le système du monde - histoire des doctrines cosmologiques de platon à copernic. tome 3

566

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yciENCE

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WLLESLEY COLLEGE

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)o4^35

LE SYSTME

DU MONDE

Pierre

DUHEMDE BORDEAUX

MEMBRE DE l'iNSTITUTPROFESSEUR A l'uNIVERSIT

LE

SYSTME

DU MONDEHISTOIRE DES DOCTRINES COSMOLOGIQUES

DE PLATON A COPERNIC

TOME

III

PARISLIBRAIRIE

SCIENTIFIQUELIBRAIRES DE6,S.

A.

HERMANN ET

FILS

M.

LE ROI DE SUEDE

RUE DE LA SORBONNE, 6igi5

u

4?

s

s'

'cxe-'"'^^E>'^

U

S/1

3

DEUXIME PARTIE

L'ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN AGE(Suite)

CHAPITREL'INITIATION DES

II

BARBARES

SAINT ISIDORE DE SEVILLE

Le dsir de savoiravaient

tait

intense chez les peuples jeunes qui;

envahi l'Empire romain

le

premier qui

s'effora

d'y

satisfaire fut Saint Isidore

de Sville. Par son pre, Svrianus, gouverneur de Carthagne, Isidore' descendait peut-tre de l'antique race grco-latine mais sa famille avait ml son sang au sang visigoth le roi des Visigoths, Lovigilde, avait pous la sur ane disidore.; ;

Isidore avait t instruit par son frre ahi

Landre

;

moine,

vque de Sville, aptre de la conversion des Visigoths ariens, Landre tait all Byzance, afin de demander l'empereur des secours pour les Chrtiens contre la perscution des Ariens Byzance, Landre prit contact avec la culture antique, et il voulut que son jeune frre n'ignort ni le Grec ni THhreu.;

En

601, Isidore succda son frre Landre sur le trne pi-

scopal de Sville qu'il devait occuper jusqu' sa mort, survenue en636. Le souci de maintenir la foi contre les hrsies, de fixer laliturgie

en constituant le rite mozarabe, ne nuisit pas, en lui, au dsir de transmettre aux Visigoths ce qu'avaient conquis la PhiloI. Sur la vit* de Saint Isidore, et de Landre, consulter Montalkmbkrt, Les moines d'occidenl depuis Saint Benoit jusqu' Saint Bernard, Livre VI, chapitre unique t. II, pp. 2i3-234.:

;

4

L

ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN AGEce dsir se

Sophie et la Science antiques

;

marque par

le

dcret

que rendit, son instance, le quatrime concile de Tolde; l'tude du Grec et de l'Hbreu, dj florissante Svillc, fut tendue toutes les glises piscopales de l'Espagne. L'ambition qu'avait Isidore de sauver, en faveur des Barbares, les paves de la pense hellnique et latine, d'instruire les Gotlis de ce que le pass avait connu, inspire bon nombre des crits de l'vque de Sville et, en particulier, le grand trait qu'il a intitul Les tytnolugies ou Les Origines. Nul livre n'tait ndeux fait jjour plaire des intelligences encore enfantines et avides de tout connatre que cette encyclopdie, o tout est enseign en vingt livres que subdivisent des cliapitres

nombreux La Grammaire

et concis.

est le sujet

du premier

livre des;

Etymologies

;

Logique occupent le second le troisime est consacr aux Sciences mathmatiques et astronomiques la Mdecine, le Droit auquel l'auteur adjoint l'tude du calendrier, prcdent, suivant un ordre dont la rgle ne se laisse gure percevoir, les livres consacrs Dieu et l'Eglise puis les sciences naturelles se dveloppent; Anthrojtologie, Zoologie, Cosmographie, Gographie, Minralogie, Gologie, Agronomie et Botanique se succdent, et cdent la place des livres qui traitent vraiment de omni re scibili^ qui enseignent jusqu' la cuisine, jusqu'aux outils de jardinage et dquitation, dont l'tude met lin aux Etymologies. Les Origines d'Isidore de Sville sont comme le type sur lequel se modleront plusieurs traits du Moyen Age, et de ceux qui auront le plus de vogue en lisant les crits que nous devrons analyser au cours du j^rscnt cliapitrc, nous serons souvent amens reconnaitre, dans leur composition, l'influence des Etymologies. Lorsqu'au xni^ sicle, l'encyclopdie du grand Evque espagnol aura vieilli l'excs, de nouvelles compilations analogues verront le jour Barthlmy l'Anglais, le jDremier, composera son De proprietatibus rennn, puis Vincent de Beauvais crira son Spculum triplex, nalurale, historiale, morale ces deux livres, dont la vogue sera extrme, ne se borneront pas reproduire maint chapitre des Etymologies ils procderont du mme esprit que le trait d'Isidore ils rivaliseront de succs avec ce trait, parcela Rhtorique et la;

;

;

;

;

;

;

que,

comme

lui, ils s'eibrceront

de satisfaire un dsir, toujours

ardent chez un grand nombre d'hommes, celui de possder un livre o toute la Science soit condense et emmagasine, o l'ontrouve sans peine rponse tout.

l'iMTIATION DKS

IIAIIIIAUKS

Isidore

aime indiquertymologies!

les

tymologiesdes termes'

qu'il

emploie

;

du mot cu'tuni. Cluni vocatum eo quod, tanquam clatwn vas, impressa liabeat stellanon veliiti signa; nam cudatum dicitur vas quod signiset (juelles

Voici

celle

eminentiorihus refnlgcl.

N'allons pas, d'ailleurs, attribuer la fantaisie de l'I^veque deSville cette singulire tymologie;

que copier Saint Anibroise voici les propres paroles- de l'Kvque de Milan Nam clum, quod opav^ Grce dicitur^ Latine, quia impressa stf'llarum lu))iina velut signa haheal, tamquam elalum appellatur ; sicut argenlum quod signis eminenlibus refulget, clatum;

il

n'a fait

:

dicimus.

Saint Anibroise aggravait d'ailleurs sonoutre,dicitur

cas enk-Ko

donnant, entoGopao-Oat.

l'tvmoloeie d'opav;.

:

7-673 Paris, iS.'g. 3. Dissertatio de script is Venerabilis Bedie auctore Cas. Ocdi.vo. [Ocdixi Cornment.u'iiis de Scriptoribus ecclesiasticis, t. I Ve.\er.vbius Beo.c Opra accuranle .Misrue. t. I {Palrologi latinie t. XC) coll. 7i>-So]. 4- Venerabilis Bed.e Opra accurante Misrne, t. I {Patrologice latin t. XC);

coll.5.

I

127-1 178.

t.

HoNORii AuGiSTOobfKxsis CLXXII) C0II.41-102.

Opra accurante Misrue (Patrologi latin

LE SYSTiblK n'nKRACUnE AU MOYEN A(;r

91

dont nous parlons, on no se linnrto plus aux invraisomhlanros qui s'opposaiont ce qu'on en fit l'uvre de Bdo. Maisl'crit

que l'on met ainsi, dnue de toute preuve positive, contredit au tmoitrnagc mme d'IIonorius Scolasticus celui-ci, en effet, dans son livre intitul De luminarihus Ecclesiv, cnumre les crits qu'il avait composs, et la liste qu'il dresse ne contientl'opinion;

pas les De Philosophia Miindi lihrirpiatuor.

nous l'avons vu, fort douteuse. L'arguuicnt que nous venons de reproduire ne suffirait pas rayer le De P/nhsophia Mundi de la liste des uvres d'Honor d'Autun si nous n'en connaissions par ailleurs le vritaIl

est vrai

que

l'autorit

de cette

liste est,

ble auteur.

Les rudits qui se sont occups do cet ouvrag'e ne paraissent pas avoir signal l'dition qui en fut donne, ds 1531, sous le nom du bienheureux Guillaume, abb d'Hirschau.

Guillaume est religieux ])ndictin au couvent de Saint-Emmeran de Ratisbonne en 10()8, il est nomm abb du monastre d'Hirschau, dans le diocse de Spire son autorit axi' sicle,; ;

Au

plus d'une lutte pnible soutenir contre des religieux de

murs

nous en jugeons par une lettre que lui adresse Saint Anselme de Cantorbry il meurt le 4 juillet 10)l, laissant une grande rputation de philosophe, d'astronome et de musicien la saintet de sa vie lui a mrit le titre de bienheureux. En lo31, Henricpetri publia Ble, sous le nom de Guillaume d'Hirschau, un opuscule intitul Ins/ituliones philosophic et astronomic!v\ que tous les historiens et bibliographes ont continu d'attribuer au correspondant de Saint Anselme. Ur ces Instilutions philosophiques et astronomiques sont identiques l'crit qui a t successivement attribu Bde et Honor d'Autun.dpraves,si; ;

I.

Philnsophicnrumire.s.

et

asirnnomicarum inslilnfionum

Guii.iklmi IIirsaugiensis

OLiM ABBATis lUtri

Opiis vctiis et

nii/ic pri/nu/ii enulf/tifuni cJ ti/pis

commis-

suni. liasileae excudebat Henricus Pelrus, tuense Aui'usto. anno MDXXXI. Ce texte offre de l^'res variantes par rapport aux (feux textes donn.s par la Patrologia latina de Migne, l'un au I. XC, coll. 1127-1178 (Bkd k Opern, t. I), l'autre au t. (XXXII, coll. 89-102 ;Honohu Augi'stodu.nensis Opra). Kn outre, la partie qui, au premier de ces textes, termine l'ouvrae et commence la ])hra.se Inconventens essef si hominis cor/)iis siius tialterrt ncfiones, (iniina rem non {ciA 1176); la partie correspondante au second texte, j)artie (|ui commence Cap. XXX, (Ju nctiones sint nnimo' et corporis, ces deux parties, disons:.

:

nous, ne se trouvent pas la fin de l'ouvra;e attribu Guillaume d'Hirschau; aprs avoir subi quelques interversions, ce mme frai^mcnl du texte a t insr avant les Pliilosophircv et fisfronomitre insf if utinnes, comiue un opuscule distinct dont le titre est Guimklmi Hiiisauuiensis abbatis Aliqiiot p/iilosop/iic sententi, et primo de disciplina in studiis sfrixinda. Ces nombreuses diveri^ences entre les trois textes (|ue nous avons consults nous obliei^e, en nos citations, les invoquer tous trois. Nous les dsignerons respectivement parles noms Hirsaugiensis, Beda, Honorius.:

.

92

l'astronomie LATINK au moyen AGE

Mais l'crit qui nous occupe n'est ni du Vnrable Bde, ni d'Honor d'Autun, ni de Guillaume d'Ilirschau il est de Guillaume de Conches. N vers 1080 Couches, prs d'Evreux, Guillaume aurait t, de 1110 1120, disciple de Bernard de Chartres '. Vers 112i, il;

ouvrit Paris une cole qu'il dirigeait encore avec clat de 1139

1141. Mais les attaques des Cornifciens

-,

qui lui re2:)rochaient

d'accorder trop d'importance aux tudes grammaticales, l'obli-

grent quitter sa chaire.

Il

devint prcepteur d'Henri Planta-

genet

et

mourut en

ll.'iO

suivant Fabricius, en 115i suivant All)ric

de Trois-Fontaines.

Quec'est

le IIspl oLoa^tov soit

bien l'uvre de Guillaume de Conches,t tout d'abord

dmontre par Oudin\ Charles Jourdain* et Victor Cousin^ se sont galement attachs l'tablir par des arguments irrfutables que B. Haurau * est encore jDarvenu corroborer. En nous aidant du travail de ce dernier savant, indiquons brivement les raisons qui conduisent mettre le IIcpl o'.oa^swv au compte de Guillaume de Conches. Deux manuscrits du fonds latin de la Bibliothque nationale [n 65o6 (ancien fonds Colbert, G109) et n 15025 (ancien fonds Saint-Victor, 796)] attribuent Guillaume de Conches un De PhilosopJiia

une projjosition quia

Mundi

liber qui est identique l'ouvrage

successivement

imprim souset

les

noms de Bde

le

Vnrable, d'Honor d'Autun

de Guillaume d'Hirschau. Or l'exactitude du nom d'auteur que fournissent ces manuscrits est mise hors de doute par deux preuves que Barthlmy Haurau a mentionnes Quelque moine ayant transmis Guillaume de Saint-Thierry un ouvrage de Guillaume de Couches o taient agites diverses:

questions

thologiques,il

celui-ciet

se

troubla quand,

lisant

cet

ouvrage,1.

y

vit

de graves

anciens problmes rsolus en desau Moyen Age,p. i3;

Abb A. Clerval, Les

coles de Chartres

Paris,

1895.2. La secte des Cornifciens, ainsi nomme du nom de son initiateur, un certain Cornificius, blmait et condamnait toute tude qui n'tait pas directement utilitaire; elle rejetait la Thologie pour s'en tenir la foi du charbonnier. 3. DIssertatio de scriptis Venerabilis lied auctore Cas. Oudino, insre dans Oudini Cornmentarius de scriptorihus ecc/esiasficis, t. I, et reproduite au t. XC, coll. 73 sqq. de la Patrologia lalina de Mig-ne (Venerabilis liEo.c:

Opra, t. I). 4. Chaules Jourdain, Dissertation sur l'tat de lu philosophie naturelle en Occident pendant la premire moiti du XII^ sicle, Paris, i838, p. loi 5. V. Cousin, Fragments philosophiques. Philosophie scholastique. Secondedition, i84o, p. ^25.G. Barthlmy Haurau, art Guillaume de Conches, in Nouvelle biographie gnrale publie par Firmio-Didot frres, coll. 667-673 Paris, i85().: :

;

LE SYSTME d'iIKRACI.IDE

AL'

MOYKN AGE

93d'une de

termes nouveaux

et contraires la foi.

Ce

fut le sujet

Guillaume de Couches comme auteur de propositions paradoxales et dangereuses sur la Trinit, sur l'Ame du Monde, sur les dmons et sur la cration de la premire femme. Or, o se trouvent runies ces propositions, censures par Guillaume de Saint-hierry sous le nom de Guillaume de Couches ? Elles appartiennent textuellement au De Philosop/iia Mtnidi. Voil certes une preuve dcisive. Eh bien, nous en possdons une qui l'est plus encore. Ces erreurs dont le De Pkilosophia Mimdi nous offre la srie, Guillaume de Conches dclare qu'il les a commises dans un crit de sa jeunesse intitul De Philusoj)hia, qu'on l'en a justement accus, et qu'il les condamne luilettre

ses lettres Saint Bernard. Il

dnonce danscettre

mme

avec la sincre conviction d'un vrai chrtien. Et o cette dclaration se rencontre-t-elle ? Dans le Drai/maticon Philosophi,ouvrage... qui prsente sans quivoque le

nom

de Guillaume de

Conches.

De

tout ce qui prcde,

il

rsulte que le

De Philosophia Mundi

est

incontestablement de cet illustre crivain.outre,

nous savons par son propre tmoignage qu'il avait rdig cet ouvrage dans sa jeunesse, c'est--dire au dbut duxu*' sicle.

En

Le IIspl i,a(ov n'tait cependant pas laume de Conches et compos.

le

premier

crit

que Guil-

Aprs avoir brivement expos comment en l'homme, selon une doctrine qu'il attribue Platon, il y a deux mes, l'Ame du Monde et une me individuelle, il poursuit en des termes que nos divers textes reproduisent de manires diffrentes. Le texte mis sous le nom de Guillaume d'Hirschau dit simple Cujus expoyitio alias est Le texte que la Palrologie ment donne dans les uvres de Bde crit Cajiis expositioncm si'

:

.

:

quis qiuvral, in oliis nostris scriptis illam inveniet

.

Enfin, le texte

que

la

mme

Palrologie attribue Honor d'Autun s'exprime:

d'une manire plus explicite

Cujus expositioncm.

si

guis qurat,

in Glossulis nostris super Platoneni inveniet

Guillaume de Conches nous apprend donc qu'avant de composerle Iliol o'.oacswv,il

avait slos Platon.

Or, nous possdons les gloses que Guillaume de Conches avait

composes surnationale

le

Tinie.lat.,

Dans un manuscrit del^iOGo;

la Bibliothque

(fonds

n

ancien fonds Saint-Germain,

I.

HlRSAUGIENSlS^ p. 8.

1)4

L ASTllOMUiMlE LATLNE AU MOY.N AG

n' 1095), Victor Cousin a dcouvertl'auteur n'tait pas

*

un commentaire du Time

;

nomm

;

mais Cousin n'a pas

hsit, l'aide

d'indices nettement reconnaissables, l'identifier avec l'auteur

du

De Pliilosophia Mnndi libri qualuor, que l'on croyait gnralement tre Honor d'Autun aussi la Palrologie laiine a-t-elle insre dans les uvres d'Honor d'Antun la partie de ce commentaire que Cousin avait publie.;

-

11

va sans dire que

c'est d'aprs la traduction

de Clialcidius, et

non d'aprs le texte grec, que cette glose a t rdige. Guillaume de Couches nous rapporte ce qu'on croyait, en son temps, au sujet deTorigine de cette traduction et du commentaire qui l'acraccompagne. Le Time de Platon, dit-il^, demeura ignor des Latins jusqu'au temjjs du pape Osius celui-ci savait que ce dialogue contenait beaucoup de choses utiles et non contraires la foi; ;

il

pria donc son archidiacre Clialcidius, qui tait vers dans les

deux langues, de la traduire du Grec en Latin. Clialcidius, obissant l'autorit du Pape, traduisit les premires parties du Time mais ne sachant si sa traduction plairait ou non Osius, il lui envoya ces premires parties afin que le Pape pt en juger et qu'au cas o elles lui plairaient, Clialcidius jit aborder plus hardiment les autres jjarties. Comme les premires parties taient difficiles comprendre, Clialcidius composa un commentaire leur sujet et, avec la paitie traduite et le commentaire, il envoya au Pape une lettre... . Cette lgende, qui fait du commentaire de Clialcidius l'uvre;

d'un archidiacre entreprise sur l'invitation d'un pape, exjiliquela confiance avec laquelle les coles chrtiennes accueillaient cetcrit.

Le Commentaire au Time est-il le seul ouvrage que Guillaume de Couches ait compos avant le Ilepl !.oaqwv? Ce dernier ouvrage lui-mme, a crit Victor Cousin n'tait qu'un abrg de la Magna de naturis philosophia, o Guillaume de Couches avait trait fort au long de toutes les matires que la Philoso^ihie embrassait de son temps . Cette Magna de nataria philosophia aurait t, dit-on, imprime en 1474. En ralit, aucun chercheur moderne n'a pu trouver trace de cet ouvrage, ni sous forme impri',

V. Cousin, Fragments philosophiques, Philosophie scliolaslique. Seconde 1 ditiou, i84o. Appendice, V, pp. 37i-3yi..

t.

HoNOiui AuGusTouuNENSis Ooeva accuranle Migne [Patrologi latin CLXXIl), coll. 345-251. 3. V. Cousin, Op. luud., pp. 877-378 Honoru Augustodunensis Opra,2.

coll. 247-248.4-

V. Cousin, Op. laud., p. 425.

Lin

SYSTMI;; d'uKUAI LlUE

AU MOYEN AGE

9o

mc, ni sous forme inamiscrite d'aillours, au Ilspl ioaitov, Guillaume formule, plusieurs reprises, son dsir d'crire un livre court mais nulle part, il ne prsente ce livre comme l'abrg d'un ouvrage plus complet nous pensons donc (jue l'existence de la Magna de naturis philosophia est purement lgendaire. Cette conclusion semldc contirme par le fait que Guillaume a intitul Secimcla philosophia et Tertia philosophia deux dialogues qu'il a donns aprs le Ilspl o'.oa^stov les pithctes tertia et quarla leur eussent mieux convenu si les De Philosophia Mundi libri quatuor n'eussent t que le second expos des doctrines du Philosophe de Couches. Ces deux petits dialogues ont t retrouvs et en partie publis par Victor Cousin \ Ils ne renferment aucune pense essentielle qui ne soit dj au Ilspl ia;$cov. On en peut dire autant du dialogue que Guillaume de Couches avait intitul Dragmaticon philosophim^ et qui fut imprim sous le titre Dialogus de substaritiis physicis -. Au prambule de cet;;

;

;

:

ouvrage, l'auteur rpudie certaines erreurs thologiques duo'.oatov;

Ilepl

il

n'y met, d'ailleurs, aucune ide qu'il n'ait dveloppe

auj^aravant.

de prs si l'on veut connatre les doctrines physiques de Guillaume de Couches. Nous avons vu qu'avant de composer cet ouvrage, GuillaumeIlpl S'.oaojv reste

Le

donc l'uvre

qu'il convient d'tudier

avait glos le Time, compltant, sur ce dialogue, le;

commentaire

donn par Chalcidius c'est assez dire que le Time de Platon et le commentaire de Chalcidius inspireront notre auteur et cette;

inspiration, en effet, est de tous les instants.

Elle n'est pas cependant la seule qui se puisse noter la lecture

de la Philosophia Mundi

ds les premires lignes de cet crit, nous trouvons une allusion aux Noces de la Philologie et de Mercure attendons-nous donc ce que l'autorit de Martianus Capella; ;

soit

souvent invoque, moins souvent

cependant que celle de

Macrobe.Les deux influences de Chalcidius et de Macrol)e sont dominantes au n-pl o'-oaojv nous aurons occasion d'en signaler d'autres,;

mais qui seront moins intenses. La Philosophie du Monde de Guillaume de Couchesd'un1.

offre

plus

trait

de ressemblance avec le Livre de la constitution du

Victor Cousin, Op. laud., pp. 425-439. Dialogus de substanciis physicis, aiite annos WiLHELMO AnEPOiiYiiO philosopho ; Argenlorati, 1567.2.

duceidos

confeclus

a

96

l'aSROiNOMIE LATIISE au moyen AGE

Monde compos par

le

Pseudo-Bccle

;

ces deux crits rvlent

souvent des proccupations analogues.

La doctrine monopsychiste, si nettement formule et si vivement repousse par le Pseudo-Bde, sollicite galement l'attention de Guillaume de Conciles; mais celui-ci n'expose pas' l'iiil ne la rejette pas rsie avec la mme prcision que celui-l non j)lus avec la mme intransigeance il semble prs d'adopter un moyen terme, d'admettre qu'en chaque homme, l'a me individuelle coexiste avec l'Ame universelle du Monde et cependant, l'homme n'a pas, pour cela, deux mes En l'honmie donc, il y a une me propre et l'Ame du Monde. Si quelqu'un allait en conclure qu'il y a deux mes en l'homme, nous le nierions, car nous ne prtendons pas que l'Ame du Monde soit une me. De mme, lorsque nous disons que Rome est la tte du Monde, nous ne disons pas que Rome soit une tte . Cette dfaite tait difficilement acceptable Guillaume, en effet, vient de dlinir l'Ame du Monde Une substance incorporelle qui est tout entire en chacun des corps ce n'est donc pas par mtaphore que le nom d'nie lui est donn. On comprend que Guillaume de Saint-Thierry n'ais pas jug suftissante cette rfutation du monopsychisme. Comme le Liber de cuiistiiutioiu' Muadi du Pseudo-Bde, le trait De Philosophia Mundi est une tentative remarquable pour traiter les questions de Physique par les mthodes de la raison, et sans aucun recours aux enseignements de la Rvlation. Voyons, par exemple, comment elles rsolvent la question si souvent agite des eaux suprieures au firmament -. Certaines personnes prtendent qu'au-dessus de Tther se trouvent des eaux congeles, qui se prsentent nos yeux comme une membrane tendue au-dessus de laquelle se trouvent de vritables eaux ils citent, pour confirmer leur opinion, la Sainte Ecriture qui dit: Dieu a pos le hrmament au milieu des eaux , Il a spar les eaux qui sont au-dessous du firmament et aussi de ccdles qui se trouvent au-dessus. Mais nous allons montrer que cela est contraire la raison et, par consquent, ne peut tre nous montrerons aussi comment la Sainte criture doit tre comprise dans les passages cits ci-dessus.;; ; :

;

:

;

;

:

;

1.

scilicel2.

HiHSAiJGiENSis, lil). anima niuntli.;

I,

p.

8

:

Beda,

De ahero eoruni (juae sunt et non vitlentur, Honorius, lib. I, cap. XV De col. n3o.

:

anima mundi

coll.

46-47.

De superiori elemento, scilicet ig-ne. HinsAUGiENSis, lib. I, pp. 28-20 Honohius, coll. 57-68 ; lib. II, cap. II Quod Beda, lib. II, coll. ii39-ii4o. aquae congelatae super ailhera non sinl. Cap. III Ouomodo inlelligendum sit : Divisit acjuas quae sunt sub firmamento .

:

:

:

LE SYSTMK DIIKHACLIDE AU

MOYEN AGE

97

y avait en cet endroit des eaux congeles, il s'y trouverait donc quelque chose de pesant et de grave. Mais le lieu propre desgi'aves est la terre. Item : S'il se trouve en cet endroit des eaux S'il

congeles, elles sont contigus au feu ou ne le sont passont contigus au feu, qui est

'.

Si elles

chaud

et sec,

tandis que les eauxseil

congeles sont froides

et

humides,

le contraire;

trouve,

sans

intermdiaire, joint son conti-aire

entre eux,

ne pourra pas

y avoir accord, mais lutte mutuelle entre les contraires; plus prcisment, si l'eau congele est contigu au feu, ou bien le feu luifera perdre sa solidit, ou bien elle teindra le feu;

puis donc

que

firmament subsistent, c'est que les eaux congeles ne sont pas contigus au feu. Si elles ne lui sont pas contigus, il majs que sera ce quelque y a quelque chose entre elles et le feu chose? Un lment? Mais aucun des lments ne se trouve au-dessus du feu. Un corps visible ? Mais d'o vient qu'on ne le voit pas ? Il reste donc qu'il n'y a, en cet endroit, point d'eaule feu et le;

congele.

Nous ignorons comment cela est, mais nous savons que Dieu le peut faire. Les malheureux Quoi Dieu peut faire une de plus misrable, en efl'et, que de dire chose, et de ne pouvoir constater que cette chose est, de ne possder aucune raison de son existence, de ne montrer aucune lin

Je sais bien ce qu'ils disent

:

!

:

utile

en vue de laquelle elle serait liln efi'et, Dieu ne fait pas tout pour parler comme un paysan, il peut, d'un ce qu'il peut faire tronc d'arbre, faire un veau l'a-t-il jamais fait ? Qu'ils montrent donc la raison j)Our laquelle il en est comme ils le prtendent, ou;;

bien qu'ils cessent de juger qu'il en est ainsi. D'ailleurs, s'il n'y a pas d'eaux congeles en cet endroit,saurait y avoir d'autres eaux au-dessus d'elles.

il

ne

Lorsque

la Sainte Ecriture dit

:

Il

a spar les eaux qui se,

trouvent sous le firmament de celles qui se trouvent au-dessus

de lirmament Fair, qui affermit et tempre la terre. Au-dessus de cet air se trouvent, comme on le montrera plus loin, des eaux qui sont suspendues sous forme de nues et qui sont spares des eaux places au-dessous de l'air. On peutelle a

donn

le

nom

expliquer

de

mme;

ce passage

:

u II

a pos

ledit,

firmament aucroyons-nous,

milieu des eaux

bien que ce passage soitlittral.

au sens allgorique plutt qu'au sens

I. Guillaume de Couches a identifi prcdenimeut l'lher rgions clestes, et le feu; uous le verrons tout l'fieure.

(jui ieui|dit les

DUHEM.

T. 111.

98

l'astronomie latine au moyen AGE

Dans un antre passage \ Guillaume de Gonches soutient, avec une fermet non moins grande, contre ceux qui veulent croire sans comprendre -, le droit d'interprter l'Ecriture par des ex^ilications naturelles, toutes les fois que cela est possible. Lorsqu'on l'criture, il est dit qu'une chose a t faite et que nous expliquons comment elle a t faite, en quoi notre langage est-il contraire lEcriture ? Si un sage me dit qu'une chose a t faite sans m'expliquer de quelle manire elle a t faite, et si unautre, en

me;

disant la

mme

chose,

me

l'explique, quelle contra-

diction y a-t-il entre eux ? Mais ceux-l ne savent rien des forces de la nature alors, ils veulent que tous les autres soient des compa-

gnons de leur ignorance ils ne veulent pas que les autres se livrent aucune recherche ils veulent que nous croyions la faon des paysans, sans chercher la raison de rien... Nous, au contraire, nous prtendons qu'en toutes choses, nous devons chercher la raison mais que si la raison nous chappe d'une chose qu'alhrme la Sainte J]criture, nous devons alors nous conlier au Saint-Esprit et la foi... Lorsque nous tudions une question qui touche Dieu, si nous ne sufiisons pas . la comprendre, appelons notre aide notre voisin, c'est--dire un autre qui demeure en la mme foi catholique que nous. Si ni lui ni nous ne sufiisons comprendre cette question, livrons-la aux llanmies ardentes de la foi. Saint Anselme n'et assurment pas mieux marqu les droits de;

;

;

la foi rechercher l'intelligence des choses qu'elle croit.

Guillaume de Gonches avait videmment rencontr des thologiens pour lesquels toute opinion est hrtique s'ils ne la trouvent point consigne dans des livres trs anciens l'audacieux exgte n'accepte pas leurs condamnations Si l'on trouve ici, dit-iP, quelque chose qui n'ait j^as dj t crit autre part, nous demandons qu'on n'aille pas le taxer d'hrsie ce n'est pas, en eliet,; :

;

parce qu'une proposition n'a point t crite jusqu'ici qu'elle est une hrsie, mais parce qu'elle va contre la foi . Le philosophe qui a si fermement rclam le droit, pour la raison, d'analyser et de pntrer les aflirmations de l'Ecriture ne

montrer moins d'indpendance l'gard des autorits humaines il consent recueillir les avis des sages, mais la condition de les repenser en son propre esprit, de leur apporter Ge qui arrive les modifications et les amliorations ncessairessaurait; :

1.

JllKSAUOlENSlS, lib.

Il,

{I.

20.

BeUA,

lib.

I,

cul. Il38.

lluNUKlLS, lib.

1,

cieatioue piscium et aviuni, col. 56, caj). j.: C/est--dire contre les Cornificiens, ses adversaires. Beda, lib. J, col. ii3o. -- HoNORius, 3. HiRSAUGiENSis, lib. I, p. 7. col. 4^, cap. XIV i^uare Spiritui Sancto peccatorum reniissio Uibuta.

XXU, De

lib.

I,

LE SYSIKME d'hBACLIDI: AU MOYEN AGE

99

quelque part', nous laissons l'esprit d'autrui le soin de le rechercher il faut, en eft'et, demander au maitrc le point de dpart de la science mais la perfection, il la faut demander son propre gnie Principium a macjistro^ scden ces circonstances,dit-il;

;

:

perfeciio dbet esse ab ingenio

.

Aprs avoir ainsi dfini les droits respectifs de la foi et de la raison, ceux de l'autorit et de la recherche personnelle, (iuillaume cherche dlimiter les mthodes employes par le philosophe et celles dont use le physicien. Selon lui, le philosophe dmontre des propositions ncessaires le physicien propose des opinions probables Jusquici, dit-il -, nous avons dissert des choses qui sont et ne se voient pas parlons maintenant des choses qui sont et se voient. Avant d'aborder ce sujet, nous demandons qu'on n'aille pas nous llmer si, parlant des choses visibles, nous nonons quelque proposition qui soit probable mais non ncessaire, ou quelque autre qui soit ncessaire mais non probable. Comme philosophe, en effet, nous posons ce qui est ncessaire, lors mme comme physicien, nous y que cela ne semble pas probable adjoignons ce qui est probable, lors mme que ce n'est pas nces; : ; ;

saire.

Ce souci de distinguer les diverses mthodes par lesquelles une mme question peut tre aborde et de dfinir exactement laporte de chacune d'elles, se

marque encore en^:

ce que Guillaume

de Couches dit de la Science des astres

Les auteurs ont parl des corps clestes en

trois

manires

en la manire fabuleuse, n la manire astrologique, en la manire astronomique. Nemrod, llygin, Aratus parlent des astres d'une jnaiirediffrentes,

fabuleuse, lorsqu'ils racontent que le taureau avec lequel Jupiteravait enlev Euro^je fut transform

qu

ils

font des rcits

en signe du Zodiaque, et lorsanalogues au sujet des autres sigues. Cette;

faon de traiter des choses clestes est lgitime

sans elle, noustel

ne saurions ni en quelle partie du Ciel se trouvecom])ien d'toilesil

signe, ni

renferme, ni

comment

elles y sont disposes.

Traiter une question selon la mthode astrologique^ c'est dire

lib.

HiRSAUGiENSis, lib. \, Principiuni et consummatio sludii, p. lO. Ieda, col. II 34De elementis, col, 5o. IloNORius, lib.I, cap. XXI 2. HiRSAUGiENSis, lib. I, Dc iis qusR siinl et non videnlur, 11-12. Beda, i)p. lib. I, col. 1182. De dauiionibus, col. 48. IloNOBics, lib. 1, c;ip. 3. HlRSAUGIE^Sls, p. 3o, lib. I (Juot iiiodis traclatur de superioribus. Beda, HIj. 11, coll. ii4o-ii4i. IIonouils, lib. II. ca[. V Quoi niodis auctorilas loquatur de superioribus.1.I,

:

XX

;

:

:

100

l'astronomie LATLNE au MOYEiN AGK

ce qui apparat dans les corps clestes, que les apparences soient,

ou non, conformes

paraissent y tre tianus et Hipj)arque

beaucoup de choses, en etlet, qui n'y sont pas, car la vue nous trompe. Mar ce qui est; '

traitent ainsi les questions.,

Traiter une question selon la mthode aslronomique c'est dire;

quelles choses sont en ralit, qu'elles apparaissent ou nonfont Julius Firmicus et Ptolme.

ainsi

Lorsque l'on dit, par exemple, que le Ciel couvre toutes choses, on parle la manire astrologique, parce qu'il semble qu'il en soit ainsi. Ce passage mrite d'arrter quelques instants notre attention. Dans ltude de l'Astronomie, il tablit une distinction essentielle entre les apparences que la vue saisit, mais qui peuvent ou non

correspondre des ralits [qux videnliir, sive ita sint, sive non), et les ralits, qui peuvent tre ou non saisissables aux sens [qusimt, sive videantur, sive non); ;

traiter

des premires est l'objet

de la mthode astrologique traiter des secondes est l'objet de la mthode astronomique. A ces deux mots, Guillaume de Couches garde leur sens tymologique la seconde mthode nous rvle seule la loi (v6p.o) qui dcoule ncessairement de la nature mme;

des choses

;

la

premire

est

un simple discours

descriptif (Xyo^)

destin faire connatre les apparences.

Guillaume de Couches, voulant citer un auteur qui ait pratiqu cette dernire mthode, donne avec raison le nom d'Hipparque

que la lecture de Pline l'Ancien lui avait sans doute rvl. En revanche, le nom de Ptolme se trouve assez fcheusementoppos aun'avait

nom

d'Hipparque,

comme;

celui d'unil

homme

qui aurait

pratiqu la mthode astronomique

est

clair

que Guillaume

aucune connaissance directe des crits qui ont fait la s'il connat quelque uvre de ce grand gloire de Ptolme homme, c'est une uvre que nous nommerions aujourd'hui astrologique une telle uvre peut seule tre rapproche de celle de;;

Julius Firmicus Materna.

11

serait d'ailleurs injuste de s'tonner

que Guillaume et mis de tels crits au nombre de ceux qui suivent la mthode propre nous dcouvrir ce que sont en ralit n'est-ce pas l, en elfet, la prtention des les corps clestes;

astrologues

?ici

L'opposition que Guillaume de Couches tablit

entre l'astrotablie, d'une;

nome

analogue celle manire plus gnrale, entre le philosopheet l'astrologue estI.

qu'il aet le

physicien

l'as-

Aule

lieu

(le

I/ippai-chus,:

donne

mot dnu de sens

que tlonueut Hirsaugiensis et Honorius, Beda Hijspacus.

LE SYSTME d'hKRACLIDE AU MOTEN AGE

101

formule les le physicien n'nonce que des lois ncessaires qui les rgissent probabilits et l'astrologue ne discourt que des apparences.tronome,le

comme

philosophe,

saisit les ralits et;

IXLA PHYSIQUE ET L ASTRONOMIE DE GUILLAUME DE CONCHES

Le physicien ne discourt point du ncessaire, mais du probac'est donc seulement une thorie probable qu'il pourra ])le donner au sujet des lments. Voyons toutefois, ajoute Guillaume de Couches', si, parmi les modernes, il en est qui aient mis sur cette question un avis plus probable . Et tout aussitt, il expose la doctrine que Constantin l'Africain a dveloppe en;

son

ly.y-ziyyy).

Lavante

dfinition de l'lment:

Un

lment, c'est

donne par Constantin est la suiune partie d'un corps, partie qui est;

simple et la plus petite possible

simple quant la qualit, la

plus petite possible quant la quantit.

Enlit,

disant que l'lment est une partie simple quant la qual'auteur veut dire,e universo liber IX, cap.

I

:

De atomis.

104(le

l'asthoisomie latink au

moyen geleur orgueil est tel qu'ilsils

Constantin, ni ceux d'aucun pliysicien

;

s'indigneraient d'apprendre d'un autre quoi que ce ft;

ont

l'arrogance d'imaginer ce qu'ils ignorent, afin de paratre dire

quelque chose ces gens-l disent que les clments ne sont pas autre chose que les qualits des corps qui se voient, savoir le sec, le froid, l'humide, le chaud. A ces physiciens, Guillaume de Couches oppose les autorits du Thnf, de Johannitius, de Macrol)e toutes proclament que l'l; ;

ment est mmes.11

le sujet qu'affectent les

quaHts, et non pas ces qualits

va sans dire que Guillaume n'admet, pour constituer les corps, rien d'autre que les quatre lments de la cinquime essence pripatticienne, il ne parle mme pas. Le feu remplit;

l'espace qui s'tend au-dessus de la

Lunede

^;

c'est ce

mme

feu

qu'on

nomme

ther. L'ornement

ce corps qui se

trouve

au-dessus de la Lune est constitu par les toiles, tantrantes.

fixes qu'er-

eux-mmes, sont formes par l'lment ign, sont-elles en mouvement? Telle est la premire question projjrement astronomique qu'examine Guillaume de Couches^ Les uns prtendent qu'elles ne se meuvent jjas, mais qu'elles sont entranes d'Orient en Occident par le firmament, au sein duquel elles sont fixes. D'autres disent qu'elles se meuvent d'un mouvement propre, car elles sont de nature igne, et rien ne saurait se soutenir sans mouvement au sein de l'ther ou du fluide cleste mais ils pensent qu'elles se meuvent sur place, en tournant sur elles-mmes. Les troisimes assurent qu'elles se meuvent en passant d'un lieu un autre, mais que nos yeux ne peuvent aucunement percevoir leur mouvement elles emploient, en effet, un tel laps de temps parcourir leurs divers cercles que la vie liumaine, qui est courte, ne suffit pas saisir mme une brveles cieux: ;;

Les toiles qui,

comme

portion de cette

si

lente circulation

.

Cette allusion au

mouvement;

lent des toiles fixes est textuelle-

ment emprunte Macrobe mais la suite aj)partient en propre Guillaume Nous partageons cet avis que les toiles se meuvent en passant d'un lieu dans un autre mais que leur mouvement: ;

ne1.

soit

pas perceptible, nous en proposons une autre raison,

(jui

col.

HiHSAUGiENSis, libcrl, IgTiis qui ii3(). HoxORius, lil). II, cap.

.-vllierI:

tlicifur;sil

Ouid

Beda, lih II, p 28 a-ther et oiualiis illius;

coi.2.

.'17.

HiHSAUGiENsis,II,;

\\\). I,

De

Bei)A, lib.

coll.

ulrum moveantur

ir/ti-1142. coll. .'3()-6o.

stellarurn inerraticarnni inolu et quite, [)p. 3o 3i. HoNOiuus, lib. II, cap. VII De infixis stellis,

:

LE SYSTKMi: d'hRACLIDE AU MOYEN AGE

105

Tout nioiivenient se reconnat au moyen d'un corps immobile ou moins rapidement mobile. Lorsque quebjue cliose se meut, si nous voyons en mme temps (juclcpie ol)jet immobile, et si nous constatons que le premier objet s'approclie du second ouesttelle:

le

dpasse, nous percevons le mouvement. Mais lorsque quelque

objet se

meut sans que nous voyions aucun objet immobile oule

on peut le prouver })ar la considration du navire qui s'avance en pleine mer. Le mouvement des toiles ne se pourrait donc reconnatre qu' l'aide de quelque objet immobile ou moins mobile qui ft plac au-dessus des toiles, jamais par ce qui se trouverait plac au-dessous. Nous reconnaissons les mouvements des plantes au moyen des signes, parce qu'une plante est vue tantt sous un signe, tantt sous un autre. Mais au-dessus des toiles, il n'existe rien de visible partant, il n'y a rien qui nous permette de discerner leur mouvement. Elles se meuvent donc, mais on les nomme fixes, parce que leur mouvement ne peut tre senti, en vertu de la dite

moins mobile,

mouvement

n'est point senti

;

;

raison.

Assurment Guillaume n'a pas comprisn'a pas

la

pense que Macrobe;

exprimait, d'ailleurs, en termes trop concis pour tre clairs

il

compris comment les astronomes pouvaient, au-dessus de la sphre des toiles fixes, concevoir une autre sphre, purement idale, anime du seul mouvement diurne, et rapporter cette sphre le mouvement lent des toiles mais, en dpit de cette erreur, ses affirmations touchant le caractre relatif de tout mouvement observable valaient la peine d'tre rapportes. On y trouve une remarquable analogie avec les penses qu'au IV*^ livre des PhiIniques, Aristote exprime au sujet du lieu. Elles nous fournissent une des preuves que l'on peut invoquer pour dmontrer que les doctrines physiques d'Aristote, grce aux traductions de;

de Jean AvendeaUi de Luna, commenaient pntrer dans l'enseignement de la Scolastique latine. De cette pntration, nous reparlerons au prochain chapitre.

Dominique Gundisalvi

et

dans son mouvement d'Orient en Occident les astres errants ont, en outre, un mouvement propre d'Occident en Orient. Tandis, en effet', que le firmament tourne d'Orient en Occident, si les plantes se mouvaient de mme, il en rsulterait une si puissante impulsion que

Le firmament entrane;

les astres errants

rien, sur la terre,IIiKSAL'GiENSis, lib(\o-'i'^d).

ne pourrait tre en repos ni enI;

vie. Afin

donc

I.

erreur,

Utrum

MoNOiuus, lib. II, cap. planetse moveaolur ciim firmamento, vel contra; col. 60.

De niotibus stellanimII,

Beua,

lib.

col.

ii49

;

pp. 4o-4i (niinu'rotos, ]:ar

XXV

:

106

l'astronomie LATINK au moyen AGE

au mouvement entranant du firmament, afin qu'ils temprassent son impulsion, les mouvements des plantes ont t dirigs dans le sens oppos. Mais bien que ces mouvements portent les plantes en sens contraire du firmament, le firmamentqu'ils s'opposassent

ramener ensuite vers rOrient. De mme, si une personne qui se trouve dans un vaisseau marciie en sens contraire de la marche du navire, elle est entrales entrane avec lui vers l'Occident

pour

les

ne cependant vers l'endroit o va le navire son mouvement en sens contraire ne la rend donc pas immobile . Guillaume de Gonches continue en ces termes;

:

c

Helpric

^

dclare qu'il n'en peut tre ainsi. Le Soleil n'esttoiles

nombre des ment; comment doncpoint au

qui sont fixement lies au firma-

serait-il entran

par

le

firmament?

Si

une

personne,

en efifet, se trouvait hors d'un navire, comment serait-elle emporte par ce navire? Que le Soleil marche dans lesens des signes, vers l'Orient, Helpric dit que ce n'est qu'une

apparence et qu'il n'en est pas ainsi. Le firmament et le Soleil, par mouvement naturel, se dirigent tous deux de l'Orient vers l'Occident... mais le firmament est un peu plus rapide que le Soleil et, [ chaque rvolution], il le dpasse peu prs de la trentime partie d'un signe. Lors donc que le Soleil revient vers l'Orient, on ne voit plus, au-dessus du Soleil, cette partie du signe qu'on y voyait auparavant, mais une autre partie situe en arrire de la premire. Gomme il en est de mme chaque jour, il semble que le Soleil marche vers les signes postrieurs, bien qu'il ne se dirige nullement en se sens. La Lune peut donner chacun une preuve de cet argument il est certain que la Lune ne court pas vers le Nord mais si les nuages qui se trouvent au-dessous d'elle marchent vers le Sud, la Lune semble, en sens contraire des nuages, courir vers le Nord. Mais le plus savant de tous les philosoj)hes^ accorde son consentement au premier de ces deux avis et il est conforme la vrit que nous nous accordions avec lui. Gontre le dernier avis, ce philosophe objecte que le Soleil ne peut tre entran par le firmament, puisqu'il n'est pas dans ce firmament. On pourrait dire; ;

;

;

toutefois

que,

selon notredit

opinion,le

cette

objection

est

faible,

de firmament dsignait la substance thre. Nous disons, en outre, que le Soleil pourrait tre entran par le firmament, bien qu'il ne ft pas au sein du firmament. Pour conserver notre exemple, en effet, un corps lgerpuisque nous avons

que

nom

1.

Au

lieu de

:

//elpericus, le texte

Beda porte

:

Quidam.

2.

Platon.

LE SYSTME d'hRACLIDE AU MOYEN AGE

107

qui se trouve auprs d'un navire peut tre entran par ce navire,

bien qu'il ne soit pas dans le navire

;

de

mme

le Soleil,

qui est

lger et de nature igne, peut tre entran par le firmament sans

en

faire partie.

Nous venons d'entendre Guillaume de Conches citer le nom d'Helpric. Ce nom, il le rpte en une autre circonstance. Sivous voulez, dit-il', connatre les raisons des noms qui ont t donns aux signes du Zodiaque, lisez Helpric .de Guillaume de Conches, le trait sur le calendrier, compos par Helpric, tait certainement classique et propageait dans les coles la thorie stocienne du mouvement desplantes.

Au temps

La thorie qu'Helpric soutient au sujet du mouvement rtrograde des astres errants tait galement connue, nous l'avons vu, du Pseudo-Bde celui-ci l'attribuait Aristote et aux Pripatticiens , attribution qui semble lui avoir t suggre par un pasc'est vraisemblablement aussi Chalcidius sage de Ghalcidius qu'Helpric avait emprunt cette thorie; il l'adoptait, d'ailleurs, tandis que le Pseudo-Bde la condamnait, tout comme nous venons de l'entendre condamner par Guillaume de Conches. Les connaissances astronomiques de Guillaume de Conches offrent bien des confusions et des obscurits. Cet auteur sait, par exemple, que le Soleil et les autres astres errants dcrivent des;

;

trajectoires excentriques la Terre; mais

il

a les ides les plus

par exemple, que le Soleil passe au prige tandis que nous sommes en t, et il attribue la chaleur plus grande qui rgne en cette saison lafausses sur la position de leurs absides;

il

croit,

Nous et diminution de la distance entre le Soleil et la Terre nos antipodes , dit-il-, nous avons en mme temps l't, l'hiver et les autres saisons de l'anne, mais lorsque nous avons le jour,:

ils

ont la nuit, et inversement.

En

effet,

l't

estle

caus par la

proximit du Soleil, l'hiver par son loignement,

printemps

et

l'automne par une distance moyenne...Phi/usophia

.

Voici maintenant une doctrine en laquelle l'auteur du trait De

Mundi montre une plus;

exacte intelligence des crits

dont

il

s'inspire

cette doctrine sera l'occasion d'un intressantle trait

rapprochement entre1.;

du Philosophe de Conches

et

le

Beda, lib. HiRSAUGiENSis, lib. I De circulis clestibus, p. 32. (Ici, ce texte n'a pas remplac le nom d'Helpric par qiiidum). lib. II, cap. XI Dezodiaco et unde dicatur col. 60. Beda, lib. IV, col. 1167. 2. HiRSAUGiENSis, lib. III, pp. 66-67. lib. IV, cap. De iiabilaloribus ejus; coll. 85-86.:

;

m

II,

col. 1 142 Ho.norius,

IIonoiuus,

:

108

L ASTRONOMIi: LATINE AU

MOYEN AGE

De

constitutione

mundices

liber

du Pscudo-Bde. Nous voulons parler

de la thorie de Vnus et de Mercure.

deux ouvrages, nous lisons le passage suivant', o Finfluence de Macrobe est manifeste Il nous faut dire pourquoi les Chaldens affirment que le Soleil est la quatrime des plantes, tandis que les Egyptiens et Platon prtendent qu'il est la sixime... Les Chaldens ont pens qu'il en tait autrement, et cela pour la raison que nous allons dire Le Soleil, Mercure et Vnus sont lis entre eux de telle manire qu'ils parfont leur cours presque dans le mme temps, c'est--dire dans une anne et une faible dure en plus ou en moins. Les cercles qu'ils parcourent doivent donc tre sensiblement gaux, si le temps plus ou moins long qu'une plante emploie parcourir le Zodiaque se mesure k la longueur du cercle quelle dcrit. Ces cercles tant presque gaux entre eux, l'un d'eux ne peut tre en entier contenu par l'autre. Ils se coupent donc. Par sa partie infrieure, le cercle de Vnus coupe les parties suprieures du cercle du Soleil et du cercle de Mercure il comprend, d'ailleurs, plus du cercle de jNIercure que du cercle du Soleil. Par sa partie suprieure, le cercle de Mercure coupe celui de Vnus il coupe celui du Soleil par sa partie infrieure. Enfin le cercle du Soleil par sa partie suprieure coupe les parties infrieures des cercles de Mercure et de Vnus mais il coupe davantage celui de ]\Iercure et moins celui de Vnus -. Puisque le cercle du Soleil est entour par les parties suprieures des cercles de ces jDlantes, il est juste de dire que le Soleil est infrieur ces astres. Mais parfois aussi il arrive que le Soleil se trouve en la partie suprieure de son cercle, et que ces plantes sont en la:

Au premier de

:

;

;

;

*

partie infrieure de leurs cercles respectifs

;

alors elles apparais-

sent plus aisment, car l'clat du Soleil les fait moins plir lorsqu'elles se trouvent au-dessous de lui

que lorsqu'elles sont au-des-

pourquoi le Soleil peut tre regard rieur ces deux astres. sus;

et voil

comme

sup-

Dans

cette

hypothse sur la position relative du

Soleil,

de Mer;

1. HinsAUGiENSis, lib. I; De loco Solis et cur Luna debeat ei esse vicina liKDA, lib II, coll. ii47-ii48. De Hoxoiuus, lib. )I, cap. XXIII pp. 3()-4o. statu et retrogradatione pra^dictaruiii stellaruni, etquod veruin silSolem esse sub Mercurio et Venere, et de circulis ipsorum Cap. XXI Quando circuli Veueris et Mercurii liberius appareant. Coll. 6/(-6.").

:

:

2.

Les deux textes de;

lala

annoncer une fig-ure est absurde.3.

Pairologia latina insrent ici une phrase destine Patrologia donne, en effet, une figure mais elle;

Hkpa

IIiusAUGiE.s'sis et HoNOiuus est, ici, seul correct

disent

:

infrieures, au lieu de

:

suprieures;

LE SYSTME d'hUACLIDE AU MOYEN AGE

109

cure

et

de Vnus, nous reconnaissons un corollaire de la thorieaussi, la

du Pont. l.c Pseudo-Bde avait, lui d'ailleurs, remarqu qu'ond'IIraclide

admis

cette thorie.

Il

avait,

pouvait

prsenter

de

diverses

manires

:

On en peut rendre compte,;

tout d'abord, disait-il,

par des intersections de cercles on en peut rendre compte, ensuite,

en admettant l'existence d'picycles , L'quivalence des deux mthodes n'est pas douteuse si l'on reprsente la trajectoire d'une

du Soleil, soit par un cercle excentrique au Monde, soit par un picycle dont le centre dcrit un cercle concentrique la Terre. La mthode fonde sur l'emploi des picycles rend peut-tre plus immdiatement visibles les diverses particularits des mouvements de Vnus et de Mercure.plante,

comme Hipparque

a reprsent la trajectoire

Ces particularits, Guillaume les connat

;

sous l'influence plus

ou moins heureuse de certaines doctrines rapportes par Pline et par Macrobe, il en donne' d'assez singulires explications Ils disent que le Soleil est de nature attractive. Si donc ces toiles [Mercure et Vnus] prcdent le Soleil, et si elles en sont:

jDroches,il

il

les attire vers lui;

si,

au contraire,

elles sont loignes,;

les oblige s'arrter jusqu' ce

qu'il les ait dpasses

ils

expliquent cette action en la comparant celle de l'aimant sur lefer.

D'autres prtendent que sur le cercle de chacune de ces deuxil

plantes,

existe

une certaine rgion,

et que, lorsque la plante

parvient en cette rgion, le Soleil l'oblige s'arrter, puis recu-

ne disent pas pourquoi il en est ainsi. Pour nous, nous prtendons que ces toiles ne s'arrtent jamais et quelles semblent seulement s'arrter car, tant de nature igne, il est ncessaire qu'elles soient sans cesse en mouvement. Parfois, elles paraissent s'arrter par l'effet de Yarsi'i ouler;

mais

ils

;

de lales

de l'lvation ou de la dpression. Tous astronomes s'accordent, en effet, dire qu'une toile tantt/hsis, c'est--dire

s'loigne davantage de la Terre, et alors elle s'lve, tantt des-

cend d'avantage vers la Terre, et on dit alors (pi'elle est dprime. Lorsqu'une plante s'lve ou s'abaisse, si ce mouvement se fait en ligue droite [avec le centre du Monde], l'toile est vue

constamment sous

le

mme

signe, et l'on croit qu'elle s'arrte. Si

Beda, lib. II, cuil. ii4oSol allraclivus ; pp. 38-39statu et retrogradalione prdicla11ZI7. Ilo.NORius, lit), lil, cap. XXIII De ruin stellauiii, et ([uod venim sil Solcin esst* sub -Merciwio et Venere, et de Les deux derniers textes sont moius complets circuiis ipsoruni coll. 04-t)3.I.

IliHSAtGiENSis,

lil).

I

;

:

;

que

le

premier.

llOce

l'aSTUOiNOMIE LATliNE AU MOYEN AGE

mouvement

se produit

obliquement en arrire,

elle

semble

reculer.C'est le Soleil qui est cause de cette lvation et de cetteil

dpression. Source de toute chaleur, tantt

dessche davantage

les rgions suprieures, tantt les espaces infrieurs.

Lorsque

le

corps d'une plante est plus dessch que d'usage,

il

s'allge et

monte. Ensuite si, pour se nourrir, il attire lui plus d'humidit que de coutume, il devient plus lourd qu'il n'est habituellement, et il descend davantage. Lorsqu'ils disent donc qu'une plantes'arrte, ils parlentsoit ainsi.

en astrologues, parceet

qu'il

semble

qu'il

en

Ainsi,

grce Ghalcidius

Martianus Capella,qui,

grce sicle,

Macrobe, la plupart desvs, ont

hommes

du

ix sicle

au xn

ont crit sur l'Astronomie, et dont les livres nous ont t conser-

connu et admis la thorie des plantes imagine par Hraclide du Pont. Le Pseudo-Bde et Guillaume de Couches ont fait circuler iMercure et Vnus autour du Soleil Scot Erigne tait all plus loin il avait tendu la mme supposition Mars et Jupiter s'il n'en et exempt Saturne, il et t pleinement le prcurseur de Tycho Brah. Que la tliorie du Pseudo Bde et de Guillaume de Gonches ait t courante, aux poques o vcurent ces auteurs, on le devine; ; ;

lire certaines allusions en des livres o cette thorie, cependant,n'est pas explicitement expose.

Onlivre

trouve,:

intitul

/>/'

parmi les crits d'Honor d'Autun, un petit trait Soi a/fectionibus. Rien ne prouve, d'ailleurs, que ce

de l'auteur auquel les diteurs l'ont attribu. 11 ne ligure pas dans la liste des ouvrages d'Honor qui termine le trait De luininaribiis Ecclesi compos par le Scolastique d'Ausoit

tun. Ce livre, toutefois,

o vivaient Macrobe s'y pche qu'ontinue pas

Mundide la

;

ces

semble bien avoir t produit au tenqjs Guillaume de Couches et Honor; l'intluence de rvle par de nombreuses citations. Bien donc n'eml'attribue Honor d'Autun, pourvu que l'on ne conmettre au compte de celui-ci le trait De immjine deux livres ne sont assurment ni du mme auteur nicole.

mme

L'auteur du De Solis affcctionibus ne veut pas^ que les sphres des diffrentes plantes et la sphre des signes soient distinctes,et spares les

unes des autres par des intervalles.aJJ'ecliouiljus liber; Ca\).

Comment,:

I.

lIoNOiiii

AuGUSTODUNENSis/^e SoUs;

tinctis sphaeris [IIonouu Augustodunensis Opra, accuraule

XXII De disMigue [Pairologi

latin

t.

CLXXII)

col. 107].

LE SYSTKiMK DHliuACLlbi: AU MOYEN AGE

111

en

cfiet, les

sphres des plantes scraicnt-ellcs alors entranes

sphre du firmament qui est la dernire? L'ther tout entier lorme donc un milieu continu il se meut d'un mouvement circulaire qui lui est naturel, en entranant tvec lui les plantes. Il

par

la

;

faut,[ni

en

eflet,

qu'il se

meuve

;

et

comme

il

ne peut se mouvoir

vers le bas] ni vers le haut ni suivant une ligne droite quelil

conque,((

se

meut ncessairement en

cercle

.

Deux

avis s'opposent l'un l'autre , poursuit notre Scolas-

marchent en sens contraire du firmament, l'autre selon lequel elles vont dans le mme sens que le firmament. Elles ne marchent pas avec- le firmament; aucune chose, en effet, qui est simplement entrane par une en outre, elle autre, ne peut la prcder en se mouvant plus vite ne pourrait s'en carter suivant une ligne oblique, mais seule ment en droite ligne le Soleil sortirait ainsi du Zodiaque.tique', l'un selon lequel les plantes; ;

Comme

toutes les toiles sont de nature igne,se

il

est nces-

saire

qu'elles

meuvent, caret

le

feu

est

toujours

en mou-

vement.

de Conches, notre auteur connat l'hyjDothse qu'Helpric soutenait; au lieu d'attribuer aux astres errants un mouvement propre en sens contraire du mouvement diurne, il sait que certains astronomes leur attribuent un seul mouvement orient comme celui du firmament,le

Comme

Pseudo-Bde

comme Guillaume

mais plus lent que ce dernier comme le Pseudo-Bde et comme Ciuillaume de Conches, il rejette cette doctrine. Honorius connat ^ l'existence de l'abside du Soleil il sait que ce point se trouve dans les Gmeaux, qu'il ne partage pas en deux arcs gaux la partie du Zodiaque situe dans l'hmisphreboral; ; ;

il

sait qu'il

en est de

mme

des absides des autres plantes

;

il

en rsulte que l'abside du Soleil ne concide pas avec le point notre auteur insiste avec minutie sur la distinction de solstitial;

deux points. Honorius se livre une discussion assez confuse sur les circonstances o Vnus peut apparatre avant le lever ou disparatre aprs le coucher du Soleil il examine, en particulier, l'hypothse o Vnus serait au-dessus du Soleil, bien qu'il ait dclar que leces*;

1.

HoNORii Algustodune.nsis Op. laiid., Ca|).:

XXVI

:

Plauetae ([uo vadunt

;

d. cit., col. io8. 2. Le texte dit3.

contra Jirmameiitum:

;

le

contexte exige:

HoNonu AuGUSTODUNENSis Op. laud., Cap. XXXllefficiat.

cum Jimicimcnto. De Sole ascendeute

et

quidI,

Cap, XXXIIl

In

Ariete

Sol multiplicat dies. d.

cit., coll.

OQ- no.4-

HoNORii AuGUSTODUNENSis Op. luud., Cap.cit, coll.I

XXXVI

:

DeLucifero

et Ilespcro.

Ed.

II-II2.

112Soleil occupait,:

l'astronomie LATl.NK AU MOYEN AGE

parmi les plantes, le rang du milieu puis il Vnus est quelquefois, l)ieii que rarement, au-dessus ajoute du Soleil . Il est (ifticile, croyons-nous, de ne pas voir en cette piirase une allusion ^ la thorie d'IIraclide du l'ont, si formellement admise par Scot tlrigne, par le Pseudo-Bdc et par Guillaume de Couches. Cette thorie parait avoir compt de nomln-eux partisans durant le temps qui s'est coul depuis le rgne de Charles le Chauve jusqu'au milieu du xn" sicle.;

XLA THORIE DES MARES AUXU'^ SICLE.

L INFLUENCE DE PAUL DIACRE.

LES DISCIPLES DE MACRODE.

ADLARD DE DATH. GUILLAUME DE CONCHES. GIHAUD DE BARRI

accroissement d'rudition n'est pas toujours un bienfait la connaissance d'un auteur nouveau peut tre une source d'erreurs. Si jMacrobe a suggr aux Scolastiques d'Occident d'heu-

Un

;

reuses penses touchant les choses de l'Astronomie,qu'o])Scurit et confusion dans ce qu'ils savaient

il

n"a mis

du phnomne des

mares.Les plus anciens auteurs qui aient instruit la Chrtient latine au sujet des mares lui avaient transmis des connaissances som-

maires mais, en gnral, assez exactes. Saint Basile avait, en quelques phrases prcises, marqu suivant quelle loi le flux et le reflux sont rgis par le cours de la Lune Saint xVmbroise avait mis en Latin le texte de Saint Basile, et Saint Isidore de Sville avait reproduit la version de Saint Amhroise.;

Augustin l'Hibernais, et le Pseudo-Isidore qui s'en inspire, connaissent peut-tre V Histoire naturelle e Pline. Toujours est-ilconvient, d'ailleurs, d'tre fort prudent avant d'affirmer (ju'une phrase coulient une allusion celte thorie. IJde le Vnrable, par exemple, dans ses deux ouvrages intituls De lemporum ratione et De nitione cornpufi, parle des mouvements des plantes il rpte textuellement ce qu'il a dit eu son De naluru reruin ; mais il y joint quel|ues lignes, qui sont, d'ailleurs, les mmes en ces deux ouvrages; dans ces lignes, on lit(rt): n Mei-ciiriiis perpeluo circa Sole/n discuri'cndo . On pourrait, de ces mots, conclure que Hde faisait tourner Mercure autour du Soleil; tout ce que nous savons des thories astronomi(jues de Bde, et le contexte mme, dmentiraient cette supposition; les mots (|ue nous venons de citer doivent s'interprter comme l'affirmation que Mercure, en sa marche, demeure toujours au voisinage du Soleil.I.il;

De hchdomada () Venerabilis BedvE De lemporum rtitione liber, (^ap. VllI (f*(itrologi(r latin [Venerabilis Hed.h Operuin accurante Migne tomus Venerabilis 13ed^ De ratione compati liber, (Jap. V De t. XC) col. 128J hebdomada et septem planetis; d. cit., col. 585.:

!

;

LE SYSTKMK d'hRACLIDE AU MOYKiN AGE

113Saint

qu'aux notions surIsidore,trsils

le

phnomne des mares transmises par;

ajoutent des renseignements nouveaux

ils

dcrivent

exactement la priode mensuelle des mares, les vives-eaux ou ledones^ les mortes-eaux ou malinie ; ils savent comment ces alternatives sont relies aux syzygies et aux quadratures la priode annuelle ne leur est pas inconnue, encore qu' leur science, sur ce point, se mle une erreur. Vient enfin le vnrable Bde la lecture de Pline l'Ancien et d'Augustin l'Hibernais, il joint sa propre exprience il obtient ainsi, au sujet du flux et du reflux de la mer, une doctrine plus dtaille et plus complte que celle des mtorologistes et des gographes de l'Antiquit ce que ceux-ci savaient, il joint une loi importante, la loi de V tablissement du port. Le Moyen Age et pu s'en tenir ce que Bde lui enseignait au sujet des mares. Mais voici que deux influences fcheuses vont remettre en question ce qui semblait rsolu et troubler de nouveau ce qui tait devenu clair. Ces deux influences sont celles de Paul Diacre et de Macrobe. N vers 720, mort en 778, Paul Diacre a crit une Historia Longobardorum qui fut extrmement lue c'est dans cette histoire que;;

;

;

;

Paulres*.

nous

fait

connatre son opinionexiste, l'ouest

sur

l'origine

des

ma-

Norvge, un gouffre trs profond, qu'on peut appeler l'ombilic de la mer. Deux fois par jour, dit-on, il absorbe les flots, puis les re vomit,Selonlui,il

des

ctes de

la

extrme avec laquelle se font, le long de tous ces rivages, le flux et le reflux de la mer. Qu bis in die flnctus absorberc et rursum recoinere dicitnr,siciit per nniversa illace quela vitesse

prouve

Lillora accedentibus ac recedentibiis fhictibus celeritate

nimia

fieri

comjji'obalur.

Selon la trs judicieuse remarque de M. R. Alniagi-, le point de dpart de cette thorie est un renseignement exact Paul Diacre a eu connaissance du cl'''bre gouffre du Miclstrm, qui se forme;

l'ouest de

i'ile

deMosk, une des Lotlbden dans;

ce goufl're, les

courants de mare engendrent de redoutables tourbillons dont le sens se renverse au flot et au jusant; notre auteur a pris l'effet

pourIl

la cause.;

s'empresse, d'ailleurs, de gnraliser son explication

il

Ftendles

I. Pauli DiACONi Historia Longobavdoram, lib. I, cap. VI. (Edit dans Monumenta (ierrnnni historica). 2 lloBEiiTo Ai-.MAuiA, Lu doltrino dlia nuired ncll' Aniichila classira e

nef

niedio ero (Mcniorie detlu lieute Accudeinia dei Liiicei, Srie Scienze fisiche, tnatcmalisclie e nalurali, vol. V, 1905, p. 425).

[>*,

Classe di8

DUHEM.

T. III,

.

114

l'aSTROiNOMIE latine au moyen AGE

aux mares qui se produisent sur les ctes de la Manche et du Golfe de Gascogne. On affirme, dit-il, qu'entre File de Bretagne et la Gaule, il existe un autre tourbillon semblable la preuve en est donne par les ctes de la Gaule Scquanaise et de rAcjuitaine deux fois par jour, elles sont recouvertes par un flux si soudain que celui qui s'est, par hasard, un peu trop avanc sur la grve, a grand peine s'enfuir. Vous verriez les fleuves de ces pays-l;

;

rebrousser chemin, d'un cours trs rapide, vers leur source, et, sur une longueur de nombre de milles, les eaux douces de ces fleuves

changes en eaux saumtres Paul Diacre n'hsite pas penser que les trs faibles mares de l'Adriatique sont dues, elles aussi, une cause analogue. Notre mer, c'est--dire l'Adriatique, va et vient d'une manire semblable, bien qu' un moindre degr, sur les rivages de Veniseet

de

l'istrie

;

il

est croire qu'elle

possde des gouflres du

mme

genre, petits et cachs, qui absorbent les eaux auelles dlaissent les ctes et les

moment o

revomissent pour qu'elles envahis-

sent derechef le rivage.

Paul Diacre ne gine des maresancien que

fut pohit seul professer cette opinion sur l'ori;

d'autres auteurs, dont tel est peut-tre plus

galement adopte. Tel est, par exemple, l'auteur de la vie de Saint Gondedus. Cette vie, dans l'tat o nous la possdons aujourd'hui \ semble avoir t rdige postrieurement Tanne 730, mais d'aprs une source plus ancienne nous ne pouvons savoir, il est vrai, si ce document plus ancien contenait le passage qui va retenir notrelui, l'ont;

attention.

On nous

dit,

donc, que Saint Gondedusle

s'tait retir,l'ile

pour y

vivre en ermite, dans une

de la Basse-Seine,

Belcinacca,

aujourd'hui Bercignac.

Au temps des

vives-eaux [ma/in)

Pendant

;

jusqu' la nouvelle-lune.

Ces dernires considrations sur les mares s'accordent bien en cette avec la Mcanique cleste de Guillaume de Couches;

Mcanique, l'action desschante plus ou moins puissante qu'exercent les astres joue un rle considrable les variations de l'action desschante du Soleil expliquent les changements de distance;

d'une plante la Terreet

;

de mme,

les alternatives des vives-eaux

des mortes-eaux sont dues aux variations du pouvoir qu'a la

Lune de desscher et d'chauffer. Nous voyons, par l'exemple d'Adlard de Bath, de Y Imago Mundi, de Guillaume de Couches, que la thorie lunaire des mares avait, au xn^ sicle, lutter contre deux autres thories, cellede Paul Diacre et celle de Macrobe. Entre ces thories diverses, les physiciens, tel Adlard de Bath, faisaient parfois un choix dcisif; mais beaucoup demeuraient en suspens; le Solitaire auquel nous devons l'Imago mundi juxtaposait l'hypothse de l'actionlunaire celle de Paul Diacre;

Guillaume de Couches expliquaitpuisil

comme Macrobetes-eaux.

le flux et le reflux diurnes,

invoquait le

pouvoir de la Lune pour rendre com2)te des vives-eaux et des mor-

mler dans ce que Giraud de Barri a dit du flux et du refhix de la mer. Giraud de Barri, surnomm Giraud le Cambrien ou Giraud Silvestre [Giraldus Canbrensu ou Sylvestris), a laiss un crit en

Nous allons voir

les

trois

doctrines

se

trois livres sur ses

duI

mme

propres actions'. Cet crit et les autres traits auteur ont permis J.-S. Brewer de retracer la vie de

GiuALDi Cambrensis Lilji'i /// de rehus a se gestis. (lierum Dritniuiicarum .k'in Scriptores, or Chronirles and Menioricds of Great Britain and Giraldi Cambrensis Opra. Edite! by Ireland durinrj the Middle Ages. J. S. liirwer. Vol. I, Londou, 18G1, \>\>. 1-122).

Medii

120Giraul dans

l'aSTRONOiMIE latine au moyen AGE

une prface

'

qui prcde l'dition des uvres de ce

personnage.le

Giraud de Barri naquit en 1117, au chteau de Manorbeer, dans comt de Pembroke (Pays de Galles). Ds Tanne 1170, il com-

pose une cosmographie en vers [Cosmographia mefrica), puis il se rend Paris pour y poursuivre ses tudes. En 1172, il revient de Paris dans sa patrie.

En

1175, Richard, archevque de Canterbury, l'envoie;

comme

lgat dans le pays de Galles

peu

ajrs,

il

est

nomm;

archidiacre

de Brecknock. Vers le mois de mai 1176, il est lu voque de Saint-David [Menevia] dans le comt de Pembroke mais en cette mme anne 1176, il quitte son sige piscopal pour retourner Paris o, en 1179, il est nomm professeur de droit-canon.

Vers 1180,David,le

il

rentre dans sa patrieroi d'Angleterre,

;

Pierre, vque de Saint\

nommeEn

administrateur du diocse. VersII,il il

184,

il

est

admis

la cour d'Henrice prince.

passe en Normandie avectitre

1185,

accompagne en Irlande,

de conseiller,

Jean,

fils

d'Henri

11.

En

1186, nous l'entendons prendre la parole

au concile de Dublin. En 1187, il crit deux ouvrages dont phia hibernica et E.rpugnatio hihp.rnica;ouvrages, description gographique de

les titres sontle

Topogracelui qui

premier de ces deuxest

l'Irlande,

nous parlera tout l'heure de la thorie des mares. En 1189, Richard Cur-de-Lion, qui tait alors en France et qu'accompagnait Giraud, envoie celui-ci administrer le Pays de Galles aprs avoir successivement refus les siges piscopaux de Bangor et de Llandaif, il quitte la cour en 1192 et se retire Lincoln pour se livrer l'tude de la Thologie. Giraud de Barri demeura sept ans Lincoln il y crivit, en 1193, sa Vita Galfredi archiepiscopi Ehoracensu^^m^^ en 1197, sa;;

GemmaEnune

ecclesiastica.

1198, le chapitre des chanoines de Saint-David le

met surson lecil

liste;

de

trois

candidats au sige piscopal de cetteil

ville, alors

vacant

en 1199,

est seul prsent;

par

le chapitre, et

tion piscopale a lieu le 29 juin

le

30 juin, quittant Lincoln,il

passe au Pays de Galles; mais au bout de trois semaines, en Angleterre et part pour Rome.

revient

En

l'an 1200, le

pape Innocent

III le

nomme

administrateur,;

tant au spirituel qu'au temporel,

revient au Pays de Galles

;

du diocse de Saint-David il en 1201, nouveau voyage de Giraud

I.

Loc. cit.. pp. IX-XCIX.

LE SYSTME DHUACLIDE AU MOYEN AGE

121

le

Rome

et

nouveau retour au Pays de Galles

;

des querelles entre

chapitre de Saint-Uavid et rarclicvque de Ganterl)ury, qui

refuse (rai)prouver l'lection laite par les chanoines, remplissent,

pour lui, l'anne i*2()2; la lin de cette anne, il part pour Rome o il arrive le 4 janvier 1203, Le 15 avril 1203, Innocent III ayant rendu sa sentence dlinitive, notre archidiacre de Brecknock, travers mille pripties, regagna Sahit-David l, le chapitre lut un nouvel vque, Geoffrey, agr par l'archevque de Ganterhury, et Giraud renona

;

;

;

;

1. GiRALDi Cambuensis 0/). Idud., dist. II, cap. III; Quod niodcralur (luani humores. (Giraldi Cambhensis Opra, d.

Luua tamcit.,

licjuores vol. V, p. 78).

LE SYSTME d'hRACLIDK AU MOYEN AGE

123

des arbres et des herbes qu'elle dirige et dispose de telle manire que leurs variations suivent ses croissances et ses dcroissances.

La Luneclair

est-elle prive

de la lumire qui

lui est

due ? Vous voyezde nouveau,

toutes choses vides de leur contenu.

Son disque

est-il,

en totalit? Vous trouverez les os pleins de moelle, les crnes remplis par les cervelles, toutes les autres choses gorges de sucs. Mais il est, dansle

phnomne du

flux et

du

reflux de la

mer,

des particularits que l'hypothse astrologique parat incapable ces particularits avaient conduit Adlard de Bath d'expliquer;

eaux de la mer ces particularits, Giraud, qui les connat, va tenter d'en rendre compte par des raisons o nous reconnatrons certains souvenirs denier toute action de la

Lune sur

les

;

Mac robe.vaut la peine, dit notre auteur \ de dvelopper les raisons de toutes ces choses et de dire pour quelles causes l'Ocan occidental s'est, de prfrence la Mer moyenne et mditerrane,Il

appropri ces flux et ces reflux dont l'incessante vivacit suit un ordre bien dtermin il vaut la peine de dire comment, sous le magistre de la Lune qui dispose des choses humides, tous ces;

effets se

produisent.

demande, Giraud nous apprend qu'il l'avait donne, d'une manire claire et brve, dans un petit trait en vers De philosophicis flosculis. Ce trait est aujourqu'il avait intitul d'hui perdu. L'auteur, heureusement, rappelle, dans sa DescripL'explication:

tion de r Irlande, quelles sont les quatre causes d'o se doit tirercette explication:

Les fleuves et

les

sources qui tombent dans la

mer

et qui,

d'une certaine faon, l'meuvent et la viviflent, sont toujours beaucoup plus abondants au voisinage des ples de la terre.

Les quatre parties de l'Ocan qui sont opposes entre elles et qui sont les plus loignes produisent alternativement une attraction et une absorption violente de la mer, puis une mission

bouillonnante des eaux.

au voisinage de ses extrmits, que toute chose humide prouve de suite un accroissement ou une diminution vidente. Ajoutez cela qu'au voisinage de ses extrmits, l'Ocan, soit lorsqu'il flue, soit lorsqu'il reflue, a un cours plus libre, mieux

C'est

dbarrass de toute entrave

;

lorsqu'au contraire les terres l'em-

brassent de tous cts, lorsque, jiar les obstacles qu'elles lui oppo-

I

.

Giraud de Barri,

loc. cit.,

yij).

79-80.

124

l'astronomie latine au moyen AGE

sent, elles le forcent lui

demeurer calme comme un tang,

elles

ne

permettent plus de courir librement.ces quatre causes, lafait

De

Macrobe, puisqu'elle

seconde rappelle celle qu'invoquait appel ces quatre l)ras de l'Ocan dont;

mais elle rappelle aussi, par l'absorption et le rejet alternatif des eaux marines qu'elle attribue ces quatre bras, la thorie de Paul Diacre. I)j, d'ailleurs, dans l'exjDOsition mme de la thorie lunaire, Giraud se souvenait de l'hypothse de l'Historien des Lombards Lorsque la Lune passe au mridien, disait-il, toujours l'Ocan, ramenant au fond decet auteur admettait l'existence:

rservoirs cachs les ondes qui sont ses suivantes {ad occulta

receptacida pedisequas revocans iindas)^ dlaisse entirement lesctes orientales de l'Angleterre.

Dans un autre passage, nous l'entendrons mentionner, d'une manire plus formelle encore, l'existence de ces abmes ou les eaux de la mer s'engouffrent au moment du reflux, do elles dbordent tumultueusement au moment du flux mais par une combinaison de cette supposition avec celle de Macrobe, ces gouffres seront au nombre de quatre et chacun d'eux va tre attribu;

l'un des quatre bras de l'Ocan. Giraud nous parle de ces gouf-

en des termes o nous reconnaissons qu'il avait eu, touchant la position du Maelstrm, des renseignements exacts. Non loin des les de la rgion borale, il existe, en mer, un tourbillon (vorago) surprenant. De trs loin et de tous cts, les flots de la mer, comme par un complot, confluent et concourent vers ce tourbillon l, ils s'panchent dans dans des cavernes secrtes caches par la nature ils sont, pour ainsi dire, dvorsfres^ ((;

;

par l'abme.

S'il

advient quelque navire de passer parflots

l, si

grande

est la

violence des

qui le ravissent

et l'attirent,

que

la force vorace

l'absorbe tout aussitt d'une manire irrvocable.

Les philosophes dcrivent, dans l'Ocan, quatre semblables

tourbillons qui se trouvent en quatre parties opposes

du monde.

Quelques personnes supposent que ces tourbillons sont les causes non seulement des mares, mais encore des vents oliens. Au temps o Giraud de Barri crivait, sur les mares, les passages que nous venons de rapporter, la traduction en Latin de V Introductoriiim in Aatronomiam d'Abou Masar tait dj rpandue elle allait remettre en honneur la thorie astrologique qui attribue les mares l'action de la Lune mais cette thorie lunaire; ;

I. GiKAi.bi Cambhensis Op. laud., disl. IF, cap. XIV: De vorag-ine navesabsorhcnte. ((iiiULDi CaiMbrensis Opra, d. cit , vol. V, j)i). 9'">-97)-

LE SYSTME DHRACLIDE AU MOYEN AGE

125

ne devait pas, de longtemps,

faire

entirement oublier celle quiles

attribue le reflux et le fhix des gouires capables, alternative-

revomir en exposant cette thorie-l, les Scolastiques ne manqueront gure d'accorder celle-ci au moins une mention.la;

ment, d'absorber les eaux de

mer et de

Dans la lutte entre la thorie astrologique des mares et les thories de Macrobe et de Paul Diacre, nous pouvons reconnatre une premire forme d'un combat qui se poursuivra, entre ceux qui tentent d'expliquer ce phnomne, jusqu'au temps de Newton d'une part se tiendront ceux qui, plus ou moins teints d'Astrologie, demandent l'influence des astres de rendre comte du flux et du reflux de l'Ocan d'autre part se tiendront ceux qui rejet; ;

tent ces influences astrologiques et occultes, et qui

ne veulent

recourir qu' des causes mcaniques priseslesquelset

ici

-bas. Ceux-ci,

parmi;

rangera Galile, "seront assurment les plus senss ce sont ceux-l, cependant, qui s'approcheront davantage de lase

vritable explication.

XIAVEN EZRA ET l'hYPOTHSE ASTRONOMIQUE d'hRACLIDE DU PONT

Nous n'eussions pas acquis une juste ide de l'influence exerce par Macrobe sur les physiciens duxn'' sicle si nous n'avions, dans l'espce de digression que nous venons de faire, dit ce qu'il leur enseignait au sujet des mares mais si cette influence nous int:

resse

parce quelle a servi rpandre l'hypothse d'Hraclide du Pont; il est temps, pour nous, de reprendre l'hisici,

c'est surtout

de cette hypothse. Expose par Ghalcidius, par ^lartianus Capella, par Macrobe, la tiiorie des plantes qu'avait imagine Hraclide du Pont a joui d une singulire laveur auprs des Platoniciens qui onttoireillustr l'ancienne Scolastique

Jean Scot Erigne, le PseudoBde, Guillaume de Conches et, peut-tre, Honor d'Autun l'ont adopte ils ont fait de Mercure et de Vnus les satellites du Soleil plus audacieux, l'Erigne a tendu ce rle mme Mars; ; ;

et Jupiter.

Guillaume de Couches, les docteurs de la Chrtient latine commencrent d'avoir communication de la Science arabe et, par elle, de la Science hellne les deux grands systmes qui, dans ces sciences, se disputaient l'empire deMais au temps

mme

o

crivait

;

126

LASXnO.NOMlE LATliNE AU MOYE.N AGE

l'Astronomie leur furent successivement rvls

;

ils

y virent des

thories pousses jusqu' Texplication dtaille deset,

phnomnes

dans la doctrine de Ptolme, une thorie conduite jusqu' la prvision numrique minutieuse des mouvements clestes. Simple

qu'aucun gomtre n'avait prcise ni dtaille, la gniale hypothse d'Ilraclide ne pouvait prtendre garder, dans l'attention des physiciens, une place que rclamaient ajuste titre des systmes scientifiques plus parfaits elle tomba dans l'oubli. Cet oubli a t trs grand, sans tre, cependant, absolu de temps en temps, de Guillaume de Couches Copernic, on a vu surgir un faible resouvenir de l'hypothse d'Hraclide du Pont parfois, ce resouvenir tait ramen au jour par quelque rudit, curieux des propos anciennement tenus parfois, il tait pieusement gard en quelqu'un de ces crits routiniers qui semblent faits pour collectionner des ides mortes mais, de ces crits, la j^rovidentielle mission est, bien souvent, de conserver les penses momentanment dmodes, graines l'tat de vie latente auxquelles, un jour, des circonstances favorables feront produire une nouvelle vgtation. Puisque la thorie d'Hraclide du Pont va tre dlaisse par le grand courant de la Science astronomique puisque, pendant plusieurs sicles, les discussions agites entre doctes ne prteront plus aucune attention cette hypothse, il sera peut-tre bon de runir ici quelques-unes des allusions par lesquelles elle a t

vue de

l'esprit,

;

;

;

;

;

;

sauve du total oubli, Le rabbin Abraham ben Ezra, n Tolde en 1119, mourut en 1175. Astronome, astrologue, philosophe, exgte, mdecin,pote, grammairien,tion,

un des chefs de la Kabbale sa rputaque manifestrent les surnoms de Sage et d'Admirable, futil

fut

;

extrme.

Dans un de ses livres d'Astrologie, le Liber rationiim *, Aven Ezra s'exprime en ces termes Ce n'est pas une mince discorde entre les savants que de savoir si Vnus et Mercure sont au-dessus ou au-dessous du Soleil. Une cause de cette discussion est la suivante Il n'arrive pas que:

:

I. Abrahe AvENARis JuDEi Astrologi peritissimi in re judiciali opra ; ab excellentissirno Philosopho Petho de Abano post accuratum castigationem in lafiniini traducta. Introductorium quod dicitur principium scipientie. Liber rationum Liber nalivitalutn et revolu/ionii/n earu/n. Liber interrugationuni. Liber electionum. Liber liiniinariiini et est de cognitione dici cretici seu de.

cognifione cause crisis. Liber coniunetionurn planetaruni et revolutionum annoriirn niundi t/ui dicitur de mundo oel seculo. Tractatus insuper particulares eiusdeni Abraiie. Li/)er de consuetudinibus in iudiciis astrorum et est centiloquium Bethen br'eve admoduni. Eiusdeni de horis planetaruni Colophon xplicit de lioris planetaruni Bethen. Ex officina Petri Liechtenstein. Venetiis Anno Domini loj. Liber rationum, fol. XXXIIII^ col. a..

:

LE SYSTME d'hKUACLIDE AU MOYEN AGE

127

l'on voie ces astres lorsqu'ils passent

devant

le Soleil.

Une autre

cause est celle-ciMais,c

:

Ces

trois astres ont

des excentriques gaux.;

deux propositions sont galement vraies ces plantes sont tantt au-dessus du Soleil et tantt au-dessous vous auriez besoin, ce sujet, d'une longue explication. Cette explication, Aven Ezra ne la donne pas, d'ailleurs, son lecteur; celui-ci, cependant, aurait le droit d'tre embarrass par les perptuelles variations du savant Rabbin dans son Libei' luminarium \ il place le Soleil en la seconde sphre, c'est--dire qu'il place Mercure et Vnus au-dessus de cet astre en maintes autres circonstances, conformment aux thories de Ptolme, il met Vnus et Mercure entre la Lune et le Soleil.avis, les;;

mon

;

Comment Aven Ezrad'Iiraclide

du Pont ?

eu connaissance de l'hypothse Aucun auteur juif ou arabe n'en avait, duavait-il

moins que nous sachions, fait mention avant lui. Il est permis de supposer qu'il l'a connue par la lecture du Commentaire au Timede Chalcidius, caril

connaissait cet ouvrage.

En son Liber de:

compos en 1147 et traduit par Henri Bte en 1281, Abraham crit-, propos de la musique cleste Platon en parle au Time et ailleurs Chalcidius en parle galement, avec une infinit d'autres philosophes .cet sfrcu/o, qui fut;

mundo

XIIHYPOTHSE D HRACLIDE DU PONT AU XHl* SICLE.

L

INous avonsparl,il

BARTHLMY l'aNGLAIS

y a un instant, de livres routiniers il serait difhcile d'en trouver un qui le ft plus haut point que le De proprietaiibus reriim crit Barthlmy l'Anglais'. Au XVI*' sicle, John Leland a avanc, mais comme une conjecture qu'aucune preuve ne vient appuyer, que Barthlmy appartenait l'illustre famille des Glanville, de Suffolk de l, l'usage;;

Abrah.e Avenezr.e Liber luininariurn, cap I; d. cit., fol. LXXI, col. c. .Vbrah.e Avenezr.e Liber de conjunctionibus qui dicitur de mundo vel sculo, cap. de. conjunctione d. cit., fol. LXXX, col. d. 3. Sur Barthlmy l'Ang-lais, voir Lopold Delisle, Traits divers sur les proprits des choses {Histoire littraire de la France, t. XXX, pp. 353-355) Ch. V. Langlois, La connaissance de la Nature et du Monde au Moyen Age, d'aprs quelques crits franais l'usaye des lacs. Paris, igii pp. ii4-ii8 SbaralEvE Supplementum ad Scriptores trium ordinum S Francisci, art. Bartholomus Glaunvillus. Edilio nova, Romae, MCMVIII, pp. 120-12Z.1.

2.

;

:

;

.

128suivi, sans

l'astronomie latin K au moyen AGE

aucune raison, par nonil)ro d'auteurs, et, notamment, par Sbaraglia, de le nommer Barthlmy de Glanville. Le renseignement le plus prcis qui nous soit parvenu surla vie de Barthlmy se trouve dans une lettre adresse, en 1230, par le gnral des frres mineurs au provincial de France... Il s'agissait d'organiser la province de Saxe, rcenunent institue par suite du ddoublement de la province d'Allemagne, que le chapitre gnral venait de partager en deux. Le gnral demandait au provincial de France l'envoi de deux religieux qui devaient diriger l'administration et les tudes de l'ordre dans la nouvelle'

province, et c'tait frre Bnrthlemi l'Anglais qui tait dsign

pour

le

second posteles

:

Fratreni Bartholominim

Anylicum

leclura:

pnvfcendtmi.

Etymologics d'Isidore de Sville, comme le De Universo de Uhaban Maur, le De propneUUibiis renim de Barthlmy l'Anglais procde du dsir de composer une encyclopdie et en effet, il n'est gure de science, sacre ou profane, dont il ne soit parl dans quelqu'un des dix-neuf livres qui forment le De pro-

Comme

;

prietatibus renwi.

Notre frre mineur ne se pique aucunement, d'ailleurs, d'originalit chacun de ses chapitres est form par une suite de propo;

sitions,

chaque proposition reproduit ou rsume lavis d'un auteur qui est scrupuleusement nomm ainsi fera, peu aprs frre Barthlmy, le dominicain Vincent de Beauvais, lorsqu'il composera son clbre Spculum triplex. La liste des auteurs qui seront cits dans l'ouvrage est donne en tte parmi ces auteurs, les plus rcents sont Michel Scot et Robert de Lincoln on en peut conclure que le De proprietatibus rerum n'a pu prcder de beaucoup le milieu du xui*^ sicle. D'autre part -, cet ouvrage est cit dans une chronique que le franciscain Salimbeni de Parme a compose en 1283 il en existe des copies manuscrites dates les unes de 129G, les autres de 1300 on le vendait Paris en 1300, en 1303. On peut donc croire queet;

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;

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Barthlmy l'Anglais a compil son encyclopdie entre l'an 1250 et l'an 1275, au temps mme o florissait Albert le Grand. Or le De proprielatibus rerum ne semble point du tout un livre de cette poque on le croirait crit au moins un sicle plus tt, par quelque colier de Guillaume de Couches et de Gilbert de la;

LOPOLD Delisle, Op. laud., p. 355. Ces renseignements sont extraits de Sbarale^ Si/pplemcn/iim et castigatio ad Srriptores triurn ordinum S. Francisci. Ed. nova, Koniae MCMVIII^1.

2.

:

j)ars

\,

pj).

I2U-I22 (Art.

:

Bartholornieus Glaunvitlas).

LE SYSKME D HKRACLIDE AU MOYEN AGE

l9

Porrc

;

ceux-ci, d'ailleurs, y sont tous

deux

cits, ainsi

que Johan-

nitius et Constantin l'Africain.

Compilation mdiocre, sans ide, sans unit, sans critique, maiscompilation o beaucoup de sentences de omni rerunies en un unique volume, lesentait tous lesscibili

sont

De proprietatihus rerum prcaractres qui assurent un livre un grand

succs.

Ce succs fut prodigieux. Aujourd'hui encore, il n'est gure de bibliothque publique qui ne possde une ou plusieurs copies manuscrites du trait de Bartholomus Anglicus, tmoins fidlesde la diffusion extrme qu'eut ce livre au Moyen Age. Cette diffusion et connu des limites si l'ouvrage ft demeur

en Latin on le traduisit donc en divers idiomes vulgaires. Ds 1309, Vivaldo Belcalzer, de Mantoue, en fit une traduction italienne les Franais purent lire Le propritaire des choses que; '

;

Jean Corbechon, ermite de Saint Augustin, traduisit en 1372, sur l'ordre de Charles V vers le mme temps, une traduction pro;

venale, Y Elucidari de las proprietatz de totas res naturals, fut

pour Gaston Piibus, comte de Foix (f 1391) aux Espagnols, Vincent de Burgos donna le Libro de proprietatihus rerum en vieux Castillan les Anglais eux-mmes lurent en leur langue, grce Jean de Trvise, l'crit de leur compatriote. L'imprimerie naissante s'empara du trait de Barthlmy l'Anglais et le rpandit profusion. En l'an 1500, on pouvait dj compter seize ditions du texte latin, neuf de la traduction franaise, trois de la traduction castillanne, une de la traduction anglaise; de li82 1536, le Propritaire des choses en franaisfaite;;

a t quatorze