la voix lycéenne - spécial 15 ans

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Qu’est ce que le mouvement lycéen? Pourquoi l’UNL ? Abécédaire de l’UNL Textes importants Repères

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Histoire de l'UNL & Abécédaire du syndicalisme lycéen

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Page 1: La Voix Lycéenne - Spécial 15 ans

Qu’est ce que le

mouvement lycéen?

Pourquoi l’UNL ?

Abécédaire de l’UNL

Textes importants

Repères

Page 2: La Voix Lycéenne - Spécial 15 ans

LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Sommaire

2

Histoire de l’UNL et du mouvement lycéen

Page 4 Pourquoi écrire cette histoire ?

Page 6 De Mai ‘68 au tournant de la massification,

les débuts du mouvement lycéen

Page 10 De Devaquet au CIP : les lycéens s’organisent

pour défendre leur éducation

Page 12 Les premiers élus de la vie lycéenne

et la fondation de l’UNL

Page 18 Les années Allègre et l’installation de l’UNL

dans le paysage de l’Education Nationale

Page 21 Les années Chirac, de la réforme Fillon au mouvement contre le

CPE le gouvernement met au défi les jeunes et les lycéens

Page 28 Les années Sarkozy : défendre le service public

face à une politique d’exclusion sociale

Abécédaire de nos valeurs et de nos combats

C comme… Carte Scolaire

E comme… Evaluation

G comme… Gratuité

O comme… Orientation

T comme… TPE

Z comme… ZEP

Mentions légales

Avril 2010 ISSN : 1770-9016

Numéro Hors Série — Spécial 15 ans Publié à l’occasion du VIIe congrès

Directeur de publication

Antoine Evennou Conception et Réalisation

Damien Ramage

Un grand merci à Quentin Rodriguez, Amandine Dupraz, et Maëliss Rousseau pour leur travail de recherche sur le

mouvement lycéen

Union Nationale Lycéenne La Voix Lycéenne

13 Boulevard de Rochechouart, 75009 Paris tel : 01 40 82 94 00

Mail : [email protected]

Page 3: La Voix Lycéenne - Spécial 15 ans

Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Editorial

3

Écrire, publier, partager par Issam Krimi

A la sortie du lycée, le monde réapparait.

Nous passons la porte de l'établissement avec un sentiment mêlé, à la fois repu et libéré. C'est ce petit mélange qui interroge : être dans un lieu, y passer ses journées à découvrir le monde et ne le sentir présent qu'en ressortant. Au pire, la situation désespère, au mieux, elle suscite des envies.

Lorsqu'est venu à Fanny, Martin, Samuel, Benjamin, Joris, Raphaëlle et bien d'autres la possibilité d'inventer un nouveau lycée, nous avons accepté, naturellement, avec enthousiasme. Au-delà de nos sensibilités politiques, un outil commun s'offrait à nous. Une réponse à un sentiment que nous partagions s'organisait. L'Union Nationale Lycéenne est une belle idée. Michaël Delafosse et Samuel Gion sont deux finesses politiques bien différentes qui réunies ont fait naitre une dynamique que beaucoup de lycéens ont vécu comme un lieu de réflexion, d'invention et d'action. La création de ce syndicat par et pour les lycéens a fait renaître le monde dans nos lycées. Le militantisme qui en découlait avait pour but de construire un lycée des savoirs et du savoir-être, et un lycée conscient du futur citoyen que représente le lycéen. En une formule simple nous avions un jour écrit : « inventons le lycée que nous voulons ». La plupart des militants de l'UNL ont suivi des chemins différents, de ceux qui ont continué l'aventure politique ou syndicale à ceux qui sont complètement partis sur d'autres horizons, on retrouve chez chacun un bien commun. Ce bien ressemble beaucoup à une chanson populaire que l'on se serait partagé et qui avec le temps évoluerait. On s'amuserait à imaginer un « single » à la portée de toute une génération que Beyoncé n'aurait pas chanté. Ce bien j'y tenais. Il faisait de chacune de nos individualités un intérêt pour le collectif. Ce bien, l'UNL l'a toujours privilégié. Et j'ai l'impression qu'il continue secrètement de chantonner même lorsque les années lycéennes s'éloignent de plus en plus. La Voix lycéenne est une bonne chanson. Il ne serait pas malin de s'en priver.

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Le mouvement lycéen

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Pourquoi écrire cette histoire? par Antoine Evennou

A l’UNL, nous n’avons jamais eu la culture de l’Histoire de l’organisation jusqu’à présent, pour plusieurs raisons. D’abord pour des contraintes techniques : le vécu moyen d’un militant s’étend sur deux ou trois années, et peu de documents ou de recherches permettent de combler cet état de fait. Ensuite, il n’y a eu long-temps que peu d’années d’histoire à couvrir, et cela ne semblait pas primordial aux militants des générations passées. Mais de nos jours, ce contexte a changé : avec quinze ans d’histoi-

re derrière nous, l’UNL a maintenant vécu beaucoup d’évolutions, et est encore actuelle-ment en période de mutation. C’est pourquoi cette Voix Lycéenne Spéciale 15 ans a été écrite. Afin de permettre à chaque génération militante de saisir les enjeux de l’évolu-tion de notre organisation et de ses revendications pour pouvoir pleinement décider de son orientation et d’impulser ses évolutions.

A travers l’histoire de l’UNL, prendre conscience de l’histoire du mouvement ly-

céen dans son ensemble doit également nous permettre de déterminer des perspectives, d’éviter de « naviguer à vue » et de s’enrichir des expériences et analyses passées, no-tamment en replaçant l’UNL, son action et ses revendications, dans un contexte plus gé-néral avec lequel elle a toujours interagit (contexte politique, évolutions de l’institution scolaire, mouvement lycéen et mouvement social dans son ensemble…). En espérant que cette histoire vous sera utile, je vous souhaite une bonne lecture.

Le terme de « mouvement » (social, lycéen…) possède deux sens proches mais dis-tincts. Soit on peut parler du mouvement social/lycéen comme ensemble d’acteurs (ex : les syndicats) défendant une cause commune (ex : droit à une éducation de qualité pour tous) par des actions de protestation collective (ex : pétitions, grèves, manifestations, etc.), soit on peut parler, par métonymie, d’un mouvement social/lycéen comme ensem-ble des évènements liés à une mobilisation collective, limitée dans le temps (ex : le mouvement lycéen contre la réforme Darcos de décembre 2008). Pour la première défini-tion l’expression s’emploi toujours au singulier, alors que pour la deuxième elle peut s’employer au pluriel (« les mouvements lycéens des années 70 »). D’autre part, « le mouvement lycéen/social » sans plus de précisions sous-entend généralement la première définition, tandis que « le mouvement lycéen/social de l’an-née XXXX contre telle mesure Y du gouvernement Bidule » sous-entend la deuxième défi-nition. Si ces deux définitions coexistent dans la même expression, c’est bien entendu parce qu’elles se recoupent : les mouvements lycéens sont l’expression ponctuelle du mouvement lycéen, qui lui-même se « nourrit » de ces mobilisations occasionnelles, ni l’un ni l’autre n’existant indépendamment.

Définitions

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Naissance et premiers pas

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Des lycéens en mouvement au Mouvement Lycéen Depuis à peu près que le lycée existe, il y a des lycéens en mouvement, sans pour autant que l’on puisse parler propre-ment de mouvement lycéen, ces derniers n’ayant pas toujours eu d’une part conscience d’être une catégorie sociale à part entière avec des problématiques et des revendications spécifiques, et d’autre part n’ayant pas toujours été reconnus comme tels par la société (généralement confondus de manière indifférenciée avec les étudiants). Exemple : la célè-bre manifestation « étudiante » du 11 novembre 1940 (premier acte de résistance ouverte à l’oc-cupant), composée en réalité de 80-90% de lycéens. On peut donc dater la naissance d’un véritable mouvement lycéen en tant que tel à … 1968 (évidemment !). En effet, les années 60 ont vu une série de réformes unifier l’enseignement primaire et secondaire auparavant morcelé (notamment créa-tion du fameux « collège unique » par la suppression des filières au collège), et al-longer la période de scolarité (passage de l’obligation scolaire de 14 à 16 ans), ce qui va amener l’apparition d’une génération d’élèves plus homogène culturellement et qui, coupée du « monde des adultes » n’ayant pas bénéficié de cette éducation prolongée, va naturellement générer des expériences propres, une conscience pro-pre, et donc des revendications unifiantes pour l’ensemble des lycéens.

LES DEBUTS : 1968-1986

Tract de l’Union Etudiante et Lycéenne de Communiste de France, 1940

1959 800 000 élèves ont accès à l’enseigne-ment secondaire.

Réforme Berthoin qui prolonge l’obligation de scolarité de 14 à

16 ans.

1963

Réforme Fouchet-

Capelle qui institue le collège comme

période « tampon » entre l’école primai-

re et le lycée, tout en gardant des éta-blissements et des

filières de différents types.

Evolution des effectifs du collège de 1960 à 1990

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Le mouvement lycéen

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Mai 68 : les lycéens s’organisent

À la fin des années 60 la contestation de la guerre du Vietnam bat son plein et constitue un des terrains d’engagement préférés de la jeunesse française. Ce phénomène touchant aussi les lycées, on voit apparaître, sur le modèle du Comité Vietnam National, des Comités Vietnam Lycéens, les CVL (!).

À l’image du reste de la société, la

critique de l’impérialisme américain dans les Comités Vietnam Lycéens amène une critique globale des archaïsmes de la société française et en particulier de l’école. Les Comités Vietnam Lycéens se transforment alors en Comités d’Action Lycéens (CAL) à la veille de 68, et se dotent d’une structure nationale : ils élisent un bureau national, élaborent des revendications communes, éditent un journal…

Composés de diverses tendances politiques de gauche (majoritairement trotskystes), les CAL se veulent un mouvement politique (révolutionnaire). Bien que leurs revendications soient souvent parfaitement syndicales (droit d’élire des délégués de classe, d’organiser des réunions, pour de nouvelles formes de pédagogie, etc.) il rejettent le qualificatif de « syndicat ». Pour ces jeunes qui croient être à l’aube de la révolution comme le pensent alors ces

militants en mai 68, un syndicat conçu comme outil pour établir un rapport de force avec l’autorité – Etat, administration de lycée… - n’a aucun intérêt puisqu’on pense justement renverser cet Etat rapidement.

1966-1967 Création des Comités Vietnam Lycéens, rapidement transformés en Comités d’Action Lycéens (CAL). Prémices du mouvement lycéen. 1968 Mai ‘68 Loi Faure : délégués de classe, foyers socio-éducatifs, élus lycéens au CA. Création de l’UNCAL, première organisation syndicale lycéenne.

Des lycéens en Commission « Analyse du discours du Gal

de Gaulle »

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Naissance et premiers pas

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Naissance de l’UNCAL

Les CAL participent activement aux évènements de mai-juin 68 en mobilisant les lycéens, puis ils publient un ouvrage résumant leur constat sur l’institution éducative et leurs revendications avant de s’auto dissoudre début 69 du fait de leur position « asyndicale » schizophrénique.

En désaccord avec cette position « asyndicale », les lycéens communistes ont créé, avant

la disparition finale des CAL, une organisation concurrente, à visée clairement syndicale cette fois : l’Union Nationale des Comités d’Action Lycéens (UNCAL), fortement adossée au Parti Communiste. Déjà, la question du rapport au Parti se pose, mais dans une moindre mesure puisque le PCF est alors le premier parti politique de la gauche et que son orientation est claire sur son rapport aux syndicats comme en témoignent les liens avec la CGT par exemple.

Sur le plan de l’évolution institutionnelle du lycée, notons que suite à mai 68, la loi Faure répond à certaines exigences de liberté et de démocratie exprimées par les lycéens (et les CAL) lors de mai 68 avec plusieurs mesures comme l’élection de délégués dans chaque classe, l’officialisation des foyers socio-éducatifs (FSE) ainsi que l’élection de représentants lycéens au conseil d’administration de chaque établissement. Après cette naissance en 1968, on peut, pour le mouvement, qualifier « d’années post-68 » une période qui va s’étendre jusque dans les années 1980, fortement marquées par les mêmes clivages qu’à l’époque des CAL et de l’UNCAL, notamment sur le rapport au politique et la nature syndicale ou non des organisations lycéennes.

Un article dans « Potache Rouge », un supplément à « Rouge »

en 1969, rédigé par des Jeunes Communistes Révolutionnaires.

(JCR). Ils suivront de près l’évolution des CAL et seront très criti-

ques vis-à-vis des communistes.

Le Bureau National de l’UNCAL en congrès fondateur

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Le mouvement lycéen

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Les années post-68 Les années 70 constituent une véritable

« explosion » lycéenne : les mouvements éclatent généralement au printemps, presque tous les ans jusqu’en 1976 (affaire Guiot en 1971, loi Debré en 1973, réforme Fontanet en 1974, réforme Haby en 1975 puis 1976), et sont caractérisés par des revendications d’ordre général « contre l’institution », « contre le lycée-caserne » (influence libertaire de 68).

Le nombre de manifestants est de l’ordre de

la dizaine de milliers, et bien que l’UNCAL constitue la seule organisation lycéenne permanente pendant cette période, l’extrême-gauche domine les mouvements, en particulier les trotskystes et les autogestionnaires.

Ne disposant plus d’outil syndical capable de structurer les mobilisations

depuis leur sabordement des CAL, ils inventent les coordinations : leurs militants créent des « comités de lutte » dans chaque lycée, qui vont élire deux représentants à la coordination inter-lycées, académique, ou nationale, qui elle-même est chargée de déterminer une plate-forme de revendications ainsi que des perspectives de mobilisation.

Cet outil de structuration des mobilisations permettra aux militants

trotskystes, tout en se présentant comme simples « représentants des lycéens mobilisés », de mettre en minorité les communistes de l’UNCAL durant toutes les années 70. Ce mode de gestion des mouvements sera importé dans le milieu étudiant de manière durable à partir de 1976, et y est toujours utilisé. L’UNCAL disparaîtra progressivement autour de 1980 à la suite de problèmes internes liés à ses relations avec le mouvement communiste.

1973 Mouvement contre la loi Debré, premier mouvement lycéen autonome et d’ampleur nationale, mené par la première coordination nationale. 1975 Réforme Haby qui supprime les différentes filières du collège (« collège unique »). 1980 Disparition de l’UNCAL.

L’UNCAL au Festival Mondial de la Jeunesse, Berlin, 1973

Article d’« Avant Garde » (Journal de la JCR, mai 1968) qui mon-tre déjà les tensions entre les CAL « syndicalistes » et les CAL « révolutionnaires » qui vont perdurer pendant les années 70.

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

S’organiser dans le temps

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Le tournant de la massification À partir des années 80, les mouvements lycéens changent de typologie. La

société et l’école elles-mêmes changent considérablement à cette époque : la période des Trente Glorieuses est terminée, le chômage de masse s’installe, les perspectives d’avenir se réduisent pour les jeunes et les moyens de l’Education Nationale sont de plus en plus limités dans un contexte de massification de l’enseignement secondaire.

Le nombre

d’élèves a plus que doublé en 20 ans, en passant de 800 000 en 1959 à plus de deux millions en 1983, mais la massification ne se traduit pas nécessairement par une démocratisation équivalente. On a supprimé les barrières sélectives empêchant l’entrée dans l’enseignement secondaire au plus grand nombre, mais celles-ci sont remplacées par une sélection sociale plus insidieuse par l’échec, et ne permettent pas à l’école de répondre aux attentes suscitées par la massification.

Cette évolution se ressent dans les revendications des lycéens : dans les

« années 68 » l’école était critiquée en tant qu’institution autoritaire voire répressive, à partir de maintenant elle sera davantage défendue comme rempart contre la précarité, comme perspective d’avenir dans une société de plus en plus incertaine pour la jeunesse (exemple des pions : ciblés dans les mobilisations des années 70 comme représentants de l’autorité réprimant l’expression des lycéens, puis défendus dans celles des années 80-90 comme éléments de l’accompagnement et donc de la réussite des lycéens).

Cela pousse les mobilisations, auparavant printanières, à apparaître dès le

premier trimestre en réaction aux conditions difficiles de rentrée, aidées en cela par l’apparition du décalage des vacances par zones qui va freiner l’émergence de mouvements au printemps.

Notons que le gouvernement de Lionel Jospin répond à cette exigence de

démocratisation du lycée exprimée dans les manifestations par une loi d’orientation sur l’éducation en 1989 fixant pour la première fois dans la loi le fameux objectif de « 80% d’une classe d’âge au Bac », ainsi que la volonté de « placer l’élève au centre du système éducatif ». Autre conséquence de la massification, l’unité de compte des mobilisations lycéennes passe de la dizaine de milliers à la centaine de milliers.

1983

Plus de 2 millions d’élèves sont inscrits dans

l’enseignement secondaire

1986

Mouvement étudiant et

lycéen contre la loi Devaquet instaurant la

sélection à l’entrée de

l’université. Création de la FIDL par SOS-

Racisme.

François Mitterrand au Congrès de la FIDL

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Le mouvement lycéen

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Les jeunes défendent le système éducatif

Pendant ce temps, la « vague » néolibérale commence, avec comme figures emblématiques Reagan aux Etats-Unis et Thatcher au Royaume-Uni. Les années 80 s’annoncent celles de l’individualisme triomphant, de la logique de marché s’étendant à l’ensemble de la société (cf. notions de « marché éducatif » et « marché de l’emploi » qui apparaissent par exemple). On assiste donc au début de la crise du syndicalisme (baisse importante de la proportion de syndiqués parmi les salariés) et à un recul du mouvement social partout en Europe. Ceci explique que même si les mobilisations lycéennes grossissent d’un facteur 10, paradoxalement le nombre de militants pouvant structurer ces mouvements et leur trouver des débouchés, lui, stagne voire diminue. Les coordinations lycéennes ne seront donc désormais plus capables d’encadrer ces mouvements à l’échelle nationale, et les organisations lycéennes naissantes (d’abord la FIDL puis l’UNL) trop faiblement réparties sur le territoire pour pouvoir pleinement assumer cet encadrement. Cependant, malgré ce manque de cohésion des mouvements, ils seront davantage victorieux que lors des années

70. La répression policière est de plus en plus violente durant le mouvement contre le projet de loi Devaquet. Des CRS à moto déferlent sur les étudiants et les lycéens en fin de manifestation. On nommera ces duos mobiles la brigade des « voltigeurs » : l’un conduit, l’autre, accroché derrière, matraque les passants à sa portée.

1986 Mouvement contre le projet de Loi Devaquet 1989 Loi d’orientation Jospin : « 80% d’une classe d’âge au Bac » « l’élève au centre du système éducatif ». 1990 Mouvement pour des moyens dans l’éducation et des droits pour les lycéens. Droits d’information et d’expression, création des MDL, premières pierres de la démocratie lycéenne (création des CAVL, élus lycéens au CSE).

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Deux mouvements marquants

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Devaquet, si tu savais... Le mouvement Devaquet de 1986, à la fois lycéen et étudiant, s’opposait à un projet de loi de la droite instaurant notamment une sélection à l’entrée de l’université. Conclu par le retrait du projet et la démission du ministre mais ayant coûté la vie à un étudiant (Malik Oussekine, décédé des suites d’un passage à tabac par des policiers), il voit la création d’un nouveau syndicat lycéen, la Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne (FIDL) par les militants de SOS-Racisme. La FIDL est donc à l’origine davantage conçue comme un relai de cette organisation au sein des lycées, comme une d’association lycéenne consacrée aux « questions de société » (discriminations, violences, etc.) plus qu’au syndicalisme. De plus, beaucoup de lycéens reprocheront à la FIDL son côté « mouvementiste » : un fonctionnement par « coups médiatiques » au détriment d’un travail quotidien dans les lycées.

Le mouvement de 1990 Le second mouvement important de cette période est celui de 90, qui débouchera sur un plan d’investissement massif dans l’Education Nationale (qui accusait alors le coup de la massification sans hausse significative de ses moyens).

C’est aussi l’apparition des droits lycéens d’information et d’expression (déclinés en droits de publication, de réunion et d’association), des maisons des lycéens (MDL, entièrement gérées par des lycéens au contraire des foyers socio-éducatifs qu’elles sont censées remplacer). Mais, encore, la démocratie lycéenne voit le jour avec la création des Conseils Académiques de la Vie Lycéenne (CAVL) (et de leur déclinaison départementale, qui laissera la place aux CVL dix ans plus tard) ainsi que la possibilité d’élire trois représentants lycéens au Conseil Supérieur de l’Education (CSE). Peu représentative de l’ensemble du mouvement, mais seule organisation présente en son sein, la jeune FIDL sera reçue à cette occasion par le Président de la République François Mitterrand, ce qui lui vaudra une certain assise médiatique pendant de nombreuses années.

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Unifier les élus lycéens

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Les premiers élus de la démocratie lycéenne Comme nous l’avons vu, suite au mouvement de 1990, les lycéens obtiennent de Lionel Jospin, alors ministre de l’Education nationale, le droit d’élire – tous les ans à l’époque – 3 représentants lycéens au CSE par l’intermédiaire des nouveaux élus CAVL. Les premières pierres de la démocratie lycéenne sont posées mais aucune organisation ne s’en préoccupe alors. Des élus lycéens sans liens avec une quelconque structure sont donc élus en 1993, et c’est ainsi que nous retrouvons les premiers protagonistes de notre histoire, notamment Samuel Gion.

Du réseau d’élus au syndicat : l’UNL et le CSE Les trois élus lycéens au Conseil Supérieur de l’Education se rendent vite compte qu’en tant que « lycéens indépendants » ils ne représentent malheureusement qu’eux-mêmes. En voyant les différents représentants syndicaux siégeant au CSE faire régulièrement des déclarations au nom de leurs organisations, ils comprennent que pour que leur mandat ait un sens, puisse peser et être utile aux lycéens, il leur faut un outil national de coordination des élus lycéens (notons qu’à l’époque le CNVL n’existait pas encore et il n’y avait pour ainsi dire rien qui permettait de « relier » les élus CAVL entre eux et à leurs représentants au CSE). Leur premier réflexe est naturellement de se tourner vers la FIDL. Mais après avoir assisté à plusieurs réunions encadrées par des étudiants, ils en viennent à penser qu’une place existe pour une deuxième organisation gérée par les lycéens et pour les lycéens. Ils créent alors l’Union Nationale des Elus Lycéens (UNEL). Rapidement, ils vont décider de lui donner une orientation résolument syndicale et lancent donc en janvier 94 l’idée de créer une Union Nationale Lycéenne (UNL). Dans le même temps, des lycéens mobilisés ont pour ambition de créer un réseau militant national, conscients que l’union fait la force. C’est notamment le cas de Michaël Delafosse et son Collectif des Lycéens de l’Enseignement Public (CLEP) de Montpellier.

1993 Gouvernement Balladur. F. Bayrou est Ministre de l’Education Premières élections au CSE Prémices d’une Union Lycéenne. Ses représentants rencontrent F. Mitterrand

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Se mobiliser

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Le premier tract signé « UNL » sera diffusé le 16 janvier 1994 à l’occasion de la manifestation contre la révision de la loi Falloux par François Bayrou (visant à faciliter le financement public des établissements privés) qui a rassemblé plus d’un million de personnes. Cette importante mobilisation sera l’occasion d’une première apparition médiatique forte où les élus trouveront là un terrain pour annoncer leur volonté de créer l’UNL et exposer publiquement leurs idées : mesures sociales pour permettre la démocratisation (bourses, gratuité des manuels), rééquilibrage des filières, amélioration des passerelles, révision des rythmes scolaires… On voit ainsi que des éléments importants de notre projet étaient déjà présents.

En mars 94, Roba Abdul-Razak et Damien Decourty, deux des trois nouveaux élus lycéens au CSE rejoignent Samuel Gion et un certain nombre d’élus CAVL dans leur volonté de créer cette nouvelle organisation. Au printemps 94, ils participent activement au mouvement contre le CIP (Contrat d’Insertion Professionnelle – ancêtre du CPE, prévoyant une rémunération inférieure au SMIC

pour les jeunes, donc le retrait a également été obtenu suite à une grande mobilisation de la jeunesse). Ce mouvement va constituer le principal événement fondateur de l’UNL en tant que composante du mouvement social, et provoquer un afflux de militants sur l’ensemble du pays qui vont « provincialiser » l’organisation. Samuel Gion sera alors reçu comme représentant de l’UNL par le Premier ministre Edouard Balladur avec les autres organisations impliquées dans la mobilisation. Au débouché du mouvement contre le CIP, l’UNL va revendiquer la création d’emplois publics réservés aux jeunes. Avec d’autres, elle a fait germé l’idée des emplois-jeunes qui seront réalisés trois ans plus tard par L. Jospin.

1994

Mouvement contre le CIP,

« Smic-jeune » d’Edouard

Balladur

Rencontre entre le CLEP et l’UNL

La profession de foi appelant à la création d’un « Réseau des Elus CAVL »

Des conseils aux manifestations : le CIP

Banderole CLEP-UNL lors du mouvement CIP

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Se construire

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1994 Création de l’UNL et premier CN 1995 Création du CNVL Chirac est élu Président Mouvement social contre la réforme des retraites voulue par Juppé

Chercher des appuis Enfin, le 14 mai 94 un premier Conseil National a lieu à Paris et entérine la création officielle de l’UNL. Ses fondateurs posent comme principes son appartenance au syndicalisme de transformation sociale et trouvent appui auprès de la FEN (« Fédération de l’Education Nationale », qui deviendra plus tard l’UNSA Education), de la FCPE (« Fédération des Conseils de Parents d’Elèves de l’enseignement public ») et de plusieurs tendances de l’UNEF-ID (« Union Nationale des Etudiants de France – Indépendante et Démocratique » - l’UNEF était à l’époque divisée entre « UNEF » communiste et « UNEF-ID » rassemblant la gauche non communiste). En 1995, Samuel Gion laisse la place à Michaël Delafosse pour présider l’UNL depuis Montpellier. Premier candidat officiel de l’organisation, ce dernier sera élu au CSE en mars. Il poursuit la structuration de l’UNL : un journal interne Agir au lycée est lancé. Un premier projet de texte d’orientation nationale est rédigé en prévision d’un prochain congrès fondateur. L’organisation se dote également d’un permanent, Yvan Nosbe, objecteur de conscience (vis-à-vis du service militaire). L’UNL voit d’ailleurs arriver sa première victoire syndicale avec la mise en place en décembre 95 du Conseil National de la Vie Lycéenne (CNVL). Cependant, à part Sébastien Fraquier qui reprend la présidence de l’UNL, la fin de l’année voit le départ de la plupart des membres fondateurs de l’organisation. Même si des sections locales poursuivent leur activité, il n’y a bientôt plus beaucoup de coordination au niveau national.

Une image fidèle des différentes composantes du mouvement lycéen

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Le tournant de 1997

15

Agir et parler au nom des lycéens L’UNL participe au grand mouvement social de fin 1995 contre le plan Juppé, et des candidats au CSE sont encore présentés en 1996, mais c’est un échec. L’organisation entre en période de sommeil où quelques fédérations continuent leur travail de manière essentiellement locale. Cependant courant 1996, une nouvelle génération de militants relance une activité syndicale dans certains départements, comme l’Hérault, la Bretagne, le Nord, le Loir-et-Cher ou Paris. 1997 sera l’année de la (re)strucuration nationale. Deux candidats, dont Sébastien Fraquier (déjà élu CNVL) seront présentés au CSE début 1997. Mais aucun des deux ne sera élu, la FIDL remportant les trois sièges. Dans une volonté de structuration

nationale sur Paris une direction collégiale est élue en septembre et chargé d’organiser enfin le congrès fondateur. La FCPE accepte d’héberger le nouveau siège national de l’UNL. Le premier congrès se déroule le 21 décembre à la Sorbonne, haut lieu symbolique de la mobilisation étudiante de mai 68, en présence de représentants de l’UNEF-ID, de la FEN, du SGEN-CFDT, de la FSU et de la FCPE. Les premiers statuts ainsi que le premier texte d’orientation nationale de l’organisation sont votés et un bureau national est élu, avec Issam Krimi comme Président. C’est à cette date que les grands principes du fonctionnement actuel de l’UNL sont fixés, avec l’alternance tous les deux ans d’un congrès et d’une convention nationale, l’organisation en fédérations départementales, ainsi que la création du journal La Voix Lycéenne.

1997

Suite à la dissolution de

l’Assemblée National par

Chirac, la gauche arrive au

gouvernement. Lionel Jospin est Premier Ministre.

1er Congrès de l’UNL, 1er TO

Page 16: La Voix Lycéenne - Spécial 15 ans

LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

En somme...

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Que retenir de la fondation de l’UNL ?

À travers cette histoire, plutôt tumultueuse, de la fondation de notre organisation, on retrouve les éléments constitutifs des valeurs et engagements de l’UNL d’aujourd’hui :

une organisation revendiquant son appartenance au

syndicalisme de transformation sociale (changer le lycée oui, mais pour changer la société !) à travers un ancrage à la fois dans le mouvement social (construction d’un rapport de force par la mobilisation – avec un militantisme forgé lors du mouvement contre le CIP), et dans la démocratie lycéenne (lieu de proposition et de discussion pour trouver des débouchés/des victoires à ce rapport de force).

Une organisation également attachée à son indépendance

(comme garantie de la démocratie interne et de la pertinence de nos revendications pour les lycéens), et disposant d’un fonctionnement décentralisé faisant une grande place au développement d’un militantisme syndical dans les lycées.

Les logos de l’époque, en bas d’un communiqué commun sur l’avenir de l’école

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Réforme Allègre

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L’UNL en (re)construction En mars 1998 l’UNL, fraichement relancée, présente à nouveau des candidats à l’élection au CSE. C’est un échec, aucun candidat soutenu par l’UNL ne sera élu. La période est donc essentiellement consacrée à un travail de réflexion « sur le fond » dans l’organisation, et c’est à cette époque que sont élaborées une partie des principales revendications actuelles de l’UNL, notamment en matière de pédagogie, de démocratie lycéenne et de vie lycéenne. L’organisation obtient un premier rendez-vous avec le nouveau ministre de l’Éducation nationale Claude Allègre, qui s’avère positif : l’UNL trouve l’appui du ministre sur un certain nombre de revendications, et obtient pour la première fois une subvention du ministère permettant de soutenir matériellement son développement. C’est notamment à cette époque que le siège de l’organisation quitte la FCPE et s’installe dans les locaux du 13, bd de Rochechouart, que nous n’avons plus quitté depuis. Dans le même temps, l’UNL mène une importante campagne à l’occasion des élections régionales de 1998 pour dénoncer l’alliance de la droite avec le Front National dans cinq régions.

Un premier débouché : la commission Meirieu Dans la même période, alors que la gauche est arrivée au pouvoir depuis peu, le nouveau gouvernement Jospin lance, avec Claude Allègre comme ministre de l’Éducation nationale, le chantier d’une nouvelle réforme du lycée. Ce dernier va charger Philippe Meirieu, spécialiste en sciences de l’éducation et militant de l’éducation nouvelle, de mener une consultation nationale devant aboutir à des propositions de réforme. La commission Meirieu va alors lancer une consultation d’ampleur inégalée des lycéens sur leur vision de l’école, avec la transmission d’un questionnaire national à l’ensemble des élèves du pays, l’audition de tous les élus CAVL, et un travail approfondi avec le CNVL. Le SNES (syndicat majoritaire chez les enseignants), par ailleurs déjà installé dans un climat de tension avec le ministre Claude Allègre sur d’autres sujets, va réagir très violemment contre cette consultation. La FIDL, proche du SNES à l’époque, va hésiter quant à la position à tenir. C’est ce qui permettra à l’UNL, qui au contraire s’engage alors de manière volontariste dans le débat, de devenir le principal interlocuteur lycéen de la commission Meirieu – notamment par l’intermédiaire du travail de ses élus, majoritaires au CNVL. Au final, l’UNL se retrouve fortement dans la conception de l’école dégagée par le rapport de la commission, et s’attend à voir un débouché rapide à une grande partie de ses revendications élaborées durant l’année précédente, mais fait écho à la nécessité de ne pas réformer à moyens constants.

1998

Commission Meirieu

« Quels savoirs enseigner dans le

lycée du XXIe Siècle? »

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Réforme Allègre

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Mars 1998

Elections Régionales. La droite s’allie avec le FN dans 5 régions 25-26 avril 1998 Réunion de tous les élus CAVL de France pour la commission Meirieu 28-29 avril 1998 Colloque de Lyon de présentation du travail de la commission Meirieu, débat avec toutes les organisations avant publication finale du rapport Octobre 98 Mouvement pour des moyens dans l'éducation Impatience quant à la réforme promise qui ne vient toujours pas. 500 000 lycéens dans les rues.

Une mobilisation importante et inattendue A la rentrée 98 éclate un mouvement lycéen que personne ne prévoyait. Des provocations d’Allègre (le fameux « il faut dégraisser le mammouth ») à l’égard des enseignants ne font que rajouter des tensions dans l’Education Nationale, déjà bouillonnante en raison du manque de moyens.

L’UNL interprète alors la mobilisation lycéenne comme une déception des lycéens face aux attentes suscitées par la consultation de l’année passée et au manque de moyens pour étudier. Même si la FIDL reste encore sans conteste l’organisation lycéenne majoritaire, l’UNL va profiter de ce mouvement pour se développer de manière importante. C’est notamment sa capacité à revendiquer des améliorations concrètes et immédiates qui va parler à un nombre croissant de lycéens.

Pendant ce temps, face à l’opposition du SNES Allègre est tétanisé, il temporise, repousse la mise en œuvre des propositions du rapport Meirieu et souhaite n’en reprendre qu’une partie seulement. Avec Lô Vitting comme nouveau Président, l’UNL va participer alors à la création du « Groupe des 13 », rassemblant 13 organisations du mouvement social (SE-UNSA, SGEN-CFDT, FCPE, Ligue de l’Enseignement, mouvements pédagogiques, etc.) favorables à la mise en œuvre du rapport Meirieu. Ce sera l’occasion pour l’UNL, qui n’a jusqu’à ce moment de relations régulières qu’avec la FCPE, le SE-UNSA et le SGEN-CFDT, de s’ouvrir à d’autres partenaires.

Réforme Allègre

Suite à la pression du « Groupe des 13 » Claude Allègre, après un an de tergiversations, lance enfin une réforme reprenant partiellement les propositions du rapport Meirieu. Celle-ci sera à l’origine de la création des CVL, des TPE (en général et technologique) et PPCP (en professionnel), de l’aide individualisée en Seconde, d’un allègement des programmes de lycée, d’une augmentation du nombre d’épreuves anticipées (en Première) pour le Bac, ou encore de la création de l’ECJS.

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

L’UNL s’installe

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L’organisation s’installe dans la durée

En 99, alors que Benjamin Vételé remplace Lô Vitting à la présidence, l’UNL salarie pour la première fois un permanent. Cette décision, prise après de longs débats reflétant la peur de voir l’UNL se transformer comme la FIDL où les permanents prennent les

décisions pour les lycéens, permettra d’appuyer le développement de l’organisation. C’est notamment à cette époque qu’est créé le guide de l’adhérent.

Alors que la FIDL siégeait comme seule représentante des lycéens au CSE

depuis plusieurs années, l’an 2000 verra la première victoire électorale de l’UNL depuis 95 avec l’élection de Perrine Corcuff, nouvelle présidente, au CSE.

L’UNL avait à l’occasion de cette élection organisé son premier congrès des

élus lycéens en partenariat avec la Ligue de l’Enseignement, avec l’aide de Nordine Hati, militant UNL de la première heure, devenu permanent et qui le restera pendant de nombreuses années.

1er mars 1999

Appel à la "transformation de l'école" constitutif du Groupe des 13

4 mars 1999

Présentation (et

vote) en CSE de la version finale de la

Charte "Un lycée pour le XXIe siècle" = réforme Allègre

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Se développer

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Janvier 2000 1er congrès des élus CAVL Embauche d’un permanent Mars 2000 Jack Lang remplace Allègre au MEN. L'UNL est à nouveau représentée au CSE Rentrée 2000 Généralisation des CVL Mars 2001 L'UNL devient majoritaire au CSE (2/3) Novembre 2001 L'UNL mobilise les lycéens pour la gratuité des manuels scolaires

Investir de nouveaux champs C’est également en 2000 que Claude Allègre est remplacé par Jack Lang au ministère de l’Éducation nationale. Après une mise en place a minima d’une partie seulement des préconisations du rapport Meirieu, ce dernier referme la période de réformes ouverte en 98 et se montre peu réceptif aux propositions de l’UNL. L’UNL doit donc investir d’autres questions que celle de la pédagogie : travail sur la santé des lycéens, investissement dans le Conseil National de la Jeunesse (instance du ministère de la jeunesse et des sports) et l’Observatoire des Pratiques de Presse Lycéennes, début d’un travail avec l’OBESSU (organisation des syndicats lycéens européens)…

Des victoires syndicales dans la rue et dans les urnes En mars 2001 l’UNL progresse en obtenant 2 élus au CSE, puis lance à la rentrée, en conjonction avec une étude de la FCPE sur le sujet, une campagne sur la gratuité des manuels scolaires et des trousseaux professionnels. D’appels à manifester dans les régions Alsace et Centre (là où se trouvent les plus grosses fédérations ; ainsi plus d’un millier de lycéens manifestent à Strasbourg le 22 novembre) en interventions en CSE, l’UNL obtient la prise en charge des manuels et trousseaux professionnels par certaines régions et la mise en place d’une « commission gratuité » par le ministère. Avec la présidence de Stéphan Babonneau, l’organisation commence donc à s’approprier la thématique de l’égalité et des discriminations, auparavant thématique traditionnelle de la FIDL, comme cela se traduit en janvier 2002 dans le texte d’orientation du IIIe congrès.

Texte d’orientation

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

21 avril 2002

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Le choc du 21 avril 2002 2002 sera aussi l’année du « choc du 21 avril » qui secoue toute la gauche. L’UNL vient juste de remporter pour la première fois la totalité des trois sièges lycéens au CSE, et appelle la jeunesse, avec l’UNEF pour les étudiants, à descendre dans la rue dès le dimanche soir et à voter Chirac au second tour pour faire barrage à l’extrême droite.

Les deux organisations syndicales analysent la responsabilité de la jeunesse dans ce résultat, celle-ci ayant constitué le plus gros contingent des abstentionnistes qui ont placé Le Pen au second tour.

La participation des lycéens et des jeunes en général aux manifestations sera massive (avec comme point culminant la manifestation du 1er mai qui rassemble plus d’un million de personnes). L’UNL bénéficiera là d’une vague de syndicalisation, d’un renouvellement important de ses militants et y gagnera en présence médiatique.

2002

Mars

L’UNL remporte les 3 sièges au CSE

21 avril

Le Pen au second tour

1er mai

Plus d’un million de manifestants

dans l’entre deux tours

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

2002– 2007

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2003 Mobilisation contre la guerre en Irak. Les jeunes sont très présents dans les manifestations 2004 Janvier L’UNL fête ses 10 ans Mars Loi sur les signes religieux dans les écoles publiques

Un contexte syndical radicalement différent Dans les années qui vont suivre, l’UNL va devoir être confrontée, pour la première

fois depuis son congrès fondateur de 1997, à un gouvernement de droite. Rapidement, les relations avec le ministère se dégradent. On assiste aux premières suppressions massives de postes dans l’Éducation nationale, qui ne feront que se répéter en s’amplifiant dramatiquement d’année en année, pour atteindre de manière cumulée plus de 60 000 postes supprimés entre 2002 et 2009. Symptomatique de ces relations qui deviennent difficiles, la subvention du ministère va être divisée par deux entre 2002 et 2006.

Cela n’empêche cependant pas l’organisation de continuer sa progression, à travers

les trois grands mouvements qui vont marquer la période : le mouvement lycéen contre la loi Fillon de 2005, le mouvement social contre le CPE de 2006, et le mouvement contre la réforme Darcos en 2008. L’UNL continue dans le même temps à se consolider électoralement, puisqu’elle restera toujours majoritaire au CSE, le mandat passant en 2003 de un à deux ans sur une revendication de l’UNL (pour le mettre en adéquation avec les mandats des élus CVL et CAVL, eux aussi de deux ans).

Le débat difficile de la laïcité Lucas Jourdain, fraichement élu président, va alors être confronté à la politique de ce nouveau gouvernement en matière d’éducation se réduisant à une logique comptable de coupes budgétaires et de suppressions massives de postes. En parallèle, Jacques Chirac lance le débat sur le port du foulard islamique à l’école, qui aboutira à la loi sur l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école. A l’image du mouvement laïque, l’UNL est divisée sur la question, et de longs débats ont lieu en CN. Partagée entre la volonté que l’école reste un espace de tolérance où le prosélytisme n’a pas sa place, et le refus de l’exclusion comme moyen d’imposer les valeurs de la République ainsi que l’arbitraire dans la définition des « signes religieux ostentatoires », l’organisation va finalement se positionner contre la loi.

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Les années Chirac

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2004 l’année des dix ans Pour l’année 2004, l’UNL fête ses 10 ans à l’occasion de son IVe Congrès, où Constance Blanchard remplace Lucas Jourdain à la présidence. Poursuivant son développement, l’UNL va pour la première fois publier un guide du Responsable Fédéral, et nouer des contacts avec l’OBESSU (organisation des syndicats lycéens européens). A la même période, elle participera également avec un grand nombre d’organisations partenaires à la création du Réseau Education Sans Frontières (RESF) en réaction à la politique d’expulsion des lycéens sans-papiers de la droite, remettant en cause le droit universel à l’éducation. En mars de la même année, l’élection des nouveaux conseils régionaux (basculant presque tous à gauche) sera l’occasion d’une nouvelle campagne sur la gratuité des manuels scolaires. Cette fois, suite à la pression de l’UNL, c’est la quasi-totalité des régions qui prendront en charge l’achat de ces manuels. Mais cette année verra enfin le lancement du débat national sur l’avenir de l’école devant aboutir à une nouvelle loi d’orientation pour l’école – la première depuis celle de Jospin en 1989. Menée par Claude Thélot, qui refusera d’auditionner les organisations lycéennes, cette parodie de débat se déroulera de manière décentralisée dans chaque académie ou lycée dans des conditions très diverses.

Evolutions sur le contrôle continu

Suite à la sortie du rapport de la commission Thélot, François Fillon, ministre de l’Education nationale, annonce en novembre 2004 la préparation du projet de « loi d’orientation et de programmation pour l’avenir de l’école » comprenant en particulier deux mesures importantes : la suppression des TPE en Terminale, et l’évaluation du Bac en contrôle continu. L’UNL s’oppose d’emblée à la suppression des TPE avec le lancement d’une pétition nationale, mais répond de manière mesurée sur le contrôle continu. En effet, dans un tout autre contexte pour l’éducation, le contrôle continu faisait partie dès 97-98 des revendications phares de l’UNL en terme de pédagogie, l’enjeu étant de mettre fin à un « bachotage » de fin d’année inutile, lourd et inégalitaire. Mais alors que la droite, depuis son retour au pouvoir, favorise le creusement des inégalités sociales et territoriales, l’organisation aborde la question sous cet angle nouveau, et se prononce contre, après de nombreux débats lors du conseil national de décembre 2004. Considérant que la disparition d’épreuves nationales renforcera considérablement les inégalités entre un jeune ayant eu son bac dans un « grand » lycée de centre ville et un lycée défavorisé, l’UNL va prôner un « étalement » du baccalauréat sur les deux années de Première et Terminale sous forme d’épreuves partielles, permettant de conserver des épreuves nationales tout en limitant l’effet « couperet » de l’examen final.

Mars 2004

Victoire écrasante de la gauche aux régionales. L'UNL

obtient la gratuité des manuels

scolaires dans la quasi-totalité des

régions.

Juin

L'UNL participe à la fondation du

Réseau Education Sans Frontière

(RESF)

Septembre

Publication du rapport de la

commission Thélot

1er mai 2004, deux généra-tions militantes en manif

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Mouv’ Fillon

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Janvier 2005 Présentation de la "loi d'orientation et de programmation sur l'avenir de l'école" dite "loi Fillon". Le mouvement lycéen du même nom commence 10 février 100 000 lycéens 15 février 150 000 lycéens Fin février Fillon recule sur le contrôle continu au bac 8 mars 200 000 lycéens dans les rues. François Fillon est confronté à Constance Blanchard sur le plateau au 20h de France 2

L’UNL en tête de la mobilisation Dès le mois de janvier une mobilisation se lance contre la « réforme Fillon ». En dehors de la suppression des TPE et de la mise en place du contrôle continu au bac, le projet de loi institue également la création d’un socle minimum de connaissances instituant une vision réductrice de l’éducation, la suppression de la seconde option de détermination en Seconde, ainsi que d’une manière générale la prise en compte des besoins directs de l’économie dans l’organisation des enseignements au lycée. Partie de région parisienne, cette mobilisation va s’étendre à toute la France en partie grâce à l’action de l’UNL. Alors qu’elle est majoritaire depuis longtemps dans les urnes, l’organisation va pour la première fois disputer le leadership de la FIDL tant dans la rue que dans l’espace médiatique et s’impose enfin clairement comme la première organisation lycéenne de France. Le 10 février, la journée nationale de manifestations rassemble plus de 100 000 lycéens. Le 15, ils sont 150 000. Fillon annonce l’abandon du contrôle continu au bac pour la plupart des épreuves, mais refuse toujours de recevoir les syndicats lycéens et compte sur les vacances pour faire refluer le mouvement. Cependant, le 8 mars plus de 200 000 lycéens sortent dans les rues, et Fillon sera confronté à Constance Blanchard sur le plateau de France 2 le même jour. Dans le même temps, les résultats de l’élection au CSE donnent une nouvelle fois l’UNL victorieuse avec la totalité des sièges lycéens.

Malgré tout, après de nombreuses violences de la part de casseurs ayant émaillé la manifestation parisienne du 8 mars, le mouvement décroit rapidement. L’UNL obtient l’ouverture de négociations avec le ministère sur l’embauche de 1500 assistants d’éducation, alors que des actions de plus en plus radicales et minoritaires se poursuivent sporadiquement, enclenchant une vague de répression judiciaire importante. Au final, ce mouvement ne sera que partiellement victorieux, mais permettra d’une certaine manière de préparer chez les lycéens l’immense mobilisation du CPE. Illustration du renforcement de l’UNL, le CN de rentrée 2005, qui élira Karl Stoeckel à la présidence de l’organisation, sera le premier à se tenir hors des locaux de Rochechouart pour manque de place ! Mais dans un tel contexte d’adversité face à la droite, l’UNL formule à ce moment pour la première fois la revendication explicite du droit syndical pour les lycéens.

« La présidente de l’Union Nationale Lycéenne a 17 ans et des convictions. Si elle se bat contre le projet Fillon, c’est, dit-elle, parce qu’il y a un ‘malaise profond’ et pour défendre le ‘droit à l’avenir’ des élèves. »

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Mouv’ Fillon

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Tribune publiée dans Le Monde, 16/02/2005

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2006

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16 janvier 2006 annonce du CPE par Villepin 28-29 janvier Ve congrès de l'UNL. Interventions de Bernard Thibaut et Gérard Aschieri 7 février 400 000 manifestants 7 mars 1 million de manifestants 16 mars 500 000 jeunes. Plus d'un millier de lycées sont en grève. samedi 18 mars 1,5 millions de manifestants 28 mars 2,7 millions 31 mars Jacques Chirac promulgue la loi mais promet de ne pas l'appliquer 4 avril 3,1 millions de personnes 10 avril : la victoire ! annonce de l'abrogation du CPE par Villepin.

En janvier 2006, le premier ministre Dominique de Villepin annonce sa volonté de créer un Contrat Première Embauche (CPE) permettant à un employeur de licencier beaucoup plus facilement un jeune salarié, sans même aucun motif à fournir. Face à cette sorte de successeur du CIP de 1994, l’UNL se lance immédiatement dans la bataille pour le droit à l’avenir des lycéens, axant son argumentaire sur l’accès à l’autonomie des jeunes. Les jeunes vont être un vrai ciment de l’unité syndicale. L’intersyndicale appelle à une première manifestation le 7 février. Pendant ce temps, le 28 et 29 janvier l’UNL tient son Ve Congrès, qui servira de tremplin pour lancer la mobilisation dans les lycées. Les militants de l’UNL mobilisés accueilleront les syndicats, notamment par la présence de Bernard Thibault (Secrétaire Général de la CGT) et de Gérard Aschieri (Secrétaire Général de la FSU). Libération titrera le lendemain : « CPE : l’ombre du grand soir se profile dans les lycées ».

Le séisme du CPE : unité et victoire

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Le mouv’ CPE

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En parallèle de l’intersyndicale, l’UNL fait également partie des organisations à l’initiative du collectif jeune « Stop-CPE » réunissant l’ensemble des syndicats de lycéens et d’étudiants, l’ensemble des organisations politiques de jeunesse de gauche, ainsi que les sections jeunes des confédérations syndicales. Ce collectif permettra de structurer de manière efficace la mobilisation des jeunes, avec ses rythmes spécifiques, en parallèle de la mobilisation interprofessionnelle. La manifestation du 7 février rassemble 400 000 personnes, et la mobilisation restera en demi-teinte le temps des vacances. Mais le 7 mars, plus d’un million de personnes descendent dans les rues, et les votes de grève avec blocage se répandent comme une trainée de poudre dans les lycées, dépassant le millier d’établissements en quelques semaines. Après une mobilisation « jeunes » le 16 mars ayant réunie 500 000 lycéens et étudiants, une nouvelle manifestation interprofessionnelle le samedi 18 rassemble 1 million et demi de personnes. Dix jours plus tard ils seront 2,7 millions. Situation inédite : Jacques Chirac annonce alors promulguer la loi, tout en promettant de ne pas l’appliquer ! Mais il reculera définitivement après une dernière manifestation le 4 avril, qui voit descendre 3,1 millions de personnes dans les rues. Le 10, Dominique de Villepin annonce la mise au vote de l’abrogation du CPE. Cette mobilisation marquera le mouvement social pour les années qui suivront par son unité syndicale sans faille, par son ampleur considérable, et enfin par l’importance du recul imposé au gouvernement. L’UNL, en tant qu’actrice de premier plan de cette mobilisation historique et organisation syndicale majoritaire des lycéens, en sortira fortement renforcée en terme de nombre d’adhérents, de présence sur le territoire, et de reconnaissance à l’extérieur.

La jeunesse a la pointe du mouvement social

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

2007– 2009

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Mai 2007 Nicolas Sarkozy est élu Président de la République. Il s’engage à supprimer un poste un poste de fonctionnaire sur deux Novembre 2007 Mouvement contre la LRU

Faire face à une politique d’exclusion sociale Au sortir de la mobilisation contre le CPE, l’UNL, présidée par Floréale Mangin, poursuit son approche renouvelée des problématiques sociales des lycéens, acquise au cours des mobilisations contre la loi Fillon et le CPE. En particulier, elle réalisera avec l’institut CSA une enquête sur le travail des lycéens qui permettra de mettre en évidence la précarité grandissante d’une frange de la population lycéenne. C’est également la période où le nouveau gouvernement de Nicolas Sarkozy lance les premières attaques contre la carte scolaire, contre lesquelles l’UNL réagira fortement, et entame une politique honteuse d’objectifs chiffrés d’expulsions d’étrangers, dont un grand nombre de lycéens vont faire les frais. Au nom du droit universel à l’éducation, l’UNL intensifiera la bataille avec le collectif RESF pour défendre pied à pied chaque lycéen menacé d’expulsion. En novembre 2007, alors que les étudiants manifestent contre la LRU (ou « loi sur l’autonomie des universités ») de Valérie Pécresse, l’UNL mobilise les lycéens dans la bataille et obtient la garantie que le dispositif « d’orientation active » inclus dans la loi ne pourra en aucun cas servir de prétexte à une quelconque sélection à l’entrée de l’université. Dans le même temps, avec l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, les coupes sombres dans l’Education s’intensifient jusqu’à atteindre des niveaux jamais vus : les suppressions de postes se comptent désormais par dizaines de milliers chaque année.

Au printemps 2008, une nouvelle mobilisation prend forme contre cette véritable politique de destruction, à laquelle l’UNL adjoint le combat sur la sauvegarde de la filière professionnelle, menacée par le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos. Le point culminant sera atteint le 15 mai 2008 avec un appel de l’ensemble de la fonction publique réunissant plus de 300 000 personnes. En parallèle, l’UNL sort à nouveau majoritaire des élections CSE en 2007 pour la sixième année consécutive, et tient son VIe congrès national les 22 et 23 mai 2008 où, avec l’arrivée à la présidence de Florian Lecoultre, elle adopte un texte

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Les années Sarko

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Mobilisation contre la réforme Darcos

A la rentrée 2008 l’UNL, présidée maintenant par Lucie Bousser, s’engage dans les négociations sur une nouvelle réforme du lycée. En accord avec les objectifs qu’affiche officiellement Xavier Darcos au début des discussions, il apparaît rapidement que la réforme voulue par le ministre est excessivement complexe, inapplicable telle quelle, et surtout qu’elle penche vers un « lycée à la carte » qui, allié à une politique de diminution drastique de l’encadrement mènerai à un lycée profondément inégalitaire.

Le 15 novembre, le ministre tente une opération de communicat ion en r é u n i s s a n t à l ’ E c o l e Polytechnique 600 élus CVL tirés au sort dans toute la France ; mais celle-ci va tourner au désastre, l’UNL menant la bataille tant à l’extérieur de la réunion qu’à l’intérieur en amenant les élus lycéens à refuser cette instrumentalisation. Cinq jours plus tard, une manifestation unitaire pour la défense du service public d’éducation va réunir plus de 200 000 enseignants, étudiants et lycéens et préparer une nouvelle mobilisation dans les lycées. En effet, parti de l’ouest de la France, un mouvement pour le retrait de la réforme Darcos se lance début décembre, et culminera, à l’appel de l’UNL, le 18 décembre avec plus de 150 000 lycéens dans les rues. Au soir de la manifestation, Xavier Darcos annonce le report et la remise à plat complète du contenu de la réforme, en nommant ensuite Richard Descoings rapporteur d’une mission de consultation…

Printemps 2008

Mobilisation contre les

suppressions de postes dans l’Education

Nationale

Décembre 2008

A 150 000 dans les rues, les

lycéens sont les premiers à faire

reculer le gouvernement

Sarkozy : Xavier Darcos abandonne

son projet de réforme du lycée

Janvier 2009

L’UNL remporte

les 3 sièges au CSE

L’UNL a 15 ans cette année là…

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LA VOIX LYCEENNE / Avril 2010 / Spécial 15 ans

Abécédaire

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DES LYCEENS ET DES IDEES: Abécédaire de nos

valeurs et de nos combats A l’occasion de son 15ème anniversaire, l’UNL a souhaité passer en revue quelques-unes des nombreuses valeurs, idées, références ou combats qui ont nourri son histoire. Loin de prétendre à l’exhaustivité, cet abécédaire n’est donc pas à prendre à la lettre mais plutôt comme un outil commun à enrichir de nos expériences syndicales actuelles et à venir.

A comme AUTONOMIE Définition du Trésor de la Langue Française : « Faculté de se déterminer par soi-même, de choisir, d'agir librement » ; « Liberté, indépendance morale ou intellectuelle » Définition proposée par Philippe Meirieu (pédagogue) : « L’autonomie est la capacité à se conduire soi-même. Etre autonome, c’est accéder progressivement aux enjeux de ses pro-pres actes et non agir en fonction des seuls intérêts du moment sans apercevoir le type de so-ciété qui se profilerait si ces comportements étaient systématisés. » A l’UNL, nous pensons que l’Ecole doit faire de nous des individus autonomes. Cette au-tonomie passe par la construction de notre esprit critique et de notre capacité à faire des choix en connaissance de causes. Acquérir son autonomie est un processus long, le lycée doit créer davantage de situations propices à l’exercice de cette faculté. En classe d’abord, les choix pédagogiques des enseignants doivent aller dans ce sens parce que montrer aux élèves qu’on leur fait confiance permet de les ren-dre acteurs de leurs apprentissages. Ensuite, le cadre du lycée doit être pensé avec cet objectif : les lycéens doivent être respectés, ils doivent avoir leur mot à dire dans les décisions qui les concernent (orientation, sanctions, etc.) et doi-vent également disposer d’espace et de temps pour des activités en autonomie. Les Maisons des Lycéens et la Démocratie Lycéenne permettent aux lycéens de faire preuve de leur capacité à agir collectivement et de manière autonome. L’Union Nationale Lycéenne a été créée pour montrer à la communauté éduca-tive et à la société tout entière que les lycéens étaient capables de s’organiser ensemble pour faire entendre leur voix et participer à la construction de l’Ecole

de la réussite de tous, premier pas vers une société plus juste. Mais aussi : Assistantes Sociales ; Aides financières (voir Gratuité); Accès à la culture ; Accès à la santé ; Apprentissage(s) ; Association ; Académie ; Accompagnement ; Ado-lescence

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

Les 15 ans !

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Philippe Meirieu, pédagogue : « On veut former des élèves autonomes, des enfants autonomes, former à l' « autonomie requise pour l'exercice d'une citoyenneté responsable », etc. Or, à regarder de près les pratiques scolaires et les comportements des élèves, on découvre que, en réalité, ce n'est pas l'autonomie qui est développée mais bien plutôt quelque chose comme la débrouillardise. En fait, ce qui est vraiment formé à l'école c'est la capacité à s'en tirer le mieux possible avec le moins d'efforts possible, à faire semblant d'écouter plutôt que d'être vraiment attentif, à interpréter ce que le maître veut qu'on dise plutôt qu'à comprendre réellement ce qu'il dit, à échapper à la punition quand on n'a pas fait son travail, à ne pas se faire interroger quand on n'a pas appris sa leçon. Ainsi se construisent d'étranges mais efficaces attitudes qui permettent d'apparaître bon élève plutôt que l'être vraiment et de se débrouiller dans l'imbroglio des propositions scolaires... Une fois acquises, ces attitudes permettront de choisir correctement ses langues et ses sections, de calculer

au mieux les investissements minima pour parvenir à ses fins personnelles. Certes, l'Ecole n'est pas, à elle seule, responsable de cette confusion entre l'autonomie et la débrouillardise : il existe une multitude de pratiques sociales qui invitent à aller dans ce sens. Mais peut-être, précisément, l'Ecole a-t-elle, ici, un devoir de résistance et ne doit-elle pas hésiter à travailler à contre-courant ? Peut-être doit-elle former à une autonomie véritable qui soit tout à la fois interrogation sur l'efficacité et sur la valeur de ses actes ? Peut-être ne doit-elle pas systématiquement favoriser ceux qui connaissent déjà, en raison d'une sorte de complicité culturelle et sociale, les règles du jeu ? Peut-être doit-elle apprendre à tous les élèves à voir les conséquences à long terme de ce qu'ils font au lieu de s'en tenir à une rentabilité immédiate ? » Extrait de son Petit Dictionnaire de Pédagogie disponible sur : http://www.meirieu.com/DICTIONNAIRE/dictionnaireliste.htm

B comme BACCALAUREAT Le baccalauréat a été créé en 1808. Ce diplôme a une place importante dans la société française car il valide la fin de l’enseignement secondaire en même temps qu’il ouvre les portes de l'enseignement supérieur. Aujourd’hui l’objectif est d’amener 80% d'une classe d'âge jusqu’à son obtention mais dans les faits, ce n’est pas évident. Trop de jeunes sortent encore du système scolaire sans diplôme ni qualification : en 2005, ils étaient ainsi 42 000 à quitter l’Ecole sans qualification. A l’UNL, nous pensons qu’il faut créer les conditions nécessaires à la réussite de tous. Nous pensons par exemple que les lycéens doivent tous pouvoir accéder à la filière de leur choix et doivent pouvoir y réussir. Pour cela, nous pensons que les filières et les séries doivent toutes être reconnues à leur juste valeur. La série S ne doit pas être la voie unique de la réussite scolaire et sociale. Le baccalauréat doit notamment permettre à tous les jeunes qui le souhaitent de poursuivre des études supérieures auxquelles ils auront été préparés dès le lycée. Pour garantir l’égalité de tous devant cet examen, nous défendons le caractère national du diplôme et le respect de l’anonymat des copies. D’autre part, l’UNL a toujours été vigilante concernant le principe de gratuité de l’inscription au baccalauréat. Elle a ainsi mené fin 2005 un combat de longue haleine contre les frais de dossier illégalement imposés par certains rectorats avant d’obtenir que le ministère se saisisse du dossier pour mettre fin à ces pratiques. Mais aussi : Brevet des collèges ; Bibliothèques ; Bourses ; Bulletins, Bjeh

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Abécédaire

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C comme CARTE SCOLAIRE La carte scolaire un outil créé en 1963 pour permettre la régulation du système éducatif et notam-ment l’attribution des moyens (nombre de postes, options, ressources, etc.). Elle instaure un principe de sectorisation : chaque élève est automatiquement affecté à l’établissement auquel son domicile est ratta-ché. La définition de la carte scolaire étant du ressort des collectivités territoriales, elle devenu de fait un outil susceptible de rééquilibrer l’offre scolaire des territoires et de favoriser la mixité sociale, culturelle et scolaire. Depuis plusieurs années, les ministres successifs de l’Education Nationale n’ont eu de cesse de mal-mener le principe de sectorisation. Avec les mesures d’assouplissement, on a voulu faire croire aux élèves et aux familles qu’ils pourraient désormais choisir leur établissement scolaire. Au final, ce sont les chefs d’établissement qui se sont mis à sélectionner leurs élèves. A l’UNL, nous pensons que la carte scolaire est un outil dont le service public d’éducation ne peut et ne doit pas se passer. C’est un outil utile pour mieux répartir l’offre de formation sur le territoire et c’est surtout le seul moyen existant pour remettre de la mixité dans certains établissements. Nous savons bien qu’en l’état actuel, la carte scolaire ne peut pas tout et ce, notamment dans les quartiers où les difficultés sociales sont concentrées. Cependant, nous pensons que le Ministère devrait animer une politique volonta-riste pour que tous les acteurs locaux repensent de manière concertée leur carte scolaire avec cet objectif de meilleure répartition des moyens et des élèves.

Observatoire des inégalités : L’inégal accès au bac des catégories sociales

« L’admission au baccalauréat dans une série plus ou moins prestigieuse est en partie liée à l’origine sociale : les fils de cadres supérieurs ont 2,9 fois plus de chances que les ouvriers d’avoir leur bac et 8 fois plus d’obtenir un bac S...

L’évolution : L’accès au baccalauréat se démocratise. De plus en plus de jeunes issus des couches moins favorisées obtiennent ce diplôme : c’est le cas de près de la moitié des jeunes issus de famille ouvrière nés au tout début des années 1980, contre 10 % de ceux nés dans les années 1950. En moyenne, près des deux tiers des générations nées entre 1979 et 1982 ont obtenu le bac, contre un peu plus de 20 % de celles nées vingt années plus tôt. Mais ces chiffres doivent être nuancés pour plusieurs raisons. Toutes les catégories ont profité du mouvement : la part d’enfants de cadres bacheliers dépasse les 90 %, ce qui fait que l’inégalité des chances d’accès reste très forte. Sous le vocable "bac" se cachent trois formes différentes : les bac généraux, technologiques et professionnels, qui n’ont pas la même valeur sur le marché des diplômes. L’élévation de la part de bacheliers dans les catégories les moins favorisées résulte pour une bonne part de l’essor du bac professionnel à partir de la fin des années 1980. En 2006, 64 % des jeunes ont obtenu leur bac, mais 34,8 % seulement un bac

général. Enfin, c’est à peine perceptible sur la courbe, mais le taux de bacheliers stagne depuis le milieu des années 1995, c’est-à-dire pour les générations nées à partir de la fin des années 1970. » Les inégalités d’accès aux différentes filières : L’admission au baccalauréat dans une série plus ou moins prestigieuse est liée en partie à l’origine sociale, comme le montre la comparaison des pourcentages d’admis au baccalauréat en 2002 à celui des élèves entrés en 6ème en 1996. Si le système scolaire était équitable, le pourcentage d’admis dans les différents baccalauréats devrait être le même que celui qui est observé en classe de 6ème. Or, les enfants de cadres supérieurs représentent 13,8 % des élèves de 6ème mais constituent 24 % des admis au baccalauréat toutes séries confondues (soit une surreprésentation de 1,7 : résultat du rapport entre les 24 % d’admis au baccalauréat et les 13,8 % des classes de 6ème), et 40,2 % des admis au baccalauréat S (soit une surreprésentation de 2,9). Les enfants d’ouvriers, qui représentent 31 % des élèves de 6ème, ne représentent plus que 18,2 % des admis au baccalauréat (soit une sous-représentation cette fois de 1,7) et 11,4 % des admis au baccalauréat S (soit une sous-représentation de 2,7). Au bout du compte, les fils de cadres ont 2,9 fois plus de chances que les ouvriers d’avoir leur bac et 8 fois plus d’obtenir un bac S. Article mis à jour le 13 octobre 2009 sur le site de l’Observatoire des Inégalités : www.inegalites.fr (Rubrique Education)

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Marco Oberti, sociologue : Agir en amont contre la ségrégation urbaine L’objectif de mixité sociale de la carte scolaire s’est d’emblée heurté à deux facteurs : un état de la ségrégation urbaine, d’une part, et la présence d’un secteur éducatif privé y échappant, d’autre part. S’y rajoute le recours aux dérogations ou aux fausses adresses. D’autres phénomènes plus récents ont également contribué à sa fragilisation : la peur du déclassement au sein même des classes moyennes, la stigmatisation des quartiers populaires, la diversification de l’offre scolaire, et enfin la sélectivité scolaire des classes supérieures et d’une partie des classes moyennes. (…) Il s’agit donc d’un dispositif profondément inégalitaire qui fixe les enfants d’origine populaire et immigrée dans les établissements de proximité les plus défavorisés et stigmatisés, alors que les classes les mieux dotées opèrent des choix plus stratégiques à une plus large échelle. Pourtant, les précédents gouvernements, de gauche comme de droite, n’ont pas jugé nécessaire d’envisager une réforme profonde d’un dispositif si hypocrite et avalisant sur le plan scolaire des inégalités sociales inscrites dans l’espace urbain. Doit-on pour autant la supprimer ? C’est sans doute aller un peu vite en besogne et sous-estimer un certain nombre de dangers. Tout d’abord, celui d’un renforcement de la stigmatisation des établissements les plus en difficulté et donc des populations qui y resteront, même si l’offre scolaire est rendue plus attractive. On peut craindre également une sélection renforcée par les chefs d’établissement qui pose la question de la régulation des demandes d’affectation. Certes, des critères sociaux, familiaux et géographiques ont été indiqués, mais ils restent flottants. Enfin, la capacité à être mobile est inégalement répartie et risque de pénaliser considérablement les classes populaires si la question de l’aide à la mobilité (et pas seulement sous l’angle financier) n’est pas davantage prise en compte. Elle implique également de mieux informer ces catégories sociales. La dernière limite est celle de la capacité d’accueil limitée des établissements.

Plutôt que de se diriger vers une réduction des effectifs dans tous les établissements, on risque de trouver, d’un côté, des classes surchargées et, de l’autre, des collèges de moins en moins demandés. La « liberté de choix » est un leurre car tout le monde ne peut pas choisir. D’autres pistes sont pourtant envisageables. Il n’est pas, tout d’abord, utile de penser le même dispositif pour toute la France, sachant que les contextes des zones rurales et des petites villes sont bien différents, et que la question concerne principalement les grandes agglomérations. La première option consiste à redéfinir des secteurs plus larges à partir des bassins scolaires et donc de s’affranchir des frontières municipales dans la banlieue. La deuxième piste complémentaire consiste à rééquilibrer l’offre scolaire entre les collèges, et à l’homogénéiser. Plutôt que de « spécialiser » des établissements dans l’accueil des élèves en difficulté,

et ainsi les stigmatiser, on pourra agir directement auprès de ces élèves de façon individualisée. Il faut enfin soumettre les établissements privés sous contrat, donc bénéficiant de fonds publics, à cette nouvelle sectorisation et les impliquer dans la régulation territoriale de l’offre scolaire. Cela pose la question de l’instance adéquate pour élaborer et décider, sachant que, depuis les lois de décentralisation de 2004, la sectorisation des collèges relève des conseils généraux, alors que les dotations, les affectations et l’offre scolaire dépendent de l’inspection académique. C’est en agissant simultanément sur les deux aspects, le profil social et

l’offre scolaire, que l’on pourra atténuer la crispation des parents et se rapprocher de l’objectif idéal de l’égalité des chances. Il serait surtout plus efficace d’agir en amont contre la ségrégation urbaine (renforcer et faire appliquer la loi SRU) et d’articuler davantage les politiques urbaines et scolaires. Toutes les études montrent que les enfants d’origine populaire tirent profit à fréquenter des établissements mixtes. Il serait inquiétant de renoncer à garantir cette mixité. Article paru dans le journal L’Humanité du 16 juin 2007

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C comme COLLEGE A l’UNL, nous pensons avoir notre mot à dire sur le collège, son organisation, ses enseignements. Les collégiens peuvent d’ailleurs adhérer à notre organisation et y faire entendre leur voix. D’autre part, no-tre réflexion sur le lycée n’est pas isolée : elle s’inscrit dans une réflexion plus large sur le rôle et les mis-sions de chaque niveau d’enseignement ainsi que sur la nécessité de faciliter le passage d’un niveau à l’au-tre (collège-lycée, lycée-enseignement supérieur). En effet, le lycée ne peut pas assumer seul la création des conditions de la réussite de tous. En amont, le collège doit notamment donner à tous un socle commun qui permettent aux élèves de maitriser les connaissances et compétences nécessaires à l’entrée au lycée. C’est pourquoi nous défendons le collège unique, principe actuellement malmené par ceux qui ne veulent ni croire à l’éducabilité de chacun, ni se donner les moyens de la réussite de tous. Mais aussi : Congrès ; Carte Lycéenne ; CDI ; Cantines ; scolaire ; Citoyenneté ; Conseil de la vie lycéenne (voir Démocratie lycéenne) ; Conseil d’administration ; Contrat d’Insertion Profession-nelle (mouvement contre le) ; Contrat Première Embauche (mouvement contre le) ; Conseil Su-périeur de l’Education ;

Déclaration commune au CSE du 20 septembre 2007 Le ministre de l'Education nationale a annoncé une disparition du collège unique afin d’en finir, explique-t-il, avec le « formatage » des élèves et de donner plus d’autonomie aux établissements pour s’adapter aux particularités des élèves. Il omet de préciser que le collège unique, c’est l’unicité de la nature des établissements et pas l’uniformité de ce que y est fait. Ce qui est en jeu, c’est la garantie d’un même droit à la scolarité obligatoire pour tous les élèves. Le collège unique n'existe pas : entre les différentes options, les SEGPA, les classes « découverte professionnelle », les CHAM, les sections internationales ou sport études, etc, les différenciations en œuvre aujourd'hui débouchent trop souvent sur la création de classes d’élites et de classes de relégation. Par ailleurs les équipes pédagogiques ont pu parfois mettre en place des dispositifs permettant d'accompagner tous les élèves sur la voie de la réussite. Pour généraliser ces pratiques, souvent hélas mises à mal par les restrictions budgétaires, il faut accorder aux équipes les moyens de fonctionnement nécessaires avec des garanties dans la durée. Avant le collège unique, instauré par la loi Haby de 1975, existaient trois types de collèges (CES, CEG et CET), puis trois filières séparées (classique, moderne, technique). S’agit-il de revenir à cette sélection précoce que le président de la République récuse par ailleurs ? Associée à la suppression de la carte scolaire, une telle évolution ne pourrait qu’aggraver les inégalités scolaires. Elle serait incompatible avec l’objectif fixé de 50% d’une classe d’âge diplômée de l’enseignement supérieur et

entraînerait une régression des résultats (moins 30% d’accès au bac), ainsi que l’ont démontré les études internationales comme PISA. Nos organisations s’opposent catégoriquement au retour de toute sélection précoce. Il est urgent que le ministre sorte de l’ambiguïté des slogans et s’engage clairement en faveur de la démocratisation du second degré, à travers l’absence de sélection, l’hétérogénéité des classes et l’acquisition par tous d’un ensemble commun de connaissances et de compétences que l’école s’engage à faire acquérir à tous les élèves. Organisations signataires : CFDT, FCPE, FEP-CFDT, FSU, JPA, Ligue de l’enseignement, SE-UNSA, SGEN-CFDT, SI-EN-UNSA, SNEP-FSU SNES-FSU SNPDEN-Unsa, SNUIPP-FSU, UNEF, UNL, UNSA-Education, UNSEN-CGT. Extrait du Texte d'Orientation de 2004 « Pour une société meilleure, une éducation nouvelle ! » : Défendre le collège unique C'est en 1975 qu'à été instauré le collège unique, et fixé à 16 ans l'âge de la scolarité obligatoire. Cette réforme est pour nous fondamentale car elle permet de faire vivre l'ambition de voir une même génération bénéficier d'un socle commun de connaissances. Aujourd'hui, de nombreuses voix s'élèvent pour remettre en cause l'idée de collège unique. Le collège unique serait un leurre, il serait dépassé, il ne correspondrait qu'aux rêves de quelques pédagogues attardés, refusant de voir le monde évoluer. Certes le

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collège unique connaît des dysfonctionnements, certes aujourd'hui comme hier, le collège unique ne résorbe pas toutes les inégalités sociales ; pourtant nous y restons profondément attachés. Pour nous, il s'agit avant tout d'une ambition à laquelle nous croyons et que nous défendons. Il faut aujourd'hui se donner les moyens de cette ambition. Le collège doit rester le lieu central d'apprentissage et d'assimilation des connaissances fondamentales. La lecture, l'écriture, le calcul mais aussi le « vivre ensemble » et l'épanouissement personnel, sont autant d'éléments que le collège actuel doit selon nous enseigner à l'ensemble d'une classe d'âge afin de préparer l'avenir d'une société. Remettre en cause le collège unique, c'est accepter que dès le plus jeune âge le fossé se creuse entre les jeunes d'une même génération.

L'orientation précoce que certains préconisent désormais ouvertement, c'est en fait refuser toute forme de droit à l'erreur, pourtant érigé dans tous nos cours en principe : mieux vaut une erreur en cours (ici à l'Ecole) qu'à l'examen (dans la vie). Nous ne pouvons accepter que l'avenir de jeunes soit déterminé de façon irréversible à un âge où l'on ne peut pas connaître l'ensemble de ses passions. On ne peut pas nous demander de nous projeter dans l'avenir sans nous en donner les moyens, ou en ne nous en donnons qu'une part réduite. Parce que nous savons que l'école est aujourd'hui le meilleur moyen de lutter contre les inégalités, il est important de permettre au plus grand nombre d'accéder au plus haut niveau de qualification possible. Le collège unique a pour ambition d'être la pierre angulaire d'un édifice qui se construit tout au long de la scolarité.

D comme DEMOCRATIE LYCEENNE Plus de démocratie au lycée : voilà ce que les lycéens atten-dent ! Pour mettre fin au sentiment d’inutilité voire au sentiment d’injustice, il est urgent de faire du lycée un lieu de vie véritable où la parole de chacun est respecté et où les lycéens puissent être re-présentés dans toutes les instances de consultation et de délibéra-tion. C’est ainsi que l’on prépare les élèves d’aujourd’hui à devenir les citoyens de demain. L’UNL a toujours milité en faveur de ce que l’on appelle la Démocratie Lycéenne c’est-à-dire l’ensemble des instances pour lesquelles les lycéens sont sollicités : de l’assemblée des délégués de classe au Conseil National de la Vie Lycéenne (CNVL) en passant par les Conseils de la Vie Lycéenne (CVL) ou les Conseils Académi-ques de la Vie Lycéenne (CAVL). A côté de cette structure pyramidale, il ne faut pas oublier que la voix des lycéens ne doit pas être cantonnée à ce qui relève de la « vie lycéenne ». Les représentants lycéens au Conseil d’Administration (CA) ont un rôle très important à jouer pour toutes les décisions qui concernent leur établissement scolai-re. Au-delà de leur présence dans les conseils, les représentants lycéens participent à la vie quotidienne de leur établissement en mettant en place des consultations, des débats thématiques, des projets de tou-tes sortes. Ils doivent surtout veiller au respect des droits lycéens (liberté d’expression, droit d’affichage, droit de réunion, droit à être défendu notamment lors des conseils de discipline, etc.) Malheureusement la démocratie au lycée est encore loin d’être une réalité. Trop souvent, les droits lycéens sont bafoués ; les élections de délégués (notamment CVL) ont lieu en catimini sans réelle informa-tion des lycéens et, une fois élus, les représentants lycéens se heurtent à des administrations qui ne leur donnent pas toujours les moyens de réaliser pleinement leur mandat. La Démocratie Lycéenne devrait faire l’objet d’une politique volontariste au niveau national. Parallè-lement, tous les établissements devraient avoir une véritable réflexion sur sa mise en œuvre concrète avec une inscription dans le projet d’établissement.

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Extrait du Texte d’Orientation 1997 : 1er Congrès de l’UNL « Le délégué de classe, élément de base du système de démocratie lycéenne, a un rôle primordial à jouer dans son établissement ainsi que dans sa classe. Force est de constater que sa parole de représentant est souvent très peu prise en compte, tant par l’administration que par les élèves eux-mêmes. Le rôle du délégué fait l’objet d’une information souvent bâclée par des professeurs considérant l’élection des

représentants de la classe comme la perte d’un précieux temps de cours, plus que comme la réponse à un réel besoin d’expression des élèves. Nous revendiquons l’institution dans tous les établissements du secondaire, d’une grande campagne d’information sur le rôle des délégués de classe ainsi que sur l’ensemble des dispositifs permettant l’expression des lycéens. Cette campagne serait menée dans le cadre d’une journée banalisée annuelle, vouée à l’élection des délégués de classe, et du conseil d’administration. »

D comme Démocratisation : La démocratisation de l’enseignement, c’est le processus par lequel on permet à tous les élèves de tirer le meilleur profit de leur scolarité. Après avoir massifié l’enseignement en rendant la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans, il est nécessaire de le démocratiser c’est-à-dire de créer les conditions de la réussite de tous les élèves quelque soit leur origine sociale ou culturelle, quelque soit leurs acquis antérieurs, quelque soit leur projet pour l’avenir. Pour démocratiser le Lycée, il est donc nécessaire de garantir l’égalité entre les élèves en aidant notamment ceux qui en ont le plus besoin mais également révolutionnant la pédagogie en profondeur et en mettant en œuvre un réel suivi individualisé en matière de scolarité mais également d’orientation. Mais aussi : Diplôme (voir Baccalauréat) ; Dialogue ; Délégué des élèves (voir Démocratie lycéenne) ; Délégué Flash ; Démarche syndicale (voir Syndicalisme)

E comme EVALUATION A l’UNL, nous pensons que l’évaluation ne doit pas se confondre avec la sanction. Le système de notation couramment utilisé produit le plus souvent de la frustration voire un senti-ment d’injustice. L’élève a trop souvent l’impression qu’il s’agit de juger sa personne plutôt que ses connaissances, ses compé-tences et ses progrès. C’est pourquoi nous pensons que la ques-tion de l’évaluation doit être au cœur de la réflexion des ensei-gnants. Ces derniers doivent donner des repères, des objectifs clairs aux élèves pour que ces derniers puissent travailler dans la bonne direction. L’évaluation doit surtout permettre à l’élève de mesurer ses progrès et l’enseignant doit aider à isoler les notions ou com-pétences mal-maitrisées pour que cette progression soit possi-ble. Différents types d’évaluation (évaluation formative, évalua-tion par les pairs, autoévaluation, etc.) peuvent venir se complé-ter à condition de favoriser ainsi la réussite de tous les élèves.

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Extrait du Texte d’Orientation 2004 « Pour une société meilleure, une éducation nouvelle » « Censées représenter la progression de l’élève, les notes sont souvent considérées comme une finalité, comme le seul moyen de s’évaluer. Le système de notation chiffrée en usage actuellement pose d’importants problèmes dans le rapport de l’élève à ses résultats. Plus important que le résultat final, ce sont les connaissances acquises et le travail effectué par l’élève qui doivent être évalués. » Extrait du Texte d’Orientation 2006 « Une autre école pour une autre société : agir en syndicalistes » Depuis les débuts de l’enseignement moderne, les systèmes de contrôle des connaissances et de vérification des apprentissages sont basés sur une évaluation sanction. Loin d’être vécue comme une partie intégrante du processus d’apprentissage, l’évaluation s’apparente plutôt à un couperet qui permet ou non de continuer son parcours scolaire. On assiste à une dérive du système évaluatif qui, au lieu

de participer à la formation de l’élève, ne sert en définitive qu’à sanctionner, de manière positive ou négative, la faculté que peut avoir un lycéen à assimiler – pour une période plus ou moins longue – une masse de connaissances donnée en vue d’une évaluation précisément ciblée. A ce titre, l’exemple du baccalauréat est éloquent. En effet nombre de titulaires de ce diplôme ont connu la période de « bachotage » qui consiste, quelques semaines voire quelques jours avant l’examen, à se plonger dans ses cours afin de tenter d’assimiler dans une période réduite l’intégralité du programme. Si cette méthode a permis à d’innombrables élèves d’obtenir le bac, il n’en reste pas moins qu’il est prouvé que des connaissances ainsi apprises ne résistent pas à l’épreuve du temps – les connaissances ainsi ingurgitées seront oubliées quelques semaines plus tard. Ce système montre donc ses limites car au lieu de valider l’assimilation de compétences, l’on ne fait que vérifier l’existence d’une certaine capacité de mémorisation. Loin de se résigner quant à cet état de fait, l’UNL se prononce pour une réforme profonde, tant de l’évaluation des élèves en général que du baccalauréat en particulier.

Mais aussi : Egalité (voir Collège, Carte Scolaire, Gratuité, Financement, etc.) ; Ecole ; Emploi des jeunes (voir Jeunesse) ; Education ; Erreur (droit à l’) ; Extrême-droite (voir lutte contre la Xénophobie) ; Education Civique Juridique et Sociale ; Europe de l’Educa-tion

F comme FINANCEMENT DU SERVICE PUBLIC Pour que le service public d’éducation que nous appelons de nos vœux soit une réalité, l’Etat doit déployer des moyens importants. A l’UNL, nous pensons qu’il est essentiel que l’Ecole soit intégralement financée par la collectivité car c’est seulement ainsi que l’on garantira la gratuité, la laïcité et la réussite de tous. Les moyens alloués à l’Ecole ne sont jamais des dépenses inutiles. Ils permettent au contraire d’assurer l’avenir de la société à travers la formation de ses futurs citoyens. Malheureusement, l’Ecole publique est sans cesse remise en cause. C’est pourquoi l’UNL s’est engagée début 2010, aux côtés de nombreux partenaires, dans une grande campagne pour l’école publique, gratuite et laïque. Nous considérons en effet que le gouvernement français fait aujourd’hui trop de cadeaux à l’enseignement privé et cela au détriment du service public d’éducation.

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Appel national pour l’école publique L’École publique, laïque et gratuite crée le lien social indispensable pour faire face aux défis d’un monde en crise. C’est elle, et elle seule, qui permet de garantir la cohésion sociale. Elle est pourtant aujourd’hui menacée par des choix politiques qui favorisent le privé et encouragent le consumérisme éducatif. Redonnons la Priorité à l’École laïque ! Le service public et laïque d’éducation doit garantir à chaque élève une scolarisation de qualité sur tous les territoires. Il doit permettre à chacune et chacun, quelle que soit son origine culturelle ou géographique, quelle que soit sa condition, quel que soit son handicap, de bénéficier d’une éducation et de s’approprier « le vivre ensemble » dans un espace où la liberté de conscience est strictement respectée. Aujourd’hui, le service public et laïque d’éducation n’est plus une priorité de l’état. Les nombreuses décisions ministérielles le montrent : - les dizaines de milliers de suppressions d’emplois qui ne cessent de le frapper durement, le fragilisent en zone rurale et l’asphyxient en zone urbaine, - les aides publiques concédées aux établissements privés (à 95% catholiques) qui n’ont jamais été aussi élevées. Il s’agit de près de 7 milliards d’Euros octroyés chaque année par l’État, auxquels viennent s’ajouter les participations obligatoires versées par les collectivités locales, - la loi Carle qui amplifie le financement de la concurrence au service public et conforte la logique

de « marché » scolaire, - la suppression de la sectorisation, qui transforme les parents d’élèves en consommateurs d’école, - le développement du privé par le plan banlieue, là où les besoins du service public sont les plus criants, là où la ségrégation sociale est la plus forte, - les accords « Kouchner Vatican » (qui remettent en cause les règles de collation des grades universitaires au bénéfice des instituts catholiques) ainsi que les projets de financement par l’état de l’enseignement supérieur privé. Nous, signataires de cette pétition, refusons l’affaiblissement organisé par l’État, de notre service public et laïque d’éducation. L’éducation n’est pas une marchandise. La liberté de conscience doit être respectée partout et pour toutes et tous. L’argent de tous doit cesser de financer les choix de quelques-uns. Nous exigeons une orientation politique qui fasse clairement le choix de l’École publique, laïque et gratuite. Nous réaffirmons qu’il n’y a qu’une École de la République. Nous demandons que l’effort éducatif de la Nation soit réservé au développement de l’École de la Nation. Campagne inter-organisations en cours jusqu’en juin 2010 : www.appelpourlecolepublique.fr

F comme Fédérations : Les fédérations départementales sont le pilier de notre organisation. Sans elles, l’UNL ne pourrait pas être la force de défense des lycéens, de revendications mais également de propositions qu’elle est aujourd’hui. En coordonnant l’activi-té militante dans les lycéens d’un département, la fédération UNL permet la mise en place d’actions efficaces, favorise l’in-formation des lycéens et la formation des ses adhérents. Elle fait le lien entre le local et le national : elle participe donc à la délibération collective à l’occasion des Conseils Nationaux. Mais aussi : Fournitures (voir Gratuité) ; Filiè-res (voir Orientation) ; Filles-garçons (égalité)

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G comme GRATUITE Les lois Ferry (1881-1882) ont rendu l’Ecole obligatoire, laïque mais aussi gratuite. Pourtant, le combat pour la gratuité de l’enseignement est toujours d’actualité. En effet, si le service public d’éducation est théoriquement accessible à tous sans contrepartie financière des familles, ces dernières doivent face à de nombreuses dépenses liées à la scolarité. Qu’il s’agisse des manuels et livres scolaires, des fournitures, des trousseaux professionnels, des transports ou encore de la restauration, la scolarisation des enfants à un coût très important pour les familles. C’est parce que nous pensons que tous les lycéens doivent pouvoir étudier dans de bonnes conditions que nous défendons la gratuité de tous ces « à coté » qui n’en sont pas puisqu’ils ont une influence directe sur la réussite des élèves. Nous pensons qu’il est également fondamental de développer les aides sociales à destination des élèves les plus modestes. Mais aussi Génération (voir Jeunesse, Mouvement social, Syndicalisme) ; Grenelle (rue de) ; comme Grève (voir Mouvement social, Syndicalisme)

H comme HETEROGENEITE DES CLASSES A l’UNL, nous pensons que l’on s’enrichit de la différence et que l’entraide entre élèves doit permettre à tous d’être tirés vers le haut. On sait par exemple que les classes hétérogènes permettent de faire progresser les plus faibles tandis que les classes homogènes creusent au contraire les inégalités. Nous pensons que l’hétérogénéité des classes est donc un atout mais cela à condition de relever le défi pédagogique visant à la construction collective des apprentissages. Nous nous opposons à la création de classes d’excellence d’une part et de classes « poubelles » d’autre part. Nous pensons qu’il est plus juste de créer au sein de classes hétérogènes des temps de travail et de suivi individualisés qui ne soient toutefois pas déconnectés des objectifs posés pour toute une classe. Au-delà de la mixité scolaire, nous pensons la mixité sociale et culturelle est de son côté une occasion d’éduquer au respect de l’autre indispensable à la vie en société.

Mais aussi Heure de vie de classe Témoignage d’un lycéen (paru dans La Voix Lycéenne septembre-octobre 2004) : Avant les heures de cours magistraux du jeudi après-midi, un îlot d’humanité dans l’emploi du temps : une heure de vie de classe. Une seule toute petite heure pour parler de tout ce qui a trait à notre vie de lycéen : des problèmes de la classe bien sûr, mais aussi des évènements qui se déroulent dans le lycée et au-delà, d’orientation, de citoyenneté… Un cadre vaste ! Mais quand on demande à la prof principale s’il est possible d’en prévoir une, la réponse est pour le

moins perplexe : « Heu… vous voulez vraiment une heure de vie de classe ? Vous ne pensez pas que vous êtes suffisamment grands pour vivre dans la classe entre vous ? » Elle a réponse à tout : « Pour parler d’orientation ? Mais enfin, je ne peux rien vous dire, prenez rendez-vous avec le conseiller. » Il était justement difficile de le voir puisqu’il n’était plus dans l’établissement. La prof, du moins nous l’espérions, pourrait sans doute nous renseigner ! En grattant un peu plus, la réponse fut de plus en plus franche : « Non, écoutez, j’ai besoin de cette heure pour finir mon programme ». Nous avons effectivement eu cette heure de vie de classe, à l’heure prévue sur l’emploi du temps… mais ce fut une heure de cours, une heure de cours comme les autres… Passe ton bac d’abord !

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I comme...

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I comme INTERDISCIPLINARITE

Extrait du TO 2000 « Construire le syndicalisme lycéen » Ce que nous appelons « interdisciplinarité », ce n'est pas la négation des spécificités des différentes matières, qui ont chacune leur méthode, leur manière d'envisager une question. L'interdisciplinarité, c'est tout simplement la mise en cohérence de ce que toutes ces disciplines peuvent apporter, afin que la diver-sité soit d'un plus grand intérêt et d'une plus grande utilité encore, au lieu d'être un facteur de confusion – ce qui est le cas pour beaucoup d'élèves. Nous souhaitons d'abord une harmonisation globale des program-mes à chaque étape de la scolarité, pour faire en sorte qu'une même question bénéficie d'une certaine diversité d'approches. Des « ponts » peuvent ainsi être établis entre des disciplines très diverses : littérature et histoire, sciences et histoire, philosophie et mathématiques, physique et biologie, géographie et géologie, mais aus-si EPS et biologie... etc. L'interdisciplinarité n'est rien d'autre qu'une mise en cohérence des connaissan-ces. Pour cela, divers outils doivent être mis en place. Nous voulons d'abord une réorganisation de l'enseignement, ce qui passe avant tout par une plus grande coopération entre les professeurs des différentes matières. Ceux-ci doivent en effet veiller à la co-hérence des savoirs enseignés, en faisant en sorte que l'élève puisse faire le lien : pour cela, il est indis-pensable d'organiser régulièrement des cours thématiques de synthèse auxquels participeraient différents enseignants. L'enjeu se situe donc non seulement au niveau des programmes nationaux, mais aussi au ni-veau de l'organisation concrète du travail scolaire (qui doit s'accompagner d'une meilleure organisation de l'évaluation). Mais il y a beaucoup à faire au niveau strictement pédagogique à travers le vocabulaire utilisé, les exercices demandés, les méthodes mises en jeu, ce qui demande à la fois de nouveaux outils et une for-mation des enseignants prenant davantage en compte ces nécessaires rapprochements entre disciplines. Finalement, l'interdisciplinarité, loin de « tuer » les disciplines, comme certains le prétendent, vise au contraire à mettre en valeur la spécificité, l'objet et les méthodes particulières propres à chaque matière.

Mais aussi Indépendance ; Infirmerie ; Internat ; Internationalisme

J comme JEUNESSE L’UNL est une organisation de jeunesse et elle se revendique comme tel-le. S’il ne s’agit pas d’opposer les générations les unes aux autres, nous faisons toutefois le constat que la jeunesse est souvent malmenée, particulièrement en période de crise. Nous pensons que la société doit faire davantage confiance à sa jeunesse car celle-ci est justement l’avenir de la société. Nous défendons ainsi la mise en sécurité so-ciale de la jeunesse à travers la création de protections et d’aides pour permettre à tous les jeunes de bé-néficier des mêmes droits quelque soit ses origines, son milieu social, son quartier ou encore ses choix d’études ou de vie. Nous pensons également que la jeunesse doit être mieux accueillie dans le monde du travail et dans le monde social et politique.

Mais aussi Journaux lycéens : La presse lycéenne est un outil qui permet de fa-

voriser l’expression des lycéens, leur information et leur participation à la vie des établissements scolai-res. L’UNL se bat la liberté d’expression des lycéens soit respectée et la presse lycéenne développée dans tous les lycées.

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L comme...

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L comme LAICITE La laïcité est une des valeurs qui guident les combats de l’UNL. Nous défendons un service d’éducation public, gratuit et laïque c’est-à-dire indépendant de l’Eglise ou de tout ordre religieux. Toutefois, nous pensons qu’être laïque c’est aussi respecter les croyances individuelles dans la mesure où celles-ci ne débordent pas la sphère privée. Nous avons toujours condamné toutes les formes de prosélytisme qu’elle émane d’élèves, d’enseignants ou de tout autre membre de la communauté éducative. En effet, nous considérons qu’il est juste de dire que la liberté des uns commence là où s’arrête celle des autres.

Mais aussi : Lycée Polyvalent des Métiers (voir Orientation) ; Liberté d’expression (voir Démocratie lycéenne et Journaux lycéens); Lieu de vie

Extrait du Texte d’Orientation 2006 : « Une autre école pour une autre société : Agir en syndicalistes » C’est à travers la tolérance, que nous pouvons apprécier la diversité à sa juste valeur, c’est-à-dire comme une réelle source de richesses et d’épanouissement pour chacun. Une des conditions de cette tolérance, c’est bien sûr et en premier lieu, la laïcité. Il nous faut considérer cette laïcité comme une chance, que ne connaissent malheureusement pas nombre de pays, où la religion officielle peut exercer sa libre emprise sur l’Ecole. Selon notre conception de la laïcité, aucune religion ne doit donc être en mesure d’exercer un prosélytisme dans l’enceinte de l’Ecole républicaine. Dans le même temps, chaque élève est libre dans ses croyances et dans ses pratiques, tant qu’elles ne sont pas sources de confrontations avec l’Autre, c’est-à-dire tant que la pratique religieuse est circonscrite à la sphère privée. C’est là la condition sine qua non du vivre-ensemble dans la communauté éducative. Force est de constater pourtant que la laïcité est régulièrement remise en cause. Les lobbies religieux tentent parfois de peser, contre cette conception de la tolérance, et voudraient, avec la bénédiction de certains responsables politiques de la droite la plus conservatrice, remettre en cause ce pilier du modèle républicain. La République ne serait alors plus cet idéal d’unité dans le respect de toutes les diverses façons de penser, mais une sorte d’addition de communautarismes, clairement segmentés, défendant chacun leurs intérêts propres.

En effet, partout, les systèmes communautaristes ont fait la preuve de leurs limites. Ils sont vecteurs de peur, de haine, de violence entre les individus et les groupes, jusqu’entre les murs des écoles. A ces idées, l’UNL doit opposer une laïcité ouverte, respectueuse et éclairée. La question d’une loi permettant de réguler la laïcité s’est donc posée dans notre pays, et après son élaboration, cette dernière a été adoptée par le parlement. Nous pensons que la démarche n’est pas judicieuse. En effet, une loi, et toute la rigidité qui doit la caractériser, aura bien du mal à laisser s’instaurer un dialogue, et ne pourra donc être synonyme d’ouverture,

ouverture que nous associons pourtant au principe de laïcité.

Pour que la laïcité soit assimilée par tous, certaines mesures peuvent donc être prises. En premier lieu, il nous faut montrer une image ouverte et tolérante de la laïcité, image

que la loi sur la laïcité à l’école ne parvient pas réellement à

laisser transparaître. Il faut donc gérer au cas par cas les situations de litige, en ce qui concerne notamment la présentation de signes religieux considérés comme ostensibles à

l’Ecole. C’est-à-dire, à chaque fois, parvenir à instaurer un réel dialogue,

respectueux, entre chaque partie, et réussir le plus souvent possible à trouver des

compromis. Ces compromis permettraient de n’exclure personne du système éducatif, et ne créeraient pas non plus un afflux de certains élèves comme on peut le connaître parfois, vers les écoles privées confessionnelles. L’inverse signifierait un échec pour toute la communauté éducative, et pour tous les défenseurs de l’Ecole publique.

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M comme...

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M comme MOUVEMENT SOCIAL Le mouvement social, c’est l’ensemble des individus, organisés ou non, rassemblés autour de valeurs communes pour défendre leur vision de la société. L’UNL a toujours affirmé que le mouvement lycéen était une composante du mouvement sociale car lorsque nous défendons notre vision de l’Ecole, nous dé-fendons aussi une certaine vision de la société : une société plus juste dans laquelle chacun trouverait sa place grâce à l’émancipation individuelle et collective. Mais aussi : Manuels scolaires ; Maisons des lycéens ; Massification ; Médias (éducation aux) ; Méthodes de travail ; Mixité ; Motivation des élèves

Extrait du Texte d’Orientation 2006 : « Une autre école pour une autre société : Agir en syndicalistes » Alors que les jeunes subissent de plein fouet les lois anti-sociales de notre gouvernement, que leur situation est de plus en plus précarisée, que leur taux de chômage est des plus scandaleux, les organisations de jeunesse sont méprisées et leurs revendications bafouées. C'est parce que les conditions des lycéens sont perpétuellement menacées que nous devons plus que jamais revendiquer haut et fort notre implantation dans le mouvement social et appeler à une réelle reconnaissance. Nous nous devons de continuer à porter les aspirations de notre génération à un avenir meilleur, parce que nous sommes les mieux placés pour le faire. En effet, nous sommes plus que jamais la première organisation représentative des lycéens.

C'est pourquoi il ne saurait être toléré que nous ne soyons pas considérés comme tels par le ministère, et que notre droit syndical ne soit toujours pas reconnu. C'est cette exigence de reconnaissance que nous devrons porter encore et toujours, pour que la voix lycéenne continue de se faire entendre. Enfin, le droit à l'avenir revendiqué par les lycéens ne saurait être déconnecté des revendications que peut porter l'ensemble du monde éducatif. En effet, il est fondamental de nous présenter unis pour que notre projet commun d'une école qui cesse d'être un vecteur de reproduction sociale ait une chance d'aboutir. C'est pourquoi nous devons renforcer les liens qui peuvent nous unir aux partenaires syndicaux de l'enseignement secondaire, qu'il s'agisse des enseignants, des personnels éducatifs ou non, des parents d'élèves. Parce que c'est ensemble que nous construirons l'école de l'Egalité.

N comme NIVEAU On entend souvent dire : « c’est inacceptable, le niveau baisse ! ». Les promoteurs de ce discours sont souvent des nostalgiques d’une école réservée à une élite et renfermée sur elle-même ; cela au point de mettre à la poubelle toutes les réformes destinées à favoriser la réussite de tous. A l’UNL, nous rejetons ce discours passéiste et cette manie de comparer de manière caricaturale ce qui n’est pas comparable. Si nous constatons l’existence de dysfonctionnements importants dans le système actuel, nous pensons que nous n’avons rien à envier aux générations d’élèves du début ou du milieu du siècle. Si l’histoire du système éducatif et des évolutions sociales nous donne un devoir c’est celui d’ancrer notre vision du lycée dans une réflexion tenant compte des enjeux actuels et des défis de demain.

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O comme...

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L. Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités « Le niveau d’éducation de la population française n’a plus rien à voir avec ce qu’il était. L’âge moyen de fin d’études a été porté de 11,5 à 18,5 ans au cours du XXème. Au milieu des années 1950, 85% de la population active avait au mieux le certificat d’études, contre 21% en 2005. Entre le début des années 1970 et la fin des années 1980, le nombre d’élèves quittant le système éducatif sans qualification – c’est-à-dire avant la fin du certificat d’aptitude professionnelle (CAP), du brevet d’études professionnelles (BEP) ou la classe de seconde – est passé de 170 000 à 60 000. Alors que la décennie 1990 avait été marquée par une stagnation, la baisse a repris entre 2001 et 2005, et le nombre de sortants sans qualifications s’est établi à 40 000. Sur l’ensemble de la période, ce dernier a été divisé par quatre. La part des élèves déscolarisés de façon précoce par génération est passée de 25% à 6% entre 1975 et 2005. De nombreux auteurs se sont fait une spécialité du déclin scolaire, jouant avec les

angoisses des parents. L’élévation du niveau général serait artificielle, car la qualité des diplômes aurait été bradée. Le niveau des élèves eux-mêmes se serait dégradé. Le ministère de l’Education a comparé les performances des élèves au milieu des années 1990 à celles de ceux des années 1920. Les élèves d’aujourd’hui sont meilleurs que les écoliers d’hier en rédaction, aussi bons en vocabulaire, compréhension de texte et calcul (sauf en multiplication), et moins bons en orthographe et en résolution de problèmes.

Le niveau des élèves de 1920 est surestimé. En

fait, on ne sait rien du niveau de la majorité des jeunes élèves exclus d’alors, qui n’étaient pas présentés au certificat. Cet examen représentait un enjeu majeur, auquel les élèves étaient préparés toute

l’année. Pour les élèves de 1995, il n’est qu’un test parmi d’autres. De plus, les programmes ont changé : les élèves actuels ont des connaissances plus larges dans certaines disciplines, telles que la géométrie (peu enseignée dans les années 1920), sans parler des savoirs nouveaux, comme l’informatique. » Extrait de l’ouvrage Déchiffrer la société française (La Découverte, 2009)

O comme ORIENTATION L’orientation est une préoccupation forte des élèves et des lycéens en particulier. Elle l’est d’autant plus que le diplôme a pris une place très importante dans la société. On constate malheureusement que l’orientation des élèves est aujourd’hui une orientation subie, un outil du système pour faire le tri au lieu d’être un processus de mobilisation des élèves et d’encouragement des trajectoires positives et des choix autonomes. Dans le meilleur des cas, les élèves mal-orientés sont frustrés par la direction qui leur est imposée ; dans le pire, ils expriment violemment leur rejet d’une école qui ne les a pas respectés en tant qu’individus. L’UNL s’est donc fait, depuis sa création, le relais de nombreuses revendications lycéennes visant à transformer en profondeur le système d’orientation actuel. Aujourd’hui, nous exigeons notamment la mise en place d’un Service Public d’Orientation (SPO) pour que soit enfin mutualisés et rendus accessible les moyens concernant l’accompagnement à l’orientation. Il est en effet inadmissible que les lycéens soient obligés de dépenser beaucoup d’argent pour s’informer sur les poursuites d’études et les métiers qui pourraient leur correspondre. Nombreux sont ainsi ceux qui n’accèdent qu’à des informations partielles et souvent partiales. Parce que l’orientation ne peut que se faire en connaissance de cause, nous pensons que le meilleur moyen de dépasser les préjugés et les stéréotypes est de faire cohabiter plusieurs filières des différentes voies au sein de chaque établissement scolaire. Le Lycée Polyvalent des Métiers (LPM) que nous appelons de nos vœux permettrait de tirer profit d’une telle richesse en mettant en place des interfaces ainsi que passerelles entre les filières.

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P comme...

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P comme PEDAGOGIE On dit souvent des hommes politiques qu’ils sont ou ne sont pas « pédagogues ». On confond ainsi pédagogie et rhétorique (art de parler). La pédagogie, ce n’est pas cela : à l’école, il ne suffit pas qu’un enseignant s’exprime bien pour que les élèves comprennent ce qu’il veut dire et s’approprient les connaissances attendues ! La pédagogie c’est la création de situations d’apprentissage susceptibles de permettre à l’élève de progresser et de prendre conscience de ses progrès. Cela nécessite de multiplier les entrées possibles, les méthodes pédagogiques et les supports de travail : de la sensibilisation de départ à l’évaluation finale en passant par l’expérimentation (en Travaux Pratiques par exemple), les exercices, les temps de syn-thèse collective ou encore la mobilisation autour d’un projet transversal. Si chaque discipline doit conserver ses spécificités, la réflexion pédagogique permet une vision plus globale des élèves, de leurs rapports aux savoirs mais également des interactions au sein de la classe (entre élèves, avec l’ensei-gnant, etc.). Ainsi, nous pensons que le Lycée ne s’appuie pas assez sur les qualités des élèves : il ne fait que souligner nos défauts sans toujours nous donner les moyens de remé-dier à nos lacunes. C’est pourquoi nous attachons notamment beaucoup d’impor-tance à la façon dont les enseignants nous évaluent aujourd’hui (voir « Evaluation »). Nous récusons également l’idée selon laquelle la pédagogie sera synonyme de laisser-faire voire de laxisme. La pédagogie s’appuie sur des activités cadrées par l’enseignant. Loin de tuer l’autorité, la pédagogie, en redonnant du sens aux apprentissages, permet à l’enseignant d’être res-pecté de tous. Elle permet de faire de la classe, non pas le lieu du « chacun pour soi » mais du « avancer ensemble » ; ce qui, dans une société qui prône la compétition, est de moins en moins évident mais de plus en plus urgent ! Ceci dit, n’est cependant pas pédagogue qui veut ! Une formation des enseignants ambitieuse est la condition sine qua none de la révolution pédagogique qui est aujourd’hui nécessaire pour remettre l’élève au centre du système éducatif. C’est pourquoi, l’UNL s’oppose à la réforme de la formation des enseignants actuellement imposée par le gouvernement. En supprimant l’année post-concours qui avait lieu Institut de Formation des Maîtres, c’est à toute ambition éducative que le gouvernement renonce.

Mais aussi : Programmes ; Projet d’établissement ; Parcours ; Proviseur ; Prévention

Q comme QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, les lycéens ne demandent pas seulement plus de moyens. Ce qui compte pour nous, c’est la qualité du service public d’éducation c’est-à-dire sa ca-pacité à accueillir tous les élèves dans les meilleures conditions et à leur permettre de réussir leur scolari-té. C’est pour cela que l’UNL s’intéresse à l’utilisation concrète des moyens alloués à l’Education nationale et développe une réflexion large sur la diversité des leviers de réussite : rythmes scolaires, programmes, évaluation, formation des enseignants, accompagnement à l’orientation, vie lycéenne, etc. Force est cependant de constater qu’aujourd’hui l’Ecole ne dispose même plus des moyens nécessai-res ne serait-ce que pour assurer la continuité du service public d’éducation. La situation est devenue ex-trêmement difficile dans certains établissements scolaires où les équipes éducatives sont réduites à peau de chagrin, progressivement découragées et donc instables. Au vu du climat scolaire actuel, nous pensons donc que l’urgence est au renforcement des moyens et principalement à l’augmentation du nombre de postes à la fois d’enseignants et de personnel éducatif en général (CPE, assistants d’éducation, CO-Psy, etc.). Nous affirmons notamment que le gouvernement ne peut pas afficher l’ambition de développer un climat plus serein dans nos établissements tant qu’il continuera à supprimer des postes à tour de bras.

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S comme...

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Extrait du Texte d’Orientation 1997 : 1er Congrès de l’UNL « Au fur et à mesure qu’ils avancent dans leur scolarité, les élèves du secondaire ont de plus en plus de mal à gérer parallèlement leur travail scolaire et leur épanouissement personnel. En effet, l’augmentation de la charge de travail est le plus souvent incompatible avec une vie familiale et sentimentale équilibrée. De plus, on constate que les élèves rencontrent des difficultés pour intégrer

des activités sportives, associatives ou culturelles à leur emploi du temps sans que cela entraine une fatigue néfaste à l’attention en cours et à l’efficacité dans le travail. Parce que nous pensons que les « années lycée » doivent être celles de l’épanouissement individuel des jeunes, tant dans le travail que dans les relations humaines, nous revendiquons une redéfinition en profondeur du temps scolaire. Celle-ci doit à notre sens tenir compte des aspirations de jeunes aux attentes diverses, mais aussi correspondre tant que possible aux cycles d’attention des élèves. »

R comme RYTHMES Depuis sa création, l’UNL constate que les rythmes scolaires au Lycée sont très problématiques : journées et semaines très chargées avec des emplois du temps « gruyère » ; cours magistraux en fin d’après-midi quand l’attention est à la baisse ; cadence infernale au deuxième trimestre ainsi qu’à la veille du bac ; etc. C’est pourquoi nous avons toujours demandé le réaménagement des rythmes scolaires pour que ceux-ci soient en adéquation avec nos rythmes chronobiologiques. Nous pensons également que le calendrier sco-laire devrait être mieux réparti sur l’année pour une meilleure progression. Cela nous laisserait davantage de temps pour réaliser des travaux autonomes et pratiquer des activités sportives, culturelles, syndicales, etc.

Mais aussi : Reproduction sociale ; Réussite de tous ; Restauration scolaire ; Rentrée des classes

S comme SYNDICALISME L’UNL est une organisation dont la démarche est syndicale. Son objet premier est la défense des droits des lycéens. C’est pourquoi elle accompagne ses fédérations et ses comités locaux dans le com-bat pour le respect, dans l’ensemble des établissements scolaires, de ces droits fondamentaux. Elle revendique également l’obtention de nouveaux droits comme la mise en place d’un véritable statut de délégué lycéen afin que ces derniers puissent pleinement remplir leur mandat. Mais l’UNL, c’est aussi et surtout : des valeurs qui guident ses combats et un projet ambitieux pour le Lycée. Faire le choix du syndicalisme, c’est considérer qu’ensemble nous pouvons être plus forts. Au-delà, des mouvements ponctuels, l’UNL estime qu’il est important que les lycéens disposent en per-manence d’un outil syndical qui leur permette d’être informés mais aussi d’agir à tous les niveaux en pesant sur les décisions voire en imposant nos propres thématiques.

Mais aussi : Statut lycéen ; Scolarité ; Savoirs ; Socle commun ; Soutien

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T comme...

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T comme TRAVAUX PERSONNELS ENCADRES (et Projets Pluridisciplinaires à Caractère Professionnel) L’UNL s’est battue pour la mise en place des Travaux Personnels Encadrés (TPE) puis contre leur suppression en Terminale lors du mouvement Fillon de 2005. Bien qu’imparfaits (notamment en raison du manque de formation des enseignants), les TPE, com-me les Projets Pluridisciplinaires à Caractère Professionnel (PPCP en lycée professionnel), symbolisaient pour nous une avancée considérable en matière d’interdisciplinarité et d’apprentissage de l’autonomie. Pour une fois, les lycéens pouvaient choisir un thème qui les intéressait ; pour une fois ils pouvaient fai-re se croiser les différents savoirs disciplinaires ; pour une fois ils pouvaient être évalué sur un projet global, sur leur capacité à traiter l’information, à construire une problématique, à travailler en équipe et à inventer de nouvelles formes de restitution de leur travail. Le fait de n’avoir de TPE qu’en classe de Première renforce le peu de reconnaissance accordée à cette matière hybride : désormais absent en Terminale, les TPE ne sont guère plus un enjeu pour l’ob-tention du bac. Cela est d’autant plus dommageable que l’un des objectifs des TPE était de favoriser le passage dans l’enseignement supérieur à travers l’apprentissage de méthodes de travail autonome.

Texte d’Orientation 2004 : « Pour une société meilleure, une éducation nouvelle » « Si l’UNL est une association loi de 1901, c’est-à-dire à but non lucratif, notre démarche est syndicale. Si ce mot pourrait inciter certains à nous classer parmi les fossiles d’un autre âge, nous répondons au contraire, qu’il doit nous inscrire dans l’avenir. En effet, loin des clichés, nous tenons à être un syndicat, c’est-à-dire une organisation regroupant une catégorie précise de personnes (théoriquement définies par leur activité professionnelle, pour nous définies par leur statut d’élève de l’enseignement secondaire) qui se regroupent ensemble pour défendre leurs droits, améliorer leurs conditions d’études, être ouverts dans la réflexion pour porter un véritable projet pour l’école. Pour nous, le syndicalisme est seulement la manière de définir notre action : à la fois de réflexion pour l’éducation, d’action concrète, de revendication et de volonté de transformer l’école pour transformer la société. Pour

cela, nous revendiquons fermement notre identité syndicale, et tenons à la maintenir. De plus, notre syndicalisme exprime une permanente volonté de construire plutôt que de contester. Ceci est la traduction de notre volonté infaillible de voir progresser la société. Bien évidemment, concrétiser nos revendications peut passer par la nécessité de construire un rapport de force. Il est des sujets sur lesquels nous ne transigeons et ne transigerons pas. Pour cela, et pour d’autres, il faut savoir « taper du poing sur la table » ; c’est alors affirmer avec force nos convictions et nos revendications. Pour nous, le syndicalisme est celui de la transformation sociale : nous sommes convaincus que transformer le Lycée concourt plus globalement à transformer la société.

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V comme VIE SCOLAIRE Le lycée n’est pas seulement un lieu d’enseignement : c’est aussi un lieu de vie pour peu que l’on s’en donne les moyens. La vie scolaire est quelque chose qui se construit dans le quotidien des relations entre élèves et avec l’équipe éducative pour permettre à tous de trouver sa place. La vie au lycée doit conviviale, rassurante grâce à la présence d’adultes nombreux pour assurer avec les élèves l’animation de cette communauté éducative. La vie lycéenne est d’autant plus importante que les lycéens ont besoin de pouvoir non seulement s’épanouir mais aussi s’émanciper. Pour être un lieu de vie, le Lycée doit permettre aux élèves de dispo-ser de temps et d’espaces dédiés. Le combat pour les Maisons des lycéens (MDL) s’inscrit dans cette pers-pective. Nous pensons également que le Lycée doit être ouvert sur l’extérieur et favoriser l’accès à la culture ; il doit être le lieu de l’éducation aux médias et à la citoyenneté. C’est pour cela que nous nous sommes battus et que nous nous battons encore pour une meilleure reconnaissance de l’Education Civi-que Juridique et Sociale (ECJS) et de la Démocratie lycéenne. Mais aussi : Vacances ; Violence (prévention de la) ; Vivre-ensemble ; Voyages scolaires

U comme UNION L’Union Nationale Lycéenne a pour vocation de fédérer tous les lycéens quelque soit leur filière ou leur origine géographique. C’est tout l’intérêt d’une union nationale qui s’appuie sur le partage de valeurs et de combats communs, sur la prise de décision collective et sur la dynamique militante de terrain par le biais des fédérations et des comités locaux. L’union fait la force : c’est là une de nos convictions. Fort de notre histoire et conscient des enjeux à venir, nous sommes donc fiers de pouvoir scander à tous ceux qui pensent que les lycéens dérangent : « L’UNL vit, l’UNL vivra ! » Mais aussi : Université ; Unité du mouvement lycéen

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X comme...

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Texte d’Orientation 2006 : « Une autre école pour une autre société : agir en syndicalistes » La lutte contre l’extrême droite a toujours été, depuis la création de l’UNL il y a douze ans, une de nos priorités. Le combat que nous menons est avant tout un combat pour des valeurs qui sont fondamentales. Les objectifs, les valeurs, les méthodes de l’extrême droite sont clairement aux antipodes des nôtres. Son discours, qui attise la haine, qui discrimine, exclut, rejette une partie conséquente de nos concitoyens du seul fait de leur différence, est en contradiction totale avec les valeurs démocratiques. Et au-delà encore, à la xénophobie et au racisme affichés par l’extrême droite, les lycéens doivent opposer l’ouverture et la tolérance. Au « sécuritarisme » encore, que défend l’extrême droite, nous devons opposer une logique de prévention, de vision dans le long terme. La peur que parvient à diffuser l’extrême droite est un puissant vecteur de haine et de violence entre les peuples et entre les individus. La provocation enfin, érigée en véritable stratégie politique par certains, visant à mépriser le devoir de mémoire qui nous incombe à tous, s’agissant notamment de la Shoah ou de l’occupation de la France durant la Seconde guerre mondiale, ne peut nous inspirer que le dégoût. Il convient de garder à l’esprit que la victoire contre l’extrême droite ne pourra jamais être acquise si nous n’opposons pas à cette dernière un véritable consensus militant, démocratique et républicain, et tant que la volonté politique manquera pour éradiquer

la misère, que les extrémistes sont prêts à exploiter avec la malhonnêteté criminelle qu’on leur connaît. La blessure du 21 avril 2002, qui a vu l’arrivée du candidat du Front National au second tour d’une élection présidentielle, est encore ouverte. Mais la mobilisation citoyenne massive, notamment des jeunes, nous donne l’espoir d’un renouveau citoyen. Ce combat est d’autant plus fondamental pour nous, lycéens, car c’est de notre capacité à lutter contre cet extrémisme qui gangrène la démocratie et menace notre droit à l’avenir, que dépendra le devenir de notre société, que nous espérons plus juste, plus libre et plus solidaire.

Parce que l’extrême droite se sert de l’ignorance pour faire progresser son idéologie, il nous faut imaginer des dispositifs de sensibilisation et d’information sur le sujet. Dans la mesure où c’est au lycée, que commence généralement à se former chez les jeunes une véritable conscience politique, nous pensons qu’un enseignement de ce qui fait la vie politique et ses mécanismes, qui pourrait intervenir dès la seconde, est indispensable. Cette sensibilisation des jeunes peut aussi passer par des campagnes de sensibilisation au vote, car on connaît les conséquences désastreuses de l’abstention, qui est clairement bénéfique aux partis d’extrême droite ; c’est d’autant plus

important car c’est souvent au lycée ou à l’issue du lycée que les jeunes sont pour la première fois, appelés aux urnes. L’UNL, dans son combat pour l’Egalité et la Tolérance, informe et sensibilise au quotidien les lycéens aux dangers que représente le populisme d’extrême droite, et aux risques que représenteraient pour les jeunes et pour notre société une augmentation de son emprise électorale.

X comme XENOPHOBIE (lutte contre l’extrême-droite)

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Spécial 15 ans / Avril 2010 / LA VOIX LYCEENNE

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X comme EDUCATION A LA SEXUALITE L’éducation à la sexualité fait partie intégrante de l’éducation à la santé. Elle s’inscrit dans une logique de prévention et favorise la construction de soi. Elle est également l’occasion de lutter contre les préjugés, les stéréotypes ou les discriminations liées au genre ou à l’orientation sexuelle. Nous pen-sons que cette éducation progressive à la sexualité est essentielle tout au long de l’enseignement se-condaire. C’est pourquoi nous revendiquons l’application réelle des textes sur cette question ainsi que le renforcement des moyens existants (postes d’infirmières, partenariats avec des associations comme le Planning Familial, etc.) pour favoriser l’essor de projets en ce sens.

Z comme ZONES D’EDUCATION PRIORITAIRE L’UNL est profondément attachée au principe d’éducation prioritaire (« donner plus à ceux qui ont moins ») ; c’est pourquoi elle défend l’augmentation des efforts en direction des Zones d’Education Priori-taire Nous faisons en effet le constat que les difficultés rencontrées par les établissements de certains quartiers nécessitent des efforts financiers et humains particuliers. Il est inadmissible que des quartiers entiers aient été pendant des années les grands oubliés des poli-tiques éducatives, économiques et sociales. Ainsi, nous tenons à faire connaître nos désaccords avec les politiques actuelles dites d’ « égalité des chances » (internats d’excellence, « busing », etc.) : dans la droi-te ligne de l’assouplissement de la carte scolaire, il s’agit de proposer l’excellence à quelques-uns, à quel-ques « chanceux » que l’on aura extirpés (sauvés ?) de leur établissement d’origine. Que nos ministres comptent-ils faire de tous les autres ? De quel droit les considèrent-ils moins méritants ou plus incapables ? Défendre et renforcer l’éduca-tion prioritaire, réaffirmer le principe de sectorisation tout en repensant la carte scolaire, transformer en profondeur la relation éducative ainsi que les pratiques pédagogiques, mieux accompagner l’ensemble des élèves en rénovant le système d’orientation : voilà de véritables solutions pour garantir l’égalité républi-caine et faire enfin de réussite de tous une réalité tangible.

L’éducation à la sexualité vue par le Mouvement Français pour le Planning Familial « L'éducation sexuelle peut aussi être prise dans son sens le plus large, c'est-à-dire comme faisant partie intégrante de l'action éducative globale. Quoi qu'il en soit, l'information sexuelle - ou l'éducation sexuelle se trouve confrontée aux expectatives, aux contraintes et aux difficultés inhérentes à toute forme d'éducation. Elle affronte le même dilemme : I'espoir de préserver les valeurs morales et les normes en vigueur, et celui de développer l'aptitude des jeunes à s'orienter dans un monde en pleine évolution des moeurs, où les modèles moraux figés ne correspondent plus aux attitudes et aux comportements. Le rôle de l'école dans ce domaine se manifeste dans ses structures formelles et informelles. La mixité, dans toutes les activités scolaires, reflète une prise de position à l'égard de la sexualité; n'est pas synonyme de licence. Liberté sexuelle n'est pas immoralité. Plus de lucidité ne nuit pas à l'amour. " On doit aussi attirer l'attention sur la nature et l'importance de la dynamique qui se développe à partir de

relations interpersonnelles et de groupes, dans l'élaboration, la transmission et la préservation des normes et des valeurs. Les échanges d'informations entre camarades, la diversité des attitudes, la nature des relations adultes/jeunes contribuent à l'éducation sexuelle. Mais, encore actuellement, la sexualité n'est pas un sujet dont on parle aisément. Eduquants et éduqués sont chacun personnellement concernés, chacun est sensible à l'aura de culpabilité et d'interdits qui entoure la sexualité. La nécessité d'une information et d'une éducation sexuelles ne fait plus de doute. Elle est officiellement acceptée à l'école et c'est important. Cela ne veut pas dire que tout doit revenir à l'école mais aussi dans les lieux où enfants et adultes se rencontrent et dans la famille. La réalisation de cette éducation ne peut être le résultat d'un seul individu ni d'une seule équipe. Elle n'est possible que par l'action commune de toutes celles et de tous ceux, différents par leur culture, leur profession, leur statut social, leur religion, leurs options politiques, qui, se sentant acteurs dans la société où ils vivent, décident d'assumer leur responsabilité. » Extrait du site du Planning Familial : www.planning-familial.org

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Ils soutiennent le 7ème Congrès de l’UNL :

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