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La Lettre d’information de l’Iris n°197 > La Lettre d’information de l’Iris N°197 / Mercredi 17 janvier 2006 Points de vue NON À L’AFRO PESSIMISME, L’AFRIQUE EST UN ACTEUR CRUCIAL DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES Philippe Hugon par Fériel Berraies Guigny / Babnet.net / 15 janvier Il y a toujours eu des représentations de l’Afrique qui étaient pessimistes, ce qu’on appelle aujourd’hui « Afro pes- simisme » et qui existaient déjà du temps de Malthus. Il évoquait les trois tares de l’Afrique, à savoir les guerres, les épidémies et les famines. Aujourd’hui on continue à raisonner à partir de ces maux. SUITE PAGE 3. UNE RÉPONSE PLUS POLITIQUE QUE MILITAIRE Barah Mikaïl par Séverine de Smet / Le Nouvel Obs.com / 12 janvier George W. Bush se voit confronté à une situation de contestation générale de sa stratégie pour l’Irak. En ce sens, les critiques développées vis-à-vis de la gestion par l’Administration américaine de la situa- tion irakienne ne se limitent pas à un seul constat présent. SUITE PAGE 5. POURQUOI L’EXTRÊME DROITE CRÉE-T-ELLE UN GROUPE AU PARLEMENT EUROPÉEN ? Jean-Yves Camus par Alain Guillemoles / La Croix / 12 janvier L’extrême droite a constitué un groupe au Parlement européen grâce à l’apport d’élus de Roumanie et de Bulgarie, deux pays entrés dans l’Union le 1er janvier. SUITE PAGE 6. PAS DE RÉPIT POUR L’IRAK Barah Mikaïl / Aujourd’hui la Turquie / janvier La politique américaine au Moyen-Orient n’est pas toujours exempte de répercussions inattendues. En novembre dernier, la victoire des Démocrates à l’issue des élections de mi-mandat aux Etats-Unis avait ainsi confirmé les limites de la stratégie moyen-orientale post-11 septembre. SUITE PAGE 7. Actualités européennes Retrouvez régulièrement la note d’actualité européenne de Susanne Nies, Directrice de recherche Europe à l’IRIS. ACTUALITÉS EUROPÉENNES N° 1 LA PRÉSIDENCE ALLEMANDE DU CONSEIL EUROPÉEN ENTRE VOLONTARISME ET CONTRAINTES Susanne Nies pour l’Iris / 15 janvier Le 1er janvier 2007, l'Allemagne a pris la relève des présidences tournantes du Conseil européen. Une présidence doublée de surcroît de celle du G 8. Un programme ambitieux qui sera présenté, selon la coutume, lors de la première session du Parlement européen à Strasbourg, le 17 janvier 2007, par la Chancelière, Angela Merkel. TÉLÉCHARGEZ LA SUITE DE LA NOTE À LADRESSE SUIVANTE : http://www.iris-france.org/docs/pdf/actu_europe/2007-01-15.pdf Parutions > R ENAISSANCE D ' UN GROUPE D ' EXTRÊME DROITE AU PARLEMENT EUROPÉEN (15/01) par Jean - Yves CAMUS, Chercheur associé à l’IRIS spécialiste des nationalismes et extrémismes en Europe. Retrouvez cette interview sur : http://www.iris- france.org/fr/pages/stream.php3 Interview audio HIVER 2006/07 LA REVUE INTERNATIONALE ET STRATEGIQUE N°64 Quinze ans d’indépendance - les nouveaux enjeux en Asie centrale Dossier sous la direction de Sébastien Peyrouse Sommaire page 9 LETTRE OUVERTE À NOTRE FUTUR(E) PRÉSIDENT(E) DE LA RÉPUBLIQUE SUR LE RÔLE DE LA FRANCE DANS LE MONDE de Pascal BONIFACE Ed. Armand Colin - 191 pages - 15,80 Sommaire page 8 Événement En partenariat avec

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Points de vueNON À L’AFRO PESSIMISME, L’AFRIQUE EST UN ACTEUR CRUCIAL DANS LES RELATIONS INTERNATIONALESPhilippe Hugon par Fériel Berraies Guigny / Babnet.net / 15 janvierIl y a toujours eu des représentations de l’Afrique qui étaient pessimistes, ce qu’on appelle aujourd’hui « Afro pes-simisme » et qui existaient déjà du temps de Malthus. Il évoquait les trois tares de l’Afrique, à savoir les guerres,les épidémies et les famines. Aujourd’hui on continue à raisonner à partir de ces maux. SUITE PAGE 3.

UNE RÉPONSE PLUS POLITIQUE QUE MILITAIREBarah Mikaïl par Séverine de Smet / Le Nouvel Obs.com / 12 janvierGeorge W. Bush se voit confronté à une situation de contestation générale de sa stratégie pour l’Irak.En ce sens, les critiques développées vis-à-vis de la gestion par l’Administration américaine de la situa-tion irakienne ne se limitent pas à un seul constat présent. SUITE PAGE 5.

POURQUOI L’EXTRÊME DROITE CRÉE-TT-EELLE UN GROUPE AU PARLEMENT EUROPÉEN ?Jean-Yves Camus par Alain Guillemoles / La Croix / 12 janvierL’extrême droite a constitué un groupe au Parlement européen grâce à l’apport d’élus de Roumanie etde Bulgarie, deux pays entrés dans l’Union le 1er janvier. SUITE PAGE 6.

PAS DE RÉPIT POUR L’IRAKBarah Mikaïl / Aujourd’hui la Turquie / janvierLa politique américaine au Moyen-Orient n’est pas toujours exempte de répercussions inattendues. Ennovembre dernier, la victoire des Démocrates à l’issue des élections de mi-mandat aux Etats-Unis avaitainsi confirmé les limites de la stratégie moyen-orientale post-11 septembre. SUITE PAGE 7.

Actualités européennesRetrouvez régulièrement la note d’actualité européenne de Susanne Nies, Directrice de recherche Europe à l’IRIS.

ACTUALITÉS EUROPÉENNES N° 1 LA PRÉSIDENCE ALLEMANDE DU CONSEIL EUROPÉEN ENTRE VOLONTARISME ET CONTRAINTES Susanne Nies pour l’Iris / 15 janvierLe 1er janvier 2007, l'Allemagne a pris la relève des présidences tournantes du Conseil européen. Uneprésidence doublée de surcroît de celle du G 8. Un programme ambitieux qui sera présenté, selon lacoutume, lors de la première session du Parlement européen à Strasbourg, le 17 janvier 2007, par laChancelière, Angela Merkel.

TÉLÉCHARGEZ LA SUITE DE LA NOTE À L’ADRESSE SUIVANTE :http://www.iris-ffrance.org/docs/pdf/actu_europe/2007-001-115.pdf

Parutions

> REENNAAIISSSSAANNCCEE DD'UUNN

GGRROOUUPPEE DD'EEXXTTRRÊÊMMEE DDRROOIITTEE

AAUU PPAARRLLEEMMEENNTT EEUURROOPPÉÉEENN

(15/01)

par JJeeaann-YYvveess CCAAMMUUSS,,Chercheur associé à l’IRISspécialiste des nationalismeset extrémismes en Europe.

Retrouvez cette interview sur :

http://www.iris-france.org/fr/pages/stream.php3

Interview audio

HIVER 2006/07LA REVUE INTERNATIONALEET STRATEGIQUE N°64

Quinze ans d’indépendance -les nouveaux enjeux en Asie centrale

Dossier sous la direction deSébastien Peyrouse

Sommaire page 9

LETTRE OUVERTE À NOTREFUTUR(E) PRÉSIDENT(E) DE LARÉPUBLIQUE SUR LE RÔLE DELA FRANCE DANS LE MONDE

de Pascal BONIFACE

Ed. Armand Colin - 191 pages - 15,80 €

Sommaire page 8

Événement

En partenariat avec

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/ Point de vue

NON À L’AFRO PESSIMISME, L’AFRIQUE EST UN ACTEUR CRUCIAL DANS LES RELATIONS INTERNATIONALESPhilippe Hugon par Fériel Berraies Guigny / Babnet.net / 15 janvier

L’ouvrage de Philippe Hugon « Géopolitique de l’Afrique » (éditionsArmand Colin, 2006) nous donne une relecture de l’Afrique. Une visionplus nuancée qui veut s’éloigner de tout postulat négativiste. Aucontraire, pour l’auteur, l’Afrique reste un acteur géopolitique émer-gent dans les relations internationales. Philippe Hugon est un spécia-liste de l’Afrique Subsaharienne. Cet économiste qui a écrit une quin-zaine d’ouvrages centrés sur les questions de développement et d’ur-banisation en Afrique Noire, est également Professeur émérite del’Université de Nanterre, il est directeur de recherche à l’IRIS. PhilippeHugon est l'auteur d’une centaine d'articles dans des revues spéciali-sées et de plus de 15 ouvrages sur le développement et l'économie poli-tique internationale.

L’Afrique aujourd’hui a du mal à se débarrasser de certains clichésallant du « racisme à l’Afro pessimisme » qu’en pensez vous ? Quelleest la spécificité géopolitique de ce continent ?

Il y a toujours eu des représentations de l’Afrique qui étaient pessi-mistes, ce qu’on appelle aujourd’hui « Afro pessimisme » et qui exis-taient déjà du temps de Malthus. Il évoquait les trois tares del’Afrique, à savoir les guerres, les épidémies et les famines.Aujourd’hui on continue à raisonner à partir de ces maux. Mais laquestion est justement de démontrer que l’Afrique n’est pas simple-ment réductible à des questions de conflits ou de tares épidémiques.A l’encontre, il y a également une représentation que l’on pourraitconsidérer « D’afro centriste », et on justifie ces maux en expliquantjustement que si elle a connu ces maux, c’est justement qu’elle a étévictime également de l’Histoire. De l’esclavage à la colonisation ettoutes les différentes formes d’impérialisme et de domination. Il fautavoir une vision plus afro réaliste, car l’Afrique est très contrastée etil y a véritablement « Des Afrique » du Sahel à la région Australe. Il ya des avancées qui sont incomparables. Le pays le plus touché par levirus du Sida, justement le Botswana est aussi le pays qui a lameilleur gestion de sa rente de diamants. Il y a une forte croissante etpeu d’inégalités. C’est une Afrique plurielle.

L’Afrique est continent pluriel, mais est elle unie? Expliquez nousnous le titre « Géopolitique de l’Afrique »

Il y a une unité de l’Afrique aujourd’hui, quoi que l’on dise. Mais jetiens à préciser que dans mon ouvrage, j’ai mis de côté l’Afrique duNord car je la rattache plus à la Méditerranée et au Moyen Orient. Parailleurs s’agissant de l’Afrique Subsaharienne, le niveau de dévelop-pement économique n’est pas comparable à l’Afrique du Nord, ou àl’Afrique septentrionale et l’Afrique du Sud. Historiquement, la géo-politique africaine a eu une réputation quelque peu sulfureuse liée àl’impérialisme allemand et à la colonisation. Dans l’Histoire, l’Afriquefaisait en effet parti d’un débat géopolitique, dés le XIXe siècle.

Vous dites que c’est un acteur émergent dans les relations interna-tionales ?

Oui, je pense qu’il faut s’éloigner de cette image d’une Afrique subis-sant inlassablement son histoire pour voir la « force des faibles » carelle peut peser dans le débat international. Elle a son poids du fait deses ressources stratégiques, notamment s’agissant de ses richessesminières, mais également à travers sa biodiversité. Elle pèse de plusen plus en tant que Continent réunissant des Etats indépendants, elleest devenu un Continent émergent qui siége dans les institutionsinternationales, ce qui n’était pas le cas historiquement. Aujourd’huidans un système de mondialisation, avec la fin de la colonisation,même s’il est vrai qu’il y a encore quelques traces, elle émerge avecla diversité de ses partenaires. Il faut rappeler en effet, les nouveauxpartenariats qu’elle a tissé avec des pays comme la Chine et l’Inde quirisquent de détrôner le vieux continent européen. Les nouveaux pays

comme l’Indonésie, le Japon et la Malaisie amènent de nouveauxenjeux pour la région, notamment s’agissant du domaine pétrolier.Mais il ne faut pas oublier que l’Afrique dans le domaine culturel etartistique, est mondialisatrice.

Aujourd’hui, quelles sont les motivations des grandes puissances parrapport à ce Continent qui est de plus en plus délaissé ?

L’Union européenne s’est en effet, en partie désengagée de l’Afriqueen se recentrant plus sur son espace européen (Europe du Nord et del’Est). Et depuis le 11 septembre, les Etats-Unis sont en effet, trèsprésents en Afrique. Parmi les arguments qui l’expliquent il y a lalutte contre le terrorisme et il y a l’argument stratégique pétrolier etdes mines. 25 % de l’approvisionnement en pétrole des Etats-Unis,viendront dans les dix prochaines années d’Afrique. La questionhumanitaire est aussi d’actualité car il faut savoir que dans un mondeinterdépendant, la pauvreté est aussi un terreau de la violence. Il peuty avoir donc des effets de retour sur les pays qui se disent « protégés ».Il ne faut pas oublier également, la question migratoire et les problè-mes liés au réchauffement de la planète. Les questions relatives à lasanté sont aussi primordiales, s’agissant du paludisme et de son éra-dication. Dans l’intérêt même « égoïste » des pays européens, laquestion du développement de l’Afrique reste donc cruciale.

Selon vous, quelles sont les limites des politiques d’ajustement struc-turels à l’heure actuelle, en Afrique ?

Les politiques d’ajustement structurels ont eu dans la majorité descas, des résultats très mitigés. Il est vrai que la plupart des pays afri-cains, sont dans une situation d’endettement et de gaspillage de fondsqui font que les mesures d’assainissement ne donnent pas de résul-tats probants, hormis le domaine de l’assainissement financier où ona pu observer ces dernières années, des résultats dans le domaine del’inflation et des rééquilibrages financiers. Les déficits budgétairessont moins importants, on a observé que les entreprises publiquesavaient moins de déficit aussi. Mais globalement, les pays africainssont loin d’avoir été mis sur la traîne de croissance du développementdurable. Bien sûr, il y a quand même une croissance économiquerelativement forte, mais il n’y a pas eu une revalorisation des produitsprimaires qu’ils exportent. Sans la montée en gamme de produits,permettant une meilleure spécialisation des pays africains qui sontpour 95% encore exportateurs de produits primaires issus du sol ousous sol, il faut s’attendre à l’essoufflement de la croissance.L’ajustement structurel, est par ailleurs remis en question aujourd’-hui, y compris par les institutions de Bretton Woods. Mais ce qu’il fautsavoir c’est que dés le milieu des années 90, la priorité a été donnéeà l’éradication de la pauvreté.

Comment faire face aux problèmes liés à l’environnement ? La cata-strophe environnementale en Côte d’Ivoire ne fait-eelle pas penser auconcept de « Continent poubelle » ?

Il y a des questions environnementales très importantes en Afrique.Mais l’Afrique ne participe pas tellement aux grands problèmes envi-ronnementaux mondiaux, à commencer avec l’émission de CO2. Ellea une faible empreinte écologique, cependant elle subit les effets duréchauffement climatique, de l’industrialisation et en partie, elle estun « lieu de recyclage de déchets ». Or l’Afrique, à une faible capaci-té de résilience par rapport à un certain nombre de situations envi-ronnementales. Que ce soit la déforestation, la désertification, leréchauffement climatique etc., les questions environnementales biensûr, divergent du fait du contraste géographique et climatique ducontinent africain.

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Peut-oon parler de marginalisation économique s’agissant de ceContinent ?

L’Afrique subsaharienne a perdu aujourd’hui des parts de marchéassez importantes, elle subit une érosion de préférences. Elle est undans un contexte de mondialisation de frontières, où elle doit se battrepour imposer ses produits. Avec le coton, elle avait réussi, mais depuisla suppression des accords sur le « vêtement textile « en 2005, elles’est vue remplacer par la concurrence des industries pakistanaises,indiennes et chinoises. Ce problème on le retrouve aussi en Afrique duNord. Le gros problème pour l’Afrique, c’est qu’en diversifiant ses par-tenaires et en ne changeant pas ses produits, elle se fige dans unerelation post coloniale avec les pays acheteurs.

Hormis la régionalisation et le panafricanisme, voyez-vvous d’autresformes de coopération?

Il y avant tout des relations interafricaines, et la priorité est de cons-truire des « Afrique » sur des bases régionales. Cela existe déjà enAfrique australe, avec le poids dominant de l’Afrique du Sud, il y aquelques éléments en Afrique occidentale également. Cela permettraitde créer des marchés suffisamment larges pour pouvoir peser ensui-te sur la scène internationale. Les autres formes de coopération doi-vent être davantage des accords de coopération de long terme, onparle de co-développement, mais à mon avis il faudrait repenser desaccords entre les pays émergents et industriels dans une option lon-gue termiste. Le problème de l’Afrique c’est que dans les activités éco-nomiques qui sont très rentables, il y a des taux de retour très impor-tants en terme d’investissement mais il y a des risques qui sont consi-dérés très élevés. Or la logique capitaliste exige des taux de retour entrois ou quatre ans, sur la mise du capital. A mon avis, plus on allongeles horizons des acteurs, plus on aura un véritable processus d’accu-mulation productive.

S’agissant du politique, comment expliquez-vvous que l’Afrique soitperçue en terme de capacité de nuisance ou de « zone dangereuse » ?Aujourd’hui qu’est-cce que l’Afrique est en droit d’attendre des paysdéveloppés?

Les pays extérieurs peuvent appuyer les processus de démocratisationmais en aucun cas, on ne peut exporter la démocratie ! La démocratieest une pratique d’acteurs qui progressivement mettent en place descontre pouvoirs, des débats publics. C’est un processus endogène. Ilfaut donner les moyens de la démocratie et non pas l’imposer par desconditionnalités. Sur le plan politique, en Afrique, un des problèmesc’est qu’actuellement, dans beaucoup de situations il y a beaucoup«d’Etats faibles », de plus, il y a une faible citoyenneté. Il y a, par cont-re, davantage de liens basés sur les appartenances familiales ou iden-tités claniques et religieuses. La construction d’un Etat et d’unecitoyenneté, sont des éléments préalables pour la construction d’unpays. Actuellement, il y a une profusion de « régimes patrimonialistes» où règne une véritable confusion entre bien publique et bien privé. Ilfaut un jeu politique qui permette véritablement un développementéconomique durable. C’est une des priorités, et l’ajustement parexemple, bien que rationnel économiquement aura contribué à délégi-timer des Etats, alors que la question était de passer d’un Etat répri-mandaire, à un Etat « facilitateur » de l’investissement. La reconstruc-tion de l’Etat, est donc un préalable au développement.

Terre de conflits, les influences tribales ou religieuses ont souvent prisle pas sur les orientations ou sensibilités politiques, Est-cce un frein àla démocratie ou une façon pour l’Afrique, d’écrire elle-mmême sa pro-pre Histoire ?

C’est un grand débat, car certains disent « que l’Etat fait la guerre, oula guerre fait l’Etat ». Mais je pense, qu’il faut laisser le temps auxsociétés africaines de se construire, mais je ne souscris pas à la thèsede la guerre. Aujourd’hui, les guerres n’ont plus du tout les caractéris-tiques des guerres antérieures, qui étaient interétatiques. Hormis, le

cas de l’Ethiopie et de l’Erythrée et aussi d’une certaine manière, entrece qui se joue aujourd’hui, entre la Somalie et l’Ethiopie. Il y a dans toutconflit, des éléments internes, régionaux et des insertions au niveauinternational. On ne peut donc plus « laisser faire » les conflits.L’exemple le plus probant est le conflit opposant la Somalie etl’Ethiopie, et l’on ne peut nier que derrière l’Ethiopie, il y a quandmême une stratégie américaine, qui est très présente. Pour luttercontre le terrorisme musulman, le Jihad et contre les tribunaux isla-mistes, avec des assimilations et des amalgames que l’on retrouveaussi dans la presse actuellement. Puisque l’on passe de « tribunauxmusulmans » à « tribunaux islamistes ». Certes les tribunaux enSomalie ont une dimension radicale, mais ne sont pas réductibles àcette appellation. D’un côté, il y a la dimension internationale et del’autre, derrière les tribunaux islamiques il y a des appuis importantscomme l’Arabie Saoudite, la Syrie, l’Iran, que l’on a accusé d’être des« soutiens ». En même temps, cela reste des conflits locaux, puisquela guerre entre la Somalie et l’Ethiopie a eu lieu en 1964 et en 1977. Ladimension internationale ici est replacée dans la thèse de SamuelHuttington, sur les « conflits entre les civilisations ».

Y a t-iil des enseignements à tirer de ce qui s’est passé ou se passeailleurs dans le monde ?

Il y a des expériences qui seraient très utiles sur le plan économique,mais uniquement à titre comparatif. Il s’agirait de certains pays d’Asiequi ont commencé par l’exportation de produits primaires et qui par lasuite se sont spécialisés. Bien sûr les ressources minières, le pétrole,sont également une malédiction pour ces pays. Mais le Botswana est lecontre exemple, puisque ce pays a été capable d’imposer un systèmede contrôle de sa rente de diamants. L’Accord de Kimberley a permiscela. S’agissant de l’Indonésie, la vente de ses produits pétroliers lui apermis de financer sa révolution verte. Pour les pays africains, c’estplutôt du côté des pays du Sud, qu’il faut essayer de prendre exemple.

Pensez-vvous que les Etats-UUnis mènent une guerre de religions, auregard du soutien apporté à l’Ethiopie ? Que pensez-vvous de leur posi-tion sur les différents conflits dont celui qui touche actuellement laSomalie ?

La religion est totalement instrumentalisée aujourd’hui et effective-ment, les Etats-Unis dans cette dichotomie du bien et du mal, rédui-sent les problèmes géopolitiques et géostratégiques, à des problèmesd’ordre religieux. La confusion entre les formes de radicalisme quel’on peut retrouver dans l’Islam mais aussi dans toutes les religions, etla manière dont on présente l’Ethiopie comme pays éthiopien, sontdangereux. L’Ethiopie a une tradition chrétienne depuis le 4ème siècle,et juive avec les Fellachas, mais elle a aussi 40% de sa population quiest musulmane. Et donc s’il y a un problème à caractériser l’Ethiopie,ce n’est certainement pas par la religion qu’il faut le faire !Il faut la caractériser, par d’autres critères sous peine de donner rai-son à la thèse d’Huntington, qui parle du retour du grand religieux quifinit par être instrumentalisé.

Aujourd’hui, l’Islam en entier, et le monde arabo-mmusulman sont les«pestiférés du 21ème siècle » . Il y a un effet boomerang terrible, né du11 septembre, on confond volontiers les termes et la significationintrinsèques de l’ islam, on remet en cause son enseignement ; le sta-tut de musulman en Occident est de plus en plus mal vécu, on confondislamique et islamiste, résistance et Jihad. Est-cce un vice de forme, defond ?

Il faut être très prudent aujourd’hui, sur les mots que l’on emploie, ilne faut pas faire de raccourci, il ne faut pas parler du monde arabomusulman, pour qualifier par exemple l’Iran ! Il ne faut pas confondrele mot islam ou islamique avec le mot « islamiste ». Il faut une vérita-ble prudence de vocabulaire. Mais dans le fond, il est vrai que les nou-velles formes de guerres multipolaires, depuis la fin de la guerre froi-de, prennent une forme religieuse dans leur expression. Il est plusfacile d’identifier la couleur d’une religion que de parler d’une appar-tenance ethnique. C’est extraordinairement réducteur, car les sociétésont une dimension culturelle, religieuse, politique et sociale qui estmultiples. On ne peut donc les résumer à une religion !

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/ Point de vue

UNE RÉPONSE PLUS POLITIQUE QUE MILITAIREBarah Mikaïl par Séverine de Smet / Le Nouvel Obs.com / 12 janvier

Pour la première fois, George W. Bush admet des erreursdans la gestion de Ia crise irakienne. Quelles ont été lespressions ? Le camp démocrate ? L'opinion publique ? Sonpropre camp ?

George W. Bush se voit confronté à une situation de contes-tation générale de sa stratégie pour l'Irak. En ce sens, lescritiques développées vis-à-vis de la gestion parl'Administration américaine de la situation irakienne ne selimitent pas à un seul constat du présent ; c'est aussi l'ab-surdité qu'il y avait à lancer une telle guerre qui ne manquepas d'être soulignée aujourd'hui. On le constate aussi biendans les propos de certains démocrates ou républicainsqu'au niveau de l'opinion publique américaine. Sans oublierqu'une telle critique se voit aussi développée par certainsnéo-conservateurs pourtant initialement favorables à cetteguerre, tel le célèbre Richard Perle, ainsi que par les diri-geants de pays arabes qui sont pourtant de très prochesalliés de Washington, comme le montrent les exemples del'Egypte, de la Jordanie et de l'Arabie saoudite. Plutôt qu'u-ne réponse à des pressions déterminées et identifiables, leprésident américain semble ainsi surtout avoir pris acteaujourd'hui, par la force des choses, des difficultés que sestroupes rencontrent effectivement sur le terrain. George W.Bush reconnaît ainsi des erreurs tactiques en Irak, mais ilne semble pas pour autant prêt à reconnaître que cetteguerre n'aurait tout simplement pas du être initiée, ce quebeaucoup des détracteurs de sa politique irakienne souli-gnent pourtant.

Il annonce le déploiement de 21.500 soldats supplémentai-res. La situation sur le terrain l'exige-tt-eelle ? Ces troupes enplus peuvent-eelles enrayer les violences dans le pays ?

Beaucoup des difficultés endurées par l'Irak aujourd'hui onttrait aux violences et à l'absence de sécurité. Mais ce n'estpas tout. Parallèlement aux enjeux économique et sociaux,c'est en grande partie d'un dysfonctionnement politique quel'Irak est victime aujourd'hui. D'une part, la contestation dela présence de troupes étrangères et plus particulièrementaméricaines, dans le pays est en soi l'une des causes impor-tantes de l'insécurité ambiante, en ce qu'elle suscite desattaques de la part de certains insurgés. Mais il ne faut pas

oublier que le climat se voit aussi alourdi par des enjeux detype ethno-confessionnel, qui poussent chacune des com-munautés irakiennes à vouloir assurer sa sécurité par sespropres moyens. En ce sens, que les Etats-Unis augmententleurs contingents militaires de 20000 ou de 100000 soldats,le résultat sera le même : ils n'ont que très peu de chancesde pouvoir pacifier l'Irak actuel. La réponse à la situation del'Irak est politique plutôt que militaire, et elle passe en gran-de partie par une fin graduelle, échelonnée, mais non moinsengagée de la mise à fin de l'occupation américaine. Cela nerésoudrait pas tout, mais ce serait déjà un très bon début.

La stratégie de Bush repose sur la volonté et l'accord duPremier Ministre irakien al-MMaliki. Comment le gouverne-ment irakien peut-iil tenir ses engagements afin de limiter laprésence américaine sur le territoire ?

Je crois que c'est le gouvernement irakien qui est en situa-tion de dépendance vis-à-vis des Américains, plutôt que lecontraire. Le problème fondamental avec l'Irak, aujourd'hui,c'est que l'on voit mal dans quelle mesure ce pays pourraitmaintenir et revenir à terme vers sa cohésion nationale. Lessentiments communautaires sont exacerbés. Dès lors, ildevient difficile de parler de l'action d'un gouvernement ira-kien très clairement démuni d'actions souveraines et per-suasives. Les évolutions irakiennes passent maintenantpour beaucoup par l'action et la motivation des partis etchefs politico-confessionnels, toutes régions du paysconfondues : c'est un fait.

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POURQUOI L’EXTRÊME DROITE CRÉE-TT-EELLE UN GROUPE AU PARLEMENT EUROPÉEN ?Jean-Yves Camus par Alain Guillemoles / La Croix / 12 janvier

L'extrême droite a constitué un groupe au Parlement euro-péen grâce à l'apport d'élus de Roumanie et de Bulgarie,deux pays entrés dans l'Union le 1er janvier. Le groupedevrait être dirigé par le Français Bruno Gollnisch (Frontnational).

" La création d'un groupe d'extrême droite au Parlementeuropéen ne change pas de façon considérable les équilib-res politiques au sein de cette assemblée. En effet, ne sontvéritablement nouveaux dans ce groupe que les représen-tants du parti Grande Roumanie et celui du mouvement bul-gare Ataka, qui intègrent le Parlement européen du fait del'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union euro-péenne le 1er janvier. Les autres membres de ce groupesiégeaient parmi les non-inscrits.

Cette création a des raisons très pragmatiques. AuParlement européen comme dans les parlements natio-naux, les élus qui forment un groupe disposent de moyensmatériels, de temps de parole et de postes de vice-prési-dents que n'ont pas les non-inscrits. De plus, le fait de for-mer un groupe donne une assise et laisse penser que cettefamille politique possède un ancrage à l'échelle européen-ne. La réalité est plus complexe.

L'extrême droite dans les pays d'Europe centrale a suexploiter l'entrée dans l'Union en instrumentalisant le sen-timent que celle-ci représentait une perte d'indépendance,alors que cette indépendance avait été durement reconqui-se au sortir du communisme. De plus, l'adhésion s'est faite

de façon rapide, ce qui a eu un coût social élevé pour unepartie de la population.

Il existe cependant une plate-forme commune entre tousces partis : l'opposition à toute forme d'Europe supranatio-nale, l'opposition à l'immigration et une adhésion à une cer-taine idée de l'identité européenne qui est contenue dansleur déclaration commune et qui fait référence aux " valeurschrétiennes " de l'Europe.

Mais, dans le passé, le groupe d'extrême droite a pu êtredisloqué par les multiples conflits entre des mouvementsdont certains avaient même des revendications territorialesopposées. Par ailleurs, certains élus sont plutôt orientésvers l'économie de marché et d'autres prônent une plusgrande intervention de l'Etat. Une autre différence existeentre ceux qui assument l'héritage fasciste, commeAlessandra Mussolini, la petite-fille du Duce, et ceux qui sepositionnent comme des démocrates autoritaires. "

Jean-Yves Camus est chercheur associé à l’IRIS et auteurd’’Extrémismes en France : faut-il en avoir peur ? (Ed.Milan).

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PAS DE RÉPIT POUR L’IRAKBarah Mikaïl / Aujourd’hui la Turquie / janvier

La politique américaine au Moyen-Orient n'est pas toujoursexempte de répercussions inattendues. En novembre der-nier, la victoire - relative mais non moins acquise - desDémocrates à l'issue des élections de mi-mandat aux États-Unis avait ainsi confirmé les limites de la stratégie moyen-orientale post-11 septembre formulée par l'Administrationdu président George W. Bush. Elle mènera à la démission dujusqu'alors inamovible secrétaire d'État à la Défense DonaldRumsfeld, ainsi qu'à la perte annoncée par John Bolton deson poste de représentant des États-Unis auprès de l'ONU.Cette mise à l'écart officielle de figures néo-conservatricesincontournables ne semblait pas entièrement étrangère à lapublication, quelques jours plus tard, du rapport Baker-Hamilton sur la situation en Irak

Il convient cependant de voir dans ces événements le signed'un recalibrage tactique américain, et non d'un quelconquebouleversement stratégique. Les constantes moyen-orien-tales restent en effet intactes dans l'ensemble. Les fuitesprécédant la publication du rapport Baker-Hamilton avaientd'ailleurs vite poussé une délégation irakienne officielle dehaut niveau à se rendre à Washington pour s'assurer dumaintien par les Américains de leurs troupes en Irak. Et lemystère entretenu dans un premier temps par G. W. Bushsur cette question aura pour sa part tôt fait de s'éclaircir. Le22 décembre 2006, le nouveau secrétaire américain à laDéfense, Robert Gates, en visite en Irak, s’est déclaré enfaveur d'une augmentation du nombre de militaires étran-gers en présence dans le pays, pour des besoins officiels deformation de l'armée irakienne et de rétablissement de lasécurité nationale.

On comprend aisément les raisons qui ont poussél'Administration Bush à éviter tout retrait précipité d'Irak.Une telle action s'apparenterait à un lourd échec dont leseffets rejailliraient indubitablement sur les intérêts améri-cains dans la région à moyen et long termes. Mais ce mêmeagrippement reste tout aussi bien en phase avec les aspira-tions de la majorité des gouvernements voisins de l'Irak.L'Arabie saoudite, le Koweït et la Jordanie restent ainsifavorables à une présence militaire américaine qui est,selon eux, la meilleure garantie contre un renforcement del'Iran sur la scène irakienne ; la Turquie sait que tout retraitaméricain aurait pour corollaire une nouvelle accentuationdes tendances communautaires qui consacrerait les tenta-tions sécessionnistes des principales communautés d'Irak,dont les Kurdes du Nord ; et les principaux représentantspolitiques du gouvernement irakien restent quant à eux lespremiers demandeurs d'un maintien supplémentaire, voired'un renforcement, des troupes étrangères en présencedans leur pays. Sans oublier, bien entendu, les pays memb-res de l'Union européenne, mais également des acteurs

aussi importants que la Chine et la Russie, qui, s'ils seréjouissent pour certains d'entre eux des difficultés rencon-trées par Washington en Irak, préfèrent néanmoins le main-tien de cette présence militaire à la création d'un vide qu'au-cun d'entre eux ne pourrait combler pour l'heure. Quant à laSyrie et à l'Iran, ils ont aussi paradoxalement intérêt aumaintien de ce statu quo dans l'immédiat ; celui-ci reste eneffet, chaos sécuritaire oblige, synonyme de grandes diffi-cultés pour l'hyperpuissance mondiale. Or, pensent-ils, tantque Washington sera confronté aux difficultés irakiennes, ilpourra difficilement tenter l'ouverture d'un nouveau frontmilitaire régional.

Ces considérations laissent cependant posée la question del'avenir concret de l'Irak. Du destin de ce pays découlerontles perspectives et défis s'imposant à ses voisins fronta-liers. Pour l'instant, tout retrait américain serait incontesta-blement catastrophique pour l'évolution d'un pays danslequel les tensions d'ordre politico-communautaire sont,certes, exacerbées, mais n'ont pas pour autant atteint leurpoint de non-retour. Néanmoins, aucun scénario de sortiede crise viable ne semble être envisagé pour autant, ni parla puissance occupante, ni par un quelconque autre memb-re de la communauté internationale, ni même par la plupartdes acteurs politiques irakiens. L'urgence reste pourtant àla mise en place d'une sorte de feuille de route pour l'Irak,aux orientations limpides et constructives, et que pourraitencadrer - hypothèse souhaitable - l'ONU. Car quelles quesoient les options à venir, elles ne sauraient faire fi d'unnouvel élément fondamental : le parlement irakien vientd'adopter, de justesse, une loi prévoyant la fédéralisationofficielle du pays à l'horizon 2008. Or, une telle consécrationdu fait politico-communautaire, si elle venait à connaîtreson aboutissement, a évidemment peu de chances de pou-voir revivifier un sentiment national irakien en état avancéde décomposition. Les États voisins de la région se prive-raient-ils dès lors de faire de l'ingérence dans un pays dontils redoutent les débordements ? La réponse est évidem-ment négative, tant la raison d'État demeure le maître motdes relations internationales.

Par Barah Mikaïl, Chercheur à l’IRIS, auteur de “La politiqueaméricaine au Moyen-Orient” (Ed. Dalloz/IRIS).

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LETTRE OUVERTE À NOTRE FUTUR(E)PRÉSIDENT(E) DE LA RÉPUBLIQUE SUR LERÔLE DE LA FRANCE DANS LE MONDE

de Pascal BONIFACE

Ed. Armand Colin - 191 pages - 15,80 €

En 2007, les Français désigneront leur nouveau Président de la République. Bien sûr,cette élection se jouera grandement sur les sujets économiques et sociaux. Mais la ques-tion des relations internationales et stratégiques ne pourra être absente du débat.

Parce qu’il nous incombera de désigner le chef des armées, celui qui a « le doigt sur lebouton nucléaire » et incarne la France à l’étranger. Mais aussi parce que, du Proche-Orient au terrorisme, en passant par la mondialisation, la séparation classique entre inté-rieur et extérieur apparaît de plus en plus illusoire.

Au moment où les périls et les incertitudes du monde semblent s’accroître, la politiqueinternationale conditionnera, d’une façon ou d’une autre, notre vote.

C’est ce moment décisif que choisit Pascal Boniface pour interpeller les candidats à lamagistrature suprême sur le rôle et l’ambition qu’ils assignent à la France dans le monde.

Pascal Boniface est directeur de l’Institut de Relations Internationales et Startégiques(IRIS). Auteur d’une quarantaine d’ouvrages sur les questions géopolitiques, il enseigne àl’Institut d’Etudes Européennes de l’Université Paris VIII.

EN VENTE EN LIBRAIRIEou sur

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HIVER 2006/07LA REVUE INTERNATIONALEET STRATEGIQUE N°64

Quinze ans d’indépendanceles nouveaux enjeux en Asie centraleDossier sous la direction de Sébastien Peyrouse

SOMMAIRE //

ECLAIRAGES

L’Iraq et la communauté internationale, face au défi de construire l’Etat / Alexandra de Hoop SchefferLa peine de mort est-elle un enjeu des relations internationales ? / Michel Taube et Flora BarréDr Folamour à Téhéran ou pourquoi faut-il à nouveau s’inquiéter à propos de la bombe ? / Alexandre HummelPolitique étrangère du Venezuela. Le choc des mots, le poids des réalités / Jean-Jacques KourliandskyUn grand marché domestique européen de la défense pour répondre aux besoins de capacités européennes auto-nomes / Marwan Lahoud

Dossier : QUINZE ANS D’INDÉPENDANCE, LES NOUVEAUX ENJEUX EN ASIE CENTRALE

Quinze après l’indépendance, quels nouveaux enjeux en Asie centrale ? / Sébastien PeyrouseL’Asie centrale, bilan : quinze années de discours et de pratiques sur l’intégration dans un espace désintégré /Catherine Poujol

ENJEUX DE POLITIQUE INTÉRIEURELe tournant ouzbek de 2005. Eléments d’interprétation de l’insurrection d’Andijan / Sébastien PeyrouseLa question ouïghoure et sa dimension centre-asiatique / Rémi CastetsL’Islam et l’Etat post-soviétique en Asie centrale / Adeeb Khalid

ENJEUX DE POLITIQUE RÉGIONALELe narcotrafic en Asie centrale : enjeux géopolitiques et répercussions sociales / Sophie HohmannLes hydrocarbures du bassin Caspien : de la construction à l’affranchissement des interdépendances ? / GaëlRaballand

ENJEUX GÉOSTRATÉGIQUES ET RELATIONS AVEC LES VOISINSLe nouveau rôle de la Russie en Asie centrale : les migrations de travail des Centre-asiatiques vers la Fédérationrusse / Marlène LaruelleLa tranquille montée en puissance de la Chine en Asie centrale / Thierry Kellner

EN LIBRAIRIELecture critiqueL’à-venir européen / Robert ChaouadComptes rendusGéopolitique régionalePerspectives critiquesLe trimestre des revues de relations internationales à l'étranger

Les activités de l'IRIS(Juillet, Août, Septembre 2006)

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