periode ne correspondant pas a leur saison de

chasse. Ces remarques viennent confirmer la flexibility et l'elasticite d'un

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tel systeme et laissent presager des regies d'ajustement assez souples aux

evenements saisonniers. A u dela du decompte des mois lunaires, un bref examen de la signifi­

cation des termes employes pour designer certains reperes astronomiques revele comment ceux-ci semblent s'articuler avec l'univers cosmologique

micmac. Le terme depkunoo'set (Rand 1875:13) ou tepgunset (DeBlois

et Metallic 1984:134) designe en micmac la lune ou le mois. Nagoo'set

(Rand 1875:13) ou naguset (DeBlois et Metallic 1984:341) est employe pour

designer le soleil. Particularite interessante d'un point de vue linguistique

et semantique puisqu'en algonquien, le terme designant 1'astre solaire ou

lunaire est habituellement le meme: gizis, kizis ou gizu's. C o m m e le soulig-

nait deja Hallowell (1937:654) en ce qui concerne les Saulteaux, ce terme fait reference a 1'astre ou au luminaire. II s'agit la d'un point important

car la plupart des mois lunaires algonquiens se terminent par ce morpheme.

C'est le cas des mois lunaires chez les Penobscots tel que releves par Frank

G. Speck (1940:262): gizu's designe a la fois le mois, la lune et le soleil ou

soleil de nuit (par ex.: wikge'gizus, 'seal fattening moon'), alors que le pre­

mier morpheme designe generalement l'activite ou l'evenement saisonnier

que marque la phase lunaire.

Or en ce qui concerne les Micmacs, le morpheme qui termine la plupart des mois lunaires ne semble pas constitue de la m e m e fagon. De plus, il ne

semble pas y avoir de terme equivalent a kizis, gizis ou gizu's en micmac.

Une hypothese soulevee par Gilles Delisle et Eugene Metallic (1994:54) ainsi que par Romeo Labillois (1994:2) consiste a interpreter wigusgw, ooegoos,

we-goos, gu:sk ou wiku's selon la version grammaticale utilisee, comme

un morpheme designant le feminin. Les premiers morphemes demeurant quant a eux associes a la designation de la phase temporelle comme telle

(par ex.: punadumooegoos, 'mois du depot des oeufs'), soit une activite ou un evenement saisonnier. Cette hypothese semble fondee sur des exemples

de designation feminine en micmac contemporain: nitapjij par exemple

signifie 'mon ami de sexe masculin' alors que nitapesgw designe 'mon amie de sexe feminin' (cf. DeBlois et Metallic 1984:231).

II faut souligner que dans l'univers cosmologique micmac, la lune est congue comme une entite feminine. Le soleil, la terre et la lune sont les ar­tisans de la creation de l'univers et represented done les ancetres. U n recit de creation du XVIIieme siecle attribue l'origine des six mondes au soleil, que les Micmacs designaient comme un grand-pere, en signe de respect.

Ce recit, que l'on doit a Chrestien LeClercq (1910:84-85, dans Whitehead 1988:8) dit que le soleil ayant cree l'univers, a divise la terre en plusieurs parties, separees par de grands lacs, causant ainsi la naissance d'un homme

et d'une femme qui se sont multiplies. L'abbe Pierre Maillard a longuement

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cotoye les Micmacs au cours de la premiere moitie du XVIIIieme siecle. II a note ces prieres adressees au soleil et a la lune:

How great, O moon! is thy goodness, in actually, for our benefit, supplying the place of the father of the day, as next to him thou hast concurred to make us spring out of that earth we have inhabited from the first ages of the world ... Thou regardest us, in truth, as thy children ... Beautiful spouse of the sun! (Maillard 1758:22, 25, 47-48)

La lune y semble clairement congue comme un personnage feminin. Les

faits semantiques et mythologiques nous incitent done a croire que les

morphemes de terminaisons pourraient effectivement designer le feminin.

D'autre part, Ton peut s'interroger sur la periode qui constituait le debut du cycle annuel micmac. Chrestien LeClercq (1910:361) parle de

novembre (tkours ou skools) c o m m e etant le mois par lequel ils amorcent

l'annee, celui ou les rivieres commencent a glacer. LeClercq est le seul a faire cette observation. Sans parler necessairement de debut de l'annee en termes occidentaux, il faut done s'interroger sur la periode du cycle

saisonnier annuel qu'il aurait pu etre significatif de marquer pour un groupe de chasseurs-cueilleurs.

II semble qu'en langue algonquine, le mois de decembre soit souvent as-socie a une grande ou longue lune ce qui porte a croire que 1'amorce du cycle

annuel ait pu originellement debuter autour du solstice d'hiver. Vetromile

(dans Krieger 1988:106) mentionne explicitement que la nouvelle lune de

ketchikizoos correspond au debut d'une nouvelle annee. Ce mois pourrait

etre l'equivalent du mois lunaire micmac ukchegoos ('grande lune' ou iune

du chef). E n ce qui concerne les Malecites, Bernard Hoffman (1955:246) offre un terme similaire ktchi' ki' sos ('la longue lune'). Chez les Ottawas

(Rhodes et Ramirez-shkwegnaabi 1981:135) gchi-bboon-g correspondrait a 'grand hiver' ou 'grand esprit'.

Ainsi, ukchegoos pourrait correspondre a la premiere lune du cycle saisonnier. Frank G. Speck (1940:262-263) emettait l'hypothese en de la

comprehension partielle chez les Penobscots, des notions de solstices d'hiver

et d'ete. II faisait allusion a la grande lune de decembre ktchi' gizus ('grande

lune' ou 'grand mois') laquelle aurait ete selon lui, associe au solstice d'hiver. La periode du solstice d'hiver fait l'objet d'un statut special dans le

calendrier des groupes autochtones de 1'hemisphere nord (Williamson and

Farrer 1992:9). Elle marque en effet le jour ou le soleil, qui se deplagait vers

le sud depuis le solstice d'ete\ se tourne vers le nord, annongant la venue du printemps et la fin des grands froids. Ce jour, le plus court de l'annee,

marque l'approche de jours plus longs qui apporteront lumiere et chaleur.

Determiner l'arrivee exacte du solstice d'hiver exige cependant une obser­

vation tres minutieuse du parcours du soleil sur 1'horizon (Williamson et

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114 DUBE

Farrer 1992:9-10). II n'y a pas d'evidences explicites dans le materiel eth-

nohistorique consulte, sur l'existence d'une telle pratique chez les Micmacs.

Cependant, Chrestien LeClercq (1910:360-361) mentionne qu'ils reglaient

l'annee sur certaines observations naturelles, dont le cours du soleil et des

saisons. U n personnage de la mythologie Coolpujot, represente celui qui

controle les saisons, referant ainsi a une comprehension possible des notions

de solstices ou d'equinoxes. II divise l'annee en deux periodes distinctes:

Twice a year, in spring and automn, he is turned over by visitors armed with handspikes, hence his name. And tradition has it that whomsoever performs this kindly office he gratefully grants any request, however dificult of attainment. When he lies facing the north, his warm breath produces those balmy southern zephyrs wich bring them the song of birds, the perfume of flowers, and the wealth of summer vegetation. When he is turned towards the south, the birds and flowers follow, and the icy northern winds resume their sway. (Hagar 1897:101)

Selon Romeo Labillois (1994:6), ce personnage pourrait representer les

equinoxes du printemps et de l'automne qui correspondent au moment ou les jours et les nuits sont egaux. Peut-etre est-il en fait plus judicieux de

l'associer aux solstices. Quoi qu'il en soit, ce theme merite certainement un examen plus approfondi. A la lumiere de ces elements mythologiques

et cosmologiques, il fait cependant peu de doute qu'au cours de la periode associee a la "Grande lune" (ukchegoos), les Micmacs aient observe que les

jours s'allongeaient graduellement, empietant sur la longueur des nuits.

Toutefois, il se peut fort bien qu'a l'origine, le debut du cycle des

lunaisons ait ete amorce a un autre moment de l'annee. U n auteur qui

s'est interesse (Densmore, dans Peters 1988:59) aux mois lunaires Chippe­

was mentionne que ces derniers faisaient debuter l'annee par la premiere pleine lune d'automne. O n ne dispose pas de materiel explicite a ce sujet

mais l'hypothese de la nouvelle lune de decembre semble la plus plausible.

Chrestien Leclercq (1910: 361) est le seul a mentionner le debut de l'annee tkoors (skools) en novembre, et la signification de ce terme est inconnue

en micmac contemporain. Le materiel examine n'est done pas vraiment

explicite a l'egard de l'amorce du cycle des lunaisons, mais il demeure fort plausible qu'elle soit associee a la periode du solstice d'hiver.

Par ailleurs, selon Romeo Labillois (1994:6) ainsi que Gilles Delisle et Eugene Metallic (1994:56), le calendrier micmac aurait base son decompte

des lunaisons d'une pleine lune a l'autre, principalement en raison de sa vis-ibilite physique. Or, les auteurs consultes stipulent plutot que le decompte s'opere a partir de la nouvelle lune. C'est du moins ce qu'avance Frank G. Speck (1940:263) en ce qui concerne les Penobscots, pour lesquels chaque mois lunaire aurait debute au moment de l'apparition de la nouvelle lune. C'est egalement l'hypothese que posent Rhodes et Ramirez-shkwegnaabi

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(1981:133) en examinant le calendrier des Ottawas. Carlo J. Krieger (1988:

107), en ce qui concerne les Penobscots, et toujours en se basant sur les notes de Vetromile, fait intervenir le debut du compte a partir de la periode

de croissance. L'hypothese de la nouvelle lune semble plus plausible si

l'on se fie a l'ordre des subdivisions apportees par Chrestien LeClercq au

XVIIieme siecle: "Us n'ont point de semaines reglees: s'ils en divisent

quelques unes, c'est par le premier &; le second quartier, le plein, & et

le decours de la lune" (LeClercq 1910:36). En ce qui concerne les divi­

sions du mois lunaire, Wilson D. Wallis et Ruth S. Wallis ont recueilli les informations suivantes en 1911-1912:

New Moon tepkanusetdjitc First quarter pegat tepkanuset Half-moon Waxing ag dada cink tepkanuset Waning tepkanuset pemga'ayet

Third quarter Waxing gaayet tepkanuset Waning tepkanuset pemga'ayet

Full moon tepkanuset wadjuwet (wasjuwet) Last quarter ote'tc ka we a'adat

Dans une etude recente sur la relation entre les amerindiens et l'ecologie de la Nouvelle-Angleterre, William Cronon (1983:42-43) a note une diffe­

rence entre les noms des mois lunaires des groupes du nord et du sud. Ainsi, les groupes situes plus au sud, davantage concernes par la culture de cer­tains cultigenes c o m m e le mai's, nommeraient certains de leurs mois lunaires en fonction des activites y etant reliees. Par contraste, les groupes situes

dans le Maine nomment leurs mois en fonction des changements saisonniers

perceptibles dans les populations animales, par exemple, la ponte des oeufs des oiseaux, la montee du saumon, l'hibernation des ours, etc.

Cette observation semble pouvoir s'appliquer aux mois lunaires mic­

macs. En effet, plusieurs des mois lunaires font explicitement reference aux mouvements des populations animales, (majowtoogwe-goos, 'le mois du rut', punadumooegoos, 'celui de la ponte des oeufs', boonammooegoos qui fait reference a la montee d'un poisson sous la glace). Ainsi, le Jesuite

Pierre Biard, bien qu'il ne n o m m e pas chacune des "lunes", les associe

clairement aux activites de subsistance:

Leur viure eft ce que la chaffe, & la pefche leur donnent: car ils ne labourent point: mais la prouidence paternelle de noftre bon Dieu, laquelle n'abandonne pas le paffereaux mefmes, n'a point laiffe ces pauures creatures, capables de luy, fans prouifio covenable, qui leur eft comme par eftape, affignee a chafque lune, car ils cotent par Lunes, & en mettet treze en l'an: Par exemple done, en Ianuier ils ont la chaffe des loups marins ... En ce mefme mois de Feuvrier,

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k iufques a la my-Mars, eft la grande chaffe des Caftors, loutres, orignacs, ours (qui font fort bons) k des caribous ... Sur la m y Mars le poiffon com­mence a frayer ... apres l'eplan fuit le harenc a la fin d'Auril, & au mefme temps les outardes arriuent du midy ... Des le mois de May iufques a la my-Septembre, ils font hors de tout efmoy pour leur viure: car les mouliies font a la cofte, toute forte de poiffon k coquillage ... Or nos fauvages fur la my-Septembre fe retirent de la mer, aux petites rivieres ou les anguilles frayent ... En Octobre k Nouembre eft la feconde chaffe des caftors k des eflans: & puis en Decembre (admirable prouidence de Dieu) vient un poiffon appelle d'eux ponamo, qui fraye fous la glace ... (Thwaites 1896:(3):78-80)

D'autres reperes astronomiques etaient sans doute utilises, de con­

cert avec les lunaisons afin de marquer les cycles saisonniers et annuels.

Les connaissances qu'avaient les Micmacs de certaines etoiles ou constella­

tions laissent entendre que quelques unes d'entre elles servaient de point de reference temporels dans le calendrier. II existe peu de sources ethnohis­

toriques qui font reference au savoir astronomique chez les Micmacs mais celles dont on dispose sont assez eloquentes. Silas T. Rand a ecrit dans

Legends of the Micmac (1894:xli), un court paragraphe dans lequel il fait

reference a l'etoile polaire qu'ils nomment: okwotunuquwa kulokuwech et

dont ils ont observe qu'elle ne bouge pas. II mentionne egalement la Grande Ourse (Muen) ainsi que quelques autres constellations. C'est a Chrestien

LeClercq (1910:359) que Ton doit d'avoir recolte entre 1675 et 1683 pour la premiere fois, des references a la Grande et a la Petite Ourse.

Par ailleurs, dans l'univers cosmologique et mythologique micmac, les

etoiles sont omnipresentes et agissent a titre de personnages qui sont les guides et amis des chasseurs-pecheurs-cueilleurs ancestraux (Whitehead

1988:234). Plusieurs mythes ou recits mettent en scene des personnages qui

controlent les saisons et le climat. Coolpujot, tel que mentionne un peu plus haut, est celui qui controlait les saisons (Hagar 1897; Hoffman 1955:248).

Dans un article du debut du siecle, Stansbury Hagar (1900:96) posait deja

l'hypothese de l'importance de la positon de la Grande Ourse pour mar­quer les saisons. Le changement de position de cette constellation, a l'instar des Pleiades pour les groupes situes plus au sud, aurait servi de marqueur temporel. Son hypothese repose en partie sur 1'interpretation d'un recit

micmac sur le theme de la grande ourse et de sa rotation sur l'horizon ec-cliptique ainsi qu'autour de l'etoile polaire. Ce theme est frequent parmi les groupes autochtones de l'Amerique du Nord. Parce que cette constellation

est visible tout au long de l'annee dans l'hemisphere nord, elle semble avoir abondamment servi de point de reference temporel pour l'etablissement de calendriers saisonniers (Williamson et Farrer 1992:6).

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Ainsi, le decoupage et la mesure du temps chez les Micmacs devait

combiner a la fois l'observation de certains reperes astronomiques (con­

stellations, lunaisons) et les evenements saisonniers. Les chercheurs ont

longtemps neglige l'importance qu'avaient les reperes astronomiques dans le calendrier des populations nomades de l'Amerique du Nord. L'emergence

de l'ethnoastronomie et de l'archeoastronomie comme sous-disciplines te-

moigne d'un engouement tout recent pour l'astronomie des populations autochtones (Ceci 1978; Williamson et Farrer 1992). Chez les Micmacs, il

ne fait pas de doute que leur systeme calendaire, bien que flexible et sans

doute peu standardise, s'articulait non seulement autour de l'observation de reperes astronomiques et naturels, mais s'inserait egalement dans un cadre cosmologique approprie.

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