l’armement dans les tombes féminines à l’âge du fer en pologne

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L’ARMEMENT DANS LES TOMBES FÉMININES A L’ÂGE DU FER EN POLOGNE TOMASZ BOCHNAK (RZESZOW - POLOGNE) Mots-clés : tombes féminines, armement, âge du Fer, Pologne. Résumé. Le mobilier des tombes de la culture de Przeworsk (III/II s. av. J.-C. – début V s. av. J.C.) démontre les différences en fonction du sexe de la personne incinérée. La comparaison des objets considérés par les archéologues comme marqueurs du sexe avec les résultats des analyses anthropologiques révèle une nette convergence. Dans la culture de Przeworsk, comme dans la plupart des sépultures d’autres cultures archéologiques, dans les tombes masculines on découvre des éléments de l’armement et des outils, tandis que les parures sont généralement plus modestes et moins nombreuses que dans les tombes féminines. On observe aussi que certains types d’outils sont caractéristiques pour le mobilier du type masculin (comme les outils de forgeron), tandis que les autres (p.ex. les fusaïoles) sont présents surtout dans les tombes de femmes. Pourtant, on note aussi quelques cas particuliers, où les marqueurs archéologiques ne concordent pas avec les analyses anthropologiques. Par exemple, on découvre parfois des fusaïoles dans les tombes qui, d’après les anthropologues, sont des sépultures d’hommes. On connaît aussi certaines tombes féminines avec de l’armement. Parfois, il s’agit de pièces singulières, comme les pointes de lances, mais il existe aussi des tombes avec des panoplies beaucoup plus complètes (épée, pointe de lance, umbo). L’armement dans ces tombes appartenait-il réellement à une femme ? Bien que les sources écrites antiques mentionnent que dans les sociétés barbares les femmes s’adonnaient aux activités qui paraissaient inhabituelles pour les Romains, il est plutôt douteux que le mobilier funéraire puisse refléter, dans ces cas, une situation réelle et répétitive. Il ne faut pas oublier que le rite funéraire reste une sorte de filtre qui présente une image déformée, et que le mécanisme et l’étendue de cette déformation ne sont pas connus. Nous ne savons pas pourquoi certains types d’outils et d’armement ont été considérés comme « dignes » ou convenables d’entrer dans le mobilier funéraire. Par exemple, on observe que les pointes de lance, les épées et les umbos sont fréquents dans les tombes, tandis que d’autres éléments d’armement, sans aucun doute largement utilisés dans le passé, comme les pointes de flèches ou les projectiles de fronde, ISTROS, XVI, 2010, Brăila, p. 13-36.

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T. Bochnak: L’armement dans les tombes féminines à l’âge du Fer en Pologne, In: The weaponry and the combat or parade gear – marks of the prestige and social status in the tombs of the Bronze and Iron Ages, Proceedings of the 12th International Colloquium of Funerary Archaeology, Brăila, 22nd-24th October 2010, Istros 16, Brăila, p. 13-36.

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  • LARMEMENT DANS LES TOMBES FMININES A LGE DU FER EN POLOGNE

    TOMASZ BOCHNAK (RZESZOW - POLOGNE)

    Mots-cls : tombes fminines, armement, ge du Fer, Pologne. Rsum. Le mobilier des tombes de la culture de Przeworsk (III/II s. av. J.-C. dbut V s. av. J.C.) dmontre les diffrences en fonction du sexe de la personne incinre. La comparaison des objets considrs par les archologues comme marqueurs du sexe avec les rsultats des analyses anthropologiques rvle une nette convergence.

    Dans la culture de Przeworsk, comme dans la plupart des spultures dautres cultures archologiques, dans les tombes masculines on dcouvre des lments de larmement et des outils, tandis que les parures sont gnralement plus modestes et moins nombreuses que dans les tombes fminines. On observe aussi que certains types doutils sont caractristiques pour le mobilier du type masculin (comme les outils de forgeron), tandis que les autres (p.ex. les fusaoles) sont prsents surtout dans les tombes de femmes. Pourtant, on note aussi quelques cas particuliers, o les marqueurs archologiques ne concordent pas avec les analyses anthropologiques. Par exemple, on dcouvre parfois des fusaoles dans les tombes qui, daprs les anthropologues, sont des spultures dhommes. On connat aussi certaines tombes fminines avec de larmement. Parfois, il sagit de pices singulires, comme les pointes de lances, mais il existe aussi des tombes avec des panoplies beaucoup plus compltes (pe, pointe de lance, umbo). Larmement dans ces tombes appartenait-il rellement une femme ? Bien que les sources crites antiques mentionnent que dans les socits barbares les femmes sadonnaient aux activits qui paraissaient inhabituelles pour les Romains, il est plutt douteux que le mobilier funraire puisse reflter, dans ces cas, une situation relle et rptitive. Il ne faut pas oublier que le rite funraire reste une sorte de filtre qui prsente une image dforme, et que le mcanisme et ltendue de cette dformation ne sont pas connus. Nous ne savons pas pourquoi certains types doutils et darmement ont t considrs comme dignes ou convenables dentrer dans le mobilier funraire. Par exemple, on observe que les pointes de lance, les pes et les umbos sont frquents dans les tombes, tandis que dautres lments darmement, sans aucun doute largement utiliss dans le pass, comme les pointes de flches ou les projectiles de fronde,

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    sont rarement reprsents parmi le mobilier de la culture de Przeworsk. La composition des panoplies dans les tombes avait alors une signification inconnue aujourdhui et la prsence de larmement devrait tre considre dans les catgories symboliques.

    Il est possible que la prsence, dans les tombes fminines, des pointes de lances singulires soit un effet dune idologie diffrente celle qui demandait dy mettre une panoplie complte. Larmement dans les tombes fminines de la culture de Przeworsk est vraisemblablement non seulement un symbole o une marque de leur position sociale mais il est li aussi aux pratiques magiques qui demandaient denfoncer des objets pointus dans le fond de la fosse funraire.

    Larmement reste un lment du mobilier funraire largement

    rpandu dans plusieurs cultures et plusieurs poques. Parmi les ensembles de la culture de Przeworsk qui stendait sur les terres de la Pologne mridionale et centrale de la fin du IIIe sicle av. J.-C. jusqu la premire moiti du Ve sicle ap. J.-C., les spultures avec des armes sont relativement rpandues. Lquipement militaire est considr communment comme un des marqueurs archologiques les plus crdibles pour dterminer le sexe du dfunt. Les analyses anthropologiques dmontrent indniablement que dans la grande majorit des cas, larmement se trouvait dans les tombes masculines, o les individus jeunes et adultes, plus rarement mres, ont t incinrs.

    On connait aussi des cas o lquipement du guerrier a t dpos dans les tombes denfants, o la dtermination du sexe nest pas possible.

    Sporadiquement, on note la prsence darmement dans des spultures o, selon les analyses anthropologiques, des cendres de femmes ont t dposes. Il sagit toujours dindividus adultes ou mrs. Ce phnomne est enregistr dans la culture de Przeworsk une chelle modeste et seulement certaines priodes. On connat environ 35-45 tombes fminines avec larmement1 (Liana 1968; Maysa 2007), mais il faut savoir que les analyses anthropologiques dos incinrs (la crmation reste le rite funraire dominant dans la culture de Przeworsk) deviennent un standard seulement partir des annes 70 du XXe sicle et le matriel provenant des ncropoles fouilles antrieurement na t que rarement

    1 Parfois larmement accompagne lincinration double, celle dune femme et dun enfant du sexe indtermin, comme cest le cas des inventaires de Weski, t. 30, Oblin, t. 292 (Dbrowscy 1967, p. 38-40 ; Ryc. 36 ; Czarnecka 2007, p. 66, 407-410 ; Taf. CCXIII-CCXLVI). Larmement constituait linventaire destin une femme ou un enfant, masculin peut-tre.

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    analys. Parmi les premires ncropoles o les analyses anthropologiques dincinrations ont dmontr leur importance reste celle de Weski, site 1 (Dbrowscy 1967), qui a permis didentifier, pour la premire fois, ce phnomne dincohrence entre les marqueurs archologiques et anthropologiques. Ce problme a ensuite t analys dans les travaux de T. Liana, K. Godowski, et K. Czarnecka (Liana 1968; Godowski 1974; Czarnecka 1990). Rcemment, A. Maysa a publi un article prsentant plusieurs types de spultures dont linventaire ne corrobore pas les rsultats des analyses anthropologiques (Maysa 2007).

    Parmi les panoplies dans les tombes fminines, comme dans celles des hommes, nous observons une grande varit. Les ensembles o les lances, dposes singulirement ou par paires, constituent les seuls lments darmement, dominent aussi bien dans les tombes fminines que masculines. Dans la culture de Przeworsk, les plus anciennes tombes fminines avec les armes appartiennent la priode prromaine (phase A, entre la fin du IIIe s. av. J.-C. et les premires dcennies du Ier sicle ap. J.-C.). Kamieczyk, dans la tombe 72 datant de la transition A2/A3, la pointe de lance constitue le seul lment darmement dans la tombe dune femme adulte (Dbrowska 1997, p. 24, 25, 168; Taf. XXXVIII). Dans un ensemble plus rcent de Weski, site 1, t. 39 (phase A3), un umbo reprsente le seul lment darmement (Dbrowscy 1967, p. 47 ; Ryc. 46). Dans la tombe 179 de Kamieczyk, aussi de la phase A3, se trouvent une pointe de lance et des pices de bouclier : un umbo, un manipule, des orles et un rivet-applique orn ont t mis au jour (Fig. 1, 2) (Dbrowska 1997, p. 44, 45, 227, 228 ; Taf. XCVII, XCVIII). Ce rivet prsente une forme typique du bassin de lElbe, o des objets semblables sont considrs le plus souvent comme des indices dun rang lev du dfunt (Schultze 2002). La tombe 178 de Bonie, o une pointe de lance constitue le seul lment darmement, est date gnralement de la priode prromaine. Dans cette tombe, la pointe de lance accompagnait une fibule, une fusaole (considre comme un lment typique pour les tombes fminines, un rivet et une cramique (Mycielska, Woniak 1988, p. 91, 92 ; Tabl. CLXB). Les tombes fminines avec des armes sont rpandues surtout la phase ancienne de la priode des influences romaines (phase B selon H. J. Eggers). Au moins 7 tombes appartiennent la phase B1, et 9 aux phases B2 et B2/C1. Parmi ces ensembles il y a des spultures avec des panoplies compltes, comme celle de Weski, site 5, tombe 22 (pe avec des lments du fourreau, deux pointes de lances, un

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    umbo, un manipule et deux perons de la phase B1) (Kozowska 1972, p. 368-370, 380 ; Ryc. 18, 25g). Les ensembles de Ciecierzyn, t. 177 (phase B1) et de Kamieczyk, t. 62 (phase B2) ont fourni des panoplies comprenant une pe un tranchant, une pointe de lance et un umbo avec un manipule (Fig. 3) (Dbrowska 1997, p. 22 ; Taf. XXXI ; Martyniak, Pastwiski, Pazda 1997, p. 38, 287 ; CLXIX). Les spultures contenant les pointes de lances et les pices du bouclier sont reprsentes entre autres Nadkole, site 2 (tombes 42, 100, 104 et 134) (Fig. 4, 5) (Andrzejowski 1998, p. 25, 26, 39, 40, 48, 180, 213, 215, 234 ; Pl. XXIX, LXII, LXIV, LXXXIII). La tombe 270b dOblin, date de la phase B2, contenait un umbo (Fig. 6) et cela constitue, comme dans le cas de Wesk, site 1, t. 39, mentionn ci-dessus, le seul lment darmement (Czarnecka 2007, p. 62, 385 ; Taf. CCXXI).

    Les tombes o les pointes de lance constituent le seul lment darmement sont les plus nombreuses; 5 ensembles de ce type proviennent seulement de la ncropole de Kamieczyk (tombes 36, 72, 180 avec une pointe de lance et tombes 37, 77 avec 2 pointes de lance) et nous en connaissons aussi dans dautres sites, comme celui de Garwolin, tombe 52 (spulture date la phase B2 o 2 lances ont t mises jour), Weski, site 5, tombe 37, ou Korze, tombe 24 (Kempisty 1968, p. 336, 334, 418 ; Tabl. XVIII ; Kozowska 1972, p. 374, 376 ; Ryc. 22j ; Niewgowski 1991, p. 48, 49 ; Ryc. 52 ; Dbrowska 1997, p. 18, 24, 25, 45, 150, 168, 169, 229 ; Taf. XX, XXXVIII, XXXIX, XCIX). Ce dernier ensemble, dat de la phase C1 (dbut de la phase tardive de la priode des influences romaines) est lune des plus tardives tombes fminines avec des armes. Un autre ensemble tardif provient de la tombe 114 de darw (Fig. 7), o un manipule constitue le seul lment darmement dpos dans la tombe, probablement fminine (Nowakowski 2003, p. 296, 313, 350 ; XXIX : 114, 1). Cette spulture est date la phase tardive de la priode des influences romaines (phase C selon H. J. Eggers).

    La dernire et plus tardive spulture fminine avec des armes, date de la phase C3 ou D1 (fin de la priode des influences romaines et dbut de celle des Grandes Migrations) provient de Korze (Kempisty 1968, p. 358, 360, 361, 418 ; Tabl. XXXIII : 1-8). Cette tombe, portant numro 41c, contenait une pe, une pointe de lance, un umbo et un manipule.

    En plus des tombes fminines comprenant des lments darmement, on trouve, dans la culture de Przeworsk, des spultures de

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    femmes sans armes mais avec des perons, qui sont considrs comme un lment de lquipement du guerrier. Les spultures en question ont t dcouvertes Niedanowo, t. 275 et 316 (tombes de la phase B1), Wlka Domaniowska t. 20 (tombe de la phase B1) et Opatw, t. 1229 (spulture de la phase C1) (Ziemliska-Odojowa 1999, p. 54, 62, 243, 262 ; Taf. XCII, CXI ; Oldzki 2000, p. 12, 111, 112 ; XXVIII, XXIX ; Zagrska-Telega 2000).

    Cette courte prsentation montre bien que dans les tombes fminines toutes les variations de panoplies sont reprsentes. Bien que leur nombre modeste ne permette pas dy appliquer les mthodes statistiques, il semble quon ne peut indiquer aucune variante de panoplie qui soit sous- ou surreprsente. Comme dans les tombes masculines, la pointe de lance est le seul type darme constituant la variante la plus rpandue.

    Comment peut-on interprter cette incohrence des marqueurs archologiques et anthropologiques ? Est-ce que, comme supposait K. Godowski, la faible fiabilit des analyses anthropologiques des incinrations reste une explication basique et universelle (Godowski 1974) ? Si le nombre des tombes fminines avec des armes constituait un quota plus ou moins stable parmi les spultures des diffrentes phases de la culture de Przeworsk, on pourrait supposer que ce fait reste une erreur des analyses anthropologiques. Cependant, ce phnomne est reprable dans les tombes de la priode prromaine2, ensuite il reste relativement bien marqu dans les ensembles de la phase ancienne de la priode des influences romaines et quasi absent dans les spultures postrieures. Le nombre des tombes avec des armes dcrot dans la phase tardive de la priode des influences romaines, mais la disparition successive des tombes fminines avec des armes est beaucoup plus marque. Cette remarque se rapporte aussi aux cas o quelques tombes fminines avec des armes ont t dcouvertes sur le mme site (Kamieczyk, Nadkole, Ciecierzyn). chaque fois il sagit de ncropoles utilises longtemps, mais les spultures en question sont dates presque exclusivement de la phase ancienne de la priode des influences romaines (phase B selon H. J. Eggers) et de la phase de transition B2/C1. On peut exclure donc

    2 De la culture de Przeworsk, on connat env. 500-550 tombes avec des armes typiques pour les derniers sicles av. J. -C., mais beaucoup moins de la moiti a t analyse par des anthropologues.

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    lhypothse que la distinction des tombes fminines avec des armes soit une erreur danalyse anthropologique.

    Il faut admettre que la culture de Przeworsk nest pas la seule unit culturelle sur les terres polonaises o la divergence des marqueurs archologiques et anthropologiques du sexe des dfunts est observe. Cette incohrence des marqueurs anthropologiques et archologiques est visible aussi dans les tombes appartenant au Ier ge du Fer, et attribues la culture de Pomranie qui, cette poque-l, stendait sur la plupart des terres polonaises. Le mobilier mtallique nest pas abondant dans les ensembles spulcraux de cette culture, mais les urnes funraires sont parfois munies de reprsentations du visage et ornes de dessins de parure, darmement et de scnes figuratives. Parmi ces motifs, les scientifiques ont distingu des motifs typiques pour les spultures masculines et fminines. Cependant, dans quelques cas, dans les urnes dcores avec des motifs du type masculin, les anthropologues ont identifi les restes dune femme et inversement ; les urnes fminines contenaient parfois les os incinrs dun homme (Malinowski 1966). Est-ce que les tombes fminines avec des armes restent une preuve de lactivit militaire des femmes dans lantiquit? La littrature concernant ce sujet est abondante (Davis-Kimball 1997 ; Jones 1997 ; Wilde 1999 ; Davis-Kimball, Behan 2003, ou la littrature antrieure). Le motif des Amazones femmes armes et guerroyantes est trs bien connu dans la culture grecque et il persista jusquau haut Moyen Age ; encore Jordans, Isidore de Sville et Paul Diacre les mentionnent (Jordans, Getica, 44, 51, 55-57, 107 ; Isidore de Sville, Etymologi, IX 2, 64, Paul Diacre, Historia Langobardorum I, 18). Il semble que certaines dcouvertes archologiques, provenant surtout de lAsie, puissent attester ce concept des anciens, quoique une chelle modeste. Les tombes des femmes armes sont surtout lies aux cultures nomades, typiques des steppes asiatiques, o le combat cheval, surtout distance, jouait un rle primordial. Ce type de combat permettait de diminuer les avantages physiques quavaient les hommes. En Europe tempre, o dans les batailles dominait le modle face face , les femmes se sont rarement engages dans les combats, et les exemples connus restent extraordinaires et extrmement dramatiques. Ainsi, Appien dAlexandrie mentionne les femmes de Bracari (un peuple celte de la Pninsule Ibrique), qui se sont

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    dfendues dsesprment contre larme de Sextus Iunius Brutus3 (Appien dAlexandrie, LIberique, VI, 72). Ammien Marcellin, lui aussi, nous informe que les femmes celtiques ont second les hommes dans le combat (Ammien Marcellin, Res Gest, XV, 12). Le motif des femmes-guerrires est galement populaire dans la littrature irlandaise. Dans les rcits du cycle dUlster, parmi les femmes armes, nous retrouvons la reine Medb (Maeve) avec ses surs, ainsi que la reine Aoife (Aife) et sa sur, la reine Scthach de Skye qui entrana Cchulainn dans le combat. part lEurope et lAsie, lide des femmes-guerrires tait vive aussi en Afrique lpoque moderne. Les femmes formaient des troupes militaires Dahomey (Malinowski 1966, p. 18) ; elles sont aussi prsentes jusqu nos jours dans lescorte de Muammar Kadafi en Libye et celle de Laurent Koudou Gbagbo en Cte dIvoire.

    Les sources crites rapportent relativement peu dinformations concernant les femmes dans les socits germaniques. On sait quelles pouvaient atteindre des positions leves, comme une voyante Vlda et celle qui lui a succd, nomme Ganna, qui a aussi t envoye chez Domitien avec Masyos, le roi des Semnons (Semnones) (Tacite, Histoires, IV, 6; Germania, 8; Dion Cassius, Histoire romaine, LXVII, 5) (Kolendo 2007). Tacite indique que le pays des Sitones (Sitones) tait gouvern par les femmes (Tacite, Germania, 45), mais on suppose que cette mention est dun ct une figure rhtorique pour mettre en valeur lide que le systme royal (regnum) est insparablement li la perte de la libert, et dun autre ct qu'elle constitue une allusion propos de certaines relations avec Rome, surtout par rapport la position de Messaline et celle dAgrippine (Kolendo 1996). Il faut toujours replacer les remarques de Tacite dans leur contexte moral et social. Plusieurs fois, il rapporte des faits concernant les Germains, et la manire de prsenter ces vnements nous en apprend plus sur les Romains que sur les Barbares. Tacite dcrit aussi Triaria, lpouse de Lucius Vitellius. Il la prsente comme une femme cruelle et mentionne que plusieurs ont accus Triaria, femme de Lucius, de s'tre montre ceinte de l'pe militaire parmi le deuil (Tacite, Histoires, III, 77). Le mme auteur nous informe quen 63 ap. J.-C. les femmes ont particip dans les combats d'arne (Tacite, Les Annales, XV,

    3 Ici, dans le rcit dAppien il y a une erreur, en fait il sagit de Decimus Iunius Brutus, qui est devenu consul en 138 av. J.-C. et qui jusquen 136 mena les campagnes militaires en Pninsule Ibrique.

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    32). Dailleurs, les combats de gladiatrices nont t interdits quen lan 200 ap. J. -C.

    La position des femmes dans les socits barbares tait diffrente de celle Rome, aussi les sources crites accentuent-elles souvent certains aspects qui pouvaient intresser ou choquer les Romains. Pourtant, souvent ces mentions ne sont pas claires. Par exemple, Tacite dcrit les rites clbrs par les prtres (les hommes) portant des vtements fminins (Tacite, Germania, 43). On ne sait pas si ce message se rapporte au fait rel de porter des vtements de femmes ou s'il suggre que la tenue des prtres ressemble au costume fminin (dailleurs, nous ne savons pas si cette remarque concerne les costumes romains ou germaniques). Tacite constate aussi que larmement est le symbole dun homme-membre de la socit et dans ce contexte ses armes ont t dposes sur le bcher (Tacite, Germania, 13 et 27), mais en mme temps il mentionne que pendant la crmonie du mariage cest une femme qui offre son poux quelques armes (Tacite, Germania, 18). Nous ne connaissons pas le statut de cet armement, nous ignorons qui il appartenait avant le mariage ou aprs la mort dun homme qui lavait reu. Nous ne savons pas non plus, si la veuve pouvait le garder. Pourtant, Tacite nest pas le seul auteur antique qui mentionne les femmes germaniques dans un contexte militaire. Surtout trois passages mritent dtre voqus. Daprs Plutarque, les femmes sont alles avec des pes et des haches contre les Romains pendant la bataille dAquae Sextiae en 102 av. J.-C. (Plutarque, Les vies des hommes illustres, La vie de Marius, 20 et 28), mais il s'agit d'une situation extraordinaire et lhistorien a dcrit des vnements ayant lieu presque deux sicles auparavant. La mention de Dion Cassius, qui se rapportent aux faits encore prsents dans la mmoire commune, concerne les guerres contre les Marcomans. Selon lui, pendant la premire campagne de Marc Aurle contre les Marcomans, les Romains ont retrouv sur le champ de bataille des cadavres de femmes armes (Dion Cassius, Histoire romaine, 71, 3). Les sources antiques nous rapportent aussi que dans le cortge triomphal dAurlien dfilaient dix femmes goths avec des armes entre les mains (Flavius Vopiscus, Vita Aureliani, 34). Il faut cependant souligner que les mentions concernant la participation de femmes germaniques dans le combat sont trs rares et ne se rapportent pas directement aux socits qui ont peupl les terres au nord des Carpates.

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    Quel tait lavis des Germains eux-mmes propos des femmes armes ? Malheureusement, dans ce domaine nous ne disposons pas de donnes abondantes. Il ny a pas de sources crites issues du milieu germanique de cette poque et il nous reste seulement les mentions postrieures, dont la relation avec les murs et croyances anciennes reste incertaine. Il semble que lide mme des femmes armes ntait pas considre comme malsante ou indue, vu le concept des Valkyries, les filles armes dOdin, qui, entre autres, guidaient Walhalla les esprits des guerriers ayant trouv la mort dans le combat. Dans la ralit, les femmes savaient, elles aussi, se servir darmes, puisque parmi les lois des Lombards (Langobardi) sont prvues des punitions pour les femmes-brigandes armes (De collectione mulierum quae manu forti se collexerunt) (Liutprandi Leges, VI, 141. [88]).

    Cependant, peut-on reconnatre que dans les tombes fminines avec des armes soient rellement enterres des guerrires ? En nous rfrant aux mentions des auteurs romains nous ne pouvons pas refuser compltement cette hypothse, mais dautres explications mritent dtre prises en considration.

    Premirement, il ne faut pas oublier que la composition du mobilier des tombes ne reflte que certains aspects de la vie. Le mobilier funraire est compos d'objets appartenant au dfunt (et son choix dpendait des murs et croyances), des dons funraires ainsi que d'objets lis au rite funraire dominant. De plus, on ne peut pas exclure que les objets provenant des crmations antrieures puissent se trouver par hasard dans les inventaires des incinrations ayant eu lieu dans le mme ustrinum (Bochnak 2006, p. 157). Ce fait est attest par les travaux de L. Tyszler qui a constat la prsence de fragments de la mme cramique sigille dans plusieurs ensembles funraires (Tyszler 1999, p. 69). Les recherches menes dans la ncropole de Kuny ont prouv que dans les lieux de crmations se trouvent non seulement des pices de petites dimensions, faciles oublier ou perdre mais aussi des objets plus grands, y compris des pointes de lances ou des umbos (Skowron 2005). Ces objets ont pu ensuite tre intgrs dans les spultures postrieures, y compris fminines.

    Dans la culture de Przeworsk, comme dans les autres cultures archologiques, le mobilier funraire nest pas compos accidentellement. On voit, trs clairement, que certaines catgories d'objets sont particulirement populaires dans les tombes tandis que d'autres y sont absentes. Seulement certains types doutils y apparaissent, (comme ceux

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    de forgeron), tandis que les autres, comme par exemple ceux de charpentier, sont trs rares. Il manque des pices de char, mais ceci ne doit pas tre considr comme une preuve dabandon des chars dans la vie quotidienne. Les rgles concernant la composition du mobilier funraire, aujourdhui inconnues, sont valables aussi pour larmement. Les pointes de lances sont trs rpandues dans les tombes avec des armes, alors que les balles de fronde ou les pointes de flches sont trs rares, mais cette disproportion ne reflte certainement pas la ralit.

    La composition des panoplies dposes dans les tombes reste alors symbolique. Il faut considrer comme un don symbolique une bouterolle romaine importe, argente et orne de nielle, qui a t retrouve dans la tombe dun enfant Opatw (Godowski 1978). La prsence de larmement dans les tombes denfants dmontre clairement que ce mobilier a t dpos parce que la personne incinre avait droit larmement ou qu'il fallait le lui offrir, mme si elle ne pouvait pas rellement sen servir. Les chercheurs supposent que les perons pouvaient tre considrs comme des marqueurs de la position sociale du dfunt (Kietliska 1959, p. 104, Godowski 1969, p. 156). Les observations ethnographiques nous livrent des exemples qui peuvent servir danalogies. Les Anous mettaient parfois dans les tombes fminines des objets typiques pour les hommes (Malinowski 1962, p. 89). T. Malinowski souligne que dans certaines socits les femmes mortes pendant laccouchement sont traites de la mme faon que les prtres et les guerriers qui ont trouv la mort au combat (Malinowski 1962, p. 79). Les ossements des nouveau-ns peuvent disparatre pendant lincinration et dans ce cas-l, les anthropologues nidentifient que les cendres dun individu fminin. Dans certaines socits les femmes, aprs la mort des hommes de leur famille, hritent de certains objets leur appartenant pralablement. Une coutume, observe encore au XXe sicle chez les montagnards caucasiens Khevsoures peut servir d'analogie : aprs la mort des hommes de la famille, les femmes portaient des fragments de cottes de maille cousus leurs vtements (Borawski 2002). Ces analogies se rapportent d'autres poques, d'autres rgions et d'autres milieux culturels, et ne peuvent donc qu'illustrer nos hypothses.

    Est-ce que, suivant cette rgle, les personnes ayant un statut spcial ou celles qui sont mortes dans des circonstances particulires avaient aussi le droit dobtenir du mobilier spcifique ? Cette hypothse parat plausible, mais elle ne peut pas servir non plus dexplication

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    universelle. Larmement a souvent une connotation symbolique. Dans les tombes fminines de la culture de Przeworsk de la priode des influences romaines on retrouve parfois des bracelets labors en fragments de cotte de maille4. Ces objets sont souvent considrs simplement comme des lments de parure, mais certains chercheurs supposent quils avaient une valeur apotropaque ou protectrice, lie leur fonction de pice darme dfensive (Czarnecka 1994 ; Kontny, 2002, p. 109). Il semble que ce rle revenait aussi aux miniatures de boucliers, dcouvertes dans certaines tombes en Pologne. Si un bracelet en cotte de maille ou une miniature de bouclier a une signification apotropaque ou protectrice pour son propritaire, pourquoi le bouclier rel, comme celui dpos Weski, site 1, t. 39 ou Oblin, t. 270b, ne laurait-il pas ? Cette question doit rester ouverte.

    Dautre part, les objets pointus ou tranchants ont, eux aussi, une signification dans le contexte symbolique : le plus souvent ils expriment une volont de protger contre un mort. Dans les tombes de la culture de Przeworsk, y compris dans les tombes fminines, on retrouve parfois des couteaux ou des pointes de lance enfoncs dans la cavit funraire (Kietliska 1963 ; Liana 1968 ; Czarnecka 1990, p. 67, 68, 90, 91). Ce phnomne a t enregistr, entre autre, Modzikowo o ont t dcouverts une pointe de lance dans la tombe fminine 223 et dans la tombe 126 un couteau, enfoncs dans la cavit funraire. Ces deux tombes sont dates de la priode romaine ancienne (Liana 1968, p. 382). La mme datation a t tablie pour lensemble de Weski, site 1, tombe 30 (spulture double, une femme avec un enfant), avec une pointe de lance (Dbrowscy 1967, p. 38-40 ; Ryc. 36). Starachowice, dans la tombe 1, au-dessous dune urne se trouvait une hache enfonce dans la cavit et T. Liana proposait la mme interprtation de ce fait (Jamka 1959, p. 33 ; Liana 1968, p. 382).

    Les objets pointus ou tranchants enfoncs dans la cavit funraire se trouvent aussi dans des tombes masculines, alors ce phnomne parat tre li non au sexe du dfunt, mais d'autres facteurs. Peut-tre est-ce une manifestation de la croyance quil faut se protger contre certains morts ? Les analogies ethnographiques livrent tout un ventail de circonstances ou d'vnements qui peuvent susciter la mfiance ; les gens considrs comme des sorciers, les monosourcils, ceux qui sont morts

    4 Ces objets n'ont pas t pris en considration dans cette tude.

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    violemment Cette explication apotropaque nest pas la seule. Les Grecs l'poque dHomre enfonaient des lances dans la tombe dun cognat assassin, et ce geste tait une dclaration de la vengeance et lappel au mort y participer (Mireaux 1962, p. 139). Le geste denfoncer les objets pointus ou tranchants dans la cavit funraire peut tre interprt de plusieurs faons, mais ce fait mme entrane la prsence de larmement dans une tombe, y compris fminine. Du point de vue de la mthodologie archologique ces objets sont considrs comme des lments du mobilier, mais il semble que dans ce cas, ils ne devraient pas tre interprts comme appartenant au dfunt mais comme une preuve dun rituel distinct.

    Conclusion La prsence de larmement dans les tombes fminines de la

    culture de Przeworsk doit tre considre comme un reflet de plusieurs facteurs et son explication parat complexe. Nous ne pouvons pas proposer une explication universelle qui se rapporterait ce phnomne. Il est difficile de supposer que tous ces ensembles spulcraux attestent lactivit de femmes-guerrires, bien que les sources antiques mentionnent leur prsence sur les champs de bataille. On ne peut pas exclure que certains objets se soient retrouvs dans le mobilier fminin par hasard, suite une inattention pendant le dplacement des restes dincinration de lustrinum, o prcdemment avait lieu une crmation dun homme arm. Larmement a pu tre aussi considr comme un lment symbolique, auquel la dfunte avait droit, grce sa position particulire ou cause des circonstances de sa mort. Larme, surtout les pointes de lance, a pu servir aussi comme un lment dun rituel magique, sans appartenir la dfunte. Les pices mtalliques du bouclier, en tant le seul lment de larmement dans la tombe, peuvent tre, elles aussi, considres comme des tmoignages de pratiques magiques, lies une possible fonction protectrice. Le mobilier funraire nest pas un reflet direct et prcis de la ralit, mais sa composition reste toujours le rsultat dun choix conscient, dont les rgles ne sont pas connues aujourdhui.

    Tomasz Bochnak

    Instytut Archeologii, Uniwersytet Rzeszowski

    E-mail : [email protected]

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    Fig. 1. Kamieczyk, tombe 179. 1, 2, 4-10 fer; 3 fer et bronze.

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    Fig. 2. Kamieczyk, tombe 179 (suite). 1-7 terre cuite.

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    Fig. 3. Kamieczyk, tombe 62. 1-3, 5, 7, 8 fer; 4, 6, 9, 10 bronze; 11 terre cuite.

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    Fig. 4. Nadkole, tombe 100. 1-3 fer; 4 terre cuite.

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    Fig. 5. Nadkole, tombe 104. 1-4 fer; 5 terre cuite.

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    Fig. 6. Oblin, tome 270b. 1 fer; 2 terre cuite.

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    Fig. 7. darw, tombe 114. 1-2 fer; 3 terre cuite.