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Paul Burlet – www.tracesdhistoire.fr LA MONTÉE EN NORMANDIE, DEPUIS MONTAUBAN, DE LA DIVISION « SS » DAS REICH (AVRIL-JUIN 44) D’après « La Division Das Reich » de Max Hastings – Ed. Taillandier Texto – 2014 Les allemands disposaient, en avril 1944, dans le sud de la France, d’une force armée propre à assurer la sécurité du territoire (dont la répression de la Résistance), mais s’intégrant aussi dans le dispositif anti invasion alliée. C’est le général Blaskowitz 1 qui commande cette force, dite « Force G » composée de 13 divisions d’infanterie, d’une division motorisée et de 3 divisions cuirassées. JEUDI 6 AVRIL 1944 – PRUSSE ORIENTALE Hitler décide d’affecter, à la « Force G », la deuxième division cuirassée de la Waffen SS. Il s’agit d’une unité d’élite faisant partie, depuis l’hiver 1941/42, d’un ensemble de 600.000 hommes, véritable « grande armée » s’étant distinguée dans l’exécution des plans opérationnels d’Hitler dans leurs phases les plus offensives, voire délicates. Cette force compte 38 divisions dont 7 unités blindées. « Das Reich », parmi ces unités cuirassées dont 3 sont de la Waffen SS, s’est de 1941 à 1944, particulièrement distinguée. En particulier sur le Dniepr en détruisant un corps d’armée cuirassé russe après sa percée près de Kiev et, début 1944, en sauvant la première armée cuirassée allemande d’une destruction certaine dans la poche de Tcherkassy. C’est dans cette région de Prusse orientale que, le même jour, « Das Reich » apprend qu’elle doit faire route immédiatement pour Montauban. A cette date, la « Das Reich », après de très rudes combats, est en piteux état. Elle a perdu la plus grande partie de ses 209 chars et d’un effectif de 15.385 hommes, 2.500 seulement sont valides et aptes à rejoindre la France. Tout est fait par le commandement de la « Force G » pour rapidement reconstituer « Das Reich ». Aux 2.500 combattants arrivés à Bordeaux, est incorporé un flux de jeunes recrues venues de tout le Reich 2 , mais aussi un contingent de « Malgré Nous » prélevé sur 2.000 requis alsaciens-lorrains qui, au lieu de rejoindre l’Est, ont été d’autorité dirigés pour formation sur le camp de Souges près de Bordeaux. Vingt d’entre eux seront intégrés au régiment de Panzergrenadier « Der Führer » de la « Das Reich ». Et ils seront à Oradour sur Glane. MAI 1944 À DÉBUT JUIN – SUD OUEST Le bataillon « Der Fürher » commandé par le major Adolf Otto Diekmann 3 (ci-contre), mène, dans le sud-ouest, des opérations de ratissages et des expéditions punitives suite à des attentats ou à des sabotages au cours desquels des unités allemandes d’occupation avaient eu 20 tués et une centaine de véhicules détruits. En représailles, « Der Fürher » incendie plusieurs maisons à Monpezat, déporte 64 personnes dans le Lot (dont 40 à Bagnac), exécute une femme à Cadaillac et deux à Lauze, détruit la totalité de Terrou, d’où les 289 habitants de ce village avaient pu s’enfuir. Le 3 juin, après l’attaque d’un véhicule SS près de Figeac, il exécute plusieurs personnes et, dans le village de Viazac, 6 hommes et une femme sont tués. Puis à Figeac, suite à la découverte d’un important stock d’armes parachutées, 41 personnes sont fusillées et plusieurs centaines, déportées. LUNDI 5 JUIN 1944 - LONDRES La BBC à la demande du QG allié, lance l’ordre de mobilisation générale de la Résistance, sur tout le territoire national français. C’est avec l’espoir que la multiplication des agressions contre les forces allemandes basées en France, retardera ------------------------------------- 1 Johannes Blaskowitz (1883/1948) Commandant en chef de l'Est en Pologne à partir d’octobre 1939, il est révolté par les atrocités commises par les SS et les Einsatzgruppen contre les Polonais et les Juifs et n’hésite pas à imposer la peine de mort aux membres de la SS et de la Gestapo qui sont impliqués dans des crimes de guerre. Ces sentences seront abolies plus tard par Hitler qui le relève alors de son commandement. Il devient alors gouverneur militaire du Nord de la France puis commandant en chef du groupe d'armées G. Il est ensuite nommé commandant en chef aux Pays-Bas où il signe la capitulation des forces allemandes. Blaskowitz, accusé de crimes de guerre, est jugé devant un tribunal militaire américain lors du procès dit « du haut commandement ». Il se suicide pendant le procès en sautant d'une fenêtre de la prison de Nuremberg. La rumeur de son assassinat par des SS se répand au sein des autres prisonniers, mais aucune preuve ne vient l'appuyer. 2 12 nationalités différentes : germanique, hongrois, roumains, apatrides … 3 Adolf Otto Diekmann (1914/1944) Étant mort sur le front de Normandie le 29 juin 1944, Adolf Diekmann n'a pas pu être jugé pour ses actes au procès de Bordeaux destiné à statuer sur le sort des responsables du massacre d'Oradour.

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Paul Burlet – www.tracesdhistoire.fr

LA MONTÉE EN NORMANDIE, DEPUIS MONTAUBAN, DE LA DIVISION « SS » DAS REICH (AVRIL-JUIN 44)

D’après « La Division Das Reich » de Max Hastings – Ed. Taillandier Texto – 2014

Les allemands disposaient, en avril 1944, dans le sud de la France, d’une force armée propre à assurer la sécurité du territoire (dont la répression de la Résistance), mais s’intégrant aussi dans le dispositif anti invasion alliée. C’est le général Blaskowitz1 qui commande cette force, dite « Force G » composée de 13 divisions d’infanterie, d’une division motorisée et de 3 divisions cuirassées.

JEUDI 6 AVRIL 1944 – PRUSSE ORIENTALE

Hitler décide d’affecter, à la « Force G », la deuxième division cuirassée de la Waffen SS. Il s’agit d’une unité d’élite faisant partie, depuis l’hiver 1941/42, d’un ensemble de 600.000 hommes, véritable « grande armée » s’étant distinguée dans l’exécution des plans opérationnels d’Hitler dans leurs phases les plus offensives, voire délicates. Cette force compte 38 divisions dont 7 unités blindées. « Das Reich », parmi ces unités cuirassées dont 3 sont de la Waffen SS, s’est de 1941 à 1944, particulièrement distinguée. En particulier sur le Dniepr en détruisant un corps d’armée cuirassé russe après sa percée près de Kiev et, début 1944, en sauvant la première armée cuirassée allemande d’une destruction certaine dans la poche de Tcherkassy. C’est dans cette région de Prusse orientale que, le même jour, « Das Reich » apprend qu’elle doit faire route immédiatement pour Montauban. A cette date, la « Das Reich », après de très rudes combats, est en piteux état. Elle a perdu la plus grande partie de ses 209 chars et d’un effectif de 15.385 hommes, 2.500 seulement sont valides et aptes à rejoindre la France. Tout est fait par le commandement de la « Force G » pour rapidement reconstituer « Das Reich ». Aux 2.500 combattants arrivés à Bordeaux, est incorporé un flux de jeunes recrues venues de tout le Reich2, mais aussi un contingent de « Malgré Nous » prélevé sur 2.000 requis alsaciens-lorrains qui, au lieu de rejoindre l’Est, ont été d’autorité dirigés pour formation sur le camp de Souges près de Bordeaux. Vingt d’entre eux seront intégrés au régiment de Panzergrenadier « Der Führer » de la « Das Reich ». Et ils seront à Oradour sur Glane.

MAI 1944 À DÉBUT JUIN – SUD OUEST

Le bataillon « Der Fürher » commandé par le major Adolf Otto Diekmann3 (ci-contre), mène, dans le sud-ouest, des opérations de ratissages et des expéditions punitives suite à des attentats ou à des sabotages au cours desquels des unités allemandes d’occupation avaient eu 20 tués et une centaine de véhicules détruits. En représailles, « Der Fürher » incendie plusieurs maisons à Monpezat, déporte 64 personnes dans le Lot (dont 40 à Bagnac), exécute une femme à Cadaillac et deux à Lauze, détruit la totalité de Terrou, d’où les 289 habitants de ce village avaient pu s’enfuir. Le 3 juin, après l’attaque d’un véhicule SS près de Figeac, il exécute plusieurs personnes et, dans le village de Viazac, 6 hommes et une femme sont tués. Puis à Figeac, suite à la découverte d’un important stock d’armes parachutées, 41 personnes sont fusillées et plusieurs centaines, déportées.

LUNDI 5 JUIN 1944 - LONDRES

La BBC à la demande du QG allié, lance l’ordre de mobilisation générale de la Résistance, sur tout le territoire national français. C’est avec l’espoir que la multiplication des agressions contre les forces allemandes basées en France, retardera

------------------------------------- 1 Johannes Blaskowitz (1883/1948) Commandant en chef de l'Est en Pologne à partir d’octobre 1939, il est révolté par les atrocités commises par les SS et les Einsatzgruppen contre les Polonais et les Juifs et n’hésite pas à imposer la peine de mort aux membres de la SS et de la Gestapo qui sont impliqués dans des crimes de guerre. Ces sentences seront abolies plus tard par Hitler qui le relève alors de son commandement. Il devient alors gouverneur militaire du Nord de la France puis commandant en chef du groupe d'armées G. Il est ensuite nommé commandant en chef aux Pays-Bas où il signe la capitulation des forces allemandes. Blaskowitz, accusé de crimes de guerre, est jugé devant un tribunal militaire américain lors du procès dit « du haut commandement ». Il se suicide pendant le procès en sautant d'une fenêtre de la prison de Nuremberg. La rumeur de son assassinat par des SS se répand au sein des autres prisonniers, mais aucune preuve ne vient l'appuyer. 2 12 nationalités différentes : germanique, hongrois, roumains, apatrides … 3 Adolf Otto Diekmann (1914/1944)Étant mort sur le front de Normandie le 29 juin 1944, Adolf Diekmann n'a pas pu être jugé pour ses actes au procès de Bordeaux destiné à statuer sur le sort des responsables du massacre d'Oradour.

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l’arrivée des renforts vers le lieu du débarquement et permettra ainsi la fixation rapide des unités débarquées et leur expansion sur le territoire français. Outre que cet ordre déclenche la mise à exécution de plans prévus de sabotage : des voies de circulation (rail et routes), des circuits de communication par câbles et relais, des lignes électriques…, il génère rapidement un très important flux de volontaires se dirigeant vers les maquis. Au point que ces derniers sont vite confrontés à de multiples problèmes d’accueil, de nourriture, d’hébergement, d’équipement, d’armement et surtout d’encadrement et de formation. Mais était-il possible, comme le demande rapidement Londres, de renvoyer chez eux ces volontaires enthousiastes et désireux de se battre ? Les responsables des maquis s’aperçoivent vite que cela ne l’était pas. Ces volontaires avaient rompu les amarres, souvent publiquement et par groupes, avec la vie civile. Ils étaient entrés en clandestinité. Et en masse ils le restèrent. Et malgré leur inexpérience au combat l’assimilation avec les anciens s’opéra vite. D’ailleurs la libération venue nombreux furent ceux qui vinrent compléter les effectifs des diverses unités venues d’Angleterre ou d’Afrique du nord.

MARDI 6 JUIN 1944 - TULLE

Il faut ajouter à l’ordre lancé par la BBC la veille, l’ordre donné dès le 6 juin par le comité national communiste aux FTP4, d’entrer en insurrection et de contribuer à libérer le pays en s’emparant des centres urbains. Les FTP étant passés sous l’autorité FFI4 de Kœnig, l’ordre du comité national communiste n’aurait pas du avoir de suite. Mais nous sommes en Corrèze où les FTP ont une force nombreuse et très active. Force d’ailleurs renforcée par des volontaires de l’appel BBC du 5 juin et portée à environ 5.000 hommes. D’ailleurs, en plein accord avec les responsables du parti, ils se considèrent chez eux en Corrèze, décidant qu’il leur appartient de libérer ce département. A commencer par le chef-lieu : Tulle.

MERCREDI 7 JUIN 1944 - TULLE

A 5 heures les FTP déclenchent la prise de Tulle. Mais alors qu’ils estiment que la ville a une garnison de 250 allemands renforcée par 400 GMR5, il se trouve qu’il y a un plus grand nombre de soldats allemands mais aussi 500 miliciens et un contingent important du SD. Ce qui fait que les FTP ne progressent, dans la ville, qu’au prix de durs combats de guérilla urbaine. Et qu’arrivée près de la manufacture d’armes, la garnison se fixe et résiste.

JEUDI 8 JUIN 1944 - TULLE

A l’aube, la fusillade reprend. A 16 heures, seul un groupe de 40 allemands se rend. Le reste se positionnant dans la manufacture d’armes et dans l’école.

JEUDI 8 JUIN - MONTAUBAN

Aux premières lueurs du jour, « Das Reich » commandée par le général Heinz Lammerding6, part pour la Normandie. C’est une longue colonne de 1.400 véhicules, chacun espacé de 100 mètres de distance permettant de diminuer l’impact d’une attaque de la Résistance ou de l’aviation alliée, qui part de Montauban. Et si d’aucun peut penser que cette unité, en large partie constituée de jeunes soldats venus de multiples horizons, n’est pas porteuse d’une grande efficacité au combat, c’est sans compter sur la présence des 2.500 rescapés des durs combats de l’Est, tous des « SS » d‘élite, très aguerris, encadrés, pour l’essentiel, d’anciens très expérimentés et aptes à conduire aussi bien la confrontation que la répression et qui, sachant qu’ils doivent tout au nazisme, sont résolus à se battre jusqu’au bout.7

En tête, le bataillon « Der Fürher » de Diekmann. Normalement, c’est le bataillon éclaireur, monté sur des half-tracks armés d’un canon de 75, du major Heinrich Wulf qui aurait dû être en tête. Mais il arrive en retard au rassemblement, permettant à Diekmann de griller la politesse à Wulf qui, mieux armé, sait qu’en cas d’accrochages sévères, et il le

------------------------------------- 4 FTP : Francs-Tireurs et Partisans – FFI : Forces Françaises de l’Intérieur 5 Groupes Mobiles de Réserve, unités paramilitaires créées par le gouvernement de Vichy et qui, dès l’automne 1943, participent activement, avec l’accord des allemands, aux offensives contre les maquis. 6 Heinz Lammerding (1906/1971) Cet officier Waffen SS, en 1943, est en charge de la lutte contre les partisans sur le front de l'Est. À cette fonction, il signe divers ordres de représailles. En 1944, par faveur spéciale de Himmler, il est promu général de brigade et est chargé de reconstituer la « Das Reich ». En avril 1945, il sera le commandant de la dernière division de Waffen SS. Condamné à mort par contumace pour crimes de guerre (Tulle et Oradour), il ne sera jamais réellement inquiété (voir en fin de digest). 7 D’ailleurs le comportement des hommes de « Das Reich » face aux entraves mises à son mouvement vers la Normandie, par la Résistance, va montrer que ce sont des unités très disciplinées, ne manifestant aucun recul, aucune velléité de désertion dans les actions les plus horribles de répression. Tout comme l’on sait que « Das Reich », confrontée aux Alliés, a su dans la défaite montrer qu’elle était apte à mener âprement le combat.

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prouvera tout au long du parcours, il domine. Et qu’au-delà ces petites querelles d’égo, ces deux hommes sauront montrer que dans la répression, ils s’égalent : Wulf8 (ci-contre) sera à Tulle et Diekmann à Oradour.

Derrière « Der Fürher » suit une unité de Panzergrenadiers, puis le bataillon de Wulf, le bataillon d’artillerie du commandant Karl Kreusz, le bataillon d’artillerie d’appui direct, le bataillon de canons d’assaut automoteurs, l’Etat-major de la division (avec son chef le major Stuckler), les unités de D.C.A et, enfin, 2 bataillons de chars qui allaient être, parfois, obligés de rechercher un parcours plus adapté au poids sur chenilles, obligeant « Der Fürher » à diviser son effectif pour assurer la protection des blindés.

JEUDI 8 JUIN – ROUTE DE MONTAUBAN À TULLE

Premier accrochage avec le maquis à Grolejac. « Der Fürher » riposte. Bilan : des maisons brulent et 10 maquisards ou civils sont tués. A Carsac, nouvel affrontement (4 maquisards tués, 13 civils froidement abattus, plusieurs maisons incendiées). A Ruffilac, une barricade est dressée (un maquisard tué, 14 civils abattus). Deux kilomètres plus loin, près de Carlus, 2 femmes tuées. A Gabaudet, à quelques kilomètres au sud de Gramat, au cœur du Lot, une unité allemande, patrouillant sur le flanc droit de « Das Reich » par des chemins vicinaux, tombe sur un rassemblement de jeunes (parmi eux, quelques gendarmes) voulant rejoindre la Résistance9. Résultat : 10 hommes et une jeune fille abattus, 80 personnes arrêtées pour être déportées10. A Cressensac, « Der Führer » sévèrement accroché a besoin d’être aidé par les half-tracks de Wulf qui à coup de canons, détruisent plusieurs maisons. 4 maquisards tués. Wulf poursuit sa route vers Noailles, tuant 5 maquisards et brulant plusieurs maisons. Le soir, il arrive à Brives et repart aussitôt pour Tulle, son half-track de tête exhibant, en trophée, la dépouille du maquisard Maurice Vergne.11 Vers 21h, les FTP de Tulle ont la surprise de découvrir que des renforts allemands stationnent à la gare (une centaine d’half-track et des camions transportant 500 hommes). Wulf annonce « qu’il vient régler ses comptes avec la Résistance ». Ses hommes, en 20 minutes, dégagent la garnison de l’emprise du maquis qui, face à ennemi ayant l’expérience des combats assurés par des hommes bien encadrés et mieux armés qu’eux, ne leur laisse comme choix que le repli rapide hors de la ville12. Wulf déjà furieux d’avoir pu constater l’inertie de la garnison de Brive l’est encore plus à l’égard de la garnison de Tulle qui, avec ses effectifs, n’a pas été maître de la situation créée par les FTP et a essuyé beaucoup de pertes12. Vers minuit, Wulf rend compte au major Stuckler, chef d’Etat-major de « Das Reich », venant d’arriver à Tulle. Ce dernier est furieux qu’au cours du nettoyage de la ville, « Das Reich » ait perdu 3 hommes et compte 9 blessés. Aussi décide-t-il que 2 compagnies SS, à l’aube du 9 juin, passent la ville entière au peigne fin, maison par maison afin « de saisir toutes les armes cachées et rassembler tous les hommes dans la cour de la manufacture d’armes pour vérification d’identité. Tout homme sans papiers étant considéré d’emblée comme étant un terroriste ». VENDREDI 9 JUIN 1944 – TULLE

A Bretenoux, où il y a un pont sur le Dordogne, combat opiniâtre avec le maquis. 3 véhicules allemands flambent, 18 maquisards tués. Des maisons flambent. A Beaulieu un bref accrochage. 3 maquisards tués. Tulle. A 10 heures 3.000 personnes de tous âges sont parquées, mitrailleuses pointées vers elles. Au cours de la rafle, le préfet Pierre Trouille, et son secrétaire général parlant couramment allemand, Maurice Roche, s’activent, plaident, argumentent,

------------------------------------- 8 Heinrich Wulf (1917/19..) Ayant quitté l’école à 16 ans, il essaye en vain, d’intégrer l’armée. En 1934, il rejoint la S.S. Il fait la campagne de France en 1940 avant de devenir, jusqu’en 1943, instructeur à l’école SS de Bad Tolz. En octobre 1943, il est promu Commandant d’un bataillon de reconnaissance de la 2è Panzer Division SS. Un mois plus tard il est sur le front de l’Est. Février 1944, de retour en France, il prend le commandement du bataillon éclaireur de la 2è division « Das Reich », s’illustrant, entre autre, par sa cruauté à Tulle. En juillet 1944, sévèrement blessé sur le front de Normandie, il est retiré des cadres de l’armée. Traduit devant les tribunaux pour crimes de guerre, sa peine sera ridiculement légère (voir en fin de digest). Commentaire : On ne peut qu’être surpris devant l’absence quasi-totale d’informations sur le Net relatives à ce personnage. Un peu comme si, l’Histoire l’avait « balayé » de son souvenir. Surprenant qu’un assassin reconnu ait pu faire ainsi table rase de son passé, à moins que la très grande clémence de sa condamnation ait été la conséquence d’un « échange » d’informations contre un droit à l’oubli ! Si tel a été le cas, c’était avoir fort peu de considération pour la mémoire du sacrifice de ses victimes innocentes ! Source biographique : Enquête de Ian Dixon 1990 (http://www.redcap70.net/A_History_of_the_SS_Organisation_1924-1945.html/W/WULF,_Heinrich.html) Source iconographique : Photo donnée par la veuve de Wulf à Mark C. Yerger et parue sur « forum.axishistory.com ». Photo éditée aussi sur l’ouvrage « German Cross Vol 2 » de Marc C. Yerger Ed. James Bender Publishing. 9 N’oublions pas que le 5 juin le haut commandement allié a lancé un ordre de mobilisation de la résistance sur tout le territoire. 10 A leur grande surprise les 80 seront relâchés sur la route de Tulle. 11 Ce « trophée » est dans cette position depuis Cressensac où Wulf a dégagé et dépassé Diekmann. 12 Les FTP, en 2 jours, ont perdu 38 hommes dont 21 blessés très gravement. La garnison a perdu 139 hommes et a eu 40 blessés.

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rencontrent le lieutenant Kowatsh, (3ème officier d’Etat-major de la division) qui leur assure, ayant entendu leur argumentation : « qu’en toute justice les tullois sont restés à l’écart des évènements des 2 derniers jours » et ayant constaté « que les blessés allemands avaient été correctement soignés à l’hôpital de Tulle », il n’y aurait pas de représailles. Cependant, peu après 10 heures, des représailles sont annoncées au porte-voix dans toute la ville, et des affiches largement placardées. Elles précisent « que l’inqualifiable assassinat de 40 soldats allemands commis par les maquisards communistes », conduit « les autorités allemandes à décider que 3 français périraient de leur vie pour chaque allemand tué et cela à titre d’exemple pour toute la France ». Il est également précisé « que ces soldats allemands ont été assassinés de la façon la plus abominable. » Que s’est-il passé pour arriver au choix des représailles si tant est qu’il n’y eut hésitation pour qu’une répression spectaculaire existe ? Encore fallait-il un prétexte et il est contenu dans le témoignage du médecin chef « Das Reich » qui a participé au ramassage des allemands tués et qui annonce au QG de la division « qu’avait été découvert un groupe de 40 cadavres horriblement mutilés, visages déformés, testicules tranchés et fourrés dans la bouche » C’est donc pour cette abomination, plus que pour l’assaut de la Résistance que les représailles ont été décidées. Mais par qui ? Les historiens semblent d’accord pour attribuer la décision au général Lammerding. Ce dernier l’a toujours nié mais retenons que ce général S.S est un proche d’Himmler et que le « S.D », dès l’arrivée de Wulf à la manufacture, a constamment réclamé des représailles. Retenons aussi que le général a laissé sa signature, sur le front de l’Est, au bas de plusieurs ordres de répression. Ordres prescrivant « que pour complicité il y avait lieu de détruire tel ou tel site habité et d’y éradiquer toute vie ». Rappelons, qu’à Montauban, le 5 juin 1944, il adressait au commandant du 58ème corps d’armées, dont « Das Reich » dépendait, une note immédiatement applicable précisant « que dorénavant 3 terroristes seraient pendus et non fusillés pour tout allemand blessé ; et 10 pour tout allemand tué ». Certes, à Tulle, le nom du général ne figure pas sur les affiches après « le général commandant les troupes allemandes » mais, par contre, chaque affiche porte « sa griffe authentique » expression de son sceau personnel dont il ne se dessaisissait jamais. On peut aussi se poser la question : Ce type de sanction est-il inscrit dans le cadre des instructions données par le haut commandement des armées allemandes occupant la France ? Citons, pour nous en convaincre, la note du 8 juin du Feld Maréchal Hugo Sperrle rappelant, en tant que commandant en chef des unités allemandes déployées à l’Ouest, « que les personnels des opérations de la Wehrmacht doivent agir contre la guérilla… avec la plus extrême sévérité et sans aucune clémence. Les forces de la Résistance doivent être écrasées rapidement !!! » et que « pour la restauration de l’ordre, la plupart des mesures rigoureuses doivent être prises pour dissuader les habitants de ces régions infestées, afin de décourager les hébergements des groupes de résistance ». Reste à trouver chaque fois un prétexte servant à justifier l’acte de répression. A Tulle, celui qui est retenu est jugé par les historiens ne reposant sur aucune preuve et, par conséquent imaginé. Car si le constat fait par le médecin chef SS de la « Das Reich » avait été une réalité, pourquoi ne l’a-t-il assorti de preuves, tels, par exemple, des clichés photographiques en couleur montrant l’horreur de « sa découverte » ?13 D’autre part sachant, que toute la journée du 9, deux hauts fonctionnaires de Vichy, ont constamment été en contact avec les autorités allemandes (en l’espèce l’Etat-major de « Das Reich »), pourquoi ne leur a-t-on pas demandé d’affirmer qu’ils avaient, de visu, constaté le forfait commis par la Résistance ? Toute la matinée du 9, le lieutenant Schmald et ses hommes passent au crible la foule parquée dans la cour de la manufacture. Le directeur allemand de cette usine, Herr Brenner, fait relâcher 27 de ses ouvriers. Sont également relâchés des personnes âgées, des malades, des handicapés. Et si deux maquisards sont découverts, il n’y a pas l’ombre d’une preuve de complicité avec la Résistance. Ne reste plus que l’arbitraire pour effectuer le tri. Schmald va alors regrouper les jeunes, les sales, les pas rasés, constituant peu à peu un groupe de 120 personnes de 17 à 42 ans. Un premier groupe de 50, accompagné de l’abbé Espinasse, se rend au sud de la ville où l’attend Kowatsh. Celui-ci accable les malheureuses victimes de ses sarcasmes et annonce « que la ville ne sera pas brûlée en raison des soins reçus par les blessés allemands à l’hôpital de Tulle ». Les premiers pendus le sont aux lampadaires. Ensuite, ils le seront aux balcons du 1er étage des maisons situées à l’ouest de la gare14. Ce second groupe ne comporte que 49 personnes (au lieu des 50 initialement « sélectionnées »). Une explication est donnée par l’abbé Espinasse : ayant offert sa vie contre celle d’un prisonnier il lui fut concédé la grâce de ce dernier. En contrepartie, on ne pendit pas l’abbé mais il lui fut demandé d’assister les condamnés. L’abbé rapporte que les 99 malheureux moururent « résignés mais dignes ». Quant au 20 derniers, il est admis que leur grâce a été due à l’action inlassable du Préfet et de son secrétaire général. Qui en a décidé ? Le général Lammerding, ou plus probablement le chef d’État-major de la division, Stuckler ? Ces 20 rejoignirent, dans la cour de la manufacture, le groupe de 300 gardés en otages. 200 d’entre eux furent déportés. 101 moururent ce qui porta à 200 le nombre de victimes de Tulle pendues ou mort en camp de concentration. Quant aux 99 suppliciés, une fois dépendus, Kowatsh accepta « pour raison sanitaire » de ne pas jeter leur corps dans la rivière, comme il l’avait annoncé.

------------------------------------- 13 A ce sujet rappelons que l’Allemagne en 1944, à une industrie qui a largement banalisé l’emploi d’appareils photographiques de grande qualité utilisant des films couleurs. Et qu’au niveau d’une division il y avait sûrement ce type de matériel. 14 Aujourd’hui « Rue des Martyrs ».

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Carte réalisée par G. Burlet à partir de deux cartes tirées de « La Division Das Reich » (Max Hastings – Ed. Texto 2014), d’une carte de Thierry Maillard (12/2008 - voir http://commons.wiki media.org/wiki/File:Carte_division_das_reich_mai_juin_1944.png) et de compléments apportés par Paul Burlet.

PARCOURS DE LA DIVISION « DAS REICH » DANS LE SUD-OUEST DE LA FRANCE (MAI/JUIN 1944) ET LORS DE SA MONTÉE, DEPUIS MONTAUBAN, VERS LA NORMANDIE (JUIN 1944)

Légendes Trajet Montauban – Normandie (juin 1944)

Axes principaux de remontéeIncursions A/R totales ou partielles

DiversLieux principaux traversés par « Das Reich » en mai et juin 1944

Ville ou villages martyrs

Villes ou villages médaillés de la Résistance Principaux accrochages avec la Résistance Stationnement des unités « Das Reich » à fin mai 1944

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Marsoulas

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Le 9 juin, le QG de Lammerding quitte Tulle pour s’installer dans une villa, route de Clermont-Ferrand. Le même jour, l’OKW15 avise le groupe d’armées « G » que la « Das Reich » doit se retirer des opérations en cours et qu’elle est affectée, à compter du 11 juin à midi, au groupe d’armées « B » basé à l’Ouest. Ordre est ainsi donné au 66ème corps d’envoyer la division « Das Reich » très rapidement en Normandie, soit par la route pour les véhicules motorisés, soit par le train pour les véhicules tractés.16 On voit, par ces ordres, que Von Rundstedt17 a un besoin urgent des blindés lourds de la 2ème division blindée SS. Malheureusement, les opérations de répression ne devant s’arrêter que le 11, Otto Diekmann, commandant du bataillon « Der Führer » quitte, le 10, Limoges avec la 15ème compagnie, commandée par le Hauptsturmführer Khan, pour Oradour.

VENDREDI 9 JUIN 1944 – LIMOGES ET ALENTOURS

Le 9 juin, vers 2 heures du matin, le régiment « Der Führer » entre à Limoges où il découvre une garnison allemande qui, comme à Brive et à Tulle, se considère en état de siège. Le régiment SS a reçu ordre « de nettoyer la région, de dégager les nœuds routiers et d’anéantir la concentration de maquisards là où elle existe ». C’est le colonel Sylvester Stadler, accompagné du major Weidinger, qui prend contact avec la garnison. Le 1er bataillon de Diekmann prend position à Saint Junien, le 1er bataillon de « Deutschland » couvre le sud de Limoges et le 3ème bataillon du major Helmut Kampfe (ci-contre) s’installe à l’Est avec pour mission de vérifier qu’Argenton sur Creuse, ainsi que Guéret, sont sous contrôle du maquis.18 A 6h15, la 15ème compagnie de « Der Führer » entre à Argenton19. Les FTP battent progressivement en retraite. Argenton réoccupée, la répression est très brutale. 54 personnes tuées. Le major Kampfe, avec le reste de son bataillon, se dirige vers Guéret. Sur la route, à Bourganeuf, survient un accrochage avec la Résistance où 29 maquisards, cernés, se

rendent et sont aussitôt fusillés. A 17h30, Kampfe arrive à Guéret. La ville, après un sévère bombardement a été reprise par la Wehrmacht. Kampfe ordonne alors le retour, sur Limoges, de ses half-tracks. Quant à lui, il prend la route dans sa Talbot décapotable, saluant au passage ses hommes.20 Au crépuscule, sa voiture approche de la Bussière quand un camion apparaît. Il s’arrête pour le saluer et découvre, trop tard, qu’il s’agit de maquisards qui l’encerclent, le hissent dans leur camion et quittent aussitôt la route pour un chemin les conduisant à leur camp. Les FTP affirmèrent, plus tard, qu’ils s’étaient dessaisis de leur prisonnier à l’avantage d’un autre maquis. Cependant, malgré les recherches aussitôt entreprises21, personne ne revit le major Kampfe22 vivant et la certitude demeure qu’il fut rapidement exécuté par le maquis.

SAMEDI 10 JUIN 1944 – MARSOULAS

Suite au départ de Montauban, le 8 juin, de « Der Führer », un autre bataillon de la brigade de Panzergrenadiers SS, le « Deutschland », commandé par le major Wisliceny (ci-contre), n’ayant pas pu partir faute de véhicules, va se faire rapidement une réputation d’extrême brutalité dans le sud-ouest. C’est ainsi que, le 10 juin, arrivant dans le petit village de Marsoulas où deux maquisards réfugiés au haut du clocher de l’église tirent quelques coups de feu dans leur direction, les S.S, en représailles de cette agression de la Résistance, mais aussi parce qu’ils soupçonnent Marsoulas d’accueillir des hommes du maquis de Betchat qui sabotent la ligne de chemin de fer de Saint Godens à Boussens, vont assassiner le plus souvent dans leurs maisons, 28 personnes dont 11 enfants. Parmi ces derniers 2 jumeaux dans leurs berceaux.

------------------------------------- 15 OKW : Oberkommando der Wehrmacht ou Haut commandement de la Wehrmacht.16 Soit, pour les véhicules à chenilles, depuis Périgueux et, pour les half-tracks, depuis Limoges. 17 Von Rundstedt (1875/1953) Feldmarschal à la tête des armées de l’Ouest en 1944. 18 Les FTP après s’être emparés de 2 trains de carburant, occupent Argenton. Ils ont fait prisonniers 23 allemands de la garnison. 19 Occupée, depuis le 6 juin, par le maquis. 20 Kampfe est la « vedette » de la division de Panzergrenadiers. 21 Lorsque le colonel Stadler apprend la disparition de Kampfe, qui avait été son ami et son adjoint opérationnel sur le front Est, il ordonne des recherches et fait appel à la milice de Limoges qui connaît le terrain. Lorsque Lammerding apprend cette disparition, il étend la zone de recherche à tout le Limousin. 22 Aujourd’hui encore, il subsiste un « mystère Kampfe » ! Non pas celui de sa mort mais du lieu où se trouve sa dépouille. Est-elle dans le cimetière militaire allemand de Berneuil (Charente-Maritime) où il y a une tombe sur laquelle est écrit son nom ou bien, comme l’affirment Michel Baury, Jean Jollivet et Patrick Charron, des « collecteurs de mémoire », est-elle encore sous un tumulus, à l’orée d’un bois sur la commune de Cheissoux ? Selon ces derniers, le corps de Berneuil serait celui d’un inconnu, exhumé en 1963 du cimetière de Breuilhaufa, où les autorités allemandes pensaient que Kampfe avait été transporté et abattu. Le VDK (organisme chargé de l’entretien des tombes des soldats allemands, NDLR) a reconnu que cette dépouille avait été probablement placée dans une tombe qui n’était pas la sienne. Contactée, Franziska Kampfe, arrière-petite-fille du commandant SS, a répondu à Michel Baury : « Vous pensez que mon arrière-grand-père n’est pas celui qui est enterré au cimetière de Berneuil?? Connaître la vérité par rapport à cette question ne changera rien pour moi. Mon arrière-grand-père est et restera toujours un criminel de guerre. » Source : Sylvain Compère in www.lepopulaire.fr

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SAMEDI 10 JUIN 1944 – QG DE LAMMERDING ET ENVIRON DE PÉRIGUEUX

En examinant la position de sa division, le général Lammerding constate qu’elle s’effiloche entre le Lot, la Corrèze et la Haute Vienne. Des chars, des canons d’assaut attendent, le long de la route Montauban-Tulle, des pièces détachées. 40% des chars seulement sont arrivés à Tulle dans la nuit du 9 juin. Pour la protection des unités immobilisées, la division est contrainte d’arrêter la progression d’unités d’infanterie. De plus, les pièces livrées, il faut encore 4 jours pour réparer chars et tracteurs. Le 10 juin, l’OKW, par dépêche, précise que, du fait de la situation dans les transports par route, les véhicules sur chenilles pourront embarquer sur rail à Périgueux, le 12 juin. De son côté, le groupe « G » prend des dispositions pour libérer « Das Reich » de la protection des unités en panne. Les colonnes blindées en état de marche se dirigent, aussitôt, vers Périgueux mais la résistance bloque leur passage à Terrasson sur la Vézère. A coups de canons, cette difficulté est rapidement réglée et se solde par 4 tués et 3 blessés. En gare de Mussidan, à 35 km au sud de Périgueux, le maquis attaque un train blindé provoquant 9 morts et 8 blessés et, en représailles, l’exécution de 52 otages. Le 12 juin les premiers éléments blindés atteignent Périgueux après avoir dû forcer un cordon de maquisards qui encerclent Bergerac. 20 tués. Le premier train prêt à partir de Périgueux ne l’est que le 15 juin. Soit un retard de 5 jours

SAMEDI 10 JUIN 1944 – ORADOUR SUR GLANE

Diekmann et son bataillon, arrivés le 9 juin à Limoges, avec 4 heures de retard, rebroussent chemin et regagnent leur position de Sain Junien à 32 kms de là. Vers 11h, il reçoit le lieutenant Wickers de la Gestapo et ordonne la réquisition de tout le carburant existant dans la ville. Tôt le lendemain, il va au QG de « Der Führer » à Limoges où « il arrive très excité, racontant, qu’à Saint Junien, 2 civils français sont venus lui raconter qu’un haut fonctionnaire allemand était prisonnier des maquisards à Oradour et qu’il allait être exécuté aujourd’hui ». A peu près au même moment, le « SD » de Limoges informe « Der Führer » qu’il y avait, à Oradour, un quartier général du maquis.23 L’ensemble de ces « informations » incite Diekmann à demander au colonel Stadler (ci-contre) qu’il autorise une action sur Oradour pour fouiller la ville à la recherche de maquisards, de munitions et d’un prisonnier qui pourrait être Kampfe. Si Stadler est d’accord pour la fouille (expédition classique SS entrainant généralement quelques tués et diverses

maisons pillées et brulées), il recommande de faire prisonnier plusieurs maquisards et de les ramener pour un éventuel échange avec Kampfe, si ce dernier n’était pas découvert à Oradour.

Diekmann ordonne à la 3ème compagnie, commandée par le capitaine Kahn, de se préparer pour une opération. A 13h30, 120 hommes, Kahn compris, partent à bord de 2 half-tracks et de 8 camions précédés d’une moto et d’une 11CV réquisitionnée dans laquelle prend place Diekmann. Oradour est atteint à 14h15.

Oradour sur Glane est un village de 254 habitations plus deux petits hôtels et plusieurs boutiques. La population s’est accrue de nombreux réfugiés : des alsaciens, des lorrains, des parisiens et un groupe de 30 espagnols rescapés de la guerre civile. Le 10 juin, les 3 écoles sont au complet car, ce jour-là, il y a une visite médicale avec vaccination. Il y a également une 4ème école pour les alsaciens-lorrains. En tout 170 enfants. Il y avait aussi en cette fin de semaine distribution de tabac, des pêcheurs sur la Glane, des chercheurs de ravitaillement venus de la ville. Le maire est convoqué ainsi que le garde champêtre qui, accompagné de deux S.S, va, de rue en rue, demander à tous les habitants d’immédiatement rejoindre le champ de foire avec leurs papiers d’identité. Pour hâter le mouvement, la troupe S.S dispersée dans le village se met brusquement à tirer en l’air, à défoncer des portes, à pousser et malmener les familles. Arrivent aussi dans le lieu de rassemblement, des paysans au travail dans leurs champs, des familles habitant des fermes dans les hameaux. Les S.S entrent dans les écoles et y chassent maîtres et élèves. A 14h45, toute la population est cernée par des S.S allongés sur le sol et prêts à tirer.

Les S.S annoncent que les femmes et les enfants doivent se rendre dans l’église et que les hommes, afin de faciliter la fouille des maisons, vont être parqués dans des granges aux portes ouvertes. Il est fait appel, sans succès, à la dénonciation des dépôts d’armes. Puis, par 40 ou 50, les hommes entrent dans des hangars, des granges et un garage. Vers 15h30, toute la population étant sous le contrôle direct d’hommes en armes, tous les S.S, à un signal donné, sans doute, par Diekmann, se mettent à hurler comme pour un charge à la baïonnette, tirent, tirent et achèvent les blessés. Lorsque les armes se taisent, les S.S couvrent les cadavres des hommes de paille, de foin, de bois, et bien des maisons et leurs dépendances flambent. Quant aux 400 femmes et enfants de l’église ils voient un groupe de soldats introduire dans l’édifice une lourde caisse, d’où sort un

------------------------------------- 23 Les historiens s’accordent pour déclarer qu’il n’y a jamais eu de maquisards basés dans le village.

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cordon. Aussitôt les S.S vident leur chargeurs, lancent des grenades, n’épargnant pas ceux qui se sont cachés dans la sacristie et les confessionnaux, et allument le cordon sortant de la caisse

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contenant un dispositif incendiaire qui va déclencher un terrible incendie détruisant les corps au point où sur 615 personnes tuées seuls 52 corps seront identifiés. 22 personnes arrivées par le tramway échappèrent au massacre, 2 allemands, dont 1 parlant le français, leur disant « de foutre le camp, mais dans la campagne et non dans le village ».

DIMANCHE 11 JUIN 1944 – ROUFFIAC (Q.G DU GENERAL BLASKOWITZ) ET TULLE

L’activité des maquis du centre et du sud-ouest de la France amène le général Blaskowitz, (ci-contre) commandant du groupe « G » à prendre personnellement en charge, le 11 juin, la direction tactique de la lutte contre les partisans. Il demande à l’OKW de déclarer le sud-ouest « zone de combat ». Le même jour la « Das Reich » est relevée de son action anti-terroriste par le groupe de combat de la 11ème DB et quitte Tulle en direction de Poitiers et de Tours, non sans rappeler au Q.G qu’elle avait mené « des actions de nettoyage dans la région de Limoges, Saint Léonard, Ambazac, Bellac, Rochechouart. Bilan provisoire 337 tués et 36 prisonniers. Et que la route Tulle-Seilhac-Uzerche était débarrassée de l’ennemi »

LUNDI 12 JUIN 1944 - ORADOUR SUR GLANE

Le dimanche 11 juin, vers 11h, les S.S quittent Oradour. Le 12, au matin, un détachement de la Wehrmacht vient creuser deux fosses dans lesquelles il dépose quelques cadavres. A 12 h, il s’en va et c’est dans l’après-midi que des volontaires (médecins de la région, prêtres, personnel sanitaire de la défense passive) vont accomplir l’affreuse besogne du transport et de l’identification des cadavres, déjà en décomposition après deux jours de chaleur. Ces équipes de volontaires et les enquêteurs établirent qu’avaient péri : 393 résidents, 167 personnes des communes voisines et 52 venues d’ailleurs. Au total, 615 personnes. Porté à 642 victimes (chiffre le plus généralement retenu) sans doute après le découverte d’autres victimes trouvées dans les décombres et ayant échappé à la vue des premiers enquêteurs. Diekmann, revenu au régiment, rend compte à sa façon des évènements : « La compagnie ayant rencontré, à Oradour, de la résistance et découvert plusieurs cadavres de soldats allemands, a occupé le village, fouillé les maisons, découvert des armes et des munitions, mais, malheureusement, pas retrouvé Kampfe. Aussi tous les hommes du village identifiés comme terroristes, ont été fusillés. Les femmes et les enfants ont été enfermés dans l’église. Le village a été incendié mais les munitions, cachées presque partout dans chaque maison, ont explosé et le feu s’est propagé à l’église où les femmes et les enfants ont péri ». Le colonel Stadler, choqué que Diekmann n’ait pas obéi à ses ordres, le prévient qu’il va immédiatement demander à la division qu’il soit traduit en cours martiale. Lammerding se montre d’accord… « mais lorsque cela sera possible ». De fait, le conseil de guerre, réuni en Normandie, ne parvient pas à un verdict et, jusqu’à sa mort, Diekmann demeura à la tête de son bataillon.

JUSQU’AU 20 JUIN 1944 – OBJECTIF NORMANDIE

Dans sa progression au nord de Limoges, « Das Reich » ne va essuyer qu’un seul accrochage avec le maquis, à Bellac. C’est le bataillon de Wulf qui le subit et tue 5 résistants. A l’approche de la Loire, la division entre dans la région de France la plus bombardée par l’aviation alliée, la force aérienne allemande étant pratiquement absente. « Das Reich » arrive en Normandie le 13 juin mais va perdre 7 jours pour se regrouper. Les chars ne quitteront Périgueux que le 15 juin par 13 trains, et le 16 par 2 autres trains. Les chars sont débarqués à Angers. Ils sont à 100 kms du front et pour s’y rendre, ils auront à subir des bombardements et des pannes. Ils s’efforcent de rouler la nuit car les bombardements « s’arrêtent à 22 heures ». Et le jour ils se camouflent. Ces unités, venues de Montauban, sont rejointes par une compagnie de chars neufs. Des Panther.

« Das Reich » engagée, elle fut une unité combattante très offensive. A lui seul, le régiment « Der Führer » perdit 960 hommes, soit presque la moitié de son effectif, durant 4 jours de combat. C’est sur le front de Normandie que l’ensemble de la division eut vent des actes de répression de Tulle et d’Oradour et des demandes d’enquête. Deux des auteurs principaux, le major Diekmann et le capitaine Kahn, moururent au combat. Quant à Lammerding, blessé, il dut abandonner le commandement de « Das Reich ». Pour Wulf, réuni avec son Etat-major dans une laiterie, ce fut l’arrivée d’un obus de 105 qui blessa gravement la plupart des responsables de Tulle. Wulf eut les nerfs de la jambe gauche tranchés et il dut se retirer du combat. Et un homme sur trois de la « Das Reich » mourut en Normandie, soit environ 4.500 hommes. C’est à Falaise que cette division SS de Panzers eut le plus de pertes.

Parmi ceux qui reconnurent l’efficacité de la Résistance dans le retardement de la marche de « Das Reich » :

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« Le SHAEF » qui, dans un récapitulatif quotidien du 16 juin, fait état : « d’une organisation de Résistance qui sur le terrain est parvenue à retarder pendant une semaine le départ de la 2eme Panzer SS. Les résultats obtenus par les F.F.I ont, de loin, dépassé ceux généralement escomptés. Partout où l’armement était suffisant, ils ont fait preuve d’unité dans l’action et d’un mordant magnifique »

Le War Office, dans un rapport d’août 1944… « Dans le sud et sud-ouest de la France, l’action efficace des groupes de la Résistance Française a permis de retarder les mouvements des formations allemandes ». Concernant « Das Reich »… « on estime que le déplacement de cette division a exigé 2 à 3 fois le temps justifié par la distance ». Le bilan de toutes les pertes de résistants, pour toute la guerre en « R.5 » où eurent lieu les attaques contre « Das Reich », est le suivant :

o Corrèze : 248 tués et 481 déportés. o Creuse : 123 tués et 190 déportés. o Dordogne : 771 tués et 308 déportés. o Haute Vienne : 957 tués et 373 déportés.

J’ai, comme ancien maquisard 1943/1944 en « R1 » (Drôme-Vercors-Chambaran), retenu ces deux rapports afin de montrer, pour le premier, que l’action de la Résistance a été saluée au plus haut niveau allié. Et que le deuxième s’attache à rendre hommage à ces volontaires de terrain, à tous ces otages pour leur engagement et souvent pour leur sacrifice.

Note rédigée en octobre 2014

EN GUISE D’ÉPILOGUE

Eh dehors de la probable exécution d’Helmut Kampfe par les F.T.P, de la mort au combat d’Adolf Otto Diekmann et de Kahn, les jugements, intervenus après-guerre, à l’encontre des responsables de ces massacres furent paradoxalement légères. Mais, laissons parler Dominique Lormiers, auteur de « Les crimes nazis lors de la Libération de la France » (Ed. Cherche Midi - 2014) le soin d’en parler.

En premier lieu, sur Tulle. « … L'information judiciaire ouverte le 18 juin 1947 sur les pendaisons de Tulle aboutit à un rapport, rédigé par le commissaire de police criminelle Félix Hugonnaud, qui démontre l'entière responsabilité du général SS Heinz Lammerding, à l'encontre duquel trois mandats

d'arrêt successifs sont décernés, en vain ... Le procès des pendaisons de Tulle s'ouvre à Bordeaux le 4 juillet 1951 et le verdict est prononcé le lendemain. Seulement cinq personnes y sont accusées : Paula Geissler, l'interprète de la Wehrmacht, et quatre officiers de la « Das Reich », Heinz Lammerding, Aurel Kowatsh, Henrich Wulf et Otto Hoff, directement impliqués dans ce massacre. Curieusement, le tribunal omet de mettre en accusation la centaine de soldats SS également coupables et clairement identifiés. Finalement, Lammerding et Kowatsh - ce dernier est tué en mars 1945 à la frontière hongroise - sont condamnés à mort par contumace. Hoff et Wulf écopent seulement de dix ans de travaux forcés et Paula Geissler de trois années de prison. Après un appel devant le tribunal de Marseille, la peine de Hoff est réduite, le 27 mai 1952, à cinq ans, déjà accomplis par la détention. Si bien que ce criminel nazi est honteusement libéré le jour du jugement d'appel. Wulf, gracié par le président de la République français Vincent Auriol, est également libéré en mai 1952. Lammerding fait l'objet d'une demande d'extradition du gouvernement français, auprès des troupes britanniques d'occupation en Allemagne de l'Ouest fin janvier 1953, qui lancent bien un mandat d'arrêt à son encontre le 27 février 1953. Or, bénéficiant d'étranges protections de divers notables allemands, Lammerding n'est finalement jamais inquiété par la justice. Il ose nier toute responsabilité dans le massacre de Tulle, alors qu'il a bien signé un document ordonnant les pendaisons. De plus, en contradiction avec ses mensonges habituels, la présence de Lammerding à Tulle, le 9 juin 1944 à midi, est certifiée par le médecin militaire de la garnison allemande, à savoir le docteur Schmidt. Lammerding reprend librement ses activités d'ingénieur en génie civil à Düsseldorf jusqu'à sa retraite et décède d'un cancer généralisé à l'âge de 66 ans en 1971. Ses funérailles attirent plusieurs centaines d'anciens officiers et soldats SS …. » En second lieu, sur Oradour. « … Le 12 janvier 1953 s'ouvre le procès d'Oradour-sur-Glane devant le tribunal militaire de Bordeaux, dans un climat politique tendu, du fait que parmi les 21 accusés, soldats et sous-officiers de la division « Das Reich », se trouvent 14

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Alsaciens. Condamné à mort par contumace par le tribunal militaire de Bordeaux le 5 juillet 1951 pour le massacre de Tulle, le général S.S Heinz Lammerding, commandant de la division « Das Reich », vit paisiblement à Düsseldorf, dans la zone occupée par les Britanniques, et le gouvernement français ne parvient pas à obtenir son extradition, malgré trois mandats d'arrêt à son encontre, délivrés en 1947, 1948 et 1950. Le S.S Adolf Diekmann, commandant d'une partie du bataillon responsable du massacre, est mort durant la bataille de Normandie, le 29 juin 1944. Le verdict est finalement prononcé dans la nuit du 12 février 1953 : parmi les accusés allemands, le sergent Lenz est condamné à mort, un accusé qui a pu prouver son absence lors du massacre est acquitté, tandis que les autres Allemands sont condamnés à des peines variant de dix à douze ans de travaux forcés. Les Alsaciens « malgré nous » écopent de cinq à douze ans de travaux forcés ou de cinq à huit ans de prison. Un seul Alsacien, engagé volontaire dans la Waffen SS, est condamné à mort pour trahison. Le verdict déclenche de vives protestations en Alsace, qui se déclare solidaire avec ses treize enfants du pays condamnés à tort à Bordeaux et avec les 130.000 Alsaciens incorporés de force. Le Limousin est quant à lui indigné par la réaction de l'Alsace. Le 19 février 1953, une loi d'amnistie est adoptée à l'Assemblée nationale par 319 voix pour, 211 contre et 83 absentions. Si bien que le 21, à l'aube, les 13 Alsaciens« malgré nous» sont libérés et rejoignent leur famille en Alsace dans l'après-midi. Les 5 Allemands voient leur peine réduite et sont finalement libérés quelques mois plus tard. Les deux peines capitales sont commuées en réclusion perpétuelle en septembre 1954. Aucun condamné par contumace ne sera inquiété. …. Le massacre d'Oradour-sur-Glane connaît un nouvel épisode juridique en 1983. Condamné à mort par contumace lors du procès de Bordeaux en 1953, le lieutenant S.S Heinz Barth se réfugie sous une fausse identité en République Démocratique Allemande, à savoir l’Allemagne de l'Est. Son passé découvert, il est arrêté le 14 juillet 1981 et condamné à la prison à perpétuité par un tribunal de Berlin Est, le 7 juin 1983, notamment pour sa participation active au massacre d'Oradour. Trois survivants du massacre témoignent lors du procès, qui est suivi par la presse française et internationale. Barth est libéré, après la réunification de l'Allemagne, en juillet 1997. Sa condamnation ne l'empêche pas de percevoir, dès 1991, une pension au titre de victime de guerre, de 800 marks. Cette pension est finalement annulée par un tribunal de Potsdam en 2000. Sa mort, le 6 août 2007, fait les gros titres de la presse française… »

En savoir plus :

Avertissement : toutes les notes sont des résumés digests de livres de référence pour certains en cours de commercialisation, pour d’autres épuisés (mais que l’on peut parfois encore trouver en occasion sur Internet). Les recherches historiques indiquées ou les thèses développées dans ces notes sont bien entendu la propriété intellectuelle des auteurs des livres étudiés. Illustrations : Il a été essayé, autant que faire se peut, de citer les sites ou personnes auprès desquels nous avons emprunté les images illustrant cet ouvrage. Par avance, nous présentons nos excuses à ceux que nous aurions pu oublier.

En savoir plus

« Tulle, Enquête sur un Massacre »Fabrice Grenard Ed. Tallandier - 2014

« Les Ombres d’Oradour »Jean Paul Picaper

Ed. L’Archipel - 2014