Le 2m2c accueillait la 4ème édition du Congrès Francopol du 7 au 9 octobre 2015. Jean-Christophe Sauterel, Commissaire principal, directeur prévention et communication à la Police Cantonale Vaudoise, revient sur cet événement, son rôle en tant que membre du comité d’organisation et son parcours.

Le Congrès Francopol est un lieu d’échange de bonnes pratiques et de collaboration pour les services policiers. L’objectif de la 4ème édition était d’aborder un éventail de mesures et de pratiques déployées sur le plan international pour réagir aux problématiques liées à la gestion des foules et aux droits du citoyen.

«L’aspect développement durable inhérent à la destination et à l’architecture de la ville a fortement marqué les esprits...»

Monsieur Sauterel, vous êtes membre du comité d’organisation du Congrès Francopol, commissaire principal, directeur prévention et communication, porte-parole de la Police Cantonale vaudoise et responsable de la communication de crise en cas de catastrophe pour le canton de Vaud. Comment passe-t-on de l’académie de Police à l’organisation d’événements internationaux ? Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?

Jean-Christophe Sauterel - Plus de 90 % des cadres de la police cantonale vaudoise sont issus de la base. C’est aux travers de diverses postulations internes et formations continues que les policiers peuvent construire leur carrière s’ils sont intéressés par le management. Pour ma part, je suis arrivé il y a 30 ans au sein de la police de sureté au service de l’identité judiciaire, c’est-à-dire la police scientifique. Concrètement, il s’agissait de l’exploitation des traces, le travail d’enquête du point de vue technique. Je suis resté dans ce service durant 14 ans et j’ai en parallèle fait partie du groupe NEDEX, les spécialistes en dépiégeage, en tant que cadre pendant 12 ans. Le poste de responsable de la communication pour lequel j’ai postulé a été mis au concours en 1999 et j’ai été retenu après tout un processus de sélection. Au fil du temps, le rapprochement entre certains services s’est avéré nécessaire et j’ai repris la prévention en 2013. Je suis également responsable de la communication en cas de crise pour le Canton de Vaud dans le cadre du plan ORCA, la structure qui se met en place en cas d’événement majeur dans le canton, fonction qui n’est pas reliée au commandant de police Cantonale mais au chef de l’État-major cantonal de conduite. Par ailleurs, la Police Cantonale est membre fondateur de l’organisation Francopol et j’ai participé au congrès organisé à Mons en Belgique il y a deux ans. Ce congrès est organisé par tournus, et, le tour de la Suisse étant arrivé, c’est la Police cantonale Vaudoise qui, possédant les ressources nécessaires, a pris en charge son organisation pour l’édition 2015.

Pourquoi avoir choisi Montreux pour la tenue de cette 4ème édition. Quels ont été les points forts de la destination et du 2m2c ?

Lors du sommet de la Francophonie en 2010, l’aspect « développement durable » inhérent à la destination et à l’architecture de la ville a fortement marqué les esprits. En effet, la proximité des hôtels avec les lieux de rencontre, ont permis aux chefs d’Etats et aux divers participants de se déplacer à pied. L’image de ces hommes politiques, accompagnés de leurs épouses, parcourant les quelques centaines de mètres séparant le 2m2c de leur hôtel, restera à jamais gravée dans les mémoires.

Cette grande première a fait écho pour le congrès Francopol qui a pris l’option de la mobilité douce, de la proximité et de l’usage des infrastructures publiques. Les congressistes ont pu, en effet, rejoindre Montreux depuis l’aéroport de Genève en train très facilement. Puis, arrivés à destination, c’est à pied qu’ils avaient l’opportunité de rallier leur hôtel et le Montreux Music & Convention Center.

«L’image de ces hommes politiques, accompagnés de leurs épouses, parcourant les quelques centaines de mètres séparant le 2m2c de leur hôtel, restera à jamais gravée dans les mémoires.»

Par ailleurs le 2m2c offre toutes les infrastructures nécessaires d’un centre de Congrès très bien adapté. Les espaces modulables du bâtiment nous ont permis d’avoir des salles de conférences conjointement à un espace d’exposition, de restauration, de réseautage et des salles dédiées à des ateliers et réunions, le tout dans le même bâtiment. Au cœur de la ville, il est également situé directement au bord du lac dans un cadre magnifique, représentatif de la Suisse touristique.

La fructueuse collaboration avec Montreux-Vevey Tourisme, les communes de Montreux et Veytaux, Police Riviera et le 2m2c ainsi que ses partenaires est aussi un atout de la destination.

Finalement, nous avons eu la chance de pouvoir organiser notre repas de Gala dans un des lieux touristiques les plus visités de Suisse, le Château de Chillon, et partager la magie de ce lieu emblématique avec nos participants venus de toute la francophonie.

Quels ont été vos plus gros défis dans l’organisation de cet événement ?

La gestion du temps. L’année 2015 ayant été très chargée, notamment avec les négociations sur le nucléaire Iranien qui ont duré un bon mois, nous avons dû jongler entre ces événements inattendus et l’organisation du Congrès. L’abandon du taux plancher ne nous a pas non plus facilité la tâche. De par la nature internationale du Congrès, nous avions établi notre budget en Euro et la nouvelle de cet abandon nous a fait très peur. Fort heureusement, le 2m2c, ses partenaires et les hôteliers ont faits de gros efforts afin de compenser cette hausse soudaine des prix, et nous avons pu respecter notre budget initial.

Quel est votre meilleur souvenir de cette manifestation ?

Le lancement de l’événement, lorsque tout est prêt, que les congressistes sont là, que les

premiers conférenciers font leur apparition et que tout fonctionne ! Mais également le repas de Gala au Château de Chillon, qui a été un moment très convivial et très apprécié par les participants.

Dans le cadre de votre activité, vous avez également participé au sommet de la francophonie, à la conférence sur la Syrie, et aux négociations sur le nucléaire Iranien, quel est votre souvenir de Montreux le plus marquant ?

Entendre les oiseaux chanter sur la Grand Rue, lors du Sommet de la Francophonie et voir 40 chefs d’Etats réunis à Montreux. Mais aussi la performance de Nicolas Sarkozy qui a mis moins de deux heures pour rejoindre le Montreux Palace depuis l’Elysée en passant par Genève, ce qui prouve le bon fonctionnement des infrastructures Suisses et Françaises et leur excellente collaboration.

Pensez-vous que le « Swiss Made » soit une valeur ajoutée pour l’organisation d’événement ? La Suisse se démarque-t-elle des autres pays sur le plan sécuritaire ?

La neutralité est un énorme avantage pour la Suisse. Elle lui permet de faire de la politique de bons offices. Notre pays peut dans ce cadre-là offrir son territoire et ses compétences pour organiser de grandes réunions internationales comme le Sommet de la Francophonie, les négociations sur le nucléaire Iranien ou celles sur la paix en Syrie. Par ailleurs peu de lieux offrent un cadre idéal, favorable aux discussions et intéressant d’un point de vue sécuritaire.

Montreux constitue, dans ce contexte, une excellente alternative à Genève. Enfin il n’y a qu’en Suisse que vous pourrez croiser John Kerry à vélo ou en plein jogging sur les rives du lac ! Le label « Swiss Made » est par conséquent un tout, incluant l’aspect sécuritaire, l’infrastructure, les compétences, la fiabilité, l’image et l’environnement.

«La fructueuse collaboration avec Montreux-Vevey Tourisme, les communes de Montreux et Veytaux, Police Riviera et le 2m2c ainsi que ses partenaires est aussi un atout de la destination.»

«Montreux constitue, dans ce contexte, une excellente alternative à Genève. »

Il s’agit d’une vraie valeur ajoutée que nous avons d’ailleurs exploitée, puisque tous nos participants sont partis avec un couteau Suisse et que ce label était mis à l’honneur dans les différents stands de nos exposants.

Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu pour l’organisation d’événement ? Quel est celui que vous donneriez ?

L’anticipation, le respect du calendrier, la prévision d’une marge de réserve, et surtout pouvoir s’entourer de professionnels et leur faire confiance.

Votre stratégie de communication sur les réseaux sociaux pour la Police Cantonale Vaudoise a récemment été citée comme référence. L’importance des nouvelles technologies a également fait l’objet d’une conférence lors du Congrès Francopol à Montreux. J’imagine que c’est une thématique qui vous tient à cœur. Quel a été le rôle des réseaux sociaux dans l’organisation du Congrès ?

Les clients potentiels de ce Congrès sont connus et font partie de notre réseau, c’est pourquoi nous avons utilisé les réseaux sociaux pour promouvoir la manifestation dans une moindre mesure. Nous étions par contre très présents dès le début de l’événement sur twitter et, plus sporadiquement, sur Facebook afin d’échanger avec le public, partager des citations de nos conférenciers et donner une dimension plus large à ce congrès.

Les participants et les conférenciers ont eux-mêmes aussi beaucoup utilisé le hashtag #francopol15 que nous avions développé.

Nous sommes aussi très actifs sur les réseaux sociaux toute l’année. Nous avons, depuis 2007, réussi à constituer une importante communauté à l’échelle de la Suisse Romande avec plus de 22’700 abonnés sur Facebook et 2’700 sur Twitter. Cette politique de communication de proximité présente de vrais avantages. Elle nous permet d’échanger, de partager avec la population mais surtout de savoir ce que les gens pensent, de pouvoir répondre et de s’adapter aux attentes. Nous avons par exemple, ces deux dernière années, adapté notre ton, qui était auparavant très institutionnel. Nous nous efforçons aujourd’hui de faire preuve d’autodérision et d’humour et c’est dans cette optique que nous « collaborons » avec 26 minutes pour des sujets sur la police !

Entre nous, quelle est la personnalité politique la plus sympathique que vous ayez rencontré ?

Ils ont tous leur sensibilité, au sommet de la Francophonie par exemple, Nicolas Sarkozy a offert son badge (réservé aux chefs d’Etats) au chef de la protection rapprochée Suisse. John Kerry quant à lui remercie systématiquement les policiers et ne s’en va jamais sans leur serrer la main et se prêter au jeu des photos. Il a aussi déclaré à notre Cheffe de Département, Mme Béatrice Métraux : « I love your police ».

«Les participants et les conférenciers ont eux-mêmes aussi beaucoup utilisé le hashtag #francopol15 que nous avions développé. »