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L’accès des personnes handicapées au sport, à la culture et aux loisirs en Provence-Alpes-Côte d’Azur décembre 2002 Etude réalisée à la demande du Conseil régional par S. Bourgarel, géographe de la santé, et E. Candelon, stagiaire de l’IUP de management public d’Aix-Marseille, avec la participation de H. Suzan, documentaliste au CREAI. PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com

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L’accès des personnes

handicapées au sport,

à la culture et aux loisirs en Provence-Alpes-Côte d’Azur

décembre 2002

Etude réalisée à la demande du Conseil régional par S. Bourgarel,

géographe de la santé, et E. Candelon, stagiaire de l’IUP de management public d’Aix-Marseille, avec la participation de H. Suzan, documentaliste au CREAI.

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SOMMAIRE

Introduction 3

• Combien y a-t-il de personnes handicapées en PACA? 4 •

Chapitre 1- Quelle réglementation et quels dispositifs pour l’accessibilité des personnes handicapées au sport, aux loisirs et à la culture ? 9

• Principaux textes réglementaires en matière d’accessibilité au sport, aux loisirs et à la culture 11 • La politique du ministère de la culture 15 • La politique des ministères jeunesse et sports 17 • L’apport des avis du conseil économique et social 20

Bilan : le rapport Assante 22 Chapitre 2- Le sport pour les personnes handicapées : un secteur bien organisé souffrant de l’inadaptation de la société 23

• La fédération française de Sport Adapté 25 • La fédération française Handisport 33 • Le sport chez les personnes handicapées physiques et visuelles des Bouches du

Rhône 43 • La ligue sportive des sourds de la Méditerranée 47 • Exemples d’autres associations sportives non affiliées 48

Conclusion- freins à la pratique sportive en PACA : notre société est inadaptée 52 Chapitre 3- un accès difficile à la culture en PACA 55

• La déclinaison régionale du schéma des services culturels collectifs 57 • La direction régionale des affaires culturelles 57 • Quelques associations diffusant la culture vers les personnes handicapées 58

Conclusion- La culture, un secteur cloisonné à ouvrir aux personnes handicapées 66 Chapitre 4- Les loisirs : une pratique incluante ou excluante ? 67

• Les associations de loisirs indépendantes 69 • Les loisirs dans les grandes associations à représentation nationale 73 • Plan d’action régionale de la direction régionale Jeunesse et Sports pour l’intégration des personnes handicapées en centre de vacances et de loisirs 75

Conclusion- Les loisirs, le risque de l’exclusion 79 Chapitre 5- Les politiques des collectivités et municipalités 81 Chapitre 6- Le point de vue des personnes handicapées 87 Conclusion générale 91 Cartes hors texte : Les associations et établissements affiliés à la fédération de sport adapté 26 bis Les clubs affiliés à la fédération française Handisport 38 bis LE CREAI TIENT A REMERCIER CHALEUREUSEMENT L’ENSEMBLE DES PERSONNES QUI ONT BIEN VOULU LUI ACCORDER DE LEUR TEMPS POUR RENSEIGNER SES INTERROGATIONS. UNE MENTION SPECIALE VA VERS LES PERSONNES HANDICAPEES QUI ONT REPONDU A NOTRE QUESTIONNAIRE.

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Introduction

Pour participer pleinement à la vie sociale, la personne en situation de handicap doit

bénéficier d’un réel accès au sport, aux loisirs et à la culture.

Le quotidien des personnes handicapées est souvent marqué par l’isolement. La convivialité

des activités de sport, de loisirs ou de culture peut rompre cet isolement.

La pratique de certaines de ces activités ont par ailleurs une action réputée salutaire, tant

physique que mentale.

C’est pourquoi il apparaît important de procéder à un bilan de l’accès à ces activités dans la

région PACA. Ce bilan permettra par la suite d’entamer des actions visant à combler les

lacunes.

Ce rapport s’organise en six chapitres.

Le premier met en avant le dispositif réglementaire existant, visant à rendre accessible les

activités de sport, de loisirs et de culture en France.

Le second chapitre présente les activités sportives pratiquées par les personnes

handicapées dans la région.

Une troisième partie décrit les activités culturelles pratiquées par les personnes handicapées

en PACA.

Une quatrième partie expose les activités de loisirs.

Une cinquième partie souligne les difficultés à évaluer les politiques départementales.

Avant d’aborder la conclusion, quelques paragraphes abordent le point de vue de personnes

handicapées interrogées sur leurs activités sportives, culturelles ou de loisirs.

Mais avant tout, il paraît nécessaire d’évaluer cette population dans la région. C’est la

question (difficile !) que nous avons choisi d’aborder en introduction.

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Combien y a-t-il de personnes handicapées en PACA ?

Démographiquement, quel est le poids de la population handicapée en PACA ?

Cette population ne peut être qu’estimée, faute de statistiques globales disponibles.

Les statistiques disponibles : des données partielles

Enfants et adultes handicapés en établissement

Les chiffres publiés chaque année par le service statistique du ministère des affaires

sociales nous permettent d’évaluer le nombre de places installées en établissements sociaux

et médico-sociaux dans la région. On rappelle pour information que le taux d’occupation

moyen des établissements médico-sociaux en France est compris entre 97.7 et 100%. Il est

certainement équivalent, voire supérieur en PACA, compte tenu du sous-équipement

régional en établissements de ce type.

Tableau : Nombre de places en établissements médico-sociaux en PACA

Catégories d’établissements accueillant des personnes

handicapées

Nombre de places installées en PACA en

2002 Maison d’accueil spécialisée 898

Foyer de vie 1838 Foyer à double tarification 284 Centre d’aide par le travail 5840

Atelier protégé 166 Sous total adultes 9 026

IME – IMP – IM Pro 3875 Polyhandicapés 431

Troubles du comportement 802 Handicapés moteurs 187 Déficients sensoriels 470

SESSAD 1649 Autres 82

Sous total enfants 7 496 TOTAL adultes enfants 16 522

Source : DRASS

On compte donc en PACA 16 522 personnes handicapées vivant en établissement.

On notera la progression constante du nombre d’enfants en établissements :

5 867 en 1989, 6 501 en 1993, 6732 en 1997 et 7 496 en 2001.

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Les bénéficiaires de l’allocation d’éducation spéciale

Cette allocation est une prestation familiale versée aux personnes qui ont la charge d’un

enfant de moins de 20 ans atteint d’une incapacité permanente égale ou supérieure à 80%,

ou comprise entre 50 et 80% s’il est placé dans un établissement d’éducation spéciale ou

bénéficie de soins spécialisés à domicile.

En 1999, le nombre de bénéficiaires de l’AES dans la région atteignait 7 600 , contre 6 852

en 1993.

Le nombre d’AES est en progression constante en France et en PACA depuis 1995. Il

semble que cette évolution soir liée au repérage précoce de situations de handicap.

Les bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé

Une estimation de la population adulte (de 20 à 59 ans) peut être réalisée à partir des

allocations versées par les différents régimes de prestations sociales.

Dans la région, au 1er janvier 2001, le nombre de bénéficiaires de l’Allocation Adulte

Handicapé (A.A.H.) était de 55 947 personnes, détaillé ci-dessous par département.

Allocation Adulte Handi.

Alpes Hte-Provence

Hautes Alpes

Alpes Maritimes

Bouches-du-Rhône

Var Vaucluse PACA

Nombre d’allocataires

1 772 1 761 14 574 20 590 11 765 5 485 55 947

Nombre d’allocataires pr 1000 adult.

16,4 18,9 18,2 14,8 16,7 14,6 16,1 moyenne France:14,3

Source : DRASS.

Pour bénéficier de cette prestation, il faut être atteint soit d’une incapacité d’au moins 80%,

sinon comprise entre 50 et 80% si les personnes sont dans l’incapacité de se procurer un

emploi en raison de leur handicap.

Le nombre de bénéficiaires a très fortement augmenté ces dix dernières années, puisque

l’on comptait, en 1990, 38 800 allocataires.

Estimation de la population handicapée totale, à partir de la prévalence

Pour quantifier les personnes handicapées de la région, nous ne disposons aujourd’hui que

d’évaluations.

Ces évaluations peuvent être calculées à partir de taux de prévalence issus d’enquêtes

françaises, qui sont présentées ci-dessous.

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L’enquête CDES-INSERM1

La CDES centralise la quasi-totalité des demandes d’aide émanant des familles et des

responsables des enfants jusqu’à l’âge de 18 ans. Des enquêtes réalisées par l’INSERM, en

collaboration avec la CDES, ont été réalisées en 1985-86 et 1989. Les handicaps signalés

pour les enfants nés en 1972, en 1976 et en 1981 dans quatre régions ont été enregistrés.

« L’examen des résultats a montré que la prévalence des déficiences et incapacités graves

(retards intellectuels sévères, infirmités motrices) était comparable à celle enregistrée à

l’étranger dans le cadre de registres spécifiques. De plus, des contre-enquêtes réalisées

dans les hôpitaux de jour et les centres de long séjour ont enregistré un faible nombre de

cas non connus des CDES » (197 inconnus sur 7299 enregistrés).

Limites des résultats

Les dossiers médicaux des CDES comportent des informations limitées, ce qui posent

parfois problème pour traduire ces informations en terme de déficience.

Des doubles signalements peuvent exister.

A contrario, tous les enfants ne sont pas forcément signalés à la CDES.

De plus, on rappellera que la loi elle-même est très floue sur la notion de handicap.

Enfin, 4% des parents ont refusé que les données concernant leur enfant soient utilisées.

Précision sur l’épidémiologie des polyhandicaps

Le polyhandicap a été étudié à partir des résultats des deux enquêtes CDES-INSERM de

1985-86 et 1989-90 déjà évoquées ci-dessus.

L’auteur a utilisé les données de 14 départements sur 16.

L’analyse porte sur 5513 enfants handicapés.

Cette étude prend en compte les déficiences motrices associées à des retards intellectuels

sévères (dont les trisomies 21). Les déficiences sensorielles importantes ont également été

relevées. Les limites des résultats déjà évoquées précédemment restent valables. L’auteur

précise pour cette exploitation que « le principal problème [rencontré] concerne le

classement des déficiences en raison de l’insuffisance des données figurant dans certains

dossiers des CDES . On a vu en particulier que parmi les déficiences motrices la catégorie

« autres handicaps moteurs » comporte des cas très voisins de ceux des IMC dont la

prévalence de ce fait pourrait être légèrement sous-estimée. »

1 C. Rumeau-Rouquette, Prévalence des handicaps, évolution dans trois générations d’enfants, Coll. Grandes Enquêtes, INSERM, 1994,177p.

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L’enquête CTNERHI2

Le CTNERHI a réalisé une enquête sur l’ensemble de la population reconnue handicapée de

Saône et Loire. Ces personnes ont été repérées à partir d’informations de la CPAM, du

Centre d’Interventions techniques pour la Vie Autonome, de certains hôpitaux psychiatriques

et de certaines municipalités.

19 135 personnes handicapées ont été interrogées.

L’enquête « Conditions de vie » de l’INSEE3

L’INSEE mène périodiquement des enquêtes sur la santé. En 1993, l’enquête « Conditions

de vie » a été réalisée sur un échantillon représentatif de la population française vivant à

domicile. Elle comprend des questions sur les déficiences, les gênes ou difficultés éprouvées

par la population dans la vie quotidienne.

L’enquête Handicap Invalidité Dépendance4 –HID-

Nous utilisons le volet d’enquête réalisé à domicile. La question suivante a été posée à un

échantillon de personnes de plus de 16 ans vivant à domicile :

« Vous a-t-on reconnu un taux d’invalidité ou d’incapacité (accordé par la sécurité sociale,

les COTOREP, ou CDES, l’armée, les sociétés d’assurance...) ? ». La prévalence obtenue

est de 7,6%. Si l’on exclut de ce groupe les personnes ne présentant ni déficiences, ni

incapacités décelables par le questionnaire HID, mais qui bénéficient d’une rente le plus

souvent liée à un accident de travail, la prévalence diminue pour atteindre 4.9%.

Extrapolations régionales à partir des prévalences Nota bene Ces extrapolations tentent de préciser le nombre de personnes reconnues handicapées par les commissions ad hoc. Il est clair que la notion de handicap peut être définie différemment par d’autres personnes, d’autres organismes ou d’autres pays. Nous nous contentons ici d’appliquer la norme en vigueur en France, donnant droit au statut de personne handicapée, ou les normes choisies par les organismes d’enquête, et décrites ci-dessus.

Nous allons appliquer dans le tableau ci-dessous les taux de fréquence de handicaps

observés en France par les enquêtes citées ci-dessus à la population de PACA.

Ces taux sont différents selon les tranches d’âge.

2 in A. Triomphe et al., « Les personnes handicapées en France », coll. Données sociales, CTNERHI –INSERM, 1995, p.10-15. 3 Enquête citée par Sanchez J., Bounot A., « Données sur le handicap : prévalences des déficiences, besoin d’aide et situations sociales », document provisoire du CTNERHI, 1998. 4 Nous utilisons ici une publication d’Isabelle Ville, « Les désignations du handicap. Des incapacités déclarées à la reconnaissance administrative » in colloque Handicaps incapacités dépendance, Paris, novembre 2002.

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Tableaux : Prévalences du handicap et extrapolation à la population régionale Enquêtes concernant

les personnes handicapées de 0-19 ans

Taux de prévalence tous

handicaps%

Extrapolation pour les 0-19 ans en PACA

(estimation Omphale janvier 2002 = 1 105 153 enfants) INSERM

champ CDES 1.3 14 350 enfants environ

Saône & Loire CTNERHI champ population handicapée du

département

1.1 12 150 enfants environ

Enquêtes concernant les adultes handicapés

Taux de prévalence tous handicaps en %

Extrapolation pour les 20-59 ans en PACA

(estim. Omphale janv. 2002=2 423 729 adultes) CDV-INSEE champ : 20-59 ans à domicile

3,6 87 250 adultes handicapés environ

Saône & Loire-CTNERHI champ : 20-59 ans, population du département à domicile

4,1 99 350 adultes handicapés environ

Enquêtes concernant les personnes handicapées

de 16 ans et plus

Taux de prévalence tous handicaps en %

Extrapolation pour les 16 ans et plus en PACA

(estimation Omphale janvier 2002 = 3 787 592) HID-INSEE champ : 16 ans et plus à domicile

4,9 185 592 personnes handicapées environ

Les chiffres varient donc énormément selon les sources et les méthodes choisies pour

définir le handicap.

Cette question de définition est un problème récurrent. Que veut-on mesurer : les altérations

des organes et de leur fonction (déficiences), l’importance de la perte d’autonomie

(incapacités) ou les désavantages qui en découlent (handicap) ? A partir de quel niveau

considère-t-on la déficience comme handicapante ?

Selon les modalités d’enquête, les estimations oscillent, pour les moins de 20 ans, entre 7

600 et 14 000 enfants handicapés dans la région.

Pour les adultes (entre 20 et 59 ans), les extrapolations se situent entre 87 000 et 99 000

personnes handicapées dans la région. Ces personnes seraient à domicile.

L’enquête HID nous fournit une estimation bien supérieure, pour deux raisons. Tout d’abord,

elle concerne une tranche d’âge beaucoup plus étendue (16 ans et plus, ce qui inclut toutes

les personnes âgées handicapées). De plus, le taux de prévalence issu de son enquête est

plus élevé que ceux des autres enquêtes.

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Quelle réglementation et quels dispositifs

pour l’accessibilité des personnes handicapées

au sport, aux loisirs et à la culture ?

Le dispositif législatif français décline depuis

1975 de nombreux textes de lois visant à ouvrir

largement au public handicapé l’accès aux loisirs, à

la culture et au sport. Mais ces textes de lois ne sont

pas toujours suivis d’effets, en région PACA comme

sur le territoire national. Le rapport Assante, publié

en avril 2002, propose pour remédier à cette situation

au niveau national, de préparer une nouvelle loi

d’orientation, assortie d’un train de mesures

déterminant un calendrier et une obligation de

résultats.

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Chapitre 1

Quelle réglementation et quels dispositifs pour l’accessibilité des personnes handicapées aux sports, aux loisirs et à la culture ?

Ces trente dernières années, la législation en faveur des personnes handicapées en

France a sensiblement évolué dans les domaines du droit aux personnes et de

l’accessibilité. Les domaines du sport, des loisirs et de la culture sont évoqués pour la

première fois en 1975.

Les textes qui suivent recensent l’essentiel du dispositif législatif existant en matière

d’accessibilité aux loisirs, au sport et à la culture pour les personnes handicapées.

Les principaux textes réglementaires en matière d’accessibilité au sport, aux loisirs et à la culture

Les textes généraux du ministère des affaires sociales

L’année 1975 marque le début de la reconnaissance du handicap, par les personnes

dites «valides ». Cette reconnaissance est marquée par la loi n°75-534 du 30 juin, loi

généraliste abordant la question des revenus des personnes handicapées et leur placement

en institution.

Cette loi aborde de façon très brève la question du sport et des loisirs. Elle vient conforter

l’action des pionniers, qui œuvraient déjà au développement de l’éducation physique et

sportive auprès des personnes handicapées (naissance de l’association sportive des mutilés

de France en 1954, de la Fédération sportive des handicapés de France en 1964 -dont

Handisport est l’héritière-), ou organisaient les premiers séjours de vacances spécifiques

(dès 1936 pour l’APF, 1963 pour l’APAJH).

La loi du 30 juin 1975 : un texte fondateur en cours de rénovation

L’article 1 de la loi d’orientation n° 75-534 du 30 juin 1975 en faveur des personnes

handicapées affirme :

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« La prévention et le dépistage des handicaps, les soins, l’éducation, la formation et

l’orientation professionnelle, l’emploi, la garantie d’un minimum de ressources, l’intégration

sociale et l’accès aux sports et aux loisirs du mineur et de l’adulte handicapé physique, sensoriel ou mental constituent une obligation nationale. »

L’article 49 spécifie que : « les dispositions architecturales et aménagements des locaux

d’habitations et des installations ouvertes au public, notamment les locaux scolaires,

universitaires et de formation doivent être tels que ces locaux et installations soient

accessibles aux personnes handicapées ».

L’article 52 dispose que : « Afin de faciliter les déplacements des handicapés, les

dispositions sont prises par voie réglementaire pour adapter les services de transport

collectif (...) ou encore pour faciliter la création ou le fonctionnement de service de transport

pour les handicapés, ou, à défaut, l’utilisation des véhicules individuels. »

Cette loi historique est actuellement en chantier pour une rénovation. C’est dans cet objectif

qu’a été créé un groupe de travail ayant pour mission d’étudier -entre autres thèmes- les

questions d’accessibilité. Dans un rapport d’étude datant de 2002, le groupe souligne que

l’absence de décrets d’application, à la suite de la loi d’orientation de 1975, « a constitué une

carence grave qui a hypothéqué fortement l’accessibilité des transports ». Ce qui explique

aujourd’hui pour partie les lacunes importantes dans la mise en œuvre de l’accessibilité.

Ces lacunes sont un des principaux freins à la participation sociale des personnes

handicapées au sport, à la culture ou encore aux loisirs.

La loi rénovant l’action sociale et médico-sociale du 2 janvier 2002.

Cette loi indique dans son article 85 :

« Les aménagements des espaces publics doivent être accessibles aux personnes

handicapées.»

Ce très court rappel au sein d’un texte fleuve rappelle que l’accessibilité n’est pas effective à

ce jour.

La loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002.

La loi de modernisation sociale de janvier 2002 précise que les personnes mineures ou

adultes handicapées doivent accéder «aux droits fondamentaux reconnus à tous les

citoyens. Cette loi réaffirme pour les personnes handicapées, «le droit à une citoyenneté de

plein exercice ».

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Les textes spécifiques favorisant l’accessibilité pour les personnes handicapées

Accéder aux lieux publics, c’est participer à la vie sociale.

Lorsque cet accès n’est pas possible, tout un pan de la société ordinaire devient

inabordable.

Pratiquer un sport, voir un spectacle, partir en vacances deviennent alors aléatoires.

Devant le peu d’effet de la loi de 1975, l’Etat s’est doté d’un arsenal juridique supplémentaire

pour favoriser, dans un premier temps, l’accès des lieux publics aux personnes handicapées

physiques.

Ces textes de loi répètent bien souvent les mêmes intentions, mot à mot. Cette répétition,

telle une litanie, prouve à quel point ces textes ne sont pas appliqués de façon systématique.

Ces textes sont réunis dans un document du ministère de l'équipement5. On y trouve les

textes de loi généraux :

• loi n°75-534 du 30 juin 1975 déjà citée plus haut,

• loi n°200-1208 du 30 décembre 1982 d’orientation des transports,

• loi n°91-663 du 13 juillet 1991 sur l’accessibilité des personnes handicapées dans

les locaux d’habitation, les lieux de travail et les installations recevant du public,

• loi n°2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement

urbains

• la charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne.

D’autres textes législatifs, réglementaires ou normatifs complètent ce recueil, autour des

thèmes du cadre bâti (neuf ou existant), de la voirie, du transport et du tourisme.

La loi du 13 juillet 1991 favorisant l’accessibilité.

Concernant la législation en matière d’accessibilité, la loi n° 91-663 du 13 juillet 19916

renforce la loi du 30 juin 1975.

Elle favorise l’accessibilité aux personnes handicapées des locaux d’habitations, des lieux

de travail et des installations recevant du public, et s’inscrit dans la politique globale du

handicap dans laquelle l’accessibilité est un élément indispensable pour l’autonomie des

personnes handicapées et leur pleine insertion dans la société.

Deux dispositions composent cette loi.

5 In Accessibilité de la voirie, des transports, du cadre bâti et du tourisme, ministère de l’équipement, janvier 2002. 6 In J.O. 19 juillet 1991

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14

La première concerne l’accessibilité des bâtiments et indique que «l’octroi des aides de l’Etat

en faveur de l’habitat (recevant du public) est subordonné au respect des règles

d’accessibilité ».(article 3)

La seconde affirme le droit des associations à se porter en justice : « Les associations ayant

vocation à défendre et à assister les personnes handicapées pourront exercer les droits

reconnus à la partie civile, chaque fois qu’elles constateront des infractions à la

réglementation sur l’accessibilité. » (article 7).

La loi n°2000-1208du 13 décembre 2000, de solidarité et du renouvellement urbains

La loi du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) émet

des dispositions concernant l’accessibilité des personnes handicapées.

En effet, cette loi dispose « que les aménagements d’espaces publics en milieu urbain doivent être tels que ces espaces soient accessibles aux personnes handicapées » (article

35). De plus, cette loi précise que l’autorité de police de la circulation pourra réserver des

emplacements de stationnement pour les personnes handicapées (article 98).

Ces deux lois (1991 et 2000) précisent les dispositions prévues par les lois antérieures. Elles

signalent la prise en compte de l’accessibilité dans les décisions gouvernementales.

Cependant, elles ne concernent pas spécifiquement l’accès aux équipements sportifs et

culturels.

L’accessibilité au sport des personnes en situation de handicap

L’accès aux sports des personnes handicapées est réglementé par la loi du 16 juillet 1984

relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, modifiée le 6

juillet 2000( loi n° 2000-627 ).

Elle définit d’une part que : « les activités physiques et sportives constituent un élément

important de l’éducation, de la culture, de l’intégration et de la vie sociale. » (article 1er

modifié).

Elle insiste sur le fait que «les programmes de l’éducation physique et sportive dans les

établissements d’enseignement [spécialisés ou non] tiennent compte des spécificités liées

aux différentes formes du handicap. » (article 6 modifié).

L’article 21 modifié précise que l’organisation de la pratique sportive dans n’importe quel

type d’organisme fait l’objet d’adaptation pour les personnes handicapées. Ces organismes

qui accueillent un public handicapé peuvent bénéficier d’aides des pouvoirs publics

concernant «les associations sportives qui promeuvent et organisent des activités physiques

et sportives à l’intention des personnes handicapées (…) A ce titre, elles peuvent bénéficier

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15

(…) d’aides des pouvoirs publics, notamment en matière de pratique sportive, d’accès aux

équipements sportifs, d’organisation des compétitions, de formation des éducateurs sportifs

et d’adaptation des transports ».

Cette loi tente de faciliter l’accès à la pratique sportive pour les personnes sujettes à un

handicap, et de généraliser l’accès aux équipements sportifs.

Le comité de liaison pour l’accessibilité des transports et du cadre bâti

Dans le domaine de l’accessibilité, par l’arrêté du 16 décembre 1999, a été créé le COLIAC

(Comité de liaison pour l’accessibilité et le cadre bâti).

Ce comité réunit des associations, professionnels, pouvoirs publics. Il remplace le

C.O.L.I.T.R.A.H (comité de liaison pour le transport des personnes handicapées) et étend

ses missions aux domaines du logement, des bâtiments publics et des espaces publics.

Ce comité émet uniquement des avis, et formule des recommandations et propositions en

matière de réglementation, de programmes et de mesures.

La politique du ministère de la culture

Le ministère de la culture entend faciliter l’accès des personnes handicapées aux pratiques

culturelles et artistiques par le biais d’actions précises.

Le ministère projette de proposer une plus grande accessibilité aux équipements culturels. A

cet effet, des aides financières seront accordées à toute construction et à toute rénovation

seulement si un projet d’accessibilité pour les personnes handicapées à été étudié en amont.

Par ailleurs, la direction des musées de France édite un manuel intitulé « Des musées pour

tous » et la Caisse nationale des monuments historiques et des sites a publié une brochure

intitulée : « Accueillir les publics handicapés ».

En septembre 2001, dans le cadre de la fête du patrimoine, les Directions Régionales de

l’Action Culturelle ont éditées des fascicules où était renseigné un item : « accessibilité

partielle, accessibilité totale, non accessible ». Cet item devrait figurer à nouveau dans les

brochures éditées pour les manifestations du Printemps des Musées .

Enfin, le ministère souhaite sensibiliser au handicap ses agents des directions régionales.

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16

Le schéma de services collectifs culturels7

Ce schéma de services collectifs culturels, adopté par décret en 2002, est un outil de

planification sur 20 ans. Il dessine le cadre de référence de l’action culturelle en France,

région par région.

Il précise que « les difficultés rencontrées par les personnes handicapées seront prises en

compte pour faciliter leur accès aux lieux et aux pratiques culturelles, dans le souci de leur

permettre de participer pleinement à la vie culturelle au même titre que les personnes non

handicapées ».

Le schéma collectif définit des zones d’interventions prioritaires.

La commission Culture et Handicap8

Cette commission, créée en 2001, est placée sous l’autorité du ministre de la culture et de la

communication et du secrétaire d’état à la santé et aux personnes handicapées.13

Elle a pour mission de « faciliter l’accès à la culture des personnes handicapées, quelle que

soit la nature de ce handicap, dans le souci de leur permettre de participer pleinement à la

vie culturelle ».

Elle peut proposer des mesures en matière d’accès aux équipements, à la pratique

artistique, à la formation et aux métiers de la culture.

Cette commission est composée de 8 associations14 de personnes handicapées

représentant toutes les catégories de handicaps (moteur, visuel, auditif et mental).

Il convient de rajouter que l’association C.E.M.AFOR.RE15 (centre national de ressources

loisirs pour tous) qui préside EUCREA France (rassemblement national d’organismes et de

personnes ressources pour l’accès à la culture des personnes handicapées, affilié à l’O.N.G.

EUCREA EUROPE) est un des interlocuteurs privilégiés de cette commission, dans la

mesure où elle propose des actions dans le domaine de la culture et du handicap.

7 Ministère de la culture, DATAR, avril 2002.

8 Arrêté du 1er février 2001 13Voir Actualités sociales hebdomadaires, 9 février 2001. 14 UNAPEI, APAJH, APF, GIHP, UNAFAM, UNISDA, CNPSA, CLAPEAHA, EUCREA France, Fondation de gérontologie et 4 personnes handicapées du milieu artistique et culturel. 15 Site Internet : www.cemaforre.asso.fr/legislation.

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17

La politique des ministères de la jeunesse et des sports

La politique des ministères de la Jeunesse et des sports pour favoriser l’accessibilité pour

tous se décline autour de trois axes.

L’intégration des enfants et adolescents handicapés en centre de vacances et de loisirs

Le ministère souhaite « favoriser l’accès des jeunes handicapés à toutes formes de

vacances et de loisirs », et ce « dans le cadre d’une volonté accentuée de mixité d’accueil

des personnes handicapées et valides9 ».

Quatre actions spécifiques sont menées dans cet objectif.

• La Charte de déontologie.

Une quinzaine d’associations organisatrices de centres de vacances, sous le Haut

Patronage des ministères Jeunesse et sports, Emploi et solidarité et le secrétariat d’Etat au

tourisme, ont élaboré en 1997 une charte de déontologie pour les établissements et

organismes désireux d’accueillir des jeunes handicapés dans des structures non

spécialisées.

Cette charte est aujourd’hui signée par plus de 40 organisateurs de centres de vacances et

de loisirs.

Pourquoi une charte ?

Tout simplement parce que la réglementation n’oblige pas l’organisateur de séjour

accueillant un ou des enfants handicapés à se doter d’un personnel supplémentaire ou

qualifié pour le handicap. Il doit simplement satisfaire aux exigences réglementaires

habituelles des séjours en centre de vacances et de loisirs pour enfants non handicapés.

Que dit la charte ?

Cette charte rappelle que la personne qui est handicapée est un citoyen à part entière de la

société. Et que la diversité des personnes qui la compose est facteur d’enrichissement.

Ainsi, intégrer (c’est-à-dire « faire entrer dans un tout ») le jeune handicapé est un bénéfice

pour le groupe.

L’intégration nécessite un renforcement des compétences des personnels, et la création d’un

projet d’intégration. Celui-ci sera élaboré avec la personne handicapée ou son représentant

(famille, établissement), et l’organisme de vacances. Le signataire de la charte s’engage à

9 In « l’action du ministère de la jeunesse et des sports pour favoriser l’accessibilité pour toutes et tous », ministère de la jeunesse et des sports, février 2002.

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18

réunir les conditions optimales pour la réussite du séjour (respect des besoins spécifiques du

jeune, réunions d’information du personnel d’animation et suivi du projet d’intégration, ...).

• Recommandations portant sur l’accueil des enfants atteints (...) de handicaps en centre

de vacances ou de loisirs

Ces recommandations, élaborées par le comité technique et pédagogique des centres de

vacances et de loisirs (CVL), ont pour objectif d’aider et de sensibiliser les organisateurs de

CVL à ce type d’accueil.

• Instructions aux directions régionales et départementales de Jeunesse et Sports

- instruction thématique n°080-JS du 12 mai 2000, fiche « accueil des enfants

et jeunes handicapés en CVL non spécialisés

- instruction n°101-JS du 18 mai 2001 recommandant aux services

déconcentrés de porter leur attention sur les CVL accueillant des mineurs

handicapés.

- instruction interministérielle du 3 septembre 2001 destinée à renforcer

l’action des services en matière de contrôle concernant les séjours proposés

aux handicapés.

• Allocation de crédits spécifiques visant à améliorer l’accessibilité des locaux de CVL aux

mineurs handicapés.

La pratique des activités physiques et sportives par les personnes handicapées

Le ministère considère le sport comme facteur privilégié d’intégration. A ce titre, il souhaite

favoriser l’accès aux activités physiques et sportives des personnes handicapées, au moyen

de huit actions.

• Tout d’abord, comme nous l’avons déjà présenté dans l’arsenal législatif, au moyen de la

loi du 16 juillet 1984 modifiée le 6 juillet 2000, qui prend des dispositions particulières

pour les personnes handicapées, principalement dans ses articles 6 et 21 déjà cités plus

haut.

• Le ministère conclut chaque année des conventions avec les trois fédérations sportives

en charge des personnes handicapées (Handisport, Sport adapté, Sourds de France) et

met à leur disposition des cadres techniques.

• Les fédérations sportives unisport sont incitées à ouvrir leurs activités aux sportifs

handicapés.

• Le ministère finance en partie les travaux visant à une meilleure accessibilité des

équipements sportifs aux personnes handicapées.

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19

• Le ministère étudie actuellement les difficultés rencontrées par les étudiants handicapés

au CREPS de façon à y remédier.

• Une plaquette a été créée avec la fédération Handisport, rappelant les principales

dispositions concernant l’accessibilité des bâtiments sportifs.

• Il a été créé un groupe de travail ayant pour objectif de « rendre accessible à tous les

enfants d’âge scolaire la pratique d’activités sportives, notamment dans les

établissements scolaires et de santé », comme le stipule déjà la loi...

• Des crédits destinés à la recherche, concernant l’apport des activités sportives pour les

personnes handicapées.

Les actions de formation

• Les diplômes actuels :

Brevet d’Etat d’Educateur Sportif (BEES) avec deux options possibles

- option sports pour handicapés physiques et sensoriels,

- option activités sportives et physiques adaptées.

Plus d’une centaine de ces deux diplômes sont délivrés chaque année.

Brevet d’Etat d’Animateur Technicien de l’Education Populaire et de la Jeunesse

(BEATEP) axé sur l’animation des personnes handicapées depuis 2000.

• Le ministère redéfinit actuellement les compétences qui pourraient être nécessaires

pour intervenir dans le domaine des activités sportives (animation, enseignement)

pour personnes handicapées.

• Cette volonté d’intégration nécessite, pour être largement mise en œuvre, la

formation de l’équipe d’encadrement. En avril 2002, les ministères de la Jeunesse et

des sports et de l’Emploi et la solidarité ont publié un guide méthodologique à l’usage

des formateurs. Ce guide est destiné à sensibiliser les candidats au BAFA (Brevet

d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur) et BAFD (Brevet d’Aptitude aux Fonctions de

Directeur) à l’accueil des enfants et des jeunes mineurs handicapés.

«Loisirs, sport et culture : promouvoir l’égalité d’accès aux activités de ce secteur » Une partie des actions ci-dessus ont été proposées par le biais du plan en faveur des

personnes handicapées. Il est présenté par l’ancien ministre Ségolène Royal, déléguée à la

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20

famille et aux personnes handicapées, en juillet 2001 et il est inclus dans le plan triennal

concernant les personnes handicapées du gouvernement Jospin.10

Le plan en faveur des personnes handicapées est aussi à l’origine du colloque qui s’est tenu

en février 2002 à Paris sur le thème : « Mieux vivre la cité, accessibilité pour tous »22

Ce colloque a réuni 8 ministères : Emploi-solidarité, Equipement/transports/logement,

Tourisme, Culture-Communication, Education Nationale, Recherche, Jeunesse et Sports,

Fonction Publique. La finalité étant de «renforcer la participation de tous les citoyens à la vie sociale, éducative et professionnelle, sans exclusion du fait du handicap ».

Concernant notre champ d’étude, des propositions dans le domaine de la culture ont été

formulées :

• Formation des acteurs culturels et des acteurs de grandes associations de personnes

handicapées.

• Développement d’une plus grande accessibilité aux équipements culturels par le biais

d’aides financières du ministère de la Culture.

• Rapprochement des DRAC (direction régionale des affaires culturelles) et des DASS

(Direction des affaires sanitaires et sociales) afin d’intégrer la culture dans le projet

d’établissement des centres du secteur médico-social (expérience déjà réussie dans

le secteur hospitalier).

L’apport des avis du Conseil Economique et Social, en matière d’accès aux sports, aux loisirs et à la culture.

Le Conseil Economique et Social a rendu en 2000 des avis dans le domaine de l’intégration

des personnes handicapées.

Ces avis dénotent une prise en compte de l’importance de l’accès aux loisirs et à la culture

pour les personnes handicapées. Cependant, ils restent informatifs.

10 Plan en faveur des personnes handicapées, site Internet du ministère de l’emploi et de la solidarité 22 Extrait du discours de Catherine Tasca, site Internet : www.cemaforre.asso.fr.

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21

« Situations de handicap et cadre de vie »

Une note de présentation du projet d’avis du Conseil économique et social de

septembre 2000, intitulé «Situations de handicap et cadre de vie » soulève le problème de

l’intégration en milieu ordinaire des personnes handicapées.

Cet avis11 préconise le développement de l’accessibilité des transports et des bâtiments

publics.

Il préconise également d’améliorer l’accès à la culture, aux loisirs et au sport pour les

personnes lourdement handicapées.

Le rapport du Conseil Economique et Social établit un bilan de la politique d’intégration

sociale menée en France depuis 25 ans :

« Les principes ne sont pas véritablement entrés dans la réalité et les résultats peinent à

s’afficher »

Ainsi, selon cet avis, les personnes handicapées ne peuvent pas réellement avoir accès aux

sports ou aux loisirs de leur choix, et peu de structures sont accessibles pour les personnes

atteintes d’un handicap lourd.

«L’accueil des jeunes dans les centres de vacances et de loisirs »

Toujours pour le Conseil Economique et Social et selon un avis adopté en juin 200012 sur

«l’accueil des jeunes dans les centres de vacances et de loisirs», l’intégration des enfants

handicapés doit encore se développer.

Le Conseil Economique et Social met en avant la réglementation quasi-inexistante en

matière d’accueil des personnes handicapées en centres de loisirs non spécialisés. Il

soulève également le problème récurrent de l’accessibilité matérielle pour les enfants

handicapés.

Sur ce point le Conseil économique et Social fait 3 propositions :

• Renforcer l’action de la délégation interministérielle sur les publics handicapés en la

dotant de moyens supplémentaires.

• Développer les modules de formations à la prise en charge des publics handicapés et

malades dans le cursus de formation des animateurs, et réactiver le groupe de travail

mixte Jeunesse et sports / Direction de l’action sociale du ministère des Affaires

Sociales.

11 « Situations de handicap et cadre de vie »/ rapporteur Vincent Assante, avis du CES du 13 septembre 2000.-77p. 12 « L’accueil des jeunes dans les cantres de vacances et de loisirs »/rapporteur Dominique Forette, avis du CES du 28 juin 2000.

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22

• Créer de nouvelles structures départementales qui pourraient prendre le relais dans

la prestation des soins que reçoit la personne handicapée dans son lieu de résidence

habituelle.

Bilan : le rapport Assante

L’auteur de l’ avis du CES de septembre 2000 a par la suite signé un rapport, plus

connu sous le nom de « rapport Assante », du 8 avril 200224.

Concernant l’accessibilité, ce rapport propose d’élargir la réglementation en matière

d’activités sportives, culturelles et de loisirs, d’assouplir les pratiques institutionnelles, de

renforcer les contrôles et de sanctionner les infractions.

A nouveau, il souligne que le dispositif législatif actuel n’est pas suivi.

C’est pour cela que l’auteur souligne la nécessité de préparer une nouvelle loi d’orientation

en 2003, qui garantirait l’accès de tous aux droits fondamentaux, assortie d’un « train de

mesures » déterminant un calendrier et une obligation de résultats.

Mais ces propositions seront-elles suivies dans le projet de réforme qui devrait être déposé

au parlement à l’automne 2003 ?

24Voir Actualités Sociales Hebdomadaires, avril 2002.

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Le sport pour les personnes handicapées :

un secteur bien organisé souffrant de l’inadaptation de la société

La pratique du sport est facilitée par l’existence de trois

fédérations multisports dédiées aux personnes

handicapées, dont deux sont bien représentées et

organisées en région.

Les personnes handicapées physiques ou visuelles ont

une pratique sportive individuelle. La rareté des clubs de

sports spécifiques dans les zones de faibles densité y

freine la pratique du sport.

Les personnes handicapées mentales travaillant ou

résidant en établissement ont une pratique plus collective

du sport. La pratique sportive peut être organisée par

l’établissement, ou sous-traitée, soit à des clubs sportifs

tous publics, soit, plus souvent, à la fédération de Sport

Adapté (et ce particulièrement en zone de faibles densités,

où les clubs sportifs font défaut).

La plupart des freins identifiés sont liés non pas au sport,

mais à l’organisation de la société en général : défaillance

de moyens de transport, barrière physique et sociale en

matière d’accès aux lieux sportifs, rareté des enseignants

spécialisés. Le coût du matériel spécifique (souvent très

élevé) est un autre frein.

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24

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25

Chapitre 2

Le sport pour les personnes handicapées :un secteur bien organisé

souffrant de l’inadaptation de la société

Les professionnels du secteur handicap sont unanimes pour reconnaître l’apport

positif que représente le sport dans la vie d’une personne handicapée, quel que soit le type

de handicap.

En France, trois fédérations sportives sont dédiées aux personnes handicapées. Nous avons

rencontré les représentants régionaux et départementaux de leur délégation.

D’autres associations existent, qui rassemblent moins d’adhérents bien évidemment, mais

qui œuvrent chacune pour la pratique d’un sport en particulier. Nous en avons rencontré

quelques-unes, dont les témoignages sont repris plus loin.

Ces entretiens ont permis d’élargir notre connaissance en matière de pratique sportive pour

les personnes handicapées. Ils ont aussi permis d’identifier des freins à la pratique, qui sont

repris dans la conclusion de cette partie.

La Fédération Française de Sport Adapté

La F.F.S.A., une fédération au service des établissements spécialisés.

Créée en 1971, la F.F.S.A. est une des 3 fédérations omnisports agréées en charge

exclusive des personnes handicapées.

Cette fédération, par délégation du Ministère de la Jeunesse et des Sports, a une mission de

service public dans le domaine de la promotion et de l’organisation des pratiques d’activités

physiques et sportives des personnes déficientes intellectuelles ou atteintes de troubles

psychiques stabilisés (des déficiences motrices, organiques ou sensorielles peuvent parfois

s’ajouter aux déficiences intellectuelles).

Elle dispose aussi d’un organisme de formation professionnelle qui lui permet de qualifier

des professionnels (ou futurs professionnels), en leur octroyant une spécialisation dans le

domaine du sport adapté au public handicapé mental.

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26

La fédération intervient surtout dans ou auprès des établissements spécialisés recevant des

déficients intellectuels ou des personnes souffrant de troubles du comportement. Ces

établissements s’affilient directement ou par le biais de leur association sportive.

Les rencontres sportives organisées ont pour objectif de participer à la valorisation de la

personne handicapée, au développement d’un projet personnel, et à une progression de la

personne dans un environnement inhabituel.

Pour reprendre les termes de la fédération, « en dépassant le concept d’incapacité pour se

consacrer aux seules capacités de l’individu, le sport est un complément précieux aux soins,

à l’éducation et au travail».

Les activités de la FFSA en région PACA

Il s’agit d’une fédération multisports.

Au niveau national, les activités sont déclinées en 6 grands types :

• les activités motrices pour les plus handicapés ;

• les activités motrices orientées sur une discipline sportive ;

• les pratiques compétitives, déclinées en 3 divisions D3, D2, D1 selon le niveau

d’adaptation du règlement sportif de la discipline ;

• le sport paralympique ;

• le sport scolaire

• le sport intégré en milieu ordinaire.

Dans la région, un très grand nombre de sports sont proposés, avec quelques spécificités

selon les différentes configurations géographiques des départements.

La majorité des activités sont les activités motrices et les pratiques sportives dans les

divisions 1, 2, 3.

Le sport intégré, le sport scolaire et le sport paralympique concernent beaucoup moins de

licenciés.

Des séjours sportifs sont aussi organisés par les comités départementaux les plus

dynamiques.

Le tableau ci-dessous liste de façon non exhaustive les activités sportives citées par les

responsables des comités départementaux (C.D.S.A.) interrogés dans le cadre de ce travail.

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27

Tableau : activités sportives de sport adapté

Type d’activités pratiquées

(en ordre alphabétique, liste non exhaustive)

C.D.S.A 04

C.D.S.A05

C.D.S.A06

C.D.S.A13

C.D.S.A 83

C.D.S.A. 84

Activités nautiques X Athlétisme X X X X X

Basket X X Bowling X X

Cross X X Equitation X X X

Escalade X X X Football X X X X

Gymnastique X X X Judo X X X X

Kayak X Natation X X X X X X

Parcours moteurs X X X X X X Pétanque X X X X X

Randonnées en week-end X Randonnées journée X X X X

Raquettes X Ski en séjour (alpin ou fond) X X X

Ski journée (alpin ou fond) X X Tennis (table ou terrain) X X X X

Tir à l’arc X X V.T.T. X X

Voile X X X Voile en séjour X

Source : enquête CREAI PACA & Corse, 2002.

Une fédération hiérarchisée et très présente dans les Alpes

Dans la région, la fédération est représentée par une ligue régionale, et chaque département

dispose d’un comité départemental.

La ligue régionale bénéficie de quatre salariés. Seuls les comités départementaux des

Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute-Provence ont eux aussi des salariés, les autres

comités ne fonctionnant qu’avec des bénévoles.

Les établissements spécialisés peuvent adhérer directement au comité départemental de

sport adapté, ou passer par une association sportive (en général créée à cet effet par

l’établissement ou par un regroupement d’établissements) qui y est affiliée.

La carte localise chaque association ou établissement affilié dans la région (quelques

rares établissements, étant adhérents d’une association sportive utilisée par plusieurs

établissements, sont comptés deux fois).

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28

Le tableau ci-dessous détaille le nombre et la proportion de licenciés par département.

Département Effectif des

licenciés en sport adapté en 2001

Pourcentage de licenciés en sport adapté (rapporté au nombre de personnes handicapées

mentales en établissement, données 2001). Alpes Hte-Provence 266 56.4

Hautes-Alpes 156 26.8 Alpes Maritimes 441 16

Bouches-du-Rhône 990 20.4 Var 214 10.7

Vaucluse 269 18.7

PACA

2336

19.3 Sources : Fédération Française de Sport Adapté, 2001 ; CREAI PACA & Corse.

Un grand nombre de licenciés dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes reflète la

masse de population qu’abritent les deux départements les plus peuplés de PACA.

Mais en matière de proportion, la plus grande part d’adhérents est atteinte dans les Alpes de

Haute-Provence, où plus de 56% des personnes en établissements pour déficients

intellectuels sont membres de la fédération, puis par les Hautes-Alpes, avec presque 27%

des personnes en établissements.

Le sport adapté affiche de très faible proportion d’adhérents dans le Var et les Alpes-

Maritimes. Concernant le Var (où seulement 11% des personnes en établissements sont

licenciées), il semble qu’une association sportive locale intervienne sur le même domaine

que le comité de sport adapté, et qu’une grande association de parents organise elle-même

les activités sportives. Le Var compte par ailleurs le plus grand nombres de licenciés à la

journée ; il s’agit de personnes qui ne prennent leur licence que pour participer à une

rencontre, un championnat ou une animation organisée par le comité de sport adapté.

Un club parmi d’autres : l’Association Culturelle et de Sport Adapté 05, à Gap

Dans les cas les plus fréquents, l’association de sport adapté est implantée dans

l’établissement même. Ici, l’ACSA 05 est implantée au foyer du CAT La Source

(établissement géré par l’ADAPEI 05). Cette association propose des activités sportives et

culturelles aux travailleurs handicapés du CAT13.

La plupart des activités sportives sont organisées par le comité départemental, comme le ski

de piste ou le ski de fond, les raquettes, les parcours moteurs, le judo, les randonnées ou

13 Ces activités se déroulent pendant les repos liés à la R.T.T. des personnels d’encadrement

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29

l’équitation. L’association participe cette année à l’organisation des championnats de France

de sport adapté de ski de piste 2003.

Elle organise aussi elle-même des activités sportives, comme la voile, prévue au lac de

Serre-Ponçon, au sein d’un club nautique existant. Elle permet aussi par exemple à deux

adultes du CAT de se rendre à un club de judo pour participer à des entraînements. Leur

présence n’est pas aussi régulière que les autres membres du club, car ils ne peuvent pas

toujours être conduit au club, ou ont d’autres obligations aux heures d’entraînement. « Mais

ils sont fiers de pouvoir dire qu’ils vont dans un club de judo ! », comme le dit leur

encadrement.

Alors que le CAT emploie 100 travailleurs handicapés et que 60 sont hébergés au foyer, 20

à 25 d’entre eux participent à des activités sportives. Ces personnes ont entre 20 et 55 ans,

et sont encadrées, lors de la pratique sportive, par le personnel de l’établissement

(éducateur spécialisé, moniteur-éducateur ou aide médico-psychologique) et par une

personne titulaire d’un brevet du sport pratiqué.

Cette association est aussi culturelle, puisqu’elle organise des sorties au musée, dans des

expositions ou encore au concert.

Un club renommé : Algernon, à Marseille

L’association Algernon est créée en 1983 pour permettre aux adolescents de l’IMPro Les

Amandiers (La Chrysalide) de participer à des rencontres nationales de sport adapté.

Elle est aujourd’hui réputée pour l’organisation de la course nationale de l’intégration tous

les ans au mois d’octobre, course qui réunit environ 4 000 valides et 600 personnes

handicapées autour de 3 parcours adaptés aux différents degrés de handicap de chacun.

Cette traversée de Marseille regroupe à la fois des personnes handicapées mentales ou

physiques.

Pour cette course, Algernon peine à trouver des accompagnateurs disponibles, car certains

doivent avoir des qualifications de type AMP ou moniteur-éducateur.

Outre cette course, l’association Algernon propose d’autres activités à ses 193

licenciés (année 2002) : football, ski de fond, VTT, tennis de table, parcours moteurs, judo...

111 de ces licenciés pratiquent leur sport en compétition.

Pour Algernon, les pratiques sportives « sont vecteurs de santé et d’intégration ».

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30

Les adhérents de la FFSA en région PACA

On compte 2 336 adhérents à la Fédération en PACA, quand la France en compte 24 347 en

2001.

L’essentiel des adhérents de la région est formé de personnes handicapées vivant ou

fréquentant un établissement. Ces personnes sont licenciées soit par le biais de leur

établissement, soit par une association créée par l’établissement, très rarement d’elles-

mêmes. Par exemple, dans les Alpes de Haute-Provence, seules 3 à 4 personnes

handicapées viennent d’elles-mêmes. Il s’agit d’hommes en CAT, vivant en appartement

thérapeutique, qui fréquentent volontairement le comité départemental pour participer aux

activités qui se pratiquent dans le local.

Comme dans les autres régions, la majorité des adhérents sont des adultes (78% pour

PACA) quand 22% ont moins de 18 ans.

Les financements locaux des comités et de la ligue

Les collectivités locales aident à l’existence des antennes de la fédération.

Le Conseil Régional et la Direction Régionale Jeunesse et Sports apportent des aides

financières à la ligue régionale.

Les Conseils Généraux octroient tous une aide financière aux comités départementaux :

• soit de façon directe, en allouant des subventions pour le fonctionnement (qui varient de

3050€ à 6850€ en 2001),

• soit de façon indirecte, par le biais des établissements spécialisés qui reçoivent une

subvention des D.I.S.S. pour la pratique du sport.

Tous les comités départementaux bénéficient du Fonds National de Développement du

Sport (pour des montants de 900€ environ en 2001).

Le comité départemental des Alpes de Haute-Provence bénéficie d’un financement de 6850€

de la Direction Départementale de Jeunesse & Sports pour un poste salarié d’animateur

sportif (financement octroyé pour une période de trois années).

Intégration ou mixité ?

Le discours des personnes responsables de l’encadrement dans les comités de sport adapté

peut se résumer en deux attitudes différenciées :

• l’intégration est un objectif réalisable

• l’intégration est un leurre, mieux vaudrait parler de mixité.

Dans tous les cas, et quelle que soit la position de chacun, la pratique du sport adapté

permet de rencontrer d’autres personnes du milieu ordinaire, ce qui n’est pas chose facile

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31

quand on est à l’année dans un établissement spécialisé. En effet, selon les établissements

et les sports pratiqués, les personnes handicapées sont amenées à sortir de l’établissement

pour se rendre dans des équipements sportifs municipaux par exemple (piscine, gymnase,

terrain de foot,..).

Dans ces lieux publics, les personnes handicapées accèdent au milieu ordinaire. Bien

évidemment, si l’espace est partagé entre personnes « normales » et handicapées, les

activités pratiquées sont bien différenciées. Cette cohabitation est appelée par certains

intégration, par d’autres mixité. Il est clair en tous cas que ce partage d’un même espace

permet au non-handicapé de s’habituer à voir et à vivre à côté du handicapé. Le témoignage

anecdotique d’une éducatrice de sport adapté illustrera ce propos :

« Avant, au début, quand on allait à la piscine avec les gens du CAT, on arrivait, la piscine

était pleine. Et d’un coup, elle se vidait, on avait la piscine pour nous !.. Maintenant, c’est

fini : ils sont habitués; il y en a même qui ont fait connaissance, et qui se disent bonjour et

qui discutent un peu ! »

Autre exemple : deux personnes trisomiques sont inscrites dans un club d’art martial

en milieu ordinaire. Elles participent aux entraînements, mais malheureusement jamais aux

combats.

Les limites de l’intégration sont ainsi vite trouvées pour certaines personnes handicapées.

Selon le personnel d’encadrement, l’intégration n’est pas réelle, car la personne handicapée

est souvent aidée, et bénéficie d’un potentiel de compassion de la part d’une partie des

valides. Les capacités de la personne handicapée mentale ne sont pas toujours

équivalentes, en matière de sport, de compréhension du règlement ou des consignes, à

celles des autres sportifs. D’où un risque d’échec dans la pratique du sport, alors que

l’objectif de cette activité était précisément de donner confiance, de progresser en dehors du

travail ou de la scolarité. C’est pourquoi bien souvent des personnes handicapées se

cantonnent dans la pratique du sport adapté, plus sécurisante.

Comme le remarque un aide médico-psychologique, « il ne faut pas se tromper quand on

inscrit quelqu’un dans un club extérieur, il faut qu’il puisse tenir ». Les seules capacités

physiques ne suffisent pas pour intégrer un club extérieur ; il faut aussi que la personne en

soit capable psychologiquement.

Des besoins en personnel, en transport et en financement divers

Formation et disponibilité de personnel

Les besoins en matière de personnel sont assez différents d’un département à l’autre.

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32

Certains expriment la difficulté à trouver suffisamment de personnel pour encadrer le sport,

car bien souvent les activités de sport adapté sont encadrées par des bénévoles ou du

personnel spécialisé de l’établissement en dehors de ses heures de service. Les rencontres

le week-end ou les activités du soir manquent souvent d’encadrement –et sont parfois

annulées- car les éducateurs sont passés aux 35 heures et ne souhaitent pas forcément

faire du bénévolat ! Certains établissements ont d’ailleurs passé un accord avec leur

personnel, qui permet aux « bénévoles » (mais peut-on encore les appeler ainsi !) une

récupération de 6 heures de travail à partir de 8 heures de bénévolat !

Il a aussi été souligné la difficulté de trouver des personnes formées au sport adapté ou au

handicap parmi les prestataires sportifs extérieurs.

Transport

La question des transports a été soulignée par deux comités.

Les personnes handicapées se rendent en effet sur le lieu de pratique sportive avec le bus

de l’établissement. Mais dès que la pratique sportive se fait hors des horaires de

l’établissement (exemple des rencontres inter-clubs ou des championnats qui se déroulent le

week-end), la question du transport se pose, car tous les comités ou les clubs ne sont pas

équipés de moyens de transport. Le personnel d’encadrement utilise alors bien souvent son

véhicule personnel pour transporter les participants.

Championnats

Les comités départementaux ainsi que les clubs affiliés ont de réelles difficultés à financer

leur participation aux championnats (ou rencontres) inter-clubs, départementaux, régionaux

ou nationaux, dont les coûts de transport, d’encadrement, voire de séjour, sont bien souvent

supérieur à leur capacité financière. Les clubs et les comités restreignent alors

volontairement leur participation à ce type de rencontres, en planifiant pour l’année les

rencontres auxquelles ils participeront.

Locaux

Deux comités ont souligné la précarité de leur implantation : l’un car il est hébergé par une

association gestionnaire qui souhaite récupérer son local, l’autre car son loyer très élevé

accapare une grosse partie du budget de fonctionnement.

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33

Matériel sportif

Les clubs ont peu de frais en matériel car ils utilisent le plus souvent des infrastructures

municipales ou départementales où les équipements sont à leur disposition. Un comité

souligne cependant qu’il manque d’argent pour changer son matériel d’escalade et de tennis.

La fédération française Handisport

La F.F.H., ou la pratique du sport pour les handicapés physiques et visuels

Le Ministère de la Jeunesse et des Sports a confié à la fédération française Handisport la

promotion et l’organisation des activités sportives pour les personnes handicapées

physiques et visuelles. Elle est reconnue d’utilité publique depuis 1983.

La fédération Handisport :

• a pour objet le développement de la pratique d’activités sportives,

• assure la formation des cadres

• prépare au Brevet d’Etat d’Educateur Sportif spécifique handicap physique et visuel.

Elle regroupe environ 22 000 licenciés en France.

La pratique du sport : plaisir et santé

La F.F.H. aborde le sport au travers de ses apports positifs pour la personne

handicapée.

On citera ici les propres mots de la fédération pour qui le sport procure tout d’abord

des satisfactions physiques et est un « bon élément de perfectionnement moral tel la

persévérance (...). Le sport est, en plus, un excellent complément de la rééducation, tant sur

le plan physique que psychologique (...). La pratique sportive donnera au sujet handicapé

l’occasion d’entretenir (...) ses possibilités fonctionnelles et de faire face (...) à des

aggravations secondaires qui résultent (...) de l’absence des mouvements ou d’une prise de

poids due (...)° à l’inactivité (...).

Il éprouvera une joie immense à pratiquer, comme les valides, une activité sportive. »

Les handicaps des adhérents sont variables, et répartis comme suit :

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Tableau : Grandes familles de handicap des adhérents Handisport en France

Familles de handicaps % Paraplégiques/polio 20

Infirme Moteur Cérébral (IMC) 18 Déficients visuels 12

Grands handicapés 10 Amputés 6

Tétraplégiques 2 Handicaps divers 15

Valides 17 Source : revue Réadaptation n°452 Au niveau national, la F.F.H. propose une quarantaine de disciplines sportives, en pratique

de loisir ou de compétition.

Elle organise une trentaine de championnats de France chaque année, et participe aux Jeux

Paralympiques tous les 4 ans.

Qui peut faire quel sport ?

Les personnes handicapées physiquement ou visuellement peuvent-elles pratiquer tous les

sports ?

Bien évidemment, chacune sera limitée par le niveau et le type de handicap dont elle est

affectée.

Le tableau ci-dessous détaille le type de sport que chacun peut espérer pratiquer selon le

type de handicap.

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Tableau : les sports accessibles selon le handicap Sport Paraplégi-

-que/polio Tétrapl-égique

Amputé Hand. Visuel IMC

Grand hand.

Déficience

M.I. M.S fauteuil debout M.I M.S. athlétisme X X X X X X X X X

Basket X X X Céci-foot X

Cyclisme solo X X X Cyclisme

tandem X

Escrime X X X X Foot-ball à 5 X X X X X

Goal-ball/Torball

X

Haltérophilie X X X X X X X Judo X X

Natation X X X X X X X X X X Ski alpin X X X X X X X X

Ski nordique X X X X X X X Tennis X X

Tennis de table X X X X X X X X Tir à l’arc X X X X X X X X X

Tir à la cible X X X X X X X X X X Equitation X X X X X X X X

Pétanque X X X X X X X X X X Canoë-Kayak X X X X X X X X X

Escalade X X X X X Foot fauteuil X X X

Golf X X X X X X X karting X X X X X X X X

Plongée X X X X X X X X X X Ski nautique X X X X X X

Sports aériens X X X X X X X X X X Voile X X X X X X X X X

M.I. : membres inférieurs – M.S. : membres supérieurs Source : revue Réadaptation n°452 La natation est le sport le plus pratiqué, et viennent ensuite l’athlétisme, le basket, le tennis

de table et le tir.

La limite du coût des équipements

Une autre limite est celle du financement de l’équipement, qu’il s’agisse de fauteuil électrique

polyvalent (pouvant atteindre 2 300 €, dont 550 € peuvent être remboursés par la sécurité

sociale), de fauteuil personnalisé (pouvant atteindre 3 050€ et non remboursés), de fauteuil-

ski ou siège à baquet, coûtant entre 1830€ et 3 050€ non remboursés, ou de prothèse

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polyvalente fémorale ou tibiale (de 3 800€ à 6 100€ remboursés à hauteur de 2 300€ à 2

600€ par la sécurité sociale), voire de prothèse spécialement adaptée à un sport, d’un coût

situé entre 3 800€ et 4600€ environ et non remboursée.

Les activités de la F.F.H. dans la région

La région PACA se trouve sous l’autorité de deux comités régionaux :

• Provence, qui regroupe les départements 04, 05, 13 et 84 ;

• Côte d’Azur, qui regroupe le 06 et le 83.

Les activités sportives effectivement pratiquées par les clubs de la région figurent dans le

tableau ci-dessous, élaboré à partir des déclarations des responsables locaux et des éditions

« associations » printemps et été 2002 du Journal officiel pour les mises à jour.

Tableau : Activités Handisport dans la région Activités pratiquées

(en ordre alphabétique) Alpes Hte Provence

Hautes Alpes

Alpes maritimes

Bouches du Rhône

Var Vaucluse

Activités nautiques X X X Athlétisme X X X

Basket X X X X X Bowling X

Céci-foot X Cyclisme X X

Equitation X X Escrime X X Football X X X

Haltérophilie X Judo X X

Karting X Natation X X X Pétanque X X X

Ski (alpin ou de fond) X X X X X Tennis (table ou terrain) X X X X

Tir à l’arc X X X Tir aux armes X X

Torball* X * Le torball est une activité sportive pour non-voyant, qui se joue à l’aide d’une balle sonore. Source : enquête CREAI PACA & Corse ; journal officiel édition association La majorité de ces sports se pratiquent au sein de clubs spécifiques Handisport, mais

quelques clubs de valides ont ouvert une section Handisport (ce qui est réglementairement

possible à partir de trois adhérents Handisport).

Pour donner un exemple, dans les Alpes Maritimes, sur 13 clubs affiliés à Handisport, seuls

deux sont une section Handisport dans un club pour tous publics.

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37

Une étude14 de la DRJS et du comité handisport 13 de 1993 a dénombré 79 clubs sportifs

pour personnes valides des Bouches du Rhône (sur un total de 485 dans le département)

ayant accueilli des personnes handicapées, soit 16% des clubs ordinaires.

Certaines activités sont arrêtées dans les départements, faute d’adhérents.

Ceci a deux causes d’après les responsables interrogés: il reste difficile de motiver les

personnes handicapées à pratiquer un sport, et certains sportifs partent vers des clubs

valides (où ils prennent la licence du sport pratiqué, et pas forcément une licence

Handisport). Nous verrons plus loin que d’autres limites interviennent.

Un club parmi d’autres : Gap Handisport, dans les Hautes-Alpes

Gap Handisport est dédié au basket, et compte 22 membres.

Douze joueurs sont des personnes handicapées, essentiellement paraplégiques, ainsi que

deux personnes souffrant de séquelles de poliomyélite et un amputé. Ils ont de 18 à 60 ans,

et s’entraînent à Gap deux fois 2 heures par semaine. Tous vivent à domicile et sont

indépendants dans leurs déplacements.

Dix membres sont valides, et jouent en fauteuil lors des entraînements. Le règlement

Handisport permet à chaque équipe de se présenter avec un valide en fauteuil lors des

rencontres.

Ces rencontres ont lieu avec d’autres clubs de PACA et du Languedoc-Roussillon.

La ville de Gap aide ce club à hauteur de 760€ par an. Le Fonds National de

Développement du Sport verse annuellement 380€.

Vu la faiblesse de ses ressources, le club rencontre des difficultés pour fonctionner :

l’essentiel du budget sert à payer les arbitres lors des rencontres.

Les fauteuils électriques utilisés sont polyvalents, d’un coût de 2300€ à 3000€, et sont donc

remboursés partiellement par la sécurité sociale (environ 550€).

En terme d’accessibilité, le responsable du club souligne la politique favorable de la ville de

Gap.

Une section Handisport : Les Archers l’Islois Handisport

Le club de tir à l’arc de l’Isle sur Sorgue accueille une section Handisport en son sein.

Trois personnes sont licenciées Handisport et y pratiquent le tir à l’arc. L’une d’elles est

trésorier du club. Ces personnes ne travaillant pas, elles sont parmi les membres les plus

actifs du club.

14 Direction Régionale Jeunesse & Sport, Comité Départemental 13 Handisport, Rapport du groupe de travail sur l’intégration par le sport : le club ouvert comme processus d’intégration, 1993.

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Le club est accessible aux personnes handicapées à la suite de l’intervention du

responsable de la section Handisport auprès de la mairie, pour obtenir des financements à

cet effet.

Cette personne regrette que ni au niveau du comité départemental, ni au niveau des clubs

du Vaucluse, il n’y ait d’éducateur sportif spécialisé dans le handicap. Il donne l’exemple de

ce qu’il va vivre le soir même : un jeune handicapé est venu s’inscrire dans sa section, et ce

soir il va l’initier au tir à l’arc. Mais il n’a aucune connaissance spécifique sur les potentialités

de ce jeune car il n’est pas familiarisé au handicap qu’il présente.

Handisport : plus active dans les zones à fortes densités

Comme l’illustrent le tableau ci-dessous et la carte page suivante, la plupart des clubs

Handisport se localisent sur le littoral, dans des zones de fortes densités de population.

Tableau : les licenciés Handisport en PACA

Département Effectif des

licenciés Handisport en

2001

Nombre de licenciés Handisport

(pour 10 000 personnes, données 2001)

Alpes Hte-Provence 6 0.43 Hautes-Alpes 22 1.79

Alpes Maritimes 189 1.86 Bouches-du-Rhône 803 4.35

Var 251 2.77 Vaucluse 26 0.52

PACA

1297

1.72 sources : Fédération Française Handisport, 2001-2002 ; CREAI PACA & Corse.

Pour comprendre ces localisations, nous avons consulté des données générales sur la

présence d’associations sportives dans les communes de PACA.

Le tableau ci-dessous détaille dans chaque département combien de communes n’avaient

pas, en 1998, d’associations sportives sur leur territoire.

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Tableau : densité de population et présence d’association sportive

Départements 04 05 06 13 83 84

% de communes n’ayant pas d’association sportive en 1998

42 43 3 7 15 21

Nombre d’habitants au km2 20 22 235 361 150 140 Sources : inventaire communal INSEE 1998 ; Recensement 1999. A la lecture de ce tableau, on note à quel point la densité de population apparaît être un

facteur important dans l’existence d’une association sportive.

Nous pouvons vérifier cette hypothèse en calculant le coefficient de corrélation r (de Bravais-

Pearson15) existant entre ces deux variables. Il est égal à :

r = -0.84

Ce coefficient élevé (car proche de 1 ou de –1) signifie qu’il existe bien une relation linéaire

inverse entre nos deux variables.

Ce qui peut être simplement dit ainsi : plus la densité de population diminue dans un

département, moins les communes de ce département abritent une (ou plusieurs)

associations sportives sur leur territoire.

Et il en est ainsi pour les associations sportives « habituelles » comme pour celles affiliées à

Handisport.

Si nous calculons ce même coefficient avec les variables « affiliés à Handisport » et

« densité », nous obtenons un coefficient r légèrement inférieur mais qui reste cependant

significatif :

r=0.76

Il existe bien une relation linéaire entre nos deux variables, qui peut être résumée comme

suit : plus la densité de population augmente dans un département, plus la part des affiliés à

Handisport augmente.

Ainsi, la rareté des affiliés à Handisport dans les départements les plus ruraux de la région

est au moins partiellement liée à un fait général, qui fait que la pratique sportive en

association est plus exceptionnelle quand la population est moins dense.

On comprend logiquement que rassembler des personnes handicapées physiques autour de

la pratique sportive est encore plus difficile.

15 Le coefficient de corrélation permet de mesurer l’intensité de la liaison entre deux caractères quantitatifs. C’est un nombre sans dimension qui varie entre +1 et –1. S’il est égal à 0, il n’y a aucune liaison mathématique, s’il est proche ou égal à I1I, il existe une liaison linéaire.

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Ainsi, le comité départemental des Hautes-Alpes a été dissous l’année dernière faute de

moyens financiers. On notera aussi que la pratique d’un sport par une personne handicapée

peut nécessiter, pour son apprentissage ou son exercice, la présence d’un éducateur sportif

spécialisé dans le handicap. Ces personnes sont peu nombreuses, et plus encore dans les

départements peu peuplés ou peu denses.

Par contre le comité départemental des Bouches du Rhône, qui regroupe le plus grand

nombre d’adhérents, emploie un éducateur sportif spécialisé et le met à la disposition des

clubs affiliés.

Les adhérents

Ils étaient 1297 adhérents en août 2002, avec environ deux tiers d’hommes pour un tiers de

femmes.

Contrairement à la Fédération de sport adapté, la grande majorité des adhérents vivent à

leur domicile, et une grande partie est autonome dans ses déplacements. Cette réalité en

cache une autre : ceux qui ne sont pas autonomes pour leurs déplacements sont souvent

dans l’impossibilité de se rendre sur les lieux d’entraînements ou de pratique sportive, et

n’adhèrent plus à Handisport.

La Fédération Handisport rassemble aussi –mais minoritairement- des personnes en

établissement spécialisé, qu’il s’agisse de CAT, de foyers ou de centre de réadaptation.

Par exemple dans les Bouches du Rhône, 3 établissements ont créé leur club Handisport.

Les clubs accueillent une majorité d’adultes, dont beaucoup travaillent. Les activités se

déroulent donc le week-end le plus souvent, ou le soir selon les créneaux disponibles.

Il existe de nombreux sports et activités pour enfants, souvent le mercredi après midi.

Des financements locaux très variables

Les conseils généraux de chacun des quatre comités départementaux financent les

activités de Handisport. Trois comités ont déclaré avoir reçu les sommes de :

• 760€ en 2001 dans le Vaucluse (soit environ 29€ par adhérent),

• 1 400€ en 2001 dans les Alpes Maritimes (soit environ 7€ par adhérent),

• 19 800€ pour le fonctionnement en 2002, auxquels s’ajoutent 6 860€ pour le

financement d’équipements supplémentaires et 3 000€ pour financer une

manifestation exceptionnelle dans les Bouches du Rhône (soit environ 25€ par

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41

adhérent si on ne tient compte que du budget de fonctionnement, ou 37€ pour la

totalité des sommes versées).

• Suite à une demande écrite, le conseil général du Var nous a communiqué le

montant alloué au comité départemental Handisport pour 2002. A notre grande

surprise, ce montant est presque trois fois supérieur que celui des Bouches du

Rhône. Il atteint en effet 35 825€ pour fonctionnement annuel, ce qui représente

142.7€ par adhérent.

Nous ne pouvons expliquer cette différence de traitement entre département.

Le conseil régional ne finance pas ces comités départementaux, mais les deux

comités régionaux de Côte d’Azur et de Provence.

Le comité Côte d’Azur a bénéficié en 2002 d’une subvention de fonctionnement de 9150€

(soit environ 21€ par adhérent) à laquelle s’ajoute des subventions pour le financement de

manifestations spécifiques ; ce comité a aussi reçu 4600€ au titre du FNDS.

Le comité Provence bénéficie du FNDS à concurrence de 7098 € pour 2002, et d’une

subvention de fonctionnement du Conseil Régional d’un montant de 12 196 € pour la même

année (soit pour le Conseil Régional environ 14.2€ par adhérent).

Les mairies financent souvent directement les clubs Handisport.

Intégration : une double barrière physique et financière

Un équipement sportif coûteux, facteur d’exclusion

Il a été évoqué plus haut le coût des fauteuils électriques et des prothèses, leur

remboursement partiel et non systématique. Il est bien évident que peu de personnes

handicapées peuvent engager facilement une telle dépense (entre 2300€ et 6100€). Certains

clubs font alors la démarche de demander des subventions spécifiques pour l’achat de

matériel de ce type.

Cette année par exemple, le conseil général des Bouches du Rhône a financé via un

club Handisport un fauteuil électrique pour la pratique du tennis. Le ministère de la jeunesse

et des sports a été saisi d’une demande de subvention pour 7 fauteuils électriques de

basket. L’aide octroyée a permis le financement de 5 fauteuils.

Le transport

La question du transport est omni-présente dans la pratique sportive des personnes

handicapées physiques ou visuelles. On a remarqué tout au long de ce travail que la plupart

des adhérents de Handisport sont autonomes et mobiles. Cela est lié au fait que ceux qui ne

sont pas mobiles et autonomes ne peuvent pas se rendre régulièrement sur les lieux de

l’entraînement ou des rencontres. Ils sont donc dans la majorité des cas exclus de la

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pratique sportive pour des raisons non liées à leur capacité sportive, mais essentiellement

financières. Pour la plupart des personnes handicapées, se déplacer est difficile et coûteux.

A tel point qu’une association sportive marseillaise a demandé des subventions au conseil

général uniquement pour pouvoir financer ses déplacements.

L’accessibilité des lieux publics en général, et des lieux de sport en particulier

Dans toute la région, les personnes handicapées physiques se heurtent sans cesse à la

question de l’accessibilité physique des lieux publics.

Les équipements sportifs entièrement et correctement aménagés sont rares. Il semble

fréquent en effet que des lieux ne soient qu’à moitié accessibles, ce qui n’a aucun sens. On

connaît par exemple des piscines dont les vestiaires ne sont pas accessibles. Des gymnases

dont les toilettes ne sont pas accessibles. Des stades accessibles aux spectateurs

handicapés mais pas aux sportifs handicapés. Les exemples sont malheureusement

nombreux.

Ces aménagements « à moitié » montrent que le handicap n’est pas intégré dans la culture

des valides. La largeur des portes, la présence de marches, l’absence de toilettes adaptées

représentent autant de freins à la pratique sportive et à la mixité de la société en général.

Le comité départemental des Bouches du Rhône signale la difficulté des clubs à obtenir des

créneaux dans les rares gymnases accessibles en fauteuil.

Cette rareté des lieux aménagés (quels qu’ils soient) freinent l’organisation de stages

sportifs.

Le manque de salariés et de personnes qualifiées

Le secteur sportif comme le secteur du handicap fonctionnent souvent à l’aide de bénévoles.

Mais nombre d’entre eux souhaiteraient pouvoir être épaulés par des salariés ou être eux

mêmes salariés pour les activités qu’ils déploient. Seuls les comités régionaux et le comité

départemental des Bouches du Rhône emploient des salariés (le plus souvent des emplois-

jeunes).

La nécessité de pouvoir disposer d’éducateurs sportifs spécialisés dans le handicap

se fait sentir pour certains apprentissages sportifs, ainsi que dans les pratiques. Ces

personnes sont peu nombreuses, et souvent bénévoles.

Le coût élevé des rencontres sportives

La faiblesse des budgets des clubs et des comités départementaux fait que chacun calcule

ses possibilités de participer aux rencontres et championnats.

Le coût de l’arbitrage est aussi difficile à financer dans certaines spécialités.

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Le sport chez les personnes handicapées physiques et visuelles

dans les Bouches du Rhône

Une enquête vient d’être réalisée dans les Bouches du Rhône par une étudiante en DESS

de management sportif16, stagiaire au service des sports du Conseil Général. Elle a pour

objectif de réaliser un diagnostic sur les attentes des personnes handicapées en matière de

sport dans le département des Bouches du Rhône.

La méthode

Un questionnaire a été distribué à un échantillon de 185 personnes handicapées physiques

ou visuelles (soit 0.7% de la population de même handicap dans les Bouches du Rhône).

Pour garder la représentativité de chaque handicap, les personnes handicapées physiques

sont 136, et les personnes handicapées visuelles sont 59. Cet échantillon comprend des

sportifs et des non-sportifs, qui ont été repérés dans des associations d’entraide,

commerciale ou sportive. La majorité des questionnaires a été envoyée par courrier à ces

associations. Pour compléter l’échantillon, des questionnaires ont été passés sur les lieux de

manifestations ponctuelles.

On peut imaginer dans cet échantillon une sur-représentation de la population sportive,

puisque certains questionnaires ont été passés dans des clubs de sports.

Les résultats Les personnes interrogées

Parmi les personnes interrogées, on trouve 32% de déficients visuels, 25% d’infirmes

moteurs cérébraux et 24% de paraplégiques et assimilés.

Parmi cet ensemble de 185 personnes, 40% sont inactifs, 22% employés, 13% sont élèves

ou étudiants, 10% ouvriers.

Les pratiques sportives

Sur les 185 personnes interrogées, 135 ont une pratique sportive, soit 73% des personnes

interrogées. Plus de la moitié des sportifs (58%) pratique même plusieurs sports.

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44

Parmi les activités citées, le nautisme arrive en première position, suivi des sports collectifs,

la natation, les sports de roule, les sports de raquette puis de glisse.

L’enquête a mis en évidence que les motivations sportives des personnes handicapées sont

les mêmes que celles des personnes valides : la convivialité entre amis, la santé, le

dépassement de soi.

69% des sportifs interrogés font du sport chaque semaine, voire 2 fois par semaine.

66% des sportifs sont autonomes dans leur pratique du sport, tandis que 30% ont des

difficultés à être autonomes ou ne le sont pas du tout.

Le sportif handicapé et les fédérations

Les licenciés

78% des sportifs interrogés sont licenciés dans une fédération. Ils pratiquent le plus souvent

la natation et les sports collectifs. Parmi eux, 43% ont une seule licence, et 53% au moins

deux licences.

Les athlètes de haut niveau représentent 9% des licenciés interrogés.

La majorité des licences sont prises à la fédération Handisport (81%), tandis 16% des

sportifs adhèrent à des fédérations pour valides (voile, équitation, karaté, tennis,...).

15% cumulent deux licences, l’une à Handisport ou sport adapté, l’autre dans une fédération

pour valides. Enfin, 9% des personnes sont affiliés à la fédération de sport adapté.

Les non licenciés

22% des sportifs ne sont pas licenciés parmi les personnes interrogées.

Ce sont des personnes qui pratiquent le plus souvent des activités physiques de pleine

nature et la natation. Ils n’ont donc pas forcément besoin pour cela des prestations d’un club.

Certains appartenaient à Handisport, mais ont été déçus par la fédération. D’autres sont plus

indépendants et ne recherchent pas la convivialité des associations.

Les « désirs » sportifs

Certains des sportifs interrogés désireraient pratiquer d’autres activités sportives que celles

citées.

Les plus demandeurs sont les déficients visuels et les paraplégiques (et assimilés).

16 Evelyne Breton, Diagnostic et perspectives institutionnelles sur les attentes des personnes handicapées en matière de sport dans les Bouches du Rhône, mémoire de DESS Management du sport et des loisirs, Université de la Méditerranée, 2002.

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45

Les activités les plus « désirées » sont les sports de glisse puis les activités physiques de

pleine nature, les sports nautiques, la natation.

Les freins à la pratique sportive

A la question « Pourquoi ne pouvez-vous pas pratiquer ce sport ? »(désiré), on obtient une

dispersion des réponses.

Quatre axes peinent à se détacher pour les personnes sportives :

• La pratique de ce sport n’est pas organisée en fonction de mon handicap

• La pratique de ce sport n’est pas adaptée à mon handicap

• Je ne trouve pas d’infrastructures pour le pratiquer

• Cette pratique est trop coûteuse

Pour les personnes non sportives, la dispersion des réponses est bien moindre, ce qui nous

permet d’identifier les deux principaux freins à la pratique d’un sport chez ces personnes :

• Les problèmes de transport

• L’absence d’infrastructure.

Ainsi, comme le remarque l’auteure de cette enquête, « La comparaison entre les freins et

besoins des sportifs et des non-sportifs nous permet de comprendre que l’on a à faire à deux

types de population . La population des sportifs a réglé le problème du transport

contrairement à la population des non-sportifs, pour qui le transport reste le frein majeur à la

pratique sportive.17 »

Apparaît aussi la fonction centrale de la natation, qui est le sport le plus pratiqué par les

sportifs et le plus désiré par les non sportifs.

Les besoins

Parmi les sports que les personnes interrogées souhaiteraient voir organisés par le Conseil

Général 13, on note :

• Les sports collectifs

• Les sports de glisse

• Les activités de pleine nature

• Le nautisme

17 Op.cit. p. 53.

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46

On retrouve dans la question « précisez l’activité souhaitée » une forte demande sur la

natation.

Une question aborde le souhait des personnes handicapées sur les lieux où ils aimeraient

pratiquer un sport. 40% des personnes interrogées souhaitent pouvoir accéder à toutes les

structures sportives ordinaires du département, quand 36% souhaiteraient bénéficier d’une

plate-forme multisports adaptée aux handicapés.

Ces deux réponses, presque contradictoires, soulignent les besoins différents de chacun.

Les spectacles sportifs

56% des personnes interrogées assistent à des spectacles sportifs. Il s’agit le plus souvent

de matches de l’OM et de l’Open 13.

Accessibilité des lieux de spectacle sportif et discrimination

L’accessibilité est une notion relative, variable selon le niveau de handicap et d’exigence de

qualité de la personne.

La question de l’accessibilité n’a été renseignée que par les personnes handicapées

motrices.

Quelques lieux sont toujours cités comme accessible dans les Bouches du Rhône : le Palais

des sports de Marseille, les piscines des Milles et d’Istres.

D’autres sont considérés comme non accessibles : le Dôme et l’arène d’été du Prado.

Sont soulignés par les répondants :

• L’absence d’emplacements de parking

• L’absence de toilettes adaptés

• La non-accessibilité du fait des transports en commun

• Le champ de vision de mauvaise qualité à partir des places réservées aux personnes

handicapées

• Pas de places prévues pour l’accompagnateur.

Autant de manques qui, comme le souligne l’auteure de l’étude, fabriquent de la

discrimination sociale.

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La ligue sportive des sourds de la Méditerranée

La fédération française des sourds de France est la troisième fédération multisports en

charge exclusive de personnes handicapées.

La ligue sportive des sourds de la méditerranée propose 16 activités sur la région :

• Athlétisme • Badminton • Basket • Bowling • Cross • Cyclisme • Football • Judo • Natation • Pétanque • Ski de piste et de fond • Tennis et tennis de table • Tir • Volley

Elle accueille un public spécifique : sourds et sourds pluri-handicapés enfants et adultes.

Les activités se déroulent essentiellement dans les villes suivantes :

• Marseille • Istres • Nice La fédération sportive des sourds de France, par l’intermédiaire des quatre clubs de la

région, organise des activités une fois par semaine, et 3 à 4 fois par an pour les activités

régionales.

La fédération estime le nombre de participants à ces activités sur l’année à 500 environ.

Les différentes activités sportives sont organisées en fonction des participants, sur une

journée ou sur un week-end. Pour communiquer, cet organisme utilise surtout la langue des

signes française, mais aussi tout autre moyen de communication adopté par les participants

aux activités.

Le personnel d’encadrement est uniquement bénévole et sans qualifications spécifiques.

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Le public provient d’établissements spécialisés de la région ou d’associations locales.

Les types de financements dont dispose la ligue régionale sont les cotisations de ses

membres, les licences et des subventions publiques.

Concernant les potentialités d’intégration sociale par la pratique du sport, la ligue pense que

« l’intégration est une utopie des gens bien portant (valide, voyant, et entendant) pour se

déculpabiliser du manque d’intérêt envers ce public ». Pour information, cette réflexion a

déjà été entendue lors des enquêtes auprès d’autres associations.

Exemple d’autres associations sportives non affiliées

L’exemple d’une association indépendante : la Palanquée

L’association la Palanquée propose à ses membres de pratiquer la plongée sous-marine.

Toutes catégories de handicaps et d’âge peuvent être accueillies pour cette activité.

Les séances d’entraînement se déroulent à Marseille (piscine Charpentier 3ème

arrondissement), les sorties en mer s’organisent à Carry le Rouet et à la plage marseillaise

de la Maronnaise.

La fréquence des activités est d’environ 1 fois tous les 15 jours, selon la disponibilité des

moniteurs.

Sur l’année, environ 180 à 200 personnes profiteraient des activités, avec des stages d’été

(formule particulièrement utilisée par les SESSAD). Mais le plus souvent, il s’agit d’activités à

la journée, et exceptionnellement des plongées de nuit.

Le personnel d’encadrement est uniquement constitué de moniteurs brevetés par l’état et

bénévoles.

L’association n’est pas affiliée à la fédération française Handisport.

L’essentiel du public est constitué de personnes vivant à domicile, ainsi que d’usagers de

centres ou d’associations (SESSAD, IME, APF) durant les stages d’été.

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Concernant le financement, l’association ne dispose d’aucune subvention publique.

Elle s’autofinance avec les adhésions et les tarifs plongées : 45.73 € l’adhésion à l’année et

15.24 € la plongée en mer.

Elle bénéficie parfois de dons d’associations (du Lion’s club par exemple) et elle est

sponsorisée par le magasin le « Vieux Plongeur » (qui prête du matériel).

Des aménagements spécifiques sont nécessaires à la pratique de la plongée, et sont

énumérées par le président de l’association :

• « Pour le handicap physique l’accessibilité à l’eau se fait par la plage (l’association ne

dispose pas de bateau), les combinaisons sont adaptées (grosses fermetures) et ils

disposent de gilets stabilisants ou de gilets réglables.

• Pour les personnes atteintes de myopathie, il est mis à disposition des tendeurs, des

masques faciaux et des émetteurs radio.

• Pour le handicap auditif, des contre-indications médicales existent pour les personnes

malentendantes ; cependant, la plongée reste accessible aux sourds profonds.

• Pour les personnes souffrant de troubles du comportement, une pédagogie particulière

est adoptée et leur intégration peut être réussie. »

Le premier objectif de l’association est de développer la plongée pour le plus grand nombre

de personnes handicapées et de favoriser le passage de niveaux de plongée (selon les

aptitudes médicales).

Concernant l’intégration sociale, le président de l’association souligne que les séances de

plongée se déroulent avec 80% personnes handicapées et 20% de personnes valides. Ce

qui représente pour lui une intégration de fait.

Entre sport et culture : Handidanse-H.E.L.P.

La fédération H.E.L.P. (Harmonie de l’Expression Libre à travers la Personnalité) a été

fondée à Nice en 1994 et regroupe aujourd’hui des associations départementales sur de

nombreux départements français, sous le nom de Handidanse-HELP.

Elle est actuellement présente dans les Alpes Maritimes et le Var.

Elle avait jusqu’à l’année dernière des adhérents et une représentation dans les Bouches du

Rhône, mais celle-ci est actuellement en veille faute d’enseignant.

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Le public

La pratique de la danse et de l’expression corporelle s’adresse à tous les types de handicap.

En pratique, l’association du Var déclare enseigner cette année à des infirmes moteurs

cérébraux, des handicapés mentaux, des myopathes et des enfants souffrant de maladies

orphelines vivant à l’hôpital.

Cette fédération propose deux activités distinctes :

• des cours et stages de danse et d’expression corporelle pour personnes handicapées

• des formations professionnelles continues.

Cours et stages

Des cours d’une heure hebdomadaire s’adressent aux enfants et adultes.

Si ces cours sont organisés à la demande d’un établissement, ils ont lieu dans les locaux de

l’établissement. Les établissements peuvent être des hôpitaux, des instituts médico-

éducatifs, des SESSAD, des MAS, des CAT. Le cours est payé directement par

l’établissement, au tarif de 45,73€ l’heure, quel que soit le nombre d’élèves.

Si ces cours sont pris de façon individuelle, ils ont lieu soit dans une école de danse (dans le

Var), soit dans une salle louée à cet effet (Alpes-Maritimes). Les deux associations

Handidanse-HELP n’ont pas de local en propre faute de moyens, ce qui les gêne dans leur

organisation. Ces cours sont pris en charge par la famille de l’élève, au prix de 26€ par

mois.

Dans le Var, un spectacle de fin d’année a lieu à l’opéra de Toulon, et les familles viennent y

assister. Des danseurs valides y participent.

Des stages sont créés à la carte, suite à la demande d’établissements spécialisés, quel que

soit le département. Ils se déroulent le plus souvent l’été. Les cours sont alors donnés de

manière intensive plusieurs heures par jour. Un spectacle est ensuite organisé, suivant les

désirs et potentialités de chacun.

Les stages se déroulent le plus souvent dans les établissements commanditaires, et à défaut

dans des salles louées à cet effet.

Les enseignants sont des professeurs de danse sensibilisés au handicap.

Formations

Deux formations sont dispensées.

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La formation pour professionnels valides a lieu deux fois par an. Elle est réservée aux

professeurs de danse déjà en exercice et aux artistes chorégraphes, et initie aux spécificités

de l’enseignement de la danse aux personnes handicapées (moteurs, mentaux, sensoriels).

L’autre formation s’adresse à toutes les personnes travaillant en association ou en structure

spécialisée s’adressant au public handicapé. Elle a pour objectif d’apprendre à enseigner

l’expression corporelle auprès du public handicapé. Cette dernière formation est incluse

dans le catalogue national des formations proposées par la fédération Handisport depuis

octobre 2002, et est dispensée par les responsables Handidanse-HELP du Var et des Alpes-

Maritimes au niveau national.

Financement

Le financement des associations Handidanse-HELP de la région se fait en partie par les

cotisations des adhérents.

Le Conseil Régional y participe tous les ans ponctuellement.

Les conseils généraux du Var et des Bouches du Rhône participent chaque année à hauteur

de 1000 à 1200€ chacun au fonctionnement de ces associations.

Le conseil général des Alpes Maritimes n’a jamais répondu favorablement aux demandes de

l’association du 06. La ville de Nice aide par contre cette dernière à hauteur de 2700€.

Les besoins

Les deux associations de la région sont dépourvues de locaux. Ceci complique fortement

l’organisation des cours.

L’association du Var louait ponctuellement l’année dernière les locaux d’un cours de danse,

au prix mensuel de 150€. Cette année, ce même cours accepte de l’héberger gratuitement.

Ce n’est forcément qu’une décision temporaire.

L’association des Alpes Maritimes a par ailleurs du mal a trouver des salles accessibles,

salles qui lui sont louées à des tarifs préférentiels par les municipalités.

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Conclusion

Freins à la pratique du sport en PACA : notre société est inadaptée

Dans la région, quels sont les freins que cette étude a pu identifier quant à la pratique du

sport ?

La plupart des freins identifiés sont liés non pas au sport mais à l’organisation de la société

en général, pas habituée et/ou pas adaptée aux handicaps.

Se déplacer : difficile et coûteux

Quel que soit le type de handicap, ne pas pouvoir se déplacer est un des freins principaux

identifié dans cette étude.

Pour les personnes handicapées mentales en établissement, les déplacements pour assister

à des rencontres le week-end sont compliqués car les moyens de l’établissement ne sont

pas toujours utilisables en dehors des temps d’accueil. Les familles ne sont pas toujours

présentes géographiquement ou psychologiquement, ou encore pas impliquées dans les

activités sportives de leur enfant (surtout s’il a atteint l'âge adulte).

Pour les personnes handicapées physiquement, on note, dans les diverses enquêtes

existantes, que « la population des sportifs a réglé le problème du transport, contrairement à

la population des non-sportifs, pour qui le transport reste le frein majeur à la pratique

sportive »18. En effet, la pratique des sports chez les personnes handicapées physiquement

est individuelle, sur le même mode que celui des valides. Il faut donc pouvoir se déplacer de

façon autonome pour accéder au lieu de pratique sportive.

Posséder une voiture adaptée est donc un impératif pour pratiquer un sport ! Car les

systèmes de transport en commun pour les personnes handicapées sont compliqués

d’accès, n’existent pas sur tout le territoire régional, et sont très coûteux pour une partie

d’entre eux.

Pouvoir accéder, oser accéder : la barrière sociale

Parler d’accessibilité pour les personnes handicapées mentales et physiques, c’est aborder

deux facettes d’un même problème.

18 Evelyne Breton, Diagnostic et perspectives institutionnelles sur les attentes des personnes handicapées en matière de sport dans les Bouches du Rhône, p. 53, mémoire de DESS Management du sport et des loisirs, Université de la Méditerranée, 2002.

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Pour les personnes handicapées mentales, pouvoir accéder à un lieu sportif ouvert à tous

les publics, c’est oser y aller, forcer l’humain ordinaire à cohabiter, forcer la mixité dans les

lieux publics. C’est par la répétition de ces actes que la société ordinaire s’habituera à la

présence des personnes handicapées, et pourra devenir réellement accessible.

Pratiquer un sport avec des personnes ordinaires, c’est aussi parfois supporter le regard de

l’autre sur soi, pas toujours valorisant. Là aussi, la personne handicapée habitue la société à

sa présence dans des lieux à partager.

Pour la personne handicapée physique, la question de l’accessibilité est plus ardue encore.

Si le handicapé rencontre quasiment les mêmes problèmes lié au regard de l’autre, s’ajoute

la question des barrières physiques qui s’opposent à sa progression mécanique. Les lieux

publics entièrement accessibles sont rares, certains sont accessibles pour partie (ce qui bien

souvent les rend tout aussi inutilisables), et la majorité des lieux sportifs ne sont pas

accessibles.

De plus, la pratique du sport pour les personnes handicapées physiquement est coûteuse,

car bien souvent elle nécessite des équipements spécifiques.

Rareté des enseignants du sport pour les personnes handicapées

Quel que soit le type de handicap, il apparaît difficile pour une personne handicapée de

pratiquer ou d’apprendre un sport avec un professionnel du sport formé au handicap : ceux-

ci sont très rares.

Pour les personnes en établissement, l’enseignement et la pratique du sport est

majoritairement le fait de personnel diplômé par le secteur médico-social, concerné

personnellement par le sport. Ces personnes sont parfois titulaires d’un brevet d’état

d’éducateur sportif spécialisé Sport Adapté ou Handisport.

L’activité sportive en établissement est parfois gérée par le service para-médical.

Hors établissement, au sein des clubs sportifs ordinaires, voire même dans les clubs de

personnes handicapées, les enseignants du sport sont très rarement spécialisés dans le

handicap19.

Ce qui freine l’enseignement de certains sports au public handicapé, ainsi que l’organisation

de stage en milieu sportif ordinaire, et l’ouverture de section « Handicap » dans les clubs

sportifs.

19 Ce manque a déjà été souligné en 1993 pour les Bouches du Rhône dans le rapport du groupe de travail sur l’intégration par le sport auquel participait les comités départementaux Handisport et sport adapté et la DRJS :« Le club ouvert comme processus d’intégration », Réseau d’échanges 13, 1993, p.27.

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Les formations spécifiques au handicap ont été parfois critiquées par nos interlocuteurs pour

leur coût trop élevé (exemple : 7 470€, soit 49 000Fr. pour un brevet d’état d’éducateur

sportif 1er degré option activités physiques et sportives adaptées -comprenant 7 modules de

formation pour un total de 360 heures et de 5 160€, et les frais d’hébergement pour 2 310€-).

Ces coûts peuvent être pris en charge par l’employeur dans le cadre de la formation

continue, par le C.I.F., les A.F.R. ou un contrat de qualification.

Faiblesse des financements

Les maigres budgets des associations sportives, qu’elles soient intégrées dans des

établissements spécialisés ou qu’elles soient des clubs à part entière, compliquent leur

fonctionnement.

Un grand nombre des associations que nous avons contactées n’ont pas de locaux en

propre, ou pas de locaux du tout, faute de pouvoir en payer les loyers. Elles sont alors soit

hébergées à titre gratuit (et donc de façon précaire et révocable) dans un établissement

spécialisé ou dans un club sportif tout public, soit installées au domicile d’un des membres.

Cela pose un réel problème quand l’association reçoit du public ou quand elle dispense des

cours dans des locaux spécifiques.

Ces faibles ressources financières ralentissent singulièrement la participation des membres

aux rencontres et championnats, pour lesquels le déplacement et l’hébergement

représentent des coûts bien supérieurs aux disponibilités.

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Un accès difficile à la culture en PACA

En l’absence de politique spécifique de la Direction

Régionale des Affaires Culturelles, les actions en

matière de culture sont le fait d’associations isolées,

menant une action volontariste d’intégration.

Les troupes de théâtre sont nombreuses à intervenir

dans et hors des établissements. Beaucoup

d’intervenants insistent sur les grandes capacités

artistiques de nombre de personnes handicapées

mentales . Ceci est d’autant plus important que la

diffusion des productions artistiques paraît être un bon

vecteur pour faire changer le regard de la société sur la

personne handicapée.

Rares par contre sont les expositions

muséographiques accessibles à des publics handicapés.

On notera l’absence d’une information centralisée sur

les lieux de culture accessibles au public handicapé, ou

sur les ateliers artistiques ouverts à ce public.

Beaucoup de ces associations ont des financements

aléatoires, certaines ont des locaux inadaptés à leur

activité. Des besoins en matériel coûteux (informatique

par exemple) sont difficiles à satisfaire.

Toutes les associations travaillant avec des personnes

handicapées physiques soulignent les problèmes liés au

transport.

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Chapitre 3

Un accès difficile à la culture en PACA

Cette étude nous a permis de rencontrer diverses associations oeuvrant exclusivement dans

le domaine de la culture, et intervenant pour tout ou partie de leur activité vers le public

handicapé. Toutes les associations recensées n’ont pas été interrogées, faute de temps.

Nous avons essayé de représenter tous les territoires de PACA, et les différents types

d’activités qui s’y pratiquent.

Nous avons aussi interrogé les cadres de la Direction Régionale des Affaires Culturelles,

pour faire le bilan de leurs actions dans le domaine du handicap.

La déclinaison régionale du schéma des services collectifs culturels

Ce schéma national détaille, pour chaque région, les priorités dégagées pour les vingt

années à venir20. Alors que le schéma national évoquait en une phrase la nécessité de

permettre la participation des personnes handicapées aux activités culturelles, rien de tel

n’est décliné au niveau de notre région.

La Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC)

La représentation en région du ministère de la culture a été consultée dans le cadre de cette

étude. Nous souhaitions savoir quelle était la déclinaison locale de la commission « culture

et handicap » et si la DRAC avait en direction des personnes handicapées développé des

actions spécifiques.

Nous avons eu des entretiens avec la quasi-totalité des responsables des grands services

culturels de la direction régionale.

Il ressort de ces entretiens que la DRAC n’a actuellement aucune action volontariste en

direction du public handicapé. Alors qu’il existe des conventions DRAC avec les hôpitaux ou

les prisons, rien n’est actuellement en cours en direction des personnes handicapées.

Les responsables de services connaissent assez peu les associations culturelles oeuvrant

pour les personnes handicapées. Il n’existe pas de ligne de crédit spécifique au handicap,

20 Voir plus haut

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comme il existe une ligne de crédits dite « culture à l’hôpital », dont profitent d’ailleurs deux

associations que nous avons interrogé plus loin, car elles interviennent aussi à l’hôpital.

Une partie des responsables interrogés ne connaissaient pas, lors de notre contact,

l’existence de la commission « culture et handicap » de leur ministère de tutelle.

Cependant, la majorité des personnes interrogées souligne ne pas avoir été saisie

récemment par des associations de personnes handicapées pour des collaborations ou des

subventions.

Les musées

PACA est la 1ère région de France par son nombre de musées : 110 musées classés et

contrôlés. Il n’existe aucun fascicule précisant les musées accessibles de la région.

Les monuments nationaux

Un site internet du ministère de la culture présente les monuments nationaux sur le territoire

français. Il précise pour chaque monument ses spécificités en matière d’accessibilité.

Sur les vingt monuments nationaux en région que nous avons repérés sur ce site, seuls

quatre monuments ont renseigné la rubrique « public handicapé ».

L’Abbaye du Thoronet met à disposition des documents en braille ainsi que des outils

pédagogiques tactiles. Il est aussi possible d’entrer en contact avec un conférencier pour

sourds. Enfin, il est spécifié que l’abbaye est accessible en fauteuil.

Les cathédrales Saint Sauveur à Aix et la cathédrale Notre-Dame des Doms à Avignon

permettent d’accéder à un conférencier pour sourds.

Enfin, le site archéologique d’Olbia, à Hyères, est accessible aux personnes en fauteuil.

Quelques associations diffusant la culture vers les personnes handicapées

Ces associations sont variées dans leur pratique culturelle.

Elles ont toutes été interrogées suivant le même guide d’entretien.

Les activités théâtrales

La pratique du théâtre est habituellement considérée comme ayant des vertus

thérapeutiques. Ce qui fait qu’elle est assez répandue dans les établissements spécialisés

accueillant des personnes handicapées mentales ou motrices, ou souffrant de troubles du

comportement.

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Certains établissements souhaitent, à l’occasion de cette pratique, nouer des liens avec

l’extérieur. C’est ainsi que certaines troupes théâtrales ont des ateliers spécialisés vers le

public handicapé.

Nous avons eu des entretiens avec quatre d’entre elles : le Grain de sable à Nice, Tétines et

Biberons à Aubagne, la Compagnie Les Ponts Levants à Martigues et Marionnettes des

Alpes à Gap.

Des entretiens ont ensuite eu lieu avec des associations dédiées à d’autres activités

culturelles.

Le grain de sable à Nice et Les Ponts Levants théâtre de Martigues : des compagnies tout public, et des créations avec des acteurs handicapés

Le grain de sable est une compagnie théâtrale, mais poursuit aussi des objectifs d’échanges

en direction des autres pratiques artistiques que sont la musique, la danse et les arts

plastiques.

Elle travaille en direction du jeune public, du public adulte, du public handicapé mental et du

public en difficulté sociale.

Parallèlement, cette compagnie mène un travail d’action culturelle, avec des ateliers de

pratiques artistiques, des festivals comme celui de « L’autre Emoi » qui brasse et fait

participer tous les publics, y compris celui de personnes handicapées mentalement ou

physiquement.

Concernant son travail avec des personnes handicapées, la compagnie du Grain de

sable met en place des ateliers hebdomadaires pour les établissements spécialisés qui en

font la demande, dans des salles municipales, au théâtre de Nice ou à la friche de Nice. Ces

ateliers sont alors réservés au public handicapé, et privilégient certaines composantes du jeu

théâtral comme la gestuelle lors d’un travail avec des personnes trisomiques par exemple.

Les établissements de l’ADAPEI 06, de l’APAJH 06, certains CAT ou foyers, mais aussi

l’éducation nationale (pour les CLIS) sont demandeurs de tels stages. Des spectacles

peuvent ensuite être présentés au public, comme en avril 2001, ou un CAT de Vence a

présenté « Les chevaux à la fenêtre » de Viesnic à la faculté de Nice.

Des personnes handicapées participent aussi à des spectacles « mixtes » qui mettent en

scène des individus « ordinaires » et des personnes handicapées, comme par exemple celui

de « La colonie pénitentiaire » de Kafka, représenté en 2000 lors du festival « l’autre Emoi »

de Nice.

La compagnie estime à 150 personnes le nombre de participants annuels à ses ateliers de

théâtre.

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La compagnie reçoit des subventions de la DRAC et de l’ARH (car elle travaille aussi dans

les hôpitaux).

Les Ponts Levants Théâtre est une compagnie à part entière.

Elle a une activité conventionnelle de représentation de pièces classiques du répertoire, et

en parallèle, une activité en lien avec la ville, où elle fait participer les habitants aux créations

théâtrales.

Depuis à peine un an, elle a mis en place des ateliers pour personnes handicapées

mentaux, à la demande d’un foyer pour adultes de la Chrysalide implanté en milieu urbain, à

Martigues.

Dix usagers participent à un atelier hebdomadaire (sur les 40 usagers de la structure), et ont

présenté leur spectacle au public le 9 novembre à Avignon, lors des rencontres européennes

théâtre banlieue. La distribution réunit 9 acteurs handicapés et 3 acteurs professionnels de la

compagnie. Cette pièce sera présentée à nouveau en décembre 2002 à Port-de-Bouc, puis

en mai et juin 2003.

Pour la saison prochaine, le même projet implanté va être reconduit, de nouveau avec des

personnes handicapées.

Le coordinateur de la troupe insiste sur la capacité des personnes handicapées à porter des

émotions, leur présence sur scène, en résumé : leur qualité d’acteurs. Il souligne aussi la

richesse de l’expérience, tant pour lui que pour les personnes handicapées : il parle de

synergie.

Si l’expérience est riche d’enseignements, elle semble peut profitable financièrement,

puisque la Compagnie a avancé le financement de la représentation d’Avignon, et espère

être dédommagée sur les subventions de l’année prochaine.

Tétines et biberons : des activités théâtrales quasi-exclusivement pour le public handicapé

Contrairement aux deux compagnies citées en exemple plus haut, cette compagnie se

consacre presque exclusivement au public handicapé ou en difficulté sociale. Elle considère

la pratique théâtrale comme un moyen de développement personnel et un instrument pour

changer le regard que porte la société sur le handicapé (« Le théâtre est un acteur social »

dit leur plaquette publicitaire).

Tétines et biberons intervient dans les établissements spécialisés qui en font la demande. Il

s’agit d’établissements pour enfants et pour adultes, dispersés sur tout le territoire régional .

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Des ateliers hebdomadaires axés sur l’expression théâtrale sont proposés, et ne donnent

pas lieu à la présentation de spectacles.

Des ateliers hors institutions , dits « d’intégration », accueillent et font travailler ensemble des

personnes d’horizons divers, à Avignon, à Marseille et à Aubagne. Ces ateliers ont été créés

à la demande de famille, et s’adressent soit à des enfants ou adultes handicapés mentaux et

valides, soit à des adultes handicapés physiques.

Toujours dans le cadre d’une intégration au monde ordinaire, certaines personnes

handicapées peuvent s’inscrire individuellement dans des ateliers de créations tous publics

pour participer au Carnaval de Marseille.

Cette association est aussi agréée organisme de formation professionnelle, en direction des

travailleurs sociaux souhaitant acquérir une qualification en matière de création et

d’animation théâtrales.

Sur une année, l’association compte 300 personnes handicapées participant à ses activités.

Le personnel d’encadrement est composé de comédiens professionnels et de travailleurs

sociaux.

Les financements dont bénéficie l’association sont variés, et variables selon les années. La

DRAC et l’ARH participent en finançant les activités d’animation à l’hôpital. Les collectivités

territoriales du 13 et du 84, les mairies d’Aubagne et Marseille ainsi que la Direction

départementale Jeunesse et Sports du 13 subventionnent Tétines et Biberons.

Ces subventions sont soumises à variation, ce qui rend le fonctionnement de cette

association un peu aléatoire, d’après ses déclarations.

Le théâtre de Marionnettes dans les Alpes

Cette activité est centrée sur la création de marionnettes et de spectacles les mettant en

scène.

Elle touche tous les publics.

Certains ateliers sont organisés en direction des personnes handicapées. Des stages sont

organisés avec le soutien de l’AGEFIPH et Cap Emploi. Leur durée est variable, d’une

semaine à un mois, voire quatre dans le cadre de stage de remobilisation.

Des ateliers ont lieu dans les locaux de l’association à Gap, ou dans les foyers de vie ou

d’hébergement, ou encore dans des instituts médico-éducatifs.

Une centaine de personnes participent chaque année à ces activités.

Les résultats de ces activités sont souvent satisfaisants, selon notre interlocuteur. Celui-ci

souligne cependant la solitude des personnes handicapées, leur difficile accès à

l’information, leur difficulté financière et le poids du regard des autres...

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Le spectacle interactif des « pas perdus »

La compagnie des pas perdus accueille quatre personnes lourdement handicapées

physiques qui participent pleinement au projet « un bon moment ». Il s’agit d’un spectacle

interactif de trois heures qui a été présenté l’année dernière à plusieurs reprises pendant un

mois à la Friche Belle de Mai à Marseille. Le spectateur est invité à déambuler sur l’espace

scénique, où il est mis en scène, provoque des activités et assiste à d’autres.

Ce projet est un des trois projets de la compagnie, qui travaille habituellement en direction

du monde ordinaire.

Cette collaboration avec des personnes lourdement handicapées existe depuis 1997, suite à

une intervention de la compagnie à la MAS Bellevue, où vivent toujours trois de ces

personnes.

La musique La puce à l’oreille, ou la musique abordable par tous

Cette association marseillaise promeut les activités musicales auprès des personnes

handicapées motrices, mentales ou polyhandicapées, quel que soit leur âge.

Leur activité se déroule dans leur local, mais aussi dans les écoles et centres pour

personnes handicapées. Le public est donc composé de personnes en établissements mais

aussi à domicile.

L’association estime à une centaine le nombre de bénéficiaires de ces activités.

Trois membres permanents (deux musiciens et un animateur multimédia handicapé) animent

la structure.

Des subventions publiques, la vente d’instruments adaptés au handicap et la formation

professionnelle auprès de travailleurs médico-sociaux représentent l’essentiel des revenus

de l’association.

L’association nécessite des locaux plus spacieux pour augmenter sa capacité d’accueil.

Elle a déjà contribué à équiper le conservatoire de Toulon et de Gap en instruments adaptés.

Une petite et jeune association pour les handicapés moteurs

Handicap moteur, loisirs et culture a six mois d’existence. Elle travaille actuellement avec un

groupe de 20 enfants et adolescents autour d’un atelier de pratique musicale, avec la

collaboration technique de « la puce à l’oreille ». Il s’agit d’un atelier qui a lieu un après-midi

par mois, actuellement hébergé à Marseille, au centre Saint-Thys. Cette association

recherche actuellement un local.

Elle reçoit des subventions de la mairie de Marseille et les cotisations des familles.

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Elle a des difficultés en matière de transport, car certains participants à l’atelier sont à

domicile. Cette association souhaiterait par ailleurs motiver des bénévoles à participer à

l’animation.

La créativité artistique Le Créahm Provence : créativité artistique et handicap mental

Le Créahm est une association déjà présente en Belgique, où elle est reconnue pour la

consécration d’un de ses comédiens, Pascal Duquenne, acteur au cinéma dans « Le

huitième jour ».

L’objectif du Créahm Provence est d’offrir aux personnes handicapées mentales la possibilité

de s’exprimer par la création artistique. Implantée depuis 1999 dans le Vaucluse,

l’association propose des activités théâtrales, musicales et de danse ainsi que des ateliers

de peinture, sculpture et arts forains (création de manèges et de baraques foraines).

Les activités s’organisent sous forme d’ateliers hebdomadaires voire bi-hebdomadaires ou

de stages de 5 à 10 jours (le public est alors exclusivement composé de grands adolescents

et de jeunes adultes). Les activités du samedi sont le fait des travailleurs de CAT.

Des tournées peuvent être organisées, si les spectacles sont demandés, qui favorisent

l’autonomie chez les participants. Dans ce cadre, l’intégration n’est pas un objectif mais une

conséquence du travail artistique.

D’une façon générale, les personnes bénéficiant de ces activités sont handicapées

mentalement et ont entre 15 et 60 ans, et sont pour moitié résidentes en établissements,

pour moitié à leur domicile, selon les déclarations de son directeur.

Les activités se déroulent toujours hors des établissements spécialisés.

Une centaine de personnes sont inscrites aux ateliers, mais un public plus large est atteint

grâce aux stages. L’essentiel des bénéficiaires viennent du Vaucluse, des Bouches du

Rhône et du Gard.

Dix permanents composent l’équipe du Créahm ; leur formation est essentiellement

artistique. Quelques intermittents du spectacle viennent renforcer l’équipe sur des thèmes

spécifiques.

Les financements dont dispose le Créahm sont divers.

Le conseil régional participe à hauteur de 6 100€ (sans compter les subventions de

fonctionnement liées aux emplois et au tutorat) ; le conseil général du Vaucluse à hauteur de

7 630€ ; la municipalité de l’Isle sur Sorgue, qui accueille sur sa commune l’association, à

hauteur de 12 200€. La Fondation de France apporte un soutien au « projet Fanfare Big

Band» pour 18860€. La DRAC contribue à hauteur de 4 574€.

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Le Créahm a par ailleurs le projet d’implanter un CAT artistique dans le département du

Vaucluse.

L’art pour non voyants, malvoyants et biens voyants ! Artesens, l’éveil artistique par les cinq sens

Cette association crée des expositions accessibles aux mal et non-voyants ainsi qu’à tous

les publics. Ces expositions mettent en avant essentiellement le toucher et l’odorat, par une

approche pédagogique et vivante, parfois même ludique.

Ces expositions sont itinérantes, et ont pu être vues dans des musées, des galeries, des

centres culturels, ainsi que dans les salles de la communauté du pays d’Aix, d’où

l’association est originaire. Par exemple, un parcours sensoriel et ludique « Touches et notes

de lumières » a ouvert au public en novembre 2002 au musée de Saint-Tropez, l’exposition

« L’arbre aux essences » tourne actuellement dans le pays d’Aix, et l’exposition

« Sensations de nature avec Cézanne » part pour Vilnius (Lituanie) et le musée des Beaux-

Arts de Reims en 2003.

L’association arrive en moyenne à créer une exposition par an, et évalue le nombre de

personnes qui ont pu les voir en une année moyenne à 10 000 personnes. Le personnel de

cette association est très restreint : sa responsable et un contrat CEC à mi-temps, auxquels

s’ajoutent quelques personnes en CDD animant ou installant les expositions. Pour

information, la responsable de cette association a travaillé à la cellule accessibilité de la Cité

des Sciences et de l’Industrie, par ailleurs reconnu comme un des musées les plus

accessibles de France.

Le public est très varié : le public scolaire, les établissements spécialisés pour mal voyants,

comme l’établissement Arc en ciel, Valentin Haüy, la Croisade des Aveugles,etc... auxquels

peuvent s’ajouter le public habituel des expositions en musée ou en galerie.

Cette association, dont les expositions sont d’un très grand niveau de qualité, bénéficie de

financements du ministère de la culture, du conseil régional (environ 12000€ en 2002), du

conseil général des Bouches du Rhône (9 000€ environ), du rectorat d’Aix (1 500€ environ),

d’autres partenaires privés, et de Valentin Haüy et de la Croisade des aveugles.

L’association a de grands besoins financiers, car ses expositions sont très coûteuses à

créer, à déménager et à mettre en place.

Par ailleurs, ce concept de musée itinérant gagnerait à être localisé en un lieu ouvert,

associé à une autre structure culturelle reconnue.

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Handicap amitié culture : pour l’accès à la culture des personnes handicapées

L’action de l’association Handicap amitié culture est de rendre accessible la culture aux

personnes handicapées (essentiellement handicap physique et sensoriel), vivant à domicile.

HAC organise des rencontres culturelles, des conférences, des diners-débats, des visites de

musées essentiellement sur Marseille et ses environs, des sorties, environ une fois par mois.

Elle poursuit aussi des objectifs plus larges d’intégration sociale par la participation à la vie

culturelle.

Le Cercle international d’étude, de rencontre et de solidarité (CIERS), créé sous le

patronage de Elie Wiesel, est un des outils d’insertion de HAC. Il a pour vocation de

développer l’expression littéraire pour exprimer la souffrance. Ce cercle est aussi un lieu

d’échanges entre personnes exclues, qui peuvent alors reprendre la parole, y être reconnues

en tant qu’êtres à part entière.

Des ateliers hebdomadaires ont lieu dans le local de l’association à Marseille (deux activités

manuelles).

Notre interlocuteur souligne la nécessité de rompre l’isolement des personnes handicapées

à domicile, de créer un réseau de connaissances inter-personnelles. Les actions d’HAC

débordent du cadre purement culturel vers le domaine social. Par exemple, les sorties sont

facilitées grâce à quelques accompagnateurs bénévoles qui aident aux déplacements des

personnes handicapées physiques dans la vie quotidienne.

Pour l’association, une intégration est réussie quand la personne a pris goût aux activités de

l’association et qu’elle réalise elle-même la démarche de participer aux activités culturelles

sans l’association.

HAC est financée par le conseil général 13 et le conseil régional. Elle perçoit aussi les

cotisations des adhérents et quelques dons.

Mais l’association dit manquer de moyens.

En terme de personnel, l’association souhaiterait pouvoir rémunérer d’autres personnes que

son seul emploi-jeune. Par ailleurs, elle nécessite un véhicule qui permettrait aux membres

de HAC de se déplacer en petits groupes à moindre coût, de façon à ce que l’accès à la

culture puisse se faire au même coût que pour les personnes non handicapées.

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Conclusion

La culture, un secteur cloisonné à ouvrir aux personnes handicapées

Pas d’information centralisée

En l’absence d’une politique régionale de la DRAC, les activités culturelles sont souvent

issues d’initiatives isolées de personnes volontaires. Le cloisonnement qui semble exister

entre chaque activité culturelle favorise cet isolement.

Avoir accès à une information globale destinée aux personnes handicapées en matière de

culture est donc relativement difficile.

Faire évoluer les regards

Le théâtre est certainement l’activité la mieux représentée. Mais l’isolement qui existe dans

la pratique culturelle, qui fait que chaque troupe travaille de son côté, ne permet peut-être

pas de partager les acquis de chacun.

Tous ces artistes qui travaillent pour les personnes handicapées sont en tous cas conscients

de faire évoluer le regard porté sur la personne handicapée. En contre partie, ces pratiques

aident aussi la personne handicapée à s’affranchir du regard des autres.

Certains ont souligné la difficulté à être programmé dans des festivals ou dans des salles

tout public, malgré les capacités artistiques de certains handicapés.

Les besoins des associations

Les personnes interrogées ont été moins revendicatives dans l’expression de leur besoin

que les associations sportives.

Elles ont peu soulevé leur problème de financement, ce qui ne signifie certainement pas

qu’elles n’en ont pas ! Seules deux associations ont souhaité des financements plus sûrs

dans le temps. Une autre souligne la faiblesse de ses moyens.

Comme pour les associations sportives, des problèmes de locaux sont rencontrés, soient

qu’il sont inadaptés, soit qu’ils sont inexistants.

Deux associations ont des dépenses très élevées en matériel informatique, qui assiste la

création artistique de personnes lourdement handicapées, et ont des besoins en la matière.

Pour ces mêmes personnes lourdement handicapées, la disponibilité et l’exactitude aux

rendez-vous du GIHP pose problème. D’autres soulignent leurs difficultés et le surcoût liés

au transport.

Deux association souhaitent plus de moyens humains.

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Les loisirs : une pratique excluante ou incluante ?

Une grande partie des activités de loisirs proposées par

les associations de personnes handicapées ont souvent

lieu dans les locaux associatifs. Ceci fait perdre aux loisirs

leur potentiel d’intégration sociale.

Les grandes associations gérant des établissements

pour personnes handicapées ont aussi tendance à

décliner la majorité de leurs loisirs en interne, ce qui freine

l’intégration sociale de leurs usagers.

Le bénévolat est très présent dans le secteur des loisirs

pour personnes handicapées. La majorité des

associations fonctionne avec du personnel peu qualifié.

Lorsque les personnes sont salariées, il s’agit d’emplois

aidés.

Le transport des personnes reste un problème présent

pour l’accès aux loisirs, à la fois en terme de disponibilité

et de coût.

Les séjours en centre de vacances et de loisirs pour

enfants et adolescents doivent être, selon les souhaits de

la Direction Régionale de Jeunesse et Sports, accessibles

à tous les publics. Cependant, accueillir un ou plusieurs

jeunes handicapés nécessite un encadrement

supplémentaire, donc un surcoût.

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Chapitre 4

Les loisirs : une pratique excluante ou incluante ?

Parallèlement aux activités purement culturelles ou sportives se créent des

associations où peuvent se mêler le sport, la culture et d’autres types de loisirs, tels

l’informatique, des sorties entre amis, des promenades. Ces associations sont soit des

associations indépendantes, soit liées à de grandes associations de personnes handicapées

ou de familles de personnes handicapées.

Nous présenterons le mode de fonctionnement de quelques associations indépendantes de

PACA dans un premier temps, puis nous évoquerons ensuite deux grandes fédérations :

l’Association des Paralysés de France (APF) et l’Association départementale des Amis et

Parents des Personnes Handicapées Mentales (ADAPEI) et leurs activités dans les

départements de la région. L’APAJH de Marseille nous a aussi décrit ses activités de loisirs,

ainsi que l’association Valentin Haüy de Nice.

Enfin, dans une dernière partie, nous présenterons l’action menée depuis 2000 par la

direction régionale du ministère Jeunesse et Sports en matière de loisirs.

Les associations de loisirs indépendantes

Handi Cap Evasion

Cette association existe dans de nombreux départements de France. Nous avons contacté

l’association des Alpes de Haute-Provence, implantée à Manosque.

L’association propose à des personnes handicapées physiques de tous âges des

randonnées en montagne, des randonnées « littéraires » dans la région, et des ateliers

d’écriture et de peinture dans le local de Manosque (centre Jean Giono).

Ces activités se déroulent approximativement une fois par mois. Seules les randonnées

littéraires sont plus rares, de l’ordre d’une fois par trimestre. Sans pouvoir chiffrer le nombre

exact de participants à ces activités, l’association organise environ 150 journées d’animation

par an, regroupant personnes handicapées et accompagnateurs valides.

La majorité des personnes handicapées vivent à domicile, quelques unes sont en

établissement.

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70

L’association salarie un animateur.

Concernant le financement, l’association bénéficie de subventions publiques et de sponsors,

des cotisations de ses membres et d’un auto-financement par certaines manifestations.

L’association n’a pas pour objectif principal l’intégration, mais souhaite rendre accessible aux

personnes handicapées la montagne et la beauté de ses paysages.

L’association a des besoins financiers afin d’entretenir le matériel de randonnées et des

besoins en accompagnateurs, afin d’assurer les randonnées.

L’association est en partenariat (ou en contact) avec les Cannes Blanches (aveugles et

malvoyants), le centre d’accueil spécialisé de Forcalquier, le SESSAD de St Auban, l’APF de

Gap et de Nice et l’hôpital de Banon.

L’informatique

L’informatique est une activité très demandée et pratiquée par un grand nombre de

personnes handicapées.

Nous avons rencontré le président du Club Informatique pour l’Insertion des Personnes

Handicapées (C.I.I.P.H.) au forum du Handicap. Il nous a présenté sa structure.

Le club est un lieu ouvert, qui fait office de cyber-café, anime des ateliers informatiques

ouverts à tous les publics (handicapé ou non), fait de la formation (par exemple, une

formation de webmaster), et aide à la recherche d’emploi.

Des adultes y sont accueillis, mais aussi des centres aérés ou des enfants de Maison

d’Enfants à Caractère Social (MECS). Seules les personnes handicapées mentales sont

exclues.

Les activités se déroulent à Marseille, dans le 1er arrondissement, 5 jours par semaine, avec

des nocturnes et une ouverture le samedi.

Le président estime qu’entre 50 et 100 personnes bénéficient des activités décrites plus

haut. Trois emplois-jeunes et un CES participent à la bonne marche de l’établissement.

Diverses aides permettent son fonctionnement. Le conseil régional participe par le biais de

ses emplois-jeunes, et une convention est en cours concernant les actions de formation. La

mairie de Marseille et le conseil général 13 financent aussi pour partie les activités du club.

Un projet est en cours avec la DDJS. Des dons en provenance d’une fondation suisse et de

personnes privées complètent l’enveloppe.

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Le but de l’association est double : insérer les personnes handicapées dans le monde

ordinaire via l’outil informatique, et donner de l’énergie (« booster les autres ») aux

personnes handicapées en recherche d’emploi.

Ses besoins sont double :

• besoins de financement et de bonnes volontés pour assurer la continuité des actions

• besoins de moyens de transports pour permettre aux handicapés de se déplacer à

moindre coût.

Les loisirs dans les grandes associations à représentation nationale

Les grandes associations de personnes ou familles de personnes handicapées organisent

pour leurs membres des activités de loisirs. Elles peuvent organiser elles-mêmes des

rencontres sportives, des visites culturelles, des ateliers divers, ou se comporter en

« consommatrice » d’animations. Elles s’adressent alors à des associations sportives,

culturelles ou de loisirs comme celles que nous avons présentées plus haut.

Voyons dans le détail quelques exemples.

Le secteur loisirs de l’APAJH des Bouches du Rhône

Pour le responsable du secteur loisirs, l’APAJH est l’équivalent d’une MJC pour adultes

handicapés. Son local est implanté dans le centre-ville de Marseille.

Des ateliers d’alphabétisation, de poterie, d’art plastique, d’informatique ont lieu une fois par

semaine le samedi, dans le local du centre ville (d’une capacité limitée à 19 personnes).

L’équitation se déroule à l’extérieur, et des sorties piscine ont lieu tous les mercredi. Une fois

par mois, une soirée dansante est organisée.

Le secteur loisirs de l’APAJH accueille un public de 18 ans à 70 ans et toute catégorie de

handicaps. Une partie des personnes inscrites aux activités est en attente de place en CAT.

Les personnes membres n’ont aucune obligation de participer aux activités, certaines

utilisent le local comme lieu d’échanges et de rencontres.

L’association estime recevoir dans le cadre des activités de loisirs environ 180 personnes qui

participent aux activités à la journée, et environ 500 personnes le week-end (total annuel).

L’ensemble du personnel d’animation est bénévole durant toute l’année.

L’association est subventionnée par le Conseil Général et le Conseil Régional (pour

l’équipement). Elle perçoit les cotisations d’adhérents et la recette des activités payantes,

ainsi que des dons de particuliers.

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L’association estime que les participants s’épanouissent grâce aux activités et que

l’intégration sociale ne peut réussir que si la personne est suffisamment épanouie.

Dans le cadre d’activités « intégrantes », l’association a participé au carnaval de la différence

à Nîmes (mars 2002). Son objectif est de « faire changer le regard des gens » par ces

sorties en milieu ordinaire.

On regrettera que le local ne soit pas accessible en fauteuil.

L’association utilise cependant les services du GIHP, et précise qu’elle rencontre des

problèmes quant au respect des horaires prévus.

On notera donc en conclusion que l’APAJH fonctionne surtout en interne pour sa section

loisirs, et ne fait appel aux ressources extérieures que pour l’équitation.

L’association Valentin Haüy de Nice

Cette association au service des aveugles et malvoyants est représentée dans de nombreux

départements de France. Nous avons rencontré le responsable de la section niçoise.

A Nice sont proposées des activités sociales et culturelles telles l’apprentissage du braille,

l’aide à la locomotion, des visites de musées, des conversations en anglais, un atelier

informatique ainsi qu’une bibliothèque sonore et des séances cinéma.

Des activités sportives sont aussi proposées par l’association, qui utilise à l’occasion les

moyens d’Handisport. Il s’agit de musculation, de gymnastique, de tandem, de torball, de ski

de fond ou de raquettes, de tir à la cible ou de natation. Des promenades et des randonnées

(accompagnées par un guide professionnel) ont lieu une à deux fois par mois.

En terme de loisirs, des réunions et des soirées dansantes ont lieu à l’association, ainsi que

des ateliers hebdomadaires de vannerie et tricot.

Le public accueilli a plus de 15 ans, sans limite supérieure.

La plupart des activités se déroulent au local de l’association, dans des salles municipales

sportives de Nice et Cagnes, à Antibes (pour les stages de sport) et dans l’arrière pays

niçois pour les randonnées.

Le nombre de personnes qui profitent des activités dans l’année est imprécis, l’association

estime que sur chacune des activités 15 personnes en moyenne participent.

L’ensemble du personnel qui encadre les activités est bénévole. Cependant, l’association

accueille des stagiaires diplômés de STAPS (formation universitaire pour les futurs

enseignants d’éducation physique).

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Le public est issu à 95% de personnes vivant à domicile et à 5% des établissements et des

écoles.

Concernant le financement, l’association dispose à 80% de dons et de legs de particuliers.

Des subventions publiques proviennent de la mairie de Nice et du Conseil Général 06.

L’association est un centre de ressources pour son public. Les activités proposées visent à

favoriser l’intégration sociale. Cette intégration se réalise cependant au cas par cas et passe

nécessairement par l’autonomisation, premier objectif de l’association.

L’association Valentin Haüy dit rencontrer des difficultés de communication externe : elle a

du mal à se faire connaître. Il lui est également difficile de garder des bénévoles. En effet, les

personnes désirant faire du bénévolat ont du mal à supporter le contact avec le public

aveugle.

En conclusion, on rappelle que cette association utilise les ressources de la fédération

départementale Handisport. Elle travaille aussi avec le GIHP de Nice, et d’autres

associations comme art’image (pour les animations cinéma) ou les donneurs de voix (pour la

constitution de documents sonores).

Les ADAPEI 04, 05, 06, 83

Les activités de loisirs peuvent être organisées par l’ADAPEI ou « consommées à

l’extérieur » auprès de producteurs de loisirs comme sport adapté ou des organisateurs de

séjours. Prenons l’exemple d’un foyer d’hébergement dans les Alpes Maritimes, qui décrit les

loisirs de ses résidants dans son rapport d’activité annuel. Comme chaque année, ce foyer

organise des activités de loisirs destinées entre autres objectifs, à faire participer les

résidants à la vie culturelle et sociale de la région cannoise. Dans la description des activités,

on notera cependant une tendance plutôt inverse.

Une activité ping-pong est organisée de façon hebdomadaire dans une partie du complexe

de restauration du foyer, encadrée par deux animateurs et ponctuellement de deux

personnes extérieures. Des tournois s’organisent parfois entre établissements.

Le football est très pratiqué, et donne aussi lieu à des rencontres inter-établissements.

L’équitation, jusqu’en 2000, était pratiquée de façon classique, en club. Depuis 2001, cette

activité se déroule toujours à l’extérieur, mais a évolué vers des promenades à la journée.

L’éveil musical est pratiqué dans l’établissement, de même que les ateliers informatiques,

qui ont lieu deux fois par semaine. Enfin, le foyer ouvre deux fois par semaine un bar dans

l’espace restauration du foyer. Dans la cuisine a lieu tous les mois une activité cuisine .

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74

Le foyer fait appel à des organismes extérieurs pour organiser les vacances annuelles des

deux tiers de ses résidants.

Un autre foyer, implanté dans la ville de Nice, observe le même type de fonctionnement,

légèrement moins refermé sur la structure, par la venue d’intervenants « théâtre » de

l’extérieur. Cette légère ouverture peut être reliée à son implantation urbaine. Les séjours de

vacances sont de la même façon confiés à des prestataires extérieurs.

Dans le Var, l’organisation des loisirs est, de la même façon, partagée entre les activités

organisées par les établissements, les rencontres inter-établissements, et les activités

externes. Dans le cadre sportif, l’ADAPEI 83 travaille avec le comité départemental de Sport

Adapté.

Dans les Alpes de Haute Provence, le fonctionnement est similaire : l’association organise

des activités dans l’établissement et « consomme » des activités à l’extérieur !. Elle est en

contact avec sport adapté.

L’association des Paralysés de France

Cette très puissante et dynamique fédération est présente dans tous les départements de

PACA. Nous avons pu nous entretenir avec la quasi-totalité de ses représentations locales.

Ces représentations travaillent en direction des personnes souffrant de handicap moteur. La

majorité de leurs membres vivent à domicile, une partie vit en établissement (foyer de l’APF,

mais aussi d’autres fédérations). Les APF de la région offrent des activités de loisirs et

sportives à leurs adhérents. L’APF 04-05 est plus portée vers les activités sportives, tandis

que celle du Vaucluse est plus culturelle. Les APF des Bouches du Rhône et des Alpes

Maritimes mélangent les deux types d’activités. Cependant, le responsable marseillais

souligne sa difficulté à organiser des activités culturelles, vu le faible nombre de participants.

Les visites de musées, ateliers de travaux manuels ou d’art plastique sont organisés en

interne. Les activités théâtrales se déroulent souvent dans les locaux de l’APF, avec un

intervenant extérieur.

Les activités sportives ont lieu en majorité par l’intermédiaire de clubs handisport.

Les activités s’organisent sur une périodicité hebdomadaire le plus souvent.

Selon l’implantation locale de l’APF, les activités concernent un grand nombre de personnes

(plus de 150 dans les Alpes maritimes ou la section 04-05) ou un nombre moindre (25 dans

le Vaucluse).

Le personnel d’animation est souvent bénévole et non qualifié. Seul l’antenne des Bouches

du Rhône bénéficie de la présence d’un animateur diplômé (BEATEP). D’autres antennes

ont des animateurs non qualifiés et salariés. Lorsque cela est perçu comme nécessaire,

l’association fait appel à des intervenants qualifiés à l’extérieur, qui interviennent dans les

locaux des APF.

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75

Les antennes locales de l’APF soulignent toutes les problèmes d’accessibilité physique

rencontrés par leurs adhérents, frein à l’intégration.

Deux antennes soulignent leur difficulté de transport. Les transports en commun restent

quasi-inaccessibles, les minibus sont chers, et la disponibilité des chauffeurs est variable

selon les heures de la journée.

Pour information, le GIHP de Marseille demande que les courses soient réservées 48 heures

à l’avance et ne fonctionne pas le soir.

En conclusion, l’APF en région se comporte en producteur de loisirs, et en consommateur de

loisirs et de sport. On note que les loisirs ont tendance à s’organiser dans les locaux

associatifs, diminuant ainsi le potentiel d’intégration sociale que ces activités comportent.

Plan d’action 2001-2004 de la Direction Régionale Jeunesse & Sports pour l’intégration des handicapés en centre de vacances et de loisirs

Comme cela a été décrit plus haut, les personnes handicapées peuvent avoir recours à des

organismes spécialisés dans l’organisation de séjours de vacances. Lorsqu’il s’agit de séjour

pour enfants et adolescents, les organisateurs doivent recevoir l’agrément de la DRJS pour

fonctionner. C’est pourquoi nous nous sommes intéressés à la politique menée

régionalement par ce service déconcentré de l’Etat.

La politique régionale du ministère Jeunesse et sports en matière de handicap s’inscrit dans

la ligne nationale présentée dans le chapitre 1.

Faisant suite à des difficultés rencontrées en été 1999 et 2000, lors de séjours de vacances

organisés en région PACA, la DRJS de PACA a décidé de travailler sur le thème de

« l’intégration des handicapés en centres de vacances et de loisirs (C.V.L.) », afin de

permettre à tous l’accès aux centres de loisirs dans des conditions équivalentes.

L’état des lieux de la DRJS dans les centres de vacances et de loisirs

La consultation dans les C.V.L.

La DRJS a procédé à un état des lieux fin 2000, pour recenser les difficultés et les

questionnements liés à l’accueil de personnes handicapées dans les centres de vacances et

de loisirs.

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Des difficultés concrètes sont évoquées par les équipes :

-défaut d’information sur la présence de jeunes handicapés auprès de l’équipe d’animation ;

-sous-information de l’équipe sur la spécificité des contraintes liées au handicap ;

-difficulté à joindre famille ou tuteur pendant le séjour.

L’enquête dans les C.V.L.

La DRJS a ensuite tenté d’évaluer le nombre de jeunes handicapés accueillis en centre de

vacances en PACA. Elle a procédé pour cela à une enquête envoyée à l’ensemble des

centres de vacances de la région. Seuls 10% ont répondu ; leurs réponses ont été

analysées21. Parmi les répondants, la moitié n’ont eu aucun inscrit en situation de handicap ou en difficulté sociale. D’autres ont été sollicités pour un tel accueil, mais n’ont pas pu y être favorables pour les raisons suivantes (ordonnées selon leur fréquence) : -structures inadaptées (environ 10%), -problèmes d’accessibilité aux locaux (environ 6%), -manque de moyens humains (environ 5%) Sur l’ensemble des 400 centres répondants, les enfants handicapés représentent environ 2% du public accueilli. 44% des handicapés accueillis sont de jeunes handicapés mentaux, 40% sont atteints de handicaps physiques, le solde étant affecté par les deux types de handicap.

Les actions en cours dans la région

Simultanément à ce bilan, et dans le cadre de son action volontariste, la DRJS de PACA a

mis en place un certain nombre d’actions.

Groupe de travail

Dès octobre 2000, la DRJS a réuni à plusieurs reprises au sein d’un groupe de travail, les

principales associations organisatrices de séjours de vacances de la région (pour mémoire,

on citera : le CPCV, la FAIL 13, la FDFR 04, Francas, Guide de France, Horizon Vacances,

l’IFAC, IFOREP, la JPA, Léo Lagrange, LPM, MSA, Secours Catholique, Scouts de France,

l’UFCV).

Chacune y a présenté les difficultés rencontrées lors de la présence d’enfants handicapés, et

a participé à l’élaboration d’un document visant à faciliter l’accueil des jeunes handicapés,

destiné aux directeurs et animateurs de centres de vacances et de loisirs.

Ces rencontres ont permis de sensibiliser l’ensemble des organisateurs de séjours à la

question de l’accueil des jeunes handicapés en centre.

21 Nous ne pouvons rien affirmer quand à la fiabilité de cette enquête, faute de renseignements concernant sa méthodologie.

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L’objectif de la DRJS est de rendre accessible tous les séjours aux jeunes handicapés, de

façon à éviter leur « ghettoïsation » dans quelques centres de vacances. Cette politique

s’accorde avec celle du ministère.

La formation

Pour rendre possible l’accès des jeunes handicapés à tous les centres de vacances, la

DRJS a décidé de mener une politique de formation.

En effet, certains organisateurs témoignent de la réticence de directeurs ou animateurs de

centre de vacances à accueillir des enfants handicapés. L’équipe considère parfois qu’elle

travaille « en tant qu’animateur et non en temps qu’éducateur spécialisé ».

Un module de formation de type B.A.F.A. (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur)

« Loisirs et handicap » a été mis en place en 1977 par la DDJS du Vaucluse et l’association

Léo Lagrange, qui organise une formation par an.

Cependant, cette formation reste très peu demandée (environ 5 demandes par an), et ce

essentiellement par un public se destinant à travailler dans le secteur médico-social.

Ainsi, l’objectif de sensibiliser les animateurs à la question du handicap n’est pas atteint.

C’est pourquoi la DRJS prévoit pour l’année 2002-2003 d’intégrer à toutes les formations

BAFA et BAFD (Brevet d’Aptitude aux Fonctions de Directeurs) un module de deux heures

de sensibilisation aux handicaps. La DRJS pourra alors mettre en œuvre le guide

méthodologique de sensibilisation à l’accueil des jeunes handicapés publié par son ministère

en avril 2002 présenté au chapitre 1.

Cependant, il faut souligner que la seule accessibilité physique aux centres est loin d’être

assurée.

Un guide pour favoriser l’intégration

Comme évoqué plus haut, le groupe de travail réuni par la DRJS a produit un guide pour

faciliter « l’intégration des enfants et des jeunes handicapés dans les centres de vacances et

de loisirs ». Il est destiné aux directeurs et animateurs de centres de vacances et de loisirs

déjà en fonction.

Ce document énumère quelques préconisations visant à favoriser l’intégration d’un enfant

handicapé, puis présente les spécificités des principaux handicaps sensoriels, physiques et

mentaux, et la conduite à tenir pour les animateurs.

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Le guide a été distribué à partir de juin 2002 à tous les directeurs de centres de vacances et

de loisirs de la région PACA.

Il est actuellement en évaluation et fera probablement l’objet de modifications.

Mallette pédagogique de sensibilisation au handicap

La DRJS et le Centre de Recherche et d’Information sur la Littérature pour la Jeunesse ont

réuni dans une mallette pédagogique, une sélection de 13 livres pour enfants et adolescents

sur et autour du handicap.

Ces ouvrages doivent permettre aux animateurs de s’informer sur le handicap et devront

ensuite servir d’outils pédagogiques dans l’animation des centres de loisirs et de vacances.

Ces livres sont mis à disposition des directeurs de séjours sur demande.

Le témoignage d’un organisateur de séjour

Dans le cadre de l’étude, nous avons interrogé un organisateur local de séjour. Son

organisme met en place des séjours pour enfants et adultes, handicapés et non handicapés.

Cet organisateur souligne la difficulté d’organiser des séjours pour personnes handicapées.

Il met en place le plus souvent des séjours exclusivement pour personnes handicapées. Il

remarque que souvent le directeur du séjour est amené à gérer des situations difficiles car il

existe un déficit d’information sur la personne handicapée, et en particulier sur son degré

d’autonomie.

Les séjours en intégration sont très complexes à organiser, car la présence d’une ou

plusieurs personnes handicapées a nécessairement une répercussion sur le coût du séjour.

Il faut en effet augmenter le nombre d’animateur, et éventuellement trouver un personnel

ayant la double compétence BAFA-médico-sociale. Or, qui doit payer ce surcoût, qui serait

de l’ordre de 600€ (pour un séjour quasiment de même tarif) ? Est-ce à la famille ? Que faire

si elle n’en a pas les moyens ?

Ainsi, il est difficile de mettre en pratique la politique de la DRJS de rendre accessible à tous

les séjours en CVL. La question du coût doit être résolue pour que l’organisateur puisse

assumer le surcoût lié à la présence d’une ou plusieurs personnes handicapées dans un

séjour tout public. Car il est clair que la famille n’est pas forcément à même de prendre en

charge ce surcoût.

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79

Conclusion

Les loisirs : le risque de l’exclusion

Loisirs : excluants ou incluants ?

Pratiquer ses loisirs de façon mixte, en faisant cohabiter personnes « ordinaires » et

personnes handicapées, n’est pas forcément une pratique répandue.

On s’aperçoit qu’une grande partie des activités dites de loisirs sont pratiquées au sein

d’associations spécifiquement dédiées au handicap. Cela s’explique en partie par le fait que

certaines de ses activités sont faciles à organiser sur place, dans le local des associations,

qu’elles sont souvent peu coûteuses et ne nécessite pas forcément de qualifications

particulières de la part des animateurs. On regrettera donc qu’une partie des loisirs offerts ne

soit pas plus systématiquement « sous-traitée » auprès d’associations tous publics,

implantées dans le monde ordinaire. Cela favoriserait cette mixité sociale, étape nécessaire

pour aboutir à l’intégration. Seules les activités sportives sont souvent organisées à

l’extérieur, du fait des infrastructures probablement.

Quand aux séjours de vacances, ils posent différentes questions. Si le séjour n’est qu’un

transfert d’un établissement dans un autre lieu, il n’a guère de vertu intégrative. S’il s’agit

d’un séjour dont le public est uniquement composé de personnes handicapées d’horizons

divers, il permet à chacun de s’adapter à un nouvel environnement, à de nouvelles

personnes. Le souhait de la DRJS de rendre accessible tous les CVL aux personnes

handicapées, nous l’avons vu, est de réalisation difficile, et nécessite des aménagements

financiers. Ce souhait se réalisera peut-être plus tard, une fois que le travail de

sensibilisation au handicap sera plus avancé.

Le personnel d’animation

Il est aussi important de souligner que les activités de loisirs sont le plus souvent encadrées

par des personnes bénévoles non qualifiées, plus rarement par des emplois aidés et non

qualifiés, et exceptionnellement par des emplois qualifiés et salariés.

Ces questions de qualification et de coût des personnels est aussi posée lors de

l’organisation de séjours de vacances ouvert à tous.

Le coût du transport

Les associations ont à nouveau souligné la difficulté de transport. Les services de transport

spécifiques subventionnés ne satisfont pas toujours les utilisateurs, leur utilisation étant très

contraignante, et leur fiabilité est mise en cause. La question des transports est encore plus

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prégnante pour des personnes ne résidant pas dans une ville dotée d’un service de transport

subventionné dédié aux personnes handicapées. En conséquence, les personnes

rencontrées regrettent que la culture et les loisirs ne soient pas accessibles au même prix

pour les personnes valides et les personnes handicapées.

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Les politiques des collectivités et des municipalités

Ces politiques sont très délicates à évaluer, si l’on ne

possède pas la totalité des documents comptables des

collectivités. Ces documents permettraient d’évaluer en

terme financier, au-delà des discours politiques, la réalité

de l’engagement.

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83

Chapitre 5

Les politiques des collectivités et des municipalités

Les conseils généraux

Nous avons tenté d’évaluer les politiques des conseils généraux en matière d’accès au

sport, aux loisirs et à la culture des personnes handicapées.

Pour ce faire, deux directions ont été suivies.

Nous nous sommes d’abord renseignés auprès des conseils généraux eux-mêmes, pour

évaluer le montant des aides et subventions versées à des associations travaillant dans le

domaine du sport, des loisirs ou de la culture, en direction des personnes handicapées. Tous

les conseils généraux n’ont pu satisfaire à cette requête. Par ailleurs, cette demande trop

précise ne peut être renseignée de façon exacte. Pour ce faire, il faudrait pouvoir lire toutes

les demandes de subventions dans leur détail pour s’assurer qu’elles répondent à notre

champ d’étude.

Nous avons donc des données trop parcellaires. Les utiliser pourrait suggérer des

impressions erronées sur les implications de chaque conseil général dans ce domaine.

L’autre méthode mise en œuvre pour évaluer la politique des conseils généraux a été de

demander lors de chaque entretien les montants des subventions versées par ces

collectivités aux associations.

Les associations sportives ont souvent pu satisfaire à cette demande. Les associations

culturelles ont eu plus de mal à évaluer ces montants, d’autant plus que certaines des

subventions reçues le sont à un autre titre que celui des activités pour personnes

handicapées. Pour les activités de loisirs, on rencontre cette même difficulté, à laquelle

s’ajoute un autre problème. Pour des associations comme l’APF, les subventions allouées

par les conseils généraux sont globales, et aucun argent n’est spécifiquement versé pour les

activités de loisirs.

Ainsi, nous ne disposons que de données partielles concernant Handisport et Sport Adapté,

certains comités n’ayant pas pu nous renseigner.

Il ressort cependant que tous les conseils généraux financent les comités départementaux

de sport adapté, soit directement, en subventions de fonctionnement, soit indirectement, par

leur direction sanitaire et sociale, qui alloue des budgets animations et sport aux

établissements spécialisés pour adultes.

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Concernant les comités départementaux Handisport, nous avons déjà détaillé dans le

chapitre 2 les sommes allouées, par adhérents, pour les comités ayant pu chiffrer les

subventions de leur conseil général, soit :

• 7€ par adhérent dans les Alpes-Maritimes

• 25€ par adhérent dans les Bouches du Rhône (37€ si l’on intègre d’autres

financements que la subvention de fonctionnement)

• 29€ par adhérent dans le Vaucluse.22

• 142.7€ dans le Var. Le montant élevé de la subvention du Var pose question. Il

peut être expliqué par des bourses versées à des sportifs de haut niveau par

exemple, ce qui reste à vérifier.

• Le conseil général des Hautes-Alpes ne verse pas d’argent à Handisport, mais a

financé en 2001 l’acquisition d’un parc de Ski Assis pour permettre aux personnes

handicapées l’apprentissage technique du ski. La subvention de 40 475€ a été

versée à l’école de ski français des Hautes-Alpes.

On notera que le conseil général des Bouches du Rhône prévoit de créer rapidement

plusieurs plates formes sportives entièrement accessibles aux personnes handicapées, dont

la première vient d’être inaugurée dans l’est du département.

Par ailleurs, un site internet mis en place par le CG13 est en cours d’achèvement. Ce site

répertorie dans le département les lieux publics accessibles aux personnes handicapées.

Le conseil général du Var a édité, en juin 2001, un guide pratique sur le handicap, où

figurent, entre autres informations, des adresses d’associations sportives ou de loisirs

oeuvrant pour le handicap.

Les municipalités

Les politiques municipales sont très variables.

Un grand nombre de communes se sont dotées de services spécifiques aux personnes

handicapées, mais tous ne sont pas efficaces.

Certaines municipalités ont été citées par les personnes interrogées comme très accessibles

(Gap par exemple).

Quelques grosses municipalités de la région éditent chacune un guide de leurs lieux urbains

accessibles.

22 Pour mémoire, on rappellera que cette inégalité de traitement entre adhérent existe aussi au sein même du conseil régional PACA, qui octroie au comité régional Handisport Provence 14.2€ par adhérent et au comité régional Handisport Côte d’Azur 21€ par adhérent.

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D’autres guides sont le fait de l’APF, qui, dans la plupart de ses antennes départementales,

répertorie les lieux accessibles en fauteuil, et les diffuse à ses adhérents.

Les municipalités sont bien sûr saisies par des demandes de financements issues des

associations. Elles apparaissent contribuer très fréquemment à leur financement, sur des

montants et des proportions trop variables pour être généralisés.

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Le point de vue des personnes handicapées

Le sport, les loisirs, sont des activités avant tout

conviviales.

Elles ont une fonction salutaire très importante dans la

vie de la personne handicapée.

La natation et le tennis sont les sports les plus

pratiqués et appréciés.

Le cinéma est le loisir le plus nommé, tandis que

beaucoup souhaitent aller en discothèque.

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Chapitre 6

Le point de vue des personnes handicapées

Pour connaître la pratique et les besoins des personnes handicapées en matière de

sports, de loisirs et de culture, nous avons soumis des questionnaires23 à 77 personnes

handicapées mentales ou physiques. Ces questionnaires ont été passés de deux façons.

Certaines personnes ont été interrogées lors de nos visites dans les associations. D’autres

ont reçu, par l’intermédiaire de leur association, des questionnaires qu’elles choisissaient de

remplir. Ces questionnaires-là nous ont été renvoyés par les associations ou les personnes

une fois complétés.

Le faible nombre de questionnaires ne nous permet pas une exploitation statistique, mais

souligne de façon qualitative quelques éléments repris ci dessous.

Sport

La pratique du sport : convivialité, santé, succès !

En majorité, les personnes handicapées pratiquant un sport apprécient plus particulièrement

la convivialité de cette activité, tout autant que la détente et l’hygiène de vie qu’il procure.

Un quart des sportifs interrogés souligne leur plaisir à gagner, à réussir dans leur pratique

sportive. Une même proportion insiste sur les plaisirs et les sensations éprouvés par le corps

lors des exercices sportifs.

Natation, tennis : les sports préférés

Le sport le plus pratiqué est la natation, puis viennent le tennis et le ping-pong.

La natation est aussi le sport préféré des personnes interrogées, suivi du tennis et du basket.

Le ping-pong, pourtant très pratiqué, n’est jamais cité comme sport préféré.

Plus d’un tiers des personnes sportives souhaiteraient faire un autre sport que ceux qu’elles

pratiquent. Ces sports « désirés » ne peuvent être pratiqués le plus souvent car le handicap

ne le permet pas ou parce que la personne est trop éloignée du lieu d’activité.

23 Dont 20 questionnaires tests

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Loisirs et culture

Cinéma en tête & discothèque en rêve

La quasi-totalité des personnes interrogées s’est rendue au moins une fois au cinéma ces

deux dernières années. Une forte proportion a aussi assisté à un spectacle dans le même

temps. Les parcs et jardins, les musées, les plans d’eau sont aussi souvent fréquentés par

les personnes handicapées.

Ces activités sont souvent pratiquées en famille ou seul chez les personnes handicapées

physiques. Pour les personnes handicapées mentales, la pratique des activités est le fait de

la famille ou de l’établissement.

Les activités de loisirs préférées sont le cinéma et les sorties en discothèque, qui sont

pourtant rares, et où beaucoup n’osent pas aller, du fait de leur handicap.

Les parcs d’attraction et l’informatique sont aussi très appréciés par les personnes

interrogées.

Le manque de vie sociale

Les qualificatifs le plus souvent appliqués à ces activités de loisirs ou culturelles sont :

« amis, amuser, plaisir, détente» .

Ces qualificatifs pourraient se synthétiser dans le mot « convivialité ».

Un grande solitude est parfois clairement exprimée dans les questionnaires, ou y transparaît.

Ces activités ludiques ou culturelles permettent de rompre l’isolement des personnes

handicapées.

Certains soulignent qu’ils ne peuvent pratiquer leur activité préférée aussi souvent qu’ils le

souhaitent car ils ont des difficultés de transport.

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Conclusion générale

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Conclusion générale

Le sport, les loisirs, la culture :

des activités conviviales potentiellement porteuses d’intégration

Le dispositif législatif apparaît satisfaisant, mais pas assez contraignant. Il en résulte

une faible accessibilité à la société ordinaire pour les personnes handicapées.

La pratique du sport est assez différenciée selon que la personne est handicapée

physique ou mentale. Les fédérations sportives fonctionnent de façon satisfaisante. Le réel

regret qui peut être exprimé est que l’ensemble des clubs sportifs de PACA ne soient pas

accessibles à tous. Car pour que le sport puisse faire mieux valoir sa fonction intégrative, sa

pratique devrait pouvoir être mixte, et dans des lieux ouverts à tous.

L’organisation de la société en général ne facilite pas la pratique du sport : les moyens de

transport adaptés au handicap sont rares, la barrière sociale et physique peut transformer la

pratique sportive en acte militant pour la personne handicapée ! Les enseignants sportifs

ayant des connaissances sur le handicap sont rares, et le matériel spécifique à la pratique

de certains sports est coûteux.

La pratique d’activités culturelles est répandue, mais l’accès reste un problème. Aucune

information centralisée n’existe : comment savoir où aller, et quelles activités culturelles

pratiquer quand on est handicapé ? Pourtant, les qualités artistiques des personnes

handicapées sont reconnues par les professionnels. La pratique théâtrale par exemple,

pourrait contribuer à entamer les barrières sociales qui enferment les personnes

handicapées.

Les activités de loisirs sont à pratiquer à l’extérieur des associations et des établissements,

de façon à utiliser pleinement leur potentiel d’intégration à la vie sociale. Les difficultés de

transport restent encore un frein à la pratique, ainsi que les coûts.

Coûts, et plutôt surcoûts, que l’on retrouve lorsqu’il s’agit d’organiser les vacances des

personnes handicapées.

La question de certains surcoûts liés à la pratique des activités de sport, de loisirs et de

culture, ne rencontre que des solutions temporaires et non pérennes.

Pourtant, ces activités ludiques sont des espaces de convivialité uniques et irremplaçables

pour les personnes handicapées

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